L'Ecole primaire 1921, supplément no 08

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144: tEn cette année 1708, le goLLvemement, awt ahois, semble avoir eu, li!U point de v:ue le l'impôt, de bim singulières initiatives. Entre autres taxes étranges, c'est cette année-là. que fu't établi celle qui happait les cérémonies d~ mariage et de baptême. Un Iiuaucier, psychologue assurément, s'étai-t dit que ces ïours-là les mariés et leurs parents, les pères et Jes mères des. nouveaux-nés devaient être plus d'aoilement généreux ·q u'en autre temps. Poull'quoi ne pas exploiter ceHe générosité au profit de l'Etat? La taxe fut créée. L'effet en ·fut déplorable. Il advint ceci : Les bonnes gens renoncèrent à porter leurs mioches à l'église et se cootentèren·t de les ondoyer aw logis. Quant aux mariages, le nombre en diminu-a subitement dans des proportions considérables. ·Les fiancés, ~wec J'agrément de leurs parents, se -mariaient par consente.menl réciproque. L'Elat, en .imposant un droit slir les mariages, avait iout simplement favorisé l'uniolll libre. C'était d'·une belle moralité, cQJnme vous voyez. . Le X:WHe siècle a eu J'imaginalion lertile en matière td:'impôts. Le gouvernement du Régent, puis celui de Louis XV furent impitoyables pour les petites dames élégantes : on taxa leurs parfums, oo taxa p.e deux sols par livre la poudre d'amidon doni elles se couvraren·t les cheveux. On les atteignit daus leur gow·mandise noo moins que dans leur coquetterie. Un impôt fut mis sur la glace cOllsidérée comme objet de luxe. Du cou1>, les sorbets rencbériren4· considérablement. Et les « ca~Llettes » qui el~ fais·aient une énorme consommation, m furent ïnd:ig:nées. Mais d.ruJs les siecles précédents ou trou.ve aussi nombre -d initiatives plutôt bizarres en ·u-.atlère de contribution. C'est ainsi ·qu 'en 1552 on mit sur les clochers une contrihuüoo que devaient payer les communes et les communaulés qui voulaient s'off.rir le luxe d'orner d'une tour leur chapelle. •En 1582, le bit d'avoir du linge de maison était considéré comme un excès somptua·ire digne d'attirer les rigueurs du fisc.

les draps de lit !furent taxés ~ œ sol la paire. 1La France, au surplus, n'eut pas le mo. nopole des ~mpôts somptuaires les plus Hrau. ges ou des taxes les plus inattendues. On sait qu'après sa défaite de Poltava le roi Charles Xlii de Suède créa plus d'un impôt hiza·rre. C'est ainsi qu'il taxa tous ceux qui portaient des habits dans Ja confe~lion rdesquels il entrait de la soie. Il mit même un Ï'mpôi sur les cheminées. Mais l'impôt le plus singulier qui ail ja. mais été imaginé est certainement celui que le tsar •P ierre le Grand mit sur le pOli de la banbe. Un seiwneur _payait 100 roubles et un bou.rgeois 60 pour avoir le çlroit de por!er du poil au menton. Nous n'eu finirions pas s'il fallait énumérer tous les impôts saugrenus qui ·furent ou proposés ou aoppli·q·ués dans le passé. Mais le présent n ·est pas exempt de ces initiatives singulières. Témoin celte mirifique idée de taxer les tapis des escaliers. Que croyez-vous qu'il en adviendra? ... Ma foi, c'est bien simple : on swpprimera les ,ta· pis d'escalier et le 1isc n'en touchera pas un sou de plus. Il est vrai qu'il lui ;restera b ressource de taxer les escaliers eux-mêmes. La morale de ceci, ~ous la trouvons dans une parole, pleine de justesse et de bon sens, de Mi.rabeatr le père, celui qui s'était déoo'· né le beau titre d' • Ami des hommell•· « IJ'impôt excessif, disait Mirabeau, produit sur la matière ,imposée le même effet que l 'épervier sur la basse-cour, il la met en fuite. :o Nos faiseu,r s d'impôts 'feraient bien de méditer sur celte .image et de se persuader de sa vérité. ·F.ruest LAtrr.

-t Endurcissez .volrre enfant l la sueur el au. froid, aw vent, au soleil et awc hasards qu'il Jui faut mépriser; ôtez-lui toute mol· lesse et délicatesse au vêtir cl au cou.cller, au manger et au boÏJre. Montaigne. . t Tu gémis de tes malhell!l's! Si tu cons1· dérais tout œ que ISouftrent Jes autres, tu le plaindrais plus douœme.nt. Chilon.

S'!J'P!émenf du -'Vo 8 de ,l' &cole'' (1!J~1) La vénérable Sœur Thérèse de l'Enfant-Jésus

les sommets, ·aar .powr elle ~out ·est moven de sanctifiocati'On. EUe aime Dieu, et tout, •p.a.r coms'équent, to·uotiiJe à son ~~ bien. N'es.t~ce pas ochantnlant cette· coïnciCe fu:ren't, à l''aru,m re de sa vie, d.e denree ·qui fait que la chère 'Petite Sœur gorandes ·et dou,oos joies, rpui's « les ande Lisieux est déda.Tiée Vénérable en la nées ensoleillées de SIOn enfance p.aoS~Sè­ veille de l'Assomption, de cette fête qui t-ent 1.r.aiprdement, l'a issant dans son âme ~rtociifie la Vierge ·Marie, dont elle f,ut uoe douce et suave empreinte ». Quand t~ou}oll!fs l'enfant de rprédileietion? vi nt la ·dou.leur, qllland sa mère mou,.nut, ~Sœurr Thérèse de l'Enfant-jésus, chè. qua'nd la -souffrance la visita, elle disre Vénéralble, •que de chiOSieS sont ·gt.O'r.i- tingu.a si bien •derrière 1'-épreuve la vofiées en vous! VQU!S êbes la fleur de la lonté de >Dieu •qu'elle ne put que l'aifamille d n:1étienne, 1pieuse, dont les chefs 1 mer. Jamais elle ne >perdît sa rpaix et n'euorent jamaiS> ·que la gh:>ire de Dieu elle savait qu'au del seulement « la j-oie powr :bu~ ; .car c'est œtt-e gloire .que re- sera sans mélange ». cherd.hait vorre père quJand il voulait De bonne heure, elle a cotniplfis que cm:br.a:s~er la vie 'religieuse; ,c',est lta ,gloi- « l'am()Ur de Notr·eJSeigneur se Tévèle re de Dieu •que cheœhait votre mère a~wssi bien dans l'âme la ;pl,us !Simple quMrd elle V'O'Ulait 'lir.apper à la porte q.ui ne 11ésiste en rrien à ses :gmces .qu e des Sœurs de S. Vincent de ,P,a:ul, et c'est dans l'âme l·a plus sublime. •Elle est enlcore .pour l•a g!Joiœ de 'Dieu que nou,s, hwm:ble; elle ·r.ewnnaît que 1rien n'est ·cadeu·x ~r.en~oncèren't à leurs saints rpnojets !)able d'atti'œr en elle ·les divins .r~g1a:rrds quand des V'Oix au.rori.sées leu!f ew11ent du Seignewr, ma.is ·que sa miS'éricord-c dit (J'Ue œ n'ét.ai.t tpa15 là que Dieu les l'a C?ID'blée 'de ses ~i~ns; _elle ~'eJ~ revouLait. Tous deux étaient desMlllés pa:r m~rcte, et dle ne rest-ste ]arnats a _la la 'P•wvidenœ à donner des enfants à J g.ra:c,~, . s'eiff.orçant S!anrs ,c~sse de fatrrc l'Eglise, .des Saints au Ciel. ·fmchf1er toQ·U't ·ce q u·e le 'Setg>neur met de A8 't ..,,~,_ bon en elle. ans, e11e wu1ai ew e reçue cornLa oouffnanœ la visite 1p ar: La mo 11t me IP~Stu~nt~ au Ca11mel; ~l~·s ta.rd, des siens, par de 'tlomlbreuses épreuves, elle ~U.IJ!phe !l:eon XII>I de 1Y latsser en~ par des tentatirons mais elle lélccueiUe 1 }re~r a ~5 :ans, e~ œ ,g;llanld. bonheu•r Iut rou.f cela avoc le ~ême sourbre céle-str, Lt t entfu~ aooor~e, le 9 ~vnl 1~88._ a•vec Ira même reoonnaissanrce, se regar. Cetbe Jeune vier·ge .qui, sur 1 affmma- ,dant C'Omme 1e !PeUt jouet de l'En:iant~lon ?olennell~ rd~ 'SiOn ·COnfesseur, ,, n'.~ JésU'S e't ne demarnicllant ·qu'à 'I~u i ·plair·r ; !ama:s ·of.f~~ Dteu mort-ellement, etait si oc'est ip'ar ses joies, tant mieux, .mais u.ne ame d rehte, toute dQuœur et fiQorœ. si c'est pal[' ses Ia11mes tant mi.eux en.~r ?lu~ d'u:n poi~t, relie _;rap.pell~ S. core, et rou}ours en _av~nt pou.r le cid ; fpanç'ols d Ass1se: ml6me natvete, meme ·en avant pou'r le ·Seigneur et .d a·ns son si1111plidté, même lj)aSSÎ()n p<>ur la natu- amiOU!T! ' ": q'l!i l'aide à ~·<>nt~r v~ Dieu. 'Elle Elle ser-vit 'Dieu avec 'paix et joie; ai.Jl1!ait o; les lotnlllams, 1 espace, les elle suivit ISla rpetite \'!oie d'aibando:n et g-rands aril>'fles; en un mot, tou:te la bel- d.e 'Simplitci,fé .dans la f.idélité la· tplus ~e naturr-e la rerv_isS!ait· ~ tr-anS/por~ait oon scr.wpuleuse à ,ses ,cfe\noirs d?lébat, et c'est ame dans •tes cteux :a . oe .qui onoo~ la .renid si chère. ·EJ.le est Twt lui 'Siert d'édh:ei'OnSI :pour gri:l•Vit bien 'd'es nôtres; elle a cooou· 1110tre


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temps, el en pleiu l9e siècle, elle :a s u a·rriver •aux dmes de l'Amour, sans auCit.ne de œs macérations, aucun de ces reaonœmen:t'S exvnam·drinaires qui nous étonnent et i110US effiraient dans telle ou telle vi·e de saint ou .de sairnte. Que l'on ne s'y trompe pas; il y eut beaUioou•p die IJ)ein:es et de doulettrs da·ns sa vie rn:ais elle sut leur SJOuüre, et c'est œ ·s·odorire, œtte :aiCce!Ptation joyeuse qui fait sa ·gloi'I1e. ·Le 10 janovier 1889, elle 'J:l!rit l'habit ·Elle .aimait la •neige; elle en désir.ait en ce jour un~que de ses fiançailles aver.. l~Etetrnel, et malgré la .douœur de la toempénaturre, Noflr€-'Sei.gneur lui en ·envoya un blanc C2!PiS pou:r réjouir ses yeux et encore p·lus son cœur. Tout fut joie, et par erreur, }te Te Deum fut ch.a·nté .oomme opo·ur les !pr·ofessions. La veille de œtte profession, le démon la .tenta, lui •l'lelprésentant qu'elle n'·avait pas Ia vocation :reHgteuse; ce fut une inccnll)[l'.Mab1e tortUife, mais au matin, ce fut de noUiveau l'irrefifaihle paix et eUe IP110TIIOnça ses vœux .dans une grande j•oie.

