L'Ecole valaisanne, octobre 1980

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Octobre 1 980 N° 2


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Bulletin mensuel du personnel enseignant du Valais romand

Votre tableau noir remplit-il encore toutes ses fonctions? oy

écrit-on facilement?

o Lit-on facilement ce qui s'y trouve? o Est-il antireflets? o Sa surface est-elle endommagée?

o Est-il facile à nettoyer? o Peut-on y fixer des objets aimantés? o Ses réglures sont-elles impeccables? o Est-il facile à déplacer?

Que faire quand vous découvrez un défaut? Si votre tableau noir présentait tel ou tel défaut, c'est-à-dire, s'il ne répondait plus entièrement aux besoins de l'enseignement, l'un de nos spécialistes pourrait vous aider. Il se fera un plaisir de l'examiner gratuitement et

sans engagement pour vous et vous dira - si un nettoyage approfondi spécial pourrait le remettre en état, -si sa surface doit être restaurée, -si tout le tableau doit être remplacé.

Octobre 1980 XXVe année

L'ÉCOLE VALAISANNE

paraît à Sion le 15 de chaque mois,juillet et août exceptés.

RÉDACTEUR

M. Jean-François Lovey.

DÉLAI DE RÉDACTION

Le 25 de chaque mois. (Documents photographiques en noir et blanc).

ÉDITION, ADMINISTRA TION, RÉDACTION

ODIS, Gravelone 5, 1950 Sion, tél. (027) 21 62 86.

IMPRESSION, EXPÉDITION

Imprimerie Valprint S.A., Sion.

ABONNEMENT ANNUEL

Fr. 20.~, CCP 19 - 12, Etat du Valais, Sion (pour le personnel enseignant, l'abonnement est retenu sur le traitement).

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Couverture : 4~page

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DONNÉES TECHNIQUES

Délai des annonces: le 1er de chaque mois. Surface de la composition: 155 x 230 mm. Impression: offset.

RÉGIE DES ANNONCES:

Publicitas S.A., Sion, tél. (027) 21 21 Il et ses agences de Brigue, Martigny, Monthey.

ENCART

Les encarts sont acceptés. Prière de se renseigner de cas en cas auprès de Publicitas S.A.


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SOMMAIRE

Il est bon parfois de perturber l'océan des routines; sur le bleu des habitudes habilement ancrées perce alors un brin d'étonnement que nous avons l'audace de croire salvateur.

ÉDITORIAL par Jean-François Lovey ............................................................................................. . GÉOLOGIE par Marcel Burri ........................................................,.......................................................... ÉVOLUTION DE LA VÉGÉTATION par Françoise Gard et Pierre-Alain Oggier ................................................ . VÉGÉTATION DE FINGES par Françoise Gard et Pierre-Alain Oggier ...................................................

l'

LE PIN par Françoise Gard et Pierre-Alain Oggier ................................................. . LA FAUNE DES FORÊTS par Françoise Gard et Pierre-Alain Oggier . FORÊT DE FEUILLUS par Françoise Gard et Pierre-Alain Oggier ................................................. .

LES PAPILLONS par Nicolas von Roten ......................................... ,........................................................ .

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L'Ecole valaisanne est certes une revue à résonance corporative; les enseignants du canton paient pour la voir paraÎtre, ils sont donc en droit d'y retrouver le compte de leurs légitimes attentes. C'est ainsi qu'un effort est fait, mensuellement, pour y équilibrer les informations officielles, les enseignements didactiques, les points de vue personnels et les questions strictement pédagogiques. .Cependant, une tradition, judicieusement instaurée par mon prédécesseur en ces lieux, veut que l'on rompe quelquefois le rythme régulier, pourvoyeur de monotonie, et que l'Ecole valaisanne s'habille d'ambition, proposant un numéro entier consacré à un sujet unique . Moins qu'un essai; à peine un dossier. Ce travail se parera modestement du nom de contribution.

***

'LE RHÔNE par Françoise Gard et Pierre-Alain Oggier ............................................... ..

2~

LES ÉTANGS . par Françoise Gard et Pierre-Alain Oggier ....................... ....... ...................

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LES LI B ELLU LES par René-Pierre Bille ............................................................... ................... ..................... ..

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CONSERVATION DE FINGES par Françoise Gard et Pierre-Alain Oggier

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BI B LI 0 GRAP HIE .................................... ......................................................................... .

4'

NOTES SUR LA BATAILLE DE FINGES ET SUR L'INSURRECTION VALAISANNE DE 1799 par Michel Salamin ............................................................................................................ .. ANNEXE INFORMATIVE L'AE PSVR p ra pas e" . .. ..................................................................................................... .

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Finges n'est pas une bannière pour une écologie qui se lèverait tard, ni une futaie de nostalgies bucoliques. C'est une étoile de notre patrI,moine naturel, un guide de ce qui fut, un jalon de ce qui sera. En cette année où plusieurs expositions souligneront l'importance et la beauté de ce lieu privilégié, il nous a semblé intéressant de consacrer un numéro spécial, certes point exhaustif, à ce qui fait /'intérêt de cette région. Convoqués pour cette humble célébration, l'historien et le géologue rejoindront le biologiste et le poète, tissant de la pinède chatoyante un ensemble coloré. Si ce document n'est pas utilisable dans son ensemble en classe, s'il est des considérations complexes et des classifications techniques ardues, osons imaginer ce travail comme une plaquette d 'archives, comme une source de renseignements, comme ' un moment de suggestions .ou, mieux encore, comme une invite à la découverte de la noble forêt. Et, de grâce, si l'impatience un jour vous guettait en feuilletant ce numéro, épargnez-lui l'épreuve du feu . A Finges trop d'écorces se sont déjà noircies sur trop de résines torturées. Jean-François Lovey

Il va de soi que les chiffres, thèses ou opinions ici avancés n'engagent .que leurs auteurs .

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FINGES - GÉOLOGIE

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Les collines sur lesquelles croît la forêt de Finges ont une origine complexe reconstituée grâce au x formations géologiques superposées. Elles nous racontent toute l'histoire récente des versants 'de la vallée du Rhône . Il faut d 'abord remarquer que ces collines se prolongent vers l'aval, dans les collines de la région sierroise. Plus en aval encore, la plaine est à nouveau plus régulière, à l'exception de petites collines qui émergent des alluvions jusqu'à Granges . La carte géologique (fig . 1) montre aussi que sur la colline de Géronde, de la moraine cons titue le sommet de la colline . Niche d'a rra chement et plan de glisse m ent de l'éboul em ent de Finges Les collines sont constituées de blocs de toutes tailles, de nature calcaire, intimement mélangés. débouchant du val d'Anniviers Il s'agit d'un ' ancien éboulement . glacier. La surface sur laquelle dépose ses moraines sur la coll'éboulement s'est déplacé est descendu de la région de Varneline de Géronde et sur quelques encore parfaitement visible : ralp, en rive droite de la vallée . collines plus en aval, (mais ces L'origine de c~ phénomène im- c 'est la grande pente calcaire collines ont été partiellement qui domine Salgesch, traversée pressionnant èst la suivante : détru ites par l'hom me, et les trapar deux bisses . Elle est elleIl ya environ 15 000 ans les glaces de cet ancien glacier ont été même dominée par des parois ciers occupaieht encore la vallée effacées) . Ce glacier du val d'Anqui sont la niche d'arrachement du Rhône, mais ils commenniviers allait buter contre le verde l'éboulement. Le matériel çaient à perdre de l'épaisseur. A tombé sur le glacier sera entraîsant droit de la vallée; il faisait ce stade cependant ils érodent né vers l'aval, et c'est la raison donc barrage à l'écoulement encore et creusent une auge aspour laquelle on en retrouve jus- : des eaux qui s'accumulèrent à sez profonde dans la partie basqu'à Granges, soit à 13 km . son amont, et forment un grand se de la vallée (fig. 2, 1). Comlac . Les traces de ce lac se trouMais le glacier finira de fondre et me ils fondent de plus en plus, il le matériel qui le recouvre s'en- vent sous forme de sables dépoarrive un mom'e nt où ils laissent foncera avec la disparition de la sés entre et parfois sur les collià nu la base du versant ; celui-ci nes (fig. 4). C'est aussi à son glace, donnant des collines relaa donc perdu son appui en glace existence que les collines de la tivement basses, comparées à qui assurait sa stabilité (fig . celles qu i sont restées posees forêt de Finges doivent leur for2,2). Sur la rive droite, les condi- sur le versant (Ravyr, région de me arrondie : l'érosion due aux tions sont particulièrement préMiège etc .. ) Tout ceci s'est vague s adoucit les formes qui caires, parce que les couches restent anguleuses ailleurs (Gêpassé il ya environ 12 000 ans. sont inclinées parallèlement à la ronde aplanie par le glacier pente du terrain. C'est alors que Mais 'l'histoire de Finges n'est d'Anniviers, Ravyr anguleuse, l'éboulement se produit (fig . 2, pas term inée pour autant. Un etc ... ). Ce lac était présent il ya 3) et du matériel remplit le fond nouveau retour de froid va faire un peu plus de 10 000 ans . de la vallée . Une partie de ce descendre les glaciers des valmatériel repo,se sur le versant, Un trait marquant de cette partie lées latérales jusque dans la vallée du Rhône (fig. 3). Le glacier de la vallée est la présence du une autre . partie repose sur le

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gigantes que cône d'alluvion s de l'iligraben, occupé par la forêt, en am ont de l'exploitation agricole de Finges . Il a donc été édifié par le torrent qui évacue le matéri el de l'impressionnant cirque d' éro sion, situé entre le Gorbetsch et 1'[lIhorn . La carte de la figure 3 montre que si la vall ée était pres que partout occupée par des glaciers, la région en face de Loèche faisait exception, et que notre cône d 'alluvions était déjà en voie d'édification . La carte (fig_ 1) porte encore un figuré non expliqué : les masses tassé es . Il s'agit d'une sorte d'éboulement qui aurait un peu raté . Donc des masses de roches qui se sont détachées du versant, mais sans vraiment s'écrouler. On reconnaît les mass es tassées au fa it que la roche y paraît saine et intacte, mais qu 'en fait, elle n'est plus exactement là où elle devrait être . La région de Planige , qui domine M iège, en ~st un bel exemple .' Il en est de même pour la région de Varneralp, où d'immenses panneaux . ont amorcé une chute vers la vallée lors du départ du grand éboulement, mais sont finalement restées à mi-chemin. Elles partiront peut-être une fois . Un s:e ul glissement de terrain est spectaculaire, mais un peu hors de notre champ d'intérêt. Il s'am orce en-dessous de Montana-Village, dans les affleurements blancs de Gypse, et descend jusqu'à la vallée du Rhône . Il est actuellement stabilisé .

Figure 1

Figure 2

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Le seul versant stable est celui de Gorbetsch en rive gauche, dominant la route cantonale à Finges . Sa résistance se traduit

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ÉVOLUTION DE LA VÉGÉTATION par le fait qu'il est plus raide. De grands voiles d'éboulis partiellement alimentés par les avalanches, tapissent son pied . Belle région en vérité: glissements, tassements, éboulements, éboulis, cônes d'alluvions, tout y est sur une surface très réduite.

M. Burri

Lors du retrait des glaciers la végétation recolonisa, peu è ~eu le terrain abandonne . Differents groupes de plantes e,nvahirent successivement la reglon de Fing es . La géobotanique, qui étudie la distribution des plantes à la lumière des migrations passées et des conditio ns climatiques

actuelles, va nous permettre de comprendre pourquoi la forêt de Finges est une pinède plutôt qu'une chênaie ou une forêt de mélèzes *.

Il ya 20 000 ans, parallèlement

à l'avancée des glaciers alpins sur le plateau su iss e jusqu'au Jura, les glaciers scandinaves descendaient sur le nord de l'Europe jusqu'au 55 e parallèle environ . Entre les 2 calottes glaciaires, le climat boréal ne permettait plus que la survie d'une maigre toundra à lichen et mousses, agrémentée de quelques plantes naines dans les endroits les plus favorables , Les arbres ne subsistaient plus que sur le littoral de la Méditerranée et de la mer Morte . Il y a 16 000 ans environ une diminution de la pluviosité accompagnée d'une augmentation de la température moyenne provoquent le recul des glaciers. La toundra suit la frange des glaciers vers le nord et vers les Alpes; les steppes de l'est, beaucoup plus riches que la toundra, s'insèrent entre les deux et se maintiennent en Europe centrale tant que le climat ne permet pas l'installation des arbres.

Figure 3

Carte de l'Europe il y a 20000 ans

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Calottes glaciaires

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Tou.ndra

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Toundra boisée

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Forêt de conifères

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Forêt de feuillus

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'Steppe à graminées

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Figure 4

La masse d'eau retenue dans les glaciers a causé une modification du contou rd e l'Europe par abaissement du niveau des mers (Carte d'a près Moreau R.E. 1972)

Préboréal En raison du réchauffement persistant du climat, la forêt a pu reconquérir les terrains abandonnés par les glaciers. Le pin, arbre pionnier qui s'accommode de sols très pauvres et qui ne croît bien qu'en pleine lumière, fut le premier à recoloniser l'Europe à partir du sud-est où il s'était maintenu pendant la glaciation.

* Analyse pollinique La recon stitution du couvert végéta l de l'Europe postglaciaire est basée sur l'étude des grains de po llen fossiles stockés à l'abri de l'oxygène dans les tourbières . Les plantes supérieures produisent du pollen caractéristique de chaque espèce L'étude de leur fréquence respective dans les couches de tourbe, datées par la méthode du carbone 14, permet d'établir les dates d'apparition des plantes dans une localité et leur importance.

P~r le regroupement d'études régionales il a été possible de dresser l'histoire de la végetatlon européenne.

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Carte schématique de la végétation de l'Europe au préboréal (8000-7000 av. J .-c.)

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Pin

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Bouleau

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Feuillus

A u boréal (7000-5000 avant

Dans son aire le pin occupe toutes les stations sauf dans le nord où le bouleau, aussi frustre que lui, réussit mieux sur les sols humides ou argileux

J.-C.), le climat toujours sec se réchauffe encore et permet à des essences thermophiles (qUI ont be.s oin de chaleur) de concurrencer le pin, sur un sol enrichi justement par des siè· cles de présence du pin. Les chênes et l'orme s'introduisenl progressivement à partir du sud. A la suite de ce réchauffement le noisetier se retire ,vers le nord. Au sud-est l'épicéa commence son voyage qui l'amènera jus· qu'aux Alpes; au sud de l'arc al· pin le sapin blanc s'apprête à franchir les cols (Simplon, Luk· manier) ...

Essence de lumière, le pin est éliminé des forêts trop sombres de chênes et d'ormes: c'est la fin de l'ère du pin . Désormais il ne subsistera que sur les sols pauvres ou les climats trop rudes pour ces feuillus: climats froids de Scandinavie, sols sablonneu x d 'Allemagne, climat continental et sols pauvres des vallées internes ·des Alpes . Une riche flore d'origine méditerranéenne accompagne le chêne pubescent (euphraise, coronille, bugrane, germandrée, petit chêne ... ). A cette époque, la rencontre des espèces venues d'Asie (espèces sarmatiques) et

Dans les vallées des Alpes égaIement le pin suit le retrait des glaciers et pénètre en VS par le défilé de St-Maurice . On appelle cette . période (préboréal, 8000-7000 avant J .-C.): l'ère du pin . Le pin sylvestre (que l'on trouve à Finges) et le pin à crochet, en montagne, dom ina ient la scène.

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Dès 3000 ans avantJ.-C. l'humidité augmente . Le pin voit de nouveaux concurrents arriver en Europe centrale : le hêtre colonise les sols pauvres sous un climat humide et relativement chaud; le charme, le frêne et le tilleul préfèrent un sol évolué; enfin l'aulne, l'épicéa et le sapin blanc supportent le froid et se tiendront à plus haute altitude . Devant ces pressions l'aire du pin est considérablement rétrécie, de même que celle de la flore des steppes .

Le visage végétal de l'Europe est donc le résultat de migrations savamment orchestrées par les variations de température et de pluviosité agissant sur les exigences écologiques de chaque plante . Le pin ne se maintient plus que sur les sols particulièrement pauvres où la vitalité des autres essences est réduite, dans les climats trop secs pour le hêtre, l'aulne et le sapin blanc et dans les régions où les gels tardifs ne permettent pas aux essences méditerranéennes de survivre . Dans ces pinèdes une partie de la flore sarmatique et méditerranéenne cohabite encore.

Nos pinèdes sont des forêts reliques qui méritent toute notre attention en raison de leur richesse floristique et faunistique et en raison de leur équilibre précaire: sous le climat actuel elles pourraient ne pas régénérer si l'homme la dégradait trop brutalement.

En Valais

Sous le pin qui forme des boisements clairs, quelques éléments de la flore des steppes de l'Asie centrale ont pu se maintenir. (Par exemple : onosma de Suisse, astragale, éphèdre, armoise, plumet) . En 8000 avant J .-c., le mélèze a déjà colonisé les montagnes d'Autriche et atteint les Grisons, l'arolle est bien ïnstallé en Valais. Tous deux ont survécu en Sibérie sous un climat continental trop sec pour que des glaciers aient pu se former. A la fin du préboréal au nord des Alpes le noisetier va jouer un rôle de premier plan et prépare le sol pour ses successeurs plus délicats .

de Méditerranée formaient un cortège floristique bien plus riche qu'aujourd'hui .

Finges Par son étendue et par la richesse de sa flore, la pinède de Finges est une des plus importantes station relique d'Europe centrale. Finges est une des localités les plus sèches de Suisse et cette sécheresse a diminué la concurrence d'autres espèces d'arbres . Stations

Carte schématique de la végétation de l'Europe à la fin du boréal (5000-4000 av. J .-c.) .

