L'Ecole primaire, octobre 1921 annexe no 08

Page 1

4:2

C'est rsurtout lorsqu'il s'agit ,d'appJ.iécier les dli~posttiorrs des efli'fants visà-vis de l'autorité, qu'une erreur de perspective peut être désastreuse. En les j·urgea:nt d'aprèS! leurrs actes et Id' arPrrès 1eurrs ipa'Poles, nouSI c11oY1ons. ètre obj:ecti'fs, •a'lor11S qu'en trléaJlité tl!O'UJS y mrêlons une foule d'éléments . subjectifs; ·nrous iia.ISions inoonsdemment une subs· tif!utilon die nou:s-mêmes ,amx eniialllts. •PélJI1Ce que nous..1miêmes, n!ous expdmeri-ons une .ceri'aine disrposition tP·ar telle ipélll'01·e lOU i:.el -aote, •rJIOUISI ISUrpi1JrO'Si.'mSI q.ue cet ade et œ tte <paTole chez l'·en.fant oot l•a même !Slignificatrofli: il n'en est !Tien. Suor ce rpoirn, elle est très su:g~gestive la rpa·ge de l'Emile, où Rous·seau 'fait Œ1essortk œs ·err:eurrs de jug•erments: ,auxlquels. noUJs eX'posent l·es paroles: et iles !31des .de l'enfant: «·Le ·chroses. qu~ d'it u.rt eniial!lt ne sont tJ)as ,pour 'lui oe qu'elles sont i]JOUI1 rlllou·s.; il n'y joint rpas' les mêmes .idées. •Les idées, si tant est qu'il en ·ait, n~ont 'dianrs sa ~ête 'ni suite, ni liai~ so•n; lf.i-en de fixe, 'fien d'<llsisurr;é dla.ns tout œ qu'il rpense. iUil! instant :vours dirr.i:ez: !C'est un génie! et l'inst<~~nt ~d'a­ l):>rès: dest uil.li :sot! 'VIO'UJS 'VIOurSI trlo!I1lp'efi.ez ~ou~rour11S: c'est un enifant! » 1En if~gle gléntêrale, Ies enfants nê s!orrt ni ,aUissri mléoh1ainrll& ni aussi ma:l intenHoil!nrés ·qu'ils tp31TaiSISent. 'Il est de l·eur à~e d'èwe pri1omiPfsr 'à .céder à l'entraînrernent .et de iSUibir !fadement l'influence 'd'un ·C~mla'1.1ade -caba'leurr, mais c'est ~à .de la· fatibrlesse pl'l]tôt 'que de la méchlanceté. 1{1 est de l'eUII1 âg:e ,d'·êbœ 'estPiègles, de jouer mille toms .poUir ifJeu .que la faiiblestsre et ·La malaidœsse 'de lell'r~ maî:lœes les y encoumgetnt; ils sembLent même léprorurver une j10ie 'crueltle de l'imIPUisSiaDJce 'et de P.em!ba!l1na:s rde ·ceux-ci: « œt .â·g:e esrt: :s ans pi;tié ». Gest .vrai, mais :pouŒ1qUJoi est-il sans .pitié? pa11ce qu'il est incapable, faute de réflexion, rde OOOl!PrOO~e la peine rprrdfionde que l'espiègl·erie a:>eut rcausex là •son maître..

43

Il esir de lell!T· âge de se montrer Ïlrreflédhis et entêtés et d'arr.iver, ,pour peu •qu'ilsrsloient 1pourssés à bout, à l'eXJtreme 'o'bstinaüon Ici à 1'eX'hrême insolence, par. œ 1qu'ilsr sont incéllpa!Mes 'd e mesmer les .oons~quenoes de leurs ractes et de se 'rendl;e ooffi[Jite des extrr:émitês .auxqurel!les lelllrs fa.u~es peuvent raoouler leull's parents oUJ leurs ma1.Wes. 'Il est ·de Leur àge d'êtœ prompts à s'emporter, mais de revenir fac.ilement de leurs emportements. l'ls oubl~ent facilement la peine qu'ils ont fatte aux autres, parce que sans doute ils n'ont pas ,senti vraiment que leur conduite faisait de la peine; aussi, leur tenir riaueur 'd'un oubli de ce genre - non ;as momentanément, car enfin, il faut bien qu'ils s'aperçoivent qu'ils ont manqué - mais d'une fa,çon persistante, ce serait encore traiter l'enfant en homme, qui s'est rendu compte, par !e menu, de l'importance et des consequence~ de ses actes. ;

(L.a (i11~ wu p!·ochain numéro.)