T•oulle jeune, sans en ravoir l·e tihe, elle rfut maîtresse des novices, et se rplaisait à o0ondnüre les âmes aw 5-eigneUJr eb à leulf faciliter la inalfcile. Ce fut .dians• ·Wilie nuit de ]eu.di-Saint que Notre..'Seigneur lui montora qru~ le del ·qu'elle désirait et ambitionnJait, ap. lliPodh'ait. Elle se réveilla avec une violente hém'Oiptysi·e, et rout de suite elle œm1>rit 1'a1Ppe1 ·de l'•Epoox. Trout le t·emps de Sla ·maladie, elle alla vers le 'Seigneur dans la !paix, •et en mê· me temps, .dans une soulHr:an-ce de t~os les instants OO'f rce fut la croix, la crotx toute me, dans ria plus ·gtrande Ides sécheresses ·et Ides .ariditoés, miaris S'ans que son srourrire la .quittâ't. ·Elle ra~aH S()Uri à la vie ~souri à sa 'Pifise d'h:aibit, ·s'Ouri à ses v~ux; eUe sooc.it 'à 1a malad'ire et à Ùl! .m~rt,, et elle r{611odit son âme à Dieu

dans un deronie~r sou.rpir d'aml)ur, le 3U :septembre 1897. 1Elle av•a.it 24 ans. Elle aJVait compris, et ce fut sa guan. ·de sciell'Ce, .que « ·dlans la sainteté, les odegnés rsont nomip:reux, ·qu.e oQh.aqu·e âme est libre de répondre aux avances de Noilre-lSeigneu•r, de 'faire peu ou beau. coup rpour son amouor, en m1 mot, de choisir entre les sacrifiœs qu'Il deman. .de. « Au:ssi, eUe qui, rdepu.is. l'âge ·de 4 ans, ne se rappelait p1as. avoir ·rien 1refusé au bon Dieu, elle s'écdait to·u]ours: ~IMon Dieu, je ne veux pas ~tre ·sainte à moitié; .cela ·ne .me fait pas peu:n de soulfofirrr pou'r VoUJS. Je ne crains qu'une cho·se, c'·est de ~arder ma vol-onté: .prenez-la, •Car je chloisis tout ce que Vous V·Oulez! » ·Le ore~ret de toute sa petite jeunesse a:vait ~été ode ne pouv~ir être prettr.e, mis. ~ionnairre; ·depuis S!8. mort. personne n~ fut plus mûs:sionnair;e ·qu'elle, Clar e_lle ne œsse !PaiS d:e travailler pour la glo1r.e de Dieu. Elle a dit ·que son del se passer.a·it à faire diu bren. sur la tenre, et .depuis qu' elle :s'en est allée, œ s~ont des 1pluies de 01râces qui romlbent qruand on invoque ;on uom. C'est bien la Pluie de roses qu'elle annonçait, et je •ne sais pas si i.amais saint a ére aussi populaire ·que la opetite ISœm Thérèse, la petite T~lé· :rèse, •COmme ol}earuCOUIP l'awellent Slffi· plement. EN'e 'a fait reSiplendi!r dat11s ·bout l'u· nivers •le nom ·de •Lisieux. 1Elle est con· nue la dlère petite vénéDahle, sous vous les 'deux. 1P.ariout on l'inwque avee confiance; ·partout ·elle répan:d' ses fa· veu~VS. •EUe I,IZ'Uêrit les malades; .elle con· sole les affHg·és, et les ·cl:IIamrps de b~· t·aille l'ont we !Plus d'une fuis venl'l' 1palfirser les ·blessés, enoou:rager les mou· Tants; mais 1es .g.râces tempo~elles n.: sont .qu'une ~aible ima_g~e ·de.s ~races sp1 Lt'iotueUes 'bienl :autrement rp-récieu:ses. ·qlll'elle ~btient. \Elle ~D!~ui~, ~ûrement les âmes dans les votes mteneurres et

e~Ie lreur

iaît g'ravîr les sentiers de la per-fection. · Vlénénable •Sœurr Tlhérèse de l'EnfantJésus, nos temps sont troulbltés; les assises .des peUIPies ront 'tr·emblé. Il •en est qui v•euloent mréoonn'aître toute autorité, qui veulent rwUISer l'·obéi&..<;Jéinœ à 'Dieu; il en est qui ne oompre!l!Ilen1: ·que l'orgueil ; toumez leur :cœur; obtenez-nous de Jésus l'humilité, la paix, la soumission et l'obéissance au Seigneurr et à son r'eprésent.ant ·d!ans le monde, au .Parpe. Comtesse de Lo-ppinot.

Un soir à Lourdes Cétait à ·Lourdes, un matin d'août 1911. Ernest •M aravel, l'explorateur bien connu, venait de rencontrer s~.~or resplanade, parmi ta !ouJe des pèlerins, une COIU!Sine, Mme de Bo· ves, •q u'il n'avait pas vue depuis de longues années. - Je vous IJ>résenie mes d.eux rnls, disait celle-ci, car ils oot tellement poussé depuis notre dernière rencootre, qu'il vous serait difficile de les reconnaîire. Pierre prépa·r e SaintCyr, Xavier vient d'achever sa secoode. - jë'tiens absolument à faire connaissa«<· ce a·vec ces gailla·rds-là! déclarait aimablement !explorateur. .venez diner tous ce soir, à mon hôtel, à 7 h. précises. Ensuite, nous monterons ensemble au Calvaire, pour mjeux voir, de ll·haut, l'ensemble de la grande procession. • Il s'éloigrutit déjà dans la direction des piscines, sa haute taille un pell tassée par l'âge, épongeant son large ·!.ront basané que sur· montaient des cheveux drus et blancs, tai'Ués eu brosse. - Dîner avec le cou,s•in 'Maravel! répétaient les jeunes gens ravis et coofus. Gomme nous allons être intimidés! Un homme qw a traversé Je Maroc, .pénétré dan.;; le Sahara, remonté le Niger. . . . Un phy-sicien, •un botaniste, un géog.raphe do011t les livres sOill.t con· ·nug d'e tout le monde savant. ...

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•Le diuer fut gai el cordial. Au début Î'ex· plorateur évoqua des souvenirs d 'wfance avec Mme de Boves; puis il questionna Pier· re et Xavier Sl!l:r la vie de collège d'aujourd ~hui; enfin, au dessert, il leur conta, avec humour, quelques épisodes de se·s voyages. - Oh! remarqua Pierre, qui, le premier reprenait son assurance, ces maorches vers l'inconnu doivent être passionnantes, mais aussi quel affreux sentimwt de soJjtude ne doit-on pa.s éprouver? - On n'est ij.amais seul! observa Mata· vel. Ce soir même, après la procession, je vous présenterai <lll1 de mes plus chers compagnoos d'avent•ures .... - Qui sera-ce? songeaient les jeunes gens, en montant les pentes du Calvaire; quelqlle autre sa-vant? rPeut-être simplement un ohancelier, un domestique nègre, un guide arabe.... •I ls atteignaient le ploateau. Très loin, au· dessous d'eux, dans des profondeurs obscuxes, la procession - spec!ade inoublia-ble! des·sivai·t de réguliers serpents de feu, des coulées parruJ.lèles de flammes. On ne d istin· guarit pas les pèlerins. On ne voyait que des milliers d 'étoiles en marche, et chacune de ces étoiles représentait Wle âme suppliante. Ag:itées par le vent de la nuit et ·le souffle d u Gave, les humbles lueurs vacillaient, scintil· laient, brasi~laient. Leu·r rayomtemenl dissi pait les ténèbres enviroooanteô, faisait de la nuit noi·r e 'llolle -douce nuit bleue, jetait .sur les gazons et les feuillages .une darté de .rêve, éveirJJàit sur les façades des églises les nuan· ces d 'or pâle et de rose tendre qu i précèdent l'au.rore! Et de ces chemins lumineux, de ces carrefou·rs flamboyan,ts, de ces :bu.issons ardents allumés au pied· des montages, ~J.n chant s'é· leva it, affaibli par la di·stance, cri de la terre a u ciel, .qui a.lJait mour•ir dans le ciel étoilé; • Ave, Ave, Ave Maria! • · .. - • Ave Maria 1,. . • • répéta, d 'une voix g1·ave, le célèbre eJq>lorateu.r. Je vous ai pro· mis, jeunes gens, de vous présenier ·le cam, pagt11on de mes voyages et de mes frawwx, œl•ui grâce auquel 1je ne me suis jamais ·c;enti seul, même ·a u dést:rt. Le voici! ...


Il sonait de sa ,poche un vieux chapelet. - Le dernier soir de ma retraite de fin d'études, cootinua-t-i~ un prêtre, qui connaissait bien les âmes, m'offrit un chap~let en disant: je vous donne un COUljpagnon de vie, un ami simple et sûr, 4e meilleur de tous ceux que VOLIS rencontrerez jamais. Soyez-lui fidèle! Je me s.tûs eff<>«é de lui être fidèle. S il poLLvait parler, ce cher compagnon reilirai! l'histoire de ma vie, mieux que mes carnets de notes et que mes journaux de route. Mes luttes, mes difficultés, mes qoies et mes pei· nes, je les lui ai .confiées·! Non, en plein dé· sert, je n'étais pas setd! Que de fois, ·aux heures de tristesse el de danger, n'ai-je pas pressé •mon Chapelet entre mes doigts, comme 011 serre, a,ux moments doulourewc la main de l'ami qui sait relever notre courage! Dans. les périls du oorps et de Jt'âme, la croix qui la termine me rappelait !jusqu'à quels excès mon Dieu m'a aimé, la ~ille de Marie me remémorait Je tes1amenf du Crucifié: Voici ta Mère!. .. J'étais co~pé du monde civilisé; mon chapelet me reliait au cie.!. Chaque grain était un degré qui m'élevait vers lui. Je lll'avais ,pas besoin des fanmsmagories du mirage pour voir, devant moi, lëchelle de Jacob, sur laquelle montent et descendoot les an· ges. Celui qui• demande une grâce sans recou·rir à .Marie c veuf que son désir vole sans aile • , lisons-nous dans le poème eLu Dante. Mes désiTs, ~ moi, g.râce à cet humble ami, avaient towjoo-r s des ·ailes; je ne craigt:Jais m la vie ni Ja rnOO"t . ... Tant de fois j'a vais sup. plié Marie de m'assister, c maintenant et à 1rheure de la mort • ••.. •La procession touchait à sa fin. ·La place c~u -Rosai:re n'émit plus, dans le·s piio[ondeu:rs du vaR des miracles, qu'une nappe brillante de pourpre et d'or, un lac éblouissact de flammes. Il fa!Jait redescendre de la montagne. Alors, •Ernest ~~ravel dit aux deux ·jeu. nes gens: - Demain, vous allez ent·rer daiJl.S La vie. •Permetrtez-moi de vous offrir, en souvenir de cette -soirée, un simple et solide chapelet de •Lollfdes. .Je soll/haite qu'<il devienne, pour cha-

permettai~ pas de la doter. none, bien que 'sion, elles ·l'àvaierlt a'll'lenée '<iiêjeuner avec el· f idl}'lJe qui charmait le cœUT de .s on en;fant , les <lill restaurant Stanislfas. eût l'agrément de sa 'lendresse, sa prudence Là, dans ce milieu de <bruyante gaieté, .leur s'alarmait des oha·rges qui opourr·aient peser clouJeur était plus aiglllë e[ leur tristesse moins. Quelq:ues années plus ~a·rd, c'était la guerun ~~u,11 s~11r 'lin budget dl!jà si maigre de secrète. Elles aumient voulu cacher leu.r so1rfre. 1En avril 1918, le lieutenant Pierre de Bo. Fofit ' f.rance, mais elles :pouvaient d 'autant moins ves, s'élançant à l'assaut, en -vue de la cathéLa délicatesse d·u cœur et l'énergie de l'â- en atténuer le contraste que plus joyeused:rade d' Amiens, dans un des combats d1UJ San. me ne sont rpas privi1lèges exclusifs des dé- ment, ce jour-lê., Je soleil rayoMai! dans les terre, tombait mortellement lfrappé, en criant tenteurs de la richesse. Ce serait bire trop salles, et que pLus vif étaH l'éclat de tous ces à ses hommes : • Eor avant! Notre·Dame nous belle la pa.rt des heureux. Dieu ne le veut pas. yeux de vingt ·ans. qui les regardaient, éton•regrurde. • tes d.és·hérit~s de la fortune témoignent, eux nés de les voi.r si sombres·. Et peu de moi·s après, son frère Xavier, aussi, par leUJrs actes, et jalousemoot quelqLLe- Allons, dit Jeanne, quand f11t terminé brillanf pilote-aviateur, s'écrasait sur le •sol. lois, de leurs droits inaliénah1es à J'ol1éritage le fr.ugal i'epas., disons, nous aussi : pns de parmi les déhri·s de son avion, aLA r etour d unr Jivin de cette chrétienne menfalit&·. nouvelles, bonnes nouvellesr victorieuse ~ronde de chas·se. nans 1]a masse - Otti! espérons, d1it Madele i-ne, et elle Ainsi avait fa.it le fiancé de Madeleine in[urme de soo corps sanglanJt, seule une pleu;ra. Pour -conqu.érJr le honheLLr qu'il voulaii poumain restait intacte. Elle serrait encore les 1Eiles quittèrent leur table e t en hâle revoir donner <UDJ jou.r à ceUe qui lui avait donmorceaux dPun chapelet brisé, comme on gagnèrent l'a telier oCt elles tra~a,Hlaien'l. ' lié tout ·s on cœtu, i:l a.vait pris une réso•luserre la main d'un ami. lion COlLrageuse. Une gra.n,de maison d'expor~ Jean VFZERE. tation lui avait oHert dlàller dans le CenfreLe «Tout-Paris qui sait shahiller. ébil ----------~···Hl~•----Améri:que surveiller les intérêts considéraernfin rentré. Il avait donc faHu1veiUer ce soirbles qu'elle y avait. C'était une chance de for,Jà chez le gu-and couturier Vandressmarck. Inne; il avait acceplé. cot.tp de 10 h. sonna.it q~nd Le dernier Dans sa dernière aeHre, qui dartait de trois mois, il annonçait qu'il allait tenter une avC~~1· 1Madeleine, Jeanne et Marg.uerite, sortan t par Trois • fines aiguilles», Madeleine, Marture de laquelle dépendait la fortune de se~ .la grande porte cochère qui ~ert de portique guerite et ·Jeanne, déjeunaient au numéro 145 au ~plus [or~uenté des temples de la mode, patrons. de la galerie de VaJois, ~ ce resta·llfant • Sta. prirMt le ~rottoir qu.i, loogeant à droite la J..e matin du jour où nou.s sommes, un nislas • qui avait été récemment ouvert pour rue Royale, monte vers Ja Madeleine. ce>urrie1· d' .Nmérique é1aif anivé saf!_s appo.rles jeunes ouvrières et employées. dans Je lo· Certes, eUes étaient trois rravissanles rem· ter de lettre de lui. cal même où, H y a un demi~siècle, le fameux mes. Grandes. et minces, presque de même IL'inq'llliétude de ces p~uvres jeunes HJ:Ies Tavernier débitait aux é1udiants d'alors la taille, elles foulaient d 'un pied nerveux et !er. • côtelette de porc panée • et le • chinois 1 étai!, ià cette heure, d'une intensité cr.uelle, me l'asphalle, qui résonnait d:U rythme cama·i·s Madeleme, plus que ses deux amies, en l'eau-de-vie·· dencé de leur marche. Elles avaient des toiressentait profondement le SiUpplice. Elles étaient t·ristes. !Elles portaioot en el· lettes de ITl.édioore va•leur, mais rart exquis les une peine dont la durée agglravart le !ar· Obez celles-,ci, as·surément, le malheur re· qui les 1avait combinées leur avait 'CI'onné un deau; c'était la Uongue atten·fe de quelqu'un douté porterait en plein cœLl!r, mais n'atlein- caohet inimitable, a11quel l'éléga11ce mturelle qru'elles aimaient. drait pas cet end.roit de •l'arne où germen1 tous et la g,ra'Cieuse disündion de ceJ.Ies qu.i les les e~poirs da ns J'a,rtleur d'un amour irrévo· porla~ient ajoutaient ce charme inex:prima.Uie Marguerite et Jeanne éta·ient sœuifs. Elles avaient un 1rère, et ce trère était la cawse du cablement promis. ·Madeleine, au contrarre, qui impose le respect en même lemps q11'i l souci de toutes les t·rois. Il était, en effet, le ne ,pouvait voir qt~e l'absolue destruction de sélduit. fiancé de Madeleine. •Madeleine étai( pauy;re, ses rèves d!'aveni1·, l'anéantissement de fou,tes EUes parlaient de celui qu'on attendait tou· les forces de SOilj lêtre, 'S1 Ia mort [rappa,it celui et Jeallllle et Marguerite ne dléta,ient pa·s moins. jours; aus·si, bien qu'elle n'eût pa'S, comme le père de IMadeleine avait .quelque pari, qui devait être son époux. ses amies, Îl prendre le tnin d'Asnières, Madans le qua·r tier des <Batignolles, .une bouti· Par tl!'effet naturel de cette différence, Mar- deleine voulut-elle les accompagner jusqu'à la que de réparations et stoppage. Grâce à l'ac· guerite el Jeanne étaient devenues les guides gare poUiT faire durer quelques micUJtes de tivité de son aiguiUe, il ava~t pu élever st et les consolat11itas des poigrumtes. émolious pLus un entrain qui trompait son angoisse. fill!le, mais sa très modeste ind'll'Strie oe lui de Madeleine, et, pour y aPPorter WJe diver1 Sur un des banos du grand hall de la gare oun de vou:s, le compagi.non des bons et mauvai·s jours.