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Pin en densité plus faible

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Chênaie

Carte de répartition actuelle du pin en Europe

Chippis Sierre Sion Martigny Brigue Lausa nne Genève

Précipita tions annuelles en mm

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771 725

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Cette sécheresse , liée au x écarts thermiques et au x gels tardifs de la plaine valaisanne rappelle un climat continental et a contribué à maintenir dans la pinède de Finges un grand nombre d'espèces sarmatiques (origine asiatique) arrivées au préboréal . D'autre part la température estivale est suffisamment élevée pour avoir permis la survivance d'une partie de la flore méditerranéenne arrivée avec le chêne pu bescent. Enfin le sol particulièrement perméable de l'éboulement ne retient pas l'eau et ajoute à la rudesse des conditions climatiques, ce qui limite encore les colonisateurs potentiels . Toutes ces conditions réunies expliquent l'étonnante' richesse floristique de Finges issue de l'interaction des influences méditerranéenne, asiatique et européenne . C'est elle qui confère à la pinède de Finges son aspect absolument unique mais aussi sa fragilité : l'équilibre entre ces espèces d'origine différente s'est établie au cours de millénaires sous une succession de climats différents et ne se maintient qu'en raison des conditions locales particulières .

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VÉGÉTATION DE FINGES

Pin èdes Forêt rive rai ne Forêt de chênes pubescents Forêt de boulea ux Pl antatio n de feuillu s (p eupliers, trem bles,

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Etendues de graviers et de sa ul es bui sso nn ants Surface cultivée Surface brûl ée Routes ca ntonales Etangs:

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co" M êm e à l'intéri eur de son aire de répartiti on le pin n'habite qu e les stati ons no n fa vora bles aux autres ess en ces . En Sui sse: les va ll ées sèches , les va llées à fœhn et les crêtes du Ju ra

(Lorsque l'on parle de la région de Finges sont inclus évidemment le Rhône et ses berges de même que le cône de l'iligraben) . Nos pin èdes valaisannes ont été assez peu étudiées; on peut tout de même en distinguer 2 types à Finges.

1. L'une, unique en Europe, strictement localisée à la région de l'éboul ement de Sierre est une pinède à euphraise visqueuse (euphrasia viscosa).

Elle occupe les sols squelettiques, extrêmement secs de la région des collines . La strate arborescente, peu dense est constituée par une race rabougrie du pin sylvestre, le pin gris . Même âgé de 100 ans il dépasse rarement 8-10 m . de haut et 10-20 cm . de diamètre . Le sol bénéficie ainsi d'une bonne insolation. La strate herbacée, qu i ne recouvre pas le 100 % du sol comprend toute une série de plantes subméditerranéennes et quelques espèces sarmatiques . Les mousses en sont pratiquement absentes . Outre l'euphraise visqueuse, la petite coronille (coronilla minima), le bugrane nain (ononis pusilla), l'astragale de Montpellier (astragalus monspessulanus) et le limodore à feuilles avortées (Iimodorum abortivum), sans être forcément communes, sont les plantes qui caractérisent la pinède à euphraise visqueuse .

Liées à ces conditions climati ques et botaniques une entomofaune (insectes) particulièrement riche a pu se développer et augmente l'intérêt de Finges

Francoise Gard Pierre-Alain Oggier

Touffes claires de petites co ronilles au m il ie u du tapi s de rai sin s d'ours dans la pin ède à euphraise .

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Plante discrète d'origine méditerranéenne localisée en Suisse dans la vallée du Rhône entre Ardon et Binn . La tige, ramifiée, atteint 10 à 40 cm. de haut; les feuilles entières, étroitement lancéolées sont opposées . Tige et feuilles sont couvertes de petits poils . De la fin de l'été au début de l'automne apparaissent de petites fleurs jaune clair de moins de 1 cm .

La petite coronille est une légumineuse jaune foncé (15-25 cm .) fréquente à Finges . Les feuilles composées sont abondantes . La plante fleurit au printemps tardif et en été et ne se trouve en Suisse qu'entre Sierre et Guttet. 11

1


Le bugrane noir, légumineuso jaune (10-30 cm .), se reconnaît à ses feu illes trifoliolées dentées : la base de la tige est ligneuse. La plante fleurit en été et est assez abondante en Valais. Astragale de Montpellier, légu mineuse, dont les fleurs pourpres fleurissent de mai à juillet, ses feuilles sont composées de 25-41 folioles rondes; elle 'se trouve dans tout le sud de la Suisse. Limodore à feuilles avortées, grande orchidée (30-80 cm.) dont les fleurs violet cla ir ne fleurissent en juin que si le temps est suffisamment chaud et sec; sa longue et épaisse hampe d'un bleu violacé ne porte pas de feuilles mais de courtes graines écailleuses; elle est saprophyle ce qui signifie qu'elle se nourrit de végétaux morts. Cette très belle orchidée a une aire de répartition en Europe centrale assez large mais est partout très rare . On rencontre aussi d'autres espèces qui, salls être strictement liées à ce type de pinède, sont très abondantes à Finges, comme le raisin d'ours (arctostaphylos ura-urst) et le polygale (polygala chamaebuxus). Ces deux buissons rampants aux feuilles épaisses et persistantes recouvrent la plus grande partie du sol . Le raisin d'ours, d'origine arctique fleurit d'avril à juin; ses corolles blanches forment une petite grappe terminale; ses fruits rouges sont farineux et renferment 5 noyaux. Ils sont le régal de nombreux oiseaux qui contribuent à la propagation de l'espèce. Le po.'ygale petit bu is don12

ne à la même époque des fleurs jaunes et blanches ressemblant à un papillon aux ailes déployées. La région de Cordonna formée par le même matériel que les collines de Finges abrite le même type de pinède et mérite par conséquent le même intérêt et sauvegarde. 2. Le 2 e type de pinède, de plus belle venue et plus répandu, croît sur le sol' profond du cône de déjection de l'IIlgraben et dans quelques dépress ions entre les collines . C'est la pinède à laiche blanche (carex alba).

Les pins sont plus beaux et peuvent atteindre 15-20 m. dans les meilleures conditions . Leur écorce rose saumon leur ont valu le nom de pin rouge. La strate herbacée est moins variée et les espèces d'origine méditerranéenne et asiatique sont rares voire absentes . Il n'y a plus de sol nu. La relative humidité permet à de nombreuses mousses de pousser. Ce même type de pinède se retrouve au Bois noir ou sur le coteau du Corbetsch par exemple mais la bruyère incarnate (erica carnea) supplante la laiche blanche .

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La laiche blanche est une herbe Les plantes caractérisant cette voisine des graminées mais pinède sont l'épipactis rouge s'en distinguant par sa tige à (epipactis atropurpurea), la goosection triangulaire et non circu- dyère rampante (goodyera relaire. Elle se reconnaît à ses pens), le polygale petit buis, la touffes émettant de longs sto- pyrole verdâtre (pyrola chloran. lons, à ses feuilles étroites et . tha). aux épis blanchâtres. Elle fleurit Epipactis dès avril et. forme la plus grande Cette orchidée pourpre pouvant partie du tapis végétal de cette pinède . atteindre 60 cm . de haut est fré-

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quente à Finges; ment duveteuse grandes feuilles rugueuses, vous fleurde la mi-juin

sa tige, légèreest garnie de oblongues et la trouverez en à la mi-juillet.

La goodyère rampante est une autre orchidée qui n'est pas rare à Finges mais peu visible; elle. dresse parmi les herbes son épi de 8-20 cm ., garni, de la mi-juin à la mi-juillet, de petites fleurs blanches plumeuses; les grandes feuilles sont localisées à la base de la tige seulement. La pyrole verdâtre a des feu illes rondes, persistantes, d'un vert sombre qui contraste avec la corolle blanc-jaunâtre . Elle fleurit en juin-ju illet.

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3. Il existe en Valais un troisième type de pinède: une variante plus pauvre de la pinède à euphraise visqueuse dans les stations ' présentant des conditions intermédiaires entre ces deux

dernières . Il s'agit de la pinède bugrane à feuilles rondes (ononis rotundifo/ia) qui occupe les coteaux valaisans de CharratSaillon jusqu'en amont de Brigue ainsi que quelques vallées latérales comme Bagnes et le Lbtschental . La magnifique astragale de Montpellier, le bugrane à feuilles rondes, la saponaire, le polygale petit buis y sont fréquents.

gnes dresse ses corolles d'un violet endeu illé qu i seront bientôt remplacées par une tête échevelée . En mars également fleurit l'hépatique sans feuille à cette époque; celles-ci apparaîtront après la floraison et accumuleront les réserves nécessaires pour la floraison de l'année suivante .

Plus tard, au milieu de l'abondante floraison nous relèverons, arbitrairement, quelques planLes corolles roses du bugrane à tes très courantes comme le mélampyre des prés, un parasifeuilles rondes s'épanouissent te à fleurs jaunes qui vit aux déau soleil de fin juin-juillet. pens des gra minées, la germandrée petit chêne, une petite laA part les plantes caractéristiques qui ont servi à définir les . biée rampante à souche ligneuse, les euphorbes caractéris iassociations, une foule d'autres sées par leur latex blanc; ou espèces, aux exigences écologid~autres, très belles, tel le lys, ques moins précises, contril'œillet des fleuristes ou les orbuent à la beauté des forêts de chidées (p/atanthère, orchis, cépins. En mars déjà la potentille pha/anthère, néottie nid d'oipubescente illumine de ses seau .. .) qu'il n'est pas nécessaitouffes jau ne vif l'herbe encore re de présenter. sèche, la pulsatille des monta-

Francoise Gard Pierre-A/ain Oggier

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LE PIN Francaise Gard

Pierr~-A/ain Oggier

pins, elles sont groupées par; (pin sylvestre, pin de montagne pin noir) ou par 5 (arolle = pir cembrot); chez le mélèze par 2( à 40 sur de courts rameaux laté raux. Les aiguilles du pin sylvestre e' du pin de montagne mesuren' 10 à 15 cm ., celles du pin noir,4 à 7 cm .

. Reproduction du pin

Les fleurs mâles du, pin, localisées à la base des rameaux de l'année, ne vivent que quelques mOIs et IIberent leur pollen en mai-juin

Parmi les plantes à graines (phanérogames) on distingue les plantes à graines enveloppées (angiospermes), groupe de beaucoup le plus abondant de la flore actuelle, et' les plantes à graines nues (gymnospermes) où les ovules ne sont pas enfermées dans un ovaire mais portées sur un carpelle (feuille spécialisée) .

- les pinacées, représentées par les pins, mélèzes, sapins et épicéas Chez les sapins et les épicéas, les aiguilles (qui sont les feuilles) sont solitaires; chez les

Sur le cerisier, les organes mâ· les et femelles sont réunis dans la même fleur. Chez le saule il existe des arbres mâles et des arbres femelles. Le pin présente un cas intermédiaire: fleurs mâ· les et femelles fleurissent sur un même arbre mais sur des ra· meaux différents. Les fleurs mâles, groupées à la base des pousses de l'année, produisent leur pollen en mai· juin, puis se fanent et tombent. Il suffit de secouer les rameaux à cette époque pour voir s'envo· 1er un nuage jaune . Au hasard

Chez nous les gymnospermes ne comptent que deux classes dont la principale est celle des conifères que l'on divise en 3 familles : représentées

- les cupressacées, représentées par le cyprès et le genévrier

La fécondation proprement dite n'a lieu qu'une année plus tard; c'est alors que la petite boule rouge commence sa croissance pour donner la pomme de pin . Les graines, protégées chacune par une écaille, vont mettre 2 ans pour mûrir. Et au printemps de la troisième année, par temps sec, on peut entendre les craquements des écailles des cônes mûres qui libèrent chacu ne 2 semence's ailées. Que l'une d'elles rencontrent des conditions favorables pour germer, elle donnera au jeune pin au port conique d'abord puis, par ralentissement et arrêt de la croissance de la cime, et par disparition de branches inférieures, le pin plus âgé prendra un aspect de parasol.

La faune caractéristique du pin Un grand nombre d 'espèces d'insectes vit aux dépens du pin. Certains vivent sur l'arbre vivant, d'autres tirent profit du bois mort.

Les gymnospermes constituent un groupe en voie de disparition, apparu avant les angiospermes, dès la fin du primaire. Après un apogée au secondaire le groupe ne fait que régresser.

- les taxacées, par l'if

du vent le pollen va aller féconder les jeunes cônes femelles, semblables à de petits pois rou ges qui se dressent au sommet des rameaux de l'année.

Les fl~urs fe;nelles, du pin apparaissent au sommet des rameaux de l'année . Elles ne sont fecondees qu une annee après avoir reçu le pollen: c'est alors que le cône com· mence sa crOissance

Le plus souvent ces paras ites sont maintenus en nombre suffisamfnent faible par leurs pr'édateurs (oiseaux ou autres insectes) pour ne pas causer de dégâts irréversibles à la forêt. D'autre part, ils sont indispensables pour assurer la disparition du bois mort, soit directement par ingestion, soit indirectement en favorisant la pénétration de champignons par les ouvertures creusées, soit en attirant les pics qui, pour s'en nourrir, déCortiquent les troncs .

Lorsque le cône femelle a 2 ans les graines commencent à mûrir. Elles seront libérées à la fin de la troisième année du cône

Quelques coléoptères fréquents: - L'Hylésine du pin (mye/ophl/us piniperda) est un petit coléoptère de 1 cm. 1/2 qui essaime fin mars début avril. Il choisit de préférence des arbres récemment tombés ou malades sous l'écorce desquels la femelle va .creuser son système de couloirs. Les larves s'y développent et en ju illet, les jeunes hylés i nes vont se creuser un couloir de sortie et voler jusqu'à la couronne de l'arbre. Ils se nourrissent de pousses de 1 ou 2 ans qu'ils évident. ' Les pousses vont tomber lors d'un coup de vent et laisser à leur place un petit entonnoir de résine dans lequel le coléoptère va passer l'hiver. - L'Hylésine mineur du pin (m. minor) ressemble au précédent essaime légèrement plus tard et creuse des couloirs de ponte

moins profondément dans l'écorce; il occupe en général les branches de l'arbre. - L'Hylobe brun (hy/obius abiestis) est un charançon brun d'un peu plus de 1,5 cm . aux élytres pointillées de jaune. Il se réveille de son sommeil hivernal en avrilmai et affectionne les zones peu touffues et bien ensoleillées des forêts de pins, mais aussi d'épicéas. Ce coléoptère fréquent se nourrit de l'écorce des branches ou des racines, ce qui peut provoquer la mort de l'arbre . Un grand nombre de lépidoptères parasitent aussi le pin . Environ 90 espèces de papillons en majorité nocturne, pondent sur cette essence où leurs chenilles trouvent leur nourriture . Toutes ne sont pas exclusives .du pin . Nous avons fait un choix des plus courants qui peuvent s'observer à Finges.

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LA FAUNE DES FORÊTS

- Le processionnaire du pin (thaumetopoea pityocampa) est un petit lépidoptère de 1,5 cm . qui va déposer ses œufs en massue autour d'une aiguille de pin dont se nourriront les futures chenilles; celles-ci apparaissent en juillet et tissent d'emblée un nid de soie destiné à les protéger; un nombre impressionnant de chenilles habitent cette de:meure visible sur un grand nombre de pins à Finges . La nuit, elles s'en vont en longs cortèges, vers leur lieu de nourriture . La chenille de tête tisse un fil que toutes suivront et renforceront. Après avoir dépouillé le rameau choisi de ses aiguilles, elles regagnent, grâce au fil conducteur, leur demeure soyeuse . La procession cessera en aoûtseptembre lorsque les chenilles se transformeront en chrysalides pour passer l'hiver. - La tordeuse du pin (evetria buo/iana) L'adulte est un microlépidoptère de la taille d'une mite, qui essaime un soir de juillet; la femelle dépose ses œufs un à un sur l'écorce de jeunes pins . La chenille, au corps brun clair rougeâtre et à tête claire, s'en ira à la recherche d'un bourgeon pour s'y enfoncer et hiberner. Elle se nourrira de la pousse au printemps suivant. - La nonne (/ymantia monacha) est un ennemi redoutable pour le pin car les chenilles peuvent le dénuder complètement de ses aiguilles et provoquer ainsi sa mort. L'adulte est un beau papillon d'un peu plus de 2 cm ., aux ailes antérieures blanches ornées de demi-élipses noires; l'abdomen de la femelle est rougeâtre. On peut l'apercevoir folâtrer à la tombée de la nuit.

