Résonances, mensuel de l'Ecole valaisanne, décembre 2007

Page 1

Raisonner les peurs

No 4 - DĂŠcembre 2007


R aisonner les peurs La peur est naturelle et quotidienne. Reste qu’elle peut conduire à une paralysie de la pensée, et cela les politiciens des régimes totalitaires le savent bien. Aujourd’hui, dans nos sociétés démocratiques, la peur est avant tout médiatique. Il est probable qu’à force de voir tout ce qui se passe de grave dans le monde nous finissions par développer une sorte de réflexe craintif. Et quand on sait que la peur incite à la haine et à la violence, il s’agit de réagir en apprenant à la gérer. Peur du terrorisme, peur du chômage, peur de ne pas réussir socialement, peur des progrès de la science, peur de ne pas être à la hauteur dans une société qui affectionne tant la performance et la compétition… Zapping oblige, souvent une peur chasse l’autre, cependant il y a risque d’accoutumance, car cette émotion peut se transformer en une sorte de drogue qui conduit à l’inaction. Dans une telle société, il n’est pas étonnant que l’environnement scolaire soit aussi source d’angoisses. Des enseignants ont peur du jugement des autorités scolaires, de l’opinion des autres, de n’avoir pas les compétences suffisantes, de ne pas savoir faire preuve d’autorité face au comportement de certains élèves… Des parents ont peur de l’échec scolaire de leur enfant, de tout déplacement hors de l’enceinte scolaire, que l’école leur dise ce qu’il faut faire à la maison… Des élèves ont peur de décevoir leurs parents, craignent d’être victimes de racket, certains sont même en proie à la phobie scolaire… Des autorités scolaires et politiques ont peur du relais médiatique, redoutent l’inertie mais n’osent pas pour autant prendre le risque des changements… Toutes ces peurs ne sont pas nouvelles et même l’animal connaît cette émotion qui lui assure sa survie dans bien des situations. Certes, mais aujourd’hui,

( Résonances - Décembre 2007

Nadia Revaz

peut-être en partie à cause de la surmédiatisation de drames survenus à chaque coin du monde, la terreur est juste un peu plus présente partout, un peu trop, comme dans un film qui donne les frissons, de la première à la dernière minute. Il suffit de porter son attention pendant toute une journée à tous les messages inquiétants lus, vus, entendus et aussi bien évidemment énoncés pour s’en convaincre. Faites l’expérience, cela donne à réfléchir sur le fonctionnement de notre esprit critique face aux paroles et aux images anxiogènes et cela permet de poser des filtres pour éliminer une partie des peurs inutiles. Et en se mettant à hauteur d’enfant ou d’adolescent, on imagine vite combien il devient difficile de croire que le pire n’est pas certain. Inutile de vouloir supprimer totalement la peur car, à dose raisonnable, elle est nécessaire pour faire face aux dangers réels et pour avoir envie de se dépasser. Il faut juste la dompter. Et pour cela il n’est pas nécessaire qu’enseignants, parents et élèves s’allongent sur le divan du psychanalyste. Un peu de bon sens peut rapidement limiter son territoire, surtout si la lutte est collective. En classe, il est fondamental qu’enseigner et apprendre puissent se faire sans peurs excessives. En cela, l’école a le droit et le devoir d’être un îlot de libertés et de partenariat solidaire entre enseignants, parents et élèves. Audace, confiance, courage, espérance, motivation, persévérance, zénitude… doivent absolument venir contrebalancer angoisse, découragement, désespérance, doute, dramatisation, inertie, méfiance…

1


S ommaire

N. Revaz

urs Raisonner les pe

1

4-14

Environnement

15 16 17 18

ICT

21

Ecole et musée Education musicale Mémento

Musées cantonaux: gratuité d’accès aux enseignants - E. Berthod Education musicale à l’école (3) - B. Oberholzer A vos agendas - Résonances Ouverture du Lötschberg et géographie - S. Fierz La Toile vivante… le Web 2.0… introduction aux blogs - C. Mudry ICTS2: politique d’information - M.-T. Rey

Lecture d’images Education physique Doc. pédagogique BEL Recherche Livres

Autour de la lecture Revue de presse CRPE Chiffre du mois Publication

38 40 42 44 46

24 25 28 30 32 36

Divers outils pour «lire» le cinéma - N. Revaz L’équilibre dans tous ses états - L. Saillen et G. Schroeter L’expo «La langue de bois» de Patricia Crelier - N. Revaz Echanges individuels de vacances - BEL/N. Revaz Rapport sur les formations à l’enseignement en Suisse - @ N. Revaz La sélection du mois - Résonances

Visite guidée de la Médiathèque Valais – Sion - N. Revaz D’un numéro à l’autre - Résonances Rien ne sert de courir, il faut investir à temps… - P. Vernier Les compétences de base des adultes en Suisse - SFT Dernières parutions - IRDP

BD PAX: Savoir vivre ensemble à l’école - c/NR Primaire: infos relatives aux examens cantonaux 2008 - SE CO: infos relatives aux examens cantonaux 2008 - SE Les dossiers de Résonances

2

47 48 49 52

Résonances - Décembre 2007

)


R aisonner les peurs Les peurs ont de nouveaux contours, avec notamment l’effet médiatique qui les amplifie et les rend planétaires. Et

4

Les peurs décodées

7

Gérer les risques

par Philippe Theytaz

12

La pédagogie

13

Pistes d’action

et la peur

l’école n’échappe pas à ces angoisses qui paralysent l’action. Il s’agit pourtant de

lucidement, une compétence

faire la part des choses et de développer

pour raisonner les peurs

professionnelle

quelques techniques pour les raisonner. Ce petit dossier vise à apporter un éclairage général sur le sujet, en se centrant sur les peurs des enseignants.

10

Regards croisés sur les peurs

14

La bibliographie de la documentation pédagogique


L es peurs décodées par Philippe Theytaz

(

Comment les parents, les enseignants et les élèves peuvent apprendre à gérer la peur, de façon à ne pas – ou ne plus – se laisser envahir et dépasser par elle? Philippe Theytaz, qui a un parcours des plus complets dans le monde de l’éducation, a accepté de donner son avis sur les origines des peurs contemporaines et de partager quelques pistes d’actions.

Du côté des parents Les parents ont surtout peur que leur enfant ne réussisse pas scolairement… Dans ce contexte global, il est compréhensible que les parents s’inquiètent de savoir si leur enfant pourra ou non répondre aux exigences pour atteindre la norme. Le problème, c’est que certains finissent par ne plus voir les multiples compétences sociales de leur enfant, tant la pression du résultat scolaire est forte.

Docteur ès sciences de l’éducation, Philippe Theytaz a été enseignant, conseiller pédagogique, responsable d’enseignement spécialisé et directeur d’école. Aujourd’hui, il est Philippe Theytaz constate Comment modifier la situation? consultant en relations humaines et Très souvent, dans mon expérience que la peur habite tout a ouvert à Sierre un centre privé de de consultant, je suis amené à l’environnement scolaire. compétences en éducation et en red’abord traiter cette peur des palations humaines qui s’adresse aux parents, aux enseirents. Et dans un deuxième temps seulement, on peut gnants, aux enfants et aux adolescents à la recherche s’intéresser à la difficulté qui les motive à consulter. de solutions dans des situations particulières. Ce cenSouvent, ils ont la solution, mais sont submergés sur le tre (http://perso.netplus.ch/sensortir) emploie égaleplan des émotions. Lorsqu’ils prennent conscience ment Laurence Zwissig, psychologue diplômée, et Vinqu’il n’y a pas que les notes pour déterminer le boncent Theytaz, éducateur social, de façon à pouvoir apheur présent et futur de leur enfant, ils ressentent de porter des aides tenant compte des problématiques l’apaisement. Une fois la peur désamorcée, il devient dans leur globalité. Philippe Theytaz est aussi l’auteur possible de leur apprendre à communiquer différemde Réussir à l’école – Parents, élèves, enseignants… ment avec leur enfant et à cerner les outils pour traiter ensemble, un livre paru en 2005 aux éditions Saint-Aules difficultés scolaires. gustin dont la lecture est à recommander absolument aux parents et aux enseignants qui ne l’auraient pas Dans notre société du rendement immédiat, acencore lu. Cet ouvrage, d’une grande clarté, apporte cepter que le changement prend du temps n’est des réponses réalistes pour conditionner la réussite pas toujours être facile à faire comprendre… scolaire des enfants, tout en ne se limitant pas à cette En effet, la plupart des parents voudraient des résulseule réussite. Il vient de publier un autre livre intitulé: tats rapides, alors que cela demande de la patience et Motiver pour apprendre. Guide pour parents, enseide la persévérance. Après l’amorce d’un changement, gnants et élèves. il faut encore du temps, ce qui n’est pas toujours évident à intégrer. Philippe Theytaz, la peur des parents, des enseignants et des enfants est-elle vraiment plus Du côté des enseignants grande qu’autrefois? Absolument. Cette peur habite tout l’environnement Les enseignants subissent également des presscolaire, mais elle est plus largement liée à tout un sions croisées, celles des parents, celles des autocontexte social conditionné par la performance et la rités scolaires, celles du monde de l’entreprise, recherche d’une efficacité absolue. La société actuelle etc. N’est-ce pas trop lourd à porter pour certains? oblige constamment à relever des défis et à subir des Oh que oui! Il arrive même que ces peurs amènent des pressions, ce qui nous fait vivre dans un climat d’inséenseignants à adopter au quotidien des attitudes curité permanente. contraires aux valeurs pédagogiques auxquelles ils

4

Résonances - Décembre 2007

)


croient. Lorsque j’étais directeur des écoles à Sierre, il m’est arrivé de demander à des enseignants du primaire de dire comment ils aimeraient que leurs élèves soient à la fin de la scolarité et là quasiment tous mettaient en avant l’acquisition de connaissances de base, mais surtout l’épanouissement personnel, la coopération, la solidarité, l’esprit d’initiative, etc. Et dans le quotidien, les enseignants sont amenés à subir la contrainte du programme à respecter, alors qu’ils savent que ce n’est pas le plus important. Ce décalage constant entre ce qu’ils font et ce qu’ils souhaiteraient faire est source d’angoisse, en particulier pour le jeune enseignant qui n’ose pas forcément prendre de la distance par rapport à certaines attentes trop fortes. Il faut aussi ne pas oublier que les enseignants, même si la société les perçoit parfois comme trop libres, sont contrôlés par l’élève, par les parents, par la direction, par l’inspecteur, par la commission scolaire, par l’autorité communale, par l’autorité cantonale, par les comparaisons intercantonales ou internationales, etc. Par rapport à d’autres métiers, notamment ceux de la santé, l’enseignant est seul dans la classe avec ses peurs… Les enseignants qui se sentent en difficulté ne manquent-ils pas de lieux d’écoute? Il manque en effet de lieu d’écoute et de partage, du fait surtout que les enseignants n’ont pas encore suffisamment l’habitude de travailler en équipe. Certains en arrivent progressivement à douter de leurs compétences et peuvent finir par perdre pied. Le travail en équipe peut-il être une piste pour désamorcer certaines peurs? Assurément. Pour les enseignants, les choses deviennent plus simples dès qu’ils peuvent se mettre ensemble. Actuellement, certains n’osent plus organiser de

sorties avec leur classe, craignant qu’au moindre souci des parents pourraient aller en justice. Autrefois, le climat était d’abord celui de la confiance, tandis qu’aujourd’hui c’est d’emblée celui de la méfiance. Cette responsabilité serait plus légère si elle était partagée.

«La société actuelle oblige constamment à relever des défis et à subir des pressions.» Si les enseignants se mettent ensemble, et qu’en plus ils peuvent compter sur le soutien des autorités scolaires, les parents seront alors tranquillisés. Cette co-responsabilité les encouragerait à oser faire parfois l’école hors de la classe, pour le plus grand bien des élèves. Vouloir supprimer tous les dangers contribue à rendre les enfants peureux, ce qui est paradoxal dans une société qui dit vouloir des personnes capables de prendre des risques. Il y a bien sûr des précautions à prendre, mais à trop regarder ce que dit le règlement, on finit par ne plus rien faire. Il ne faut pas céder à la peur, si largement répercutée par les médias, et ce n’est pas parce que l’école en Amérique est tétanisée qu’elle doit l’être ici. Quand un drame arrive, il serait juste par ailleurs de rappeler aussi tous les cas où tout se passe bien. L’école semble être une sorte d’éponge des peurs de la société… C’est assez logique, puisque tous les espoirs sont toujours mis sur la jeunesse. Si l’on veut corriger certains aspects de la société, on compte trop souvent sur l’école pour le faire. Reste que les enseignants devraient davantage résister pour imposer leurs compétences en matière de développement et de réussite des élèves, car ce sont eux les professionnels de l’école. Dans ces conditions, les parents ne pourraient qu’adhérer, d’autant plus s’ils sont associés. Si l’institution scolaire et les familles faisaient front commun, ce serait plus facile, mais trop souvent ils sont en rivalité, alors qu’ils ont un but identique, à savoir que les enfants réussissent leur vie.

Du côté des enfants Enseignants et parents ont peur, mais les enfants aussi. Leur peur n’est-elle pas d’abord celle des adultes?

( Résonances - Décembre 2007

5


C’est précisément parce que les adultes projettent leurs peurs sur leurs enfants qu’il faut les aider à se débarrasser de celles qui sont excessives. Un enfant naît dans la sécurité et c’est ensuite son environnement qui lui communique ses peurs. En voulant le meilleur et en mettant la barre toujours plus haut, certains parents, au nom du bien de leur enfant, sont les premiers agents transmetteurs de la peur, et celle-ci peut devenir paralysante. Nombre de tout-petits entendent des litanies de «attention» à chaque fois qu’ils se déplacent ou partent à la découverte de leur environnement. Et ensuite, on leur dit: «tu verras quand tu iras à l’école, la maîtresse…» ou «t’es pas capable de…». Il y a déjà naturellement tellement de messages anxiogènes que si l’on en rajoute inutilement, tout devient vite insurmontable. C’est la répétition de telles paroles négatives, même si énoncées dans un but de protection, qui peut devenir source de phobie. On peut motiver autrement qu’en agitant la peur de la note ou de l’échec scolaire. La surprotection emprisonne les enfants et il n’est pas si étonnant qu’ensuite, une fois adolescents, ils fassent sauter les barrières à l’extrême: ils ne voient alors absolument pas les dangers et courent des risques bien plus grands, parce que non calculés. Les jeunes que vous rencontrez expriment-ils certaines de leurs peurs liées à l’école? Ils parlent assez souvent de leur peur des examens et de leur crainte de l’avenir et de l’inconnu. Ce malaise

peut intervenir même chez des étudiants aux parcours apparemment sans problème. Il faudrait que ces jeunes puissent disposer d’un coaching, sans avoir à éprouver le sentiment d’une incapacité ou d’une faille, car il n’y a pas de honte à avoir peur. Il s’agit de travailler avec eux la confiance, leur propre échelle de valeurs liée à leur vision du monde, bien avant l’aspect des compétences. Ce recadrage contribue à les apaiser. Il est vrai qu’autrefois les jeunes étaient moins angoissés à ce niveau, car le chemin était balisé par les adultes, alors qu’aujourd’hui ils doivent le construire, ce qui est à la fois une chance et une difficulté. Le problème avec la peur, c’est que tout est question de dosage, puisque dans certains contextes elle est nécessaire à la prise de conscience du danger et dans d’autres elle contribue à donner envie de se dépasser… C’est pour cela qu’il convient de s’interroger sur ce que veulent nous dire nos peurs et nos angoisses. Sur un chemin escarpé, il est raisonnable d’avoir peur, parce que là c’est une protection, mais dans d’autres situations, il n’y a pas de raison de redouter des dangers improbables. C’est comme le trac, il en faut un peu, mais pas trop, pour que cela motive à progresser. Chercher à décoder le message transmis par l’émotion de la peur, cela incite à passer à l’action. C’est le premier pas pour s’en sortir. Propos recueillis par Nadia Revaz

Le dossier en citations

6

Mécanismes de la peur

Alimentation de la peur

«Avant même d’être excessive ou pathologique, la peur est un état physiologique naturel, un signal d’alarme contre tout danger, menace ou conflit (qu’ils soient réels ou imaginaires) destiné à enclencher une réponse adaptative. De toutes les émotions, la peur est celle que les chercheurs en neurosciences ont approchée de plus près. […] Une stimulation sensorielle quelconque, comme la vue d’une forme étrange ou un son menaçant, fait d’abord escale dans le thalamus, structure par laquelle transitent tous les messages captés par les sens. Ce message est ensuite transmis au cortex sensoriel (zone des aptitudes mentales complexes) où il est évalué selon sa nature (auditif, visuel, somatique) et acquiert une signification. S’il est jugé menaçant, l’amygdale en est alors avisée et produit des réponses émotionnelles et motrices préprogrammées pour traiter le danger: immobilisation, changement de la pression sanguine et du rythme cardiaque, libération d’hormones...» La peur, de l’angoisse individuelle aux fantasmes collectifs. Sciences humaines, no 162, juillet 2005.

«Et pour transformer la myriade des délits et des peurs en enjeu politique, il faut un certain travail: il faut que la presse et la télévision martèlent les faits divers afin que chacun finisse par croire que ça s’est passé près de chez lui. Il faut construire des stéréotypes: toutes les grandes cités de banlieue sont dangereuses, tous les jeunes qui y habitent sont délinquants, tous les trains sont des coupegorge, tous les adultes sont des pédophiles potentiels, toutes les insultes entre les jeunes sont des menaces de mort... Il y a suffisamment de faits divers pour alimenter la peur et convaincre les gens que là est leur véritable problème. Plus la police et la justice seront efficaces, plus les individus porteront plainte, et plus les statistiques démontreront que l’on a raison d’avoir peur. Dire que le sentiment d’insécurité est manipulé ne veut pas dire que la délinquance n’existe pas, mais si l’on compte le vol de trousse à l’école pour un délit grave, il n’y a pas de raison pour que les peurs se calment.» François Dubet (sociologue), in Libération du 20 février 2002. http://ecolesdifferentes.free.fr/DUBET%20CAMPAGNE.html

Résonances - Décembre 2007

)


G érer les risques lucidement, une P. Perrenoud

compétence professionnelle

Pierre Terrail, seigneur de Bayard, surnommé le chevalier sans peur et sans reproche, est une figure positive de notre culture: alliant l’honneur, la probité et le courage, Bayard incarne le héros que chacun voudrait être, qui se réincarne dans Superman ou Spiderman. Ou Wonder Woman! Il existe des êtres d’exception, qui n’ont peur de rien. Les êtres humains ordinaires ont peur. Et pourquoi pas? Avoir peur d’un vrai danger, rien n’est plus raisonnable. La peur nous protège. La vraie question est de savoir si nos peurs sont fondées, ce qui pose la question de notre lucidité à propos de la réalité des risques aussi bien que de nos moyens d’y faire face.

«Affronter la peur ne consiste pas à ignorer les risques mais à les estimer au plus juste.» Le dompteur qui entre dans la cage aux lions n’est pas fou. Il connaît les risques, mais il pense avoir les moyens d’y faire face. Il peut certes se tromper, soit sur ses propres compétences, soit sur la réalité du risque. Ce n’est pas une science exacte. Il arrive qu’un dompteur soit dévoré. Mais si, de peur d’être en difficulté, un dompteur n’entre jamais dans la cage, qu’il change de métier! «Qui ne risque rien n’a rien»: chaque métier comporte sa part de risque, qui détermine en partie le revenu, le prestige, l’intérêt d’une profession. Seuls de mauvais esprits oseraient suggérer un parallèle entre faire la classe et entrer dans la cage aux lions. L’enseignant ne vient-il pas apporter la culture à des enfants ou adolescents avides de savoir? Que pourrait-il lui arriver? Rappelons toutefois que nombre de missionnaires ont mal fini et que faire le bonheur des autres contre leur gré n’est pas sans risques. Les «missionnaires de la culture» se retrouvent rarement dans un chaudron, mais les agressions contre les biens et la personne des enseignants se font plus fréquentes. Autre risque dans les métiers éducatifs: être accusé de «gestes déplacés». Les craintes à l’endroit de pédophiles semblent s’accroître, sans doute parce que le silence se dissipe. Mais n’oublions pas qu’André Cayatte

( Résonances - Décembre 2007

signait en 1967 déjà «Les risques du métier», avec Jacques Brel. On pense d’abord en ce domaine aux risques que courent les enfants et les adolescents, mais ne sous-estimons pas ceux que courent les professeurs accusés à tort dans un métier où le moindre contact physique peut devenir suspect. Les professeurs courent aussi le risque de devenir la cible de certains parents mécontents de leur attitude, de leurs valeurs, de la manière dont ils traitent les élèves. Ou encore le risque d’être accusés de négligence s’il arrive un accident qu’ils auraient pu et dû prévenir ou de toute autre grave faute professionnelle. Ces risques extrêmes ne devraient pas cacher les risques plus quotidiens du métier, associés à des peurs plus ou moins raisonnées. Par exemple: Peur d’être pris en défaut de connaissance, de compétence, de ponctualité, de respect des règles par des élèves ou des parents. Peur de ne pas arriver à «faire le programme», à atteindre les objectifs. Peur de se faire imposer par des collègues, des parents, voire la classe, des attitudes ou des actes auxquels on n’adhère pas. Peur de perdre le contrôle, de ne pas savoir faire face à l’indiscipline, à l’agitation, à la contestation ou à l’inertie de tout ou partie des élèves. Peur de se montrer injuste dans l’évaluation, les sanctions, l’attention portées aux élèves. Peur de rester impuissant à venir en aide aux élèves en difficulté ou en détresse. Peur de ne pas pouvoir empêcher les violences verbales ou physiques entre élèves, de ne pas savoir protéger le plus faible. Peur de ne pas parvenir à neutraliser les dimensions ambiguës et peu reconnues de la relation pédagogique (séduction, pouvoir, chantage affectif, menaces, répression, marchandages). Peur de blesser inutilement autrui, par des réactions maladroites ou disproportionnées, ou en ne trouvant pas les gestes ou les mots justes dans une situation difficile. Peur d’avoir et de manifester des préférences, peur de se laisser influencer par les sentiments qu’on porte aux élèves (qu’ils soient positifs ou négatifs). Peur de ne pas être la hauteur en cas d’événement imprévu.

7


Peur de perdre la face, de perdre son sang-froid, d’apparaître ridicule ou incompétent. On ne sait pas grand-chose des peurs des enseignants. Comme dans toute culture professionnelle, le risque et la peur sont tus ou minimisés. «Moi, peur? Jamais!» n’est pas une formule réservée aux machos. Elle est appelée par des rapports professionnels qui prennent la peur pour un aveu de faiblesse ou d’incompétence. Ou qui la censurent simplement parce que l’évocation des risques trouble l’inconscience dont a besoin pour continuer à faire un métier à risques. Dejours (2000) a analysé ces «idéologies défensives» et montré que les ouvriers du bâtiment ou les pilotes de chasses dénient les risques, alors qu’ils sont bien réels, et que celui qui rappelle l’éventualité du pire n’est pas apprécié de ses collègues.

