Résonances, mensuel de l'Ecole valaisanne, mars 2014

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Le PER sur le terrain

No 6 - Mars 2014


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www.resonances-vs.ch

Découvrez tés les nouveau chaque en parallèle à tre numéro et en ier ap les éditions p pour plus de réactivité !


L e numéro en questions Quelles sont les impressions sur le terrain à propos du PER? A part le petit dossier consacré à cette thématique (pp. 4-12), vous trouverez aussi des indices via les rubriques des animateurs (éducation physique, sciences de la nature, éducation musicale, français, AC&M) qui proposent des activités PER-compatibles, mais aussi via quelques articles sur des visions plus générales, dont l’interview de Stevan Miljevic, enseignant au CO de Grône (pp. 44-45), et celle de Jean-Marie Cleusix, nouveau chef du Service de l’enseignement (pp. 49-51). En lisant les avis des uns et des autres, il en ressort un premier «bilan», plutôt positif, mais avec des nuances, à propos du PER.

«J’ai toujours près de moi six fidèles amis. C’est à eux que je dois tout ce que j’ai appris. Leurs noms sont Quand, Où, Quoi, Comment, Pourquoi et Qui.» Rudyard Kipling

Pourquoi des écrans dans la classe? En faut-il plus? Ou moins? Dans ce numéro, en réponse à ces interrogations technologiques, vous pouvez découvrir l’avis de Dominique Savioz, concepteur du Lirekit, un outil audio sans écran pour favoriser l’apprentissage de la lecture (pp. 13-15), et celui d’une classe d’une institution privée d’enseignement spécialisé à Lausanne qui vit la pédagogie inversée (pp. 36-37). Attention, il serait faux de croire qu’il faille voter pour ou contre les écrans à l’école. Mais peut-être que ces articles pourraient inciter au questionnement sur leur place, plus exactement sur les moments, les lieux et les manières de les utiliser. Et vous pouvez compléter cette réflexion, avec un volet qui concerne les loisirs extrascolaires des jeunes en lien avec les performances scolaires. L’article présente les résultats d’une vaste enquête réalisée en France sur la lecture en danger face à l’omniprésence des loisirs numériques (pp. 33-35). Là le plaidoyer n’est pas non plus forcément anti-écran, mais très clairement en faveur de la lecture (papier ou tablette).

Quand sortir et pour aller où? L’offre en spectacles scolaires est riche dès le printemps. Vous serez peut-être tenté d’assister à l’un d’eux: vous avez le choix entre le Roi David d’Arthur Honegger, concert donné par le chœur des Collèges et l’orchestre du Conservatoire cantonal (p. 27) ou le Le cercle de craie caucasien de Bertolt Brecht, spectacle mis en scène par Stéphane Albelda, enseignant au Lycée-Collège des Creusets à Sion et joué par la Troupe du LCC (pp. 28-29). Bien sûr, vous pouvez aussi cumuler. Et ajouter à votre programme une manifestation linguistique, avec le Symposium des langues organisé à Sierre (p. 26). Bonne lecture du numéro.

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Nadia Revaz

Comment les élèves perçoivent-ils ce qui leur est proposé à l’école? Comment s’orientent-ils dans le système de la formation? Comment cheminent-ils vers le monde du travail? Ce mois, les opinions d’élèves sont nombreuses au fil des pages. Les plus petits (de l’école primaire à Troistorrents) parlent théâtre (p. 21), les plus grands (collégiens à St-Maurice) racontent leur rencontre avec l’écrivain et cinéaste français Philippe Claudel (pp. 22-23), un élève en EPP évoque son parcours scolaire et la difficulté d’être bon dans une branche, mais nettement moins dans les autres (p. 25). Enfin un jeune explique comment il a réalisé, avec sa famille, un calendrier perpétuel valaisan, à partir d’un projet scolaire (p. 32).

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S ommaire

Le numéro en questions

N. Revaz

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Réseau de la formation Echo de la rédactrice Education physique Sciences de la nature Carte blanche Secondaire II Education musicale Fil rouge de l’orientation Du côté de la HEP-VS Concert Ecole-culture CPVAL Réflexion Développement durable Recherche MITIC Français Doc. pédagogique Ressources en ligne AC & M Mémento pédagogique Rencontre du mois Revue de presse

Infos DFS Infos Les dossiers

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Dominique Savioz, l’enthousiasme en partage – N. Revaz Liberté d’expression – N. Revaz En équilibre, en pyramide, de plus en plus haut… – Le team «animation EP» Des jeux spontanés aux Sciences de la nature – N. Magnin Des élèves de Chemex (Troistorrents) au théâtre – B. Antonin Des collégiens ont rencontré Philippe Claudel – N. Revaz Chansons sans frontière – J.-M. Delasoie & B. Oberholzer Alexandre Martroye de Joly, bon en maths mais… – N. Revaz Symposium des langues à Sierre – P. Clivaz Honegger et Verdi pour 30 ans d’existence – P. Pannatier

Stéphane Albelda, passeur culturel – N. Revaz Repenser le long terme – P. Vernier Redonner au travail journalistique toute sa valeur – M. C. Lipani Vaissade Florent Zabloz, étudiant et créateur d’un agenda valaisan – N. Revaz Les loisirs à l’ère du numérique: la lecture en danger! – A. Lieury & S Lorant MITIC et classe inversée dans l’enseignement spécialisé – N. Revaz Sentier didactique: le déterminant – P.-M. Gabioud DVD-R documentaires: les suggestions du mois – MV Valais - St-Maurice / M.-F. Moulin L’énergie en tant que matière enseignée – SuisseEnergie / N. Revaz PER: Travaux manuels au CO, une nouvelle orientation – L. Emery A vos agendas – Résonances Stevan Miljevic, enseignant et blogueur – N. Revaz D’un numéro à l’autre – Résonances

Rapport sur l’éducation 2014: résultats valaisans – DFS Regard de Jean-Marie Cleusix, chef du SE – N. Revaz Les dossiers de Résonances Résonances - Mensuel de l’Ecole valaisanne - Mars 2014


L e PER sur le terrain Comment le Plan d’études romand est-il vécu sur le terrain, dans les divers

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Le PER vu par Christophe Germanier N. Revaz

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Le PER pour se questionner sur ses pratiques D. Constantin Raposo

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Regards croisés sur le PER N. Revaz

domaines et cycles d’enseignement? Via des témoignages écrits et des interviews, vous pourrez lire quelques impressions et suggestions d’ajustements… Un dossier qui dépasse les frontières du dossier, puisqu’il est aussi question du PER, par petites touches, dans les pages rubriques et infos. Au final, un modeste tour d’horizon.

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Le PER, nouvelle façon d’aborder le programme A. Zwahlen

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Le PER, de la PERmutation à la PERmission C. Keim

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Le PER et moi, émoi M.-C. Dussez

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L’apprentissage par cycles de 4 ans: la force du PER! F. Lathion

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En maths, adéquation PER et MER H. Schild

Infos A découvrir pp. 49-51, l’interview de Jean-Marie Cleusix, chef du SE.

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L e Plan d’études romand

vu par Christophe Germanier Christophe Germanier, chef de projets pédagogiques au DFS, a assumé la responsabilité du suivi de l’introduction du Plan d’études romand (PER), s’occupant notamment de la coordination des formations dans tous les degrés de la scolarité obligatoire pour le Valais romand.

nales très différentes qu’il a fallu mettre ensemble, d’autant qu’il a toujours été dit que le PER ne devait pas devenir un guide didactique ou méthodologique. Exercice réussi ou pas, c’est un peu tôt pour le dire et il faudra voir avec les MER.

En histoire-géo, d’aucuns estiment que le guidage est néanmoins préChristophe Germanier, même s’il est un peu tôt pour faire un bilan sent, avec une place dominante acde l’introduction du PER, quelle est cordée aux démarches... votre impression de ce qui est vécu Les débats sur ce qu’il fallait privilésur le terrain? gier dans ces branches ont été nomLe PER a été introduit progresbreux. Lors des premières écritures, sivement sur 3 ans et dès la 1re il y avait davantage de listes concerChristophe Germanier, chef de année, le SE, via les inspecteurs et nant ce que les élèves devaient saprojets pédagogiques au DFS. voir, toutefois au fil des discussions en collaboration avec les directeurs ainsi que les enseignants, a suivi de la capacité à avoir une approche hisprès cette mise en place en vue de petits ajustements. Il torique et géographique a paru prioritaire. N’oublions en ressort que, et je partage cette lecture, ce n’est pas pas qu’il y a quelques années la résolution de problèmes directement le PER qui pose problème. Les difficultés en mathématiques avait fortement déstabilisé. proviennent davantage de ce qui l’entoure, à savoir la nouvelle loi sur le CO, la nouvelle grille horaire et les Par ailleurs, la transversalité des MITIC dérange parfois… nouveaux moyens d’enseignement. Et dans certains deL’école aujourd’hui ne peut se passer du développegrés du primaire, tout est aussi arrivé en même temps. ment des compétences multimédia, mais en les intéEn Valais, on a toujours dit «pas de PER sans MER» et grant aux disciplines, car les MITIC pour les MITIC cela on a fait un effort considérable pour mettre à disposine fait pas sens. tion des moyens dans les domaines où ils ne sont pas encore réalisés au niveau romand. La liberté pédagogique n’est-elle pas un peu entravée avec le PER? Certains enseignants se sentent quand même un peu A mon sens, plus le cadre est précis, plus l’enseignant a déstabilisés avec ce PER… de libertés. Et l’enseignant valaisan n’aime pas le flou… Le PER est effectivement un outil très complexe. Ce plan est par contre plus précis que l’ancien. Reste que A vos yeux, le PER va-t-il entraîner une hausse ou une ce n’est pas la révolution. baisse de niveau des élèves? Certains disent que le PER est trop ambitieux, d’autres A l’école enfantine, ça l’est tout de même un peu… qu’il ne l’est pas assez. Il faut bien se rendre compte Oui, parce que c’est la première fois que l’école enfanqu’on parle désormais d’un projet global de formation de tine est pleinement rattachée à l’école obligatoire, avec l’élève. Dans l’ensemble, je pense qu’il est plus exigeant. un plan d’études détaillé, mais la faculté d’adaptation du corps enseignant a été extraordinaire. Quels sont les ajustements possibles? Désormais c’est un travail d’accompagnement qui est mis en place, et là c’est l’animation pédagogique qui Dans le PER lui-même, si l’on prend l’exemple du domaine des Sciences humaines et sociales, les changeprend le relais en proposant soit des fils rouges, soit des ments ne sont pas si simples… exemples d’activité, etc. Très clairement, c’est ce domaine qui a posé le plus de difficultés, en partie en raison des réalités cantoPropos recueillis par Nadia Revaz

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L e PER pour se questionner sur ses pratiques

Des nouveautés, sous forme de moyens, apportent une touche de fraîcheur bienvenue. Elles sont une entrée concrète et pratique dans la philosophie du PER. Et

comme avant tout grand nettoyage, il faut du courage, la touche de dynamisme est donnée par le gros travail des animateurs au travers d’Internet. Néanmoins, quelques tâches demeurent. En effet, j’avais l’habitude d’une certaine systématique, d’un ordre bien défini, or la tendance actuelle est plutôt aux doux mélanges et aux hasards salutaires. J’ai donc parfois l’impression que l’on nous demande de passer un coup de peinture sur une structure branlante. A mon avis, il manque une chronologie précise des apprentissages. Comme on ne commence pas à balayer un escalier par le bas, il y a dans l’enseignement une logique à respecter, et malheureusement elle n’est pas toujours énoncée clairement.

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Le PER, certains le voient comme un cataclysme et l’abordent avec une grande appréhension. Pour ma part, je le vois comme une incitation/obligation à se poser des questions sur ses habitudes pédagogiques, comme une occasion de faire le point sur ses pratiques. L’arrivée du PER m’a, certes, permis de faire un grand ménage dans mes classeurs, donner un bon coup de balai, redonner un bel éclat aux activités et objectifs indispensables, moderniser ce que le temps a flétri, et trier, classer tout en m’interrogeant sur la pertinence de mes choix. Mais, il a fallu du temps pour apprivoiser les 5 brochures ainsi que les nouvelles formulations, et il en faut encore. Certaines approches sont différentes, mais les fondamentaux sont des constantes depuis bien des années, ce qui avait de la valeur jusqu’à maintenant n’est pas à jeter, au contraire. Ce qui était ressenti de façon intuitive, du moins à l’école enfantine, est maintenant écrit, donc plus clair et peut-être plus rassurant, ou, plus contraignant.

D. Constantin Raposo

Daphnée Constantin Raposo Enseignante 1H/2H à Grimisuat

PER MITIC Dans le cadre scolaire, les MITIC jouent des rôles multiples, comme: discipline scolaire par l’apprentissage des outils informatiques et multimédias; outils permettant de développer et élargir les pratiques scolaires en général; développement de l’esprit et de l’indépendance critiques face aux médias, voire aux développements technologiques, participant ainsi à l’Education à la citoyenneté. Ainsi, contrairement aux autres thématiques, les MITIC sont déclinés, comme pour les domaines disciplinaires, en Progression d’apprentissage et Attentes fondamentales accompagnées d’Indications pédagogiques. Dès les premières années d’école, la majorité des élèves connaissent déjà de nombreux objets technologiques et informatiques. Le rôle de l’Ecole est donc, avant tout, de favoriser la prévention liée à l’ensemble des outils numériques et de donner l’accès à la culture média et à la culture TIC. www.plandetudes.ch/web/guest/mitic

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L e PER, nouvelle façon

d’aborder le programme L’arrivée du PER aurait pu me compliquer la tâche, mais j’ai décidé de l’accueillir comme une manière différente d’aborder un programme scolaire vieux de presque 30 ans. Je trouve le document en lui-même pas facile d’accès au premier abord. Puis, lorsque je me plonge dans la partie qui m’intéresse, je réalise que les compétences sont clairement libellées. Le domaine est vaste. J’ai le risque de me perdre en voulant toucher à tout. Je prends la liberté de faire une sélection pour construire les séquences. En ce qui concerne le découpage, une journée de collaboration avec mes collègues au mois de juin et le tour est joué. Les séquences sont prêtes. Oui, mais y a-t-il un lien avec notre méthode Geni@l? Vais-je devoir créer des fiches? Eh bien, non. Cela correspond. Il me reste à intégrer les capacités transversales, telles que les stratégies d’apprentissage et la collaboration en laissant mes élèves échanger sur leur manière d’étudier le vocabulaire. J’ai la chance, avec une langue vivante, d’avoir un réservoir de matériel audio et vidéo me permettant d’insérer les MITIC faisant partie de la formation générale. Il est vrai que le temps investi à construire les moments d’enseignement n’est pas négligeable. Il y a là une nouvelle façon d’aborder le programme scolaire. Je suis enseignante spécialisée et je trouve dans les compétences transversales de quoi donner du sens aux apprentissages de mes élèves en difficulté. Les atteintes fondamentales me permettent de planifier leur progression. Je consulte les objectifs et compétences visés du cycle 2. Je ne sais pas où est le vôtre de PER, mais j’oublie facilement de m’y replonger. Ce matin, je me connecte sur la page www.plandetudes.ch/per et profite pour me faire une petite mise à jour. L’onglet Ressources propose des exercices en lien avec le PER et la discipline. On y trouve des compléments numériques aux MER. Je ne peux que vous inviter à vous rendre sur le site et vous souhaite une belle lecture.

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Alexandra Zwahlen Enseignante spécialisée et d’allemand au CO de Collombey-Muraz

A. Zwahlen

Le PER et son contexte Le Plan d’études romand (PER) détermine un projet global de formation de l’élève. Il décrit ce que les élèves doivent apprendre durant leur scolarité obligatoire et les niveaux à atteindre à la fin de chaque cycle (fin de 4e, 8e et 11e année). Le PER s’inscrit à la fois dans le contexte de la Constitution fédérale (art. 62, al. 4) et de l’Accord intercantonal sur l’harmonisation de la scolarité obligatoire (Accord HarmoS). Basé sur la Déclaration politique relative aux finalités et objectifs de l’école publique du 30 janvier 2003, il découle des articles 7 et 8 de la Convention scolaire romande (CSR). www.ciip.ch

Liste des abréviations du PER A Arts AC&M Activités créatrices et manuelles AV Arts visuels CECR Cadre européen commun de référence pour les langues CIIP SR+TI Conférence intercantonale de l’instruction publique de
la Suisse romande et du Tessin CT Capacités transversales CM Corps et mouvement ECR Ethique et cultures religieuses Education en vue du développement EDD durable FG Formation générale HarmoS Harmonisation de la scolarité obligatoire en Suisse L1 Langue de scolarisation – Français L2 Allemand L3 Anglais MITIC Médias, Images, Technologies de l’Information et de la Communication MSN Mathématiques et Sciences de la nature Mu Musique PEL Portfolio européen des langues PER Plan d’études romand SHS Sciences humaines et sociales www.plandetudes.ch/web/guest/pg2-symboles

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L e PER, de la PERmutation

à la PERmission

Les sciences de la nature s’appuient sur une démarche scientifique qui a comme but, à moyen terme, de rendre

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l’élève indépendant face au savoir en lui procurant une méthode de travail transférable. En plus, elles mettent à leur disposition des outils conceptuels qui les aident à mieux comprendre le monde naturel qui les environne. Comme pour tous les apprentissages, les débuts sont parfois laborieux; le rôle de l’enseignant est primordial: encouragements et bienveillance doivent guider les élèves. C’est à ce prix que la démarche scientifique et ses outils, en continuelle construction, seront pleinement efficients. PERmettre aux élèves d’acquérir des connaissances mais aussi des stratégies leur garantissant une insertion harmonieuse dans la société, quelle belle PERmission!

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Le PER a le grand mérite, en sciences de la nature notamment, de rendre explicites des objectifs d’apprentissage demeurés jusque-là largement implicites: enfin une cohérence assurée tout au long de la scolarité obligatoire! Au cycle 2, les expérimentations proposées avec un matériel diversifié, l’approche du corps humain et les sorties dans le terrain passionnent les élèves. Changement de paradigme qui concourt à une PERmutation en douceur où la facilité d’enseigner cède le pas à un plus grand plaisir d’apprendre. Cette période charnière occasionne pas mal de soucis à une large majorité du personnel enseignant, il est vrai… Cependant, les moyens d’enseignement créés à leur intention en Valais (des MERveilles…) et les formations spécifiques vont atténuer les désagréments liés au début de l’implémentation du PER. Qui plus est, des fils rouges annuels rendent lisibles les progressions d’apprentissage; les évaluations qui accompagnent les différentes thématiques génèrent aussi un gain de temps appréciable.

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Christian Keim Enseignant de 5/6H Animateur en sciences de la nature, Martigny-Ville

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R egards croisés

sur le Plan d'études romand Quels sont les points forts du Plan d’études romand? Ses points d’amélioration? Les attentes du PER sont-elles plus ou moins élevées qu’avant? Quatre enseignants ont accepté de répondre à ces interrogations.

Stéphane Abbet, enseignant de sciences et de maths au CO (9H - 10H - 11H) de Conthey La démarche scientifique MSN 35 est particulièrement intéressante. Selon moi, il s’agit de la principale force du Plan d’études romand. Désormais, du temps est dégagé pour développer ce type d’approche, ce qui n’était pas le cas avant. L’autre atout me semble concerner l’accent mis sur les capacités transversales et en particulier tout ce qui touche à la communication ainsi qu’à la créativité, même si développer la pensée créatrice en mathématiques s’avère difficile à mettre en œuvre. Le problème du PER vient du temps à disposition, puisque les connaissances attendues sont pratiquement les mêmes qu’avant, mais qu’à cela s’ajoutent toute une série de compétences à développer. Au niveau de la formation générale, il s’agit encore d’intégrer les MITIC. Pour le moment, j’ai l’impression qu’élèves et enseignants sont un peu essoufflés. Personnellement, je cours après le

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programme. Peut-être qu’il faudrait trancher au niveau de certaines attentes, car vouloir trop en faire et ne pas y parvenir, c’est presque pire. Si je prends l’exemple des attentes fondamentales en électricité, jusqu’à quel niveau de détail dois-je aller? Malgré le travail conséquent de l’animation pour cadrer, le flou reste difficile à gérer.

Romaine Ançay, enseignante de français, SHS et anglais au CO (10H - 11H) de Ste-Marie à Martigny Dans l’ensemble je suis à l’aise avec le PER, même s’il m’a fallu du temps pour l’intégrer, car tout est critérié. Ce que je considère de particulièrement pratique, ce sont les liens valaisans qui ont été ajoutés sur la plate-forme en ligne. Lorsque l’on peut bénéficier d’un fil rouge développé par l’animation pour compléter les objectifs, tout se simplifie. Le but n’est pas non plus d’être trop dirigiste, mais de pouvoir choisir ce qui nous plaît dans un panel proposé. Pour l’enseignement de l’anglais, le changement n’est dans les faits pas si conséquent. Au départ, le PER me paraissait très ambitieux, toutefois en y regardant de plus près, il n’y a rien de vraiment nouveau. En français, à part les dénominations, c’est aussi assez proche. Par contre, pour la géo, j’aurais tendance à dire que c’est plus complexe, toutefois c’est la première année que j’enseigne cette branche. Je n’ai pas encore parfaitement compris comment décliner les thématiques dans l’esprit du PER. Heureusement que je peux en discuter avec mes collègues. L’une des difficultés, c’est aussi de devoir enseigner avec un manuel qui ne correspond pas aux objectifs visés. Quant aux élèves, ils sont également un peu déstabilisés, découvrant qu’il ne suffit plus d’étudier par cœur. A mon sens, c’est très bien, mais parfois peu évident avec certains.

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Serge Rey, enseignant (6H) à Monthey L’idée du PER est de renforcer la transversalité et les liens entre les différentes branches. Dans la pratique, j’imagine que la facilité de s’engager dans cette nouvelle optique dépend surtout des enseignants, car le changement est plus important que ce qui avait été annoncé. Il est probable que les nouveaux enseignants s’approprieront plus rapidement l’approche, puisqu’elle fait intégralement partie de leur programme de formation et de plus ils n’ont pas de point de comparaison. En français, on est revenu à un ouvrage de base que l’on utilise presque au quotidien, ce qui facilite notre tâche.

Pascal Joris, enseignant (4H, 5H, 6H) à Troistorrents Un nouveau plan d’études permet de se remettre en question, ce qui en soi est appréciable. A mon sens, la dimension humaine et les capacités transversales sont les points forts du PER. Bien sûr, on travaillait déjà ainsi avant, mais ce dernier met l’accent sur ces aspects. Au niveau des sciences, il est judicieux que l’on ait mis davantage l’être humain au centre des apprentissages. Les élèves doivent aller faire des enquêtes, rencontrer des gens pour parler du plan d’aménagement. Du coup, ils sont plus intéressés. Ils adorent les expériences, par exemple sur l’électricité. Et moi aussi du reste, même s’il est difficile de faire tout ce qui est demandé. Parmi les autres points positifs, il y a aussi le fait que nous ayons été obligés de nous rencontrer plus souvent entre enseignants de mêmes degrés, soit via des formations en établissements, soit via des échanges entre collègues. Pour l’enseignement du français, je suis d’avis que les objectifs du PER mériteraient quelques clarifications. Pour cette branche, les exigences sont nettement revues à la baisse. Pour tout ce qui est grammaire, orthographe et conjugaison, vocabulaire, c’est un peu le flou artistique et il y a des manques. Du coup, chacun refera sa petite cuisine, même si l’on est censé ne pas aller au-delà des exigences du PER. Autre bémol au niveau des moyens, hélas rien n’est prévu pour les classes à degrés multiples.