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Ce papillon courant essaime en - Le Sphynx du pin (hy/oicus pinastn) juillet-août. La femelle enfonce ses œufs sous l'écorce, et, en C'est un gros papillon; comrnf avril de l'année suivante en sorti- tous les sphynx, il ferme, au re· ront des chenilles grisâtres , au pos, les ailes horizontalemen1 dos orné d'une ligne brune inter- en delta sur le dos . La phase rompue par une tache ovale claiadulte vole en juin-juillet et buti· re et aux flancs garnis de touffes ne le soir, aspirant avec sa Ion· gue trompe, sans se poser, le de longues soies. Les chenilles de nonnes se nourrissent d'ainectar des chèvre-feuilles ou des tilleuls. La femelle dépose guilles de pin de préférence ses œufs isolément ou en petits mais, si, pendues au bout du fil groupes sur les aiguilles de pin qu'elles se sont tiss'ées, elles atque les chenilles dévoreront tOU1 teignent par balancement un arl'été . La chenille est nue, de tein· bre voisin d'une autre espèce, te générale verte; elle est elles s'en contenteront. Elles se transforment en chrysarayée longitudinalement de jaulide en juin-juillet attachées au ne et de blanc sur les flancs, de pied du tronc par un fil tissé . rouge sur le dos; une corne dé· Une invasion de nonnes est pécorative se dresse à l'arrière. riodique et s'enraie par l'appariDès octobre, la chrysalide hibertion d'une maladie qui décime la ne dans le sol. Cette espèce, jaquasi totalité des chenilles . Un mais abondante, ne cause pas autre moyen de lutte est de préde dégâts importants. server ses prédateurs naturels Les insectes ne sont pas les contre l'ichneumon. Ce fantastiseuls à tirer profit du pin: quelque hyménopètre enfonce sa ques plantes parasites égaIelongue tanière dans les bois ment cet arbre, entre autres, le pour pondre son œuf sur l'œuf gui . ou la larve du papillon, qui ne - Le gui pourra pas se développer. est une plante chlorophyllienne, - Le Bombix du pin c'est-à-dire qu'elle a des feuilles (Dendro/imus pin!) vertes capables de photosynthéCe papillon, nocturne égaIetiser. Malgré cela elle tire le prinment, passe ses journées collé cipal de ses ressources de son contre le tronc, invis ible grâce hôte par des suçoirs ramifiés qui au mimétisme parfait de sa coupénètrent sous l'écorce dans le leur. Il apparaît dans nos forêts à bois . la fin juillet. La femelle dépose . C'est un épiphyte pUisqu'il croît sur son hôte . Le fruit du gui est ses œufs sur une branchette. 2-3 semaines plus tard appa- une baie blanchâtre, visqueuse dont se régalent les grives drairaissent de grosses chenilles nes. Dans nos régions cette gribrunâtres, garnies de touffes de soie dont 2, de couleur bleue, ve hiverne grâce au gui, mais elle lui rend bien ce service en sur les segments antérieurs, qui répandant ses semences qui s'hérissent lorsque la chenille est en position de défense. Cet- ressortent intactes du tube digestif. Il existe plusieurs races te dernière se nourrit des aiguilles de la couronne jusqu'au pre- de gu i adaptés à des essences mières gelées . Elles descendent hôtes différentes: .pin, épicéa, passer l'hiver au pied de l'arbre . pommier, poirier, etc .. .

1. Les oiseaux

La forêt de Finges abrite une foule d'oiseaux. Certains sont strictement forestiers et ac~om­ plissent toutes leurs actlvltes en forêt (recherche de nOUrriture, ponte .. .) comme le pic. D'autres y nichent mais se nourrissent dans les terrains ouverts envIronnants comme le pigeon ramier. D'autre part, parm i les oiseaux forestiers, certains sont strictement liés aux conifères, d'autres auX feuillus et un troisième groupe s'accommode fort bien des , deux types d'arbres . Seules les trois mésanges sont exclusivement conifères : - La mésange huppée, facilement reconnaissable à sa petite crête mouchetée qu'elle dresse lorsqu'elle est excitée; - La mésange noire, dont la teinte générale grisâtre et l'absence de barre ventrale', médiane la distingue de la charbonnière; - Enfin, la mésange alpestre, brunâtre à calotte noire . ' Toutes les trois nichent dans des cavités et recherchent des insectes sur les branches et le tronc; elles piquent également quelques semences . Les spécialistes des feu illus sont plus nombreux. Vous les trouverez à Finges dans la ripisylve (forêt des rives) et dans les zones de boisement des bouleaux et peupliers . Le rossignol, difficile à voir mais que l'on entend chanter jour et nuit, est particulièrement abondant dans les buissons de saules le long du Rhône et dans les bouleaux de l'incendie du cône .

Le pouillot siffleur est un autre spécialiste des feuillus. ~ous l'entendrez égréner son mélancolique dû, dû, dû .. , -dans les trembles qui bordent le bisse au fond du cône entrecoupés de pit pit pit ts irrrrrrr. Dans les hautes frond~:isons de la ripisylve, lorsque rés'ônne les didelio du loriot il vaut la peine de s'arrêter . p'our chercher ce magnifique oiseau jaune et noir si habile à se dissimuler dans le feuillage . Mais attention" ne voùs laissez pas prendre par l'imitation del'étourneau. La mésange nonette ne se distingue de sa sœur jumelle la mésange 'alpestre que par la voix (et le biotope) . Dans les mêmes endroits se rencontre le plus petit des pics: l'épeichette, le seul pic à fréquenter exclusivement les feuillus. Mais à Finges, le pic vert et le pic épeiche préfèrent aussi creuser leurs cavités dans le bois tendre des saules ou des trembles de la ripisylve . Le pic noir, le géant de la famille, niche au pied du coteau où les arbres sont plus gros. La famille des pics illustre bien la division des ressources entre espèces semblables, chacune exploitant les parties de l'arb~e où elle est le plus efficace : le piC noir sur le tronc, le pic épeichette sur les rameaux les plus fins, les 2 autres sont intermédiaires . Les pics ne sont pas les seuls à vivre indifférem ment dans les forêts de conifères ou de feuillus. En mars déjà des bribribribri puissants permettent de trouver la sittelle . Elle élève sa nichée dans les cavités de pics, si l'ou-

verture est trop grande, elle en maconne une partie pour l'adapter ~ sa taille . Le bouvreuil, chapeau noir, manteau gris, plastron rouge, se signale dans les sous-bois touffus par une douce mélodie qui sonne faux. Le pinson des arbres est l'oiseau le plus courant des milieux arborisés . C'est dans la zone broussailleuse du Rottensand , que-vous' rencontrerez la linotte qui aime établir son nid dans un genévrier. Le pigeon ramier s'envole bruyamment à notre approche; leurs nids sont bien visibles mais le moindre dérangement lu i fera abandonner ses deux œufs. A Finges la table est mise pour la grive draine friande de baies du gui . Les semences qui ne sont pas digérées vont germer sur la branche où la grive va laisser tom ber sa fiente . Au lever du jour la puissante voix de la grive musicienne fait résonner les frondaisons, Le rouge-gorge et le troglodyte à queue tronquée sont des spécialistes des fourrés; ils se faufilent toujours près du sol sauf pour chanter, Le geai est le seul corvidé forestier de Finges. En automne il visite les chênaies pour en récolter les glands; leurs cris aigres trahissent leur présence . La pie et la corneille établissent leur nid dans la forêt mais se nourrissent dans la zone cultivée du domaine de Finges. Restent encore les rapaces que vous pouvez observer sans trop de difficulté: la buse, le milan 19


FORÊT DE FEUILLUS

noir avec sa queue fourchue, l'épervier et l'autour qui nichent dans le secret de la forêt mais vont chasser dans la région environnante.

Il n'est pas besoin de présenter l'écureuil mais son nid peutêtre? C'est une petite boule de branches et de mousse serrées contre le tronc d'un pin, posée Ceci n'est pas une liste exhaus- . sur une branche qui lui suffira pour élever 3 à 7 petits. La fetive de l'avifaune de Finges mais melle met bas 2 fois par année simplement une liste des oide février à juin . L'écureuil se seaux les plus faciles à observer. nourrit de graines, de noisettes, de glands ... mais aussi d'insec2. Les mammifères tes ou d'œufs pillés . Les cônes S'il ya un certain nombre d 'orni- de pin dont ils se sont rassasiés sont rongés tandis que ceux déthologues ou d'entomologues (intéressés aux insectes), il y a cortiqués par les pics ont toutes les écailles écartées . bien peu de mammalogistes amateurs. C'est que la faune de Le renard est relativement fréquelque importance a presque quent à Finges . C'est aux mois disparu de nos régions et que de janvier-février, par nu its de parmi nos mammifères sauvalune, qu 'on peut le surprendre ges seuls l'écureuil et le cha- en rut. Le reste de l'année il est mois sont diurnes. N'attendez plus discret et silencieux. Il paspas le lever du jour, ne craignez se son temps à chasser mulots, pas le froid, soyez patients et te- campagnols et autres rongeurs . naces et la forêt s'animera deEn hiver il ne dédaigne pas la vantvous. charogne et sait même tirer parti des gadoues qui souillent FinMais l'animal laisse sur son passage toute une série de tra- ges . ces facilement repérables pour U ne série de petits creux reml'œil attentif du' promeneur. plis de crottes trahissent un ter-

rier de blaireau occupé. Leurs traces sont souvent visibles sur les chemins poussiéreux. Et si d'aventure vous croisez un blaireau partant en chasse, prenez rendez-vous, il sera là demain à la même heure . Le lièvre n'est pas beaucoup plus fréquent à Finges qu'ailleurs en Valais. L.es biocides utilisés en agriculture ont eu raison de lui . Le cerf, bientôt réintroduit partout en Valais, ne manque pas à Finges; toutefois, ici, c'est un nomade qui ne fait que transiter d'un coteau à l'autre en fonction des saisons ou qui vient boire au Rhône. Le chevreu il se reprodu it dans les endroits les plus discrets de Finges : vous ne le rencontrerez pas souvent le long du parcours Vita .

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Au milieu de ces diverses associations de pins on trouve, dans des stations aux conditions particulières quelques boisements de feuillus . Au sommet des plus hautes collines, dans les mêmes conditions de sécheresse que le pin mais sous un climat moins contrasté (absence de gels printaniers) et mieux ensoleillé, le chêne pubescent forme de petites chênaies hébergeant un cortège de plantes méditerranéennes différentes de celles de la pinède; les buissons y sont beaucoup plus nombreux. C'est là que les soirs de ju in on peut observer le vol des lucanes cerfvolant, un de nos plus grands coléoptères puisqu'il peut atteindre 7 cm . de long. L'adulte ne vit guère plus de quatre semaines, juste le temps nécessaire à la reproduction; la larve de son côté, passera 4 à 5 ans dans le bois pourri . Ce magnifique insecte doit son nom aux mandibules du mâle qui rappellent les bois d'un cerf. En Valais, la chênaie à chênes pubescents se retrouve, sous différents faciès, sur le coteau à l'adret où elle a d'ailleurs tendance à céder le pas à la vigne. La même essence ainsi que le bouleau forment un boisement seco.n daire sous les lignes à haute tension du cône de 1'111graben où les pins ne supportent pas l'abattage répété .. Dans la même région, le bouleau couvre encore de grandes surfaces où il est facile de reconnaître les traces de l'incendie de 1962 (60 ha) . Là, sous le climat actuel (qui est favorable au x concurrents du pin) et plus encore à cause du fluor le pin s'est vu devancé par ce feuillu à

croissance rapide . Dans la zone brûlée des collines, où les conditions sont plus rudes , aucun n'a réussi à cicatriser la plaie de l'incendie d'avril 1964 (42 ha) . Ailleurs l'homme est intervenu directement en plantant des mélèzes dans la pinède de Finges, procédé qui est fort regrettable puisqu'il modifie la végétation herbacée. Sur les rives et certaines îles du Rhône les inondations récurrentes et l'apport massif d'éléments nutritifs expliquent le succès ' des feuillus. Dans ces régions se forme un boisement luxuriant, la ripisylve, de saules arborescents, de peupliers, de trembles et de bouleaux. Le sous-bois est envahi de broussailles, aulnes, saules buissonnants, viornes, cournouillers, aubépines ... La steppe La steppe ou pelouse sèche est un milieu caractéristique du Valais: on la trouve sur les coteaux ensoleillés où la forêt n'a pas pu prendre pied, soit parce .que le sol est trop mince (sur un affleurement rocheux par exemple) soit que l'homme y ait longtemps fait paître du petit bétail (chèvre, mouton) . Les écarts de température au sol sont accentués par l'absence d'arbre : le climat rappelle d'autant plus celui des steppes ' continentales d'Asie .

Le stipe penné ou plumet

uns de ses éléments seulement dans la région brûlée des collines. Dans ces pelouses fleurit la pulsatille des montagnes, deux petites orchidées - l'orchis brûlé et l'orchis à bouffon peuvent être localement abondantes. Au premier printemps la potentille pubescente colore ces pelouses en jaune; mais c'est en juin, lorsque le plumet fleurit, qu'il faut voir onduler au vent ces élégantes graminées blondes.

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A Finges ce milieu est presque inexistant. A part quelques mouchoirs de poche dans les collines, on le trouve sous forme de prairie sèche fauchée aux alentours des fermes de M ilieren, ou bien représenté par quelques-

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LES PAPILLONS

A part quelques espèces communes il est impossible de déterminer un papillon sans le capturer. Dans cette optique présenter .Ies papillons de Finges est une affaire de spécialiste qui s'adressent à des personnes intéressées . Plutôt que de donner la liste des espèces recensées à Finges, nous allons essayer d 'expliquer Un des mécanismes qui règlent la distribution des papillons . On ne peut pas souvent dire qu'un papillon est rare, màis plutôt qu'jlest localisé. La raison en est simple . C'est à la chenille qu'échoit la tâche d'accumuler des réserves pour se transformer en chrYsalide puis en papillon . Celle-ci passe sa vie à manger. Par souci d'efficacité chaque espèce est adaptée par son régime alimentaire, par son mimétisme de camouflage ou quelque autre raison à une feuille de plante. En corollaire. les papillons adultes doivent déposer leurs œufs sur ou à proximité de ces plantes hôtes: ils ne s'en éloignent donc guère . C'est ainsi qu'jl est possible d'observer de nombreux individus d'une espèce sur de petites surfaces, de moins d'un hectare parfois . De là vient que dans un milieu uniforme une monoculture par exemple - une seule espèce sera abondante, alors qu'à Finges , où la richesse et la diversité végétale n'ont plus à être démontrées des dizaines d 'espèces vont se partager l'espace, ne se rencontrant chacune en abondance que dans les environs de sa plante nourricièr~ . En Suisse, une centaine d'espèces ne se trouvent qu'en Valais . 22

L'origine géographique de ces espèces est à mettre en parallèle avec l'histoire de la végétation . Tout comme pour les plantes, le Valais abrite des insectes steppiques qui sont des reliques de la faune d'époques antérieures, réfugiées plus au sud pendant la glaciation; des insectes descendus du nord avec les glaciers et qui se sont fi xés sur les som mets des Alpes; enfin des insectes du midi arrivés en Valais lors du réchauffement postglaciaire et qui ont pu se maintenir dans les stations chaudes de la rive droite du Rhôn'e. Le refuge des plantes est auss i le refuge des insectes . En Valais, ces espèces se trouvent dans une foule d'habitats reliques dispersés . Finges est en soi un petit Valais réunissant sur une surface relativement petite, une grande quantité de milieux très riches et ainsi la plupart de ces espèces de papillons à la fois . Voici une liste de quelques espèces qu 'on ne manquera pas d'observer lors de promenades dans cette région : Les satyridés, dont les chenilles vivent sur les graminées les plus diverses, se rencontrent un peu partout : le demi-deuil par exemple, qui doit son nom à sa teinte blanche et noire, le petit sylvandre, hôte des graminées des milieu x secs comme les fétuques . Les nymphal ides sont souvent' de grande taille ; ils se reconnaissent à leurs ailes aux bords découpés et aux couleurs vives : le sylvain azuré est l'hôte du chèvre-feuille, la chenille de la petite tortue se rencontre entre autre sur les orties; le morio se reconnaît à ses ailes d 'un brun noir pourpré, bordées postérieurement d'une bande crème . Le

paon du jour appartient égaiement à cette famille .

4. Spae/otis Senna

Qui n'a pas vu ces petits papillons bleus ou parfois bruns que sont les Iycaenidés? l'argus bleu-nacré et l'argus bleucéleste vivent sur des légumineuses et plus spécialement Sur l'hypprocrepis; le demi-argus s 'attroupe volontiers en grand nombre au bord des flaques d'eau des chemins .

5. H e/iophobus Kitti

Bien d'autres papillons mériteraient mention : le gazé, le citron, le damier, le tabac d'Espagne, le robert, le diable .. Ajoutons une liste de papillons moins répandus qui pour la plupart ne possèdent pas de noms français . Le lecteur intéressé pourra à l'aide d'une littérature spécialisée trouver détail et description ainsi que la figure représentant le papillon . Cette liste mentionne des spécimens qui, dans notre pays, ne se rencontrent qu'en Valais, et particulièrement au bois de Finges.

l)iurnes 1. Lampides Boeticus Linné

2. /o/ana /o/as Ochsenheimer

3 . Macu/ineaAr/on Obscura Christ.

4 . Pyrgus Friti//arius Va/esiaca Ruhl

Nocturnes 1. Eucharia Casta Esper

2 . Ochrop/eura Cande/isca Denis et Schiffermüller 3.

Ch ersotis Rectangu/a Denis et Schiffermüller

Ha nn er Schawerda

6. Hadena /rregu/aris H ufnagel

7. Hadena Laudeti Boi sduval

8.

M ythimna Sicu/a Scirpi f. montium Boisduval

9.

Conistra Torrida Lederer

10. Eute/ia Adu/atrix Haner 11 . Panchrysia V-Argentum Esper 12 . Horisme Testaceata Hübner 13 . Eupithecia Orphnata Bohatsch 14. Eupithecia Graphata Setaceata Dietze

15. Sterrha Ca/unetaria Va/esiaria Püngeler 16. Hemerophi/a Nycthermera ria Hübner 17 . Synopsia Soc/aria Hübner 18. Peribatodes Perversaria Boisduval

Nico/as von Roten


LE RHÔNE

Entre la source et l'embouchure du Rhône on distingue un cours supérieur torrentiel à forte pente qui irrigue les prairies de la vallée de Conches, un cours inférieur paresseux et navigable en aval de Lyon. Le Rhône de Finges appartient au cours intermédiaire. A l'époque des grands endiguements du siècle passé, les ingénieurs ont épargné le Rhône de Finges afin qu'il serve de dépotoir aux énormes crues boueuses de l'IIlgraben les jours d'orage. Là, sur 7 .km ., l'eau du Rhône pouvait s'étaler sur toute la plaine soit sur une largeur de 100 à 500m . Durant les crues estivales tous les bras étaient inondés, les îles les plus basses disparaissaient sous les flots et pouvaient être emportées. En se retirant, les eaux assagies déposaient le matériel qu'elles transportaient, créant de nouvelles îles, obstruant les bras . Ainsi à la crue

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Profil schématique d'une berge du Rhône à Finges En HAUT : a) Zone des plantes alpines à enracinement profond; b) Zone de buissons (saules, argousier et tamarin); c) Forêt riveraine EN BAS: En fait cette description théorique ne correspond plus tout à fait à la réalité: en raison de l'abaissement des eaux, certains secteurs montrent une intrication poussée de la zone b) dans a). D'ici quelques années la zone a) pourrait bien disparaître

suivante le fleuve creusait un nouveau lit évitant les îles et les bras surélevés .

