19 t LE PAIN SUfFIT-I·L ·POUR SE NOURRIR? tL;' « Année biologique • signale U:lt intéressant travail ide M . H.-C. ShermaJil, publié dans le ,Journal of hiological Chemistry'', sur la valeur du pain pour satisfaire au besoin d 'azote de 11homme adulte. On sait qu'on a ad· mis longtemps que la ralion alimenta ire de chaque ~ou:r doit foumir 1 gr. de matières azotées par kilogramme de poilds corporel, soit 70 gr. pour 'lHl homme 'de 70 kg. Puis, diverses observations ont réduit ce besoin à des eih·iffres plus faibles, si bien que le mi· nimum, égal pour l'homme et la femme, doit être d 'environ 0 gif, 63 ou 0 gr. 64 par kilogramme. lM. Sherman a nourri des sujets d'expérience uniquement avec du pain, du beurre et des pommes .l'ournissant en tout 6 gr. à 6 g-r. 9 d'azote par jour (on admet que le poids d 'azote est à celui de matières azotées OLE ·p rotéiques comme 1 est â 6,25). Le p aioa représentait 5 gr. 71 à 5 gr. 87 d'azote; le beu.r.re 0 1gr, .13 â 0 gif. 18; les pommes 0 gr. 09 à 0 gr. 12. Cetait du pain blanc comnre on Je falbrique ordinairement à New-York. Or, les hommes peuvent se maintenir era éJquililbre de poids avec une telle ntion. Un homme de 70 kg, peut ·donc très b ien vivre avec 33 à 40 gr. de matières azotées par gour, soit 0 gr. 5 par kilogramme. Il peut couvrir tous ses beso ins physiologiques, simij)!ement avec du pain et un pe11; de lait, fournissant les v.i~amioes et les sels minéraux indis pensables. Est-ce le remède à la vie chère?
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(l.JE CODE DES VOYAGEURS Un journal de Stuttgart a cru devoir rédiger WI petit Code de l'Allemand voyageur, un JDa111Uel de poche, qui se résu me en d ix commandements: 1. N 'oublie pas, quand fu_ as franchi la Œrontière, que tu 111'es p~us chez toi, mais que tu es un hôte. 2. Observe les mœurs d'aU:tmi; tâche de les <:omprendre sans renier les tiennes. 3. Ne parle pas toUJiours de ce .qui te pa-
raît mieux en Allemagne que dans le pays dont tu reçois Phospitalité ; so.uviens-toi que chacun regarde avec ses yeux. 4. Ne renie point ta qualité d 'Allemand mais songe que l'étra1.1ger ,jlllgera ta patri; d'après ioi. 5. Habille-toi comlllle un invité s'habille ohez son hôte; ne crois pas •C]ue pou r voyager au dehors c c'est touqours assez bon •. 6. L'économie est partout une vertu; mais épargne plutôt ta dépense que 1agrément d'autrui. 7. 'Evite d e critiquer la nourriture; pense qu"on estime leS! gens à leur façon de manger. 8. Oa·rde-toi des .c onversations politique; qui demandent beaucoup d e ta'Ct, la connaissance du pays, ceLle de son histoire et celle de ses idées. 9. Aie le coll't'age de dire leur fa it à tes compatriotes quand tu trouves leurs maniè· res indignes de tou pays. 10. Conduis-toi à l'étranger comme iu voudrais que l'étra11ger s e conduisil chez toi,
~ 11ROP 'LONG fil' 11ROP COURT Ce qui est trop long, c'est· votre langue; ce qui est trop comt, c'est votre charif.!. Ce qui est trop long, c'e~ la note de vos foumis-seurs; ce qui est trop cowrt, c'esl le chif[re de vos êoooomies. Ce qui est trop long, c'est votre examen au miro ur; ce qui est trop oourt, c'est votre àamen de conscience. Ce qUJi eSit trop long, c'est votre curiosité pou/l' les potins de la rue ; ce qui est trop court, c'est votre attention aw s ermon. Ce qu.i est trop long, c'e st la kyrielle de vos dévotions ; .ce qui e&t trop co.wrt, c'est votre dévotion. Ce qui est ~op long, ce iSOnt vos veillées d'amusernecrts; ce quù est trop cou·rt, c'est votre prière. Ce qui· est trop long, ce sont vos v1sites mondaines; ce qui est .f rop court, ce sont vos visiies là l'égJise. ree qui est trop long, c'est la présente li· ilanie de défall.llls; ce qui est trop court, c'esl y9tre « !lleâ culpâ "•
$_'!PPiémenf du JVo 10 de ,l' &cole'' (1!J~1)
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Le symbolisme catholique
et le cantique au Soleil de S. Fran~ms d'As· sise. La religion n'a pas seulement le sen'imet~t 'Le symbolisme catholique nous apparaît des grandeurs de la nature, mais aussi Je dès le temps des catacombes comme un signe sentiment de la poésie des choses humbles et de ralliement, un langage scripturaire. Le familières, nécessaires à la vie physique, parce 5ymbole, dans la plus haute signification du que ces choses sont le symbole des choses terme, a une correspondance avec le mot re- nécessaires à la vie spirituelle. ligion qui veut dire: relier lhomme à Dieu La conclusion à tirer de ces considéraJe visi-ble à l'invisible. Marquer cette liaison tions, c'est que le monde moderne a tort, en par un signe sen~!ble, c·est le symbole. Pour voulant que tout, dans la nature, serve au saisir les caradères du .symbolisme c-alboli· matérialisme. Cette tendance à ahuser •de la que, il nous faut savoir d'abord• quel est le nature est l'opposé du bon usage que nous sentiment catholique de la nature et du mondevons en faire; c est une violatio,i1 du caracde. Le principe dont s'inspire ce sentiment, tère sacré de la nature, laquelle appHtienf à c'est que toute chose créée est une œuvre de D ieu. Le monde visible nous e3t donné pour Dieu; eUe est donc sacrée. Il en résulte que le trouver Dieu. La découverte de la vér:té dans catholicisrme envisage les choses de la créa· l'unité parcourt trois étapes: 1 Ancien Testa!ion avec un très grand respect, il a le sens ment où tout est en figures, en allégones de des valeurs, des hiérarchies, du hon usage ce qui se passera dans le Nouveau Testamen t; des choses. En outre, il a l'amour des choses celui-ci marque une progression dans la lecréées. S. François d Assise est la personni· vée du voile et enfin viendra la plénitude .qui !ica tion de 1amour fraternel pour tous les supprimera le symbole, la vie éternelle. êtres créés par notre Père commun. Si le symbole est la représentation allégorique dun principe sous un signe sens'b'e, Ce sentiment vrai de la natu,re se traduit on comprendra l'importance primordiale de dans l'expression littéraire e t plas tique par un l'art dans le catholicisme. profond et sain réalisme, qui ne re·:loute ni Le symboliS'me catholique a créé l'art chréles choses, ni les mots qui disent ces choses. tien et lui a imprimé trois caractères : le réaNi l'art, ni la liitératuae du moyen âge ne craj,gnent de dépeindre le mal tel qu'il est et lisme, le dogmatisme e t le myslicisme. Tout ne perdent de vue, -dans les êtres, les suites symboli sme suppose •u ne méta!physique, D:eu ayant créé le monde dans la comp!exité, 'a védu péché originel. Mais, si le catholicisme dévisage le mal afin d'en tirer une leçon, sa rité est tougours dans l'unité La correspontendance n'est pas de se complaire dans ces dance des arts entre eux est 1idéal des artistes. Mais cette convergence n 'a été réllisée spectacles. Dans la création, il recherche ce d'une manière absolue que par la cathédrale qui porte à D ieu, ce qui élève 1âme; de là médiévale, résultante d 'un problème d 'archisa préférence pour les spectacles grandioses tecture et d'une idée mystique. La cathédrale, comme la mer et les montagnes. Les psaumes .c'est le corps du Christ en croix. A 1 int~r:eur sont remplis de cette poésie swbli'me. Le ca· tous les arts coorvergent vers la même idée : tholicisme aime ·ainsi la clarté, le teu qui réréalité vivante selon notre foi catholique. chauffe et qui éclaire. Pour fournir un exemple de la poésie des Livres saints et, en même temps, pour nous faire admirer l'un des chefs-d'œuvre du sym bolisme catholique, qu'on se rappelle le can· tique des trois jeunes gens dans la fournaise
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Le terrible demain C était une bonne, et digne, et sainte fern
194 me, comme Chaqu~ paroisse en possède, heureusement pour ses œuvres, un certain nmnbre. Elle avai! sa ohaise et son cœur à l'église. Chaque matin, on la voyait arnver, grande, mince, un peu voûtée, mais si cüstinguée avec ses bandeaux blancs couleur de llleige. flle communiait, allait d~jeuner, puis revenait s'occuper de ses œuvres qui étaient nombreuses et florissantes. Elle était pLus q ue de la famille paroissiale. Quand i'employé annonçait à ·M. le curé que Mme N. . . . le deman·dait, elle passa il avant toutes... et même avant c tous . les aulires. Elle le faisait avec une telle bonne grâce que personne ne s 'e n oiensait, s·achant que c'était pour la gloire de Dieu. Il y a quelques mois, oon curé disait en la taquinant: - 1.1 ne vous manque qu'•u n petit rabat! ...