La beauté à l'école Tous les efforts de la pédagogie moderne tendent à réaliser une école où l'enfant puisse se dév·elopper nor~a­ lement, s'épanouir librement et plemement. Une des conditions de cet épanouissement, c'est la beauté, ou, si l'on préfère, l'harmonie. L'enfant possède, plus ou moins précis, plus ou moins conscient, le désir du beau. Une salle sombre, des murs tristes, un mobilier usé lui causent une sorte d'effroi; dans son imagination sans cesse en éveil, ces objets grimacent, le provoquent. Un air maussade, irrité ou simplement indifférent le glace. Pour l'éclosion de sa petite âme, il faut ·du soleil, de la lumière, des horizons riants, des sourires, des paroJes douces; de~s actions bonnes. Oh! sans

doute, tout cela il le sent vaguement, confusément et pourtant il en a besoin pour vivre. S'il mène une pauvre existence dans un intérieur sordide, ses inventions suppléent à la réalité, son imagination transforme en merveilles les choses les plus ordinaires de la vie,. il aime savourer ses rêves pleins d'enchantements. C'est donc tin devoir de l'école de se rendre attrayante et belle. Que Fenfant éprouve non de l'effroi mais du plaisir à pénétrer dans un bâtiment clair, aux couleurs gaies qui charment l'œil, avec un vaste préau où il s'ébrouera à l'heure de la récréation, avec aussi, un jardin fleuri, ·car l'enfant aime naturellement les fleurs; oui, il faudrait un jardin pour les écoliers: la grande cour nue et les façades monotones leur don'nent par avance l'idée qu'à l'école on doit s'ennuyer et être malheureux. .'ft puis, la salle où l'écolier passe une bonne partie de ses journées pendant sept ou huit ans! Là encore des objets rébarbatifs: des cartes de géographie, des tableaux de poids et mesures recouvrent souvent la presque totalité des murs, ou bien ce sont des quantités d'images didactiques défraî,chies, jaunies, ternes, ennuyeuses. Oh! f!UÎ dira la nostalgie des écoliers confinés dans une salle humide, privée de soleil où tout est commun., vieux, sans couleur, avec pour horizon les façades tristes des maisons d'en face! Au contraire, quel souvenir lumineux 'laissera une salle ensoleillée et spacieuse, bien meublée et heureusement ornée; oui, un souvenir lumineux en dépit peutêtre des devoirs pénibles. 'L'ornement d'une classe est chose très importante. Je crois qu'il est bon de réduire au strict minimum cartes géographiques et tableaux d'enseignement accmchés aux murs. Qu'on, roule les premières, qu'on serre les seconds dans une annoire pour les en sortir au

besoin. Ils sont indispensables pour l'enseignement, mais ne constituent pas un élément de beauté dans la décoration d'une chambre et il n'importe pas, par conséquent, que l'enfant les ait ohaque jour sous les yeux. Qu'il voie plutôt des images qui le touchent, qui lui parlent, des scènes familiales, des tableaux de la vie champêtre, simples et de bon goût, des fleurs et des fruits. j'aimerais trouver, dans nos classes, de bonnes aquar~lles, de bons pastels, de vrais t•ableaux à l'huile, à défaut .d'excellentes reproductions, de réelle beauté et à la portée de l'enfant. Celuici sans doute n'en jouira pas comme nous, n'importe, il en jouira quand même et surtout apprendra à en jouir. 'Les élèves ont du plaisir et de l'intérêt à voir leurs dessins affichés à la muraille; c'est une occasion de 'les stimuler et d'exercer leur jugement. Les leçons de dessin comme celles d'écriture, de lecture, de récitation, de composition, de chant sont particulièrement indiquées pour le développement du sens esthétique; que ces leçons soient pleines de vie, qu'on présente à l'enfant un idéal de beauté même dans les choses les plus simp'les de telle sorte qu'il y prenne goîtt et ne travaille plus machinalement. Il y a là pour le maître tout un champ de travail lent et ardu· surtout au début, mais d'un réel profit pour la majorité des élè:ves. Il est une harmonie plus grande, si j'ose dire, que celle du mobilier et de l'ornement d'une salle, d'un . dessin, d'un poème, d'un chant; elle réside dans le ton de la voix, dans la conduite, dans toute la manière d'être de la classe et surtout du maître ou de la maîtresse. Oh! qu'die est grande à cet égard la responsabilité de oeux-ci. Ici tout s'enseigne par l'exemple. Le maître montrera qu'il tient beaueoup à l'ordre et à la propreté et attirera l'attention des élèves sur le bien-1être