à hausser petit à petit la plaine en amont par sédimentation du Rhône ralenti .

C'était le dernier troncon de Rhône libre et sauvage. '

On devine encore, dans la région d'Agarn, l'ancien lit du Rhône sous forme de gravières ou d'étangs .

En 1963-65 sur demande des propriétaires, on a construit une digue sous prétexte de protéger la pinède du Rottensand contre le fleuve avec lequel elle fleurtait depuis des millénaires . Il y a 2 ans, on a doublé la première digue de Salquenen (1955) pour pousser le Rhône contre les collines de Millieren . Il y a une année, on a resserré l'endiguement à Sierre sur 500 m. lors de la construction du pont. A chaque intervention, toujours plus fréquente, le Rhône se rétrécit un peu. A quand un Rhône canalisé là aussi?

Dans la forêt riveraine

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Une deuxième particularité du Rhône de Finges est sa pente particulièrement forte . La masse alluvionnaire descendue de 1'111graben a refoulé le fleuve au pied du coteau de Varone . Le barrage ainsi formé a contribué

En 7 km., de la Souste à Chippis, le Rhône perd les 90 m . ainsi gagnés (613 m.-527 m.) par une série de petits rapides qui contribuent à donner à ce tronçon son aspecttumultueux. C'est cette dénivellation qu'exploite l'usine électrique de Chippis en captant les eaux à la Souste. Lorsqu'on connaît l'importance du régime et du volume des eaux dans le modelage du paysage et des communautés végétales et animales fluviales, on ne peut pas être surpris des modifications apportées par ces captations qui détournent tout le débit d'étiage laissant ainsi le Rhône à sec certains jours d'hiver.'

1.

Végétation des rives

Le régime des eaux exerce une influence marquée sur la végé-

tation des rives. Entre la limite du lit mineur toujours en eau et les terres voisines inondées par les crues d'années exceptionnellement pluviales seulement, les plantes vont former diverses ceintures végétales adaptées aux conditions variables suivantes: fréquence et durée des inondations, force du courant, structure du sol, gravier, sable, limon et apport d'éléments nutritifs .

a) Dans la zone inondée dès les premières crues de mai et jusqu'en juillet, les plantes ne disposent que de 2 à 3 mois pour boucler leur cycle. Comme aucune plante ne résiste à la violence du courant qui arrache tout sur son . passage, seules des plantes annuelles peuvent s'y installer avec succès. Sur les graviers ce sont les renouées et les chenopodes, sur les sables et limons s'y ajoutent quelques composées jaunes et des graminées (la flouve, l'avoine, etc .·.. ). Plusieurs plantes alpestres comme la linaire des Alpes, l'épilobe de Fleischer (voir chapitre : «Forêts de feu illus») ou la gypsophile rampante, dont les semences sont descendues avec les torrents, ont germé sur ces p'rerriers du Rhône qui rappellent des éboulis alpins. Avec le thym serpolet, l'anthyllide vulnéraire, le lottier corniculé et le rinanthe velu, ils agrémentent les rives du Rhône . Ce milieu se caractérise par son ensoleillement et l'absence de concurrence pour les quelques' plantes qui y croissent en touffes dispersées . Plus haut sur la berge la durée d'inondation et la violence du

L'épervière à feuilles de statice : une composée alpine, pionnière des rives du Rhône

courant diminuent : c'est là que croît l'alpiste . Il rappelle le roseau par son aspect, mais est plus souple et supporte les submersions par l'eau courante. Par son réseau de racines il contribue à consolider les berges, mais il ne parvient pas à former de l'humus, le matériel mort étant régulièrement emporté par les flots. A Finges il est localisé (en petit nombre) sur les berges des bras morts. b) Vient ensuite la zone à saules buissonnants . La plupart des espèces qui colonisent ces lieux ont des feuilles étroites et allongées, des tiges très souples qui offrent peu de résistance au courant. Les saules eux-mêmes ont la vie dure : cachés et aplatis sous du matériel apporté par les eaux ils peuvent envoyer des rejets. Ce sont surtout le saule à trois étamines, le saule blanc et le saule pourpre capables de coloniser sable et gravier et dont les graines ne germeraient pas à

l'ombre de la ripisylve voisine . Ils ne sont pas seuls : l'argousier et la myricaire habitent les mêmes stations.

c) Enfin dans les zones qui ne sont guère atteintes que par les hautes eaux, éloignées du courant principal, le dérangement mécanique de la végétation est minime . Sur ces sols enrichis par les déchets organiques et minéraux croît une forêt riveraine (ripisylve) à aulnes blancs, saules blancs, trembles, peupliers noirs, bouleaux et frênes, l'épervière à feuilles de statice. En sous-bois on remarque surtout la viorne obier (ou boule de neige), le cornouiller sanguin, la viorne lantane (ou mancienne) et l'aubépine. Il ya peu de plantes herbacées : quelques touffes de grandes laiches et des rqnces. Le houblon, une des rares liane des régions tempérées, se mêle à tous les étages, ainsi que la doute-amère . 25


d) Sur les îles se succèdent les mêmes formations mais la ripisylve n'apparaît pas .

En automne, lors de l'éclosion, des milliers de phryganes adultes envahissent les abords des rivières et en certains endroits, s'écrasent en masse sur les pare-bri se des voitures.

Dans la partie amont de Finges, tout particulièrement dans le Rottensand, la forêt riveraine typique n'existe pas . Avant que la digue ne soit érigée, les îlots les plus hauts supportaient déjà un boisement de pins . Actuellement rien n'est plus inondé et le pin colonise les anciens bras du Rhône . U ne seule île couverte de pins se trouve encore dans le lit du Rhône . Les digues ont mis une grande partie du lit à l'abri des eaux : désormais la brousse de saules colonise les graviers et prépare le chemin à la forêt. A l'intérieur des digues l'amplitude des crues a été fortement réduite par les captations; certaines îles se sont rapidement recouvertes de buissons . Par ces deux mécanismes, l'étendue des zones de graviers diminue dramatiquement. Le milieu se simplifie et perd ses éléments les plus caractéristi ques et les plus rares, à savoir les étendues de sable et de gravier nus ainsi que la faune et la flore qui leur sont liés .

2 . FauneduRhône En ce qui concerne la faune, l'intérêt du Rhône (éside donc avant tout dans les surfaces fréquemment inondées et sans cesse remises à nus par les crues. Ces milieux particuliers sont strictement localisés aux rives des fleuves libres. Le petit gravelot pond ses 4 œufs au beau milieu des bancs de gravier tandis que le chevalier guignette préfère les déposer au

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Le terrain de cha sse des petits gravelots et chevaliers guignettes

pied d 'un saule isolé entre deux touffes d'herbes . Tous deux chassent les nombreux insectes qu i hantent ces étendues graveleuses . Si le gravelot est discret, la gu ignette se repère à des s ifflements pu issants et à son vol aux battements rythmés, rasant l'eau.' Tous deux ne séjournent chez nous que le temps d'élever des jeunes, et passent l'hiver en Afrique . En raison de la disparition de leur biotope, on ne trouve plus en Suisse que 15 à 20 couples de petits gravelots dont 1 à Fin.ges et 100 à 120 couples de guignettes dont moins de 10 à_ Finges . Ces deux échassiers sont sur la liste des oiseaux en disparition de Suisse . Le castor, récemment réintroduit à Grône, fait quelques visites à la ripisylve de Finges, mais les digues qui y ont supprimé l'eau, empêchent hélas une installation définitive . " serait pourtant facile de lui offrir des conditions favorables.

La loutre, lé seul mammifère prédateur de poissons, a disparu depuis .Iongtemps, d'abord poursuivie par les pêcheurs, ensuite privée de nourriture par la pollution des eaux. La musaraigne d'eau, noire dessus, blanche dessous, est toujours présente, mais difficile à voir. Plus modeste, elle se c.ontente d'insectes . Un peu comme le cincle, elle plonge sous l'eau pour les capturer, puis vient les manger sur la ber1 ge. Sur les rives du Rhône, mais dans l'eau, d'étranges «tubes à pattes» se déplacent en rampant laissant une trace vermiforme dans la vase derrière eux. Ce sont des phryganes. Ce sont précisément ces larves enfermées dans un fourreau de leur fabrication, que le cincle et la musaraigne chassaient les truites en sont également friandes et certains pêcheurs les utilisent comme appât.

Un autre groupe d'insectes aquatiques, les éphémères, vit dans le Rhône . Vous les trouverez sur la face inférieure des blocs ramassés dans l'eau . Leur corps aplati dorso-ventralement leur permet de rés ister au courant et les rend facilement reconnaissables . De nouveau il s'agit d'une larve dont la phase adulte est ailée . C'est la brièveté de la vie adulte qui leur a valu ce nom : en quelques heures mâles et femelles se reproduisent puis meurent. Les berges sablonneuses constituent l'autre intérêt faunistique de ce Rhône de Finges . En se promenant l'été sur les berges sablonneuses, on ne peut manquer de voir un coléoptère rapide à la course et prompt à s'envoler à la moindre alerte pour se poser quelques mètres plus loin . Avec un peu de patience, il est facile de retrouver la cicindelle au manteau vert ponctué de blanc. Après quelques instants d'immobilité, elle reprendra son incessante chasse aUx insectes, particulièrement aux fourmis . La larve plus discrète vit dans un terrier.

La guêpe fouisseuse ou ammophile est un autre prédateur- des étendues dégagées où elle cherche inlassablement des chenilles pour ses larves. D'assez grande taille, elle se caractérise par son abdomen «pédonculé» barré de rouge. Elle pond ses œufs dans des terriers où elle ravitaillera ses larves avec des proies vivantes mais paralysées . Le martin-pêcheur, éclair bleu annoncé par un tît tît puissant n'est guère fréquent en Suisse: ici ,la pollution lui enlève sa nourriture, les alevins; là une correction de rivière lui supprime la berge sablonneuse et abrupte où il creusait son terrier. A Finges, 3 couples au moins trouvent encore un site pour nicher et compensent la diminution des alevins dans le Rhône par des excursions dans les piscicultures .. . Enfin la bergeronnette grise et le rouge-queue noir, sans être liés à l'eau, apprécient beaucoup les étendues de gravier pour nicher. En hiver, le cincle plongeur, poule brune à bavette blanche et queue courte, plonge sous l'eau à la recherche de larve d'insectes . " n'est pas rare de rencontrer des canards colverts ou des hérons cendrés au repos, bien en sécurité sur quelque gros bloc isolé au milieu des flots .

Le lézard des murailles est partout à l'aise dans les rocailles, ici, les digues du Rhône et les champs de gros blocs, à l'abri des eaux, lui offrent un habitat idéal. La grande couleuvre d'esculape, d'un beau vert bronzé et au ventre jaune, est difficile à découvrir dans la végétation luxuriante de la ripisylve . C'est un redoutable prédateur de micromammifères et à l'occasion, de nichées de fauvettes ou de grives.

Francoise Gard Pierre-A/ain Oggier


LES ÉTANGS

Un étang est une étendue permanente d'eau stagnante emplissant une dépression peu ' profonde colonisé par de la végétation aquatique. Selon l'origine de la dépression, on peut distinguer deux types d'étangs à Finges :

libèrent dans l'atmosphère l'oxygène produit. les réserves dans l'eau dimi-nuent et l'étang s'asphyxie peu à peu ce qui cause la mort de tous les animaux munis de branchies .

buent ainsi à la diversité biologique de Finges .

1.

La végétation

Sur le pourtour des étangs se développe une végétation aquatique ·spécialisée . Des ceintures d'espèces différentes se succèdent du milieu de l'étang en direction de la terre ferme en fonction de la profondeurde l'eau .

Les lustres d'eau (chara) sont des algues multicellulaires de grande taille, à tige couverte de calcaire, rèche et cassante. La ceinture de roseaux qui fait écran et leur localisation sous l'eau rend difficile leur observation à Finges.

- les laissés du Rhône, d'anciens bras abandonnés remplis par les hautes eaux ou par la nappe phréatique (sourLes a/gues ces); - les dépressions étanches de Pour examiner le phytoplancton l'éboulement de la Varneralp il suffit de déposer sous le mioù s'accumulent les eaux de croscope une goutte d'eau prépluie et de ruissellement. . levée dans un étang . Quelques Les premiers ont presque com- types d'algues sont représenplètement disparu, victimes des tées dans le schéma et leur nom indiqué. endiguements. Au centre de Finges, les étangs des collines sont plus qu'un oasis de fraîcheur: ils permettent au cortège d'espèces animales et végétales liées aux eaux stagnantes de s'installer et contri-

Une grande abondance d'al...: gues filamenteuses (spyrogyra par exemple) visibles à l'œil nu sous forme d'une« mousse» verte, visqueuse flottant à la surface traduit une pollution.

Un bras du Rhône qui n'est plus inondé se transforme en étang

C'est un apport excessif d'azote ou de phosphate qui provoque leur prolifération au détriment des autres algues . Comme elles

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Zonation de la végétation sur la rive d'un étang

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Les plantes supérieures La même remarque s'applique aux potamots . Toutefois on peut facilement observer de petites prairies subaquatiques de ces derniers dans certaines laisses du Rhône autour desquelles il n'y a pas de ceinture de roseaux. En été la hampe florale se dresse hors de l'eau. Dans la catégorie des plantes flottantes le nénuphar est malheureusement absent du Valais. Avec un peu de patience (ou de chance selon la saison) on trouvera la lentille d'eau, qui, malgré sa faible taille (à peine 1 cm '. de diamètre) peut former un tapis vert de plusieurs dizaines de mètres carrés. Ce sont surtout les ceintures de grandes plantes qui retiennent l'atte~.tion du promeneur à Finges . Le roseau peut prendre pied jusque sous 1 ou 2 mètres d'eau et porter ses fleurs à 2,5 à 3,5 au-dessus du niveau de l'eau. Dans de bonnes conditions il forme des peuplements' si denses qu'à peine 1 % de la lumière du soleil atteint le sol à ses pieds : de là la pauvreté de la flore des roselières. A Finges il règne en maître autour de tous les étangs.

La partie immergée du roseau ne peut pas photosynthétiser, contrairement à la tige verte du jonc des tonneliers . Grâce à cette particularité, ce dernier peut s'enraciner au moins à 5 m. et former une ceinture plus loin au large. Il y a qu.elques plants au Pfafforetsee (étang du débarcadère) et à l'étang en voie d'atterrissement. La massette à larges feuilles a les mêmes exigences que le roseau . Dans la même zone, elle

forme des peuplements alternants en mosaïque avec lui, mais rarement mêlés. Cette distribution est fixée par le hasard du prem ier installé . C'est surtout au Rosensee que l'on peut voir les massettes qui occupent la rive ouest. Une autre plante de grande taille croît sur la rive ouest du Grossee. /1 s'agit du marisque à feuilles en scie (essayer de le toucher) . Cette plante exige un sol calcaire, ne supporte ni les varia-

~ 1

m.

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Trois stades de l'atterrissement d'un étang


tions du niveau de l'eau (elle meurt noyée) ni les eau x trop riches en éléments nutritifs . (Pour cette dernière raison elle se raréfie en Suisse) .

rer. On l'appelle aussi ({tourniquet» en raison de l'habitude qu'il a de nager en cercles. La nèpe (16-23 mm . sans son siphon) se déplace sur la vase ou la végétation, souvent près

La partie aérienne de ces plan tes meurt chaque année, il en résulte une accumulation de matière organique qui peut atteindre 15 t./ha/an . Il est dès lors facile de comprendre le phénomène de l'atterrissement : lentement le niveau du sol monte, l'étang se comble et les ceintures se resserrent vers le centre de l'étang . A main gauche le long de la route de la gravière de Finges on peut observer un étang presque complètement atterri: déjà des saules ont pris pied au milieu des roseaux. Sur la rive ouest une prairie à grandes laiches a pu se former sur la nouvelle rive horizontale et périodiquement inondée . Autour des autres étangs dont nous venons de parler, l'atterrissement n'est pas suffisamment avancé et les rives encore trop raides pour permettre l'existence de cette ceinture . Il est facile d'imaginer l'avenir: dans quelques années les saules, les bouleau x et les pins qui ont déjà colonisé la prairie à grandes laiches vont former une forêt d 'abord humide, puis de plus en plus sèche et enfin une pinède à laiches blanches (une petite laiche) impossible à dis tinguer des autres, Entretien Dans un monde où la nature est reine, des étangs meurent et d'autres les remplacent, actuellement même le Rhône ne peut plus créer des étangs . Dans ces

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quatiques particul ièrement efficaces et nombreux (voir le chapitre des libellules) . Les herbivores Les copépodes et les daphnies sont deux crustacés de petite

taille (moins de 1 mm .) qui se nourrissent de plancton végétal (algues microscopiques) . A l'œil nu on voit de minuscules points blancs qui progressent par mouvements saccadés.