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préoccupe aussi. Avez-vous fait votre t~ft. ment? ~ Pas encore. . . mais j"y pense. Comme elle y pen~it beaucoup trop long. temps, plusieurs fois M. le Curé revint à h charge: - Et ce testament? . .. Je ne vous dis pa, de le -fa,i re pour votre paroisse; mais 1'itlsiste pou.rr volire jeWte iille. Quel effondrement si vous veniez à manquer ! Faites-le de manière Il ce que vos intentions soient rigoureusement respectées. . . . Confiez-en l'exécution à un homme éprowvé et consciencieux... Je vous !•u gerais très sévèrement si vous aviez l'air de dire: c Après moi le déluge! ...• - ·M. le Curé, vous avez tout à fait raison . . . .je pense absolument comme vous. - Eh bien. alors.? - Je le ·ferai demain. ~
Ma1s qui dira le danger des choses qu'on Ell~ était d'ailleurs libre de son temps, e( peut faire «demain •, suriout à notre époque tl la tete d'une grosse fortune. où Chaque jomnée s 'Jmpose avec une emprise Son mari était mort, mort!! aussi ses deux presque faroucihe? ... enfants .... Il arriva ce qui était dans I'air. . . ce que Seule dans la vie, elle pouvai t se replier M. le curé avait comme pressmti. SU!I" elle-même, et faire de son pauvre moi le Un jour, Mme N ... ne vint pas à la mes· tout petit centre de grandes préoccupations. se. •La veille, la Chaisière avait bien remarqué Elle avaJt ohoisi le ieste contraire ... elle qu'elle était .grJppée, TnaJis qui n'a pas, par-ci • 11'épanouissait •. par-là, sa petite grippe! Sa charité s 'étendait à tous, depuis une ·P ourtant -M. le curé, paternel, envoya aux touchante petite orpheline de guerre doot elle nouvelles. voulait faire la situation, jusqu'aux poumons iJ..a concierge annonça que la femme de du üeune vicaire pâlot qui trouvait parto1s · chambre avait trouvé Mme N.. . . morte, le dans son confessionnal une boîte d'onctueux matin, dans soo lit. ~ujube et un tapis ga.rldlien du précieux caloIDe quoi était-elle morte?. . . Comment? ... rique. A quelle heure? ... Avait-elle souffert? ... '1 Questions sans réponse. Mais à parbir de ce moment, la maison, Mais elle é1ait â~ déjà ... plus même qu' elle ne paraissait, grâce à quelques complé· ïrier si souriante et hospitalière, se ferma ments et surppléments nécessaires ou accep- d"'un grand coup. lfés. Une sorte de rideau de fer tomba .... ·Les amis devinrent aussitôt des étra.il'gers, M. le Curé savait son âge et voulant son bien - comme elle vouda.iot celui de son pas- des suspects.. . . la ~eune fille surtou~. . . presque autant que M . le curé. teuJr, lui disait: - Il faudra songer à perpétuer votre œuvre.. . . [.avenir de votre petite protégée me -Le lendema.in, averti par qui? _par quoi?
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uJ1 indîvid,lu se présetita pôur régler le con-
,.ai. ... 11 c marquait • douteusement. Cétaif, paraît-il, un lointain cousin que Mme N . . . ne tonnaissait pas et que, de mémoire de vieille domestique, on clavait 1amais vu. O.r, ce monsieur était dlhéritier légal •. Il marchanda une malheureuse septième se, en faisant des déclarations offensantes: , .. . Sa cousine avait jeté assez d'argent aux curés pour qu'il ne 5erme pas le robinet tout Je SJUite! ... C'était ~ini de rire!. .. On allait 1voir à faire avec lui maintenant! .. • etc .. .. . M. le cu.ré régla lui-même un convoi honorable ail! chœu.rr, accompagna au Père-Lachüse celle qui pendant sa vie 1avai1 tant 1idé, et sur son cercueil plaça le bouquet de tiolettes que lui tendait la petite orpheline, dont la douleur bisait peine à voir. M:ais pendant qu'il récitait les suprêmes prières, le cousin et ·l a .personne aux cheveux llécolorés q:u.i l'aocompa~ait, donnaient des signes d'impat.ience: - C'esf pa~s bientôt fini J, ..
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Et Je cousin continua. ... . L'agence qui lavait prévenu en découvrit huil autres.... Ils accoururent avec leurs moitiés, s'installèrent, se disputèrent. Aidés d'un bomme d'affaires, ils ouvrirent les tiroirs, mirent leurs mains et le-ur nez dans des choses a·u gustes par le souvenir qui s 'y ratta. chait. Il y eut des plaisanteries salées qui roulèrent matt"itimement entre le petit oratoï,-e et le bureau. tMais, brusquemell't, on fit des lots en vifesse, car le bl"uit courut que d'autres agenres fouillaient pour recihercher de lointains et nouveaux chacals. Et on tin au: sort. Chaque lot Teprésenta<it quelques centaines de mille francs. !Naturellement, le :fi~ eut sa grosse part. Et maintenant, la jouvencelle aucX cheveux maïs se carre dans me broderie à laquelle Mme N .. . avait travaillé des années et qu' elle destinait à un dessus d 'autel.
Une aru.tre Mbore sur S3. poudre de nt tout un lot de brillants mis de côlé pour un oS'tensoir. Un ménage copieux, qui tient l'auberge des • Quatre Canons» dans un faubourg, se promet liesse et ripaille, cet été, dans une villa déljà amorcée poll!I' WJe œuvre de prétuberculeuses. ·Mads l'orpheline, si aimée, n 'aura plus le mois proohain de quoi payer sa pensionr de famille. Toute cette .ruine d'·un bien immense, parce que la sainte et digne Mme N ... a dit: c Je ferai mon tes lament c demain!! ... • Alors qu' « a·wjoU:rd hui • seul nous appar· üertt. . . Pierre •L ~TE.
Les
montag~es
. dans la religion
ifn. cette année, où l'on v;ient de célébrer la 75e apparition de la ·Ste Vierge à la Salette, la ,Semaine catholique'' rreproduit ·un !Eragmenf du discoms que prononça le cardinal 1Mermillod, alors évêque d'Hébron et viIC&i'I'e a posltolio<JJUe de Genève, aux fêtes du couroonement de la Vierge le 29 aotlt 1879. :En voici un passage: « Dans cette appa.rJ'Iion il y a deux choses: IU1le moot.aJgne où lia. Vierge descend et des bergers ' qui elle parle. • Une montagne! Est-ce qu'il ne semble pas que les montagnes sont toute l'tlistoire du monde? Est-ce que Dieu n·a pas fait ar. rêter sur le mont Ara·rat J'arche qui porta•i t le geii!I'e hn.unain? 'Est-ce que Dieu, pour dicter sa loi, ne s'est pas maniŒesté sur le mont Sinaï? 'N'a-t-il pas révélé sa gloire dallls les splendeurs diu Thalbor? Est-ce qu'il n·•a pas pleuré àJ la m çmtagne des Oliviers, souffert sur le Calva..iTe? N'est-ce pas de la montagne même où il sowlirit son agonie qu'il s'est élancé vers le Ciel? Les montagnes· me paraissent et m"ont toll!jours paru comme les frontières entre <Dieu et l'homme. • Oieu desœnd et l'homme m()(lte, Dieu
196 descend pour s'approcher de lhomme et l'homme monte pour sapprocher de Dieu. Quand deux peup1es sont en guerre ils: se réunissent s·ux une montagne pour '!aire un tr:hlté de paix. •La Salette est donc la montagne choisie par Dieu pour faire un traité de paix avec leS/ hommes. Ne sentez-vous pas, eu effet, que sur ces montagnes nous abandonnons les petites passions de l'humanité? Dans œs cl,erniers jours, alor& que vous souffriez des privations, rvous vous plaignez peut-être du coin de terre qu:i vous manquait et pour· tant vous oub1i.ez ces agi1a1ions humaines, cette multitude de combats, de conflits intellectuels, ces mille riens, ces bagatel<es dont parle l'Esprit-Saint, qui touiflmentent les hommes dans les plaines. Mais s.ur les montagnes, le ciel est plus pur, les !horizons plus grands, Je soleil plus rad:eux. Esr-ce qu~ vous ne sentiez pas, pendant ce.s deux jours, qu 'il y a ici quelque chose de plUJS grancL, de plus. ma~jestueux et de plus suave que dans les ;umultes de la pla.ine? Les montagne:; om donc été choisies par Dieu pour l'accomplissement dje .ses grands desseins. Elles sont donc ! ·histoire du monde et un poète moder· ne a pu dire d 'elles: c Jéhovah de la terre a collsacré les cimes. •
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Pour devenir riche il fant naître pauvre C'est là, semble-t-il, une vérité de la Palisse. Cet apophtegme a cependant une signification philosophique et historique plus profon:ie. Il représente 1 apologie de l"elfort. Celu·i q;ui nalt dans l'opulence se contente, en général, de la ·situation qwi lui a été faite par les siens. ll n'a, semble-t-il, aucune raison pour chercher à amé.iorer son sort. S'il es,l ambitieux, il cherohera à safisfaire œ !1Jef1r chant dans d autres doma;nes que celu-i de la .fortune: la politique, la philanthropie, la •g loire même ... . Au contraire, celui qui n aît pauvre est indté par la force même des choses, par la tutie pour la vie, à mettre en action .