Ames chrétiennes

des


151 Saint-'l...azare, une femme était a ssise vêtue de . La fête baissée, les mains croisées ' n01r. sur ses genoux, elle semblait aœablée. Un •m ouvement convulsif de ses épaules indiquait par instant qu'elle plellil'ait. A la vue de cette infortunée, ·Madeleine, dont le cœur plein de pitié débordait, s'approcha d'elle, devançant ses amies: - Etes-vous malade, Madame? lui demaonda-t-elle. - Non, Mademo•i se!le, mais peut-êtrre le serai-je bientôt. On a !Ïermé noire couvent. C haoul!e de notts, mtu1ie d'•un peu d'argent, est allée de son côté. Pour ménager mes qu.e lques sous, j'ai fait à pied beaucottp de chemin. Je suis .à bout de forces. - De quel couvent êtes-vous? - Des Célestines. - Oh! s'écrièrœl-elles en chœur, c'est par elles que nous -avons é té élevées! - Béni soit Dieu! dit l expulsée. - Mais où a llez-vous coucher? lu i de-manlia Madeleine. - J'espère qu'on me permettra de rester sur ce banc, en attendant le qoLU·. Et •demain je chercherai de l'OLwrage pou1r avoir du pain. - Non, ma Sœur; je ne vous Ja issera.i pas ici , insista Madeleine. Vous a llez veni.r avec moi chez mon père. - Bravo, Madeleine! c'est très bien, dirent Jeanne et 1Marguerile. Dema in, nou.s seron;, çhez toi à 7 heures, et nous verrons ensu ite ce q u il faudra faire.

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Il n'était pas encore minuit, et déjà la pauvre voyageuse, que le père et la mère de Madeleine avruent cordialement accueillie, ~ e reposait de ses fatigrues et de ses larmes d'aus le lit de cette dha.ritable enfant. Une couchet!e su.r un divan <levait s uffire à ceJie-ci. Avant de dormir, :Madeleine descoodit pour embrasser ses pa·rents. Tu as hien agi, ma '[ille, lui dit sou père, mais comment pourrons-nou.:; la garder? - Il y a, aw cinquième une petite chambre. - Et de loyer?

- •E lle travaillera. . . . ]"en réponds . .. D'ailleurs, si ~'avais épousé mon Hancé san. fortune, il a•urait bien faLliu lu•i donner abri. Eh bien! -abrit011s au,jourd'hui cette ser. van1e de Dieu pour que -Dieu bientôt uou ~ ramène celui que nous attendons. Le père et la mère de Madeleine l'embrassèrent. Emus jwsqu'au fond de l'âme, .ils reconnais&aient leur sang.

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Dès l'arrivée de Marguerite el de Jeanne. le lendenlll!in mat.i!ll , à 7 'h eures, •l a ohambre du cinquième étai! prête et l'1tospitalisée de nos midinettes y était installée. A mid'i, les trois jeunes filles revenai~nl joyeuses de feur atelier. M. Vandressrnarck heureux de s'associer à l'acte généreux de ses employées, leur avait confié de J'ouvrn.ge pour l'ancienne Sœur, en leur promettant de lui en ùonner tou;ours. Il fut fi dèle à sa parole, l'ouvrage ne manqua donc !Pas.. Mais la sécu. lal'isée ne trava illait pas vite, et iL ~mporlait de ne pas ê tre en retard pour les li vra isons. On vit a lors .IIJJJle de ces choses qu'il n'tsl pas lacile au plus fin penseur d 'imaginer e -que la gélléreuse simplicité du vrai peupl~ r éa lise spootanément et plus souvent qu'on ne le oroit. Au lieu de consacrer à leuJI d6j,ewner et a lettr promenade Lbeure et demie accordée p3r leur patroo, Jeanne, Madeleine et Margne· rite se réuruS;saient à midi dans la chambre de leur protégée. U, elles dëjeuruùent ensem· ble; en ·un quar.t dlheure, c'était ~ait. Puis eJies prenaien1 en main l'ouvrage de la Sœur, et, la condamnant au repos, elfes tiraient fiè· vreusement l'aigui lle pendant une heure pour achever ce qui n'était pas fini. M. Vondress marck pouvait ëire servi comme .iJ le voulail, et sa caisse s'ouvrait pour iourni•r le p.tio ainsi gagné. Un jou.r, cependant, une ombre passa sur ce séduisant tableau. !L'ancienne religieuse fut, dumnt trois semaines, gravement matadt Ce Œut donc auprès de son Ut qu'à midi, O•l le soir en la veillant, -Madeleine, Margueri!r et Jeanne firent penda.nt près d'.un mois toul l'ouvrage de celle qui ne pouvait pas travailler. Si bien que non seulement le médecill rf

les remèdes furent payés, maiS que dans la polhe d'une booue et belle robe que sc~ chères filles avaient faite pour elle. la Sœu r, conva-

. Pcndaut huit JOUts, on pa ria beaucoup du •re~e de l'expulsée, et sans doulc on y

.peu·

sali encore, œrtain ~ir pendant la veillée de frava i•l, quand il se fit dans 1escalier un grand bruit de pas précipités. La porte de la chamhr~ s ouvrit violemment, el le rère de Madeie111e pamt. Presque à bout de· souHle if s'appuya su.r le dossier d';une chaise et l~l­ <lant à sa foille •une lettre ouverte, il mun~m•ra: - C'est de lui. Malgré ses larmes, !Madeleine put en, lire à haute voix les dernières lignes: • AprèSI hie11 des dangers, écrivait l'exilé, el de r udes combats, j ai vainœ ooe horde de bandits dont le succès eCtt wiué mes patrons. Ceux-ci me rappellent à Paris et fon t de moi leur associé. Demain, •je serai auprès de vous. - Ma chère Madeleine, Je beau navire dl: 111011 rêve a reparu, dit la Sœur, et il arrive. - Voi re reve, boon~ 6œw·, u 'a plus besoin dê(re expliqué. Jai garné • l'Espérance•. Dieu, t'éternelle vigie d'u sor t de ehacuu mc do1me le booheur ' . - Mes chères tilles, reprit ,] a Sœur, ponfiltaot un peu, comme 5'i elle eût vouJu faire la classe, ceux qu'ou a ppelle • les bonnes· gens. et qui sont les • fidèles de la • sagesse de~ nations », on( formulé par un proverbe la loi de mutualité divine qui console l'humauité. Ils ou t di b: • Qui doone aux pauvres prête à Dieu. • Vous voyez aujou.rd hui comment Dieu remPaul PIRINCE11EAU. bourse.

le;;cenle, put trouver uuc bourse contenan t uue jolie épa rgw1e, richement a<:crue d'ai lieurs par les libéralités de M . Vaudressmarck. - J e •vois, d Lt-eUe, que pendant ma fièvre le~ anges on t [ail leur œuvre. Et, en fem-me p ratique, elle ajo~ta: - Mes enfants, je veux bie.1 ne pas pa.yer ta raçon, mais j'entends r égler les liountiture3. Le lendemain, elle recevait une enve!oppe daus laquelle elle trouva une fact ure avec entète de la 'lllaison Vand:ressmarck, ainsi cou1ue: 4 mètres de drap 10 Pater Boutons , galons el doublure 10 Ave Pour acquil: U1L baiser. - Ah! pour la prenùè:rc fois de ma vic je rOI$ des anges. Vcuez, mes en1aitts, que je ~ embrasse. Et serran[ ces braves filles su1· son cœur die dit: ' - Votre cowplc est juste, je le so lde. Les 10 Pater et les 10 Ave, je les d irai pour que Dieu m 'ex;plique le rêve qui m'a hac1té drttratit lou! le lemps de ma fièv re. - Y·naimenJI, ma bon11e Sœur, vous avez lai! un rêve? Oh! racontez-le, s'il vous plaît. - ·Vo'lontiers, le voici: C'était d'abord une mer en furie, dont les vagues, effroyablement hautes, semblaient alteindre !jusqu'aux nues et fermaient tout l'horizon. Puis la tempête peu à pei.L s'est calmée, .. cl sur les flots tranquiles et bleus- s'es1 avancé un magn ifique vaisseau. Ses mâts se balan~aient moiJement parmi des guirlandes de fleurs suspendues dans l'espaœ et des milliers d 1oiseau.x a.ux brillantes 'couleurs voCEREMON1E ORIOINALE laien t dans l'azur NuJ bruit ne troublait le Yèvre-la-VIlle, dans le diocèse d 'Orléans, calme des airs. Dans ce majestueux silence, a célébré solennellement sa tradiliounelJe une voix a été entendue qui disait: • Je suis • messe de moisson • . Un peu avant 11 heuI'Espé'ra:nce •, et co mme un écho aru10nçau t res, d u bourg comme des hameaux, les fanùlle bonheur, le cri- d'une invisible yjgie a ré- les, les hommes compris, arrivent en grand pondu: • Terre de France! • Alors le navire nombre) et causent joyeusement, à l'ombre, dea dispar·u dans un nuage de pour~re et d 'or. vant le porche de l'église. .Personne n'a fait Je ne l'ai plus vu. toilette, car, pour cette messe, les habits de

---·-·-·-·---·...·- ---Variétés

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travail sont de rigueur. Cela donne déjà un


153 152 charme pittoresque à la cérémonie. L'heure sonnée, tout le monde entre à l'église, qui se présente toute ;pimpante avec sa parure de circonstance. Elle aussi est en < habit de travail». Tous les autels, toutes les statues sont ornées de gerbes magnifiques de blé, de seigle, d'orge et d'avoine. (Les bleuets, les marguerites, les coquelicots n'ont pas été oubliés et font ressortir les trois couleurs françaises. Pendant que le curé de Yèvre-le-Olâtel célèbre la messe, tous les assistants chantent à l'unisson le cantique à Notre-Dame des Champs, le «Chant du Moissonneur •, de Brizeux, l' • 0 Salutaris » et •l.a Catholique •. Un prêtre du diocèse de Chartres, l'abbé Fer· ron, monte en chaire et parle sur •le sens chrétien de la moisson •. Ensuite, chant du «\Libera • et absoute devant la plaque de marbre qui rappelle les trente-deux victimes de la grande guerre. La cérémonie se termine par un Salut d'actions de grâces pour les biens de la terre, et par quelques mots du curé, qui remerc~e tous ceux qui ont pris parl à cette • messe de moisson •.

