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tement, ne sat'll!rons ip.as nos élèves de dét·ail:s ·oiseux .et insigiiliifDantJS; mai9 a-llons •à l'essentiel, tà l'intéressant, !à ce qui 'éclaire l'es.prit tsans l~i ~~~eltre de •se ;pendre dans une mulltiipllctbé ~on fll'&e. De même rpo.m les .au>tres sctences. Bom•es habitudes d'eStPrit _que oe~l les •qui éloignenlt ·des •lectures IVides, li.a~ nales, IPD-UT n.e reclrer:oher ·que celles -q·u1 enrioehiSISent l'inte11Ïtgtenie·e! ,que celles qui fuient les tconrvers:atioll1!s inutiles où atbtondent 1dres dtétails sans IP()rtée! Habitudes tqtUi se -conN-actent ipJ"écisément là ,l~cole tà ·l a 'f.aveu:r ide œl,le.s dont un bon maîtt-e dote Ta mtêmoi:re en form·ation! . INe mnlfier là .fa mémoire ·que œ qu t mérite !d'être retenu, ex·ceJl.lent princitt:e en effet. Jdg.nons-y "Celui de l'ortpe, •c'est-là-:dire de la suite, .de l'encham~ ment l{)giqu'e tdans œ .que nous f.ai'S on_s a,~prrendre et dart.s .çe .que nous ~xpl~ •qœcms. Ne passons 1pas; 'de la ~a·cm_e a la fleur IPOUtr fPél!Tler ensuite de la tlge. En un mot, •que les .conna;issanc_:;s s_e hen.t ·entre el-les, .que l'une s enchat ne a 1'1autre powr Jqu'îl y ait ,avec l'unité la 'bonne tl::vabitude ld'u:n
e~rit
or donné éta.
iblie ·dans l'intelligence et .par là dans tous lte'S a'Ctes de 1a vie. Cet e.wàtaînt:ment est d'ailleurs un aïde ,Pflécieux :pou'r le t.ravail de la mémo1re. ., 1Enfilll, nous s avons .q ue les matieres enseigntées, ~i bien ~p·a:rées. qu'elles soienlt •à rester ·da,n:s l'esprit tde!s écoHers, ·sont fugitives et 1que, d~au<i:Œ"e ;P:art, la ·riWétition est l'âme ·de l'école. Nouv~au pri·nt ipe essentiel là l'a bonne Jormatto:, 1de tl'egprit. Soyorus fidè1es aux revisions, tselon la r ecommandation 'Cie ~ous les bons 1ptédag.ogues. C'est j aootot qui a dit: «Ge qui renkl s:aVJant ce n'est 'pas d'al~p,reilJdre, mais .de r etenir, et 1on ne [eti·ent .que œ qu'IOn 'l1é!Pète » . Nous terminoQII1is tpar >Ces !paT>Oles, •qui resument au mieux, il nous semble, ce tque flous ~:~~v-ons IV·oulu reoommanlder aux maîtres. -------~~-~·~-~--------
Supplément du -'Vo 1 de , f &cole, (1S21)
Un peu de tout
Vocation religieuse
•JJE iMCYf .POUR LA PENSEE Maîtres et maîtresses, halbituons no~ élè. ves à expr imer leur peu:;ée avec préci&k 11, vér1ité, intégrité, clarté. Pour ct-la , expliquons. leur le sens véritable cles mots. Montronsleur les nuances qui exis!ent entre des mois qu'ils sont tentés de p rendre pour des synonymes: un « cltef • et un_ « mali re •, p~r . ex. Qu'ils aient entre les mams un ~on d• ~hon naire et qu'ils sa<:"hent s'en ~erv~r: _Yc•Jlons jalousement à la pureté, à la hmp1dtté de notre !belle l:wgue.
•lJA OU~IOSITE DES ENPA-NTS Elle est un p enchant de la n ature qui va cOjmane au-devant de l 'instrudion: ne manquez pas lj:'en prOifiter. Par ~xemple! à la campagne, tils voien~ un _moull11, et tls veulent savoir :ce que c est; 11 faut leur montrer 'Comment se prépare l'aliment -qui no11rr•il l'honnne. Ils aperçoiJVent des moi·s sonneurs, et il 5aut leur expliiquer ce qu'ils Œont, commeut on sème le b lé, et comment il se multiplie 'd'a ns la terre. A la ville, ils voient d.es boutiqlles où s'exeocent plusieurs arts et o~ l'~n vend diverses marchandises. Il ne fa:ut 1ama1s être imporl'Uné de leurs demandes ; ce sont des ouwedures que la nature vous oŒfre pour fuciliter l' instruction; montrez que vous y :prenez ·p!a,isir; par lâ vous leur enseignez insensiblement comment se font toutes les ohoses ·qui servent â !"homme, et sur lesquelles roude 1e <:ommerœ. Peu à peu, sans é :ude partùoulière ils connaîtront la bonne manière de Œaire to~tes ces ·c hoses qui sont de leur usage, et le juste prix de c'hacUJtle, ce ·q~ est le vrai fond de l'économie. Ces <:onna,ssances qui ne doi!Vent ê fre métpri ~ées ide p_er sonne sont principalement noce~satr~s aux li~1es. . . . Tou·tes choses ,s '1mpnment facttement dans l'es.prit des enïll!n!s. Ainsi il faut se hâ· ter l.f-:êcrire dans leur tê(e pendant que les caractères s'y tforrnent aisément; ma,is il fatd bien choisir les images qu'on y d Jtt gr~Yer! car on ne doit verser dans un r éservotr s1 pet·it et si précieux •que des C!hoses eX!quises. Fénelon.
t cole.
Il
~aut
que la patrie soi! sentie dans l'é· Michelet.
Si votre [ille, parents du'étieu.s, reçoif• de Dieu l'hoonew- de ·l a vocation !Te!igieuse accueillez avec respect cet appel d'En-Haut: Ne soyez pas de ceu.oc qll!Εs''y i.l"efusent ou qui l'en!Ia,vent: voire amour ;paternel ne verrait-il pas tous, s~s espoirs d~sosés par ,la p~r&pective de lullllon de votre fi lle avec un pr.i nœ de la terre, et Ille 'Vous y prêteriez-vous pas au prix cfu tous les sacrilices? Conviendrait-il donc que vous éconduiS/Îez le Roi du Ciel, ou même que 'VOUS lui dressiez des embûches? 1Vofre cœur saignera, vous sentirez d 'au-
t~nt plUJS l~amertume de la séparation~ que 1~lue de D1eu esi le plws souvent la joie du foyer: n'a-t-elle pas plus de vertu,_ plus de douœur, plu51 de générosité que les au.fres? Mais lille unioru te;r,z-estre VOllS eût aussi séparés de œtt~ oofan1 de vo~e prédilection· et sauriez-vous alors à .qui la confier, et pa; quelles é,p:reutVes sera traversée sa vie conjugale? Ici, rien n'est douteux: vous la donnez à Dieu, doot le cœu!T ne trompe pas et dpnt le • joug esl doux et le œardeau. lég~r •. • Mais nous lui 'Voulions u'ne vie briUan!e, à la hauteua- de ses talents, objectez-vous en~ore; elle ~ ~réuJssÏI1 dans le monde, y tenu uve première p lace, s•'y re.n:dlre utile, tout autant e t IPIUt& peut-être qu'au couvent. II faut à la société des !femmes sru;périeures, des mères de famille paria-ites. Pourquoi oofouir dans le cloître ta.not et de si belles aptit>udes? • Et nous repondrons: P renez gar<Ie ne vous élevez pas contre le libre choill( de il a doooé à vo 1re fille la vocation •religie~e et ' cest a u COUIVenof, noo ailletJJrS' qu'est sa place, :pou·r y procurer la gloire divine. Edw:a· friœ, elle formera des âmes; sœur inFirmière el~e owvrira le ciel aux mourants; contempla~ lrtœ, elle rachètera les pédhés d<u monde e11 désarmant la j Uts tice divine. Eprouvez donc sa vocation, c'est prurlence; mais ne l'enitravez pas. Ne croyez pars que le cœur de vof!re enfant sera désprmais fermé IPOur vous. Au· con-
rneu.
.
trai'l"e, ;plus pure, plUIS proche de Dieu· elle vous ai,m era •m iellX et da'vantage e<t à ~use d'ell~, Dieu. vous réset'vera les 'béné<tictio111·s spéciales <jU'l payent les sacrifices faits à sa gloire.
1
Paris, en voiture r _Le del est devenu gris . .. d~un iris d 'en-
mu.
De gros nuages y sont ap parus, déd lÏiquetés par la bise. !La pluie est tombée, enveloppant les champs et les bois dlun voile de deuil. Les leuilles, éjpl.tisées par l'été, se débattent et descendent en tournoyant sur· la terre h umide.
Cest le so,i r de l'année ... le soir avec sa mélancolie, ce ~e ne sais qu.oi q ui vous étreint l'âme devant l'âpre h irer, symbole de l'auire.·· de celui où s''abîment dan s 'Je noir et lïnconnu des tombes les vies épr ises de clarté, de savou et d'amow-. Et pourtant ce n 'é taât !Pas cette ambiance ,d,'auofOITIIle qui aitristatiot le cœur du jeune Jacques Tis3erot, fils d'Ulli employé du Métropolitaitn, sur le poilllt de fi-nir son congé de va-
cances. PresqUI'au contraire!
La campagne grÎISe . . • ? il l'aimail plus ,peui-être que la campagne verte .. . Les autres Pa:risiens alors éta,i ent !Partis, et elle était devantage à lui.
la pluie, avec ses irideawc mouvants. de gaze agités p ar les .ralfales . .. ? que de fois H s'i'fait attardé à la regarder tomber!... la :Phùe féconde et nourricière, sans laquelle rien n'"existe ... ru le fleuve, iiÙ la :forêt, ni l'hu mble légume d ont le plus pauvre a besoin.
f} · D'in stinct, et p resque tout d e suite, il a>vait deviné œ qu'il y a 'Cie vie da.n.s cette mort aptparente des Choses. Il observait les bœufs traçant le sillon ,profOOid OÙ r on eiDOUtÏ•t l'engrais,
2 Il allait dans les g\Taoges voir battre le iblé jaillissant de l'épi comme kies gouHes de
ton champ soit fécond et la peti·te vi·g·ne gê· néreuse. · ·
soleil.
