I.E FOYER ET LES CHAMPS
ÉCONOMIE DOMESTIQUE Pout' dount>r du brillant au linge.
Les parties à glacer, r.ols, manchettes et plastron sont imprégnées, comme à l'ordinaire, d'une bouillie froide d'amidon faite avec de l'eau saturée de borax. On les tord et on les repasse avec un fer ordinaire. On emploie ensuite un fer spécial dit fer à glacer, lourd et épais, dont l'extrémité est arrondie et non pointue et dont le bord de derrière ou talon est également arrondi au lieu d'être à angle droit. On place l'objet à lustrer directement sur une planche bien polie, sur une table de marbre ou tout autre objet dur et à surface urne, et on passe le fer. Au lieu de le tenir à plat comme pour le repassage ordinaire, on l'incline sous un angle de 45°, de façon à ce que ce soH le talon du fer qui touche le linge. On fait aller le fer d'avaut en arrière, par petits coups, en appuyant très fortement sur une longueur de 6 à 8 centimètres et on n'opère plus loin que lorsque le glacé voulu est obtenu. Il est bon, de temps en temps, d'humecter légèrement la partie soumise au travail à l'aide d'une éponge à peine mouillée. Quand l'objet a reçu son brillant, on passe un l.Jon coup en appuyant fortement sur tout l'objet et toujours dans le sens du fil. La qualité du linge n'est pas <-i négliger pour la réussite. eurSJNE Courge.
Ce ND contient .Le Foyer e" 30 année A'o s
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ajoutant à la purée, au lieu de sel, du sucre et un peu de cannelle, quelques amandes amères pilées. Liez avec 2 jaunes d'œufs. OJRelcttes aux cai•ottes.
Prenez pour six personnes sept ou huit belles carottes longues et bien rouges. Pelez-les et lavez-les proprement ; coupez-les en rondelles, cuisez-les molles dans l'eau salée, puis égouttez-les. Mettez dans une casserole un bon morceau de beurre frais, quelques échalotes, un peu de persil haché, une pincée de poivre et de muscade ; laissez nJijoter le tout avec les carottes un quart d'heure. Battez deux jaunes d'œufs avec quatre cuillerées de crème douce ; ajoutez aux carottes ; laissez au chaud. Ensuite préparez une orne- . lette ordinaire, dans laquelle vous enroulez les carottes. Mettez le tout, enduit de beurre et de chapelure des deux côtés sur un plat, que vous déposez une demi-heure au four chauffé à une température moyenne. Enfin, servez bien chaud. Tourte au choeolaf.
1ngrédients : Trois œufs ; trois lar-
ges ban des de chocolat ; le poids de trois œufs de sucre, de deux œufs de b~nne et de deux œufs de farine. Procédé : Tournez le beurre en crème; ajoutez successivement le sucre, les jaunes d'œufs, la farine, le chocolat râpé et, en dernier lieu les blancs d'œufs battus en neige. On peut joindrP ù ce mélange une petite cuillerée de levu1·e artificielle, mais cela n'est pas nécessaire. On verse le tout dans un moule beurré et l'on fait cuire dans un four modéré pendant une heure.
Coupez la courge en quartiers, enlevez l'écorce, les grains et la partie filamenteuse; coupez en petites tranches que vous ferez bouillir dans l'eau salée. Egouttez et cuisez ensuite dans du beurre, dans lequel vous aurez fait frire un oignon hâché; avec une cuilEn France, on n'est pas sérieux: lerée de farine assaisonnez avec sel, tout poivre, muscade, délayez avec du lait. loi. y finit par des chansons, c'est la On peut en faire un plat doux en - La loi. . . Béranger l
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Moniteur du Musée industriel et pédagogique L'Ecole primaire donne de 12 à 14 livraisons de 16 vages chacune, non compris la couvertu~e, et auta~t .de suppléments de 8-16 pages pendant 1année ordma.J.re (soit du 1er Janvier au 31 Décembre). Chaque mois il est en · outre~apporté un supplément illustré de Spages intitulé': : Le ~ Foyer et les Champs.
Suisse fr. 2.50
Par an Union postale fr. 3 Les abonnements se règlent par chèque postal ll 56 Annonces : 20 cent. la ligne sur toute la largeur
Tout ~e dire~tement ~a
qu.l ~on~:;eme ltt publl~~tlon doit être ~dre~sé à son gérant, M. P . PIGNAT, Chef de Ser1Me Dépœnement de l'lnstrttetlon publique, à Sion.
La ieunesse doit être diri1!ée et conseillée non-seult :ment dans ses étu-
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Sommaire da présent N° Après les vacances. - Le but et les obstacles. - A propos de la réforme musicale. - ParUe pratique: Composition française (sujets et développementis). - Pensées et maximes.
-o8ommalre-du Sapplément N° 8 L'immortalité de l'âme. - En forêt. - El Vecchio. - Derrière la GrandeMuraille. - Le mois du Sacré-Cœur. - Le dimanche. - Paroles de résurrection. - Le cavaher de la Daola. L'omelette fantastique. - La confiance des oiseaux. - Comment S. Yves resta au paradis. - L'utilité du corbeau freux - Le bon moment pour travaUler. - Aux parents. - Où moum~ la Sainte Vierge. - Un quasi centenatre: Franç.- jos. Huber. - Monsieur Joanni. - Une wrieuse méthode de calcul. - La science serait-elle la religion de l'avenir? - La première communion. - Ce que serait la guerre. - Sur le chemin de Binn. - Ce que l'alcool fait d'un homme. - Plaisante aventure. La prévision du temps p-ar la télégraphie sans fil. - Variétés.
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Autres annexes de cette livraison:
Le Foyer et le• Cltamp• (livraisons de Mœi, fuin et
{uill~t.)
Avec le prochain numéro J:ivra1sons des. mois suivants. - 0-
Informations &colalres. Le ~oooel enseignant primaire a dû recevoir, a u commencement de ce cou-rs scolaire, directement ou par l'entremise des Commissions d'école, les formulaires et imprimés ci-après: 1. Règistre des absences. 2. Rapport d'inspection. . . '3 Règlement des écoles pnmatres. (Ce dernier a également été expédié
aux administrations commurnales, aux commissions d'école ainsi qu'à MM . les I ns pectéurs.) Les Commissions scolaires ont en ou~ tre reçu en double exemplaire le re[!istre des enfants astreints à fréquenter l'lco/e, dont 1 ex. pour M .l ' Inspecteur (art. 19 de la loi) . . Le personnel enseignant, qui aura1t pu être prétérité involontairement dans l'envoi des formulaires et imprimés le concernant et spécifiés ci-<lessus, n'a qu'à les réclamer au Secrétariat du Dé. partement. -0-
Llvres d'école. Dans le courant de Novembre. le Dé. partemént adressera a ux commissions scolaires, en autant d'exemplaires qu'il v a de classes par commune, un tableau à afficher dans celles·ci et donnant la liste des manuels obligatoi,res. pour les différents degrés des écoles primaires. Cette mesure a été prise par l'autorité su;périeure pour donner suite à une i~ · vitation formulée par le Grand Consetl. Lescommissions -scolaires et le person nel enseignant voudront donc bien, de leur côté. se conformer à ce postul•at en affichant en bonne place le tableau annoncé. , A propos des classiques mentionnes dans cette liste, nous tenons à fournir a u personnel etV:.eignant l'un ou l'autre ren.sei.g:nement qui l'intéressera spécialement et qui se rapporte à certains manuels maintenus ou à introduire. Catér.hisme diocésain. - La nouvelle édition (mi·eux cartonnée que l'ancienne) ne sera mise en vente qu'après écoulement complet de la précédente.
Grammaire Larive et Fleury. -
Cet
ouvrag!!, dans ses divers degrés, continue à être employé dans nos écoles pour l'enseignement de la langue mat.ernelle, car il serait difficile d'adopter un autre class;que sans amener une perturbation considérable d;:tns nos clas·
ses, où 1! serait malaisément remplacé après avoir été expérimenté avec succès pendant ol).lsirurs années. Le~, chan_g~· ments ap;Jortés dans les dermeres editions ont toutefois été profondément re· grettables et de nature à faire légi~ime ment désirer l'abandon de ce classique. Le Département. tenant compte de ce fait et des vœux fondés exprimés de tous côtés. s'est mis en ra-pport avec _la maison éditrice pour obtenir que saüsfaction nous soit donnée par une édition nouveUe et spécialemen t appropriée à nos écoles. Les poùrparlers engagés à cet égard étant en bonne voie, permettent d'espérer que pour l'ouverture eu cours scol'a ire 1912-13 cet ouvrage aura été réimprimé selon nos vœux. Ce n'est don·c plus qu'à titre provisoire que les éditions actuelles sont maintenues. Nous tenions à donner ici et sans plus tarder, cette agréable idormation. Recueil de chants. - Une édition nouvelle en est à l'impresstion. Celle·ci étant J}.'lSSablemen t avancée. il est permis d'espérer que dans le mois prochain en pourra en obtenir des exemplaires. r:arte scoluire du Valais. - La nouvelle é(Îltion . c;ui se présente fort bien et a été considérablement améliorée, paraîtra ce:> jours prochains, car il n'a pas été possible de l'obtenir plus tôt. du ll10mcnt oue l'on tenait à v faire figurer la population des districts sur la hase du dernier recensement (Décembre 1910).
-oFranchise postale. Nous devons rappeler au personnel enseiœnant qu'il n e jouit plus de l'offi. cialité depuis l'entrée en vigueur (Janvier 191 1) de la ru>uvelle loi sur les taxes postales. Ses envois doivent dès lors être affranchri.s tout comme ceux des par.tiwliers , pour arriver sans encombre à destination. MM. les l nspecteltl's et les commissions d'école, par contre,
continuent à bénéficier de la franchise de port pour affaires de service. -0-
Examens des reernes 1910. Voici, pour nos districts, le rang et la note moyenne qui leur sont assignés pour les examens pédagogiques de l'automne dernier, d'après les plus récentes données fournies par la statistique fédérale. En regard sont rappelés·. pour comparaison, les résultats de l' année précédente: 1909 Conches Conthey Monthey St-Maurice Entremont Sion Martigny B. Sierre 9. Rarogne 10. Loèche 11. l:lérena 12. Brigue 13. Viège VALAlS
1. 2. 3. 4. 5. 6. 7.
6.23 6.25 6.30 6.50 6.76 6.88 6.94 7.7.30 7.31 7.111 7.87 8.38 7.02
1910 1. St·Mauriee
2. Conches 3. Monthey 4. Entremont 5. Sierre 6. Brigue 7. Sion 8. Loèche 8. Martigny 10. Viège 11. Conthey 12. Rarogne 13. Hérena VALAIS
6.56 7.28 7.37 7. ~8
7.75 7.82 7.85 7.98 7.98 8.8.UI 8.32 8.58 7.80
En ce qui concerne le district d'Hérens - a u bas de l'échelle pour 1910 il convient de remarquer que sa moyenne se trouve notablement affaiblie par la note (11,14) de la grande commun~ d'Avent, qui a compté à elle seu1e 27 recrues. dont une seule a pu être publiée au Bulletin officiel. La moyenne des huit autres communes (7.43) eût autrement mis ce district en bien meilleure situation.
• • * Un autre petit tableau indique successivement - toujours pour l'année 191 0 - pour nos districts : 1° l'effectif des conscrits attribués à ·c hacun d'eux. 2° le nombre de ceux mentionnés avec fréquentation d'écoles supérieures, 3°-4.0 le contingent et la proportion en %. des recrues ayant pu figurer au Tableau d'honneur du Bulletin officiel.
,~------------------------------------~ SION, 5 Novembre 1911
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La rentrée des classes % 71 A cette occasion, le /ettne Catholique 47 17 66 St-Maurice 62 du 15 octobre a pporte l'article d'actua26 1 42 Conches 63 lité ci-après que nous reproduisons com51 81 9 Monthey 56 me étant également à sa place dam 43 9 77 Entremont 56 l'organe du personnel enseignant pri62 6 110 Sierre 58 30 52 5 maire : Brigue 47 47 21 100 Sion Chère jeunesse écolière, 50 32 4 64 Loèche Il y a quelques jours swlement, sem52 60 9 115 Martigny ble-t-il pou r beaucoup d'entre vous, que 44 38 4 87 Viège les vacances venaient de commencer. et 46 49 6 106 Conthey déjà terminées ou tout à fait à les voilà 45 25 56 3 Rarogne leur déclin. Pour un grand nombre, il 40 36 6 88 Hérens n'en reste déià plus que le souyenir. car, 52 Valais 1044 100 546 avec armes et bav.a(.!es, ils ont déi à reDonc, plus de la moitié de nos re- pris le chemin de l'école. Un bon con.t!ncruelS ont eu dans leur livret militaire gent - pour qui tout· le cours sco1atre de servke les meilleures notes (1 et 2) comprend le semestre d'hiver (6-7 mois) pour ·les qua tre branches du program- - ne va pas tarder à suivre, une quinzaine de jours seulement nous séparant me d'examen . de la Toussaint qui marque l'heure de -ola :rentrée pour toutes les classes qui Note& pédogo~lques de i911. n'ont oas ouvert plus tôt leurs portes. Eh bien! chers lecteurs et lectrices du Une information reçue de source autorisée nous apprend que les résultats feune Catholique, - qui pour la pludes examens pédagogiques des recrues part appartenez au petit monde de l'éaccuseront, pour 1911, une moyenne cole, - si nous vous demandions de sensiblement meiUeure que celle de l'an- nous dire là, bien franchement, comme née dernière, qui était, on se le rappelle, vous le pens-ez, si vous êtes contents d'a7 .80. Pour les opérations de cet autom- voir vu ou de voir bientôt la fin des vane, terminées. le 7 octobre, en Valais, no- cances, presque sûrement vous nous ditre note. en effet, sera à peu de chose riez tous : Oh! oui!. .. Mais, s'il se trouprès celle de l'année 1909 qui nous vait parmi vous quelqu'un dont cela ne avait valu, on ne l'a poi11:t oublié, le 6e fît pas le compte. d'autres que cela enrang avec 7 .04. Nous arnverons autour nuie généralement de se remettre à l'éde 7 .10, les districts de langue fran- tude. nous leur dirions : Mes petits amis, çaise. de Sierre à Monthey, ayant obte- soyez contents. soyez heureux d'aller en nu, dans l'ensemble, à peine 7 (6.90). classe et profitez bien de votre temns. La note décisive et la classification par Croyez-nous. les années passées sur les districts ne pourront d'ailleurs être con- bancs de l'école sont. malgré tout et quoi nues qu'un peu plus tard, attendu qu'il qu'on dise, les p-lus belles de la vie. Commanque encore, pour un travail absolu- bien n'en entend-on oas dire: Oh! ment exact et complet, les résultats des si ie pouvais retourner à l'école ! aue je recrues valaisannes examinées ailleurs voudrais revivre ces années!... Eparqu'en Valais, résultats qui ne peuvent {!nez-vous ces tardifs re~rrets. Ah! si jeudu reste influencer notablement la note nesse savait. si vieillesse pouvait! Puisaue le moment est donc venu de d'ensemble. dire adieu au vagabondage, à la flâ-oDisil'ii'IR
Rcx. r.r. l'Je.
SIIJJ.
B. off.
L'ECOLE PRIMAIRE ORGANE DE LA
SOCIBT:B V.ALAISllD D'BDUCA.TIOll Après le• vacance•
Sans faire d'économie politique, nous nous permettons de trouver dans ce programme des exagérations manifest:s. f!Iê~e des fautes contre l'hygiène, c est-a-dire contre la santé physique et la santé moTale de l'individu et de la société. A l'inverse des propositions qui Précèdent et dont l'effet ne peut être que d 'entraver l'effort, il est aisé, au nom de la physiologie et de la morale, de montrer que le travail est, pour l'homme, un besoin ; qu'il est un devoir et aussi, heureusement, qu'il est un plaisir; que, d 'autre part, le Tepos n'a pour obiet que de réparer les forces et de uermettre la reprise du travaiL Là est la règle de la vie normale: c'est le travail qu'il convient de présenter comme l'ob· iectif à poursuivre et qu'il faut encourager. Assurément le travail, comme tou~ tes les activités fonctionnelles., demande â être réglé et mesuré suivant les aptitudes de chaque individu, il doit être soumis à une discipline convenable; mais il n'en reste pas moins le but qu'il faut s'efforœr d'atteindre le mieux pos.. sible, le repos n'en est que l'adjuvant.
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Le Travail Après les vacantes qui, nous aimons à le penser, ont été, .tant pour les maîtres que pour les élèves, à la fois agréables et salutaires, voici venir te temps des études sérieuses: il faut souhaiter qu'elles soient également profitables. Dirons~nous qu'au plaisir doit succéder la peine? Ecartons bien vite cette pensée et réconfortons-nous par l'idée, plus juste et plus vraie, que le travail , sous toutes ses formes, procure plus de satisfactions que de désagréments; que si, dans les commencements, il présente parfois quelques diffi·cultés ou amène quelques ennuis, il comporte toujoiJ['S après lui sa récompense; et comme en tou1e chose il faut surtout considérer la fin, on peut conclure, avec Lafontaine, que « le travail est un trésor. » C'est ·p ourtant le contraire qu'on sem. ble croire de nos jours: à en juger par ce qu'on entend dire et par ce qu.'on voit faiTe, il semble que le travail soit un fardeau dont il convienne de se déchar~er le plus possible, une peine qu'on doive subir le moins qu'on P.eut. Limiter le temps de travail au ·s trict nécessaire, imposer comme obligatoire le repos pendant un temps minimum chaque jour et chaque semaine, y ajouter des congés et des vacances supplémentaires.; arriver le plus t.ôt p_ossible à 1~ ces saüon de tout travail, reclamer la 1ournée des 3 huit (8 h . de sommeil, 8 h. de travail, 8 h . de plaisir), tel est le programme facile pour assurer le bonheur du plu.s grand nombre.
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Le travail est un: besoin En effet, l'activité est nécessaire pour entreten_ir l'intégrité des organes et celle des fonctions, en quoi consiste la santé a~lors que l'inaction entraîne la d~ chéance organique, bientôt accomp-agnée d'impuissance fonctionnelle: dans un organe qui· travaille, les éléments qui le composent subi,ssent à la vérité une certaine usure, mais ia réparatio~, se fait avec une égale rapidité, et ainsi les éléments se renouvellent et conservent leur intégrité, nous allions dire leur
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114 jeunesse; quant aux fonctioniS., elles se développent à mesure qu'elles s'exercent davantage, tandis que le défaut d'exercice les conduirait fatalement à l'inertie et à l'impotence. Ne voit-on pas, par exemple, que les enfants, dès. qu'ils ·sont réveillés après une bonne nuit de sommeil. se jettent en bas du lit et se mettent à sauter ou à courir, comme les petits oiseaux quittent leur nid et s'ébattent avec des cris joyeux au lever de l'aUJrore, sans autre. but que de se donner du mouvement, par un besoin instinctif d'aotivité. Celleci a pour effet de ranimer la nutrition alanguie et de relever la chaleur corporelle que le repos. tendrait à abaisser. Cependant un travail trop pfOilongé ou troQ intense ne laisse pas de produire des dommages, qui se traduisent par une sensation d'épuisement et de défaillance: c'est la fatigue, indiquant une certaine détresse de l'économie vivante lorsque celle-ci a dépensé ses réserves de puissance fonctionnelle. Suivant que la dépense a été modérée ou excessive, il y a deux sortes de fatigues: l'une qu' on peut appeler la bonne fatigue, se manifeste par un double besoiru de réparation, besoin de rép·a ration organique par la nourriture ou éveil de l'appétit, besoin de réparation fonctionnelle par le repos ou le sommeil ; ces deux besoins n'ont rien de pénible. ils sont, au contraire, ag.réables quand ils sont modérés et quand ils peuvent. comme à l'ordinaire, recevoir satisfaction. D'ailleurs, l'habitude du travail, sous une sage direction, développe une résistance à la fatigue qui permet d'augmenter progressivement la somme de travail que chacun est capable de fournir: c'est ,., l'objet de l'entratnement, qui s'applique aussi bien au travail inteHectuel qu'au trarvail corporel. L'awtre ·sorte de fatigue, celle qui réswlte d'un travail excessif, a reçu le nom expressif de surmenage; celle-là est mauvaise, el•l e est dangereuse et doit être évitée à tout prix.
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La raison ·de ce danger est facile saisir: c'est que l·es éléments organiques qui ont fonctionné au delà de leur puissance deviennent incapables de résister à !'effo11t et de réparer leur dépefilse; de meme que le ressort trop tendu se bnse ou que la chaudière :surchauffée éclate, l'élément anatomique surmené souffre et se détruit. (A suivre.)
