112
r Ile se plamt la vaeaJle cathédrale, sous la rafale: - 1les cierges se sovat éteints , hélas! depuis longtemps sur le maître·autel éblouis· sant. Adieu les services divins, ies rites sacr~ qu.i s'accomplissaient, les chants 'qui re h:nhssaaent, se prolongeaient au long des voûtes où le silence écouie. La foule ne vient plus au parvis de Valère vénérer comme autrciois la V:iel'ge tutélaire, en qui tout cœur a foi. !finis les chants al!emés, ca.de11cés ·des ch~noines au~ capes rouges . comme des pi· vot nes, Je so1r. . . et le balancemet1t rythmé des en.censoirs. fini, tou.! est fin.i, roubh comme •un linccuJl sur moi descend lente· ment , sûrement.... ' ~
--~upplêmenf du
à mounr. . . . mats c'élait bien trop ~u
trop beau pour que ge puisse le redire, Utê~ me en m'accompagnant sur ma lyre. Avez-vous entendu se plaindre les· châteaux dans la ooit, sous la pluie. Avez-vous ente11du les châteaux pleurer dans l'infini? Sion, le 10. 7. 21. RENZO.
UNE ·BONNE MESVR.E Jle juge Kochendorier, de !Long Island City (Hils-Unis) est fatig•ué d"a;voir à juger des maris qui maltraitent leur épous~. les cas de œ genre sont deveuu.s tellement nom. breux qu.l une de ses dernières audiences il a prévenu les maris c â la main !este: quïl était décidé dorénavant à les envoyer en prison s'ils n'acceptaient pas, cornmë · pénitence, d'exécuter pend~nt 3 semaines Je programme que voici: 1. Préparer Je déljew1er Je malin. 2. Laver la vaisselle le soir. 3. Conduire les enfants à l'église Je dimanche matin et l'après-midi à la promenade. 4. Apporter au moit1s une fois par semamc à sa !emme et à ses enfants des g.âteaux el des fruits. 5. Autoriser sa !emme à gérer les finances de la 5amiHe. 6. Placer de l'argent à la Caisse d'épargne. 7. s·absfenir d'obliger sa femme à ratten· dre, mais attendre patiemment après elle. 8. Répéter u11e ~ois par jour à sa fe1nmc la promesse faite, en l'épousant, de !'\limer, de l'honorer et de la chérir. Des officiers de police devront veiller à l'exécution de ce pe!it programme. • Ainsi. ajouta Je •juge, les maris se ren· dront compte combien la vie d'une épouse es t moootone et pénihle et ils comprend;onl, j"e~père, qu'ils sont injustes en la traitant brutalement. •
Quelle est celle autre voix aui se lameutc ct pleure, si ~aible que souvent il me semble qu"elle meure? 'Vient-elle des bois de la plaine, de moi-même? D'où vieot-;lle cette vo ix si grêle qui s'enfle maintenant comme uue mus1que lointaine qui s'approche bruS: quemenl? Pourquoi enlends-je maintenant des trompettes guerrières sonner dans la lempête et pourquoi ces joyeux cris de iète dans les airs, pourquoi ces clameurs, ces ru· meurs? .Pourquo1 vois~je partout bannières, devises nobiliaires, poucrquoi ces épées qui oflamboiet1.t, ces guerriers cuirassés de fc.r, hautains et fiers SUer leurs destriers, .. e! ces armes qui to.urnoier.1! devant mes yeux e11 flammes de feu? Ces! que le vent bourru et violeœt rne lnnelle en plein visage, ce vent qui vient des châteaux lézardés, ruinés, perchés sur les rochers, des vieux murs pantelants, crevass~s, aux trous béants, des pierres noircies par la fumée et le temps qui s'est écoulé. Du fond Jti'll passé, du ~ond de la légende, du fond de la nuit séculaire, millénai,re, il s'élève une plainte, une plainte qui tinte dans la nuit lugubrement. Avez-vous entend).! se plaindre les châlelUX dans la nuit, sous la pluie? Avez-vous entendu les châteaux pleurer dans !"infini? ]"ai etltendu, oui, j'ai entendu souvent les c-hâteaux pleurer, pleurer leurs beaux jours, quand 1es bannières floltaieul au vent sur les ~: tL'existeuce fait songer à une chapelle fours. J'ai enttendUI raconter les hauts faits des guer.riers, les ·assauts vidorieux et les re- dans laquelle 0~1 éteint st~ccessivement loures tou·rs glorieux au .sou des fanfares g.uerriè· les lumières, excepté la lampe du sanctuaire, res. . . et dans mon âme j 'ai senti la douleur œtte fl.anm1e qui heureusement dem<!ure tou· des vieux châteaux condamnés à dépérir, puis Jours.
--
31o 1 de ,f &cole', (1921) -
L'histoire d'une âme (S"Jte.)
Un. secret pour toujours être con.ien.t. - Un labourewr, d'un caractère violent et emporre, ne pouvait passer une demi-journée :sans ·s e laisser aller à quelque mouv.ement d'impatience. Tantôt il se fâchait pa'l'lce que son attelag:e ne pourvait pas avancer, tantôt parce que sa récolte ne poussait pas comme il l'aurait voulu. !Un ,jour il s'irritait parœ que le soleil, trop brûlant, le faisait :souftri•r ; un .autre jour parce •que la pluie. l'empêchait de travailler. 'Il avait pour voisin un homme qui paraiS5ait toUJjours content, qui !Ill! se plaignait jamais et souriait 'à tout venant. « Bien sûr, se dit le labou1reur colérique, cet homme a un secret P.Qur êke si çalme du matin au soir. '11 faut gue ie le lui demande. » 'L'a~boroant avec sa brusquerie habi· tuelle, il lui dit !San& façon: « C-omment donc faites-.vous ,pour ne jamais vous mettre 1en 'colère? Depuis bien des altJIIlées que je wus 10bserve, je vous. v<>is touJji()UJrs le même visage. Est-ce qu'il n'y a vraiment lfien qui vous ·contrarie? Ou lbien, si vous atVez un secret, dites.-le moi. - Oui, en e'ffet, !fépondit l'autre, i'ai un seoret, mais je wus le liVIrerai volontiers. 'Rien de plus simple d'ailleurs; c'est dans les Jdbijets qui sel"Vent à mon travail 'j'OUJrnalier que je trouve ce fameux secret. ~ Votre travail? IMais c'est le même que le mi~. Que voulez-vous dire? - 1Void, mon léimi Ohaque fois que ie pousse la charrue, je !l"ega.rde ces déchilf.UJres :qu'elle trace dans la terre et qui en i<>nt :sooiir les mauvaises herbes qJUi emp,êdherai!ent le rg rain de 1germeJt. Et alors je me dis en moi-même: «Mon âme est aussi un ·champ inculte, rem.pli
de •mauvaises herbes .qui sont mes dérfauts. Je dois donc !fecourïr sans cesse à cette clta11r•ue pour les extitrper. Puis je cultiverai cette âme pour que la semence puisse y lever et que la ll'éoolte soit abondante. :. Quand j'ai fait ces Jféflexions, je me tiens .sur mes gardes, et s'il •StWVÎient un sujet d.e contrariété, rune occasion de médire du tpiiol;hain, une ·pensée de JCU pidité ou tou~ autre mauvaÎJS tSenHment, .j'e me dis à m<>i-mème: attention, voilà la mauvaise herne, voilà le vi'lain défaut ·qui se montre, un bon -coup de d1auue. » Et aveé l'aiçie de ~Dieu j'en viens. à 'bout tasSeZ vite. L'habitude rend <eette opération beaucoup plus facile.» .Le laboUJreur, qui a'VIait écouté très attentivement, resta tout ébahi; mais pourtant il fut obligé d'av()uer ·q ue cette méthode était 'bonne et qu'elle devait réussilf routes les fois qu''On la prah· quait avec Jidêliiê. :Hélas! il lui manquait ce qui man· q:ue à tant de ~h'I'étiens: la Vflaie bonne V'O looté, Je courage, la persévérance, .:liUSrsi resta-t-il bowro, violent cl surtout malheureux oomme auparavant. Le poirier tordu. - Un litrdinier avait fait cadeau là son fils d'un jeune poirier; l'enlfant le soigna avec une sol· licitude exemplaire. Cependant l'arbre ne venait pas droit. .Ses branches s'obstinaient à prendre de fausses dÎirections et il avait un aspect ·biza.rre qui vexait notre jeun~ gaJrQOO. Il imagina de soutenir les branches et de les incliner dans tef sens plutôt que dans tel autre ta u moyen de quelques tuteurs. Rien n'y fit. L'arbre rebelle semblait vouloir désespérer la patience de son jeune maître. 1Et, ·en ,effet, ·c~t ree qui arriva. Un matin, notre .petit bonhomme .dépité, furieux, œisit les tutew:s et les jeta au loin. ·Puis il alla trouver san !père en lui disant: « 11 est inutile que je m'oc1
114 cœple dava.:ntage 1de œ !POirier; on n'eg fera :rien de bon, c'est impossible. ÎLe père étudia ,pa1r quel ·capri-ce de la nature les <branches poussaient et se dép·Joyaienrt touiours du même côre; rpuis il tailla, il imprima une nouvelle inclinaison aux jeunes !pousses. Des semaines, des mois se ,passèrent. L'améHomtion 10btenue parut 1peu sensible. Enfin l'arbre pa:rut ~Comprendre et ses brarr:uches suivirent la direcUon qu'on voulait leur donner. « Tu V·ois, dit alors le j.a.ï.'dinie~r, qu' avec l•e temps 'On vient à •bout de t•o,ut. Ta patience avait été déjà lo!l!gue, mais pas assez rpourtall1t. II fallait une lutte opiniâtre rontre les •rébellions .de ce ,poirier. •Et pa:rœ ·que j'ai persisté à lutter, je suis vidorieux. Eh bien, cette petite expérience •contient une importante leçon. Combien n'est-il !Pas plus nécessaire de !l'eckesser son ·c aradère que ·d'assouplir -et de diriger les branches d'un arbre, dût-il rporter !beaucoup de :f ruits! Or, œ qui s'est passé pour ton !poirier se repr-oduit ·chaque tour dans l'ol!dr:e spirituel. Une foule de gens oommenoent à .oom'bai:ttre les travers de leur 'caractère, mais, parce qu'ils. perdent patience, ils n'aii'rivent jamaj.s à se •COrriger. Les racines. - Toute semence qui doit fructifier prend d'abord racine dans notre cœur. · ~Les racines font tout et ne se voient pas. ,pauvres êtres cachés en terre, comme vous paraissez déshérités de la nature, comme vous êtes méconnus, foùlés aux pieds! Et cependant vous êtes la source de la fécondité. ·savez-vous, par exemple, ce qui entretient chez cette jeune fille pieuse la magnifique végétation de vertus que nous admirons? C'est une réunion de petites racines intérieures, c'est-à-dire une série de petites choses obscures: la vigilance sur soi-même, la :mortifiocati'on, l'·e~prit .de prière. C'est aussi une suite de petites précau-
tions que le monde méprise. Voilà les vraies T•adntes. du bien en oette âme privilégiée. Ce qui est caché vivifie ce qui paraît aux yeux de tous. La sécheresse. - « ·La semence jetée, dit l'Ecriture sainte, il faut de l'eau pour arroser la terre.» Et ailleurs: «Comme la pluie descend du ciel et, abreuvant la terre, la rend fécon~e, ~in· si en est-il de la parole du Seigneur. ::. .La parole divine, entendue, lue, méditée voilà donc cette eau qui rafraî· chit ~t vivifie notre cœur. Mais c'est en· core la prière et surtout la divine Eucharistie qui se transforment en fontaine d'eau vive. Quand l'âme a reposé sur le cœur de Dieu, quand elle a bu la divine liqueur, alors l'être tout entier est rajeuni, les désirs sont satisfaits, l'intelligence retrouve toute sa vigueur. Oh bienheureuses les âmes pour les· quelles ces enseignements ne sont pas de simples images, mais qui f?nt l'expérience de ces modestes consetls! Ce qui féconde les âmes; - .En général l'eau ne suffit pas. L horticulteur a soi~ d'activer la végétation par l'emploi d'engrais approprié. 11l existe aussi· un engrais pour les âmes: ce sont tous les principes de bien, tous les stimulants qui sont autour de nous : secours spirituels, bons exemples, etc. Il y a tant de salutaires influences à côté d'autres pernicieuses! Hélas! ne sont-ce pas les dernières qui trop sou· vent l'emportent. 1Le \Seigneur vous a peut-être donne déjà ce qu'il fallait pour bonifier cent jardins semblables à celui ~e, notre âme. Quel parti en avez-vous ti~e? Ah ! quand il viendra pour vous farre ren· dre compte de ces moyens de fertilisa· tion quelle ne sera pas la confusion de son' serviteur infidèle et négligent! 'La greffe. - Tout le monde sait œ A
•
.Quels sont œs vents ~oi.ds? L;êgois'oonversat~on avec des .p ersonnes :peu ·chrétiennes. .t'âme •qui s'expose là ces eour:ants se .glaœ comme la plante des tmpiques 'sous nos .iiroids climats. Ay.ez ru ne serre tdans votre 'Cœur, et darus ·cette sertre entretenez ~une douce ohaleU!f, rq.ui :baigne les plantes délicates dans l·e ur at mosphère nat·urelle. La •ahal·eur, on l'obtient par le ·recueillement, le SIOU.venir de rDieu, la méditation 'du Saint 1Evangile, Les pieuses ·inv:ocatioos, en un mot tout œ qui ~tamè ne en nous l'air 1qui vient du del. Les maladies des plantes. ~ Elles sont uombreuses et leu!! :histoi'f·e est encore œlle de notre âme. :v ous avez vu œt .arbrisseau .dépérir lentement? .... ,Mais .qu'est dev;enue cette ifurveuT rq.ue vous .aviez aux premiè-iLa taille. ~ Un des travaux les plus ll'es années de vorlire jeunesse? ILes !feuilindispensables dru: jardinier, c'est la les de <:e magifililfÏ'q.ue .printemps sont taille; la taille supprime les br:anches tombées: les flewrs se sont !fLétries; les swperlflues ou nuisibles, mais elle ne firuits 1qui s'annonçaient pleins de saretranlche •que pour .donner. Il y a aus- veurr: ont aVIOTre Quelle que &oit la cause .de :ce d{pési touj O:Uif.S là 'fetnandher: ·en nous: les pensées mauvaises, les a1ctes ·coupab.les tiissement, il faut che11C!her les mo)'1ens et œs mille rejetons ·de l'âme pécheres- de se •guériT. Or, pour se guérir, il faut œcomir au médecin et aux remèdes, se, 1quelle que s·oit leur ifOifille. Outre ces supeliluités mauvaises, il ,c'est-à~dir·e la 1prière, 1a pénite!]ce, 'la y a celles qJUi sont 51implement nuisi- ~uite dlUI monde et de ses divertissebles: désir:s de v:anité, d'amom-pi1opre, ments. \Mais sumut ne tardez pas: les l:le&oin de s'agiter, de s'·ocouper ide ch·o- maladies deviennent incUJraibles ~quand ses 1qui ne nous reg1ardent .pas; désh-s eUes :sont négligées. Agissez vite et énoogiquement . .d'attiTer !'.attention, inquiétudes, etc. ( IIU~e.) Habiles ja,rdiniers, vous devez retrmcher tous ces diési.rs: iLs nui:sent à votre pmgl'èS, !à votre bonheUii', à l'ensemble de votre vie. Si vous voulez le3 l satisfaire, ils vous :étourdiront de nou-· velles exigences et V(}US n'aurez jamais Elle était déjà courbée par l'âge, le travail la paix. et les infirmités, la sainte et vieille servante. !La serre. - L'âme !humaine •contient Et pourtant, elle av~it fait un rêve, un reve route urne végétai:ioo ide plantes diéli.ca- impossible, r qui est aujourd'hui en train de tes ·qu'il faut soustraire aux vents froids se réaliser! et auxqueUes il faut 1Proou11er une douUn dimanche, au prône de la grand'messe, ce ohaleur vitale. elle entendit raconter que le nombre des prêque ce mot veut dire. :Appliqué à l'ordre moral, c'est une opération qui doit se faire constamment. Supposons que vous ayez un caractère violent: c'est un sauvageon . épineux. Il faudrait le greffer avec la douceur. 'Vous avez les nerfs eXcitables. Il faudrait tempérer cela par la patience. - Mais, direz-vous peut-être, comment peut-on se greffer? On se greffe en se faisant violence, en se laissant pratiquer des incisions, telle est la méthode employée par les jardiniers. •Il faut savoir souffrir, il faut laisser l'instrument tranchant entrer dans le vif et y déposer les germes des vertus nouvelles. :L~ greffe prise, il faut y veiller et user de ces précautions qui sont comme les ligatures de l'ordre moral.
