L'Ecole valaisanne, janvier 1964

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L'EOOLE VALAISANNE

L'assortiment scolaire

Bul,l etin mensuel du Personnel Enseignant du Valais Romand

PRISMAlO

No 5, janvier 1964,

VIlle a nnée

permet la compos,ition d'innombrables demi-tons

!:

SOMMAIRE Partie générale Crocus

Le Chef

E, Claret

A propos du «Reportage National»

.

M. V euthey

La musique là tl'éco1le: Frédéric Chopin

~

5 8

Bu1'letin Cuisenaire No 11

Crayons idéals pour travaux déta'iUés

31

Partie pratique 1

PRODUIT SUI6SE

Géographie

Les témoins de il 'époque g'l adaire à Monthey et environs

15

Langue maternelle

Textes d'élèves

21

T ravail manuel

Un mO'bHe avec ,d es perroquets-cacahuètes ' .'

27

Partie officielle et corporative

pDur écrire

J. Follonier

Nouvelles de la S.V.E.

,P. Pignat

Avec Il e Chœur Mixte du Pers'o nnel enseignant

.

pour calculer RENSEIGNEMENTS L'ECOLE VALAISANrNE paraîlt 'à Sion Il e 15 de chaque mois, jui1Jilet et 'a oût exceptés.

Publicité: IPU'biicitas, Avenue du Midi, Sion - T,é léphone 244 22.

Rédaction: E. Olaret, ODIS, Rawyll 47, Sion.

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Délai de rédaction: Ile 1er de chaque mois. AGENCE GENERALE POUR LE VALAIS:

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Edition, administration et expédition: ODIS, Rawy'l 47, Sion.

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Impression: Fiorina & Burgener, Sion.

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Le CHEF, c'est celui qui prévoit tout ce qui est censé devoir ou pouvoir se passer dans sa zone de juridiction, tout en sachant que rien - QU presquel rien - ne se passera comme il l'a prévu, mais qui agit de telle manière que ce qui ,arrive effectivement semble avoir été prévu.

L'admirable définition ! Je . l'ai lue, sous la signature de Robert Bazin, dans le numéro de maL 63 de l'excellente revue française du second degré: LES CAHIERS PEDAGOGIQUES * dont s'inspire tout mon propos. Je m'empresse de dire que cette définition ne concernait ni le Général de Gaulle, ni le Ministre de l'Education, ni le Préfet d'un Département, ni le Maire d'une quelconque cité tricolore. L'auteur 'l'appliquait tout bonnemènt à un Directeur de lycéé ... Avouez tout de même qu'elle peut fort bien s'appliq'u er à ùn chef d'état, à un chef d'entreprise, à un chef d'état-major voire au commandant des pompiers... ' Elle peut même convenir àun maître d'école. Mais laissons ces chemins de traverse et revenons au sujet, c'est-à-dire au chef d'un étaqlissement scolaire. Ce n'est pas une sinécure que d'être directeur, ou, comme on dit, proviseur d'un lycée en France. Certains de ces collèges d'Etat ont 800,. 1000, 2000, jusqu',à 3000 élèves. Le proviseur s'estimera ,h eureux de connaître la physionomie de ses cent cinquante professeurs pour ne pas les confondre avec les grands élèves et les interpeller durement lorsqu'ils fument dans un couloir. Ajoutez encore au corps professoral le personnel des services admini~tratifs: vous aurez l'effectif d'une petite ville de chez nous, iinepetiteville à l'âge bête, instable, remuante turbulente exigeante et ingrate. " Il faudra pour diriger cette ' jeunesse encagée une tête froide : sur des épaules solides. Pas~e encore si les conditions matérielles étaient assurées et que le proviseur n'eût à s'occuper que d'instruction et d'éducation. )

* Puhlicatjon

Mais il est voué aux Monstres et aux Chimères et passe le plus clair de son temps à se battre. Les Chimères sont le manque de locaux, le manque de personnel, le manque de crédits, tous les « m anques » quoi ! Quant aux Monstres, le plus redoutable s'appelle l'A d - mi nis _ tret - tion, laquelle le noie sous des flots de circulaires, de décisions m inistérielles ou rectorales, de rapports, de statistiq ues, de règlements, de listes nominatives et de fiches de service à remplir «pal' retour du courrier ». « Pendant vingt ans, vous avez enseigné les déclinais ons latines d'une manière convenable, écrit Jean IVlalosse, Directeur d'un lycée de la région parisienne. Vos qualités vous ont désigné comme Proviseur. C'est pourquoi, à partir de demain, vous allez appliquer les règlements, lois, décrets et arrêtés propres à l'administration d' un lycée. Ce n'est rien: quelques milliers de pages seulement, éparses dans sept ou huit cents bulletins officiels, deux manuels de législation en grande partie périmée, une cinquctntaine de brochures bleues, puis jaunes ou bistres ... Vous aurez ct vous occuper des bourses nationales et départementales, à l'emplir le formulaire bleu Lcm devenu le fo rmulaire vert Ly en 6 exemplaires, à discuter avec la municipalité des constructions, réparations et subventions, à présenter un budget... Dès le jour de la rentrée, vous prenez en charge 900 enfants de 10 à 21 ans au sujet desquels vous devez être prêt à fournir tous renseignements tels que catégorie sociale des parents, origine et domicile, quotité de la bourse qui leur est attribuée, aptitudes ph)/siques ( taille, poids) et intellectuelles, diplômes, noteS adresse, etc. » Vous prenez aussi en charge vos 80 professeurs, 25 surveillants, les balayeurs de salle, cuisiniers, femmes de ménage, infirmières, garçons de laboratoire, assistants, etc., sur lesquels vous devez donner des renseignements encore plttS complexes et plus détaillés que sur les élèves. Ceci n'est qu'un aperçu succinct de vos occupations, infiniment plus diverses et plus nombreuses qu'il n'apparaît cidessus. Vous ferez de tout, et ce tout va des additions interminables et des calculs de pourcentages jusqu'aux rondes de nuit, aux premiers soins à un accidenté, en passant par la prévision des dimensions d'un W.-C., au discours improvisé devant une réunion de parents, aux visites, aux coups de téléphones, aux tentatives d'ob tenir un rabais du boucher qui sert l'internat ... Mais pas d'enseignem en t, pas de recherche culturelle; vous n'aurez plus m ême le temps de pratiquer ce vice impuni, la lecture, sauf en ce qui concern e l'interptétation - souvent périlleuse - de la circulaire 3j934 E.T. du 29 février 1947 publiée dans le B .O. du 31.6.1 947, page 123 de l'édition

~ensueHe de 'l'Education nationa[e, 13, rue du Four, Pm'is 6e.

3

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hebdo~a~aire, dont l' r:linéq, 3 du chapitre 8 prévoit neuf exceptions au pal agI aphe 6 du tLtre 4 du décret précédent! » Ouf! De l'air, de l'air. Ouvrez la fenêtre ...

* ,E,st-ce une charge? A peine. A lire l'unanimité des doléances on s eton 'ï ' , . d ne?u L y aLt encore place pour l'esprit dans notre civilisatwn u papLer. Chez ,,:OUS, Die~ merci! nous n'en sommes pas encore là (mdis nous y arnverons bLentôt!J. , , a d" mLnLstratwe notre canto. A cet égard' notre d'ecen t·1 a l'Lsatwn nalLsme ont du bon. '

~l n'en demeure pas moins que tout directeur d'établissement s~olau': est, ~utomatiquemeAnt un administrateur. En lui, l'adminis-

il

43500 écoliers et écolières suisses ont participé au REPORTAGE NATIONAL. . Le Valais a aligné 2 500 partlCIpants et l'ODIS avait reçu, en fin décembre, 400 travaux provenant d e toutes les parties du canton. Ceux qui ont parcouru la salle où sont étalés textes et montages jusqu'au 20 janvier 64, ont été frappés par le travail considérable que représentent ces travaux scolaires.

l' . A peine nommé, il lui faut organiser un secrétariat assurer la ,L~Lson avec les, autori~és, les professeurs, les élèves, les ~arents des eleves, ~es s~rVLces SOCLaUX, médicaux, psychotechniques et avec les autres etablLssements similaires,

P ermettez au coordinateur responsable d'en faire une, brève description. Mais au préalable, pardonnez-lui de ne pas tout citer, de mentionner ou de taire les ouvriers les plus méritants, de relever les œuvres qui attirent par leur présentation extérieure et d'ignorer peut-être celles dont le texte a exigé des recherches plus approfondies et un travail plus personnel. Il est prelsque forcé, en pareil cas, de faire des oublis et des mécontents.

b Trouver des professeurs est actuellement le souci le plus urgent et 0z:che~' les trous quand il s'en produit durant l'année ce qui n~ rate ]amaLS. '

L a participation haut-valaisanne totalise une centaine de travaux. Presque toutes les régions sont représentées, sauf les stations touristiques de Zermatt, Loèche-Ies-Bains, Riede,ralp, Grachen qui se passent de propagande.

tl atew et l educateur se genent continuellement.

~

Les collaborateurs en place, le Directeur doit les contrôler sans

vexer L es soutenu' " toujours et souvent les , l : sans se sub,s,t'Lt uer ,a'eux,

~U1 app" e,,:dre le metLe;. Assurer l'indispensable collaboration. Agir et ,,:on s a~Lter, Penser l ensemble, car personne ne le fera à sa place maLs aUSSL penser aux d étails sans penser en détail Discernel' la' Iettre d l' " A ssurer s~:m prestLge , , ' ouverte. Etre , l ,e eS?' Lt. et tenu' sa porte a, ~ fOLS facdement accessLble et peu répandu. Ménager la susceptibdLt~ du professeur et celle de, l'élève d~ns un conflit où pertinem~e,,:t les de,w'} ont tort. RecevOLr les doleances et encourager les ini;;t:y,es. ~referer la méthode du « o~ti, mais» à celle du « non, car ». ~ Lguel l~s enc~uragements et s en passer totalement pour lui"!,e~~. Contm~er, a se former ou du moins le faire croire alors qu'on n a7 ~ we plu~ a I.Lre ?mq bouquins par an, etc., etc. Le cahier des c h al ges est a peLne ebauché.

!"

~aiment ce n'est pas facile d'être recteur, directeur animateur ad mLnLstrateur ' d' , , , ' enfin chef d e que l que c h ose ou d e quelqu'un. Et, 1,1 e qu d y a encore tant de gens qui passent leur vie à courir après ces places! Crocus 4

Apropos du Reportage NationaL!