Le bat et le• obstacles jusqu'ici nous nous sommes efforcés de rappelev aux maîtres et maîtresses qui veulent bien nous lire la pensée dominante qui doit les inspirer dans leurs rapports avec les enfants. Non pas qu'il•s l'ignorent ni qu'ils la méconnaissen{ à aucun moment; mais dans le tracas de la vie avec les élèves, au milieu des préoccupations qui s'imposent à chaque minute de la journée, ils risquent de perdre de vue les considérations plus génémles et plus élevées. Il leur est donc bon, il est très utik peutêtre nécessaire de se placer qu·elquefois devant cette idée maîtresse qui doit être la règle directrice de leur conduite: qu'est-ce que je cherche dans mes fonctions de maître· d'école? qu'est-ce que je veux? à quoi désiré-je arriver en définitive? Il est indispensable d'en avoir une idée nette, claire, précise, avant de répondre à cette autre question qui va nous occuper: quels sont les moyens à prendre pour obtenir ce résultat? Mais. avant d'y répondre en détail, qu'on nous permette d'émettre encore quelques principes ,l!énéraux et dans cet article : 1° de rappeler en' quelques mot>s le but que les maîtres et les m~îtresses de nos écoles doivent poursmvre avant tout; 2° indiquer les obstacles contre lesquels ils ont à lutter pour y parvenir. 1° Le bll!l essentiel de nos écoles est de former des chrétiens. . Pardonnez-nous, éducateurs chré-
tiens, d'y revenir encore, après y avoir tant insisté déjà. Après les vacances, au moment où vous allez reprendre contact <''iec les enfants, il nous a semblé que quelques réflexions sur ce ·sujet ne vous feraient pas inutiles. " '!C nos maîtres et nos maîtresses si dévoués ne l'oublient jamais, plus encore Que des élèves instruits des sciences humaines et capables de succès scQilaires. ils doivent ambitionner de former ,•-- rhrétiens et aes clîretiennes con.,.~:,sant sérieusement leur religion et résolus à lui demeurer .fidèles Donc formez des chrétiens et des chrétiennes. voilà à Quoi vous devez vous appliquer nar·des·sus tout. voilà le souci aue vous devez placer au premier rang dans vos préoccupations professionnelles. Au point que si l'un ou l'autre avait une opinion différente de son rôle et de sa tâche, s'il considérait sa mission relig-ieuse comme secondaire après l'instruction proprement humaine, son honneur fui ferait un devoir de se retirer: en gardant son poste, ~1 tromperait l'opinion de ceux qui l'ont nommé, et ne répondrait pas à leur attente. Grande mission! besogne in compara· ble! La plus auguste qui puisse être confiée à personne ici-bas: former des âmes, les préparer pour l'éternité, coopérer él.Ï.nsi à l'œuvre de .Jésus"Christ, des apôtres, des saints, de l'Eglise. Les parents eux-mêmes vous le demandent, puisqu' ils vous ont amené leur enfant. Et ainsi l'instituteur se trouve être le représentant de la famille . de l'Eglise, de Dieu. lorsqu'il emploie ses efforts pendant la classe ou en dehors pour former des chrétiens parmi ses élèves. 2° Obstacles à la formation chrétienne des enfants. Toutefois vous allez dans ce travail vous heurter à des difficultés. non pas insurmontables - s'il' en était ainsi. à ouoi bon l'entreprendre? - mai1s considérables, et sans cesse renaissantes.
Vous les connaissez, ces difficultés ; il sera uti~e pourtant de les rappeler et de les regarder en face: nous nous senti· rons mieux préparés ensuite pour chercher le moyen de les combattre et de les surmonter. Les obstacles à la vie chrétienne des enfants sont de deux espèces. Les. uns 1se trouVIent dans leur condition d'homme telle qu'elle résulte du péché originel: c'e~t la concupiscence, que nous apportons tous en naissant. Les autres viennent du dehors; on les résume sous le nom de respect humain. Si nous réussilssions, nous ne disons pas à affranchir nos enfants de ces deux obstades - les en délivrer n'est au pouvoir de oersonn_e, ils les rencontreront jusqutà leur dernier soupir - mais à les f.ortifier contre leur influence assez pour qu' ils putssent affronter avec confiance les luttes de la vie, n'est-il pas. vrai que nous aurions accompli notre tâche et que nous serions sûrs de donner à la patrie et à l'Eglise un bon nombre de véritables chrétiens? La lutte n~ cessera jamais pour nous, ni pour aucun membre de la famille humaine. aussi longtemps qu'il restera dans ce monde. A ceux qui l'auront aimé et servi, Dieu donnera un jour le triomphe complet sur la tentation: mais c'est au moment de leur mort. Il l.e ur sera impossible ensuite de se laisser entraîner au mal, comme il leur est impossible de n'en pas sentir la séduction maintenant. pendant leur vie sur l'a terre. Pour nos enfants comme pour nous, nos journées d'ici-bas sont le temps de la lutt·e ; La viJe de l'homme sur la terre est un combat, disait l'Ecriture. Rien ne nous importe donc" autant que de connaître l'en'nemi afin de lui ôter s~s ressources. et d'armer convenablement ces petits oui viennent à nous afin de feur assurer la victoire. Chercher tes movens de combattre d'abord la concupisc'ence, ensuitfe le res-
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pect humain, tel sera donc notre but. qu'ils pourront à peine déchiffrer un Contre ce double mal, nous avons deux morceau très facile, si on le leur donne ressources principales: édairer l'intelti. lire sans audition préalable? C'est tout gence des enfants et fort-ifier leur volon• uniment parce qu'on a trop compliqué té. Montrer clairement le but à attein- l'écriture. Un même air peut s'écrire en dre et la voie qui y conduit; en même différentes manières selon qu'il doit temps donner à tout l'être l'énergi•e né- être chanté plus h'aut au plus bas, cessaire pour surmonter la fatîgue et et cela en clé de sol, de fa ou d'ut, tanpoursuivre le <:hernin jusqu'au bout: dis qu'ii n'y a qu'une manière de le n'est-ce pas ce qui importe au voyageur, chanter. Nous avons dans notre recueil, nomdésireux de parvenir à destination? Et puisque l'homme en ce monde est un bre de chants populaires et écrits dans voyageur, n'est-ce pas. ce que vous avez des tonalités que les élèves n'ont pas à faire avec vos enfants? apprise~ dans Ies leçons de solfège faute Nous allons donc en premier lieu de temps. Il est impossible, avec le temps chercher les moyens de leur inspirer des restreint dont nous disposons pour cette convictions solidement chrétiennes; nous étude et faute d'exercices appropriés étudierons ensuite l'éducation du cœur dans notre livre de solfège, d'enseigner et de volonté. (A su~vre). à lire <:ouramment l'es notes dans toutes les tonalités usitées c'est-à-dire les garn. mes avec 2, 3 ou 4 bémols; 2, 3 ou 4 diézes. A. propo•
la
de la réforme musicale. J'ai lu avec beaucoup de plaisir un petit, mais intéressanf entrefilet de l' Ecole primaire relatif à l'ouvrage de M. L Paschoud, compositeur à Pully. ouvrage concernant une nouvelle écriture musicale. Cette question a plus d'importance qu'à mon grand regret on semble lui en donner. J'aimerais bien que la question de l'enseignement du solfège fût proposée prochainement comme sujet d'étude dans nos conférences, et c'est aussi le vœu de plusieurs collègues de ma connaissance. On reconnaît généralement que, de tous les arts, la musique est le plus accessible: les enfants peuvent retenir une mélodie et la chanter assez bien. alors qu'ils ne sauraient peindre un méchant tableau ou modeler un mauvais buste. Ils chantent tant bien que mal, souvent aussi plutôt mal que bien, tous les hymnes patriotiques de nos livres classiques. s'ils les ont entendus·. Mais d'où vient
Ce qui n'est pas simple n'est pas primaire. On devrait ùonc - et c'est aussi l'avi.•s des membres de notre chorale du district - s'en tenir à une seule gamme majeure: celle d'ut. (Les mineures sont bès n.re~ dans nos morceaux.) Une indication en tête de chaque numéro renseignerait sur quet ton il conviendrait de le faire chanter par les chœurs d'hommes soit à plusieurs voix, soit à l'unisson (première voix seulement) ; et sur quel autre ton on pourrait le faire chanter aux enfants. Les chœurs à 3 ou 4· voix de notre recueil étant écrits pour voix d'hommes. les élèves ne peuvent pas les chanter à l'octave supérieure de la même tonalité. La voix de l'enfant ne s'étend que iusqu'au m~ ou fa. tandis que les premiers oeuvent atteindre le la. On doit donc baisser de 1 1 1" au 2 tons en les faisant chanter à 2, 3 ou 4 voix aux enfants. et de 3 1 / 2 à 4 1 /! tons en chantant à l'unisson. Ainsi. les chants écrits en mi maieur (4 dièzes) ou mi bémol
117 (3 bémols) étant baissés de 1 1 12 ou 2 tons :seraient justement dans la tonalité d'ut et seraient d'une lecture bien plus facile s'i.ls étaient transposés dans ce ton. La méthode modale ou galiniste, du nom de l'inventeur, atteint aussi très bien le but dont ie parle: simplifier l'écriture et la lecture de la musique vocale. C'est ce qu?on appelle communément ta méthode chiffrée, qui est bien plus facile que la lecture sur portée; celle de M. Paschoud a aussi le même bu.t : s'en tenir à l'étude d'une seule gamme, quitte à la chanter sur le ton qu'on juge convenable aux voix qui doivent l'exécuter.· L'enfant prendra ainsi plaisir à l'étude de la musique vocale, il pourra chanter en ~iJsant sans qu'oll' lui serine l'air. Il fera ainsi vraiment de la musique et non de la routine. Plus tard seulement il apprendra la langue des artistes de l'archet ou du clavier: la notation en tonalités autres que celle d'ut maïeur ou la mineur. Cette étude ne sera du reste utile qu'à ceux qui veulent se vouer à la musique instrumentale. Il est de toute évidence qu'on ne peut prétendre qu'avec une médiocre méthode, trop compliquée, un excellent profes~ seur peut obtenir de bons résultats. A supposer que, par exception, il en fût ·cependant .parfois ainsi, qu'obtiendrait ce même professeur avec une bonne méthode? S'il est des gens qui affirment qu'on peut très bien se rendre d'un pays à l'autre au moyen d'une vieil[e patache, je préfère, quant à mQi, voyager avec rapidité et confort dans un bon wagon surr une douce voie ferrée. Il en est de même dans le domaine de l'enseignement du chant : cyplanissons la route, supprimons les obstacles inutiles et encombrants; apportons la vie, ·la ioie, l'entrain là où il n'y avait qu'ennui, indifférence et stérilité. Mee Farquet, instit.
Partie pratique =
Uomposltlon française c
Les deux Cloches :.
Expliquez ce proverbe: • Qui n'entend qu' une cloche n'entend qu'un son. • Montrez la leçon que vous devez en dégager et faites-en l'application à vos rapports journaliers avec les autres. Dites en particulier quelle prudence vous enseigne ce proverbe dans les jugements à porter sur vos semblables.
Ce proverbe: « Qui n'entend qu'une cloche n'entend qu'un son», établit une comparaison entre le son d'une cloche et Jes paroles isolées d'une personne qui raconte un événement. émet un jugement sur autrui, ou: bien rapporte des nrop.os qu'elle a entendus ou qu'on lui a cités , qui fait part d'un démêlé qu'dle a eu avec quelqu'un, et·c. Au son unique d'une cloche, en un mot, est assimilé, un témoignage, unique, lui aussi, recueilli sur un fait quelconque et qui ne peut' donner. le plus souvent qu'une part de vérité, altérée ou amoindrie. S'agit-il d'un événement, en effet. ne voit-on pa•s que pour s'en rendre compte il est nécessaire d'entendre « les sons combinés de plusieurs cloches»_ c'est-àdire d'en recueillir le récit de plusieurs témoins? Une circonstance a échappé celui-cL un détail important à celui-là; tel autre n'a pas rapporté exactement des paroles, qu 'un quatrième· témoin vient heureusement rectifier Grâce à cet ensemble de raiJ)ports, i~· deviendra possible d'établir les responsabiliJtés et rle iu!ler sainement les choses. Est-ce d'un litige qu'il est question? Pour en bien connaître. il faudrait entendre avec « le son de cloche» du plaignanot celui de son adversaire. Chacun iuge d~ la querelle à son point de vue. L'un relate une circonstance que l'autre se garde de faire ressortir. Comment démêler la vérité et dire en bonne justice qui des deux a tort ou raison? On ne le
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peut qu'en entendant les « deux clo-ches » et qu'en appréciant bien ainsi les qualités de leurs « divers sons ». Enfin , a-t-on à porter un jugement sur la conduite d'autrui? A-t-on à louer un acte ou à le blâmer, à dé!tenniner un caractère. d'après l'observation des défauts ou des qualités? faudra-t-i'l en ces divers cas s'en rapp•orter uniquement aux dires d'une seule personne? As.surément non; mais il sera très sage de recueillir un assez grand nombre de témoignages, afin qu'autant qu'il se peut, ni une connaissance incomplète des faits. ni le parti pri5, ni le faux jugement . ni l'impressionnabilité, ni la mal·veiHance ne viennent induire en• erreur celui qui cherche la vérité. Ici. surtout, il importe d'entendre « plusieurs clo-ches » et d'en discerner attentivement le son. De ces observations. deux leçons se dégagent La première a trait à nousmême; elie nous met en défiance contre notre propre et uniqu'e appréoiation, à l'endroit des personnes et des <:ho~es et nous invite à la contrôler au moyen de celle d'autrui, avant de juger sans appel. C'est ainsi que, dans la vie, et sur les bancs de l'école déjà, il peut arriver que, influencé par une première impression toute personnelle. on se fasse sur les au·tres, sur ses maîtres, ou sur ses camarades par exemple, une opinion injU"ste et mal fondée. On les ju.ge sur un fait, on interprète en mal une parole, on, prend pour un défaut une qualité que l'on n'a na-s. pour une qualité un défaut sur lequel on s'illusionne ... et, de ces données, on •se sert pour parler sans discernement des personnes et des choses. « son.s de cloches» inconsidérés et qui, à coup stîr, résonnent faux! La seconde leçon trouve dam nos rapports avec le prochain son importante application. Elle nous invite a n'accueit:lir qu'avec réserve teh~ récits, telles plaintes, tels jugements, qu'il s'a-
gisse d'éloges ou de critiques, dans lesquels quelqu'un de nos semblables <se trouve à la merci du « son d'une do· che », plutôt lugubre que gai, plus souvent aigre qu'harmonieux. Pour emprunter un exemple à notre vie scolaire, n'est-il pas arrivé parfois qu1un élève ayant réussi contre toute attenre à ~ examen, «un son discordant» se s01t fait aussitôt entendre: « Il ou elle connaissait d'avance les ISuiets !... Il avait des notes cachées dans son buvard! .... Il a copié sur un voisin !. .. Il était si bien recommandé! :. On va aux informations: tout ce qui ne tombe pas s'éclaircit du moins : des suiets, aucune connaissance! mais, par ttn heureux hasard. on avait juste revu la veil1e ce qui s'y ra.pportait: des notes. oas une! c'est un croquis fait au cours de l'examen qu'on a trouvé dans le buv.<trd .. . et ainsi des autres renseignements que des cloches «d'un son » plus iusfe mettent à leur vrai point. Ne soyons donc prompts ni à écouter. ni à rroire sans contrôle un jugement dont l'incertitude et la légèreté ·semblent ainsi faire les. frais. Profitons des leçons si précieuses que nous donne ce proverbe et puissent-.elles nous rendre prudents dans les jugements à porter sur autrui! D'où vienment la oluoart des a ntipathies. des froideurs. des zizanies. des haines mêmes. qui divisent les hommes entre eux. si ce n'est, le plus souvent, de propos inconsidérés, de rapports exagérés ou faux et que l'on a r~cueillis d'une seule bouche sans en vérifier l'exactitude? D'autre part, d'où naissent des enthousiasmes que rien ne justifie et que ,l!uette la déception, sinon d'éloges, dont il eût fallu qu'une cloche plus adoucie atténuât les sons, rendllis par Ui1· timbre trop bruyant. Usons de sages.se, de réflexion et de prudence en écoutant les jugements faits à la légère et si fréqu'eliltlleni.
119 Apprendre à ·s'v exercer à l'école, laisse à désirer; il en est même dont. ta c'est se préparer à bien jugf'r des per- maison e~t vide de la cave au ~remer. sonnes et des choses dans le cours de C'est que tous n'ont pas. su .profiter ,d~ l'été, ni résister aux orages; Ils ont céde sa vie entière. à l'entraînement des plaÏJSirs; ils. ont imité la cigale plutôt que la founni. Swjet L'hiver clôt la série: la nature est déOn a comparé assez souvent les saisons de pouillée de tous ses ornements ; plus de l'année aux âges de la vie humaine. Montrez en la développant ce que vous paraît soleil, plus de chants ioveux, mais un ciel sombre et triste. Le vieillard aussi avoir de juste cette comparaison. a perdu toutes ses illusions, ses forces Etude préliminaire du sujet. - R,ensei- et ses facultés se sont affaiblies; il souf!nements particuliers. - Recherche pire et gémit comme le vent dans les ard'idées bres dénudés. La question est composée : c'est à la Plan 1o Entrée en matière. - Dire qu'un fois une description de la nature et une dissertation morale. Il faut recher~er rapprochement naturel s'impose quand les points de contact ou les analogies on considère la suite des saisons de c:1tre la situation de la nature dans l'année et le cours de la vie de l'homme. 2° Corps du sujet. - Etablir dans chaque saison et œll'es de l'homme aux l'ordre des saisons les analogies qui différents âges de sa vie. Le printemps est l'épanouissement ~e existent entre la situation des plantes la nature dans tout son écla•t, c'est la vie dans la nature et celles des forces phyet le bonheur qui appaJraissent avec les siques et morales de l'homme aux diffleurs et le chant des oisealliX; ce sont férentes périodes de' sa vie. 3° Conclusion. - La nature rep·ren· aussi les espérances et les illusions de dra sa parure après l'hiver, mais l'homl'adolescence. L'été c'est le travail mystérieux des me renaîtra aussi sous les rayons d'un plantes' qui, sous les feux du sol~il. éla- autre soleil et jouira d'un printemp5 borent leurs graines et leurs frUits.. De éternel. son côté, la ;eunesse adulte cherc~e sa Développement voie et l'utilisation des forces physiques Il y a. en effet, dans nos climats tempérés et morales qui la pénètrent et circulent un rapprochement d'analogie qui s'impose à en elle, comme la sève dans les arbres. notre esprit, quand nous considérons, d'une De part et d'autre, les vents et tes ora- part. les phases de la nature dans le ~ours ges sont à redouter; de même, si ~'ar d'une année et, de l'autre, les diverses pénodes deur du so1eil dessèche les éléments des de la vie de l'homme. On peut dire qu'une mêgénération de mortels a, comme les planplantes, on voit aussi l'ardeur des. pas- me tes de la vallée, un printemps, un été, un ausions émousser les ·forces de l'homme. tomne et un hiver. L'automne calme les feux de l'été et Dans l'adolescence, qui est son printemps, apaise les orages; les. récoltes s'amon · l'homme se développe conune le brin d'herceUent da111s la grange et l'es remises. le be contourné qui sort de terre, comme le vin et le cidre remplissent les celliers. bourgeon qui brise son enveloppe, comme le de fleur qui s'épanouit aux premiers L'homme recueille au1ssi les fruits de son bouton feux de l'aurore. La jeunesse a les fraîches travail de l'été; il commence à jouir du couleurs de la corolle printanière, qui brille calme et le feu de ses pa&sions s'éteint. et réjouit la vue; l'enfant plaît dans sa naïveIl v ~ aussi des désil'lusions et des ~é-~ té et dans sa candeur; il chante avec l'insousenchantements; si pour les uns la mOis- ciance de l'oiseau; ses pensées sont légères et son a ére bonne, pour 1~ autres, elle fugitives, comme les évolutions capricieuses
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de l'éph' • · cence es~mere et bnllant papillon. L'adolesfleurs et d~on~rf: bea~ printemps, plein de ' Il . p ms, nche en espérances et en 1 US IO nS. Vient ensuite l'été. c'est la sa. • 1 tson ou es feux du soleil d d t' rir les moisson a~ en . su; la plaine et fon 1 mûorages et des d~~a~t::s c ~t a ussi l'époque des mi amasser activement l?:~i~;i'o~s t!a fourremplir sa ruche· n 't u mer et aussi Je chant d~ ~~~ e J~ur, no~s entendons les plantes il en e t ms?uCJant~ ctgale. Parmi tifient d'a~t ~ quJ grand1ssent et se forSi les' blés reess q.u• se dessèchent e! s 'étiolent. a ttention ' polr du laboureur, fixent notre tige se ct' nous !emarquons des sillons où la char resse . Vtgoureuse, l'épi s'allonge et se lons geoge ~r~ms, ~lalndis que dans d'autres si!, ravat eur négligent n'a tourné profondémen1 1 1 1 pas resites viennent é1ouffe: ~~ • b~~ her~s paraloién, dl'orage a fléchi les t iges u e . souplesse q l'ép· . . el de roree' pour résister 1 ext51 e. mals JI est vide Là sont des ar' ~~es do~t les fleurs n'ont pa~ donné de fruits: les ~f~~~l .trop _ard~t. en a desséché les feuil~ mais vicf~sla seve; ICI les fruits sont ~pparus, maturité avio~r 1u~ ver rongeu~. ils arnvent en pourritur . . e e~ps present et tombenl en de sève eet, denf•~, d autres se présentent pleins e Vti"ueur. • Ne trouvons-nous pas dans l'âge adulte la meme ,an~lo2'ie? C'est le moment de la J~lte po~[ 1extsten_ce; il faut en proriter pour fravat ter et prepar~r la récolte; les uns antass.en comme l'~~dle et la founni, les autres se ~livrent au pl~s•r et chantent comme la cigale. d en est. qUI ne peuvent résister à la fougue des passJO!ts et qui fléchissent devant l'effort e la tempete . .V.oici une jeunesse dont les heureuses dt ?post!tons ont élé étourfées par la fréquenta!ton des mauvaises compagnie me le bon grain par l'ivraie· à co·te' 'ls, com.t t n 1 d • , 1 en es 1 e au r~ . on! la fêle est vide d'intelligence, comme 1épi vtde de i:'rain, ou dont le cœur est corrompu par le vice, .qui est ici le ver rong-eur. _Heureusement, nous rencontrons une at~lre Jeunesse vigoureuse. souple el rob~ste a la fois; dans son adolescence elle a éte arrosé~ des g râces et des fa veurs du ciel· elle emploJe son été en travaillant sans bmit et san~ forf~nlerie; comme le roseau flexible. elle ph~, batsse la ti'te et laisse passer l'orage; ~uts, elle _se re~resse intacle et p!eine de lor~, el~e arnvera a matu ri lé et donnera des lru Jts satns en abondance. Voici l'automne: l'ardeur de l'éti et les
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orafes . amène avec ellese sont . . a pat· sé.s. cette satson la moisso~esn~~t~sm:t: ~ussi. ses déceptions : chez celui-ci la ra mel!'e pour tous; ni ers sont pieins~ 1 nge, les remtses et les grelaient dans le fm'iti~~ ~m~s et les J.?Oires s'~ à flots dans les ceiJi~s Ch re let le ~t.n c?ulenl des mécom t . . · ez e votsm, tl y a pr ivations s\~Po~~n~~uidra se re~t~e~ndre, les rations e t l'été ne . ' 1 a ma_I dmge ses opécet autre c'est . 1ut a pas éte favorable. Chez • pts encore · de la cave . au grenJer tout est vide · pour 1~· l'h . bre, que va-t-il deven· ? onzon est som• du prin le . , JT · ous sommes loin tes arts _mps, o~ 1espérance régnait de tou~clafe en~o~ s;;-a!etélln'est plus unan ime : elle · ICI, e e est froide là t 1 fait place à la t . t ' e pus 1om, elle La . ns esse et aux ang-oisses · h · CJS{~ 1e ne fa1t plus entendre son ~e~~!"m~~u~~u7t do~c cette diversité dans .Ie ont su rofite a moJsson? C'est que les uns ont trof donn: a~~ 1 ~ll!. été et que les au1res vail et à l'atel· P atslr et pas assez au Ira· 1er. Arrive enfin l'h ' · les frimas et le fr~~:· 1qut hclôt la série avec ont d t ' es c amps et les bois la n~~ ~'é:=~~ ~~~~e et ~ur aspect riant: nature De · . . un ceul sur toute la ra · s c~ts plamhfs ont remplacé le gai ar~e :ée:u~~~eaCxh et 1~ vent gémit dans les f me, la vieillesse est aussi l'épui~eme; hom · es orees, elle est le froid quJ paralyse les membres. elle amène a~ec elle les infirmités et la déc,ré ·t d . n entend autour d'elle ~t u e' on refrets Se ï l . que des soupLrs et des arbre . s t ust?ns, comme les feuilles des l' s, sont tombées successivement l'une sur d~, .re ~: se sont entassées sur le sol. Elle voit ,tspa_ra~ re ses avantages d'antan : ses sens s _aflaJbhssent, son crâne est d . dé ctme des arbres d enu comme la . . u verger. Ne_anm~ms la foi et l'espérance sont de~~~r~esl Vtva_ces. L'arbre reprendra son ieuilauss·a a _saJsdon procha ine; l'homme renaîtra t. mats ans un autre monde . ses re gards salue~ont un autre soleil, il jo~ira d'u~ ~~~~vep~u pnntemps dont les fleurs ne se faneus.