Le dossier en citations La peur d’apprendre ne doit pas entraîner la peur d’enseigner «L’échec scolaire ne doit pas nous contraindre à appauvrir en permanence notre message et à revoir nos ambitions à la baisse. Méfions-nous, l’empêchement de penser est difficile à réduire. Par contre, il est contagieux et gagne rapidement les enseignants qui le côtoient s’ils ne sont pas engagés dans une réflexion qui les pousse à rester créatifs.» Serge Boimare, Peur d’apprendre et échec scolaire. Enfances & Psy no 28, 2005/3.

8

Un professionnel peut vivre ses peurs dans la solitude, voire être tenté de les censurer pour ne pas avoir à se poser deux questions difficiles Mes peurs sont-elles fondées? Lorsqu’elles le sont, faut-il les reconnaître ou les cacher? La première question est la plus délicate. Etre exagérément optimiste n’est pas plus souhaitable que de se sous-estimer. La lucidité consiste à évaluer les risques «au plus près». Ce qu’on évalue, ce n’est pas le danger en soi, c’est le danger pour soi, compte tenu de ce qu’on sait de ses propres moyens émotionnels, relationnels, intellectuels. A situation égale, l’un aura pleinement confiance en ses moyens et n’aura pas peur, l’autre tremblera. A tort ou à raison. La peur n’est pas un sentiment entièrement rationnel. On le sait bien pour les peurs dites «enfantines»: pourquoi avoir «peur du noir» dans un environnement protégé où «rien ne peut arriver»? Et pourtant! La lucidité est d’autant plus improbable qu’on ne se sent, globalement, pas sûr de soi. Certaines expériences malheureuses et l’image que renvoie la formation ou le milieu de travail peuvent conduire à une dévalorisation sans rapport avec les moyens dont on dispose. Affronter la peur ne consiste pas à ignorer les risques mais à les estimer au plus juste en même temps qu’à évaluer avec réalisme ses propres moyens d’y faire face. Aucune réunion de parents n’est sans risque, mais ce n’est pas la réunion de parents qu’il faut craindre,

Résonances - Décembre 2007

)


mais une réunion précise, compte tenu du moment de l’année, du climat, de ce qui s’est passé récemment, des rumeurs qui courent, de ce qu’on sait des angoisses ou des plaintes éventuelles de certains parents. Il y a des réunions de parents qu’il faut savoir différer ou organiser avec de l’aide et en les préparant très sérieusement. La compétence consiste à recueillir des informations, à les analyser, à identifier des risques éventuels et à imaginer des stratégies adéquates. Seconde question: faut-il avouer ses peurs? On peut, on doit hésiter. Un tel aveu peut trahir une fragilité, une faille qu’autrui peut exploiter. Se taire, c’est en même temps se priver d’aide et de solidarité. La compétence consiste alors à décoder les règles du milieu professionnel et à anticiper les réactions des collègues, éventuellement des parents d’élève, si on reconnaît certaines peurs. On pourrait rêver d’une école où nul ne songerait à ridiculiser les craintes d’un collègue et moins encore à feindre de ne jamais éprouver de semblables sentiments. La comédie de la maîtrise protège chacun à court terme, mais à moyen terme, elle empêche le développement professionnel!

Le dossier en citations Stress des enseignants, des élèves, des parents «Angoissante école! Des deux côtés du bureau, la pression impose sa loi. Trop nombreux sont les élèves qui craignent la sanction de la note, l’engrenage de l’échec, le redoublement, les punitions, l’humiliation et la perte de confiance en soi qui les empêchera de refaire surface. Car, sous couvert de collège unique, l’école française est un grand entonnoir qui n’offre pas vraiment de seconde chance. Derrière le bureau, face à plus de trente élèves pas toujours en empathie, le maître aussi stresse. Dans certaines classes, il entre même avec la peur au ventre, craignant à chaque cours de descendre une marche de plus vers la dépression. Quant aux parents, qui rêvent du meilleur pour leur enfant, ils vivent aussi à l’heure des notes et des conseils de classe qui scandent la compétition scolaire.» Halte au stress. Dossier du Monde de l’éducation, septembre 2007.

Le marché de la peur

Goguelin, P. et Cuny, X. (dir.) (1993). La prise de risque dans le travail. Toulouse: Octares, 2e éd.

«Les médias ne font-ils pas leur miel des peurs liées au terrorisme, à un sentiment diffus d’insécurité, aux risques alimentaires, sanitaires, chimiques, climatiques? Les compagnies d’assurances, les médias, les hommes politiques... Pour le sociologue américain Barry Glassner, ceux-là et de nombreux autres y trouvent leur compte. Le chercheur dénonce ce qu’il perçoit comme un véritable marché de la peur: on fabrique des peurs à des fins commerciales, mais aussi pour nous distraire des problèmes qui supposent une remise en question plus profonde de la société.» La peur, de l’angoisse individuelle aux fantasmes collectifs. Sciences humaines, no 162, juillet 2005.

Hubault, F. (dir.) (2004). Travailler, une expérience quotidienne du risque? Toulouse: Octarès Editions.

Peur de la coopération

Références Blanchard-Laville, C. (2001). Les enseignants entre plaisir et souffrance. Paris: PUF. Cifali, M. (2005). Le lien éducatif: contre-jour psychanalytique. Paris: PUF. Dejours, C. (2000). Travail: usure mentale. De la psychopathologie à la psychodynamique du travail. Paris: Bayard, nouvelle éd. augmentée.

Perrenoud, Ph. (1995) Dix non dits ou la face cachée du métier d’enseignant, Recherche et Formation, n°20, pp. 107-124. Perrenoud, Ph. (1999). Enseigner: agir dans l’urgence, décider dans l’incertitude. Savoirs et compétences dans un métier complexe. Paris: ESF (2e éd.). Planchette, G., Nicolet, J.-L. et Valancogne, J. (2002). Et si les risques m’étaient comptés! Toulouse: Octarès Éditions. Trinquet, P. (1996). Maîtriser les risques du travail. Paris: PUF.

l’ a ut eu r

(

Philippe Perrenoud Faculté de psychologie et des sciences de l’éducation, Université de Genève. Courriel: Philippe.Perrenoud@pse.unige.ch. Internet: www.unige.ch/fapse/SSE/teachers/perrenoud. Laboratoire Innovation, Formation, Education (LIFE): www.unige.ch/fapse/SSE/groups/life.

( Résonances - Décembre 2007

«Nous nous sentons mal à l’aise lorsque notre avancement (sur le plan de l’apprentissage, ou sur celui d’une promotion à l’intérieur du système) dépend d’autrui. On pense volontiers “qu’on n’est jamais mieux servi que par soi-même”. La simple idée de partager des responsabilités et des objectifs avec autrui met mal à l’aise, fait peur, et déclenche des mécanismes de défense de toutes sortes: peur d’être jugé ou mal compris, peur que l’autre ne sache pas entendre, écouter, voir… Les équipes efficaces ont surmonté ces partis pris individualistes et acceptent que la responsabilité soit également collective.» Monica Gather Thurler. Innovation et coopération: liens et limites. www.unige.ch/fapse/SSE/teachers/gather-thurler/ Textes/Textes-1996/MGT-1996-03.html

9


R egards croisés sur les peurs Les peurs «virtuelles» sont-elles en augmentation? Si oui, pour quelles raisons? Comment les décoder d’un point de vue sociologique? Ont-elles des résonances particulières dans le milieu scolaire? La dramatisation médiatique va-t-elle jusqu’à créer des angoisses supplémentaires? Comment apaiser les peurs? Ce croisement de regards sociologiques et pédagogiques n’apporte ni réponses définitives, ni solutions, mais permet de formuler quelques hypothèses.

Claudine Burton-Jeangros professeure adjointe au département de sociologie à l’Université de Genève, spécialiste notamment de la sociologie du risque et de la santé «Mon entrée dans la problématique de la peur se fait plutôt par la question du risque. Dans nos sociétés, on a l’impression que les dangers sont partout, mais c’est surtout parce qu’on est informé de tout à travers les médias et qu’ils nous mettent constamment en garde dans le domaine de la santé, de la sécurité, du travail, etc. Tout ce savoir diffusé auprès de la population change les perceptions et les représentations. Paradoxalement, même si on vit dans des sociétés plus sûres que dans le passé, on a le sentiment d’être exposé à davantage de risques. Un autre aspect lié à cette connaissance est la prise de conscience, dans le même temps, de l’incertitude dans nos vies. La crainte des suites judiciaires est aussi paralysante et les médias ont un rôle amplificateur indéniable. Dans ce contexte, tout le monde devient inquiet et frileux et les professionnels de l’éducation, comme ceux de la santé, se sentent particulièrement fragilisés. La peur a toujours existé, mais elle prend des proportions exagérées dans nos sociétés riches. Anticiper, c’est-à-dire utiliser notre connaissance de la réalité pour faire des choix, est très utile, mais le faire à l’excès s’avère contre-productif. Depuis peu, certains experts se penchent sur les coûts de la réduction systématique de prises de risques avec la prévention, constatant qu’à force de vouloir se protéger de tout on finit par ne rien faire et qu’en plus cela a un prix.»

Christophe Delay assistant au département de sociologie à l’Université de Genève, intéressé en particulier par les questions de classes sociales «Que les enseignants et les parents soient préoccupés, cela ne fait aucun doute. Une partie de l’explication

10

tient probablement au fait que l’on est dans une société où les enfants sont de plus en plus protégés, ce qui implique de nouvelles contraintes pour assurer cette sécurité et même la renforcer. Ce constat ne vaut pas que pour l’école, car nous vivons tous dans un monde plus sûr qui, paradoxalement, génère une insécurité croissante. On tente de responsabiliser davantage les individus, ce qui conduit à une augmentation des attentes et des contrôles. L’enfant a désormais des droits clairement établis, mais les enseignants, comme les parents, ont parallèlement plus de devoirs afin de garantir son épanouissement, ce qui peut expliquer en partie ce sentiment d’angoisse. Avec la baisse de la natalité, l’enfant est surprotégé. La démocratisation de l’école et la problématique sociale posée par l’échec scolaire augmentent en outre les exigences attendues par l’école. Notre société ultra-compétitive contient également une part explicative de ce phénomène. Les institutions deviennent ainsi plus exigeantes, pour répondre en permanence à des critères de performance et de rentabilité. Toute la psychologisation participe certainement aussi au besoin de contrôle accru de certains parents. Il ne me semble pas qu’il y ait un facteur prédominant, mais un réseau de convergences pouvant expliquer ces inquiétudes. Il est de plus probable qu’elles soient moins fortes dans les milieux populaires, qui font davantage confiance à l’école.»

Dominique Gros directeur adjoint du Service de la recherche en éducation (SRED) à Genève, licencié en sociologie et diplômé en écologie humaine et auteur d’un rapport intitulé Regards sur l’école suisse (CSRE, 1999) «Sans avoir mené de travaux spécifiques sur la question, j’observe que le souci d’avoir un contrôle permanent sur son enfant à l’école survient dans les familles qui ont moins d’interactions directes, comme pour compenser. Une des grandes craintes, celle de l’échec scolaire, pèse très fortement sur les élèves, qui en arrivent à perdre l’estime d’eux-mêmes. Et dès qu’il y a des décisions pédagogiques qui ne conviennent pas aux parents, ils remettent immédiatement en question les choix institutionnels. Les enseignants, de par cette attitude, se sentent déstabilisés, même si une très grande partie de la population, surtout dans les milieux populaires, entretient toujours un rapport de confiance avec l’école. Autre élément explicatif, les organisations scolaires donnent actuellement davantage d’autonomie

Résonances - Décembre 2007

)


( Des techniques permettent de prévenir l’accumulation des tensions.

aux écoles et, dans le même temps, pour garantir l’égalité, renforcent les contrôles, ce qui pour les enseignants n’est pas toujours facile à vivre. Et contrairement à ce qui se fait dans les milieux de la santé qui ont mis en place des groupes de parole, les enseignants n’osent pas encore parler de leurs difficultés, les vivant souvent comme un échec personnel. Les autorités scolaires sont pour leur part excessivement préoccupées par les médias. Et au niveau des départements de l’instruction publique, j’ai l’impression qu’il y a aussi la peur face à certains parents prêts à recourir aux avocats. Avec la médiatisation et la mondialisation, c’est comme si les menaces s’additionnaient. Il faut faire preuve de lucidité pour ramener les phénomènes à leur juste échelle et lutter contre un sentiment diffus d’insécurité. Il est utile de développer la prévention, tout en n’oubliant pas qu’on ne peut et ne doit pas tout sécuriser. Dans nos sociétés où le changement est permanent, il s’agit d’accepter d’intégrer les incertitudes.»

Thierry Herman collaborateur à l’Institut des sciences du langage et de la communication et organisateur d’un colloque en 2003 sur «Les médias et la peur1» «Sachant que les émotions font vendre, certains médias ont tendance à être une sorte de porte-voix des peurs, en donnant un écho trop important à des faits divers isolés. Du côté médiatique, il y a un questionnement à avoir sur la place à attribuer à de tels faits divers, mais il y a une réflexion plus large à mener sur la lecture critique des médias, surtout avec la mondialisation et la multiplicité des sources d’information. Il est désormais impossible de filtrer l’information pour le public, puisque chacun peut y accéder sur internet. Je comprends les craintes des enseignants qui peuvent les conduire à ne plus vouloir prendre de risques. Le problème avec des émotions de type peur, c’est que la rationalisation est extrêmement difficile. Les médias ne s’adapteront à une éthique citoyenne que si le pu-

( Résonances - Décembre 2007

blic est capable de redéployer l’esprit critique face aux événements du monde. Autrement il sera difficile de sortir de la spirale infernale, sachant que plus les médias jouent la carte de l’émotion, plus le public en redemande. Reste que les médias ne sont pas les seuls à avoir une responsabilité dans le manque de confiance que l’on observe dans notre société. C’est un facteur important, mais un parmi d’autres. En rejetant la faute seulement sur les médias, l’analyse est insuffisante.»

Danielle Pahud médiatrice chargée par le Département valaisan de l’éducation, de la culture et du sport de la consultation sociale destinée aux enseignants «L’anxiété est en augmentation dans l’ensemble de la population et pas seulement chez les enseignants. Dans le contexte scolaire, elle est principalement liée à la violence verbale et gestuelle des élèves et aux faits divers relayés par les médias. L’agression d’un enseignant par un élève aux Etats-Unis peut raviver l’insécurité ici. De plus, le maître aujourd’hui ne fait plus autorité comme autrefois et quand un parent n’est pas content, il le dit et peut avoir gain de cause, ce qui est complexe à gérer pour l’enseignant. Sur le plan du stress, c’est un métier qui fait partie des professions à risques. Parmi les enseignants que je rencontre, il en est qui souffrent de burnout et, derrière cet état d’épuisement, il y a généralement le désir d’être parfait et la peur de ne pas être à la hauteur. Ils ne savent plus comment arriver à répondre à la multiplicité des attentes et des exigences, parfois contradictoires, des parents et des autorités scolaires, et à faire face aux actualisations continues qu’ils doivent opérer pour exercer leur métier. Ils sont en outre soumis à la pression des programmes. Certains enseignants, ayant dépassé la cinquantaine, ont l’impression de toujours courir après le train sans jamais arriver à le rattraper. Le plus important est qu’ils puissent parler à des personnes de confiance. Parfois les peurs sont justes des projections personnelles sans fondement et simplement en parler peut être libératoire. Dans les milieux médico-sociaux, on a pris l’habitude du debriefing et de la relation d’aide sociale, sachant qu’il est important de verbaliser pour clarifier les émotions et les relativiser, ce qui n’est pas encore le cas dans l’école. Des techniques permettent de prévenir l’accumulation de ces tensions. Par ailleurs, l’enseignant doit apprendre à ne pas toujours viser la perfection, mais faire au mieux en tenant compte de la situation et du moment, sans se laisser piéger par un sentiment de culpabilité.» Propos recueillis par Nadia Revaz Note 1

www2.unine.ch/Jahia/site/journalisme > colloques > les médias et la peur

11


L a pédagogie et la peur Impossible d’imaginer réaliser un dossier sur la peur en contexte scolaire sans vous donner l’occasion de lire ce passage d’Apprendre sans peur d’Antoine de La Garanderie (Paris: Chronique sociale, 1999). Merci à la maison d’édition pour son aimable autorisation de reproduction.

Un mal assiège la pédagogie, mal qui lui est si intime qu’elle ne le voit pas et dont il faut qu’elle se délivre; l’enseignant a peur de l’élève, du parent, de l’inspecteur, du directeur, d’être inférieur à sa tâche, de l’opinion, de lui-même. Le parent a peur de tout ce qui fait peur à son enfant, de son incapacité à l’aider, de ses échecs scolaires passés. L’élève a peur de l’école, des camarades, de l’enseignant, de l’échec, de l’opinion, de lui-même. La peur est si profondément inscrite dans la vie pédagogique que toutes ses parties prenantes s’en défendent et la provoquent. L’enseignant s’en défend en se repliant; le parent en s’énervant; l’élève en se raidissant. L’enseignant la provoque en menaçant, le parent en s’inquiétant; l’élève en insultant. La peur et la colère s’engendrent réciproquement. Le mauvais climat qui, souvent, en résulte, ne serait-il pas dû à la situation pédagogique elle-même pour autant qu’elle est vécue comme risque constant d’humiliation? Humiliation pour l’enseignant que l’élève désarçonne par ses questions, culpabilise par ses échecs, ridiculise par ses facéties, terrorise par l’intelligence qu’il acquiert de ses limites. Humiliation pour le parent que le jugement de l’enfant meurtrit, que l’échec de son enfant démolit, que le succès de celui du voisin accable. Humiliation pour l’élève que les choses à apprendre et à comprendre mettent, du matin au soir, en situation d’infériorité, à quoi s’ajoutent les moqueries, les rivalités, les échecs, l’incertitude vis-à-vis d’un avenir qui pourrait ne pas être celui de son ambition. De quoi peur et humiliation sont-elles les effets? Serait-ce d’un oubli, d’une erreur ou d’une faute?

12

C’est parce que l’homme oublie tout ce qu’il doit à l’intelligibilité du monde lui-même qu’il tombe dans l’erreur de ne rien attendre d’elle et dans la faute de tout attendre de son intelligence! S’il met au principe de la connaissance la foi en l’intelligibilité du monde, c’est toute la pédagogie qui se trouvera orientée dans le bon sens. L’enseignant s’interrogera afin de se rendre compte s’il met bien à la disposition de l’élève le savoir et les moyens pour y accéder. Le parent s’interrogera pour se demander si le concours qu’il décide d’apporter à son enfant sert son développement, s’il n’y a pas d’autres projets à envisager. L’élève s’interrogera afin de s’aviser si dans les rapports qu’il entretient avec ses éducateurs, parents, enseignants et aussi avec lui-même, il a vraiment pour but de comprendre l’intelligibilité du monde et d’en devenir un témoin.

(

Au lieu de se faire mutuellement peur, enseignants, parents, élèves prendront conscience de la crainte de manquer à cette vocation témoin de la vérité. La crainte n’est pas la peur. Il ne faut pas confondre l’étourdissement qui aveugle et le trouble d’une lumière qui se dessine et qui se confie à nous pour que nous la protégions, ni un monologue désespéré avec un dialogue qu’esquisse la promesse, ni une chute dans l’abîme avec le premier pas d’un enfant qui appelle une main… La peur est dépendance; la crainte est responsabilité, commencement de sagesse: toute conscience l’éprouve qui sent passer sur elle l’appel de la vérité. Au lieu de s’infliger mutuellement des humiliations, enseignants, parents, élèves communieront dans l’humilité qu’ils ont à pratiquer pour répondre à cet appel que la vérité leur adresse, sitôt que le devenir d’une personne est en jeu.

Prochain numéro en février

Dossier: Les grilles horaires d’hier à demain, ici et ailleurs. Délai rédactionnel: 7 janvier 2008.

Résonances - Décembre 2007

)


P istes d’action pour raisonner les peurs Vous êtes parfois en proie à des peurs dans votre métier. Nombre de stratégies permettent de dompter celles qui – après auto-observation – paraissent démesurées par rapport aux risques réels.

10 commandements anti-peur 1. 2. 3. 4. 5. 6.

Désobéissez à vos peurs. Informez-vous vraiment sur ce qui vous fait peur. N’ayez plus peur de la peur. Modifiez votre vision du monde. Confrontez-vous selon les règles. Respectez-vous et faites respecter vos peurs par les autres. 7. Réfléchissez à votre peur, son histoire et sa fonction. 8. Prenez soin de vous. 9. Apprenez à vous relaxer et à méditer. 10. Maintenez vos efforts sur la durée. Christophe André. Psychologie de la peur. Craintes, angoisses et phobies. Paris: Odile Jacob, 2004.

Quelques pistes pour retrouver le chemin de la sérénité Changer le regard sur soi en développant estime et confiance en soi… Changer son regard sur les autres en appréciant mieux ses collègues et en reconnaissant le travail de ses supérieurs hiérarchiques…

Gérer le stress des conflits et pratiquer la communication non-violente en prenant et en gardant du recul, en partageant pour se libérer et en osant être soi-même… Savoir être positif et le rester en s’auto-observant et en pratiquant les affirmations positives, en étant un prof heureux, en sachant rebondir… Vaincre la déprime en retrouvant son âme d’enfant, en apprenant à lâcher prise, en osant le changement en classe, en accomplissant des actes concrets… Se relaxer par la respiration, la visualisation, la sophrologie, le yoga… Se détendre en prenant conscience de sa posture, en faisant des exercices physiques… Idées puisées dans le Guide anti-stress de l’enseignant paru aux éditions Chroniques sociales en 2006.

La déclaration des droits du prof zen «[…] J’ai le droit de ressentir et d’exprimer tous mes sentiments et émotions: la joie aussi bien que la tristesse, la peur ou la confiance, la colère ou la gaîté. J’ai le droit de ne pas être un prof parfait (qui d’autre l’est?) tout en étant parfaitement heureux. […]» Maryse Isimat-Mirin. Guide anti-stress de l’enseignant. Paris: Chroniques sociales, 2006.

C abinet Danielle Pahud, Sion et Monthey L’activité de l’enseignant est exigeante, performante et demande aux enseignants de plus en plus d’engagement et de motivation. La pression devient ainsi de plus en plus lourde, avec des interrelations difficiles. Parfois un climat d’anxiété, de dépression, de burnout peut s’installer, aux dépens de l’enseignant. Pour vous apporter une aide professionnelle, une première prise en charge GRATUITE de 1 à 4 entretiens-séances vous est proposée. Puis il sera décidé, selon les situa-

( Résonances - Décembre 2007

tions, d’une orientation vers d’autres spécialistes, selon les besoins personnels de l’enseignant. Mandaté par l’Etat du Valais, le Cabinet Danielle Pahud, à Sion et à Monthey, vous offre un atout de plus pour la pérennité de l’enseignant car la vie au quotidien exige des performances de plus en plus élevées. Cabinet Danielle Pahud Médiatrice, coach, sophrologue, pédagogue www.atouts.ch danielle.pahud@atouts.ch - 078 606 53 00

13


L a bibliographie de la documentation pédagogique Le secteur documentation pédagogique de la Médiathèque Valais - SaintMaurice livre quelques suggestions de lecture pour aller au-delà de ce dossier, notamment en lien avec les peurs des élèves. Tous les documents proposés sont bien sûr disponibles à la Médiathèque Valais - SaintMaurice (cf. cotes indiquées) et pour certains à Sion également.