Les classes de filles de la Realschule à Ste-Ursule de Brigue (Prof.: Sr Madeleine Zenhausern, Sr Pierre Marzetta, Mlles Monique Zenldusen et MarieThérèse Walker) ont présenté des travaux d'équipe d'un fini absolument remarquable. A Brigue encore, les classes inférieures du collège, les réales et les 3 premières années du classique ont ·donné des compositions originales fort bien présentées sous l'intelligente impulsion du Prof. A. Bielander. Les écoles secondaires de Viège, garçons et filles, sont à féliciter chaleureusement, ainsi que leurs professeurs Fidelis Imboden, Ed. Pfammatteil', Mlle Riedmatten et leurs collègues. A noter dans ce groupe les écoles secondaires allemandes de SielTe et de Sion qui ont aussi participé au Reportage national. Plus modestes sont les travaux des classe primaires: Obel'wald, Glis, Garnsen, Brigue, Viège, Niedergesteln, Lalden, Eischoll. La présentation et la valeur du texte sont naturellement inférieures, comparées aux classes secondaires; mais il serait injuste de les classer selon les mêmes critères. Parmi les meilleures présentations primaires, il faut signaler celles des 6e et 7e primaires des filles de Viège et celles de la classe supérieure des filles ·d e Lalden (institutrice: Anita Vogel).


Voici quelques-uns des thèmes traités : Le -col du Simplon jadis et aujourd'hui Le château Stockalper Rarogne Le vieux Viège La maison t ypique haut-valaisanne Le vieux moulin Le pain de seigle Le païen, vin dei Visperterminen Vignerons d 'Eischoll à Salquenen Les bisses du H aut-V alais Us et coutumes de l'Alpe L'ossuaire de Naters Les guides de St-Nicolas Les vieux costumes Les grenadiers du Loetschental Le barrage de Mattmark Les masques de Loetschen La St-Nicolas à Bellwald Ritz, Toi des hôteliers Le DT Goudron Le roi du Simp lon, Gaspard Stockalper, etc. D an s les districts romands, ce sont les districts du Centre, sous l'impulsion de M. l'Inspecteur Praplan, qui ont fourni la plus grosse participation. Outre l es écoles p r imaires -de Sion et Sierre, je relève les noms de Vissoie, Ayer, StJ ean, Mission, Pinsec, Chippis, Chalais, Granges, Miège, VaasfFlanthey, Montana, Crans, St-Léonard, Savièse, Conthey et La Sage. D ans l'Entremont: Lourtier, Bruson, Villette et Levron. Dans l e Bas: St-Maurice, Les Granges, Le Trétien, Vérossaz, Monthey et Vouvr y. Toutes ces classes ont fait preuve d'initiative, d'esprit de recherche et d'int ér êt marqu é pour l e sujet choisi. Parfois les textes manquent d'originalité et l a présentation est négligée. S'il fallait signaler les travaux les plus méritan ts, soit par l e volume des envois, soit par l eur qualité, je signalerais Vissoie, Chalais, Savièse parmi les villages du Centre, Bagnes pour l'Entremont et Vouvry pour le Bas. Les ville,s ont naturellement des travaux d'équipe remarquabl es, des rep ortages vivants (Geiger, Olsommer, Georges Haenni, etc. ), ou des études approfondies comme ces «Témoins de l'époque glaciaire» dans la région de Monthey p ar l a classe de 6e primaire, B, que nous publions ci-après. -L es écoles su périeures (secondaires, classiques, commerciales) ont des réalisations de valeu r , dan s une présentation presque parfaite, surtout l es pension n ats _ féminins comme l a Ste-Famille à Sierre, l'école secondaire de Sion, Ste-Jean neAntide à Martigny, l a Tuilerie à St-Maurice et le Pensionnat St-Joseph à M onthey. D ans cette catégor ie, l'école secondaire d'Hérémence se signale par des sujets originaux dans un habillage qui ne l'est pas moins. Mais ces formats 6

inaccoutumés seront-ils acceptés p ar Lau sann e ? C'est une question qui se pose pour bien des travaux, le format A 4 (210 x 297) ayant été .fixé comme form at à ne pas d épasser. De m ême, 'b eaucoup ont p r oduit d es p hotos en couleurs, prohibées en principe pour ne pas défavoriser l es classes mo destes. Quant aux sujets traités, ils présent ent u n e im age quasi complète du Valais. En géographie, Derborence" le St-B ernard, le V al des Dix, le V al d'Illiez, le l ac souterrain de St-Léonard, la Grotte-aux-f ées reviennent plusieurs fois . 'E n économie: la vigne, le tabac, les barrages, les bisses, la laine, la poire William, l'irrigation, la vie à l'alpage. En histoire: les châteaux, chapelles, églises, hôtels dei villes, ponts et autres monuments, les bains de Saxon, Mathieu Schinner, le Gro s-B ~llet, Ritz, etc. La flore et la faune n 'ont pas été oubliées (les -b ouquetins du Pleureur, la mante r eligieuse) ni les industries valaisannes comme Chippis, les Raff ineries du Rhône, la Lonza, Giovanola, sans compter les at elielrs locaux. C'est dans la section «Folklore - Us et Coutumes » qu'on s'en est donné à cœur joie : les Dames de Sion, les vieux costum es d e Salvan, d'Isérables, de Champ éry, de St-Maurice ; l'habitation valaisanne, mazots et raccards, la raclette, les combats de r eines, les artisans -d ' autrefois, etc. Dans l'ensemble, les classes de filles ont fourni d e m eilleurs travaux quant à l a p résentation et à l'ornementation. Mais l es classes d e garçons sauvent largement l'honneur sous le rapport :des textes travaillés et fouillés. C'est le duel traditionnel entre le fond et la forme ! 'L 'essentiel est que le Valais ait une représentation digne à L ausanne. Il faut dire aussi que les premiers bénéficiaires d e ces travaux seront les enf.ants qui les ont produits et qui ont singulièrement enrichi leurs -c onnaissances en étudi ant leurs sujets. ECOLE VALAISANNE

Nous donnons à titre de curiosité cette divertissante boutade d' un médecin anglais, déclaration faite .à Wes tminster, par le docteur F. E. Lawson, lequel ne manque pas d'humour, et que nous relevons dans « Art et Sciences ». Ce que contient le corps humain? Assez d'eau pour remplir un baril de 40 litres; assez de graisse pour fabriquer 7 barres de savon; assez de carbone pour fournir leur m ine à 9000 crayons; assez de fer pour fabriquer un clou de taille moyenne; assez de chaux poui- badigeonner un poulailler; assez de phosphore pour faire 2200 têtes d'allumettes; assez de soufre pour tuer les puces d'un chien. Ceci est dans les mêmes proportions pour le corps du dernier des miséreux comme pour celui du plus haut personnage.


La musique à l'école

ur illustrer cette définition, alors que! Chopin lui-même répugne à dévoiler de son âme. Il va jusqu'à donner ce conseil presque stoïcien à un ,ami: «eporte ton âme dans l'angoisse, laisse souffrir ton cœur, mais que personne, sur ta face, ne lise ta douleur ». Il y a certes chez Chopin un côté la~goureux, digne de cett~ ,« comp?~c­ tion» chère au XIXe siècle. Il y a ,ch~z I~I cet;-.e ~ro~on~e n?st;algle caract"en~­ tique de l'âme slave, sans cesse e~ eveII des qu 11 s agIt d ~~ Idea~ abs~nt: etres chers, patrie, musique. Mais on Ignore trop souvent le cote paSSIOnne de. cette n ost algie , qui se traduit en maintes pages de son. œuvre par un souffle VIOlent et tempétueux. En signalant cela, on n'a pas encore tout dit. Si le côté ro~antique de la personne de Chopin peut nous paraître d'un autre âge, sa mUSIque est encor~ extrêmement proch{'j des auditeurs actuels, comme le sont les chefs-d'œuvre qUI dépassent le temps. Les anecdotes n'expliquent pas tout, elles laissent même da~s l'ombre l'essentiel de la musique, tous ses aspects formels et toute sa nouveaute. Ses œuvres se caractérisent d'abord par la richesse de l'invention mélodique, si exubérante qu'elle déborde constamment .en casc.ades de brode~'ies et de ~otes ornementales - ce que lui reprochent certaIns punstes trop SOUCIeux des regles. Ce style particulier à la mélodie ,d e Chopin .lui confère u~ caractère esse~tielle­ ment pianistique, irréalisable avec la technIque d'aut~'es mstrument~. Ajoutons l'amour du chromatisme (montées et descentes mélodIques par demI-tons).

fO fond

FREDERIC CHOPIN 1810 -1849

BIOGRAPHIE Chopin naquit près de Varsovie, à Zelawola- W ola, d'un père ongmaÎl'e sans doute de la Lorraine et d'une mère polonaise. Son père était précepteur dans une famille, avant de devenir professeur dans diverses écoles de Varsovie. A l'âge de 8 ans déjà, Chopin se produit en public. Il ne tarde pas à éton. ner ses auditeurs par ses dons extraordinaires d'improvisateur et de compositeur. Mais c'est du public occidental qu'il désire ' recevoir sa consécration. Il part pour Vienne, où il arrive dans un moment peu favorable, en raison des événe. ments politiques qui ont ébranlé une fois de plus sa patrie. Il se dirige donc vers Paris, pensant poursuivre sa route vers Londres, mais c'est la France qui l'accueillera définitivement. Malgré ses succès mond·ains et musicaux à Paris, Chopin l'este profondément attaché à son pays natal, dont il a emporté avec lui un peu de terre. Très souvent, il re!grette d'être parti, songeant à la collabo. ration qu'il pourrait apporter à ses compatriotes pour hâter la libération de la Pologne. Exilé, il recrée sans cesse en lui les images des lieux de son enfance, les visages de sa mère et de ses sœurs. A Paris, malgré son excessive timidité et sa frayeur à l'idée d'affronter le public, il connaît des fins de concerts enthQusiastes, préférant . top.tefois jouer dans les salons où il rencontre l'élite des écrivains et des artistes de l'époque: ' Balzac, Heine, Delacroix, Liszt, George Sand surtout avec laquelle il restera lié très longtemps. Malheureusement, il ne tarde pas à être miné par la phtisie!, ce qui ne l'empêche pas de passer un hiver dans une ancienne chartreuse des B.aléares, puis d'entreprendre un voyage en Angleterre. Soutenu par setS amis, en particulier par de nombreux compatriotes exilés comme lui, il meurt à Paris en 1849.