Mais déjà. Panis appelle. . • la machine géante a besoon me~ d~ plus petit roUtage de ses plus infimes mecanismes. mürissent. · · S'i: " chasseur ~ dans oo grand Jacques e ïl t Il s'en alla.id: dlams les 'ViUages, .a imant la hôtel· la dientèle r evient; il but qu asse saveur a..mère des !Pl'emiers tbroll!lllaros, le ' ·1 •aut "U'il a-ille, en ;veston -.: co111n1e e11e. · · J 1 . parhum des feux, déOOUJvrant ce qu'est un: œuf rouge et le polo swr l'oreille, .tat1"e i.o~er la du joUiT' nm vi·n dw pays, Ulle pomme de ter~ ....,, les hacres a:ttder les porte • reiVO1ver », ne1er ' cuite sdus la œnd:re, la délicatesse .d:un frUit , se ·h isser dedans . .. passer belles mad ames a quand! il n'a pas traîné ·sur les quais des .ga: les valises. . . amener gentiment le har·gneux ~e,s, et quand l'homme ~e reçoi~ pour alOSl toutou de la clien1e à 'taire !dans le. s~le oodire tout vivan1 de la malill de Dteu. gageaTI!! ses !Petites et grosses comnussJons ... :Et, le soilf, quand, au [ond du c~el. inune·l~Très jmporlant toui cela pour le 'bon re· 'allumaient les illG.lombra:bles etoLles, lUl, non11 de ~hôtel!, se, s l . . n'aiVat\ I'ba!bitué des becs de gaz, . . Ul qut , ,Plus que dix uours . . . ,. . '"' la nw·t il s'éta~t découvert tout a Plus que huit fiowr.s•. · · Jllltnli!!'S '''" ' • i .coup croyant; et, rêveUJr dtevaut .les soli!u ~~ \Pom se tromper, Jacq~res re.n!Vers>e l~s t~rinfinies, i'l atVait pensé en solllJ ame ~e ~h mes: de la prOiposiüon et cherche à se h'?'ure: . • • • qu'" a ~oute une semame a laïque: «Qu'il doit être g.ra:nd Celw qw· a q.u,.r]1 amve Ill jeté ces mÜndes a<LL travers des e:.paces 1• •. , passer ici.· · . · Il ne f·illJit pas, 11 commence· ··· ~ ~ !La 'can11Pagne ... ? rrtais elle t'avait pris tout Et puis, œ ~u,t le dernier jollJI'. • entier! Il s'êtait ;penché sur elle comme sur ~~ Jacques alla dire au revoir ai\.LX ~libres, a . t , e\ , 'à mesure. qu'il . " , l'o. n a:\trapai t les tru1!es sous J1v·r e pass10nnan . le m6dila r-tvteYe ou .-n.. • , :"'oiraude la ibonne vache, à tait, des échos lointain·s s'évetllatent eJll son , 1es ro.,uer s, a 1!" Turc le gros chien, à Bayard le. cheval,_a la âme. ~ontame qui glou:glou~e, :sii darre, ~s· till Tout ce qui, dans son a.scend~nœ, ai\lait tenu ooe char,rue, semblait accounr, au f~lll~ tronc d'a,rbre, a.u calvaire gui sem~le ,! nssonner au. milieu! diul ca•r.re\iour de trots .rouies : .. de lui-même, à sa rencon1re, coUlll'lé! le per à la !Vieille église moussue où sa gmld.-mere ~ celle de reniant. prodigue. . lui a réappris sa, pûère. . Et lui leu,r répondiait: • Ma .ra~, en dell arrangea elt1SILlite soru petit ~que~, et, sertanJt la terre, a !péChé cootre le Olel et conentre le g.rmd-père et la grand-mere, bt les tre ·vous~~ deux kilomètres qui condwsaient à .la .gare. _ Alors toi, ·r este. · · Et tQut bacs, le petit Jacques ~salt à la Et, idla.ns' l'Omibre, des mains invisibles semcampagne: .-Oui .. . 1e 1e reviendrai· . · et, un blaie.Illt le rreteni:r ... . - . . . Reste! œ tut la santé de n~re :ra- •jour, lie serai tout à toi!· · · » · Où ... ? Comment . . . ? Il ne le sav·a.to\' rpas, ·s te' c'est le ,pain de chaque ~Qur . .. ce.·· Re · 1 d le :pa'lliVre petit . · , R tet c'est l'indépendance . . . Reste! e gran Mais le savent-ils, ceux qw, Ü>tlt seuJs~..de~s 'tG montrera comment on attache le joug pere u t ci:cknt, en leUtr âme silencieuse d enfant, d et re . , iront diu bœuf de lwbollll'. . . cotntTJen .on marin, sQJdat, colon. · · ? au . ·u oiTJtnellt on tatlle trace dr01i un s1 on · · · c oo artbre. . . . Reste! nou~ prie<rons pour que
Il s1intéressa.it aux betteraves qui goo: fleot, au :raisin qui 1ourG.1e, aux pommes qut
e
C'est termiué .. . on a embrassé longuement le en moi le plus terrible ISOJWenir. . . Teles 'V ieux parents; la lourde portière du wanez . .. ma remmé, qui en rredou~e le récit, pr~ gon est r-etombée sm tous les souvenirs. [ère s'éloigner. . . 11 y a cinq ans, Suzanare et - . Paris, en IVOituae! ... moi, molliS revenioos par étapes d 'un vo.yage E1: le :voici déjà bouclé. · darls le Jma, quand à llijoo, au momenrt de Il ireYoit, à toute vapewr, les paysagesr q•u' quitter l\hôtel, je me !heUJI1e ~ Jacques de (Jé. H a savourés pas à pa:s. sy, un de mes cama.rades les meilleurs de jaToul s 'ooiuit . .. toul s 'efface . . . dis, don~ les hasa<rds de la 'Vie m'avaient séA mesllJI'e que le train s'éloigne, Jacques ,paré ~puri!S des. arornées. rJ oyeUJSemeort, nous devient rplus triste. ·r eprenons cOllltact, et il m'liJPPrend qu'i.l vient Chaque .toUJr de roue lui passe s Ui' le cœwr. de ·se marier et rprofi~e d 'un congé de six Peu à peu, la campagne elle-même se falmois IPOUII', rcourir le mo.nde en automoibi.Je. Sa sifie. . . ~ n'est rplus la V'raoie, celle :q'UJ'il a àeurne ll'.e.mme, tHêlène, saute :s ans façon au r econnue là-bas, au tr.arvers d 'une générarot11 de Suza1llle, et towt de suite Jaoques nous tion ... celle qui l'a repris et qu'il a aimée . .. !PFOIPOse de noUISi l!'arnener à PM'is dans sa limousine. Suzanne, r-avie, me !Presse d'accepA trente lieues Ide distanœ, la Ville--Lumière étood déjià son ombre. ter, et, une hell!I'e après, le chauffeur ayant été co~o-éd~é, nous parfriioo.s, - mon ami, aux Tout à Phel.llre, ce sera la banlieue aux côtés de qu! ô'éta:iJs, ayant voulu luli.-même rnati,sons lé!preuses, les usine.s~ le canal de rOur<XJ,, le tohu-bo'hUI d,e la gare, les Tues -cood'lllire la voi·ture. Nous marchioOtS à une bonne allllll'e sUII' inte11IDinables qui se [profilent dans l'ombre urne roule large, so.us le gai soleil dru matin, des fa!UiboUŒ"gs. - et nous nous !l'appelions mutuellement nos Au bout d'une de ces rues, au food d 'une souven~\lls d 'enfance et de jeunesse. Derrière cottr, escalier D, troisrième étage, il ·voit d 'anous, Suzanne et Hélène, dont nOUJS aperce· vance :un petit logement, dans un corr.idor, où son père 'Vient respirer en sortant du Mé- . viOllls rpa.IIfoi.s les silhouettes, dans la glace dt' l'awto, devisaient jOIJeUrsement et témoignaient t:ropolitaio. par leUJils éclats de l!'i:re, - de leur 1joie de vivre. Mairs ,que 'fait doue mon; voisin? L'auto L'enfant ipellse alors à la petite maison semible zigz>ag:Uer StUii" la mwfe, main.!enant tapissée d'e treilles. . . au tba111C de bo1s derpla~e et d!roi te . . . vant 1a porte. . . à ·la gu-ande <lhemi.rnée où, le - Pourrqu oi mardhez-vows a!Î.Illsi? ai-je desoir, on fait rôtill' les 1udons . . . au jardin mandé avec 'lill' rpeu d'inquiétude à mon ami. . étoilé ,partout de pommes tombées ... 1l ne répond pas; et comme .je le regarde, Et dans son âme [ervente, il r épète sa proétonné, t'aperçois ,ses yeux vi~rewc et fixes, messe: « OuJ, tll!lJJ jour, fie ie reviendra1, et sa ·bouC'he enh''ou'Verte tardue da!ns un !I'idus lje serai alors tout à toi! ... , ; d'agoruie, ea !ête qui .vacille. J'a'i, immédiaie, PIE~~E JJ1BR!MITE. absolue, la œrtit ude qru?.une exirsteru:e humaine, tou~ près de ·,moi, voient de ·s'éteindre, GJU.e • nous sommes menés par illll mort • . . . Q ue fa:itfe? ... 'Je n 'ai au~une notion d 'automotbili:.me, je llli'ai jamais touché à œs manettes, à ces !IJ'édrales, à tout ce mécamsme compliqué · . . - . . . . N 'insistez ;pas, mon cher ~mi .... Mon êpOUIVante devient de l'affolement de· Je ne vous aooorrwagnera,i jamais dans votre vant la vi'siOill! de ce qui va se prodiUJire . . .. awtomotbile .... !Vous tenez à sa--voir :pour. . . . Oh! noos avOiliS b illi heurter 'Uile rquoi? . . . Ecoutez donc œtte aventure, que ie :borne .swr un des bars côtés, et d 'instinct me.s ne ra~OOJte qru,'a.vec 'l'épugn:anœ, car elle réveilrnain.s se soot placées tou~ là côté des mains
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Sur la route