Ouvrages généraux ANDRE C., Psychologie de la peur. Craintes, angoisses et phobies. Paris: Odile Jacob, 2004. Cote: 159.942 ANDR

DUMAS J. E., L’enfant anxieux: comprendre la peur de la peur et redonner courage, «Comprendre», Bruxelles: De Boeck, 2005. Cote: 159.942-053.2 DUMA

La violence LETHIERRY H., Des conflits à l’école: les rixes du métier, «Pédagogies, Formation», Lyon: Chronique Sociale, 2006. Cote: 37.06 LETH PAIN J., La société commence à l’école: prévenir la violence ou prévenir l’école?, Vigneux: Matrice, 2002. Cote: 371.7 PAIN

L’estime de soi DAVID I., LAFLEUR F. et PATRY J., Des mots et des phrases qui transforment: la programmation neurolinguistique appliquée à l’éducation, «Chenelière/Didactique. Apprentissage», Montréal: Chenelière/McGrawHill, 2004. Cote: 37.025 DAVI DUCLOS G., L’estime de soi, un passeport pour la vie, «Pour les parents», Montréal: Ed. de l’Hôpital Sainte-Justine, 2002. Cote: 159.923.2 DUCL TIMMERMANS-DELWART J., avec la collab. de Mertens A.…[et al.], Devenir son propre médiateur: se connaître, communiquer,

transformer ses conflits, «L’essentiel. Pédagogie, Formation», Lyon: Chronique Sociale, 2004. Cote: 37.06 TIMM

Des lectures pour les enfants Pour les 3-6 ans: LAMBLIN C., FALLER R. et ROEDERER C., Samira ne veut pas aller à l’école, «Croque la vie! 4», avec un livret parents, Paris: Nathan, 2000. Cote: Secteur enfant - famille Pour les 6-9 ans: SAINT-MARS D. de et BLOCH S., Lili a peur des contrôles, Ainsi va la vie 52, Genève: Calligram, 2000. Cote: 159.92 AINS Pour les 9-12 ans: LABBE B. et PUECH M., Le courage et la peur, «Les goûters philo 21», Toulouse: Milan, 2005. Cote: 159.942053.2 LABB

Le dossier en citations L’école de la peur «Les Français aiment bien leur école. C’est un sondage (TNS-Sofres pour l’Etude de la presse d’information quotidienne) qui le dit: 88% des sondés concernés, élèves âgés de plus de 15 ans et parents d’élèves, en sont satisfaits. Et 32% même très satisfaits. Ils en ont aussi un bon souvenir. C’est un autre sondage (Ifop, pour Sélection du Reader’s Digest) qui l’exprime. Et ce souvenir les porte à placer “l’envie d’apprendre” en tête des valeurs dont ils se souviennent que l’école leur a transmises (pour 50 d’entre eux), devant “le sens de la discipline” (pour 39%). Cependant, ces valeurs nobles s’estompent, voire s’effondrent, quand on ne demande plus aux sondés de faire appel à leurs souvenirs, mais lorsqu’on les questionne sur les valeurs qu’à leurs yeux, aujourd’hui, l’école transmet aux enfants qu’elle accueille. “L’envie

14

d’apprendre” chute à 29%, “le sens de la discipline” à 17%. Pour faire place à quoi ?... “La peur de l’échec” pour 38%.» L’école de la peur, par Jean-Michel Dumay. Le Monde du 09 septembre 2007.

Télescopage des peurs «Sur fond d’angoisse universelle et évoluant dans un environnement de plus en plus instable, l’être humain est contaminé par des peurs de plus en plus intenses qui envahissent son champ psychologique existentiel et son appréhension de la réalité. En découlent toute une série de ressentiments qui s’articulent avec nos peurs et les nourrissent. Chez tout individu, peurs réelles et irrationnelles se télescopent.» www.psy.be/articles/divers/peur-ou-vient.htm

Résonances - Décembre 2007

)


(

M usées cantonaux: gratuité

Ecole

Eric Berthod

d’accès aux enseignants

Voilà quelques années, une carte «enseignant» d’une valeur symbolique de quelques francs permettait au détenteur l’accès illimité aux Musées cantonaux. Cette offre, élargie à la Fondation Gianadda à Martigny durant un certain temps, n’est plus en vigueur. Cependant, compte tenu de la fréquentation croissante des classes et du souhait confirmé de partenariat entre les institutions culturelles cantonales et les écoles de tous les degrés, le Service de la culture offre désormais la GRATUITÉ d’accès aux expositions et collections pour tous les enseignants du canton. Les Musées cantonaux, en collaboration avec la Médiathèque Valais, étudient un moyen simple et efficace de remplacement des anciennes cartes d’enseignants. On espère pouvoir disposer concrètement de ce nouveau système durant cette année scolaire. En attendant cette solution, et pour permettre l’accès gratuit immédiat des Musées aux enseignants qui souhaitent préparer une visite pour leur classe, on invite les personnes concernées à procéder de la manière suivante: annoncer votre statut d’enseignant à l’accueil du musée; transmettre votre nom et celui de l’établissement scolaire auquel vous êtes rattaché. Une entrée gratuite individuelle est ainsi accordée à tout enseignant en activité désireux de s’informer dans la perspective d’une éventuelle visite avec sa classe. Aucun justificatif complémentaire n’est exigé.

( Résonances - Décembre 2007

et musée

relles cantonales. Vous y trouverez des informations relatives à la Médiathèque, aux Archives et aux Musées. Les propositions, regroupées par institution, par degré d’enseignement ainsi que par champ disciplinaire seront régulièrement complétées et développées en fonction des événements proposés.

Si vous le souhaitez, vous pouvez transmettre vos coordonnées pour figurer sur le fichier des Musées cantonaux et recevoir dès lors toutes les informations et invitations concernant les manifestations culturelles des musées. Comme annoncé dans le numéro d’octobre, un site internet propose des activités, du matériel et des informations complémentaires pour des exploitations scolaires en partenariat avec les institutions cultu-

Pour y avoir accès, référez-vous au site de l’Etat du Valais: www.vs.ch/ culture, sous la rubrique Ecole – Culture. «L’encouragement des activités culturelles» propose des aides financières concrètes, aussi pour les classes. Pour connaître les conditions et subventions octroyées, contacter le secrétariat de l’office concerné au: 027 606 40 70. Noël s’annonce avec un brin d’avance. Profitez-en!

En raccourci Site de l’orientation

Module «débouchés» Un nouveau module existe sur www.orientation.ch. Il s’agit des fiches «débouchés après l’université», qui trouvent leur place dans la rubrique «Formation» du site. Ce module complète les informations sur les filières universitaires et EPF (Uni’Info) ainsi que les descriptifs des professions (InfOP) par des indications sur les principales possibilités d’emploi après des études de niveau universitaire. Pour l’instant, des informations concernant 28 branches d’études sont disponibles. Les recherches peuvent se faire par domaine ou par branche d’études. www.orientation.ch/debouches

15


Education musicale

à l’école (3)

Bernard Oberholzer

Evaluation de la perception auditive, des activités techniques et de la culture.

J’ose demander au lecteur, avant de lire ces propos, de se référer aux deux articles précédents, afin de bien comprendre la pensée profonde générale de mes propos.

Perception auditive Critères généraux (journal de bord) J’écris le titre des morceaux de musique que je reconnais. Je souligne mon (mes) œuvre(s) préférée(s). J’écris le nom et je dessine les instruments de musique. Je souligne mon (mes) instrument(s) préférés. Régulièrement, je donne mon opinion (oralement ou par écrit) sur les œuvres écoutées ainsi que sur les instruments de musique. Critères spécifiques (ci-dessous) Ce ne sont là, bien évidemment, que quelques pistes.

(

E ducation musicale A propos des techniques musicales Il convient de bien définir tout d’abord de quoi on parle exactement. Si l’on en croit les plans d’études en vigueur en Valais1, les techniques musicales «n’ont pas de finalités en elles-mêmes». D’autre part, elles font appel «au chant, à l’écoute, aux inventions, à l’improvisation, à la composition, à la pratique instrumentale, à l’observation de partitions musicales». Vaste programme, donc. Et on est bien loin de ce que l’on a pris l’habitude d’appeler le «solfège». Il faut dire que les détails, dans les plans d’études, qui illustrent les objectifs des techniques musicales, n’aident pas à une bonne perception de ce que sont les techniques musicales dans le cadre de l’école2. Il serait aussi opportun d’élargir ces techniques à la pose de la voix (technique vocale) ainsi que tout ce qui se rapporte à l’apprentissage de mouvements.

Critères

Beaucoup

Je conseille donc vivement à mes collègues d’adopter une posture formative en proposant à leurs élèves d’inscrire dans leur journal de bord quelques aspects, par exemple (liste non exhaustive): J’invente un rythme frappé sur une chanson. J’invente un code graphique sur une mélodie entendue. Je peux lire le rythme d’une partition d’une chanson. Je connais les signes d’une partition d’une chanson. Je peux distinguer les paramètres du son (hauteur, durée, timbre et volume). Je joue avec ma voix. … J’arrête là mon énumération, laissant au lecteur le soin d’adapter à sa classe ce qu’il aimerait développer.

La culture Il serait vraiment fondamental, et là je me répète, que la classe, l’établissement, soient des Assez

Un peu

Pas encore

Découverte des instruments et des voix Je reconnais des instruments de musique Je reconnais les familles d’instruments Je reconnais les formations instrumentales Je reconnais les différentes voix chantées Je reconnais les formations vocales Découverte d’œuvres musicales Je reconnais des œuvres à leur mélodie et à leur rythme Je repère les différentes parties des œuvres musicales

16

Résonances - Décembre 2007

)


A vos agendas

En guise de synthèse

Du 6 décembre au 9 mars 2008 Exposition Chavaz Pour fêter le centenaire de la naissance d’Albert Chavaz, une grande exposition aura lieu du 6 décembre 2007 au 9 mars 2008 à la Fondation Gianadda de Martigny. www.gianadda.ch

Lieu: Médiathèque de Sion, à la rue Pratifori. Horaire: 18 h 30. www.mediatheque.ch

Me 19 décembre 2007 Conteries de Noël Catherine Arnold. Lieu: Médiathèque St-Maurice. Horaire: de 14 h à 16 h. www.mediatheque.ch

Du 10 au 20 mars 2008 Semaine de la langue française La Semaine de la langue française et de la francophonie s’articule

Vous avez pu prendre connaissance et, peut-être, conscience, de la complexité de l’évaluation en musique. L’essentiel est, comme mentionné, de garder à l’esprit l’importance du sens à donner aux activités en prenant en compte les spécificités culturelles de chaque élève, de chaque classe et de chaque établissement. Ayons toujours en point de mire le développement de compétences transversales telles que l’autonomie, la tolérance, le plaisir, la créativité, la curiosité et la confiance en soi. Ayons aussi en point de mire que les activités expressives demeurent les éléments privilégiés d’une éducation musicale réussie. Et, partant, donnons à l’évaluation des dites activités expressives la place qu’elle mérite.

Notes 1

DIP, Programme cycle d’orientation, 1993. CIIP, GRAP, 1989.

2

On peut donc, en toute logique, ne pas prendre en compte cette partie des plans d’études.

( Résonances - Décembre 2007

Je 13 décembre 2007 Jeudis des Musées «De l’artiste au film». Projection de quelques films consacrés aux artistes valaisans contemporains, réalisés et présentés par Bruno Joly, réalisateur à Canal 9. Carte blanche offerte par Cinémir aux Musées cantonaux. Lieu: Médiathèque de Sion, à la rue Pratifori. Horaire: 20 h 15. www.mediatheque.ch

Jusqu’au 21 décembre Exposition Patricia Crelier Cf. pp. 28-29. www.mediatheque.ch Je 24 janvier 2008 Valais en recherche Raphaëlle Ruppen. La conquête du suffrage féminin en Valais, 1959-1971: une idée progressiste dans un canton conservateur.

Mémento

(

lieux de culture en général et de culture musicale en particulier. Développons la curiosité des élèves en leur proposant des activités étonnantes et motivantes en profitant des apports des uns et des autres. Les élèves pourraient ainsi écrire dans leur journal de bord (liste non exhaustive): Je découvre et compare des musiques d’ici et d’ailleurs. Je connais les instruments de musique dont jouent les élèves de la classe. Je chante des chansons dans une autre langue. Je participe à un spectacle musical. Je fais le compte rendu d’un spectacle musical. Je fais le compte rendu d’une visite à un artiste. …

chaque année autour du 20 mars, Journée officielle de la Francophonie (voir http://20mars.francopho nie.org), et propose de nombreuses manifestations placées sous le signe du français. La XIIIe semaine de la langue française se déroulera autour du thème de la rencontre avec les mots. Ces mots sont: apprivoiser, boussole, jubilatoire, palabre, passerelle, rhizome, s’attabler, tact, toi, visage. www.ciip.ch/slff Du 4 au 6 avril 2008 Salon du Livre de Jeunesse Le neuvième Salon du Livre de la Jeunesse aura lieu à Saint-Maurice les 4-5-6 avril 2008. La Médiathèque Valais de Saint-Maurice est associée à cet événement. www.litteradecouverte. com

D’une année à l’autre: l’agenda des sciences Le Réseau romand Science et Cité (RRSC) a été créé en novembre 2000 à l’initiative de l’Université de Lausanne et de la Fondation Science et Cité. Il regroupe plus de trente musées, centres de culture scientifique et hautes écoles des six cantons romands, dans le cadre d’une association à but non lucratif et propose une sélection des événements de l’agenda, qui s’adressent aux enfants en particulier. www.rezoscience.ch/rp/enfants/agenda.html

17


et géographie

Samuel Fierz

Le tunnel du Lötschberg ouvre le 9 décembre. L’entreprise fut pharaonique et les espoirs que l’on y met sont considérables. Questionnons cette actualité sous un angle géographique.

La géographie cherche également à identifier les fonctions que l’homme attribue aux espaces (habitation, production, transport, stockage, échanges, loisirs, etc.).

La géographie s’interroge sur les relations entre les sociétés et les espaces. Comme toutes les sciences, elle se donne quelques questions prioritaires1. Toutes ces questions peuvent se travailler avec les élèves, en classe, mais en allant moins loin dans leur développement. Elles correspondent aux concepts intégrateurs travaillés en 1-3P: LOCALISATION, ESPACE-PRODUIT, REPRÉSENTATION et ECHELLE. En 5-6P, elles permettent de travailler d’une autre manière sur les Alpes et leurs relations avec le Moyen-Pays. Au CO, on mettra davantage l’accent sur le niveau international, tout en profitant de montrer les effets sur l’échelle locale.

Documents pour la classe Pour développer ce questionnement en classe, divers documents (cartes, articles de journaux, etc.) sont mis à disposition. Il suffit d’adresser un message à samuel. fierz@hepvs.ch. Une séquence d’histoire sur le tunnel du Simplon (avec documents à l’appui) est également disponible; elle peut compléter cette réflexion actuelle sur les transports.

18

i r o nn e m e n t

(

O uverture du Lötschberg

Env

Où? La géographie commence par décrire l’emplacement des objets qu’elle étudie. A l’échelle européenne, le Lötschberg se situe sur l’arc alpin, et permet de relier le sud et le nord de l’Europe. A l’échelle régionale, l’ouvrage relie Berne (via Thoune et Spiez) à l’axe du Simplon et à la vallée du Rhône. Les portails du tunnel de 34.6 km se situent à Frutigen dans le Kandertal (Oberland bernois) et à Rarogne en Valais.

Un tunnel pour qui, pour quoi? La géographie cherche à identifier les acteurs de la société (individuels ou collectifs) qui sont concernés par un espace donné. Chaque acteur fonctionne selon ses représentations, selon la signification qu’il donne à cet espace. Ces acteurs ont des intentions et des actions sur l’espace: localiser, relier, séparer.

Dans les années 80, fortement concurrencé par le trafic routier et aérien, l’avenir des transports par rail était incertain. La situation a considérablement changé depuis la création du réseau européen à grande vitesse. Dans ce contexte, le rail peut fournir une contribution majeure au transport de personnes et de marchandises à travers les Alpes, à condition d’y aménager des tunnels de base (sans dénivellation). Les acteurs économiques du nord de l’Europe (pôle économique rhénan) et du sud (Italie, pays balkaniques) sont évidemment intéressés au tunnel car les flux de marchandise seront accélérés. A l’échelle locale, les transports apportent passablement de nuisance aux habitants des vallées alpines. Ils en supportent les charges alors que les bénéfices reviennent aux métropoles. Pour la population suisse dont 3 habitants sur 4 vivent en ville, les Alpes représentent un formidable espace de loisir et de ressourcement. En acceptant l’initiative des Alpes en 1994, elle a clairement montré qu’elle en désirait un développement plus harmonieux: fin de l’extension des autoroutes et transfert du trafic de transit sur le rail.

Résonances - Décembre 2007

)


Les transports de marchandise et de personnes à travers la Suisse restent une source de revenu importante. Les acteurs politiques suisses s’en préoccupent, à l’image du Conseil fédéral qui, déjà en 1976, s’inquiète de la concurrence étrangère dans le franchissement des Alpes. Il constate que les capacités helvétiques sont insuffisantes alors que le trafic routier augmente aux tunnels du Brenner (Autriche) et du MontBlanc (France). En 1992, la Communauté européenne demande l’aménagement d’un corridor routier à travers la Suisse pour les camions 40 tonnes. Ces intentions divergent des objectifs des autorités suisses qui réussiront à négocier le passage des 40 tonnes contre le transfert sur rail.

Pourquoi là? Décidé par qui?

Les principales questions géographiques permettant de comprendre l'organisation de l'espace.

berg est pressenti comme une variante favorable. La longueur est inférieure à celle du Gothard (34.6 km contre 57 km) et les défis techniques moins importants.

Au-delà du simple positionnement des objets dans l’espace, la géographie s’interroge sur leur localisation. L’espace qu’occupe une société n’est pas neutre, il est terrain d’enjeux, il n’y a qu’à voir la concurrence pour certaines places de parc proches des sorties de supermarché pour s’en rendre compte. Les représentations que les acteurs se font de l’espace pèsent parfois lourd dans les choix de localisation.

Le Gothard reçoit pourtant un appui majeur. Les représentations symboliques que les Suisses partagent sur le Gothard («berceau» de la Confédération) ont probablement joué en sa faveur. Le Conseil fédéral déclare en 1994 que le Gothard suffit. On assiste alors à une mobilisation importante d’acteurs politiques, économiques et touristiques en faveur du Lötschberg. Le Parlement décide finalement de démarrer les deux projets en même temps2.

Dès les premières discussions autour des tunnels de base alpins, le Lötsch-

Le peuple suisse a soutenu ces décisions en acceptant le principe des

2005

NLFA en 1992, la RPLP en 1994 et 1998, le financement de rail 2000 en 1998 (notamment par la RPLP).

Quels effets sur l’organisation de l’espace? A quelle échelle? La géographie s’interroge sur l’organisation de l’espace qui résulte du jeu des acteurs et de leurs actions. Où sont les points stratégiques? Y a-t-il des effets de polarisation autour de ces points? Quelles échelles faut-il adopter pour comprendre l’aménagement de cet espace? A l’échelle européenne, évidemment, les acteurs économiques tirent profit de cette rapide voie d’échange. La Suisse maintient sa

2007

Zone de départ pour une excursion d'un jour ou d'un week-end en Valais.

( Résonances - Décembre 2007

19


position face à la concurrence des autres passages à travers les Alpes, tout en préservant les vallées alpines du trafic routier des 40 tonnes. Mais en ira-t-il de même lorsque les tunnels de base du Brenner (A-I) et Lyon-Turin (F-I) seront construits en 2020-2025?

Le conseiller d’Etat en charge de l’économie espère que des entreprises chercheront à s’implanter en Valais. Des particuliers s’imaginent déjà faire du shopping en vieille ville de Berne. …

A l’échelle régionale prennent naissance toutes sortes d’initiatives, stimulées par la réduction du temps de voyage et l’augmentation de l’offre: trajet Viège-Berne (ou Zurich) réduit de 60’, Sion-Berne de 50’, Zermatt-Berne de 71’, liaison horaire pour/de l’aéroport de Zurich, etc. Divers acteurs cherchent à profiter de ces nouvelles proximités: Les CFF mettent en avant la possibilité d’atteindre le domaine skiable de Zermatt en un peu plus de 2 h à partir de Berne. Les acteurs touristiques valaisans mènent d’importantes opérations de marketing dans les grandes villes de Suisse alémanique.

A l’échelle locale, des effets se font sentir sur l’aménagement de l’espace: Aux portails du tunnel, l’espace s’est considérablement transformé (infrastructures ferroviaires, stockage de matériaux d’excavation, locaux d’entretien, etc.). Le président de Viège déclare que sa ville, nouveau nœud ferroviaire au détriment de Brig, vit un petit boom de l’immobilier. Dans une période où le Conseil d’Etat valaisan tente de réguler la construction de «lits froids», le nombre de résidences secondaires risque de s’accroître dans le Haut-Valais. ...

Notes 1

Ferras, R.; Clary, M.et Dufau, G. (1993): Faire de la géographie.

2

www.uvek.admin.ch/themen/verkehr

3

www.blsalptransit.ch (politique des transports)

4

NLFA: nouvelles lignes ferroviaires alpines.

5

RPLP: redevance sur le trafic des poids lourds liée aux prestations: principale source de financement.

Exposition Médiathèque Valais L’ouverture du Lötschberg est marquée par diverses manifestations, dont l’expo de photographies de Bernard Dubuis: Un tunnel et des hommes. Le photographe a suivi les travaux depuis leurs débuts, en 1994. Du 30 novembre 2007 au 2 mars 2008 tous les jours 10 h-18 h. www.mediatheque.ch

En raccourci

20

Premiers apprentissages

Attitude, journal HES-SO Valais

Site interactif et intuitif

Les filières bachelor

Poissons rouges est un site ludique d’apprentissages intuitifs et interactifs. C’est un voyage au pays de l’animation avec des images, des sons et des mouvements. Les petits internautes peuvent par exemple expérimenter les résultats du mélange des couleurs primaires en cliquant sur le chevalet et faire des coloriages. Le clavier numérique éveille à la musique et à la composition, les cubes permettent de jouer avec les chiffres, les lettres invitent à l’exploration de la reconnaissance des mots. Il y a aussi un espace pour faire ses premiers pas en anglais, des jeux d’illusion d’optique, des puzzles, etc. Aucun texte pour guider le jeune internaute: c’est là l’originalité de ce site entièrement réalisé avec la technologie Flash. www.poissonrouge.com

Le numéro 9 d’attitude propose un tour d’horizon des filières bachelor de la HES-SO Valais. La HES-SO Valais délivre des bachelors of science: en Systèmes industriels, Technologies du vivant (domaine des Sciences de l’ingénieur), en Economie d’entreprise, Informatique de gestion, Tourisme (Economie & Services), en Travail social, Soins infirmiers, Physiothérapie (Santé & Social). www.hevs.ch Cap Canal

Des vidéos sur l’éducation Cap Canal, télévision disponible sur le câble à Lyon et à Grenoble et supervisée par Philippe Meirieu, pédagogue de renom, est une chaîne spécialisée dans l’éducation. Elle aborde tous les thèmes de l’éducation de l’enfant: sciences, découverte de la langue, histoire et géographie, éducation civique, éveil pour les tout petits à travers des émissions thématiques. Nombre d’émissions peuvent être visionnées sur le site un mois après leur diffusion. www.capcanal.com

Résonances - Décembre 2007

)


ICT

(

L a Toile vivante… le Web 2.0…

introduction aux blogs Au mois de mars 2007 est paru dans Résonances un article de François Ecoeur intitulé «Partager ses documents en ligne». Je ne reprendrai donc pas le petit tour d’horizon fait sur la signification du terme Web 2.0 sinon pour souligner cette véritable révolution qui est en cours pour celle ou celui qui utilise internet.