~ 'LE BUOHER DE JEANNE D' ARC A Rouen, le prési{ient tint ·à rendre homma-ge à la vierge g uerrière qui incarne la patrie etl! armes contre t'enva'hisseu.r. Il iii le pèler.inage de la place du Vieux-Marché, où fut dressé Je bûcher de Jeanne-d'Arc. A la place oü b Pucelle souffrit mort et passion pour la France, lM. Millerand déposa une palme.

Mais comment saii-on exactement la place du martyre de Jeanne-d'Arc? Par le • Livre des fontaines •. Cet ancien répertoire Ides fontaines rouennaises comporte un plan très exact des canalisations, des houclle.s d'eau et, par surcroît, des monwnents, mai·sons. A la place du Vieux-Marché, l'emplacement de l'échalaud de Jeanne d'Arc a été noté avec minutie. Gr✠au « 1L ivre des fon.taines • on a pu répérer très, exademoot le lieu où fut dressé le bûcher de la libératrice française.

l.JA VOCATION lOU OARDlNAL GIBBONS Un missionnaire de la Nouvelle-Orléans le P. Duffo, eut un jour l'idé!! - c'était e1; 1852 - d'entrer chez un grainier de la ville pour certains achats. Il eut recours au com. mis de confiance, un jeune Irlandais de dixhuit ans, que daus la boutique tous aimaient et que familièrement on appelait Jimmle, _ diminutif de son prénom James (Jacques). Le ·P ère et Jimmie causèrent, et de fil en aiguille, après avoir parlé graines, on devisa bien. tôt d'un autre genre de semailles. L'entretien prit une telle allure, qu'au bout d'un instant le P. Duffo disait à son interlocuteur: • Ne voudrais-tu pas être prêtre? - Comment y pouvais-je songer! répondit Jimmie. Pour ga. guer ma vie, je dois être ici tout le jour, et je ne puis fai re d'études. ~ !Mais le mission. naire répliquait : «Tu as tes soirées, viens chez moi et je te ferai la classe. » tLe disciple imprévu de cette classe improvisée vient de s'éteindre sur le siège archiépiscopal de Balti more; il s'appela le cardinal Gibbons. ·~

DES ANINIVERSAII!RES DE MARIAG E Noces d'un an - noces de coton. de 2 ans papier. 3 ans cuir1 bois. • 5 ans laine. ~ 7 ans étain. • 10 ans » 12 ans SOIC. porcelaine. > • 15 ans • • 20 ans cristal. • argent. • 25 ans » , • 30 ans perles. » r ubis. ~ • 40 ans • 50 ans » or. • 60 ans diamant. Au delà, a.jou1le l' Allma·nach, c'est rinlini, ou plutôt l'in·finiment .rare.» ~

~ j: Celui qui emprunte s'abdique lui-même.

. . . Avez-vous de quoi vivre? N 'emprunteE pas. -N'avez-vous pas de quoi vivre?. N'enJo pruntez pas non pJ.us: vou·s ne pourriez vous libérer . ... Plutarque.

Mobilier du Chrétien Un bon ch:11étien doit toujours avoir sur lui: son dl..apelet, a~Vec .olloix, mté· daille ou ,scapul1ailfe •le •remplaçant n·dloit .a:VIotr, ;dfan!S! .s a mais1on de !"eau bénite, du btrts •bénit, un cierge bénit. Qu'·on ne soit 1pas 'dblig'lé, le cas éch:éant, d'amer chercheli ~out ·cela ICI1ez le voisin. Il faut oons.&ver a vec un g~rand soin, quelq·ue mode,ste ·q.u'il soit, son tableau de première , oommun~on !Près de son lit. Une stat-ue de la Ste Vierge doit être visiblement plaooe sur la .cheminée ou la •commode. Enfin, un Ohrist de famille dlo·it être fixé sans le mloindre lf eSl}JeJCt humain, à l'en dŒ'oit du logis le ,plus appa:rent, car il faudr.ai.t ·q u·e ce soit celui-là, toujoŒr.s le même, qui reçoiv·e le 'demter 'adieu, le dernier b:aiser d'e tous les moumnts d·e la famille. Qu-el 1préoieu.x siQiuvenir . Nos foyers seront biéni·s quand V.Pai. ment notre !Dieu y tiendra ·s a •place, la première .pall"tout. 1

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----·- · - - - - - -Le devoir des mères· L'aveni.r d ;11n enfant, selon le mol si juste de Napoléon ler, c'est l'œuvre de sa mère. On l'a, en eifel, bien souvent cons1até, presque 1-amais un saint ott Uil!J h~ros n'apparaît sur ierre sans que Oieu lui d0t1ne dans un père ou daru& une mère digne de lui un précurseur capable de le préparer à ses ·hautes destinées. C'est sur les genoux de la mère que fen· !mtl ~e fa·çonne de toutes les manières, là qu'il reçoit la part du patrimoine sacré que lui lèguent ses aïeux: richesses de la; pensée, du cœur de la volonté; là qu'H commence à prendre une physionomie morale, intellectuel· le et religieuse ; là, m un mot, quït eSit formé. S'il ne l'a pas été sur les genoux de sa mère, œ sera toujours un .malheur, presque irréparable, œr r,ien ne peut remplacer cette

éducation. Si, au contrai·re, la mère a tou· jours pris à cœllll' d imprimer proiood~ment sm le front et dan•s le cœur de ses en~ants le caractère d,ivin, on ·peut être presque sûr que jamais le vice ne l'en pollll'l'\l \aire disparai· tre. ~ Et voilà pou!Tquoi, d 'instinct, nous gémissons sur le ·s ort de l'enfant qui u'a pas connu sa mère. Toujours il lui manquera quelque cho·se, comme il. un fruit qu11 n'a pas eu as,sez de soleil. Sa vie a été sans aurore; il s'en sou· viendra dans les moments pénibles. . . . pour pleurer ce malheur; il aime ·s a mère cependant, ma~s plus par l'albsenœ, .pour le besoin de sa tendresse que par na notion qu'il pelll s'en faire; il sent que ce doi't être si bon d'avoir une mère! Il n'a jamais été jeune ni 1joyeux, s'il est vrai, c<Jmnte le dit le cardinal Pie, .q~t'on est triste et qu'on vieillit à partir du jour où l'on perd sa mère. · Les saîntes qui furent nos mères c ous font p;us encme apprécier - notre bonheur et la [ristes.se du .pauvre orphelin . Uue mère pour être vraiment • le chef-d'œuvre du cœur de Dieu • , doit être Uille mère ch·r étienne, elle seule cornprendra h ien tou,t ISOO devoir et lt rernplira sans défailliT. ~ 1

Pour s'adonner à la g:rande œu,vre de l'éducation, elle n'atlen,d pas que son enfant puisse balbutier, elle n'atiend même pas qu'il soit au monde. Elle srut !ClUe pendant le temps où son er~fant va vivre avec elle d 'o oe même vie elle peut déjÏI. le sanctifier, et elle l'offre alors à D ieu avec toute la ferveur dont elle est capable. Sa<inte Monique, dit Saint François de Sales, pendant qu'elle por tait le gra.nd s1û nt Arugus.tin, le dédia par plusieurs oifres à la rehgion chrétienne et au service de la gloire de DieU:. .De telles mères, on n'a pa-o A le r ed:o uter, ue iewnt pas nourrir leu:r.s enfants d'un la:it étranger. Elles ·savent que leur tâche n'est pas accomplie quanld elles ont donné un COfipS à l'âme que Dieu leur confie. Il serait trop à craindre que des influecces néfastes ne vien·


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1.54 nent c<mlrarier ou annih iler le lravail délicat de la formation qui rencontre déj~ tant d'autres obstacles. IHeu.reux enfunts! en recevant la vie d!uJ corps, ils peuvent nourrir leUir âme de la ·foi, de la vertu, de Phonneur, qu 'ils li·s ent dans les yeux de leur mère, et perçoivent dans ,sa voix! Mais tout œla n'est que le :rav.i'->s.ant prélude de; la grande œuvre de l'éducation qui va commenœr. la •mère chrétienne sait que son enfant a .w1e âme, qu'il peut :se sauver ou se ,perdre, et, parce qu'elle veut l'aimer et en douir non -seulement durant quelques années, mais toujouo:s, mais éternellement, son amour maternel ~1~ recuJlera devant a·UC·un sacrifi•ce, quelque cruel iqu'~l soit, powr que son enfant se sauve même malgré lm. • 0 mon Dieu, s'é· criait saint Augustin, je dois tout à ma mère ... Si je n'ai pa:s péri, c'est que ma mère, presque folle de douloor, pleurait nui! et 1our et qu'elle versait tou,t le sang de son cœur en sacrifice poux moi.-»

piété était la part d'elle-même qw'elte désirait le plus ardemment oous communiquer. Fa,i re de noi..IJS des créatures de Dieu, en esprit et en vérité, ·c'était sa pensée la ,p lus maternelle. A cela elle :réussis·SQit sans système et sans efforts et avec cette •merveilleuse habileté tde la naktre qu'aucun artifice ne ;peut égaler ...• Nous croyions 'que Dieu était der:rière elle et que nous allions· l'entendre et la voir, comme elle ,sembla.it elle-même l'en!endre el le voir .. .. Dieu était ,pou,r nous comme l'un d'entre nous. •Il était né en nOtUS a,vec nos pre. mières et nos plus indétini:ssaibles impres.· sions. Nous ne noUJS souven-ions pas de ne 1'a voir pas connu; il n'y a va if pas ,un premier jour où l'on n·avail pulé de lUJi. Nous l'avions lou:jowrs vu en 1tiers en-tre notre mère et aous. Son nom avait été sur 111os lèvres avec le lait matemel; nous avions awris à parler en le balbutiant .... ,.

iLa mère doit épier toutes les manifesta· lioos des ·v ertùs naturelles q:ui se montrent en ses en~ants et en favoriser l'éclosion par son application à les développer, comme aussi elle doH avoir assez de ~e.nneté pour réprimer les tendances perni·cieuses qui se produisent déjâ â cet âge si ten-dlre, et :redresser les déviations possibles de leu.rs qualités. Pour réussir dans cette œuvre ·importante mais délicate, que la mère ·se serve des jeunes sentiments de son en![an.t. ('.e1ui-ci ne connaît encore que sa mère, et malg.ré le peu d'envergure de S'a jScience, il reconnaît, à ne pas s'y tromper, si sa mère est contente ou heureuse ou si quelque chagûn la towrmoote. Que la •mère iwsp.ilre ldbnc à ses enfants - et qu'elle s'en inspi:re aru.ssi dans sa condUJitet ~ ce dOU> ble principe: -tendresse très vive à son égard e t crainte d~ LuJ. déplaire. • Ces deux sentimei1Jts, assurait Mgr de la Boumerie, m'ont sa·twé en •qruel·ques circonstances de ma vie. •

Pou.r q~t~e la mère puisse ainsi verser de so.n cœur dans celui de l'enfant ces enseignements divins, il faut que ,son cœur en soit rempli; pour se déverser saris effort, il faut .que le vase soit plein; le cœur de la mère ùoit être renl!Pli jusqu 'au bordJ de resprit de Dieu pour procLigiUer ~ ceux ,qui en ont fanu les alimen·ls substantiels qui ~ont vivre pour l'éternité. Elle peut· o:épéter sans cesse avec le Sllilllveur du moode: • Je me s·anctifie pour eux , car elle ne peut donner que ce qu'elle a et elle donnera bea.u.coup si eUe a beaucoup. On s'imag<ine difficilement la force d'rule telle éducation. iLes sentiments et les convictions qu'elle a peU! à peu développés dans les üeunes âmes résisteront à tous les assaurts. ils pou.rrorut peut-être disparaître pour un terrws, mais, malgré tous les efforts, un jour viendra où ils reprendront leu.r préd0111inan· ce, ce jour-là sera cdui où l'on aura pensé à sa ·mère. Ecoutons le .c ri d1un des der.niers convertis, François Coppée: r-ien en ces ma· iières n'est instructif comme un exemple: • Voilà plus de vingt ans que ma mère est ulOrte, et j'avais ~out de même le cœu.r d'un fils, car ce •jou.r-là quelque chose s'est éteint

~ Voici ~ ce su[eb u;ne page pleine d'une émotion dot.OCe et profonde; elle est de Lamartine: • Notre mère était pieuse .... Cette

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en moi, et, depuiis lor,s, je ne me -suis pl'll:S sen,ti jeune. " Jama..is je n'a.i. -si souvent évoqué' la mémoi:re de ma mère rque pendant cette maladie et cette longue convalescence quJ m'o11t inspiré de si graves méditations. C'est en balbuliant après ta.n t d 'années, les ,prières que ma mère m'apprit dans mon enfance que mon âme a ,[enté de s'élever vers -Dieu. C'est dan~ l'espérance de revoir ma mère que je veux croire à la vie 6ternelle. Oh! comme je pensais à ma mère, le jour où powr mériter cette récompense de la lfetrouver au ciel, je me suis promis que le temps qui me reste à :vi,vre serait rempli pa.Œ" des .rêves rplu:s pu:rs et par des actions meilleures! Jésus qui a fait tr.i.ompher s-a mère auprès de LllJi,, dans son diviilli royaume, bénira la prière d'un iils et d 'un 1:hrétien. » le même poè~e nous confie qu ti.l .a eu Je pressentiment du paradis, lor,squ'il étaiJt un petit enfant plein d 'innocence, et qu'i l s'endorma-it, ses deu.x b ras au1ow du cou de 'Sa sainte mère ... Pour lui aussi, ,ga conversion au, dédin de la vie est d ue oo grande partie à: ,sa mè.re • q ui a mêlé! le nom de Jésus et de Marie à ses premiers balbutiements ...