toutes les énergies dont Îl dispose. • Pour !aire Iortune, il faut naître sans le SOll • , a dit l'iUus!'re milliardaire américain Camégie. Sïl ra vérifié lui-même paT l'orientation qu'il a su dpnner à· sa propre vie, il en est d"au. tres encore dont les débuts humbles et diifi. ciles étonnent singulièrement quand on songt qu ils s011Jt devenus les plUJs fameux parmi les multi-millionnaires américains. Rois du: pé. troie, du ~er, de l'acier, des chemins de fer, arri'V'és à la gloi'I"e «reluisante • de !"argent, élevés à la tou1e-puissaoce de l'or, sont une preuve vivante que notre avenir matériel dépend &Uiflout de notre volonM et de notre propre imtiative. 'll est, à tout le moins, intéressant de COIIIS· tater que les mu!ti-rnill:onnaires américains sont !Presque tous isSIU'S de parents pauvres. Vanderbilt, • le xoi des chemins ~ fer et des bateaux :à vapeUJr •, naquüt dans 'UIIle mi· sè:re complète. Jusqu à 16 ans, on le vit suc. cessivement vendre des journaux, soigner les chevaux et remplir les fonctions de portier. Jamais il n'alla à l'école. Jay Gould, cie roi de 1or •, avait un père si pauvre qu'il fut chassé de la maison pater· nelle à l'âge de 12 ans avec, comme viaiique, la ·somme de 2 fr. 50 e~ une chemise de Ilchange. Que dire d'Edison, qui, simple emp!oyé sur les chemins de fer américains a, grâce au génie de 1invootion dont il ébi1 doué, acqui: une fortune colossale. Son premier succès 1 élé l' impression, dans un train en marche (ceJ.wi de New-York à San-Francisco, sauf er· reur), d'un petit journal. Cest lui qui cr& plus tard la lampe à incandescence, le phonographe, l'accumulateur alcalin, e~'C . .. n existe en Fra.n.te des exemples sembli· bles. Aristide Boucicaut, le fondateur du • Bon Marché •, débuta au service d'un colporleut qui al lait de foire en foire vendre forures sor· tes de marchandises. Allh-ed Chauchard, des • MagasJns du: LOU· vre •, dut interrompre ses études â 1 ~ge dt 15 ans, faute d'argent, et entra aux appointt
197 100 fr. par mois aux magasins du. • .Pauv.re Diable •.
rnerits de
Ernest Cogn-acq, de «La Samaritaine », e&t 1~ m~ d ·un petit bijoutier de la Rochelle. C'est
gr✠à une bourse qu'il put fai:re ses études jusqu Il l'âge de 14 ans. Marinoni, le célèbre ·inventeUJr de la machine rotative à imprimer et direc.eur diu ,Petit Journal", garda le3 troupeaux ~ usqu 'à 1 âge dl! 12 ans. Eugène Schneider, qui n'avait que 14 ans et pas de forrune quand son père mourut, débuta comme petit commis dallS une 'banque à Paris. Ménier, • le roi du chocolat •, fit ses débuts dans une .fabrique de produi,f,s phanmceutiques que son père dirigeait à Noisiel. Et chez nous ... lisez: • Fils de leurs œuvres •, ce supe11be volume publié par Zahn, il y a quelques années. Dans cette galerie de célébrités helvétiques, nous troavons Favre, Moser, Pourtalès, Staempfli, Secréian, le car. dina! ·Mermillod, Gobat, Bally, Sulzer, e 'c., qui sont arrivés les uns à la gloire, les autres à la for tune par un effort de leur volooté. • Etre homme, 'C'est être u:n lutteu.r •. Seule la lutte persévérante et courageuse ennobLi l'existence humaine et lui donne tout son prix. Ainsi débute la préface et l"auteur ajoute que tous ces hommes proposés en exemple à la jeunesse d allljourd hu:i, sont partis de la situation la plus modeste. François-Ulric!J Bally, venu d"Obersanen avec quelques compagnons en 1778, était maçon de son métier. Il entra à Aarau, chez Rodolphe Meyer, philanthrope et industriel, qui rengagea à re· noncer à l'éat de maçon et à entrer dans sa fabrique de rul;>ans. rLe jeune hom'lle accep la et al..a se fixer à Schonenwerd où i:l se mar ia et IPllf bientôt -faire construire la maisonnette qui existe encore aujourd'hui ef est le berceau de la famille Bally. Il fonda lui-même une fabrique de ruhans continuée par ses fils sous la raison sociale Bally frères. L"un de ces derniers, Pierre, qui eut 14 enfants, créa ume fœbrique de bretel ~es. C est 1un des 14 enlan!'s de Pierre qui a fondé, en 1851 , les célèbres fabriques d~ dla'l.liSsures dont les débuts furent plus que modestes. Au•jourd'hu·i, elle
représente l'une des plus importantes indus· tries de notre pays. Qui ne connaît, en Sui&se, les. ilameu,x établissemeruls Sulzer frères de Winterthour? Ils occupaient, avant ta guerre, plus de 4000 emp:oyés, 1andis que les usines couvraient une su•perficie de 121,800 mètTes carrés: chaudières et pompes Sulzer, connues dans le monde entier, .inSI!alla<tions frigorihques, machines à vapeur de nos bateaux, etc ... , etc. Or, cel:te entreprise eut des dëbu.i s diffi.ciles. Salomon Sulzer, fils de Jacques, tenan· cier de l'auberge de l'Homme-Sauvage, avait terminé ses é'ludes de théologie lorsquïl se décida tout à coup, on ne sait pour queue ratson, à troquer la bible et le rabat pour le tablier et le muteau de 1 artisan. Fort habile et intelligent, il créa successivement une petite fonderie de laiton, puis .u n ateLer de. tourneur et de mécanicien. Il allait • faire for.:u. ne • lorsqu éclata la Révo:ution entraÎtnant après elle la guerre qui couvrit le pays de ruines et de sani. Héros et martyr du travail, Salomon succomba à la tâ.che, mais .ses petits-fils JeanJacques né en 1806 e~ Salomon né en 1809 qui furent les premiers c SuJzer .fxères •, re· prirent la fonderie et le tournage du métal. Et 1834, les dieux ateliers - qui étaient sépa· œ-és - fu:retrut vendus et remplacés par une nouvelle bâtisse assez importan-te qui est demeurée jusqu'à nos .j ours. Les Usines Sulzer de Winterthow- comptent actuellement parmi les plus cons.idérables dw contine11Jf1.
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engelures
Il n'est guère de personnes qui n'aient eu à souffrir, en hiver, de ces ·bobos qui commencent par :un peu de rUJbéfaction et de démangeaison; puis par de la tuméfaction et qui se terminent souvent par de l ulcératioo très douloureuse. •Les engeluTes viennent aux mains et aux pie'd s; plus ~acilement chez les sujels de tempéramoot lymphatique et de peau délicate.