Une corbeille d’outils pour l’école Nous étions dans un médium avec des sites et des liens hypertextes pour nous informer. Nous entrons, nous sommes désormais sur une plate-forme de collaboration. Nous abandonnons peu à peu le rôle unique de lecteur pour prendre celui d’acteur, acteur de ce qui se passe, de ce qui se donne, de ce qui se prend ou se partage. Désormais je range, je classe, je partage mes photos avec mes amis, avec mes élèves, avec mes proches, avec le public… Désormais j’écris des textes à plusieurs et en temps réel.

monde, l’outil devient performant. Les élèves – quel que soit leur niveau – l’utilisent. Si ce n’est en classe c’est à la maison. Et je pense que l’école ne peut en aucun cas l’ignorer.

Textes à partir du livre de Daniel Pennac «l'Œil du loup».

Désormais je tiens mes propres rubriques, mon propre journal en ligne. Propres rubriques, propre journal que je partage avec mes amis, mes élèves, mes proches, le public. Rubriques et journal qui appellent des commentaires et engagent la discussion. Désormais je partage l’écoute de ma discothèque avec qui je veux. Désormais mon agenda en ligne est ouvert aux ayants droit, à ceux qui en possèdent l’autorisation. Voilà, nous en sommes là. Internet est à disposition de presque tout le

Qu’est-ce qu’un blog? Un blog, est en quelque sorte un site internet facile à créer et qui encourage une interaction auteur-lecteurs. Il est composé d’articles organisés chronologiquement que l’on peut commenter. Il est issu de la contraction du mot Web et Log (la définition de Wikipédia). Le mot blog est entré dans le Petit Larousse en 2006. Le Journal officiel adopte le mot bloc-notes pour l’usage du blog au sein de l’administration. C’est un moyen très répandu pour s’exprimer sur la toile (blogs personnels, blogs de journalistes, d’hommes politiques...) Il existe aussi de plus en plus de blogs pédagogiques dans lesquels professeurs et étudiants échangent sur des thèmes libres ou imposés. L’école, au vu des avantages de cette plate-forme, s’intéresse au blog et on assiste depuis quelque temps à un développment des blogs scolaires.

( Résonances - Décembre 2007

Pour moi, ne pas l’ignorer signifie s’y intéresser, signifie investir cet espace où nos élèves évoluent avec dextérité mais bien loin des formes que nous imposons dans nos classes. Avant d’aborder un aspect précis de «la Toile vivante» voici un lien particulièrement intéressant et une lecture passionnante. Pour la lecture, je vous conseille le hors-série d’octobre sur le Web 2.0 du Courrier international. Pour le reste, visitez donc: www.google.fr > plus (Google nous propose une gamme d’outils web 2.0 très performants et utilisables. J’espère d’ailleurs y revenir bientôt). Je vous propose un outil bien connu du web 2.0, un outil qui, après avoir séduit des millions d’adolescents, entre timidement en classe par la grande porte: le blog.

Les blogs de classe: un espace à investir Aujourd’hui la toile compte plus de 100’000’000 de blogs divers, allant de l’homme politique à la cuisinière andalouse en passant par Amandine Dupond élève de classe à effectif réduit. Le blog de l’homme politique est une carte de visite, celui de la cuisinière andalouse une passion pour partager son hobby et celui d’Amandine Dupond un journal du week-end, une longue suite de SMS qui attendent une réponse.

21


Depuis longtemps déjà ils ont défrayé la chronique par leur côté «obscur». Tout, n’importe quoi et n’importe comment y est dit. On y a vu des insultes, des mensonges, on y a vu des commentaires racistes et des photos à dénoncer. Les blogs ont mauvaise presse, ont été perçus comme des espaces sans censure et sans moralité, comme des lieux de haine. Tout comme Esope définissait la langue «la pire et la meilleure des choses», le blog est un espace virtuel capable de tout contenir puisqu’il n’est qu’un lieu à la disposition de qui veut bien l’utiliser. En fait, comme tout outil, il demande une éthique pour qui l’investit. Qui va donner cette éthique à l’adolescent écrivain en herbe? C’est une vraie question de société tant les blogs et Internet prennent de l’importance dans notre quotidien. Un article du Courrier international commence par cette phrase: «Une nouvelle génération de sites, dont le fonctionnement est fondé sur la participation des internautes, bouleverse nos modes de vie1.» Il est bien clair que l’école n’a pas pour mission de réguler l’usage de l’Internet et des blogs, mais elle peut y contribuer. Elle peut y trouver un intérêt certain. Je m’explique: La forme du blog en fait un lieu d’expression écrite presque idéal.

Les caractéristiques d’un blog «Site internet» consultable en ligne. La mise à jour est régulière, voire journalière; les articles sont classés de façon antéchronologique (le plus récent au début), la consultation des archives permet de suivre le fil d’une thématique. Possibilité de répondre aux articles publiés, de les commenter (les modalités diffèrent selon l’auteur du blog) ce qui permet une interactivité avec l’auteur, des échanges avec d’autres internautes autour d’un thème. Possibilité de se tenir au courant de l’évolution du blog, reprendre le contenu d’un blog par le biais du fil RSS. Souvent centré sur la publication d’opinions.

C’est un espace qui permet tous les genres d’écriture et une mise en forme personnalisée. Outre la possibilité d’écrire, c’est sans peine que le rédacteur peut y joindre des photos ou de la vidéo. De plus, la possibilité de commenter les articles donne un outil supplémentaire à l’enseignant et une valorisation pour l’enfant.

Il va sans dire que le blog de classe n’est pas un blog public. L’enseignant a donc toujours la possibilité de le rendre inaccessible sinon aux possesseurs d’un login et d’un mot de passe.

Les avantages du blog Une publication facile et simple (nul besoin d’être expert en langage html) accessible aux élèves. Une réactivité immédiate dans le cas de mise en ligne d’informations. Possibilité de mise à jour non dépendante du lieu (il suffit d’être connecté à internet). Une interaction possible entre les lecteurs et les auteurs par le biais des commentaires (en général, les commentaires devront être soumis à l’avis de l’auteur du blog ou de l’enseignant avant publication).

22

J’ajoute que le respect d’une charte approuvée par les utilisateurs en milieu scolaire et privé rend les choses plus claires. Les points suivants me paraissent recouvrir tant le domaine scolaire que privé. Ne pas dire de mal des autres (de tous les autres!), ne pas les injurier. Ne pas publier leur photo ou tout autre renseignement les concernant. Ne pas se montrer raciste. Ne pas mettre en ligne des textes, des images, de la musique, dont tu n’es pas l’auteur, sans l’accord de leur propriétaire. Ne pas publier sans autorisation des textes ou des images scannés. Ne pas pousser les autres à faire des choses interdites. Tout cela est prévu dans la charte du site qui publie ton blog: lis-la et respecte-la. Tout cela est également puni par la loi…

Au niveau de l’école: Le blog est une solution simple à mettre en œuvre dans un cadre scolaire. Sa facilité de prise en main permet aux élèves et au maître de publier rapidement des articles liés aux projets de classe, des comptes rendus d’activités, des nouvelles, des productions d’écrits. Il est donc un support de communication valorisant l’écrit. Il peut être un témoin de la vie de la classe ou de l’école et un lien avec l’environnement proche qui peut interagir. Il permet un travail collaboratif entre deux classes distantes.

Résonances - Décembre 2007

)


I CTS2: politique

d’information

Cette petite introduction faite, je vous propose de revenir dans un prochain numéro sur la création et l’utilisation d’un blog de classe. Chritian Mudry christian.mudry@hepvs.ch

Note 1

Courrier international hors série octobre 2007, page 11.

En raccourci Action jeunesse

Différentes actions Action jeunesse, c’est un centre infos jeunes, un service droits des jeunes, un service budget jeunes, une permanence apprentis et jeunes en formation, une bourse du travail temporaire, un magazine «Planète J», etc. www.actionjeunesse.ch Les arbres de connaissance

Un site pour en savoir plus Arbor-et-sens rassemble une riche documentation sur les arbres de connaissance qui sont «une image globale des richesses disponibles dans une communauté, une représentation structurée des diverses réalités (connaissances, compétences, opinions, évènements, projets, besoins, etc.) vécues par un groupe de personnes.» Le site propose des pdf permettant de mieux comprendre ce concept sociologique et mathématique lors d’une réflexion menée par le philosophe français Michel Serres. www.arbor-et-sens.org

( Résonances - Décembre 2007

ICT

(

Si tu respectes ces règles, personne ne pourra te critiquer parce que tu fais un blog, et tu auras beaucoup de plaisir à montrer à tous ce qui te tient à cœur.

L’information et la communication ont préoccupé en permanence le Groupe de Travail (GT) des ICT du Secondaire 2 car elles sont fondamentales: elles stimulent l’intérêt des enseignants et accroissent l’esprit de partenariat. Le GT ICTS2-VS a répondu à la mission d’information et de communication à travers plusieurs créneaux: un premier site www.ict-s2.vs, dès la création du GT, la revue Port@il publiée à trois reprises (2002 - 2003 - 2004) tirée à 1000 exemplaires et distribuée notamment à tous les enseignants du secondaire II, les rencontres annuelles plénières et décentralisées ICT, destinées à informer et à encourager les échanges. Depuis environ deux ans, à l’adresse www.ictvalais.ch, les internautes peuvent découvrir le nouveau site du GT ICT et des enseignants du Secondaire 2 créé par notre webmaster Grégoire Mabillard, enseignant à l’ESC de Sierre. Tenu à jour très régulièrement, le site est un canal d’information et de communication pour les enseignants, les directions d’écoles, les cadres du DECS; il met à disposition tous les renseignements concernant le fonctionnement du groupe ICTS2; il annonce les différentes manifestations, les étapes de projets, les possibilités de formation (tout particulièrement, il est le canal d’information du projet Passerelle 2 – cf Résonances du mois de septembre 2007). Le site donne les liens principaux sur les centres ICT

www.ictvalais.ch

suisses, les sites à vocation didactique. Des articles d’intérêt général relatifs aux ICT y sont également publiés. Interactif, il accueille les réactions des internautes et tout particulièrement des membres de la communauté F3MITIC (cf. Résonances du mois d’octobre 2007). Destiné premièrement aux enseignants des écoles et aux partenaires cantonaux et régionaux, ce site est aussi une vitrine des ICT à l’intention des partenaires nationaux et internationaux. Cette plate-forme de communication et d’information est appelée à grandir et à s’enrichir au cours des prochaines années, grâce aux apports des différents acteurs de la scolarité. N’hésitez pas à nous adresser vos suggestions et vos critiques. Elles permettront d’améliorer nos prestations, de mieux orienter nos activités ou tout simplement de rendre le site plus accessible et plus lisible. Pour le GT ICTS2-Valais: Marie-Thérèse Rey

23


Des pistes pédagogiques: des films à voir et à revoir Le portail romand de l’éducation aux médias comporte une rubrique cinéma, avec notamment la rubrique Des films à voir ou à revoir. «Chaque film a plusieurs vies. D’abord lors de sa sortie en salles. Puis lors de sa diffusion à la télévision. Pour la postérité enfin quand il sort en DVD. Vous cherchez des pistes pédagogiques pour utiliser un film? Dans ce répertoire figurent les fiches publiées depuis 2005 par le site www.e-media.ch, augmentées des commentaires de la TRIBUne des jeunes cinéphiles. Une véritable mine d’or...» www.e-media.ch/dyn/1066.htm

Un cahier: Cinéclasse Cinéclasse est un supplément cinéma du Monde de l’Education, édité en partenariat avec le site Zéro de conduite. net. Ce cahier de 8 pages, encarté dans le mensuel, est consacré chaque mois au décryptage d’un film de l’actualité, et propose un grand entretien thématique, une réflexion sur les images («Education à l’image»), un point sur les programmes («De la salle à la classe») ainsi que des repères historiques et bibliographiques.

24

d’ imag es

le cinéma

Nadia Revaz

Après La Lanterne magique, club de cinéma réservé aux enfants de 6 à 12 ans (cf. article paru dans Résonances en novembre), voici quelques pistes pour faire son cinéma en classe.

(

D ivers outils pour «lire»

Lecture

Un blog: Zéro de conduite Zéro de conduite est un blog sur le cinéma réalisé par des enseignants à destination des enseignants et des documentalistes, des parents, des élèves. Il a pour vocation de défendre et de promouvoir l’utilisation du cinéma comme outil pédagogique. Il prend appui sur l’actualité la plus vivante, sans négliger les films de répertoire. C’est à la fois une boîte à outils dans laquelle les enseignants sont encouragés à puiser et un lieu de débat et de réflexion sur le cinéma et ce qu’il peut nous apprendre du monde. www.zerodeconduite.net

Des ressources cinémaaudio-visuel: un glossaire Ce site, d’abord conçu pour la préparation des épreuves du baccalauréat, peut cependant intéresser tous ceux qui souhaitent approfondir leur culture cinématographique et audiovisuelle. Un glossaire permet de connaître toutes les définitions utiles. www.cndp.fr/cav

Un coffret: Hep-Cinéma Hep-Cinéma! est un moyen didactique mis au point par les Ressources documentaires et multimédia de la HEP-BEJUNE avec des enseignants spécialistes du langage cinématographique. Il comprend un DVD, un fascicule destiné à l’enseignant proposant d’une part, une méthodologie pour l’utilisation du film de fiction comme outil pédagogique, d’autre part des in-

formations sur le film emprunté et des pistes pour le travail en classe, un lexique de base pour les élèves (à photocopier) ainsi qu’une fiche d’évaluation du film (à photocopier). Ce moyen vise à encourager les enseignants du secondaire inférieur (13 à 16 ans) à faire du visionnement d’un film un véritable outil pédagogique. Titres actuellement disponibles: Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran de François Dupeyron et L’été où j’ai grandi (I am not scared) de Gabriele Salvatores. Titres prévus d’ici fin 2007: El Bola, d’Achero Manas et Le mystère de la chambre jaune, de Bruno Podalydès. www.hep-bejune.ch

Un site: Quai des images Le site officiel français de l’enseignement du cinéma et de l’audiovisuel offre quantité de ressources intéressantes pour l’analyse de l’image filmique, dont une boîte à outils pour enseigner avec le cinéma. www3.ac-nancy-metz.fr/cinemaav

Exposition: images mensongères L’exposition Images mensongères est à découvrir jusqu’au 8 juillet 2008 au Musée de la communication à Berne. Elle présente des manipulations de photographies et de films. www.mfk.ch

Résonances - Décembre 2007

)


Education physique

(

L ’équilibre dans tous ses états Dans le cadre de la formation continue des enseignants s’est déroulé le jeudi 18 octobre à Martigny un cours intitulé: «L’équilibre dans tous ses états.» L’équilibre est nécessaire au développement de tous les êtres vivants. Il est utilisé dans tous les mouvements de la vie quotidienne. Pour obtenir un développement harmonieux et complet, l’enfant a besoin de tester, d’entraîner et d’améliorer ses compétences dans ce domaine. Elles lui apportent non seulement un bagage moteur important mais développent également d’autres capacités comme la confiance en soi, le courage ou la volonté. De plus, travailler en groupes ou construire ensemble des installations met les enfants en relation avec les autres camarades. Ils peuvent ainsi améliorer leurs compétences sociales, bases de la motivation et du fonctionnement de la classe. Oser se déplacer sur des engins fixes ou mobiles améliore également le fonctionnement des organes des sens (la vue, l’audition, le toucher).

Ces exercices développent surtout le système vestibulaire (réponses motrices gérées par l’oreille interne). La proprioception, fonctionnement corporel basé sur les informations spatiales et les tensions musculaires, est ainsi stimulée… Vous trouvez ci-après des extraits du dossier transmis aux enseignants qui ont suivi le cours. Si vous en désirez une copie complète, adressezvous aux animateurs de l’Etat ou à Lionel Saillen. Bonne visite dans le monde de l’équilibre.

Activité de base avec matériel réduit Mode de fonctionnement: Attendre son tour patiemment Assurer systématiquement / Diminuer progressivement l’aide Attendre en dehors des tapis Maintenir un climat de concentration Respecter les autres (différence de niveau)

Indicateurs de réussite: Etre concentré, rester calme (respiration) Faire preuve de courage, connaître ses limites Se tenir droit (fixer un point à l’horizontale) Utiliser les bras comme balancier Poser les pieds en «canard» Se fier aux sens Varier les entrées en fonction de la rosace des sens: Se sentir bien: tester les exercices sans pression / Tous les exercices à pieds nus Expérimenter et découvrir: varier les modes de déplacement / Expérimenter les exercices des autres Créer et s’exprimer: inventer des nouveaux exercices / Créer une suite à plusieurs S’entraîner et accomplir une performance: répéter plusieurs fois le même exercice à la file / Accomplir des tâches complexes Rechercher le défi…: essayer de dépasser ses peurs Participer et appartenir: s’entraider et oser demander de l’aide /

Echauffement Courir librement seul sur la musique. Au stop adopter une position d’équilibre (Le maître choisit la première puis les élèves présentent leurs idées).

Courir librement seul. A l’arrêt de la musique faire connaissance avec un partenaire en maintenant une position d’équilibre (Changer de partenaire à chaque arrêt de la musique). Effectuer pendant l’échauffement quelques exercices de renforcement. Exemples: Appui facial sur les bras: lever une main ou un pied + idem en diagonale (main droite – pied gauche) La table: Pieds et mains sur le sol + lever les hanches (position crabe) / Lever une main ou un pied / Mettre la table.

( Résonances - Décembre 2007

25


Exercices de base Exercice

Matériel

Image

Consignes Collaborer

1

Se croiser à deux

Banc posé à l’envers sur le sol

Se tenir et s’aider Trouver différentes manières de se croiser

… Petits pas Regard droit 5

Marcher sur un ballon lourd

Six tapis / deux ballons lourds (gonflés)

Varier les modes de déplacement: un tour sur soi Passer d’un ballon à l’autre

… Autres possibilités d’exercices (matériel spécifique) Exercice

Matériel

Image

Consignes Réaliser correctement le nœud prussique

2

Grimper en «prussique»

Cordes à grimper Cordes à sauter

Délimiter une hauteur précise de grimpe Attention à la fatigue

… Planification / Déroulement des leçons Leçons

Etapes

Fonction

Organisation

1–2

Emotionnelle

Découvrir les postes Essais – erreurs (Evaluation diagnostique)

Styles d’enseignement: Dirigé pour l’apprentissage de la sécurité et du fonctionnement dans les postes Autonome pour le test des exercices

3

Fonctionnelle Structurale

Faire exprimer par les enfants leurs émotions, leurs problèmes techniques Créer ensemble les critères de réussite

Styles d’enseignement: Réciproque pour la résolution des problèmes, pour l’élaboration des critères de réussite, pour la création d’exercices Autonome pour le test des exercices

4–5

Entraînement Créativité

Répéter aux différents postes les exercices choisis en fonction des critères Mise en place d’exercices différenciés

Styles d’enseignement: Réciproque pour l’évaluation formative (coévaluation) Autonome pour la prise en charge de l’entraînement Autonome pour la créativité

6–7

Evaluation

Validation des exercices choisis

Evaluation en fonction des exercices imposés par le maître et des exercices choisis par les élèves

26

Résonances - Décembre 2007

)


Collaborer pour l’assurage, pour créer des exercices et pour augmenter la difficulté

Directives générales Toujours commencer par une organisation directive Puis lâcher peu à peu vers l’autonomie Donner des ordres clairs et précis Donner des rendez vous «après» Toujours être placé à l'endroit stratégique d'où l'on voit toute la salle et tout le local Attention aux élèves qui sortent ou qui entrent dans le local en courant Tous les déplacements en marchant

Compliquer les exercices en fermant les yeux. Introduire des tâches supplémentaires: foulards, ballons, obstacles sur le banc (cône). Les postes sont délimités par des cônes numérotés ou des feuilles plastifiées numérotées.

Gestion du matériel Préparer en classe: Les équipes et leur chef Le plan de la salle L’emplacement des engins à sortir La procédure de sortie et de rangement Installations idéales pour une utilisation par plusieurs classes à la suite.

Références Manuel 2 (Ecole enfantine, degré pré – scolaire) Jouer avec son équilibre Avec le ballon lourd La corde raide …

Manuel 3 (1 à 4 P) Se maintenir en équilibre Quitter le sol Travail sur une ligne Cordes à sauter Bancs Planche à bascule Echasses Toupie d’équilibre … Manuel 4 (4 à 6 P) Se maintenir en équilibre Bancs mobiles Pédalo Fit balle Rouleaux Caissons.