Pauvre gosse t

lia scène se passe chez nous, où vous voudrez : Gest une des pl-us noires journées de ganv·ier. Sept heures et quart! Riqu.et - dil{ ans - ·mal réveillé, enfile ses bas, en poursuivant, les yeux mi-clos, le beau rêve inter· rompu, plein de bateaux miraculeux, d 'eaux enchanteresses, de musiques délicieuses. Maman intervient: - Allons, Riquet, dépêche, tu vas être ett re lard! Il déjeune à la hâte, sans plaisir: Ce chocolat est trop chaud, -les tartines trop 5roides, et l'heure avance! ,Riquet part pour i'école. De llJUit à onze, il coo!ient avec peine des jam·bes turbulentes, UG:Ii babil indomptable, des ri· res prê'ls à fuser ; son esprit, aiguillé de force dans les voies de l'inexorable programme, passe de Charlemague aux compléments d'obâets, va des Alpes de Glaris aux hectogram· mes de sucre ou autres 'denrées, cependan t que, soo touo: venu, il déclenche automatiquement: Sept iois ·hi(Jiif, cinquante-six . ... A onze heures, la cloche soOJ!Ie: le torrent enfantin, libéré et fougueux, dévale les escaliers et on respire. 'Riquet s'en vient à la maison, entr'ouvre la .porte de quelques cenlimè· C'est l,a mère qu~ doone â t1Eglise ses prê. tres et demaod~: - Maman, il y a kles commiss? tres, au, cloître ses vierges, au ciel ses élus, ·Il y en a ou il n~y en a pas; souven t, ·il y i\ la patrie ses défenseurs. ,Elle partage avec le prêtre la 'fonction suiblime et di~icile de en a. 'Voici mi'd'i: 'Rique t ,s e met ·à table, exl'éducation des hommes; la maternité avec ses péd ie son dîner et dit: - Je repars, c'est moins vingt! soulfrances et ses ineffubles goies est un véEt de une heure à quatre, le voici recloué ritable ·sacerdoce. Ce que le prêt:re est chargé d accomplir dans t'Eglise pour !lous les à sa plaœ immuable, s.ur son banc J'âpé oit Jidèles, la mère chrétienne se dloit de l'accom- s 'u sent ses ctùolies et sa jeunesse, celles-là pïir dans le ,sanctuailfe intime de la famille réparables, m.a·is non celle-ci, hélas! De une pou.r ses enfant-s, elle est l'awciliaire vigilante à quatre dbnc, Ri-quet relit, recompte, répèle . . . bref, c'est le matin devenu après-midi; on et l'aitd~ nécessaire d:u prêtre, car il n'est que trop vrai qu'au foyer on peut dér:r,uire ce qu'il est à l'école, c'est comme ça! A quatre heures, la cloche s.onne: le tora édifié avec tant de peine à. l'égl!ise. rent enfantin, etc. (\'oir plus haut). Riquet est rendu à sa famille, 1<héoriquement du moins; t la première el la pll.lis importante qua· le local est plus familier, le souci est le même. lité de la femme est la douceur. - j'ai des tas de tâches pour demain! J.-J. Rousseau. ill brandit son .carnet q,ui est la pif>ce à l . conviction. Maman s'informe:


118 àj ~a bonne ménagère qui tenait si bien sa maison. Une porte ouverte laissait voir une chambre plus petite avec un lit de fer, une table volante et une bibliothèque pendue au ~ur et chargée de gros livres à mine rébarbative. Mme Sorbier était demeurée veuve, deux après la naissance de son fils Jules, et ~! avait grandement peùné pour l'élever avec

bien le rec<>nnaître, un rjour, dans une allét de la vaste nécropole. . . Mai·s c'était Ulle femme d1s~ete, ~~ 1~ moindre grain de cette curiosité attnbuee a son sexe, ne se mêlant des affair~s de person· ne et comme le petit Jules (toujours les ~­ fa~ts terribles!) s·étai-t attiré un c non» btœ Sf'C en demanllimt: - - C'est-y pas vous, M. tP hilippe, ~ue ~ous avons aperçu cette après-~idi. a_u c~~here? Elle comprit ~ue ce sujet etait petnble au vieillard et détourna la conversation, désolée qu'elle efit été de lui causer le plus léger cha-

son travail. Le gamin était vif, pétulant, mais studieux, et la mère soupirait en songeant q~e ses mod iqttes ressources ne lui permettraient pas de 1~ faire continuer son éducation, quan~, un beau lj:<>ur, elle reç~t un~ lettre du provlse~: du ~ycée Saint-Louis, ~ul an:nonçant que . pension de renlant élatt payee par Ulle per) sonne qui désirait gardeL·. l'anonyme et qu elle pouvait amener le petit Jules. . de l'étotlllement et de la joie de la 0 n •Juge · · · · liser son pauvre 'femme qui voyait amsl se rea . rêve et qui, cha.q ue soir, dès lors, '!'na ardemment le Ciel· pour ce .protecteur u~coil(lu, dont les bienfaits iie devaient pas s'arreter En effet, Jules ayant brillamm:nt ~ermme ses études, et désirant faire sa méd~cme, r~~ ut régulièrement, une petite pellSlOn et ç. ' é . à chacun de ses examens. t somme n cessa1re - Je n'ai qu'un regret, répétait so~ven 1a 1homme Veuve ' c'est de ne pouvoir remercter · · d e ses bontés: généreux ~u~ nous comble ainsi - Bah! répondait M. Philippe, son _conhdent habituel c'est quelque vieu~ géneral ~ ' aura sauve• la vte' quand 11 qui votre mari était soldat. . . Ce M. •Philippe, qui habitait ~e~ut~ vmr: ans bientôt le logement parall~le ~ celw de mère et du fils, était un peht v tet liard pro.pret et soigné dans toute sa person~e, !o~t jours exactement vêtu de noir, et qui vtva~ seul de ses petites rentes, sans que nul _Pêne· Chaque dtmanirât ' jamais dans son 1ogts. •. che, il s'en allait après son ~e]euner et ne rentrait qu:e pour l'heure du dmer. Ulll locataire raconta l'avoir vu, un bou· quet à la main., dans !es env1rons _du Père. t Mme Sorbier elle-meme, cru\ Lachatse, e · '

.là:

15~)

grin. \Il ~aut dire qu'elle avait pour son VOISID une affection reconnaissante, mêlée ~e Yéflération, depuis la maladie .de ~o~ ,ms (une rougeole pourprée qui avait failli t. ~mpor~er à huit ans), pen'<iant laq.uelle M. P~tltppe 1~­ va~ii aidée de ses conseils, de seS! soms, et meme de sa bourse, s'installant au chevet du pe· üt malade, le veillant, le gâtani, comme un bon papa, avec un dévouement d<:>nt la mère ne parlait jamais que les larmes aux yeux. 1) . •E t pourtant (comme on se trol~pe. JUS· que-là eUe aurait juré qu'il détestait les en· fants en général et Jules en particulier, tant il. avait tou1ours un regard dur, un~ paroi: amère pour ces pauvres innocents qu.l ne lUI avaient cependant rien fait. Mai.s, à pa:rtitr de cette époque, il changea complèteil-:ent de manières, s'intéressant à la santé du garçonnet, à ses études, el le récom· pensant de son application par des :adeaux, bien modestes, mais qui n 'en touchaient pas moins vivement le cœur de la mère. . Parfois, cependanlt, quand le gamm a~; courait ~oyeusement vers celui qu'il appelai • grand-père •, il s'arrêtait, ~a~pé d.e 1altéra· ti on de ses traits; mais ce n ét~nt qu un nuage aussitôt dissipé, le vieillard souriait au blOil· d.in en l'embrassant. . Une seule fois il se tâcha contre lu1. IMaî.tre Jules curieux et malicieux entre tout ayant prolï'té de la porte entrebâillée par mé~arde, s'était glissé dans l'appartement ~é· fendu et, apercevant un ~and tableau vOII.ê de noir et surmonté d'une croix d'honneur, •1

allait soulever le crêpe, (Juand il se senlit TU· dement saisi par l'oreille et jeté dehors avant d'avoir eu le iemps de se reconnaître. Il ne se vanta pas de sa mésaventure et M. Philippe lui dit simplement: ~ T<u sais!. . . que je ne t'y reprenne jarnais. Mais cela d~oo ton tel que l'etllanl en garda une pl·o'îonde impression.

~ - VoilA vos 44 Jr., avec tous mes remerciements, madame Sorbier; ce n·est pas trop cher, car •je trouverais .difficilement une ouvrière plus habile et respectant nùeux mes manies. - Merci, monsieur, cela complète juste la somme diu :prochain examen de Jule:o. - ·Bah! son proteclew· ordinaire uc lui kra pas défaut. - N 'importe, j'aime mieux prendre mes précautions. - Je n'ai pas entendu rentrer uotre jeune homme, hier soir. La mère soupira. - Hum! il se dérange? - U faut bien que jeunesse se passe, monsieur. - Sera-t-il prêt pour son coocours d'in~rnat?

- Oh! certainement. .. je... l'espère. Et pour cacher son embarras, elle prit les pièces d'or et ouvrit l'armoin. - Gest ma tire-lire ou plutôt celle de Ju les, dit-elle en sortant une boîte de dessous une pile de linge .. · . Mais elle s'arrêta, interdite. tl..a boîte était vide. - Qu'avez-vous? est-ce que ron vous a votée? - Impossible! - l'a.rgent .y était encore lier matin et personne n'est entré ici que Ju· les. Une pâleur subite couvrit son visage et one poignmte angoisse lui serra le cœur. - Ce n'est pas lui ... oh 1 ce n'est pas lui! monsieur! s'écria-t-elle en rencootrant le rePrd scrutateur du vieillard.

!Mais en même lemps, ses forces l'abandon· nèrent, elle tomba sur une chaise et éclata en sanglots. - Voyons, ma ()hère dame, ne vous désolez pas et ayez confiance en moi, ne suis-je pas votre plus vieil ami, Jutes a des mauvaises connaissances . . . il se dérange? · .. - Il joue, dit-elle très bas. - N'i mporte. . . rien n'est désespéré, il a du cœur, seulement il .a besoin d'une leçon. - Mons•ieUIT ... . - Soyez tranquille. . . ou je me trompe lori, ou il n'en méritera pas une seconde. - Mais je ·c rains ... . Elle n'acheva pas .. . . La porte lut violemment poussée. Un jeune homme par,ut sur le seuil. Il était fiévreux, td~ait , les tra its creusés par l'insomnie. A la vue de sa ·mère anéaniie, de l'armotre ouverte, il comprit tout el devint livide. - ·Voilà votre œuvre, Jules, d il sévèrement le vieillard. Comme les natures 'faibles el violentes, le coupable s'en prit il ce tiers importun don t 1'intervention l'mitait. - Je suis prêt à recevoir les reproches de ma mère, monsieur, mais non les vôtres. -Mon fils! - Vous les recevrez pourtant, j ules, st vous ne rougissez pas devant celte qui Iravaille sans cesse pour subvenir à vos folies, je vous forcerai à rougir devant moi. ~ Devant vous! - Oui, devant moi, qui vous ai lait cc que vous êtes, qui, depuis quinze ans, paye voire éd•ucation . ... - Vous! c'était vous! s'écria Mme Sorbier en •joignant les mains. Mais l'exaspération du 'jeune homme ue connaissait .plus de bornes. - Ah! c'èst vous! eh bien! je ue vous en remercie pas; au• lieu d 'u n i•g nora nt simple et heureux comme mon père, vous avez !ait Ull déclassé, un misérable qui, à ce-lte heure, n'a plus qu'à se brûler la cervelle. - Mon enfant!!! - Et pou;rquoi cela, je vous prie?