qui en résulte. Il désapprouvera hautement l'impolitesse entre camarades, les gros mots et les querelles. 'Il ira plus loin: il évitera de prendre en parl~nt aux écoliers un ton sec de commandement qui les blesse, car· ils prendront leur revanche et en useront de même entre eux, sinon avec leurs maîtres et leurs parents. Bannis, naturellement, les vocables de « menteur » et de « trompeur » et tous termes mal sonnants même quand ils seraient mérités; cela nuit 'à la dignité du maître et à celle de l'enfant qui doit en avoir conscience et ne rien dire ou ne rien faire qui l'amoindrirait. De même le maître doit veiller 'à ce que tout dans sa tenue soit d'une distinction parfaite. Les enfants ont si vite découvert le moindre travers, le moindre geste un peu vif, maladroit, ridicule ou osé, et ils ne l'oublient pas, ils en rient, mais cela les trouble. Que dire de cette petite fille qui n'aimait pas beaucoup sa maîtresse «parce qu'elle parlai.t trop fort et ouvrait une grande bouche toute noire » ? ILes gronderies continuelles aussi détruisent l'harmonie et engendrent le dégoût chez l'élève. lS'il faut punir, que cela soit fait avec calme, d'un ton qui ne ,soit ni outré, ni elii!porté et sans démonstration qui abaisserait le maître aux yeux de ses élèves, car il 'doit conserver un presti~ ge de bon aloi ayant pour base sa supériorité · intellectuelle jointe à la noblesse de son caractère. On exige de l'écolier qu'il respecte son maître, cela est bien; encore fautil que le maître inspire toujours ce respect - ne pas confondre avec la crain·· te - et, en outre, que celui-ci sache respecter l'enfant, considérant en lui non l'écolier a réduire à l'obéissance, mais le citoyen de demain. J'irai plus loin: il faut que le maître soit mû par un idéal supérieur, qu'il puisse se donner

tout entier à sa grande tâche et communiquer son enthousiasme à ses élèves; ceux-ci ne comprendront peut-ètre pas toujours, du moins ils sentiront une atmosphère réconfortante qui leur rendra belle et heureuse la vie d'école. S'ils sont habitués à voir, à faire, à aimer ce qui est beau, ils le rechercheront, ils s'appliqueront à soigner mieux leurs effets et'leurs travaux. ·Des mains ou un vêtement malpropres feraient tache, ils s'efforceront d'être en ordre sans que le maitre soit sans cesse obligé de réprimander et de punir. ·Miême ils pourront apporter cet amour de l'harmonie chez eux pour le plus grand bien de leurs familles. Plus tard le souvenir leur reviendra des heures bonnes de l'école, ils comprendront et ils expér~~ menteront ce qu'autrefois ils saisissaient avec peine, ce sera pour eux un réconfort. 'La petite graine que le maître ou la maîtresse avait semée aura germé et donné une plante robuste qui porte du fruit. Ouvrir l'âme de l'enfant au charme et à la puissance de la beauté c•est, pour plus tard, le préserver des plaisirs grossiers et des mauvaises compagnies; c'est aussi le préserver de l'ennui parce qu'il trouvera une occupa!!on et de nobles jouissances à lire de bons auteurs, à contempler les œuvres de la nature et celles des grands maîtres, à entendre de bonnes conférences, à écouter de la belle musique, à participer à d'agréables conversations. C'est le mettre à l'abri d'une foule de m~squineries et de tracas qui tourmentent les cerveaux sans cesse occupés au terre à terre de la vie quotidienne. C'est lui permettre d'échapper aux milieux les plus décourageants et les plus opprimants. 'Eveiller dans une âme la faculté d'apprécier le beau, c'est lui ouvrir la porte à de multiples dqies pures et du-

rables, c'est l'appeler à une vie meilleure, plus saine, plus riche, plus heureuse. (Bulletin mensuel.)