Site officiel de l’animation en éducation physique www.zwookedu.ch/edphys

En raccourci Jeunesse et économie

Dossier pédagogique Les consommateurs et PME, lorsqu’ils font leurs achats en Suisse, paient en effet 20 à 30% plus cher que s’ils se procuraient des produits comparables dans les pays voisins. Le dossier pédagogique Jeunesse et économie de septembre examine quels sont les produits les plus chers, essaie d’en distinguer les causes, avant d’envisager les solutions possibles. La fiche d’actualité économique traite, dans son édition d’octobre, des liens entre tourisme et économie suisse. Les deux documents sont encore téléchargeables gratuitement, mais dès janvier 2008 seules les personnes ayant un abonnement auront accès aux fiches d’actualité, fiches théoriques et dossiers pédagogiques. www.jeco.ch Pédagogie spécialisée et bourses d’études

Concordats Lors de son assemblée annuelle qui s’est tenue les 25 et 26 octobre 2007 à Heiden, la Conférence suisse des directeurs cantonaux de l’instruction publique (CDIP) a adopté un concordat sur la pédagogie spécialisée, qui va maintenant être soumis aux cantons pour ratification. C’est la première fois que l’on dispose d’un cadre national pour la scolarisation des enfants et des jeunes

( Résonances - Décembre 2007

ayant des besoins éducatifs particuliers. Le 25 octobre 2007, le Comité de la CDIP a mis en consultation un concordat sur les bourses d’études. Cet accord vise à harmoniser sur des points importants les 26 législations cantonales en la matière. www.cdip.ch Cahiers pédagogiques

La validation d’acquis Prendre en compte des compétences individuelles acquises dans toutes sortes de situations... favoriser la formation tout au long de sa vie... Où en est la validation des acquis de l’expérience (VAE)? Le dossier des Cahiers pédagogiques de novembre rassemble de nombreux témoignages de parcours aboutis ou non qui permettent de mesurer la distance entre les principes et leur réalisation. Ceux qui valident, institutions et membres de jurys, disent aussi comment ils travaillent et organisent l’accompagnement des candidats. Dubitatifs, combatifs, déçus ou enthousiastes, les propos tenus aident à comprendre ce qu’est la VAE. www.cahiers-pedagogiques.com

27


(

L ’expo «La langue de bois»

u m e n t a t io n D oc p é d ag o gi qu e

de Patricia Crelier Si vous souhaitez faire découvrir à vos élèves les expressions mises en scène par Patricia Crelier, auteure et illustratrice jurassienne ayant édité trois albums pour les enfants, sachez qu’il ne vous reste que quelques jours pour inscrire votre classe, car l’exposition n’est visible à la Médiathèque Valais – St-Maurice que jusqu’au 21 décembre 2007 (cf. Résonances, no de septembre, pp. 4445). Et pour celles et ceux qui n’ont pas eu la chance de suivre la visite-atelier en sa présence et n’ont pas visité l’exposition, en voici un petit écho dans l’espoir de vous donner l’envie d’aller avec vos élèves découvrir son monde illustré… Lors de la visite interactive organisée le 7 novembre dernier pour les enseignants, Patricia Crelier a surtout montré que pour elle le processus de création n’était pas figé et que son travail permettait de multiples lectures. Elle a donné quelques pistes, tout en incluant les interprétations suggérées par les enseignants présents. Avec le dossier pédagogique qui peut être téléchargé (www.mediatheque.ch) et le matériel à disposition sur place (caissette avec des jeux de cartes à thèmes, des photographies, des livres…), chaque classe peut entrer à son niveau dans l’univers verbal et visuel de l’artiste, puisqu’elle a prévu des parcours en fonction des âges (dès l’école enfantine). Un panneau présente de

28

plus très clairement le processus créatif qui a mené aux dessins exposés. La visite peut être langagière, car Patricia Crelier invite le spectateur à une sorte de voyage au pays d’expressions plus ou moins connues autour des oiseaux (Prendre quelqu’un sous son aile), des arbres (Ma vieille branche) et des chats (Chat échaudé craint l’eau froide). Devant le dessin du chat échaudé qui craint l’eau froide, elle explique que les lettres sont les poils hérissés sur le dos de l’animal apeuré et que les pupilles sont l’une rouge et l’autre bleue comme les couleurs qui signalent l’eau chaude et l’eau froide d’un robinet. Ce qui lui plaît, c’est le sens caché des mots et des images. Le spectateur est invité à se livrer au jeu du décodage en fabriquant de nouvelles histoires, pas forcément celles qu’elle avait imaginées. La visite peut aussi être l’occasion d’explorer ses sources d’inspiration, puisqu’on peut notamment voir des références à des œuvres picturales (Gustav Klimt, Matisse…), à des chansons (La langue de bois de Claude Nougaro) ou à un imagier plus personnel (des souvenirs souvent textiles) dont elle donne quelques clés. Troisième entrée proposée pour cette exposition, il est possible de faire la visite en s’intéressant aux techniques employées, à savoir les grands dessins à la craie grasse sur papier Kraft avec collage,

frottage, grattage et impression, les linogravures et les gravures à la pointe sèche. Un établi de graveur avec les outils qu’elle utilise permet une initiation amusante au monde complexe de l’impression. Patricia Crelier travaille à mi-temps comme ergothérapeute avec des enfants et consacre le reste de son temps à la création et à sa famille. Elle mêle vie personnelle et vie professionnelle, puisqu’elle a créé avec le père de ses enfants, qui est sculpteur et graveur, la maison d’éditions Du goudron et des plumes. Son inspiration est de plus étroitement liée à son enfance, par le biais de celle de ses enfants. Elle aime partir des formes simplifiées présentes dans les dessins d’enfants pour re-créer. L’approche de Patricia Crelier est artistique et ludique, car elle joue avec les mots et les images avec légèreté et distance. Rien que les titres de ses albums sont des indices de son état d’esprit: Quels drôles d’oiseaux (Ed. La Joie de lire 2002), Poisson d’avril (Ed. Du goudron et des plumes, 2005) et Ma maman gambade fébrilement dans une cabine téléphonique (Ed. Du goudron et des plumes, 2007)…

Visites de classes Inscription obligatoire: evelyne. nicollerat@mediatheque.ch (024 486 11 88). Durée: env. 1 heure, entre 8 h et 18 h. Les enseignants conduisent librement la visite qu’ils auront pris soin de préparer. Public cible: classes enfantines et primaires, adaptable pour tous les autres degrés. www.mediatheque.ch

Résonances - Décembre 2007

)


De l’enfance à l’artiste Patricia Crelier, lorsque vous étiez enfant, étiezvous déjà touchée par les mots? C’est vrai que j’ai d’abord été sensible aux mots avant de l’être aux images. Dans ma vie, à un moment donné, j’ai perdu les mots et ce sont ensuite les images qui m’ont ramenée à eux. J’étais une petite fille timide qui parlait peu et j’ai toujours eu une relation étrange avec la signification des mots. Souvent, aujourd’hui encore, c’est un autre sens, homophone ou homonyme, qui m’apparaît en premier. Lorsque vous parlez de votre travail artistique, votre approche est très pédagogique… Ma maman était enseignante et je travaille beaucoup avec des enfants, ceci expliquant peut-être cela. C’est peut-être aussi parce que je cherche à montrer mes doutes et mes expériences et non quelque chose d’abouti, puisque j’expose un processus créatif en chantier. Comment définiriez-vous le dénominateur commun de votre création?

lustrées, ce qui peut les conduire à la création. Dans votre cas, l’école a-t-elle joué ce rôle… Au lycée, je me souviens que j’oubliais parfois que j’étais en classe et j’écrivais avec régal. Au primaire, je n’ai pas de souvenir précis, sauf que dans la mallette de matériel d’accompagnement de cette exposie lé tu tion, il y a mon premier ti in re n œuv ier devant so ». de livre de lecture avec oi fr Patricia Crel au udé craint l’e «Chat écha une image qui m’a inspiré de nombreux poèmes et une gravure. I comme iris, o comme orange, a Jusqu’à présent, le déclencheur de comme avion, u comme usine, je mes dessins et gravures, c’est l’engarde ces associations en mémoire fance, plus précisément celle de de manière indélébile. mes enfants qui m’a fait replonger dans la mienne que je croyais comVotre exposition permet d’applètement oubliée. Je suis à l’affût procher toutes les branches… de toutes les émotions liées à ce moment si particulier au cours duC’est vrai qu’avec cette exposition, quel on découvre les mots et les on peut faire du français, de l’enviimages. Comme j’avais dans mon ronnement, de la philosophie, de enfance une perception décalée, l’histoire de l’art… Les élèves peucela me plaît de jouer avec les quivent prolonger la visite en cherchant proquos et le burlesque qui en dédes expressions populaires, en relicoule. C’est pour cette raison égasant la Fable de la Fontaine intitulée lement que je collectionne les desLe geai paré des plumes du paon, en sins et les perles d’enfants. faisant un peu de philosophie en regardant le dessin Etre libre comme En visitant l’exposition ou en lil’oiseau… sant vos albums, des enfants Propos recueillis découvrent vos expressions ilpar Nadia Revaz

C onférence HEP-Vs: Les sectes Comment en parler aux enfants et aux parents? Conférence donnée par Brigitte Knobel, sociologue au Centre intercantonal d’information sur les croyances à Lausanne, le lundi 10 décembre 2007 à 20 heures à la HEP-Vs à St-Maurice (av. du Simplon 13). «S’appuyant sur l’expérience du Centre intercantonal d’information sur les croyances (CIC), la conférence a pour objectif de présenter les différentes définitions du terme

( Résonances - Décembre 2007

“secte”. Nous examinerons, avec des exemples à l’appui, dans quel sens la Confédération, les cantons, les médias, les Eglises et les associations de défense des victimes utilisent ou évitent ce terme. En conclusion, nous nous interrogerons sur les défis actuels posés à l’Etat, et en particulier à l’école, confrontée à la coexistence de différentes croyances.» www.hepvs.ch - www.cic-info.ch

29


(

E changes individuels

BEL

de vacances Echanges individuels de vacances EIV est un projet des cantons de la Suisse du Nord-Ouest (cantons AG, BE, BL, BS, FR, LU, SO, ZH), de la Suisse romande et du Tessin, en collaboration avec la Fondation Echange de Jeunes (www.echanges.ch).

Des vacances pas comme les autres. A la découverte des langues. En 2007, 120 filles et garçons valaisans ont effectué un échange EIV, d’une durée moyenne d’une semaine. Lors de l’enquête pour le bilan annuel du Bureau cantonal des échanges (BEL), 55% des questionnaires ont été retournés. L’accueil et l’intégration dans les familles sont jugés très bons, à de rares exceptions près. Au niveau linguistique, les filles et les garçons qui ont participé à ces vacances pas comme les autres estiment très ma-

joritairement avoir progressé, mais surtout ils disent s’exprimer avec moins de craintes en langue 2. Au primaire, les remarques des enfants font apparaître que la nostalgie de la maison est assez grande et les difficultés avec le dialecte relativement fréquentes. Pour les parents, l’expérience est jugée positivement, même si certains notent que les enfants en primaire sont encore un peu jeunes pour apprécier pleinement l’échange et qu’ils manquent de vocabulaire pour pouvoir communiquer. Au cycle d’orientation, les jeunes font aussi part de leurs difficultés avec le dialecte, tout en mettant en avant l’aspect découverte et ouverture sur une autre culture. Et ils ne s’ennuient pas, trouvant le temps bien occupé, entre le programme d’apprentissage et les activités organisées par la famille d’accueil. Les parents relèvent quant à

Annonce à communiquer aux élèves Aimerais-tu faire un échange linguistique avec un-e camarade du Haut-Valais ou de Suisse allemande (éventuellement du Tessin si l’italien est parlé à la maison)? Aimerais-tu inviter ton/ta partenaire chez toi? Les élèves de la 6e à la 9e année. Pendant les vacances pour une semaine ou deux. Presque rien, tout au plus les frais de transport. Demande des renseignements et un formulaire d’inscription auprès de ton école ou à l’adresse suivante: Bureau des Echanges Linguistiques (BEL) Planta 1 - 1951 Sion. Tél. 027 606 41 30 – Fax: 027 606 41 34 Email: bel-bsa@admin.vs.ch. Délai d’inscription: début février 2008. Qui? Quand? Combien ça coûte? Ça t’intéresse?

30

eux la richesse de l’expérience sur les plans linguistique et humain ainsi que la bonne entente entre les correspondants, notamment grâce au questionnaire préalable qui permet dans la plupart des cas de faire des appariements entre jeunes ayant des centres d’intérêt communs. Plusieurs parents remarquent que les jeunes au CO ont encore assez peu de vocabulaire pour échanger à propos de tout, cependant ils soulignent que cela n’a pas empêché la naissance d’amitié entre les correspondants. Pour 2008, l’objectif du Bureau des échanges linguistiques est d’inciter davantage les jeunes du CO à tenter l’aventure de ces vacances pas comme les autres, sachant que leur bagage linguistique acquis à l’école leur permet de communiquer plus facilement et qu’ils souffrent moins de l’ennui de la maison. Bien sûr, tout est question de maturité individuelle et il est à noter que beaucoup d’élèves même plus jeunes ont apprécié l’expérience. Avec des enfants du primaire, pour que l’échange réussisse au mieux, l’implication de la famille d’accueil doit assurément être plus importante qu’avec des adolescents déjà plus autonomes.

Quelques commentaires d’élèves J’ai appris énormément de choses, en plus de l’allemand, et j’ai pu découvrir de nouvelles activités. En plus, je me suis fait un nouveau copain. J’ai bien fait d’écouter mes parents. Je ne regrette rien. (Sylvain, 2e CO).

Résonances - Décembre 2007

)


C’est une expérience très enrichissante. (Florence, 2e CO). Es war für mich eine gute Erfahrung, ich bereue es überhaupt nicht. Finde es positiv, dass die Schule einem diese Möglichkeit gibt. Es war eine spannende und lehrreiche Zeit und ich habe viele neue Leute kennengelernt. (Sandra, 2e CO). Je n’ai pas beaucoup aimé. (Jérôme, 6P). Je me suis très bien entendue avec ma correspondante, même si ce n’était pas toujours évident de se comprendre. J’espère pouvoir renouveler cette expérience. (Tiffany, 6P). J’ai beaucoup visité (musées, ville…). Je me suis très vite intégré dans la famille. (Loïc, 6P).

Quelques commentaires de parents Nous avons eu du mal à convaincre notre fils du bénéfice qu’il pourrait tirer d’un tel échange. Dès les premiers jours, il en a pris conscience et tout s’est magnifiquement déroulé. Grâce au questionnaire très détaillé, les filles avaient beaucoup

de goûts communs, ce qui a favorisé l’échange dans les meilleures conditions. Wir fanden diesen Austausch sehr positiv. Unsere Tochter hat sehr schöne Erfahrungen gemacht. Die Französischkenntnisse haben sich merklich gebessert. C’était une bonne expérience, mais je pense que nos fils étaient trop jeunes. Un peu intimidée au début, la correspondante de notre fille

s’est très vite intégrée au groupe (7 enfants). Ils ont tous fait l’effort de l’aider, notamment par des jeux: le lotto (chiffres en all. et fr.) ou le Mastermind pour les couleurs. Ils essayaient par tous les moyens de se comprendre; ils nous demandaient de l’aide. Notre fille et sa correspondante se sont très bien entendues. Elles pensent renouveler l’expérience l’année prochaine… à suivre! Très bonne expérience linguistique et école de vie! A renouveler.

En raccourci Trait d’union

Nouvelles des échanges en Suisse Le 48e numéro de Trait d’union, la revue de ch Echange de jeunes en Suisse aborde la promotion des échanges avec le Tessin et les Grisons. Il est aussi question d’un échange avec la Sicile. Comme dans chaque édition, les témoignages de jeunes complètent les articles plus descriptifs sur l’enseignement des langues. www.echanges.ch

de l’administration gouvernementale. A la suite d’un appel d’offres lancé selon les règles de l’OMC, le Secrétariat d’Etat à l’éducation et à la recherche a adjugé ce mandat à la Fondation des cantons pour la collaboration confédérale («Fondation ch»), qui a son siège à Soleure. L’offre retenue a été établie conjointement avec la Conférence des recteurs des universités suisses (CRUS). www.news.admin.ch Littérature

Programme européen d’éducation

Organisation de la participation suisse La participation officielle de la Suisse aux programmes européens d’éducation, de formation professionnelle et de jeunesse «Apprentissage tout au long de la vie» et «Jeunesse en action» est en préparation. Chaque pays participant est tenu de confier la mise en œuvre de la participation à une Agence nationale située à l’extérieur

( Résonances - Décembre 2007

Présence en ligne Le Centre national de documentation pédagogique (CNDP) rassemble des ressources sur les grands auteurs et les thématiques littéraires. Sur Présence de la littérature, vous trouverez des dossiers sur Ovide, Michel Butor ou la francophonie. Pour certaines thématiques, des activités à mener en classe sont proposées. www.presence-litterature.cndp.fr

31


(

R apport sur les formations

Re cherche

à l’enseignement en Suisse Lukas Lehmann, Lucien Criblez, Titus Guldimann, Werner Fuchs et Danièle Périsset Bagnoud sont les auteurs d’un rapport sur les formations à l’enseignement dans le cadre du monitorage de l’éducation 2006. Pour donner envie d’en faire la lecture, Lukas Lehmann, collaborateur scientifique à la Haute Ecole pédagogique de la Suisse du NordOuest, et Danièle Périsset Bagnoud, professeur à la HEP-Vs et privat docent à l'Université de Genève, ont accepté de répondre à quelques questions. De manière générale, votre rapport sur les formations à l’enseignement en Suisse met en évidence qu’il existe entre les différentes institutions une grande variation des conditions d’admission, de l’organisation de l’offre de formation, de la situation de la recherche, etc. Ce manque d’harmonisations est un argument évident pour le projet de monitorage que vous présentez, mais n’y a-t-il pas à l’inverse le risque d’aboutir à un aplanissement total des différences, ce qui serait autant dommageable? Danièle Périsset-Bagnoud (DPB): Il faut distinguer les niveaux administratifs et structurels des formations à l’enseignement des niveaux pédagogiques et culturels des mêmes formations – ce qui revient à distinguer le contenant du contenu. Que les contenants, soit les structures qu’observe le monitorage afin d’obtenir les informations utiles à un pilotage efficace des politiques éducatives modernes, ne soient pas harmonisés est une réelle difficulté à l’heure où les propositions de Har-

32

moS sont en train d’être mises en œuvre. Que les contenus pédagogiques restent sous la responsabilité des professionnels chargés de leur mise en œuvre institutionnelle dans un contexte géographique, culturel et régional incontournable est une donnée des administrations dites «professionnelles» dans lesquelles s’inscrit le projet de monitorage: au politique de fixer des objectifs explicites en fonction des données objectives qu’il a récoltées, aux professionnels de puiser dans leurs savoirs experts et leurs compétences pour tout mettre en œuvre afin d’atteindre les objectifs fixés par avance. Le monitorage ne s’intéresse pas au «comment», qui reste du ressort institutionnel et de ses professionnels, mais au «quoi», structurel et mesurable. Le risque d’aboutir à un aplanissement des différences ne me semble donc pas réel.

LL: «Le monitorage est un outil d’observation de l’état de situation.» Lukas Lehmann (LL): Il convient de préciser que le monitorage même n’est pas un outil de pilotage, mais d’observation de l’état de situation. Et dans ce sens il faut regarder la situation telle qu’elle était auparavant: plus de 180 instituts de formation existaient, avec une énorme divergence de structures, de contenus et de diplômes. La question de diversité ou des divergences est donc à juger de ce point de vue et le «manque d’harmonisation» devient relatif si l’on adopte cette perspective. De plus, si on tient compte du fait que tous les cantons se sont mis

d’accord pour que soit construit un processus global au niveau suisse de reconnaissance des diplômes d’enseignements, c’est bien que la compatibilité des formations est reconnue: sinon, jamais les cantons n’accepteraient qu’un enseignant formé ailleurs vienne exercer sa profession chez eux! Malgré tout, au niveau du pilotage politique du système, la question de l’harmonisation versus assimilation doit être gardée en arrière-plan, car le «comment» et le «quoi» s’influencent (souvent) réciproquement. Le monitorage tel qu’il est décrit dans notre rapport doit alors contribuer à élaborer un système de pilotage approprié et équilibré empêchant la prolifération des structures de formation, mais laissant suffisamment de marge de manœuvre aux institutions pour qu’elles puissent se doter d’un profil individuel. Avec l’ancrage de la formation des enseignants au niveau tertiaire et les nécessaires réorganisations (nette diminution du nombre de structures, de filières et meilleure coordination), on dénombre actuellement 46 filières d’études à travers la Suisse. D’après les indicateurs en votre possession, que pouvez-vous dire de l’évolution probable pour ces prochaines années? LL: La question normative de la prédiction ne peut guère être résolue avec nos indicateurs. Comme déjà dit, le projet de monitorage et ses instruments donnent une vue d’ensemble de la situation actuelle. Les indicateurs et leur analyse offrent une base pour les décisions politiques à venir et l’identification d’objectifs ad hoc. L’atteinte de ces

Résonances - Décembre 2007

)


derniers pourra, dans un processus consacre seulement 27% de fornomination font entrer les domaicyclique, être contrôlée lors de la rémation en didactique des discines, aux contenus pourtant compacolte suivante. plines alors qu’à l’autre bout de rables, dans des champs différents; En regardant la situation présente, l’échelle la Pädagogische Hochet les pourcentages s’en trouvent afon constate que la question du ratschule d’Aargau y affecte 49%. fectés. Ce qui est certain, c’est que tachement des instituts de formaPar ailleurs, le nombre de branpour chaque institution, les prescription et leur encadrement dans le ches n’est pas le même et tions de la CDIP (à savoir des fourchettes dont les paysage suisse des hautes écoles sont extrémités sont clairejusqu’à aujourd’hui ment identifiées) sont restés en suspens. Il bien suivies, sinon, les existe, en Suisse, trois institutions prises en types de statuts difcompte dans le rapport férents: (1) La haute de monitorage n’auécole autonome, (2) raient pas obtenu la celle qui est rattachée reconnaissance CDIP. à une université ou (3) En ce qui concerne le à un regroupement de Valais, le programme plusieurs hautes écoles HEP est équilibré et régionales. L’autonoprend en compte les mie (statut 1) est le stadifférentes connaistut de la plupart des sances et expérienHEP. A considérer la sis de ux ces nécessaires à une tuation internationale, de n, kas Lehman ent. gnoud et Lu em Ba gn et ei formation complète ce modèle n’a rien d’exss ns ri l’e Pé Danièle rmations à ort sur les fo pp ra à l’enseignement: ceptionnel, même s’il fait du s auteur un (gros) tiers de la formation se de plus en plus figure passe sur le terrain, au cours de lade modèle transitoire. Je quelle les questions didactiques sont pense que ces questions structurelc’est aussi en Valais, à Zurich et évidemment abordées du fait que les devront être abordées plus tard, à Schaffhausen que la part de la les stagiaires donnent quotidienautant en ce qui concerne l’ancrage formation professionnelle pranement des leçons; un tiers de la au tertiaire de la formation à l’entique y est la plus élevée (43% seignement que pour la recherche contre 19% à la HEP de Friformation en institution se penche et la formation continue. bourg). Reste qu’on peut être sur les questions dites transversales surpris, dans un sens comme (évaluation, différenciation, gestion DPB: Ces 46 filières regroupent dans l’autre, de constater aude classe, psychologie du déveloptout ce qui touche aux formations à tant de différences… et se depement, processus d’apprentissage, l’enseignement, aussi bien au degré mander pourquoi les prescripdéveloppement professionnel et élémentaire, primaire, secondaires 1 tions de la CDIP ne sont pas suiconstruction d’une identité ad hoc, et 2 qu’en formation à l’enseignevies. Quelle lecture faites-vous questions sociologiques etc.); le derment dans les métiers des soins, de de ces écarts? nier tiers a comme objet théorique l’éducation ou encore en haute les didactiques disciplinaires proécole de musique ou d’art. Vraisemprement dites, en relation avec les DPB: La lecture de ces écarts blablement, certaines institutions expériences vécues sur le terrain. est à prendre très prudemment, du aux missions comparables vont se Enseigner, ce n’est pas seulement fait de la difficulté à comparer les regrouper d’un point de vue admitransmettre des savoirs strictement données d’une institution à l’autre. nistratif – mais il semble difficile de scolaires. Enseigner, c’est être capaMême pour un domaine apparemformer avec les mêmes plans d’étument aussi simple à définir que la ble de permettre à tout élève, quelle des les infirmier-ière-s que les enseiformation sur le terrain, ou la forque soit son origine, sa langue, sa gnant-e-s se destinant à la formamation didactique, il faudrait aller culture, son potentiel cognitif d’y action professionnelle ou à enseigner voir de près comment chaque inscéder, d’assimiler les savoirs du prodans les lycées ou en enseignement titution interprète la question et gramme et de construire ses propres spécialisé. Un nombre important de quelle réalité de la formation habite connaissances en fonction des objecfilières différentes va donc logiqueles chiffres donnés. Ainsi, la didactitifs d’apprentissage visés. Ces conment subsister. que n’a pas le même sens dans la culnaissances acquises à l’école devront ture francophone ou dans la culture lui permettre de s’intégrer dans la Plusieurs chiffres m’ont intergermanophone; ce qui est «transversociété démocratique qu’est la nôpellés à la lecture de votre rapsal» ici s’intitule «didactique génétre: la mission des enseignant-e-s rale» ailleurs. Les différences de déest de les y aider. Education et insport. Pour exemple, le Valais

( Résonances - Décembre 2007

33


truction sont indissociables, et historiquement liées à l’école publique obligatoire: la HEP-Vs en tient compte dans son plan d’études. LL: Je tiens à préciser que le règlement de reconnaissance pour les formations à l’enseignement dans les degrés préscolaire et primaire ne prévoit pas de restrictions par rapport au nombre de branches enseignables ou de temps consacré à la formation scientifique et disciplinaire. La seule chose qui est strictement réglée concerne le temps consacré à la formation pratique, sur le terrain. Je pense que cela explique qu’il y a plus de diversité dans ces filières-là. En ce qui concerne la comparaison de ces chiffres sur le plan suisse – avec toutes les difficultés de définitions et de calculs qu’une telle catégorisation implique – on peut dire que cet aperçu général laisse apparaître les différentes traditions helvétiques des formations à l’enseignement en Suisse alémanique et en Suisse latine. En fixant des exigences minimales, la CDIP a permis pour une première fois dans l’histoire des formations à l’enseignement en Suisse que les cantons se concertent sur une base commune. Mais à la fin du processus, ce sont les cantons qui prennent les décisions. Une harmonisation trop res-

trictive va toujours à l’encontre de la souveraineté cantonale qui a des traditions parfois très fortes. Et vous, qu’est-ce qui vous a le plus surpris en récoltant les données à la base de ce rapport? LL: Ayant travaillé à la CDIP avant ce projet de monitorage, je connaissais déjà bien la situation. Mais ce qui m’a surpris a été de voir que certains instruments de pilotage considérés comme univoques, comme les exigences minimales d’admission, n’ont pas permis de dégager des données aussi claires et distinctes que ce que le politique aurait attendu. Le dynamisme des logiques propres à chaque canton a toujours un effet fort sur la réalisation et la conception des filières. La question de «comment piloter» reste alors manifestement ouverte à des futures recherches de terrain.