Mes réserves concernent surtout la géographie et les sciences, le programme d’histoire me semblant, lui, plutôt réussi. Dans les domaines où les lignes sont insuffisamment précises, chaque enseignant assaisonne le PER à sa façon, pour combler les lacunes. Je trouve que c’est assez particulier, puisque ce Plan d’études romand devait à la base harmoniser davantage les pratiques. Globalement j’ai l’impression qu’il y a un léger recul des exigences en français avec certes une petite hausse pour la compréhension et l’expression orales. Il y a de quoi s’interroger, d’autant que les statistiques actuelles montrent déjà que plein d’élèves terminent leur scolarité en étant presque incapables de lire, même si les causes dépassent l’école.

Propos recueillis par Nadia Revaz

Caractère évolutif du Plan d’études romand Le PER, produit évolutif, peut être périodiquement repris, amendé et complété. Référentiel fondamental et instrument d’harmonisation de l’enseignement, il ne peut cependant être constamment modifié. Ses adaptations doivent en effet être annoncées et planifiées sur la base de décisions prises par la Conférence intercantonale de l’instruction publique. Les adaptations du PER s’appuient sur des besoins clairement identifiés. […] Le dispositif de veille permanente du PER mis en place par la CIIP permet aux cantons, aux établissements et au corps enseignant de disposer d’un potentiel d’évolution répondant aux besoins communs. […] www.plandetudes.ch > contexte

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L e PER et moi, émoi Les prémices de notre coopération furent pour lui baignées d’indifférence, je lui préférais les MER. Un jour j’ai pris la peine de le dépoussiérer, légèrement contrainte, car j’allais accueillir une étudiante de la HEP. En le parcourant, je fus soulagée de constater que je n’avais pas ouvert la boîte de Pandore. Bon, je vous l’accorde, je ne me suis pas non plus retrouvée au Nirvâna. Petit à petit, comme je prenais goût à utiliser les abréviations L1, MSN, SHS, CT, FG, etc, mon journal de classe s’est modifié. Je planifiais ma journée et cherchais la nomenclature correspondant à mes objectifs d’apprentissage. Je le reconnais, j’utilisais le PER à l’envers du bon sens, mais cela me donnait au moins l’opportunité de l’apprivoiser. Une directive a eu tôt fait de remettre l’église au milieu du village et le PER à la source de l’organisation de mes séquences d’enseignement: la planification à la quinzaine (petite «spécialité» pour les enseignants des deux

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premières années du cycle 1). Depuis, au moins une fois par mois, je compulse le PER à la recherche d’objectifs qui colleraient parfaitement avec les besoins de mes élèves, puis je leur adjoins une activité. Parfois je m’entête encore à y chercher l’objectif d’un jeu que je pense incontournable en maths ou en perceptions visuelles. J’en reviens bredouille et quelque peu désappointée. Ma collaboration avec le plan d’études est assurément PERfectible. D’ailleurs je compte sur mon engagement en tant que bibliothécaire numérique ayant la tâche de classer toutes sortes de documents de manière PERcompatible pour consolider ma relation avec notre plan d’études. Et si, sur mon étagère, le PER reprend la poussière, c’est juste parce que je lui préfère la version informatique.

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En tant qu’enseignante auprès des plus jeunes, je me suis réjouie de son arrivée. Grâce au PER, l’école «enfantine» entrait dans une véritable verticalité de l’enseignement!

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Marie-Christine Dussez Enseignante 1H-2H à Champéry

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L ’apprentissage par cycles de 4 ans: la force du PER!

Pour ce cycle, comme pour les autres, il est nécessaire d’accorder aussi aux professionnels le temps de mettre en place les outils indispensables qui vont permettre de faire émerger et d’exploiter les savoirs, de motiver et d’encourager, de différencier, d’observer, de réguler... Je me réjouis dès lors de voir fleurir les classes à deux degrés ou au moins la possibilité donnée aux enseignants de suivre leurs élèves sur deux ans. J’observe avec grand

plaisir des stratégies d’organisation en ateliers dans des classes de 3H et 4H. Je vois tomber progressivement les barrières entre l’école enfantine et l’école primaire pour privilégier la continuité des apprentissages sur 4 ans plutôt que de les envisager degré par degré. J’encourage les enseignants d’un même cycle à se mettre autour de la table et à travailler ensemble afin de poursuivre les apprentissages et stratégies d’enseignement amorcées dès les premières années d’école. J’ose croire que le PER aura donné aux élèves une place plus en adéquation avec leurs possibilités et aux enseignants le moyen de réfléchir aux enjeux et à leur rôle essentiel dans l’école.

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Accorder le temps nécessaire aux apprentissages c’est valoriser les compétences en jeu, et ce dès les premiers mois d’école: rencontrer l’altérité, apprendre à vivre ensemble, construire un univers commun de références, collaborer, communiquer, réfléchir pour mieux comprendre, apprendre à apprendre… Les enjeux de l’école, et du Cycle 1 en particulier, ce n’est pas seulement de faire accomplir des tâches, réaliser des actions et assimiler des connaissances, mais bien de socialiser, construire des savoirs et développer des outils qui permettent à l’enfant de devenir progressivement élève.

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Floriane Lathion Enseignante enfantine à Martigny-Bourg Animatrice de français pour le Cycle 1

Compétences et capacités générales L’Ecole publique assure l’acquisition et le développement de compétences et de capacités générales. 

 En particulier, elle entraîne les élèves à: a) la réflexion, qui vise à développer chez l’élève sa capacité à analyser, à gérer et à améliorer ses démarches d’apprentissage ainsi qu’à formuler des projets personnels de formation; b) la collaboration, axée sur le développement de l’esprit coopératif et sur la construction des compétences requises pour réaliser des travaux en équipe et mener des projets collectifs; c) la communication, qui suppose la capacité de réunir des informations et de mobiliser des ressources permettant de s’exprimer à l’aide de divers types de langages en tenant compte du contexte; d) la démarche critique, qui permet de prendre du recul sur les faits et les informations tout autant que sur ses propres actions; e) la pensée créatrice, axée sur le développement de l’inventivité, de la fantaisie, de l’imagination et de la flexibilité dans la manière d’aborder toute situation. Extrait de la Déclaration de la Conférence intercantonale de l’instruction publique de la Suisse romande et du Tessin relative aux finalités et objectifs de l’école publique du 30 janvier 2003. www.plandetudes.ch/web/guest/PG2-declaration

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E n maths,

adéquation PER et MER

Au secondaire I, nous avons eu la possibilité de faire évoluer les moyens de mathématiques au moment même de l’introduction du PER. Nous avons donc la chance d’avoir une parfaite adéquation entre les contenus de nos moyens d’enseignement (Math 9-10-11) et les indications du Plan d’études romand. Grâce à ce travail en commun (PER / Math 9-10-11), les différents cantons romands ont opté pour des planifications annuelles très proches

La quantité de matières à aborder durant le cycle 3 (9 H / 10 H / 11 H) est conséquente, très ambitieuse, peutêtre trop. En effet, malgré quelques ajustements de notre planification annuelle à la fin de 9H et de 10H, on remarque encore que l’on n’a pas toujours le temps de réellement approfondir certaines matières. Des notions ont été rajoutées au programme, comme Thalès ou la résolution des équations du second degré, sans que le nombre de périodes à disposition des mathématiques dans la grille horaire valaisanne n’augmente. Il faudra très certainement faire le point, au cours de la prochaine année scolaire, sur la répartition annuelle de la matière et faire des choix sur certains thèmes tout en restant dans le cadre du PER. Vaste, mais intéressant, programme.

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Par rapport à certaines spécificités cantonales très marquées il y a encore peu de temps (FR et VS: Algèbre / VD: Trigonométrie / NE: Fonctions et Vecteurs /…), le PER Math cycle 3 aura permis aux différents acteurs de se mettre d’accord sur les notions importantes à aborder durant ce 3e cycle, sur les moments où la matière devrait être vue et sur les attentes fondamentales. Cette harmonisation romande est assurément la bienvenue et favorise l’intégration des élèves suite à un changement de domicile ou de canton de leurs parents, par exemple.

les unes des autres, même si, pour l’instant, il n’y a pas encore de planification annuelle romande officielle.

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Avant l’introduction du PER, contrairement à l’école primaire, le secondaire I n’avait pas de plan d’études commun à toute la Romandie pour les mathématiques. Il y avait alors de grandes disparités, d’un canton à l’autre, au sujet de la matière à étudier et des objectifs à atteindre.

H. Schild

r Hervé Schild Enseignant au CO d’Ayent Animateur Math CO

Trois définitions du lexique PER Capacité transversale: aptitude à faire quelque chose qui est susceptible d’être à la fois exercé et mobilisé dans l’ensemble des domaines d’apprentissage et des disciplines scolaires. Les Capacités transversales sont appelées à évoluer et à se transformer au travers de l’apprentissage tout au long de la vie. Elles ne se manifestent qu’en s’appliquant à des situations et à des contenus et ne sont pas évaluables pour eux-mêmes. Cycle: découpage du parcours de formation en une ou plusieurs périodes administratives pluriannuelles, référant à une organisation homogène du système éducatif considéré. Dans le PER, la scolarité obligatoire est découpée en deux cycles de quatre ans pour le degré primaire et en un cycle de trois ans pour le degré secondaire I. Ces choix sont conformes à l’Accord intercantonal suisse sur l’harmonisation de la scolarité obligatoire (Accord HarmoS). Projet global de formation: projet éducatif au sens large, fondé sur des valeurs et des finalités communes aux sept cantons romands, énoncées dans la Déclaration du 30 janvier 2003 de la CIIP. Ce projet détermine une structure générale des Objectifs d’apprentissage qui doit garantir, pour tous les élèves fréquentant la scolarité obligatoire, une formation complète et équilibrée organisée autour d’une série de visées et de compétences jugées prioritaires pour qu’ils s’insèrent et s’épanouissent dans la société actuelle et dans leur vie personnelle et professionnelle future. www.plandetudes.ch/web/guest/pg2-lexique

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R és eau de la form at i o n

Dominique Savioz,

l’enthousiasme en partage On connaissait Dominique Savioz, l’enseignant.

Comment résumer la personnalité de Dominique Savioz? Peutêtre pourrait-on dire que c’est un «doux-dingue», sachant que souvent les innovateurs appartiennent à cette catégorie de «doux rêveurs» suffisamment «dingues» pour réaliser ce qui paraissait utopique, tout en cherchant à donner du sens à ce qu’ils font.

On connaissait Dominique Savioz, le président de l’Association du personnel enseignant sédunois. On connaissait Dominique Savioz, le concepteur de dossiers pédagogiques pour la Maison de la nature à Montorge. On connaissait Dominique Savioz, le musicien, chanteur et producteur. On connaissait Dominique Savioz, le politicien, député sous les couleurs du Parti chrétien social… Aujourd’hui, on rencontre Dominique Savioz, l’entrepreneur innovant dans le domaine de la pédagogie et de la culture, le producteur, l’éditeur et l’administrateur de sociétés développant des produits de niche. En se retirant de l’enseignement, il a souhaité mettre ses compétences acquises au fil des ans dans un projet valorisant les talents de chez nous, car il croit en leur formidable potentiel. C’est ainsi qu’il a notamment fondé Lirekit SA pour faciliter le travail de l’enseignant et pour mettre en valeur les créateurs d’ici. «En tant qu’enseignant, j’ai côtoyé ces talents, ce qui m’a donné l’envie de

Pour en savoir plus www.lirekit.ch

Savioz Dominique e pédagogiqu at ri eneu ou l’entrepr r fe © Robert Ho et culturel.

passer de l’autre côté de la frontière, afin d’éviter qu’ils ne partent à l’étranger pour exprimer leur créativité dans le design ou l’ingénierie», souligne Dominique Savioz. Une manière pour lui de boucler la boucle, en faisant comme il le dit son «école normale du petit industriel» et en conduisant son entreprise, qui occupe 10 personnes, comme il menait sa classe dans l’esprit Freinet. «Les créateurs ont besoin de liberté, chacun doit être intrapreneur», insiste l’entrepreneur. Il observe que certaines de ses formations continues, notamment celle de CDO (conseiller en développement organisationnel des écoles), l’aident dans son nouveau métier de porteur et de chef de projet. Et il ajoute: «L’enseignement m’a permis de faire mes gammes, car l’enseignant est un entrepreneur avec sa classe».

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Créatif, inventif, actif sont quelques-uns des qualificatifs que l’on peut associer à Dominique Savioz. Et côté substantifs, on pourrait ajouter enthousiasme, passion et partage. Ou encore audace, liberté et espérance. Côté domaines, il s’intéresse à la créativité, à la pédagogie et à la culture. Il a mille et une idées et l’une en entraîne une autre. Et patiemment il concrétise ses projets avec professionnalisme pour que d’autres se mobilisent aussi. Chez lui, tout a un air faussement improvisé.

Le Lirekit pour lire sans écran Depuis peu, il a lancé le Lirekit, produit phare de la start-up Artena Productions soutenue via l’Incubateur The Ark, qui est un outil audio favorisant l’apprentissage de la lecture, éveillant à la découverte des langues, développant un esprit créatif et stimulant l’attention. PER-compatible, ce petit objet se clippant directement au livre peut s’accrocher à des audio-livres monolingues ou bilingues, mais il est aussi un créateur autonome d’audio-livres. Grâce au logiciel de montage Lirekit Logic, il est possible de réaliser des montages

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Lirekit dans les écoles valaisannes: subvention du SE Sur présentation de la facture et avec l'aval de la direction d'école, une subvention forfaitaire de 150 francs par Kit classe sera versée par le SE.

audio, en créant son propre univers musical. Certains audio-livres sont édités par Dominique Savioz et sa petite entreprise. Audio, cependant où est l’écran? C’est là l’originalité du concept, Lirekit est un objet sans écran, conçu pour un travail autonome ou collectif. Certes l’outil peut être relié à l’ordinateur pour les phases de montage, mais ensuite le livre devient l’écran. Avec l’Atelier les petites plumes, l’outil audio incite aussi les enfants à devenir écrivains, dessinateurs et comédiens. Ainsi que le remarque Janine Travelletti, exenseignante en enfantine associée au projet, qui est au contact direct des enseignants, «le Lirekit devient l’objet de l’enfant, qu’il soit utilisé à l’école ou à la maison.» Aux usages prévus s’ajoutent ceux qui ne l’étaient pas directement, par exemple pour les enfants souffrant d’un handicap de la vue. Et les développements se poursuivent, avec des fiches pédagogiques, des jeux collaboratifs, etc. Bref, de nombreuses informations se trouvent sur le site compagnon du Lirekit.

Des projets par milliers L’imagination débordante de Dominique Savioz, le médiateur, ne s’arrête pas là. Il a par exemple conçu des bornes culturelles mul-

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timédias pour des expositions extra-muros permettant à un autre public de connaître des artistes régionaux, des projets didactiques, etc. Une première exposition a eu lieu l’été passé à Anzère autour du cinéma. L’objectif de Dominique Savioz serait d’avoir trois expositions qui tournent dans les rues de Suisse, avec des documents conçus pour les écoles, car la pédagogie n’est jamais loin. Il évoque par ailleurs le concept des bornes Perspectives du passé, mariant la modernité et la tradition, offrant la possibilité de découvrir les rues d’hier dans la boîte et celles d’aujourd’hui en regardant la réalité. «En Valais, autour de Valère et de Toubillon par exemple, nous avons tout pour ensorceler, les gens d’ici comme les touristes. Je voudrais qu’on soit fier de l’âme de ce pays», insiste Dominique Savioz, le conteur prêt à monter sur les tables pour vous convaincre de la magie du lieu et de ses habitants. Dans la mallette à projets, il y a aussi le Sedurama.

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www.lirekit.

Autre exemple de concept en phase de réalisation, customiser un bus de 13,5 mètres pour en faire un espace de médiation culturelle en allant à la rencontre des autres, dont tout particulièrement les élèves. «Je veux recréer des agoras et aller au contact des gens pour distribuer de la nourriture culturelle», explique

Dominique Savioz qui visualise déjà son théâtre ambulant sillonnant les cours d’école pour proposer des spectacles. Pendant qu’il raconte, Janine Travelleti sort des échantillons de tissus qui serviront à créer une atmosphère théâtrale. L’entrepreneuriat de Dominique Savioz rime avec artisanat. Dans l’équipe, chacun est «faccio tutto», avec toutefois des zones d’expertise.

«Cultivez la lecture, la lecture cultive.»

L’entrepreneur Dominique Savioz est aussi sollicité pour son expertise pédagogique, appelé notamment par The Ark pour un projet développé dans le cadre du bicentenaire du Valais. Pour lui, il est important d’inclure les apprentis dans le développement des projets d’innovation, car il estime qu’ils sont trop souvent oubliés. A côté de ce bouillonnement entrepreneurial articulé autour d’un même fil rouge, à savoir rassembler autour du savoir, Dominique Savioz a aussi besoin du temps de l’écriture pour s’arrêter et réfléchir. Actuellement il s’interroge sur les paradoxes et les dichotomies, politiques en particulier, autour de l’innovation valorisée dans le discours, mais dont le concept et la réalisation sont délocalisés, faute de soutien financier aux entreprises régionales. Et quand on lui parle de risque et de courage, Dominique Savioz, du haut de son expérience de vie, affirme qu’il n’a plus peur. Il se souvient de Samuel Roller lui disant: «Il faut que tu sois.» Un conseil qu’il tend à mettre en pratique.

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la force des intelligences multiples. Dans mon entreprise, certains jeunes n’auraient pas pu faire des études, alors que ce sont des intrapreneurs passionnés et compétents.

rekit Le journal Li

Dominique Savioz, du constat sur l’école à Lirekit Dominique Savioz, comment percevez-vous l’école aujourd’hui? Avec cette nouvelle expérience professionnelle, je comprends beaucoup mieux les défauts et les qualités de l’école. En étant aujourd’hui quelqu’un qui engage des jeunes, je mesure les décalages énormes entre ce qu’on enseigne et ce dont un entrepreneur a besoin. Je vois des jeunes bardés de diplômes qui n’ont pas la niaque et d’autres qui ont été cassés par le système scolaire et dont il faut juste libérer la créativité. Pourquoi est-ce qu’on intellectualise tout à l’école? Quelle serait la solution? Aujourd’hui je vois concrètement

Lirekit est un outil sans écran. Estce à dire que vous être contre les nouvelles technologies à l’école? Je compare le Lirekit au vélo et l’écran à la voiture: les deux ont une utilité complémentaire. Néanmoins, il faut être conscient que l’école est menacée par des dealers technologiques. Ce qui est génial, c’est qu’à la Silicon Valley, les enfants des inventeurs vont dans une école sans écran, pour stimuler leur créativité, alors que nous, on veut en mettre partout dès l’école enfantine! Dans notre société, on est en train d’oublier que l’important c’est celui qui tient la classe, donc l’enseignant, et non l’écran. Beaucoup ont l’impression qu’en équipant les écoles avec des nouvelles technologies, on aura un bon enseignement. En quoi la lecture est-elle différente avec le Lirekit? Quand j’ai conçu le Lirekit, je voulais un objet qui stimule l’attention, amène à l’écoute, en incitant à l’endurance, pour que les élèves prennent le temps de découvrir le goût de la lecture, via l’oral, l’écrit et l’approche interlinguistique. L’outil permet aussi aux enfants dyslexiques ou allophones de varier les stratégies d’apprentissage. Propos recueillis par Nadia Revaz

Articles précédents de cette rubrique Marc-André Berclaz, pilote du Pôle EPFL Valais-Wallis (septembre 2013) Vincent Pellissier ou l’instruction en version sédunoise (octobre 2013) Françoise Berclaz, à la croisée des lecteurs et des auteurs (novembre 2013) Philippe Theytaz, auteur d’un livre sur les ados (décembre 2013) Pierre Dillenbourg, regard sur la formation à l’ère digitale (février 2014)

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Echo de la rédactrice Liberté d’expression En ces périodes de tensions diverses et variées, venues d’ici et d’ailleurs, la liberté d’expression a tendance à être malmenée. Je découvre qu’elle est de plus en plus souvent perçue à géométrie variable, même par ceux qui disent la défendre farouchement. Et les limitations viennent aussi de ceux que l’on croyait ouverts à cette diversité d’opinions. D’aucuns, sans percevoir la contradiction, tentent les pressions, avec ou sans subtilité, pour limiter tel ou tel point de vue. Certains verraient bien la liberté à 90 degrés seulement, sur la droite ou sur la gauche, selon les sensibilités et il n’est ici point question d’opinions politiques. Désolée, mais je revendique cette approche d’extrême ouverture et la juxtaposition d’idées contraires mais complémentaires qui a toujours prévalu dans le mensuel de l’Ecole valaisanne. La seule limite, infranchissable celle-là, doit concerner les attaques personnelles. Paradoxalement il en est qui la voudraient moins stricte. Eh bien non, Résonances n’a aucune raison de vouloir rivaliser avec la presse «people», mais doit inciter à la discussion des idées autour de l’école. A chacun de se faire un avis, en acceptant que tous ne pensent pas à l’unisson. A mon sens, il convient d’être tolérant au niveau des arguments et des contre-arguments, tout en étant intolérant sur le plan de la délation facile qui ne fait pas avancer le débat. Nadia Revaz

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Edu c at i on ph ys i qu e

E n équilibre, en pyramide, de plus en plus haut… Parmi les facteurs de la coordination, le mot «Equilibre» s’inscrit en lettres de noblesse au palmarès de l’éducation physique.