SA PERSONNE ET SON ART Dans leur habitude de simplifier les choses il outrance e,t de fixer une étiquette sur les hommes célèbres en croyant les définir complètement, beau· coup font de Chopin le type de l'artiste romantique maladif, rêveur et senti· men.tql. Ün raconte à son sujet une foule d'anecdotes plus ou moins historiques

Sur le plan rythmique, Chopin se disti'!-gu'e dan~ l'util~~ation de.s ~'ythmes populaires de son pays. Mais, à côté -de cela, Il donne a ses pleces une Inegalable fantaisie, par l'emploi de valeurs irrégulières (pal: exemfle, ~ro~~ement ~e 7 notes égrenées sur 2 temps) et par la souplesse! nee de l amblg~ute rythmIque (par exemple: 6 croches disposées .ta~tôt en 3 gro~pes de 2, tantot en 2 groupes de 3; superposition ·de rythmes bInaIreS et ternaIres). Tout cela constitue un langage caractéristique f acilement reconnaissabl~, qui exige de l'interprète - et aussi de l'~uditeur - l~n certain. ra!.fineme~t, une libération des carrures de beaucoup d œuvres claSSIques. MalS IInterprete doit éviter l'excès, par le sens de la mes~re et le. bon goût: ~ho'pin n'aimait pas la grandiloquence, ni les abus de. sent~m~ntahsme. Les .planlstes act~els ont compris, en général, que cette mUSIque! etaIt assez expressIve en elle-meme sans qu'on la surcharge.

SON OEUVRE A part quelques mélodies, une pièce pour piano et violoncelle, et un. trio, toute l'œuvre de Chopin est destinée au piano. De structure à peu près claSSIque, il écrivit 2 Concerti ,a vec orchestre, mais on lui a reproché une orchestration défectueuse, qui fut remaniée! déjà de son vivant. Il écrivit en outre 3 Sonates, dont les 2 dernières (op. 35 et 58) sont très célèbres. L'œuvre la plus connue de Chopin est sans doute la transcription (qui la défigure terriblement) ·d e la Marche funèbre constituant l'Andante de la Sonate opus 35. 9

8


Mais .c'est dans ,u?e série de formes musicales nouvelles que Chopin mani. feste le mIeux son genle. On peut les rattacher à trois sources d'inspiration diff'. rentes: e

A)

Inspiration mondaine: 17 Valses: danses élégantes et gracieuses, parfois sentimentales.

4 Impromptus: pièces eiXigeant un jeu subtil et une grande dextérité; 4

B)

S~herzi: c~ntrairement au Scherzo traditionnel, celui de Chopin n ~st pas l un des mouvements d'une Sonate, mais une œuvre pOUl' SOI, dans laquelle le compositeur manifeste une grande vitalité sur un rythme précipité. '

Inspiration nationale: 9 Polonaises: la Polonaise est une ancienne danse noble d'allure .lente et. m.ajestueuse; les Polonaises de Chopin expriment s~s élans de pa. tnotIsme.

-

C)

51 Mazur~as: contrairement à la Polonaise, la Mazurka est une danse popula~re, deux fois plus rapide que l'autre, où Chopin laisse parfois se manIfester un caractère très rustique. Ses deux dernières œuvres furent des Mazurkas.

Inspiration personnelle:

LIVRES ET DISQUES Nous recomm.andons spécialement, parmi une abondante production, les deuX livres publiés par André Coeuroy (Plon) et Camille Bourniquel (Ed. du Seuil, coll. Solfèges). Nous signalerons aussi les «Aspects de Chopin» publiés par Alfred Cortot chez Albin Michel, ouvrage qui permet au profane d'entrer en contact avec l'œuvre de notre compositeur à travers l'âme de l'illustre pianiste que fut Cortot. Il est très difficile de proposer une sélection de disques. Nous indiquerons simplelment quelques noms d'interprètes reconnus actuellement comme des « spécialistes» de Chopin. Wilhelm Backhaus, allemand, a le souci de souligner l'architecture des pièces. Le français Alfred Cortot excelle au contraire à en livrer la substance poétique. Le roumain Dinu Lipatti sait allier, au dire des connaisseurs, la rigueur classique à la poésie, se rapprochant en cela des tendances fondamentales de Chopin. Nous mettrons à part, toutefois, trois noms de grands pianistes polonais, plus proches peut-être, par cela même, des sources auxquelles puisa le compositeur: Wladimir Horowicz, Witold Malcuzynski et Arthur Rubinstein. Certaines maisons de disques ont édité des séries intégrales des Nocturnes, des Etudes, etc. Nous conseillons plutôt de choisir des disques présentant plusieurs aspects, pour tâcher de les mieux comprendre en les comparant. La brièveté de beaucoup de pièces, le rythme 'c aractéristique d'autres, le dynamisme puissant qui anime un mouvement comme le Rondo terminant la 3ème Sonate, le charme de chaque mélodie, tout ccJa permet une présentation relativement facile de Chopin. Pour terminer, citons trois livres-rlisques avec texte et exemples musicaux: Chopin raconté aux enfants (Le Petit Ménestrel, album 15), Chopin raconté aux jeunes (Atlas 25-1022), Votrel ami Chopin (Guilde du disque E 27). M.V.

4 Ballades: les poètes romantiques utilisent souvent cette forme pour évoquer les exploits d'un héros. On a proposé des 'c ommentaires analogues .pour les Ballades de Chopin, mais il n'a laissé lui-même aucun canevas, et semble plutôt soucieux de suggérer une atmosphère. La Ballade se caractérise par la reprise d'éléments thématiques. -

'10

25 Préludes: petites esquisses, recherchant une grande simplicité d'écriture, dans chacune des 24 tonalités (avec une pièce, supplémentaire).

-

27 Etude.s: «le bréviaire du pianiste» (Cortot), où Chopin s'efforce d:attelndre les limites des possibilités techniques du piano. C'est ~lHe l:extr~m~ c~iffi~ulté de, ces diverses recherches. Malgré cette IntentIOn, Il s agIt d œuvre d une grande musicalité.

-

19 Nocturnes: musique très romantique, dans laquelle l'auteur évoque ses propres états d'âme. Cette attitude a beaucoup contribué à créer l'image simpliste qu'on se fait souvent de Chopin.

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li


La bibliothèque scolaire Il flautf' par ~ous les moyens, lutter contre la carence de plus NIl plus alar' man ' I L , ft ecu rançaiS Ad :ns nos eco es, a lecture adaptée au degré intellectuel d etre u n reme' d e Important ' l en ant nous ' ,paraIt d contre ce mal. M. Candi-de Dar-e eIl ay possible publ Ielade ans cette l'ev ue un rapp~rt a" ce sUJet. 0 n verra qu'il est toubjours faire L" d quelque chose, meme avec des moyens fort modestes Important est e se mettre en marche sans tarder. . Ensevelissements Plusieurs collègues ne me " . sur la manière dont '1 d . paraIssent pas b'Ien au cl aIr 1 ·comporter lors cu 1 d"eces d ' un mem b re c1u personnel enseignant Ils oivent t dseA ' peu . onc etre utIle de revenir sur ce sujet . Lors du l' décès d'un memb lei , cu 1 COlpS .enseignant : . , encore en actlvité assistent a sonb enseve tous 1 son c1"ISt1"1Ct, accompagnés' d'un ou d . Issement d ' , les coIl'egues ce eux ~e~ l,es ,u Conll~e cant?nal et du chapeau. S Il s agIt d un enseIgnant a la retraite, les collègues de sa commune avec udn, o~ deudx membres du comité du district et le drapeau, l'. accompagnen~ à sa elnlere emeure. Lt dI:ape,a~ de la SV~ se trouve au Secrétariat dei l'Ecole Normale des garçons. a Journee d e conge est officielle. Une bonne nouvelle Répondant à un ' , l, M ' '1 ,vœu ~enera onSIeur Marcel Gross Chef du Départeln en e nstructIOn pubhqt ' ' 1es conférences ' pédagogiques de t d 1 d' t ' l' . le, reorganlsera IS rIct, sous a presIdence de M, l'Inspecteur, Prime La prime de 0' après 25 d' ac t'" IVlte, ceCI. aux termes de la loi sera versée . 5 % aux ayants ' d l'Olt dès que pOSSI']J l e. Il f aut comprendre que le Secrétariat D' , du epadlteme~t est encore surchargé de travail et il convient de faire preuve d'un peu e patrence. Une autre bonne nouvelle ? ·Celle-ci il faut l' est ossible' ue d" ,annoncer ave~ d es trompettes en sourdine. Celpendant, il d' P ',' ~l 's I?~ ~elqu~s mOlS, nous serons parvenus à la mise sur pied une ;eIlt~ e OCIete ValaIsanne d'Education, de la Furka au Léman La comprehensIOn s~ fait )OUl: ,de plus en plus et l'idée approche de sa mat~rité. On aura encore l occ~sIOn cl en reparler d'ici peu. Cette introduction ne voulait que ~assurer ·c eux qUI ont peur de l'inactivité et de l'inertie onne année et cordialement à vous tous, . Jean F ollonier 12

Avec le "Chœur Mixte" du P.E. du Valais romand Chanter au mieux ce qu'il y a de plus beau tant au point de vue religieux que profane, tel est le magnifique idéal que le « Chœur Mixte », sous la compétente et .aimable direction du professeur de musique J. Quinodoz, s'efforce de réaliser. Dans sa 7e année d'existence, notre groupel choral peut, à juste titre, contempler avec satisfaction le chemin parcouru. Les membres fondateurs qui se sont jetés avec foi dans une aventure que l'on jugeait au début téméraire ... pour n e pas dire plus ... et contre vent et marée ont lutté vaillamment, sont aujourd'hui récompensés de l eurs d'forts désintéressés. Le modeste noyau initial montheysan s'est très heureusement accrû d'éléments de la « Capitale ». Tour à tour, à Monthey et à Sion, une fois par semaine, les Collègues se réunissent sous la b aguette du même Chef, artiste sensible, probe, ennemi de toute concession à la fa cilité, à la médiocrité. A Martigny, au Collège Ste-Marie, dans un local mis gr acieusement à notre disposition, se tiennent les répétitions générales. Sans m'étendre complaisamment sur toutes letS manifestations pédagogiques, les assemblées, les conférences auxquelles le « Chœur Mixte» a collaboré, je m'en voudrais t outefois de ne pas relever quelques dates de ses concerts spirituels et autres : 23 mai 1959

Monthey:

29 m ai 1960 4 février 1961

Monthey: Radio-Lausanne:

25 m ars 1961 24 m ai 1962 9 m ai 1963 19 m ai 1963 1 n ovembre 1963

Sion: Sion: Sion: Martigny: Sion:

17 décembre

Sion:

Eglise paroissiale (au profit du Préventorium de Val d'Illiez) Hôtel du Cerf pour l'émission «La joie de chanter» de l'abbé Pierre Kaelin Aula du Collège Aula du Collège Aula du Collège Hôtel de Ville Eglise du Sacré-Cœur (au profit des œuvres paroissiales) Aula du Collège (productions bénévoles lors de la dernière conférence œcumé~ nique de l'Avent)

Nos programmes ordinaires comportent toujours une partie religieuse: chant grégorien, pièces polyphoniques du Moyen Age, de la Renaissance, liturgie orthodoxe, etc., et une autre, profane, où une place appréciable est réservée aux musiciens de chez nous dont les œuvres méritent une large audience. . En vue de rehausser nos concell.'ts et de faire connaître au public des artistes de classe internationale, nous avons déjà sollicité le bienveillant concours de la pianiste Aline Baruchet, de l'organiste Georges Athanasiadès, des cantatrices Basla Re,tchitzka et Fanny Jones, des guitaristes José et Lupe de Azpiazu (ces trois derniers agrémenteront à nouveau notre prochain concert du 29 février à Monthey), et l'Ense~ble Ars Antiqua de Genève.