N
J
Pensée• et llaxlmes
r
Peu d~ _raroles et beaucoup de bonnes actons, votlà le moyen de faire le bien. Mgr Landriot. sans Dieu, c'est une plante Une morale sans racine.
main de maître, donnant des définitions erie des vacances, reprenez avec cou- très intéressantes des réactions que pro11 rage, ayec bonheur, vos livres qui sont duit la fatigue, laquelle est en somme au>ssi vos amis. Aimez à aller à l'école et une intoxicattion des tissus cérébraux, au catéchisme, puisque c'est là que se où les matières décomposées par le tra· sont fonnés ces grands hommes, ces hé- vail s'accumulent à la façon des scoros dont vous admlrez les exploits et ri~s dans un fourneau. L'a.111tidote du auxquels vous rêvez peut-être de ressem- poison déterminé par la fatigue aurait bler un iour. Aimez aussi beaucoup vos été trouvé par un savant berlinois. En maHres et vos maîtresses et tous ceux qui proietant ce contrepoison au moyen s'occupent de votre éducation à quelque d'un vaporisateur, dans une école où litre que ce soit. Songez au dévouement les élèves, par "leur inattention et les de tous les instants, à la tendre et cons- nombreuses fautes, donnaient des sitante sollicitude dont ils vous entourent gnes évidents de fatigue, le dit savant malgré vos espiègleries. vos polissonne· anrait obtenu une accélération du tra· ries et souvent vos vilains travers. S'ils vail de 50 1u pour les calculs. M. Savavous réprimandent et que parfois leurs ry. toutefois ne croit oas à un remède corrections paraissent iniustes ou rigou- général, ce serait, dit-il, trop beau pottr reuses, c'est encore parce qu'ils vous ai- y croire. Il exist·e èiwr~. procédés pour mesument bien qu'ils vous reprennent et vous rer la fatigue, et le rapporteur croit .1u' punissent. Plu·s tard, bien tard, quand les ans on arrivera ~ trouver des unités pou< ou les soucis de l'existence auront blan- tous les phénomènes physiologiques, tels chi vos cheveux, vous vous reporterez que mémoire, intelligence, ek. M. Savary a appuyé sur la nécessité avec bonheur sur ces temps heureux où vous n'aviez qu'un souci!!! celui de vi- des récréations, indispensables à l'envre. Vous sourirez en pensant aux far- fant pour se reposer, surtout après une ces que vous faisiez avec vos camara- lecon ardue. Il Drécoruise un repos de dix mlnules des. et vous vous direz: Oui, c'était vraiaprès chaque lecon de 50 m~nutes. Mais ment le bon temps, l'heureux temps! cette théorie rencontre de l'opposition. -ocar les sorties fréquentes provoquent 18me conférence annuelle des du désordre et les enfants préfèrent souInspecteurs scolaires de la v.ent w1e récréation d'une demi heure, à Suisse romande à Sion, le 28 trois coupures de dix minutes. Une erreur assez générale est que la septembre 1911. Messieurs les inspecteurs scolaires de Q'ymnastique repose l'esprit. M. Savala Suisse romande avaient choisi notre ry démontre que la gymna~stique provopetite vme. comme lieu de leur réunion. que de la fatigue et comme toute fatiAu nombre d'UIIle trentaine, ils ont tenu Q"ue. vntellectuelle ou physique, il en ré· séance au salon du Grand Hôtel, sous sulte l'intoxication des tissus cérébraux. Pour résumer son travail, M. Savala pr.ésidence de M. Burgener, chef du Département de l'Instruction publique. ry a établi les conclusions que voici ll1 Le suiet traité par M. Savary, ins- extenso: pecteur scolaire à Lausanne était : « La Concl'usions. falif!ue intellectuelle et les horaires des 1. Le travail est un devoir de l'homleçoris ~ suiet évidemment bien scolaire. me envers lui-même et en;er.s la corn· et qui préoccupe les milieux pédagogi- munauté. Tout travail ù'ane certaine ques depuis nombre d'années. durée produit la fatigue. M. Savarv a développé son sujet de
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7 2. Il faut distinguer ent·r e fatigue normale et surmenage. Tou te fatigue normale disparaît complètement avec le repos; toute fatigue qu'un sommeil suffisant ne dissipe pas et qui nécessite des soins particuliers est du surmenage. . 3. On ne doit pas chercher à éviter toute fatigue à nos enfants; il suffit de la proportionner à leur âge, à leur santé, à leur développement intellectuel: problème bien difficile à résoudre, il faut le reconnaître. 4. La fatigue intellectuelle n'est pa-s produite uniquement par la quantité. mais aussi par la nature du travail. Il v a des disciplines plus ponogéniques que d'autres. L'intérêt joue aussi un grand rôle. 5. Il n 'y a pas de surmenage intelleduel dans la grande majorité de nos classes primaires. 6. Une foule d'enfants !Subissent un vrai surmenage physique par suite des travaux imposés par les parents ef par insuffisance de sommeil. Ces élèves ne retire'nt qu'un faible . profit des leçons qui leur sont données. 7. Dans la préparation de son horaire des leçons. le :maître tiendra compte des résultats obtenus par les rechetches sur la fatigue intellectuelle. 8. P0.ur les élèves de 9 à 15 ou 16 ans. la longueur des leçons doit dans la règle être de cinquante minutes, pour ·les élèves plus jeunes de vingtcinq minutes. · 9. Chaque leçon de cinquante minutes sera dans la règle suivie d'une ré· création de dix minutes. Toutes les fois que le temps le permettra. cette récréation sera faite en plein air; le maître s'assurera que les enfants jouent et s'ébattent. 1O. Les leçons les plus fatigan.tes ( Mithmétique . composition , dictées. grammaire. histoire, géographie) seron1t placées le matin et,' autant que possible, à la même heure. La deuxième et
la troisième heure sont les plus favorables a u travail intellectuel. Avant la lecture du rapport de M. Savarv, lequel, s ur la proposition de M. Burgener. aura les honneurs de l'imoression, le Chef du Département de l'Inst.ruction publique avait souhai~ té la bienvenue aux participants, en rappelant les progrès ré3lisés en Valais. depuis la dernière réunion de 1904. C'est tout d'abord la loi sur l'ensei-·,'.ement primaire, l'institution des médecins .scola·ires, la création de l'école d'application, l'amélioration des traitements des instituteurs. la création des rensions de retraite, la loi sur l'ensei· !lnement secondaire, les dispositions re· lative-; aux anormaux. Aorès le discours vivement applaudi de M. Burgener, qui termine en souhaitant que la réunion soit riche en fruit>S et en bénédictions pour notre chère ieunesse. c'est M. Savary, ainsi que nous l'avons dit, qui dévell().ppe son suiet. Puis la discussion comme'nce. émaillée ici et là d'une pointe de malice, car )es inspecteurs scolaires ne sont pas si moroses qu'on se l'imagine! La discussion se prolonge jusqu'à 1 h. 1/4. et les effets de la fatigue intellectuelle se font sentir. en même temps aue des tiraillements significatifs dans l'estomac. Mais le remède est près du mal. le dîner est servi et bientôt les discours commencent oar celui de M. Burgener disant tout le plaisir que le Valais éorouve à recevoir ses Confédérés. Parlent encore : MM. Latour. Blaser. Henchoz Savary et Allet, inspecteur scolaire de Sion. Le cuisinier s'étant surpassé la bonne humeur prend rapidement le dessus et les affaires admini-sh·atives qui n'avaient Du être liquidées dans la lomme sr<lnce du matin, sont rapidement enleTout d'abord M. Blaser. orésident sortant de charge est rempl'a cé par M.
Des numéros spécimens pour propa~ Latour, acclamé. M. Barbey, de frigande sont mis gratuitement à la _dispobourg, propose comme sujet pour.19~ 2 : " de l'utilité des conférences d'msütu- sitian des membres du corps enseignant teurs et de M. meilleure organisation de qu-i désireraient le-s faire circuler parmi ces conférences ». . Jla jeunesse des écoles. Cette proposition est adoptée et lut -0vaut l'honneur d'être dés,i gné comme A.Imanach du Valai• 1912. rapporteur pour 1912. Ces jours-ci, il noUJs a été donné de Neuchâtel est désigné comme pro· parcourir le texte de l'Almanach du chain lieu de réunion. Vers trois heures., la séance est levée, Valais 1912, et le rapide coup d'œil que Quelques-uns se dirigent à regret vers nous v avons pu jeter nous a pennis de la gare, d'autres vont à Valère, et le constater que cette nouvelle édihon se plus fort détachemen~ se dirige vers présen!te aussi avantageusement que Savièse, en passant par les vignes de jusqu!ici, tant au point de vue du fond Montorg.e, où M. Burgener leur offre que de la forme. Les articles et récits de ses belles grappes dorées. La beau.té originaux v sont nombreux et variés, et du paysage et l'état superbe du vigno- l'illustration particulièrement copieuble excitent l'admiration générale. Puis, se et bien venue. Aussi notre périodipar le.:; raidillons, la joyeuse cohorte se que national peut-il sous tous l!!S rapdirige vers Savièse, où elle est reçue ports soutenir la comparaison avec oar M. le juge jacquier, qui laisse cou- ceux qui nous arrivent du dehor-s, sans ler à pleins bords un fendant délicieux, compter que par son contenu il a sa d'une channe vénérable au large be-c place particulièrement marquée dans d'étain. tous les foyers valaisans, comme le seul Le soir tombe, c'est l'heure du dé- à nous conter les vieilles histoires d'un part de ce riant et toujour-s merveilleux vieux pays. Religion, littérature, science agricoolateau de Savièse, et les congressistes se séparent en gardant, espérons-le, un le actualité tout cela se trouve reprébon ·souvenir de leur assemblée à Sion . s~té et traité dans des articles signés O. Perrollaz. de noms connus et sympathiques, qui ne -osont autres que ceux des collaborateurs ordinaires de cette publication: A. DuLe ,Jeune Catholique',, ruz, O. Perrollaz, Dr H. Wuilloud, A. 'Au n" 11 (novembre) de ce petit jour- Perraudin, prieur Bourban, chanoine n·al sera joint un Supplément sur lequel Duc, sans compter deux écrivains vaunous appelons l'attention toute spéciale dois en renom, MM. René Morax et du personnel enseignant. Cette livrai- Beni . Vallotton, venus aussi prêter leur son sera adressée, pour qu'i.ls en pren- bienveillant concours pour augmenter nent connaissance, à tous les institu- l'intérêt de notre publication nationale teurs et institutri-ces qui ne reçoivent Une chroniq ue embrassant les événepas encore le feune Catholique. La ré- ments les plus marquants arrivés dan.s ception n'engage personne, cet envoi notre canton du 1er oct 1910 au 1er ayant simplement pour objet de trans- oct. 1911 donne en un cadre restreint mettre un appel et des. avis se rappor- une idée de la vie valaisanne sous ses tant à la publication de ce recueil pour différents aspects pendant cette périoson entrée dans la 2me année. On y de. trouvera en même temps les conditions N'oublions pas de mentionner une d'abonnement pour 1912. page spécialement originale et qui plai-
Supplément au 3to 8 de ,f &cole,, (1911)
8 Un typh ique entre en convalescence; le médecin prescrit: Donnez-lui des soupes aux œufs, rien que le bou illon, sans pain. • La famille fait bouilhr longuement l'eau de quelques œ ufs à la coque, et donne cette eau à boire au convalescent... lequel se garde bien d'engraisser, el pour cause. Un médecin ordonne: • Pepsine amylacée; une prise de 10 grammes à chaque repas. • Et Je patient, deux fois par jour, se bourre consciencieusement le nez de poudre à la pepsine!
ra certainement en ce qu'elle nous offre, réunis comme en un médaillon, les portraits très bien venus des cinq membres de notre Conseil d'Etat avec une courte notice biographique. En terminant, nous formons les meilleurs souhaits que l'Almanach da Vatais pénètre toujours davantage dans nos familles qu'il vient depuis 12 ans, édifier, récréer et instruire tout à la foi·s.
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• Pour puni r Paul de g ifler à tout propos son frère Henri , et pour consoler en même temps Je ba Hu, leur papa a dit à celui-ci: - Toutes les lois que Paul te donnera un soufflet, je te donnerai, moi , deux sous. Depuis lors, un traité secret est intervenu entre les deux bambins. Henri se fait girler par Paul à chaque instant du jour et passe immédiatement à la caisse. Et Je soir, avant de se coucher, ils partagent!
Variétés LES
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DEFORMATI ONS PITTORESQUES DU LANGAGE Rien n'est plus stupéfiant que les transformations subies par les termes médicaux el les prescriptions thérapeutiques, lorsque les malades peu instruits se mêlent de les interpréter. Le popu laire prononce: c surface de zinc • pour s ulfate de zinc; • colorate de potasse • pour chlorate de potasse; • estomacs de maïs • pour stigmates de maïs; • saleté pareille ~ pour salseparei lle; • mitra ille d'argent • pour nitrate d'argen t ; • baume de la pea tL des dogues • pour bau111e d'Opodeldoch; • zigue de zingue " pour oxyde de zinc.
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• 0:~ cau~e cians une société du talent qu' ont certamcs pcrsCJnnes d'imiter le cri des an imaux. - Tout cela n'est rien, 1of un Marseillais; z'ai un, a1~~ · l?rsqu'il in1 il· dr ça nt du coq ...
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,LE JEUNE ÇATHOLIQUE"
L'immortalité de l'âme Une démonstration assez originale et très frappante de l'immortalité de l'âme: Un vieil et excellent maître d'école d'autrefois avait soin de profiter de toutes les occasions pour prémunir ses chers élèves contre les doctrines matérialistes. Tirant un jour sa grosse montre, il la plaçait sur sa main, puis il appelait autour de lu i ses bambins: - Qu'est-ce qu'elle fait, mes amis, cette montre? - Elle fait tic-tac, dit le premier. - Elle fait tic-tac, dit le second. Et ainsi de suite pour le troisième· ce n'était pas malin. ' Après ces préliminaires, notre bon maître détache le mouvement de la boîte, et, tenant chaque objet dans chaque main, il nous dit: - Ecoutez la boîte! Ecoutez le mouvement! du côté de la boîte, silence; du côté du mouvement, tic-tac, toujours. Ce n'était pas malin non plus. - Lequel des deux, nous dit-il, est la mon· Ire? - C'est ce qui fait tic-tac, répondîmes-nous en l'indiquant du doigt. ' - Eh bien, mes chers enfants, reprit-il, vous le voyez, la montre marche même quand elle est séparée du corps. Elle lui survit en le quittant, mais sa vie nous est cachée parce que le corps qui est comme son cadran n'est plus uni à elle pour nous la montrer, . Ce_tte explication fit rayonner tous nos pet.ts VIsages; nous autres, mioches, nous avions compris l'immortalité de l'âme à l'aide de cette ingénieuse démonstration . .