Dès le XIXe siècle, un concours spectaculaire en Catalogne proposa d’ériger le plus haut «Castell», pouvant atteindre jusqu’à dix étages d’exécutants. La pinya sert de base, puis le tronc, partie centrale, qui peut se diviser en plusieurs étages. Finalement le pom de dalt en représente la partie sommitale.

seignement devient parfois difficile au vu du niveau de nos classes. De manière plus ciblée, ces mises en situation d’équilibre trouvent leur place dans le PER. Dans le domaine de la condition physique et santé tout d’abord (CM 11-21), des éléments tels que la tenue du corps et le renforcement musculaire sont en ligne de mire. De plus, les CM 12 et 22 définissent le mouvement en tant que mise en avant de la créativité, de l’expression. Finalement, les ra rôle qu’il au du e bl repères spatio-temporels sa on resp re. Chacun est r à une figu de cé ac et le tonus musculaire d’ n à tenir afi permettent de mettre en pratique les différentes finalités de l’équilibre (CM13-23). culturel immatériel de l’humanité. Les pyramides ont des traditions dans plusieurs pays: des concours Il est primordial de relever le doà travers Bombay pour l’annivermaine des CT/collaborer ainsi que saire du dieu Krishna, des festivals les projets liés à la santé et au bienêtre (FG). Ces pyramides sollicitent de rue où les danseurs acrobates enchantent les spectateurs, en passant le travail et l’esprit d’équipe. Chacun par les pom-pom girls animant les est responsable du rôle qu’il aura à matchs aux Etats-Unis. tenir afin d’accéder à une figure. De plus, l’aide et l’assurage sont obliDans le domaine sportif également, gatoires et s’effectuent à l’intérieur du groupe. cette discipline a pris un essor considérable. En 1998, la Fédération Internationale de Gymnastique (FIG) Il est possible de décliner cette disciprit sous son aile les fédérations des pline à travers toutes sortes de prosports acrobatiques et de trampojets: numéros de cirque, présentaline. Cette fusion permit à l’acrostion lors des rencontres de parents ou simple projet-photos pour décoport de jouir de structures solides rer sa classe. et puissantes en place dans la FIG pour se développer sous forme de Pour arriver à un résultat concluant championnats. à l’école, il est nécessaire de respecter certaines règles et conseils:

L’UNESCO en a même inscrit certaines dans la liste du patrimoine

L’acrosport complète ainsi l’offre dispensée par les agrès, dont l’en-

Après avoir passé l’hiver à mettre en pratique cet élément à l’aide des différents agrès, il est temps de varier les situations et, pourquoi pas, de trouver des pistes intéressantes à l’aide des pyramides humaines.

Une pyramide humaine: qu’est-ce que c’est? Les pyramides humaines sont reconnues de nos jours dans le monde du cirque. Les acrobates recherchent, pour le plaisir de nos yeux, des postures originales et esthétiques, le tout avec une maîtrise du geste absolument remarquable. Il est possible de comparer une pyramide à une sorte de «cascade» humaine. Lors des numéros circassiens, elles peuvent se situer sur le sol, mais également sur des vélos, des échelles,… tout est ouvert dans ce domaine où la création et l’imagination ont la part belle!

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Les pyramides à l’école

L’habillement: tenue de sport, de même que pour une leçon d’EP;

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chaussures de sport souples, en chaussettes ou pieds nus. Eviter les vêtements amples qui pourraient empêcher une prise solide! Le matériel: prévoir deux tapis (matelas et non tapis de chute) au minimum. En rajouter selon le nombre de participants et la figure choisie. Il est difficile de se maintenir en équilibre sur un tapis épais… Ne pas oublier de maintenir une distance de sécurité entre deux pistes, sans engins ou matériel dans l’espace proche! Les différents rôles: chaque enfant (ou groupe d’enfants) connaît son rôle avant de débuter. Choisir les rôles en fonction des caractéristiques physiques de chacun. Le porteur: il utilise ses jambes lorsqu’il doit soulever (et non pas son dos…). Il a au moins deux points d’appui sur le sol. Plusieurs porteurs peuvent agir ensemble pour un ou plusieurs voltigeurs. Le porteur ne doit pas maintenir une charge qui dépasserait le 60% de son poids. Le voltigeur: il débute son mouvement en mettant le poids de son corps sur la base la plus solide du porteur (ex. le bassin et non les épaules). Il reste le plus proche possible de l’axe de la pyramide. Il met ses appuis sur les parties solides du porteur (bassin, fond du dos, genoux, épaules,…). Il s’aide de l’assureur s’il doit mettre beaucoup de poids sur le porteur. L’assureur: il est vigilant, prêt à intervenir à tout moment si le voltigeur perd l’équilibre. En général, il se tient derrière le voltigeur pour intervenir sur une éventuelle chute arrière (plus dangereuse qu’une chute en avant). Les prises de mains: lors des contacts sur la pyramide, les prises de mains doivent être solides et franches. Les prises par les doigts ne sont pas suffisamment sûres.

Lors de prises directes, les mains se tiennent souvent entre elles par les poignets (prise acrobate). Premières expériences: commencer par expliquer le projet final afin de mettre de côté les appréhensions, questions de départ. Débuter par des exercices de mise en condition, par deux, trois ou plusieurs afin de travailler la collaboration (chenille, tous ensemble, transport d’objets, test du spaghetti, bascule, …). La leçon d’acrosport: porter l’accent sur un échauffement adéquat, solliciter les poignets, le dos, toutes les articulations. Attention: le dos doit toujours être maintenu à l’horizontale, dos plat, les points d’appui se situant sur le sacrum et les épaules, jamais au milieu du dos, ni entre le genou et la hanche! Le corps reste tonique et gainé. Les segments sont tendus (bras, jambes, troncs,…). Les différentes étapes de la mise en œuvre: une pyramide comprend une préparation, suivie de la figure statique, maintenue entre 3 et 5 secondes. Elle se termine par une étape de «démontage», à ne pas négliger! Les gestes s’effectuent de manière contrôlée… Chacun a le droit de demander un Stop à tout moment si une douleur se fait ressentir! Il est intéressant de nommer (ou de choisir à l’intérieur du groupe) un(e) meneur(euse) qui transmet les signaux afin de passer d’une étape à l’autre de manière synchronisée.

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Finalement, afin d’exemplifier la variété des possibilités, voici un exemple (cf. illustration ci-dessus) pour les pyramides humaines à deux, tiré d’un des sites cités. Tout est mis en place pour que chacun, selon sa motivation et son rôle, soit prêt à découvrir les joies de cette discipline. Et devenir, qui sait,… un des prochains artistes qui nous font rêver sous le chapiteau étoilé! Le team «animation EP» Nathalie Nanchen Gérard Schroeter Lionel Saillen

Les documents à disposition De nombreuses pistes et conseils se trouvent dans les manuels fédéraux et les fiches EPS: Manuel 3, brochure 3, p. 29 Manuel 4, brochure 3, pp. 15, 16 et 28 Fiches EPS 6-8 ans: no 39 Fiches EPS 8-10 ans: no 39 Fiches EPS 10-12 ans: no 32 De plus, des sites internet proposent des schémas, photos, vidéos. En voici quelques références: http://eps.roudneff.com/eps http://entrainement-sportif.fr/ acrogym-acrosport.html

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Mém Sc i en en c es t o pédagogi ??? de la n at uque re

D es jeux spontanés

aux Sciences de la nature Etonnant! Depuis quelques jours, lors des jeux spontanés les élèves construisent des sous-marins. Voilà un sujet peu fréquent pour des petits Valaisans. Qu'à cela ne tienne, le sujet intéresse vraiment les élèves et ce sera l'occasion, pour moi, d'ouvrir mes connaissances sur ce monde un peu particulier. Plusieurs questionnements se sont succédé au fil des jours, alimentant les réunions. «Comment est fabriqué un sousmarin? Qu'y trouve-t-on? Qui travaille dans un sous-marin? Quel travail font ces personnes? A quoi sert un sous-marin?»… La démarche scientifique en toile de fond, la recherche d'informations via les médias a fasciné la classe entière. Notre ami Google s'étant montré prolixe en informations, le

nstruisent Les élèves co

Après réflexion, je propose à la classe de manipuler la terre, le sable et de comparer leurs découvertes. Je leur propose aussi d'expérimenter les questions suivantes, en lien avec le problème soulevé par les élèves: «Si nous mettons de la terre dans l'eau, que va-til se passer? Si nous mettons du sable dans l'eau, que vat-il se passer?»

ins. des sous-mar

monde des sous-marins a effectué son entrée dans notre quotidien scolaire. Nous avons privilégié la catégorie des sous-marins scientifiques. Lors d'une réunion mettant en avant la recherche d'épaves au fond de l'eau, deux élèves se disputent sur la composition du fond de la mer. Le premier affirme qu'il est en sable, le deuxième affirme que c'est de la terre.

Nicole Magnin

Ce travail s'est réalisé sur une demijournée et oscille entre conceptions, réflexions, questionnements et expérimentations. La dictée à l'adulte ainsi que la prise de photos ont été les moyens de communiquer les résultats.

Matériel: De la terre Du sable De l’eau

D'autres pistes sont à découvrir sur le site de la HEP http://animation.hepvs.ch Sciences de la nature Phénomènes naturels et techniques Cycle1 Idées 1-2 HarmoS Les bacs de découverte

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Les autres élèves prennent parti soit pour l'un soit pour l'autre et je me dis qu'il y a matière à explorer ce sujet. Après avoir entendu plusieurs réflexions autour de la terre et du sable, je me rends compte que ces deux éléments ne sont pas si connus de mes élèves. Suite à ces constats, je décide d'organiser un travail en Sciences de la nature, plus précisément MSN 15 (démarche scientifique) et MSN 16 (Explorer des phénomènes naturels, ici, explorer la matière).

Des pots en verre avec couvercle fermant bien Un aspirateur pour rendre la classe plus ou moins propre (facultatif mais bienvenu!)

Pour tout renseignement Nicole Magnin nicole.magnin@hepvs.ch ou nicole.magnin@vs.educanet2.ch

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Voici le travail des élèves:

La terre et le sable – 23 janvier 2014, classe de 1-2 enfantine à Saxé / Fully Nos conceptions: ce que nous pensons

La terre C’est quelque chose de noir ou de brun où il y a des vers de terre. On peut y mettre des petites graines pour qu’elles poussent. Il y en a partout. C’est fabriqué avec de la pluie. C’est Jésus et Dieu qui ont fabriqué la terre. Il y a du fumier et du purin. C’est fait avec des cailloux qui ont changé de couleur et qui se sont écrasés. C’est du goudron fondu. C’est des peaux de quelque chose qui sont devenues noires et toutes malades et qui sont mortes. Ça sent pas bon à cause du fumier. On ne peut pas manger de la terre sinon on meurt. Quand il n’y a pas de terre, il y a des cailloux.

Le sable C’est ce qu’il y a au bord de la mer quand on va en vacances. On marche dessus et on enfonce un peu. Ça sent le poisson pourri. Ça sort de la mer. C’est des fois chaud, des fois froid, je ne sais pas pourquoi. On peut jouer avec comme faire des châteaux ou des trous. C’est comme de la terre, mais de la mer. C’est rigolo ça chatouille sous les pieds. C’est fabriqué avec du sable. Ça gratte dans les culottes et on doit pas jeter du sable dans les yeux.

Nous découvrons

La terre

Le sable

Ce que mes doigts découvrent: C’est doux, c’est mou, c’est rugueux. C’est mouillé. C’est froid.

Ce que mes doigts découvrent: C’est très très doux, c’est super mou. C’est lisse, ça glisse. C’est sec. Ça fait des guilis.

Ce que mes yeux découvrent: C’est un peu noir mais pas trop. Ça se casse. Ça reste collé aux doigts. C’est sale. Il y a des choses cachées dedans: des cailloux, des petits bouts de bois tout pourris, des racines, un peu d’herbe, une feuille cassée, une graine trouée, une toute petite plante verte, une bestiole qui est vite partie. Ce que mon nez découvre: Ça sent bizarre comme les racines. Ça sent comme les carottes. Ce que mes oreilles découvrent: Ça fait «crr…creu» quand on joue avec sur la feuille.

Ce que mes yeux découvrent: C’est gris… un peu. C’est comme de la farine en plus gros. On a pas trouvé de coquillages dedans. C’est du sable. Ça glisse sur les doigts. Ce que mon nez découvre: Ça sent un peu «acide». Ça sent un peu bizarre. Ça sent rien. Ce que mes oreilles découvrent: Ça fait un tout petit cri: «si…u».

Suites possibles à donner: Recherche sur internet de la composition du fond de la mer pour répondre au questionnement de départ: PER, Français L1 11-12, le texte qui transmet des savoirs. Semer pour faire germer des graines, des bulbes dans de la terre, de la terre avec du sable, du sable. (Toujours rien, Secrets de graines Classeur de géo, histoire et sciences pp. 120 et 203). PER, Math et Sciences de la nature 18, Cycle de vie Peinture à la terre, peinture au sable. PER, Arts visuels 11

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Expérimentons «Si nous mettons de la terre dans l’eau que va-t-il se passer?»

«Si nous mettons du sable dans l’eau, que va t-il se passer?»

Nos hypothèses: ce que nous imaginons

La terre Elle va se mélanger. Elle va devenir de la boue. Il n’y aura plus de terre. L’eau sera toute sale.

Le sable Il va couler. Il va fondre.

Nous découvrons

La terre L’eau est devenue toute sale de la même couleur que la terre. Elle a coulé au fond du bocal. Il y a de la saleté qui est restée à la surface de l’eau: ce sont les trucs qui étaient dans la terre avant; les bois, les racines, la plante verte, du cheni. Plus tard, l’eau est devenue un peu transparente et on voit mieux la terre au fond du bocal. Si on secoue le bocal, tout se mélange et on doit de nouveau attendre pour voir l’eau.

Le sable Le sable est resté tout en haut du bocal. L’eau est transparente. Il y a juste un tout petit peu de sable qui est tombé au fond de l’eau. Si on secoue le bocal, le sable bouge comme dans une boule à neige et il remonte. Le sable ne salit pas l’eau.

Ce que nous avons appris

La terre L’eau est devenue toute sale de la même couleur que la terre. Elle a coulé au fond du bocal. Il y a de la saleté qui est restée à la surface de l’eau: ce sont les trucs qui étaient dans la terre avant; les bois, les racines, la plante verte, du cheni. Plus tard, l’eau est devenue un peu transparente et on voit mieux la terre au fond du bocal. Si on secoue le bocal, tout se mélange et on doit de nouveau attendre pour voir l’eau.

Le sable On a cherché sur internet pour savoir avec quoi le sable était fait. C’est le vent et la mer qui fabriquent le sable avec les cailloux. Le sable, c’est des tout petits morceaux de cailloux. On sait pas pourquoi le sable n’a pas coulé au fond du bocal si c’est des cailloux. Il y a différentes couleurs de sables, et différentes sortes de sables. Le sable ne vient pas toujours de la mer. C’est le vent qui fabrique le sable des déserts.

Je ne suis certainement pas la seule à tenter ce type d'expérience. Si vous avez conduit vos élèves vers des découvertes, des constatations liées à des questionnements et que vous êtes disposé à en faire part aux collègues, prenez contact avec moi. Ensemble, nous pourrions déposer votre vécu sur le site pour faire partager, à tous et à toutes, vos instants de pur enthousiasme. Si vous ne vous sentez pas encore bien sûr, je me tiens à votre disposition pour montrer un questionnement, une mise en œuvre auprès de vos élèves en Sciences Humaines et Sociales et en Sciences de la nature. Je me ferai un plaisir de vous rencontrer. Vous pouvez sans autre prendre contact avec moi (nicole.magnin@hepvs.ch ou nicole.magnin@ vs.educanet2.ch). C'est juste génial de travailler comme ça! Bonnes découvertes.

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C art e b lan c h e

Des élèves de Chemex

(Troistorrents) au théâtre

J’ai bien aimé le spectacle mais j’ai trouvé bizarres les gestes avec les mains. (Marion)

Ce jeudi 16 janvier, les élèves de 1re et de 2e primaires de Chemex ont eu la chance d’assister à un spectacle au Petit Théâtre de la Vièze à Monthey.

J’ai bien aimé car Scrock était un peu bête! On ne peut pas interdire de rire et d’être heureux. (Guillaume)

Voici le résumé de la pièce et ce que les enfants en ont dit:

Je me suis bien amusé. J’aime quand je ris au spectacle. (Mattia)

Résumé du spectacle Le Scrock, grand contrôleur du monde, s’agace de la moindre effusion de bonheur sur ses terres. Pourtant, du haut de son nuage, une étonnante fabrique à histoires ne cesse d’envoyer des morceaux de contes. A chaque pluie, les couleurs de ces histoires s’impriment dans le sol, les pierres et au bord des rivières du village d’en-bas.

L’histoire touchante et un peu terrifiante de Scrock par la Compagnie des Rotules effrénées

Les chuchotements et rires étouffés qui en résultent horripilent le Scrock. Pourquoi ses sujets ne respectent-ils pas sa loi? Pourtant, il l’a dit et répété: «Ici, pas de rires sans ma permission, pas de sourires sans mon autorisation, pas de blagues dans mon dos, pas de bonheur sans passeport officiel. Compris?»

Bernadette Antonin

e de la Vièze Petit Théâtr Spectacle au à Monthey.

Conte animé avec ombres chinoises et marionnettes interprété par deux comédiennes: Florence Steinmetz et Emilie Bender.

Ce que les élèves en ont pensé J’aimais bien les «marionnettesmaisons», j’aimerais faire les mêmes. (Julien) C’était très rigolo, j’ai beaucoup aimé. (Charlotte) J’ai bien aimé car ça finit bien; j’ai passé un bon moment. (Chloé)

Moi, j’aimais bien le nuage qui envoyait des bouts d’histoire. (Baptiste)

Petit théâtre de la Vièze à Monthey Depuis 12 ans déjà, La Bavette propose des représentations scolaires à l’intention des écoles de Monthey, en collaboration avec la Commission des spectacles scolaires et le Théâtre du Crochetan. Des dossiers pédagogiques sont transmis aux enseignants un mois avant chaque spectacle. www.labavette.ch/ecoles.html

Carte blanche, votre rubrique Vous pouvez collaborer à Résonances de diverses manières. Pour rappel, la rubrique Carte blanche attend vos textes et/ou ceux de vos élèves et/ou ceux des étudiants de la HEP-VS. Vous êtes également invité-e à faire part de vos suggestions de tous ordres. N’hésitez pas à clapoter pour envoyer un message à la rédaction, indiquer une adresse internet ou un projet que vous aimeriez faire partager… Et si vous n’êtes pas adepte du courriel (resonances@admin.vs.ch), vous pouvez aussi téléphoner au 027 606 41 59 ou au 079 429 07 01.

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Sec on dai re II

Des collégiens ont rencontré Philippe Claudel Grâce à la coordination de Geneviève Erard au Lycée-Collège de l’Abbaye à St-Maurice et de Dominique Zurbriggen et Romaine Crettenand au LycéeCollège de la Planta à Sion, l’écrivain et cinéaste Philippe Claudel a rencontré les 21 et 22 janvier derniers des centaines d’étudiants. Philippe Claudel est un écrivain, ayant notamment reçu le Prix Renaudot en 2003 pour Les Âmes grises et le Prix Goncourt des lycéens en 2007 pour Le rapport de Brodeck. Peut-être avez-vous lu l’un de ses livres, car plusieurs d’entre eux ont connu un important succès? Philippe Claudel est aussi réalisateur et scénariste. Peut-être avez-vous vu Il y a longtemps que je t’aime ou Avant l’hiver? Egalement maître de conférences à l’Université de Nancy et membre de l’Académie Goncourt depuis 2012, son parcours est riche et varié. Il pourrait être impressionnant, mais probablement du fait que l’homme a conservé son ancrage dans sa région de Lorraine, ce pêcheur de mots demeure un découvreur émerveillé et aimant le dialogue. En janvier dernier, il était invité à faire une sorte de «Valais Tour», sur la base d’une collaboration entre la Médiathèque Valais à St-Maurice qui fête cette année ses 40 ans, le Théâtre Les Halles à Sierre (lecture de Parfums par le comédien PierreIsaïe Duc), le Lycée-Collège de l’Abbaye à St-Maurice et le Lycée-Collège de la Planta à Sion.

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deux grands groupes d’étudiants ont été attentifs aux réponses de l’auteur, jugées complémentaires à celles des professeurs. Pour Résonances, l’avis des jeunes qui avaient pu profiter de cet échange autour du processus de création littéraire et ire Café littéra du rs lo l cinématographique de aurice. Philippe Clau lais de St-M Va ue semblait particulièèq th à la Média rement intéressant. Deux étudiantes, Delal et Xezal, et deux étudiants, Florian et Damien, ont accepté de Halte de Philippe Claudel livrer leurs impressions au sortir de à St-Maurice leur rencontre avec Philippe Claudel. Geneviève Erard, enseignante au Lycée-Collège de l’Abbaye de St-MauDamien, Delal, Florian rice, a mené une heure d’entretiens et Xezal avec Philippe Claudel, dans le cadre de la programmation des Cafés litDelal, Florian, Xezal et Damien ont lu téraires organisés à la Médiathèque au moins un livre de Philippe Claudel Valais. Le public, fort nombreux, a dans le cadre de la préparation à la pu découvrir les chemins croisés dans rencontre, soit Les Âmes grises, soit Le rapport de Brodek. Florian a déla construction de son identité de lecteur et d’écrivain, au moment où voré les deux titres ainsi que La Petite il a raconté l’importance d’un instiFille de Monsieur Linh, alors que d’hatuteur qui lui avait symboliquement bitude il n’est guère motivé par les donné le droit d’écrire de la poésie lectures scolaires imposées. Pour lui, à 10 ans. Il a aussi évoqué la libéraPhilippe Claudel a constitué un détion de son écriture grâce à l’ordiclic. Delal, Xezal et Damien ont aussi nateur, comparant son clavier à celui éprouvé un plaisir de lire inhabituel d’un musicien. Après le Café littépour des lectures exigées en cours de raire, Philippe Claudel, accueilli par français. A noter que tous quatre sont Alexandre Ineichen, recteur du Lydes lecteurs, même s’ils préfèrent les cée-Collège de l’Abbaye, a répondu romans policiers, les témoignages aux aux questions des étudiants dans la grands classiques de la littérature… salle des Humanités. Ayant lu certaines de ses œuvres, les collégiens, bien préparés à cette rencontre, Podcast du Café littéraire ont pu l’interroger à foison: quel est votre rapport à l’imagination, à www.mediatheque.ch/ la peinture, aux titres, à l’Histoire, à valais/philippe-claudel-2746.html la description, à la publication? Les

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Quelques propos de Philippe Claudel lors de son «Valais Tour» «On peut très bien vivre sans livres et sans art, mais on vit moins bien.» «L’écriture, c’est simplement l’enregistrement de certaines vibrations humaines, sociales, individuelles ou collectives, que l’on essaie de transférer, grâce à la langue, dans une histoire.» «Quand j’ai envie d’écrire, j’écris. Quand je n’ai plus envie, j’arrête. J’ai toujours tenu à garder le plaisir et la liberté dans l’écriture.» «Je découvre le texte que j’écris au fur et à mesure comme le lecteur, ce qui explique la narration un peu tortueuse par rapport à une narration classique.»