me, la
Son Prêtre
liT
118 tres diminuait partout. Cette nouvelle l'attrista. • 0 ma bonne IM'ère sainte Anne, murmura-t-elle, vous ne permettrez pas! " Mais que pouvait faire, pour empêcher ce malheur, une pauvre célibataire de sa condition? pner et voilà tout, prier pour que le Saint-Esprit allume au cœur des mères chrétiennes le désir d'amener leurs enfants au bon Dieu . . . . Ce· pendant cette réflexion ne la rassurait pas, car un mot terrible du curé lui revenait sans cesse à la mémoire: • A notre époque, il ne suffit PQS de prier: il faut agir." c Mon Dieu, pensait-elle, que voulez-vous donc que je fasse?" Tout à coup une idée surgit dans sa tête: une idée folle, mais qu' importe, cette idée l'obsédait; si elle pouvait assez amasser d'ar~t pour élever elle-même un enfant au sacerdoce! •.. Pauvre vieille, elle qui n'avait qu'une petite rente, que lui avaient laissée ses maitres, et le travail de son aiguille! • N'importe, se ditelle, je ferai des économies; je travaillerai davantage!,. c Des économies, quand on a à peine de quoi vivre! travailler davantage quand on a 60 ans 1 C'est une folie. C'était une folie, sans doute, et pourtant ce fut décidé; il fut décidé qu'elle donnerait, elle aussi, son prêtre au bon Dieu. •Et la voilà qui se met à l'œuvre. stimulée par cette ambition immense. c Un prêtre! se disait-elle. je serais assez heureuse pour avoir c un prêtre à moi •, un prêtre qui priera pour moi, qui fera aimer le bon Dieu pour moi! Oh! mon Dieu, ne me laissez pas mourir sans que je vous donne un prêtre!" Et elle a amassé de la sorte, sou par sou, 3000 fr.! En a-t-elle enfin suHisamment? Elle va le demander au vicaire. Le vicaire est un jeune prêtre, ardent, zélé, donnant tout son temps et tout son cœur aux jeunes gens, dont il est l'idole. ---. • M. le vicaire, j'ai fait un beau rêve; mais j'ai besoin de vous pour le réaliser. je veux c avoir mon prêtre "· Vous trouverez bien dans votre patronage un enfant intelligent qui fera de bonnes études, un enfant pieux qui deviendra un bon prêtre comme
vous. 'Voici une petite somme pour son ins. truction. En ai-je assez? Dame! on pourrait travailler encore, vous savez! ... " Le vicaire ému ne put que lui répondre: c Merci, oh! merci, jeanne; le bon Dieu vous bénira.,. lEt la bonne vieille sortit, les yeux pleins de larmes, larmes de joie, en murmurant: J'aurai mon prêtre! j'aurai mon prêtre! Aujourd'hui, ses doigts paralysés ne fra. vaillent plus; mais sa vieillesse est encore réjouie par l'image de c son prêtre » qui étudie, qui grandit et qui se sanctifie. Meurs en paix, bonne et vieille servante! 'Va, tu peux, calme et souriante, te présenter au bon Dieu; il te recevra avec amour et illt dira: • Bonne et fidèle servante, toi qui sur la terre paraissais si petite et si inutile, toi qui étais si peu connue et si peu appréciêe, vois dans la suite des ~es tout le bjen qut fera c ton pr@tre "; vois ce qu'il fera lui-JO!. me et ce que feront, !one-temps après lui, d'autres p~tres qu'il aura élevés, lui aussi, comme tu l'as élevé: des coupables ramenEs :l la vertu, des enfants gardés purs, des jeunes filles proté&"ies contre le vice . . . . Et le point de départ de cette ~loire que je reçois, c'est toi! toi qui, avec tes privations si vail· lamment supportée!!, as fait un prêtre! •
Le voile de tulle Autour d'une grande table Henri li, vivt· ment éclairée par deux lampadaires, toute uDt famille est assise: à droite, l'aïeule, une maotille noire sur la tête, faisant ressortir plus vivement la blancl1eur des cheveux; puis le grand-père, en veston l brandebourgs, l'air d'un vieux militaire, avec son impériale et sa rosette. Et, en effet, c'est un vieux colonel. Tout auprès d'eux, comme un bouquet, sil: enfants qui causent à voix basse, avec des inflexions douces, attendries, sans penser à jouer, et, au milieu, entre son père et sa rmre, une fillette de douze ans, l'air sériel!l, l'expression recueillie, émue. . . Il plane sur
~tte famille comme un parfum de piété, comJ!Je une atmosphère d'église; il y a là un de ces bonheurs intimes, si grand, si beau, que l'âJTle humaine semble impuissante à le contenir; les yeux se mouillent à sa pensée, et les )armes qu'ils versent semblent être le tropplein du cœur. - Tiens! vois-tu, bichette, dit le grandpère, tu m'as fait pleurer comme une bête tout à l'heure en me demandant pardon! Çl rn'a rappelé la mienne, et ça remonte furieu · sement loin; il y aura juste 6o aus l'année prochaine! Seulement, moi, j'étais un fameux diable; tandis que toi .. . .Et le &"tand-père regarda longuement la petite !Maria, qui avait les yeux fixés sur le lapis. - Oh! je sens bien, continua-t-il en riant, re qui va m'arriver demain! Quand je verrai lill petite-fille en blanc à l'éilise, que j'entendrais mes vieux cantiques. . . Vlan! ça va y être .. . - . . . Eh bien! nous mettrons trois mouchoirs dans la poche à grand-papa! ... - . . . . Pour pleurer ses vieux péchés! .. . - Sans préjudice des nouveaux! ...• - Oh! des nouveaux! s'écria le colonel, J'air un peu anxieux, comme si vous saviez! .. ... - j'en connais au moins quelques-uns !.. . r- Lesquels? ....., Voulez-vous les voir? - Oui! !légère comme un oiseau, la mère di;;parut un instant et revint les bras chargés de foute une vaporeuse toilette blanche, la toilette classique de la .Première Communiante. - Voilà les pièœs à conviction, dit la maman, en déposGnt le gracieux ballot sur la
table. Et à la haute clarté des lampes, toute la toilette parut s'embellir encore; le voile, en tulle de soie, semblait un de ces fils de la 'lierge qui flottent dans la campagne les beaux matins d'automne; le corsage aux miUe petits plis, la robe en mousseline fine, tout accrochait la lumière, la tamisant, la rendant plus douce, plus mystérieuse ...
Quelque chose de cette blancheur se reflétait dans la pièce, commune image de l'innocence de cette belle enfant qui rajeunissait tous les cœurs. - !M'ais, je ne vois pas, dit le grand-père!. . . Des pièces à conviction, ça? - Commentt vous ne voyez pas, et cette ceinture de taille? - Tu l'aurais voulue en satin, p~ut-être? C'est plus jeune, n'est-ce pas? - Non, bon grand-papa, dit la petite Communiante, maman aurait voulu que 'VOUS fassiez les choses .plus simplement. Si demain je pense à toutes ces belles affaires, qui priera pour grand-père? - Bah! fillette, fiUand le général vient., fau t le grand uniforme! ......, Uniforme de funtatsie ou d'ordonnance ? - D 'ordonnance, petite! - Eh bien! grand-papa, dit la fillette, en nouant ses deux bras autour du cou de l'aïeul, n'y a-t-il pas un peu de fantaisie dans toutes ces histoires-là? - Hum! hum! tu sais, filette-, moi, je suis un vieux soldat; si tu me demandais où l'on fabrique les meilleures pipes, j'irais les yeux fermés. :La lin&"erie, c'est autre chose! Je suis allé dans la première maison que j'ai trouvée sur le Bottin, el j'ai dit à la bonne femme que j'y ai rencontrée: • Madame, voilà: J'ai une petite-fille . . . s'appelle Maria . . . gentille tout plein . . . . 1 rn. 32 de hauteur: faut lui faire une toilette complète .. . Première Communion ... !M'y connais pas, moi! Seulement, vous savez, vous, Je suppose? Faites le mieux possible; le prix? ... M'est égal! Surtout que ce soit bien, ou alors vous tords le cou comme à un lapin! ~ M'a écouté, -cette femme! Et tu crois que ça t'empêchera de prier, ces manivelles-là? -Oh! cher papa, moi, non! Mais les autres! Qui sait? Tiens ! donnex·moi carte blanche! - Veux bien! Permission de minuit accordée! Et la petite !Maria tendit son front pour la recevoir. lLa soirée s'écoula ainsi, doucement, el\ parlant du lendemain, du grand jour
!Hl
liS de la vie, de cefte chose Infiniment douce qu' on appelle la Première Communion. !Par la fenêtre entr'ouverte, on apercevait les étoiles scintiller, là-haut, dans le bleu •iJencieux du ciel; et, ce soir-là, les anges gardiens furent tout tristes de ne pas être hommes pour pouvoir s'agenouiller à la Table Sainte, aux côtés de la petite Maria. 'Le lendemain matin, vers 8 heures: - Mille bombes! murmurait tout bas Je vieux colonel enfoui sur une chaise, au foud d'un confessionnal, je ne vois pas la fillette!... Pousser une reconnaissance?... Pas possible ... bloqué par six rangées de femmes! Voyons, orientons-nous! Voilà la petite de B ... , puis, à côté d'elle ... ? Vois pas! .. . D'ailleurs, un gros voile, une toile à sac . .. . c'est pas le sien!. . . La troisième, c'est la fille du docteur du premier. . . La quatrième? ... 'Pas elle! Bon sang de bon sang! S'est pas trouvée mal, je suppose? Ah! mon voile! Sûrement... c'est lui... 1a troisième du second! Et grand-papa, tranquillisé, mit ses lunettes, suivit pieusement sa messe, essaya même de chanter les cantiques! Mais sa basse-taille, émergeant du confessionnal, Qyant fait retourner trois rangées de chaises, il jugea prudent de s'abstenir. Quand le moment solennel arriva et que les enfants, une par une, s'agenouillèrent à la Sainte Table, le colonel essuya précipitamment ses verres ... . . . Une jeune fille, plus pieuse, plus recueillie que les autres, passait devant lui, les mains jointes, les joues enflammées, les yeux à terre. ~ C'est elle! murmura-t-il. Et vite, il fit sa prière: - Mon Dieu, qui êtes dans le cœur de la petite Maria, bénissez-la! Bénissez-les tous! . . . et puis le pauvre vieux diable de pécheur que je suis! ... Et ce fut tout. .... [.es yeux continuèrent ce que les lèvres avaient commencé; et grand-papa eut beau mordiller sa moustache de droite et sa mous-
tache de gauche, tousser, s'agiter, il fallut dé. Atlcienne institutrice de Paris, elle avait plier un mouchoir. manière de dire: c Ah! ma chère! ... • Toutefois, quand l'émotion fut passée tl ay-ait été immédiatement copiée par ses qu'il releva la tête, il ne put pas encore dire LnlliVt:lll= Il mies de province. Elle avait, eu où était sa petite-tille. Franchement, pour WlC cuisinière qw savait faire 135 sou• ancien strafégiste, c'était vexant! et connaissait 18 façons d'arranger la ruaA la sortie de l'église, il eut Or, à cause de ses pêchés, un de mes amis. de tout. · a une (pOsition officielle, fut invité par 1~ Frère à vetnir immoler une côte· sur l'a,utel de l'amitié. En langage vulon lui ordonna de veni·r dîner, eu lui \Mais, en chemin, Je colonel, qui avait certaines choses de la religion la « .:uJmoJro.l'"_"_ sentir qu' on n'admettait .pas d'excunoire » un peu difficile, et qui, d'ailleurs, Il vint confier son malheur à mon gilet. presque vexé qu'on pat confondre son qui avait cofité trois louis avec de la toile dt - QueHe corvée, mon cher, me dit-il; seuvoi~, il s'agit de mon avenir. Si je coton à 35 sous, le colonel, dis-je, s'arrêta refuse son dÎiler, c'est tini, je peux nLLmébrusquement: mes caisses et préparer mon déplace- Bien vrai, tu t'es trompée, petite? ... ~t~~t. - Tiens! tu es un ange! - Pa.rŒaitement, Je me mets à 1a place; ·Et il l'embrassa sur le front, très fort. lttlleruent, tu comprends, ie ne peux pas y pour toi. - Des gens qui ne croient à rien, mais rieo.J ... - Aucune espèce de préjugé, quoi! - Quelle soirée! De quoi pourrons-nous Monsieur était un petit freluquet, parler? oomme un I, marchant raide comme s'il - Bah! de la pLuie, du ibeau temps, de raavalé sa ca10.ne. Avec les oheveux qui lw iaieut, H se 5aisait u.ne mie ... à gauche, '""'' mr•nrP des engrais .. .. Précisé'!Dent, il y cause 'de ses opinions; se taillait la ba.!'be Anthime Bou.lani! pointe, et n'avait pas plus de ventre que Et ce iut sur ce programme que de lui ser. la main.··. la main, comme on la serre à wu ami mal· Il était Vénérablle de la ,Loge c Les dans tille circonstance grave. du Temple •; et sa morale était aussi Maintenant, ~e lui laisse la parole: que sa lrbre pensée. - Bonj10ur! cher Moosieur, oh! que je !Madame était une planche à pain hell!l'eux de vous voir. . . . 'lii.! donnezMPnsieur. Dans le pays, on prétendait votre parapluie... votre cl1apeau . . .. tenait 'beaucoup de la chèvre, non pardessus ... votre canne! ..• parce que, elle aussi, possédait la graisse el!le papillonnait autour de moi dans dedans; mais pa!fCe qu'elle en avait de l'antichambre; et, à chaque pas l'allure exubérante, capricieuse, originale. [aisait, en avant ou en ar·rière, son se coiffait • ~ 1a décoiffée,, parlait courait le long du mur, s'allongeant en longues lignes maigres rapment dix heures de suite; et, en l'écoutant, 011 une araignée, ou se ratatinant subiteavait alternativement peur qu'elle se quelque ohose, et surtout la chaise, qu'oo d'une daçon impressionnante en des lilui avait pas confiée po\Ijl" s'asseoir tout at coul!'tes de cafard. bord·. En entrant, elle me prît les mains, d'une
•••• Treize à table 1
manière tout à la1t matemelle: - Savez-vous, cher Monsieur, hf-elle en minaudant, pourquoi ge suis si heureuse, mais si heureuse. de vous voir ce soir?. . . c·est bêle cc CJUC je vais vou s dire!. .. Oh! Ires bêle! - E'h bien! c est que, grâce à vous, nous ne serons pa& ... 11REIZE à table! - C'est que, vous comprenez, la plus jeu.uc meurt da41~ l'année! • ça, c'est prouvé •; et comme c'est moi, alors vous me sauve:L presque la vie. - Très ,flatté, chère Madame, de vous sauver J.a vie! ... murmurai,je. La saltle à manger était pleine, .pleine a déborder, 4e me creusa-i laborieuse'lUent upe plaœ entre Aoth.hne Botùard, un autre Vénérable, el Dugosquet, le sous-vétérinaire. Puis, ooe fois lïncrustaiiou faite, feogageai la conversation d'une manière tout à fait dégagée, sûr d'avance de mon su-ccès. - Vous ne savez pas ce que vient de mc dire Madame dans l'antichambre? - Non. - Oh! l'indiscret! fit-elle, en arrivant en coup de -vent, el toute rouge, de la cuisine. Je votùu.s reouller, mais il était trop tard. De tou·s les eôtés, la curiosité, assez ex· citée, provoque w1e explication, et moi, tout en 'tne faisant prier, •ie raconte l'histoire, m'attendant ~ W1 éclat de rire unÎ'versel. Jugez de mon al1urisseiœnt lorsque :je vi s une discussion, d'un sérieux à toute épreuve, s'engager S'Il! cette question. - Vous eu parlez légèrement, jeune homme, entoone Boulard, mon voisin, et •moi je vous .réponds avec l'expénence de nton âge; et d'autant plus librement, que c j'ai peine • à croire là rintluence nélfaste du chiffre 13. Néanmoius, j ai des iaits, des faits précis, que 1,ie pourrais vou.s citer, qui expliquent, s'ils ne justifient pas l'espèce d'épouvante que cause le nombre 13. Ainsi feu Mme Boulard .... - Comment, m'écriai-je, vous, M. Boulard, qui prétendez ne croire à rien!.· . . -Je vous réitère, ùeu111e homme, ,je ne crois pas, ie constate seulement!. . . . En ce moment, l'amphitrion entre en h.gne;
121
126 sa pomme d'Adam, très proéminente, sous le gosier, monte et descend elfrayamment, à mesure qu!Ïl s'anime en causant. - Moosieur, j'ai été mécanicien ...• - Ah! je ne savais pu .... - Si, Monsieur . .. . Or, nous constations, chaque treize du mois, une diminution d'au moins ltJil quart dans les voyageurs. Et, quand ce treize était un vendreili, a'l ors c'était un désastre, Monsieur! Qu'avez-vous à dire à cela? C'est du suffrage unirversel, ceci, Monsieur! - En eflfet, il donne sa mesure. - Parfaitement, Monsieur! ... A ce moment, Boular.d, 'Jll()(l. voisin, se trouva incommodé, ce qui, d'ailiOO:rs, peut arriver à tout le •monde quand on parle de chiUres aussi malicieux. Quelle ne tut pas ma stupéfaction de voir Margot, la grosse cuisinière, venir s'installer à la place er~core toute chaude du Vénérable et le comble des combles, c'est que Mar·go·l, subitement inquiète pour sa mayonnais.e, ayant couru à la culsine, et son prédécesseur proloogeant. 900 absence au delà de toute proportion raisonnable, on me demanda, c comme un service •, de me lever de table et d'aller voir, devant les casseroles, si la sauce se liait bien, sans quoi Madame, eJIIe-même, se dévouerait!.·· Et comme •moi, le Jésuite à rohe coU1'le, l'homme naviguant '!lans les ténèbres de la superstition, ~e refusai de me prêter à cette comédie, Madame, devenue très nerveuse, plaça d'office, à côté de moi, pendlllll quelques .minutes, devinez quoi! ... la poupée de sa hile! . . Et, de cette façon•, nous [Ctme-s toU/jours quatorze! Si j'avais osé compromettre ma place de fonctionnaire, ~·aurais renversé tout~s les sa: lières, mis tous les couverts en cro1x, ce qoJ aurait certainement procuré à la dame du Vénérable tllle att.'lque de nerfs des pll.liS caractérisées. Quand ùe sortis, je me retournai, au milieu de la nuit; les fenêtres, violemment éclairées, se détachaient en rouge, all sein de l'obscurité· l'ombre de !Madame se projetait sur les
'
L'histoire d'une âme
rideaux, mélancolique et fatale; fêtais parti le premier, et maintenant lls étaient 13! (Suite.) Les voilà, pensai-je, tollS ces mondams, qui éclatent de rire devant nos mystères .... Ci que c'est qu'un défaut On ne veut plus de christianisme; mais qu 1 Un &iiaut, c'e~t une ~pine. Vous audira la somme de SlliPerstitions imbéciles qui rez maintes :fiois considévé ces épines le ·remplacent. Et ie pensais aux somnambu. qui oroissent sur les buissons ou enc01'e les qui s'enrichissent, aux tireuses de cartes, ur ~mains arbustes, sur œrtains 5 au spiritisme, au magnétisme plus ou moius fruits. IPfi,ncipalement dans les pays anima1. Piei'I'G l' Et·n~tto.
rnatlds. Elles déchirent et ensanglan-
L'E FOIN NOUVEAU L'affouragement par le Ioln nouveau nt doit commencer normalement qu'a.près l'achè' ven100t complet de la fermentation de ce four. rage. Cette fermentation ne s'achève que deux ou trois mois après la mise en: grange. Pto· dant la fermentation, le foin provoq11e des CO· tiques et d'autres malaises chez les animaux. Il contient même des éléments dangereu.x pour la santé des tbesliaux, des poi.5ons qui peuveat provoquer la mort. Il est donc très recommandable de retarder le plus possible lali· mentatioo des tbêtes avec te foin nouveatl et de cooserver une provision de fourrages dt la .récolte précédente. S'il devient nécessaire de fourrager du loin en fermentation, il est recommandable de le faire préalablement sécher à l'ai.r et au soltit pour éloigner toute humidité, toute moiteUl occasionnée par la fermentation el dans lesquelles essentiellement se trouvent les prillci· .pes qui attaquent les organes digestifs des animaux.