L'école en plein air Ce n'est point de réforme scolaire que je vais vous entretenir aujourd'hui. 1Les sujets à réformer, à améliorer ou à supprimer sont assez nombreux, et les -réformistes, n~issant partout comme champignons en terre chaude, ce serait du snobisme pur que d'en allonger encore la liste. Je me contenterai donc de vous parler un instant des' expériences que j'ai faites dans l'application du principe de l'école en plein air ou en forêt. !Quoique habitant la campagne, où l'air pur ne manque point et où les élèves après les six heures de classe en lieu bien olos, ont mi11e occasions de s'ébattre en toute liberté dans les endroits les plus ·recommandés au point de vue hygiénique, j'ai voulu, par les plus beaux jours de l'été, conduire mes élèves dès le matin, dans la sapinière la plus proche, pour y tenir classe. ·La joie des enfants est exubérante. Les vingt minutes employées à parcourir le chemin qui sépare la maison d'école du lieu choisi peut paraître du temps perdu aux esprits non avertis qui sont encore légion dans nos campagnes. Ce temps remplace cependant la meilleure des leçons de français. Tous les élèves, même les plus timides, retombent dans leur naturel; toutes tles langues se délient et c'est à qui parle le plus et le plus haut. ILe maître se rend compte de leurs expressions, de leurs tournures de phrases, des mots estropiés. est souvent stupéfait de constater, pendant ce libre bavardage que le mot propre fait presque toujours défaut. Ce ne sont que « machins » et « choses » pour désigner les objets qui les entourent. Par-

n

fois les phrases sont relativement bien commencées, mais elles ne sont jamais terminées, ou si par hasard elles le sont, la fin en est toujours pitoyable. Les mots patois, francisés à la manière enfantine abondent dans leur langage un peu rudimentaire. Que de corrections à faire en ce moment, tout en continuant la course, quitte à reprendre ensuite toutes les fautes observées et en rendre attentif l'ensemble des élèves. Ce ne sera certes pas en une semaine que te langage de l'élève sera expurgé de toutes ses imperfections. Mais ce n'est pas non plus en classe qu'on peut se rendre suffisamment compte de la manière de parler de nos élèves. \Muets comme carpes devant le maître, ils ne retrouvent leur langue que lorsqu'ils ont recouvré leur liberté et par conséquent au moment où l'instituteur n'a plus le contrôle entier de leurs paroles. Voilà un des premiers avantages de l'école en plein air, avantage très précieux pour tous ceux qui ont un saint respect de la beauté et de la pureté de la langue française. Arrivés dans notre nouvelle classe, à l'ombre des grands sapins fleurant bon la résine, chaque élève choisit une place: celui-ci dans un nid de mousse, un autre sur une racine proéminente, d'autres encore dans l'herbe rasée ou sur un vieux tronc moussu. Les leçons co~­ mencent. ~Et d'abord un chant d'ensemble pour remeft.re les voix à l'unisson et saluer la belle nature qui nous sourit. .Puis la suite des leçons, comme elles sont inscrites à l'horaire, pour autant qu'elles peuvent être données avec les moyens rudimentaires dont on dispose en forêt. ·Il ne sera donc pas question de 'leçons de calligraphie ou de mettre des compositions « au propre ». 1Le calcul oral et les exercices grammaticaux oraux tiennent une large place dans l'ordre journalier. Ces leçons ne durent 1!a.mais plus de '1:5 à 20 minu-


46

tes, car l'attention ne peut être soutenue aussi longtemps qu'entre les quatre murs d'une classe. Mais ces séances peuvent se répéter dans le courant d'une même matinée. Pour les travaux écrits, l'ardoise est presque de rigueur. Elle offre une surface plane et dure qui permet le travail dan~ n'importe quelle position. Pour l'exécution des exercices écrits, chaque élève a une place désignée au pied d'un sapin, à une distance assez éloignée de ses camarades. Il est donc obligé de flravailler absolument seul, et le maître, à la correction des travaux, peut être sûr que le travail de ses élèves est rigoureusement personnel. 'Beaucoup de variété dans les leçons. .De la géographie, de l'histoire, des récitations, du dessin, de petites compositions ora•les ou par écrit, de la gymnastique et du chant. Tout ce qui nous entoure peut donner matière à un entretien ou à une leçon. On apprend à connaîtœ 1les arbres, les arbrisseaux, les Heurs, les oiseaux, les insectes. Tous les sujets et tous les modèles sont à noh·e portée. IOn dessine des feuilles et on en étudie les formes différentes suivant les espèces. Il y a beaucoup de mouvement et d'activité. A tous les points de vue je préfère, quant au résultat, une semaine de leçons e.n foret qu'une semaine passée dans l'atmosphère délétère d'une salle. Ce que j'ai fait jusqu'à présent, ce n'est pas de l'école en plein air dans l'acception entière du terme. Ce n'est que par intermittence que j'y ai consacré une quinzaine de matinées par êtê. Je ne me suis fait aucun chev'eu blanc en apprenant qu'une certaine partie de la population est formellement opposée à ces « ballades » champêtres et forestières où tout l'agrément est pouJr •le maître». je redouble au contraire d'ardeur dans l'exécution de mes projets. poux: ~ombattre cette hostilité,