S’ils ont aimé découvrir l’univers littéraire de Philippe Claudel, ils ont par ailleurs apprécié de ne point pouvoir se référer à des Profils d’une œuvre ou à des analyses de textes sur internet. Pour les collégiens, c’était l’occasion de collaborer avec leur professeur qui ajoutait sa perspective. Ils ont été surpris par le style d’écriture, plus simple, plus accessible et plus agréable selon eux que les autres auteurs lus en cours de français. Delal, Florian, Xezal et Damien expliquent que les descriptions leur ont paru apporter quelque chose à l’histoire, alors que souvent ils peinent à percevoir leur rôle, citant par exemple Stendhal. Ils ont aussi aimé le contexte historique des Âmes grises et du Rapport de Brodeck. «L’originalité de son œuvre vient du mélange entre réalité et fiction et cela nous force à nous interroger», souligne Delal. Et Xezal d’ajouter: «C’est un livre où les sentiments des personnages touchent le lecteur et pour ma part j’ai eu parfois l’impression d’être au cœur de l’histoire.» Quant à Damien il complète: «J’ai trouvé intéressant qu’en tant qu’auteur Philippe Claudel n’essaie pas de porter un jugement sur les événements historiques, mais plutôt de nous montrer comment des personnes peuvent traverser des situations, en se comportant de telle ou telle manière. Du coup, par transposition cela peut nous apporter une morale pour les différentes étapes de notre vie.» Un avis partagé.

des jeunes même si elles figuraient au programme et que lorsqu’il enseignait à des adolescents il préférait parfois se limiter à des extraits. Florian s’est senti concerné par ce commentaire: «Personnellement j’ai de la peine à comprendre le Voyage au bout de la nuit de Céline et le propos de Philippe Claudel m’a dans une certaine mesure rassuré. Du coup, je pense que si dans quelques années je choisis de relire cette œuvre, elle me parlera différemment.» A l’unisson, les jeunes ont été sensibles aux propos de l’auteur contemporain sur ses illustres prédécesseurs, dont notamment Rousseau, Proust et Baudelaire. Les collégiens disent parvenir à percevoir la beauté de certains chefs-d’œuvre de la littérature, mais seulement avec l’intermédiaire de leurs professeurs. S’ils émettent des réserves sur l’approche chronologique des cours de français, ils estiment toutefois difficile de procéder autrement pour se construire une solide culture générale, même s’ils préfèrent les auteurs contemporains.

Lors de la rencontre avec les étudiants, Philippe Claudel a évoqué le fait que certaines lectures n’étaient pas toujours adaptées à la maturité

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Seul Damien, ayant participé au Roman des Romands, avait déjà rencontré des auteurs dans son parcours scolaire. Avec ce point de comparaison, il aurait trouvé préférable que ce soit un étudiant qui intervienne au début de la conférencedébat pour présenter l’auteur, plutôt que de passer directement aux questions-réponses. Delal, Florian, Xezal et Damien seraient favorables à davantage d’occasions de rencontres avec des écrivains. Côté écriture, les étudiants évoquent le moment où l’auteur a dit qu’il rédigeait sans plan, se laissant guider par les personnages. Damien nuance, estimant que sa formation universitaire lui a apporté une structure qui permet cette prise de liberté. Delal, Xezal et Florian ont été surpris par le fait qu’il s’autorisait à ne pas se forcer à terminer l’écriture d’un livre qu’il avait démarré. Tous quatre ont trouvé intéressant de savoir que les analyses de textes allaient souvent plus loin que la réflexion de l’auteur. Malgré cela, ils défendent les commentaires de textes attendus par leurs professeurs. Comme ils le soulignent, le contraste entre Paul et Philippe Claudel était total. A la lecture de Philippe Claudel, ils s’imaginaient une personne plus sombre. Ils ne s’attendaient pas à rencontrer un auteur aussi enthousiaste et avec autant d’humour. Assurément l’auteur français a élargi le nombre de ses lecteurs. Propos recueillis par Nadia Revaz

Florian, Xezal, Delal et Damien

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Edu c at i on m u s i c ale

C hansons sans frontière Si l’on feuillette des livres de chant scolaire, si l’on lit les programmes de chorales ou d’ensembles instrumentaux, si l’on participe à des rassemblements divers, la multiculturalité est de rigueur. On remarque l’intégration d’éléments venus d’ailleurs dans le but évident de développer l’ouverture culturelle et, peut-être, de faire preuve d’un peu d’originalité dont le manque est souvent critiqué.

Pèlerinage autour du monde Pour ce qui est du chant à l’école, il nous a semblé judicieux, pour illustrer le thème de ces lignes, de mettre en valeur l’activité prospective de Francis Corpataux, musicien et pédagogue d’origine fribourgeoise, ayant œuvré pendant de nombreuses années à l’Université de Sherbrooke (Québec). Passionné de musique et professeur de didactique musicale, Francis Corpataux a parcouru, enregistreur en main, de nombreux pays, dans le but de trouver l’authenticité à travers les chansons d’enfants et d’adolescents. C’est une anthologie unique: Guinée, Sénégal, Inde, Chine, Bénin, Equateur, Bolivie, Argentine, Brésil, USA, Maroc, Bulgarie, Géorgie sont, entre autres, les pays visités. La totalité de la collection est déposée aux archives du musée du Quai Branly à Paris. Ces réalisations ne peuvent que susciter l’admiration. Chacun de ces enregistrements a fait l’objet d’un CD avec une pochette explicative et richement illustrée. Les coordonnées utiles sont mentionnées en note de bas de page 1.

Le développement de l’expression musicale et particulièrement chantante est inversement proportionnel au développement des technologies qui, elles, rendent l’être humain plus ou moins passif. Il n’y a personne, dans ces pays, qui dit «tu chantes faux». Les critères sont expressifs et tendent à être le reflet de la vie des gens (chants de travail, chants d’initiation, chants qui rythment les diverses étapes de la vie, berceuses, heurs et malheurs de tout un chacun…). Les rythmes des musiques dépendent du nombre de personnes qui y participent (binaire, ternaire…).

Apprendre la chanson.

Proposition (honnête) Vous connaissez notre position concernant l’importance de développer des activités communes dans le cadre d’un établissement scolaire. Pourquoi alors ne pas s’engager dans la réalisation d’un spectacle intitulé CHANSONS DU MONDE avec comme support l’excellente série de documents réalisés par Francis Corpataux. La multiculturalité fera le bonheur de toutes et tous. Et Francis Corpataux est fier d’avoir sa place dans Résonances. Jean-Maurice Delasoie Bernard Oberholzer

Et dans nos classes? Nous encourageons donc les enseignants à partir à la découverte de ces trésors. En lien avec le PER, notamment le quatrième objectif d’apprentissage: LA CULTURE 2. La Médiathèque Valais propose quelques enregistrements. Concrètement, on pourrait pratiquer comme suit (conseils gratuits et non exhaustifs…): Demander aux élèves de choisir un pays. Situer le pays du point de vue géographique, politique, linguistique et humain.

Réflexions du chercheur

Parcourir les diverses chansons dans le but de s’imaginer comment vivent les enfants de ces pays.

Dans plusieurs entretiens disponibles sur les réseaux sociaux, le chercheur

Choisir une chanson en définis-

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sant quelques critères: langue, forme, rythme, instruments, voix.

met en exergue, entre autres, les propos suivants:

Notes http://franciscorpataux.com/ productions-discographiques et-autres-productions 1

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www.plandetudes.ch/web/guest/a/cg

En raccourci Cahiers pédagogiques

Observer la classe Dans la classe, pour faire la classe, les enseignants observent sans cesse leurs élèves; ils sont eux-mêmes observés lorsque les portes des classes s'ouvrent pour accueillir des stagiaires, des collègues, des formateurs, qui observent à leur tour tout ce qui se déroule. Hors dossier, un article sur l’école en Suisse. www.cahiers-pedagogiques.com

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F i l rouEc ge de- cl’ori ole u lt uen ret at ion

A lexandre Martroye de Joly, bon en maths mais…

Alexandre Martroye de Joly, de St-Luc, a effectué sa première année d’école primaire en Belgique, en néerlandais. Arrivé en Suisse, il a refait l’année en français puis a poursuivi sa scolarité à Vissoie jusqu’à la première du cycle d’orientation. Sa deuxième année de CO, il l’a suivie à l’école Némésis à Monthey, en étant à l’internat à St-Maurice, avec, à ce momentlà, comme but d’aller au collège. Sa troisième année, il l’a d’abord faite avec toutes les branches en niveau I en école privée à St-Maurice. N’ayant pas réussi au niveau des langues, il est venu au CO des Collines à Sion, avec les maths en niveau I. Il avait alors hésité à faire un apprentissage de technologue en impression, avec malgré tout une préférence pour la voie scolaire. C’est pour cette raison qu’il est à l’Ecole pré-professionnelle de Sion. Pour lui, cette filière intermédiaire est une chance supplémentaire pour atteindre son but. Et il vante le système scolaire suisse. Alexandre, dans quel domaine voulez-vous vous orienter? J’aime beaucoup les maths et c’est dans ce domaine que j’aimerais travailler. Je me sens à l’aise avec les chiffres dans leur globalité, donc je suis aussi intéressé par la comptabilité ou les calculs financiers par exemple. Dans votre cas, vous devez estimer que l’exigence du niveau I pour les langues est injuste, non? En partie, mais l’avantage de l’EPP, c’est d’être un peu moins exigeant pour le passage vers l’école de commerce. Ce sont surtout les notes qui dirigent notre avenir, cependant on peut avoir de moins bons résultats en langues ou en maths et avoir envie de poursuivre en école.

à prendre contact avec la conseillère en orientation. J’ai passé des tests pour déterminer mes domaines d’intérêt et de compétences et cela a confirmé ce que je savais déjà. Ma voie, ce sont les maths. J’ai surtout consulté www.orientation.ch. Si vous aviez pu modifier quelque chose, qu’auriez-vous proposé? L’orientation avec toute la classe est quelque chose d’assez difficile, car c’est très personnel.

en EPP artroye est Alexandre M . à Sion

Pour vous, c’est important de poursuivre des études, car vous auriez aussi pu décrocher une place d’apprentissage? Je veux faire tout mon possible pour entrer en école de commerce. Ensuite, j’espère pouvoir poursuivre ma formation dans un domaine plus spécifique, par exemple dans le management ou pour devenir trader. Avec l’option de l’apprentissage, vous pourriez aussi ensuite faire une maturité professionnelle… En effet, et je suis persuadé qu’on apprend autant en apprentissage. Par contre, il faut être au clair dans ses choix, car comment se décider précisément entre tel et tel métier. Bien sûr, on peut faire plusieurs CFC dans une vie, mais le choix de l’orientation intervient trop tôt à mon avis. Est-ce que l’orientation vous a conforté dans votre choix? Au CO des Collines, nous avions des cours d’éducation des choix, et c’est à ce moment-là que j’ai commencé

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Vos parents ont-ils une influence dans vos choix d’orientation? Pas vraiment. Par contre, ils me soutiennent et me font confiance. L’approche de l’orientation est-elle différente en EPP? Nous devons effectuer au moins 5 jours de stage, ce qui peut aider. En deuxième choix, j’envisage de faire un CFC d’informaticien, mais les places sont rares. En EPP, j’apprécie les cours d’approche du monde du travail, qui nous permettent de faire des entretiens fictifs avec des patrons. Les enseignants en EPP vous encouragent-ils dans votre choix? Oui, même si peut-être ils me conseillent plus un CFC. L’avantage en EPP, c’est que les professeurs enseignent aussi en école de commerce, donc certains me connaissent déjà. Propos recueillis par Nadia Revaz

Interview de Laura Bourban, aussi en EPP, sur www.resonances-vs.ch

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Du c ôt é de la HEP -VS

S ymposium des langues à Sierre

Le sinfolangue, organisé sous la responsabilité de la HES SO avec la collaboration de la HEP-VS, s’apprête à vivre sa 4e édition au cœur de la frontière linguistique, Sierre-Siders. Concentré sur une journée, le symposium débutera par une conférence du professeur Alexandre Duchêne, membre de la direction du Centre de plurilinguisme de l’Université et de la HEP de Fribourg. Alexandre Duchêne traitera des transformations importantes qui impactent nos langues dans une société mondialisée.

4e symposium des langues à Sierre le samedi 3 mai 2014 Un festival de langues Une des caractéristiques principales du symposium, à Sierre/Siders, frontière entre le français et l’allemand,

les informations de détail. Une exposition très éclectique présentant des ouvrages, des méthodes et techniques pédagogiques ainsi que des possibilités d’échanges linguistiques complète l’offre du symposium. Le symposium est une occasion unique sur le sol valaisan. L’édition 2012 avait attiré plus de 300 participants.

Soutien par le Service de la formation tertiaire

sera l’emploi constant de plusieurs langues. Ainsi, plus d’une trentaine de workshops en allemand, français, anglais ou espagnol sont offerts au public. On y traitera entre autres des thèmes tels que «les jeux pédagogiques dans l’enseignement», «Body language in the classroom» ou «Schweizerdeutsch». L’utilisation du link http://sinfolangues.hevs.ch permet de s’inscrire et d’obtenir toutes

Le symposium est ouvert aux enseignantes et enseignants valaisans, de même qu’à tous les collègues des écoles privées et des autres régions de Suisse et de l’étranger ainsi qu’au grand public intéressé. Les enseignants travaillant dans les écoles publiques du canton doivent demander par écrit avant l’inscription la prise en charge financière par le Service de la formation tertiaire à l’adresse nathalie.duc@ admin.vs.ch Patrice Clivaz, directeur de la HEP-VS

Exposition Fabulator Exposition à la Médiathèque Valais St-Maurice jusqu’au 14 juin 2014: Fabulator, en voilà des histoires! Infos pratiques: Horaires: pour les classes selon les horaires scolaires; pour le public lu-ve: 11 h 30-18 h / sa: 10 h-12 h; horaires spéciaux durant les vacances scolaires. Visite commentée pour les enseignants: mercredi 5 mars de 16 h à 17 h (sur inscription) Contact pour les inscriptions et renseignements: evelyne.nicollerat@admin.vs.ch; www.mediatheque.ch En marge de l’exposition Ateliers: Samedi 15 mars de 9 h à 12 h: Pièces détachées, réalisations graphiques autour de la lecture et du livre, avec l’artiste plasticienne Camille von Deschwanden.

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C on c er t

H onegger et Verdi

pour 30 ans d’existence L’histoire du Chœur des Collèges de Sion et celle de l’Orchestre du Conservatoire cantonal sont intimement liées. Les deux ensembles ont été créés pour exécuter la Missa brevis de Mozart en 1984. Depuis, chacun a suivi son propre développement, pour une même mission: faire découvrir à des jeunes le bonheur de chanter et jouer en public. Au cours des années, le Chœur et l’Orchestre se retrouvent régulièrement. Pour leurs trente ans d’existence en 2014, les deux formations ont décidé de monter le Roi David, du compositeur suisse Arthur Honegger. Cette pièce nécessite un orchestre symphonique (60 musiciens) et un grand chœur. Les 120 chanteurs du Chœur des Collèges seront complétés par 30 anciens chanteurs volontaires.

Une bibliothèque musicale vivante Les deux formations sédunoises ont toujours voulu être des outils pédagogiques permettant à près de

Le Roi David, A. Honegger. Dir. B. Héritier En introduction: La Forza del Destino, G. Verdi. Dir. R. Métrailler Deux concerts: samedi 5 avril 2014 à 19 h et dimanche 6 avril 2014 à 17 h Le Quai Provins (rue de l’Industrie 22) à Sion Prévente au Conservatoire: 027 322 25 82. Vente à l’entrée.

Chœur des Collèges de Sion et l’Orchestre du Conservatoire.

2000 étudiants une approche des plus belles pages de la musique, du 16e au 21e siècle. Elles leur ont permis de fréquenter les compositeurs les plus célèbres et de s’initier aux genres musicaux les plus divers. L’étendue de ce répertoire constitue une bibliothèque musicale dépoussiérée, parcourue avec enthousiasme.

Valoriser un projet pédagogique à long terme Deux des trois solistes nécessaires à ce programme sont en voie de professionnalisation et ont passé par le Chœur des Collèges. De même, les deux récitants sont d’anciens collégiens ayant œuvré au sein des troupes des deux collèges. En outre, l’affiche du concert est conçue par des élèves d’option art visuel du collège de la Planta. La cohérence pédagogique et éducative ainsi recherchée vise à valoriser tout un système de formation.

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Un lieu original Les concerts seront donnés dans un lieu jamais utilisé pour de la musique classique: le Quai Provins à Sion. Il doit être entièrement équipé: chauffage, estrade et podium géants, sonorisation, 500 chaises. Un beau défi. Pierre Pannatier, proviseur LCP

Bernard Héritier.

@ Chab Lathion.

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Ec ole-c u lt u re

S téphane Albelda, passeur culturel Stéphane Albelda enseigne le français au Lycée-Collège des Creusets à Sion. Il est aussi responsable au sein de l’établissement des activités culturelles et de l’Atelier-Théâtre du LCC pour les étudiants intéressés, à partir de la 3e année. L’an dernier, lors du festival FriScènes, la Troupe du LCC s’est vue récompensée de deux prix sur les cinq décernés: celui de meilleur comédien (Hadrien Praz) remis par le jury professionnel ainsi que le Prix du public.

Nicole Grieve

de Lausanne et la Haute Ecole de théâtre de Suisse Romande. D’abord enseignant au Lycée-Collège Spiritus Sanctus à Brigue, Stéphane Albelda a rejoint le LCC, reprenant, à la demande du recteur Benjamin Roduit, les activités culturelles au départ de Jean-Daniel Coudray.

Cette année, 22 jeunes donnent de leur temps pour des répétitions hebdomadaires en dehors de l’école. En avril-mai 2014, la Troupe du LCC jouera Le cercle de craie caucasien de Bertolt Brecht, dans une mise en scène de Stéphane Albelda (représentations publiques les 2 et 3 mai).

Après avoir obtenu une licence en lettres à l’Université de Lausanne (français, espagnol et histoire), Stéphane Albelda a suivi la formation de maître de gymnase à l’Université de Fribourg. Depuis 2012, il est par ailleurs titulaire d’un CAS en dramaturgie et performance du texte, filière de formation organisée conjointement par l’Université

Le coup de projecteur d’Etincelles de culture à l’école La nouvelle liste Etincelles de culture présente des artistes professionnels qui ont aussi l’expérience des publics scolaires. Leur «proposition aux écoles» donne des idées de collaboration. Outil: liste en ligne de professionnels de la culture désirant collaborer avec les classes Public: enseignantes et enseignants de tous les degrés Lien: http://goo.gl/2sei6e Etincelles de culture est le programme du Service de la culture qui soutient et promeut les activités culturelles en lien avec l’école. Offres, soutien et outils sur www.vs.ch/etincellesdeculture

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Actif dès sa jeunesse sur le plan de la création artistique, Stéphane Albelda multiplie les casquettes, étant tour à tour dramaturge, metteur en scène, auteur, compositeur de musiques et de chansons, interprète… Il travaille aussi bien pour sa propre troupe que pour d’autres compagnies, dont Interface ou Lubia (spectacle The Box I, du 1er au 6 mars 2014). Proche des milieux culturels, il est aussi programmateur au CMA Théâtre de Valère.

lier-Théâtre ble de l’Ate sa on sp re , . lbelda eusets à Sion Stéphane A llège des Cr du Lycée-Co

Stéphane Albelda, qu’est-ce qui vous a motivé à devenir enseignant, tout en poursuivant une activité artistique? Je n’ai jamais dissocié le geste artistique de celui de l’enseignement, qui à mes yeux sont très complémentaires. Dans les deux cas, c’est un geste de passeur, où la culture joue un rôle d’éveil. Votre parcours professionnel ressemble-t-il à celui que vous aviez imaginé? Je savais dans quel domaine je voulais travailler, mais sans plus. J’essaie plutôt d’être disponible pour me laisser guider par les opportunités. Mon désir est de connaître par la pratique les différents volets de la

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Concours Les Frappadingues de Résonances Pour l’année scolaire 2013 – 2014, Résonances et Ecole-Economie s’associent pour proposer un concours de dessins et de photographies pour les classes valaisannes (Le tourisme valaisan en 2020? – Les déchets en 2020: après la poubelle?). Délai pour concourir: 30 avril 2014 www.frappadingues.ch www.ecole-economie.ch Le dessin du mois Vincent Champ et Thierry Gex-Collet, CO de Troistorrents (classe de Corinne Dervey)

création artistique, de l’écriture à la scène. Une approche enrichit l’autre et avoir un vécu et une expérience dans chacun des domaines est précieux dans ma relation avec les collégiens. Quels sont les apports de la Troupe LCC pour les étudiants? Les jeunes collégiens sont sensibilisés à une pratique du théâtre et au fil des ans cela instaure une culture au sein de l’établissement. Via cette expérience, ils ont une meilleure connaissance d’eux-mêmes, parce qu’ils se confrontent à des grands textes et à une exigence régulière. Ils prennent conscience de la difficulté à dire une phrase avec le ton juste, apprennent la vigilance et la discipline et gagnent en confiance et en ouverture d’esprit. Motivés, ils prennent volontiers des initiatives et surprennent par leur implication. Cette approche culturelle aide-t-elle des étudiants à gagner en maturité? Cela arrive, et je constate que la Troupe du LCC est surtout un formidable facteur d’intégration, car un système de transmission se met en place entre les aînés et les plus jeunes. Sur trois ans, ils franchissent des étapes. Ils évoluent autant au

niveau de la technique de jeu que de la présence sur scène. Qu’est-ce que la Troupe du LCC offre aux spectateurs? En Valais, il serait difficile de monter certaines pièces, avec autant de comédiens. Même si ce sont des étudiants, ils sont encadrés de façon à offrir un spectacle de qualité. Et vous, que retirez-vous de cette expérience? D’abord de l’enthousiasme, mais aussi un enrichissement de ma pratique enseignante. Découvrir des étudiants dans un autre contexte met en valeur leur immense potentiel. Je suis impressionné par la confiance qu’on peut leur accorder. Quel regard portez-vous sur le programme Etincelles de culture à l’école? Grâce à ce soutien incitant à travailler avec des professionnels, j’ai pu par exemple faire appel aux compétences de Danièle Chevrolet, comme je l’aurais fait pour l’un de mes propres spectacles. Cela permet de créer des ponts entre les équipes professionnelles du théâtre et des étudiants. Je trouve que le

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projet Etincelles de culture est bien senti, étant donné qu’il facilite la circulation entre le monde scolaire et le milieu artistique. Je rencontre des étudiants qui vont voir davantage de spectacles et un milieu théâtral qui découvre de jeunes talents. A vos yeux, le théâtre a-t-il aussi sa place à l’école obligatoire? Papa de trois enfants à l’école primaire à Sion, je perçois l’apport des cours d’expression théâtrale. Même pour les très jeunes élèves, c’est un excellent outil de conscience de soi face au regard des autres. Dans une société où le virtuel est omniprésent, je pense qu’il est fondamental de montrer que le geste artistique place l’individu dans le réel. Selon moi, un prof de théâtre sera d’autant plus crédible qu’il connaît l’expérience de la scène et le catalogue d’Etincelles de culture évite que l’on se contente de jouer à faire du théâtre. Propos recueillis par Nadia Revaz http://hugochansons.weebly.com http://hussarddeminuit.weebly.com/ la-compagnie.html www.creusets.net