5 du mort rivées au volant. A œ moment, par le tube acoustique, la 'Voix claire d'Hélène de Œxy m'arrive: - C'est stupide .. . Ne nou.s fais pas de œs ~ Jaoqu.es! .. . Puis, ayant aper91J. •J ll()(L geste: - Ah! très- bien! ajoute-t-elle dans un éclat de rire. Si votre cllaru.ffeur s'endor~ ai.dez-le et veillez sur lui! Et !''entendis un frais éclat de rire, comme si la jeune femme s'amusait prodigieusement dei ce qu'elle prend pour une plaisanterie concertée Er~tre Jacques et 'moi. .J e ne iPUÎs me TetoUl!l'œr ipOU.r elllpliquer 1horrible chose. Tout mon cOTps étaye le cadavre doot la tête tou'Ohe la mienne; tout mon être est 1endu vers un seul but: maintenir la voi!.ure dans la ligne droite ... Un lrissoo d 'wgoisse rpasse en moi à la pen$ée que la vie de Suxacne est entre mes mains .... J>rès d'elle, la pa'U'Vre Hélène continue à rire, car elle croit avec persistance à un amusement qui se prolonge, et même un peu d impatience et d 'ironie se manifeste dans les réflexioos qu~, tpaxl le tu.be, viennen~ à mon <>Teille . . .. .... •La roule s'allonge devant nous, sans coutbe, heureusement! !Ma·is, en 'ha'llt d'une ·côte a surgi 100 village ... Nous y péuélrons ec trombe rocilmte . . .. Des poules et des canards s'épar;pillent ... . Une charrebte chargée de ·gerlbes tien<t le milieu de la I)le· . . . Je ne puis faire marcher la sirène, retirer ma main qui étreint ce œi"cle de bois d 'où dépend la vie de trois êtres .... Nous n'avons accroché qw'un peUl de paille, et des in~tes, des cris nous tpoursuivect .... des paysat13 se sont rejetés en arrière, irrités sans doute que nOOIS ne ralentissions pas notre tra·i•n, é:<JDnés, aussi, de la vision étrange qu'offrent ces deux hommes - un viovant et un mort - appuyés l'un à l'awtre et étroitement enlacés .. .. Peu à peu, la conliance naît en moi· · · · Je suis plus sftr de la direction.· .. Il fa.ut aller jusqu'à ce que la prov•ision d'eSISe«lœ soit épuisée et, d'après ce que j ai compris au <!.épart, il do1t bien eu res!er pour une hewre encore .... Une ~s mains de mon .malheu-
reux ariD, comme brisée, s'est détachée d11 volant et ballotte sur moi, inerte .. .. Je subis à présent tout le poids de son grand corps qui m'écrase et m'épu·ise. ]'essayerais bien de placer mes pieds S'lllf les ;pédales pour 1llcher de trouover quelque frein, rr1ais les longues jambes du mort sont en travers, et j'ai besoin de tourtes mes forces po11r me tenir arobouté. . . . Ah! si dUJ moins je na vais pas devant les yeux cette 'barbe soye11se que le vent . agi~e et retrousse, et qui me bouche l'horizon! . . . . Et 1ou6ours, dans l'intérieur de la voiiure, on bavarde, on plaisan1e et on ri.t .... Hélèrle, lliD peu dépif'ée, a décidé • que nous agissions comme des gosses stupides, que la farce manquait de gaieté, traînant en loowueur, et qu'on ne s'oocuperait plus de oous . . . . plus du. tout». Ah l pourvu. que la malheu:rewse ne songe pas à bai.,ser la glace, à toucher ce cadavre qui se refroidit peu à peu! Mlis ces pensées ne pawen1 lui venir, car le ven~ est glacial, et r 00 doit être sil bien dans cette tiédeur de berline où s'éva.porent des odeurs ca.pitetiJS'i!S de bouqœt! ... . ... Le réservoir ne sera donc jamais tari? ... Je nen p.uis plus ...• Mes muscles, tordus, me [ont mal, et la lourrdeur du cor:ps, tout à tait écroulé s ur moi, augmente avec sa roideur grandissante. La main gaoohe du cadavre est maintenant un coiu. de Jer sur ma cuisse ecdolorie .... Sa tête ainsi qu'une !boule, me ,pousse hors du siège .... Bt d'un eflorl éperdu, par saccades, j'essaye de men débarrasser. Et voi<:i qu'il s'abat ·Sur ma ,poitrine, sur mes bras. . . . ]'ai failli lâcher le volan.t que j'ai tant de peines à maintenir. . . . Mes forces sont à bou•1. ... Je n'en puis :plus .... ]'entrevois avec ll!lle joie farouChe le ffiO!De{lt de la délivrance, où mes doigts se paralyseront, se desseneroot. . . . Les roues tol.Jiment moins vite .... la ovoitll!re s'arrête. . . . . Mon SUiplpliœ était fini!.... .Je ne puis vOUJS cottJfer, moo. ami, la ·scène aF'rreu5e qu•i se déroula ensuite sur la rouie déserte. ·Hélène de Oézy, devellJUe to1le de douleur, e.SIL morte l'an
passé ....
Comprettez-vaus P<>llJtl'U.oi je ne veux pas recornn:encer ce caudterna.r, revivre cette heure tragrque? · · · · Pierre VERNOU.
---~·~·-·--- .
Le médecin de famille _;:;,._-· .:;._•.:
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les ~r~ux et su: le lit de mort de !plusieurs génerahons, parfors dépositaire de secrets re· doufables. et d~ confidences do~loureuses, le médecm evolua.J.t dans une famille et à tra~s ses diverses branches avec un flair un a-prop?s et des notions directrices que ne ~eut a~q~é~JI du pre~er coup le !Praticien Je plu.s dt~t.lllgué appelé a brûle-pourpoint èr.tli\1 un arnheu où il rgnore tout. Il savait auquel des ascendanis, même éloignés, ressemblait tel membre ~e la Œamille, il conna,issait l'histoire pat.hologr~ue du père, de la mère, des grandsparent·s; d !Prévoyait à quelles di.fJücultés se heUüterai!. la .croissante de cet enfant quelles précauâons il faudrait prendre po~ tel au?'e, et quand ties accidents ou de, incidents, tmpl"év~s .po.ur tout Je monde, se ~vélalent. tl sav.ut, .lui, de quoi il s'agissait et dans qu~l sens tl fallait immédiatement orienter le tr:utemen~. Souvent même, <il suffisait daller le prévenU' que telle ou telle chose se passait pour que sa mémoire lui rappelât un événenenlent analogue, survenu .plusieUd's aM~s ~upara.vant, et dont la répétition lui dictait trnmédtatement la conduite à tenir.
Il paraît que de toutes les traditions auxquelles la gu.erre a ,porté un coup morle!, et elle.> s~nt nombreuses, 'IU1e des plus gra·vement at. ternies, est .ceBe qui faisait presque une loi à cl~aque Ia!rmlle de choisir un médecin qui veilsur la santé de ses membre·"· 0 n r·app~Iart . lart to~t n_aturellement le médecin de famille. Il fallart etre ,bien pauvre ou a,nnarte . , r ée ' l'•!' nrr a un~ 1~ • exceptionnelle dans laquelle la mala~re né'tart jamais entrée, pour ne pas conna!tre cette physionomie si particulière et . ~ . ~ sym,pa que qw apparaissait à lous les tournants dangereux die 1 existence Il mill 1 1 . d' , ae e ren frat 1 .'scretement dans l'ombre quand l'o. rage :walt passé. Je revois l'habit noir la cravate blanche, et sous 'llll haut-de-forme' uu peu !al.igué, la figure austère, encadrée de 5avons, de celui qui remplit ce rôle dans ma Que .~e médecins coosultants voyant pour pr~re famille. n me semble en!'endre encore la Jlremrere fois un malade, et 1ustemeot alarle ton coniiant avec lequel ou disait: • Dès le més par les symptômes qu'il présente ont été momen.t qU"il s'agit d'un cas gra·ve il viendra rassw~s eux-mêmes mar Je médecw . h'a b'1fuel, sûrerrrent ce soir, après son <liner ~u dema·c · ·x. ,. J ')._ 1 1, 1eur dit! « Mais non! j"ai d~à vu mon qur a. a prertll':"c ~eure.·· Et, en eifel, le bon gêmalade daos le même état à •• rn) . . me a?.para1ssart aw milieu de la nuit, ou aux us1eurs .repnses, et les 'Choses se sont passées de feUe et pr~mieres lueurs de l·auibe, grommelant d'une telle !façon » . VOIX . bourrue, mais au ioud de laquelle, on sentart tant d'indulgence et de sympathie: Emin, Je médecin de famille réalisait san• vorons•. qu'y a-t-il encore? Je suis sûr que ~'en ~ou~er'. la mission que 1on coosidè~e au~ œ n est nen ». )Ourd hui, smoo. comme la plus utile du: mo'c comme la plus .importante: la s~rveilla~ De fait, sou,vent, on avait eu plus de peur presque obligatoire et automatique des ,perque d~ ~· et la seule présence de- celui qui sonnes apparemment bien portantes. Aw coll!r connarss.ut !~te la maison depuis si longde ses vi~ites pour une maladie aiguë et de: ~emps, ramenait la confiance et exerçait une cooversatro~s fa~ilières et amicales qui les mfluence salutaire, ~me dans les cas les plus graves. a-ccompagnaient, il découvrait chez tel menl"' lbre de la famiJle qu.i n'aurait pas sonaé a le . Une , ~ieill_e fO!!'mu1e qu/'on a quelquefois consulter, les .t raœs d'·tme fatigue, les..signes rarllée, bien a tort, expliquait l'ascendant du pr~urseu~s d·'ooe maladie encore laten!e: «Je ~decin de famille et la valeur du· rôle qu'on reviendrai pour vous • disait-il en s 'e n allant lut atir,ilb_u&~l: • IL connaît notre .tempéraou bien: • Il 5aut absolument venir me voir' tnec6 », drsa1t-on. •E t c'est vrai. Pendté sur m 'apparier une analyse d'urine, faire auscul:
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6 ier votre cœur», etc. Bien des malades, qui ne s'en doutaient pas, ont Mi à la ·sagacité et à l'amitié du .protecteur de la santé familiale, de prendre à {e"'ps des précautions qu'une longue attente eût rendues inutiles.· . Ce génie bienfaisant tqU!'est le m&ecia de famille disparaît: C''est grand dommag~.