JOriBNA~ I~LlJSTBE
PO riB NOS ENFANTS paraissant à Sion chaque mois
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En forêt Il faisait nuit sombre, tout à fait sombre, et le ciel était noir comme une soutane, quand l'abbé Laine, après avoir passé Je carrefour du Roussy, s'engagea dans la route de Salinières, qui traverse presque de part en part la forêt d'Orléans. A cet instant, Holophernec'était Je nom du petit âne qui traînait ia charrette où s'était mis l'abbé - ayant tait mine de s'arrêter, queJlques exhortations lui turent adressées de la voiture avec une douceur toute paternelle, et l'animal reprit son trot court
et haché, qui lui secouait si fort (ainsi qu'on pouvait le voir en plein jour) ses oreilles démesurées. A ce trait-là, Holopherne était cependant capable d'abattre beaucoup de ch~ min. Ses petits sabots, pointus et tenaces, travaillaient sans relâche pendan~ des heut~s; il était en même temps vigoureux et docile, comme les ânes qu'on ne bat point, son maiIre ne l'ayant jamais fouetté, par !''excellente raison qu'il n'avait pas de fouet, et se contentant d'une bonne parole ou d'un simpfe appel de rênes dès qu'il voulait lui transmettre sa pensée. Mais ce soir-là, qui était un soir de juin très lourd et très orageux, sans étoiles ni June, l'abbé eût souhaité, comme il est dit dans les Précis de poésie, • donner des ailes d'alcyon • à son baudet, qu' il trouvait lent et qu'il ne cessait à toute minute de presser de la voix, car il allait loin, à plusieurs lieues, et quoique en route depuis une heure, il n'était pas encore à moitié du chemin qu'il avait encore à parcourir. M. Lesprit, le messager de Chauvigny (c'est là que l'abbé Laine remplissait les fonctions de curé depuis dix ans), revenant ce soir même de son voyage hebdomadaire, avait apporté au prêtre, vers les 9 heures, la nouvelle que la femme Doradoux, la gard~barriè re, ne passerait probablement pas la nuit, el dame! qu'elle se faisait bien du tracas à mourir sans se vider de ses péchés et sans rece· voir la Communion. Aussitôt l'abbé Laine s'était rhabillé, avait réveillé Holopherne en plein rêve de chardons, accoutumé d'ailleurs à ces sorties nocturnes que lui infligeaient les derniers sacrements. Une fois sa charrette attelée, il avait été droit à l'église; et là, presque à tâtons, à la lueur d'une chandelle, il avait pris dans le vieux tabernacle de bois peint une Hostie consacrée, avec tout ce qui lui était nécessaire pour administrer le Viatique. A cette heure tardive, 9 h. un quart! tous le~ enfants du village étaient couchés et dormaient. Bien que M. Lacabasse, le bedeau, se fQt offert avec une généreuse insistance pour accompagner le curé, lui présenter les saintes Huiles et l'assister dans son ministère, l'abbé Laine ne voulut point consentir à la touchante proposition de M. Lacabasse, qui n'avait pas moins de soixante et onze ans, et, malgd les exclamations de ce vieillard, jointes aux prédictions les plus sinistres de sa servaDte, il décida qu'il irait seul, tout seul, chez la femme DOJ·adoux, et qu'il n'y avait aucun danger,
66 la forêt n'ayant point la répuialion d'une mé- dant Wle minuie ou deux, chacun garda le chante personne. Silence. Enfin, l'abbé dit le premier: D'ailleurs, le bon Dieu n 'était-il pas du Ce n'est pas un beau temps pour se voy~ge? Par conséquent, rien à craindre. Il promener dans la forêt. av~1t placé tout près de lui, dans sa pèlerine non, fit J'homme, sans compter so1gneusement roulée, la petite boîte de ver- que- ceDame, n'est pas prudent. meil où était enfermée l'Hostie, et une rêne Pourquoi, mon ami? dans chaque main, il conduisait Holopherne - Rapport aux malfaiteurs. Est-ce que dans la nuit, en priant. Quelquefois il disait vous ne croyez pas aux malfaiteurs, vous? hue au milieu d'un • Pater • . Une' lanterne . - 9uè_re; mais cependant il y en a, c'est hâtivement ficelée au départ à un des bar~ reaux de la charrette, l'éclairait tout juste tnste a d1re. Oh! il y en a ... Un silence régna de nouveau entre eux. assez pour l'empêcher de verser dans les fos-:- E!, sans être trop curie!JX, Monsieur le sés qui bordaient la route, et l'abbé pensait par instants que jamais, sans le faible éclat cure, ou que vous allez à cette heure au ' de ce pauvre fanal, il n'eût pu s'en tirer tant lieu de pioncer? demanda l'homme. - Je vais porter le bon Dieu à une moula nuit était sombre, un vrai temps de' Venrante. dre-Saint pour réciter les Ténèbres. - Je m'en soupçonnais. Et c'est-il loin qu'a Il avait un peu dépassé le bois du Loup-Perdu, quand il crut entendre, à quelques mètres meurt, vot'mourante? ·- Un peu avant Thiézy. C'est la gardede lui, sur sa gauche, un bruit de pas. En même temps, Holopherne s'arrêta net. barrière, .la femme Doradoux. Est-ce que vous L'abbé n'avait jamais connu la peur, ne pen- la connaissez? Non. sant toute sa vie qu!à la mort, et ayant coutu- Vous n'êtes pas d'ici? me de dire qu'il ne tombe pas un passereau - Non. sans la permission du Tout-Puissant. Il avait - Ni des environs? toujours considéré qu'ici-bas les plus redou-Non. tables des assassins, ce sont encore nos vices, - Vous passez? et qu'il n'y a pas de pire danger que le péComme vous dites, oui, M'sieu le curé, ché. Il ne se troubla donc point, et il demanon passe. da tout haut, avec beaucoup de tranquillité : Ils se lurent. Après avoir laissé sur leur - Es!:-ce quelqu'un? - C'est quelqu'un, répondit une voix droite !'~tang des B!tillaudes, qu'on ne voyait pas, mats dont l'abbé, à qui la forêt était fad'homme dans les ténèbres. - Quelqu'un qui a perdu sans doute sa milière, savait l'emplacement, ils s'étaient engagés dans Ja route de Chilleurs, d'une monroute? interrogea le prêtre. - Quelqu'un qui l'a perdue et qui va à tée très raide, et l'âne, essoufflé avait commencé à prendre le pas, quand tout à coup, Thiézy, dit la voix. - En ce cas, commanda l'abbé, montez avec une incroyable rapidité de sauvagerie, l'homme bondit sur le prêtre, et, le culbutant vite. C'est là que je vais aussi. Quelques secondes .s'écoulèrent, la charret- du banc de bois sans dossier où il était assis, te bougea, puis craqua sous le poids d'un le fit tomber en :.rrière, .sur le dos, dans le lourd enjambement, et le prêtre sentit s'as- fond de la charrette, où il le terrassa. Il n'y seoir, tout contre lui, un homme. Un hom- eut pas l'ombre de lutte, le vieillard ne pousme qu'il devina aussitôt grand et fort. Dès sa pas un cri, pas une exclamation. Ce fut une qu'il fut en place, l'abbé put distinguer va- courte et muette bousculade en pleine~ ténèguement les traits de son visage aLitant que bres, à peine quelques piétinements de semel!''obscurité Je lui permettait. C'étaient ceux les sur des planches. Et puis plus rien, que d'un ouvrier, d'un homme du peuple habitué le silence terrible et grave des choses aux grossiers et rudes labeurs, empreints d'u- faites, des crimes commis, un silence ne expression farouche et résolue. Lui, de son qui semble avoir regret. L'agres~eur, côté, avait fixé un dur regard sur l'abbé Lai- armé d'un couteau, n'avait pas encore frappé sa. victime, il la tenait résignée sous son gene: - Tiens! tiens! observa-t-il, comme ça, nou, et, le bras mal levé, il ltésitait cependant à tuer cet inoffensif, qui, sans défiance, l'a· vous êtes dans les prêtres? Roulons! Il cracha, et la petiie voiture repartit. Pen- vait recueilli sur Ja route, en pleine nuit...•
67 quand soudain, à deux pas, éclaièrent d'épouvantables hurlemenis. une tempête de sanglots éuormes qui 5emblaient crier a l'aide et prendre à témoin les dix-huit lieues de forêt. Holopherne s'était mis à braire. En entendant ces sinistres clameurs décuplées par le silence de la nuit, et qu'il 'ne s'était. p~s tout de suite expliquées, l'assassin ava1t laché le couteau et bondi sur ses pieds. L'âne ~ tut. Et l'homme écoutait encore, plein d'effrot, quand une voix très calme, partant du fond de la charrette lui demanda : - Avez-vous des allumettes? - Oui, pourquoi? répliqua l'homme ahuri. - Allumez-en une ou deux, dit le prêtre, c'est pour retrouver quelque chose que j'ai perdu. Chancelant comme un homme ivre et désarmé par l'héroïsme bonhomme d~ curé, l'assassin, ayant en poche quelques allumettes à demi brisées, en frotta une contre sa cuisse, la flamme jaillit, et à sa lueur il vit penché à quatre pattes dans la charrette l'abbé qui ramassait un objet. S'étant relevé ensuite, ce dernier s'assit, el, approchant sa main du verre de la fameuse lanterne, il mit en lumière un petit crucifix de bois très commun. Puis, sans que sa voix subit la moindre altération: - C'est le crucifix que je porte toujours dans ma ceinture, j'avais entendu qu'il tombait, et cela m'aurait bien contrarié de le perdre, car j'y tiens beaucoup, beaucoup. Hue! allons, paresseux! Et l'âne repartit. - Pourquoi que vous y tenez tant, à votre brimborion? demanda l'homme au bout d'une seconde, avec une gêne mal déguisée. - Pourquoi? mon ami, vous allez le comprendre: ce petit crucifix que vous voyez là (et il le rapprocha de nouveau de la lanterne), il a été embrassé par dix-sept personnes au moment de leur mort, et des gens qui sont morts d'une triste mort, que vous ne devineriez jamais. - Quelle? dans le feu? ou Je choléra, peutêtre? - Bien pire .... - Pire que le choléra? - Oui, je vous assure.... on leur a.... ils cnt été guillotinés. - Guillot.... Bougre! Et quelques instants s'écoulèrent pendant lesquels ils se turent l'un et !':mire. La nuit était moins noire; dans un heciare de ciel pur erraient, comme égarées, une demi-douzaine
d'étoiles en peine. Et le pr~fr<! avec lenteur et gravité, se mit à parler de sa vieille voix de confessional. sans avoir l'air de s'adre3ser directement à son voisin : - 0ui, mon ami, dix·sept qui sont morts comme je vous le disais tout à l'heure.... On n'oublie r~s ces choses-là, quand on a ~té aumônier de l'a Roquette. - Vous! Vous avez été à la Grande Piaule, à la Piaule des garçons? - Pendant onze ans, ou1. - Comment! comment!... Ah! ben, excu· sez, alors, mon aumônier, je suis une ~raie v... d'avoir voulu.... Mais l'abbé ne parut pas l'entendre, et il poursuivit: - Je me rappelle.... tous ces pauvres énfants.... Gamaze.... Adrienne!.... O:lanlot. ... - Chanlot, qu'avait tué la cuisinière du dentiste? -Oui. - Je l'ai connu, nous avons été ensemble au 78me de ligne. - Il s'est confessé, il est très bien parti .... Devant l'échafaud, il a demandé pardon à tout le monde avec beaucoup d'humilité.... Il y avait des gens qui pleuraient. Oui, Chanlot s'est tout à fait bien conduit à ce moment-là. Et puis tous les auires .... Petit-Paul.... Saumonin .... tous ils l'ont embrassé, ce crucifix.... et sans se faire prier... un crucifix de la bonne mort, on peut le dire.... Voilà pourquoi j'y tiens. L'homme, depuis quelques minutes, respirait bruyamment. Ramassant enfin tout son courage, il dit: - Je ne sais pas, M'sieu l'abbé, si c'est d'apprendre là, v'lan! que vous avez été aumônier de la Grande Piaule, ou bien si c'est que je suis tout rêveur.... mais j'ai, rapport à vous, comme un regret.... de m'être conduit pas proprement. Le curé ne le laissa pas continuer. - C'est bon .... n'en parlons plus. Sans douie, vous n'avez pas été gentil tout à l'heure .... mais c'est fini. .. Qu!est-ce qu'il y a donc, mon pauvre enfant, hé? Des gros ennuis? .... La vie est dure? oui, c'est bien ça, je m'en doutais, la vie est dure.... pas de travail.... on se monte.... et puis un soir on perd la tête, tout ça parce qu'il fait nuit... Des bêtises, pas autre chose. Faut laisser ça aux vilaines gens, aux gens de rien.... Mais vous, qui avez été bien élevé.... car vous avez appris votre catéchisme .... dans le temps .... - Oui, mais c'est pas d'aujourd'hui.
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68 - Vous voyez bien. Et puis, un ancien mi- l'autre, le vrai drapeau du 78me sous lequel litaire.... nom d'un petit bonhomme! C'est si il avait fait tant d'étapes à une ho~mête époque beau ça .... Moi, tenez, j'aime tant les soldats de sa vie. que si je ne m'étais pas engagé au Séminaire, Oependant le prêtre, après avoir récité les c'est à 1a caserne que j'aurais été .... comme je prières d'usage, avait ouvert la boîte de vervous Je dis .... Non .... voyez-vous, tout ça n'est meil. L'Hostie, qu'il semblait tenir à peine, pas sérieux. Vous avez des contrariétés.... On resplendissait à présent toute blanche au bout sait ce que c'est ... Nous en avons tous. Vous de ses doigts, et son éclat de neige remplissait me les direz demain, en buvant un petit verre la chambre. de cassi3, et nous aurons à arranger ça pour S'étant détourné, il' fixa bien en face, avea le mieux.... Dans ce moment-ci je vais à une infinie miséricorde, J'homme dont les jamThiézy porter le bon Dieu, corn~ vous sa- bes fléchirent, et qui se mit à genoux, terrasvez, à la femme Doradoux, la garde-barrière ... sé à son tour. Vous voulez bien m'accompagner, n'est-ce Puis il s'aoprocha du lit. Et, à l'instant où pas? il déposait le Pain céleste sur les lèvres qui L'homme grogna: n'avaient presque plus la force de le. recevoir, - Bien sftr que je ne vais pas refuser la femme Doradoux, garde-barrière étendit maintenant de vous faire la conduite.... horizontalement, dans toute sa longu'eur, son - A la bonne heure! ~uand nous aurons bras demi-nu, - comme pour indiquer que la fini, nous reviendrons tous les deux à Chau- Voie était libre. vigny, vous passerez la nuit au presbytère, et Henri LAVEDAN, demain matin nous causerons; après que j'aude l'Académie française. rai dit ma messe. Entendu? - Entendu, repartit l'homme, puisque je fais tout ce que vous voulez! Quand ils entrèrent, un quart d'heure plus tard, dans l'unique pièce qui composait tout le logis de la garde-barrière, ils n'eurent pas Dans œ fin fond de la Sicile, tout là-bas, besoin de s'approcher du lit où gisait, immobile et blanche, la femme Doradoux, pour voir vers le Sud, à l'endroit où les côtes dentellent leurs contours sur une mer souvent mauvaiqu'eLle était à toute extrémité. Dès le seuil, l'homme avait déclaré entre se, il est une passe redoutable qu'on appelle « la Route du Diable » et dont les gens du ses dents : - Elle n'en reviendra pas, c'est de l'argent pays ne parlent jamais qu'à voix basse. Longtemps les pêcheurs bravèrent ses dansftr! Alors, l'abbé se mit rapidement en devoir, gers. Longtemps ils crurent que l'abîme se assisté d'une voisine qui était venue veiller la lasserait d'engloutir et de dévorer, mais il y mourante, de tout préparer pour la commu- en eut tant des plus forts et des plus braves qui, partis joyeux et l'espoir au cœi.J!r, ne renion. Tandis qu'il dépliait sa pèlerine et posait vinrent jamais, qu'à la fin ils perdirent pa• sur la commode, entre deux chandelles, la pe- tience: iLs jetèrent un phare sur un ilot, à un tite boîte de vermeil où était enfermée l'Hos- mille environ du rivage, et pour que tout le tie, l'homme, debout, promenait, avec un trou- monde sût que l'endroit était maudit, ils lui ble étonné, son dur regard sur les murs nus donnèrent ce nom: «El Vecchio •, la Vache. Il fut décidé qu'à tour de rôle les marins de la chambre, sur les meubles modestes, sur l'alcôve où râlait l'agonisante, les traits paci- du voisinage prendraient la garde de ce phare, dont la prunelle sanglante s'allumait avec le fiés, empreints d'une sérénité inexprimable. Dans un coin, il y avait, sur une chaise de crépuscule, et ce fut ainsi qu'un soir d'hiver paille, son chapeau marin de toile cirée, avec le vieil Yvon. marin de France, devenu amoule guidon de laine garance roulé dans sa gaine reux du soleil de la Méditerranée, iut désigné par le sort et débarqué sur l'ilot, avec la conde cuir. Ni l'un ni l'autre ne serviraient plus ja- signe rigoureuse de dormir le jour et de mais à la pauvre femme. Et la vue de ce gui- veiller la nuit. don qui laissait échapper hors de son fourreau un peu de rouge impressionna le misé...Yvon commençait à pester fort contre sa rable et l'émut. Elle Jui rappela sur-le-champ solitude et aussi contre l'ennui de rester là,
El Vecchio
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le·s bras croisés, en face d'une mer unie comme un lac, quand, vers la fin du troisième jour', il lui sembla apercevoir, à l'horizon, un point noir dans le ciel. - • Diable! • - fit-il, soudain attentif. Il ét\1-it si minuscule, ce point no.jr, à peine perceptible dans l'or fondu du couchant, qu'il fallait avoir l'œil aigu du marin et se nommer Yvon pour l'avoir découvert. Quelqu'un qui fût passé par là et qui eût surpris le vieillard, les yeux fixes, comme hypnotisé, sondant l'Infini, eût été tenté de lui demander. - «Que regardez-vous donc, au loin? ... est-ce une mouette qui s'ébat ou la voile blanche d'un navire? ... à moins que ce ne soit tout simplement ou de ces lutins des vagues comme on en voit dans les vieux contes!... • Mais Yvon n'aurait pas répondu. Yvon n'avait pas l'esprit à plaisanter. Il fronçait les sourcils et, si l'on s'était approché de lui, on aurait entendu son cœur battre à grands coups dans sa poitrine ... Cette petite chose noire qui flo·ttait, indécise et vague, qui avait l'air d'une phalène prête à se brûler les ailes aux leux du soir, Yvon l'avait déjà vue, il la reconnaissait plus d'une fois, alors qu'i1 courait les ~céan~, elle s'était ainsi levée sur sa route - 11 savait de quel nom elle s'appelle et, quand les autres haussaient les épaules en disant : • C'est une oiselle!, lui, frissonnant de la tête aux pieds, répondait: « C'est la tempête! • Oh! il ne pouvait s'y trompeT! Le point, tout à l'heure si ~lit, gr?ssissait à vue d'œil. En quelques mmutes, Il en• vahit l'horizon, éteignit le soleil; des nuages s'en détachèrent et montèrent en gros flocons à l'assaut du ciel. En même temps, un éclair troua la nuit et la fit rougeoyer comme un feu de forge .... Puis ce fut la rafale, soudaine, brutale, qui fond sur l'lmmen~ité co~me le vautour sur sa proie, tournme, rugli et frange les vagues de dentelles. Yvon transi de froid et grelottant, regardait tou\ours l'Océan. Sans transition, la nuit s'était faite et le phare n'était pas. allumé encore mais Yvon ne pensait pas. En face de la mer 'déchaînée il éprouvait une âpre jouissance à se remé1~orer les nuits tragiques d'autrefois où des tempêtes pareilles l'avaient assailli ~lors qu'il était de quart sur sa barque, l;s poings crispés au gouvernail... Elle s'aPpl!lait « La Glorieuse , , cette barque fral!'~le, dont les voiles blanches ressemblent aux ailes d'une colombe, et elle avait la réputation de
défier les plus fortes James et de se jouer des récifs. Hélas! combien d'hommes qu'elle emporta ne revirent cependant pas la terre!... Et le vieux marin s'oubliait a.insi dans le passé à revivre des heures poignantes.... · Mais, tout à coup, il sursaute douloureusement. Rêve-t-il? Est-il le jouet d'un cauchemar? ... II pâlit et pousse un cri de dément : - "Mon Dieu! » Devant lui, dans la brume, à un demi mille à peine, il vient d'apercevoir une ombre qui passe... Eperdue, désemparée, elle s'agite désespérément, cette ombre, épave sinistre roulée par la mer ... Ooëlette peut-être, ou carène de pêcheur, qui peut le dire? ... Sur le pont, broyé par une lame, la mâture gît, lamentable... Maintenant, poussée par le flot, elle pique droit sur 'l'ilot : en moins d'une heure, si elle ne reprend le large, c'en sera fait d'elle ... « Au phare! • hurle Yvon, que le sentiment du devoir a ressaisi. Et, retrouvant ses jambes de vingt ans et son agilité de mousse, il bondit dans sa tourelle...
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Le phare s'éclaire. Sa grosse lueur ressemble à un œil ouvert dans la nuit... Hélas! l'ombre est trop épaisse ou la lueur trop faibl~ : le phare éclaire mais à dix mètres on ne vmt plus ses rayon~. L'air est chargé de brouilla:rds et d'embruns qui forment un rideau impénétrable... Le feu de la lampe s'entoure d'un halo et se meurt... Et là-bas, le navire désemparé approche, approche toujours, entraîné vers l'écueil qu'il ne voit pa.s! Que faire? Appeler? Orier? A quoi bon? La voix se perdrait dans le tumulte... Non! c'est de la lumière qu'il faudrait! Pourquoi Yvon n'a-t-il pas Je soleil à sa merci pour en darder les rayons sur ce chose? ... Fou! il se sent devenir fou!... N'y a-t-il pas de quoi mourir de désespoir de savoir qu'il est à deux pas de soi des hommes, des frères, des parents peut-êre, qui vont à ia moort et qu'on ne peut sauver? - A moi! , gémit-il, car, à son tour, il est désemparé, sa raison naufra~e. . . Mais une idée lui vient, subite, Impéneuse..;. Tout n'est pas perdu encore... Le phare est de bois! Le phare est construit avec des troncs de pins à résine: cela brûle aisément... S'il pouvait y mettre le feu! Il promène sa torche sous les charpentes.