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C PVAL

R epenser le long terme La globalisation est finalisée. La Chine a rejoint le cercle des pays développés en intégrant plusieurs millions de personnes dans la grande consommation. Dans le même temps le Japon a donné l’exemple de ce qui advient quand les limites du plein emploi et de la croissance sont atteintes. Qu’en avons-nous retenu! Nous devons prendre conscience que ce n’est ni la Chine, ni le Brésil ou l’Afrique qui vont sauver la croissance économique mondiale. Tous les modèles tablent toujours sur une croissance forte pour financer nos besoins. Nous sommes dans un délit de croissance en ne voulant pas admettre que nous sortons d’une phase de développement économique par accumulation de biens pour entrer dans une ère d’économie de remplacement de biens. Refuser cet état de fait, c’est nier que les Etats ne pourront rembourser qu’une partie plus ou moins importante de leur dette, que les budgets publics ne pourront plus supporter des prestations sociales sans nouvelles cotisations. Nous voulons acheter moins cher! Les entreprises licencient en Occident pour produire en Asie. Cela augmente le chômage et les coûts sociaux. Nous voulons des rendements socialement responsables et respectueux de l’environnement. On introduit des taxes qui sont détournées pour boucher les trous budgétaires des Etats. On déresponsabilise l’individu en lui faisant croire à l’Etat providence. On veut des rentes plus élevées sans adapter le financement, ce qui augmente le risque de gestion des capitaux. Des banques

www.cpval.ch

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Patrice Vernier

assumer le coût social de leurs futurs retraités.

ont perdu leur fonction d’intermédiation financière à disposition de l’économie pour devenir des producteurs d’argent. Ce cercle vicieux ne permettra pas aux fonds de pension de retrouver un peu de sérénité. Non, ce ne sont pas les rendements de ces dernières qui ne sont pas bons, encore moins la Bourse qui va mal, mais simplement notre manière d’agir au quotidien, notre inconscience collective, spéculative et égoïste. La recherche de maximisation des profits à court terme, la perte des fondamentaux de la fonction de gestion des actifs financiers, la soustraction de l’économie de capitaux réels au profit du virtuel, la volonté de donner plus de rendement à l’épargne ont conduit à la situation actuelle. Il faut favoriser un développement industriel, bien préciser le financement des prestations entre les cotisations et le rendement des investissements, préserver la solidarité. Prendre conscience que les obligations de la Confédération ne rapportent plus du 5% à 12 ans, mais du 1%. On doit accepter que la croissance économique mondiale ne sera plus élevée, admettre que l’entreprise ne peut pas assumer à elle seule toute la charge sociale et encore moins l’Etat. L’inflation n’est plus ce qu’elle était. Il existe cependant toujours des opportunités de niche de développements économiques. Les pays émergents ont émergé, leurs fonds souverains doivent cumuler des milliards pour

Le marché prolifère depuis peu de solutions de gestion de risque des investissements sans pour autant représenter un gain financier réel. A contrario, il convient d’élargir le plus possible l’allocation stratégique des fonds de pension. Actions, obligations et immobilier se diversifient. Intégrer des alternatives telles que Infrastructure, Microfinance durable et Private Equity sans effet de levier sont autant de possibilités d’élargissement de l’allocation des actifs pour la maîtrise de la part du financement des prestations liées au rendement. La condition préalable au succès demande à ce que les partenaires sociaux admettent un ajustement des cotisations lorsqu’il le faudra. Que les pourfendeurs de la préservation des acquis intègrent une période de faible inflation qui perdure. Cotiser pour l’épargne dès l’âge de 20 ans, augmenter le traitement cotisant, admettre la baisse du taux technique de rémunération attendu de l’épargne accumulée et le taux de conversion du capital en rente représente des alternatives efficaces maintenant à bon niveau les prestations. Il faut aussi définir des cotisations linéaires pour renforcer la sécurité des jeunes à long terme et ne plus charger les générations proches de la retraite. Pour les laissés-pour-compte de telles mesures, il faut utiliser les prestations complémentaires et éviter ainsi une politique d’arrosage qui ne conduit qu’à un appauvrissement à terme de l’Etat et à une destruction du concept des trois piliers. Reconsidérer le contexte au futur et non au passé et en avoir conscience, c’est signer un nouveau pacte social.

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R éflexi on

R edonner au travail

journalistique toute sa valeur

La norme de la gratuité Pour les plus jeunes, la gratuité de l’information est devenue une norme symbolisant un accès plus large à la culture. L’explosion des technologies a bousculé les usages médiatiques, à tel point que les générations nées avec internet perçoivent l’acte de payer pour s’informer comme une exception. Selon Chris Anderson, la gratuité est naturelle chez les jeunes alors qu’elle paraît suspecte aux plus de trente ans (Anderson, 2009). La gratuité de

travail journalistique et la qualité de l’information qui n’a pas de prix.

Notes Après Métro (Modern Times Group) et 20 Minutes (Groupe Schidsted) arrivés à Paris en février 2002, les titres de presse quotidienne régionale ont publié leur propre support gratuit. En 2008, un troisième quotidien gratuit a fait son entrée sur le territoire national: Direct Matin, édité par le groupe Bolloré Médias.

1

l’information, non seulement fragilise les entreprises de presse, mais surtout introduit l’idée que le travail journalistique n’a pas de valeur. Aujourd’hui, l’enjeu est de taille. Il s’agit d’expliquer aux plus jeunes, d’une part, que le journalisme est un véritable métier qui s’apprend, un métier plus complexe qu’il n’y paraît, et d’autre part, que la fourniture de contenus journalistiques gratuits ne correspond pas uniquement à une vision plus égalitaire de la société. Du point de vue économique, la gratuité de l’information est une arme redoutable. Dans ce contexte, à nos yeux, l’Education aux médias joue un rôle fondamental. Les enseignants mais aussi les professionnels des médias doivent pouvoir intervenir dans les classes  4, aider les plus jeunes à interroger d’une manière critique les diverses offres rédactionnelles en comparant par exemple différents types de contenus qui, pour toucher plus vite un public, misent sur la gratuité. Il s’agit donc bien, alors que la gratuité se généralise, de sensibiliser les jeunes lecteurs à ses conséquences sur le

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Sur cette question des modèles économiques des médias, voir: MarieChristine Lipani Vaissade (2013), La gratuité de l’information: un modèle économique introuvable?, Futuroscope, SCREREN/CNDP/Clémi.

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Nos propos s’appuient sur une étude en réception que nous avons menée dans le cadre de notre doctorat. Voir: Marie-Christine Lipani Vaissade (2008), «Une rencontre du troisième type», in Corroy L. (dir.), Les jeunes et les médias. Les raisons du succès, Paris, Vuibert, pp. 13- 36.

4

Cela se fait beaucoup en France, en particulier à l’occasion de la Semaine de la presse à l’école qui se déroule tous les ans en mars.

re eu

l’a ut

La gratuité de l’information fait débat, aujourd’hui encore plus qu’hier. Cela est sans doute lié au fait que la plupart des contenus sont en accès libre sur Internet et les médias mobiles. Par ailleurs, et depuis plusieurs années déjà, des quotidiens d’information gratuits comme Métro et 20 Minutes, ont vu le jour, et se sont imposés dans le paysage médiatique, comme ce fut le cas en France dès 2002 1. Mais la raison majeure qui ouvre à nouveau le débat sur la gratuité de l’information est surtout d’ordre économique. La presse écrite perd de l’argent et mise sur Internet pour rebondir. Elle doit aujourd’hui se trouver un nouveau modèle économique qui oscille entre des contenus payants et d’autres gratuits 2. Pour l’instant, aucun modèle n’a fait ses preuves. En revanche, les quotidiens gratuits, et ce fut le cas en France, en se positionnant dès leur début vers un public non lecteur de presse quotidienne et notamment les jeunes, ont rencontré leur audience. Les jeunes se sont sentis destinataires de l’information et impliqués par des contenus qui répondaient à leurs préoccupations. 3

Marie Christine Lipani Vaissade est maître de conférences et directrice adjointe de l’Institut de Journalisme Bordeaux Aquitaine (IJBA) - Université Bordeaux Montaigne. Elle est l’auteure notamment d’une thèse sur la lecture des quotidiens gratuits par les 17-25 ans.

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Développem en t du rabl e

F lorent Zabloz, étudiant

et créateur d’un agenda valaisan Au départ, le calendrier perpétuel est un projet initié dans une classe de l’Ecole de commerce de Sion dans le cadre du cours Apprendre à entreprendre (www.ecole-economie. ch). Durant l’année scolaire 20112012, un prototype a été élaboré et la classe a obtenu la 2 e place au prix Sommet Junior 2012. Florent Zabloz, à l’initiative du projet, a repris le concept en le revisitant sous l’angle du développement durable. De scolaire, le projet est devenu familial. Florent Zabloz, pourquoi avoir voulu poursuivre ce projet scolaire? Je trouvais l’idée intéressante, mais en classe il était difficile d’obtenir un résultat satisfaisant, car tous les élèves n’étaient pas motivés. Toutefois, sans Apprendre à entreprendre, je n’aurais clairement pas créé ce produit. Avec ce calendrier valaisan, vous êtes à la tête d’une petite entreprise familiale… Ma famille était convaincue de l’intérêt de la démarche, aussi nous nous sommes réparti les tâches. Etant six en famille, chacun a pu

plus! Nous n’avons pas fait d’assemblée générale, mais chacun a amené sa touche personnelle. Quelle est pour vous la richesse de cette expérience? Tout d’abord cela m’a permis de découvrir des endroits que je ne connaissais pas, car il a fallu se rendre d’un bout à l’autre du Valais pour prendre certaines photos. Ensuite, cela me permet de progresser sur le plan relationnel. e année oz est en 3 Florent Zabl Sion. de ce er comm à l’Ecole de

trouver quelque chose à faire. Ma maman a cherché pas mal de phrases et actuellement elle est un peu mon attachée de presse. Mon papa a surtout géré les aspects financiers. L’une de mes sœurs tient la page Facebook, etc. Comment avez-vous joué le rôle de chef de projet en famille? Je ne suis pas le patron de Nestlé non

365 Valais-Wallis c’est: un calendrier perpétuel imaginé, réalisé et édité par des Valaisans, pour les Valaisans et tous les amoureux du Valais, disponible en français, allemand et patois/français (patois d’Anniviers, Bagnes, Chamoson, Conthey, Evolène, Fully, Hérémence, Leytron, Louable-Contrée, Nendaz, Orsières, Salvan, Savièse et Troistorrents). une page chaque jour, avec une photo prise en Valais et une idée, un rappel ou une suggestion mettant en lien, au fil des saisons, le développement durable et le Valais une diversité de domaines abordés. www.365valais-wallis.ch

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Vos parents ont-ils aussi appris à travers ce projet? Ma maman s’est améliorée en informatique et mon papa a un plaisir fou à utiliser le logiciel de mise en pages. Y avait-il un risque financier à lancer cette petite entreprise? «No risk, no fun!». En fait il n’y avait pas vraiment de risque financier, puisqu’on passe commande à l’imprimerie en fonction des demandes. Quelle version de l’agenda marche le mieux? Assurément l’agenda patois/français, car le patois revient à la mode. C’est notre petite originalité. Peutêtre qu’on pourrait développer le calendrier en version numérique, mais rien n'est encore décidé. Ce projet vous a-t-il donné l’esprit d’entreprendre? J’aimerais bien faire l’Ecole d’ingénieurs dans le domaine agroalimentaire ou technologique, donc ce projet a renforcé mon goût pour des petites inventions. Propos recueillis par Nadia Revaz

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R ec h erc h e

L es loisirs à l’ère du numérique: la lecture en danger! Avec l’explosion des technologies numériques, les élèves ont changé. Les livres sont remplacés par les jeux vidéo et les jeux de la cour de récréation ont laissé la place au téléphone portable. Bientôt la tablette tactile va remplacer le mobile musical du berceau. Face à ce changement de société, parents, éducateurs et chercheurs se posent la question de savoir si le remplacement de la lecture par les jeux vidéo ou le téléphone portable a une conséquence négative ou positive sur les performances cognitives ou scolaires des élèves.

L’enquête sur les loisirs des élèves de 3e Le Ministère de l’Education Nationale (Direction de l’Evaluation, de la Perspective et de la Performance) avait lancé une grande enquête sur plus de 30 000 élèves de 11 ans, alors en 6e de collège (Le Cam, Rocher, Lorant & Lieury, 2013). Cette enquête en 2008 chez des enfants de 11 ans, ne révélait pas d’impact des

loisirs, même fréquents sur les performances scolaires et cognitives et montrait que la lecture était pratiquée presque par les deux tiers des élèves (59 % des élèves au rythme de la semaine).1 Mais en trois ans le numérique s’est emballé et les élèves sont devenus des adolescents. C’est pourquoi une nouvelle enquête a été réalisée trois ans plus tard (en 2011) sur un large échantillon représentatif de 27'000 adolescents français (14 ans et demi) en classe de 3e de collège. Notre étude est basée sur ces nouvelles statistiques. Cette fois, le questionnaire a été conçu pour détailler les thèmes ou les genres des loisirs, par exemple, si les jeux vidéo sont des jeux d’action/combat/ plateforme ou des jeux de stratégie, ou de sports.

Le Top 10 des loisirs des ados Voici le Top 10 des loisirs préférés des ados, c’est-à-dire le classement (en %) des loisirs les plus fréquents (fig.1). Les deux activités les plus fré-

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A. Lieury & S. Lorant

quemment pratiquées par les adolescents de 14 ans (et demi) sont l’écoute des musiques actuelles, rock, hip-hop, etc. (79 %) et le fait de téléphoner ou d’envoyer des SMS (78 %). Vient ensuite la communication par internet avec ses ami(e)s (73 %), par exemple avec Facebook. La quatrième activité au-dessus de 50 % est la navigation sur internet (61 %). Les autres loisirs concernent la téléréalité (42 %), la recherche d’infos people sur internet, les chansons et les films d’action/policier/fantastique. La totalité des activités de ce Top 10 sont des loisirs «numériques» et utilisent le téléphone, l’ordinateur, la télévision (qui désormais est numérique) ou des appareils musicaux… Le premier loisir d’une activité réelle et non virtuelle, les activités physiques ou sportives n’apparaissent qu’à une fréquence de 26 % (non représenté sur la figure). Les adolescents ne sont plus les «enfants de la télé» mais les enfants du Numérique (ou Digital Natives chez Marc Prensky).

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Les loisirs préférés dans la semaine Cependant certains loisirs sont difficiles à pratiquer tous les jours comme ceux qui nécessitent un déplacement, loisirs physiques ou sportifs, cinéma… Si bien que le classement le plus représentatif est sans doute d’additionner les réponses les plus fréquentes (en %), par jour («tous les jours ou presque» et par semaine «environ 1 à 2 fois par semaine». Voici le classement des activités les plus fréquentes (égale ou supérieure à 50 %) et quelques activités représentatives par ordre décroissant. Quatre activités dominent aux environs de 90 %, l’écoute des musiques actuelles, le téléphone et SMS, Internet pour la communication et la navigation sur Internet. Viennent ensuite aux environs de 75 % les activités physiques et sportives, les émissions de téléréalité et les films d’action. Parmi ces huit activités au-dessus de 75 %, sept sont des loisirs numériques, musique, téléphone, internet et télévision… Enfin, par ordre décroissant, voici quelques exemples d’activités des adolescents, voir des copains et copines (68 %), écouter des chansons ou variétés françaises (58 %), regarder des films ou séries comiques (56%), dessins animés (53 %), des sports (à la télévision, 47 %), jouer

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aux jeux vidéo d’action (44 %). La lecture n’apparaît pas comme une activité préférée, et c’est le journal ou magazine d’actualités qui sont préférés (34 %); viennent ensuite les bandes dessinées (et/ou mangas, comics, 31 %). La lecture de romans policiers/thrillers/fantastiques n’apparaît qu’avec une fréquence de 24% et c’est encore pire pour les œuvres littéraires de grands auteurs français ou étrangers (16 %). Par rapport à notre enquête de 2008 qui montrait que les élèves de 11 ans étaient 59 % à lire des livres, ce pourcentage a donc dangereusement chuté.

Les loisirs des garçons et des filles Pour la plupart des activités, les filles et les garçons ont des choix équivalents, comme de naviguer sur internet, regarder des dessins animés ou lire des journaux. Mais certains loisirs sont nettement différents. Pour simplifier, nous ne comparons que les quatre catégories de loisirs les plus représentatives, Téléphone/Internet, Vidéo, Jeux vidéo et Lecture. Chez les garçons prédomine le besoin d’action (fig. 2), comme pour les jeux vidéo d’action, ou de sport, où les différences avec les filles sont considérables, (75 % contre 14 %), les films d’action et de combats (guerre, arts martiaux, 49 % contre 13 %), etc.

Les filles, quant à elles, téléphonent un peu plus que les garçons mais pas autant que le stéréotype le laisserait penser (93 % contre 84 %). En revanche, elles regardent plus des émissions de téléréalité (83 % contre 65 %). La différence la plus importante est dans le choix des films et séries romantiques (55 % contre 20 %), ce qui fait un net contraste avec le choix des garçons pour les films d’action. Sur le plan culturel, elles lisent plus de grands auteurs français ou étrangers, romans, poèmes, et plus encore de romans policiers et probablement fantastiques (Twilight, Harry Potter). En résumé, les garçons sont nettement plus tournés vers l’action alors que la sphère de loisirs des filles est plus intimiste et sentimentale.

Quel est l’impact des loisirs numériques sur les performances scolaires et cognitives? Afin de simplifier ces nombreux résultats et de pouvoir montrer les effets pour plusieurs tests cognitifs et scolaires, nous avons calculé le pourcentage de changement entre les scores des élèves qui jouent «tous les jours ou presque» et ceux qui déclarent ne «jamais» pratiquer l’activité. Avec ce score de changement, les résultats montrent clairement les loisirs qui sont positifs ou négatifs pour les performances cognitives scolaires. La lecture est la plus bénéfique, puisque les changements liés à une pratique fréquente sont favorables à tous les tests, notamment à la compréhension (+10 %) et surtout à l’acquisition de connaissances (+20 %). Les jeux vidéo n’ont pas d’influence, et notamment il n’y a aucune amélioration (changement de 0%) pour le raisonnement, ce qui infirme l’hypothèse de transfert de la pratique des jeux vidéo sur l’intelligence fluide, comme l’ont supposé certains chercheurs. A l’inverse, jouer aux jeux vidéo (action, combat, plateforme) n’a pas non plus d’incidence négative, comme le craignent

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A propos du renouvellement des autorités communales: «Les régens doivent rester étrangers à tout le mouvement auquel ces élections donneront lieu. L’instituteur, qui se fait homme de parti, qui travaille en faveur d’une ambition et qui cherche à faire échouer l’autre, qui exalte Pierre et critique Paul, qui se mêle, en un mot, de cabales et d’intrigues électorales, ce régent-là méconnaît ses devoirs et son propre intérêt.» L’Ami des Régens, journal pédagogique pour les écoles françaises du Valais, 1er janvier 1855

certains parents: tous les enfants n’ont pas d’addiction (8 % selon certaines estimations). Téléphoner très souvent a une incidence mais faible, sauf pour l’acquisition des connaissances pour laquelle, ceux qui téléphonent (ou envoient des SMS) très souvent ont acquis moins de connaissances (-10 %). Mais c’est le visionnage très fréquent des programmes de téléréalité (et également les séries romantiques) qui a l’impact le plus négatif sur les performances cognitives et scolaires, de -11 % pour les maths à -16 % pour les connaissances. Ainsi, il y a 35 % d’écart entre le loisir de la téléréalité et la lecture, pour la mémoire des connaissances (Lexis). Cependant on pourrait également supposer que ce score négatif est dû au fait que ce sont les élèves faibles, par exemple de milieux moins cultivés, qui regardent plus les programmes de téléréalité. C’est vrai en partie, et nos résultats indiquent que les enfants d’ouvriers sont 10 % de plus à regarder de tels programmes par rapport aux enfants de cadres. Néanmoins, les enfants de cadres qui regardent très souvent ces programmes voient leurs scores baisser tout comme les autres. En conclusion, la majorité des loisirs, comme les jeux vidéo, n’a pas

ou peu d’influences sur les performances scolaires et cognitives, ce sont des loisirs qui permettent la détente, ou l’expression des dimensions affectives et sociales des élèves (téléphone, sms…). Mais la pratique trop fréquente de la télé (ou vidéo sur ordinateur) est associée à de moindres performances. A l’inverse, la lecture est bénéfique. Pourquoi? La raison principale en est la richesse de vocabulaire. Hayes and Ahrens (1988; Cunningham & Stanovich, 1998) ont montré un nombre de 1000 mots différents en moyenne dans des livres mais jusqu’à 4000 mots différents dans des magazines scientifiques. Même le vocabulaire de bandes dessinées (867) est plus riche que celui d’émissions populaires en prime time pour les adultes (598 mots). Ces chiffres sont faibles par rapport aux manuels scolaires qui comptent jusqu’à 6000 mots en plus du vocabulaire courant en 6e et jusqu’à 24 000 en 3e, niveau scolaire des élèves de notre étude (Lieury, 2012). Vous savez maintenant, comment booster la mémoire des enfants, en amont, bien avant qu’ils deviennent ados. L’école reste irremplaçable pour la variété des apprentissages, de l’histoire aux maths. Et à la maison, si tout est permis à dose raisonnable pour les loisirs (télé, jeux

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Références Cunningham, A.E., Stanovich, K.E., (1998) What reading does for the mind. American Educator, 22, 1 & 2, 8-15 Le Cam, M., Rocher, T., Lorant, S., Lieury, A., (2013) Les Enfants du Numérique: activités extrascolaires et caractéristiques chez 30 000 élèves de 6e de collège. Bulletin de Psychologie. Lieury A., Lorant S, Champault F. – Loisirs numériques et performances cognitives et scolaires: une étude chez 27 000 élèves de la 3e des collèges. Bulletin de Psychologie, 2014, à paraître. Lieury A. Mémoire et Réussite scolaire (4e éd.), 2012, Paris: Dunod.

Note Les loisirs des jeunes à l’ère du numérique, Résonances, Novembre 2012, n° 3, pp. 25-27.

1

au

1855

ur te

s

les

C’était écrit dans L’Ami des Régens en

vidéo…), il faut que les parents continuent à valoriser la lecture, quel que soit le media (papier ou tablette…) même au siècle du numérique.

Alain Lieury Laboratoire de Psychologie expérimentale, (CRP2C, EA 1285), Université Européenne de Bretagne (Rennes2), place du Recteur Henri Le Moal, 35043 Rennes Cedex.

Sonia Lorant Laboratoire Interuniversitaire des Sciences de l’Education et de la Communication (LISEC, EA 2310), Université de Strasbourg, (IUFM d’Alsace).