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.Presque tous les •jeunes gens en souffrent, d'eau distillée de laitue, 50 grammes 'd'eau quelques-uns cruellement. de laur-ier cerise, 8 grammes de borax. On peut encore employer les applicatioos Comme il est toujours plus facile de prévenir que de guérir, les personnes qui se sa- d'un mélange de deux parties de styrax pour une partie d'huile d 'olive. vent prédisposées aux engelures se trouveLes badigeonnages au formol pratiqués raient bien, à l'approche des premiers froids, plusieurs foi51 par jour et ' pendant deux ou de fortifier et d endurcir la peau de leurs mains ou de oleurs pieds par des frictions à trois ~ours consécutifs, mais seulement .orsl'eau de Cologne ou à l'eau~de-vie camphrée. que l'engelure n'est pas ulcérée, font disparaître Sli!CCessivement la douleur, les demanLorsque les engelures commencent à s"annonœr par des picotements désagréables, il geaisons, la tension et la rougeur. On prépare 'llt1e excellente mixture à apfaut, autant que possible, éviter le froid aux pliquer ma1in et soir sur la partie malade en mains et surtout ne pas Téchauffer -kop brusfaisant fondre une demi-livre environ dl'axonge quement des rmains refroidies en les approou ·saindoux, dans laquelle .on a joute graduelChant de la flamme d 'un forer ou d'un poêle. lement, en remuant continuellement, 30 gramLorsque les engelures ne sont pas ulcérées, on peut essayer, pour leur guérison, les fric- mes de camphre en poud.r e. On éloigne le tions légères avec le baume Fioravanti, la mélange du feu pour éviter 1inflammation soudaille possible et l'on ajoute, en remuant touteinture d arnica ou de benjoin; l'application jours, un verre ;t vin environ d 'essooce de de teinture d'iode. térébenthine. On conserve ce produit dans un Dans tous les cas, il faut éviter avec le pot que l'on recouvre après refroidissement. plus grand soin de trem,per ses mains dans il..orsque la peau est ulcérée, on panse les de l'eau chaude et de les approcher d'.un loengelures ·avec de la vaseline boriquée ou avec · yer de Chaleur.. de la vaseline saturée. On peurt encore les On a employé une quantité de remèdes nettoyer fréquemment avec de la liqueur de contre cette affection plus agaçante que douVan Swieten, puis appliquer une pommade loureuse: ces remèdes réussissent pius ou composée de 15 grammes d 'axonge, 4 gouttes moins pieu selon le tempérament de la perde laJUdanum de Sydenham, 4 gouttes de créosonne qui les emploie, mais surtout selon la sote et 4 gouttes de sous-acétite de plomb. persévérance avec laquelle on les emploie. CL' Aclteleur.) M. DESOHAMPS. En Italie, on errliPloie .u n remède populaire ~ontre les engelures qui donne souvent de bons résultats. Ce remède consiste en appli::ations de compresses imbi,bées de vin rouge ~aud sur les parties malades; on peu.t rem?lacer ces applications par des bains locaux L'odorat, prétend 'M. Ma!terlinck, est Je ie vin rou:ge chaud. gardien de l'air que nous respirons; il est nes applications d'un mélange de dix l 'hygiéniste, le clümiste qui veille soigneuse~ammes de borate de soude dans quarante ment s-u r la qualité des aliments offerts: toute ~ammes de lanoline, .répétées pendant quelémanation désagréable décelant la présence lues rjours, donnent d 'exœllents résultats. de germes sus·pects ou dangereux. Les parn en es~ de même de la dissolution ob- fums sont inutiles à notre vie physi•que. Trop :enue avec 5 grammes de camphre dans 30 violents, trop perm:ments, ils peuvent même ,-amrmes d 'essence de térében1hine. lui devenir host.iles. Qui 1dira les Mtrprises Lorsque les démangeaisons sont insuppor- '<que l'odorat nous !l'éserverait s'il égalait par .a'bles, on pratique Chaque soir des lotions exemple, la perfection de l'œil, comme il fait tvec une solution cOrrliPOSée de: 100 grammes c'hez le chien qui vit a·utant par le nez que
Les parfums
par les yeux ..•. Pourquoi n'arriverions-nous pa·s à démêler et à fixer, comme nous som· mes sur le point tde saisir ceux de la pluie et du crépuscule, le parium de la neige, de la glace, de la rosée du matin, des prémices de l'aube? .. • Tout doit avoir son parfum en effet, et si nous ne per'(evons que les plus violents, ceux qui constituent l'âme des fleurs et que les corolles répandent autour d'elles, il en est de subtils, de ténus, d'effacés qui nous échap· pent, et dont nous ne connaissons pas l'utilité. Le poète Baudelaire avait le sens de l'odorat très développé et il disait: c Mon âme vogue s•ur les parfums comme d autres sur la musique. » Il percevait les effluves les plus ~licates et les nuances des plus vagues odeurs. L odorat est un sens qui se développera certainemeflt dans l'avenir, qui s'affinera et qui nous réserve d'émouvantes révélations. On connaîtra plus tard la raisoo du :parfum des choses, raison que l'on ignore totalement Mcore. On a cru longtemps que le parfum des fleurs servait à guider les insectes, à attire! les abeil}es; qu'il était un émissaire envoyé dans le vent vers le papillon pour qu'il vienne féconder la p lante en transportant le pollen des étamines swr le pistil; mais on a remarqué que les insectes 111égligeaient les fleurs les plus parfumées, telles que la rose et l'œilJet pour assiéger celle de 1érable et du coudrier dont l'arome est imperceptible. Sans que nous sacl}ions pourquoi, les parfums nous enchantent. Jo.hn Lubboc·h a montré que les fourmis et les abeilles sont capables de discernement et préfèrent certaines odeurs à J'autres. Quelques insectes aux goû(s dépravés se plaisent dans les chamiers et ne visitent que des fleurs à odeurs fétides. ILes sylphes, les niduiles hantent l'arum à l'odeur repoussante et vireuse. L'anagiris fœtide est la plante prélh!rée de ce coLéoptère infatigable le bousier, ·q ui chemine, aiguillonné par ses grossiers appétits, à tra~ers les chemins souillés.
C'est par t'odeur que l'araignée de Sylvio Pellico reconnaissait son maître. L'oie du ph ilosophe Lycade le swivait à la piste à travers les rues d A:hènes. Les marins a ss·urent que de nombreux re·qu ios suivent les na~ires lorsqu'il y a eu des décès à bord; l 'odew- du cadavre les at.tire de loin. Pline raconte que les vautours accourent en fou~e sur les charniers de guerre; leur avidité de viande morte est le:te, aifirme-t-il, gu ils pressen:ent le cannage; ils sentent la mort et arrivent la veille du combat pour se préparer au festin. Le corbeau sent à de très grandes distances r oiseau qui Lui servira de pâture. Et l'âne, ce délicieux et passif animal! Som. œ il s'attendrit et se mouille de bonheur, sa lippe ~ creuse d!un pli gourmand lorsque la brise du soir lui apporte la rustique odeur 1dlu chardon préféré. On assure que la ovoix du rossignol devioot plus mélodieuse; que ses trilles sont plu·s sonores, que ses cascades d 'harmome se font plus caressantes, plus expressives, si le chantre de la nuit trouove un buisson de myrle où sa vooalise enfiévrée s'exacerbe de la chaude et savoureuse senteur de l'arbuste en fleur. · Qui nous dira la mystérieuse ra·i·son d"être des panfums qu1 s'évaporent aussi bien la nuit que le jowr; qui analysera le pouvoir enivrant de ces parfums qui nous portent à la rêverie, à la douceur, à la mélancolie? lM. DESCHAMPS.
Variétés !MON fT.ElST AMENT ]'ai vu de près les choses de ce monde, Comme on ne sait la vie ni la mort, Je veUJC, avant d'avoir lini ma ronde De tous mes biens fixer ici le sort. Je va is. dicter dans la forme légale Mon testament. Certes, 1e peux très bien Avoi-r ·W l jour l âme un peu libérale •P uisque vivant, r,;a ne me coûte riren.
200 Je lègue à Diet11 ma pensée et mon âme; A ma moitié, mon cœm·, mon souvenir; A mes enfants, de mon a'JTIDUr la flamme; A mes amis, la foi dans l'avenir; A mes marchands, mes tra·1tes acquittées. Reconna'i'ssance à mes clients nombreux; A mon tailleur, mes nippes écourtées. Pewt-on, vraiment être plus généreux? 1
Au travaille-ua- qu1 sait être éconO'JTJe, .De droit, je lègue ·une campagne, un joux-; Mais à celui qui boirait un royaume, Je lègue rar·t d'avoir fait vite au, four. Au peuple encor courbé sous l'esclavage, L 'avènement de Sillinte lÎlberlé; A ahaque bou.ng, 1honneu:r d 'avoir un sage, Ciel! Je deviens prodigue, en vérité. Je lègue à ceux qui détestent la vie. 1Bonne espérance en un monde meilleur; A la beauté, beaucoup de modestie ; A femme laide, un trésor de douceur; A l'écrivain, une plume élégante; AUI philosophe, un bonnet de pavots; Au publicis-te, une humeur endU'rante. Comme Crésus, de 'fais de riches lots. ./\près avoir pesé chaque paro.le, ]"écris <:e legs sur mon pupitre noà". Au doux T<liyon de ma lampe à pétrole, Tout entouaé du silenœ du soir. Je n'ai plus rim .à léguer sua la terre, Que mon cer-cueil aux parois du tombeau : Malgré cela pendant longtemps ~ espère Trinquer encor et chanter de nou-veau. Méril GAT ALAN.