70 ~~e. flamme bleue court, pétille; des étincelles La grande muraille qui la devait défendre de Jaillissent par gerbes folles. Oh! bonheur! l'invasion de l'étranger et de la civilisation comme une traînée de poudre tout s'embrase! occidentale a plus d'une brèche. Le jour vienU~e fu~ âcre tournoie, un coup de vent dra où elle ne sera qu'un souvenir. av1ve le foyer, les poutres se tordent, les ais . Avant donc _que la Chine soit, politiquement disj?ignent avec de sourds craquements, parlant, orga01sée à l'européenne - un parti l mcendte c~uve formidable, puis subitement qui grandit tous les jours, y pousse avec ar~ éclate, ébloutssant, superbe ... Toute la mer en deur - voici quelques renseignements intéest illuminée! ressants sur la hiérarchie et les insignes du Yvon recule émerveillé: • mandarinat •, dont la puissance fut et est - • Enfin! » - dit-il. encore incontestée. Et un sourire d'allégresse lui vient aux lèDisons d'abord que les mandataires, appevres en pensant que le navire tout-à-l'heure lés là-bas Ko-han, sont, au nombre de trois égaré pourra peut-être encore éviter l'écueil. ou quatre mille, chargés de l'administration Mais aussitôt il porte les mains à son visa- civile et militaire du pays. A leur tête se 1!e. Qu'est-ce que cette douleur qu'il ressent? trouvent les douze conseillers privés de l'emOh! il n'avait pas songé à cela! Yvon est pereur, !es m_embr~s de la famille impériale, brave; il n'a pas prévu le danger pour lui- les fonchonnatres dtts du premier degré et les même: la mort, dont il a voulu sauver les généraux. autres se venge en marchant sur lui! • Pitié, Ceux-ci portent le bouton de corail (ShanDieu bon! • implore-t-il, et il essaie de se déhou), .et, sur leur poitrine, est brodé l'insigne rober... Il a beau faire, Je feu boursoufle sa peau. calcine ses chairs... Il comprend qu'il du l<t-l<ounk, ou coq sacré. La seconde classe du mandarinat est confaut fu'ir. sans perdre une minute, à peine d'être br1llé vif. Sur l'ilot minuscule le voilà férée aux ministres, aux vice-rois à certains qui court, va et vient: il cherche un abri, un t~o-taï et à quelques rares étraniers, comme trou, un contreft')rt où se cacher; mais rien ... s1r Robert Hart, directeur général des douaLe roc est uni comme un miroir. De quelque ~es ~hinoises, qui ont rendu des services parcôté qu'il aille, Je brasier est sur lui. Les flam- ticuhers au gouvernement du Céleste Empire. mèches le poursuivent, lèchent sa tête, noir- Ces mandarins ont droit au bouton de saphir cissent ses mains. Il regarde la mer comme (Yuen-tsing) et au paon brodé sur la robe. La plume de paon (Koung-tsion) est une si son salut était en elle: la mer furieuse broie distinction indépendante du grade, qu'on acles rochers et semble le défier. Et tandis qu'échevelé, farouche, il lève les corde généralement aux officiers supérieurs bras au ciel dans une suprême invocation, tout qui se sont fait remarquer sur le champ de baà coup Je roc trépide sous ses pieds. Le phare taille. Le bouton de la troisième classe est en marembrasé vient de vaciller, le géant sapé par la base est vaincu, il semble se raidir un bre rouge très foncé (Tsz-fan), et l'insigne, instant, mais tout de suite son grand corps un pélican (Tang-ngo). D'habitude, les lettrés s'ouvre, se disloque et, dans un tumulte ef- ne dépassent pas ce e-rade, qu'ils considèrent froyable, le brasier s'écoule sur l'homme, tout comme le summum de leur ambition. Encore d'un bloc, et l'ensevelit dans ses décombres... compte-t-on ceux qui y parviennent. Les officiers combattants, mandarins de Et nul ne saura jamais, non pas même les grands'mamans qui aiment raconter des his- quatrième classe, se distinguent par la pierre toires sinistres en filant leurs quenouilles, nul bleu pâle (Yuh-lan) qui orne leurs chapeaux ne dira avec des frissons dans la voix. com- ronds, et par le faisan doré (Kiu-ki) brodé ment est mort le vieil Yvon, marin de France, sur le revers de leurs jaquettes. Tandis que un soir d'hiver, sur l'ilot maudit où, depuis les officiers subalternes portent le bouton de lors, les mouettes elles-mêmes n'osent se po- cristal (Shui-tsing) et le faisan argenté, ou Peh-hien, du cinquième ordre. ser.... E. O. PERRIER. Dans la sixième classe, qu'on reconnaît à la. pierre de jade (Jouh) et à la cigogne (Kiautsmg), sont les fonctionnaires et les magistrats de~ grandes villes. Les lettrés-interprètes et les receveurs de La Chine se modernise de plus en plus. taxes (li-kin) figurent dans la septième caté-
s;
Derrière la grande muraille
71 gorie de mandarins, ayant droit au bouton d'or (Houang-kin) et à la perdrix (Che-kou). Enfin, les deux dernières classes du mandarinat, dont les insignes sont le bouton de cuivre (Tun1!·poh et la caille (Se degré) et Je bouton d'argent (Yin) avec le passereau (Mah-tsio) pour le 9e degré, comprennent tous tes débutants de l'administration chinoise qui ont subi avec succès l'examen d'admission. En terminant, il n'est pas inutile d'expliquer que ces différents attributs - boutons d'honneur (Man-ting) ou broderies (Kouésiou) ne sont exhibés qu'en cérémonie. C'est la tenue officielle ou de parade, qui se compose du chapeau de feutre en hiver, de pai lle à bords rabattus en été, et de longues robes en soie bleu-foncé du modèle prescrit par la cour. Les officiers généraux ayant remporté quelque victoire sur l'ennemi peuvent arborer la veste de soie jaune. Tous les autres, jusqu'au plus jeune lieutenant, n'ont droit qu'à la jaquette bleue, brodée des insignes du grade. Beaucoup de mandarins des trois premières classes ont coutume de se surcharger de colliers et de chaînes où le jade alterne avec les pierres précieuses les plus rares; mais, de même que l'ordre du Double Dragon, ces distinctions n'ont aucun rapport avec Je grade de ceux qui les portent, et les décorations, en Ch.ine, ne semblent pas être aussi prisées que dans les autres pays d'Extrême-Orient, prin•ipalement dans le Japon. ·
Variétés CLERGE REGULIER. D'après !', Annuaire pontifical" pour 1911 , les Congrégations religieuses forment encore de vaillantes légions, malgré la tristesse des temps que nous traversons. Voici des chiffres concernant celles qui sont le mieux connues dans nos contrées: Bénédictins de la Congrégation suisse : 5 abbayes, 281 religieux, 91 convers. 7 collèg~s; si l'on compte les 14 branches de la famille bénédictine, on aura 156 monastères, 4450 moines, 2007 convers, 1602 églises desservies, 142 collèges, etc. . . • . Chartreux: environ 1000 rehg1eux reparhs en 25 couvents. Dominicains: 4476 religieux. dont 8 archevêques et 12 évêques distribués en 367 ma isons constituées en 28 provinces. Frères Mineurs (Franciscains): 16968 reli·
gieux, 1487 couvents en 79·provinces, sous la direction du R. P. Denis Schuller, ministre général. Capucins: 10,056 religieux, 574 couvents en 55 provinces, sous la direction du R. P. PaCifi<l,ue de Seganio, ministre général. Conventuels (Cordeliers): 1700 religieux en 26 provinces avec 5 évêques, dont Mgr }aquet, sous la direction du R. P. Sottaz, Fribourgeois, élu le 24 août 1910. Jésuites: 16,293 religieux, répartis en 5 assistances, sous la direction du R. P. Wernz, Wurlembergeois. Lazaristes: environ 3000 religieux, distri· bués en 240 maisons ou résidences, sous la direction du R. P. Antoine Fiat. Missionnaires de Saint-François de Sales, fondés en 1838 par Mgr Rey, évêque d'Annecy. soumis à des constitutions approuvées en 1889, ils sont au nombre de 150 religieux. Missionnaire~ d'Issoudun : fondés par le R. P. Chevalier le 8 décembre 1854, ils forment une société d'environ 800 religieux, dispersés en 30 maisons et en 6 pro~ii~ce~, sous la direction du R. P. Meyer, onglfiaue du diocèse de Strasbourg. Oratoriens: ceux de la Congrégation de Ftance ont élé fondés, il' y a trois siècles, par le cardinal de Bérulle ~t comptent 120 religieux répartis en. 10 matsons ou collèges. Prêtres du Saint-Esprit: environ 1640 profès en 206 maisons, sous la direction de Mgr Le Roy, évêque titulaire d' Alinda. . . Rédemptoristes: plus de 4000 rehgteux, en 215 maisons, sous la direction du R. P. Murray, Irlandais. Frères des Ecoles chrétiennes: environ 14 mille 630 religieux, disséminés en 1_700 m~i sons, sous la direction du Fr. Oabnel-Mane, supérieur général.
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LA VIE ET LA FIN D'UN MARTEAU-PILON. Une curieuse cérémonie vient d'avoir lieu dans la fameuse usine Krupp, à Essen. C'est celle du déclassement final du célèbre marteau-pilon c Fritz » qui compte cinquante années de services et qui est maintenant remplacé par une presse à forger hydraulique donnant une pression de cent tonnes ou cent mille kilos. En présence du haut personnel de l'usine M. von Bohlen-Krupp a rappelé les longs ~t fidèles servi~s de « ~ritz ». Le pilon a frappé trois coups consécutifs sur son en-
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72 clurne et, après avoir coupé la conduite d'amenée de la vapeur, M. von Bohlen a emporté comme souvenir la manette de commande du puissant engin qui restera désormais condamné au silence et au repos. Le premier marteau-pilon avait fait son apparition dès 1840 à l'usine Krupp. Il donnait une puissance vive de dix tonnes et à l'époque cela sembla merveilleux. Mais bientôt il fallut forger des pièces plus grosses, et en 1861 on installa à l'usine un hall spécial pour recevoir le marteau-pilon « Fritz • , qui donnait une puissance vive de cinquaflloo:e tonnes au bout de tro-is mètres de chute. On sait que le fonctionnement de cette machine-outil est des plus simples. Dans un cylindre vertical maintenu par un puissant bâti se trouve un piston plein relié par une tige avec le marteau proprement dit La vapeur admise sous le piston soulève celui-ci à bout de course. Un brusque échappement de la vapeur laisse retomber la Jourde masse sur son enclume. L'échappement commandé par une double manette per· met d'obtenir une telle précision cfe manœuvre que le pilon peut boucher une bouteille ou écraser la coquille d'une noix posée sur l'enclume. Le marteau-pilon « Fritz • coûta, avec son installation, la coquette somme de six cent mille thalers, soit 2,250,000 francs. Pendant cinquante ans il a rempli son office et le sourd ébranlement du sol ressenti à plusieurs kilomètres à la ronde avertissait la population d'Essen du gigantesque travail qui s'o· pérait derrière les murs de la formidable usine Krupp où, pour une large part, se forgea le triomphe de la Prusse, puis de l'unité nationale allemande.
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FAUT-IL SE LAVER? C'est une question qui semblera absurde ~ presque tous ceux qui la liront - sinon à tous - et, pourtant, elle est aujourd'hui d'actualité, grâce à la campagne qu'un savant anglais, Almorlh Wright, vient d'engager contre l'hydrothérapie. Il la rend responsable de méfaits sérieux. Nous lui devons, paraît-il, pas mal de maladies, et cela parce qu'en nous lavant nous préparons un terrain favorable à la plupart des dangereux microbes ennemis de notre pauvre espèce. Ecoutons, d'ailleurs, comment s'exprime le savant Ahnorth Wright: • On s'imagine qu'en se lavant, dit-il, on
enlève les microbes. Sans doute, nous faisons disparaître une certaine quantité de microbes, mais, en même temps, nous détruisons l'épiderme qui protège tout notre corps, comme les tuiles sur une maison. Lorsque la peau est cornée, aucun microbe n'y peut pén~trer. Si nous avions la peau comme la carapace d'une tortue, nous serions à l'abri des microbes. Prendre un bain turc équivaut à enlever la couche protectrice. Des lavages abondants augmentent le nombre des microbes sur la peau. Aussi, je ne crois pas qu'il faille recommander la propreté comme procédé hygiénique.» Il est fort improbable que les hygiénistes du continent abondent dans le sens de l'adversaire imprévu de tous les savons de la terre. Si des discussions s'engagent, sur un pareil sujet, nous en entendrons de belles, et il y aura de la joie pour les amateurs d'ardentes controverses. Peut-être se rencontrera-f-il quelqu'un pour reprendre l'argumentation de Louis Veuillot, et faire remarquer que les peuples les plus forts et les plus redoutables sont ceux qui se lavent le moins. Un autre combattant ne manquera pas de dire que les Romains n'arrivèrent à la décadence qu'à dater du moment où ils se mirent à passer le plus clair de leur existence dans les étuves et les bains. Enfin, un troisième lutteur, rappellera que nos pères étaient moins propres que nous; il dira que sous Louis XIV presque tous les gentilshof!.1mes et les nobles dames sentaient mauvais; il constatera que les microbes sont des nouveaux venus en ce monde, et il ter· minera en ajoutant que les gens d'autrefois, sans douches et sans soupçonner les susdits microbes, vivaient aussi longtemps, si ce n'est davantage, que les gens d'à présenL Et comme conclusion, pour se remettre d'un~ aussi chaude discussion, chacun ira prendre un bain, car ceux-là qui raillent I'ht R"iène sont les premiers à en respecter les re· gles - tant et si bien qu'on est fondé à croire que l'apôtre anglais de la malpropreté est probablement ~:~n homme très propre!
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• Berthe casse sa poupée; on l'envoie en réparation chez le marchand. La petite, quelque temps après, va la chercher elle-même, et comme on ne la 1etrouve· pas: - Elle s'appelle Marguerite, dit-elle pour compléter son signalement.
Le mois du Sacré-Cœur
Cœur son image se retrouve dans toutes le~ maisons sincèrement chrétiennes, enfin le Vicaire même de Jésus-Christ a voul~ P'lacer le monde entier sous la protection de son cœur adorabl~. . C'est assez dire qu'une telle devotion convient à nos temps troublés. Plus no.us en serons pénétrés et mieux nous l'Introduirons comme guide et gardienne de notre vie.
Le culte envers le divin Cœur de Jésus n'est pas une nouveauté dans l'Ee:lise : H a pris naissance au sommet ~u Calvaire, quand la lance de L~n~m transoerca le côté de l'auguste Vtchme et en ·fit jaillir du sang et de l'eau. . A travers les longs siècles du chnstianisme, oe Cœur adorable a reçu les hommages des meilleu:r;s disciples de Notre-Seigneur : les vierges on:t envié le privHège de saint .Jean qui avait reposé = ~a tête :sur la poitrine du Christ, les docteurs se sont approchés de ce Cœur Lorsque Dieu commande une cho~e, pour mieux oosséder la sdence de l'a: il a droit à notre obéissance. Inuhle mour divin, les mar.tyrs l'ont salue d'entrer ici dans de longs raisonnements. comme la source de toute force et le Il est évident que si l'enfant doit obéir à son père, l'écolier à son maître, l'ou!!.afTe de toute victoire. Après 1s'être développée le long des vrier à son patron, en œ qui les concerâQ'es après avoir soutenu les fidèles ne le sujet à son prince dans les choses dans leurs luttes et inspiré les écrivéllins, de, la vie civile. à plus forte raison la l~s oeintres et les S<:ulpteurs. cette dévo- créature doit obéissance au Créateur. 1! tion est arrivée à un plus comolet. épa- n'est pas d'autorité ni de puissance qu1 noui:ssement à la fin du XVII• stècl~ approche de celle de Dieu, il n'en est rrrâce <:~ux am>aritions dont fut favon- donc pas qui mérite mieux notre sou~.ée Manwerite-M;~rie. l'humble Vi"i: mission à ses ordres. Or, la sanctificata ndine de PMav-Monial. C'est en lu~ tion du Dimanche est un commandemontrant son Cœur que JésUJs-Chdst lUl ment formel : Souvenez-vous, dit le Seia dilt ces pa'roles que l'on ne saurait trop gneur, d.!! sanctifier le iour du Sabbat; rappeler: « Voici ce Cœur qui a tant vous travaillerez, vous ferez vos ouvraélimé les hommes qu'il n'a Pien épantné, ges pendant six jours; mais le septième iusqu'à s'épuiser et se consumer pour est le jour du Sabbat du Seigneur votre leur témoi~mer son amour; et pour re- Dieu. Ce iour--là vous ne ferez aucun connaissance ie ne reçois de la p1upart travail, ni vous, ni votre fils, ni votre fille, ni votre serviteur, ni votre servan: que des in1uatitudes! » Deouis l'époque de ces mémorables te ni les animaux qui vous servent, 111 visions et révélations. la dévotion envers le~ étrangers qui sont dans votre maile Sacré-Cœur a progressé conshvnment son· car le Seigneur fit en six jours le jusqu'à devenir vraiment, pop~laire. _L~ ciel.' la terre, la mer et tout ce qu'ils renfête du Sacré-Cœur est etabhe et cele- ferment et il se reposa le septième: or, brée mutout: le premier vendredi de le Seig~eur bénit ce jour et le sanctifia. chaque moos est cher à des multitu~es Remarquons le langage de Dieu. Il d'âmes ferventes; l'usage de commuruer avait dit pour les autres commandeneuf oremiers vendredis consécutifs s'est ments : vous ne tuerez point, vous ne réoaridu en beaucoup de contrées, plu- volerez point. et ainsi de suite. Il s'était sièurs Associations, telles que la Garde ainsi contenté de les appliquer à l'inteld'Honneur. se proposent surtout de ligence de l'homme. afin qu'il les commieux se dévouer au service du divin prît; à son cœur, afin qu'il les mît en
Le Dimanche
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75 pratique; mais il appliqua celui-ci même à sa mémoire. Non seulement comprenez çe que ie vous dis. non seulement mettez-le en pratique, ma.is souvenezvous. pour cela. de ne pas l'oublier. Pourquoi cette précaution? Hélas! Dieu savait bien que la cupidi·té, le mauvais exemple et autres motifs de ce genre pousseraient l'homme à l'e violer, voilà pourquoi il veut le graver plus que tous les autres dans sa mémoire. DanS. ce commandement, il y a deux choses distinctes: l'une invariable, c'est qu'on doit réserver un iour pour rendre à Dieu les hommages qui lui sont dus; l'autre. susceptible de changement, c'est le iour choisi pour lui payer notre tribut d'adoration, de louange et de prière. Sous la loi de nature, c'est-à-dire dans le temps qui précéda la loi que Moïse reçut de Dieu sur le mont Sin'aï. nous ne oouvons douter que Dieu n'ait fait aux hommes un commandement à ce suiet. Sous la loi de crainte, le iour choisi était le seotième iour, c'est-à-dire le Sabbat. en mémoire de la délivrance de la càotivité d'Egvpte et du repos solennel dans leouel Je Seigneur était entré après avoir achevé la création du monde. Chose remarquable! nous trouvons la semaine et le repos du septième jour che~ tous les peuples de l'antiquité, non seulement chez les Hébreux. mais chez les Egyptiens, les Indiens, les Gaulois, les Chinois, les Péruviens, en un mot partout. à tel point que les historiens Josèphe et Philon n'ont pas craint d'avancer que le septième iour était un iour de fête pour tous les peuples du monde. Les Apôtres, en vertu du pouvoir qu' ils avaient reçu de Jésus-Christ pour gouverner l'Eglise, guidés en ceci, comme en tout le reste, par l'Esprit-Saint oui est touiouf1S avec Elle. changèrent le iour du Sabbat en celui du Dimanche. ou'on aopelle pom cela ;our du Sei(!neur, afin d'honorer les grands
mystères de la Résurrection de jésusChris.t et de la descente du Saint-Esprit sur les Apôtres, qui s'étaient accomplis ce ;our-là. Un ancien ouvrier, nommé Brucker, assi$tait en 1848 à une grande réunion convoquée dans l'un des faubourgs de Paris : « T'entends, s'écrie-t-il, qu'on se plaint. et l'on a rai·son . ÜUIÏ., le véritable ouvrier n'est pas traité comme il le mérite. » A ces mots éclate une triple salve d'applaudissements. Brucker re· prend : «N'applaudisse?.: pas si vite, Iaissez-m_oi achever. Il n'y a qu'un seul ouvrier. c'est celui qui a fait tous les autres. C'est Dieu! Nous ne faisons que copier ~es œuvres. En voilà un qui tra· vaille plus et mieux que tous. Et cependant, quand son dimanche arrive et qu' il vous demande quelques prières pour lui, le repos pour vous, vous le repous· sez, vous retenez son salaire et vous lui criez : «Va! ie ne te connais pas! Tu n'auras rien si ce n'est des blasphèmes et des moqueries. Et vous vous plaignez qu'on vous exploite! Ah! qui vous ajamais traités comme vous traitez Dieu. »
« Oui,
Ces paroles qui, au milieu des tristesses de l'heure présente, jettent, malgré tout, dans les âmes des rayons d'espérance, ces fleurs de pensée chrétie1me qui viennent d'éclore sur des sols nouveaux, au sein des ruines que 1'impiété amoncelle de toutes parts, il est bon de les rassembler comme en un faisceau de lumière, comme en un bouquet parfumé, pour les déposer, après les joies de Pâques, au pied du tombeau de Celui qui a dit: • Je suis la Résurrection et la Vie! » • Plus j'ai étudié, plus j'ai vu, plus j'ai vécu, plus j'ai franchi les épreuves si nombreuses du lemps présent, et plus je me suis dit catholique avec plus d'autoriié et de conviction. la libre-pensée n'a r ien trouvé de mieux que de laïciser les idées chrétiennes. Proposons-nous ]:fe • catholiser • tous les progrès de la civilisation et d'e la pensée moderne_ » F. Brunetière, de l'Académie franç.
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Grâce à Dieu, au Dieu qui pardonne les pires abandons et les plus coupables absences, grâce au Père céleste qui se réjouit du retour de l'enfant ingrat, j'ai retrouvé les délicieuses impressions de ma prime jeunesse_ Les cloches ne me grondent plus· mais ain· si qu'autrefois, elles me lancent ud joyeu'x appel ; et quand retombe derrière moi avec un ~ruit . doux ~a porte rembourrée de l'église, Je su1s auss1tôt enveloppé par une ellluve de bon accueil. Quelqu'un m'attend ici, pour qui mon cœur filia l éprouve à la fois de la crainte et de la confiance, du respect et de la tendresse ; et, dès que j'entre dans sa maison, je sens sur mon front décvuvert le souffle de l'hôte invisible. • Par ces jours saints, je pense avec une compassion fraternelle au chrétien tombé dans l'indifférence, qui, tel que j'étais naguère, est troublé d'un regret, d'une· nostalgie, en écoulant le bourdonnement des cloches, en traversant. l'ombre d'une église. « Mon pauvre frère, il faut demander à 'Yeu la grâce de la foi; il faut prier pour croire. Tu ne pourrais plus, me dis-tu, joindre les «
Paroles de Résurrection
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je suis chrétien. • Je suis arrivé à reconnaître que les hommes et les femmes qui suivent les préceptes de l'Eglise sont, dans une grande proportion, A J'abri des désordres moraux que j'ai décrits dans mes romans, et qui sont presque inévitables lorsque les hommes se laissent guider par leurs sens, leurs passions et leurs faiblesses. Pendant des années, comme la plupart des jeunes gens dans les cités modernes, je n'ai pas cru; mais j'ai été amené à mes idées actuelles par le sentiment toujours grandissant de la responsabilité que l'on encourt quand on exerce une influence quelconque ' sur les autres. • ... Partout où le christianisme est vivace, les mœurs se relèvent; partout où il languit elles s'abaissent. C'est l'arbre où fleurissent les vertus humaines, sans la praiique desquelles les sociétés sont condamnées à périr. Je vous prie, si vous me .faites parler, de le proclamer expressément: • on démoralise la France en lui arrachant la foi; en la déchristianisant, on !''assassine •. Il n'y a point de sauvegarde sociale hors des vérités du Décalogue. Ce fut la conviction de le Play; ce fut celle de Taine; je m'y rallie! • Paul Bourget, de l'Académie franç.
mains et t'agenouiller. 0 sottise du respect humain! Ce Jésus, tu penses toujours à lui malgré loi; tu l'as aimé, tu l'aimes encore. Entre avec moi dans l'église et regarde ce crucifix. Vois ces paumes sanglantes et traversées par les clous. Vois cette plaie horrib,te et .béante. E~t-ce que ton cœur ne va pas s·.ouvnr et palp1ler contre elle? Tombe aux p1eds de ce crucifix; demande-lui de te pardonner et d'avoir pitié de toi. Et demain si tu veux, les joyeuses envolées des cloches de Pâques, en célébrant la Résurrection du Sauveur, sonneront aussi pour le réveil de ton âme que tu croyais morte, et qui s'élancera dans une vie nouvelle d'innocence et de charité.» François Coppée, de l'Académie franç.
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Et pendant que ces illustres c vaincus du Christ • arrivent à la foi par diverses routes combien d'autres encore semblent s'y achemi~ ner! . Combien d'autre~, dont le langage, sym· path1que à tout ce qu1 est pur, à tout ce qui est noble, à tout ce qui est catholique fait redire déjà à leur adresse le beau vers' de Corneille: • ns ont trop de vertus pour n'être pas chrétiens. •
Le cavalier de la Daia (LEGENDE.) C'était après Ja bataille de Finges. Les Français venaient de conquérir Je Bas-Valais et d'infliger une sanglante défaite aux Hauts-Valaisans. Monté sur un superbe coursier, un colonel du. J:Iaut-V~ais , défendant !a rive droite, pourSUIVi de pres par l'ennemt, s'enfuyait de Va· rone à loèche. le superbe coursier avait deux cavaliers, Je colonel et son valet. Arrivés au pont de la Daia. à quelque distance de loèche, l'abîme se présente à eux. le pont venait d'être détruit. Il ne restait donc que le suprême effort de traverser l'espace où le gouffre guettait le plus courageux. le colonel dit à son valet: Rester les deux sur le cheval pour franchir l'espace, ce serait tenter Dieu. Connaissant ton agilité je t'ordonne de sauter toi-même. Quant à moi, je vais ri;quer l'aventur~ en restant à cheval. Je te defends, sous peme de mort, de vouloir proli1er de mon coursier.