qui, d'ailleurs ne peut provenir que de ' tion et l'instruction auxquelles il a droit selon .ta classe et le milieu dans lequel pauvres sires en quête de sujets à criil est né et dans lequel il est appelé à tiquer avec l'étroitesse d'esprit qui les vivre. distingue. Si, au retoUT d'une de ces •Le devoir d'instruire l'enfant apparséances passées en forêt, vous avez la tient surtout aux parents, et non pas à conscience tranquille quant à l'accom. ta société ou l'iftat. Les parents ont le plissement fidèle de votre devoir d'édroit d'instruire leurs enfants par euxducateur, retournez le lendemain, cher. mêmes ou par d'autres et comme bon cher là-haut la santé de vos élèves, san. leur semble. té moral~e et physique, jointe à un pro. L'·Etat, gardien de l'ordre et du droit, grès sérieux dans leur instruction. peut prescrire aux parents de donner Commencez donc, chers collègues, et aux enfants un minimum d'instruction. vous m'en reparlerez. L. H. Ce faisant, il protège l'enfant et défend ses droits. :Vaat ·peut donc exiger un minimum d'instruction; il peut exiger Les droits de l'enfant de ceux qui enseignent un brevet de capacité. Il a le droit d'ouvrir des écoles; A l'heure même où les orateurs soil vient ainsi en aide aux parents et facialistes battaient en brèche les princicilite l'accomplissement de leurs depes sur lesquelles repose tout l'édifice voirs. 'L'Etat, par contre, n'a pas le droit socia·l et chrétien, c'était une heureuse d'imposer ses écoles. Il doit respecter idée et une bonne action d'affirmer à les traditions et les croyances des panouveau, à la lumière du droit naturel rents. ILes écoles publiques sont, en et du christianisme, le droit que l'ensomme, sous la surveillance indirecte fant possède à la vie: vie physique, vie des parents. Le maître n'enseigne, n'insintellectuelle, vie morale, vie surnatutruit, n'éduque qu'au nom des parents relle. En effet, le christianisme a libéré ct non pas au nom de !'•Etat. Il est J.e l'enfant et consacré son droit à l'exisdélégué des parents. · tence, au respect de son corps et de Ce sont là des principes importants son âme, à l'encontre de ce ,qui se paset souvent méconnus. 111 importe de les sait à <Sparte, à Athènes et à Rome où rappeler ~ notre époque où l'on entend l'enfant n'avait pas droit à la vie et de nouveau affirmer le principe païen · n'avait de valeur qu'en rapport des d'après lequel l'enfant appartient à l'Eservices qu'il pourrait rendre un Jour tat, et l'éducation est l'affaire de l'Eà PEtat en tant que citoyen et que soltat. Partant de ce principe, on affirme dat. que l'enfant doit être enlevé à ses paLe christianisme a rompu avec toute rents et remis à l'Etat représenté par l'antiquité en affirmant que l'enfant l'instituteur. est une personne ayant droit de vivre .Cette doctrine monstrueuse a été réet d'atteindre sa destinée naturelle et pandue par les encyclopédistes fransurnaturelle par les moyens nécessa1: çais du XVIIJie siècle; les jacobins ont res. Dans le droit chrétien, l'individu essayé de la mettre en pratique; leurs n'est plus sacrifié à l'Etat; c'est la ·sodisciples et successeurs s'en font encore ciété qui est au service de l'individu; les défenseurs et 'les partisans. Cette c'est la famille qui est au service de doctrine est appliquée textuellement à l'enfant, qui est instituée pour l'enfan t. l'heure actuelle en 'Russie par Lénine. IYoù l'indissolubilité du mariage; sans Le problème de l'enfant et des droits elle l'enfant ne peut recevoir l'éduca-