DPB: «La surprise a été de découvrir la disparité des données.» DPB: La surprise a été de découvrir la disparité des données, leur non-organisation institution-

nelle, les lacunes identifiées, la difficulté à les comparer – leur nature étant souvent fort différente, le temps passé pour rassembler des informations apparemment élémentaires. C’est un peu comme si les structures administratives des Ecoles normales n’avaient pas réellement évolué et que les HEP, du point de vue administratif, se développaient selon ces anciens modèles. Vous montrez que, malgré le processus de Bologne, certaines différences restent grandes au niveau européen. N’est-ce pas à ce niveau qu’une récolte de données devrait être menée? LL: Je pense qu’il y a deux pistes à suivre. D’un côté l’Office fédéral de la statistique (OFS), par son système d’indicateurs des hautes écoles est en charge pour la récolte de données comparables au niveau international. Les HEP ont ainsi l’obligation de livrer chaque année les données requises à l’OFS pour assurer une comparaison internationale des formations. D’autre part, comme le montre notre rapport, une définition d’objectifs communs pour les formations à l’enseignement en Europe n’existe pas. Comment alors mener une récolte à ce niveau si les bases de référence

Le rapport en bref Le rapport sur les formations à l’enseignement, établi dans le cadre du Monitorage de l’éducation en Suisse, en plus de présenter les progrès de la recherche, dresse un état des lieux et propose un modèle de monitorage dans le champ concerné. Il examine les filières d’études qui préparent à l’enseignement aux degrés préscolaire, primaire, secondaire I et secondaire II et accorde une grande priorité à la conception d’un système de suivi et de pilotage. Il se fonde principalement sur les données disponibles auprès des cantons et de la Confédération: plus spécialement les statistiques cantonales et nationales et les dossiers de reconnaissance traités par la CDIP, les informations tirées des sites internet des diverses institutions ainsi que des études scientifiques et des résul-

34

tats de recherches. En l’absence d’indications quantitatives ou d’aperçus globaux, les chercheurs ont recouru à des études de cas pour combler les lacunes constatées. Lukas Lehmann, Lucien Criblez, Titus Guldimann, Werner Fuchs, Danièle Périsset Bagnoud. Les formations à l’enseignement en Suisse. Rapport dans le cadre du monitorage de l’éducation 2006. Aarau: CSRE, 2007. www.skbf-csre.ch Le rapport (disponible en français et en allemand, 40 CHF) peut être commandé auprès de: Schweizerische Koordinationstelle für Bildungsforschung, Entfeldstrasse 61, 5000 Aarau, 062 835 23 90, skbf.csre@email.ch.

Résonances - Décembre 2007

)


manquent? Dans l’idée que la récolte de données n’est pas un but en soi et que le processus de monitorage dépend d’objectifs prédéfinis afin de pouvoir effectuer son rôle de contrôle, il reste nécessaire de continuer à suivre la piste nationale d’une évaluation régulière dans le cadre du projet «monitorage». Au niveau de la récolte et de l’analyse des données de la formation des enseignants, au terme de ce premier rapport, qu’est-ce qui selon vous devrait être entrepris prioritairement dans l’optique du monitorage de la formation des enseignants? LL: Pour que le monitorage ne produise pas des «données mortes» et qu’une future observation à long terme en reste le but déclaré et poursuivi, il est important que les différents acteurs du champ des formations à l’enseignement définissent les objectifs de l’observation. La répartition des rôles entre recherche scientifique et politique dans ce processus ne devrait sans doute pas être trop rigide. Pour préserver l’autonomie de la recherche scientifique, il faudra lui permettre de soumettre les objectifs de pilotage à une critique fondée sur les résultats de recherches scientifiques déjà menées dans le même champ. DPB: Il y a priorité à deux niveaux: tout d’abord l’harmonisation d’une systématisation de la prise des données institutionnelles et la construction de bases de données à partir de critères communs permettant de comparer des données… enfin comparables. Ensuite, il y a la question de l’utilisation de ces données, que ce soit dans le domaine de la gestion politique ou dans celui de la recherche sur les politiques éducatives, deux domaines qui doivent rester distincts afin de garantir le processus démocratique d’une société telle que la nôtre. @ Propos recueillis par Nadia Revaz

( Résonances - Décembre 2007

V irus Lecture et Ribambelle Une idée pour votre classe Le Virus Lecture 1-2P se trouve à Troistorrents, après avoir fait une escale à Morgins, le Virus 3-4P est encore utilisé dans les classes de Martigny. La Ribambelle, qui s’adresse aux écoles enfantines, partira bientôt pour Erde. Vous souhaitez que votre classe puisse accueillir le Virus ou La Ribambelle, alors contactez Patricia Gross, enseignante à Martigny et représentante de l’association JM.AROLE dans le Valais romand: patgross@netplus.ch. Et pour plus d’infos sur ces actions de promotion et d’animation du livre et de la lecture: www.jm-arole.ch et www.isjm.ch

En raccourci Maison du changement par l’écoute

Programme 2007-2008 Pour connaître le programme de la Maison du changement par l’écoute à Saint-Maurice, visitez le site www.ecoute-mce.ch. Ecrire avec l’image

Concours international Le concours «Des mots pour voir, histoires de l’histoire de l’art» est un concours d’écriture en français qui s’adresse à tous les jeunes francophones de 13 à 20 ans. Il s’agit d’écrire un texte à partir d’une des œuvres proposées sur le site www.imageimaginaire.com. Les inscriptions sont d’ores et déjà ouvertes et il s’agit ensuite d’envoyer les textes ne devant pas dépasser 4500 caractères avant le 25 mars 2008. Exposition à Genève

Qu’y a-t-il derrière la prise? Une exposition ludique et instructive, imaginée par la Cité des sciences de Paris et intitulée «Electricité: qu’y a-t-il derrière la prise?», est à découvrir jusqu’au 12 mai 2008 au Musée d’histoire des sciences de la Ville de Genève. Son propos est de présenter, tout particulièrement aux enfants de 5 à 12 ans, un phénomène invisible à l’œil nu, et pourtant si présent dans nos vies, par l’entremise de nombreuses manipulations didactiques et ludiques. www.ville-ge.ch/mhs

35


Livres

Dictionnaire de pédagogie et de l’éducation

(

La sélection du mois (les chapitres sont intitulés avec des grandes questions) pour jongler avec les idées et regarder derrière les apparences. Les auteurs indiquent seulement quelques pistes de réflexion. Titres de la collection: Le bonheur, c’est quoi?, La vie, c’est quoi?, Le bien et le mal, c’est quoi?, Les sentiments, c’est quoi?, Savoir, c’est quoi?, Moi, c’est quoi?, Vivre ensemble, c’est quoi?, La liberté, c’est quoi?, Le beau et l’art, c’est quoi?

Prévenir la violence des jeunes

Oscar Brenifier (textes), Catherine Meurisse (dessins). Le bonheur, c’est quoi? Paris: Nathan, Coll. PhiloZenfants, 2007.

Allophonie et diversité culturelle

Les éditions Bordas proposent une troisième édition, mise à jour, du Dictionnaire de pédagogie et de l’éducation. Utile pour la définition des concepts et pour avoir les infos essentielles des courants de pensées. Dictionnaire de pédagogie et de l’éducation. Paris: Bordas, 2007.

Le bonheur, c’est quoi? PhiloZenfants lance une collection destinée aux enfants dès 7 ans pour apprendre à penser. L’objectif est de les initier au questionnement. Chaque volume lance des interrogations

Les résultats scolaires des élèves allophones et migrants sont inférieurs à ceux des élèves qui parlent la langue scolaire en famille. Cette constatation se répète, au fil des évaluations cantonales ou internationales, dans le canton de Vaud comme ailleurs. Comment lutter contre les difficultés scolaires de ces élèves? Quels sont les facteurs qui influencent leur parcours scolaire? Comment faciliter leur intégration dans l’école du pays qui les accueille? Cet ouvrage tente d’apporter des pistes de réflexion, en s’appuyant d’une partie sur une approche théorique, à travers une revue de littérature ciblée sur quelques aspects de cette vaste problématique. Il présente d’autre part une expérience qui s’est déroulée dans un établissement vaudois, avec l’objectif d’améliorer le parcours scolaire de ses nombreux élèves allophones. La rencontre de la théorie et de la pratique ouvre des pistes pour chercher des solutions nouvelles, mais montre en même temps les limites auxquelles on se heurte et les obstacles à surmonter dans la mise en œuvre d’une approche interculturelle.

Chaque fois qu’un enfant ou un jeune se montre menaçant, insultant, contestataire, c’est souvent qu’il est démuni face à la situation qu’il est en train de vivre et qu’il n’a pas les clés pour manifester sa détresse ou changer de comportement. On peut dire qu’il souffre d’analphabétisme émotionnel, puisqu’il ne peut, d’une part, exprimer ou expliquer clairement ses émotions, ses frustrations ou ses aspirations et, d’autre part, reconnaître l’impact de ses actes ou paroles sur les autres. Ce livre, co-écrit par une Valaisanne (cf. interview de Corinne BonnetBurgener, in Résonances, 12.04) nous montre que la violence n’est pas une fatalité. Avec des outils simples et créatifs, appliqués ici et maintenant, on peut lui faire face.

Gabriella Gieruc. Quelle place pour l’allophonie et la diversité culturelle à l’école. Suivi d’un projet d’établissement. Lausanne: URSP, 2007.

Les Petites Suisses Que plus de 200 régions aux quatre coins du monde portent le nom de «Suisse» peut paraître surprenant. Tous ces endroits présentent d’étonnantes ressemblances avec notre pays. Cette popularité remonte au 19e siècle, lorsque les écrivains et les savants, venus de toute l’Europe, furent enthousiasmés par la découverte de l’immense beauté des panoramas alpins. Les Petites Suisses. Reflets de nos paysages autour du monde. Vevey: Mondo, 2007. Se commande directement aux éditions Mondo SA, Case postale, 1800 Vevey 1 ou sur le site www.mondo.ch.

36

Ces moyens peu onéreux sont désormais à la disposition des psychologues, enseignants, autorités scolaires, éducateurs et parents. Cet ouvrage propose en effet des jeux de rôle, des groupes de discussion et une panoplie d’activités telles que dessins, contes, qui ont fait leurs preuves et qui permettent aux enfants, adolescents et adultes de

Résonances - Décembre 2007

)


développer une meilleure connaissance de leurs émotions et une plus grande empathie envers les autres. Corinne Bonnet-Burgener, Chantal Brouze et Evelyne Chardonnens. Prévenir la violence des jeunes. L’alphabétisation émotionnelle: des outils concrets pour mieux communiquer. Lausanne: éditions Favre, 2007.

s’interrogent: dès qu’ils sont en âge de parler, le besoin de partager leurs réflexions et leurs idées se fait naturellement sentir. C’est pourquoi, depuis quelques années, la pratique de la philosophie à l’école connaît un succès grandissant: nombre d’enseignants y voient une démarche pédagogique innovante qui suscite un intérêt certain chez leurs élèves. Cet ouvrage, accessible et étayé de multiples exemples, développe les différentes facettes de la philosophie pour enfants pouvant être pratiquée en classe. A l’école aujourd’hui, osons désormais la formule: «Tous philosophes!» Françoise Galichet. La philosophie à l’école. Editions Milan, 2007.

Milton et le corbeau

La philosophie à l’école

Les aventures du célèbre chat Milton étaient pour la plupart épuisées, elles reviennent dans une nouvelle couverture colorée. Dans Milton et le corbeau, le matou part à la chasse aux petits corbeaux, mais la suite n’est pas forcément celle qu’on croit.

le professeur peut-il adapter son enseignement aux besoins réels qu’il a observés? Un professeur peut-il acquérir de nouvelles stratégies d’enseignement? Pour faire le tour d’un panorama aussi riche, l’ouvrage procède à partir de deux grandes entrées: comprendre la manière dont l’élève apprend et comprendre comment le professeur enseigne. Il invite aussi à la réflexion sur la difficulté ordinaire, consubstantielle à l’apprentissage, et aborde la grande difficulté, le trouble et le handicap. Michel Perraudau. Les stratégies d’apprentissage. Comment accompagner les élèves dans l’appropriation des savoirs. Paris: Armand Colin, 2007.

Haydé Ardalan. Milton et le corbeau. Genève: La Joie de lire, 2007.

Les stratégies d’apprentissage

«Où j’étais avant d’être né?», «Pourquoi c’est obligé, l’école?», «Les bébés, est-ce qu’ils rêvent?», «C’est quoi penser?»... Comme tout un chacun, les enfants

Lorsqu’il propose des situations d’apprentissage, le professeur constate que les élèves déploient une multitude de conduites. Certaines, qui semblent peu logiques, s’avèrent efficaces alors que d’autres, à l’apparence plus classique, donnent des résultats déroutants. Les questions qu’il se pose alors sont nombreuses. Quand un élève n’utilise pas une procédure attendue, est-ce parce qu’il ne la possède pas? Est-il possible, quand un élève est en difficulté, de lui apprendre des stratégies alternatives? Comment

En raccourci Fixer des rdv

Sciences humaines

Plus facile avec internet

Du temps des philosophes à la pensée post…

Le site doodle.ch simplifie l’organisation de rendez-vous avec plusieurs personnes dont les agendas sont très remplis ou la mise en place de sondages, avec analyse immédiate des résultats. Cet outil suisse disponible sur le net rencontre un succès mondial en raison de sa simplicité. www.doodle.ch

Le dernier Hors-série de la revue Sciences humaines fait le point sur cinq siècles de pensée française. Très complet tout en étant très accessible, comme tout ce qui est produit par les éditions Sciences humaines. www.scienceshumaines.com

Encouragement à l’égalité

E-learning

Quelle efficacité?

Dossier sur educa.ch

Panorama, la revue de l’orientation et formation professionnelle et du marché du travail, s’interroge dans son dernier numéro (5/07) sur l’efficacité de l’encouragement à l’égalité. Quelques améliorations ponctuelles sont recensées, mais le thème reste d’actualité. www.panorama.ch

Qu’entend-on par e-learning? En plus d’une définition, le dossier consacré à ce thème sur educa.ch aborde la question des décalages entre les possibilités techniques et le savoir pédagogique et didactique. www.educa.ch/dyn/125710.asp

( Résonances - Décembre 2007

37


Nadia Revaz

(

V isite guidée de la

Autour

de l a lect ure

Médiathèque Valais - Sion

La Médiathèque Valais propose une offre riche et complémentaire: la documentation pédagogique à StMaurice, la mémoire audiovisuelle à Martigny et la conservation et la mise en valeur des imprimés relatifs au canton à Sion. Bien évidemment les documents généraux se retrouvent dans chacun des sites. Commençons par découvrir la Médiathèque à Sion. Depuis la création d’un espace libre-accès en 2000, les collections se répartissent dans deux bâtiments très proches l’un de l’autre (rue des Vergers 9 et Pratifori 18). A noter que l’année 2000 a aussi été celle du passage de la dénomination Bibliothèque cantonale du Valais à Médiathèque Valais.

Avec des élèves hautvalaisans Pour les élèves haut-valaisans venus faire leur 9e année de scolarité au CO de St-Guérin, la visite de la Médiathèque s’est faite dans le cadre des vendredis après-midi consacrés à la découverte de Sion et de ses environs (option consacrée à ce projet). Nathalie Rudaz, enseignante, accompagne la visite d’une moitié de classe, pendant que l’autre est en cours, à deux pas de l’école, avec son collègue, en salle d’informatique. Prévue sur un temps assez bref, la découverte se limite à l’espace libre-accès de Pratifori, ce qui répond à la demande de l’enseignante. Les explications sont données en allemand, car le vocabulaire est encore un peu compliqué pour certains élèves. Sebastian Steiner, bibliothécaire, insiste sur l’importance du plan à l’entrée pour s’orienter parmi les rayonnages. Il part aussi des sujets choisis par les élèves (l’aéroport de Sion, la cathédrale, la place du Midi, Valère…), afin d’exemplifier son propos.

Visites de la MV Martigny et de la MV St-Maurice Dans de prochains numéros: visite personnalisée, adaptée pour les petits degrés de la scolarité, de la Médiathèque à St-Maurice et visite du fonds audiovisuel à Martigny.

Les élèves questionnés avaient déjà tous effectué une visite de la Médiathèque à Brigue, mais ont néanmoins trouvé très utile de se rendre dans les locaux sédunois, immersion francophone oblige. Pour la préparation de leurs exposés, plusieurs pensent revenir à la Médiathèque qui, il est vrai, est à deux pas du CO. Ils ont tout particulièrement apprécié les conseils pratiques pour la recherche de documents.

Plusieurs élèves ont surtout été intéressés par les CD, les DVD ou les Comment se déroulent les visites partitions, mais, comme le souligne avec les classes? Qu’apprend-on sur l’enseignante, quelques-uns revienl’histoire des lieux, sur les docudront sans aucun doute pour emments disponibles (livres, journaux, prunter des livres en allemand et/ CD, DVD…), sur les méthodes de reou en français. cherche bibliographique? En fait, c’est un peu un programme à la carte, selon les Avec des collégiens âges des élèves et étudiants et les demandes Tous les collégiens des des enseignants. En suiCreusets ne viennent plus vant trois groupes (des obligatoirement à la vijeunes Haut-Valaisans site de la Médiathèque en pour une année au CO à 1re année. Elle est désorSion le 21 septembre, des mais réservée à ceux qui collégiens en 1re année le ne l’ont pas déjà faite, de manière à éviter l’ennui 7 novembre et des apde la répétition. prentis polymécaniciens en dernière année de formation le 30 octobre), Des étudiants de plusieurs ce fut donc trois approclasses sont donc regrouPour s’orienter dans les rayonnages, il faut ches assez différentes. pés pour un parcours bien commencer par la lecture du panneau central.

38

Résonances - Décembre 2007

)


cadencé sous la houlette de Vincent Luisier, chef de section des services au public. Comme ces étudiants viennent de commencer leur scolarité post-obligatoire, il prend quelques exemples généraux pour les sensibiliser à l’importance de débuter par une recherche dans les ouvrages de référence, moins aléatoires que les informations obtenues via internet et permettant donc de gagner du temps. Avant d’aller au 1er étage à la rencontre de cette documentation que la Médiathèque de Sion, comme il le dit si joliment, est la seule au monde et même de l’univers à posséder, les étudiants traversent la salle de lecture, un endroit que d’aucuns fréquenteront peut-être assidûment à l’approche de la maturité. Le bibliothécaire décrit aussi tout l’équipement matériel à disposition (accès internet, microfilmeuse, etc.). En salle de conférence, il commente le diaporama visible sur le site internet de la médiathèque (www.mediatheque.ch > la MV en bref) et présente l’interface informatique, en montrant la richesse du catalogue et l’extension actuelle de l’offre, puisqu’en ligne on peut avoir accès à des photographies, à des films ou des vidéos (encore très peu nombreux), à des enregistrements sonores (les étudiants ont pu écouter un extrait de la Chèvre de Monsieur Seguin en patois). Les étudiants retiennent en premier lieu la diversité de l’offre. Jean-Bernard Roh, professeur de français et co-responsable de la bibliothèque

nus avec des sujets à traiter en lien avec le cours de culture générale dispensé par Jean-Romain Varone. Cela a permis de rendre la visite plus concrète, puisqu’ils avaient pour la plupart une recherche bibliographique à effectuer, en lien avec le thème du monde en questions. Avantage par rapport aux deux autres groupes, ils avaient plus de temps (2 heures) pour la visite des deux sites de la Médiathèque.

ns à la lymécanicie Les futurs po ur leur po documents recherche de le. ra né gé lture travail de cu

des Creusets, considère essentiel de prévoir de telles visites pour éviter que les jeunes n’aient seulement le réflexe Google. Il se dit très satisfait de la présentation du jour et de l’attention du groupe. Quant à Vincent Luisier, il serait favorable à ce que le concept d’accompagnement guidé évolue vers plus d’interactivité et signale que la Médiathèque Valais y songe. Pour Jean-Bernard Roh, cette première initiation très générale lui semble primordiale, quitte à revenir pour en savoir plus sur la recherche bibliographique.

Avec des apprenants polymécaniciens Les futurs polymécaniciens, en dernière année de formation, sont ve-

Quelques commentaires des jeunes après la visite «C’est bien d’avoir une vision plus précise de ce que l’on peut trouver en médiathèque, car il y a bien plus que des livres.» «Je suis frappé par l’immensité de la Médiathèque. J’imaginais cela comme une bibliothèque, juste en un peu plus grand.» «Si je n’étais pas venu faire cette visite, j’aurais sûrement effectué toutes mes recherches sur internet.» «La présentation était très intéressante et utile.» «Ce qui m’a le plus impressionné, c’est le coffre de la Médiathèque avec le plus ancien traité culinaire en français et les cartes géographiques» (ndlr: www.mediatheque.ch > collections valaisannes > galerie des trésors de la Médiathèque Valais – Sion).