H!UMOUR A!MJER!ICAIN nans toutes •les circonstances de la vie, le\ Américains sont graves et en même temps lacétieux. lls ont du bon sens et une fioneilt d'esprit qui est quelque chose de beaucoup plus profond q.ue l'humour ordinaire. On .cOll· naît cette réponse d'un Yankee qui vena11 de se marier et qui avait fait cent iois, aupara vant le serment de mourir célibataire, à ua de ~es amis qui luir rappelait ce serment: Quand je ourails de mourir célibataire, je Il& croyais pas vivre Œl\liSqu'au jour où je me marierais.•
lent ceux 'QUi les lOUrcheot. V~oilà ce que
seaux ma,raudeurs ne sonl pas loiil. Il les voit bien, et il sait parfaitement qu' après son dé,part ces .gm~rmands vont oprocéder au pillage et accaparer le ~?lus de _g~mins qu'Us pourront. 'Eh bien, que penseriez-vous du cultiVIél.lemr qui ISe croiserait les bras au lieu de osemer, en disant : « Ce n'est pas la peine de 'J)elf.dre mon temps et ma semence; il vaut mieux rester chez moi.» ipléll!' une sotte terreur ·des moineaux il se resignevait à n'avoir aucune réoolte. 'Le ohrétien ·qui juge inutile de résister à :ses passions n'est .pas plus sensé. Parce qu'il craint les moineaux. c'està-dire le dia~le, il lfefuse de s'occuper de son champ spi'fituel, qui est son âme, de faire la ·g·u erre aux mauvaises her·bes qui sont ses vices, de jeter la bonne -semence, c'est-à-dire de recourir à la .prière et aux sa,crements. Comme si ses effiorts n'étaient opas toujours un excellent appoint pour l'avenir ! Gom~e s'il ne valait IJ)aS mieux se relever :aorès une chute ·q ue de rester stagnant dans La 'boue du -péché, quand même on devr.ait Tetomber encore! . \La lâcheté seule peut souffler à l'esJPrit de tpareils 'Prétextes pou!f Tenoncer au plus saint des devoks. C'est aussi déraisonnable ·que de ne pas vouloir ,commencer l'œuvre, par.ce qu'on ne voit pas q·wa1nd on :pou•r.ra la finir.
falt un défaut : il œuse de vives souffrances à celui qui en est 1affiig-é ainsi qu'au prooblain. C'est ·encore une IlliaJU·vaise her.be qui se déveliQippe avec une activité pmdi~rieu:se, l))roj,ette de toutes paris ses namea·ux et ëtouffe les •bcmnes !Plantes. Si le cultivateur ne se hâte de l'attaçh~r, il ne poU'ITlél' plus s'en rendre maître. C'est ·eJ.1lcore une guêpe qui bottrdonne sans œsse 'à vos côtés, et vous pique de temps ·en temps. Est-il vraiment al!1[éable de vivre dans l<a compag:nie d'une guêpe et d'être ·exposé à 'Ses cui~ntes .pf.qûres? Sans dout·e son vol distna<it les ét>ourdis, mai<s le .perfide inst>cte est .armé d'un dalf:d. Qu'est-ce qu'un défaut? C'est un ver, 1111 ver !aussi horrible que ceux qui s'altachent à la racine des plantes. qui en sucent La•sève et les funt périr. En q·uelques jours la p1:a nie ,atta_autée .par ce cruel adversaire s'étiole, se fane, se dessèche: ses .feuilles et ses fleurs se penVoraf!.e ment lan,guissantes, ,puis jaunissE'!Ilt: vous n'avez plus bientôt :q u'un bojs 'Le feuiUage tremble et frémit d'une mort. Ne !faut-il pas faire périr ce ver manière insensible. Un calme effmvant s'étend sur le pavsage; le nuage pèse sans miSéricorde? Eh bien, il est tout :aussi indis.pensa- s ur les ,airs, il descend, il mena,ce. 'L'a rt1attl're animée a. peu1r. L'oiseau hle de fuire la' g:tlet\lie à ses défauts. rase les blés en toumoyant d'un air tiSemtiilles et moineaux mide el n'affronte !pas les hauteurs. Les ll 111e !faut 1pas. œ-enoncer :aux semailles hôtes des IPâturag-'fS se rendent au ruiscr1ainte ·des moineaux, dit un p·fiO- seau; inquiets ils effleuTent l'onde, ils ne b·oivent pas. Quand le cultivat.ewr jette sa semen'L'éclair sillonne l'espace. La voix du en: tenre, les moineaux, ou autres ol- Seig111eur, dit le Psalmiste, entr'ouvre
122
la 'nue et ,fatt sorti:r la flamme; la foudre édat·e, elle !fa~t entendre ses grondements formidables, elle fra.p,pe le sommet .des monts, l•a cime des .arbres, ~ ,parri.ois des êtres humains. Adieu l'espoir du laboureur; la œrele, voici la grêle! Elle tombe en flots Que P·ressés' en to11r:en.Jts destructeurs. ' ? vcmt devenir les trtavaux de 1'annee. Queloq1llefiois, q.wand la tempête. s'est déchaîrnée 1'atmos1phère Hent en reserve un !fedoutable ennemi Le désert a ses tourbillans de sable ·qui enlèvent tout c~ '<"!U'ils !fencontrent; l'occident a ausst, lui, :ses tourmentes, il a ses ~rombes d'eau. ~a v:oyez-v;ous s'avancer, l•a •C?1oooe de V~a~peurs humides? Envelop,pee par les too1.1btnon5 du vent elle tourne sur elle-même, elle enlève les ter·res et les feuilles, les sables, l'eau du nu31·ge et celle dU' ruisseau. ·Elle peniSe: ·ou va-telle? .Malheur aux dhlô.lDips au-dessus desquels elle ·crève! 'L'âme a aussi ses onages, Les passions qui sévissent oco.mme la grêle, ~e~ sèchent les ileurr-s et font ~omber les ep·JS mÛ!I1S.
voyer, mais ·aLLparavant il cul l'idé~ d'essayer d'un moyen nouoveaJU. _ Antoine, lui dit-il urn beau malin si tu p•asses t(JUte la joumée sans jurcî: je ~e donnerai 5 ir. , Les occasions ne man'quere?t pas à Antoi·ne de s'impatienter, ca:r tl Y avait beawoou1p d'ouV'J.1ô.Jge _ce joo~:là et il faj. sait très chaud. ·MaJs la :p1ece de 5 fr. brillait touljours dev.ant s~ yeux . ]u. rer, ·c'était la perd(fe. Antome ne JUra pas. f . - Eh bien, lui dit le soir le erm1er ·en la lui donnant, !Prétendras-tu enco. re qu'il t'est impossible _ode u; pas i~· rer? Durant route cette Journee, on na pas entendu oo seul ·blasphème. - Ah! 'Monsieur, si vous saviet comme je dev-ais me retenir et combit>n de -Fois j'ai eu mon juoron sur le boul des lèvres. Je vous :assure ·que j'ai bien gagné la pièce de 5 fr. - Soit c'éta1t düficile, mais ce o'ttait pas i<~ible. Eh bien, ce qUt n'a pas été impossible <;Iuiou~d'hui n~ sau rait ·t'être demain nt les J'OUrs suwants. Et en effet c'était si 'Peu impossibJ, q tte notm An~oine, craignant d'étï~ chass-é et alléahé par l'espoir d'une rr· c<>mpe~se s'il se corrigeait, perdit totalement l'habituide de blasphémer. Or. ce qu'il a su. faire pour u.n misérable intérêt humain, tout le monde peut le faire .pour .plaire à Dieu -et ·dans son pro· pre intérêt spi:rituel. On le peut d'au· tant mieux -qu'on est assUJré ·du. seco~ d'en ;haut si l'on est fidèle à le solhcr
\EHeuillée, l'âme a. .perd1.11 sa. ~ert~; elt~ se .cout1be sous le str:oco, :sa. ti_ge ~ mcltne et ne soutient !Plus son -ept. C:e."t _la mort iPOUif la pau~re yictime, à m01ns qu'elle ne recouife a Dteu ~vec ferveur. N'oublions !pas que, paor dela les orages qui la IPOltl'Sillivent, au-dessus de oes nuées fatales d'où la _g1I'êl_e t~m~ avec ter. 1imcas il y a toujoU'l'IS le -etel et>otle. Le ver destructeur Le l'alet de. terme ! Etrange destinée de la nature Un fermier avait autrefois à son ~er tale: Le ver trongeur est en elle, v1ce un .domesti:qu:e niD!IIlmé Antome, ·rorement il }',abandonne. 1 qui avait la mauvaise, l'ihorrib_le .h<1;bt· elle; ble ennemi qui la dessèche, la paraly· tude de blasphémer. Maint~s f<>Is_ 11 1 e,n se et la tue! avait repris, sévèrement meme, ne!! n .Y En vain la r'Dse étale ses vive~ collftaisait. ((C'est [plUs rott que ~01, dlsait-il, je ne tSaUifai~ m'e~ empecher. » leUJl's, et !Prodigue, ~au souffle du ~~yr, Le maîlt:re prit la resoluhon de le ren- 1ses doux parfums; l'insecte est la, Il la
5{)u·H1e d'un odi~ux conrt:act, il ~uise sa substance, il flétrit sa beauté. nans ~a fleur brillante du pommier J'ennemi a son domicile ,préféré; la fleur résiste, puis, 1-œ-.squ'elle est tombée, l'insecte demeure. Ce beau ~fruit, en croissant, 1ui ouvre dans ses flancs la prison .qu'il dléske, et le v:er la pique, puis Ja ronge. le blé n'est ·Pas afir.anchi ode ce triste sort de la !Plante. ·L'insecte, d'abord établi à sa !facine, lui a enlevé la .communication :aovec les sucs de la terre et la .tige n'1a pa•s véou! D'autres fois, oc'est dans sa flewr que le ver prque le blé: il épuise -cette faible substance. La .corolle tombe comme la poussière. Lentement la tige se flétrit; snr le sillon natal il faut qu'elle tombe et ,qu'elle metM"e. Enfin, c'est à l'épi que s'attaclle l'ennemi; il se ~plaœ ·entre la baroe et le J!1r.ain . .Plus longue aJ,ors est la .resislarrtce; mais peu à peu chaque grain se couompt, L'épi n'atteindra pas sa des~ tinée; il ne fera pas l}>arlie ·de la mois.son, il ne rombem ;pas sous la faucille, il -ne lui sena pas donné ·de bondir dans l'aire et de jaillk sous le fléau. !Plus tard, le g'rain repose .dans le .~trenier .du maître. L'implacable ennemi le .pou!f.suit encore là, et l'odieÜ.X charanço.n me'filaCe de mor.t œ gr.ain qui a éaha:ppé à tant de .périls. C'est ici q•u'a'bondent les sy.llllboles et que la 1Pô.IUJV're humanité ,peut rett'X>uver ses f~iblesses, ses douleulfs et ses causes de mort. 'Le ver au sein .de la plante, c'est l'eillnui, c'·est la maladie, c'est surtout le
~é.
!Bien malheureux est le chretien .qui porte au fond !de son âme œ ver spirituel! 'Plrus de lumière; il vit, -ce ocœur, dans une Tégi'Dn ténébreuse dont il se contente, il étouffe Je cri sauveur de sa COili."Cienœ.
Que sont .deveniUS ces instincts géné·reux d'un âge meilleur, -ces _vertus aimalbles, fleurs ~rillantes, t iges épa·nouies, qui .ne poiitaient •Pa:s encore l'ennemi dans 'leur $6Ïn? Au contact de l'ennemi tout .pâolit, tout se consume, toOU't meurt! 1Pourtant, il ne 'ilalut ~amais déseSIPéorer; la mi.séricor.de divine est ,plus grande .q•ue le mal; oo instant sulffit; une V'raie bronne volonté et le mal sera vain-
cu.
Ame pécheresse! ~aisse faire le jardinier 'céleste; il a le secr.et de •Cultiver les pl'antes !humaines. Il les aime. il les a crnées là <S'On image; il sait leurs malaJd.ies, il chasse le ·ver qu.i les consume. Mais tu n'es !pas comme le blé, qui ne .peut rien faire 1paor lui-même. 'L'homme est libire; quai!Ld }'.ennemi est en lui et le dléVIO!re, 1'homm.e .peut encore lutt~r et vamcre; il doit OOO!Pérer au travail de Dieu. Ne l'oublions .. .............. jamais!