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MITIC

M ITIC et classe inversée

dans l’enseignement spécialisé

Les élèves iVeynards ont lancé leur blog.

Rencontre avec une classe d’adolescents à la Fondation Mme Charles Eynard-Eynard 1 à Lausanne, leur enseignante et son collègue éducateur, afin de découvrir sur le terrain une organisation pédagogique intégrant les MITIC (Médias, images et technologies de l’information et de la communication) et la classe inversée. Sous la houlette d’Anne Andrist, les

Pour en savoir plus Blog professionnel d’une enseignante spécialisée un peu décalée http://anneandrist.ch/ cavaoubienblog http://anneandrist.ch/dicteeaudio http://anneandrist.ch/capsules Blog créé et géré par la classe 6 de la fondation Eynard http://classesixeynard.wordpress.com Pearltree Résonances / Doc. pédagogique en lien avec la pédagogie inversée http://pear.ly/cHHaX

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élèves sont familiarisés à l’utilisation de Twitter, à la rédaction d’un blog, à la réalisation d’émissions de radio scolaire, etc. Le tout se déroule dans l’esprit de la démarche de projet et avec le souci de la coopération et de l’interactivité. Pour Anne Andrist, expérimenter de nouvelles approches et privilégier les regards croisés avec son collègue ainsi qu’avec l’équipe interdisciplinaire (psychologue et logopédiste) est indispensable «pour que les élèves en grande difficulté soient motivés, retrouvent du sens aux apprentissages et renouent avec l’estime d’eux-mêmes.» Commençons nous aussi la rédaction de cet article un peu différemment, c’est-à-dire en racontant le pourquoi et le comment de la rencontre avec cette classe de l’enseignement spécialisé privé lausannois. L’histoire démarre fin décembre, en référence à l’une des illustrations du dossier d’octobre 2013 sur le français connecté mettant en scène des tweets scolaires. Dans ma messagerie, une alerte me signale l’info suivante: #twittclasse photo mais pas

d’article sur les #twittclasses dommage, peut-être dans un prochain numéro? cc @nadiarevaz pic.twitter.com/Xf52dR0Tl2 Impossible de ne pas réagir, aussi je réponds pour dire que j’enregistre la suggestion, et là Sébastien Vassalli, enseignant à Sion, s’en mêle sur Twitter: «Nadia si tu pouvais également faire qqch sur la classe inversée 2». Excellente idée, d’autant que c’est un sujet dont il est souvent question dans les médias, sans que l’on sache forcément à quoi cela correspond exactement. En découvrant le blog d’Anne Andrist, qui pratique la pédagogie Freinet depuis 18 ans, je me dis que le plus simple serait d’interroger directement ses élèves pour mieux comprendre sa pratique qu’elle qualifie elle-même d’un peu décalée.

Immersion dans une classe inversée Lundi 20 janvier, en début d’aprèsmidi: dans la classe d’Anne Andrist, les activités des élèves se répartissent selon leur plan de travail individualisé

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affiché sur les murs ou les fenêtres. L’enseignante répond aux questions des élèves, pendant que, par groupe ou individuellement, ils me racontent leur perception sur l’enseignement et l’apprentissage au sein de leur classe. Mathias et Afrim recherchent des documents pour rédiger un article sur la manifestation Polymanga qui aura lieu à Lausanne en avril 2014. Comme ils l’expliquent, la manière d’apprendre dans leur classe actuelle est très différente par rapport à celles des autres écoles qu’ils ont fréquentées. Ils se sentent plus autonomes dans la gestion des tâches et apprécient tout particulièrement l’alternance entre des apprentissages théoriques et d’autres réalisés en atelier où ils travaillent sur le bois, sur le verre, avec du matériel électronique, etc. Sur le plan scolaire, ils se disent globalement satisfaits par la classe inversée, c’est-à-dire de devoir d’abord découvrir les thématiques à la maison avant de les aborder en classe. Ils font remarquer qu’ils ont le droit de faire des propositions: ainsi le blog entièrement géré par les élèves est une idée de Mathias. Anne Andrist précise tout le travail que cela a impliqué sur les contenus, la mise en page, sans oublier les questions liées à la confidentialité, aux sources, etc. «Tout comme cela avait été le cas avec les twittclasses, il a fallu mettre en place des règles, mais ensuite c’est une ouverture formidable», souligne l’enseignante. Emilienne et Héloïse sont elles en train de répondre à des devinettes mathématiques sur Twitter. Sidonio fait des opérations mathématiques. Gresa récupère des photos dans le flux pour les ajouter au blog, tandis que Bemenete imagine des énigmes mathématiques pour lancer des défis à d’autres classes. Quant à Frederik, il écoute un livre audio pour pouvoir ensuite répondre à des questions de compréhension. Parmi les diverses activités proposées en cette période de l’année, la radio est vraisemblablement la plus appréciée, aussi en deuxième par-

tie d’après-midi nous suivons Emilienne et Héloïse, accompagnées de Pierre-Yves Aufranc, éducateur, musicien et technicien, dans les soussols où le studio est installé. Là, les deux jeunes filles qui s’occupaient jusqu’à présent de la programmation musicale, enregistrent leur première chronique. Sans s’en apercevoir, elles améliorent leur oral scolaire, avec une persévérance qu’elles n’auraient certainement pas eue, sans la perspective de la diffusion de l’émission.

peux mieux guider leur progression individuelle.»

Avec les MITIC en appui

Notes

Pour Anne Andrist, le principe de la pédagogie inversée intégrant les MITIC est particulièrement adapté pour des élèves ayant des troubles dys- ou autistiques, car ils ont souvent particulièrement besoin de pouvoir s’appuyer sur la dimension audio-visuelle pour apprendre. Grâce aux séquences enregistrées par l’enseignante, les élèves peuvent visionner à leur rythme des capsules vidéos (ortho é ou er, aire carré-rectangle…), écouter des dictées audio ou répondre à des questionnaires avant de découvrir la matière abordée en classe, le plus souvent par petits groupes ou en solo. Et l’enseignante de commenter: «Grâce à la technologie qui permet de savoir si les élèves sont en ligne et d’avoir une supervision synchronisée, je

«C’est un centre privé d’enseignement spécialisé qui engage ses compétences pour offrir un ensemble de prestations pédagogiques et thérapeutiques destinées aux enfants dont des difficultés importantes de développement et d’apprentissage scolaire empêchent le maintien à l’école où ils sont scolarisés.» www.fond-eynard.ch

En un si court article, il est impossible de rendre compte avec fidélité de la diversité des activités des élèves de la classe 6. Par contre, en surfant sur leur blog ainsi que sur celui de leur enseignante, vous découvrirez plus concrètement cette manière différente d’enseigner et d’apprendre. Nadia Revaz

1

«En classe, l’élève tente alors d’appliquer les connaissances à la résolution de problèmes et à des travaux pratiques. Le rôle de l’enseignant est alors d’accompagner l’élève dans l’élaboration de tâches complexes. Ce temps dégagé en classe peut être utilisé pour d’autres activités fondées sur l’apprentissage, notamment la pédagogie différenciée et l’apprentissage par projet.» http://fr.wikipedia.org/ wiki/classe_inversée 2

Quelques commentaires d’élèves Mathias: «Je suis passé par plusieurs genres de pédagogie, mais ici j’ai l’impression d’apprendre plus facilement. » Afrim: «Avec les capsules vidéo, le blog et les autres activités, c’est très différent de l’école normale.» Emilienne: «Dans les autres écoles, on doit suivre le rythme des autres.» Héloïse: «L’essentiel est de réussir, donc ce n’est pas important d’avoir des notes ou pas.» Sidonio: «La radio et le blog, c’est nouveau et sympa.» Gresa: «Ce qui me plaît le plus, c’est de participer à l’atelier cuisine et de faire la gym.» Bemenete: «Apprendre avec des ordinateurs et des iPads ou communiquer sur Skype avec une classe en France, c’est plus motivant que de remplir des fiches.» Frederik: «J’aime apprendre avec le livre audio, le blog et twitter. A l’école, j’aime tout sauf le français et je trouve également bien de pouvoir utiliser l’ordinateur pour faire les devoirs.»

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F ran ç ai s

S entier didactique: le déterminant A l’heure où la plupart des stations proposent aux hôtes de passage de cheminer sur des sentiers «didactiques», je vous propose d’emprunter un nouveau parcours, inédit, jalonné de panneaux de réflexion, dont le thème sera moins alléchant que les champignons ou la faune alpestre. Je vous propose une petite balade autour du déterminant.

Pierre-Marie Gabioud

que le démonstratif cet peut laisser croire que le nom qui suit est de genre féminin (cet ovule a été prélevé).

Panneau 2: L’élision L’élision devant un mot commençant par une voyelle est peu courante dans les langues autres que le français. Elle est source d’erreurs de césure (l’apesanteur ou la pesanteur, la larme ou l’alarme, la venue ou l’avenue...) et de confusions dans le genre des noms. L’oreille seule n’est souvent d’aucune aide (l’amiante (m), l’équerre(f), l’augure(m), l’ovule(m), l’orbite(m), l’urticaire(f)…) et les conséquences pour l’accord de l’adjectif sont évidentes (de bon augure).

La liaison en /z/ est fréquente avec les déterminants numéraux (deux étoiles, trois hommes, six œufs, dix oranges, douze apôtres). On la retrouve dans quatre-vingts ans et trois cents euros. Des expressions telles entre quatre-z-yeux et d’autres liaisons, jugées fautives au siècle passé, sont admises aujourd’hui (les handicapés). Les erreurs chez les adultes sont assez fréquentes sur nos ondes (huit’z adultes).

Panneau 1: Les sosies Certains déterminants ressemblent parfois à s’y méprendre à des mots appartenant à d’autres classes grammaticales. De quoi se perdre sans une bonne boussole grammaticale. Deux exemples: le déterminant «des», article indéfini ou partitif, se transforme tout à coup en «de» devant un adjectif (elle porte de beaux habits), que d’aucuns vont confondre avec la préposition (le prix de ce pull) ou avec le partitif (voulez-vous de la confiture?). Le / la / les: articles définis ou pronoms personnels, pris les uns pour les autres, engendrent de nombreuses erreurs orthographiques: (la porte de la ferme, tu la fermes à double tour) – (les poires, je les aime bien mûres).

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Panneau 4: La composition

Panneau 3: La liaison La liaison contribue également à semer le doute sur le genre de plusieurs substantifs. Pour des raisons euphoniques, on utilise le possessif masculin devant des noms féminins (mon équerre est cassée), tandis

Certains déterminants sont composés de plusieurs mots (beaucoup de députés s’interrogent). Il n’est pas toujours aisé de savoir s’ils doivent être analysés simultanément (il faut de l’audace) ou séparément (tous les jours, les deux amis). Le déterminant numéral, écrit en extension, peut aussi poser des problèmes d’analyse (deux mille dollars, deux milliers d’habitants, dix mille huit cent vingt-cinq naissances), surtout lorsque le numéral contient un nom (deux millions huit cent mille habitants).

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peuvent se justifier (la recherche de plaisir-s). L’accord de l’adjectif s’en trouve souvent complexifié (la dégustation d’huîtres espagnoles).

Panneau 5: L’ellipse L’absence de déterminant est assez fréquente en français. Dans ce cas, les accords du substantif font appel au raisonnement (un paquet de biscuits et deux kilos de farine) (chers parents). Parfois, les deux graphies

Le chemin pourrait encore se poursuivre, avec d’autres embûches. On le voit à travers les exemples cidessus: le déterminant est un mot, simple au premier abord, qui devient vite complexe. Une didactique de l’enseignement des classes grammaticales qui dépasse la mémorisation de listes de mots et les exercices de drill est indispensable. Que les panneaux qui jalonnent le difficile sentier où l’on conduit nos

élèves soient sources d’observation, de comparaison, de réflexion! Les auteurs du PER, conscients de la complexité de la notion de déterminant, ont placé à dessein l’identification des sous-classes au cycle d’orientation (10H). Les enseignants du second cycle (5H-8H) qui regrettent ce choix doivent en prendre acte et cibler leur enseignement sur la reconnaissance du déterminant en tant que cellule de base du groupe nominal, dans un souci de rectitude orthographique, autour de phrases ciblées, et surtout au sein des productions personnelles de leurs élèves.

D VD-R documentaires:

Doc . pédagogi qu e

les suggestions du mois Les DVD-R sont à disposition des enseignants et des étudiants et sont déposés dans le site de St-Maurice. Par le biais du catalogue online de la Médiathèque Valais (RERO-Valais), ceux-ci peuvent être réservés et retirés dans l'un des 3 autres sites de la Médiathèque Valais moyennant un délai d'au minimum 72 heures (jours ouvrables). Leur emprunt est strictement réservé à des fins pédagogiques, pour une durée de 14 jours, avec possibilité de 5 prolongations tant que le document n'est pas réservé par un autre lecteur. Les enseignants peuvent exprimer leurs souhaits d'enregistrement pour le jeudi midi précédant la semaine de diffusion de l'émission à l'adresse suivante: documentation. pedagogique@mediatheque.ch

Quand Monthey rencontre Schubert Diffusé le 24.12.2013 sur RTS1, 40’ Cote 791.6(494) C’est la rencontre d’une manifestation musicale incontournable en Suisse romande depuis 1978 et d’une ville qui dévoile parcimonieusement ses charmes au visiteur. Rencontre avec des acteurs locaux de la Schubertiade et des habitants de Monthey pour apprivoiser la musique au travers d’anecdotes personnelles et d’histoires de la ville. (RTS)

Le miracle suisse Emission Un œil sur la planète, Diffusé le 16.12.2013 sur F2, 94‘ Cote 338.2 (494)

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Un portrait flatteur de la Suisse vue de la France. Au sommaire: Les rois de l’export. Grâce à ses industries de pointe, la Suisse est une puissance économique et technologique de premier plan. A population égale, le pays fait mieux que l’Allemagne en termes d’export. La recette anti-chômage. En Suisse, le taux de chômage ne dépasse pas les 3%. La facilité avec laquelle les travailleurs intègrent le marché de l’emploi doit beaucoup au système de formation, orienté vers l’apprentissage, et à la qualité des universités. Une vraie démocratie. Loin d’être un frein à l’initiative, la démocratie directe et les votes à répétition qui en découlent contribuent à la vivacité de la vie politique suisse. Un phare pour les frontaliers? Près de 150'000 Français travaillent en Suisse. Mais les conditions associées à l’emploi sont très différentes de celles qui ont cours dans l’Hexagone. (RTS) Marie-Françoise Moulin

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R es s ou r c es en li gn e

L’énergie

en tant que matière enseignée L’énergie joue un rôle important dans notre quotidien, d’où l’intérêt de sensibiliser de bonne heure les futures générations aux thèmes qui y sont liés. L’école obligatoire fournit un cadre idéal pour transmettre les connaissances de base sur les énergies renouvelables et sur l’efficacité énergétique, et ainsi sensibiliser les élèves à la valeur de l’énergie. Le sujet étant toutefois complexe, l’Office fédéral de l’énergie (OFEN) a chargé les trois hautes écoles pédagogiques du Valais (HEP-VS), des Grisons (PH-GR), et du Tessin (SUBSI) d’élaborer, dans le cadre du programme SuisseEnergie, une plateforme complète destinée à l’enseignement sur l’énergie.

Un outil attrayant pour le corps enseignant Réunissant un large ensemble de matériel didactique et d’événements spéciaux pour la classe, le site internet est appelé à devenir un outil précieux à l’intention du corps enseignant. Des recherches par catégorie (types d’outils pédagogiques, niveau cible, mot-clé) peuvent être effectuées. Chaque matériel est clairement décrit, avec indication des objectifs pédagogiques.

www.suisseenergie.ch > Formation > L’énergie en tant que matière enseignée

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100 enfants ont participé au projet Vent dans les écoles à l’occasion des 10 ans de la HEP-VS.

En route vers les expériences Tous les enseignants n’ont pas la même sensibilité au thème de l’énergie. C’est ici qu’entrent en jeu les programmes proposés par des tiers, qui se rendent dans les classes ou dispensent un enseignement sur l’énergie en dehors de l’école: Plusieurs cantons romands ont d’ores et déjà développé leurs propres programmes pour décharger les enseignants. C’est notamment le cas de Fribourg, où ces derniers ont la possibilité de réserver auprès du Canton une animation sur le thème de l’énergie. L’enseignement est interactif et les classes disposent littéralement d’une valise pleine d’énergie et d’expériences.

Les projets Enerschool de la Fondation Juvene fournissent aussi un programme complet. Le thème central de la semaine consiste à réduire la consommation énergétique de son propre bâtiment scolaire. Une offre similaire a été proposée par l’association terragir avec son projet «Robin des Watts». Les moyens générés par les économies d’énergie réalisées dans une école sont investis dans des projets au bénéfice de pays du Sud. Les énergies renouvelables peuvent être vécues de près au cours d’excursions, telles qu’une visite guidée au Mont-Soleil, dans le Jura bernois. Office fédéral de l’énergie

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En raccourci

Trois questions à Peter Summermatter

Echanges linguistiques et culturels pendant les vacances

Les trois hautes écoles pédagogiques du Valais, des Grisons et du Tessin ont œuvré ensemble, en se répartissant les tâches, pour créer et alimenter la base de données. Si les Grisons ont assuré le lead du projet et donc le lien avec l’OFEN, chaque HEP a organisé les ressources pour une région linguistique. En Valais, c’est Peter Summermatter, adjoint de direction à la HEP-VS, qui a été désigné comme responsable du projet. Catherine Cusin, professeure à la HEP-VS, a assuré la coordination pour l’ensemble de la documentation en français: elle a rassemblé les documents existants, incluant ceux produits par des enseignants et déposés en bibliothèque, et les a commentés, en y ajoutant des objectifs didactiques, avec entre autres la participation de Romain Roduit, collaborateur scientifique à l’HEP-VS. Ce projet terminé, d’autres HEP devraient aussi prendre le relais pour enrichir cette base de données.

«Il s’agissait de mettre en valeur ce qui existait autour de la thématique.»

Peter Summermatter, quelle est l’origine de cette collaboration autour de l’énergie à l’école entre les HEP du Valais, des Grisons et du Tessin? Il y a trois ans, nous avons répondu à une mise au concours de l’Office fédéral de l’énergie avec ce projet sur l’énergie en tant que matière enseignée. Nous avions déjà collaboré avec les HEP des Grisons et du Tessin, qui sont un peu de la même

Faciliter l’apprentissage d’une autre langue nationale

ter

ermat Peter Summ

taille que la HEP Valais. Présenter notre projet ensemble nous a permis de répartir la recherche des ressources en allemand, en français et en italien. Quel était le but premier de ce projet? Il s’agissait de mettre en valeur ce qui existait déjà autour de la thématique de l’énergie, qu’il s’agisse de livres, de films, de mallettes pédagogiques ou d’excursions organisées pour les écoles. Pour les enseignants, il est souvent difficile de s’assurer de la pertinence de ces documents. Et en plus ils ne savent pas forcément si c’est adapté pour leur classe et PER-compatible. Désormais les enseignants ont accès à un portail sur l’énergie. Cela peut être utile dans différents domaines. Rachel Bircher, animatrice en économie familiale, m’a par exemple dit qu’elle utilisait régulièrement ces ressources pour la formation PIRACEF. C’était aussi une occasion de valoriser certaines ressources entièrement ou partiellement développées en Valais… Absolument. Nous avons notamment pu faire connaître plus largement le matériel explore-it.

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Propos recueillis par Nadia Revaz

Le programme «échange individuel de vacances» de la Fondation ch pour la collaboration confédérale propose à des élèves de 11 à 15 ans de toute la Suisse de passer une partie de leurs vacances dans une autre région linguistique. Il a pour but de motiver les jeunes à entreprendre un échange individuel de plus longue durée, en plus de leur proposer une première approche à une langue et culture différentes. Inscription gratuite, frais de voyage et argent de poche à charge des parents. www.ch-go.ch/programme/ pestalozzi/mobilitaet Enquête SWITCH

Vie privée des jeunes sur internet D’après l’enquête 2013 de SWITCH, le chat et la vidéo sont les services les plus utilisés sur internet par les jeunes Suisses. Indépendamment de la protection des données et identités sur Internet, enfants et adolescents n’hésitent pas à dévoiler des données personnelles les concernant: au moins 80 % des jeunes de 13 à 20 ans et de plus en plus d’enfants de 6 à 12 ans sont visibles pour tous sur Internet, avec nom et photo. La date de naissance, les hobbies préférés ou la relation actuelle sont partagés ouvertement avec la communauté. www.switch.ch/fr/ about/news/2014/ juniorwebbarometer2013.html

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AC & M

P ER: Travaux manuels au CO, une nouvelle orientation L’arrivée du nouveau Plan d’études amène un vent de liberté, de créativité et de culture au cycle d’orientation. Le Plan d’études romand renomme les Travaux Manuels en Activités Créatrices et Manuelles (AC&M) pour harmoniser la branche sur l’ensemble des 11 années de scolarité obligatoire. La verticalité avec l’école primaire est assurée et définie sur les 4 axes thématiques du domaine «Art». Si l’Acquisition des techniques reste l’axe essentiel, il sera désormais complété par celui de l’Expression et représentation axé sur le processus créatif et ceux de Perception et Culture qui amèneront les élèves à développer des compétences réflexives reliant leur monde intérieur à celui de leurs camarades, des artisans ou artistes, à travers les œuvres et la culture. Le nouveau Plan d’études romand exige clairement l’abandon de la copie et des stéréotypes pour demander à l’élève l’élaboration et la réalisation de projets personnels. Les travaux manuels, jadis orientés vers les apprentissages, délaissent désormais les cheminements procéduriers imposés qui menaient à l’objet traditionnellement conçu par le maître. L’élève n’abandonne pas forcément les apprentissages techniques indispensables à l’exécution de l’objet mais se met également dans la peau de l’ingénieur, designer ou artiste en prenant une part importante à la conception de son projet. On troque la marche à suivre contre un cahier des charges. On ne se focalise plus sur l’objet parfait, on met en valeur surtout le projet. L’élève n’enchaîne plus uniquement des procédures de fabrication, il met en œuvre un processus de conception et de réalisation. Il développe ainsi de nom-

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Laurent Emery

La pédagogie du projet est particulièrement bien adaptée aux branches artistiques et manuelles.

breuses compétences en réponse aux attentes actuelles du monde professionnel: esprit d’initiative, recherche, créativité, autonomie…

Pédagogie du projet et créativité Le PER demande aujourd’hui à l’enseignant d’AC&M d’intégrer «la pédagogie du projet» qui n’est pas vraiment nouvelle, mais particulièrement bien adaptée aux branches artistiques et manuelles. Pour pratiquer la pédagogie du projet, il faut d’abord adhérer aux récentes théories de l’apprentissage qui ont amené à poser une distinction entre enseignement et apprentissage, entre connaissances et compétences. Cette distinction modifie singulièrement les relations au sein du triangle didactique «maître – élève – savoir». En situation de projet, l’enseignant dépasse le rôle de transmetteur de savoirs et adopte celui de médiateur, de guide, de catalyseur et d’orienteur. Il cherche davantage à dévelop-

per chez l’élève le sens de l’initiative et le goût de la recherche en sachant que ces dispositions favorisent son développement. Si la responsabilité du thème et du pilotage reste l’affaire du maître, l’accomplissement du projet est laissé aux élèves qui avancent par tâtonnements, essaient, se trompent et apprennent. Il ne faut pas concevoir la pédagogie du projet comme une succession d’activités libres, mais plutôt comme un incessant va-et-vient entre une tâche originale, le projet, et des activités qui permettent aux élèves de se questionner par rapport à cette tâche, de structurer leurs connaissances et de stabiliser des savoirs et savoir-faire. Les élèves doivent être conscients, notamment, des exigences de la tâche, des connaissances et des stratégies cognitives requises pour la réaliser, des étapes à franchir, de la pertinence de leur démarche et de la gestion du temps. Ils sont donc face à une complexité qui les force à acquérir cette habileté métacognitive si précieuse pour leur

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Mém en t o pédagogi que avenir professionnel. Ainsi, l’élève n’est plus simplement en attente de ce que l’enseignant va lui demander de faire, il devient responsable de ses propres apprentissages, actif et surtout acteur. Cela est en lien avec la formation de futurs citoyens qui savent se prendre en charge, affirmer leur liberté et l’utiliser.