76 Le valet s'abstint de répondre. Le colonel s'élance sur son coursier. A peine le cheval traverse-t-il l'espace, au-dessus de l'abîme, que le valet est déjà en croupe. Les voilà arrivés tous trois de l'autre côté. « Tu n'as pas respecté l'ordre de ton chef •, s'écrie le colonel, et d'un coup de sabre fend la tête du valet. Il fallait bien sauver l'honneur de la discipline militaire. Romulus.
L'omelette fantastique Le livre existe-t-il? C'~;;t probable; car, en fait de livres, tout existe. Mais s'il n'existe pas, il faudrait l'inventer. C'est d'un • Traité des injures • que je voudrais parler. « De in· juriis et conviciis dialogitres •, ainsi l'intitule· rait sans doute Cicéron. Rien n 'est plus difficile, très souvent, dans la plupart des cas, à déterminer que l'injure. Quand elle est simplement l'emploi d'une épi· !hèle, rien n 'est plus facile que de la démêler et de la classer: outrage. Quand vous traitez quelqu'un de • sot • , • d'imbécile • , • d'idiot •, de « crétin » ou, plus doucement, de • canai!· Je •, il n'est pas absolument certain, mais il est infiniment probable qu'il y a injure; mais, dès que l'injure est métaphorique, il devient très malaisé de savoir s'il y a injure, en eHet, ou s'il n''' en a pas. Or, la· plupart des injures sont métaphori· oues. Les cochers ont accoutumé, à Paris, de !;·ailer les clients qui ne leur agréent pas, de • fourneaux • . Fourneau est-il une injure? Il faut le croire, puisque c'est sur un ton de profond mépris que MM. les cochers profèrent ces deux syllabes. Mais en quoi, consi· déré en soi, • fourneau » est-il injurieux? Le fourneau est un ustensile très utile et il n'est que cela. D'injure. point. Notez que si un • enfant du sièg-e •, comme dit M. Corday. et un enfant du siège ne peul être qu'un cocher, me grat~liait de l'ap-r:lla· (ion de • haut fourneau », 1e ne deva1s eire oue flatté. Haut fourneau, ne l'est pas qui veut. les hauts louru!!au x. sont des r:uissances, e', comme dit M Toltl<lain, ce n'est pas une Iletite parn'e one. h:111l fourneau. A la vérité. les mots consiMrés comme des injures sont rarement empruntés au vocabulaire de la mécanique. Ils Je sont plutôt au règne de l'animalité. Mais là encore l'e~bar ras est écral. Il est très grand. Les an1maux sont, pou; la plupart, si sympathiques, qu'être
comparé à eux n'a rien en soi qui soit péni· ble. Je reconnaîtrais qu'être appelé du nom de • l'animal qui se nourrit de glands » peut être considéré comme fâcheux, et encore il y aurait bien à discuter. Mais être appelé « ca· nard • est-il plus offensant qu'être appelé • perdrix» et être traité de • colombe •? Je ne vois pas trop. C'est comme serin. Jamais vous ne vous offenseriez d'être assimilé à un rossignol. Pourquoi l'êtes-vous d'être comparé à un serin, lequel chante aussi bien que le rossignol et est beaucoup plus joli? D'où vient que • donner à quelqu'un des noms d'oiseau » signifie toujours: lui dire des paroles tendres ; et que dire à quelqu'un qu'il est une oie est une injure, alors qu'il est in· contestable que • oie • est un nom d'oiseau? Il y a là un très grand mystère. Un jour, un député traita M. Clemenceau de • sirène • . Il s'écria: - Je supplie M. H .... de ne pas me donner des noms d'oiseau! - D'oiseau! s'écria-t-on dans les petits journaux, mais s irène est essentiellement un poisson. Quelle singulière zoologie! Or, il fut prouvé que la sirène était assurément un po•sson, mais qu'elle avait des ailes, ce qui la constituait au moins à l'état de poisson volant. M . Clemenceau avait raison. On lui avait donné au moins la moitié d'un nom d'oiseau. Etait-ce une injure? Etait-ce un com, pliment? Qui dira? On me dira: qu'importe! Il importerait beaucoup. Car les magistrats qui ont à punir 1~ délit • d'injure » et non pas de badinage sont quelquefois, sont presque toujours, dans un très grand embarras. L'autre jour, un cocher ayant une discussion avec un gardien de la paix, finit par lui lancer ces paroles avilies : • Espèce d'omelette » Procès-verbal. Voilà Je c<X:her devant la correctionnelle. Naturellement, il jure ses grands dieux qu' il n'est pas entré un seul instant dans sa vasle pensée d'insulter personne. - • Omelette •, c'est doux et onctueux; c'est agréable au goOt; c'est plein de saveur. • En disant à Monsieur que je le tenais pour une omelette, j'ai voulu dire: • On en mangerait. » C'est une politesse. C'est même un panégyrique. • Telles étaient les raisons pour. Et je ne veux par attendre plus longtemps à déclarer que je les trouve excellentes. Je les savoure. - Oh! ul. l r{pondait l'agent, ou, pour lui.
77 Je ministère public, ne nous égarons pas! Le prévenu ~;'a poml appelé le gardien: • omelet· te . , ce qui p_rêlerait peut-être Z. doute; mais bien : • e:;p(!ce d'omelette ~. Or ... - Cela devient une question d'espèce, dit le président. - Oui bien, et je soutiens que • espèce d'omelette • veut dire une omelette qui n'est pas une omelette, une omelette inférieure, une omelette manquée; et toute l'argumentation jus· tificative du prévenu s'écroule. Tant que le cocher et l'agent ont parlementé, rien à dire; mais eux disputant, eux étant en état d'attercation... - Eux brouillés. - Si vous voulez, Monsieur le président, j'aillais le dire, il appert • qu'espèce d'omelette • était une offense dont Je sens intime al!ait à assimi ler M. l'agent à quelque chose· de défectueux, de raté, de déplorablement chao· tique.... - Œuf poché. - L'image est exacte et je la cherchais. j'ajoute... -Oh! - En peu de mots. - Ah! - Que ce n'est pas du tout la question. Tiens! - Il ne s'agit pas d'œufs. - Tiens! - Tout Je monde sait qu 'omelette, au sens injurieux. s'écrit • hommelette » et signifie diminutif d'homme, comme • femmelette • signifie diminutif de femme. Voilà l' injure, cette foi s incontestable, lJUe le prévenu a lancée à la tête respectable de M. l'agent, qui l'a très bien comprise. - Mais, s'est écrié Je cocher, si j'ai appelé l'agent: • mon petit homme ,, je ne l'ai pas in· sulté! C'est comme cela que j'appelle mon petit garçon. On n'en sortait pas et il fallait en sortir. Le tribunal, considérant je ne sais quoi, a con· damné le distributeur d'omelette à 16 francs d'amende. - Une omelette de 16 francs, a murmuré le cocher, c'est J'omelette fantastique. La vérité, c'est que, pour la plupart des injures, il est impossible, sur Je seul vu des mols prononcés, de savoir s'il y intention blessante ou non. Ce qui fait l'injure, c'est le ton. C'est l'air qui fait la chanson. Il est très l>mbable, et Je respect que j'ai pour la justi· ce me [ait un devoir d'eu être sûr, que le cocher, aussi sévère sur son siège que le minis-
tère public sur le sien, aura jeté son • espèce d'omelette • avec un tel accent de mépris pour les aliments albumineux que le doute sur l'in· vective n'était pas possible. Sur le même ton, il aurait dit seulement • espèce » - qui du reste était, dans la langue la plus littéraire du XVIIIe siècle, une injure, on n'a jamais su pourquoi; - il· aurait dit seulement c homelette • ; il n'aurait rien dit du tout, mais avec l'accent et le geste, que les seize francs lui étaient acquis tout de même. Je propose au Dalloz en exercice la définition suivante, tirée de la pratique constante des tribunaux français: • Injure: Mot quelconque prononcé contre quelqu'un avec le ton de l'offense, de la menace ou du mépris. ,. Après tout, c'est le raisonnement très juste de Mme Chirret, vieille actrice g-aillarde du Palais-Royal vers 1860. Elle voyageait en Allemagne et elle se plaignait à un chef de ga· re d'avoir été injuriée par un employé. - Comment pouvez-vous le savoir, dit le chef, puisque vous ne savez pas un mot d'allemand? - T'es bête, mon petit. Quand un chien aboie après toi. tu vois bien qu'il t'insulte, et pourtant tu ne sais pas le chien. Parole profonde, sur laquelle est fondée une partie très importante de la jurisprudence française. Emile FAGUET, de l'Académie française.
La confiance des oiseaux Pauvres oiseaux, désarmés et confiants, ils ne comprennent pas, dans leur innocence d'ê· tres inoffensifs, que l'homme est plus redoutable que n'importe quelle bête de proie et la n' us cruelle de toutes! Ils sont là, voletant autour de nous, sur les arbres du verger, sur les ros iers du jardin, édifiant leur nid sous nos yeux, sans soupÇonner de quelles stupides tra· bisons nous sommes capables, tournant vers nous leurs regards confiants, prêts à répondre à nos avances si nous voulions leur en faire, et à venir sur nos épaules, sur nos genoux, recevoir de nos mains quelque miette ou quelque vermisseau. Leur facilité d'apprivoisement est surprenante après les dures leçons qu'ils reçoivent si souvent de nous, et il en est parmi eux qui poussent le sentiment de la confiance à un point véritablement invraisemblable. Qui pourrait dire qu'ils n'espèrent pas
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78 nous désarmer en nous donnant si vite et si complètement toute leur confiance? Aucun d'eux ne se familiarise aussi facilem~nt ~vec ~ous que l'hi!ondelle, et on pourratt meme dire que parf01s elle y met vraiment quelque indiscrétion. Rien ne l'effraye quand elle a reconnu - ou cru reconnaître - que l~s h?tes a~xquels elle va demander l'hospitalité 1accueilleront bien. Elle déposerait ses œufs sur les ,!!enoux de Jupiter plus hardiment encore que ne le fit l'aigle de La Fontaine, car ~vec un d!eu infiniment indulgent, il n'y a pom~ à se gener, n'est-ce pas? Mais, et ceci est vraiment prodigieux, elle juge tout de suite à leur valeur, au point de vue de sa sécurité les objets les plus nouveaux pour elle, tel~ que nos appareils modernes, avec lesquels aucune pratique ancestrale ne l'a familiarisée. Voici un exemple stupéfiant de cette netteté d'appréciation. Un de mes correspondants m'écrit que l'an passé un couple d'hirondelles arrivées en avril parut vouloir s'installer dans les dépendances de sa maison de campagne. Comme d'habitude, elles voltigèrent de tous côtés, se faufilèrent partout, sous les hangars, au long des corniches, autour des fenêtres, en échangeant leurs remarques dans une conversation incessante et animée. Mais le garage des autos, après cent allées et venues, parut décidément leur convenir pour placer leur nid, et elles ~e mirent activement à sa construction. Où l'accrochèrent-eUes? Je vous le donne en mille! Ne cherchez pas. vous ne trouveriez jamais! Tranquillement délibérément, elles le maçonnèrent sous l';bat-jour d'~ne lampe ~lectrique. Le propriétaire pensait q_ue le soir, quand la lampe s'allumerait, les Oiseaux s'en effrayeraient et abandonneraient une ir.stallation aussi insolite· il n'en fut rien; les deux hirondelles, posée~ au-dessus de la lampe sur une corniche, ne s'émurent en aucune façon de la violente lumière et le lendemain, dès l'aube, continuèrent leurs travaux sans plus de soucis. Le nid une fois achevé, ia femelle y déposa ses œufs, les couva, mena ses petits à bien sans que jamais personne de la famille s'inquiétât de cette lampe qu'on allumait brusquement à n'importe quelle heure de la soirée ou de la nuit. Parents et enfants déménagèrent en septembre pour le g-rand exode du Sud, et à la fin mars dernier, mon correspondant eut la surprise de voir son couple d'hirondelles reprendre son lumineux logis. les hirondelles s'accommodent fort bien de l'in térieur même de nos maisons pourvu qu'
une ouverture, si étroite soit-elle, existe pour leur passage. Je connais cent nidifications faites par ces charmants oiseaux avec cette coural!euse confiance. Mais la plus surprenante est celle qu'on me signalait l'année dernière, d'une commune du centre où, depuis quatre ans, des hirondelles ont choisi pour la faire le sein même de la République! Celleci, comme toujours, a son buste à la mairie et il se trouve dans une galerie dont durant l'été, une des fenêtres demeure ouv~rte en permanence. La robuste poitrine de la déesse s'arrondit en un gracieux vallonnement qui est juste de la dimension et de la fo·rme qu'il fau( pour mettre un nid. L'œil de nos petits archi· tectes a vite reconnu le parti à tirer de cette situation et ils l'ont tout de suite mise à profit Te ne sais s'ils ont esoéré, par cette marque de pieuse confiance, appeler sur eux la protection de la République en faveur de leur nation si injustement persécutée, toujours estil qu'ils en ont été récompensés, car ils ont quatre fois de suite élevé sous son ... égide leur famiiJe d'oisi lions, et peut-être ont-ils continué pour ceux de cette année avec le même succès, mais je n'en ai pas de nouvelles. Tous nos petits oiseaux des jardins savent, aussi bien que l'hirondelle, nous juger et pré· voir ce qu'ils peuvent attendre de nous; fauvelles, ross ignols. pinsons, roitelets, etc., se montrent aussi familiers qu'elles avec les g-ens qu'ils ont reconnus inoffensifs. lls pla· cent leur nid sous leurs veux, sous leur main et demandent avec une attendrissante confiance l'hospitalité jusque dans nos maisons oti ils viennent chercher sans façon quelque supplément à leur repas. Ne trouvez-vous pas que le charme de cette gentille petite amitié devrait l'emporter, même chez les enfants sur la ioie sauvag-e d'un coup de fronde ou de cara· bine bien tiré. CUNISSET-CARNOT. ------~~.-----------
Comment saint Yves resta au Paradis Les avocats français sont fiers de saint Yves. Ils ont certes raison, car il est beau qu'un avocat, exerçant bien sa profession, ait, en outre, trouvé le loisir de mériter le renom de sainteté. Aussi saint Yves est-il présent à toutes les fêtes d'avocats, sinon en personne, au moins dans les discours. Et l'on parle de lui
avec des éR"ards. L'an dernier encore, pour le centenaire du rétablissement de l'Ordre, M. le bâtonnier Busson-Billault n'a point mannué de célébrer le patron du barreau. ' Yves de Kaermatin vécut en Basse-Bretagne an treizième siècle. Seulement, l'histoire de sa vie n'a QUère d'importance; et l'on n'a pas cot1servé ses plaidoiries. A la vérilé l'on ne song-erait plus guère à cet avocat s'il n'av::.it pas eu le bonheur et la grâce d'entrer en Paradis. Comment donc y entra-I-il? M. Busson-BilJault ne l'a pas dit. Complétons. sur ce saint, J'information de l'éminent bâtonnier. Or, Yves était mort, ainsi qu'on meurt, la somme de ses jours humains étant accomplie. Le corps d'Yves demeura ici-bas, sous terre afin d'y attendre le dernier jul!ement pour lerue! on n'aura pas d'autre avocat que soimême, que ses vertus secrètes, ses bonnes aclions muettes. Et l'âme d'Yves, ingénue, libre, alla œ présenter à la porte du Paradis. Il y avait là saint Pierre et. devant la porte dehors, p'usieu rs nonnes qui attendaient. A l'un'! saint Pierre demanda: - Oui êtes-vous? - Relil!'ieuse. répondil-elle Et saint Pierre. un peu brusque ('n ~es conclu~ions objecta : - Vous avez bien le fe•np~ d'nf',nilre: -1,~ no11nes nous en avonc; déià b<'?."C0""' Il remarqua Yves de Kaermatin, qui se tenait silencieux et déférant, et il lui demanda: - Qui êtes-vous? - Avocat. répondit Yves de Kaermatin. Et saint Pierre: - Entrez; nous n'avons pas encore d'avocat! .... C'est une histoire très ancienne et qui re· rnonlc à un temps où déjà l'on risquait une plaisanterie sur les avocats. dès qu'on n'avait PliS besoin d'eux. les meilleures plaisanteries viennent de loin. et le lonJ! voyag-e qu'elles ont fait à travers les siècles leur a donné leur caractère de bonhomie aimable. leur a ôté !et'r acuifé désa,!!Téable. Mais il y a une ~utre for:<-., rl~ h ~ ~~~·~ r1~ narquoise et gentille. Yves arriva à la porte du Paradis avec ses dossiers sous le bras : c'est un bagage que saint Pierre ne voit pas d'un très bon œil. A-t-il contre les avocats une rancune person· nelle? On n'ose pas Je croire. Toujours est-il qu'il éconduit cet avocat et lui interdit l'entrée du divin séjour. Mais Yves est malin; il l'était sur terre et n'a point encore oublié d'être
fort adroit. Il y avait foule ce jour-là à la porte du Paradis; Yves sut se glisser ingénieusement. Il entra; i1 se tint coi et ne désira que de ne pas se faire remarquer. Saint Pierre, par malheur. le reconnut; et il faut croire qu'un avocat- ne passe point inaperçu. d·a ns une troupe innocente. Saint Pierre enjoignit donc à Yves de Kaermatin de s'en aller et au plus vite. Mais Yves connaissait la procédure. Il argumenta, il plaida et il conclut, en fin de compte, qu'il s'en irait si premièrement saint Pierre agissait selon la jurisprudence et, par huissier, lui signifiait son expulsion. Quand on connaît la procédure, on est bien fort! Saint Pierre vit qu'il ne se débarrasserait pas de l'intrus facilement. Il chercha donc un hUJissier: - mais il n'y en avait pas un seul au Paradis!... Et saint Yves ne fut pas expulsé. Cette petite scène, qui a tout l'agrément de l'ancien badinag-e français, qui l'inventa? et quand? Celui qui l'inventa est mort depuis des siècles, et l'on ne saurait deviner s'il est an Pamdis ou ailleurs. Tout est perdu de lui, son nom même. Sa mémoire est tombée en poussière dans la poussière universelle_ Seule survit l'anecdote qu'il imagina, qui l'amusa un instant i?t oui s'est perpétuée d'âge en âge, de récit en récit pour le divertissement d'ar· rière-petits-fils auxquels il ne songeait pas. El tout ce que nous pouvons supposer, au sujet de ce garçon que l'oubli recouvre, c'est qu'il E'ut, en ce monde transitoire, des ennuis avec les huissiers, voire avec les avocats!.. .. (F'iga1·o.) REMI.
L'Utilité du Corbeau Freux Il existe, sur les mœurs des oiseaux et surtout sur le régime alimentaire, qui seul peut les faire classer comme utiles ou nuisibles, des erreurs séculaires, qu'il est très difficile de déraciner. C'est ainsi que la modeste alouette si précieuse pour la protection des récolte~, se trouve accusée par certains naturalis· tes de dévorer le blé et l'avoine nouvellement semés, alors que la pauvrette, non . armée pour fouiller le sol et déterrer les grams en· fouis par la herse. ne peut que glaner ceux qui restent à découvert, et qui, par suite cons· tituent une non-valeur. Un éminent naturaliste, M. Xavier Raspail, attire aujourd'hui l'attention sur le corbeau
80 freux, en raison de son zèle si puissamment pondérateur des nombreux ennemis de nos cultures. Il ne faut pas confondre le corbeau freux avec le corbeau corneille, qui est certainement des plus nuisibles, en ce sens qu'il recherche les œ ufs des petits oiseaux et met au pillage les couvées de faisans et de perdrix, attaquant même J.es jeunes levrauts tapis dans les sillons. Tout autres sont les mœurs du corbeau freux, qui ne s'attaque qu'aux plus petits mam· mifères, mulots, campagnols, et surtout à leurs jeunes qu'il découvre dans le nid. Sans doute, au moment des semailles, il se peut qu'il commette quelques déprédations; mais ce qu'il recherche surtout, bien plus que les grains de blé, se sont les larves chrysali· des que le laboureur vient de remonter à la surface du sol; et ce n'est que là où les in· sectes et les vers sont rares que les dégâts qu'il fait pour se nourrir peuvent être appréciables. Ce qu'il ne faut pas oublier, c'est que le corbeau freux est le plus grand ennemi de la larve du hanneton , Je ver blanc, si funeste à la culture de la betterave. Aussi, en admetiant qu'il cause réellement quelques déR"âts pendant les semailles, faut-il considérer qu'il compense au centuple ce tort par la destruction incessante des animaux nuisibles, devant Jesquets l'homme reste si souvent incapable de se protéger lui-même.
Variétés LE CHIFFRE SEPT. Voici, au sujet du chiffre 7 les observations d'un érudit: La faveur spéciale dont jouit Je chiffre 7, dit-il, remonte à l'origine du monde, puisqu' elle commence aux 7 jours de la création, nombre de jours choisis par D ieu lui-même. Nous avons, continue-t-il, 7 jours de la semaine, 7 couleurs de l'arc-en-ciel, 7 vaches grasses, 7 vaches maigres, 7 étoiles dans la Grande-Ourse et 7 aussi dans la Petite, 7 périodes du Christ, 7 dons de l'esprit, 7 psaumes de la pénitence, 7 sacrements, 7 paroles de Notre-Seigneur sur la Croix, 7 sceaux de l'agneau, 7 prières du Pater, 7 péchés capi· taux, 7 âges du monde, 7 merveilles du monde, 7 arts libéraux, 7 notes de la gamme, 7 chels devant les 7 portes de Thèbes, le chan-
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delier à 7 branches, 7 têtes de l'hydre de Lerne, les 7 Sages de la Grèce, les 7 Enfants de Lara, etc. Rome est entourée de 7 collines, BarbeBleue avait 7 femmes, l'Ogre avait des bottes de 7 lieues, le sage pèche 7 fois par jour et nous sommes transportés au 7e ciel quand un grand bonheur nous arrive. · Nous pourrions ajouter encore de nombreuses autres observations au sujet du chiffre 7, mais avant d'aller plus loin, je vais retourner 7 fois ma langue dans ma bouche, comme on le recommande aux gens bien avisés.
xxx PARTONS POUR LE SAHARA. Un médecin allemand vient de découvrir que l'atmosphère des déserts était aussi exempte de microbes que celle des régions polaires. Dans ces empires de sable, tous les bacilles meurent après avoir été exposés pendant dix heures à la lumière du soleil et nul n'ignore que, dans ces régions, on en a pour son argent. C'est pourquoi le docteur allemand con· seille aux rhumatisants, à ceux qui souffrent des reins d'aller vivre dans les déserts africains. Bientôt , dans les déserts, il y aura un monde!....