_____ _____ La vieille
Il éta[l à peu près quatre :heures. Le soleil était moins ardent, les reflets de l'eau ava.ioot des teintes roses traversées de frissons d'or, des chatoiements amortis de velours, des scintillements aux clartés fauves et empourprées. Devant nous les jardins de Cadenabbia, disposés en terrasses, comme dans un de œs grands paysages décoralifs du XVIIIe siècle, deS'Cenda.ient en ;pente m3Jiestueuse jusque dans Je lac. Le 'batew parti de Come vers midi ne tarda pas à être etl vue du petlt port où je J'attendais. J''Y montai. Nous passâmes successivement .tievant les vJllas et les hôtels de Menaggio, devant Bellano au pied du mont Grigna, et devant Rezzonim gardé encore par sa vieitle forteresse du XEiile !'.iècle, ruine géante dont les murs
•
12b
'
Elle oo décrodla ooe et me la mit dans lt flle, le hallot de tabac qu'il était allé chercher crevassés devenus des dentelles laissent voir l Lugano. Qui l'a dénoncé? Qui l'a vu? ' Nous à travers leurs jours Je bleu brillant de l ho- main: _ Pesez-'moi ça; il y a de l'or pour dtlU saurons ça plus tard. Il n'a rencontré ni genrizon. darmes, ni douaniers; son chien n'a pas aboyé Toute cette partie du voyage est délicieuse napoléons. On m'en a offert çent francs, j'at dit non. Ils ont appartenu à ma grand'mère. UJie seule fois, lui qui flaire ces fripouilles et charmante. 1 cent pas et qui leur en veut pour lous les Le lac de Côme a plus de grâce et de no- On ne vend pas les reliques de famille .. l bless-e que tJe lac Majeur. De tous les lacs ita- moins, .ajouta-t-elle d'une voix sourde el con. coups de ~usil qu'ils lui ont envoyés. Pauvre. liens c'est celui que je pré!ère; au !ondi de ses centrée qui décelait la colère, qu'on y soit Turco! Il ne dira plus rien maintena111t! Un si fidèle aii!imal, et sans peur, comme un lion! golfes pittoresquement découpés, de ses baie!> obligé .... En disant ces mots, elle avait baissé les Les briganJ:is me J'ont tué ..•• tranquilles où .Je flot se déroule en molles caUne larme :rou>la sur la üoue ridée de la resses, que de tjdlis villages ignorés, dans ~es yeux, mais elle les releva aussitôt et les rasites pleins d'ombre, de silence et de pa1x! mena avec un redouhlement d'attention du vieille. \flle l'essuya du revers de la maior~, puis Quelle douce sieste d~âme on ferait là, reposé côté de Dongo. Ourieux comme le deviennent tous ceux qu1 elle continua: dans une ivresse d'oubli, noyé dans les feuilvoyagen·t, je dis~ à la vieille: - Mon mari 1jela son .ballot dans un coin lages parlumés! - Quelqu'un vous attend là-bas? de la cuisine, mangea sa polenta et se coucha. Les Anglais ne voyageant jamais le diman•Elle me répondit vivement: Quand je le rejoignis, H dormait comme che, les premières places du bateau éiaient - Oh! non, je ne l'espère pas. Quel 11\11 une souche, il ta.vait fait quinze lieues de mar· vides; aux secondes, - à q•avant - s'entasche. saient des paysans et des paysannes en habits heur 'S'cil • était là! On raurait pris. La personne qu:i vous iniéresse est ru Vers 4 heures, je fus réveillée .par Je chien de ~te; ils étaient très gais, ils riaient, chail.• qui grognait. Le village semblait encore plon· taient, parlaient avec de grands gest~ et de fuite? - Oui; .c'est mon mari .... gé dans un profond sommeil, dans ce somgrands éclats de voix, heureux de v1vre, de Votre mari? ... Qu'a-t-il donc fait? meil si calme des .jours de fête; au dehors on ne rien faire se laissant aller aux expllnsion~ n'entendait pas un bruir, sauf quelques coqs - Rien .... bruyantes d~s peuples qui poussent et viven t qui commençaient à se répondtre. - Mais, cependant? ... en plein soleil. - [1 est contrebandier Je me levai hien doucement, je pris mes Seule une vieille femme as"Sise à l''écar1, ' . •Bile se tut un moment, pli!ÎS elle reprit: .!o'lbots a la main, et ae descendis.à la cuisill1e conservait un air grave et séneux. - ·Vous ne savez donc pas, sig:nor, qu'ou où nous avions laissé Turco. Immobile comme œe statue, elle tenait ses poursuit 'les contrebandiers comme des voLa queue et les oreilles droites, qe mttseau yeux obstinément fixés sur la pointe d'un pe~ tit cap qui grandissait dans le loiniain et ql.lit leurrs? ,Et elle se mit l crier tout haut que Ir allongé vers la porte, il grondait d'une voi?. vrai voleur 'était le gouvernement qui aua· rauque comme s'il eût senti quelqul1n de Sttss'appelle Dongo. Je. la regardais avec cur:tos..té en me pro- mente .chaque année sans .raison les taxes tl pect rôder autour de la maison. - Silence, Turco, silence! fis-je en me gl1s· menant sur le pont, car elle n'avait pas une le9 impôts; que tout est meil!.~ur marché «t physionomie ontînaire et 1'admirais les gros· Suisse et qLte ceux qui ont de boones Jambt >ant avec précaution le long du mur ju3qu'à ses boucles d'oreilles et le collier qu'elle por- pour traverser 1a montagne sont bien libm la fenêtre; et ae me cachai derrière un vieux tait. Ce collier, composé de pièces de mon- d'aller acheter leurs provisions au delà de h IIW1teau accroché à un clou, retenant le chien de la main droite, soulevant lentement le naît à l'effigie de Marie-Thérè'Se, me rappe· .frontière .... Les paroles de l'ltalioone excitèrent vitt- manteau de la main gauche pour regarder ce lait ceux que j avais vus au cou des femmes en Bosnie et dans les confins militaires. Quant ment ma curiosité; flairant quelque histoin qnt se passait devant la maison. émouvante, de m'assis à côté de la vieille cl Le cœur me battait, j'avais de vi'laitls pre'l· :~ux boucles d'oreilles, c'étaient des merveilje la priai de me conter l'aventure arrivée sentiments. les d'orfèvrerie ancieJIDe. Un petit oowr gris tombait comme une La vieille finit par tremarquer l'attention son mad. - Ah! signor, !fit-elle, quel malheur! Il poussière; oe ne ·vis rien. que je prêtais à ses bijoux, elle en parut flat· Et œpendant Turco continuait de gronder tée, et me dit en italien lllll. moment où ~e pas- a trois jours, •la veille de l'Assomption, !IIIJI sourdement et son poil se hérissait. homme revient, selon son habitude, pour •• sais devant eUe: Tout â 'Coup il fit tu.n mouvement brusque - Ils sont très vieux n'est-ce pas, signor? sister ?1. la grand'messe, car il est bou cbrf. - '.Et 1rès beQux ....' Les boucles d' oret'1- tien. Comme la nuit était sombre, il avait pris et il s'élança de toute sa force contre la fenêtre. Je reconnus des douaniers. avec lu:i, au lieu. de le laisser dans la moota les surtout sont belles. 1
- Silence, Turco! criai-je de nouveau at chien en le regardant d'un air de menace· e je l'entraînai avec moi dans l'escalier qui don duit de la cu1sine !i la chambre. ·Mon mari dormait encore comme Wl bien heureux. - ILève-toi vite, lève-loi, dis-je en le se• couant . . . Les douaniers sont autour de 1 maison. Il ue f1t qulun sa ut et me 1demanda &i j a vais caché le tabac. Je Lu.i ITépondis: -- IPas erJcore. Il me dit: - Dépêche-toi d'aller le cacher. Je redescendis dans la cuisine avec Turco1 mais il n'y avait plus ·moyen de le tenir. Il sautait comme un furieux en aboyant Il finil par m'échapper. Si vous aviez vu avec queHe colère il se jeta contre la porte; ma parole, on eû1 dit quïl était enragé. J'appliquai l'œil au trou de la serrure et je vis les deux douaniers qu.i savançaient a pas de loup mais avec précaution, pour ne pas faire de bru.it. Je barricadai la porte ave la lourde table de chêne ne la cuisine E'f je tirai tout doLtcement le grand verrou. - Pourv.u que j'aie le lemps de cacner te !aba•ct pensais-je. Je chargeai le sac .sur mon épattle et je courus de porter à la grange où 1e le mis sous un tas de paille. •Pendant ce temps, les douaniers qw avaient entendu le chien aboyer et qui craJiDaient que mon mari ne vînt au devant d'eux, car c'est un gaillard 1\J n'avoir pas peur de tdx hommes, s"efforçai'!llt de forcer la porte, mais ,Js n'y parvenaient pas. Alors ils se mirent à parler. Turco aboyad st Jurieusemoot qu'on ne comprenait nen à ce qu ils disaient. Comme je ne repondais pas, l'idée leur vmt qLt'il n'y avait peut-être personne, et ils crLtrent ·qu'ils pouvaient .se risquer par la fenêtre. L'un d'eux, d'un coup de coude, enfonça un car.reau., puis passant le bras à 1inténeur, Il poussa l'espagnolette et ouvrit la fenêtrt-
i26 .Turco, au milieu t!e la cuisine, les yeux flamboyants, la gueu>le ouverte, atte1dai!. Dès qu'il vit une issue, il prit son élan et sauta à travers la. croisée au cou du premier douanier. tL\homme et le chien roulèrent à terre, J'un criant, l'autre muet, mordant son adversaire avec fureur, essayant de l'étorangler. ~·hom._ne était l:Jlanc comme ·un mort, ses mams cnspées essayaient en vain de repousser le chien dont le museau était mainteoani .rouge de sang. Les autres douaniers accoururent le . revolver au poing, mais .i ls o'osèrent pas tirer de peur d'atieiodTe leUil" camarade en même temps que le chien. Une bataille terrible s'engagea entre ces hommes et Turco. Ah! siguor, si vous aviez ~ là, vous auriez crié bravo tellement Turco était beau! Il avait lâché son premier adver· saire qui était étendu, tout 'l'Oide, sur le sol, et il s'était retourné oon1re les au.lres douaniers. Il iles mordait, il déchirait leurs vêlements sautlwit de f"·un à l'autre, bondissant avec Yagilité d'un tigre et la frénésie d'un démon. Ils tirèrent plusieurs fois sur lui sans l'atteindre· on eût dit qu'il était ensorcelé. Enfin iÎs prirent leurs sabres, et cette fois, comme Turco ne reculait pas, qu'il redoublait ses furieuses attaques, i1s le transpercèrent de plusieurs coups à la fois. •Mon homme était descoodu dans la cuiliine. Il me dit: - As-tu caché le tabac? •J e lui répondis oui. _ C'est bien, lit-il. Adieu, Je me sauve avant qu'~ls entrent. Ne manque pas daller demain :raconter à !Luigi Cervi ce qui est arrivé, et préviens les camarades. Ils te donne· ront de mes nouvelles. ll sortit par qa, petite porte de la g.range. et je montai au grenier pour le suivre à travers la lucar.ne. Il se coula le long d'une haie et atteignit les vignes où il disparut. Une fois dans les vignes il était dans la montagne. Quand ie revins dans la. cuisine les douaniers y étaient, bouleversant tout, IouiUaut tout !brisant tout comme s'i·ls étaient ivres.
'
127
!l:iun d'eux dont le pantalon éta.i.t déchirê et le .genou saignait, m'empoigna à la gorge et me ipOUssant contre le mur, s'écria: - Ah 1 c'est toi, sorcière, qui as lâché le chien contre nous .... Je crus q11'il allait m'étrangler. Je n'avais plus de souifle; mes yeux tournaient. Ses camarades l'ar.rêtèrent. ....., Où est ton mari? me demandèrenl·ils. Je leur répondis: - Mon mari n..est pas ici. - 'fu mens! - Fouillez 1a maison. Ils allèrent partout, dans ious les coins, l la cave, au galetas, dans l'écurie, dans la g.range. !Ils a.vaient ouvert la porte de la cuisine, je sortis poux voir œ qu'ri.ls avaient fait de Turco. 'Hélas! le pauvre chien était étendu sans vie, le cou à moitié coupé, la gueule salie d'une écume sanglante, à quelques pas de la ~eoêtre qu'il ava,it défendue. De Je voir ainsi, cela me creva ~e cœur. Je pleurai comme Sli j'avais perdu. illon en· ~t.
Les douaniers n'ayant rien trouvé, éta1ent revenus. ·Ils me dirent: - Ton mari a filé!. . . c'est un malin, mais nous le rattraperons .... Sorcière, dis-nous Oi1 tst le sac ... le sac de tabac qu~il a apporté }lier soir? Je leur répondis: - ifl l'aura emporté pu.isque 'VOUS ne l'a· ~ez vu nulle part. Ils voulurent alors m'intimider par des menaces faire semblant de m'arrêter; je leur dis: • Je' sais la loi, vous ne pouvez t ten sans preuve ... Vous n'en avez pas ... allez· 40US
en .. ·»
Ils lurent hien obligés de me 1aisser fran· quille. Et i'ls sortirent en maugréant. _ Ton mari payera tout ça! rrcana Je plu! vieux, en me mettant son poing sous le ~e~. ,J e :remontai à ma lucarne et je les SUIVI >
~ougtemps, longtemps, 'j usqu'a ce qu ils eus~ent
disparu. A la nu.it, j'enterrai au fond du jardin no· \re paUIVte Turco et fornai sa tombe de quel· ques fleurs. J'étais bien triste, 'ie pleurai une partie de la nuit, et sans cesse je me disais: c Si pourtant ils atlrapent ton homme, que devienrll'as·tu et 'lui que deviendra-t-il? • Le lendemain, à la pointe du jour, j'étais de nouveau en vedette au grenier. La plaine était tranquille ei 'déserte comme la montagne. Quand 1e bateau passa, je le pris pour al· 1er à Lenno, chez Luigi Cervi. Ce Luigi est un gros négociant [ort riche. Il m'écouta d'un cir contrarié et me dit ces seUls mots: c Tâ'hez que votre homme ne se fasse pas pil1cer! •, puis il me congédia. .Près de sa maison je rencontrai quelques ,ompagnons de mon mari, qui savaient déjà la nowvelle et me dirent de bonnes paroles. .J'ai dû coucher à Lenno, car le tbateau ne .cvient pas dans Ja même journée. Encore dix minutes et je serai de retour à Dougo .... c·est ce point qui est là, devant nous. . . Ah! , santissima .Maria, fai froid au cœur et il me semble que mes yeux se lbrouiHenl .... Vous ne voyez riem, signor? Je pris ma lorgnette mais ~e 11 osais pa~ dire à la 'Vieille que j'apercevais au mtlieu d'un grand concours de monde, des douaniers en armes qu'i ava,ient J'air de garder ~~~ prisonnier. Le bateau se npprochail de 11lus e•t ·plus des rives vers lesquelles ·ses hélices envoyaient de larges nappes d'eau bleue frangée de dettielles d 'écume. On distinguai! maintenant à l'œil nu les maison·s diu village avec leurs treilles vertes, Je COUIVeDt (les Dominicains à l'entrée de la valllée, l'auberge avec sou enseigne ,rouge, le petit débarcadère au pont de bois branlant posé sur de ~tauls chevalets, et la foule endi manclrée qui faisait cercle autour de delUt douaniers entre lesquels se tenait un homme dont les dewc mains étaient attachées. La vieille s'était levée toute droiie: elle regardait avec .Ja fixité d'une haHudnée, puis
tou.t à coup, elle devint pale comme un linge, elle articula Wl nom d'une voix étouffée, le nom de sou mari sans doute,' - et elle sc laissa tomber sur le baru::. Le lbaleau abordait, on jetait les cordes; tout le monde était occupé 'à suivre la ma· uœuvre et à voir ce qui se passait à terre. Personne, excepté moi, n'avait remarqué l'émotion de la vieille. Beaucoup de gens descendaient. Dès que la petile passerelle {ut libre, les deux douaniers emboîtèrent le pas derrière leur prisonnier et montèrent sur le bateau. IL'homme qu1ils cond'u..isaient ·à Oravedona, où 'les prisoos ~ont autrement solides qu'à Dongo, était un granl.i! diable au teint pâle, aux yeux et aux cheveux noirs, à •la barbe dure et hisée cornme du crin, au cou maigre dont les .muscles saillaient; la peau de sou 'Vjsage était comme collée sur ses os el creusée de rides profondes. Une véritable figure d'aUamé. Il était vêtu d'une vesle couleur olive, ~aunie par les pluies, ptangée par le soleil; ses pan la l011s de velours à Côtes étaieut couverts <le !boue et déchirés en :plusieurs endroits. So111 apparition excita un vif mouvemen t de ('Uriosité parmi les passagers qui s'interrogè· rent, deltt3!1ldanl Sti on ·fe connaissait, si ou ~ avait pourquoi il avait été arrêté. La vicilllc, à côté de laquelle j'élais rest6, détourna vivement la tête et regarda d''un au· Ire côté. Comme le banc étai( libre près d'elle, les douaniers vinrent s'y asseoir avec leUT pri· sonnier, qu'ils mirent au milieu d'eux. Œ..e .bateau avait repris sa marche, côtoya11t des boros très plats et marécageux, couverts d 'oseraies aux longues tiges argentées, cou· pés de ruisseaux et de canaux formant l'embouchure du' Dongo. Le prisonnier avai1 rabatfu son large cha· peau de feutre sur ses yeux, el il paraissait dormir. Un des douaniers dit à soo. compagnon: - J'ai soif, et toi ·P ietro? 1Pielro, qui était près de 1a vieille, répondit:
129
128 - Et mOJ donc! aprèl> foule la pouss1ère que !Lous avons avalée! L"autre reprit: - Eh hien, va ·boire le premier, tandis que je le garde; moi, firai après. --. Je tc ferai apporter u11 verre. - 'C'est juste. Pietro se leva el desce111dit dans la cabine. 1Deux minu4es plus tard une grosse sommelière aux manahes retroussées sur ses bras halés arriva avec un grand verre de vin rouge qui oscillait sur une assiette. Elle Je présenta au douanier qui glissa son fusil sous le banc pour avoir les mains libres et boire à son oise. Comme il lapai! son vin à petits coups, en passant sa langue sur sa moustache, et qu'il avait entamé un bout de conversation avec sa voisine, la vieii]le qul méditait son coup depuis Dongo, tira v·ivemcnt 'de sa pocJ1c Ull coulœu ouvert, coupa les cordes qui liaient les mains de son mari, et lui dit en lui montl·aut Je li'Îvage qu.i n'étaü qu'à une centaine de brasses: • Felipo, par la Ma:dbnc, s~ uvetoi!. Le contrebandier jeta un rapide regard au· tow· de lui, et ramassant toutes ses forces. il sauta d'un bond par-dessus bord dans Je lac. Son gardien vit Ile mouvement trop tard. Il demeura 1\.111 moment stupide, comme pétrilié, tenant son verre d'une main el l'assiette de l'autre. Cependant il se ravJsa, et jetant les objets qui l'embarrass aient, il sc baissa pow· ramasser son 1Eusil. Une balle bien dirigée pouvait attein,:dire Je fugitif. Mais la vieille veillait. Au moment où le douanier se pencha, elle le poussa de toutes ses forces: il perdit l'équilibre et roula sur le pont, et pour le maintenir à terre, e1!1e sc rua sur lui, l'étreignant à la gorge: • Pietro! à moi, au sè .. :se ... cours! • P-ietro ne pouvait p~s l'entendre et person· ne parmi les passagers ne voulait prendre le padi d!\m douanier contre une femme. Du reste tout le monde était occupé à suivre ·le Iuzitif qui na2'eait comme un désespéré et
dont les chances de salut augmentaient à diaque seconde. 1Eniiin Pjetro arri·va, appelé .par les ge11s du bateau. Il se .jeta sur ~a vieille, eut mille peines à débarrasser son camarade, et tandis que celui-ci la maintenait, i·l déchargea son fu·sil contre le fugitif, qui lui répondit par un geste ironique. Il venait rle prendre pied sur le sable de fa ·rive: il était sauvé! if_a vieille, dépeignée, son bonnet dans Je dos, les grandes manches de sa chemise déchirées, riait aussi, prise d 'un fol accès de joie. Quand elle vil son mari disparaître der· rière le rideau mouvant et argenté des osiers, !Sur la plage déserte, elle frappa des mains et sc .mit â danser, mais les deux douaniers l'ar· r êtèrent en la prenanl brosquement chacWJ par un bras et en ~ui idfrsan t des mots grossiers. Puis ils la forcère11t à s'asseoir et ayant reno11é la corde coupée qui avait servi pour son 'lilari, ils Jui attachèrent les poignets. 1EIIe les laissait faire, douce maintenant conmle une !brebis, et leu:r disai.t: c Tout ce que vous voudrez . . . ça m'est égal. . . . Il est sauvé! ... 1ui; il serait mort dans vos abominables püsons où il n'y a pas d lair ... à moi, ça m'est égal! ça m'est égal! ... • Et elle ll'iait, en se moquant des deux doua· niers qui la ligotaient en 'j urant, et la ser· raient si fort I().IIC le sang giclait de sa chair. t Vidor TISSOT. ,
-- ·- ____ ...,....
_ ___
--
Variétés - ---- -
• • Pardou, M. le Proiesseur, dit w1 élève à sou maitre plongé dans un travail absor· bant, je voudrais vous poser une ()uestion Sll·r le cerveau de l'homme .. .. ,. • Mais, '111011 ami, répliqua l'autre von• voyet. biŒ que j'ai autre chose eu tête! •
•
* - Vous irez â -l a molllMgne, œt élé? Non, 1es JP11ÎX sOilil: trop êlevés. INou.s à•rons à la mer, poU;IlJPrdiirer d~ ·Ja vague qui 'b:üsse.