A'

d' '. Joutons ~ue le <: Chœur Mixte» n'est pas un cercle fermé ... tout Collè u eSldI.anlt eSn fane partIe sera reçu à bras ouverts. Il y règne une ambiance tgr,e cor la e. es membr . ne cIalgnent . . . ,es unIs pas d e consacrer de longues heur es so~s lad~ond.Ulte d un Dire,cteur aimé, à r étude de la belle musique à la l'e' el ~' satlOn un a 1· . Idéal commun. N' est-ce pas l"a aussI un excellent moyen, d'enrich' r ses co~n.alssances, de servir la cause du P. E. et celle du développement musi l et artIstIque de notre ch el' canton. cal P . ' Pignat

HUMOUR _-

Sais-tu pourquo'1 on met un coq au- d essus d' un clocher? Non.

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Si c'était une poule, elle casserait ses œufs en pondant!

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, t,Ce sontffdeux gosses qui se rencontrent dans 'l a rue. L'un d'eux promène un très beau chien l au 1 e un a l'eux roquet, ' - Est;ce que le tien a un pedigree? s'informe le riche, - Q~ es~-ce que c'est que ça ? s'étonne l'autre, - ~e ble?, ~n arbre généalogique, - J en sais l'len, mais tu sais, le mien, il se contente de n'importe quel arbre !

A PRENDRE OU A LAISSER

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Philippe est conservateur' t t ' Il ' , cahiers scolaires, fai,t 'p artie ,d e ',lU?~lê)~:e, q~1 n:lp:u;~'eJOUl: a~p~rte~u, cartes pOhsta'l es, ~i'lles autour de lui " ' l' n sepai el cal toutes ces c oses tIssent " , "1 un eCI an ;JUl ,' ~ 'p rotege du mond.e extérieur. Dans- sa chambre environné de ses tlesols, 1 se sent en seCUl'Ite, ' Devan,t ,ce qu~en~ appe~,le du 'd ésordre, ,maman se lamente: C - Pluhppe, Je t en pne, mets de l'ordre dans tes tiroirs trie un peu tous ces papiers, omment v~ux-tu retrouver quelque chose dans un pareil désol~dre ! Tu ne sais même p'l us ,ce que tu possedes ! Mais, Philippe assure 'q u'i'l a besoin de rtout, 'l e camp A,d'éclal' I'ellI's ' 'L"egerement mquiète, , 'd ,1Un Jour, ' , ' , 'p endant ," , ' , maman d'eCl' d e ,d' agu'. el,l e ~l e tesd tudolIs" tIle, Jettel.ou bruIe 'ce qUI lUI a paru inutÏ'le et quitte 'l a chambre avec Œe sen. Imen u eVOIr accomp 1.

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passe. Maman se rassure jus'q u'au ,jour où, hors de lui, PhHippe ,b ondit vers

1 On h "e a mes a ff' . , .- ,C'est , 1 dégoûtant l' . a touc au'es.1 J e ne retrouve plus un papier sur leque~ J avalS ?o~e ' a so'. utIon ,d'un ,p roblème et le vieux stylo que grand-maman m'a donné Maintenant Je enmeral ma cham'b re à dé et je garderai Œa clé dans ma poche ... ! '

(H.S.M. L'Ecoie des Parents - L'action familiale, septembre 1963)

LES TEMOINS DE L'EPOQUE 'GLACIAIRE A MONTHEY ET DANS SES PROCHES ENVIRONS (Classe de 6e Primaire B à Monthey)

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2. 3. 4. 5. 6.

La moraine de Monthey Les grands rescapés Quelques illustres disparus La moraine, de Bex La marmite glaciaire des Caillettes, près de Bex

COMMENT NOUS SONT ARRIVES LES BLOCS ERRATIQUES Les magnifiques blocs erratiques aux dimensions impressionnantes qui ornent le coteau de Monthey, comment sont-ils arrivés jusqu'à nous? Ils ont t out simplement été transportés par les glaciers, il y a des milliers d'années. Un glacier encaissé dans une vallée descend comme un fleuve, mais avec une extrême lenteur: en moyenne de 90 à 100 mètres par année. Les glaciers sont form és par les névés des hautes altitudes. Leur glace granuleuse est moins compacte que la glace des ruisseaux, des patinoires. Elle contient des milliers de fissures invisibles dans lesquelles, pendant le jour, s'infiltre l'eau de pluie ou celle qui p rovient de la fontel de la partie supérieure du glacier. L'eau, ainsi absorbée gèle, se dilate et augmente le volume du glacier qui s'étend dans la direction où il rencontre le moins de résistance, c'est-à-din~ surtout dans le sens de la pente. Donc, les glaciers avancent. Pour le montrer on a planté des piquets, les uns dans le rocher et les autres, en face, sur le glacier. Une année après, les piquets du glacier étaient environ 100 mètres plus bas que les autres. Les glaciers qui avancent ont une force prodigieuse. Ils renversent et arrachent tout sur leur passage, même d'immenses blocs de rocher. Les rocs arrachés au flanc des mont agnes et ceux qui proviennent des éhoulements, le glacier les transporte parfois très loin, à 50, 100 et même 200 kilomètres avant de les déposer sur ses hords ou bien de les abandonner lors de son recul, comme c'est le cas pour les blocs erratiques de la région de Monthey. Les traînées de gravier, de pierres et de blocs de rocher transportés par les glaciers loin de leur lieu d'origine s'appellent moraines.

LA MORAINE DE MONTHEY La moraine de Monthey, longue de 2,5 kilomètres, large de 120 à 300 mètres, repose sur un terrain calcaire. Elle s'étend de la pierre des Marmettes

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REPORTAGE NATIONAL '64

1. Comment nous sont arrivés les blocs erratiques

Ces deux mamans kangourous sont inquiètes. En effet le temps se couvre. L'une d'elles dit: - Vous aimez ce temps-là ? - Oh ! non. Je déteste quand les enfants doivent jouer à l'intérieur.

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E,V. N o 5, janvier 1964

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jusqu'à mi-c~emin entre Collombey elt Muraz, à la Barmaz où en 1900, 1947 et 1948 on a decouver~ 23 tombes datant de l'âge de la pierre polie et l'âge du bronze. Les rocs quI la composent viennent de la rive dr oit e du val Ferret à

45 kilomètres de Monthey. C'est du granit à gros cristaux de feldspath. Voici ce qu'a écri~ de cette morainel, en 1840, Jean de Charpentier (1786 -1855), d'irecteur des ~ahn~s d~, ~.ex de 1813 à 1~46, puis diTect~uI' des mines du caJ:?ton de

Va~d, qUI a etudIe, a fond les glaCIers et les terrams erratiques du bassin du Rhone: «J.e ne crOIS pas commettre une exagération en comptant la bande des blocs erratlques de Monthey parmi 'les objets les plus curieux, les plus remarquab~es et les pl.us .i~structifs q~e l'on puisse trouver dans... les Alpes ... J'invite les geol~gu~s qUI VISItent la SUIsse occidentale à aller voir ce dépôt vraiment extraordll~aI~'e, .. ,» ~n effet, à, cette époque, le sol du coteau, de Monthey à la Bar~az, etaI~ ht~eralement Jonché det blocs erratiques de toutes grandeurs; plu~Ie~rs at~eIgnalent ~n ~olume ~e 1000 m:!, A l'endroit appelé « Montagnière », Ils etaI~~t SI ~?pproches 1 un de 1 autre qu'en touchant l'un on pouvait toucher son vOism. D Innombrables blocs de toutes grandeurs étaient enfouis dans le sol. Pendant plus de 75 ans, toutes 'c es pierres ont été exploitées systématiquement par des hommes de métieI' appelés «graniteurs ». Ils travaillaient setùs ou groupés en petitet associations. La Société des carrières de St-Triphon y a ~gal~ment trava~llé de 1879 ,à 1932, surtout à la Barmaz, Tout ce granit a servi a fane des baSSIns de fontames et de pI'essoirs des soubassements de maisons et d'églises, des col,onnes d'une seule pièce (por~he de l'église de Monthey), des bordures de trotto11's, des encadI'emetllts de portes et de fe~lêtres, des marches d'escaliers qui ont été livrés dans la région et dans la Suisse romande. De cette si riche moraine d'il y a cent ans, que reste-t-il encore? Seulement quatre blocs erratiques renommés et l'un ou l'autre de moindre importance.

LES GRANDS RESCAPES ., ,Deux ,d.es beaux b!ocs erratiques qui nous restent appartiennent à la SoCIete helvetlque des SCIences naturelles: ce sont la pierre des Marmettes et le bloc Studer. Le plus remarquable de la moraine de Monthey et même de toute la Suisse est sans contredit la pierre des Marm~ttes qui a un volume de 1824 m!!. Il y en a de plus grands comme le « B]oc-Monstre » au-dessus de Bex et la Pierredu-Tr~sor pr~s d'Orsières, mais c'est le plus connu, le plus beau, le mieux expose. La pIerre des Marmettes est située à six minutes de Monthey qu'elle do.mine. On l'appelle ainsi parce qu'elle sel trouve dans la région appelée autrefOIS les Marmettes. Elle est surmontée d'une jolie maisonnette blanche au toit rouge, qui existait déjà du temps de Jean de Charpentier, avant 1840. Les dessins lithog~'aphiés exposés au musée du «Vieux Month~y» et dont l'un représente la pIeœre ,des Marmettes sans la maisonnette ont été faits d'après nature a.vant 1830, par ~onsieur Steinlen, professeur de dessin à Vevey. La partie supérIeure de cette pIerre est une plate-forme gazonnée sur laquelle poussent quelques arbustes. On y accède pal' un escalier dont les deI'nières marches sont taillées dans le roc. Chaque nuit, illuminée pal' un puissant projecteur, elle -ressemble à un gigantesque bloc d'or se détachant sur le fond sombre de la montagne.