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FEMMES POMPIERS. Une compagnie de pompiers, composée ex· clusivement de femmes, vient de se former en Angleterre, à Burton-ou-Trent. Elle comporte dix-huit personnes et a pour capitaine Mme Roger Green. La petite troupe a fa it ses premières manœuvres la semaine dernière. Elle a fait aussi des essais avec des draps de sauvetage. La nouvene compagnie portera des casques comme ks pompiers ordinaires et sera habillée d'un costume féminin spécial. On ne dit pas si le port de la jupe-culotte sera de rigueur.
xxx • Dans une sa lle de rédaction. - X ..... journaliSife, allons donc, un ancien coiffeur!. .. . - Justement, on doit lui confier les articles de tête!.. ..
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• Réflexion humoristique. Souvent un dessin magnifique • pèche • par une • ligne •·
Le bon moment pour travailler Parents et écoliers liront avec fruit les ]udicieuses réflexions qui suivent, écrites par un expert en ces matières, M. J'abbé E. Dévaud. inspecteur des écoles de la ville de Fribourg: « Il est un temps pour tout, dit-il. Il est un temps pour dormir et un temps pour: ·m~mger. Il est un temps pour travailler et un temps pour se reposer. C'est la sagesse eLle-même qui parle. Nos écolier~ seront sages, leurs parents seront sages s'ils écoutent et pratiquent ces paroles de la Sagesse. Les internes ont l'heur de n'avoir point à or~ndre de décision. La clochette règle leur temps et le distribue avec une pr~dente discrétion le long de la journée.; le temps pour dormir et le temps pour manger, le temps du travail et le temps du repos se succèdent d'heure ~n h.eure sans que les volorutés particulières ni les caprices n'aient à intervenir. La Sagesse elle-même, sinon le Mentor qui l'incarne et le règlement qui l'int~rprète. veille sur eux avec une prévoyante sollicitude. Les externes ont bien leurs parents ou ceux qui les remplacent. Mais combien se préoccupent du travail de lteurs fils ou de leurs filles avec une teJ.le vigil·ance qu'ils leur imposent un horaire précis? On ne doüt point travailler après le repas; c'est en rendu. Le cerveau se cong-estionne. les pieds se refroidissent; une torpeur somnolente engourdit le corps et l'esp·rit. On s'en tient donc à ce vieil axiome, qui est sage, mais qui n'est point toftote la Sagesse. S'il est un moment peu propice au travail intellectuel. c'est la soirée, la « veillée ». A l'eng-ourdissement qui provient du souper, il faut ajouter celui qui J)rovient de l'abaissement général de la température; de l'affaissement du tonus de l'or.l!.cmisme. de la fatigue. Or. n'estce pas précisément ce temps, de 8 à 10
heures. que nombre de jeunes gens, sinon d 'enfants, choisissent pour élaborer leurs tâches scolaires? Us s'excitent donc; ils s'énervent; .ils réclament du cerveau un effort considérable, le plus intense de la journée peut·être, alors que pour lui est venu le temps de se reposer. Une fois couchés. ils ne pourront dormir. Puis le lendemain ajoutera à la fa.lique de la veille. Les parents rendront bientôt resoonsabll's de la neuras . thénie de leurs fils les méthodes et les prog-rammes qui n'en peuvent mais, alors oue leur imprévoyante faiblesse a oermis -des veŒes imprudentes. On ne peut autoriser. après le repas du soir. ou.e la rapide revision des le · çons. quelque lecture peu passionnante et pas trop prolongée, ou. ce qui vaudra mieux encore. la participation active des écoliers qui sont des adolescents déjà, des écoiières g-randelettes à la vie fami· liale. Le temps des devoir.; doit être fixé aorès le rroûter. entre 5 et 7 heures, dans les avant-midi des jours de vacances, ou le 111atin, avant le déjeuner, pour ceux q~,ti QJ)t su se coucher de bonne heure. Les hygiénistes, qui se mêlent de tant choses. ont pris la peine d'indiquer aux mamans la durée nécessaire et suffisan.te du sommeil et l'heure du coucher. Celie-ci est. disent-ils, dans la première enfance, et en hiver, 6 heures; de 7 à 12 ans. vers 7 h.; de 12 à 14 ans, 8 h.; de 14 à 16 ans, vers 8 1 / 2 h.; de 16 à 20 ans. 9 à 10 h. Voici le minimum d'heures de sommeil que nos médecins et nos péda!!ogues exigent dans l'enfance et l'adoll'scence: de 3 à 7 ans, 12 h.; de 7 à 12 ans, Il h. ; de 12 à 14 ans. 10 h.; de 14 à 16 ans, 9'/2 h.; de 16 il 20 ans. 9 h.; dès 20 ans, 8 heures. L'écolier et le grand collégien sur.tout peuvent donc aisément se lever vers 6 heures. Ils ont devant eux une heure de bon travail. de ce travail d'or, comme on l'a bien dénommé. pour se préparer à la classe. Et cette heure les prépare
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au~i a.u déjeuner. Qu'arrive-t-il en effet lor~que l'enfant savoure trop longtemps la molle chaleur de l'édredon? Le dernier moment venu - et dépassé - l_e garçon enfile avec précipita-tion sa culotte, la fillette passe son jupon. Comme on s'est levé tard, trop tard on n'a pas d'appétit. On avale une ta~e de café. on court sur le chemin de l'école en g-rignotant une croûte de pain. Et, trois heure.s durant, il faut lire, compter, rai· sonner et parler raisonnablement. Au bout d'une demi-heure, l'attention fléchit: les réponses sont imprécises, hésitantes; la leçon n'est pas sue; )es notes sont mauvaises. Comment un enfant oui n'a pas mangé la veille pourrait-i·l être atientif et fournir la somme exigée de labeur intellectuel? Il faut un temps pour tout, un temps pour dormir, un te~ms pour manger, un temps pour travailler. Notre écoUer a méconnu cette règl~- de la Sagesse; ses parents l'ont oubliee; les uns et les autres ne sont pas sages.»
PARENTS! Je vous demande ceci tout bas: lorsqu'on gronde vos enfants, n'est-ce pas souvent vous qu'il faudrait gronder. Le petit écolier n'a pas fait ses devoirs il n'a pas su ses leçons ... Les lui avez-vous fait écrire ou apprendre? Il s'est dissipé à l'église... Peut-être lui aviez-vous laissé boire du vin pur... du ~afé... de la goutte même. Est-il étonnant qu'ainsi il ait été énervé? ' . Il a fait le polisson dans les rues, l'autre JOur... Cela. serait-il arrivé, si vous l'aviez gardé à la ma1son, ou si vous saviez le corriger? Souvent, vous avez à gémir des ennuis et des douleurs que vos fils, que vos filles vous cause~t. - Je compatis à votre peine et je ~'attriste avec vous... Mais, vraiment..., en bien des cas, n'auriez-vous pas à vous dire : c'est ma faute? Votre grande fille s'est laissé entraîner et ~éduiz:... Est-ce qu'un peu de vigilance et d"e 1~rmete de votre part n'aurait pas pu prével lr ce malheur?
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Votre grand garçon vous a quittés, comme un sans-cœur... Pourquoi n'avez-vous pas su lui faire aimer la maison? Votre fille pousse l'effronterie jusqu'à vous faire honte... C'est le résultat de votre faiblesse. Votre fils est un vaurien qui déshonore votre famille... Est-ce étonnant? vous l'avez élevé sans principes et sans religion. Vous n'avez jamais su le faire obéir. Vous l'avez laissé aller au cabaret, fréquenter des compagnies louches, etc... , etc... Voyons, cela seraitil arrivé, si vous aviez su ou voulu l'enrôler dans de bonnes sociétés?
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Je vais plus loin... De par ce que les savants nous apprennent de l'atavisme, souvent les défauts de vos enfants ne sont que vos propres défauts, à eux transmis par l'hérédité et par l'exemple.... par l'exemple, entendezvous? Cette fille est bavarde et mauvaise langue.... comme sa mère. - Cette autre est coquette, mondaine et dépensière... comme sa mère. Cette troisième est nerveuse et agitée... comme sa mère. Ce garçon est faux et sournois... comme son père. - Cet autre est grossier et irascible... comme son père. - Celui-ci, ne connait ni prières, ni dimanche, ni Messe... comme son père. Voilà un~ jeune fille qui n'a pas de santé... Ce n'est pas surprenant: son père est alcoolique. Cette autre est sensuelle et paresseuse: pourquoi? mais ses parents aiment tant la bonne chair, les délices et le sommeil ...
• Parents, je sais bien que votre tâche est difficile. Mais vos enfants ne peuvent être bien élevés, si vous ne vous en donnez pas la peine. Cultivez, défrichez, redressez, corrigez, sans découragement, ni relâche; conservez votre autorité, pour pouvoir les diriger toujours et les préserver des dangers si nombreux auxquels ils sont exposés: compagnies, lectures, occasions, plaisirs, etc. Et donnez-leur l'exemple! Vous vous éviterez ainsi bien des peines et vous vous procurerez bien des joies!
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Reculons donc le séjour de Jean à Ephèse Où mourut la Sainte Vierge · mé. jusqu'à la mort de saint Paul. A cette époCe problème s'est compliqué, depuis quelque quinze ans, de certaines données étrangères à l'histoire, et qu'il importe avant tout d'élaguer brièvement. Sur Ja foi d' Anne-Catherine Emmerich, la voyante de Dulmen, on chercha (1891) le tombeau de la Vierge près d'Ephèse, sur une montagne. On mit à jour un . sa!Jcl~aire en un lieu que, précisément, les ~IrkmdJotes ~ppel· lent de temps immémonal, • PanaghJa-Capouiï : le lieu de la Vierge • .. Ne se~ait.-ce pas la maison de Marie converhe en eglise a~x temps apostoliques? Le site, à Pli!~ un rUisseau qui ne se montre pas, et l'édifice déc<?uvert correspondent exactement a.ux descr!ptions de la contemplative. Du moms, certams en furen t convaincus. D'autres, plus nombreux et archéologues. de profession, reconnurent dans la construction trouvée • une chapelle byzantine d'assez basse époque, plusieurs fois restaurée, et accompagnée de son " aghiasma • ou • fontaine sacrée •. Une découverie suspecte coniirmant une •. autorité suspecte. c'était peu. D'ailleurs une simple lecture du reCit des dernie;es a~nées et de la dormition de Marie nous y découvre un tiss~ de légende~; Marie avait dressé sur ~a collme un _che~mn de croix en douze stailons (cette devotion, inconnue à l'Orient, ne s'est répandue chez les Latins que depuis le xye s!ècle). etc .. Au reste si ce point h1stonque devait se trancher pa; les révélations. il.I'~uralt été d~ pllis longtemps par sainte Bngitte et Mane • d' AR"réda, et en faveur de Jérusalem. Ces considérations allègent I.e probleme sans le résoudre, Sur la vie de la Vie:ge ~près l'Ascension, les renseigne~ents hJstonques se réduisent à ce mot de sa mt Jean: • Et désormais le disciple la prit dans sa maison: • faut-il dire avec le dernier historien de samt Jean, l'abbé fouard, que." tan~ que vécut Marie il (saint Jean) hab1ta Jerusalem, selon to~te apparenèe • ? Ou, puisque le disciple bien-aimé fut incontestablement l'c apôtre de l'Asie • pn:consulaire, et séjourna longtemps à Ephèse, devrons-nous admettre q~e !a Sainte Vierge l'accompagna dans celte mtss•on? Invraisemblable hypothèse. Saint Paul n'avait pas coutume • de bâtir sur le fondement d'autrui .• Si donc il a fondé la communauté d'Ephèse comme l'attestent les c Actes • et saint Irén~, c'est que saint Jean n'y avait pas se-
que (66), !a Vierge aurait eu au moins quat~e vingt-quatre ans. C'est à cet âge que samt lean l'aurait emmenée en Asie!... Si donc Ephèse montrait le tombeau de Marie, il faudrait supposer un séjour antérieur, séjour purement conjectural... L'archéologie ne donne rien qui pèse; l'histoire est trop laconique; interrogeons la tradition. Son porte-voix le plus ancien est Epiphane, Palestinien d'origine et évêque de Salamine, en Chypre. Ne s'étant point départi de son imprécision coutumière, il a dérouté les critiques. Voici ce qu'il semble dire: On croit, en général, que la Vierge est demeurée en Palestine: quelques-uns, pourtant, veulent qu'elle ait suivi Jean en Asie. A cette minorité incombe Je devoir de la preuve. Mais comment le ferait-elle? L'Ecriture se tait. Nous voici donc en face de deux traditions de poids inégal. Mais une observation s'impose : à la fin du IVe siècle, Jérusalem ne connaît pas le tombeau de Marie; c'est ce qui résulte du silence d'Epiphane et surtout de saint Jérôme. Il faut attendre un demi-siècle pour entendre s'affirmer l'une et l'autre tradition, ou, tout au moins, l'une des deux. Que signifie ce texte tronqué de la lettre du· Concile d'Ephèse (4.31) au clergé et au peuple de Constantinople? Les Pères s'y disaient assemblés • dans la ville d'Ephèse, là où Jean te théologien et la Sainte Vierge Marie, Mère .de Dieu... • faut-il suppléer " sont • c'est-à-dire • ont leurs tombeaux,• ou c sont honorés • .d'une église, d'un culte communs? Même si on admettait le premier sens, on aurait tort d'y voir l'opinion de tout Je Concile: c'est celle du rédacteur de la lettre, peut-être saint Cyrille. En tout cas. le Concile s'était tenu dans une église consacrée à Marie. l'une des plus anciennes églises mariales. Ce culte de .la Vierg-e associée à saint Jean, dans un~ éghse dont on voit peut-être encore les rumes au nord du forum d'Ephèse. est un indice remarquable, mais non pas, à lui seul, la preuve désirée. Quelques années plus tard, ~~rcien et Pulchérie désireux d'offrir à l'eghse des Blachern~s à Constantinople, le plus précieux ioyau d'e l'empire, demandèrent :tt l'évêque de Jérusalem le corps de la Sainte Vierge. Juvénal, qui avait assisté au Concile d'Ephèse, ré-
84 pondit en substance: • Nous possédons son tombeau à Gethsémani, mais il est vide ». Ce témoignage est capital. Pour l'éluder, de quels vices u'a-t-on pas noirci Juvénal? Ambitieux, il le fut en briguant le titre patriarcal que lui refusait saint Uon. Faussaire, on veut aussi qu'il l'ait été, parce que le dossier envoyé par lui à Rome contenait une pièce fausse. Un tel horrune n 'aurait-il pu fabriquer la légende du tombeau de Gethsémani? L'en charge qui voudra. Nous n'osons sans preuves. A dater de cette découverte, tandis que la • tradition • d'Ephèse tombe dans la nuit absolue. la tradition de Jérusalem est représentée de siècle en 1liècle par une suile continue et précise de témoins. Que conclure? Entre une tradition douteuse ou morte aussitôt née, et une tradition tard parue, il est vrai, mais dès lors très vivace, et à peu près incontestée, il n'est pas difficile de faire son choix. (, Semaine catholique")
Un quasi-centenaire François-J'oseph
Ho~er
1812! La Grande Armée s'emparait de Moscou, puis battait en retraite après le terrible incendie de la capitale de l'empire moscovite. Napoléon, suivi des g lorieux lambeaux de ses trouoes, traYerrcait la Bérézina . Or, à cette époque, François-Joseph Huber, que j'ai vu hier dans sa paisible petite maison qu'il habite à Plainpalais, avait quatre mois, étant né 16 6 juillet 1812. Evidemment, il ne saurait !:!'arder la trace de souvenirs napoléoniens, mais il se souvient qu'en 1815, passant au-dessus de Sion à dos de mulet, accompaJ:!'né de ses parents, il s'était heurté le front à la chaudière placée sur le bât. 1815, c'est Waterloo, et cet homme, eut-il vécu dans le petit villa~ bel~ désormais acquis à la célébrité historique, pourrait clamer: • Je me souviens de Waterloo! » Ce qu'il J:!'arde de cette épque si lointaine est plus modeste et moins déclamatoire, et nous lui savons !:!'ré, 11 ce simple vieillard, de n'avoir en son passé rattaché à des événements d'un autre siècle que des souvenances de • chez nous », souvenances de sa belle vallée du Rhône, des vÏ!rnobles de Sierre. des forêts mystéJ'ieuse:s. et surtout, souvenances de ses montagnes et du villa~ natal, en bon Valaisan qu'il est. Son J:!'rand-père avait érniJ:!'lé du Tyrol, ame-
85 nant avec lui son garço~ le père de FrançoisJoseph. La fertile vallée séduit le Tyrolien, il sc fixa à Résch,·, pr~s de la commune de Chalais, dans le district de Sierre,. où naquit François-Joseph.
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Nous causous . Et durant que le centenaire égrène son chapelet des souvenirs d'une voix très douce, un peu confuse, menue, j'observe et j'écoule, sentant se lever en moi le sentiment ému d'une respectueuse admiration. Petit, de forte ca.rrure et bien planté, il ne porte certes pas son grand âge. Le visage !:!'labre, un facies aminci, des yeux qui ont dtl être bleus et qui à lorce de regarder dans le passé se voilent lé~rement, des yeux d'<nfant, quand même purs. Le front droit, couronné de cheveux follets, plutôt gris que blancs. En parlant, il a des gestes qui soutiennent sa parole, et le mot qui porte et qui fait image, il le trouve toujours. Sa conversation est remplie d'humour, son commerce agréable, Ma mère, me dit-il, était une belle Valaisanne de Vernamiè~, vous savez, le hameau aux chalets noirs, accroché sur les pentes nord du val d'Hérens. Mon père monla de Reschy à Nax où fut célébré le mariage. Nous avions à Reschy un petit train de campaJ:!'Oe. Jusqu'à l'âge de 9 ans, je gardais les chèvres et les moutons. Pendant quelques années je fu,s mis en place dans une ferme, au-dessus de Sion, où la première av·e nture de ma vie se déroula. Un jour, j'étais seul au pâll•rage. Soudain, je vis sortir de la for~t apparienant à l'évêque de Sion, un loup qut, se précipitant sur l'un de mes moutons, l'égorgea sur place et lui c tira le sang ». En ce temps-là nos bois pullulaient de loups et les montagnards se tenaient sur leurs gardes Et les chamois, ce qu'il y en avait: on les voyait avec leurs cabris jusqu'au fond des vallées, près des fermes. Tandis que maintenant, il faut bien J:!'fimper à 3.000 mètres pour en rencontrer quelques-uns! et encore!... Les chasseurs • y » ont tout tué! Une fois rentré à la mai.s on, je secondais mon père dans les travaux domestiques et participais au labeur quotidien. Pendant huit ans je fus mineur. Un des premiers je travaillai aux mines de Grône dont on venait de découvrir le filon. · Puis ce fut l'inévitable appel du gain et la petile vanité d'endosser un uniforme chamarré qui dirigea un beau· matin le jeune montagnard à Sierre avec d'autres catnaiades, tous
désirant s'enrôler dans les régiments de Naples, ou au service de la France. Les racoleurs firent leur choix. L'un d'eux, t01sant des pieds à la tête François-Joseph Huber, lui dit un peu rudement: c Toi, tu es bop court, remonte au village ». Et FrançoisJoseph remonte au vill'age, un peu marri, voyant se dissiper ses illusions sur les beautés de la vie militaire. Il en eut du reJ:!'ret, p;.s longtemps, il est vrai, puisque quelques années plus fard, _la 2'uerre civile éclatait en Valais, et FrançOisJoseph mettait à servir e la bonne cause » toute .son ardeur et toute sa foi. En 1840, les discordes déchirent le pays. Les bandes se rencontrent près de Bramois où eut lieu le combat. La troupe libérale du Bas-Valais resta victorieuse, occupa Sierre et imposa sa Constitution à tout le canton. Huber n'a pas effacé la triste impression de cette échauffourée, car, paraît-il, au lieu de poudre on avait mis de la cendre dans les cartouches. Quatre ans plus tard, les Hauts-Valaisans reviennent à la charge. Huber fait partie de la • Vieille Suisse » à Ardon. Il arrive au bord du Rhône avec ses compagnons d'armes juste pour voir brûler le pont de Riddes. Ils redescendent la vallée et le petit soldat a l'honneur de monter la garde à l'entrée du pont de Lavey. Au mois de novembre 1847, François-Joseph est Sonderbundien. Son billet de logement le mène à Monthey, chez une veuve ave-nante entourée de ses deux fiHes. Il est choyé comme un coq en pâte. Une idylle s'ébauche. Puis, brusquement, ces délices renouvelées de Capoue sont interrompues par la capitulation du gouvernement entre les mains du colonel Rilliet. Ce fut la fin des discordes, la fin des aventures. Lorsque l'on construisit, il y a un demisiècle environ, Je chemin de fer Saint-Maurice-BriJ:!'Ue, Huber prit part aux travaux sur la section MartiJ:!'Oy-Sion. Son escouade était-cantonnée à Ardon. Ce genre de travail lui plaisait assez. Ouvriers et manœuvres étaient bien traités, bien nourris, bien logés. Mais tout a une fin, et dès lors, dans son vil!age de Reschy, à l'ombre des noyers, François-Joseph Huber coula des jours prospères et heureux, ayant connu les joies de la famille. JI fit une première apparition à Genève le 8 décembre 1894, puis une seconde le 5 juin 1895. Enfin. il vint se fixer définitivement dans notre ville le 18 février 1896, où il habite acfuellement chez son ~ndre, M. Bratschi et sa
fille. Le vénérable aïeul a bien mérité des siens, qu.i l'entourent d'une profonde affection. Lorsqu'il se décida définitivement à quitter le Valais pour Genève, c'est-à-dire il Y a 17 an s, François-Joseph avait alors 82 ans. Le curé se rendit à son chalet et lui fit remarquer que vu son âge avancé, il n'était pas prudent de voyager ainsi, d'abandonner son village natal, changer de climat et de conditions d'existence. - Savez-vous ce que je lui ai répondu? - Non! fis-je. - Monsieur le curé, lui ai-je dit, le bon Dieu n'a pas voulu que je meure plus tôt, qu'importe donc que je parte. On doit mourir où on est, le bon Dieu est partout En me rappelant œci, François-Joseph Huber sortit lentement de sa poche une vieille pipe, la bourra consciencieusement, la monta à ses lèvres ridées qui souriaient avec bonhomie. et l'alluma. Il prit sa canne. coiffa soo feutre mou noir et partit pour sa coutumière promenade sous le!\ ombra~s de la Plaine de Plainpalais. Pierre GRINGOIRE (dans la .,Tribune de Genève".)