Pain bénit A nsesure que la foi s'a1ll'aihlit, les coutu1
mes les plus respectables et les plus sain'tes tendent à diparaître. Dans la plu.part des paroisses, la cérémonie du pain bénit est tombée eu désuétude, et là où elle se fait enco;e, ce n'est, saul dans les campagnes religieuses où les lraditi?ns se conservent davantage: que par exœption:, à l'occasion des grandes fêtes de l'année. Cependant, le pain bénit est un de nos p1us anciens et de nos plus véuérables sacramentaux. Dans certaines .régions, la ~amille qui donne le pain à bénir est représentêe, au moment de cette bénédiction pnr un des enfants de la maison, ordinaire·' ment une <fille habillée de blanc, tenant un cierge à la main. C'est là une coutume inspirée par la foi, la bénédiction donnée au pain offert étant une bénédiction pour toute la .famille. Le plus ord.inairemen1, dans des villes, l'oFfrande du pain à bénir est fa ite, par convenance, par bienséance, dans des pensées humaines et la famille donatrice s'en désintéresse; ailleurs, c'est le service de l'église qui le fournit. Et cependant, l'usage du pain bénit remonie aux temps les plus anciens. N 'est-il pas un souvenir des agapes des temps apostoliques? Ces agapes étaient des repas, ainsi nommés à cause de la pa.daite charité qui régnait entre les fidèles qui y prenaient part. A cet âge d'or du christianisme, les chr~ tiens se réunissaient dans quelque maison J)articulière, dans quelque modeste oratoire, ou même dans une catacombe; et là, en mémoire de la dernière Cène que Notre-Seigueur fit avec ses apôtres, ils s'asseyaient à la même table, riches et pauvres, grvlds et petits. Chacun apportait ce qu'il avait et ils mangeaient ensemble, les plus riches partageant avec les plus pauvres. Doux et touchant spectacle que la faiblesse humaine ne permit pas de contempler longtemps. Dw temps même de S. PauJ., de graves abus s'y glissèrent; l'Apôtre s'en plaint vivement et les corrige avec rigueur. Mais les abus ou lieu de diminuer, allèrent fOIJ.tjota"s·
en llugnt~taot, et l'on fut, dans la suite, obligé de suppnmer ces repas mystiques· il n en r~ste plus qu'~ dernier mais précieux vestige: c est notre pain bénit. Et ce pa~ ne n~us rappelle-t-il pas, d 'une manière plus préCise encore, le pain eucharistique, par les paroles que J1Eglise emploie dans sa liturgie pour le bénir. Jésus avait lui-même bém.i le pain qu 'il multiplia dans le désert pour nour-. rir la foule qu.i l'avait suivi tout un jour· il avait promis, à cette foule émerveillée de' Cf; miracle, un autre pain qui serait son corps et dont la nourriture mystérieuse ferait vivre les âmes d'une vie diville qui ne fi nirait jamais. Ces promesses, l'Eglise les rappelle à Notre-Seignew· dans l'oraison par laquelle le prêtre lui demande de bénir le pain qui lui est présenté. « Seigneur Jésus-Chris ~ pain des Anges, pain vivant de 1 éternelle vie -daignez bénir ce pain, comme vous avez' bém les cinq pain~ dans le désert, afin que tous ceux qui en goûteront reçoivent la santé de l'âme et du corps, ô Dieu, qui vivez et régnez daus tous les siècles des siècles. A1nsi soit-il. • Mais, pour estimer et aimer une chose, il est nécessaire de la connaître, et notre époque n 'est-elle pas une époque d'ignorance religieuse!
Pour le
ter
Aotit
Pacte de t 29t Au nom du Seigneur, Amen. C est chose honnête et profitable au •b ien public de con· solider les traités dans Wl état de pa·ix et de lracquillité. Soit donc notoire à tous que les hommes ~e la vallée d Uri, la commune de ra vallée de Schwyz et la commune de ceux de la vallée inférieure d 'Unterwald, considérant la malice des temps et à l'effet de se défendre et mainienk avec plus d 'efficacité, onl pris de thonne foi l'engagement de s'assister muluellement de toutes ·l eurs forces, secours et bonSt offices tant au dedans qu'au dehors du pays mvers et eontre quiconque tenterait
190 de 'leur faire v.io1e.nœ, de les inquiéter ou molester en leurs personnes et en leurs biens. Tout ce que deSSIUS statué pour rutili!é commune, devant, s'il plaît à pieu, durer à perpétu·ité. Fait en l'an du Seigneur 1291, au commencement d'aoftt. ~
Une étolie sur la cime Un soir de 1er août, jl'ai -compris ce que c'es•t •que la .Patrie. C'était dans un village montagnard. ILes « étrangers ~ s'agitaient, s'em:pressaient, dressaient des g~Wirlandes, festonnaient de lampio111s et tle drapeaux les fa· çades des hôtel6·. Les gens du pays, dans le mystère de la salle d 'école, ·fout aU! fond du hameau, répétaient les chœurs patriotiques et le vent '}Ui roulait en trombe sur la vallée emportait des morceaux de « Sempa-ch •, de ~ RouJez Tambours», di.IJ «Cantique Suisse~, mugis par 1a ifan:fare. 1Les enft'ants prenaient prétexte d'un grand feu qu'on allumera'li sur la plateforme herbeuse d 'o o « point de vue » pour courir tout le li.our la forêt, se barhoniller de myrtilles et se poisser de lfésine. Mais on n'était pas content, au 'Village. Quand voos disiez aux vieux â veste colllrle ·qui, le .soir venu, la pipe au coin des lèvres, les mains derrière le dos, causaient devant la Poste: • Alru-s, nous alJons avoir un beau ter .Août? » its haussaient les épaules, jetaient un jet de salive bruue sur le chemin et ré;pondaient: • Maurice et Joseph sont loin avec des Anglais. · Y aura pas de feu !S'UT la Dent. • Et les filles, eu fanant, regardaient souvent du côté du glacier et le rateau en l'air notaient avec dépit: c Jamais ils n'aUJroot le temps de descendre et de remonter.~
!La Dent, c'est une flèche de pierre e.Efilée quL domine la plaine du haut kie ses 3800 mètres. N y monte pas qui veut et avoir c fait la 'Dent • vous conière, dans la ~égion, un brevet de courage, d'endurance, de sang-froid qui impose aux plus malicieux. On salue avec respect, fût·il le plus rid,irule des citadins, œ-
lui qU!i a c fait la Dent •· n est, d·u coup, sa. cré montagnard. A 2 heures, Olll avait perdu tout espOLr. Le temps éiaH â L'orage. Des nuages s'amassaient autour de la pent dont on n'apercevait plus que la pointe éHnœlante nageant dans oo 'Ciel moutonnant. Maurice et Joseph n'étaient pas rentrés. 'Vers les 4 heures, ils apparurent. Us dévalaient le dernier raidillon caillouteux qui pointe dro1t $DI Je pré -Qe lei.IJf chalet. Ils étaien.t sales, harassés, encroûtés - des clous de leurs .souliel1S jusqu'à la barbe - d'une couche de houe grise, faite de l'eau des 4orrents traversés à gué, de la neige des névés et de la poussière des pier· rlers. !Leurs torses trapus chargés de cordes, de piolets, de sacs semblaient trop lourds pour leurs jambes serrées dans des molletiè. res en !icelle. Ils prirent 'leur dê, ~errière Je volet, entrèrent c~ez eux, sans répondre aux timides bonjours, iandis que leurs Anglais se dirigeaient vers l'hôtel. Décidément, pas de feu sur la Dent, ce soir;? On me rit au nez. 11 faut six heures en la tournant, de OOUJr et par le :beau temps. Trois en l'abordant de front et œ n 'est pas un ~eu ,fu:ci'le. Je m'en doutais à voir se dresser cette longue pointe de roo où l'œil ne parvenait pas à accrocher rune saillie. Une hei.IJfe plus tard, on vit Maurice el Jo· seph :sortir de leur ohalet. ns étaient rasés de [rais, brossés, méconnaissables. Ils avaiellt leurs souJiers terrés reluisants de graisse 5raiche, des molletières propres, des cordes en sautoir, des piolets sur 1 ~paule. Ils se di ri· geaient vers le Bazar. - Alors, et ces feux pour la Dent? Vous ne pouviez ,p as les apporter chez nous? - Vous y allez quand même? Hs eurent un geste d'impatience et on eut peur d'une colère. Mais Je temps ma:nquai'i· Ils prirent le paquet de {eux de Bengale et, méticuleusement, avec les soims de nourrice emmai11ottant un précieux poupon, l'assujel· t·irent sur leur sac. De Jeur pas lent, ils re· broussèrent dhemin et s'enfoncèrent dans la montagne,
tài Et tout 1\ coup, en bas, à lQ he11res, les chants, les bruits, les discours, les rires, tou.t .s'arrêta. ~ne émotion poignit les cœurs. La haut, là la fine pointe de la Dent qu'assaillaient les nuages, une étoile s'a11umant cla·ire, pure et brillallJte comme une goutte de ro sée perlant au matin sw.- Jlherbe du pré. A ce signal, 4'autres étoiles surgirent de l'ombre. Les yeux en haut, une à rune, avec fierté, avec gratitude ou les regardait naître on épiait les moindrres phases de leur fugitiS et lumineux lcfustin. Mais de tout~ la plus belle, ce1le qui dura le plus longtemps, celle qu·i s''irrild'ia des feux les plus vilfs et persista, .tenace, par dessus les nuages, seule au ciel, alors que toMes les autres s'étaient évanouies dans la nuit ce fut l'étoile de 1oi et de mâle amour all~e par la volonté de deux montagnards, à la pointe la plus inaccessJ·bJe de la ·Dent. ~Extrait
L. HAUTESOURCE. de l'Ecoiier genevois''.)
---·-·...--·-·----·-
La vieille maison :Moi, qui suis né dans les CO!peaUX, je l'avais bien connue et a imée, la vietlle maison. Elle était pour mes jeurnes papilles comme un bouquet de fleurs. Il y avait un large escalier, bordé de v'eux arbres sciés en planches régulièn~s, et qui séchaient le loog des murs blanchis à la chaux; ils attendaient J"heure de devenir des mtubles fins et soyeux, caresse à la main et douceu'l" aux yeux. j'aimais Je partwn de ces arbres et, par une sorte d'instinct ancestral, je les norrutiais en moi-même, rien qu'en les respirant. J'aimais l'atelier avec triple rangée !i'é1f1· blis . .. avec les ouvriers aux bras nus, chantant, varlopant d\1n grand geste ttadiiionnel. ... J'aimais, au cœur des rabots, la Jaissau· ce, le déroulement, l'efflorescence des copeaux blancs et dorés et frisés.
Que n'aimais-je pas en ce sanctruaire du bois!.. . · J'aimais même la sciure -fine, q ue je prenais à pleines malns, et où il me semblait retrouver comme l'âme lointaine de l:l grande forêt bru:issante et verdoyante.
~ Cette maison, elle paraissait fai'fe partie des choses q ui ont ~oujours été et qui ne peu.vent pas étre autrement: même patron, même:; ou. vriers, mêmes fournisseurs, même clientèle aimable et fidèle, se suacé.danrt de père en
ms ....
Elle venait là, dans l'atelier, esquisser des projets, éprouver des tenta'!ions ... voir cornparer, assister à la naissance du meuble' rêvé lequel ferait si bien l'à~bas, dans la doLLCCUt~ du foyer .... - Surtout, soignez-moi bien cette con~ o le, M. Durand. . . c'est pour la fête de ma femme et 'IIOS vingt ans de mariage! .. . - Alor s, laissez-moi choisir le marbre .. . j'en connais un ... unique!. . . - Ce sera chaud . .. ? - Mais il ·fera si bien! Oh! tentateur! .. . le prix au )ttsle .. . ? - Autour de 2000 ... . - C'est trop!. . . quatre fois trop!! . . . - Lais"sez-moi vou·s le montrer? - Non, je ne veux pas le voir . . . je succomberais ...• On discutait gentiment, et on s'a rraugeail loujol!.rs. L'atelier devenait un saloo, où soavent l'ouvrier donnait un avi s très écouté. Tel contremaître exhibait 'une vieille pipe chaudement culottée, qui lui avait été <)ffer!e en souvenir d'un amour de petite vitrine Pompadour à laquelle il avait travaillé un ll.n· Et tout cela était si horu qu'un client, son meuble fini, ne se résignait pas à ne IPas revenir, au risque de se laisser tenter encore ....
~ Mais la roue tourne. . . le père Du.randl est devenu vieux. . . très vieux. Soo fils était mort au champ d'honneur, et n 'ayant eu que celui-là, le père Durand oh! la dure punition! - a dû penser à té·
13~ der sa maison à des étrangers. . . sa maison tellement sienne!. . . où tout avait son empreinte. . . sa maison prolongement de son âme, qu'il eût été si bon, si indiqué de léguer aux ~ siens» sïl avai~ eu des ~ siens.! Deux jeunes gens se sont pl'ésentés el ont offert la forte somme. Après avoir tempoJ·isé pour gagner •un peu de temps, Durand dut s'indiner: il n'en pouvait plus. Un soir, il fit Je tour de son atelier, regardant les choses comme on les regarde quand on leur dit le suprême adieu. Et les choses semblent vous fixer aussi. 11 contempla longuemen·t les outils, les éiablis, les plans accrochés aux murs, les beaux dessins accumulés depuis quarante ans, les planches de !in bois des îles, de ohêne blond, qu'il ·n 'avait pas utilisées ... . Ptùs, les Jar· mes aux yeux, il s'en alla pour ne plus jamais revenir.
- Cesf que le père -Dw-and 'Jlle la donnait, la hune! ... - Au~ourd'hui, elle coîtte trop cher. - Alors, j'irai autre part. - Allez-y doo.c! .. . 'Le client partit ... . 1Puis ce ffwt un OUJVrier. . . et un autre, de. puis 37 ans dans la maison. :Pew à peu, l'ancien personnel devint suspeeL 'Les clients aitmient à parler avec le premier contremaître; un des ~eunes gens en prit ombrage, et le vieux contremaître sauta. Sauta avec lui le dessinateur. On demanda sans courtoisie des arrhes d'avance. Bref, en quelques· mois tout changea. Le père Durand avait' suscité une famille ouvri~· re et artistiqi.te .... Bux, ils firent une boite.
*
Et main•tenant, œ la va comme vont les boîtes. Dêiilé incessant de têtes ttottveHes, parfois Le lendemain, chics el autoritaires, les inq LLiétantes .... deux jeunes gens arrivèrent et prirenl pos Grève par ci. . . Grève par là .... session de cette maison qu,i devenait «leur • ·Prix de série ... remise sur les quantités. maison, puisqu'ils l'avaient payée. - Faut que ça rapporte! ... Si vous n'ê· Ils sortaient tous les deux d'une haute tes pas content, allez-vous-en! . . . école; le père Durand., lui, n'avait .jamais été - T'en ~ais pas! ... Pas S•i vite, le • smge. à cette école. n'est pas là! ... Ils avaient des idées i•mpératives sur tout - Mets-lui du plaqué à ce vieux bonze· et entendaieut les imposer. là... il ne pensera ~jamai s à démonter sa i.e père Durand n1imposailt pas, il perporte .... suadaiJt. · Le père Durand ne passe plus dans la rue 'Les no1.JNeaux patrons regardèrent b. maioù .fut son atelier. il voudtrait même éviter sou, la soupesèrent, ne !faisant entrer eu ligne ' les clients, qui tous sont restés ses am1s. de compte que la matière ... n1estim1nt pas, A quoi bon les entendre? .. . il. quoi hon ne voyant même pas ce qui en était l'attnosll sait bien, en son âme instinctive,. que phère, la douceur, la traditioo, l'affection . .. ·jamais l'esprit n'a Templacé le cœur. donc, en réa.l'ité, la force.
~ Le premier joUT, ils eUTent une discussion avec un vieux et ~onor!llble ·client, qu'ils traitèrent, sans nuance, comme ooe humanité qui a fini son temps. - Mais, Monsieur, vous nous demandez la lunel ...
~
1Par~ois
un jeune ouvrier, arttiste malgré l'époque, découvre dans un co~n de l'ancien atelier ooe fine coquilte ·Louis XV, ou une co!lbeille ,L ouis XVI légèrement enlevée en plein bois. Il rêve alors devant la conscietnce, le ~ini, l'élégance du travail, et s'adressant à tin voisin d'occasion:
- ~egalf'Ciez dolic! . .• L'autre examine un ·instant, et balançant robjet d'un geste indifférent: _ Ça, c'est de l'histoire ancietniii.e! ... Et il se remet, comme ·u n vague automate, à faire du vieux noyer avec du brou d~ noix rt d tl sapin neuŒ. .. . Pierre ~'.IiJrmit e.