Quelques insecte s prédateurs des étang s

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Prairies à grand es laiches sur la rive ou es t de l'étang atterri

rctcnecte conditions il devient nécessaire de freiner le processus d'atterrissement soit en recreusant périodiquement les étangs, soit en fauchant et exportant la litière chaque automne .

2 . La faune dés étangs Les étangs constituent un monde presque fermé sur lui-même : il a ses producteurs , les plantes dont nous venons de parler, et ses consommateurs . Dans cha que groupe ta xonom ique se recrutent des consommateurs primaires et secondaires, c 'est-àdire des herbivores et des carni-' vores .

Les invertébrés - Les prédateurs Le dytique est un gros coléoptère pouvant atteindre 3 cm . de long. Comme il ne possèd.e pas de branchies il doit monter à la surface de temps en temps pour faire ses réserves d'oxygène. Pour ce faire , il applique la partie

postérieure de son abdomen contre la surface et soulève délicatement les élytres pour stocker l'air en-dessous . Adultes et larves sont de terribles prédateurs capables de s 'attaquer même à des tétards . La notonecte, comme le dytique, possède de longues pattes postérieures ciliées qui lui servent de rames . Elle présente la particularité de se promener sur le dos juste sàus la surface de l'eau . Elle mesure 1,5 cm. environ . Le gerris (8-18 mm .) glisse à la surface de l'eau, appuyé sur les pattes antérieures et postérieures, se propulsant à l'aide de la paire médiane. Comme la notonecte, il se nourrit d'insectes vivants, tombés à la surface de l'eau et qu'tl repère au x vibrations qu'ils provoquent. . Le gyrin (6 mm .) nage égaIement à la surface, où sa couleur bleutée le fait facilement repé-

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de la surface pour garder le contact avec l'atmosphère par le biai s de son siphon anal . Avec ses pattes antérieures transformée s en organes préhensibles elle capture toutes sortes de larves aquatiques. Les larves de libellules sont égaIem ent des prédateurs suba-

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La larve de maustique se tient en général pendue à la surface par san siphan respirataire; en cas d'alerte elle gagne le fand à la nage . A l'aide de ses palpes

elle provaque un mauvement taurbillannaire de l'eau (vair flèche sur le dessin) qui lui amène le planctan animal et végétal directement à la bauche .

La larve des phryganes vit dans un faurreau qu'elle se canstruit avec des débris végétaux, les phryganes des rivières canstruisent des faurreaux en graviers et en sable.

Phryganes et plécaptères se nourrissent d'algues m icroscapiques qui végètent sur les feuilles des plantes supérieures au de déchets végétaux tambés au fond . L'adulte ne vit guère plus de temps qu'il ne lu i en faut paur se reproduire (de quelques j'Ours à quelques semaines) alars que la larve vit de 1 à 3 ans . Le stratiame est une m'Ouche assezjalie à l'abdamen taché de jaune et d'Ont la larve vermifarme possède une partie pastérieure téléscapique capable de s 'allanger, au baut de laquelle une touffe de pails marque l'auverture de l'arifice respirataire .

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La larve se naurrit de débris animaux et végétaux flattant dans l'eau .

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Les limnées et les planarbes sont deux types «d'escargats» aquatiques . Ils se naurrissent de plantes supérieures, d'algues et de débris végétaux. Ils ne passèdent pas de branchies et sant contraints de manter régulièrement en surface faire le plein d'oxygène .

Les batraciens et les reptiles En Valais peu d'espèces de batraciens dépassent Martigny vers 1 ~ 8mant. A Finges il est passible de rencantrer le discret triton alpestre au ventre de feu séparé du d'Os sambre par une ligne de paints nairs. Au premier printemps, la grenouille rousse vient à l'eau déposer ses œufs en masses gélatineuses flattantes, ce travail accompli, elle regagne la campagne au les bais h·u mides . Passé la pante, elle n'apparaît que de nuit au les jaurnées pluvieuses .

Si l'an ne vait guère les œufs de la grenauille verte parce qu'ils caulent, il est par cantre aisé de l'entendre : le chant des chœurs de 2-3 individus parte facilement à 1 km . en terrain dégagé . Camme elle reste à l'eau t'Out l'été sa rencantre est facile, encare qu'il faille l'avair vue avant le«plauf». Le crapaud cammun fraie à la même épaque que la grenauille rousse . La femelle, chevauchée par le mâle, dépase ses œufs nairs en chapelet caractéristique au fand des étangs . Le crapaud sanneur d'Oit san nam à san chant méladieux; il passe l'été dans des flaques d'eau croupissante . Si san d'Os est cauvert de pustules, san ventre nair marbré de jaune 'Offre un spectacle du plus bel eftet. Au mament de la reproductian, grenouilles et crapauds sant particulièrement vulnérables larsqu'ils traversent en masse les chaussées à grand trafic : un peu d'attentian de la part des autamabilistes permettrait de sauver des papulatians entières en vaie d'exterminatian . La cauleuvre à callier d'Oit san nam aux deux taches claires qui lui fant une espèce de callier sur la nuque. Elle sait fart bien nager sur et saus l'eau 'Où elle chasse les grenauilles et les tritans. Elle capture également des micromammifères (mulats et campagnals) .

Les oiseaux Une petite fauvette des roseaux, la rousserolle effarvatte, établit san nid tressé sur 3 au 4 tiges de roseaux entre 1 m . et1 ,5 m. au-dessus de l'eau . Chez naus

c 'est un des hôtes préféré du caucau . Le butor blangias est un petit héron de 30 cm . environ qui devient chaque année plus rare, en grande partie à cause de la dégradatian des roselières 'Où il établit san nid : il n'en reste plus guère que 40 cauples en Suisse . Il se naurrit principalement de paissans . Le râle d'eau aux flancs rayés ne sart guère de la roselière n'On plus : paur recannaÎtre sa présence il faut être attentif à sa vaix qui fait penser à des cris de garets qu~ l'an égargerait. Le grèbe castagneux, la poule d 'eau, la faulque et le canard calvert s'abservent plus facile ment. En mai-juin des familles entières se déplacent à la nage sur les étangs . Le premier se naurrit de petits pais sans , les autres sant herbivares se naurrissant aux 4/5 de plantes aquatiques (characées et patamats) de semences, vaire de lentilles d'eau (paur le calvert), mais ne négligent pas du frai de pais san, des mallusques, des tétards, des jeunes gren'Ouilles à l'accasian. Le calvert est même grand destructeur de larves de maustiques . Enfin, le martin-pêcheur et le héron cendré viennent aux étangs se ravitailler en paissans, le dernier surtaut en hiver.

Francoise Gard Pierre-A/ain Oggier

1


LES LIBELLULES DE FINGES

Parmi les innombrables formes d'insectes qui peuplent la forêt de Finges et les rives du Rhône, les représentants de l'ordre des odonates, c'est-à-dire les libellules, sont sans doute les plus élégants, les plus aisément observables et les plus répandus pendant la belle saison. Avec le perfectionnement de la technique photographique, il est devenu . possible assez récemment de pénétrer plus avant dans l'intimité de cet univers fascinant et grandiose . C'est surtout au moment des éclosions, de l'accouplement et de la ponte que l'?n pourra faire des découvertes Intéressantes sur un bon nombre d'espèces . Disons d 'emblée que les libellules de Finges . se divisent en deux groupes bien distincts, celui des zygoptères nommés populairement «Demoiselles» et celui des anisoptères ou libellules proprement dites . En fait. le premier groupe comprend de nombreuses petites espèces au corps très mince et allongé, aux ailes rigoureusement pareilles, et tenues appliquées l'une contre l'autre au repos, tandis que les anisoptères ont un corps plus massif, une taille plus forte, des ailes plus larges, tenues consta m ment grandes ouvertes, sauf au moment de l'éclosion. La première libellule que l'on pourra rencontrer à Finges dès les belles journées . de mars dans les endroits secs et bien ensoleillés est le leste brun (sympecma fusca), petite espèce vOisine des agrions, à l'abdomen beige clair dessous, tandi~ qu'il est coloré de brun cUivre sur le dessus, ainsi que sur la tête et le thorax. Cette libellule d'aspect fragile est pourtant

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Eclosion de l'a nax empereur. La grande libellule se ti ent agrippée solid em ent à sa coque nymphale . Les aile s ont pres que ac hevé leur d évelopp~ment. Elle~ sont e ncor~ opaqu es, mais deViendront Insensiblement tran sparentes . L abdomen s all o ngera en core et dépas se ra fin alement l'extrémité des ades tout ~n prenant ~u volum e. PUIS la libellule rejettera par l'a nu s des gouttes translucides et 1abdomen s amincira progre ssIve m ent

l'une des seules espèces à pasapparaissent simultanément et ser nos hivers rigoureux à l'état parfois en masse pour la raison d'imago, cachée sous les herbien simple que leurs éclosions bes et les feuilles sèches. On la s'effectuent presque toutes à découvrira donc en mars dans quelques jours d 'interv?"e . Il des endroits souvent fort éloi- . s'agit de la libellule quadnmacugnés de l'eau, posée sur les lée (Iibellula quadrimaculata) au vieux chaumes des graminées . èorps d'un brun jaunâtre chez Mais dès la fin de ce mois et les deux sexes et qui devient surtout en avril par temps ensoplus ou moins' gris avec l'âge ~t leillé, les lestes bru ns regagnent de la cordulie bronzée (cordulla les étangs de Finges pour s'ac- aenea) d'une teinte générale ascoupler et pondre leurs œufs sez sombre, mais avec de sudans les débris morts des joncs- perbes reflets violacés ou dorés et des roseaux qu i flottent à la sur le thorax et parfois l'abdosurfàce de l'eau . Chose curieu - men . Toutes deux font partie du se, sous l'action des chaudes groupe des anisoptères, leur vol journées de printemps, la teinte est puissant et soutenu ; le mâle du dessus des yeux de cette li- de la cordulie bronzée est passé bellule passe du brun sombre à maître dans l'art de faire du vol un très beau bleu! C'est vers la sur place, tenant alors l'abdofin avril ou au début de mai semen un peu relevé, mais le lon la température que deux au - corps parfaitement droit. il paraît tres espèces très communes immobile, tant ses ailes battent sur tous les étangs de Finges rapidement. Les femelles de ces

deux es pèces déposent leurs œufs la plupart du temps en eau libre, des cendant rapidement toute s les 3 à 4 secondes à la surfa ce en tapant l'élément liquide avec l'extrémité de leur abdom en. A chaque coup, ' une dizain e d 'œufs apparaissent à la fois et tombent lentement au fond de l'étang .Les larves m ettent deux à trois ans avant de quitter l'eau et de grimper le long des tiges de vieux ro seaux dess échés pour éclore . Rien n'est plus passionnant que de suivre du regard les différentes phases de ces éclosions qui ont lieu habituellement en plein soleil, au ssi bien pour la cordulie que pour la libellule quadrimaculée . La coque de la nymphe solidement agrippée au roseau comm ence par se fendre sur le dessu s du thorax et l'imago apparaît peu à peu, dégageant lentement et l'une après l'autre ses pattes des fourreau x de la dépouill e. La libellule se penche de plus en plus en arrière à mesure qu'ell e dégage son abdomen et finit par pendre le long de sa coque, retenue seulement par l'extrémit é de son ventre . Au bout d'un e heure - parfois bien davanta ge sBlon la température! - l'insecte se redresse brusquem ent sur sa coque, dégage ensuite le reste de son abdomen db fourreau larvaire et commence immédiatement à développer ses ailes . Ces dernières, semblables d'abord à de petits sacs mous d 'un demi centimètre, s'allongent rapidement; d'abord opaques, elles deviennent insensiblement translucides, après quoi l'abdomen gonfle démesurément. puis expulse à différentes reprises par l'anus un liquide aussi transparent que de l'eau et tout en s'allongeant

encore, perd peu à peu de son volume pour prendre sa forme définitive . Trois à quatre heures à partir du début de l'éclosion, notre libellule est prête à prendre le vol , mais elle n'acquerra sa coloration définitive qu'au bout de plu sieurs jours! C'est égal ement en mai qu 'avec un peu de chance, l'on découvrira peut-être , posée au sommet d'un roseau, la libellule déprimée (Iibellula depressa) de la même taille que les précédentes, mais reconnaissable au premier coup d'œil à son abdomen plus large et plus aplati qu 'aucune autre espèce . Le mâle a le ventre presque entièrement bleu avec quelques splendides taches jaunes citron sur les côtés, le thorax et la tête brunâtres et de larges taches noirâtres à la base des ailes . La femelle se distingue aisément du mâle par son abdomen brun olive avec les mêmes taches jaune vif sur les côtés . Cette belle espèce n'est pas très commune à Finges et paraît même absente de certains étangs . " y a des éclosions jusqu'en août. Toujours au mois de mai, deux «Demoiselles» apparaissent en grand nombre sur toutes les pièces d'eau de la pinède: il s'agit de l'agrion jouvencelle (agrion puella) le plus commun et le mieux connu de tous les agrions d'Europe èentrale et l'agrion portecoupes (enallagma cyathigerum). Les mâles de ces deux jolies petites espèces qui appartiennent donc au groupe des zygoptères, ont le corps d'un superbe bleu d'azur avec des dessins noirs très nettement délimités, ce qui permet de les déter.,. miner à coup sûr. La femelle de l'agrion jouvencelle a le dessus

de l'abdomen d'un noir brillant à reflets bronzés, les côtés du thora x, les yeu x, les flancs et la partie ventrale de l'abdomen d'un vert doré ou jaunâtre, tandis que la femelle de l'agrion portecoupes a les parties claires du , corps d'un brun assez pâle tournant souvent au gris rosé, au bleu ou vert. En juin , les pontes collectives des agrions jouvencelles battent leur plein et il m'est arrivé d'en compter jusqu'à trente couples posés sur le même débris de bois flottant et en train de pondre fébrilement. tandis que les mâles dressés verticalement en l'air et maintenus seulement au prothora x des femelles par leurs pinces anales composaient un tableau des plus extraordinaires! Encore plus curieuse peut-être est la faculté de.s agrions porte-coupes de descendre parfois jusqu'à 30 ou 40 cm . sous l'eau pour effectuer leur ponte . Les femelles libérées des mâles entrent carré- . ment sous la surface de l'élément ' liquide, se retournent et descendent la tête la première le long de certaines tiges aquatiques en arquant leur corps de façon à enfoncer leur tarière du côté opposé à leurs pattes. Elles peuvent demeurer ainsi plus d'une heure sous l'eau, entièrement occupées · à leur ponte, mais deviennent souvent la proie rêvée des carassins et des tanches ou même parfois des larves de grandes libellules . Par les chaudes nuit de mai ou de juin, la larve - nymphe de l'anax empereur (anax imperator) grimpe lentement le long d 'un roseau ou d 'une tige de massette afin d'effectuer son éclosion. C'est un rare et prodigieux spectacle que d'assister à la naissance de notre plus grande libellule

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d'Europe; les différentes phases de cette éclosion semblent être un peu plus rapides que celles des autres grands anisoptères et il faut compter environ 3 heures depuis le moment où le thorax de la nymphe se fend jusqu'à l'instant où le superbe insecte prend son vol, soit habituellement aux premières lueurs de l'aurore. D'abord d'un beau vert pom me avec le ventre violacé, le mâle de l'anax empereur voit son abdomen devenir bleu au bout de quelques jours, tandis que la bande médiane tourne au noir le plus profond . Il n'en est pas de même pour la femelle qu i, de verdâtre vire au vert bleuâtre avec la raie médiane d'un brun rougeâtre et les ailes très légèrement lavées de brun jaune. Deux autres aeschnes éclosent également en mai ou au début de juin sur les bords de la plupart des étangs de Finges. Il s'agit de l'aeschne isocèle (aeschna isosce/es) et de l'aeschne bleue (aeschna cyanea). L'aeschne isocèle est facilement reconnaissable au triangle jaune clair bien marqué sur le deuxième segment chez les deux sexes, alors que tout le reste du corps est roux et les yeux verdâtres . La larve de l'aeschne isocèle paraît très noire peu avant son éclos ion et ses mouvements m'ont toujours paru plus vifs que ceux de la larve de l'anax. Cette belle libellule n'est pas très commune à Finges et il en est de même de l'aeschne bleue pourtant largement répandue en Europ·e centrale. Comme son nom l'indique, le mâle a l'abdomen marqué de bleu, de vert et de noir brillant les yeux bleuâtres, le thorax vert traversé de bandes noires, tandis que chez