•• Aux Mayens de Sonflen llJEOENDE 'NENDARDE (Lorsque le printemps sera de retour, vous qulli cherchez des sites .enchanteurs, visitez les mayens de Soufleu•. Vous en serez charmés, n'en doutez point. .Yous souhaitez de la ira_îC'heur, kl.e l'ombrage, un air pur, un cla:Ir rwsseau courant dans la verdure? - Vous trQWYerez tout cela si, un beau dimanche de Juin, voœ voulez bleu suivre les rustiques seJJ.tiers .qui mènent aux mayens de Soutleu, éta'hlis en amphithéâtre sous la sombre découpure de la iorèt qui [orme une tenture au flanc rapide de la Dent de Nendaz. Les chalets rustiques s'égrènent au hasard d'al!!~ la verdure des mayens. 11 y en a de jeunes et de vieux, de .jolis abris montagn~r~ aux poutres de sapin blanc et de toutes vtellles masures aux parois noircies par l'âge et dévorées par les tourments d'hiver. De vrais nids d'antiques souvenirs, ce& tout vieux chalets; et dans le cadre ildlyllique d'un coin de Souffleu, en un temps extrêmement vieux, peut-être, une légende est née· · · · et maintenant, à son :tour désuète, elle commence à mourir; !oubli rattend, l'oubli qui s'empare des choses très ;yieilles, pour les ensevelir dans le sombre néant où tombent les so-uveui·rs de ce qui fut, d'ans ce :vaste c Passé •. L'UIIle, sans doute la :plus ancielltle, de ces habitations xustiques, une maison debouL encore malgré lâge el malgré son rpresque com.p.let abandon, jadis fut hantée. Et 1jusqu'à nos jours, .p1r tradition peut-être, elle inspire IIJ!t~ sentiment d 'effroi involontaire éprouvé pa.r tous ceux que le hasard amène à passer une nUJit sous le toit qui abrita la tpoule aux sept
poussins, forme qu'affectai\ l'esprit qui ha· bitait ces lieux. Une mère poule, suivie tou,jours de sept rejetons, errait de pièce en pièce, faisant eniwdre dans la nuit des rplaintes étranges donnant des hissons aux pâtres qui. couchaient là. Ceuoc-ci avaient prié, conjuré le Ciel Kl.e les déli;yrer de celte !hantise; ils avaient porté des chapelets bénits en guise d 'amuletles, pris a:vec eux dix sortes de Choses saintes, rien n'avait réussi à collljurer }'esprit. Toujours on voyait la même poule mère, suivie de ses poussins et l'oo entendait les mêmes plalintes éternelles et luguJbres de l'hôte de ces lieuoc. Par héritage, le, mayen au chalet maudit passa à u111 nouveau. propriétaire, Mathias M., dont la populaire iraditioo a conservé le nom 1juJSqui'à uos jours. Celui-ci ne toléra pas long. temps l'intruse en sa !PfOt}ll"iété. n avisa un moyen S'lliPrême. Il se 'rendit au coUNent des RR IPtP. Capucins, à Sion·, y portant une offui~ généreuse et il prit avis dun Père à la réputation d'tm Saint. - « Allez, lui Iut-il commandé, seul en la veille de Noël; aux coups .de minUJit, soyez at~~ chalet hanté. Pre· nez pow armes une épée 'Vierge; sur votre poitrine celte médaille sacrée et d'Ulle mam, ce <lha;pelet bérut. Ainsi, ne craignez r ien; chassez 1a poule et sa couvée de tous les coins où elle t-entera de se rél!ugier et ne quittez voire maye11 qu'après leur départ.» Les prescri.phons du PèrE furent suivies à la lettre. Qui pouxrait dire l'émotion qui devait étreindre le cœur dUl paysan en a.pproc'hant de ·son mayen? Qu'on se figure, par u.ne nUJit noire, où pas une lumière ne brille dans les lén.èbres, par une affreuse tourmente d1'hiver, le voyage à traveœ une forêt sombre, dans la neige ~a isse. 1EI à 1 heure où le anonde des .f.id'èles se IJ)Iesse à la crèche du Sauvellll" !lllÛss..mt, dans les églises ruisselante.. de lu!11\1êre et remplies ide flots d'ha.nnonies .jo}euses, se trouver seul, loin de toul& â'lrle vi,vanle, attaqtœr dans soo. repaire pblsieUJl's fois séculake, 'llltli être mystérie~ cl doué peut-<être de pouvoirs étranges et insoupçonnés, quel -courage n'était pas en son cœur !Pour cette acnoo! Il avait une piété on:>lolldla
et une invincible lfoi en la puissance de ses armes.
fl arri:va et traça sur ses épaules U·n grand signe de croix. Un frissoo le secoua tout en· tier lorsque la porte, ayant grincé SUif aonds rouill~s, il s: v~t en face de la poule a~ sep\ poussms, qm fit entendre à soo approche un a,ppel plaintii. fl entra, résolu. Avec son épée il chassa devant lui l'étrange couvée Du fenil' elle passlll dm& ill( cave à lait, de là, .elle pén/ lra <flans la chambrette d 'habitation. Poursuivie :ncore et expulsée, elle monta atli galetas, fouJoors poussant des gémissements plain· tifs. ~éra?gée encore dans ce refuge, elle cou,. rut shlm[er dans l'écurie. Mais 1homme la stüvi•t impitoyable, tougours le chapelet bénit d''une main, l'épée de l'at~~lre. Tnquée enfin dans son dernier ITepaire, la poule sortit el lorsq~'elle franchit le seuil, Sill.'Îvie de ses poussms, le paysan ne vit qurune immense tlamme qui se répandit au loin dacs l'espace ~ _traînée lumineuse. En même tenws, Wl cri smtsfre de rpoule en détresse déchira 1a ir et ~ ll'é_'Pe!routa dans les échos de la vallée !L'~omme, ~ecoué tout entier ,par ~ frisson mvolontaJre, se signa, se ll"ecommandant attX Sa:ints du Paradis. M'û comme par un mystéritux !EJsori, tl eoi[onça son épée jusqu'à la gardt. ciuJs la g-rosse :poutre qui S1Uipport~ le plancher de lécurie et où bien loogtemps ou la mf')nfrait aux visiteuTs. ~puis ce ,jour, le chalet lut délivré et 0111 cqu~s n'ente~di! pJus parler de son hôte mysténeux conJure par Ma !'bias M ....... . Ecôele, It;, 8 Décembre 1920. Cyrille MICHELET. 1
Variétés •BEV'l.TBS UITERAIRES Notre eXœltent confrère A!l.bert Cim s'est ldOI!Ilé ~e malin p!aisir ,de coJ:leotionner tles béVil.les H-!~éraire,s tles écrivains. . . . Il nous o!Ire le ll"êsu.l'llat tle ses iTOOherChes dans wte série d'a·rtio1es tort goûtés.
.Les . a ma tell1'S qui .se désd''ent de ne pouvotr ahg>ner dix mots .de swite 'se cons'Oilell"ont de lieurs dlàboires en constatm\ que ~'œuvre des ,prOI!'esseurs - des maîtres, parfois n cs.t poi~"Lt ,exenrp\e d'absurdités, de Illon-sens don.1 s'étooo-erait Joseplh Prudhomme et ~e rét:'ameraiernt les plus extravagants de nos hwmoris1es. Que di!es-vous, par exemple de ce!~e notalion du d€cicieux a'lbleu,r de c 'Moosiell!r, Madmle et Bébé •, Gustave Droz: • Je .sentis Ultle larme ,qu.i me montait à la gorge . .. ?.
C'est délpl'aœr audacieusement 1es glandes lacryma1les, n'esi-i'! .pas vrai? Oe FeTd'inaaJ:cL Fabre, dans • Ba~r.natbé »: c ·L'étoffe, trop vivement ramass~, poussa uo cri .... » Que dèXiœssive seusilbililê! ... D Edmond Aibout, da ILS • les Mar·i·ages de • Paris»: « Victorine .cootoi•nua sa lecture en fermant les yeux.» EXJœlllent moyea de .comerver longtemps sa vue. Les romancier·s pojpllllai'l'es ont des joyeusetés déconcertantes. A1ns.i peut-ou ll:ire dans • Les Rois de l'Océan •, de Gustave Ay:mard: • Hs se trouvèrent à p!usieu-rs mi'l;les Ide c~s deuoc ca'davrfiS doot l'uri était !Plein de vie ... ~ Il est des morts qu'il faut qu'on tue! IDe ChaJrles Mérouveil, dans ]t'rullY Fayelre: • Cetle femme avait IUJlJe tai!lle .sve!lie et souple, • qu'ura.e main» d homme eOt emprisonnée 'dans • ses dix doigis .... • Bhéoomène ,à montrer :à ·la foi re de NeU'i~ ly, entre la fermne à tba.r'be et le Veél!u à six têtes! Npnon'Se Daudet aiiÜrme, dms son œameux • T.artar.Ln de Tuascon •, que «quatre mille A. ralbes ooll!l'aient pieds nus ,gesticU<lant, riant comme des fous et ~ai~Sant 9trire au soleil six cem,t mi1Dle dents h1iamrolte& ., ce qui fait t011t ;ude œ111[ cinJIC)uwte dents par Àrabe. DlllllS Ge.rmi111ie Locerteux, Jes Goucow:t écriiVenJ!: froidement: • SttT le siège, le d'os id•u cocher était étonné d'entelldre p\:eUJl'er Sti Œort. :o
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~FLaubert a •laissé, dans • V'Bducatioo Sentimentale •, cette perle: • Les marcha~ de vin étaient ouverts; oo al~ait de ten~ à auJire y fumer w1e pipe. • Il sigmqe ai'Ileurs, dans • Madame Bovary •, que cle jpère 'Rou.alt V'inlt atpp<>rter i Charfes de paiement tle sa 1ambe .remise: soixante-quinze francs ,en pièces de quarante sous •. Quant à Hoory Murger, on lu.i doit ce « mons!re • qUil s'étaije d'ans les • Scène·s de 'la Vie de Jeu:nesse •: c Au, ~ond de sa poitrine, et floftanl dms un océan de dannes, son cœur, assassiné par la soufuanœ, ISe d.ébaltait en aria11,t au secotll1S. • La 9.eçoo. de tout cela? C'est qu il faut tourner Se[)~ foi.s sa !f.llume d~ns 'l'encrier avant de traœr un mot, pu, 'Si il'oo n 'a 1aUJCu·n ia!lenl, ne f!Yc"S éc:r'Îre liu tout, car si les maîtres de la •!Jmgue .uouiS ont Jéguê de si ma:g.nifiques êchanti3ons, ]es autres, ceux qui essaient leurs ai~es !hésitantes, >comment sauraient-i~s tri0111'Pher des mme embûches qui se <Ù'eSISen't au tounnnt de cha'que phrase et que ne savent pas touûou.r·s éViter Iles {POntifes!
mer S>U.C Je ruban d 'ooe couronne mo.rlruaire cette dlé'dicace: c Repose w. paix! A'l.ll revoir! • Quelques heUJTes après d>l reçoit ce~te dé•pëche: c Pvière d'3!jo!Jter • au ciel • s'il y a oocore de la place. • Le aour de l'enierremoot an rpuf. lire sur le mban dé,ployé: • Repose en paix! Au lfevoir au. ciel s'il y a eucore de la tPlaœ! •
OOQUIULES
Ci-gil un grand persolllllage Qu.iJ fut d'un illustre lignage, Qui poss~a mille vertus.t Qui ne trompa jamais, qui Iut tou1ou.rs fort sage; Je ne dirai pas davantage: Cest trap mentir pour œn1 écus.