···Les distractions
de La Fontaine
!Le troisième centenaire de la naissance de La Fontaine (8 juillet 1621) aurait mérité d'être célébré dans tous les pays où l'on parle français. Car celui que la duchesse de Bouillon, son Egérie, avait surnommé plaisamment Je • Fablier » (parce qu'il produisait des [ables aussi naturellement qu'un pommier produit des pommes) est, sans contredit, l'un des maîtres de notre langue, l'un des plus grands écrivains du grand siècle. Mais si son chefd'œuvre est universellement populaire, sa physionomie :intime est bien moius connue. On sait vaguement qu'il mena une existence assez déréglée, qu'il fut aussi mauvais mari que piètre fonctionnaire, qu'il vécut sans ambition mais non sans goût pour la bonne chère et le plaisir, qu'on l'appelait le Bonhomme à cause de sa philosophie souriante, enfin qu'il était fort original et surtout fort distrait. C'est sous ce dernier aspect de caractère que nous voudrions le considérer ici, en empruntant à ses biographes quelques traits anecdotiques. • La vie de La Fontaine - a écrit Diderot - ne fut, pour ainsi dire, qu'une distraction continuelle. Au milieu de la société, il en était absent. » Dès sa jeunesse, alors qu'il habitait Château-Thierry, il inquiétait souvent les siens par ses bévues. Un jour, son père le chargea d'une mission importante, relativement à son office de maître des eaux et forêts qu'il se proposait de lui transmettre. A peine dehors, La Fontaine rencontra des camarades, baguenauda avec eux, les accompagna au spectacle et rentra très tard au logis, ayant perdu à la
îois la notion du temps et le souvenir de ce qu'on attendait de lui. Il n'étaitpas rare de le rencontrer dans un accoutrement qui ne laissait aucun doute sur son étourderie: se rendant en visite avec ses bas à l'envers, sor. tant en bottes blanches par une pluie battante, errant ·la nuit tombée dans la campagne avec une lanterne qu'il oubliait d'allumer, etc. • .. Chose plus grave: il scandalisait sa ville natale par ses fredaines. Si bien que pour y mettre un terme, son père s'empressa de Ir marier en lui cédant sa c~arge. JI n'était pas plus fait, du reste, pour la vie conjugale que pour la carrière administrative. Aussi incapable de gérer sa fortune que celle des autres, il laissa péricliter ses affaires et entamer son patrimoine. Quant à son foyer, il n'y était guère retenu et sa femme avait coutumt: de dire que, la plupart du temps, « M. de La Fontaine ne se rappelait même pas être marié». U eut pourtant un enfant, par distrnctiou sans doute. Mais, en raison du peu d'har· manie qui régnait dans le ménage, il dut êtr e élevé ailleurs, par des amis, sans que ni son père, ni sa mère (une précieuse et une pimbêche) aient paru se soucier beaucoup de lui. Or, il advint qu 1on présenta, un jour, dans un salon, avec un peu de mystère, cenatn jeune homme au fabuliste qui crut devoir, par une pure politesse, faire compliment de -sa bonne mine et de son esprit. - Mais c'est Ohartles, lui dît-on ... . C'est votre fils! - Ah! j'en suis fort aise! ... répondit-tl. Et, sans plus, il lui tourna le dos. Ni l'âge, ni la célébrité ne devaient mettre un !rein à ces échappades. Un de ses contempo.reins rapporte qu'ayant suivi, à côté cte La Fontaine; le convoi funèbre d'un nommé Mitton, àl la table duquel ils s'étaient souvent rencontrés, cela n'empêcha pas .Phuluberlu de poète d'aller, huit jours après, demander à une parente des nouvelles du défunt. Ses a mis avaient beau prendre toutes les précautions pour lui éviter les conséquences, parfois fâcheuses de ses gaffes, rien n'y faisait. Une autre fois, ayant un procès sérieux ~ soutenir devant le tribunal de Château-Thier-
186 ry, il était resté, sans .y penser, jusqu'à la veille à la œmpazne. A1anné de son indolence, un de ses proches lui envoya dans sa retraite un bon cheval pour qu'il pût arriver à l'heure de l'audience.. La Fontaine se mit en selle, avec la ferme intention d'aller défendre sa cause. Mais, eu route, il eut la malencontreuse idée de vouloir saluer, en passant, un hobereau de sa connaissance, qui taquinait aussi la Muse. ll fallut bien manger et boire. Puis, on se mit à parler de poésie. Le temps passa et quand, enfin, le Bonhomme, se rappelant le but de son voyage, se fût dé~ cidé à enfourcher de nouveau sa monture, il galopc1 en vain à bride abattue et n'arriva à destination que pour apprendre que les juges étaient partis et qu'il avait perdu son procès. Une autre fois, quoique ses relations avec Fouquet l'eussent un peu compromis à la cour, Louis XIV avait daigné le recevoir à Versailles où il devait faire hommage au monarqut~ de la primeur d'un 11ouveau livre de ses Fables. 1Par malheur, à peine introdui! dans les appartements royaux, il s'aperçut qu'il n'avait oublié qu'une chose, le manuscrit qu'ii vooait remettre. Le roi ne lui en tint poutant pas rancune et, après avoir ri le premier de sa déconvenue, lui fit remettre par Bontemps (son premier valet de chambre) une bourse bien garnie. Sur quoi, La ifontaine remonta dans le carosse de louage qui l'avait amené pour retourner à Paris. Arrivé au Palais-Royal, où se trouvait la station de ces véhicules, il regagne !l pied son domicile de la rue d'Enfer. Chemin faisant, un de ses confrères de l'Académie l'accoste et lui demande comment s'est passée sa réception: c Fort bien, déclare-t-il, épanoui. Et j'en rapporte un souvenir qui vaut son pesant d'or: une bourse? - Ou1. - Où est-elle?.... • Le 1Bonhomme se tâte, palpe ses poches ;Rien. • 0 ciel, soupire-t-il après un instant de réflexion..... j'ai dft la laisser dans le carosse. • !Et le voilà, tout courant, reparti pour le Palais-Royal où, par miracle, il retrouve son cocher et sa bourse, restée enfouie sous un coussin de la voiture. Mala-ré ses travers et ses incartades, on
se plaisait à l'inviter dans ~e monde. fi st fa1sait rarement prier, car il était gourmand et franc buveur. Mais on avait bien de 1& peine à le tirer d'une rêverie opiniâ.tre ou d'un mutisme obstiné. Ce qui faisait dire à l'un de ses commensaux, Vigneul de MarviJ. Je: c Comment peut-il se faire qu'un hom~ qui a su rendre spirituelles les plus grosses bêtes, ne puisse, même un moment, faire ve. nir son esprit sur les ~èvres? •; ce que sa gronde amie, Madame de •La Sablière, lui d1. sait à lui-même, sous une forme plus lapidai. re encore: c Mon Dieu, que vous serie1 bête si vous n'aviez tant d'esprit! • ' Non, cet • habitué du pays des songes, tl familier de l'illusion •, qui - selon l'expression de M. Raymond Poincaré - avait , 1111 instinctif besoin de dispersion intellectuelle tt sentimentale •, ne fut ni un cœur sec, ni ua dilettante impuissant. Ami d'une fidélité ' toute épreuve, compatissant aux humbles, iadulgent pour tout le monde, il méritl.it lwmême la plus large indulgence. Ce prétenda c idiot •, qui au témoignage de son con. temporain l'abbé d'Olivet - c n'avait su, df sa vie, faire à. propos une démarche pour lui, était .nEanmoins capable de donner les meil· leurs conseils. • Ce balourd, ce naïf, ce sim· pie, • d'une simplicité ingénue qui est, d'ordinaire, le privilège de l'enfance • était tl resta toujours, en effet, un grand enfant. Mail cet enfant avait du génie et quelqu·œ qui s'y connaissait put s'en porter garant en une cir· constance assez solennelle. Alors que, claus une assemblée d'élite, on essayait de J:.abais· ser La Fontaine devant ses illustres nvaux: Racine, Boileau, Molière, ce dernier protesta crânement par ces mots: c Nos beaux esprits peuvent se trémousser. Ils n'effaceront pas 1t Bonhonune. • Henri NICOLE.
Variétés (X)NTRE LA MORSURE DES VIPERES [)ès qu"on a été mordu, il importe d'empê-
cheT Je venin introduit dans la plaie de pasP dans la circulation générale et pour cela
a{au!
immédiatement serrer le membre mordu à l'aide d'un lien quelconque: mouchoir, cravate, ficelle, ·a u-dessus de la plaie, entre reUe-ci et le tronc, assez près de la blessure. puis, avec un canif ou 'llo couteau, ou pra· lique au llliveau de .Ja morsw-e une incision profonde de 1 crn. environ, longue de 2 ou 1, passant par la blessure dans le sens de la longueur du membre, de façon qu'elle s~tigne abondamment pou.r éliminer la plus grande partie du venin. On peut sucer la plaie pour 1e sang, Soi la bouche ne présenfe pas lésion ou d'écorchure apable d'absorber rapidemer~t fait, si 1 on disde sé~wn antivenimeux, on en injecte flacon Ide 10 cm' sous la peau du ventre avec les précautions habituelles: serjngue bouillie, peau désinfectée à la teinture d'iode, ~~ection lente.
Geci fait, et
Si l'ou n'a pas à sa disposition de sérum, attendant qu'on .puisse s'en procurer, on la plaie avec 'lllle so1ution fraîche d hypochlorite de ohawc à 2 % ou de chlorure à 1 pour 1000, on lave abondamment el lon fait ens-uite IUO. pansement avec des cornimbibées d1hypochlorite de chaux oll
alcool.
inciston immédiafe:.J iniectJon de suum le plus tôt possible, en ·ratfendant, lavage à J hy· pochlorite ou au dtlor:ure d'or; café, thé 011 alcool. Dans les régions où les vipères sQnt nombreuses, les pharmaciens disposent presque toujours de sérum; on peut aussi s·en munir il l'avanœ et se promener avec un flacon et une seringue dans une trousse préparée pouir cela.
~
NE TUEZ PAS! Si vous fe~1ez à vos récoltes ue tuez. pas:
L_a bêle à Bon Dieu (coccinelle)', .qui se ucurrlt de pucero1ts. Le petit grillé ou crabe doré, qui fait la guerre a·ux chenilles, aux limaçons, aux hannetons. •Les araignées (exceptê dans nos appartements), qui détruisent les mouches. Le cr-apaUJ.l qui mange les limaces et les fourmis. L "engouJeveot ou crapaud volaul, qui extermine des milliers de cousins. La chaUIVe-souris, qui [ait aux papillons de nu1t et aux 'hannetons lia guerre que l'birondelle ~ait aux moucherons. L'orvet, sorte de petit serpent non venimeux, qui ctoque les sauterelles. La musaraigne, qui vit de vers de terre, comme la souris de blé. Le coucou, dont la nourriture préférée est la chenille. Le grimpereau el la ~~uvette, eUJUemis des guêpes. Les moine~ux, qui exter-minent tant d'insee· tes nuisihles aux grains. Les étourneaux qu1 passent leur vie à manger des larves. Les mé· sanges, dont chaque couple prend en moyen· ne 120,000 vers ou insectes pour êlever leurs petits. Le ·hérisson, qui détruit les vipères. La chouette, qui fait la besogne de plusieurs chats, en mangeant par tèle et par an plus de 6000 souris.
On a préc001sé beallcoup .d'aulr~ traite· w; : injections de morphine, de strychnique rien ne ~ustifie; cautérisatioos à 1am- .. LA CRISE DU SOURiRE au der rouge, à l'amadou, qu1 ne Il y a, dit-on, une crise de soLtr.ire. Oo rit pas à recormnander à. cause des cicatriencore, et même assez lourdement. Mais On peut stimuler l'organisme par lïnl"rx:pression de la fine gaieté a disparu de t JI ne nous arrive guère de nous del!llllde calé, de thé ou d 'a lcool à dose~ nos lèvres. On ne sourit plus; on ne comder à noUJS-mêmes ce que nous sommes Rel- 11111'1~,;.,6,.., ·M ais 1 essentiel est de se procurer prend JPlus l ironie; on ne prend pht3 phisir lement; mais nous nous demandons sam C!t p1us tôt possible du sérum antivenimeux auoc ~eux subtils .de l'aHus.ion, de la réticence de l'in:jecter. se ce qu'on croit que nous sommes. on de l'antiphrase. L'aima!ble e~ouement esf 1 , Massillon! 1L~argent est un bon serviteur et un 111111- ·En résumé, en cas de morsure: ligature et une qualité qw1 se fait rare. mais maître. A. Dumas lilJ,
136 Un savant kança'ls, ·Je docteu•r Pau.chct, déplore œt assombrissemen,f de nos visages, ct dénonce ,Jes ravages croissants qu'a.ccom• plissent sur nos traits fatigués la. mélancolie et l'ùdlée ~ixe. Nou.s ne voyons dans les •ues q11c ~ronts soudeyx et •regards sévères. L "humauilé semble a.voir perdu la divine insouciauce du cœur. Mais ce compatissanl mék:tecin croit avoir découvert un remède à cette fâcheuse épidémie. Sa 'Virtuosité chil"llll'gioale ne l'a point condwit à un r<~.valement énergjque, par le moyen tl'au<lacieuses incisions, de nos faces creusées de rides [précoces. C 'est dans Je pbn psychologique qu'il exel"Ce sa dextérité d 'opéraieur. Il se propose de 'faire la réé<luca• tion du sou,rire par un entraînement psycrophysiologique, par une sorte ide gymnastique suédoise des commissures des lèvres. En verTu des lois bien connues de l'expressi-on des ém-otious, 1a simple macifestaiion extérieure de la ioie produira, mécaniquement, en notts, des ~lats de satisfadion et !l'établira, pr-omptement, notre santé morale Utru instant compronlise. • Apprenez à être heureux, nous dit-il, comrne on apprend ~ jouer du violon. ~ •Entraînez-vous à l'expression du bonheur et le bonheur obéiTa â ces sollicitations méthodiques. N'attendez rpas d'être heureux pou:r s ou.rire : souriez d 'abord et VOliS finirez par être heureux. Cette méfhodc u 'es l point arbitrai re. Elle s 'inspire, en somme, tdes principes des mai· tres l(lLL sou·rire: les Japooois. [.'art du sou· rire, appris, par discipline morale, dès l'eu!fance, est une des mani5estations les plus curieUJses de J'âme uippone. Savoir sourire sans eJI!fort appairent, a-ux he.llll'es les plws pathétiques ou tes plus brutales de la vie, es\ une furme du cou•age <:'hez le peuple japo· nais.
Cl UNfl OURlEUSE LETI'R!E A l'oœasion d~ centenaill'e de la mort de Napoléoo 1er, on ne tira pas sans intérêt une lettre que fPOSSède un collectionneur anglais. Elle est signée de Joseph Bonaparte, frère
137
a~né de Na~olécm 1er, qui recommande ctlutrt au supénel.lll' du . . petit Séminaire d'Aix , en Provence. 11.a voJCt: 26 aoilt 1785.
Moosieur et oher ami, ' Je prOfite de l'occasioo que m'oflfre 1111 de mes compatriotes pour avoir I't.otm.eur de vous donner de mes nouvelles qui, en eflet sout \elles que je désire que soient celles d~ toute votre charmante famille. • Je s uppose qu'un de mes frère~ sera ar. rivé à Aix ou du moÏIIls y sera biectôt. Ce>l u:u échappé de J'école m11Haire de BrienrJt qui ne se sentant auCUlll.e dis,posilion pour 1~ serv!ce. de no~e hon roi: se rédugie au petit Sétt llllairc ti'Aix, où, à l ombre de !"autel il pottrra en liberté suivre soo inclination' et augmenter le pieux escadron. • Je vous prie de lui témoigner ie quart des bontés que vous a·vez eues pour. mot, tl il aUJra lieu de vous remercier infini-meut., le sacerdoce paraissait donc être la pre· mière voœtion de Napoléon Ier. Dans la suite ou a pu voir le vaÎilqueur d 'Au5l'!rlilz au 1nilieu de tout a·ulres canons que .:eux de l'Eglise.
~ POUR OONSERVER LES POMMES DE TERRE. Voici ce qu'un agriculteur français, se ba· sant sur ses propres expériences, préconise coru:me procédé de conservation des pommes de terre: Une I~is la récolte terminée, bien sécher la pomme de terre, eru enlever la terre, puis la mettre dans un endroit sec (<:ave). Mettre à l'en1plaœment des lattes une couche de sar· 'Jnents de 6 li 10 cm. dép~isseur; aUJ milieu un Jagot mis debout et servant à former che· minées d 'appel ow d 'aération; soulrer ou sau· poudrer de cendres de !bois; alterner les cou· ches de pommes de terre et de sarments; ell cas de besoin, prolonger la cheminée d'aération au moyen d'-oo second ~agot. En em· ployant ce procédé, les pommes de terre se conservent jusqu'en juin.
La Sœur Crncifixa 1La Sœll!r Crucifixa était la plus âgée des sœurs de Chœur. AJUcune n'existait dans Je couvent qu'elle B'ait connue ~eune. Sous son lourd costume d'étoffe raide, elle cac!hait un vieux corps usé au service de Dieu. On ne pouvait imaginer un être plus §ragile <(JUe cette forme presque transparente de maigreur, qui allait à tâtons Je long des mu·rs., s'accrochant à la rampt' pour monier ou descendre un escalier. Et pourtant il y avait errcore un reste de beauté en elle, cëtait son regard! Ce regard limpide comine wte eau profonde reflétait le del! Ou y lisait 'l.llle extrême bonté, une grande bienveillance. ·Elle avait 83 ans, Sœur Cmcifixa, et était entrée au couvent à l'âge de 18 ans. Elle ne sc souvenait plu• qu 'elie appartenait à une a11CÎenne noblesse, qu'à l'entrée du château les armes de sa famille étaient en relief dans la pierre, que ses parents étaient reçus à la cour; nom et souivenirs étaient restés dehors. ,f,IJe s'était !faite pauvre! Elle n'appartenait plus à la terre, et r-ien de la terre ne lui ap· partenait. De long<ues atmées, elle ful maîtresse de ohant el de pia.no, elle •j ouait de l'orgue dans la viei.Jle église, et, comme elle était artiste dans l'â:me, elle formait d'excellentes élèves; elle en avait for.mé un grand nombre, el tou· jours avec amour. En iouant de l'orgue, son âme s'élevait vers Dieu: toute harmonie n'a· mène-t-elle pas l lui? Mais UDe fradull'e à la maiu l'empêcha de continuer; personne ne se douta de la pri· vation qu'elle en éprou•vait, car Sœur Cru· citixa ne rprofanait pas la soulffranœ par la plainte. Alors on la nomma <infirmière; elle remercia de tout cœur pour ce poste qu'elle aimait. De longues années, eHe demeura auprès de~ malades, soignant et consolant; elle en assista beaucoup dans leur pénible agonie, recueil· lanf leurs dernières larmes, en y mêlant les siennes. Mais tout œla l'avait épuisée, car elle était d'we santé délicate.