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la femelle toutes les parties claires du corps sont vertes sans trace de bleu et les parties sombres d'un beau brun rougeâtre. Cette libellule non seulement n'est pas farouche et vole parfois très loin de l'eau, mais bien souvent elle semble curieuse de l'homme et s'en approche à moins d'un mètre . Bien que les éclosions de cette magnifique espèce s'échelonnent de la fin mai à la fin juin et parfois seulement en juillet l'adulte ne s'obselYe à· Finges que beaucoup plus tard, en août ou en septem'bre, tellement l'aeschne bleue a l'humeur vagabonde et· s'éloigne de ses eaux natales les premières semaines de son existence . En septembre, il n'est pas rare de la voir voler au-dessus des roselières en compagnie d'un ou deux mâles d'aeschne des joncs (aeschna joncea). Cette dernière espèce lui ressemble beaucoup par la taille et les teintes d'où le vert est cependant absent mais elle est plutôt rare en plaine et fréquente d'ordinaire les lacs alpins, de sorte que sa présence reste occasionnelle dans la région qui nous occupe. Je l'ai pourtant observée régulièrement chaque automne en petit nombre sans être absolument certain qu'elle s'y reproduit! D'autres libellules de taille moindre que les précédentes vivent encore à Finges,' entre autre la leucorrhine à front blanc (/eucorrhina a/bifrons) que j'ai photographiée pour la première fois dans la région le 11 juin 1978. Son abdomen est assez terne, d'aspect grisâtre avec quelques traces de bleu sur le 3 e et 4 e segment de l'abdomen . Enfin, dès le mois de juillet, c'est-à-dire assez tard dans la saison, apparaissent de

nombreux sympetrum (vraisemblablement : sympetrum vu/gatum ou sympetrum sanguineum). La détermination exacte de ces libellules pose quelques problèmes, tant certains mâles sont voisins d'aspect les uns des autres quelque soit leur espèce. Ils sont caractérisés par un abdomen presque toujours coloré de rouge vif, tandis que celui des femelles varie de l'ocre brun au gris ou au jaune. La ponte des sympetrum est caractéristique. Le couple vole en tandem au-dessus de l'eau ou de la vase, et la femelle abaisse toutes les 3 à 4 secondes son abdomen jusqu'à toucher la surface de l'élément liquide de son extrém ité, lâchant à chaque fois quelques œufs . Ces derniers descendent lentement sur le fond ou sont confiés à la vase humide . En septembre, l'on aura peut-être la chance de surprendre sur les tiges des saules bordant certains étangs, quelques couples du leste vert (/estes viridis) en train de pondre . Ces charmantes libellules un peu plus forte de taille que les agrions, mais tout aussi déliées de corps, sont ornées de merveilleux reflets vert doré ou cuivré selon l'âge. Les couples, le moment venu, s'agrippent solidement aux tiges vivantes des saules, de préférence sur ceux qui s'avancent au-dessus des eaux, pour y confier leur ponte. La femelle presque toujours accompagnée du mâle qui la tient par le prothorax, enfonce son oviscapte à intervalles réguliers dans l'écorce tendre de la tige choisie et dépose à chaque entaille ainsi faite un œuf. Son abdomen est alors complètement recourbé et l'insecte s'aide de ses pattes pour enfoncer avec

plus de force la partie cornée et tranchante de sa tarière ou oviscapte . Untel spectacle est tout simplement fascinant, mais il est assez rare d'y ass ister, le leste vert se montrant assez farouche à cette période et reprenant facilement son vol . Ce petit tour d'horizon sur les principales espèces de libellules vivant à Finges touche à sa fin et la liste des espèces citées n'est nullement exhaustive! "faudrait

encore y ajouter l'agrion élégant (ischnura e/egans) pas très commun dans la région étudiée, sans doute parce qu'il préfère des étangs moins riches en végétation et le calopterix vierge (ca/opterix virgo) qui hante les petits canaux de Finges bordés de buissons et dont le vol nuptial . de toute beauté paraît particulier aux deux espèces de calopterix européens . Ces libellules ont toutes deux le corps noir parcouru d'extraordinaires re-

flets bleu vert, les pattes noires et les ailes noirâtres à reflets bleus, .mais la femelle du caloptenx vierge se distingue aisément du mâle par son thorax et son abdomen dorés ou cuivrés et ses ailes hyalines toujours plus ou moins teintées de brun. C'est l'un des plus beaux insectes de Finges, mais il n'est nulle part très commun!

Texte et photo René-P. Bi//e


CONSERVA.TION DE FINGES

Finges est avant tout un monde végétal en soi, une sorte de «forêt vierge», une des plus belles pinèdes d 'Europe centrale; c'est aussi un fleuve libre; pour beaucoup, enfin, un paysage grandiose de collines et de forêts, alliant l'eau et la sécheresse . Sur chacun de ces visages de Finges pèse une menace.

La forêt

Le feu La végétation typique, la pinède, est à la merci d'un incendie . Les deux grandes cicatrices aux entrées de la forêt sont là pour nous rappeler la fragilité de ce milieu, incapable de se régénérer dans les conditions actuelles. Chacun devrait y songer avant de jeter un mégot ou d'y faire une grillade. La loi sur les incendies interdit d'allumer un feu à moins de 20 m . des lisières .

Le fluor Le lent épuisement des arbres par le fluor est un mal bien plus sournois. La contamination de nos 'forêts de pins par les composés fluorés émis par les usines d'aluminium est un phénomène connu de longue date . Lors de la fabrication de l'aluminium, de la cryolithe (F 6 A 1 Na3) est ajoutée à la bauxite pour abaisser la température de fusion . L'épuration des fumées qui s'échappent des hauts-fourneaux n'est pas complète et des . vapeurs fluorées, entre autre d'acide fluorihydrique (J F) se répandent dans l'atmosphère . Cet acide très corrosif çause des dégâts aux végétaux : des

nécroses, séparées du tissu vivant par une bande brun foncé, apparaissent à l'extrémité des aiguilles et se déplacent vers la base . La destruction d'un grand nombre d'aiguilles ralentit la croissance de l'arbre et finit par causer sa mort prématurée . Les dégâts se manifestent égaIement dans la structure des cernes annuels : les cernes d'un arbre malade sont tous semblables et de petite taille, ceux d'un arbre sain sont larges et varient en parallèle avec la pluviosité, étant plus larges les années humides que les années sèches. Outre le fluor gazeux directement accumulé dans les tissus, des poussières fluorées adhèrent aux aiguilles . Les années pluvieuses ces pouss ières sont entraînées vers le sol, alors que les années sèches ces pouss ières vont doubler la quantité de fluor sur les feuilles et augmenter les dégâts . Le fluor s' accumule durant toute la vie de la feuille : ainsi s'explique la sensibilité plus grande des pins, qui gardent leurs aigu illes 2-3 ans, par rapport à celle des mélèzes à feuilles caduques. Lors de la décomposition de ces aiguilles après leur chute, ces poussières parviennent au sol. Le fluor naturellement présent dans le sol, l'est sous forme de combinaisons très peu solubles dans' l'eau (CaF 2 = fluorure de calcium, par exemple); il n'est pratiquement pas assimilable par les plantes qui le filtrent au niveau des radicules . Le fluor en excès, non précipité, mobilise et rend inutilisable pour les plantes une quantité non négligeable de matière organique .

La teneur moyenne naturelle en fluor est inférieure à 10 ppm (partie par million + mg./kg . de poids sec) pour une plante . Une étude en cours de l'institut fédérai de recherche forestière confirme cette valeur pour des échantillons prélevés dans la vallée de Bagnes (7,8 ppm) ou dans la région de Sion (4,3 .ppm) et démontre l'étendue de la pollution aux environs de Chippis (120,5 ppm). A Finges, les concentrations décroissent à mesure que l'on s 'éloigne de l'usine : plus de 500 ppm dans les collines à 1 km . de l'usine et moins de 100 ppm dans le Rottensand ou sur le cône de 1'111graben à 6 km. de l'usine . Il en va de même pour la teneur du sol en fluor soluble à l'eau : entre 10 et 20 fois supérieure à la normale à 1 km . de l'usine, elle ne retrouve sa valeur naturelle qu'à 10 km . de l'usine (15 ppm ; valeur naturelle + 7 -10 ppm) . A Finges, où le sol pauvre et le climat particulièrement sec permettent tout juste la survie du pin, arbre fruste s'il en est, l'arrivée en masse d'un élément toxique ne peut avoir que des aspects négatifs qui appellent une attention partiGulière . On peut se demander dans quelle mesure cette forêt affaiblie n'offrait pas un meilleur matériel aux flammes? Tant dans les zones' brûlées qu'à côté, les forestiers ont tenté de remplacer le pin par des essences résistant au fluor . C'est ainsi que sont apparus les bouquets de mélèzes . Certes il s'agit encore d'arbres, mais la nature Y perd au change : la nature du sol se modifie et ne permet plus la survie de la flore compagne du pin .

Les constructions Enfin cette même pinède doit encore céder de grandes surfaces ICI pour un camping, là pour un stade, ailleurs pourdes cultu res, une route ou une ligne à haute tension . Lentement la forêt recule devant ces agres sions.

lieux du pique-nique afin d'écouter la radio; ni pour celui qui, enlaissant courir son chien sans surveillance, dérange le gibier ; il n'est pas rare qu'au printemps, un jeune faon se fasse tuer par l'un d'eux.

Ceci ne signifi'e pas que pour protéger notre nature il faille renoncer à s'y promener : un chanDan s le cadre de la construction gement d'attitude peut suppri de l'autoroute en Valais 2 varian- . mer en grande partie cet impact tes existent pour la traversée de négatif; il peut surtout accroître Finges : dans le premier cas, un le plais ir du promeneur. viadu c à 4 pistes, quittant Sierre Il est facile de faire un effort lorsdans la région de Salquenen, rejoindrait Loèche en enjambant que l'on en a compris les raila voi e CFF sous l'église de Va- sons, il n'est pas désagréable rone; l'autre alternative consis- de découvrir soi-même ces raiterait en une transformation de sons par l'observation de la nala route cantonale en route na- ture ou la lecture . tionale . Quelle que soit la solu - L'armée tion choisie, soit le Rhône et Lors de l'aménagement de platout le paysage, soit la forêt, vont ces de tirs ou d'exercices de capayer un lourd tribu à la vitesse . mouflage dans le Rottensand

l'armée se soucie peu des pin~ rabougris ou des violiers du Valais (matthiola va/lesiaca), une crucifère qui ne croît en Suisse qu'en 4-5 localités du Valais, où Le public elle a été décrite pour la prem ière fois . Sur la surface restante, la presPar ses places de tirs, l'armée a sion des promeneurs se fait plus grande . Par leur nombre besoin de zones vastes et inhad'abord, ils apportent de l'exté- bitées, c'est parce que de telles rieur une foule de semences et régions se raréfient en Suisse qu'elle augmente sa présence à de petits insectes, pris dans Finges . leurs :chaussures par exemple, qUI vont perturber les commu- Malheureusement, le même nautés fragiles de ces sous-bois processus y concentre les prosecs . Cet effet, marqué surtout meneurs avides de nature, d'esdan s la région des collines, peut ' pace ou de calme . .Enfin nombre être limité en évitant de quitter d'espèces animales ou végétales sentiers déjà fort nom breux. les, bannies des zones ou cultiSi on ne peut leur en vouloir pour vées, y ont leur dernier refuge. ce phénomène qui échappe en Désormais Finges doit assurer grande partie à leur volonté, il en plusieurs fonctions simultanéva tout autrement pour les pa- ment. Si une de ces tâches devient prépondérante, tout le secr~sseux qui se croient obligés d amener leur voiture sur les teur est perdu pour les autres . Une telle merveille , épargnée jusqu'à maintenant dans son ensemble, ne vaut-elle pas quelques km . d'autoroute?

Dans ce sens, nous sommes en droit d'exiger de l'armée, comme du public, le respect de ces lieux.

Les étangs Nous avons exposé plus haut le phénomène naturel d'atterrissement des étangs . La conservation de ces milieu x humides passe par le fauchage annuel et l'exportation de la litière ou par le recreusement périodique . A . l'heure actuelle ce problème n'est de loin pas crucial à Finges : la surface d'eau libre est encore importante . Par contre, la pollution par les égouts de certaines habitations vois ines est à ce point concentrée que le nez seul suffit à s'en rendre compte . Nous l'avons dit plus haut, dans une première phase la pollution se traduit par un enrichissement quantitatif de la biomasse de l'étang, la mort par asphyxie n'intervient que plus tard . Dans ce cas précis, il serait souhaitable de prendre des mesures avant que les communautés ne soient appauvries. Le poisson rouge que l'on trouve dans les étangs de Finges n'a rien à y faire! C'est une erreur de ramener de vacances des escargots, des grenouilles ou des reptiles pour peupler des milieux du Valais ou de semer dans la nature des plantes sélectionnées par les fleuristes . La plupart du temps ces animaux ou ces plantes peu mobiles ont développé des races locales adaptées aux conditions écologiques . Si l'introduction d'autres races ne fera pas disparaître à coup sûr les races locales, elle enlèvera par contre toute poss ibilité future de comprendre le mécanisme d'évolution ou d'utiliser ces races spé'cialisées .


BIBLIOGRAPHIE

Le Rhône Dans la situation actuelle, et pour longtemps, il ne paraît pas concevable de supprimer la captation d'eau à la Souste, aussi, ne nous attarderons-nous pas sur ces effets (voir cependant le chapitre Rhône) . Par contre, il est poss ible de corriger les conséquences désas treuses de l'exploitation des graviers et des endiguements, sans grands frais.

C'est le creusement localisé et en profondeur qui transforme le Rhône en lac, cause la disparition des îles et l'envahissement des bancs de graviers par les saules. Il suffirait d'extraire le matériel en couches horizontales étendues sur toute la surface du Rhône pour recréer la zone inondable et faire reculer la brousse de saules .

cultures de Salquenen, mais pourquoi deux digues parallèles sur la même rive? Ce troncon de Rhône mérite que l'on ch~rche d'autres solütions pour lu i éviter le sort réservé à toutes nos rivières . Chaque naturaliste garde le secret espoir de voir un jour disparaître la digue du Rottensand, et le Rhône vagabonder à nouveau dans cet-

Personne ne conteste l'utilité d'une digue pour protéger les

te pinède.

Francoise Gard Pierre-A/ain Oggier

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NOTES SUR LA BA T AILLE DE FINGES ET SUR L'INSURRECTION VALAISANNE DE 1799 ~

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Dans l'histoire contemporaine du Valais, l'insurrection de 1799 représente un épisode important. Que la population de la moitié du Valais ait osé s 'opposer à la volonté du gouvernement helvétique et qu'elle ait eu l'audace de défier la puissance du Directoire de Paris, en voilà assez pour satisfaire notre orgueil national . Pour les contem porains de 1799, il ne s'agissait que de défendre leur indépendance et de conserver intactes leurs habitudes sociales, religieuses et politiques . Les conditions de la politique internationale du moment semblent leur échapper. Leur comportement en dépend néanmoins .

République romaine proclamée le 6 janvier 1798. Le tsar Paul 1e r, devenu l'allié de la Turquie depuis l'expédition d'Egypte, réussit à s'ouvrir la Méditerranée . Il s'institue protecteur de l'ordre de Malte et de la cour de Naples . L'Autriche accepte l'aide militaire de la Russie à l'occa sion d'un conflit éventuel qui l'opposera au x armées françaises . La fondation de la République parthénopéenne, le 23 janvier 1799, met en branle la seconde coalition dont le but non avoué est de reprendre à la France les conquêtes de la Révolut ion . Les adversaires n'ont qu'à disposer leurs armées avant d'engager les hostilités . .

La situation internationale Depuis 1797, la France ne ces se pas d'accentuer la rupture de l'équilibre européen . Elle favori se le départ de Bonaparte pour l'expédition d'Egypte . Elle renforce sa politique méditerranéenne par la prise de Malte . Elle rêve de poursuivre l'Angleterre jusqu'aux Indes . Elle envisage de pactiser avec la Turquie pour faire de la Méditerranée «une mer exclusivement française». Elle échafaude des plans pour imposer ses conditions à toutes les puissances du continent. Mais l'amiral Nelson réduit à néant ces illusions quand, au terme de la bataille d'Aboukir, il détruit la flotte française. L'Angleterre sait qu'il lui faut encore, pour abattre sa rivale, ranimer la guerre sur le continent en faisant l'union de l'Autriche et de la Russie contre la France . A Naples, l'amiral Nelson pousse la reine Marie-:-Caroline à envahir la 42

Avec ses 45 000 hom mes de l'armée du Danube, le général Jean-Baptiste Jourdan doit envahir l'Allemagne du Sud . Jean Bernadotte le couvrira sur le Rhin avec ses 30 000 soldats . Un peu plus au sud, André Masséna conquerra les Grisons et menacera le Tyrol tandis que Joseph Schérer rassem blera 45 000 combattants sur l'Adige, dans l'Italie du nord. Pour soutenir Victor Moreau dans le Milanais, Jacques Macdonald y ramènera l'armée de Naples . Dans le camp opposé, l'archi-' duc Charles commande une armée de 75 000 hommes cantonnés dans la Bavière; 20 000 autres gardent le Tyrol alors que 60 000, en Vénétie, obéissent aux ordres de Paul Kray. Celui-ci attend l'aide des 18 000 Russes que le général Alexis Souvarov conduit avec rapidité à travers les territoires autrichiens.

La politique helvétique Ces remue-ménage d'ordre politique et militaire suscitent des réactions dans les sphères dirigeantes du régime helvétique . Le 30 novembre 1798, le ministre plénipotentiaire français Henri Perrochel conclut avec le ministre Louis Bégoz une convention pour la levée de 18 000 auxiliaires . Ces volontaires, équipés, armés et soldés par le gouvernement français, se recrutent avec de telles difficultés que les autorités helvétiques décrètent la levée du contingent sur toutes les communes du pays dans la proportion de quatre hom mes pour cent citoyens actifs et la peine de mort contre les réca Icitra nts .

quitter. Le 30 mars 1799, les Cons eils législatifs demandent que soit levé un subside de guerre. Le jour suivant, le Directoire arrête que chaque contribuabl e versera, au début de chaque mois, une contribution volontaire «aussi longtemps que les bes oins extraordinaires de la guerre l'exigeront». Mais les fonds escomptés ne rentrent pas . Il ne reste plus au Directoire qu 'à prendre des mes ures extraordinaires pour obtenir la rentrée des impôts .

Les prodromes de J'insurrection valaisanne L'application des lois sur l'organisati on de la milice et sur la perc eption des impôts incite le Haut-Valais à prendre les armes. Mais les causes de l'insurrecti on résultent d'autres circon stances encore. Il n'est, pour s'en convaincre, que de relire le rapport que Charles-Emmanuel de Rivaz écrit au ministre de l'Intérieur, Je29 août 1799 :

Simultanément, les cantons reçoivent l'ordre de procéder à la création d'une milice dont feront partie tous les citoyens actifs de 25 à 40 ans . Mais le manque d'enthousiasme du peuple pour le régime helvétique et les souhaits de succès que nombre de cantons forment pour les armées alliées ralentissent l'appli.cation de la loi relative à l'organisation de la milice . Pour réduire l'opposition que provoque cette loi, les Conseils législatifs prononcent la peine de mort contre quiconque refusera de marcher avec le corps d'élite et contre toute personne qui, par des actions ou par des paroles favorisera ou encouragera d'autres individus à ne pas défendre le pays .