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qui avait dacs sa c~pie ce vers: c Tyr tomba deva.lllt eux • mit à la plaœ: c Tire ton bas devant eux. • C'est un peu 2TOS! Ce qui ·swit est :plus g.ra•ve. c Le docteur Paul Charnat, a·acoote lM. E. Leclen:, corrigeant les éprooves d'une brochure sur l"aiiém'altioo· mentale, s'aJperçu~. quion avait omis de placer entre guillemets diverses cita:ioos finales: il écrivit donc au bas de la dernière page: cil faut guillemeter ~ous les alinéas. • Ile typo, prenant .cette !reCOmmandation pour un •ajouté, corna>osa froidemeni: • Il faut gruillotiner tous les aliénés • Ma~·s la .Plus drôle est peut-êlre celle-ci: • Un imprimelur, ,rapporte encore l'a.UJi.eur di! la curieuse chronique de • La Connaissance •, ayant un jour la ~e dimpriUo
EPITAPHES A la mort de Colbert: Ci-gît le père des impôts, Doot chacun a l'âtne ravie; Que Dieu, lui donne le repos Qu'il nou.s ôta pendant la vie. Ci-gîl, qui dut célibat.üre li n'eut que vices e t défauts; Plût à Dieu. qut on eût IPU, sur le tombe~w dUJ père Jadis écrire aussi œs mots: • Ci-gît, qui fut célibataire. • Ci-gît, n'en ayez ~oini peur, Le grand Da.mon. qui nou& a,pprü Qu'un homme rpeu.t vi:vre sa11s cœur Et mourir sans rendre l'esprit.
Epitaphe sur jllfle voleuse:
Oi-git, •qui se plut tant à prendre Et qui l'avait si bi:en appris Qu'elle aima mieux mourir que rendre Un la'Vement qu'elle avai'! pris.
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La conscience est le premier type du souverain coostitutionnel, qui 'fègœ et, !hélas! sou<vent ne gouverne plliS. Si 'VOus voulez être riches, 1l!'ap,preaez pas seulement comment oo gagne, ~hez aussi comment on ménage.
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Une Martyre (Dédié à 1',1Ecole :primaire"). Marie Burlet n'a plus de jeunesse el n 'a jamais eu de beauté. A peine entrée dans la vie, elle a elli une charge à porter, charge si Jourde que ses épaules se son! aUaissées sous son poids. L"aînée d''u ne nomibreu.se famille d'ouvriers pauvres, elle a passé son enfance à être le souf!.re-douleu.r des peiits qui se sont succédé dans Je berceau, témoin d'e leurs criailleries et du patient dévouement de la grande .sœur. L'un après l'autre et quelquefois deux ensemble, eUe les a he.rcés, promenés, pouponnés sans jamais recevoir la moindre récompense, sans oser y prétendre même. La mère, peu tendre de naturel, n'a pas même eu le temps de lui sourire. Du matin au soir, elle était courbée sur 1établi d'Wle fabrique pour gagner Je~ jpaÏDJ quotidien; qu.ant au. père, hom. me de peine et grand buveur, il ne fallait attendre de lui que quelques francs ici et là· .. et des coups presque tous les jours! • La Marie • n'était pas belle, tant s'en· faut: cheveux jaunes, yeux chassieux, point de couleu.rs su.r ses ïoues hâves, de plus, elle bégayait: l'amour-pro,pre maternel n'avait pas de raison d être flatté. Aussi la mère Burie! ne ménageait-elle pas à sa fille les rebuffades, les gronderies, et souvent les coups. Les frères, les sœurs faisaient de même. Une chose était-elle perdue? c'était la négligence de Marie qui en était la cause; un enfant s'~ait-il fait mal, la Marie n'avait pas su le garder; Marie par ci, Marie par là - c'était toute la jotllTil.ée un concert de ·reproches, d'ordres injustes, et cet état de choses paraissait si naturel à tout le monde que Marie en étailt venue à s'étonner <fun mo~ plus doux ou â voir quelqu'un des siens puni sans l'être elle-même. « Elle est un peu crétine, • disaient les voisins; celle est trop bonne, disaient les âmes charitables. Polllrqu.oi se laisse-t-elle tout faire?» Pourquoi? Marie eût pw Je dire. Certes, elle avait une âtne et une âme fort sensible, mais un jour, à 1époque de sa première com.
munion, elle avait compris l'amour immense de Notre-Seigneur pour l'humanité coupable, elle ravait vu couvert de plaies, par ceux mêmes à qui il avait tout donné, et, tout au, fond de son cœur, était né un désir immense, étrange: le désir de soulfrir 'VOlontiers pour l'amour de Celui qui l'avait tant aimée. Pauvre enfant, victime innocente, jouet des uns, l'objet d'une pitié ironique pour les aut·res, elle se vit servie par le Tout-Puissant, caressée par son Dieu, désirée, accueillie, fêlée par son Cœur el, un immense amour pour Lui s'alluma dans cette âme innocente. Notre-Seigneur avait eu compassion delle. Pou.r celle disgrâciée, il eut un regard de tendre affeclion et dès ce 1our béni de sa première communion, Marie fit, par un sincère désir de lui plaire et de lui rendre amour pour amour, ce qu'elle n 'avait donné qu'à la force, dans 1amertume de son cœur. .L'intelligence de la croix, sci~nce qui •résume toutes les autres, lui iut largement donnée: elle n'eut plus qu'.un désir: sou.flfrir pa1iemment, aimer ardemment Notre-Seigneur. Eglise de Jésus-Christ, soyez bénie! Marie devint, par vous, une sainte; si elle eût été privée de l'Eucharistie, elle .fût devenue une révoltée et peut-être pire encore. Au rayonnement de ses yeux malades, à la douceur de sa voix, oo eat pLL pressentir le mystérieux changement qui s'était opéré dans son çœur, mais il passa inaperçu et seul Je vieux prêtre qui entendait les coolidences de cette âme virginale eût pu dire le secret de sa force e! de sa patience. [.es enfan1s s 'élevèrent petit à petit. Un jou.r, Pierre BLLTlet sen fut dans la tombe, sa femme le suivit peu après, et l l'époque où commence ce récit, .Marie, à 40 ans, se voit toute seule dans le paLLvre logement, et elle gagne s on pain en allant à la journée. c A la journée •, cela est dur, n'est-ce pu? Depuis 6 h. du m. à 6 :h. du s., être à la merci de quelqu'un qui exige de vous le plus ;possible, en récompense de la pièœ de 'l'llOn· oaie qu'il vous remettra. Ei~ puis, c'est hwni· liant! Il Iaut se faire si ,petite, se laisser commander et ne travailler qu'à des ouvrages
10 grossiers, rebutants, de ceux qu'on n'ose demander qu'aux tout pauvres. C'était là le lot de Marie et elle ne sen plaignait pas. C est qu'elle avait un soleil dans le cœur, c'est que agenouillée sur le plancher quelle recurait, elle avait sous les yeux une image adorée; c'est qu'elle aimait le mépris et 'quelle était venue à le désirer même. Comprenez-vous ces choses, vous? Peutêtre, si VOI.IJS êtes croyant. Avant de se louer, ~ la première aurore, Marie allait à l église, elle y communiait pieusemet~t, puis le soir venu, lasse, épuisée quelquelois, elle s 'en allait quelques instants, raconter au bon Dieu dans la chapelle solitaire, ses travaux de la journée. Ainsi se passaient les anu~s. Un soir, dans la joyeuse octave de Noël, Marie votllut réaliser un désir, qu'elle avait depuis longtemps et dont jamais elle n'avait osé parler. . . . Souvent, lorsque, sa prière achevée, elle faisait sa dernière gé11u.llexioa devant l autel du Saint Sacrement, elle s était dit que, passer une nuit seule avec l'Hôte divin, serait une joie à nulle autre pareille Ce Jésus qu'elle adorait, que ne pouvaitelle le consoler da111s les heures .soli!aires où seul, abandoooé dans l'église froide, il attendait les adorations matinales de quei'ques rares fidèles! Ce soir-là, le désir était si pressant, que la pauvre lille n'y tint pas. Seule dans sa chambre de vieille lille, qui donc s'inquiéterait de son absence; aussi, cédant .à l'inspiration ir.résistible qui la dominait, elle se blottit tout au fond de l'église, dans un angle obscu.r. Le curé s'était réservé 1honneur d 'être • le portier du bon Dieu »: c'était donc lui qui fermait la porte aux derniers sons de • l'Angelus» Marie avait peur de se voir décollverte. Certes, elle n 'avait pas à redouter te saint [>rêfre, mais tout ce qui dépassait quelque peu le niveau de la piété commune à tous, inspirait à :Marie une sorte de répugnance. Elle avait peur de se singul<M"iser en quoi que ce fût, et son âme, prise d'lille pudeur se-
crète, cachait soigneusement à tous ses mys1ères d'amour et de sotillrance. La porte se referma; le grincement de la clef dans la serrure arracha à Marie un soupir de soulagement. Elle était donc seule, bien seule avec son Dieu! Elle pouvait en toute liberté épancher son âme ardente aux pieds de son divin Roi. S'agenouillant toul près du maître-autel, elle joignit ses mains sur son cœur et, regardant la porte dorée du tabernacle, faiblemen1 éclairée par la Lueurr vacillante de la lampe du sa,nctuaire, eUe com. mença avec l'Ami divin un de ~Ces mystérieux colloques que seuls connaissent les cœurs quj savent aimer. Que disait-elle? Ah! sans doute, elle remerciait Notre-Seigneur des souffrances de sa ;passion, elle 1assurait de son amour, elle lui demandait pardon pour tant d 'égarés. Son cœur pensait à tous les déshérités du monde, à tous œux qui, comme elle, avaient à supporter le fardeau de la pauvreté et celui plus lourd, de 1 isolement. Pauvre Ml!rie! elle avait tant souffert, -que son cœti!I' s'était fondu en une tendresse toute miséricordieuse pour les malades du corps ou de 1âme, pour les seuls vrais rnalheu.reux, les pécheurs surtout. Oh! ceux-là, combien elle les aimait! que de fois, elle avait offert pour eux ses sueurs, ses humiliations: • Mon Dieu, répétait-elle œ soir encore, qu'ils sont à p:aindre ceux qui ne vous aiment pas! ceux, qui s'éloignent de vous et qui, au lieu de venir ic1, puiser un peu de force et de joie, vous raillent et vous outragent! » Et soudain, le souvenir des profanateurs du Saint Sacrement surgissait tout à coup dans son cœur, elle eut un mot sublime: • Seigneur Jésus, ayez pitié de lel.lll's ,âmes! que ne puis-je être la martyre de votre Sacrement!» Une à une, les heures s étaient écoulées, douces et paisibles pour l'âme de Marie, qui golltait tant de consolations dans sa prière persévérante) qu·'elle ne s'apercevait pas de leux fuite, ni du froid ·glacial de la nuit. Soudain, elle tressaillit vivement: la serrure grinçait, quelqu'un .allait entrer. Promple comme l'éclair, elle se réfugie derrière l'au-