Capacités transversales et interdisciplinarité Au-delà des objectifs du programme, le projet vise à développer également certaines compétences transversales qui tiennent plus du savoir-être. Les activités créatrices sont des domaines particulièrement propices au développement des capacités transversales mises en lumière par le PER: collaboration, communication, stratégies d’apprentissage, pensée créatrice, démarche réflexive. Le rôle même de l’école est de former des individus capables de s’intégrer dans la société. Dans ce sens les activités créatrices et manuelles peuvent facilement porter sur des projets de groupe ou encore s’intégrer et soutenir des projets interdisciplinaires en classe ou même en établissement (manifestations, spectacles, expositions…).

En raccourci Roman des Romands

Max Lobe, lauréat 2013 La remise du prix du Roman des Romands s’est déroulée mercredi 22 janvier, à l’Université de Neuchâtel, devant une salle de plus de 300 personnes venues fêter l’événement. Représentant les quelque 650 lecteurs de cette édition, qui mettait en lice 9 romans parus en 2013, les étudiants composant le jury ont fait l’éloge des trois romans favoris. Le prix, doté de 15 000 francs, a été remis à Max Lobe, pour son roman 39, rue de Berne, publié aux Editions Zoé. www.romandesromands.ch

A vos agendas 14.03.2014 - 23.03.2014, Semaine de la langue française et de la francophonie, Suisse, Semaine thématique www.slff.ch 31.03.2014 - 04.04.2014, Semaine des médias à l’école, Suisse romande, Semaine thématique www.e-media.ch 02.04.2014, Journée mondiale de sensibilisation à l’autisme, Pont-de-la-Morge, Journée thématique www.autisme-valais.ch 03.05.2014, Symposium des langues, Sierre, Journée thématique http://sinfolangues.hevs.ch 15.05.2014 - 16.05.2014, Colloque sur la créativité et l’apprentissage, Lausanne, Colloque www.hepl.ch 16.05.2014, Qu’enseignet-on en matière de grammaire aujourd’hui? Genève, Colloque www.unige.ch/fapse/une/grafe.html 24.06.2014 - 25.06.2014, Congrès SSRE 2014: Compétence et performance dans la recherche en éducation, Lucerne, Colloque http://sgbf-kongress2014.phlu.ch

Pour en savoir plus sur ces événements et/ou découvrir le mémento pédagogique actualisé: www.resonances-vs.ch > Agenda pédagogique

Jusqu’au 12.03.2014, Switch Junior Web Award, Suisse, Concours www.JuniorWebAward.ch Jusqu’au 16.03.2014, Exposition sur l’Ecole d’hier, Genève, Exposition http://ge.ch/culture Jusqu’au 20.04.2014, Musée de la nature, Sion, Exposition www.musees-valais.ch Jusqu’au 22.04.2014, Divisionnisme Couleur maîtrisée? Couleur éclatée!, Lens, Exposition www.fondationpierrearnaud.ch Jusqu’au 14.06.2014, Exposition «Fabulator, en voilà des histoires!», St-Maurice, Exposition www.mediatheque.ch (cf. p. 26)

11.04.2014 - 13.04.2014, 12e Salon du livre de jeunesse LITTERA - DECOUVERTE, St-Maurice, Salon www.litteradecouverte.com Fondée en 1992 à Saint-Maurice, l’association LITTERA - DECOUVERTE a pour but de développer le goût de la lecture et de l’écriture auprès des jeunes par le biais d’un Salon du Livre de Jeunesse et d’un concours littéraire. En privilégiant les enfants et les adolescents, LITTERA - DECOUVERTE touche aujourd’hui toute la Suisse romande. Le succès grandissant rencontré par LITTERA - DECOUVERTE lui a permis d’éditer de nombreux livres de contes et de récits écrits par les enfants lauréats de son concours.

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R en c on t re du m oi s

S tevan Miljevic,

enseignant et blogueur Stevan Miljevic enseigne les maths, l’allemand, la géographie et l’histoire au cycle d’orientation de Grône. Ce métier le passionne assurément, puisqu’il tient depuis novembre dernier un blog dans lequel il est largement question d’enseignement, proposant des réflexions en lien avec ses lectures ou ses observations sur le terrain. Le point de vue de l’enseignantblogueur est tranché et le ton parfois provocateur, tout particulièrement à propos du socioconstructivisme. Stevan Miljevic propose un regard critique sur le Plan d’études romand (PER), évoquant par exemple la prépondérance de la démarche historienne sur les connaissances factuelles en cours d’histoire ou le manque de respect des enseignants dans leurs choix de méthodes. A juste titre ou pas, à vous de juger.

L’enseignant-blogueur propose un regard critique sur le PER.

Le parcours d’enseignant de Stevan Miljevic est relativement atypique. Ce métier n’était au départ nullement une vocation. Après des études en sciences politiques et en histoire à l’Université de Lausanne, il ambitionnait une autre carrière, dans le domaine des statistiques ou en tant que collaborateur scientifique dans un parti politique. Il a du reste

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au cycle d’orientation de Grône, où il avait fait une partie de ses stages. Stevan Miljevic, au départ vous avez choisi l’enseignement un peu par défaut. A quel moment avez-vous exercé ce métier avec enthousiasme? Quand on a mis la main à la pâte, on ne peut plus lâcher l’enseignement. Dès mes premiers remplacements, cela m’a plu d’être en contact avec des jeunes et d’essayer de leur transmettre des savoirs.

ne evic enseig Stevan Milj . ne rô G au CO de

été actif un temps au sein de l’UDC, ayant même présidé la section sédunoise. Après avoir galéré pour trouver un emploi, il a fait quelques stages lui ayant permis de devenir responsable administratif dans les domaines financier et comptable, au sein d’une entreprise privée. Au terme de cette expérience professionnelle, intéressante mais ne correspondant pas pleinement à ses attentes, il a décidé de repartir sur de nouvelles bases. Il a alors suivi le cursus de formation à la HEP-VS, tout en enseignant l’histoire à l’Ecole Ardévaz à Sion, école privée qu’il avait fréquentée en tant qu’étudiant. Très rapidement, il a aussi effectué divers remplacements dans des CO. N’ayant pas l’assurance de pouvoir décrocher un emploi à l’Ecole Ardévaz, il a postulé dans d’autres écoles du canton. Depuis 4 ans, il enseigne

Ayant travaillé dans une école privée et dans des écoles publiques, quel est votre regard sur les enrichissements réciproques possibles? Même si j’ai trouvé agréable de travailler avec des petits effectifs par classe, je ne suis pas persuadé que c’est quelque chose d’essentiel pour bien enseigner. J’ai une perception de l’école privée qui me laisse par contre à penser que l’on y fait moins d’expérimentations pédagogiques un peu «olé olé», aussi ce pourrait être une piste à suivre pour l’école publique. En lisant votre blog, je vous ai parfois trouvé un peu carré, en particulier lorsque vous évoquez le socioconstructivisme. Ne peut-on pas y être favorable pour certains apprentissages, tout en y étant défavorable dans d’autres situations? Je veux bien croire que certains enseignants puissent être à l’aise avec cette démarche et je n’ai aucune envie de juger leur manière d’enseigner. Toutefois, pour moi, cela ne marche pas. Afin d’illustrer mon propos, je m’intéresse à la littérature

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scientifique et, en matière de socioconstructivisme, j’observe une certaine régularité dans le constat de son inefficacité. Il y a en effet les recherches de Bissonnette, Richard, Gauthier et Bouchard qui ont du reste été présentées dans Résonances, mais il y a aussi des études qui parviennent au constat inverse… Certes, mais je considère qu’il faut se baser sur des recherches empiriques et quantifiées. Je ne connais pas un domaine, autre que la pédagogie, où l’on puisse dire qu’une théorie est valable sans qu’elle ait été testée à grande échelle. Au niveau francophone, il n’y a guère d’études quantitatives en matière d’enseignement sur lesquelles se fonder… Les francophones ne mènent pas ce type de recherche, par contre les anglophones le font. Pourquoi ne pas regarder du côté de «Visible learning. A Synthesis of over 800 Metaanalyses Relating to Achievement» portant sur 50 000 études et concernant 80 millions d’élèves ou du projet «Follow Through»? Ce qui me contrarie, c’est qu’aujourd’hui tant la formation des enseignants que les plans d’études et les moyens d’enseignement sont construits autour du socio-constructivisme, alors que les recherches quantitatives démontrent leur inefficacité.

des objectifs d’apprentissage clairement définis. A mon sens, il y a un gros travail de débroussaillage à effectuer. Pour prendre un exemple, en géographie, dans le PER, il est dit que dans la séquence climat il faut résumer un film documentaire. Je veux bien, mais en quoi est-ce un objectif à atteindre? Est-ce grave si je développe cette habileté ou compétence en travaillant sur les produits manufacturés? Concernant les moyens d’enseignement, j’estime que le politique doit choisir parmi ce qui est efficace pour la majorité. Aujourd’hui ce sont quelques théoriciens qui décident. Certains enseignants argumentent en faveur des approches de découverte pour parvenir à mettre les élèves au travail, pour les motiver. Comprenez-vous ce souci? Je considère que la question de la motivation à l’école devrait être abordée autrement. Dans le monde professionnel, on observe que les patrons se plaignent souvent du manque d’implication des apprentis. Dès lors, je n’ai pas l’impression qu’on leur rend service en ne proposant que des approches ludiques à l’école. Il s’agirait de mieux comprendre comment un élève peut se motiver aussi dans des situations d’apprentissage a priori ennuyeuses.

A votre avis, faudrait-il accorder davantage de place à la mémorisation, associée à la notion d’effort? Si l’on prend le cas de l’histoire et de la géographie, effectivement la question de la mémorisation mérite d’être posée. Comment définiriez-vous votre pratique enseignante? Après avoir présenté clairement les objectifs du cours, j’essaie d’être le plus explicite possible, de partir du simple pour aller vers le compliqué. J’explique les différentes étapes d’un raisonnement avec des exemples. Dans une deuxième phase, je fais de la pratique guidée, en interrogeant par oral les élèves pour m’assurer de leur compréhension. Une fois que la grande majorité a acquis cette partie théorique, je propose aux élèves une pratique plus autonome, tout en les questionnant. Bien sûr, la démarche varie quelque peu selon les disciplines. Le grand basculement que j’ai effectué cette année, c’est d’accorder une importance massive aux interactions me permettant de constamment savoir où en est l’élève. Avec l’expérience, ma pratique se bonifie et de ce fait, les jeunes améliorent leurs résultats et leur comportement. Propos recueillis par Nadia Revaz

Dans l’un de vos récents billets sur votre blog, vous évoquez la liberté pédagogique qui, selon vous, se réduit comme peau de chagrin avec le PER… Estimez-vous n’avoir pas suffisamment de latitude en tant qu’enseignant? S’il est normal que le PER indique clairement les objectifs à atteindre, par contre je suis d’avis que les concepteurs d’un plan d’études n’ont pas à m’imposer une mise en pratique. Concrètement quelle solution proposez-vous? La coloration la plus adaptée pour le plan d’études me semble être celle

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Blog de Stevan Miljevic http://stevanmiljevic.wordpress.com

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R evu e de pres s e

D ’un numéro à l’autre Supports électroniques

Sondage auprès d’étudiants

Seuls 40% des étudiants peuvent envisager de travailler uniquement sur des supports électroniques et encore moins – 25 % – de recevoir exclusivement des livres de cours électroniques, est le résultat d’un sondage de la Haute Ecole spécialisée (HES) bernoise auprès de 730 étudiants de toutes disciplines. De manière générale, les étudiants des sciences techniques et informatiques sont plus ouverts à cette perspective. La Liberté (21.01)

France

Promouvoir les langues régionales Un tabou vieux de quinze ans est en train de tomber. Il s’agit de la ratification de la Charte européenne des langues régionales et minoritaires. C’est en 1999 que la France signa ce texte du Conseil de l’Europe, qui protège et promeut ces idiomes. Mais, depuis, elle ne l’a jamais ratifié. Du picard au flamand en passant par le catalan, près de 80 langues minoritaires sont recensées en France. Celles comptant le plus grand nombre de locuteurs sont, l’alsacien, l’occitan, le breton et le corse. A l’école, le nombre d’élèves apprenant les langues minoritaires ne cesse de progresser depuis quinze ans. La Liberté (23.01)

Campus

Les professeurs libanais parmi les mieux rémunérés Une enquête sur les salaires des enseignants dans les

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universités publiques au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, révèle que «dans de nombreux pays du monde arabe, les professeurs dans les universités publiques rencontrent d’énormes difficultés à atteindre la classe moyenne». L’enquête, publiée le 11 janvier, a également montré que parmi les douze pays concernés par cette étude – Liban, Syrie, Jordanie, Égypte, Irak, Qatar, Emirats arabes unis, Arabie saoudite, Yémen, Libye, Tunisie et Maroc –, les salaires des professeurs dans les universités publiques au Liban et dans les pays du Golfe sont les plus élevés, tandis que les salaires les plus faibles se trouvent au Yémen et au Maroc. L’Orient Le Jour (25.01)

Projet-Jeux

J’Europe!

J’Europe est un projet mis en œuvre par le CIDEM (Association Civisme et Démocratie). But du jeu: Entrer dans la peau de 4 personnages, journaliste, citoyen engagé, euro député, lobbyiste, il s’agit de choisir une stratégie et un siège au Parlement européen, donner des interviews, négocier avec des adversaires politiques ou encore organiser une manifestation! Depuis 25 ans, le CIDEM est un acteur civique engagé, il a évolué en s’adaptant pour répondre aux besoins des sociétés modernes tout en affirmant son identité propre et sa vocation originale. Il s’adresse à tous ceux qui souhaitent s’engager pour faire vivre le civisme dans leur vie quotidienne. Le CIDEM est le centre de ressources de tous les citoyens qui veulent s’informer, agir ou faire émerger leur conscience citoyenne. EducaVox (26.01)

Corée du Sud

Trop de diplômes tuent le travail Le mode traditionnel coréen de promotion sociale semble aujourd’hui s’épuiser. Plus de 50% des diplômés n’ont pas de travail dans l’année suivant la sortie de l’université ou ne trouvent que des postes pour lesquels ils sont surqualifiés. Une enquête du Bureau international du travail révèle que près de 20% des jeunes Coréens sont «NEET» (ni en cours, ni employé, ni en formation), un record parmi les pays de l’OCDE. 71% des jeunes sont passés par les bancs des universités pour des études qui, trop souvent, n’attirent pas les recruteurs. Le Monde Magazine (26.01)

Défi technologique

Un dictionnaire pour 7000 langues Multilingue, disponible gratuitement sur la Toile et répertoriant toutes les langues du monde, telles sont les caractéristiques de Kamusi. Lancé en collaboration avec l’EPFL en 2013, ce dictionnaire est un véritable défi technologique. Il recense d’ores et déjà 124 207 mots, traduits en swahili, roumain, anglais, italien, japonais, espéranto ou encore polonais. L’Hebdo (30.01)

Politique

Ils ont joué aux députés Les jeunes Valaisans veulent des changements. Mais pas trop. Le Parlement des jeunes s’est réuni dans la salle du Grand Conseil à Sion pour évoquer la réforme des institutions cantonales, ce que les (vrais) députés appellent le projet R21. Soixante-cinq parlementaires d’un jour, âgés de 16 à 20 ans, ont donné leur avis sur les questions posées dans le cadre d’une consultation. Le point de vue des jeunes sera transmis au Conseil d’Etat. Le Nouvelliste (31.01)

Illettrisme

Enfants de pauvres Au cœur de Paris, à deux pas du cimetière du Père-Lachaise, œuvre un service pilote: Paris Santé Réussite (PSR). Dans son équipe, une psychologue et trois orthophonistes. En inaugurant le service, il y a trois ans, elles ont fait le pari que médecins et enseignants puissent, en collaborant, permettre à tous les enfants de lire. Trois ans après son lancement, PSR collabore avec 18 écoles volontaires – sur les 663 que compte la capitale. Pour que la prise en charge soit la plus efficace possible, il faut qu’elle soit précoce. Le protocole vise en priorité les classes de CP et CE1, dans lesquelles les enseignants sont formés à une méthode de lecture très structurée. Le Monde (3.02)

Echec scolaire

Au collège, le «conte» est bon Depuis la rentrée de septembre, une classe de 6e du collège Edmond Michelet

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à Paris expérimente la lecture orale de contes comme remède face à l’échec scolaire. Avec déjà des résultats. Ainsi, depuis la rentrée de septembre, trois matins par semaine, tous les enseignants de la classe «Odyssée» lisent à tour de rôle un conte, de Grimm ou de Perrault, pendant une vingtaine de minutes. Des questions sont ensuite posées aux élèves pour susciter le débat. C’est une étape importante pour accéder à la lecture, surtout pour les enfants en grande difficulté qui ont un problème de symbolisation. Il ne sert à rien de leur rajouter du travail. Le fait même d’apprendre les met en insécurité psychique. A l’inverse, les amener à réfléchir sur des textes fondateurs, avec des angoisses archaïques, est très structurant. Vousnousils (3.02)

Québec

Orientation scolaire au primaire Les deux syndicats de l’enseignement ne sont pas chauds à l’idée d’implanter de nouveaux cours d’orientation scolaire et professionnelle au second cycle du primaire, tel que le souhaite la ministre de l’Education. «Laissons les enfants être des enfants! Est-ce qu’on peut arrêter de vouloir transformer les enfants du primaire en travailleurs potentiels?», questionne d’entrée de jeu le président de la Fédération autonome de l’enseignement. «Il faut se concentrer sur l’essentiel, soit l’enseignement des matières de base». De plus, ajoute-t-il, «les profs manquent déjà de temps, et l’ajout de 5 à 10 heures de formation en orientation scolaire et professionnelle au deuxième cycle du primaire et aux deux cycles du secondaire

ne ferait qu’alourdir leur tâche.» La Presse.ca Le Soleil (5.02)

Technologie

Le robot qui remplace les élèves malades Fin janvier, le lycée de La Martinière-Monplaisir, à Lyon, a accueilli un élève un peu particulier: un robot. QB a rejoint la classe de terminale S SI (sciences de l’ingénieur). QB a participé activement au cours et a même posé à haute et intelligible voix la question suivante: «Le point A étant le centre de rotation entre 2 et 3, ce point a-t-il une vitesse nulle du solide 2 au solide 3?» «Intervention pertinente, Charlotte», a répondu l’enseignant. Car, derrière QB, se cachait une élève de la classe, installée dans une autre salle de l’établissement face à un PC portable doté d’une connexion ADSL. Une caméra fixée à QB lui a permis d’assister au cours et, grâce à un petit écran intégré à la tête du robot, Charlotte a pu être vue par ses camarades et le professeur et converser avec eux. Le robot lycéen – une première en Europe – a vocation à remplacer en classe les élèves longtemps absents en raison d’une incapacité temporaire (accident, maladie). Il vient d’être officiellement présenté mais ne fera sa rentrée scolaire qu’en septembre prochain. Le Temps (5.02)

Pédagogie neutre

Ni «fille» ni «garçon». Depuis 1998, le Gouvernement suédois a demandé aux écoles de travailler contre les stéréotypes de genre, et pour faciliter cette démarche, elles recourent à l’usage du prénom neutre. On est dans les classes. La maîtresse lit un livre où Kivi – ni lui ni elle – voudrait un chien. «Est-ce important de savoir si c’est une fille ou un garçon?», demande-t-elle innocemment. Pour la danse, les garçons peuvent mettre des jupes. Les professeurs font attention à dire «camarade» ou «enfant», ou à appeler les enfants par leur prénom. Le Nouvel Observateur (7.02)

Ecole de demain? Classe inversée

Faut-il en finir avec le collège unique? Dans la classe de physique-chimie de Pascal Bihouée, certains élèves de 5e planchent sur le système digestif, d’autres sur les circuits électriques. «Chacun progresse à son rythme», s’enthousiasme ce professeur de sciences physiques du collège Sainte-Marie, à Saint-Brieuc, en Bretagne. Situé au rez-de-chaussée d’un cloître, l’établissement s’adresse à des jeunes aux niveaux scolaires très hétérogènes. Le concept, inventé en 2004 par deux professeurs américains, est simple: les élèves apprennent les théories chez eux puis les mettent en pratique en classe. Depuis que Pascal Bihouée a arrêté la leçon classique, il passe son heure au milieu des élèves pour s’assurer que tous ont compris les notions. Le Monde (6.02)

Résonances - Mensuel de l’Ecole valaisanne - Mars 2014

Etats Unis

Le prof qui rend la géopolitique «fun» Comment intéresser les adolescents aux convulsions du monde? Un enseignant américain a eu l’idée toute bête de transformer l’actualité internationale en… jeu d’équipes. Une nuit, le prof a donc une idée lumineuse: s’inspirer d’un jeu yankee, le Fantasy Football auquel luimême est accro, et l’appliquer à l’actualité du Moyen-Orient, de la zone euro ou des Grands Lacs africains. Chaque équipe d’élèves choisit en effet un pays ou un ensemble de pays et à chaque fois que ceux-ci sont mentionnés aux infos, elle remporte des points. Ce qui oblige les lycéens, naturellement, à se tenir au courant de tout ce qui se dit et s’écrit à leur propos – et de facto, à en apprendre long sur chacune des parties du globe. Le Nouvel Observateur Education (8.02)

France

Quand l’école part à la rencontre de l’entreprise Des enseignants qui font des stages en entreprise, ou qui jugent que celle-ci n’est pas assez présente dans les établissements scolaires… Ces deux univers, que l’on oppose souvent, commencent à se rapprocher. Mais les préjugés ont la vie dure. Pilotée par l’Institut de l’entreprise - un think tank réunissant plus de 130 grandes entreprises françaises ou implantées dans le pays -, en partenariat avec le ministère de l’Education nationale, cette formation vise à rapprocher les enseignants du monde de l’entreprise. Une vingtaine de professeurs de SES, tous volontaires, se sont inscrits à ce stage, qui se déroule sur trois journées. L’initiative rencontre un certain succès. Les Echos.fr (11.02)

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In fos DFS

R apport sur l’éducation 2014: résultats valaisans Le Centre suisse de coordination pour la recherche en éducation a présenté les résultats du rapport 2014 sur l’éducation en Suisse. L’essentiel des chiffres valaisans a été exposé lors de la Conférence de presse le 11 février dernier par Oskar Freysinger, chef du Département de la formation et de la sécurité, JeanMarie Cleusix, chef du Service de l’enseignement, et Nathalie Duc, responsable de l’Unité de recherche et développement du système de formation auprès du Service de la formation tertiaire.