«A ces deux sentiments se sont

Les frais qu'occasionne l'organisation de ra milice obligent le gouvernement à lever des impôts exorbitants . Le peuple, dans l'incertitude du lendemain, diffère le plus possible de les ac-

joints ensuite l'aversion pour les Impôts qu'ils ne connaissent pas et la formation de la milice sa mise en activité, la crainte d~ la voir envoyée hors de la Suisse et confondue avec les troupes

«Cette aversion dans la partie. allemande -a eu pour principales caus es la ~éfiance qui, dès ' les pref1liers moments de la Révolution , a fait craindre pour la con se rvation des autels ou du culte catholique, et le regret au x anci ennes formes populaires, à ces assemblées de commune, à ces repas publics, au droit personn el de suffrage et à toutes les in stitutions de ce genre qui leur étaient si chères.»

françaises . C'est le mélange de tous ces sentiments réunis qui a amené le peuple au point d'exaspération qui lui a fait prendre les armes dans le moment que la guerre avec l'Autriche lui a fait espérer la faire avec succès .» Au x premiers jours du mois d'avril 1799, l'esprit public est des plus mauvais dans les dis tricts haut-valaisans . Les communes de Reckingen, d'Ernen et de Fieschertal ne remettent que des listes incomplètes des citoyens astreints au service miliCelles d'Obergesteln, taire . d'Obervvald, de Binn et de La x ne réagissent même pas à la demande du préfet national de les lui envoyer. Le fanatisme se met de la partie . C'est ce que consta te Charles-Emmanuel de Rivaz dans une lettre au Directoire, datée du 1e r avril : «J'apprends que ces gens font des prières et qu'ils se croient sûrs de l'assistance divine dans leur plan de désobéissance. j'ai su par le canal de l'agent de Viège qu'on' répandait le bruit parmi le peuple qu'il existait des prophéties; que ces prophéties avaient annoncé la défaite des Valai sans près du pont de la Morge [c'est celle du 17 mai 1798], mais qu 'elles annon çaient que quinze mois après ces mêmes Valaisans triompheraient dans la plaine entre Glis et Brigue .» L'agent de Grengiols avertit le sous-préfet de Brigue qu'il lui est impossible de publier les lois dans sa commune, qu 'on y dit volontairement falsifiées toutes les nouvelles fournies par le gouvernement helvétique et que les Autrichiens passent pour les maîtres des Grisons , L'agent de

Mund donne sa démissi~n car il se refuse à soutenir plus longtemps un régime honni par le peuple . Les communes de Zermatt, de Taesch et de Randa prêtent une oreille complaisante à l'annonce des victoires autrichiennes que les émissaires du district d'Ernen viennent leur conter, Partout, ce ne sont que propos séditieu x à l'adresse du régime helvétique et vantardises mensongères à l'égard des armées étrangères . La situation empire quotidiennement. Le sous-préfet du district d 'Ernen qui a reçu la loi du 30 mars sur la création de la milice n'ose ni la distribuer aux agents, ni la publier de peur de susciter des émeutes que des agitateurs seraient prêts à exploiter. A Grengiols, l'arbre de la liberté est abattu dans la nuit du 6 au 7 avril; on pousse des cris de joie et on tire des coups de feu . L'agent craint de réagir et le sous-préfet a la certitude que le peuple résisterait ouvertement si le gouvernement s'avisait d !envoyer des troupes pour rétablir l'ordre . Les agents du district de Stalden ne correspondent plus avec le sous-préfet dont ils dépendent. En présence des agents dont ils savent l'impuissance, des hom mes parlent de révolte, de massacre et de sang versé si on les contraint à marcher avec la milice .

L'insurrection haut-valaisanne L'hostilité au régime constitutionnel s'accroît au point qu'à la mi-avril des assemblées se réunissent à Brigue. Les participants y jurent solennellement : «que pas un homme du district n 'en sortirait comme soldat; 43


qu'ils ne porteraient pas les armes contre l'Empereur; qu'ils ne se sépareraient ni se délaisseraient les uns les autres, et que leur sainte religion serait défendue au péril de tous.» Dès lors, les troupes du HautValais et celles de leurs adversaires prennent position dans la région de Sierre. Le 19 avril, le commissaire du gouvernement helvétique, Andréas Buxtorf, et le sous-préfet du district de Sierre Mathias Monnier, .établiss~nt un poste de 12 hommes à la Raspille sous le commandement de Maurice Baud et un autre, au pont du Rhône, fort de 9 hommes sous les ordres d'un dénommé Imhoff. Les 20, 21 et 22 avril, des renforts helvétiques du bataillon d'élite, au nombre de 1 200 hommes, occupent une ligne qui va de Saint-Maurice-deLaques à Chippis en passant par Venthône, M iège, la Raspille et le pont du Rhône. Les insurgés prennent position de Varone à Finges. Jusqu'au 1er mai, les armées restent l'arme au pied tandis qu'à l'arrière retentit le tocsin dont l'appel rassemble tous les hommes valides . Bien que le calme règne encore le 1er mai, on remarque pourtant, depuis Sierre, beaucoup de mouvements chez les troupes insurgées . Dans son Journal de campagne, Louis de Courten relate que les troupes constitutionnelles avaient quelques indices selon lesquelles les HautValaisans passeraient à l'attaque le 2 mai, jour de l'Ascension . Les renseignements qu'il insère dans son Journal, à cette date, ne manquent pas de précision :

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«Effectivement l'armée des insurgés se mit en mouvement dès le grand matin pour chercher à tourner nos forces, et envelopper dans Sierre l'artillerie et le commissaire du gouvernement. Nos avant-postes après avoir fait très peu de résistance se replièrent en désordre laissant en arrière plusieurs des leurs qui furent faits prisonniers . Il est à remarquer que dans cette circonstance beaucoup d'individus des communes de Venthône, de Miège et de SaintMaurice-de-Laques, faisant partie des élites du district de Sierre, tournèrent leurs armes contre leurs camarades et se rangèrent du parti des insurgés . Il était 9 heures du matin et l'on était à la grand-messe lorsqu'on battit la générale. «Les insurgés gagnaient nos flancs et ils eussent réussi à nous couper la retraite si, d'une part, ils ne se fussent amusés à boire dans les différents villages situés sur les flancs de la montagne et si, de l'autre, le commissaire du gouvernement avec les troupes et l'artillerie n'eût fait une vigoureuse résistance au pont du Rhône . Enfin la retraite fut ordonnée et elle s'effectua sans désordre le même jour jusqu 'à Riddes, après avoir fait rafraîchir l'armée à Sion et pourvu à ce que la Chambre administrative pu isse se retirer avec les pa-' piers du gouvernement et la Caisse nationale .» Pierre-Joseph de Chastonay a rédigé une relation plus précise et plus pittoresque de cette journée . Il vaut la peine de la relire : «Ledit 2 mai ayant été jour de fête , j'ai assisté aux offices de la paroisse . Immédiatement avant que la messe paroissiale dût com mencer, l'ex-sautier Steger

entre dans l'église en s'écriant à la porte.à pleine gueule : «La guerre commence, la messe est finie!» Quelle confusion! Tout le monde sort avec précipitation . Comme l'attaque se fit près de Cordonne dans la montagne, le danger était peu sensible à Sierre : la plupart rentrent dans l'église, et notre curé dit une ,messe basse . De retour chez moi, je vois la troupe en ordre de bataille dans mon verger et on tira quelques coups de canon . Les insurgés étaient dans le bois de Finges et une partie sur le monticule de Ravouire où ils ne pouvaient être aperçus que difficilement. Une balle siffla à mes oreilles et me fit rentrer bien vite dans ma maison . Je trouve ma femme et mes enfants épouvantés et en pleurs, surpris et consternés; je ne savais que devenir. Dans le même moment mon beau-frère entre et me conduit avec ma femme et mes enfants dans sa maison à Sierre pour nous éloigner du champ de bataille; à peine rendus chez lui, nous vîmes nos défenseurs tourner les talons. Les rues .n'étaient pas assez larges pour 'fuir; dans moins d'une demiheure il n'y avait plus ni BasValaisans, ni Vaudois dans Sierre que les insurgés (qui poursuivaient les fuyards de près) avaient déjà investi. Quoique j'avais lieu de tout craindre de la part des rebelles, je n'avais cependant ni le temps, ni l'occasion de me sauver avec ma famille que je ne voulais ni ne pouvais abandonner. Mon beaufrère a eu la complaisance d'ailer en avant pour épier si je pouvais rentrer chez moi avec sécurité . Un des commandants, nommé Walther, après bien des questions l'accorda .

Les autres colonne s suivaient succ ess ivement. Dès leur en trée/ des boutiques des patriotes furent mises sous le scellé, des caves enfoncées; on a bu dans une seule cave appartenant à un citoyen fonctionnaire , on a bu 23 setiers de vin . Plusieurs autorités constituées et nommément le président du tribunal du district de Sierre furent saisi s. Cétaie!!t les premières scène s quela présence des mutins a produites à Sierre. Je me suis employé incontinent et j'ai eu le bonheur de réussir à délivrer le même soir ledit président de la détention dans laquelle il était à Loèche, lorsque j'ai été averti que le même sort m'attendait. On n 'entendait que des men aces ; l'on ne voyait que de la rag e.» Poursuivant leur progression, les in surgés entrent à Sion sans coup férir . Ils y festoient trois jours durant. Le 5 mai, ils marchent contre les Bas-Valaisans qui se replient en désordre jusqu'au p'ont du Trient. Le 1er ba taillon de la 11 Oe demi-brigade, commandée par le général Lollier, les rejoint durant la nuit avec 40 hu ssards. Le lendemain, l'armée constitutionnelle grossie de plu sieurs compagnies de carabini ers du Léman se retire avant I:aube sur les postes de la Barma"et d'Evionnaz. Elle fait envoyer alors ,des éclaireurs au bac d'Outre-Rhône, aux Follatères et à la Barma . Dans l'après-midi, 10 hu ssards du g e régiment partent en reconnaissance dans la région de Martigny avec deux Compagnies de grenadiers de la 110e demi-brigade . Assaillies par les insurgés , celles-ci battent en retraite, confiantes 'dans l'arm ée qui marche à leur seCOurs et qui se déploie dans la

plaine en avant du pont du Trient. Les Hauts-Valaisans, peu désireux d 'engager le combat en rase campagne, effectuent un repli rapide jusqu'en amont de Sjerre. Le 7 mai, l'armée constitutionnelle se lance à leur poursuite. Mais à Riddes, la reconstruction du pont du Rhône, coupé pendant la nuit par les insurgés , ralentit leur progression . A huit heures du soir, l'armée franchit le fleuve et campe au pont de la Morge, d'où elle se porte, le 8 mai, au-delà de Glarey, en amont de Sierre . Dès l'aube, l'armée prend ses dispositions pour l'attaque du poste de Varone et de celui des Echelles qu'elle effectue le 10 mai . L'entreprise est couronnée de succès mais, par suite d'un malentendu, ces deux postes sont abandonnés le même jour. Puis les belligérants s 'observent jusqu'au 1 5 mai. Ils ne troublent le calme de ces journées que par quelques escarmouches et

par des proclamations sanguinaires . Les troupes constitutionnelles repartent à l'attaque, le 15 mai. Louis de Courten le mentionne dans son Journal : «L'armée attaque les insurgés sur les retranchements du bois de Finges et en même temps sur Varone, la Daia et les Echelles. L'attaque de Finges était fausse. L'on n'avait d'autre but que de s'emparer du poste de Varone, des Echelles et de la Daia. On y réussit avec perte de quelques hommes et de beaucoup de blessés . On profite de cet avantage pour établir un camp de 1 500 hommes dans les trois postes , une batterie de trois pièces ' près de l'église de Varone et une autre pièce au x Echelles.» Le lendemain, les opérations se poursuivent : «L'armée attaque les retranchements des insurgés dans la forêt de Finges et ne peut parvenir

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à les forcer. Le combat dure depuis huit heures du matin jusqu'à quatre heures du soir, sans succès . Cette attaque coûte bien des hommes et beaucoup de blessés .» Dès lors, jusqu'au 27 mai, les armées restent en présence, organisant leurs retranchements, fortifiants leurs postes .

Le combat de Finges Tandis que le général de division Lauthier Xaintrailles rejoint le camp de Sierre avec une partie de son état-major et des hussards du g e régiment, les HautValaisans s'impatientent de demeurer inactifs. Selon Louis de Courten, ils engagent des opérations militaires dès le matin du 27 mai : «Les insurgés attaquent vers les sept heures du matin notre armée sur ses flancs et sur son centre, délogent les postes de Varone et des Echelles, s'emparent de trois pièces de canon qui les défendent. Le feu dure jusqu'à sept heures du soir. Les insurgés étaient parvenus à gagner les flancs de l'armée jusqu'à la Raspille et Chippis . Mais la vigoureuse résistance du pont du Rhône qui fut coupé en cette occasion, le jeu des batteries qui le protégeaient, obligèrent les insurgés à se replier pendant la nuit dans leurs retranchements du bois de Finges . Arrivée ce soir au camp de Sierre de la 8g e brigade .» Forte de ce nouvel appui, l'armée constitutionnelle n'hésite pas à poursuivre immédiatement les opérations. C'est encore Louis de Courten qu'il faut relire: «L'armée combinée se met en marche vers: les deux heures du

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matin sur deux colonnes, l'une se dirigeant sur Varone et Loèche, l'autre sur les retranchements de Finges . Cette division de l'armée se trouve à la portée du mousquet des retranchements à la pointe du jour et sans tirer un seul coup de fusil (malgré le feu très vif des insurgés qui ne dura au plus que dix minutes), emporte les retranchements à la baïonnette . L'armée, et notamment la 8g e demibrigade, perdit en cette attaque beaucoup d'hommes parmi lesquels plusieurs officiers de distinction . Les insurgés firent une perte considérable; leurs retranchements étaient jonchés de morts de même que le chem in qui conduit au torrent de l'!llgraben . Pendant que la division de gauche se porte sur Loèche et met le feu à la commune de Varone, celle de droite passe outre, met le feu au bois de Finges, ensuite à Agarn et Ems, et va camper dans les plaines de Tourtemagne .»

deux Vaudois qui n'avaient pas eu le temps de s'enfuir, ils leur coupèrent les oreilles, le nez et les doigts, puis les renvoyèrent tout nus dans leur camp . Un autre jour que les Vaudois et d'autres soldats remontèrent à Varone, ils réussirent à chasser leurs adversaires et à se saisir de quatre filles armées. Par vengeance, ils infligèrent à celles-ci toutes les injures que la pudeur peut subir, leur coupèrent les seins, leur brûlèrent les cheveux et les renvoyèrent toutes nues vers les leurs . «Redescendant une nouvelle fois sur Varone, et ayant pu capturer trois soldats vaudois, les Allemands les entraînèrent dans une forge et cassèrent la tête sur l'enclume à deux d'entre eux, renvoyant le troisième à son camp pour qu'il pût narrer le sort de ses compagnons.