11 tel: • M. te Curé, pensait-elle, viettt faire aussi la veille sainte /,uprès du divin Enfant; je ne veux pas qu il me voie! • Ce n 'éta;t pas le prêtre. -Marie s 'en convainquit bientôt: Une lanterne sourde à la main, des outiLs de serrurier dans l'autre, un homme s 'avançait, après avoir reiermé la pore avec précaution. Que venait-il faire? La pauvre ftlle se sentit prise d 'une vague terreur: cet homme était le plus ma,uvais sujet du vil-·· lage, une créature vel!lldue à des suppôts de IïncrMulité, un ivrogne dont les débauches étaient payées par on ne savait quelle ma1n. . . 'Muette, frissonnante, elle attendait. SoudaiiOI , ell~ compnt. L'homme avait posé sa lanterne sur l'autel et se préparait à forcer le Tabernacle. Prompte comme la foudre, Mar ie Burlet se dressa toute droite, entre l'h omme elfrayé et l'autel qu'elle voulait défendre. Surpris par cette appari'ion soudaine, le malfadeur avait reculé. [.a courageuse fille profita de cet instant opour entourer le !!bernacle de ses deux bras, en disant: .-Malheureux, qu allez-vous faire?» c La Burlel! f1t l'homme en ricanant, tu m 'as fait une belle peur! Ce n 'est que toi, va, laisse-moi laire, mais gaie à toi, si tu. me vends! » Et il s'êfforçail de repou.s ser Marie dont il pensait avoir eu raison, ,c ar t l'idiote •, comme facilement il la nommait, devait avoir peur dès la première menace. Mais Marie ne recula pas. Se cramponumt désespérément au tabernacle qu'elle protégeait de sa haute s'ature, elle opposait aux manœuvres du. profanateur un obstacle auquel i.t ne s'était pas attendu. Dans une vision suprême, elle avait .compris que son sacriiice était accepté et, heureuse d'une joie surhumaine, elle disait à Notre-Seigneur: • Ayez pitié de nous, Seigneur Jésus; qu il me tue, si Vous voulez, mais que Vous, Vous soyez respecté! • L'homme se fâchait. • D me les faut, gromn'lelait-il sourdement. . . cette nuit· · · · Vieille bigote de .malhoeur, laisse-moi donc ou -je t'assomme!» ... Marie ne ·répondit pas, mais .rivée au la-
bernacle comme à la croix de son su!Pplice, elle resta immobile. Ivre de fureur, le malheureux prit les outils qu'il voulait employer à l'exécution de ses desseins pervers et il en asséna des coups violents sur .la tête de Marie. iLe sang jaillit avec force de la tempe entr'ouverte et couvrit 1autel d'une robe de pourpre. Epouvanté de son ~orlait et pris tout à <:oup de terreur, l'homme $'enluit .... Quand, au matin, le ()UJ'é vint préparer le sacri5ice trois fois saint, il trouva la morte, déjà raidie l(!t révélant dans son attitude dernière la scè~e terrible de la nuit. Et maintenant, da:ns l'enclos du cime1ière de W., vous pouvez 1.irtt sur une tombe blanche, ces mots dont je vous ai donné le sens: c Marie Burlet, martyre du Saint Sacrement. »
S. H. ----------~··Hl~---------
Pourquoi sont-ils si rares?... • Oh! M. l'a'\.II'I\Ôn<Ï.er, vous habitez par HÛ.? »
C'est en p leine forêt de Hesse près d 'Avoau croisement d'un sentier perdu dans un taillis de chênes que, deSI lèvres d 'u n jeune brigadier, cette questiOillJ v.ient de jaillir. Il rentrait d'uae oorvée de ll'Ondillls. L'un des piewc qu'il pomH <Sur -son épaule a faillt éborgner le prêtre. Si l'aumônier hab1·fe par ici?... Hélas! non• .Pas plus ailleurs qu'ici, du reste . .. Car, pour l'attaque qu·ao. est en train de monter, on a massé dans le ~eull' plus de vingt mille artilleurs. Et, depuis quelques ,jours, l'aumônier erre, oomJIJe un vagabood, dune batterie à l'autre, au petit bonheur de la chQJl~ ce, cherchani des âmes. ... Or, tes âmes sont rares, du moin~ les âmes assez .simplement (;hrétiennes et b1eo disposées pour profiter ('()mme cela, dœ premier bond, d'un prêl!re de passage et pour y voill' l'envoyé providentiel de Dieu:. CeHe fois, •ietn I()Uiâ l'acoenl dont la question lui a été posée, <!'ien qu'à ce • Oh! 8 de COU!lt,
H! joyeW< désrrr, le prêtre a compris qu'il est en préseflœ d'rune de œs âmes d>élite, d'ume âme pour qui l'aumônû.er n'est pas seulemeot ~ Je lbcm ty,pe » qui Otifre une cigM"ette en pa•s:sant et di~ U01 petit mot de courage, mai:s le médecin ~i-rituel qui porte daniS ooe •invis.ilb!e mU!Sef!e, des pansements inépu.isaibles contre les blessllJI'es dru péché .. . • Il a ·r êpooow :bien vite: ~ Non, moo amn, je n habite pas 1Cl; je suis de passage. Mais ça ne tait •rien .... Si tu. veu;x: .... ·Les reg~~Jnd:S se sOOJt renuontrés: on s'es-! Wi11ipl"is. Trois pas de côté doos le fatillis . .. et, oo .une .minute la confeS'SJion est achevée. - Et main:tenant·, ~u ne serai•s pas content de communier? --:- Oh! SJ.i, M. Parumônier: il y a si longtemps que je n'ai pu le fa ire. Nous autres, oo ne quitte jamais la IPosï'ion; et dans ces rrav:ùrts il n'y a pas de d1apelle, rvo·us comprenez. - Eh bien, veu.x-tu communier tourt: de &uite? Justement, j"ai le boo Dieu sur moi, là, sur ma poitrine. Le ibrave en~amt eut un suxsaut. __.:..Tout de suite! . . . Matis, M. l'Awmônier, c'est 3 hemes diu ·s oir. 5t, vous pensez bien, j'ai mangé. Puis, d'iu!lll ton franchement dépité, il ajouta: Si j'a.Ya<i·s su, j'aurais attei!Ld•\1. AMendru.!. . . Le .prêtre sourit de joie. Sur sa poilrine, :it lui oomblait que 1 Hostie sainte palpitait.. :jalouse de satisbire lllll si b~au désir. Au reste, on est en pleine :région de mar·Iillfes. Hier, en venant rawitaiJler, troi:s conducteurs de la S. M. A. - des emibUJsqu;és,! - ont été ~é~> &tm même obus: et là, sur la route, près du Clllfrefour, Olll aperçoit encore tout ce qui reste de lellJI' ·caanion Jincwdié: les 'jaillies des quatre roues et UJJI .peu de ferraille tordue. .L aumônier a vite fait d' expliquer a'IJJ ~eme axHlleur le Décret porté en faveur des sôldlats. Ce fuJt un enchamteanent. . . avec un seul petit OOJage cependan~:
- C'est que) :M. l'aumônier, •je n'al pas ~ù le lemps de me pré.parer. - fervem vaut mieux que lon~eur, mon ami. - D'habitude, j'y pense la veille .... - ·Eh hm, cette ~ois, tu y penseras le lendemain, voilà tout! Un magnn;fique hêtre .se dressait tout pro· che, dont les racines musclées, revêtues de mousse, .tonnaient agenouilloir. Le soleil fil· trait à travers les branches, al!unnant, pour remplacer les cierges, de petites ilammes S'IJJI' la oustode d'or. Les oiseaux servaient de chan1:res. Devant son Dieu quïl sen•1ait prêsect ·SOLI!s l'hosiie blanche, le brigrud~ex s'·était incliné et scandai~ avec Ien!Jell!r chaque phrase du • Con· fiteor ». !Mais lquamrl, après < l'IruiJUlgentiarn»», a releva la iête pour fixer • l'Agmea.u de Dieu qui cll:aœ les péchés du monde » qu:'on lui présentait, ah! quel .lJea,u regard! - le prêtre qui- le ·vit en garder-a toujours le souvett1ü·, - un regaxd où se croisaient les feu;x: de la 5oi, àlu désir et de l'amour .... Et sur les lèvres, puis dms le i:'œur de 1adolescent, la re.1eontre diVIÎne eut lieu, source d'énergie nouvelle et de coosola!iou .... L'action de grâœs commença à deux, le brigadier servant dk guide au rprêtre ~usqu'à la batterie sui·vante . .. . - C'est si dommage, murmura-t-il wcore, que '{ aie eu si peu de temps >pOur me prépaxer! Puis œ fut la séparation ... bioo d'll!l'e, car déjà J'.on se sentait amis. Or, hui'! •jours plus taro, l'allll11ôn1Îer fut bien doucement sur.pris de trouver dans SOUlJ iCOil!rr~er tme lettre dont je puis bi€n id vous détacher quelques lignes: • Cher .Père, vou~ souiYeillieZ-vous de ce jeu• ne artilleur à qui vous avez doJlltlé, diman• che pas·sé la Sa.inte Communion à 3 h. de • !"après-midi, au milieu des bois? • Vnus m'avez dit d 'y penser le lendemain. • Je ·l'ai fait et les jours suivants. Vous ma• vez procuré une trop grande 'JOie pour que • ~e ne .Yous écrive rpas ••••
ltJ » Hélas! il me fa<Ud.I·ait la plwme d''lltll écri• ;yain pour vouSI dire ce que mon cœUT ~ou• drait; et ce n est qu'w petit paysan àu fo, rez qui· :vous ou.we le sien .... • Combien en avez-vous déjà rencontré de , ces jeunes catholiques soldats, qui, comme • moi ont é!é heureux de aecervüiT de vos • mains le Pain de Vie? Pas assez, bien sfir. • Ils .sont twp nombreux mes camrurades qui • ll'·ont pas C011l[lris qlle vous étiez l'envoyé • de Dieu et que vous portiez sur vous le • consolatell!f et le guide .... , Votre tâche est belle, cher Père. .Pour• qooi ~aut-il que si pelll la comprennent? ... ~ La let!re -continuait ainsi, pleine d'épanchements et de confikienœs; maJs, en pours.uiiYant cette lectUJre, qui !l'aY'i!vait en lui de si dou.x souvenirs, l'aumônier demeura longtemps rêveur, en se ;répê!<ant à lw.,même œt é!lligmallque ~ rpoUJrquoi '· Oui, pourquoi de pareilles rencontres dames ne sont-elles pa·s plllls lireq.uentes? Georges OUI1DN.