Plus iard, elle fut chugée des fleurs pour l'église et le cimetière. -'Le jardin était assez grand; il y fleurissait des r-oses, des lys des œillets, des résédas, des héliotropes et 'mille arutres espèces de lfleurs. Elle tit ce travail avec joie encore, tant qu'elle en eut la foroe · mais on avait klü bientôt la remplacer. puis lors, elle aidait à •mettre la table ou à tricoter des bas pour les pauvres nombreux que le couvent entretenait; c'é tait tout ce qu ' elle pouvait faire, et encore bien lentement. tl a Sœur avait dans ses Gerniers jours une lourde épreuve; elle ne pouvait rester long· temps éveil!lée, elle qui avait eu tant d 'activité. •Elle s'endormait pendant la prière, au bréviaire et à la méditation. Elle pouvait à pel· ne aChever oo c Pater •, et généralement, à c notre pain quotidien • elle fermait les yeux. c •L 'esprit est prompt, mais la chair est fai· ble~, ,pensait-elle tristement. C'était le 25 rjuillet, jour de la iête de s. Jacques, patr-on de la communauté. On avatt l"'habitude. de célébrer cette solennité par une grand'messe chantée, et on ornait l'au1el des plus beaux <:anl.i~.latbres et des plus belles Ueurs. Il .faisait -u n temps lourd d'orage. ~ur Cruciiixa était agenouil1ée au milieu du chœur, le regard fixé sur l'autel. Elle ouvrit son livre pour suiv·r e la messe au son de la clochette; mais elle lut avec peine l'évangile du QOU!I'. Tout tournait autour delle; .ses pen· s&s lui édhappaient, elle se sentait lasse ~
De:
mourilr. Elle essaya de lutter, en regardan t le ia· blell'u du grandi saint François d' Assise. qu' elle avait toujours tant aimé. On le représen· lait dans les monts d'Averne, prêchant aux oiseaux; les mésanges et les pinsons se posaient Sllir ses épaules; les hiboux, les aigles, les faucons, les tourterelles se presseient à ses pieds. Mais !:image avait perdu sa puissance sllll" la IPlluvre Sœur Oucif.ixa. Elle essaya de prier s. Antoine, qui por• tait le doux &dant Jésus !dans les bras, mais en vain! Sa rete retomba sur sa poHrine, elle s'en· donnit. On chanrta le c Credo»; elle ne l'en-
138 tendit point, pas IPlrus que la cloahette de l'Elévatioo, pas ,pLus que l'" Agnus Dei •; mais elle eut un songe étrange. Elle était debout au pied d'une interminable échelle, un peu comme celle de Jacob. Au :haut se trotttait Notre-Seigneur, qui disait: • Venez à moi, vous tous qui soul!ïrez, et je vous soulagerai. " •Elle entendit cette voix du bien-aimé, et ~ou1ut monter un degré, mais elle en fu! incapable; elle essaya une seconde œois, mais en vaiu. Alors elle se laissa tomber eu pleurant et s'écria: --. Seigneur, 1e ne puis pas monter jusqu'à toi! Alors elle vit Jésus descendre degré par k:legré, les bras ouverts pour la ·recevoir, elle, la pauvre créature lasse et sans élllergie! Une force diYine l'enva.Jhit, une confiance d'enfant dans la miséricorde de Dieu, dacs son amour inépuisable. 1Et lui, le Œort et le doux, empo~ta amoureusement d'ms son éternité ·sa VIeille servante :fidèle. HBRBERT. ,
____________
La femme cervea-q . =
8 h. y2 du matin, ma messe à peine !otnie, l'employé s'avance: - Déjà cinq personnes. . . dont deux, très pressées. Quelques trop courtes m~nutes d'actions de grâces, et je prends moo thermos, ma serviette, mon courage, et [e monte à mon ba-
reau - Vous me permettez, n'est-ce pas, d"ava· 1er une pauvre tasse de thé? ... Surgit une petite dame, ailma:ble mais viillaigrée: - Cest ·que je .s uis très pressée· .. ie n'ai d'ailleurs qu'un mot à dire .... Ce que je le conna.ü:s, ce mot-là! - •Et alors? •.. - Je peux très bien vous expliquer la chose pendant que vous déjjeu:nez. - ..• !!' !
139 Je regarde les quatre autres patients . . ..
1l y a, m hra·ve vieux qui vient me demander cent sous . . . un de mes parois,siens qui m'ap. porte son denier du culte ... la mère d'un enfant <!.Ill catéchisme .... l.a cinquième est une peti!e de dix-huit ans, tête de la jeune fille « à la cruche cassée·» de Greuze; l'enfant est plongée !<flans un livre de mécanique; j'aperçois des graphiques impressionnants. 'Et Je contraste est étrange de cette petite tête d'oiseau penchée sur ces cosinus barbares.... Dieu setnnJle l'avoir tellement laite pou• autre chose! ~ '}'ai hu mon ·thé, l'estomac contracté par le Uux de paroles dont m'>inonde la .petite dame pressée qui me demande la lune. !Mes yeux regardoot la pendule. . . . 9 heures moins 5!. .. Elle n'avait qu'un mot à dire! Mon cerveau a déjà absorbé tout ce vide! :Les trois autres personnes passent assez rapidement. . . ,puis, la dawne fille. _ A la bonne heure, Mademoiselle, vous ne perdez pas votre temps! . .. ....., Jamais! . . . '}e • potassais,.. ma « trigo >, - Et cela vous intéresse beaucoup?.·. - C'est passionnant! . . . - Oh! n'exagérez pas!. . . - Je n'exa,gère pas . . . La jell!lle hlle mo· deme ne veut plus rêver. . . . Elle veut des preuves . . , l'ien que des preuves! .. . Je pré· pare ma licence ès sciences; c'est une joie wüque pour moi de sentk enfin Je terrain so· lide .s ous mes pieds. Tout ce qui ne se prouve pas me laisse froide. . . . Et toutes mes amies sont comme moi.. . !Précises, positives, pratiques . . . 2 et 2 font 4. Et 4 iont s... Délicieux!. ..
~ /Le temps de regarder a.u: loin, un instaul celte Eve nouvelle, et la conversation cooti·
nua.
;
- Vous parlez, Mademoiselle, absolument comme un nouveau riche .... - Je ne comprends pas? ..• - Alors, fie vais vous expliquer: Ceux qui sont nés $Ils un château et l'ont toUJjours
habité né sont 1jjas hypnotisés par lui ; . . . Mais le nouveau xiahe qui vient de se l'offrir est, comme ·Rabagas, toUJjours à le palper. - ']e ne vois pas encore? . . . - C'est curieux. . . vous faites pourtant de la trigo!. .. !L'homme s 'occupe de la -science depuis toUjjoun; aussi, il s'y comporte avec .un cerveau calme et posé. Il sa,it le prix de cette s·cience, mais aus,si sa vanité, son amerlume et sa possible banqueroute. Vous autres, jeunes filles, vous êtes arrivées d'hier dans cette science, alors elle vous éblouit, vous en parlez comme des néophytes, comme Ides , bleus •·
~ La petite Greuze pamt toute froissée. - Vous n'allez pas, je suppose, dire d-u mal de la science! .. . - Certes, non! . .. j'en ,pense même beaucoup de bien, «à condition qu'elle reste à sa place •. Mais, avouez. . . que de crimes on commet en son nom! 'Hier, les malades d'un hôpital signaient une pétition à cause des hurlements de pauvres ohiens que des savants, avant de les vivisecter, laissent mourir de faim pour voir s'ils dureront aussi longtemps qtte le. maire de Cork .... Un inlime défailli' ..• - EviJdlemment! Gest au nom de la science que, depulis Uill siècle, on fait à la religion ane guerre au couteau1o . .. La petite Greuze se dres·sa sur .ses ergots: - Oui, mais les résultats! .. . - tL esquels?... [..ft religion est-elle morte? . . . .!J..a guerre est-elle devenue plus humaine? Y a-t-il moins d'apaches? Sommesnous plus heureux? ... Vit-on plus longtemps? . . . Un ijoli village devient-il plus beau et pluS' moral quand ~une usine se dresse sur ses prairies? ... Je fréquente de talea:t!ueux médecins, et 1e sa.!Ïs ce qu'ils' me disent dans l'in· limité du progrès de la médecine ... .
~ Comme elle n'avait que dix-huit ans, et q:ue je. ne voulaiS! prus la laisser partir sur une mauvaise impression, de me fis paternel: - 'J e ne nie pas les tllifficultés de l'heure
présente, mais lie pu~s les déplorer aussi. Pour vous, en particulier, ma chère enfant, la scien:· ce vraiment vous favorise-t-elle?·. . . A·ugmen· te-t-elle cette poésie ... ce que je ne sais quoi de ld!Win que l'homme aime à trouver dan-s la femme? .. . . . . Votre !intérieur sera-t-il mieux tenu? . . . votre cuisine mieux bite,. parce que vous serez licenciée ès sciences? .. . - Oh! ma cuisine! . . . - Votre pot-au-feu mieux choisi? . .. -'Mon pot-au-feu! ... - Vos enfants . .. . - Mes enfants!. . . Si vous vous imaginer que j'aurai le temps d'élever des mioches! ...
~ - :Mais alors cette réponse seule vous j>uge! CaT si' ,j e ne me trompe, la "femme est femme surtout poll!r avoir des enfants·. . . . Toute doctrine qui arrache la Œemme ~ ce devoir est antisociale. 1L es hommes, tous les hommes, à la rigueur, peuvent Œaire de la trigonométrie; mais, j~Wsqu'à. présent, aucun ne peut mettre des enfants au monde . ... pei donc vous 11'egarde, d'abord et avant tout . . . . Tenez! .. . dans le fournal de ce matin, voici une ittterview d'Hindooburg. . . Je vous lis le passage: oc Oui, la !france a gagné la guerre, grâce » à. des alliés qu'elle n'aura pas toujours. Et • maintenant elle a peur; car elle sait bien q.ue • la, failblesse de sa nataliié la remettra demain • devant un péril plus grand que celui d hier. • 1Et c'est pourquoi, bien que victorieuse, elle • vit, plus que l'Allemagne, dans la crainté • et le tremblement. " . . . Et puis, ma chère enfant, laissez-moi ajouter ceci: l'homme - et la femme encore bien! moins - ne vit pas avec ~on se•u l cerveau. Ül1l vit aussi, et surtout, par son cœur; et les grandes pensées viennent de lui. .. . Quand ,Yétais au Séminaire, je m 'é tais fait un « vade-mecum " de discussions: • Si l'on m'attaque sur tel point: voici ma réponse. . . . Sur tel autre: voici la réponse ... • ,......., Je comprends celai -Vous comprenez cela? . . . Eh bien! Ma· demoiselle, .ce « vade-mecum • ne m'a damaia
14-i servi! Je crois avoir aU:jourdl.hui U!lle foi plus grande encore que celle de ma jeunesse, et j.'essaie de la communiquer aux autres, :mais par des motifs tirés de la personne humaine totale, et non de son seul cerveau. . . . Vous verrez quand vous ~urez; un peu vécu! ... Cerveau contre cerveau, c'est à jamais la bataille. . . . On dlerche le dernier mot, et c'est ioui. le cœur seul persuade Je cœur; et c'est une vérité que voUJS, 4eunes filles ... vous, poésie, vous, printemps, vous devriez comprendre plus· que les a~s. - Nous avons .changé tout cela! - Hélas! ...
~ Nous nous regardâmes tous les deux. - Mais, au fait, rMademoiselle, pourquoû étiez-.v ous don<: venue me voir de si bon ma-
tin? •.• - Oh! ie oe sais plus! ... avec toutes vos théories ...• . . . qui ne sont nullement les miennes. - ... Vous m'avez troublée .... - Vous ne pouviez pas me dire quelque chose qui me fasse plus plaisir! .. . Un moment, je crus voir presque quelques larmes qui alors n'auraient pas été mathématiques .•... Et il me sembla .qu'elle •r amassait sa c tri· go » et sa c mécano » avec des doigts moms absolument fervents que tout à l'heure. Qui sait! ... peut-être n'ai-je pas tout à fait perdu ·ma matinée?· .. PWN'e l'l!lrmilte.
Il y a cent ans ...( Il y a juste cent ans, c'était en 1821, un jngénietlir valaisan. Jgnace Venetz, ;présentait à la Société helvétique des sciences naturelles, réunie ~ Berne, un mémoi·re sur les variations de J1a température dans les Alpes, mémoire dans lequel il s'essayait à démontrer .que les glaciers alpÎills avaient été jadis considérablement plus grands que de nos jours, qu'ils avaient tnême débor'dlé rjusqu·aUI Plateau. et a,u
Jura et qu'ainsi se pc)uvait elq)Üquer l'éparpillement sur le .sol de notre patrie des blocs dits erratiques, tels que les ·Pierres du Niton qui ibr·isent le mi·roir de la: Rade de Genève, ou Jes énormes blocs de granit ci et là dressés sur Je Salève, ou encore la gracieuse Pier. re des rMarmetteso qui domine la cité de Mon. they, ou encore les blocs nombreux qu.i forment l'arrière-plan du Prélet de Valère. Cette idée d'avant-garde dépassait de beau· coup Jes opinions courantes ide l'époque, cependarnt point reculée, aussi ne rut-elle pas comprise. Venetz ne se rebuta pas. En 1829, il revint à la charge,. toujours devant la Société helvétique, réunie cette année-Il au Grand-SaintBernard. JI ex.posa à un auditoire des moins convaincus la théorie qui lui était chère, à savoir qu'au pléislocène, au début de notre èn géologique, qui est la quaternaire, à l'aube de l'humanité, de formida-bles avancées de gJaciers avaient envahi toute la Suisse. Ce que les grands premiers rôles . de la Science en œ commencement du XIXe siè· de, ne voulaient pas compren:l:re, de simples montagnjlrds en revan(.'he 001 avaient l'inlui· tioo. Un paysan de Bagnes, Jean-Pierre Per· raurdin, ,p arcourant les superoes vallées de son canton, interrogeant la nature de toute son âme, neuve et droite, avait de son côté entrevu la grandiose yériié scientifique. Un jour de 1815 d~fll., il eut l'occa·s ioo d'exposer ses vues à un excursioniste de passage, un géo· logue de profession, Jean de Charpentier, qui venait tout récemment d être nommé directeur des Salines de Bex. L'an dernier, on a fêté sa mémoire en transportant sur la place de Bex, la pierre tombale fa.ife d'un bloc erratique qui jusqu'alors recouvrait ses cendres dans le ci· metière de la petite cité vaudoise. De Charpentier dédaigna tout d 'abord les idées de PerraJudin; elles lu.i parurent idiotes et dignes de pitié, de pauvres hypothèses ém.ises par 1lŒl pauvre cerveau d'illeHré! M'a1s void que trois ans plus tard, il entre en relation avec Venetz, qui lui conte la même his· toire. Outré, il se met alors à l'œuvre pour dl!montrer la fausseté rl'e ces. allégations. Il
wcourt sans relâche monts et glaciers, plateaUX et vallées, il compare, il étudie, il se docUJlletlte. • • et peu à ;peu, le doute l'ébranle et enfin la vérité l'illumine, il est converti à son tour. Lui aurssi, il écrit un mémoire sur la question et se rend à ·Lucerne pour le lire. C'était en 1834. Tout en allant à 'Lucerne, de Charpentier descendarit la vallée .du Hasli. En ce>urs de route, il .r encontre un bûcheron du pays, il entre en conversation avec ce fils de !Oberland et celrui-ci, comme Perraudin, at!rihu.ait aux glaciers• le transport des blocs erratiques. rLa vérité, décidément, sortait à pleins :bords, du .cerveau des humbles. 'La comérence de Charpentier eut un retetl· tissement considérable et dès lors l'idée était rn marclte, car le géologue de Bex, et c'est ~à son grand mérite, trouva la manière de faire rayonner sa théorie et de rrimposer. •P our bien saisir la !Jardiesse de cette idée, il est nécessaire de savoir œ que pensaient ~s savants aUJ début du XIXe siècle sur l'origine des blocs erratiques et sur les [orees qui avaient bien pu les transporter. Notre illustre géologue genevois, HoraceBént9dlict de Saussure, qui· cependant avait lludié avec sagacité les glaciers, le\lil's mou· vements et leurs monines, imaginait à ce propos que lors du .soulèvement des Alpes, l'Océan en fureur s'était déversé en déluge, avait brisé les rochers el en avait ·répandu au loin lts débris. !léopold de Buch, reprenant Fhy;pothèse, calcula qu'elie avait dfi être 1a force du cou· rant capable de transporter les blocs jusque illT le Jura, et le plus curieux c'est qu'iJ ob· tie.nt un résultat: ce courant avait eu une vi'esse de 19,460 .pieds (6500 m. env.) par seronde! Quand l'es.prit humain s'égare, il janrie même avec les impossibilités et les absurdités! Un autre géologue, Konrad! Escher, de Zurich, expliqu,a it la dispersion des blocs erratiques par la r.upture d 'un immense lac va· laisan, retenu par rune digue gigantesque qui auraiÎ1 relié la Dent de Mordes à la Dent· du .~idi.
D'autres, tels que James Hall, se repré-
sen!aient la débâcle des ea·ux comme due à Ja ~usion subite d'énormes accumulatioos de neiges, fusioo causée ;par le- dégagement de gaz souterrains-. Mais revenons à Jean de Charpentier. Sa conférence fai te, il développe sa théorie, ac· cumule de notweaux dooun1enls et, en 1841, il publie un très remarquable ouvrage, iL~Ü tulê: • Essais sur Jes glaciers et sur les terrains erntilqu.es dru bassin du Rhône. • rt es conhrad:icteurs ne manquèrent pas, car la vérité a toUijours ibeaucoup de peine à se frayer un .chemin, et l'ulll ides plus acharnés iut 1Louis Agassiz, un Neuchâtelois. Faisant sienne une opiuion émise en 1837 par Schi:mper, il imagine que les blocs erratiques avaient glissé des Alpes jusqu'au Jrua sur un pan in cliné de glace. Le pauvre entêté eu fut pour ses :frais et de Charpentier n'eut pas de peine à faire basculer ce plan incliné et à l'envoyer dans la boîte aux idées saugrenues. La théorie des grandes glaciations quaternaires était désormais solidement établie. Q ue la Suisse ait été, il n'y a pas bien longtemps, recouverte entièrement de glaces atteignant jusqu'là plus de mi.lle mètres d'épaisseur et d'·o ù seules émergeaient les hautes cimes, voil.à qui frappe l'imagination de stupeur. Et de Charpentier l·ui-même en ressentait comme une angoisse: • Quoique je n'aie ·jamais pu croire au transport des débris erratiques par le moyen de l'eau, néanmoins• l'éconnité du volume des glaciers diluviens a été pour moi, pen' dant longtemps, la principaJe cause qui m'empêchait d'admettre leur ancienne existence. Et telle est la .puissance de l'habitude, qu'à rheu· re qu' il est, lorsque ue me h·ouve sur quelque éminence du Jura, d'où la vue embrasse une grande étendue de la plaine, j"éprouve encore involontairement une sorte rle répugnance, une certaine diHkulté à me faire à l' idée de ces énormes glaciers. Il me semble impossible que cette vaste contrée si belle, si riChe, .si variée, si animée, ait été autrefois ensevelie sous les glaces, et que son <Sol, au:jourd.hui si prodttctif, n'ait été gad is qtt'un lit de glaciers, congelé et stérile. » :Des pléiades de géolog;ues ont depuis lors
142 ,nuJtipiié leurs reoberches et approfoodi l'é~de du phénomène glaciaire. On sait maintenant qu'à quaire reprises, les glaciers ont progressé puis rétrogradé, que la plus importante de ces glaciations, la Wiirmienne, a été l'avant-dernière et qu'alors les glaces, chassant klevanl elles toute vie, sont allées déverser leurs c'hargements de cailloux jusqu'audela du }ura, jrusqut'a 'Lyon et jusqu'au sud de Grenoble. 1Et tandis que ces glaces würmiennes recu• laient, des hommes de la préhistoire, des tailleurs de silex vinrent s'établir sur les frontières de ~a glace, dans des grottes, à Cosencller entr'autres dans le canton de Neuchâtel, où L'on retrouve les débris de leur cu.iSJine et de leur industrie primitive. Maurice BOUBIBR.