160 - ]'ai joué, j'ai perdu, je ne peux pa!> payer, je suis tdéshonorél - Et vous voulez racheter une faute par un crime! ... - C'est mon affaire. - Pardon, c·est la mienne. Celte vie dout vous disposez ainsi ne vous appartient pas. Vous eu devez compte. - A qui, l vous? -Non. Et l'entraînant, avec 'UJ1e vigueur au dessus de son âge, sans que '!"autre s~upéfait son· ge à résister, dans son logis, toujours si bien clos, il le pousse devant le grand tableau au voile noir quïl arrache d'un geste brusque et découvrant le portrait d'un .jeune homme au. visage souriant, au fronf pensif: - A celui qui, il y a vingt ans, a donné sa vie pour sauver la tlenoe; à ·celui qui a sacrifié, poor racheter ton existence condam· uée, toute une existence de travail, de gloire et d'\L10nneur; à celui, enffn, don.[ ta mère, elle, a pieusement gardé le souvenir et dont chaque année elle fleurit la tombe. - De .quoi parle,z ·vous donc? dit le coupa· ble, reculant sous le regard dominateur du vieillard. De l'interne François Vauquelin ... • mon :fils», J~Jies le contempla uu ins[ani ... l'air égaré: - Votre fils !. .. el c'est vous ! ... Oh l!! Et il tombe à genoux:.

>$ Le vœu sup1·ême de françois Vauquelin est son père n'est pas seul, ruu ,fils ad·optif entoure sa vieillesse de soins et de ten· dresse. Jules Sorbier a brillamment terminé ses études et vaillamment conquis ce ruban rouge déposé jadis sur la couche .funèbre de celui qu'il appelle «son grand frère'"· . Cest un des maîtres de l'avenir et son nom est bien connu, des 'mères, car, en mémoire de celui à qui il doit la vie, i~ s'est con· sacré à la médecine des enfants. Arthur DOURLIAC. exa·u~é:

161 SOYEZ DE BONNE HUMEUR

Alphoose D:tudet, qw.i passa une partie èe sa vie da~s des sou~frances ter.ribles, d isait avec son Hn soU!rire douloureux, qu'il élait un excellent • professeu'r de bonheur •. Et l'on peut toujours, avec de la baune vol011tfé, se constituer professeur de boul,eur . . . poU!T 1$ autres. Il ne s·agit pas de grandes directions morales. Le meilleut· conseil là 'donner pour la coudu~ite de la ·vie est L~ll remède de bonne femme. Je le fo.rmule ainsi: · • Soyez de bonne humeur. • Un· poia1l, c'est tout. D'abord, la bonne hu:meur exclut Ul mé· ch:wœté. Et la meilleure ·ligJJe de c011duHe est celle toute blattche, toute droite, 1oule Ju. mineUJSe (jjUe trace la .bonté. Pas la boorfé avec un B maj.uscule, la bonté dont on fait des li· vres, des dron~e s, des déclamaliolllS et de la polihque, mais la vraie, la 1oodre, la spiri· tuelle, la simple booté. C'est d·iŒiiciJe d'ëlrc bon quand on est hargoeux et maussa•de. Mais un· méchant, un vrai méchant, n'a jamats poussé lli1 éclat de rire. Soyez de bonne hu· meur. N'allez ;pas e.1tre les devoi·rs de la vic tite basse et gooOUX tremibJ.anls comme Ill! che'Val de fiacre enlre ses brancards. Vivez joyeux sel011 l'éternel conseil du, maître. Ne croyez point que la mélancolie soi•! une alti· tude et la gravité une force. Qpposez aux em. bêtemects joUJfnaliers le boucher de votre boone humeur: il sera d'ai·rain contre ces coups d'épingle. Haussez souvent les ~~~­ les et ne vous mettez jamais en colère. Dt· ·fin, ayez un bon estomac et 'mélfiez-V'Ous des coo·seils en songeant qu'ils sont souvent in· téressés, sou'Vent dotlnés à la légère et que l'011 t-rouve en soL d'excellentes inspirations parce que ce n'est pas votre cœur qui bat daos la poi1rine des autres. Voilâ! (.,Les Annales ..). Henri Duvernois.

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En vérité, l'influence journalière que les .parents exercent sur les enfants par la vie qu'ils mènoot sous leurs yeux est si grande, que le meilleur système d'éducation paternel· Je pourrait presque se résumer en ces deux mots: c Améliore·toi toi-même. • S. Smiles.

Le Salut 4ans la Détresse l) - - --· ----

Alloc~.~;tion

de NN. SS. les Ev'êques de la Suis· se aux fidèles de leurs diocèses à 1occaSI.ion de la lfête fédérale d' Actions de Grâces 1921. Nos très chers f ·rères,

Il nous a!Wair été bien doux, en cette fêle [édérale d'a-ctions de g.râces, de pouvoir vous inv·iter à remercier :Dieu., san<s arrière-pensée du retour dé4initit de la paix, non seu:lement de la paix !C)IJ.l!i succède aJUX guerres, mais de la paix qui met un terme aux désordres so· cia,ux:. !Nous n'en sommes pas encore là! Soit que nous regardions ce qui se passe dans ;ta vie pubLique et dians la ·vie privée, soit que nous examinions ·l'état du commerce et de l'industrie, soi~ ·que nous chel'chions .les voies nouvelles où s'engage !"école, dans hien des pays, soit que nOUJS OODISidérions simplemeot à qu.el triste niveaw sont descendllliS les divertissemenis populaires, des maniŒestations de l'art, les exigences tl~ •la mode, paxtout no.u.s consialons que la sociétê sot.êe d'un malaise alarmant. !La civilisation qui voulait ignorer Dieu n'aboutit ·q uit la failliie; l'édifice qu'elle élevait fébrilement s'éCroule. !De tou-s· côtés, l'on se lamente, pa.rce que le monde court à ra.bîme. IPlusieu:rs ont ~enté, noo.s le savons, de por. ter .remède il ~a décomposition générale, d'en enrayer au moins les progrès. 'L eurs dforts sont demewrés -sans succès, par:ce qu'ils se sont contentés d'un travail de SU!Tiace. Hs n'ont pas saisi le mao! dans sa aacine même. Chacun de .nous doit commencer par ~ réformer avant de songer à réf&mer les OIJU· tres. Ce .qu'i·l .fawt assa,ioir d'abord c'eSJE la vie personnelle de ohaque indivili.'U;' ce qu'il faut guéniT, c'est le cœUT humain. Car, suivant la remarque de l'Evangile tous ies maux vieoneu,t du cœurr. Or, Jésus-Qu:ist seul .peut régénérer notre cœUŒ". U •le ·fait pllir sa doc1 ) Nous croyons devoir pubLier à cette place cet importan! doOUlllleilt pour mieux appeler 'SUif lu& Q~attention générale.

trine et par sa gN.ce: voilà quels sont les mo. yens assez puissants pour prodJui,re la véri· mble 1'énovatioo intérieure dont nous avons besoin - dont Je monde a besoin pourr se relever de ses ruines. . .UApôt:re S. jean mentionne les trois tendances qu,i se trouvent à la hase de toute déchéance morale. On peut .les définir: la. recherc~e des plaisirs sensuels, lamour ~réglé des h1oos eX!térieu.rs et l'orgueil de la vie. Contre ces trois ennemis redoutables., 110lls devo~s ht1ter constamment, jusqu'à notre :d'e rmer ·s oupir. 1En le fa.iJSant, nous tr-availle· rons non ·seulement 'à notre propre salu·t, mais au salut de la patrie.

1 RECHIBOOHE DES PLAISIRS SI.ElNSUELS Cela sarute aux yeux: dans le monde actuel le dévergondage des mœur.s, conséquence ·fa: tale de la corr.uption du cœur, règne eu, maî· Ire absolu. Il règne dans l'art et la littérature: les œuJVres des artistes et même ~es monuments .publics semblent faits pour exalter I indécence; les v'i+rines des lihra.iries sont un étalage de pourriture morale et bien des lecteurs se précipitent s·ur les livres r~cemment parus a·vec ·un empressement d'·3iUtant plus grand qu'ils flairent une immoralité plus -crue. Il règne au ·théâtre et au cinéma: l'on y empoisonne inwunément les ad•ultes a·ussi bien que 'l a jeunesse par .Fexhibition de speclades inqualifiables; 1les sujets les plus ·~ca­ breux rapportent ~ meHlewres recettes. Il règne dans les modes et k:lans la vie de so· ciété: les danses en favewr a·U;près de person· nes qw devraient pourrtant se respecter, les ·!oBettes féminines, les costumes de sport les vêtements de l'enfance, même à !''église, • à la Table sainte, tout ma.niieste que ·Pou a perdu 'le sens moral. Mallieur au mocde scan. daleux! fi Tègne au sein de la famiLle dans le . de laquehle on ·llllllf&it CPI.I!' que la sanclLUU.re modestie cl!:rétienne se serait !féfugiée: pour avoir été l'esclave de ses passions œlui-oi . !Prématurée et celui•là ' ohercondut me umon .c he la s~rurafion; marJages forcés et divorces se mu:ltiplient d'une manière effray~nte.


162 L'on ne semble user du mariage que pour nêtes des théoriciens de J'arnoUl!' libre. Papécher cotttre b natwre et contre >Dieu. L'olll rents ·c hrétiens, développez de .b onne heure ne veut p1us d'enfants. I.:'on attaque la vie chez •v os enfants la délicatesse de conscience soit ld·a ns ses soul!'.ces pll'ofOOJdes, soi't dans ses et le sentiment de la pudeur; prenez garde premières rnanilfestations; e~ œux qui, par de- au scandale doo~ vous •seriez ,in~ailli blement voir, -sont les défenseurs naturels de la vie la ca·use en les ha:billant, sous '1111 prétexte phrysique, ne :rou~issent pas de faire servir quelcoruque, d'une f.açon t:rop sommaire. Quam leUll' expérience ou leur habileté profes;sion- là voUJs, les hommes, doot les paroles peuvent neHe >aU developpement de I'inoondruite. Mal- exerœr taft.t d 'linlfluen.ce et dont le :bUJlletin de gré nos . avertissemen~s réitérés, le mal ne ·vote règle, eru quelque sorte, la vje oivile, •met. cesse d'empirer. -lez tout en œuvre pour que les ré!jouis~ances Si; nous VOlliS pa~rlons en termes explicites puibliques ne iQIUifnent pas à :Ja corŒption des mœurs, poor qu.e le.s institutions destinées à et clairs, !lliOS trè!l dhers F·rères, c est parce que la situa,tion présente ne peut pas. durer et qu' préserver ou à Œortifier la santé physique ne une rêactioo •s'impose. Sans tdoute, vous au- deviennent pas des foyers d'.jtl[eclion morale, powr que les loi-s soient vraiment les gardien. rez touàoul!'s à lutter contre les 1entations et les mauvais peruchants; mais, de cette lu~te, nes de la ·sainteté du mariage et de la famille. voo,s pouvez wrür victorieux. C'est à Cain Protestez, protestez Slallls fa iblesse, contre le lui-même que Oiew disait jadis.: • Tes mau- dévergondage moderne, qu'.i•l .se manifeste v·ais tinstill'cts te seront soumis et tu domi- dans les livres ou les oJ:>jets d 'art, dans les neras sur erne .... • Combien plus cette: pa- repll'ésentations ou les confére111ces, dans leg réunions de sociétés ou les salles publiques role ne doit-elle pa-s ~/appliquer à nous.? Comme autrefois S. IPauJ écrivant aux Co. « Ceux qui sont à Jésu6>-'0hrist, dit saint Paul, rinthiens, •n ous vous conjurons d'arracher le ont cruciifié :lellill' chair avec tous -ses. vices et toutes ses convoitises. • Appréciez à 'sa jus•te 1na'l dnl! milieu Ide vous. Et si, par mûheur, valeur la 'dhastefé, nos très chers frères, et dé- vous étiez vous-mêmes atteints de la conta· fendez ·vigoUll'eusement ses droits soit {;Onlre gion, convertissez-vous sans tarder, ava.nl les .iUusion•s du dedans, soit contre les dé- que les châ:timwh de Dieu ne tombent peut-être subitement - Sllir Votre tête. Que tracteu!I's du dehor-s. }eu111es gens et .jeunes filles, gardez cette tous œlliX qt!!Ï! ·s avent qu'~Is ont quelque chose vertlll comme 'illle perle infiniment préoieu:se à se ·r eprocher redisent les paroles de David: • Seigneur, rendez mon •Cœur puT et :renou· et fa ites-la re51plendir devant Dieu et devant velez en moi la rectitude de l'esprit. Oui, les hommes: a.yez lhofll'eu:r de tout œ qui peut Dioo ,veuille restaUll'er dans toute notre chère en teni!r l'éclat si pur et ne soyez ~a:mais duSui·sse les mœuns •Véritablement pllofes; Dieu pes de ceux quli, sous couleur d'art ou d'hyveuille, de la sorte, nous rendre 'forts: de giène, oou!Vrent d'un manteau protecteur œ même que nou,s serions prêts 'à ~erser notre qui .s'appelle, en bon irançais, .immodestie ou perveTsion. Femmes chrétiennes, libérez-vo11s, sang pour défendre 1es montagnes .qlli!Î font à notre pa·l rie une blanche frontière protecvous et vos filles, du joug honteux des modes trice, de même, dms un ordre supérieu1r, nous païennes, impodées de l'éjranger; ha:billezvous •convenablement, saTiis même aller aux devons être prêts a combattre sans répit le dévex;gondage impudent qui menace de conduire extrêmes :Jimites du permis, et Tépwdez au, patrie à la ruine.. notre tour ~ :Vous le \bon exemple. ·B poux ch·rétiens., ·recevez les. enfants comme une bénédic'Il iÎO'!l; re1111pli-ssez tout votre devoir :s'llli'Vant les AJMlOUlR DIBREGIJE lois de Ja nafure et de Dieu, ne vou1s en laisDES •mEJNS EXTBru.BURS sez détoUll'ner 1llli par les préocoupailions maCe que l'apôtre S Jean nomme la concutérielles exagérées, ni ,p ar les propos ma·l:hon.-