Scolarité obligatoire Le nombre d’élèves est en augmentation. En ce qui concerne le degré préscolaire, une croissance de 10 % est attendue en Valais (CH: 12 %). Au niveau de la scolarité primaire,

les pronostics parlent d’une augmentation de 12 % d’ici à 2021 (CH: 10 %). Quant au degré secondaire I, il devra compter sur une baisse de 7 % du nombre d’élèves (CH: 3 %) d’ici à 2017, et sur une augmentation de 7% jusqu’en 2021 (CH: 7,5 %). Les dépenses inhérentes à l’école primaire s’élèvent à environ 9000 francs par élève (CH: 9200 francs ). Pour le degré secondaire I, les dépenses annuelles par élève se situent aux alentours de 10 600 francs (CH: 11 800 francs). Seuls 4 cantons proposent plus d’heures de cours que le Valais avec un temps d’enseignement de près de 870 heures dans le domaine de l’école primaire. Dans le domaine de l’enseignement secondaire I, la situa-

tion est exactement inverse avec 900 heures. Seul le canton de Neuchâtel propose moins d’heures de cours que le Valais.

Gymnase L’expansion de la formation gymnasiale se poursuit, mais dans une moindre mesure. La proportion de femmes a légèrement baissé, pour atteindre 57 %. En Valais, le taux de maturités se situe en dessous de la moyenne nationale. En 2011, il s’élevait à 18% (CH: >20 %). Avec un taux d’interruption des études de 25 %, le Valais fait partie des cantons présentant le taux d’abandon le plus élevé. Les dépenses par titulaire d’une maturité gymnasiale s’élèvent chaque année à 17 000 francs (CH: 19 000 francs).

Haute Ecole pédagogique Edition 2014

Rapport sur l’éducation Après l’édition de 2010, le rapport 2014 constitue le deuxième rapport officiel sur l’éducation en Suisse. Il présente des données et des informations provenant de la statistique, de la recherche et de l’administration sur l’ensemble du système éducatif suisse. Considérant chaque niveau de formation, il le replace dans son contexte, présente sa structure institutionnelle, puis évalue ses résultats à l’aide de trois critères: efficacité (degré de réalisation des objectifs), efficience (degré d’efficacité et pertinence des processus) et équité (respect de l’égalité des chances). Dans un chapitre séparé, le rapport analyse enfin les effets individuels, sociaux et économiques de la formation sur le revenu, la santé ou la satisfaction personnelle. Fournissant des informations à même de faciliter la prise de décision aux niveaux administratif, politique et pratique, le rapport entend aussi alimenter le débat public sur le système éducatif suisse. www.rapporteducation.ch

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Les pronostics envisagent une stabilisation du recrutement du personnel enseignant à partir de 2016. Le canton du Valais se situe légèrement en dessous du taux de renouvellement de 3,3% assuré par la formation. La formation permet de couvrir les besoins internes du canton. Les dépenses par étudiant s’élèvent à environ 26 300 francs (CH: 32 200 francs) par année.

Formations professionnelles supérieures En ce qui concerne le nombre d’étudiants de la formation professionnelle supérieure, il est légèrement inférieur à 20 % des personnes en formation professionnelle initiale dans le canton du Valais. Il se situe ainsi dans la moyenne en comparaison avec les autres cantons.

Résonances - Mensuel de l’Ecole valaisanne - Mars 2014


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In fos

R egard de Jean-Marie Cleusix, chef du SE Dès le 1er janvier 2014, JeanMarie Cleusix a pris les rênes du Service de l’enseignement, succédant à Jean-François Lovey, désormais chargé des affaires intercantonales dans le domaine de la formation. Cette première interview du nouveau chef du SE vise à mieux connaître son parcours de formation, ses jalons professionnels ainsi que sa perception générale de l’Ecole valaisanne. Après quatre années d’école primaire, Jean-Marie Cleusix, bon élève, s’est retrouvé interne au Collège de St-Maurice. Malgré l’ambiance chaleureuse qui y régnait, il se souvient de l’ennui ressenti au début, tout en percevant la chance de fréquenter ce haut lieu du savoir et de l’humanisme. Etudiant turbulent et plein d’énergie, Jean-Marie Cleusix explique qu’il avait besoin de liberté et d’espace. Il quitte l’Internat de St-Maurice et rejoint l’Institut St-Joseph de Thonon-les-Bains, mixte et moins strict. Il y réussit son baccalauréat latinanglais en 1977. Il étudie ensuite la philosophie à l’Université de Fribourg, tout en suivant notamment des cours de droit à l’Université de Lausanne. Très tôt, Jean-Marie Cleusix effectue des remplacements à l’Ecole professionnelle de Sion puis enseigne au Lycée-Collège des Creusets à Sion, dès 1980. Alors que son père le voyait volontiers poursuivre des études de droit comme lui, il a dû au départ un peu batailler pour faire comprendre ses choix. Formé à l’Université de Fribourg, il a enseigné la philosophie aux collégiens, 27 ans durant.

d’un secrétaire général et, à la demande de Claude Roch, alors en charge du DECS, il a accédé à ce poste, équivalent à un chef de service. Une fonction transversale qu’il va encore occuper au sein du DFS jusqu’à la nomination de son successeur. A 56 ans, Jean-Marie Cleusix vit ce changement de fonction, avec un recentrage sur l’enseignement, comme une occasion de donner un nouvel élan à sa vie professionnelle. Issu du secondaire II général, il se dit fasciné par la magie propre à chaque degré d’enseignement. à la tête Cleusix est Jean-Marie ent l’enseignem du Service de r. ie rn er janvier de depuis le 1

Boulimique d’activités, l’enseignant, le lieutenant-colonel et le pêcheur en rivière et lacs de montagne, JeanMarie Cleusix a aussi été responsable ICT du secondaire II, a assuré la communication de la Patrouille des Glaciers, a piloté de petits avions de tourisme près de 20 ans, a présidé diverses associations dont celle du secondaire II et celle des professeurs de philosophie au niveau suisse. Dès 2003, il a néanmoins eu envie d’un nouveau souffle professionnel qu’il commente ainsi: «Involontairement, alors que je visais une autre fonction, je suis entré directement au Département, en tant que délégué à l’éducation et à la formation. A ce poste, je me suis notamment occupé de dossiers en lien avec tous les degrés de la scolarité.» En 2011, chaque Département s’est doté

Résonances - Mensuel de l’Ecole valaisanne - Mars 2014

Jean-Marie Cleusix, pourquoi vouloir réorganiser le SE? Vu l’ampleur des dossiers à gérer, je pense qu’une bonne coordination est essentielle, d’où la nécessité d’avoir une équipe de direction du Service organisée horizontalement et coordonnée grâce à un secrétaire général. Le Service se dote aussi d’un remplaçant du chef de service haut-valaisan. Enfin les grands domaines (école obligatoire et secondaire II notamment) sont renforcés. Ce choix n’enlève-t-il pas des compétences aux adjoints? Bien au contraire. Leur autonomie est renforcée et leur champ de compétences élargi. Chacun d’eux reste responsable d’un domaine spécifique, tout en faisant partie intégrante de l’équipe de direction du SE. Ainsi, chaque adjoint peut s’appuyer sur les forces des autres membres de la direction, et indirectement sur le chef de Département et son état-major.

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Les contours du SE vont-ils changer? En d’autres termes, les écoles de commerce vont-elles par exemple être rattachées au Service de la formation professionnelle? A ce jour, aucune décision n’a été prise. Et je n’ai pas la compétence pour prendre une telle décision. Je me contente de donner mon avis. Dans le cadre d’une réorganisation, Il ne serait pas insensé de rapprocher les écoles de commerce et de culture générale de la formation professionnelle. De même, la HEP qui forme les enseignants devrait être plus proche du Service de l’enseignement. Juste après votre nomination, vous avez déclaré au Nouvelliste: «Mon but est d’instaurer la paix dans les écoles.» D’aucuns ont été surpris par votre propos, laissant sous-entendre que l’Ecole valaisanne n’était pas en paix…» Etait-ce cela qu’il fallait décoder? Non, il n’y avait pas de conflit majeur au sein de l’école. Juste peutêtre un peu trop de pression sur le corps enseignant. Par contre, ces derniers mois, les pressions exercées sur le DFS, conjuguées aux mesures d’économies, ont eu un impact sur les écoles. Mais le navire doit arriver à bon port et nous y mettons toute l’énergie nécessaire. Nous avons reçu par ailleurs de nombreux messages d’enseignants demandant de freiner les réformes, de diminuer les directives et les tâches accessoires, de recentrer l’école sur l’essentiel. Cette affirmation voulait simplement dire: il faut désormais laisser l’enseignant exercer son métier, dans la salle de classe, et ne pas le solliciter sans cesse. Comment allez-vous porter votre regard sur l’école enfantine, sur l’école primaire, sur le cycle d’orientation, sur le secondaire II général et sur l’enseignement spécialisé? Je vais focaliser mon attention sur les points qui semblent problématiques. Première question, comment organiser la 1re et la 2e année enfantine, afin de trouver un bon compromis entre les intérêts financiers et pédagogiques, sachant que pour moi ces

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derniers sont prioritaires, mais qu’on ne peut pas faire fi des moyens financiers dont nous disposons? Autre exemple de questionnement à propos de l’introduction du Plan d’études romand qui implique la mise en œuvre de nombreux nouveaux moyens d’enseignement. Les enseignants sont confrontés à un cumul d’exigences qui posent problème, car on leur demande de s’adapter rapidement au nouveau plan d’études, en les impliquant dans des formations supplémentaires obligatoires, sans forcément leur fournir les moyens adaptés à leurs attentes. Tout comme le chef du Département, je suis d’avis qu’il faut freiner quelque peu ce train lancé à trop vive allure. A mon sens, il faut donner à chaque enseignant une plus grande liberté lors de la mise en œuvre du PER. Les enseignants doivent sentir qu’ils sont les maîtres de leur enseignement et qu’on leur fait confiance. Je suis contre la multiplication des évaluations et des contrôles. J’estime qu’un enseignant diplômé est parfaitement capable de mener sa classe sans intervention extérieure. Il faut cependant pouvoir intervenir en cas de difficulté… Les collègues, les animateurs pédagogiques, les directeurs, les inspecteurs doivent être là pour apporter leur aide. Il est évident que les nouveaux enseignants font des erreurs, mais ils apprennent leur métier. Donnons-leur du temps et offrons-leur notre confiance. Comment percevez-vous l’inquiétude en lien avec l’intégration des élèves de l’enseignement spécialisé? En dehors des médias et de quelques dérapages partisans, il n’y a jamais eu d’ambiguïté ni dans la position du chef du DFS, ni dans la mienne. Avec l’Office de l’enseignement spécialisé, nous sommes en parfait accord. Si un enfant peut être intégré dans une classe ordinaire, il doit l’être, toutefois il ne faut pas, au nom de l’intégration, qu’on mette en situation difficile un titulaire, un enseignant spécialisé et des élèves

dans les cas heureusement rares où l’intégration est un échec. Concernant les coupes budgétaires, comprenez-vous l’incompréhension générale? La focalisation sur les 5 millions du SE a fait du tort aux écoles et au Département. Cela, dit, je comprends l’émotion des enseignants privés temporairement de l’allégement en fin de carrière et les craintes de démantèlement liées à la suppression des heures de décharge. Et en lisant le rapport 2014 sur l’éducation, on peut craindre que d’autres coupes soient nécessaires, si l’on se base sur l’évolution des effectifs. De quoi s’inquiéter, non? Avec le chef du Département, nous partageons ces inquiétudes. Si dans les années à venir l’école n’obtient pas les moyens supplémentaires dont elle a besoin, l’Ecole valaisanne sera sinistrée. Ce n’est pas un effet de manche, mais un simple constat. C’est la raison pour laquelle le chef du Département a annoncé qu’il se battrait politiquement pour éviter de nouvelles coupes sur le dos de l’école. A court terme, nous allons nous engager pour rétablir ce qui a été suspendu. Certes, mais pourquoi ne pas avoir tenu ce discours avant d’amputer le budget du SE de 5 millions? Lorsque la décision a été prise de trouver 10,5 millions au DFS, le 15 janvier 2013, le chef du Département et les chefs de service ont eu 4 jours pour transmettre leur nouveau budget. Des coupes douloureuses, nous le savons. Dommage que certaines associations se soient trompées de cible, notamment en stigmatisant le Département ou/et le Service. En tant que chef du SE, quelle vision souhaitez-vous apporter à l’Ecole valaisanne? Le chef du Service de la formation professionnelle et moi-même sommes sur la même longueur d’onde que le chef du Département. Les grands principes de l’Ecole seront exposés au Conseil d’Etat en mars.

Résonances - Mensuel de l’Ecole valaisanne - Mars 2014


Ils feront ensuite l’objet d’une conférence de presse, le 10 avril prochain. Ces principes seront ensuite déclinés par les services de la formation et affinés progressivement. Peut-on déjà avoir une petite idée des principales caractéristiques de cette vision commune? Avec l’apparition des directions professionnelles dans la scolarité obligatoire, le centre de décision ne sera plus systématiquement le Département. La gouvernance centralisée qui a prévalu ces dernières années va progressivement céder la place à une vision plus horizontale, où les directions verront s’accroître leurs compétences. Les directions d’écoles ont tous les éléments de proximité pour prendre de bonnes décisions, dans la plupart des situations. Nous allons étudier quelles sont les compétences susceptibles d’être efficacement transférées aux directions. Il ne s’agit nullement d’alourdir leurs tâches administratives, mais au contraire de leur permettre de décider rapidement. Ils auront ainsi davantage d’autonomie et de responsabilité. D’une manière générale, nous essayerons de simplifier, de mieux correspondre aux demandes des enseignants, des autorités communales et des directions. Quel sera le rôle du SE, avec ce transfert de compétences? Il s’agira de se concentrer sur la formation et sur les cursus d’enseigne-

ment. Le principal effort concernera le recentrage de la formation initiale de la HEP qui, même si elle est de qualité, pourrait probablement aller davantage vers la pratique. Ensuite, une fois diplômé, l’enseignant devra choisir librement la grande partie de ses formations continues. Cette approche à la carte n’entre-telle pas en contradiction avec l’harmonisation romande? La responsabilité première de l’école est du ressort cantonal. Cela ne veut pas dire que l’on ne va pas suivre les grandes lignes mises en place par la CDIP et la CIIP, qui sont nécessaires à l’harmonisation. Par contre, qu’on ne nous dise pas que tout doit être harmonisé pour faciliter la mobilité cantonale, car d’une part on ne fait pas une réglementation pour quelques élèves en mouvement et d’autre part, nous devons reconnaître leur faculté d’adaptation, quel que soit le système. La récente décision de créer un centre cantonal de compétences MITIC ouvre un premier chantier de taille, dans lequel le SE est partenaire. Quelles seront les missions de ce centre? L’un des objectifs de ce partenariat entre les services de l’enseignement, de la formation professionnelle et de la formation tertiaire est d’avoir une gestion des équipements et une maintenance technique centralisée. Il s’agit aussi de rassembler le catalogue des formations informatiques

pour l’ensemble des degrés de la scolarité, ce qui permettra assurément d’optimiser les formations. Les formations, elles, seront de préférence dispensées dans les établissements, mais avec une coordination centralisée. Un autre axe concerne l’élaboration de moyens didactiques préparés par les animateurs pédagogiques pour faciliter la pratique de l’enseignant généraliste. De manière générale, l’école est aujourd’hui constamment sous pression. Les enseignants n’ont-ils pas surtout besoin de plus de reconnaissance? C’est pour cela que nous voulons diminuer la pression liée aux formations complémentaires, aux évaluations multiformes et au changement des outils d’enseignement. Evidemment, les enseignants ont besoin de davantage de reconnaissance, et le directeur doit en être le vecteur afin que celle-ci, ainsi que la confiance, s’améliorent. Mais ce point n’est-il pas dans la loi? La loi parle de la mission pédagogique des directeurs, mais ne dit rien sur le «comment». Si le directeur visite une classe, il doit le faire pour renforcer la confiance, ce qui est une tâche difficile. Car nous voulons que le miracle de l’enseignement continue d'opérer dans les classes valaisannes. Propos recueillis par Nadia Revaz

Quel genre d’élève étiez-vous? J’étais d’abord un enfant heureux, je sifflais et chantonnais tout le temps. J’étais turbulent, bouillant, souvent impatient et parfois impertinent, mais j’avais une grande soif de connaissances, une curiosité insatiable. Qu’avez-vous gardé de votre enfance? Je suis toujours positif et joyeux, même dans l’adversité, sans pour autant être insouciant. Y a-t-il une devise qui guide vos pas? J’ai bien connu la philosophe suisse Jeanne Hersch et avec des amis à Porto-Vecchio, en Corse, à l’occasion de ses 80 ans, nous lui avions demandé de prononcer une phrase de circonstance. Après réflexion, elle avait livré un concentré de son expérience de vie, en déclarant: «Quand le mal a toutes les audaces, le bien doit avoir tous les courages.» Mes forces sont décuplées Jean-Marie Cleusix en 1970. lorsque l’écho de cette sage parole résonne en moi.

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LES DOSSIERS 2009 / 2010 N° 1 septembre Infos 2009-2010 N° 2 octobre Droits de l’enfant - Citoyenneté N° 3 novembre Structuration de la langue - de la pensée N° 4 décembre La verticalité (1/2) N° 5 février La verticalité (2/2) N° 6 mars Les personnes ressources de l’Ecole valaisanne (1/2) N° 7 avril Les personnes ressources de l’Ecole valaisanne (2/2) N° 8 mai L’humour à l’école N° 9 juin Entraide... entre pairs 2010 / 2011 N° 1 septembre N° 2 octobre N° 3 novembre N° 4 décembre N° 5 février N° 6 mars N° 7 avril N° 8 mai N° 9 juin

Infos 2010-2011 Quantité et/ou qualité Sciences, techniques, technologies Eveil / réveil de la curiosité Comprendre le monde environnant Dyslexie, dysorthographie... Les 10 ans de la HEP-VS Réussite scolaire et… norme L’image de l’enseignant

2011 / 2012 N° 1 septembre N° 2 octobre N° 3 novembre N° 4 décembre N° 5 février N° 6 mars N° 7 avril N° 8 mai N° 9 juin

Eclairage 2011-2012 Métier d’élève Les intelligences multiples en classe Le début du cycle 1 L’école entre tradition et modernité Les utopies pédagogiques La robotique en classe Capacités transversales Approche concrète de l’EDD

2012 / 2013 N° 1 septembre N° 2 octobre N° 3 novembre N° 4 décembre N° 5 février N° 6 mars N° 7 avril N° 8 mai N° 9 juin

Eclairage 2012-2013 Harcèlement entre pairs Lectures en partage Astuces, ruses, stratégies Outils pour gérer les projets Apprendre... à apprendre Cap de l’école à l’horizon 2020 Du Secondaire I au Secondaire II L’élève au singulier

2013 / 2014 N° 1 septembre N° 2 octobre N° 3 novembre N° 4 décembre N° 5 février

Triche et plagiat à l’école Le français connecté La mixité à l’école Histoire suisse et patrimoine culturel Prévenir et gérer le stress scolaire

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LA CITATION DU MOIS «Si vous trouvez que l'éducation coûte cher, essayez l'ignorance.» Abraham Lincoln

En raccourci Bibliothèque numérique

Projet de partage SPVal Mercredi 15 janvier, les bibliothécaires numériques de la SPVal (Société pédagogique valaisanne) ont suivi l’opération de lancement de leur outil de partage collaboratif. Canal9 a consacré un reportage à la rencontre. www.spval.ch/ressources/bibliotheque-numerique Bibliothèque idéale

Le livre des bons livres Romans, essais, bandes dessinées, biographies, littérature jeunesse,... difficile de savoir quels sont les livres incontournables, indispensables, bref inratables! Aidé par quelque 150 libraires de toute la France, de Belgique et de Suisse, Bernard Lehut – qui guide quotidiennement les auditeurs de RTL dans leurs lectures – propose une sélection de près de 600 livres qu’il faut avoir lus! Grands classiques et petits bijoux contemporains se côtoient au fil des pages de cette première édition de La Bibliothèque idéale RTL (éditions de l’Opportun, 2013). Semaine de la langue française

Jeu-concours Dans le cadre de la «19e Semaine de la langue française et de la francophonie» (mars 2014), la Délégation à la langue française de la CIIP organise comme chaque année un jeu-concours ludique et créatif destiné aux élèves francophones (10-18 ans) et non francophones (14-18 ans), ainsi qu’au grand public. Cette année, il invite les classes à revisiter le glossaire, en jouant des sons et des sens, à la manière de Michel Leiris. www.slff.ch

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IMPRESSUM fait parler de vous!

Résonances La revue Résonances, qui fait suite à L’Ecole valaisanne parue de 1956 à 1988, à L’Ecole primaire publiée de 1881 à 1956 ainsi qu’à L’Ami des Régens dont le premier numéro date de 1854, est éditée par le Département de la formation et de la sécurité (DFS). Edition, administration, rédaction DFS/SFT - Résonances - Rue de Conthey 19 Case postale 478 - 1951 Sion - Tél. 027 606 41 59 www.resonances-vs.ch Rédaction Nadia Revaz - nadia.revaz@admin.vs.ch - Tél. 079 429 07 01 Photographe Jacques Dussez

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En France, il y a

Simone de Beauvoir et Jean-Paul Sartre. En Suisse, il y a

Iris et Peter von Roten. « Un ouvrage passionnant de l’historien Wilfried Meichtry, rédigé grâce à la correspondance des von Roten (1500 lettres). Ils se séparent, se retrouvent, vivent une union libre, docteurs en droit et journalistes. » Anne Fournier, Le Temps

Wilfried Meichtry

AMOURS ENNEMIES IRIS ET PETER VON ROTEN

« Cette double biographie se lit comme un roman historique de la Suisse... surtout comme l’histoire du féminisme et le portrait de femmes qui n’avaient d’autre choix que de foncer droit dans le mur. » Katharina Rutschky, Frankfurter Rundschau

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