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Ce merveilleux bloc erratique qui nous est si familier et auquel nous sommes si attachés, Monthey a failli le perdre. En 1904 il est vendu à un maître graniteur. Celui-ci s'apprête à l'exploitation. Tout Monthey s'en émeut. Le Conseil d'Etat du Valais est alerté et lui interdit de commencer le travail. Dans le p rocès-verbal de la séance du 23 mars 1905 du Conseil communal de notre ville nous pouvons lire: «Réunis d'urgence au sujet de la demande d'expropriation de la pierre des Marmettes. Une lette expresse est adressée au Conseil d'Etat lui demandant de prendre une décision urgente parce que le maître graniteur a déjà commencé à faire des trous de mine dans le bloc en qûestion, contrairement à la défense faite par le Gouvernement et qu'il paraît vouloir la faire sauter d'un moment à l'autre ». En réalité, un seul trou avait été pm'foré dans la paroi sud, mais un trou de grande dimension: 6 cm de diamètre et 5 --' à 6 mètres de profondeur. Le bloc devait d'abord être fendu en deux parties. ' C'est probablement cette année-là que se situe l'anecdote suivante: un soir, t out Monthey est en émoi. Des coups de mines sont entendus du' côté de la pierre des Marmettes. La police y accourt. Mais le bloc est intact et personne n e se trouve sur les lieux. Des farceurs avaient simplement voulu «faire marcher les gens» en faisant exploser des capsules det dynamite. Non seulement le Conseil d'Etat, mais ~ussi le Conseil fédéral fut alerté. Le docteur Sarrasin, p résident de la Société helvétique ,des sciences naturelles à Bâle, écrivit à ce sujet: «Le 24 avril 1905, le comité central reçut du Département de l'intérieur u ne invitation, le priant de s'intéresser à la conservation du «Bloc des Marm ettes» qui, dans la glaciolgoie, jouit d'une célébrité sans égale ». Il ajouta un p eu plus loin: «Toutes les tentatives entreprises pour le rachat à l'amiable ont été directement accueillies par une fin de non recevoir ». La pierre des Marmettes est expropriée. Le maître graniteur ne s'avoue pas battu. Il s'adresse au Tribunal fédéral qui écarte son recours: «La Société helvétique des sciences naturelles prend à sa charge tous les frais découlant dei l'expropriation, sauf u ne somme de 2 000.- franc's à la charge de la commune de Monthey». L'acquisition du bloc seul est revenue à 28000.- francs, Sur ce montant, la Confédé,ration a versé 12 000.- francs, l'Etat du Valais 5 000.- francs, la commune de Monthey 2 000.- francs. Le reste, -soit 9 000.- francs, a été couvert pal' une souscription nationale. Le prix de revient du terrain sur lequel repose le bloc s'est élelvé à 3500.- francs. Ainsi, grâce au versement de la somme de 31 500.francs, nous pouvons encore admirer ce magnifique témoin de l'époque glaciaire. L'affaire de la pierre des Marmettes décida la Société helvétique des sciences naturelles à créer, en 1906, une « commission suisse pour la protection de la nature» qui devint, en 1909, la «Ligue suisse pour la protection de la natul'e ». Le bloc Stucler. A l'extrémité nord-ouest de la moraine de Monthey, à la Barmaz, se trouve un autre bloc enatique d'un volume dei 500 m 3 : c'es! le bloc Studer, ainsi appelé parce qu'en 1877 il a été dédié à Bernard Studer (17941887), professeur ,de minéralogie et de géologie à Berne, qui fut le premier à étudier la géologie des Alpes. Cette pierre appartient aussi à la Société helvétique des sciences naturelles. C'est un don de Monsieur Louis Bréganti (18241880), l'un des principaux graniteurs de la région de Monthey au siècle dernier. 17


LA PIERRE A DZO ET LA PIERRE A MUGUETS A 200 mètres de la pierre des Marmettes se dresse la pierre ct Dzo. Elle est posée ou juchée sur Lme autre pierre: de là vient son nom. En effet: «à dzo », elll patois de la région, veut dire « juché, perché sur ». Aujourd'hui, cette expression ne s'emploie plus que pour indiquer que les poules sont sur leur perchoir. La pierre à Dzo est scellée au moyen de ciment à un troisième hloc heaucoup plus petit. Près de la carrière de chaux se trouve la pierre ct Muguets, appelée. autrefois «pierre des Mourguets », vieux mot patois désignant les muguets, et qui n'est plus employé aujourd'hui. Elle est composée de deux hlocs dont l'un s'appuie sur la partie supérieure de l'autre, formant ainsi entre enx un couloir recouvert. Ils constituent comme. une seule masse d'un volume de 1 000 m:!. A la partie supérieure nord se trouve une plate-forme à laquelle on arrive pal' des marches taillées dans le roc. Autrefois, il y poussait des muguets: de là vient le nom de cette pierre. En 1815, la pierre à Dzo et la pierre à Muguets sont dédiées à Je!an-Pierre Pen'audin (1767 - 1858), de Lourtier, qui, le premier a -expliqué comment ont été transportés les hlocs erratiques. L'Etat du Valais les a offertes à Jean de Charpentier, la pierre à Muguets en 1853 et la pierre à Dzo en 1855. En- 1875, elles furent toutes deux données à la Société vaudoise des sciences naturelles. Le 7 juillet 1875, pendant une séance de cette société « il est fait lecture d'une lettre de Monsieur Fayod, ingénieur, petit-fils du géologue de Charpentier: Monsieur Fayod, au nom de sa mère, Madame Fayod-de Charpentier, offre à la Société vaudoise des sciences naturelle,s la possession de deux blocs erratiques dits: la pierre à Muguets et la pierre à Dzo, situés près de Monthey, qui furent autrefois donnés au savant vaudois par le Gouvernement du Valais ». Dans la séance du 7 juin 1876, on met au point les préparatifs de la réunion générale qui se tiendra à Monthey le 28 juin: « Après le hanquet qui aura lieu à 2 hem'es, les membres de la Société et leurs invités se rendront aux blocs erratiques de la "pierre à Muguets et de la pierr e à Dzo dont il sera pris solennellement possession. Monsieur le professeur Renevier (président de la Société) a hien voulu se charger de faire graver sur leur principalè face une inscription qui consacre la cession de ces deux monuments à la Société vaudoise des sciences naturelles ». Ainsi seront sauve3ardés pOUl' toujOUl'S ces quatre gl'ands rescapés de la moraine de Monthey. La rive droite de la Vièze! possède aussi un bloc erratique entre OutreVièze et Choëx. C'est la pierre de Champian, nom de la région où elle se trouve. Son volume est de 80 ma.

QUELQUES ILLUSTRES DISPARUS Parmi les géants de la moraine de Monthey, plusieurs portaient un nom. En voici quelques-uns:

1. La pierre ct Milan: elle se trouvait à 70 mètres au nord-ouest de la pierre à Mugnets, près de la carrière de chaux. Son volume était d'environ 1 000 ma. Elle était ainsi appelée parce qu'un ouvrier originaire de Milan logeait

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sous l'avancement formé par la partie supérieure du bloc. Elle! a été exploitée vers 1890.

2. La pierre du Four se trouvait aussi au-dessus de Monthey. Ce nom lui a été donné parce qu'à sa partie infél'ieure elle formait Lm grand vide ressemblant à un four.

3. La pierre ct IJt[artin d'un volume d'environ 400 m 3 se trouvait à 200 mètres au-dessus du cimetière, à la Tonna, dans la boucle de la grand-route. Son propriétaire, Monsieur Martin, l'a vendue à deux graniteurs qui se sont partagé le hloc. La premièr e partie a été exploitée en 1890 et l'autre quelqües années plus tard. 4. Aux Grands CCHfins, à 100 mètres du collège, au milieu d'une vigne, à l'endroit occupé actuellement par un immeuhle locatif, se dressait aussi un hloc erratique. Il devait être très grand à en juger sur ce que disait son propriétaire à lm maître graniteur: «Venez me débarrasser de cette pierre, je pourrai ainsi récolter deux brantes de plus! » Elle, a été exploitée entre 1860 et 1870. La région de Collombey-la Barmaz était aussi riche en gros blocs erratiques. 5. Il y a 60 ans, on pouvait en voir un de 900 m 3 • Un couloir le traversait dans lequel logeait un saisonnier étranger. TI en avait fermé les extrémités a~ec des planches et dormait sur un lit de feuilles sèches. Comme cet OUVrIer venait de « CardelScia » en Italie, on a appelé ce bloc la pierre ct Cardescia.

6. La pierre ct Muguets de la Barmaz, d'tm volume de 800 ma, était ainsi appelée uniquement parce que, comme la pierre à Muguets qui existe encore, elle etait formée de deux hlocs dont l'un s'appuyait sur l'autre. Elle a été exploitée après 1904. 7. Le plus petit des blocs disparus et portant un nom était la pierre au: Oreilles qui re,ssemhlait beaucoup à une oreille d'éléphant. Elle mesuraIt environ 250 mètres cubes et se trouvait sur Collombey.

LA MORAINE DE BEX Bex, notre voisine vaudoise, possède aussi une moraine avec des blocs erratiques. Elle se trouve à peu de distance du bâtimen~ d~s s.a~ines, sur. le flanc nord de la jolie colline appelée le :Montet (nom patoIs sIgnIfIant: pe!tlt mont), qui s'avance vers la plaine entre l'Avançon et la Gryonne. Cette butte est formée de gypse. De loin on en aperçoit une carrière encore exploitée. Le,s blocs erratiques en calcaire noir qui composent cette moraine proviennent du flaIl-c deG montagnes qui bordent la vallée de l'Avançon. Deux d'entre, eux sont de véritables colosses. Le plus grand, le Bloc Monstre, a été ainsi nommé par Jea"n de Charpentier et lui est dédié. En 1877 il a été offert par J.-P. Rocheren~ à l~ Société vaudoise des sciences naturelles. C'est le plus grand des hlocs erratIques connus. Sa hauteur est de 20 mètres, son volume" le double de celui de la pier'r~ des Marmettes. La mousse le recouvre en gl'allcle partie. -

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A 130 mètres au nard du Bloc Monstre se dresse, en forme de pyramide, un autre bloc, la Pierra-Bessa, nom patois encore employé en Valais et qui veut dire « pierre double» ou jumelle. En effet, il est fendu verticalement du sommet à la base. Cette fente est assez large pour permettre à un homme d'aller d'un côté à l'autre de la pierre. Un petit bloc est coincé à mi-hauteur de cette fissure. La hauteur de la Pierra-Bessa est d'environ 20 mètres. Son volume atteint 1 300 m 3 • Comme la pierre à Dzo, la pieœre à Muguet et le Bloc Monstre, elle appartient à la Société vaudoise des sciences naturelles à laquelle elle a été donnée en 1877 par G. Grenier et F. Chérix. Des salines de Bex jusque près d'Ollon, au flanc de la montagne, on rencontre plusieurs blocs erratiques de calcaire noir, mais de peu de volume, provenant aussi de la vallée de l'Avançon.