piscen<:e des yellJI!, c'est, en kl.êfinitive, l'aunour déréglé des biens extérieurs, le désir immodéré de tout ce qui! frappe 1ë r-ega,rd: r.ichesse, fortooe, argent. Or, parce que, pour parler comme 'Salomon, « les yeux de Htormne .s ont insillltiahles •, ce désilll' entraîne à •s a suite l'avariœ et l'é goïsme sou:s toutes les 'fonnes. La situation lpll'ésente en lfoumilt largement la preLwe. Avant là guerre, un certain capitali sme odieu:sement insatiable avait ama,ssé des r ichesses à peu, près sans limite et ·fait régner dans trop de milieux la frénés:ie du luxe, exploitant les travailfeul!'s qu'il maintenait dans une condition contraire à la justice. Alors on ·VIii se. creuser entre patrons et ouvl1iers, entre employeurs e t employés, un abîme profond; la situation sociale devinlt telle qu'il ne semblait plus po·s silile !d'éviter une catwstrophe. La guerre a diminUJé, dé!Jruit millme la fortune de b ien des gens; mais pour d'autres, elle a été l'occasion de hénéii.ces a.bsolument anormlllUX. Von rut témoin du ·spectacle écœurant d'usuriers, de spéCUJla;!eu'l's de tous genres, qui ·ne craigna-ient pas de paralyser la vie en accaparant les denréès les plus indisL pensables. Ce fut •u ne v.raie dhasse à l'argent dont on se rendit coupable à peu, près dans toutes .Jes clas·ses de la ·société; certains agriculteurs eux-'mêmes, d'o:rdmaire sensés et calmes, s'y lruissèrent entraîner. Ce fut l'appa:uv.rh'semerut (jhez les classes moyennes, la misère chez beaucowp d'ouvriers: ce qu'on gagna·it grâce à !''élévation des sallaires, on le perdait pail' des dépenses tollljours creissan· tes. :Les Tiches, ·surtout les noUNeaux l'iches, voulaient à tou1 prix: le hien-être et le luxe, et les. gens moilllls favorisés par la fortune faisaient •tout poUl!' les ·imiter. n se .prodiuisit une transfonmation cQmplète de la société: pacr réaction contre Je capitaJ.isme, les owvrier·s fortement unis entre emc devi-lll!'ent la grande puissance, mais, ne sachan-t plus imposer de bornes à lems réclamations, ils .t ombèrent eux~mêmes dans les fautes qu'ils reprochaient aux .capitalistes. Le joyeux et bon travail dispamt; t'on ne parla plus que du partage de la propriété, l'on ne rêva. pLuJS que révolu-

tions et communisme, sr hien que la société actuelle traverse une crise économique telle que tes ·siècles passés ne l'ont damais connue. Touot le monde sent que œt état n 'est pas normal,, tallit le monde sent que les choses ne peu~en~ continuer ainsi. Le remède, le seul remède, sera la moderation dans la recherche des biens extériems. Celui quJ ne c01mprend pas cette vérité si simple, ou qul, la comprenant pOUl!' les autres, refuse de s 'en fail'e à lui-même l'application, ne se rend pas un compte exact du ·mal dont souffre Phumarui té t out entière. 'le désir des biens extérieur s n 'est pas en soi néces·sairemeut n::auvais, pourvu qu'il soit modéré, con~ormément ~tux exLgenœs de la foi et de •l a raison. Les Livres Saints ·reconnaissent les inconvénients· de la pllllliVreté non moi[IJS que ceux de la 'fLc:hesse. Il y a bien longtemps que Salomolll faisait à D ieUJ cette pr,ière: • Ne me do11111ez ni pauvreté ni richesse; accordez-moi le pain qui m'est nécessair e, de pewr que, dans l'abondance je ne vous Ifenie, et que, d:ans· la pauvreté, je nJo utrage votre nom. ~ S. Paul, qu!i savait • se centenier Dui-même de œ qu'il pos sédait~, recommanda·it aux fidèles d 'en faire autant, mettant lell!r .confiance en 'Dieu. 11 ne !fa.utt désirer les b iens extérieul!'s que dans la mesure où ils COI111Viennent â chaque état. Celui qui se trouve en ,possession d(une g.mU:de fortune pell!t évidemment -se penmettre plus -de dépenses que le pau-vre; mais iF ·serait lrès corudamna· ble s'il provoquait en quelque sorte le pau!Vre en. gaspi'llant son bien. D'ailleurs, suivant la îorte parole diw psaume, ne soyons pas tr01p h·appés en voyant tel ou tel s'enriohir: • car il n-'emportera rien à sa mort, son opulence ne descendra pas avec ll!ci dans la tomhe; il allill'a beau .S'es,timer heureux pend:ant sa vie, il ka rejo·inme un jolH' ses ancêlres à ~amais disparus dïoi-bas ». Nous lisons a.u~si: dans le livre des 1Prover,bes: • Ne te tou rmente pas poill' devenir ri.c!he, n 'y appl;ique pas too intelligence, ne poursuis pas ce qui va s''êvanoUJÏr, car la richesse a des aires, comme l'aigle, elle s'e11vole et disparaît. » 1En un mot, nos très chers .F rères, si· vous pouvez et devez vous


184 inquiéter des choses de ce mooâe, voire prin· cipale préoccupation, ne l'oubliez pas, doit être votre !bonheur éternel qui seul vous satislera complètement. Nous avons le devoir de vous trappeler que ilA, PROPiRI'ETE MIVEE EST INT A.NGIBIJE. De même .que nul l!l!·a le dlfoit de se procurer qooi que ce soit par des moyens il· licites, ainsi nu! n'a le droit d acquér.ir inOIUStement le bien d'autrui. Certains préconisent le communisme absolu; d''au1res voodraient se con!enter du socialisme: les deux systèmes sont opposés au septième commandemen~. Mais ceu.x qu'on est convenu d1appeler les riches n'oubLieront rpas, d''autre part, qu'ils ont l'obligation grave de distribuer aux pamres de leur superllu; ils doivent le faJre spontanément, même avant qu'auoune loi positive ne les ·y oblige. Nous lisons au livre de l~c­ clésiastique cet avertissement qui doone ~ réfléchir: • !Ne difière pas de donner au nécessHeux et ne détourne :pas ton visage du pau. vre, œœ luri ~oumis pas l'occasion de te mau.dire, car, s~il ·fe maudit dans l'amertume de $On âme, Celui qui l'a fait eJtlliuœra sa !Prière.• 'La même doctrine revient à maintes reprises dans le Nouveau Testament: • Reco~­ mande l ceux qllli. soot riohes dans le siècle preselllt de n'être pas hautains, de ne pas mettre Jetl!l" espérance dans des richesses incertaines, maJis en •Dieu, dit S. Paul dans sa première épître il Timothée; •recommande-leur de faire 4t bien, de devenir triches en bonnes œuvres, d'être prompts l donne.r de ce qu'ils ont, généreusement, s'amasSiant ainsi pour l'avenir un solide trésor qwi leur permette d'acquérir la· vér.if>abie vie.» Oans notre temps, où l'oru voudrait mettre la simple ,philanthropie à la place de la chari·té, l'aumône appalfaît ~ certains comme dégradante ,pour celui qui J.a reçoit. Le chr'.istianisme ne pense pas de la sor:te; H nous invJte à fa~re l'aumône aux pauvres comme aux !Préférés de Jé· sus-Christ. Du reste, • il y aura towjoUII"s plus de cœur et, partant, plus de mérite dans la ctharité privée daite spontanément que dans les froides orgamsations de secOUtrs réglementées par la loi •·

165

Nous VOUlS rappelotis enlin que t homme a le devoi'r strict de travailler sérieusement. Nou1s le faisons surtou,f pour ceux qui croie!lJt trowver la solu,tion de la cûse sociale actuel. le dans ·l a réduction des heures de travail. Si) pour certai~ pro.1essions parti.œlièrement pénibles, La durée du travail doit né· cessa~rement être ll"estrcinte, pour un grand nombre d:autres, c la réduction de œtte durée ne se ~ustcrie pas». fu voulant l'obtenir malgré tOUJt, l'on 'atteint uru doulble résultat: le rench~issemen~ de la vie et la généralisa. tion du chômage. Le retoUJr aux conditions normales sera tou~ours plus difficile 1an\ qu' on ne saura pas :renoncer aux moyens vio. lents que des meneurs sru1s conscience préCOil!Ïsent, surtout dans certains pays, et qui Ii'aboutiron.t qu'à Wie IIU·ine plus complète encore. Ce doroiJ nous aiVOns Wl urgent be. soin, ce n'est rpa.s seulement de patrons rai· sonnables et justes, mais aussi d 'ouNIIiiers fi· dèles, généreux, modérés dans leurs désirs, aruimés d'uc véritable esprit chrétien.

'I:U. ~OUBlil.

DE LA VIE 1La troisième tendance Jl1liiUIVaise, S. Jean l'appelle l'orgueil de la v.ie. Cest l'espri1 d~insubortliination, le désir obstiné de faire tou1ours et partout sa propre 'Volonté, sans tenir compte ni des lois de Dieu, ni des or· dres des supérieurs lég.itinres. L'orgueil causa 1a ch:ute de ru>s premiers parents au pa· radis terrestre; il demeure prdîondtml.enl entraciné dans ta nature humaine. Nous le trou· vons sous une forme ou soœ :une autre datiS tout péché, parce que tout péché suppose eu somme le mépris Ide 'Dieu et la transgression de ses commandements. Pour peu que nous repassions oo1re vie, nous constaterons que )'a Jongue suite de nos fautes a toUJjours eu pl·us ou moins soo. p11incipe dans r'orgueil. Vun des maux les ,pliuis funestes de aotre époque, c'est q:u'Oili nie systématiquement toute autortÏité, c·est qu~on ne .veut pLus se sou· mettre à une volonté supérieure dès qu'elle ortlonne quelque dhose qui gêne OIJ contra· rie. !Les enfa.nlis ne savent plUs o;béir à leu.rs

parents; ils refusent même parfois de leur reconnaître le droit de commander; voilà pQIUJr,quoi la bonne éducation dev, ien~ si dif.. ficile, au sein des familles où la paix ne ;è· gne pLu'S. ·Les élèves n'ont plus à l"égard de leur maître la soumission respectueiJSe qu'ils devraient aNoi:r, et la diiscipline !dans les écoles diminue progressivement. iles ouvriers s'organisent pour ar•racher aux patrons la direction des affaires et les difficultés économi· ques se multiplient. 'Les sujets se révoltent contre les pouJVoirs établli,s ; des !hommes qu1, hier encore, ne savaient manier q.ue leurs outils s'emparent towt à coup du gouvernement, et des natrons ent ières sont 'livrées à I'anaœhie. Cette folie de i'oflgueil s'attaque à !Dieu lui-même: l'hi-stoire contempoTaine mentionne des assemblées publiques où l'on a déclaré la • suppression • de IDieu, otl l'on a 'remplacé Dieu :par le ·Prince des ténèbre3 et rêci~ Wle pl'lière à Satan. Flllut-il, après cela, s 'étonner que les suicides et les délits deviennent Ide pius en plus nombreux ? Faut· il s'étonner que la société d"aujourd'lhu,i soit comme un réservoir de poudre où la modnidlre étincel'le sulffirait à produire la catas1rophe finale: la lutte de 1ous contre tout, acharnée comme une lutte de bêtes féroces? Vraiment, cela ne peut pas dll!rer; mais, pou.r .que le salJUt vienne, a ne sulfi t pas de gémir et de cr·i er: c Nous. sommes perdus • ; âl fau t que tous, et chacun pour sa propre part, attaquent le mal da,ns ses r:acines en .combJttant énergiqueiTl.MJt t'orgueil. Créature, l'homme doit· reconnaître audessus de lui Fau:!orité absolue du C!'bleur et régler d'après ·l a volonté divine sa V'ie tout entière. De plus, il ldoit reconnâLlre l'autorité de ceuoc à qu.i le Créateur délègue illiDe partie de sa puüssanœ, nous voulons di·re l'auto. ri té de l'Eglise, de PEtat d des parents. •L obéissance à Pautorité légitime doit pénétrer la vie privée comme la vie pu,blique 'ÎJUISque dans leurs derniers détails; elle doit inspirer, nous insistons sur ce point, l'école aussi bien que les conseils, de la nat,ion., les li'lres de classe aussi bien q·ue les lois. Vous connaissez pettt-êfre le terrible mes-