Bienfaits de la gymnastique Une nation n'est réellement forte que si les individus qui la composent sont sains et vigoureux, •s 'accordant entre eux pour diriger leurs ,pensées, leur énergie et leur activité vers le lbien, chacun se préoccupant de son hygiène, de son periectionnement p hy;sique ei moral, convaincu du !bénéfice, de rJ.ntérêt qu'il peut en tirer tPOUr lui-.mêrne et pour ses descendants; car toutes les ~ératjons qui se succèdent dans un ,pays sont ·so'iidaires les ·IIUes des autres. ll.a force physique, Wlie à la {oree morale, exerce s.ur les destinées humaines une act.ion considérable. le principe même de la vie pour perfectionner l'homme, est le mouvement. ·L~omme bien équilibré peut, dans tous les actes de sa vie, do!lller un e'ffort plus grand. Il jouit gé-nér·alement d '.une vie plus calme, i·l aime au même degré le trava.~l , la réCréation saine, et sa tâche terminée, il 1'rouve facilement le- repos dans le sommeil réparateur. VEdlucation physi•que, dont l'utilité est hlcontestable, s'impose à tous. EHe doit pénétrer dans• Jes mœun, dans les habitudes quo-
tidiennes, comme •une nécessité ahsohie, ~m
'me le boire, et le manger, car elle assure la santé et la stabilité morale. >P our se rendre compte des bienfaits des exercices cor,p orels régul-iers, i l ·suffit de voir l'état physique de œux qui les méprisent èl toutes qes maladies dont, par leur fa.ute, iÎs se laissent assaillir. Dans mon ardeur à plaider, je ne vais pas jusqu·~ dire que la séden. tarifé soit la cause de tous :les 'ma·ux, ni qu' elle soit la seule cause possible de tous les ma.ux :qu'on: peut généralement Jmputer à raison. n'Y a aussi pour Jes habitants des villes· l'alimentation trop r.iche, l'abus de l'alcool eÏ du tabac, l'air confiné, les miasmes UI'bains les poussières, ija saleté, l'hérédité, toutes cau: ses morbides d'importance; mais à eôté d'et. les la sédenlaûté noue presque toujours aussi soo rôle néfaste, rôle primordial parfois, rôle secon4aire plus souvent, ma·is nuilement né· gligealble. Je suis loin de préte~e, comme •l'ont soutenll les sportsmen, plus conv>~~.incus que judicieux, que toute neurasthénie est guérissable par J'entraînement physique. Il :reste pour· tant vrai qu'un bon état phys·ique, qu'un bon fanct.ïonnement des organes internes, que de se sentir v.igoureux, ·souple, déluré, adroit, bien dans sa peau, donnent le .sentimen·t de la joie de V'ivre, portent l'esprit à la bienveil· la>nce, entretiennent la bonne humeur et con· tr~buent à metire le cerveau dans des dispositions favorables à uue activité !féconde. Je dois dire encore ceci qui est d'impor· lance: Un organisme ent:raîné, est dans Ùn état de développement plus apte â exécuter l'exercice ou les exercices par lesquels âl s·est entraîné, mais il est plus apte ~ la vie en gé· néral; ~a vie qui brille en nous et que nous devons continuellement défendre, minute par minute, .c ootre les causes de mo11t qui nous assaillent sans arrêt: poisons et microbes, pla·ies et bosses, froidure et ohaleur, etc. Or, qui dit homme entraîné, dit homme plus vivant, j!Uieux vivant; arant plus de <Jhan· ces qu'un autre de résister aux causes mor· bides; lancé dans le combat de 'la vie avec de meilleures arunes qu'un autre. Il semble qu'u·
143
ne teUe oo.n:sidération ne devrait laisser gersoJtlle indiflférent à l'entraînement physique. ·L'homme ne meurt pas, 1L se tue, a-l-011 doit. 'I l se tue de vingt manières différentes: Jes passions, les soucis, iles toxiques, le surmenage, la lllégligence qui laisse s'atrophier les muscles et le reste dans l'.i.nadion p hysi·
que. tPar conséquent, pour conserver la santé el vivre longtemps, tuyez les pa-ssions, évitez les soucis, restez modérés même dans le travail et... pratiquez la gymn.astique d'entrelien avec constance et régularité. Le corps, pas .plus que J'esprit, ne se fornte sans une culture intense, WJ entraînement régulieJ·. On ome les corps comme on orne les esprits, selon des méthodes •rigoureuses. Ces méthodes ont pour base le « culte de la volonté», culte trop ignoré de cos }ours et dont l'abandon a fait naître .Jes affections dan· gereuses que vous connaissez. Les exercices gymnastiques ei athlétiques exécutés méthodiquement et surveillés avec la plus ·g rande attentioo, ne peuvent que donner d'excellents résultats. tEn suivant des indications precieuses, notts obtiendrons la maîtrise complète de nous-même, qualité supérieure entre toutes. 'Domliner son corps, ·ne pas être esclave de ses sensations et de ses caprices, vaincre ses appréhensions et sa paresse, agir quand et comme on veut, c'est à coup sûr élargir son cltamp d'activité et diminuer la part du ilasard dans la V!Îe. S'habituer à coJ?· mander à son corps, c'est s'élever moralemeat en muselant ce qu'il y a d 'animal en nou,s et en le tenant en mains pour qu'il ne nous éthappe plus. 'E. HARTMANN.
......
Impôts bizarres et saugrenus = !L'idée de mettre un impôt sur les pianos à Paris, ayant, comme ohacun sait, .soulevé la réprobation de l'opinion publique, il s'est agi de trouver une taxe de remplace1mttt.
Nos dénicheurs d 'impôts se sont mis !Jesprit à la torture; et ils viennent d~imaginer quelque chose de très bien. Ou anoonœ l'impôt sur les ascooseurs el sur les tapis d 'escalier. Ce sont lrl, n'est-il pas vrai, des signes de richesse .... Taxoos donc, taxons sans remords l'ascenseur et le tapis dans l'escalier! On sait quelle est généraJement la préoccupation des gouvernements quand ils .créeint des taxes noUJVelles? C'est que ces taxes n'at!eignent ou semblent n'atteindre que la classe riche de la populatioo. C'est là, d'a,ilJeurs, u,ne illusion et souvent, hélas! une hypocrisie, car quel est l'homme d~Etat assez naH pou>f ignorer que finalement c'est l'ouvrier, c'est le travaiUeur, c'est le pe!it qui su:bit la répercussion des impôts dont on n'a pas voulu ~Iapper le gros. Nous avons comme cela des tas d'impôts somptuaires qui ne datent pas d 'aujourd'hui, et nou,s constatoos, en considérant leur hisloire, que les monarchies avaient déjà cette petite tendance démagogique .q ui coosiste à justiiier l'impôt en persuadant ·a u peuple que ce n'est iamais lui qui est vJsé. Poor oe citer qu'un exemple, prenons la taxe des voitures: elle date de >1 705. Mais en ce temps-là, Par>is ·n'avait ·que quelques Cintaines de carosses. Quelle misérable somme pouvait-elle fournir à l'Etat en comparaison des 20 millions que lui vaut aujourd'hui l'impôt sur les voitures, les autos et les chevaux! •M'ais combien d'impôts singuliers furerlt encore i>n'Ventés! Imaginez qu'en 1691 le gou· vemement royal français s'avi-sa de taxer les chapeaux! Que tirent les c<>nf!libuables? Ils renoncèrent ·à leur couvre-{:!hef. Il est vrai qu'on portait alors de 'hautes et vastes per~uques, qui ·r endaient le chapeau superflu. Mais le dernier mot reste touljours au fisc. .fu 1708, les per!l"uques elles-mêmes furen t imposées. Aucune perruque ce pouvait sortir d'.e chez le per.PUquier si. elle ne portait à l'intérieur un caohet attestant 'q ue la taxe, variant suivant la valeur de l'objet, avait bien été payée,
144 •f n cette année 1708, le gouvernement, aux abois, semble avoir eu, au point de vue le l'impôt, de bien singulières initiatives. Entre autres taxes étranges, c'esl cette année-1ft que fu.~ établi celle qui 1rappait les cérémonies de mariage et de baptême. Un financier, psychologue assUirément, s'était dil que ces iours-Ià les ma·riés et leurs parents, les :pères et ,Jes mères des nouveaux-nés devaient être plus lfaoile:ment ~éreux qu'en autre temps. Pou•rquoi ne pas exploiter ceMe générosité au prclit de l'Etat? La taxe fut créée. L'effet en ·fut déplorable. Il advint ceci: Les bonnes gens renoncèrent à porter leurs mioches à l'église et se cooteutèl-ent de les ondoyer aw logis. Quant aux mariages, le nombre en diminua sUobitement dans Ides proportions considérables. ·Les fiancés, avec Fagrément de leurs parents, se -mariaient par consentement réciproque. L'Etat, en imposant till droit stir les mariages, avait tout simplement {avorisé I'Uillion lihre. C'éta·ii d'une belle moralité, comme vous voyez. . ·Le XiWJJe siècle a eu l'imagination lerlile en matière d'impôts. Le gou.vernement du Régent, puis celu.i de Louis XV {m·ent impitoyables pour les petites dames élégantes: on taxa leurs parfums, oo taxa ,de deux sols par livre la poudre d'amidon dont elles se couvratetït les cheveux. On les atteignit dans leur gourmandise noo moins que dans leur coquetterie. Un impôt fut mis sur la glace considérée comme obljet de luxe. Dili eoup, les sorbets renohéri.rent coosid~lement. Et les • caillettes" qtû eU: !aisaiect tme énorme consommation, en furent indignées. Mais dans les siecles précédents ou lrouve aussi nombre d in~tiatives plu\ôt bizarres en 'Jnatfere de contribution. C'est ains·i qu'en 1552 on mit sur les clochers ·u ne contribu·!ion que devaient payer les commlllles et les communaulés qui voula ient s'offrir Je luxe d'orner d'une tour leur chapelle. 'En 1582, le ~ait d'avoill' du linge de maison était eonsidéré comme Wl excès somptuaire digne d'affirer les rig.ueurs du fi~.
--Supplément du JVo 8 de ,l' &cole''
(19~1)
-· - - Les draps de lit fu!!"ent taxés rt un sol la paire. !La ·f rance, au surplus, n'ewt pas le mo. les sommets, c:ar :pour .elle tout .est monopole des i·mpôts somptuaires les plus étra11• ven de sanctificatio-n. El1e aime Dieu, ges ou des taxes les plus inattendues. et tout, p.a r cor.JSêquent, tourne à son bien. On sait qu'après sa défaite de Poltava Je roi Charles X!LI de Suède créa plus d'un im. N'est~ce ·pas charmant ceU.e coïndCe rfu:r.ent, à l'!a,urore de sa vie, de pôt 'biza·rre. C'est ainsi qu'il !axa tous ceux denee .qui fait que la chère 'Petit-e Sœur g•randes ·et douces joies, pui·s « les an. qui portaient des hahits dans la confe~tion de Lisieux est dédarée Vénérable en loa nées enroleillées <le son enb nœ passèrdesquels il entrait de la soie. Il mit m~llle veilJ.e de l'Assomption, de cette fête qui rent tr.aiJ)rdement, lia issant d.ans •son âme un impôt sur les cheminées. gJ()Iriifie la Vierge Marie, dont elle fut uœ douce et suave empreinte ». Quan d Mais l'impôt le plus sillgulier qui ait ja. ~oujowrs l'en:vant de !p·rédilecUon? vin't la ·dou.Ieur, quan-d S!a mèr-e mooou.t, mais été imaginé est certainement celui que •Sœtl!r T·hiérèse ·de l'Enfunt-jésus, chè- qUiand l<a oouffranœ la visita, elle dis· le tsar •P ierre le Grand mit sur le port de la re Vrérrer.o~lble, .que ·de dboses sont •glotr.i- ting·u a si bien det'lfière l'~euve la vo· baroe. Un seig1neu1' payait 100 r oubles et un fiées en v10us! ViO'!Jis êtes la fleur de la lonilé de üieu ·qu'elle ne .put qLœ l'aibourgeois 60 pour avoir le droit de porter famille ohretienne, lp-ieus•e, dont les chefs mer. J.a~~ais, elle _ne perdi·t sa pai~ ~t du po~l au mentoo. n'eu!fent jamais ·que la g;loire <Je Dieu ·. elle savait .qu, au ci•el seulement « J.a JOie Nous n'en finirions pas s 'il falla it énumé- pou'r but; car c'est cette gloire que re· sera sans melang-e» . . rer tous les impôts saugrenus qui ·furent ou che11dhait 'VIO'tJre père q·UJand il voulait pe ·bonne heure, ell~ a com!pirlS, ·qye proposés ou a.ppli.qués dans le passé. Mais cmbt~a:sser la vie •œHgi•eu•se; ·c'est l~a gloi« 1a~no~r de Not~t;:..tSe igneur ·se ~evele le présent n'est pas exempt de ces initiatives re de Dieu •que cheflChait votre mère au~si bt~n. dans l_am: la plu,~ ~ŒilliPle swgulières. Témoin cette miritique idée de qUian'd elle VQUla~t iir.apper à la p-orie J1 QUI n~ ,~stst~ en 1rten ~ ~ :gt~~es .que taxer les tapis des escaliers. des Sœurrs de S Vmcent de ,p;aul et .c'est dans 1 ame la JPlus sublime. Elle est Que croyez-vous qu'•il en adviendra? ... Ma elllcor.e .pour la ·gl•oiœ ·de 'Dieu tous. hurm'ble; .el~e ·reconnaît que .lfi.en n'est ca. foi, c'est bien simple: on SUippÔmera les 1ta· deu.x r-en10ncèren't à leurs saints 1pr.ojet•s pable ?'athrer en _elle les dlVln~ ~ep:<tir,ds pis d'escalier et le fisc n'en touchera pas un quand des voix aurorisées leutr eul!ent du Setgn~llif, mais ·q~e sa mrSèr1corde sou de plus. Il est vrai qu'il lui .restera la dit que œ n'ét.ai·t pa18 là que Dieu les l'a ~iblee •de -ses ~1~ns; :eHe ~'e~ reressource de taxer les escaliers eux-mêmes. voulait. Tou:s deu:x étaient destinés patr m~rne, et el'le ne 'l'leStste ]a-maLs a .la La mor.ale de ce.ci, ~ons la trouvons dans la 'P>r·ovidence .à .donner des- enfants à ,g'oJ'éi'O~,. s'eJff.orçant s·a.ns ·C~ss.e de fatlfc wte pMole, pleine de justesse et de bon sens, l'Eglise, ·des 'Saints au Ciel. f·mctJfter tou:t œ ·que le 'Setg>Jleu:r mcl de de Mirabeau le père, celu,î qui s 'é tait décer· A8 Il .t t:J!.. oon en elle. .ans, e e vou1at c;w·e reçue comLa souffmnœ la visite !Par. La• mo11t né le beau, titre d' • Ami des hommes •· des si·e.ns, par de •l1!omlbreu.ses épreuves, • L'i.rmpôt excessif, disait Mirabeau, prcr mc 1positu~~~~ au Ca•limel; ~l~·s ·tard, .Leon XHI de 1y latsser en~ Q)a'J' des t-entatio!lls, mais elle .a:ocu,eill e duit StliT la matière ,imposée le même effel elle ~UP!phe 1 roui œla a:v-ec le m:ême sou:rk e oél·este, que l'épervier sur la basse-cour, il la met en lrm' a ~ 5 ~ns, ~~ œ g;l1anld~ bonŒt-eur lm fut enftD: aOOQtr~e, le 9 ~vnl 1~8-8.. av-ec ~a même reoonnaissanœ, se reg.arfuite." Nos faiseu•r s d'impôts feraient bien de mé· , Cette Jeune vierge .qut, sur 1 afifrnma- dant C()mme 'le petit jouet de l'Enrfantne tdetnJalfl'cl!ant qu'à Lui plaire; diter sur œtie image et de se persuader de !ton ~oloonell~ d~ •son •CO'Il':liesseUif, .. n',~ .Jésus 1ama!s off~~ Dteu mortellement, etait si ç'es·t lJ)'a·r ses joies, tant mieux, mais sa vérité. Ernest LAUT.
La vénérable Sœur Thérèse de l'Enfant-Jésus
q.ll!e
et
une ame d iéhte, toute doUJCeur et f-orce. !Pia!f 'Plu~ d'.u:n poi~t, elle .:r.appell~ S. j: Eru:IUil'cissez votre enfant à la sueur el F.ranç~ot·s d Asstse: meme natvebe, meme au froid, au vent, au soleil et awc hasa:rdi si1111pli'Ci're, même passion pou:r la na tuqu'ii Jui faut mépriser; ôiez-lui toute mol· n; q~i l'aide à ~ont~r V611S Dieu. •Elle lesse et délicatesse au vêtir et au COll<iher, ad atm.att « les loJ.Ill'rarn.s, l'esP'.ace, les manger et au boixe. Montaigne. . g-r:and~ arlb['>es; en ·un mot, toute la belt Tu gémis de tes malheurs! Si tu consr le natUire la !lavisSiait et tr·an8/Pofitait oon dérais 1oot ce que soufirent les autres, tu te âme dans •les cieux ». plaindrais plus doucement. Chilon. Tout lui JSrert d'échelons. :p<>Uir grnavi-r
si c'est pa•r ses lwmes •t.ant mieux encore, et toujowrs en _.av~nt pour le ciel : ·en .avant pou'r le SetgŒeur et .da·ns son am10ur! ' Elle servi.t 'Dieu avec •paix et joi{'; elle suivit !S'a !Petit-e ViOie d'albandon et de simplbfé dians la' fidélité la· 1plus s.cliwpuleuse à ses dewirs d'état et c'est ce qui noo$ la r-enld si chère. ~EUe est bien td'es n'ôtres; elle a OOMU· not:re