E.V. No 5, janvier 1964

TEXTES D'ELEVES

LA MARMITE GLACIAIRE DES C'AILtETT'ES, PRES DE BEX Il existt'l encore d'autres témoins de l'époque glaciaire: ce sont ces cuvettes plus ou moins grandes, appelées marmites glaciaires, formées dans la roche par l'eau que le glacier n'a pas absorbée. Celle-ci, en tombant sur une roche plate y creuse des trous qui s'agrandissent petit à petit. Les pierres qu'elle a amenées y tournoient, entraînées par le courant. Elles en usent lea parois. Au bout de plusieurs centaines d'années, elles seront très larges et très profondes. Entre Saint-Maurice et Bex, non loin du motel, à côté de la ferme des Caillettes, au pied ·d'un rocher de 25 mètres de hauteur, se trouve une de ces marmites glaciaires, la plus grande deI Suisse et peut-être de l'Europe. Son existence est connue depuis fort longtemps. Jean de Charpentiel' en parle déjà en 1840. Jusqu'en 1962, on ne la remarquait presque pas parce qu'elle était remplie de pierres et de teue. C'est en octobre 1962 qu'on a commencé à la mettre à jour, c'est-à-dire à la débarrasser de son contenu. Cel travail a été entrepris par un groupe de membres du Cercle des Sciences naturelles de Vevey-Montreux, sous la direction de leur président, Monsieur Jacques Martin. Chaque samedi, aidés d'une petite équipe d'ouvriers, ils s'adonnaient courageusement à cette pénible tâche qu'ils achevèrent en mai 1963. Cette marmite. glaciaire nous frappe par ses grandes dimensions. Sa profondeur totale était de huit mètres au moins, mais une partie a cédé sous le poids du glacier. Depuis le « goulot », la profondeur est de 4,20 mètres. Son diamètre dépasse 5 mètres. Cette marmite glaciaire n'est pas la seule dei notre région. Il en existe encore d'autres, mais .elles ne sont pas mises à jour. L~une se trouve à un kilomètres des Caillettes, près de la grand-route, à l'endroit appelé « Les Mûriers ». On en a découvert deux autres sur la rive gauche du Rhône, sur le coteau entre SaintMaurice et MassongetX. Monsieur Kuonen, le propriétaire de la marmite glaciaire des Caillettes qui nous a si aimablement donné tous ces renseignements nous dit encore: «TI y avait une marmite glaciaire au-dessus de l'ancienne gendarmerie vaudoise près du pont de Saint-Maurice, mais elle a été détruite lors de l'élargissement du carrefour routier: c'est regrettable, mais le trace ·d e la route était déjà établi. Personne auparavant ne connaissait son existence. Son diamètre était de 7 mètres et sa profondeur de 3 mètres ». 20

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Un des premiers buts de f' école primaire est d'apprendre à écrire correctement. L'imprimerie Freinet et la méthode du «Texte libre» sont autant de moyens conseillés pour y parverÛr . Plusieurs classes valaisannes sont actuellement dotées de l'imprimerie scolaire Freinet. Les textes ci-après proviennent de l'école moyenne d' 1sérables (instituteur: Alf. Monnet) et de la classe d'application de M. loris à Sion. Sans prétentions aucunes, ils représentent dan~ leur simplicité un résultat normal pour des élèves de !Se primaire. Il faut avouer toutefois que beaucoup d'enfants de ce degré n'atteignent pas ce résultat. E.V.

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E.V. No 5, janvier 1964

E.V. No 5, janvier 1964

,L.es ~isea,,~ en hiver

Jeudi après-midi, je me suis déguisé en cow-boy. Un foulard rouge de maman autour du cou, sur la tête, un vieux chapeau de papa, et me voilà roi du FarWest! Juché sur mon «pur-sang» Flika (mon frère Benoît), je m'apprête à me lancer à la poursuite d'un cheval sauvage (ma sœur Catherine). Brides et lasso en mains, un petit coup d'éperon, et départ ... Après une course éperdue, adroitement, je jette mon lasso et je maîtrise la bête.

Voilà le froid qui est là. Les oiseaux s'approchent des habitations. Ils viennent sur nos fenêtres pour nous demander un peu de nourriture. Hier, je leur ai construit une maisonnette dans laquelle j'ai déposé des grains de tournesol. Les oiseaux en sont friands, surtout les mésanges. Placé derrière la vitre, je les vois venir en file indienne chercher un grain et repartir sur l'arbre voisin pour l'ouvrir et manger l'amande qui se trouve à Pintérieur. J'entends aussi leurs gazouillements plaintifs. J'aimerais pouvoir leur offrir un peu de chaleur pour. les jours les plus rigoureux de l'hiver.

François M., Isérables

Bruno C., Isérables

Je possède deux lapins. Bien sûr, c'est moi qui dois m'en occuper. Tous les deux ont le poil luisant. L'un est noir, l'autre gris cêndré: ces couleurs s'accordent. Pas gourmands, ils mangent tout ce que je leur donne: herbe fraîche, déchets de salade, son, restes de repas... J'aime beaucoup les nourrir, car, sitôt qu'ils m'aperçoivent, ils sautent d'un coin à l'autre du clapier. C'est très amusant de les voÏl'. Je voudrais les garder longtemps encore, mais mes parents préfèrent qu'ils soient gras pour Noël.

Pascal C., Isérables

J'ai passé mes vacances d'été à Saubraz, dans le canton de Vaud. Le matin, je m'occupais des poules, des canards, des oies et des lapins. A partir de neuf heures, je coupais du bois ou j'allais travailler dans les champs. Un soir, mon travail fini, je me reposais sur un banc, devant la maison. Un jeune homme passant par là avec deux chevaux attelés à un immense char de paille m'interpella: - Veux-tu venir me donner un coup de main pour décharger ces botte.s de paille? - Volontiers, lui répondis-je. Vite, je m'agrippai au char ... En un clin d'œil tout fut déchargé. Pour récompense, je reçus 2 fr. Ma tirelire s'est un peu plus alourdie.

lean-Bernard C., Isérables 22

23


E.V. No 5, janvier 1964

E.V. No 5, janvier 1964

Je l'ai ' cueillie toute belle, La rose de Noël Pour fleurir la crèche En cette nuit fraîche, Où, tremblant dans L'Enfant sourit aux Les pâtres, près du Présentent quelques

ses langes, Anges; berceau, agneaux.

Les Mages sur leurs chameaux, Tl'aversèrent les hameaux, Portant leurs riches trésors L'encens, la myrrhe et l'or. Je ne suis qu'un pauvre gars, N'ayant den de tout ça. l N'ai qu'une l'ose très belle A offrir pour Noël.

Charles V., Sion

Au retour de l'école, sur la grande table de la salle à manger, j'admire quatre bonshommes en chocolat qui excitent ma gourmandise. D'abord, je les· caresse, je les palpe, ensuite on verra ... Je m'assure si personne ne m'épie. Pas de témoins! Nerveusement, jer déchire l'enveloppe du premier, et j'y mords à belles dents. Pouah !... \ mais c'est une attrape. Ho !... Que ça pique! Je me demande quel est l'auteur de cette farce.

« Aïe! pitié! au secours! tu me fais mal, voyons appuie moins fort! » Si vous vous étiez rendus chez moi samedi à 15 h. 30, vous aul"Ïez entendu pareils cris. Mais laissez-moi vous expliquer que je joue au médecin avec _ ma petite sœur. J'avais eu un accident avec ma «deux chtwaux» et je me trouvais les deux jambes et les deux bras cassés, une fracture du crâne, quatre dents arrachées et quelques petites plaies. Les bras et les jambes plâtrées, - les plaies désinfectées, il restait les bouts de dents coincés dans la gencive. Mais moi, je fais un boucan de tous les diables car je n'aime pas qu'on me «traficote» dans la bouche surtout avec une tenailler. Enfin mon supplice prend fin car ma sœur est découragée. Elle me dit «tu fais beaucoup trop de grimaces et tu cries trop fort ». Tout content, je m'éten~ls dans mon lit et j'appelle l'infirmière pour qu'elle me donne à boire. Seulement, je nel puis trinquer assis à cause de mes bras. Alors elle prend _un entonoir, me le glisse entre les ·d ents et me) verse de l'eau dedans. Je bois un coup puis à bout de souffle, je colle ma langue contre l'ouverture. Seulement elle n'a pas arrêté de m'en verser et vous devinez facilement ce qui est arrivé !

J.-B. Sch., Sion

C'est sans doute ma mère qui veut corriger mes vices. La leçon est piquante car, pendant plus d'une heurer, je ne peux plus articuler lin mot.

Jean-Marc L., Sion 24

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E.V. No 5, janvier 1964

Une sœur institutrice m'a envoyé pour Noël un charmant mobile. Des petl'roquets-cacahuètes en équilibre sur un anneau. J'ai vite écrit à la donatrice pour lui demander quel était l'auteur de cette trouvaille et si je pouvais la reproduire dans l'ECOLE VALAISANNE. li me fut répondu que cela avait été confectionné p ar une ancienne élève de Suisse alémanique, qui avait apporté le modèle à u ne de ses maîtresses, laquelle l'avait montré à la susdite sœur, laquelle l'avait copié pour me l'envoyer ... Bref, impossible de rendre à César ce qui est à César, m algré toutel la probité artistique dont je voudrais faire preuve. Je me contente d onc de remercier le créateur inconnu ou la créatrice inconnu el de ce mobile en souhaitant que nos classes en fassent leur profit en cette saison froide où les cacahuètes sont sur toutes les tables. E.C.

Choisir une cacahuète de ligne harmonieuse et ayant un «bec» bien marqué. J'appelle «bec », l'endroit où le fruit était rattaché à la tige (pédoncule) et qui a effectivement la forme d'un bec de perroquet (fig. 1). Passer ce bec à la gouache ou à l'encre rouge. Pour les yeux, marquel' deux points noirs de chaque côté du bec. En D, coller 4 brins de laine de couleurs différentes, à peu près de 12 cm de longueur; ils figureront les plumes de la queue (fig. 2). Un peu plus haut que D, coller un morceau d'étoffe (feutrine) rouge, bleue, jaune, verte ou violette selon la fig 3. Ce sera les ailes. Préparer ensuite un anneau en papier fort, noir ou de couleur sombre. Diamètre eoctérieur: 7-8 cm. Largeur de l'anneau: 5-7 mm. On peut aussi confectionner un almeau en rotin, en chenillette, en fil de cuivre, etc. Fixer un fil au perroquet par un point de couture sur la feutrine, à la jointure des ailes; puis suspendre l'oiseau à l'anneau de façon qu'il ait l'air perché (fig. 4).

li ne reste plus qu'à organiser le mobile de la façon habituelle.