sage que Dieu ~adis envoyait à Sennachérib, roi d 'Assrrie: c Qui as-tu inswlté et outragé? Contre qui as~tu êl'evé la voix et les yeux? Par tes messagers, tw as tinwlté Jéhova .... Parce que tu es fulrieux contre moi et que ton arrogance est montée à mon oreille, je mettra·i un anceau à tes' nar.ines et un mors à ies· lèvres et je te ferai reprendire le chemin par lequel tu es venu. » Puisse le monde moderne qllli, pareil au IllOtlla!I'que assyrien, se di-esse contre Dieu dans un org.ueil fou, comprendre cette forie image de nos Livres Saints. Les maux dont souffre notre société ne peuvent-ils pas être comparés à la bride par JaqueHe D ieu veut nrmener l'homme sur la vieille route de robéissance qiliil a depuis trop longttemps abandonnée? Le salut, nous ne le trou.v.erons que dans la main de Diett: vo.ilà ·la vérité. Ce qœ'on peut dir; en sens contraire ne serait qwilLusioo lrompeu· se. •Le bonheur et la paix, nous ne les trouverons que dans. la ma.in de Dieu; le monde en· dehors de là sera tollljours désolé. OONCWSION Nos <très chers 'Freres, entreprenez don c avec une nouvelle énergie ]a ·l utte contre le5 't rois mau\'ais pet11Ch.ants que nous voUtS avou.s signa l~s à la SJUtÏ le de l'' Apôtre: orgueil de la vie, a:mou.r déréglé des biens extérieurs et rrecherche des ,plaisin sensuels. C'est dans cette lutte victorie·use qu'est le salut pour chaCUIIl de 111ou:s et pour notre commuue pa· trie. Sans doute, vous aurez besoin de persé· ·vérance: après mille vicloires, vous vous trou.verez en faœ d'atfa,ques• insoupçonnées; car l'oonemi de votre ·âme ne cessera damais de VOiliS 'harœler, 'Mais c tout ce qui est né de Dieu remporte la victoi·re sur le monde et la vktoire qui a vaincu. le monde, cest notre foi ». Oui, la foi nous donne des armes i~ vincihles; el[e nol.llS assure des grâces qu'il fruut demander et dont il suffi·t de faüe un boo usage. Nos pères y ont trou.vé le salut, nous l'y trouverons encore après eux. ·RecoUŒ'ez ~idètement au ga-amli moyen de la prière; aimez à vo us noU'Iirir de la parole


~upplémenf

168 s'achète en gil"os, tout se paie (:Omptant et 11 rn'y a pa:s de fottmisoseUIC qui n'ambitionne d'avoir parmi ses, clients ooe « petite maison ~ dont les . ,comiimndes se chiffrent pa:r mt~.h?'lJS :~e kilos, de Htres el de mètres. AptprOJumahvement, la dépense annuelle, dans son ensemible, se monte à trods millio!lls au moins, et comme, au bowt de l'annéeJ d ne reste pas un sow de .dettes, ni un sotli en · caisse, on en conclut que les aumônes reçues, dont 11.111e [orte proportion p.rOvien,l Plu tronc de ·l a porte d'entree, ,se montent, eUes aus,si, à üois millions. 'V oilà liaritihmétique du Cotto· lengo. P1ws d'ooe fois' les commiss-ions oflioiel· Ies, les préfets, on1 vouhJJ mettre ordre à cela et faire rentrer cet 'insurbordonné dans le rang des • œwvres pies "• pupilles de PEtai. Ces el!forts ont toujours été inutiles. Le Père .reconnaîrt tout le premier que l'iDJstitution est hors la loi. C'est une opinion très :fortement a·ccrédlitée à Thrin que, si on venait l changeil" l''organdsaüon actuelle d'une œu·vre Ullllique en son genre et destinée, par vocation, à échapper alll.X règles ordinaires de la prudence, oo iarirait, .par l.à ~me, les sources, depu,j,s près d'un siècle intarissables, qui ralimenJtent. 'La fondation du vénérable chanoine p<témontais est adtmi·rable par ce dévouement aux misères du prochain qui est l'une des formes les plius héroïques, les plus solides ll!Ussi, de l'amou:r surnatll!fel envers Dieu. Ce que le Cottolengo présente dï:mprévu, de stupéfiant, ce par quoi il swbsis1e et se développe en opposition d!iorecte avec l'esprit de notre SiÏ.ècle, c'est sa co~rance, humainemelllt absurde et cha,que jour pleinement jilllstifiée, en la paternelle providence de Dieu et par suite, son désintéressement des riche~ses de ce monde. •Ce n'·est pas l'aNitude méprisante doo !Diogène se drapant :dans un manteau troué qui est la ·sienne; pas davantage celle d·un partageux à l'éloquence sonore parce ;qu'elle est creuse. C'esf .celle de ce détachement calme et lumineux que la langue de .PEvangile nomme • l'esprit de pauvreté ». iLe Ohri·st en a Œadt •une béatitude. li ne

nous a pas dit que les paJUvres· en e""" -.-n-1 • posséderoot • le roy.utme des cieu.x. 11 nous a ordonné de tenir pour très certain qu 'ils 1 « possèdent , dès à présent, sur la terre. e

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LE PlUUS VIEIL HOMME DU !MONDE Zaro, dit le « roi de La vie • . a 146 alll1s jouit d'une santé excellente, n·a suhi aucu 1; traitement de longévité et n'a pas etllVie de mourir. Tel est le prodige don1 la nouvelle auive de ConstantinOQlle. J~squ''à l'âge de 110 ans, Zam exerça sur les nves du Bosphore la profession, de poriefruix. Après avoir, plUJS de 90 ans, powrswivj honnêtement cette ·carrtière, Zaro songea à se l.iJVœr ià des occupations- séldentaires et honorifiques. Il choisi·t le fonctionnarisme et g.râce à des protections, .il rlev:inif: concierge de la mmufadme de munitiOILs de Consiantinople. Au moment où il entra en posses.stiort de ce poste, Zll!l"o étaH pour ainsi dùre rajeuni. En eEfet, vers 90 ans, ·le • roi de la vie » avail perdu cheveux et dents, qui se mira1t à repoUJSser 5 ans ')J~IlJS tard, a.u poti,n.t qum jouit à l !heure aduelle d'une dentition éblouisSiaJil,te de blancheur et d'ooe chevelure parfaitement convenable. Détaiil: curieuiX, Za:ro .possède 3 reins, Ie troisième ayant fait son apparition dms l'org.anis:me du ;prodige vers T'âge de 104 ms. Il Y a quelque temps, des propositions splendiides bent faites par .I'Améri-que à Zaro. Il s'agissadt d'exhibitions au pays des milliarda.L:res ..Devant .le poot d'or qui. lu:i était Iaoit, le « roi de la vie • eut une ihésiitaHOJl. Finalemerut til !l"eliusa, qugeant que, pu.isq~'i l était heureux, il ne devait pas compromettre ce bonheur par oo très loil1,tain voyage. Un .seuJ souci eille·ure Ie front r.idé de Zaro: c'est celui que lui cause son fiLs, âgé a.ujomd'hw de 93 ans et qui, étant donnée sa constitui·ion moins robuste, a dû ces·s er le tra'Vail et se trouve à la oharge de son père.

~ :j: Sois plutôt per.séouté que persécuteur. (Proverbe hébraïque.)

du ,3ro !J de ,f &cole,, (19~1)

Les Saints Anges ·tjn s1pecbade inattendu, .qui res.ber,a

~O'U']oüllirs

dans le SIOUrvenh" .du pèlerin de Rome, ·c'est ·celui du 'Pont Saint-Ange. ll :semble, en ,effet, :que IP'G1llr se donner ainsi tdvoit de dté, nos f·rèœs ·des cieux n'ta ienrt pu falire un meÏ!lleU!f ·dhoix q11'e celui de la Ville Et.emelle. Leu1r bel olfdre, J,es instmments de la p,éliSSion 'dont ils :sont ·cha11gïés, font monter l'âme jU's~ qu'au üône diu Dieu l~oué des a'lllges au.p.rès duquel les souf:tirances de Jté: sus-ûhrist ,filous ,permettent .d'e~érer un~:> >place un joor. 'Si, de la ·Ca'Pitale du Jll'Olllde clhréfi.en, 'lllOUs élev·ons nol!re regar,d vens Ia cité céleste, no-us rve:nrons que, s:uirvant :la palfole de 'No!llre-Seigneu:r, les tPlllalanges angéliques .sorut « IJégio!liS » . Les ISra<hllts Pères Il!ous disent :que leur nombre rest inmlcultable. Il est na~urel qu'il en soit ·ainsi puisque, d'après l'a 1Sainte-:E.critu,r e la dignité du• rroi se mesure à 1a m'uHiturde tdes suj e'ts. ·Apiès leur nombre, ·comment ne pas parl.er ·de let111' 'bea:uté? <<L'ang-e, ·dit un ancien auteuil', est un ,des 'plus tbea-ux ouw1ages qui soient :sortis des mains de Di,eu. Il n'y 1a .point de simple .crea.Wre qui en iaJPIP'l1o-che de :plus JPrès, et les Pères l(}nt 'fegardé ces ;mg,es ,oomme autant de soleils, qui 'bri11ent de l'éclat le plus pwr dans l:a dté de Dieu. » 'Enfin:, ll'Ï'en d'e !Plus aidmimble .que le bel :o-11dre de ltmrs hiérar,chies ,s,u,bdivistées, srelorn une .pieus·e croy.anc~, en neuf -chœUtrS, distincts les UUIS des aurores ayant chamn leur nom, qui CI0!1f'eSipond à 'leutr fonction. Aussi renJden:t-ils à leu:r Createm une gloire opadaite en reJprésentant, oomme dans un mi:11oiif les tr:aits de la ressemlbl:ance divine. « Dieu, dtt S. Thomas, se ~eflète dans ISOO aJilges » et IS. B.em1a:11d dJév;elQPrpa:rnt ~cette JPenoo~ a:joUtte: Il raime dans les 1Séra-

pJh.ins, en tant qru'il est ®atfirtlé; Il conniait .datnSJ les Ohtérubins ·comme es·serrtieUe vérité; Il présitde d~ns h~s Trônes, ·oomme S!Oill'verairl.te ju·stice; Il ·commande dtans les nomi.rJJa~iOfliS, •COmme ·su:prême majesté; Il giOUverne dans les Princip·autés, ~comme JPvemier 1principe; Il protège dans 1les PwissariJoes, ~comme :souli"Ce de saluJt; Il 'Oipère dans les VeP~us, comme la vertu même; -Il éc1ake dans les AT~c!hanges, .aomme lumière infinie· Il assislte dlains les. Anges, oomme lb~rn~é touj.oUifs bienfairsan~e. Les servkes .q.ue nours :rendent les anges sonil: attes~és. par de nomb.œux exemples dans l'Ancien et le Nourveau T1estament; de pl'US, la foi nous enlseigne q•ue non seulement chaqUJe ohrê-· titen, mai1s dl.Iaq·ue ihromme, sans e:>eceiption, a un ange, en~oyé rde Dieu, pout veiHer SUif lu~. Nous en 1a'VIons. lél! preuy,e dia,ns les 'Sairntes 'I..kttres. Nobre-6eigneUJr dit lui-même en rpa:rlant rdes enfants: «'Malheur à ,qui 'scandaUse 'Wn seul •de ces ,petits, 'c ar leurs anges v:oient sans œsse la ~ace de ,Dieu. » ,Aussi les premiers >fidèles, dans leur s.tllip'eutr de v:o.ir S. ,Pienre, qu'ils croy,aierut en rprison, s'écrièrent que ·c'était J>eut-êke « son range ». 'Le nôtrre Œ11ous presef1Ve ·d'une 'JJ1JUlltit,UJde :de périls, ·qui souvent menacent notre vie ~ oor'Porelle, et nous: aide ·dJans ifUos besioinis spirituel'SI, pendant le oourns ·de notr.e v.te ~et brès :p articulièremerut à il'heure de notre mor( Si n10us l'aimtoniS, si nous l'in~oqu1ons et ·che11clrons tà lui plai!re, il seva plu:s. que jamais tp()UJr .noUIS le RéliP'h!aël Il!OilliS {jOilduJi·sant :dail!s ito.uif:es ,rros v:oies, l'range .des sain~s ·com!bats comme le V\O:Yiait le vail1arnt 'MaiQChiah'ée; et si nous. n'·a\V•ons I]Jia\9 le rprivilège de le v:oir {jomme sainte lf rmnço1s·e ·Romaine, :nJous 1pouvons .ot"Oixe ·qu'il sera tou:jouns fPOrUJr nous le consenier le plus sûr, l'iami le plus f1dèle. üioo réSieNe leUJr trône aux âmes d,é-


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