( Résonances - Décembre 2007

La découverte des lieux a permis un retour sur l’histoire du bâtiment de la rue des Vergers, autrefois Banque cantonale du Valais, un arrêt sur la bibliographie valaisanne, une présentation plus générale avec une explication sur l’utilisation du catalogue en ligne, la compatibilité de la carte bibliopass et la gestion du dossier de lecteur. Un temps a ensuite été consacré à l’information sur l’organisation du libre-accès à Pratifori. Au terme de ce parcours commenté, les jeunes ont pu chercher et emprunter des documents. Interrogés sur la pertinence de la visite, Xavier, Gilles et Thomas, trois des apprenants de la classe, expliquent l’avoir trouvée très intéressante, d’autant plus qu’ils n’imaginaient pas qu’il y avait autant de choses à découvrir. L’un des trois fréquente régulièrement la Médiathèque de Sierre, mais a cependant apprécié ce tour du propriétaire. Chercheront-ils des documents pour leur travail à rendre en culture générale? Pour l’un d’entre eux cela semble difficile, vu qu’il a choisi de traiter la question du téléchargement sur internet, mais les deux autres, qui aborderont le réchauffement climatique et les dangers de la consommation de l’alcool, pensent que oui. Jean-Romain Varone estime important de les emmener à la découverte des médiathèques, sachant que seuls ils ne viendraient pas. Quant à Frédéric Sarbach, bibliothécaire et accompagnateur de cette visite, il trouve agréable de pouvoir prendre le temps de l’explication, comme ce fut le cas avec ce groupe.

39


Revue

Cartables lourds

Les écoliers genevois s’en sortent bien Les élèves portent des charges en moyenne de 3 kg au primaire et de 5 au secondaire. Bien moins que les 8 kg des ados français. A l’encontre des idées reçues, porter un sac – qui ne dépasse pas 10% à 15% du poids corporel – serait plutôt recommandé, car cela muscle le dos. Les douleurs de dos chez les enfants sont dues à une multitude d’autres facteurs, au sein desquels on ne peut isoler l’élément «sac». Tribune de Genève (12.10)

Outil ludique

Un guide pour accompagner les enfants au musée Etonner, comprendre, imaginer… les jeunes au musée, de Franziska Dürr et David Vouillaume, est le premier ouvrage du genre, un outil didactique qui donne des pistes pour faire de la visite d’un musée, quel qu’il soit, un moment intergénérationnel pendant lequel chaque participant peut y trouver son compte. Le livre est disponible dans les librairies et les différents musées. Le Quotidien Jurassien (25.10)

Education

Facile à comprendre Trois linguistes fribourgeois, Raphaël Berthele, Martin Müller et Lukas Wertenschlag, ont été primés pour le développement d’une méthode permettant de décoder rapidement le suisse allemand. Sans devoir apprendre à le parler. Les trois chercheurs espèrent publier leur méthode, un livre et des supports multimédias, au printemps prochain. 24 Heures (27-28.10)

40

Enseignement de l’histoire

Maîtres de dessin, diction et gym se fâchent

Casse-tête pour les profs

Le DIP genevois envisage de les faire enseigner dix heures de plus par semaine. Cette volonté s’inscrit dans la réforme du cahier des charges des professeurs du secondaire. Sa version de septembre a fâché les maîtres, car il y est précisé que ces disciplines sont considérées comme des cours sans préparation ni correction à domicile. Tribune de Genève (27-28.10)

Vaud

L’école vaudoise se passera du tronc commun Le Grand Conseil a refusé d’étudier défauts et avantages de la voie unique. En revanche, il a accepté un postulat favorable au partage du secondaire en deux filières de formation. L’apaisement de ces dernières années, grâce à un compromis désamorçant les disputes autour des notes, semble en sursis. Même si tout le monde, de gauche à droite, veut «la meilleure école possible pour le plus grand nombre». C’est quand il s’agit de définir ce qu’est une «bonne école» que les avis divergent. (Le Temps 31.10)

Troubles de l’apprentissage

Détection des pathologies En France, la détection des pathologies comme la dyslexie ou la dysphasie facilite la prise en charge adéquate des enfants. Ces troubles sont souvent un obstacle aux apprentissages scolaires, mais ne signifient en rien que les enfants qui en souffrent sont moins intelligents que les autres. Certains, comme la dysphasie, peuvent être dépistés assez tôt, à partir de 3 ans, par le pédiatre. Pour les troubles les plus légers, les parents peuvent s’adresser à l’école afin d’obtenir la mise en place d’un projet d’accueil individualisé. Le Monde (31.10)

L’école en Guinée Schwiizerdütsch

(

D ’un numéro à l’autre

de presse

Les habitants de Moribaya, à 50 km de Conakry, ont uni leurs forces pour construire une école pour leurs enfants - une des écoles surnommées «entrepôts» où filles et garçons de Guinée peuvent obtenir une éducation élémentaire. L’UNICEF et le Gouvernement d’Etat appuient ces efforts. Les femmes de Moribaya ont créé une coopérative pour soutenir l’école. Chaque jour, elles cultivent la terre et vendent au marché les légumes récoltés. Elles utilisent une partie de leurs gains pour payer les frais de scolarité de leurs enfants. «Nous faisons ce travail pénible parce que nous ne savons pas ce que nous pourrions faire d’autre pour gagner de l’argent», affirme une des mères. De son côté, le Ministère de l’éducation nomme des enseignants dûment qualifiés. @ Unicef (29.10)

Les cantons ambitionnent de choisir un manuel d’histoire pour l’ensemble de la Suisse romande. En attendant, les professeurs confectionnent leurs cours à partir d’Internet et de photocopies. La tendance est à l’achat d’un livre français ou belge et à l’adapter au marché suisse. (Le Temps 31.10)

Elèves en difficulté

La communauté portugaise montrée du doigt C’est un fait: considérés globalement, les résultats scolaires des élèves portugais établis en Suisse sont parmi les plus faibles du pays. Ceux-ci sont aussi surreprésentés dans les classes spécialisées. Mais à qui la faute? A en croire un document de la Conférence suisse des directeurs cantonaux de l’instruction publique (CDIP), le problème principal, c’est la communauté ellemême dont les membres sont «généralement d’une origine socioculturelle très modeste». Une explication que des élus du Conseil des communautés portugaises (CCP) trouvent un peu courte. Le Courrier (31.10)

Enquête

La Suisse à la traîne en matière de libertés éducatives Les libertés éducatives font débat dans la plupart des pays occidentaux: pouvoir choisir l’école de son enfant, avoir le droit de créer des écoles non gouvernementales et de lancer des projets pédagogiques

Résonances - Décembre 2007

)


innovants, ou obtenir la gratuité de la scolarité, y compris dans le privé, sont des revendications récurrentes, plus ou moins bien accueillies par les gouvernements concernés. Le nord de l’Europe y est pionnier. Et la Suisse? Elle se trouve en bas du tableau. (Le Temps 2.11)

Technologie

Soutien à la formation universitaire à distance Les errances de l’étudiant condamné à quémander à ses camarades les notes d’un cours qu’il n’a pu suivre appartiendront bientôt à la préhistoire. La HES-SO présentait à Fribourg les différents projets de ses professeurs soutenus par son centre de formation à distance Cyberlearn, une plateforme qui offre aides techniques et formations aux enseignants intéressés. Les enseignements dans le domaine social, par exemple, sont répartis entre Genève, Lausanne, Sierre et Fribourg. Avec les accords de Bologne, dont un des objectifs est de favoriser l’autonomie des étudiants, le taux de présentiel se réduira de 20% ces prochaines années, selon les prévisions. (Le Temps 2.11)

Méthode Montessori

Une école privée aux Neyres Une alternative à l’école publique ouvrira ses portes le 7 janvier aux Neyres avec une classe destinée aux 3 à 6 ans. Dix bambins au minimum y passeront quatre jours par semaine, les lundis, mardis, jeudis et vendredis. Un vendredi sur deux sera consacré aux animations culturelles, sportives et ludiques. La prestation sera étendue aux 6 à 12 ans en septembre 2008. L’école des Neyres sera la seule en Valais à pratiquer cette méthode à temps plein. Le Nouvelliste (3.11)

Championnat romand

L’art du débat Une centaine d’élèves fribourgeois, vaudois, genevois et neuchâtelois ont participé au premier championnat romand du débat. La relève, dans l’art de la rhétorique, s’annonce pour le moins très sérieuse. La Jeunesse débat est un projet qui est né en Allemagne, son but est de permettre au plus grand nombre possible d’élèves du degré secondaire de toute la Suisse d’apprendre à débattre et de prendre goût à l’échange d’opinions. Les élèves apprennent donc en classe à améliorer leur expression orale, à communiquer avec autrui – notamment à réagir à ce que dit l’autre, à attendre sa réaction, à apprendre à écouter et à répondre. La Liberté (3.11)

La Sanction

Salle de renvoi A l’école genevoise Aimée-Stitelmann, la sanction devient leçon de vie. Créée au printemps 2006, cette classe, dite Salle de renvoi, accueille chaque jour des élèves renvoyés par leur professeur ou devant rattraper un travail. Mais ce n’est pas un professeur de piquet qui fait du «gardiennage» mais un partenariat entre l’enseignant, l’élève, la direction et le surveillant de la salle. Après un an et demi, le bilan est plus qu’encourageant. Selon la direction, à l’école de commerce Aimée-Stitelmann on ne déplore quasi aucun tag ni déprédation. On relève un faible taux d’échec et un plus grand respect dans les classes, grâce au dialogue. Tribune de Genève (5.11)

Apprentissage

A l’heure des devoirs Contrairement aux apparences, la capacité à gérer plusieurs tâches simultanément est moins grande chez un adolescent que chez un adulte. Bon à savoir à l’heure des devoirs. La région du cerveau concernée par le «multitasking», le cortex frontopolaire, est aussi celle qui mature le plus tardivement chez l’adolescent. En d’autres termes, ce n’est pas parce que les jeunes sont particulièrement zappeurs qu’ils maîtrisent mieux le multitasking, au contraire. Les enfants qui font leurs devoirs en jouant et en regardant la télé compromettent leur avenir. Le Temps (5.11)

TIC

Maîtrise de la langue, des mathématiques au primaire Faciliter l’expérimentation des technologies de l’information et de la communication (TIC) dans le système scolaire, (mathématiques, lecture, écriture), c’est l’objectif visé par le projet «Recherche collaborative sur l’intégration des TIC dans les apprentissages de base à l’école élémentaire au Sénégal». Une initiative co-pilotée par l’Observatoire des réformes en éducation (ORE) basé au Canada, l’Institut national d’étude et d’action pour le développement de l’éducation (INEADE) et le ministère de l’Education. S’inscrivant dans une démarche

( Résonances - Décembre 2007

collaborative de recherche, le projet ORE/INEADE basé sur l’introduction des TIC dans les apprentissages de base, se veut un support innovant dont la finalité est d’améliorer la qualité des apprentissages. Le Soleil (Dakar) (7.11)

L’enseignement du français

Une priorité absolue Le ministre français de l’Education nationale Xavier Darcos se donne pour objectif dans son «document d’orientation» pour l’école primaire de «diviser par trois l’échec des élèves en situation d’échec scolaire lourd». Le document envisage notamment le renforcement de l’évaluation (élèves, écoles, enseignants), la diminution du taux de redoublement (de 18% aujourd’hui à une proportion «inférieure à 10%»), une meilleure «distinction» entre transmission des savoirs et activités d’accompagnement, avec le souci de diminuer les «sollicitations» qui «empiètent beaucoup trop sur le temps qui doit être consacré aux savoirs fondamentaux». Le Nouvel Obs (10.11)

Enseignement spécialisé

A l’école avec les autres Dès 2008, l’enseignement spécialisé passe en mains cantonales. Conséquences: le renforcement de l’intégration scolaire pour ces enfants que l’on nomme pudiquement différents. Afin de coordonner leur démarche en la matière, les directeurs cantonaux de l’instruction publique (CDIP) ont élaboré un accord de collaboration qui permettra – après les trois ans de période transitoire prévus par le Parlement fédéral – de créer un cadre national pour les enfants ayant des besoins éducatifs spécifiques. Migros Magazine (12.11)

41


Patrice Vernier

(

R ien ne sert de courir,

CRPE

il faut investir à temps…

Tel est le fil rouge conducteur de la Caisse dans son approche de sa gestion de fortunes. Pareille devise, fortement influencée par une morale de La Fontaine, est garante d’une bonne planification à long terme et par conséquent de bons résultats dans le futur. Elle permet également de maîtriser toute l’émotion qui guide l’investisseur et qui, généralement, le perturbe dans sa prise de décision. Une étude récente révélait que les constitutions de portefeuilles sous-estimaient les biais irrationnels des gérants. En faisant preuve de discipline, de patience et de jugement, la Caisse reste persuadée qu’elle continuera à éviter les pièges liés à l’émotionnel de l’investisseur. La théorie du rendement moyen projeté, vous connaissez? C’est pourtant sur elle que les gérants s’appuient pour dresser le porte-

feuille de leurs caisses. Sa thèse de base est simple: il s’agit d’identifier le rendement optimal pour la caisse en fonction du niveau de risque que celle-ci est prête à accepter.

Ce niveau de risque est non seulement déterminé par la structure de la Caisse, sa démographie, ses engagements et ses perspectives d’évolution, mais aussi par la capacité subjective des gérants à assumer du risque.

C’est un modèle qui a reçu beaucoup de mérite dans les années 60 à 90, mais un modèle qui a pourtant également ses faiblesses; en effet, dans l’hypothèse où tous les gérants auraient les mêmes contraintes, ils devraient, selon cette théorie, tous adopter le même comportement et détenir des portefeuilles similaires. Or, il est bien évident que ce n’est pas le cas. Un tel sera plus optimiste, un tel aura davantage tendance à se montrer prudent, un autre encore essayera de prendre un peu de risque, mais à la première baisse des marchés, vendra dans la précipitation. Les comportements resteraient donc a priori fort différents. En est-il vraiment ainsi? Un célèbre académicien, spécialiste dans l’analyse des comportements des investisseurs, et qui accorde une place importante dans ses modèles de jugement aux biais irrationnels des gérants, a remarqué que parmi les gérants américains de caisse de retraite «l’insatisfaction que procure une perte est deux fois plus importante que le plaisir découlant d’un gain». Il a cherché à mesurer ce biais de façon quantitative.

Aversion aux pertes La méthode? Des questionnaires adressés aux gérants de caisse afin de déterminer l’importance de leurs bais. Les plus fréquents sont associés au caractère de certains événements. «Le public surestime l’importance des faits inattendus alors qu’il sous-estime celle des événements prévus». Autre décalage typique de l’investisseur émotif par rapport à un comportement rationnel typique:

42

Résonances - Décembre 2007

)


sa recherche de gains substantiels même si la probabilité de les obtenir est faible, et son aversion des pertes importantes, même si elles ne sont que peu probables. «C’est pour cette raison que les gens achètent des billets de loterie d’une part, et des instruments dérivés leur assurant des protections contre les baisses d’autre part». Inutile d’évoquer aussi les effets de mode et fascinations par les nouveautés pour fragiliser encore l’investisseur moyen et l’éloigner d’une discipline dont il devrait faire preuve tout au long de ses investissements. Il faudrait se méfier également de toute promesse utopique ou mirobolante. On promet des produits avec garantie du capital, mais on ne vous dit pas complètement ce que cette garantie vous coûte. La technologie financière moderne permet

de mettre en place des concepts sur mesure. Mais gare à vous si, pour une raison ou une autre, vous deviez vendre ce produit avant son échéance.

Des comportements finalement pas si différents que ça… Les analystes financiers, les économistes et les spécialistes bancaires de politique de placement témoignent finalement que les investisseurs réagissent généralement de façon assez grégaire. Pour s’en convaincre, il suffit d’examiner le graphique ci-joint. Qui ne s’identifie pas avec ces commentaires? On ne peut blâmer ces réactions, elles sont sans doute liées à la nature humaine. Mais pareil comportement est un comportement orienté sur du court-moyen terme. Les gérants de

caisse de retraite ne doivent pas oublier que leurs portefeuilles doivent être gérés dans une optique de long terme. Cette orientation est encore plus vraie pour des caisses publiques. L’avantage d’une gestion à long terme réside justement dans sa capacité à pouvoir faire abstraction des pièges émotionnels liés à des événements du court terme. Certes, si les marchés baissent, le portefeuille en pâtira également, mais il s’en remettra, et il s’en remettra tant et aussi longtemps que notre société créera de la richesse. Dès lors, soyons confiants. Avec une allocation des actifs bien diversifiée et une judicieuse répartition des catégories de placement, la Caisse est prête à faire la sourde oreille à toutes ces émotions malveillantes et à piloter son portefeuille en gardant le cap sur l’horizon…

En raccourci Gymnasium helveticum

Le défi des standards Dans la dernière édition de Gymnasium helveticum, il est question de transparence du système de formation, de standards de formation et de pilotage des écoles. A signaler aussi un article relatant le premier congrès national des Associations cantonales organisé par Marcel Bayard et Marylène Volpi Fournier, président et viceprésidente de l’Association valaisanne des professeurs de l’enseignement secondaire II, à Brigue. www.vsg-sspes.ch Pédagogie spécialisée

Satisfaction du SER C’est avec une très grande satisfaction que le SER salue l’accord intercantonal sur la collaboration dans le domaine de la pédagogie spécialisée signé par les membres de la Conférence suisse des directeurs cantonaux de l’instruction publique (CDIP) les 25 et 26 octobre derniers. Le Syndicat des enseignants romands estime que cet accord était indispensable dans le cadre de la réforme financière et de la RPT. Cet accord devra tout d’abord être ratifié par les parlements cantonaux, lesquels parlements devront ensuite lui accorder les moyens nécessaires, faute de quoi cette opération pourrait s’avérer dommageable, tant pour les élèves ayant des besoins particuliers que pour ceux de l’école dite ordinaire. Le SER veillera par conséquent à ce que,

( Résonances - Décembre 2007

dans chaque canton, les ressources nécessaires soient allouées au secteur spécialisé pour la meilleure mise en œuvre possible des termes de l’accord, et à ce que dans toute la Romandie les écoles du secteur ordinaire soient équipées de moyens suffisants pour assumer leurs responsabilités d’intégration. www.le-ser.ch Le Monde de l’éducation

Travailler moins pour apprendre mieux Peut-on faire réussir les élèves avec moins d’heures? En se référant aux statistiques internationales, le Monde de l’éducation, dans son édition de novembre 2007, répond à cette question par l’affirmative. Reste que le message des acteurs éducatifs est aussi de dire que réduire la quantité, ce n’est pas forcément augmenter la qualité. Le Bondy Blog, initiative de journalistes suisses, avec son ouverture à la pédagogie, fait l’objet d’un article très intéressant. A lire également l’interview de Daniel Pennac dans ce numéro, dans l’attente ou après lecture de son dernier livre intitulé Chagrin d’école, qui relate son parcours de cancre devenu professeur et écrivain. www.lemonde.fr/mde

43


(

L es compétences de base

Le chiffre du mois

des adultes en Suisse

SFT

En Suisse, quelles sont les compétences de base des 16-65 ans en littératie et numératie selon le niveau de formation?

L’enquête internationale Adult Litteracy and Lifeskills Survey1 (ALL) mesure les compétences de base des adultes (16 à 65 ans) dans trois domaines: littératie (textes suivis et textes schématiques), numératie et résolution de problèmes. A l’instar de PISA, les résultats obtenus par la population interrogée (5120 personnes réparties entre la Suisse allemande, la Suisse romande et la Suisse italienne) sont regroupés en 5 niveaux de compétences, du plus faible (niveau 1) au plus élevé (niveau 5) selon le détail ci-dessous. Une telle enquête porte un éclai-

rage sur la réalité de l’illettrisme dans la population adulte, même formée. Le croisement des résultats obtenus ainsi classifiés avec le niveau de formation des répondants renforce l’hypothèse que de façon générale, les compétences de base sont mieux maîtrisées par les personnes les plus formées: ainsi, plus de 30% des répondants ayant achevé une haute école se situent dans le niveaux de compétences 4 et 5 en littératie et plus de 40% pour la numératie. Les titulaires d’un diplôme du secondaire II général sont toutefois près d’un quart à atteindre ce niveau en littératie, égalant voire dépassant les résultats des personnes au bénéfice d’une formation professionnelle supérieure. La catégorie la moins formée (cursus scolaire de 9

ans au moins non couronné d’un certificat du secondaire II) se retrouve plus fréquemment dans les niveaux inférieurs de compétences: près de 70% ne maîtrisent pas l’information figurant dans des textes suivis un peu longs et complexes et 62% dans des textes schématiques (niveau 3 de l’échelle de compétences). Un faible niveau de maîtrise de la lecture et des différentes notions mathématiques, voire de la résolution de problèmes représente non seulement d’handicap dans la vie quotidienne, mais aussi un facteur de risque sur le marché du travail (chômage, bas niveau de rémunération…). Les bases à partir desquelles se construiront d’autres savoirs sont aussi plus fragiles, limitant les possibilités d’entreprendre des formations continues.

Caractérisation simplifiée des difficultés des tâches de littératie et de numératie Niveaux et scores

Littératie de textes suivis et de textes schématiques

Numératie

Niveau 1 0-225 points

Repérer une information unique, dans un texte suivi court ou dans un texte schématique simple.

Faire une opération arithmétique simple, un classement, une mesure ou un dénombrement.

Niveau 2 226-275 points

Repérer une information unique, dans un texte court ou un tableau (ou graphique) simple comprenant quelques distracteurs2. Relier et/ou comparer quelques informations éparses faciles à trouver.

Comprendre les notions mathématiques rudimentaires. Effectuer des calculs avec des % ou des fractions en écartant les distracteurs. Interpréter un graphique.

Niveau 3 276-325 points

Trier et relier plusieurs éléments d’informations à repérer dans un texte suivi assez long ou plusieurs textes schématiques. Faire une déduction simple. Ecarter de nombreux distracteurs. Rédiger une réponse.

Comprendre diverses formes d’informations mathématiques. Interpréter des proportions ou des statistiques insérées dans des textes parsemés de distracteurs. Effectuer des opérations par itération.

Niveaux 4 et 5 326-500 points

Faire une interprétation correcte d’un texte suivi long et difficile ou de l’examen conjoint de plusieurs textes schématiques compliqués. Faire des déductions de conditions multiples. Tirer parti de connaissances spécialisées. Rédiger plusieurs réponses.

Comprendre des informations mathématiques abstraites enchâssées dans des textes complexes. Effectuer par itération des opérations compliquées. Appliquer des formules. Donner des justifications fondées mathématiquement.

Source: «Compétences, formation et marché du travail en Suisse3», OFS, Neuchâtel, 2007, p. 9.

44

Résonances - Décembre 2007

)


Notes

Littératie de textes suivis Répartition de la population suisse interrogée dans le cadre de l’enquête ALL (16-65 ans) par niveau atteint (en %)

* Au maximum 9 ans de scolarité

1

Enquête réalisée en 2003 par l’Office fédéral de la statistique, en collaboration avec le Centre de compétences en évaluation des formations et des acquis à l’Université de Zurich.

2

Les distracteurs sont des informations qui ont toutes les apparences de la pertinence mais qui ne répondent pas à la question. Plus ils sont nombreux et proches de la véritable information à repérer, plus ils rendent la tâche malaisée.

3

Publication disponible sur le site de l’OFS www.bfs.admin.ch/bfs/all/fr/ index/home.html > nouvelle publication.