27

Q


Un mobile

テ能vec

'Perroqueb-cテエc6hu~~e5

,

~

Q


les nombres en couleurs

J'anvier 1964

Il

Bulletin Cuisenaire

PARAIT 5 FOIS PAR AN - ABONNEMENT: FR. 3.- - CHEQUES POSTAUX 1 16713, GENEVE REDACTEUR: S. ROllER, ECOLE DU MAil, GENEVE, S, RUE DU VillAGE SUISSE. TEL. (022) 247960

Ceux qui, en septembre 1962, virent apparaître Georges Cuisenaire sur le petit écran ont-ils supposé que cet homme si alerte fêterait le surlendemain son soixante elt onzième anniversaire? G. 'C uisenaire est, en effet, né en Belgique, à Quaregnon, le 7 septembre 1891. Doué pour la musique, il obtient, à seize ans, les prix d'excellence en violon, solfège et harmonie du Conservatoire de Mons... et décide néanmoins de se faire «maître d'école ». L'école normale de Mons lui ·d écernera son brevet d'instituteur en 1911. G. Cuisenaire elst aussitôt nommé :à Thuin, la petite ville médiévale des bords de la Sambre qui, jadis, vit passer Charles le Téméraire. V olontaire 'd e guerre pendant la tempête 14-18, Georges Cuisenaire «gazé» (comme Célestin Freinet) reprend son poste à Thuin en 1919 portant sur sa poitrine plusieurs distinctions honorifiques dont la Croix du Feu. Pris par son métier de pédagogue et fortement nourri de la sève decrolyenne notre ami se donne corps et âme à ses élèves et à ses collègues. En 1935, il participe à l'Exposition universelle de Bruxelles et publie ses «Leçons Promenades », ouvrage sur l'étude du milieu que préface le regretté chanoine Dévaud de Fribourg. La même ,année une composition musicale « La Ronde du Bonheur» est primée au tournoi pro31


vincial du Hainaut pour la Fête des Mères. D'autres publications verront le jour attestant toute la vitalité de G. Cuisenaire et son inlassable dévouement à l'enfance. Passée la seconde tempête, celle de 39-45, le «chef d'école» de la Ville Basse se remet à l'ouvrage plus vigoureusement que jamais. Un problème le préoccupe: comment aider les enfants - les doués et surtout les moins doués - à surmonter les difficultés qu'ils éprouvent en arithmétique ? G. Cuisenaire, en musicien qu'il est, rêve de pouvoir munir les enf.ants d'un « clavier» mathématique qui leur permettel de jouer avec les nombres et de s'en rendre maîtres. C'est alors qu'apparaissent des bandelettes 'd e carton coloré suivies bientôt - c'était en 1947 - par les premières «réglettes ». Les essais furent nombreux et Madame Cuisenaire - une épouse admirable, toute dei dévouement, de patient labeur et de tendresse m,aternelle - dut supporter, dans son logis, la présence ·d e «bouts de bois» de toutes formes et de toutes couleurs. Un jour enfin, comme poUl' Edison, le problème se trouva résolu: avec leur clavier de dix réglettes les écoliers de Thuin faisaient, dans la joie, de la bonne, de la très bonne arithmétique. En 1951, la Maison Duculot de Tamines fabrique les réglettes et les répand parmi les enseignants, alertés d'ailleurs par le professeur Natalis de Liège dont les articles publiés dans le « Moniteur des instituteurs» ont largement contribué à faire connaître les Nombres en couleurs. Ce fut enfin la rencontre avec Caleb Gattegno dirigé vers Thuin par Fernand Hotyat, directeur de l'Institut supérieur de pédagogie du Hainaut. Ecoutons Gattegno: «L'idée est si merveilleusement simple qu'elle ne pouvait pas échapper à l'attention de tout le monde et attendre des circonstances exceptionnelles pour être saisie. Le génie d'Archimède s'est étonné de la poussée éprouvée par son corps dans le bain; celui de Newton que les objets tombent, ce que tout le monde éprouvait tous les jours sans s'y arrêter. Georges Cuisenaire a vu que la base de la mathématique était la relation ou les relations et il a produit un matériel qui existe de ce fait; il a coloré à l'aide de teintes proches ou lointaines selon que leurs longueurs sont des rapports évidents ou pas. Si deux nombres sont le double l'un de l'autre, leurs couleurs sont très proches (l'ouges, verts, jaunes). Si, au contraire, ils n'ont rien de commun, ils sont fortement distincts (l'ouge et noir, ou jaune et bleu, etc.). »Dix réglettes de couleurs différentes, de longueur croissant d'un centimètre chaque fois, de un à dix, mais en quantités suffisantes, permettent d'élaborer le développement de la plupart des questions d"" 32

programme de l'enseignement primaire et secondaire en ARITHME,-, TIQUE et en ALGEBRE. Certaines questions de GEOMETRIE metrique également.» . Georges Cuisenaire dire-cteur des écoles communales de ThuIn, a vu dès lors sa famille' s'agrandir immensément. Tous les ~ducateurs qui sont allés le voir travailler dans sa class.~, tous ceu~ - lI~nombra­ bles - auxquels il a rendu visite (sa premlere ve?ue a Geneve d~te, je crois, de 1955) sont bien vite devenus ses fils, objets de sa plus bIenveillante sollicitude. GeorgelS Cuisenaire, maître d'école avant tout et. toujol~rs, a opiniâtrement voulu le bonheur des enfants. Il les a f alto couru d~ns la campagne et observer la nature; il les a fait chanter; l~ le~ a faIt calculer et, chaque fois, il a su les rendre heureux. A cet lnst~tuteur modeste devenu pour des milliers de ses collègues un «m~ltre », nous adressons, en ce début d'année 1964, nos vœux et l'eXp l'cJslon de notre profonde gratitude. S.R.

MOYENNES ARITHMETIQUES Soit les valeurs 5, 4 et 8 représentéelS par les R j, c et m. Quelle est leur moyenne ? Il faut partager la longueur totale (17) en 3 parts égales. Essayons. 3 Rf..., c'est trop. 3 Rj ... , ce n'est pas assez. Il y a encore 2 à partager en 3 parts égales. Que faire? Rappelons-nous que nous pouvons toujours partir d'unités autres que la Rb. Puisque, ici, il s'agira d'un partage en 3 parts égales, réalisons

les valeurs 5, 4 et 8 avec des Rv. Disposons en ligne 5 Rv, puis 4 Rv, puis encore 8 Rv. Partageons ... et commençons par des parts de 5 unités chacune. Nous trouvons encore un dépassement de 2 unités. Or ces 2 unités étant constituées par 2 Rv sont « partageables» en 3 parts égales, chaque part valant 2/3 d'unité 'soit 1 RI'. Composons alol"S avec précision les 3 parts égales. Chacune d'elles est constituée par 5 unités (Rv) 2/3 d'unité (Rr). Réponse: la moyenne des valeurs 5, 4 et 8 est égale à 5 2/3 unités. S.R.

+


- - - - - -_ _ _ E N ECO UTANT_ _

Madete;;u: 4~lAtard Notes prises lors de son passage à Genève en novembre 1963

Principe de base: avoir une attitude non-enseignante. Toute méthode a quelque chose de fini, de figé; le maître doit demeurer lui-même en état de créativité; ses élèves y seront aussi. Cessons de vouloir leur apprendre quelque chose; donnons-leur plutôt l'occasion de tout inventer. Cela vous paraît difficile? - Allez plus loin; faites-en plus ! Ne ralentissez pas; accélérez ! Pilier central: la création libre. Dans la même classe, il ne devrait jamais y avoir deux leçons identiques; si cela était, c'est que vous n'auriez rien fait dans la première. Si vous croyez manquer de temps pour faire usage des réglettes c'est que vous en perdez. Critère de la qualité d'une classe: comment les élèves se débrouillent-ils en présence d'une situation absolument nouvelle? - Il faut les rendre capables de trouver très vite ce qu'ils ne savent pas. Leur donner pour cela des outils de recherche. Penser d'abord, juger, puis vérifier. Ainsi s'établira leur triomphe sur la réalité. Aller de la pensée mathématique aux faits; non le contraire. Pensée anticipatrice. Eviter qu'ils ne mettent leur confiance dans l'approbation des adultes; les aider plutôt à établir des critères intérieurs de vérité. Connaître la physionomie d'un nombre, ce n'est pas connaître ce nombre. D'ailleurs connaître un nombre est inutile; ce qu'il faut c'est être en possession d'une méthode qui permette de les connaître tous. Les connaissances ne valent qu'en tant qu'instruments ... pour aller plus loin. Changer d'optique: ce ne sont pas les résultats qui comptent mais l'acte de la pensée. Dès qu'ils savent, ils ne font plus de mathématiques; le savoir bouche la pensée. Savoir peu, pouvoir beaucoup.

Peu suffit pour découvrir tout le reste. L'essentiel: leur donner des instruments pour penser. Les entraîner, par exemple, au jeu des substitutions mentales, p, la recherche des équivalences: 6 =

2

+4

7

1

2 X 3

18 : 3 X 17

5/ 17

+

1/17

X 17

y36 1/ 2

(Il -

1) -

1 12

+

Y

1/ 2

X 2

5

Les erreurs sont sans importance. Elles peuvent donner lieu à des discusswns fécondes. L'écriture: penser, puis objectiver sa pensée sur le papier. Ainsi, ne jamais écrire en présence des réglettes, à partir de ce qu'on voit; n'écrire que ce que l'on a, d'abord, pensé. L'écriture, alors, vient d'un jet. Laisser les enfants dans le concret, c'est les retarder. C'est une erreur que de rechercher le concret. L'excès des réglettes est nocif. Plus ils aligneront des réglettes, moins ils calculeront. Les réglettes sont des modèles mathématiques. Elles sont très abstraites; elles ne « représentent» rien. Mais, à partir d'elles, on peut mathématiser. Vouloir «illustrer» les faits mathématiques avec les réglettes, c'est faire de la pédagogie traditionnelle. Les réglettes ne servent qu'à « édifier» les mathématiques. Ce qui importe: faire des expériences. Donc créer les conditions qui permettront que se produisent les expériences favorables.

18 noveInbre 1963.

S.R.

Madeleine Goutard l'end compte des expenences faites par eUe, pendant trois ans, au Canada dans un ouvrage puissall't que quiconque emploie les réglettes de Georges Cuisenaire ne pourra pas ne pas avoir lu: «LES MATHEMATIQUES ET LES ENFANTS» - Neuchâtel, 1963, Delachaux et Niestlé, 189 pages.