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L'utilité de la vraie richesse Nous Yivon~s; nous devons vivre sagement; la sagesse catholique a pour II'ôle de faire qu'on se réfugie en l'Esprit de JéS!Us-Chirist, q1t'on le fasse régner sm soi et sllil' ce qui est de soi, qu~on lu~ coosacre, en con,séquence, ces i•nstruments ·qui ,s·appellen:! les biens et qu,i peuvent, manœuwés par ·nous, au liew qu'ils no-UJs manœuv.ren<t, .soulever ·l·a nt de choses. Notre sagesse ainsi armée non seulement ne périclite point, mais deV'ient une .sagesse plus sûre, plus utile et !Plu-s .rayonnan+e; nous captons et orientons des forces pour elle. comme en nous-mêmes, nous !Prenons de la !oree en mwgeamt dl\ll pati111. .re ,pain ,c'est de la santé chez celwi· quï s~ polie bien, dlu talent chez Je penseur, de l'é· nergie chez l'homme d'a!C·tion, de la saÎJillleie chez le saint. •La richesse, 1qui es1 ua:t poison PO·Ilil' le .viCieux et oo danger pour l'ê~re dooi:!e, est :pollJI' le .sage une noulil'Ülllre atbon.dante
et var1ee •qui entretient la vie supériwre auss•i bien que les vires. Eru dehor.s d'une œUJVre à faire et d 'une personne morale à favor.jser, la aichesse est un abus, presque Ulll vol; mise en action et bien conduite, elle prend sa ·justification et elle conquiert, a!Vec: sai>!IJ!eté, sa glOJHe. La loi de toul est une loi d'ascensiom La richesse est d''aJbord matière; mais la matière est pollil' notre corps, notre corps pour notre âme, et notre âme est polllT Dieu. Si la II'i chesse esl un poids qui nous fait descendre, elle retourn.e notre or~entation et celle de la natll!fe, elle per·vertit tout; si elle est oo levier pour hausser la rviÎe e! fap:pJi<JjlLer toujours plUJS ll!U~ {:hoses SIUpénieures juSJqu'aux biens suprêmes, elle remplit· sa .fonction et répond à nos vrais destins. Soyez .vertueux et employé ·li!U~ .fu'avaux utiles; aus&itôt ·VOs biens ;prellllllent une portée mœ:ale et sociale qui les erunobli<t et qui en fait '1.1111 trésor commun. Entre les IITl<liÎnls de S. Vinœn:f de Pwl, 1argent est une valeur céleste; entre les 1111aÎI1·S de F.ranklin ou de Ferdirumd de tl.esseps, H est une fo11œ publique; doooez-efll à oo avaTe: ce n'es[ rien, et aux mains d\un brigami), c'est de la ruillle. .Dès que votre •rœin est loyale, l'objet qu'elle p or te est comme elle nn loyal objet Dès tque votre maisoo est probe et adwe, le mètre carré de terrain sur lequel elle est bâtie augmente de valeur. La Bourse lll"e.ru sawa rien? Peut-être! A la longue, 'l a Bouxse, qui est sensible, s 'a;percewra Ide 'quelque chose; car le nombre des Q111aisons probes et actives fait la sécurité et la prospér.ité plllbliques, et le prix ldiu terra-i n à la Bourse en d~n~. Mais c'est moralement .sll!rtout .que vous avez a:UJgrnooté Je prioc de votre terre. Le but de la richeSise, ce n'est pas de jio:UJir, c'est d'agiii' et de réaLiser Wle rvie digne de lhomme; c'est de servir nos faoultés et celle d an.ttl111Î, de remplir des réservoirs pour les auosages, de forger des instrumen1.s pow forœ r 1a 1!11ature, les événemeuts, les êtres à e.'l.·irer dans de nobles fiœ. Cela nou~ :im:iique la !façon dont la d~nse du !I'iche do~ ·se xégler, et tid, •ie voudrais de
15 bon <JŒUT fai.re réliéchir quelque âme sans boussole. c Bpatrgnons, disait Colbert à Louis XIV, épargnons même cinq, sous qu.md il s'agit de nos plaisirs, et jetons les mil1â.ons quam!: il s'agit de votre gloire. • La gloire de l'hQilTllme élant dans la vertu et les œwvres bonnes, et la richesse étant leur servante, c'est à ces maHresses austères que se doit employer l'argent. Il n'y a pas d'argent mieu'X placé que celu1i qui pro·cuxe à Ulll ouvôer des instr.uments, de .tra'Vail, à 1Uil11 é{.udliaill't cres 1i'Vres, au, chi'miste un laboratoire, à 1\ID commerçant des voyages, et ainsi du cresl.e. ·PoUJr l'œuvre qu'oo. médite et pour le triomphe des jws!es pensées qu'ou perie dacs son cœur, nulle d€pe.nse n'est tr.op forte. Il faut s-ulbventionner la vertu, le travail, l'in'!elligenœ, la sage9Se, la noble activité chez soi et chez les autres. Il faut placer l'argent en ha'Ulb, n01111 en bas. Aider ll:ll jeune talent à éclore, établir Wl ou•vrier ou· uoe ou<Vrière d'avenir, doleJ.1 une pawvre lille et en faire une solide matrone chrétienne, fournir â la dépoo:se d 'Wle œuvre sociale, d'w Grgane bien ;yivant, d'un groupe apoS<iolique, d'une oo·freprise nationale: voilà des depenses sages. PoUJT.q·wo.i !faut-il que la 11ichesse les •inspire •si lfarement, et d 'autall11t moil!ls, semblerait-il, q1t'elle y peuJt davantage su.ffire! A.D. SERTILLANGF..S.
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L'autre poilu C'était hier soir, 9 heures. '}'avais besoin de faire une course pressée. ]'atten1is l:e tramway qui ne vint pas. A la station, pas un taxi. Je me disposais à partir à pied, quand, ca.hin-caha, usé, ferraillewc, sortit de J'ombre un vieux fiacre, ,surmonté dun cocher veutripo~ent, el tirê par une ruine de cheval. Il vint là, se ranger près du kiosque; et, comme la pauvre Mte n avait pas cornons les incompréhensibles COUJ.PS. de guide du gros coCher, l'homme lui allong-ea trois ou qua· tre solides coups de <fouet, de ces coups qui
représenteo.t une pression :moyenne de 66 kilos. ' iLa p&u'Vre bête encaissa sans riec. dire, !PUÎSICjlue le cheval est un des rares animaux qLLi, ici-bas, n'ont pas de voix pour crier leur doulew:r. - Po•Uifquoi fra,pper ainsi cette bête ... ? dis-je au cocher. Il me roula des yeux ronds: - Parce qul'elle a mauvais cœur! ...
~ 1La .phrase était tellement idiofe; que je n'insistais pas. On n'est pas toujours !fier dêtre un hom. me! . .. Je regardais 1 animal ... El je songeais à Bullou: « 1La plus noble conquête que 1lhomme ait jamais faile est celle de ce jier et lougueux animal. .. » .Prisonnier dans un harn-ais dUiT el usagé, les côtes apparentes, le poil hérissé, des vi· sièreSo. qui claquaient stupidement sU'r ses yeux tu,méfiés, les genoux arqués, il avait l'air, à cette heure et sous la pluie, lamentable infinime.nt. Il me regardait le regarder, s ·attendant à un COLIJP de .poing sur les naseaux Oll à un coup de pied dans le ventre, sa ration multl· qu.oiidienne. - Il sort pour toute la nuit ... ? - Evidemmenl! - Et qu'a-l-il eu à manger? - Oh l j'en sais rie~~!... le moins possible! .. . Vous comprenez ... ? au PifiX où est l'avoine... Et puis, c est un cheval qUI ne rapporte p1us... il est Hni! . .. Ça a tait la guerre ... une balle lui a .crevé Ull' poumon.·. u.rt éclat d'obus lui a coupé un tendon.·· C'est une c came • ... bon pour Macquart!· ·. Un groupe awaruJ. . . deux messieurs el une copieuse tMadame. . . Ils cherchaient un taxi. - Si on prenait cette cruriole ... ? - Regarde le canassoo! ... - Que veltX-ttt. . . Ott va manquer le train . ... - Cocher, gare de !Lyon, maü1 a tl triple galop! ...
La voil-ure penclha de côté sous le poids des quatre corps... { eolendis une série de coups de !Guet et de ljucrons. . . . Et, pitoyable, la malheureuse !bête s'en alla dans la nuit ...
$ Je fis rna route à pied, et tout un monde de pensées protestaient dans mon âmt.. Sa11s doute, il faut s'occuper d abord de lhotlltme·.. c'est entendu! .Mais !animal, serviteur et ami de !lhomme, n'a-i-il pas, lu i aussi, ses pauvres droits? Pourquoi n'en parle-t-on jamais, ou A peu près jamais? Ce serait si ;facile, à l'école, dans la presse, !Par quelque conférence atJnuelle, de créer une ame de bonté à un peapie qui fait soutfrir, surtout paree qu il ne sait pas.