En raccourci Littératie de textes schématiques

Lutte contre l’illettrisme Répartition de la population suisse interrogée dans le cadre de l’enquête ALL (16-65 ans) par niveau atteint (en %)

* Au maximum 9 ans de scolarité

Numératie Répartition de la population suisse interrogée dans le cadre de l’enquête ALL (16-65 ans) par niveau atteint (en %)

* Au maximum 9 ans de scolarité

( Résonances - Décembre 2007

Leçons du colloque national La lutte contre l’illettrisme ne se justifie pas seulement par des motifs individuels d’accès à la culture. La lutte contre l’illettrisme est indispensable aussi pour des raisons économiques. Les coûts sociaux de l’illettrisme (chômage, manque à gagner au niveau des recettes fiscales,) s’élèvent à 1 milliard de francs par année en Suisse. Le colloque national consacré à l’illettrisme, qui s’est tenu à Berne le 23 octobre, permet de tirer des pistes pour l’avenir: encouragement aux entreprises à investir dans la formation du personnel faiblement qualifié, maintien des mesures de prévention existantes, sensibilisation du grand public et des politiques, mise à profit des nouvelles bases légales (loi sur l’encouragement à la culture et loi sur la formation continue) pour fonder des actions. Le colloque a été suivi par près de cent personnes, en premier lieu des responsables des institutions actives dans la prévention et la lutte contre l’illettrisme. www.news.admin.ch www.lesenlireleggere.ch

45


La qualité en éducation De plus en plus utilisée pour évaluer le rapport de conformité entre mandat, normes et standards, d’une part, et la réalité de l’interaction formatrice, d’autre part, la qualité devient aussi un moyen de juger la performance d’un système, de le piloter et de contrôler si l’école remplit son contrat de prestation. Que faut-il rassembler comme données pour rendre compte de son efficacité, de son efficience et de son équité? Est-il possible de mettre en œuvre les innovations et les réformes sans l’appui des enseignants et des formateurs, avec leur qualité professionnelle? Les auteurs concluent qu’il faut penser l’éducation et la formation comme un continuum. Leurs approches de la qualité sont différentes et originales: elles se situent à différents niveaux, tiennent compte du développement cognitif des apprenants, à l’école comme dans la formation tout au long de la vie; elles soulignent l’indispensable construction de sens. «Si, pour la scolarité obligatoire, la qualité et son évaluation se situent d’abord dans le pilotage par les résultats du système, et plus particuliè-

rement des établissements, dans la formation professionnelle des entreprises, elles se caractérisent par des démarches plus managériales d’assurance qualité, pour revenir enfin, dans une logique d’apprentissage tout au long de la vie, à une articulation entre les partenaires des trajectoires de formation, à commencer par l’apprenant lui-même. La qualité de la formation ne peut donc pas être conçue indépendamment des apprenants ni des ensei-

L a rubrique carte blanche Pour rappel, la carte blanche est une rubrique libre qui vous est ouverte, à vous enseignants de tous les degrés de la scolarité (de l’enfantine au secondaire II), pour que vous puissiez raconter la vie de votre classe, vous exprimer sur un sujet en lien avec l’actualité pédagogique, ouvrir un débat, parler d’une activité enthousiasmante que vous avez menée en classe ou laisser la parole, le crayon ou le clavier à vos élèves. A vous de modeler la rubrique à votre guise, sous la forme d’un coup de cœur ou d’un coup de gueule. Les seules contraintes sont liées à la longueur des textes envoyés. Si vous souhaitez réserver cet espace pour un prochain numéro, contactez la rédaction (tél. 027 606 41 59, nadia.revaz@admin.vs.ch).

46

lication

(

D ernières parutions

Pu b

IRDP

gnants ou formateurs, qui, comme en témoignent les expériences en formation professionnelle, résistent à un modèle gestionnaire d’assurance qualité, car les intérêts des acteurs directement concernés ne sont en accord ni avec ceux des institutions ni avec ceux des mandants. En effet, même si certaines administrations scolaires le tentent, il serait naïf d’envisager la qualité éducative indépendamment du développement cognitif des jeunes et la formation sans tenir compte de l’indispensable construction de sens. Il serait tout aussi réducteur de mettre en place des innovations et des réformes, sans l’appui de ceux qui les mettront en œuvre: les enseignants et les formateurs, avec leur professionnalisme. Tout porte à croire que la qualité, sa définition et son évaluation sont appelées à dépasser la seule dimension de l’administration et du pilotage et qu’il y aura, malgré un souci constant d’efficience, un retour forcé à la boîte noire pédagogique.» Sous la direction de Matthis Behrens. La qualité en éducation: pour réfléchir à la formation de demain. Québec: Presses de l’Université du Québec, 2007. L’ouvrage est disponible au prix de CHF 34.-. Commandes: documentation@irdp.ch.

Connaissance, théorie de l’information et hypertextes Luc-Olivier Pochon & Alain Favre. Connaissance, théorie de l’information et hypertextes: histoire d’une lecture sélective. Neuchâtel: IRDP, 2007. http://publications.irdp.relation.ch/ ftp/1194875707071001.pdf Cette publication est disponible au prix de CHF 10.-. Commandes: documentation@irdp.ch.

Résonances - Décembre 2007

)


B D PAX: Savoir vivre ensemble à l’école Pax! Vivre ensemble à l’école est une bande dessinée qui vise à lutter contre la violence en milieu scolaire, au primaire plus particulièrement. Constatant un manque d’information et de communication sur ce thème, la Jeune Chambre Economique de Genève s’est associée à des experts (enseignants, psychologues, sociologues…) et à des artistes pour réaliser cette bande dessinée ludique à vocation pédagogique. Le 21 septembre 2006, 15’000 exemplaires ont été distribués aux élèves genevois (de la 4e à la 6e primaire). La Fédération valaisanne des Jeunes Chambres Economiques, regroupant les OLM’s (organisations locales de membres) de Brigue, Sierre, Crans-Montana, Sion, Martigny et du Chablais, a trouvé le projet intéressant et a souhaité en faire bénéficier les élèves valaisans. Avec l’accord du Département de l’éducation, de la culture et du sport (DECS), elle a pu distribuer un exemplaire à tous les élèves de 5P et de 6P, à l’occasion de la Journée des droits de l’enfant fêtée le 20 novembre (un vernissage a été organisé à Grimisuat, en présence de représentants du DECS). Pour la diffusion en Valais, le texte a dû être traduit en allemand, ce qui ouvre à de nouveaux projets de distribution, sachant que la BD PAX poursuit sa route sur le chemin des écoliers, en Suisse et à l’étranger. La bande dessinée réunit onze artistes romands (Peggy Adam, Albertine et Germano Zullo, Alex Baladi, Frédéric Bott, Ambroise Héritier, Jean-Philippe Kalonji et Audrey Lhomme (coloriste), Guillaume Long, Frederik Peeters, Nicolas Re-

( Résonances - Décembre 2007

des activités de réflexion sur l’histoire, des questionnements, des activités ludiques).

bel, Tom Tirabosco, Pierre Wazem) qui racontent chacun sur 4 pages une situation de violence en milieu scolaire. Ces scènes décrites sont accompagnées d’un support pédagogique interactif intégré (avec

Le but de cette BD est d’instaurer un climat de respect, de confiance et de sécurité à l’école. Les situations concrètes évoquées (incivilités, racisme, discrimination, racket…) permettent de présenter quelques moyens pour lutter contre la violence à l’école, à savoir le partenariat local (par exemple collaboration avec des partenaires extérieurs à l’école), la prévention (promotion du respect), sanctions (respect des règles), la médiation (par les adultes, par les pairs) ou la participation (conseils de classe et d’établissements). De quoi permettre aux élèves et aux enseignants de trouver des pistes pour mieux vivre ensemble et de clarifier les règles de l’école.

J ean-Daniel Métrailler, nouvel inspecteur En séance du 14 novembre 2007, le Conseil d’Etat a nommé Jean-Daniel Métrailler au poste d’inspecteur de la scolarité obligatoire pour la région de Martigny, en remplacement de Marie-Madeleine Luy, qui enseigne désormais à la HEP à St-Maurice. Marié et père de trois enfants, né le 10 juin 1953, Jean-Daniel Métrailler est domicilié et enseignant primaire à St-Léonard. Outre sa longue expérience d’enseignant dans les divers degrés de la scolarité primaire, M. Métrailler, au bénéfice d’une formation complémentaire complète suivie auprès du CRED à Sierre, s’est largement fait connaître des milieux enseignants par ses compétences particulièrement aiguisées en matière d’informatique à l’école.

47


Primaire: infos relatives aux examens cantonaux 2008 Dates: lundi 9 et mardi 10 juin 2008.

Orthographe: L’orthographe est évaluée en situation dans certaines parties de l’examen.

Les examens de français et de mathématiques de fin d’année 2008 ne testeront que les objectifs du fundamentum. Des informations plus précises sur les modalités de passation et d’organisation de ces épreuves vous seront communiquées au printemps 2008.

Français Les examens de fin d’année ont été rédigés dans le respect des directives relatives au livret scolaire des degrés primaires et de la déclaration du Service de l’enseignement (août 2006) qui précisent les composantes de la note de français: «La

Mathématiques note de français est formée de deux composantes: 50% concernant la communication (compréhension et expression) et 50% la structuration (technique de lecture, grammaire, conjugaison…).» Expression écrite: Les genres de textes retenus sont développés dans le moyen romand «S’exprimer en français». Pour l’expression écrite, deux thèmes sont proposés. Un seul de ces thèmes sera retenu pour l’épreuve annuelle.

Degré 4P Temps de passation des épreuves: 100 min. L’examen comprend 2 parties testant les objectifs de l’année. Le calcul mental est intégré à l’épreuve générale. Moyens de référence: Aucun Le matériel Polydron doit être à la disposition des élèves. Degré 6P Temps de passation des épreuves: 125 min.

Français: degré 4P

Français: degré 6P

Thèmes retenus pour l’expression Narrer: Le récit d’aventure Argumenter: La réponse au courrier des lecteurs

Thèmes retenus pour l’expression Narrer: Le conte Transmettre des savoirs: L’exposé écrit

Temps de passation des épreuves: 165 min. Compréhension de l’écrit Expression écrite Structuration

Temps de passation des épreuves: 190 min. Compréhension de l’écrit Expression écrite Structuration

Seuls ces ouvrages de références sont à disposition des élèves durant les épreuves: memento dictionnaire tableaux de conjugaison (Bescherelle...)

Seuls ces ouvrages de références sont à disposition des élèves durant les épreuves: memento dictionnaire tableaux de conjugaison (Bescherelle…)

Les moyens de référence sont à disposition des élèves pour les épreuves suivantes: compréhension de l’écrit expression écrite structuration (1re partie)

Les moyens de référence sont à disposition des élèves pour les épreuves suivantes: compréhension de l’écrit expression écrite structuration (1re partie)

Pour la 2e partie de la structuration, les élèves ne disposent d’aucun moyen de référence.

Pour la 2e partie de la structuration, les élèves ne disposent d’aucun moyen de référence.

48

Résonances - Décembre 2007

)


L’examen comprend 3 parties testant les objectifs de l’année dont une de calcul mental. Moyens de référence: Aide-mémoire mathématique.

Nature de l’épreuve Il ne s’agit pas d’une épreuve au sens habituel du terme, mais d’une séquence d’enseignement intégrant des évaluations.

Connaissance de l’environnement

Epreuve de «référence» Pour cette séquence avec évaluation intégrée, le mot «référence» signifie que les activités ont été construites en fonction du Cadre de référence 1-3P (2006). Cette séquence n’est pas destinée à établir des comparaisons au niveau cantonal, mais à montrer ce que l’on peut attendre d’élèves de 2P et comment on peut l’évaluer.

(géographie, histoire, sciences) Degré 2P – L’épreuve sera proposée aux enseignant-e-s au printemps 2008. Classes concernées Cette épreuve ne s’adresse qu’aux élèves qui ont travaillé dans la perspective du Guide Corome et du Cadre de référence 1-3P (2006).

Qu’est-ce qui est évalué? Dans l’ensemble, il s’agit de cerner

le raisonnement et la compréhension des phénomènes naturels (avenue sciences) et sociaux (avenue histoire et géographie). Ici, l’évaluation portera avant tout sur des capacités transversales et sur l’utilisation d’outils (expérimenter, faire des hypothèses, se questionner…; maquette, terrain…). Temps nécessaire Chaque séquence est prévue pour être menée durant deux semaines (4x45’). Une séquence est orientée sur l’avenue sciences, une autre sur l’avenue géographie et une troisième sur l’avenue histoire. A l’usage exclusif de l’enseignant, les séquences peuvent être menées à n’importe quel moment.

C O: infos relatives aux examens cantonaux 2008 Dates: du 2 au 13 juin 2008: allemand: expression orale lundi 9 et mardi 10 juin 2008: examens écrits jeudi 12 juin 2008: français et allemand: compréhension de l’oral

Cependant, la compétence écrite de langue communication retenue (l’expression écrite) doit être considérée comme une dominante qui n’exclut pas la présence de l’autre compétence (la compréhension de l’écrit): un court texte écrit peut faire l’objet de questions de compréhension et servir de base à la structuration et/ou à l’expression écrite.

Genres de texte retenus Les épreuves de Français 2008 porteront sur les objectifs spécifiques du Programme Provisoire 2003 qui font ) et l’objet d’un apprentissage ( d’une mobilisation en situation ( ). Les épreuves de Français 2008 porteront sur les compétences et sur l’un et/ou l’autre des types/rubriques et genres de texte annoncés ci-dessous.

Français 2CO Pour permettre la mise en place d’une alternance, les compétences orales et écrites des élèves seront évaluées selon le modèle suivant:

Français 2S/NI

Français 2G/NII

Compétence dominante: expression écrite

ÉCRITS

- Narrer et relater: la lettre narrative - Décrire: le portrait physique Compétence supplétive: compréhension de l’écrit

2CO et 3CO Compréhension de l’oral Structuration Expression écrite

50 min. 20 pts 50 min. 25 pts 75 min. 35 pts 175 min. 80 pts

( Résonances - Décembre 2007

- Le texte narratif: le récit [de vie]1 - Le texte explicatif: l’article de presse ORAUX

Compétence: compréhension de l’oral - L’exposé oral

- Le texte lu à haute voix

49


3CO

Français 3S/NI

objectifs de communication précisés ci-dessous:

Français 3G/NII

Compétence dominante: expression écrite - Argumenter: la lettre argumentative - Narrer et relater: le récit [de vie]2

ÉCRITS

Compétence supplétive: compréhension de l’écrit - Le texte explicatif: l’article de presse - Le texte argumentatif: le point de vue Compétence: compréhension de l’oral

ORAUX

- Le texte lu à haute voix

- L’interview radiophonique

Remarque: les informations sur le déroulement des épreuves de Langue orale suivront.

environ et un Sprechen (10 minutes de préparation et 10 minutes de passation par élève).

Allemand

L’examen écrit se compose de 3 parties (Grammatik + Lesen + Schreiben) et se déroule sur 50 minutes.

Plan d’étude et matière 2CO niveau 1: Sowieso 2 / unités 5 à 14 niveau 2: Sowieso 2 / unités 1 à 8 3CO niveau 1: Sowieso 2 / unités 15 à 24 niveau 2: Sowieso 2 / unités 9 à 16 Organisation L’examen oral se déroulera en 2 phases: un Hören de 30 minutes

Annonce des thèmes oraux Le Sprechen de 2e année peut porter également sur des thèmes abordés en 1re année. Respectivement, le Sprechen de 3e année peut porter sur des thèmes abordés en 2e année. Ceci vaut pour les niveaux I et II. Les thèmes oraux 2008 pour les élèves de 2CO niveau II répondent aux

savoir présenter une personne: âge, origine, domicile, anniversaire, famille, apparence physique, activités pendant le temps libre et pendant la journée, activités passées (vacances par exemple), plan d’une journée, exprimer ses goûts (gefallen, gern haben, gut/schlecht finden); savoir poser des questions dans le but de connaître quelqu’un; savoir s’excuser; s’exprimer sur la télévision; exprimer ses désirs, des permissions, des interdictions, des possibilités (verbes de modalité). Pour la préparation de l’examen oral, l’utilisation du dictionnaire n’est pas autorisée, la prise de notes par contre, sur une feuille donnée par le professeur, est admise.

Mathématiques Comme les années précédentes, l’examen cantonal de mathématiques du CO comportera deux parties.

Allemand: structure de l’examen et pondération TOTAL 50 points

Oral: 30 points (60%) Hören: 15 points

Compétences réceptives

Sprechen: 15 points

- Saisir l’essentiel - Saisir ce qui est dit - Comprendre l’information

Ecrit: 20 points (40%) Lesen: 10 points

Schreiben: 10 points

- Tirer l’essentiel de l’accessoire - Résumer ou décoder un message

Compétences productives Bilder ou item

- Se faire comprendre - Demander des éclaircissements

- Ecrire un message - Rédiger un discours simple 6 points

Capacités de structuration

- Utilisation de structures complexes

- Structurer des phrases simples et complexes Ex. à choix multiple ou lacunaire-s 4 points

Connaissances culturelles

50

- Inclure quelques questions d’ordre général concernant le monde germanophone 1 ou 2 points en compréhension orale ou 1 à 3 points en expression orale

Résonances - Décembre 2007

)


Quelques rappels toutefois: Le temps total maximum réservé à cet examen reste à 125 minutes (50’ + 75’). Le plan d’études 2003 est en vigueur pour tous les degrés et niveaux du CO. Un ou deux exercices de recherche, intégrant en particulier la visée 1 de ce plan d’études (cf. p.6 du PEVS 03) seront présents dans l’épreuve. Un compte rendu de ces recherches sera demandé aux élèves. D’autre part, une partie permettra à l’élève le recours à l’aidemémoire comme moyen de réfé-

rence (et la calculatrice pour les 2CO). En principe, les épreuves seront ainsi présentées:

L’animation des mathématiques (MM. Hervé Schild et Michel Dorsaz) se tient à votre disposition pour tout complément d’information. Notes

2CO I / II: 1re partie 50 minutes (sans calculatrice, ni aide-mémoire) 2e partie 75 minutes (avec calculatrice et aide-mémoire) 3CO I / II: 1re partie 50 minutes (avec calculatrice, sans aide-mémoire) 2e partie 75 minutes (avec calculatrice et aide-mémoire)

1

N’étant pas retenu par le Programme provisoire 03 comme genre textuel à étudier, ce texte n’apparaît ici que comme le support de la partie Structuration des examens cantonaux 2008.

2

Le récit de vie n’étant pas retenu par le Programme provisoire 03 comme genre textuel à étudier en 3CO, il convient de préciser que la compétence attendue ici consiste à relater un souvenir. (Voir aussi le site Ornicar > Espace enseignement > Partage des ressources > Le récit de vie.)

En raccourci Réussite scolaire

Données et indicateurs romands

Compétences essentielles

En ligne sur le site de l’IRDP

Une note de l’IREDU (Institut de Recherche sur l’Education – CNRS/Université de Bourgogne) reprend les principales conclusions d’une recherche basée sur l’analyse des résultats des élèves aux évaluations nationales (Morlaix, Suchaut, 2007). Il en ressort clairement que les «activités systématiques qui génèrent des automatismes en orthographe et en calcul mental, sont nécessaires. Le fait que les élèves puissent mobiliser ces mécanismes et les rendre automatiques constitue certainement une aide majeure pour la réalisation de tâches variées de nature diverse.» http://netia59a.ac-lille.fr/siteia/ressources_peda/math/ docs/iredu.pdf

Les dossiers documentaires comparatifs, élaborés sur la base des informations contenues dans les documents officiels (programmes d’études, législation scolaire…) sont désormais accessibles sur le site internet de l’Institut de recherche et de documentation pédagogique (IRDP). Ces données peuvent être consultées de manière générale pour la Suisse romande et le Tessin et plus spécifiquement par canton. Il est également possible d’effectuer des recherches par matière en ce qui concerne les grilles horaires. www.irdp.ch > Publications > Données et indicateurs romands

( Résonances - Décembre 2007

51


2003/2004

N° 1 septembre N° 2 octobre N° 3 novembre N° 4 décembre N° 5 janvier N° 6 février N° 7 mars N° 8 avril N° 9 mai N° 10 juin

Le rapport au savoir Le niveau baisse: mythe ou réalité? Les tendances pédagogiques Le climat de l’école Les frontières de l’école La coopération Le secondaire II Revues en revue Enseignement du français La récré en action

2004/2005

N° 1 septembre N° 2 octobre N° 3 novembre N° 4 décembre N° 5 février N° 6 mars N° 7 avril N° 8 mai N° 9 juin

L’organisation de la classe 60 ans d’orientation Le vocabulaire Enseignant-e secondaire ICT: vers l’intégration Les coordinations Dialogue chercheurs-enseignants Sciences par l’expérience L’égalité des chances

2005/2006

N° 1 septembre N° 2 octobre N° 3 novembre N° 4 déc.-janvier N° 5 février N° 6 mars N° 7 avril N° 8 mai N° 9 juin

Piloter, motiver Argumenter Les enjeux de l’évaluation Transition école-apprentissage Effort/plaisir d’apprendre L’ennui à l’école D’une transition à l’autre Le mouvement à l’école L’économie à l’école

2006/2007

N° 1 septembre N° 2 octobre N° 3 novembre N° 4 déc.-janvier N° 5 février N° 6 mars N° 7 avril N° 8 mai N° 9 juin

Infos 2006-2007 Promouvoir la lecture Maturités et passerelles Génération zapping Les langues étrangères Enseignants technophobes/philes Projets pédagogiques 1/2 Projets pédagogiques 2/2 Harmonisations: état des lieux

La citation du mois

L es dossiers

« Celui qui aime à apprendre est bien près du savoir. Confucius

En raccourci Ressources pédagogiques

Un site pour le primaire Gomme et gribouillages est un site de ressources pour les enseignants de l’école primaire. Il contient des fiches et idées pour exploiter la presse en classe, des dossiers et mémoires sur la presse, des journaux scolaires et des liens vers d’autres sites. http://gommegribouillages.free.fr Cancres.com

Un site pour apprendre à réussir Cancres.com ou le site des cosmonautes du cerveau propose d’une part de rassurer sur l’échec scolaire en montrant des exemples de réussite professionnelle, mais propose aussi des stratégies d’aides à l’apprentissage et à la réussite (comment s’organiser?, pourquoi je suis lent?, se concentrer, réussir une dictée…) et de courtes vidéos pour comprendre les techniques de déblocage. Alain Sotto, psychologue et président de l’Association de recherche en neuropédagogie (ARN), et Varinia Oberto, écrivain et animatrice d’ateliers de théâtre et de créativité, sont à l’origine de ce projet visant à permettre aux cancres de ne plus l’être. Tous deux ont aussi écrit ensemble Dénouer l’échec scolaire (Desclée de Brouwer, 2004) et Aidez votre enfant à réussir (Hachette Education, 2006). www.cancres.com

2007/2008

FED

52

Rabais-anniversaire

N° 1 septembre N° 2 octobre N° 3 novembre

Infos 2007-2008 Ecole-Culture Regards croisés sur la différenciation

La Fondation éducation et développement fête ses dix ans d’éducation dans une perspective globale. A cette occasion, elle offre jusqu’à fin 2007 un rabais de 10% sur les 400 articles de son catalogue consultable en ligne. www.globaleducation.ch

Résonances - Décembre 2007

)


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.