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IHOM:EOPATHIE 1Le repos nécessaire au travail!euT inteliectuel n'est pas :une question de simple loisir, comme pour le travailleur manuel. Pour met• tre le muscle au repos, il suftit de cesser l efâort; il fuut, au contraire, faire effort pour mettre un :frein ~ la madhine à penser, et cet effurt est souvent inutile: par la vertu de la vJtesse acquise, le volant de l'imagination échappe au contrôle de la volonté. !Mais on a découvert que le penseur cesse de penser dès qu'il se trouve avec d'autres
penseurs. Si donc vous voulez faire agir le frein, réunissez les inlelleduels et donnez. leur ·un su1et à discuter. Aussi, pour se reposer, un penseu·r n'a qu'à aller entendre discourir un autre penseur. n écoutera sans penser le bruit intellectuel fait par celui qui parle. Vous rappelez-vous, d 'ailleurs, vos heures de grand repos au temps de votre jeune~ studieuse? C'était en classe pendant que le professeur parlait. Les parlements, les assemblées li!téraires ou savantes sont bourrés de gens qui avaient des idées avant d'être parlementaires, qut ont fait des romans ingénieux ou de bons vaudevilles avant d être académiciens. Depuis qu' iis s ont en société, il ne leur vient plus d'idées; on prétend qu'ils sont rusés; au con. traire, ils sont à l"abri de l'usure et ils deviennent très vieux. Ainsi se trouve mis en lumière la valeur réelle de l' Aca·iémie lrançaise, qui n:·est pas .une usiue Iittérai.re, mais bien un établisse. ment thérapeutiq-ue, où se guérit, par la mé. thode homéopathique, le surmenage Cérébral.
~ LE COUT DE LA VIE IlL Y A 131 ANS Dans les archives de la commune d'Albi (Tarn), se trouve un é tat eslimatif des denrées, volaiUes et autres objets de redevance dressé par les soins de la mairie, en 1790. A cette époque, une oie coûtait 1 fr. 10, un dindon 1 h-. 05, un Chapon 1 fr., une poule 12 sols, une perdrix 10 sols, une caille#3 sols, un lièvre 1 fr. 10, un lapin 10 sols. un ahevreau 2 'fr., run agneau. 2 !fr. 10, un cochon de lait 3 fr., un cent d'œ-ufs 2 fr., un kilo de poisson 4 sols, un kilo de beurre 20 sols, un kilo de lfromage 12 sols, un hectoli1tre de vin 6 lfr., un décalitre de noix 1 fr., un décalitre de cltâltaignes 16 sols. Un ouvrier d'usine gagnait à ce moment· là 1 fr. par jour, un cultivateur 12 sols, une femme 6 sols, et cependant la vie devait être beall!coup plus .facile qu·atlljourd'hui, puisqu'à cette époque bénie, avec le prix d une 1jour· née de trava·il, un ouvrier pouvait aoheter une oie.
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Quelles œuvres organiser à la campagne ? Dans une 1.tiéuniJOn Ides ~~iculteUJl"IS Ide fll'.ance, recemment tenue à L'oUJI1des, un assistant, 'qu:i était sans. daute le ouré d'une pa'l"ais:se r•urale, a: posé la question suivante: « Q.ue ;pouMons-nous faiife, nous autres cwrés de ·.pa111otStSes aglfirooles, JPQIU/f tmvailler à l'1Qr~auli:s:a tiKJ.n agJrirole 'catholique? » ~A œtte ·qu~estion 'an l])eut 111épa:ndtre sans hésiter: « M. le Cu~. 'fu.ndez une Uni.oru pa11oissiale lélg:ricale. » Tout le monde, fruit TemaJilque!l' la Croix, oonnaît .a~Uj'Otll11d'hui la magnifi· que Union du !Personnel des .chemins de fer, ,qui g[Qwpe 1près tde 100,000 hommes, a'Vec me élite 'dtévauêe, 1atctive, je dinais même apo.stoliq.ue. Ce sont les grOUIPes l{}arrois'SiaJUx de cheminats qui O()lnsttuent les cellules canstitutives ~de cette Unil{)n. Ne ser.ait-il p1as JPassiMe Ide tr.ansporler, :dla11S :fe milieu ,.f:ll!fal, -cette organisaüon professionnelle ·Cathiali que? Rien .n'es~ iplu.s farcile. Void 1quel:ques consens IJ).r.atitq,ues d1onnés en œ sens PM un ,p!l'lêtre du diocèse de L)'!On, directeulf d'un gn:mpe de cheminots cathaliques ·QU:Î, avant la g1liel1re, !était a111riVlê à fonder 'dans son voisinage .q:uelqu~es Uni:ona ,paiioissiales ag~dooles?
Quelle :est I:a vi~e 1de l~Unilon? Gomment ~on:cHonne-t-elle? Ce serait une erreur <de oroire que, poUJr faiii'e viwe l'Union, 11 suffise de l'létabliJr, c'.est.,à-dire de recu,eilHr des :adhésions, 1d'inscrJ:re Ides nams SUir un lfegrSI!re et de 'oél&er :une fête palffona· le. C'est paroe ,qlll'elles s'en 0011t tenues là :que les ~rès noon'breuses Sodétés d'autrefois n~ont ·eu SU!l' 1'-esprit religieuoc ~de nas cam:Pagnes qu'une inUuenœ bien insuffisante. 'Piowr qu'elle :sait ef.fiœce, il ~.a.ut 'que
l'Union oafu'oHqiUJe s•ait v~vante. Or, toute UI11ion vit ·d'abo11d de :réUJnions. Sans 111éunio.ns., elle n'existe que SUif' le p:apie<r, ~car il n'y a rpas de oohtési-on entre ses membœs. La ôahésian résulte sans dioute de l'idée commune qui a oonduit les associés au ·~.11ou.pement, m1ais pl115 encore de l'habitude de se trouver ensemble. L'Union. .catholique ldevl!'a !donc i:iV'ailf ses réunions : 1. Réunions à l'église JPaur .des iiêtes relig:ieUJSes; 2. Rléooions hors 'de l'église pour des causeries 1&pédales,. 1. Fêtes reli~ieuses.. - Pwisqu'elle est une l()fglanisation (lathoHque, !~U nion awra ses fêtes !feli,g-ieuses: d'abord, sa ·fête patronale, <Jélooree :avec Je plus de solennité proo-sible, IJl'Uis deux ou t11ais autres fêtes sooo·ooakes, ;p:a:r e~emple, au p!l:inrem;ps, 'Une fête po<Ur la bénJédktion .des tmvarux de l'anrlée (elle IPOOflrait être f,ixée aU> joUJr de l' Asœnsion, qui succède .à la rpéri~ode des Rag1ations, ou bien au !dimanche le -plus v:o:sin); en !été, ·une fêt-e en l'hronneur de Notre-Dame Ides Oh:am.ps (le 15 'a oût oo le diman<=he suiv.ant); en automne, une fête d'action de grâ·ces 'POUf Les recaltes. Il serait boo aussi ·d'établir à pvoximitë du 2 novembre Un! servirce solenrrel pour les •dléfunts de 'l'Urrion et lewrs familles. POIU!l' miewc mont!rer à l:a palfoisse ·que .ces fêtes sont celles de l'Unioo, il ~rait utile: 1° d'y faire donner une a:lliOCuHon !de c.iJrconstéliJilœ: 2° d'y assi~ner aux ·associés une IPl'atce lhot1JOO"aJble et h1en en vue. 2. Réunions hors ,de l'éf!lise. - Si n&ess·aiTes •qu'elles soient, les fêtes religieuses ne suffisent 1pa:s. POOII' donner au g:roorpe la vitalité désirable, !POUr établir entre le cure et les associés l'intimité mcesséüre, IJ'OUif 1J)[end111e oontact h~1s uns laiVeiC les :autres., il tiailllt que l'on :puisse .se -vair ·Plil15 souvent, causer, échanger ~es idées et ses ;pro,jets relati1
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202 vement à l'Union; il ' faut rpar ·surirf:e qu'on se réunisse hors de I1église. ' Ces reunions doivent êt;re religieUJSes d'abord, et œmport~ une eau·serie destintée à <lOmpléter, perfectionner l'insnrudhml et l'éducation oh:réUennes rdes aS<S'O'Ciés.