47

· de .l'enfant est donc plus actuel que, }amais. Ce n'est qu'en rétablissant les principes chrétiens, basés sur le droit naturel, qu'on sauvera le monde de la barbarie. ------~---

A propos du chant à l'iicole primaire Voici quelques réflexions que l'expérience et l'amour du chant m'ont sug gérées. Quel test le but de l'enseignement du chant? !Répandre dans la classe du soleil, beaucoup de soleil, de la joie, d_u bonheur! Puis, plus talfd, permettre à l'âme de l'enfant de s'épanouir vers ce 1 qui est réellement beau, apprendre aux hommes futurs que le chant réconforte et qu'il aide à supporter avec plus de résignation et plus de courage les dures réalités de la vie. ''Un peuple qui chante est un peuple heureux! » tE t que fait-on (soyons sincères) pour atteindre ce but si noble, si pur? Hélas! de la théode, ou beaucoup de théorie et de solfège. On assomme nos «pauvres gosses» avec des définitioiis qu'ils ne comprennent pas, on leur fai t dire et redire pendant des leçons entières le même motif, et seule la mémoire a travaillé. Oh! comme nos élèves doivent aimer le chant, et qu'il est admirable, ce chemin qui conduit au « Temple du Beau ». - je déclare carrément qu'une profonde réforme s'impose, aujourd'hui même, et que cette réforme, pour être réussie, ne doit pas se faire dans une seule classe; mais tous les membres du corps enseignant d'une même localité doivent y coHaborer, sinon nos eHorts seront paralysés : chers col'lègues, c'·est un devoir; s'y soustrat~ re, c'est oublier que l'enfant a une âme . . . . De gr·âce, plus de lumière et plus d'horizon! J'ai dit qu'on «assommait» l'enfant avec de la théorie. C'est vrai, et sur.-


48 tout au degré inférieur. Durant les trois premières années, supprimons donc, je vous en supplie, et la théorie et le solfège. L'enseignement se bornera exclusivement à l'étude de chants par audition, à une voix. !Voyons, n'avons-nous pas, pour égayer l'enfance, les rondes si belles, si qeunes de 'Dalcroze? Et parmi les compositions de nos auteurs romands, parrmi les vieux airs, quelle ampie moisson de chansons fraîches et gaies! [Mais, chantons donc, chantons davantage avec les petits, plusieurs fois par jour, et laissons au « rancart», une fois pour toutes, les pénibles leçons de théorie, ces vulgaires exercices de mémoire. Et, ne pensez-vous pas, que l'interprétation des chants puisse donner lieu à d'intéressantes leçons dans lesquelles, je vous assur-e, la notion du beau et le sens du goût se développeraient davantage (nous sommes au degré inférieur, toujours), qu'en enseignant à l'élève que le point après une note va ut . . . enfin, bref. lAu deg"fé moyen, un peu de théorie, très peu, pour permettre à l'enfant de lire facilement; des exercices de vocalisation qui forment la voix et la développent en intensité et en étendue. Mais toujours beaucoup de chant, à une ou deux voix, par audition, en donnant à l'int«prétation une place encore plus grande. ILe solfège doit ·être bien enseigné, c'est-à-dire que, pour arriver à d'heureux résultats, il faut procéder avec beaucoup de méthode. Je ne suis pas un ami des livres, mais ici, un manuel est indispensable, je le prouverai. V~s écrivez, au tableau noir, un motif quelconque. Les élèves le déchif·frent facilement. \Vous en écrivez un deuxième. Etes-vous certains qu'il soit légèrement plus difficile? .Si oui, c'est très bien. Trop difficile il déc'Üurage l'élève; au cas contraire, le but est manqué, le travail est absolum~t nul. ill faut d<mc