«Les Français ne tardèrent pas à tirer vengeance de cette nouvelle cruauté; renforçant la troupe envoyée sur Varone, ils repousIl existe un autre témoignage, sèrent l'ennemi jusqu'à la Daia bien plus intéressant encore, et tous ceux qui tombèrent entre sur cet épisode des combats . leurs mains furent fusillés ou saSon auteur s'appelle Michel brés sans miséricorde; de plus Sierro . Il est notaire de profesils incendièrent le village de Vasion, à Hérémence. L'extrait que rone avec l'église, bien que celvoici décrit le comportement le-ci se trouvât à une certaine des troupes en présence depuis distance du village . On attribua la mi-mai jusqu'au moment de aux Vaudois l'idée de détruire la défaite des Haut-Valaisans,' aussi la maison de Dieu . les 27 et 28 mai: «Le général Xaintrailles, voyant «Du côté de Varone, on jouait le que tous les efforts accomplis même rôle . Tantôt les Alle- n'avaient pu abattre l'ennemi, mands descendaient jusqu 'à résolut d'entreprendre une nouVarone pour en chasser les velle tentative plus vigoureuse . A Français, tantôt ceux-ci les re- cet effet, il fit venir 5 000 hompoussaient jusqu'à la Daia . mes de troupes fraîches et un Mais à Varone, diverses cruau- jour qui présageait une nuit tés se commirent de part et som bre et orageuse, il fit avand'autre. Les Allemands, les pre- cer son armée jusqu'aux près de miers, un jour, se saisirent de Finges pour attaquer l'adversai-

re avec vivacité, mais avec ordre de rétrograder aussitôt pour amener les Allemands à continuer la lutte près du pont de Sierre. C'est ce qui fut exécuté le matin du 27 mai; le combat s'engagea vers le pont et dura toute la journée avec beaucoup de vivacité, mais sans victoire; vers le soir, cependant, les Français firent irruption au-delà du pont, amenant avec eux ' une grande provision d'eau-de-vie, feignant de s'en servir pour enflammer l'ardeur de leurs combattants. Les Haut-Valaisans les repoussèrent aisément, ne se doutÛlt pas que la reculade de l'ennemi était le fait d'une ruse stratégique . Ainsi la forte provision d'eau-de-vie tomba en leurs mains pendant que les Français se retirèrent tranquillementdans leurcamp. «Ivres de gloire, les Allemands se retirèrent aussi dans leur retranchement.; mais pour se remettre des fatigues de cette pénible journée, ils crurent ne mieux faire que de consommer

la liqueur spiritueuse abandonnée traîtreusement par l'adversaire. Les copieuses libations procurèrent bientôt un lourd sommeil. Au camp de Sierre, au milieu de cette nuit sombre, on sonne l'alarme et tous s'apprêtent à partir pour Finges dans le plus grand silence. L'avantgarde arrive au Grand Finges sans rencontrer le moindre obstacle . Vers la fontaine sise au pied des prés, ils aperçurent la garde allemande endormie; seule la sentinelle se promenait sur la route. Au moment du retour de celle-ci, on l'abattit à coup de sabre, puis s'avançant vers la garde en rampant à terre, ils la massacrèrent sans que celle-ci eût le temps de donner le moindre signal; après quoi on éteignit les feux du bivouac, et l'armée s'étant déployée sur toute la largeur de la prairie, elle s'élance en silence, mais avec promptitude jusqu'au bord de la grande tranchée et là, comme en un coup de foudre, le signal du combat se donne au bruit de

tous les instruments; puis les Français foncent avec furie sur l'ennemi, massacrant tous ceux qu'ils rencontrent. Les Allemands, à peine secoués de leur torpeur, opposèrent une résistance inattendue et acharnée, semant la mort dans le camp adverse . «Les Français reconnurent plus tard que, sans la cavalerie qui, en enfonçant l'armée allemande, jeta la terreur parmi eux, ils auraient été contraints d'abandonner l'attaque, malgré leur supériorité numérique . «Mais, hélas! c'en était fait des Haut-Valaisans. La cavalerie française saccagea ensuite le bourg de Loèche, tandis que l'on se battait encore aux Finges et que l'artillerie vomissait le carnage de toute part. «Ayant perdu tout espoir, les Allemands s'enfuirent éperdument dans une affreuse consternation .» Quand, peu d'années après ces événements, Christian Massy, paysan de Grimentz, rédige sa Chronique, il ne contient pas son émotion au souvenir des pertes qu'il a subies en cette occasion et des malheurs que luimême et ses compatriotes ont éprouvés du fait de la guerre: «Quoi de plus alarmant pour notre pauvre district alors où l'on ne voyait que pillage et désordre à Sierre, où c 'était le théâtre foudroyant de la guerre . Car pour vérité, j'ai dit que les souvenirs de ce spectacle nous faisaient verser des larmes de sang. Ô pauvres infortunés habitants du Haut-Valais! Tu n'as jamais vu de pareilles conjonctures! Personne n'osait presque sortir à Sier~e car les menaces et les entrevues étaient si pu familières


qu'ils portaient la terreur au plus hardi; ce qui obligea nous autres Anniviards d'abandonner nos foyers, nos propriétés, en un mot tout ce qui nous appartenait. Si on voulait aller dehors, il fallait aller par le pont de Chalais pour éviter les insultes des méchants; on allait dans ses propres édifices avec plus de frémissements que n'y vont les voleurs pour y commettre des vols : et en effet on s'assemblait une couble, les uns faisaient la garde et les autres cachaient et chargeaient. Dans ce moment la vie n'était pas en assurance; à plus forte raison n'étaient-ils moins nos édifices . Le désastre que les Français et Vaudois ont commis est grand car 'tout ce qu'on peut se figurer de mal ils l'ont commis: le démon même n'en aurait pas pu faire de plus que casser et briser toutes les portes, fenêtres, coffres, soient été fermés ou non, prendre le vin et tonneaux et tirer dehors les cercles de fer. Ce qu'il ya encore de pire, le vin qu'ils ne pouvaient pas boire ils arrosaient la terre des caves; mes pieds ont submergé tandis que la bouche en séchait ne pouvant pas se soulager. L'évaluation de ma perte a approché 40 écus. »Tous les coins et recoins des appartements étaient ravagés, le foin tout mangé ou fauché pour la cavalerie; ils mangeaient déjà les fruitages immaturés au mois de juin; tous les appartements des Anniviards, ils ne semblaient que des retraites et des cavernes de voleurs! Proche du camp de Glarey et par là ils détruisaient des granges de fond en comble pour brûler; la plus grande partie des prés n'avaient pas un fétu de vert: tel

est le fléau de la guerre . De plus ce au pont qu'ils trouvent coupé. nous étions obligés de faire la Les insurgés apercevant une cogarde dans plusieurs poste lonne d'infanterie qui filait déjà comme Niouc, Pland Pallet. depuis Loèche sur la rive droite Pontis, Pont Boréa à Vissoie, du Rhône, craignant d'être couGiete, jusqu'à 60 hommes par pés, se retirent de Viège. Les jour! On obligea tous les ci- hussards passent la rivière de toyens de prêter la main à la Viège avec les grenadiers en construction des retranche- croupe et tombent encore assez à temps sur les insurgés pour ments et batterie. Je passe sous silence toutes les autres calami- leur tuer plusieurs hommes se tés qui désolèrent le peuple, sauvant à travers le bourg . Ce déjà dites, et portons-nous en soir coucha à Turtig le général esprit avec contemplation au Xaintrailles, avec le commissailieu tragique et sanglant qui est re du gouvernement.» les tranchées de Finges, dont Le jour suivant, la division de j'ai parlé tantôt du retranchegauche marche sur Naters; elle ment des Allemands . Après éprouve de la résistance au pont qu'ils eurent fait plusieurs atta- du Rhône . La division de droite ques, ne pouvant être vain- progresse jusqu'en amont de queurs ni les uns ni les autres, Viège. Le 31 mai, elle se porte les Français animés de leur fu- sur le Simplon et elle prend poreur ordinaire propre aux insen- sition à la Tavernette. 'Le même sés se portèrent en grande hâte jour, la division de gauche s'emavant le jour sur leurs tranchées pare de Morel après une légère sans y lâcher aucun coup de fuescarmouche. sil, mais ils s'approchèrent inC'est alors que Xaintrailles offre trépidement avec les armes la paix aux insurgés à condition blanches; les Français pour qu'ils déposent les armes et pouvoir mieux se connaître, il qu'ils livrent un otage par localileur a été ordonné de tourner té . Mais les Haut-Valaisans, faleur chapeau sur le front d'unanatisés par l'espoir de recevoir nime . Ils le firent et se jetèrent : des secours autrichiens, ne sans pitié et sans grâce sur ces donnent qu'une réponse évasiinfortunés victimes endurcies ve; ils s'apprêtent même à résisdans leur égarement.» ter militairement aux propositions qui leur sont adressées. L'effondrement de la résistanJusqu'au 8 juin, la division de ce haut-valaisanne droite demeure à la Tavernette Le soir de la bataille de Finges, tandis que celle de gauche, les troupes françaises et constisous la conduite de Lollier, tutionnelles bivouaquent aux s'empare de Lax, I.e 3 juin, après environs de Tourtemagne . Elles un combat au cours duquel 300 ne s'accordent pourtant point soldats autrichiens sont faits de répit. En effet. Lou is de Courprisonniers. Le 6, elle occupe Erten rapporte dans son Journal, ne n, puis Münster, deux jours au 29 mai : plus tard . « Les grenadiers et les hussards d'avant-garde arrivent devant Viège, éprouvent de la résistan-

Les 9 et 10 juin, la situation manque de fluidité. Les contingents armés du Haut-Valais se

débandent ; les renforts autrichiens ne sont pas suffisamment nombreux pour oser affronter les Français qui craignent pourtant d'être pris à revers. Louis de Courten se fait l'écho de ces appréhensions : «La division de gauche reçoit l'ordre d'évacuer pendant la nuit ·Ia vallée de Conches . L'étatmajor se replie également en partie . Le général Xaintrailles vient coucher à Loèche, et le commissaire du gouvernement à Sion . Deux bataillons aux ordres du chef de brigade Lollier reçoivent l'ordre de se porter dans la vallée de Viège par où l'arm ée qui se trouvait en

Conches et à Brigue pouvait être coupée. Ce même jour, la retraite totale de l'armée fut ordonnée et les ordres en conséquence furent adressés aux municipalités de Sierre, Sion, Martigny et Saint-Maurice de préparer les vivres et les logements aux demibrigades de l'armée qui devaient arriver successivement et à des jours différents, indiqués dans ses ordres . Ce même jour, me repliant de Brigue sur Sierre, j'ai fait rencontre à Agarn vis-à-vis Loèche d'un courrier veste rou ge et parements bleus qui se rendait porteur d'ordres auprès du général Xaintrailles . On assurait que ce courrier était dépêché par le général Masséna.»

Le lendemain, 10 juin, Louis de Courten poursuit ses constatations : «On en fut convaincu lorsque le général Xaintrailles donna l'ordre de reprendre sur le champ le poste de Morel à l'entrée de la vallée de Conches et qu'il fit attaquer par le corps du citoyen Roger Fontenai les Autrichiens postés à l'hôpital du Simplon; il parvient au sommet de cette montagne, mais le feu des retranchements ennemis entassés les uns sur les autres l'oblige de se replier et de venir reprendre son poste de la Tavernette . L'autre division commandée par le citoyen chef de briga-


complètes, il suffit de retenir deux témoignages. Le premier provient d'un particulier qui, à des préoccupations eschatologiques, joint constamment les émotions ressenties au cours de ces mois de malheur. Il faut donc laisser parler Christian Massy: «C'est dans ces jours terribles et malheureux qu'il se fit le plus horrible carnage par les campagnes et les villages; les villages, quelques-uns sont incendiés; les campagnes, fanées et flétries par les passants; les églises, pillées; les vases sacrés, profanés; les osties, foulées au pied; les ornements sacerdode Lollier attaque les Autrichiens dans la vallée de Viège et leur fait 200 prisonniers parmi. lesquels 5 officiers; il s'empare du pont de Stalden qui communique à deux vallées dont l'une conduit à l'hôpital sur le haut du Simplon. Ces différentes attaques sont dirigées par les ordres du général Jacopin. Le général Xaintrailles, de Loèche arrive à Sierre et le commissaire du gouvernement, de Sion arrive égaIement à Sierre.» Xaintrailles et Buxtorf y tiennent une conférence passablement houleuse à l'issue de laquelle le commissaire du gouvernement helvétique présente sa dém ission au Directoire . Les déprédations que le général tolère de la part de ses troupes, les exactions qu'il commet lui-même et le dédain qu'il manifeste à l'égard des autorités constitutionnelles motivent la démarche de Buxtorf. Pendant plusieurs semaines, les armées restent face à face,

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dans une inaction presque totale . En effet, l'archiduc Charles ne s'estime pas suffisamment fort, avec ses 78 000 hommes dissém inés de la Forêt-Noire au Gothard, pour poursuivre sa marche en avant afin de chasser les troupes françaisE)s hors de la Suisse . D'autre part, Masséna attend des renforts avant d'entreprendre de nouvelles opérations militaires. Ce n'est que le 14 août que les mouvements de troupes reprennent car Masséna veut absolument empêcher la jonction des Autrichiens et du corps auxiliaire russe en marche vers la Suisse . Les 15 et 16, le général Turreau, qui remplace Xaintrailles depuis les derniers jours du mois de juin, attaque le prince de Rohan qu'il bouscule jusqu'à Domodossola et le colonel Strauch qui s'enfuit par la Furka . La colonne Gudin remonte l'Aar. Elle peut ainsi, par le Grimsel, la Furka et la vallée d'Urseren, opérer sa jonction avec les troupes

taux, exposés à la risée et au plus grand mépris, jusque même à s'en servir pour orner leurs chevaux. Les hommes tués ou exilés et réfugiés dan~ les pays étrangers, les femmes et les filles violées, les enfants orphelins, les prés abandonn-és à la merci du temps, les champs point moissonnés, une partie coupée est restée sur la place; et le peuple crie miséricorde et demande des subsides ; le coupable s'est évadé, l'innocent est opprimé, la nature déplore avec profusion les malheurs du temps, toutes les créatures animées et inanimées ont partagé entre elles les fléaux que la main vengeresse de son formateur

de la division Lecourbe, près du Pont du Diable. Dès lors, les guerres de la seconde coalition se déroulent·hors du territoire valaisan. Sim ultanément, l'insurrection haut-valaisanne est mâtée .

La détresse du pays après J'insurrection Au terme des opérations militaires, l'état de détresse du pays dépasse tout Ge que l'on peut imaginer. Pour s'en faire une idée correcte, il faudrait inventorier, pour chaque commune, les pertes subies par les collectivités publiques et par les particuliers; il importerait de dénombrer le nombre des morts, des blessés et des orphelins; il conviendrait d'estimer aussi le relâchement des mœurs causé par la présence des armées étrangères et par l'insurrection elle-même . Pour éviter des énumérations fastidieuses et forcément in-

. ..

souverain leur a imposés . (.. .) Par conséquent les jours présents, ce sont des jours de pénitence, des jours de salut pour les uns, mais liberté que trop familière pour les autres. Malheur à l'homme sur lequel la liberté sera imprimée sur lui au jour de sa vengeance éternelle! Liberté exécrable, le ciel t'a abhorrée, l'enfer est ton principe, la terre en est aux alarmes, l'univers entier est dans la consternation! Liberté, instrument aveugle et séduisant, jusqu'à quand pervertirez-vous les nations? Fasse le ciel vous ensevelir dans le plus profond oubli! Tel est le désir de notre cœur et la joie immortelle de notre âme qui fait


Bibliographie

profession de vivre chrétiennement.» Au lyrisme du paysan chrétien bouleversé par les excès du siècle, il peut être utile d'opposer le réalisme de l'homme politique. Pourquoi ne pas relire ces quelques lignes d'une lettre que Charles-Emmanuel de Rivaz écrivait au ministre de l'Intérieur, le 29 août 1799 ? «Ce pays est ruiné par les dévastations qu'y a laissé commettre le général Xaintrailles pendant près d'un mois et que le soldat familiarisé avec le désordre y a encore continué depuis lors . Les maisons sont complètement saccagées . Il y a eu des bâtiments couverts en bois dont on a pris le toit pour le brûler, des portes, des planchers, des fenêtres brisées et enlevées . Tous les morceaux de fer qu'on a pu arracher des murs l'on été; les cercles des tonneaux ont été pris; les douves en ont été brûlées; des murs ont été démolis dans l'espérance d'y trouver de l'argent caché; les caves ont été fouillées jusqu'à six pieds de profondeur, et des fondements de maison dégradés dans le même but, ainsi que des cimetières ". Le bétail de toute espèce a disparu dans la partie basse de la vallée. Les soldats, dans les communes, tuaient tout ce qu'ils rencontraient, et grand nombre de ces animaux ont pourri sur place sans aucune utilité pour la subsistance des troupes .»

France se voulait messianique; elle se disait l'apôtre de la liberté; elle faisait preuve de prosélytisme républicain . Elle oubliait alors délibérément la mise en garde de Robespierre selon laquelle les peuples n'aiment pas

les missionnaires armés . Après bien d'autres peuples, les Valaisans administraient la preuve que le dictateur de la Convention ne s'était point trompé en l'occurence . Michel Salamin

SALAMIN, Michel Histoire politique du Valais sous la République helvétique, 77981802, dans Val/esia, 1957, pp . 1-280.

SALAM 1N, Michel PierreJoseph de Chastonay et l'insurrection de 1799. [Suivi de :] Annexe . Memoire justificatif de p'-J. de Chastonay, Sierre, 28 novembre 1799, dans Annales Valaisannes, 1955, pp. 241270.

SALAM 1 N, Michel - La double relation de Louis-François-Regis de Courten sur l'insurrection de 1799, dans Pages militaires sierroires, Sierre, ·1962, pp. 53-80.

SALAMIN, Michel et GHIKA Grégoire La chronique de Christian Massy de Grimen tz, Anniviers, pour les annees 7790-7840, dans Val/esia, 1960, pp. 297-345.

SALAM 1 N, Michel - Le Valais de 7798 à 7940, precede d'un resume de l'histoire valaisanne des origines à 7798, Sierre, 1978,325 p. SIERRO, Michel - Combat de Finges (mai 7799). D'après le notaire Michel Sierro, fils de l'agent d'Heremence à cette date, dans Annales Valaisannes, 1936, pp . 102-104.

nllilll.C:!a1i Fabrique d'engins de gymnastique, de sports et de jeux

1l~!::n~h~~e~~~!~G 9642 Ebnat-Kappel SG

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Qualité . suisse, propre production, service garanti dans toute la Suisse. Vente directe de la fabrique aux écoles, sociétés,

L'aversion de la population valaisanne, de celle du Haut-Valais surtout, pour le régime helvétique et pour la France qui l'impose au pays, s'explique en partie par les excès de la guerre. La

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autorités et privés

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CA ISSE D'ÉPARGNE DU VALAIS

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Programme d'activité 1980-81 27 septembre 29 novembre 17-18janvier81 28 fév.-1 mars 28 mars 20-25 avril Mai 30mai 22-24 juin

Cours: course d'orientation à Montana Tournoi de B B à Sierre Cours de ski de fond à La Fouly Concours de ski de l'AEPSVR Géant. - Ski de fond Assemblée générale Tournoi de volleyball à Monthey Cours de ski Sortie (hélico - avion) Tournoi de football à St-Maurice Cours de natation à Brigerbad

Tous les enseignants peuvent participer à ces activités sportives. Des renseignements détaillés vous seront donnés dans l'Ecole valaisanne du mois qui précède une de ces activités. Pour toute autre information, téléphonez chez Conrad Zengaffinen au (027) 38 1824, Nicolas Métrai/1er au (027) 232756. Salutations sportives,

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LE FONDS JEUNESSE DE LA CEV créé à l'occasion de son Centena i re récompense des performances particulièrement méritoires de jeunes valaisannes et valaisans de touteS professions Demandez des renseignements complém 'e ntaires à nos guichets

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