·Mais il sera bon que, de .temps en temns, elles sotent en out-re professi'Ol1· nelles, et •qu'on y entende u:n homme oomtpétent su:r des q1l!estions a~doolesr; eX!cellent moyen Ide faire ·a,pprécier I'Unio·n: p~. les moins fe~rVents, d'y attire1 les mdêciS et de I:a fraFre mieux aimer par tous. .Il ne sera pas inutile ide mettre pari:Vots au :prog1rarnme rune !Petite pratrtie ré•aréaüve; ma.is •qu'on se défie Ide l'abus et 1qu'oQ.n IPfeD!Ile garde de ne pa-s donner à l'accessoire la place :de l'essentiel. Ces rrléwnions hors :de l'église ne doiv.ent être ni ,tl"IOIP iiréquentes, ni tro1p rra•res. Tro;p frrequentes, PM eXemples tous les quinze ,jowrs, elles lasseraient:' trop •rares, elles ne pmduÏif!élient pas la oohlésion rqu'il s'agit d'obtenir. Une •ohaque mois .au plus, to•ut .les deu'X mois au moins, .p araît une règle sage.
Les ((petites sœurs» Cahin-caha, au trot dur de son cheval le vieux Grégoire vint ar.rêter son étrange vétJÏ. cule de~-ant la porte, sur Je seuil d~ laque'le attenda1ent en souriant deux c Petites-5œurs des Pauvres » au regard bienvei.Uant '.!! :loux. A leur vue, le vieillard souleva sa casquette. - Bonjour, père Grégoi.rel, dit l'une de.s deu.x religieuses; il fait frais aujourd'hui. - Pardi, rna Sœur- Il ne fait jamais chaud en cette saison, à 6 b. dl!i matin. Tout en parlant, le vieillard étaif. descendu de son siège, et attendait, à terre, que les deux religieuses fussent montées dans Je petit fourgon grillé, semblable à une voiiure cellulaire.
La p lu·s ~e monta d'abord, pesammeul, faJ. sant gém1r les ressorts fatigués; !"autre jn.. . . ' ~-.e 1 tjeun~, mmce et fl~ette, a·ux grands yeux ble--ts c~nd;i~es, au sourJie enŒ~n.tin et pur, la suivit Sl legerement, rque le Vleiiiard ne IPUt s"em. pêCher de murmure.r en refermant la portière derrière elle: - Quel oiseaUI tilu bon Dieu vous faites! Sœur Agnès. Un rire 'fusa à 1'in1érieur, puis tord'u com. me un ":ieu-x cep de vigne, le père Grégoire remonta sous l'oauvent de S'On siège. Et dans le jo11JI" douteux d'Wl matin d' hiver, le bizarre véhicuJe, traîné par ooe bête apoc-alyptique, conduite par un vieillard perclus, sl'en fut iout doucement, en laissant éohapper un murmure contus de prières, un cliquetis pieux de ohapelets et de médailles. A la même helJII"e, dans un grand resiau.rant, oUD groupe de jeUtlles gens était réuni devant une iah1e qui, à en juger par les nombreux reliefs qui la couvraient encore, avait dQ être somptueusement ·servie. A la 1ueur blala.rde et fausse dili !joull" l<}·ui pénétrait à travers les vitres et tâchait de lutter avec l'é!ecfrici té encore allumée, les convives apparaissaient Jas et fatigués; les plastrons die leur.; chemises molles sous le smo~ing ~laient fripés et salis, et la fumée de leurs cigares, mêlée au vague !fumet du .souper, faisait une at· mosphère âcre, lourde et presque irrespirable. Les garçons, à moitié endormis, s'étaient retirés, et les jeunes gens, déHvrés de leur présence, essayaierll!: de secouer leur somnolence et de causer· un peu. - !Dis donc, Tiluel, commença. Sitet, tes adieu.x à la vie de garçon furent dignes! J'aime assez 1a façon de renterrer sous les vieilles bouteilles poudrell!ses et les plats fins. Tiluel sowit san!> répondre. - J'ajouterai même que tw fus prodigue! continua son •interlocuteur: témoin ce superbe saumon. que la truelle du. maître d hôtel nà même pas enfamé et qui repose !frais et rose sur un Jit de feuilles de laitues et d'œufs durs. Mais, t ce supet1be sou.per, ne serait-il pas digne d'off·r ir une dernière libation puisque voici • les feux de la naissante aurore • P
203 D'un pas légèrement chancelant, iout en déclamant sa tirade bouffonne, le 1eune ihomrne se leva et vint appuyer son front brdlant à la ;vitre fraîche. Devant lui, l'activio!é du rnalin boUJI'dpnnaient comme une ruche. Des chaNettes passaient et sur la rterrasse dll! restaurant, les garçons s "-affaira.ient, 'balayant, lavant, essuyant avec ard~ur. Les yeux alourdis, Sitet contemplait distraHement œ tableau, songeant avec enllJU.i à !a besogne coutumière qui l"attendail au journal sectaire, dont il était Wl des principaux rédp.cteu.rs, et où ron démolis.sait ;plusieurs fois par semaine lJordre soci-al des c vieux préj~~.~gés anœstrau.x •. Soudain, son regard !ut attiré par une voiture qui avançait péni· hlement dans la brume matinale. - La drôle de !boîte!, se dit-il en lwi-même: Mais au même instant, le vieux cheval se rangea a.u ibord dUJ trottoir, et un vieillard tordu et ratatiné descen'tiit de son .siège. Intrigué, Sitet souleva le ll".Ïdea.u pour mieux voir. Le vieillaTd alla à l'arrière de la voiture et ouvrant une ;portière gtrillée, il se découvrit avec respect. Aussitôt, dans l'encad!remel_!l parut Wle religieuse quti descendit ) terre; une autre la s·lllÎv~t, et, sans hésiter, comme si · les entrées du restau,rant leur étaient familières, elles franohirent le seuil. Sitet était •resté comme pétriiié d'étonnement! Mais en les voyant disparaître sous la porte, ~l laissa re!om•ber le rideau. - Pour le cou;p, c'est 1rop fort! s'~cria· t-il en s'élançant au dehors. [)ès sa sortie, Iii se trouva dans le désordre matinal de la gr·ande salle du restaurant, et pœ! · apercevoir une robe noire qui disparaissait à rentrée des cuisines. - IPotllrq.uoi •laissez-vous passer œs deux religieuses? demanda-t-il à un garçou. , - Oh! elles en ont l habitude, oMonsieUJI'! Git-il en continuan1 ld?astiquer le rebord de nickel d'une ta'ble. - C'est du prQpre! se dit le jeune homme en se frottant les maills. 'Et il entrevoyair déja un ·bon scandale, capable d·a llécher les lecteurs de sa feuille perverse. Il était arrivé ain~ à la porte des ou.isinet.
A pas furtifs, il s'approcha et tendit l'oreil!è. - Alors, mes bonnes Sœurs, tou.jours matimùes! Vous n•avez pas eu trop froid en ve. nant? Voulez-vou.s prendre quelque chose de oharud? - Merci, merci, M. Paul, dit une voix traîahe; mais nous •avons déjà déjeuné! - Un peu de boUJillon, Sœur Clotilde? - ·Pensez-vous! M. Paul. Un vendredi] .. · fit une !Voix p1us grave. - C'est vrai! C'est vrai! N'en parlons plus! Enfin, tenez! voivi ~os paniers prépa~ rés, et c il y a dju ibon •, auiourdihui, mes Sœu.rs, vou.s pouvez m'en croire! ;La porte, poussée par une main impatiente, s'ouvrit toute go-ande, et, sur le seuil, Sitet parut. D'un ll"egacrd ironique, il contempla les deux religieuses, qui tenaient, dhacune, un panier dans les mains. -Oh! fit-il, je ne savai~ pas que vous preniez pension au restaur.ant, mes Sœurs 1 ~ rait-ce que la cuis.ine bourgeoise ne vous va rpas? Droites et dignes, les ll"eligieuses se taisaient. ~ 1· '• l - Oh 1 Oh l je vois que le régime est bon 1 Voici, si 1i~ ne me trompe, un morceau de filet jo.rt appétissant. .. pour un :vendredî 1 et ceci. . .. Mai s il se tut soudain! 'La plus ijeune des religieuses avant eu comme un san~lot, aous Sla wmmpe, et d'une voix un peu tremblante, elle répondit: - Que Dieu vous pardonne vos railleries, Monsiew! s i nous quêtons ainsi les restes dans les restaUŒ"an!.s, ce n'est pas pour nous! C'est pour secourir les vieillards délaissés, dont nou-s sommes les petite:. Sœurs! Une larme brillait dans son regard limpide, et une expression d"angélique bonté auréolait si bien ce visage, que le jeune lhomme baissa les yeux devant cette pure vision. Mais déja sa compagne sanqu,iélait. - ll fwt partir, Sœur Agnès! {if-elle. Et !Pâles dans leurs ·vêtements noirs, elles passèrent devant Sitet, honteux. Mais quelle nouvelle idée germe dans le œrveaw i:le ce dernier? ;Le voici qui fait <Volte-
204: face et so11t 'bmsquement de b cuisine. Bousculant les ·rel.igieuses sur sa route, il pénètTe dans le cabinet particulier où somnolent à demi ses camarades. !D'un bond, il court à la desserte, saisi~ le sa'\Ullon qui semble rosir sotus son ll'egard, et d''tme voix saccadée, s'adressant à Tileul: - T!U me Je donnes, n'es1-ce pas? ·E t sans· Tien entend)re, lfâflant les fleurs d11.11 SJUrtout, il ·s'élance comme une trombe sur le seuil du res•taurant. Dlun regm-d, il parcourt lrespace devant lui: la voiture es~ encore là! Alors, tête nue, en •smo~Ing, pâle, les yeux rougis, a\'ec sa face de noctambule, où se glisse poull' la première fois .je ne sais quelle expression de !bonté il OU:vre la .portière grillée, et 'les passants peuvent voir le speciacle étrange d'un homme qui tend respectueuse: ment~ <deux pau'V.res religieuses un grand piat de ,poisson et une ger1be de fleurs! A sa vue, les deux femmes ont tressaim! Quelle nouJVelle .injure va-t-il leur jeter au visage? Mai·s sa rphys~onomie n'est pLus la même, et voilà qu''il s'agenouille sur le marchepied, et que, tout bas, d'une voix humble et repentante, il murmure un seul mot: • Pardon!. Mais, si bas qul'il l'ait mu!l'muré, el!es l'ont bien entendu, les pieuses femmes qu.i sourient maintenant, en posant leur pllii' regard sur cette tête inclinée!. . . . . . 1La portière s'est refermée, et, dans le matin brtumeux, l'étTange voiture s'en va, cahin-caha, au murmure confus des prières, sanctuaire de la vertu, côtoyant le vice sans le voir!.. . Jeanne-Bénita AZAJS.