mettre entre .les mainS! de l'élève un manuel composé d'exercices gradués auxquels l'auteur aura certainement consacré de longues heures de travail et de réflexion. 'Mais ces exercices ne prendront qu1 une petite partie de la leçon. ·Le reste sera consacré à des exercices de réali. sation et surtout à l'étude de chants jud icieusement choisis: faire remarquer à l'enfant la fraîcheur, la beauté de telle mélodie, lui montrer quelle intûîiité de pensée doit régner entre la mélo. die et le texte, en un mot, interpréter avec lui tous les chants, n'est-ce pas là, chers collègues, la vraie bonne leçon, le véritable enseignement? Au degre supérieur, la théorie sera continuée de même que les autres exer. cices. On arrivera, peut-être, avec- ,!lne classe de bons éléments, à l'étude des principales gammes majeures et à la transposition en do. Cependant, rappelons-nous que l'écQle ne doit pas préparer des « spécialistes » mais des jeunes gens qui cultivent le chant par amour, et qui apportent à nos sociétés artistiques leurs jeunes forces et leur discipliw~ Il y a là une éducation morale de tout premier ordre, à laquelle nous ne faillirons pas. •Le temps me manque pour donner à ce suj-et toute son importance. 'Il est des détails qu'on ne peut pas écrire, mais qui apportent à la leçon de chant énormément de charme. Oh! je ne puis as· sez le répéter: faisons de l'interprétation des chants la chose principale des leçons; ne laissons rien passer, cherchons la perfection, et alors, notre enseignement sera l'école de la saine di~­ cipline, de la morale et de la beaute.

B. Wu.illeumier. •- Deux mille francs votre ~ez..de-chaus­ sée? VoUJS n'avez rien en dessous? - Si, il y a la. .cave.

' ECOLE ~PRIMAIRE ORGANE DE LA

SOCIE.T E VALAISA.Ilfl

D'JIDUCATIOB' SION, Novembre

Pensée

1921

ti'OI1! .d'individUs •vistant un but ·oommurn ;ne ISiaurraiJ exister, même un seu-l j our, La •religion seule est capable de former le si l'arhi4Jœi:re en était l•a loi, si la ooga- cœu:r des en:tants, car elle seule leu:r apprend ~ioru d~ toute aut{)rité en 'était la !base. en plein Ieur·s devoirs envers Dieu, envers Il fau~ ·OOn<:, .q u'à l'école, !POUil' qu'eUe les hommes, envers euoc-mêmes. Faites de ceux qui vous sont coolfiést de bons e t solides chré- I[JUÏIS:s,e êttïe un covps •constïtwé, s'étabHs·tiens; rendez-les pieux sans bigoterie. L'es- se une règle, à l•aquelle se soumette :ch•aprit du monde est fait de superbe et d'arro- tOun d'ès membres de -ce c~ps.. ILa règle, gance; la piété engendre la véritable gran- << 'lie lfèglement » est d'one le .rouage esdeur d'âme, sans compter la force et la con- IS!entiei .de l'école, non l·e lfèglement , à solation dont l'homme a besoin dans les l'état .de 1ett.ne mlo:Pt•e, mais le règlemelllt épreuves que Dieu lui réser-ve. en plein ~xeocke de vitalité. IJa dulflée de l'année 'Sœl:aire, )a !fixation ·des jl()lurs et ·des lheult'les de tœvail, comme •des L'école, petite société j'oUtrs .de •contJ;~é et des he01res de 11éaréation, l'emploi dUJ !temps, le nombre, la « L'lécole, ·a-t-IDn dit, est la preparonatwre et la limite des matières à ap~ ÜOil! a la Vi e », furmule ilJiaiJliale, 00 ,~pprendre dans •ch:aque •<!OUrS, des leç<ms I}'J!alf·ence: mais, ·au: f1ond, tplein•e de sens à létœd'ier et des de'VIO·i•rs à fa:ire :q.UJotiet de vériJOO. Qu'esd:-'c:~ •que l'école, en ef- dliennement, reLs sont les 1p:oints :q'Uie le f-et, sinl<m une petitie !Sfociéflè -q;ui .a ses règlement s:colaiTe tOOm,prend .et pn!cise. membres, sa himallldhie, oon o:r.g anisa- iMJars rde 'qu·elle u.tiliÎté serait ce règle- , tion, sa vie •collective, ip.r10spère ou ·dé- ment <Si les ëlèves, bien ·qu'en en obserffailŒarnlte, ~~elon rque le <:!hef qui 1a g:ou-· vant l·a lettœ, étaient ina~bentifs en da.~­ venne y maintient ou: nolli I'ordrre éta!bli? j Sie, bruyants aux !(ihan~ements d'exer'L'ordr.e, disons.-trou:s; car. toute a!S'SIOda- dœs, paresseux et n'ég'ligents diurant

--...-··-----


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.