35 34


DES EXERCICES QUALITATIFS ... POURQUOI? Qu'est-ce, au juste, qu'un exercice qualitatif dans le domaine du calcul? C'est une opération faite sur des objets sans que cette opéra. tion ou ces .objets donnent lieu à une symbolisation numérique. Ainsi je peux placer deux réglettes rune au-dessous de l'autre, les réglettes marron et jaune, par exemple, et constater que la réglette jaune étant plus petite que la réglette marron, il faut lui ajouter une réglette vert clair pour obtenir une iJ.ongueur égale à celle de la régiette marron. J'ai, qualitativement, «joué» une soustraction (que faut-il ajouter à 5 pour obtenir 8). Si maintenant j'ajoute à la réglette malTon et à 'la réglette jaune une autre réglette (une réglette carmin, par exem· pIe), je constate de nouveau une différence: le train marron-carmin est plus fong que le train jaune-carmin. De quoi est-il plus long? De la valeur d'une réglette vert clair. Et si j'allongeais encore les trains précédents au moyen d'une réglette noire, que se passerait-il ? On ver· rait que le train marron-carmin-noir est plus long, de une réglette vert clair, que le train jaune-carmin-noir. Cet eXe1'cice serait l'Hlustration de la règle qui dit que la différence de deux grandeurs inégales reste la même quand on ajoute alLX deux grandeurs initiales des quantités égales. La traduction numérique de ce qui vient d'être fait serait:

8 5

(8 (5

+ 4) + 4)

12 9

3

3

(8 (5

+ 4 + 7) + 4 + 7)

19 16 3

Cette traduction est utile. Elle n'est néanmoins que seconde par rapport à l'acte sous-jacent qui l'a précédée. Ce dernier, en effet, est primordial car on sait - et cela avec une netteté particulière depuis les travaux de Jean Piaget - que la pensée est faite d'actes, d'actes concrets d'abord, d'actes intériorisés ensuite. Il résulte de cela que la pensée abstraite - la pensée ràtionnelle, la pensée des mathématiques - ne peut se constituer valablem.e nt que dans la mesure où l'enfant a eu l'occasion de « jouer» cette pensée sur le plan moteur avec ses nerfs, ses sens et ses muscles. Les exercices qualitatifs ne visent qu'à cela: provoquer ce «jeu» des actes de base et en assurer les justes coordi· nations. Les exercices qualitatifs sont destinés, d'abord, aux très jeunes enf ants, ceux de quatre et de cinq ans. Ce serait cependant une erreur de croire qu'ils ne concernent pas des enfants plus âgés (7·10 ou 12 ans).

36

--------~----

A tout âge des notions fondamentales gagnent à être d'abord jouées avec des objets concrets avant d'être pensées dans l'abstrait. Ainsi en va-t-il, par exemple, des progressions géométriques. On les .réalisera avec les réglettes en constituant des carrés (3 réglettes vert clair), des cubes (9 réglettes vert clair), des colonnes (27 réglettes vert clair). GATTEGNO (Caleb), ROLLER (Samuel), LAEDERACH-HURNI (Germaine), EXCOFFIER (Evelyne) - Exercices qualitatifs - Ouvrage d'une trentaine de pages à paraître aux Editions Delachaux et Niestlé, Neuchâtel.

NOMBRES SYMETRIQUES 1E'ir ELEMENT NEUTRE Les réglettes n'ont, en eUes· mêmes, aucune valeur numérique. Chacun sait cela et on ne le répètel'a jamais assez. Une réglette ne prend une valeur numérique que par référence à une autre réglette qui lui sert de mesure. Ainsi la réglette vert foncé ne vaut 6 que par référence à la régleue blanche. Si cette même l'églette vert foncé est mesurée avec la l'églette rouge, elle vaut 3. Représenter des nombres avec des réglettes suppose la formation de couples de réglettes, couples dans lesquels on distingue un me· surant et un mesuré; le rapport établi entre les deux étant la mesure, le nombre lui-même. Ainsi du cou pIe f;r = 3 Chaque fois on peut inverser les termes, le mesurant devenant le mesuré: l';f = Ij3

Les deux nombres obtenus, en invell.'sant les l'apports, sont deux nombres symétriques. On peut aussi les appeler, dans le groupe multiplicatif, nombres inverses. Si on considère les deux couples f;r et r;f et qu'on utilise l'un des deux comme opérateur pour agir sur l'autre, on obtiendra 1 qui est l'élément neutre du groupe multiplicatif. Le tiers de f;r vaut fj3;r ou 1';1' ou 1. Trois fois r;f vaut 3r;f ou ·f;f ou 1. On peut aussi multiplier les deux couples l'un par l'autre en formant un produit en croix avec les deux mesurés et un autre produit en croix avec les deux mesurants. On a alors:

f X r

1 l'

X

f

S.R. 37

-


L'asthme LES REGLETTES DANS LE MONDE ••. Madame Simone Bussières, directrice adjointe des écoles élémentaires de Québec a entrepris une vaste enquête sur la diffusi~~ du matériel CuiseiIlaire. Les réponses à un questionnaire adressé aux ministères ,de l'éducation proviennent des pays suiv,ants: Canada, USA, Bermudes, Hawaï, Puerto Rico, Rhodésie, Australie, Nouvelle-Zélande, 'E gypte, Israël, Angleterre, Ecosse, Irlande du Nord, Norvège, GrandDuché du Luxembourg, France, Suisse et Belgique. Quelques extraits du rapport de Madame Bussières, daté du 22 mai

1963: Saskatoon, SASKATCHEWAN: En juin dernier, nos six classes expérimentales de 4e année ont accompli l'ouvrage d'une année au-dessus des conditions requises du programme actuel. Cette année, en 5e année, ils feront l'ouvr,a ge du début de la 7 e année et seront aussi initiés à la forme élémentairel de «l'Ensemble Théorique» qui est sollicité dans leurs études.

H.C. Trout ,assistant secrétaire, La Fédération des Instituteurs de la Saskatchewan 38

,

un mal meconnu

Perth, AUSTRALIE de L'OUEST: La méthode Cuisenaire est employée dans environ 100 ,d e nos écoles primaires. Deux inspecteurs visitent celS écoles l-égulièrement pour conseiller les professeurs.

Hobart, TASMANIE: Les professeurs et les administrateurs tasmaniens sont très impressionnés par les progrès rapides que font les enfants qui étudient d'après cette méthode. Les mathé- . maticiens sont également impressionnés par l'entraînement de hase qu'elle donne et par le développement des concepts mathématiques fondamentaux. L'eocpérience démontre clairement l'absolue nécessité d'entraîner les professeurs à l'emploi du matériel Cuisenaire avant qu'il leur soit permis de l'adopter ·dans leur classe.

Wellington, NOUVELLE-ZELANDE: Nous pouvons dire qu'en Nouvelle-Zélande, nous reconnaissons que les mathématiques sont structurelles, donc l'étude des mathématiques consiste à étudier leurs structures. Par conséquent, des matériaux structureJs sont de plus en plus employés dans les écoles. Cependant, nous n'acquérons pas ceICÏ par la méthode Cuisenaire seulement mais aussi par Stern-Adsum et Dienes. La méthode Cuisenaire est particulièrement valable à cause de la flexibilité dans son usage, et la découverte et vérification que les élèves peuvent faire par eux-mêmes.

Combien de famiJles en Suisse connaissent Il 'angoisse de la 'p rochaine crise, qui laissera leur enfant à demi étouffé et sans force? Cela commence parfois 'p ar une maladie d'enfance apparemment inoffensive, par une coque1luche ou une bronchite. Puis l'asthme apparaît subitement : oies l èvres deviennent Meu es, les joues se gonflent, l'enfant cherche désespérément 'de l'air. La crise peut durer plusieurs heures, parfois ,des jours entiers, laissant tous 'les proches d ésemparés, l'asthme étant encore 'chez nous un ma] méconnu, en dépit de ses nombreuses victimes - aduhes et enfants·. La science médicale ne se trouve <toutefois pas ,dans ~e même état d'ignorance. Elle connaît les nombreuses formes que peut prendre le mail , des difficultés respiratoires occasionnelles aux trouh'les dm'aMes et profonds affectant non seU'lement la respiration, mais l'état général. On a constaté que, même entre les 'p ériodes de crise, l'asthme peut continuer à entraver sensih lemen<t Il e fonctionnement de l'appareitl respiratoire, souvent sans que Il e malade en ait clairement conscience. On ,connaît les déformations de la cage thoracique, Il e dos rond de l'astmatique et - ce qui est le plus grave - ,l'influence du mal sur son comportement psychologique, Les relations avec l'enfant asthmatique sont difficiles. Son insta,b ilité, sa susceptibi'lité e1 son agressivité mettent souvent son entourage à rude épreuve. 111 a de <la peine à se faire comprendre et à vivre en commun avec d'autres personnes·. H suffit d'être en honne santé pour être cons'i déré 'p ar 'l ui comme un ennemi. Pour queUe raison s'est-on si ,p eu préoccupé ,d es asthmatiques jusqu'à présent? Sans dou te à cause des autres ma1ladies qu'il était urgent de combattre, au 'p remier rang desquelles nous citerons la tuberculose, qui n'est pas encore vaincue, le rhumatisme e1 ,l e cancer. Une autre raison peut ê tre recherchée dans la difficu:lté de connaître 1e nombre des personnes atteintes d'asthme dans notre pays, Pro Juventute estime à 5000 environ le nombre des enfants asthmatiques: Peut-être y en a-t-il en ,f ait ,b eaucoup p'l us, Nous s-avons qu'en Angleterre 30000 personnes environ meurent ,c haque année des suites de ~'asthme et de la bronchite. Comment soigne-t-on les asthmatiques? On doit tenir compte du fait que les, causes de la maladie, su rtout chez les enfants, peuvent être non seulement physiques, mais éga1lement psychiques. Il n'y a donc pas de traitement type, toujoursap,p licah'le. Le pédiatre choisira dans ch aque cas 'Particulier le traitement Je plus adéquat: changement d'air et de climat, soi<t 'c ure en montagne ou séjour prolongé au bord de la mer; médicaments, thérapie «aérosol»; désensibilisation ,a yant pour but d'habituer .l'organisme aux a'g ents ,p rovocateurs' d'asthme; gymnastique respiratoire ,destinee à décontracter tout l'appareil res'p iratoire ainsi que chose ,p articu<lièrement importante chez les enfants - à relâcher ,'la tension psychique; traitement des voies respiratoires supérieures; traitement psychothéra'p eutique, souvent nécessaire 'l orsqu'i'l s'agit d'enfants prédisposés à des névroses. A côté du traitement par médicaments et de la psyohothérapie, les cures climatiques en haute montagne prennent toujours p'l us d'importance. Depuis nombre d'années, Pro Juventute y consacre plusieurs dizaines de miNiers de .francs. Son aide restera abso'lument indispensable tant que l'Etat et des caisses d'assurance-maladie ne mettront pas à disposition des moyens suffisants pour les cures d'asthmatiques. Souvenons-nous de cette aide Il orsque les timbres et 'les cartes de vœux Pro Juventute nous sont offerts PRO JUVENTUTE

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