Mon cousin Etienne Mon consin .Etienne éta.it un grand, diseur de gaudrioles, et n'avait pas son pareil pour dérider les fronts. Une joviale figure que son portrait nous a conservée, toile médiocre dans u.n ·simple cadre de bois. Il se fit • portraictU!rer ,., ainsi que son
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épo'llJSe, peu après leur mariage. A cette épo. que la photographie n'1était pas encOII'e née et force était bien de se 'l.'ésig~ner aux longu,e; et :fastidieuses posesr 1que nécessHe la rpein~ure à t'hwile. •L artiste y mit son temps. C'é tait un peintre . . . à 1a journée, !honnête au~ant que gueux, qui, trois mois durant, gratta, hros·sa et retoUJcha son œuvre. Noll!l'ri, logé, choyé et promené par le cousm Etienne qw n'entendait pas qu'b n pût sr·ennuyer chez lui, notre homme, à qui on n 'avait jamais !ait vie aussi belle, paya en retoll!l', s inon en génie - on ne peu.t donner que ce qu'on pos•sède - mais en bonne ovolonté. Si, à maintes Tepdses, son taloot se heurta à la rieuse et mobile physionomie de son modèle, pour ce qui est de cel!~ de la maîtresse diu log.is, il en [ut tout aut!l'ement. Esprit nul, œil sans flamme, visage ingrat, madame 'Etienne, de prime-saut fut croquée, bâclée, et dans sa robe de noce, taffetas gorge de pigeon, bien définiti-vement fix>ée sull' li toile. A défaut <de perrulque, de cuJirasse et de pourpoirn, le cous·in, pol.lir la_ solennité du portrait, dut. ainsi que cela se pratiquait alors, revêtir l'uniforme militaire à parements rou.ges, rehaussé par le haus,se-col de ses épaulettes de capitaine. Cet air martial, tout d''emprunt, trahit l'humeur joyeuse, les allures fanfaronnes de 1homme ~a-it, non pour la guerre, mais pour seôattre en gais propos. Une sorte de gaudberie engoncée, la Taidell!l' voulue bien visih:e, tout, jusqu'à la tension des 111erls et au pli de la boudhe qui cherche à répùner un soll!l'ire, nous le montre aux prises avec son naturel. Le :portrruit achevé, chacun, en dépi:t des impérities de l'artiste, le décla•ra réussi. Une croûte, mais la ressemblance y était. On n'en demanda pas davantage. · Et tenez, en.core aujourd1Qui, rien qu'à contemp~er cette toile neuve, rien qu'à voir cette pleine et cortd 1iale ~igure, où le souci ni le doute nrônt creusé leur sillon, ces yem bleu'§ et clairs dont la 1ristesse n'a pas voilé !"éclat, ce menton bon enfant piqué d)une fos-
la
sette, ce:. l~vres prêtes à: ,g'enJtr'mwrir R~ur nous ,jeteii •le mot pour rire .... Rien que œla me reeihaulffe le cœur, et je pense l entendre s'écrier: - Sabr-rre de bois! C'était son exclamation favorite. Tel H était, tel encore il .se SUT·vit. Il portait avec l'llli une traînée de gaîté; elle l'entoUJre toUJjours de son améole. - Avec lui, on doit rlire par force, disaient les femmes djru 'Village, lorsque, passant à <:ôté de la fontaine, il lewr lança.it, selon sa cou:tuJrne, quelqu'une de ses facéties habituelles. Et c''était vrai. Entrait-il pour la veillée sous un toit où régnait la discorde? . . . le mari cessait de baUr gonner, la femme de Tiposter, l~s enfants de pi,ailler. til se ~aisait une accalmie. - Monsieur Etienne! . . . Son nom, proooncé aovec une inlonation joyeUJSe, soulevait un soupir de sou~agement drun.s totttès les poitrines. La chambre sel11iblait ensoleillée pM" sa présenœ, et les petiots, tout oreilles se ,s erraient contre ses ·genoux pou·r ne ried perdre des dxôleries que lui seul savait si bien conter. Avait-H, ellJ ooi!rant, ilairé tme atmosphère de querelles? il ne .s'en ingéniait que mie~x à la dissiper, et y mettait toutes les hattene_s d~ son imagination. Il est vrai de dire qu tl n''eût ,ser.vi à rien de se regimber contre sa désopilante influence; les .plus o~stU:és_ avaient beau faire ... comme les autres, •tls etateni gag!lléS. . . et ras·s érénés par son intarissable_ gaîté. _ M. Etienne, raconle-nous l'histoire des OUII'S de Berne? ... lui disaient tout lbas les en!fants. . _ Sabr-rre de bois!. . . Mon voyage a Ber~rme! . . . 11 mettait autant de gloriole à en parler que ,s'il fût revenu du Kamtchatka. A défaut de nouvelles à sensation, histoiTes de gazettes, légooid!es et anecdo!es d'almanach, il .s e raba~ tait toujours sur cette esca,pade, ~r C'en ~ta1t une, et son g.randi cheval de bataille. . «Au jo.ll!l' d'<1!ujourdhui ~, où tout se fatt à la vapeur ou: à l 'électricité, le naïl or·guetl
de mon cousin Etienne à !•endroit ~ ce voyage peut paraître .ridlirule,_ je n'en _di~conviens pas. IMa.i s si l'on songe qui •UJIIJ demt-stecle plus en arrière, chacun ne pouvait se vanter dau~ant, la question change de face. Autres teliiiPs, autres mœurs. !L'ère des « trains de plaisilr » n 'ëtait pas encore inaugurée. Nos pères sortaient peu. La fièv•re de locamotion qui nous .sais~~ dès le berœau leur était i·nconnu.e. .Pour le plus grand: nombre, llJiil voyage à ·Berne marqooit la vie ùl'un homme d.''ilm caillou blanc, et ceux que leur iorltme y avait condt.toits ra:pportaient ordinairement, de cette date mémorable, matière à •racoUiter pou:r le reste de leur vie. Fertile en épisodes, celui du cousin Etienne avait eu pour effet de désopiler la rate à tous ses voisins. n en était ll'evenu t'esprit tout bourré d 'anecdotes, et ses impressions, à forœ de passer de 'bo~Whe en !bouche, avaient fini non seulemen1 par s 'incruster dans la mé· moire de chacun, ma~s aussi par devenir pro~ verbiales. Ce voyage à Ber-rme - Je cousin·, outre quJ1il était doté au plus haut ld!egré de l'accent vaudois avait l'h'<l!bitude de fai,r e rouler démesurément les • r • - s'était a:ccompli à peu près clandestinement, so·i t à la façon dont_on fait l'école buissoonière, quelques :semames a,vant son mariage. Un 'beaou dimanche de prirutemps, il 11'était rendu à Romont pour visiter un sien parent, certain cousin à la mode de Bretagne; ceLuici se trouvant précisément absent, ri! lui vitnt à 1idée de pousser :j1usqu'à Fribo.u rg, et de ju1ger par lui-même de l'élé\'atio~ de son ~a-. meu:K pont ·suspendu, :qu'il n'avmt encore Jamais f\IIU autrement qu''en gravrue. Ce qui acheva de l'y déci'dler œ ffiut la proposition d'u~ voiturie•r avec lequel il dîna à l auberge, quot, allant à Berne et s' 1oo retournant ài vide, lui oPkit ·une place à ses côtés. _ • Il n'y i!"ésista pas, et le même ,sotr, apres av.oir arpenté Fribomg a:vec son nou'V~U compagnon, mis en goût par cette pr~mte~e équipée, il se dit à lui-même ~ue ce Sell'a.tt fohe de s'arrêter en si. wu dhellllln. • - Sabr-<rre de bois! . . . s1 ,j:'allais à Ber-
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208 Ils m'observent manger. Auris la conversation continua. . . eUe éfa·it dans la note générale! - Il a cru c m'a voir » toonait hm d'eux. qui avait Iàir d'un mar'chand mais il n~ m'avait pas reg31rdé! D'abord, ~es beaux ar· bres dépassent sur ana !haie, Jl faudra bien qu'il les coupe .. . et ça lui crèvera le cœur... - Tu. pourrais même, clame iUil autre lui boucher la vtUe, si tu: voula:is!. . . ' - Je le sais bien! ... - Tu n'as qrui\ mettre ton hangar rjruste deva~t ~a fenêtre . . . . Et ce serait un coup à lw farre tout de suite . ... L 'hi ver ça rendrait moin.st. . . . ' - _Yoyez-vous ce monsieur, dont le père vertda1t des peaux de lapins! .•• - ... et don1 la mère!! J'en pourrais raconter long. . . ah! oui, alors!. .. A la ~in, un des joueurs me cria sans transition : - Pour quelle maison que vous voyagez? - Pour aucune. . . - Alors rpourquoi que vous venez par ICI?