G J'ai traversé, la semaine dernièl'!, un marrhé de province; des paquets de vingt poule:s, ficelets aux pattes, étaient jetés b:utalelenlOOt d'une charrette sur le pavé; et l'on pouva1t suivre, par le sang q ui Cvulait de leurs écorchuxes, la route des chiens !ailiers. Et les combats de coqs qui .recommencent dans les régions dévastées! ... does bêtes qui, a~rès sêtre battues bravement, sont mises dans un sac et assommées le long du mu•r. Et les courses de taureaux avec les éven· lremects réitérés des chevaux cous·us et recous.us daos des conditions ignobles! 'Et la solennelle lâ<ilielé de la chasse à cowrre, où un pauvre cerf soigneusement 'l'epéré est, pendant des heures, chassé par une cen!aine de chiens et parfois autant d'humains. Un ;oli petit cheval arabe se casse la Jambe pendant une marche, me recente un soldat; on lui enlève sa sellee~ on le laisse au bord du cherriln. Quatre joms après, on re,passe aou même endroit; le cheval y est toUJjours, mais il se meUJrt lentement de ·faim. ,.... Et personne ne l'a achevé dun coup àe revolver? - J'y ai bien .pensé ... Mais les camarades ne disant rien. . . j'ai fait comme tou! le
monde.. . Et puis, au fond, Yavais peur _9 u:
oo me plaisante sur ma sensiblerie ...
tEt pourtant, la douleur reste !! terrible douJeur, et sans compensation chez l'animal. Cest pourquoi 1•Eglise, ma ternelle, a touJOUIS pns sa détense. Le pape Pie V lança .une Bulle !lormidable à valoir ît perpétuité. contre le.s courses de taureaux, flé~ries en termes de la ,plus grande energie: • . . . . spectacles sanglants, honteux, non d'hommes mais de démoos •. C'est pourquoi, Mgr Besson, évêque de Nîmes, le 15 août 1885, défendait auoc jouxnlux cafuol[ques d'annoncer • ces combats aJYhorrés par l'fi'lise •. C'est poUJrquoi, Benoît XV verse des subsides :à la • Société romaine conlre la cruauté envers les anima tU: •. C est polll'quoi, en son nom, le cardinal Gasparri, particulièrement ami des animaux, fui chargé d'envoyer -à tous les prêtres italiens une lettre à lire en charre où l oo. coodamnait toutes les dormes de cruauté envers les bêtes.
·Pa u:vre cheval ....poilu, toi aussi, et qui. as fait bravement la grande guerre, je ne mattendais pa·s à ,plaider aujou:rd'hui la c<tuse de ia misère. Mais en te voyant partir, si malheureux, à !'!heure daite par le holl Dielll pour le sommeil. j'ai compati à ta misère et, disciple du Christ d amour, j'ai voulu y faire compatir les a.u.tres. A ces aufres, je répè,e une naïve supplique de cheval trouvée jadis dans un vieux bouquin de Noël: • Mon cher Maïtre, Nowrns-moi et calme ma soif suifisamment. Parle-moi souvent, car la voix est plus efficace que les cou.ps, pour rarne.ner mon, ardeur. Si je ne conwrends pas immédiatement, ue saiS IS ·pas le fouet de suite, Ne me frappe pas dans les montées; ne tire ,jamais sur les rênes. 'tu ne sais donc pas la douleutr atroce que les saccades du mors ·me !ont éprouver? Si je ne mange pas mon four-
Supplément du JVo ~ de ,f Ccole':_(19~1)
16 rage, examine mes dUJts. Regarde souvent aussi si le ier ne blesse pas mon pied.; si le collier n'entre pas dans les chalrs. Enifin, lorsque l'âge, les surmenages, !excès des souftrances auront épuisé mes forces ~u.s~s à te servir et à f'œ ridhir), je i'en prie, ne m'appelle pLus fainéant, bêle videuse! mai,s au contrai•re, juge-moi et tue-moi chez toi; épa~gne-moi ainsi les coutumières tortures des abattoirs réservées aux vieux chc'V'aux pour 1·écompense de toute une vie de dévouement et d'affectueuse fidélité.·.· 1Enfin, !Pardonne à too vieux serviteur de venir à toi avec celte humble prière au nom de Celui qui est né, lui aussi, dans une étable. Ton meilleur serviteur: Le cheval. Et pour copie coo;forme, un grand ami des .pauvres bêtes, PIERRE 'L'ERMITE.
Variétés ."!"'_ _ _ ...:.-:---.:.:.
LA Jf:UNE fl!LLE AUX 14 VERlUS
Ce ll1'est pas le rtilfte d 11.1'11 rC»nan tl'Onique, c'est la jeune personne que l'on a recherchée à ProvidOOice, dans !"Etat de Rhode Isla:rud'·, pour satisfaire aux dernièr es •VolootéJ du comte Bai.notti, de Tu.rm, ao.cien miiiiÛ's>tn"! ,plénipotenfu.ire. Ce boru !Vieillard, en mouran1, avait décidé de léguer dix mille doUars â la !jeune tille .qui IPOS.séd<!roit e11o plu::; de 13 ve'lin.ts, C\,oot la. sobt'iété, la bon'é, la pure.fé, celle plus rare encore, la modestie. Le syndic de 'Providence, exécutwr <f.estamenlta1·re., fit, IPeQJJdan1t six mois, des Tocherches aussi délicates que vaines et a d.ë.hn:iiliWltPllt albandO!l!llé l'intention de Têaliser, dans .son pays du mo[rus, le vœu extrawgan't• du défunlt. « 1'1 me semble, ,a-t-il dit philosophi'quemellit d'ans son- l"ajppOU'It, que la üeune 'tille qui mér.irte le plu:s les dix mille dolla.rs do.ilt posséder ooe telle ~tie q11.1e, présiséme·n~, elle n'a pas· osé se faire COilllai'tre. »
Le Conseil cOIIlilltlm.a.l de ·P rovidence a donc rmOIOJCé à l 1héritage qu'il devait a"ffitiib~.JJeT et va se décider à demander à la ville <fu "f:urin, dont le comte -Baiootti était originaire, de tr·OU'Ver la .jeune fille aux qUJatorze 'Vertu·s.
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DECADENOfl DE !LA SAUCISSE
C'est ~usque dans le domaine de la charroterie qu'on ;peut coosla<te:r, en Allemagne, l'in<:oœlance des choses d'ici-bas. Jadis, les Allemands faisaient une COI\1sommatioo considéralble <fu saudsses et de bo·uidins. Ils fa:i:sairot des boudins et des saucisses de proportions gigantesques. A Kcwigs:berg, en Prusse, les clla'l'outiers avaient coutuane d'oHrio: aux boulangers, le ptemier de l'an, un énoTme boudin qui étai( promené, COil'nll1e oo ibœuŒ gra:s, par toute la ville. Les annales de cette oi1é rapportent que le boudin de 1558 aNait 198 aunes de long; il était porté par 48 [)ei'SOnnes. Celui de 1595, .porté par 85 persorunes, était long de 596 au· ues et :pesait 454 livreS~. ·La « Jête du boudin » étai1 d'ailleurs assez pittO!resque. Le plus gras d'entre l:s charcli.tie.I\s marchait en avrunt, c~nnne un tambourmajor. La tête du boudiu erutow:ait son cou comme une cra'Vate; le reste serpentait sur les épaules des ·aUJtres charcutiers, marchant (rois pa'l" trois. ()DJ accom,pag:nait le boud~n au son d11.1 fii.re, et les rues à traver-s lesquelles se :lérouJait le coctège é laient décorées de dra· ,peaU:X, joyeusemeot mis aux f~tres par les habitants. Les temps soot changés.
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·r Si nous voulons que le sentiment du devoi; l!)énètre ,jusque dans nos os et se lie en nous aux sources mêmei> de la vie, ne comptons pour celle i'rande cure que sur la famille. J. Simon.
t Si mauvais que soil .wn gotl!Vernernent, il y a quelque chose de pire: c'est la su?pres·Sion du: goUIVe11lemen~. H . Taille.
Episode de guerre
pelet autour du cou, on lui demande s'il est catholique. -Non, dit-il, je ne suis riw; j'ai demandé un crucilix et ou m'a donné ceci. Voulez-vous, Madame, me "dOilller un crucifix? - Volontiers, dit 1 infirmière, très émue. •Le soldat aveugle le prend arors avec respect, pose doucement ses doigts su r la tête pour chercher la couronne d 'épines: - Oui, dit-il, c'est bien lui. ·Puis, il touChe les pieds cloués du Ohrist : - C'est bien lui ... C'est 'b ien lui! Et, avec un sanglot, il ajoute son refrain: - . • He is mine, and 1 am his. » Il raconte ensuite œ qui! lui es l ~rrivé près du grand crucifix du petit village en France, et il ajoute: - Je .n e verrai plus rien ici-bas, mais la dernière chose que j ai vue, que mes yeux ont regardée, c'est ce grand crucifix, et il est fixé pour toujours au fond. de mes orbites. · . Je ne désire plus voir a.utre chose. Un prêtre catholique vint b ientôt visiter le soldat aveugle, qui voulut entendre en détail l'histoire de la Passion. Peu de jours après, la gr✠achevait son œuvre: il reçut le Baptême et la Confirma 1ion et fit sa première Communion. Depuis, il ne quitte pas son cruci.fix, qui lui met au cœur la résignation et lUDe joie qui ne sont pas de ce monde. Ce soldat, ancien protestant, a donc véritablement trou.vè dans la croix « le salut: la vie et la consola-
Un jeune soldat anglais, .protestant, épuisé de Iatigue par un grand combat, aperçut tout à coup, au milieu des r.uines d'un petit village, un grand crucifix. Attiré par une {oree irrésistible, il essaye d'approcher. Mais les forces lui 111al1l.quoot, il to!l1lbe sans <:onnaissance. Quelques heures plus tard, grâce à quelque camarade généreux et charitable, il est dans une maison abandonnée, où il trouve suspendu au mur, un crucifix. - C est encore lui, dii-il, c'est le même! ... Il le prend, le considère. - Oh! je voudrais le garder! Je l'aime tant! Je ne sais ·pas pourquoi, mais il m'attire. Non, ie ne puis le garder, ce serait le voler. Puis, si je le laisse ici, il consolera quelqu'un comme il m·a consolé! Le soldat replace donc à la muraille blanche le crucifix, et, remis de sa faiblesse et de son épuisement, il quitte la m3isoo pour reprend re son poste de combat. Providentiellement, il se trouv·e placé au pied du grand calvaire du village de à moitié détruit! Les heu·r es passent, il ne quitte pas du regard Celui qui semble lui parler. Soudain, il tombe.. . . Il est frappé à la tète . .. . Hélas! .une !balle lui a fait perdre les deux yeux. . . . La terre a disparu .. . . Mais le ciel sest entr'ouvert .. . . L'âme du tion~. pauvre blessé est inondee d'une consolaiioo • divine: - • He is mine, and I am his, » répète-t·il sans cesse. (Pierrier de Dzerjonnaz.) Personne ne comprend ce que cela veut dire: A ~ndaz, comme en toutes les comltJIV - « Il est à moi et je suis à lui. » nes nlll'ales du Valais d'autrefois, la culture On le soigne d 'abord à l'ambulance, puis des champs étai! bien plus importante qu'au•bientôt, on lui fait prendre pl'ace sur un bajounïhui. C'était le te1rws où la mh::he blanteau partant pour l'Angleterre. che était à la table du. paysan un luxe inadU est reçu avec d 'autres blessés par des missible, où les magasins extrêmement rares dames charitables. Comme il porte un chane vendaient qulun peu d~ sel et de tabac,
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Lapey de Dzerjonnaz