- . lMa.is prurce que votre village est très joli, et que fai voulu le voir. Savez-vous au moins qu'il est ~oli ... ? [.':aJutre har\llssa ses ·l ourdes éparuJes: - ~e ne vois pas ce qu:e vous trouvez de beau dans ce patelin. . . . Il n'y a pas seulement UllJ cinéma! Il partit en riant, rd,'un rire de gros bonhomme qui a tout plein des gros sous.
~ rEt, le soiJr, elll me promenant sur les bords d~ la plùs poétique dres ri'Y.ières, me senfats comme seul ici de moro. espèce. Toute une tristesse m'envatùr l'âme .. . tris· tesse faite du) coutraste entre cette immense beauté inconsciente d'elle-même et l'aveuglement de ceux que rDieu a faits rpour le voir, potJJr t'aimer, pour LUJi rendre grâces et en devenir meilleurs. · . . Contraste entre cette pa·ix solennelle qui m''entoUJrait et la frénésie minu:soule et 'permanente de nos divisiOO& 1 Et je compris que, pou!r La garder eu moi,
ae
cette inestimable paix .... en moi obligé de descendre en bas, parm1 ces haines et • pe!itesses, il faiJait sans cesse lever les yece, . u~ vers ces hauteurs ~rewes où Dieu .se Œ'év' 1 • d ee aux ames ans une atmosphère .plus purre ... les yeux vers ma patrie de demain, loin d impasses où se piaillent ·les c Ah! t'as ~ que j'avait dit qu'elle avait dit... » et où cui. sent et rreCUJisent les tou1es petites ranCI!mes des tou~ petits humains. Pierre l'Ermite.
Variétés Du ,Cri de Paris'', cette amusante anecdote: Dans un chef-lieu de département peu éloj. g:né de 'Paris, il est oo conseiller de préfecture facétieux et un capitaine de pompiers très brave mais un peu naïf. Placé dans un banquet à côté du capilaiue le conseiller de pr6fecture imagina de lui ra: conter que le gouvernement songeait à créer un généra} des pompiers et qu'il devait faire valoir ses titres à ce grade. - Mais, objecta le capitaine, il y a déja à Paris, un colonel de pompiers. Il a bien des ahanees de l 'emporter sur moi. - N'impor!e, répondit le conseiller, posez votre candidature. Nous l'appuierons. Le soir même, par une bizarre coïncidence le feu prend à un vieux bâtiment et le capi~ taine fait comme towjours des prodlii'es de courage; mais ce sinistre arrivé comme à point nommé servait trop bien ses intérêts pour ne pas alarmer sa conscience. Le lendemain matin, il se présentait tout larmoyant à la préfecture et disait au prélet: c Monsieur le préfet, je vous jure que ce n'est pas moi Q.ui ai mis le feu!
~ • Chez un patron. - Emin, quelles sont vos .prétentions?. - IL'ou.v<r<ier (aUJ oom de plusieurs camarades): Eh bien, vo:i'là, nous demandions Je repos dominical trois fois par semaine.
supplément)pécial àl',Ecole_Primaire" (Januier 1921) -= -
-- Bonne
Année
Comibien nQus aimQns la vieille formule dont nos pères se ~servaient pour présenter leurs vœux, au matin du 1er janvier.
Bonne Année! Bonne Santé! Et le Paradis à la fin de vos jours! « Bonne santé, .c'est l'essentiel» en· tendez-vous repérer.... Eh bien! non, la santé, c'est important; mais ce n'est pas 1essentiel. Il n'y a qu'une chose essen· tielle, entendez bien: c'est de ne pas manquer le but de sa vie! Quand on est mort, tout n est pas mo.rt - que celUI qui prétend le contraire, le ;pirouvt.>! et alors, quel désespoir, 'Si }''()n s' aper· çoit, au tribunal du S.oaverain juge, que l'on a fait fausse route! Donc, chers lecteurs, nous vous souhaitons une bonne, une fl<Yrissante santé: cela c'est imp()rtant, surtout pour les travailleurs, ,pour les .pères et les mères de ]amille; mais nous VOLt•s souhaitons surtout le IP.arn.dis à la fin de vos jou•rs, chers amis du. c{)r1ps enseigl11él11t.
......
Le Bonheur Est-il moment plus opp()rtun oour traiter œ sujet que celui du renouvellement .de l'année, puisque les souhaits CJUi s'échangent autoUII ·du 1er janvi~ évoquent naturellement ce mot magique: Le b()nhelllf! En -ces trois syllabes. ohanl!e tout le reve de l'humanité. De· 1puis ses l'()intaines •origines, elle s'acharme à ,poUJrsuivre le boDJheur, et cette .poursuite décevante dure encof!e, sans ,que }':homme se rebu~e jamais, tant le bonbewr lui est n.écessai.re, tant est inné ohez lui le besoin et la volonté
de le conquérir. On le ·cherche part!out QÙ il ,peut être, et aus·s i où il n'a jamais été: au-dessus de soi, et au-dessous, et celui-là même croit aller v~rs le bonheul1 qui le foule aux pieds, -car, non seulement notre destinée nous le dérobe, mais notre a:veuglement vient en· core noUs le cacher. « Il est de par le monde, ·dit une vieille ballade, un passant m,yst~rieux q~e ·chacun appelle et veut T·etomdre. Des le matin de sa vie, on :se met à s'a polllfsuite. On le voit sur le sommet altier de la montagne, puis dans les .profondeurs tranquilles de la :vallée, au bord au lac bleu ou de la rivière d. argent, mais l'approche-t-'On, il s'en fuit; croiton ratteindre, on s'aperçoit qu'on a 1pris pour lui sem 09J1}yre ou son reflet; et la ·brèVle journée d'ici-bas s. écoole, la nuit descend, les yeux :se fenneront sans qu'cm l'ait contemplé.... « Mille fois, cepen·d·a nt, il a passé près de vous, il ~ fra,ppé à v~tre po~e, il est même entre, ,et s'est ass1s au com de l'âtre mais pelfs()nne n'a su le voir, on ne 1 ~ reconnu qu'après sou. départ, au vide qu'il a laissé ,e n s''envolant. « Alors 10n le rap,pelle, avec des cris et des larmes. « C'ébait d;()nc toi, le bon"' heur! reviens, oh, reviens vite! » Mais le bonhewr, :pour !fevenir n~a plus d'ailes! Vous n''clvez pas retenu le passant mystérieux qui s'•arrêtait, .qui se ;faisait votre hôte. Si simple, si di&cret, si facile, œ ne pcmvait être lui! et vous l'avez dédaign~ ,chassé, pour continuer à poursuivre fimposteur brillant, la chimère dŒ'ée. C'est à force de cllercher le bonheur que v:Ous l'aurez perdu.~
Ne faudnait-il 1pas en 'bevcer nos enfants et nous en ressouvenir nous-mêmes 'de œ :vieux refrain, formule ,poéti•Qu,e' et frm,ppante d'une vérité éternell~? Soll'V·ent c'est 1par·ce .qu~il est ~mp pres de soi qu'on laissele bonheur s'éahapper. Po\Ll' captu'l'er un prisonnier de