Monsieur Joanni EUe lui disait souvent : - Joanni . tu n'es pas raisonna?le; tu .tr~ vailles trop. Si tu continues à te faltguer amst, je te mets à la retraite. . . 11 baissait la tête. pour avotr l'arr plus respectueux, et répondait, avec un sourire ~atté : - Quand Mademoiselle voudra. M~ts de moi-même. ie ne quitterai jamais le servtce de Mademoiselle. - lamais. Joanni? - A moins que je ne devienne tout à fait infirme de ma main. · - Mais ie te le défends! Allons! rnon bon Joanni, va ' dire de seller Te~te. . . Il transmettait l'ordre à l'ecune, et, dtx minutes plus tard, sous le porche Otl le ~ru~ t de leurs piétinements se heurta~t et se b~•satt en échos. deux chevaux passatent en _lt~e : Tempête, qui portait Mlle d'Est~!, et BenJall'!JO, qui portait Joanni. Ils tourna1ent à drotte, dans la rue presque déserte encore, et le groom les mains écartées, prêt à refermer les battant~ de la port.e cochère, levait le~> épaules et disait tout bas:
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86 - A-t-il de la chance, le vieux! C'est touours lui qui accompaPUe. Il ·regardait s'éloigner, au pas mal assagi .u départ, Je demi-sang pommelé sur lequel e tenait très droit, sanglé dans sa livrée brune boutons d'or, le serviteur de confiance de Mie d'Estrel, et, un peu avant, sur un alezan n, la ligne fine de l'amazone, encadrée dans ! bleu du matin. Tout s'effaçait. On traverait la place de la Concorde. L'avenue s'ourait et les chevaux d'eux-mêmes se mettaient u trot. La jeune fille avait de si beaux cheeux et d'une telle sève ardente. qu'on eût dit u'elle piquait des diamants aux torsades de i nuque. Mai s elle n'y pensait guère. Elle !Jltait confusément, délicieusement, l'harmoie de sa jeunesse avec le matin. Quelquefois, ans les allées du Bois, elle se détournait un eu. On devinait un profit de Grecque, le >se d'une joue, deux lèvres entrouvertes: - Au petit galop, joanni! Et le vieux, .luttant contre la fatigue, l'emJnpoint, le désir perpétuel qu'il avait de lais~r souffler sa bête, mais impassible toujours correct, tâchait de maintenir Benjamin dans >mbre de Tempête. C'éta it une joie sans seconde pour Mlle Estrel, cette promenade matinale. Elle y trouti! une solitude relative, de la santé, de l'éat, l'ivresse d'une allure qui dépasse nos orees, et une nature qui suffisait amplement son rêve. Elle ne distinguait pas très bien s choses qu'elle devait admirer d'avec celles ti l'attendrissaient. Les merveilleux jours ou!I'ts dans les futaies, le mouvement des cheins et des ombres aui les suivent, la lar!Ur et la douceur presque toujours voilée :s lointains - car la poussière est une brue - lui plaisaient assurément; mais elle reLrdait non moins volontiers une trou pe de oineaux battan t de l'aile sous la pluie d'ar-sage; elle souriait aux fleurs de maronniers li tombent sur les gazons ras et tiennent :u de pâquerettes, tantôt roses, tantôt blanes. Son goüt de l'élégance la portait vers rtificiel. et elle n'avait point l'idée de ces odigieux raffinements que d'autres découent dans la sauvagerie. Autant dire qu'elle tit artiste médiocrement. ce qui n'est pas 1ur surprendre, et ne pouvait, en aucune fan, lui nuire aux yeux d'un futur mari. Mais e était bonne; elle avait le don de se faire ner, même de ses inférieurs, preuve d'un si and nombre de vertus qu'il est presque imssible de les énumérer. On ne médisait pas ~Ue dans les antichambres. Plusieurs de ceux
qui la servaient lui étaient dévoués, comme les serviteurs des anciennes légendes, et surtout l'un d'eux, qu'elle avait toujours connu aussi vieux, aussi blanc, aussi digne: Monsieur Joaani. ll était de ceux qui, à forrœ de demeurer parmi les mêmes maîtres., ont pris quelque chose de leur figure et de leur geste. Avec ses cheveux demi-longs, .roulés en tourbillons plats, frisés, pareils à de l'astrakan blanc, ses joues rasées, ses paupières que les veillées d 'état avaient appesanties, sa démarche gli~ sée et enlevée, où l'on sentait le calcul, la g-ravité de Phomme et son désir de p laire, il rappela it un peCt les comédiens chargés des rôles de marqu is. Il parlait bien; même il fai~ ait la phrase, et toujours arrondie: - Si Mademoiselle veut bien me le permettre, je dirai à Mademoiselle qu'il est arrivé à son adresse un petit colis. - Bien; apporte-le. Est-ce du gibier? - J'en demande pardon à Mademoiselle. Elle pense bien que je ne dirais pas un colis si c'était une bourriche. Je croirais plutôt à des confections. A cause de son importance, les autres domeslinues l'appelaient M. Toanni. On ne connai ss~ it pas son nom de famille, et lui-même ne s'en fouvena it qu'une fois l'an. lorsque Maden•oiselle. avec une bonne grâce que Joanni citait fréqu emment comme exemple. écrivait la lettre du 1er ianvier, qu' il envoyait à une très vi ei lle sœur dans un très petit pays. Sa vérit~ble iamille était celle des d'Este!. Il en avait suivi. aimé. vu mourir et re,l!retté deux générations. La troisième lui gardait sa place près ri11 fover et Je laissait libre de choisir les occupation~ qu'il préférait. .Toanni s'était fait arQ'Cnlier; il inspectait aussi. hors cadre, sans m:m(l;,f mais rig-oureusement. les divers services de la maioon. et accompagnait Madcmoi~ ~lle nans les promenades en voiture et à chev~!. ~on<rez C'u'elle avait vingt-qua.tre ans et ou'ellc était seule au monde. dernière d<' sa r,ce :.vec nnf' fortune énonne. Il craignait tlOu •- elfe une foule de choses au'il n'exprim;~ it n•t'en formules complexes et voilées. Il !ni P.iait arrivé ne dire. di!n<; la tranquillité de ln r~mmJTne. où +out le monde fait un son~e. même les vieux Joannis. - Ah! Mademoiselle, faudra-t-il tout de même qu'il soit bien, celui que vous épouserez! - Sans doute. Mais tu le connaîtras le premier. Joanni. je te préviendrai. Elle avait ri, et il avait senti vivre et se ré-
. dé En avait-il emblables, jouir cette tendresse humble qui était en lu.i, Je détestait, pour l'avmr .regar vu de semblables moo D1eu! toll s . ce dévouement du serviteur, le plus _obscur et , . t·~ en 00m à Paris et aiJI1eurs: réguhers, e , Je moins intéressé qui soit, et qu1 n~a pas sculpté, longues moustaches, taille élan<:_ee, 1~: même un nom parmi les amours humame~ .. vêlements coupés sur le même ~od~le, . Près du château où Mlle d'Este! h~btt~.t même air inutile et content! ll étaLt s•. Vl<>de mai à octobre, maison basse, murs !terres, lemment porté contre le iiancé; it avati les douves autour et prairies plat:s. s~es. d'ar- yeux si pleins de larmes ~ cause d'e~le q~e le bres il y avait une chapelle, batte d apres les vieil argentier, que Mlle d Estrel avatt pr~é de orckes et les plans d'un ancê!re, possess:ur ~ll servir à table, le sachant d'une enttère discrédomaine. Une fondation obhgeatt le chatelam tion corrnnit des erreurs sans n~mbre et des à (aire célébrer, chaque dimanche, une messe, mal~dresses coûteuses. Eu parep cas - ce et à laisser entrer les gens des .termes, car le n'était pas son début dans la [elu:r~ des as· bou.rg était éloigné et le c~emm la.ment~ble. s iettes de Saxe - Mlle d'Estrel av.at! un mot Et, chaque dimanche, c'ét~tt Joa~m qut r~ de consolation'. Il 1'attendit .e n va~n. Yfs d~~ pondait à la messe, allumatt les ete;ges, ag•- ~oir dans la demi-heure qut précédait e 1 tait la clochette devant une assemblee compo· ~er ' il revenait, portant des fleurs . cou~s ~ée de deux sortes de fidèles: en b~s, les .J>3:.Y· po~r les corbeilles, lorsqu'il .el?-tendtt qu ~n sans avec leur veste de laine gut, ~~outllee, parlait de lui dans un• allée ~ot~me. Une VOIX sentait encore le mouton ; les peh!es hUes !~u rieuse souple, charmante, disa tt : geaudes à jupons courts, les meres abntees -'Vous avez vu ce matin mon pauv.re dans des capes sombres, et ~-haut,, dans la joanni! Il est un peu mûr. tribune dont la balustrade élatt ~rar~te de ve- Dites donc choppe. J'es~e que vous lours, Mlle d'Este!, seule au l?remt~r rang, n'avez pas l'intention de m'en tatre cadeau, et droite en pleine lumière, tandts qu au fond que vous vous en séparerez? . . s'esto:npait et se courbait la silhouette d'une Le vieux devint tout pâle de satSls;;ement. dame de compagnie. Lui, qui ne s'était jamais arrêté. pour e;outer, Or, un dimanche de septem?re, com~e les il s'arrêta. Il écouta pour savorr sa .reponse. glycines et les peupliers, premters tou~hes de Cinquante ans de vie donnés à cette flancée et la mort, avaient déjà perdu !;urs !eutlles et à ses pères, cela mé~tait une défense, n'est-ce empêchaient qu~on ne crftt à ltnnocente dC!u- pas? un souvenir mdutgent, quelque chose ceur de la lumière; un jour qu'il s'était évetllé qui .signifiât: • Prenez garde! ne 1~ traitez pas coutume, dtlfement · il s'est fatigué pour mot! Îl Eh :·~t plus las et plus rhumatisant que Joanni qui servait la messe, se detourna vers il n'y eut pas même de réponse. . en nd~' la trib~e et aperçut le plus inattell;du et le des rires qui se cherchaie?t, s'ap~atet;t, et t· plus douloureux des spectacles: derrière Mlle minnaient. Leur joie n'avatt pas meme ete trou• d'Estrel, un peu en retr~it, un _ie~ne ~ornme blée une seconde. . et une dame en no,ir qu'tl n'avatt ]arnats vus. Joanni ne savait pas que les gens tres heuIl devina tout de suite que c'était • lui .~' et reux perdent, pendant un temps, la faculté ~e comme il avait encore .beauc~up de natV~té voir la peine des autres. Il pleura toute, a mal ré son grand âge, 11 se dtt que le mon~ nuit. Le lendemain, il alla trouver Mlle dEs· dre gmot, la moindre confidence ban~le . auratt trel et lui dit: · art _ Ma sœur est morte. Il faut .q~e le P . e. distingué d'entre les serviteurs ord,natres Je Et elle ne vit pas que ce qu'l etatt. mor~, vieux Joanni et que c'eût été une récompense. la tristesse, ~outre laquelle il s~ dé!endat~ ma- c'était une petite Hamme d'amour .qut .avatt laisément depuis quelques mOJls, 1 eo~a.hd. Il trembloté devant elle enfant, petite till~, 1eu_ne eut le re(J'ret de la vie, une sorte de vtston de fille, et que venait d'éteindre son preiTiler nre . ." · 11 et' .n'osant l'mgrahtude umvers~ e, , . accuser t ée de jeune femme. René BAZIN, celle qu'il avait servie et q~ ~ éta!t mo": r de l'Académie française. bonne, au moins quelquefms, tl ~en .pnt à cet inconnu, qui venait làJ en ma1tre t!f!P~<> visé ne sachant rien du passé. Pa~vre htstorre de ; oumission, de travail, de ve~les, de remerciements émus pour une pehte marque d'intérêt, qui donc pourrait vous r aconter, e~ qui donc y penserait en ce moment? Et qu. M. Matsrert, professeur de langues à importerait, d'ailleurs, à cet étranger! Joanm
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Une cnrionse méthode de calcul
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Bruxelles, a trouvé u.ne méthode simplifiée, venir compliquer les choses. Mais la règle particul'ièrement favorable au calcul mental, reste vraie, tout de même. pour la multiplication de nombres composés Exemple: 23 X 45. Différences 77 et 55. Si de gros chiffres, c'est-à-dire voisins de cent, j'ôte 55 de 23, j'obtiens - 32. Le produit des de mille, etc. différences est 4235. II faut additionner (en Sa règle peut se formuler à peu près ainsi: les premiers chiffres du produit se compo· déboîtant) ce qui revient à déduire 32 des sent du plus petit des, deux nombres - di- deux premiers chiffres, ou 42. Résultat 1035. L'avantage reparaît toutefois si, l'un des sons le multiplicateur - diminué de la diffé· nombres étant voisin de 100, de 1000, etc., renee du plus j!rand - le multiplicande avec 100, s'il s'agit de nombres de deux chif- l'autre est voisin de 50, de 500, etc. On opère fres; avec 1000, pour des nombres de trois de même, mais en retranchant du plus petit la • moitié » de la différence de l'autre nombre chiffres, etc. avec 100, 1000. Les derniers chiffres du produit s'obtienExemple: 997 X 489. La différence de 997 nent en multipliant les différences des deux à 1000 est 3, celle de 489 à 500 est 11. La moifacteurs avec 100 (pour deux chiffres), 1000 tié de 3 est 1,5 que je soustrais de 489, soit (trois chiffres), etc. 4890- 15, ou 4875. Le produit des deux dif· Exemple. Soit à multiplien 98 par 89. Je férences est 33, et j'obtiens 487533, résultat soustrais de 89 le reste de 100-98, ou 2, et exact. j'ai 87 pour les deux premiers chiffres du proJusqu'ici nous n'avons opéré qu'avec des duit. Les deux différences avec 100, soit 2 et facteurs composés d'un même nombre de chif· 1J, mullipliées l'une par l'autre, donnent 22 fres. On peut agir semblablement avec des pour les deux derniers chiffres. Le produit fadeurs d'un nombre différent de chiffres, est donc 8722. Vérifiez! mais en déboîtant vers la droite, dans la II peut arriver qu'il manque un chiffre, et soustraction .. même deux ch;rrres, si les différ~nct>s '>ont reExemple : 993 X 87. Différences 7 et 13. Je lalivemenl très petites. On rem,1:.t~e ahr.,: les ne dois pas soustraire 7 de 87, mais de 870, chiffres m?.11(!t·r.r,ts par des ~:étos, • entre les et j'obtiens 863 pour les troïs premiers chif· deux frar,r'll~nts du produit • t":l'ernple : 99!/7 fres du produit. 7 fois 13 donne 91, pour les multiplié rar 9989. Les ,h.~érence~ avec deux derniers chiffres. Résultat: 86,391. 10000 soJt rtspectivement 3 d 1T. M. Matsrert croit avoir trouvé l'un des 3 ôté de 9989 resle 9986, pour les quatre « trucs • d'Inaudi et de ses prédécesseurs ou premiers chiffres du produit. Mais je sais "émules •. C'est très possible. La connaissanqu'il doit se composer de huit chiffres, et 3 ce de quelques rè,!!'les aussi simples, pour les fois 11 ne font que 33. T'infercalle donc de~x diverses opérations de calcul mental, jointe à zéros et j'obtiens 99860033 pour le produit. expliquer les stupéfiantes prouesses des • peVérifiez encore, s. v. p. . tits bergers prodiges • . Si les différences sont fortes, le contraire Ceux qui, en des temps de chaleur ont le se présente et l'on a trop de chiffres. Il faut bonheur de pouvoir se prélasser à l'ombre alors au lieu de juxtaposer les chiffres, les additionner, en les déboîtant, c'est-à-dire en des grands bois en profitant de quelques mettant unités, dizaines, centaines, etc., à jours de vacance, ou bien quelqu'un de nos écoliers en mal d'une réminiscence de mathéleurs places respectives. matique, voudraient-ils essayer et vérifier le Exemple: 78 multiplié par 56. Différences avec cent 22 et 44. Si j'ôte 22 de 56, il me procédé de M. Matsrert? Nous serions curieux reste 34. 'Mais 44 X 22 968, j'aurais donc de connaître le résultat de cette expérience. :inq chiffres au produit, et il n'en faut que ~uatre. Au lieu de juxtaposer, j'additionne 34 et 968 • Le jeu des définitions, un instant dépour obtenir 4368, résultat exact. laissé, a repris faveur. L'autre soir, il donna La méthode n'offre d 'ailleurs plus aucun lieu à quelques trouvailles méritoires, panni Lvantage, si les différences sont trop fortes: lesquelles celle-ci: 1utre qu'il devient moins facile de les mulOn avait mis au concours le mot boxeur. iplier entre elles que d'opérer avec les nomLa réponse primée disait: lres primitifs, des valeurs négatives peuvent Boxeur. - Un poing. C'est tout.
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Boutades
La Science serait-elle la Religion de l'Avenir Nous donnons ici la réfutation d'Une de.s plus courantes objecfi?ns de. nos adv~rsa1· res. Ils voudraient vo1r un JOur la sc1ence remplacer la religion. « Ce n 'est pas d'hier que la science ~xiste, c'est même ici qu'est l'erreur, à mon av1~ co· Iossale, de ceux qui espèrent de 1~ sc1ence Je bonheur du genre hu.main. Ils croi_ent, avec une naïveté qui stupéfie, que la. science est née d'hier. La science est de toujours. Elle a commencé avec celui qui a inventé la char· rue. Elle a commencé avec celui qui a invent~ la hache de silex. Elle a commencé avec celui qui a inventé le feu. Elle es1 prodigieusement antérieure au christianisme. _ • Ces messieurs disent: • De l'an 1 a l'an 1800: règne du christianisme. De l'an 1800 à l'éternité: rèR"fle de la science~· C'est ~n~ 11istoire à donnir debout. La sCJen~e .a ~x1ste depuis que l'homme existe et le c~nshamsme, tout moderne n'est oas venu mterrompre ses opération~. Il s'est occupé de tout autre chose pendant que .la science, comme e~le pouv;it, plus ou m?ins bien, selon les Clf· constances, continuait une œuvre, à e~l~. • Si la science existe de toute etermte, de toute é!ternité humaine, si je puis ainsi p~rler, on peut pour savoir ce qu'elle fe~a, l~;U d~ mander ce qu'elle a fait. A-t..e,Jle Jamais fa~t régner la justice parmi les, hommes? Jamais de la vie! L'a-t-elle seulement augmentée? J~ mais de la vie. Elle a été une force hu~I· ne et elle a créé des fO'rces. Des forces u~Iles, des forces nuisibles, la charrue et la fleche, la voiture et la hache, le filet et la. catapulte; le télégraphe et la mitrailleuse.. Voilà ce q~ elle a fait voilà ce qu'elle contmuera de faire. Elle a~gmentera le bien-être et le~ moyens de le troubler, elle appellera plus d etres.. humains à la vie et inventera plus _de ~an!e.re.s de les détruire. Et ainsi de smte, mdehm· ment Pourquoi autre chose? ... » . Emile FAGUET.
La Première Communion Sombre triste et morne avait été la ville tout l'hive;; une grève si Ion!!'lle, 9ue }'on croyait n'en point voir la fin, lu1 avait faJt perdre
son aspect animé, et des chants de haine, des cris de mort, remplaçaient les fredons joyeux d'autrefois. Beaucoup disaient, voyant les usines vi~es et les grands tuyaux sans fumée : ~ Cet~e cnse est mortelle on ne s'en relèvera ]ama1s! • Ils oubli~ient que, pour les villes pros~ res et les individus bien portants, une f01s . le mal passé, la convalescence est rapide, et qu'un sang nouveau remonte du cœur aux membres. Tout en haut du vieux quartier, malgré Je sain isolement où aurait dft la maintenir sa petite .maison tapie so~s les arbres, une fa: mille avait été plus attemte que les autres pat la dang-ereuse fièvre. Etaient-ils méchants? Peut-être pas. Cependant, I.e J?ère _ne_ manquait pas un meeting et se disait pret a tout pour assouvir ces vengeances dont on leur parlait sans cesse. La mère, a!in d'occuper se_s journées désœuvrées, marquait l_e p~s en su~ vant les manifestations, et la petite hll~ savait par cœur les paroles de c l'lnternation~le :· C'est elle qui, le soir, sous .la cla~te pa· lotte de la lampe, penchait son f.m proh~ cou· ronné de cheveux pâles sur le JOurnal I~cen diaire et en faisait la lecture à haute V~Ix . , C'était une drôle de petite lille, à la fOis s~ rieuse et maligne, insolente ave~ tou~ et qll:I, consciente déjà du droit de ,!!'reve, 1exerça il en faisant l'école buissonnière. • . L'ourag-an avait passé, laissant a pres. hu, comme toutes les tourmentes, quelques rumes, mais une fermentation int~nse, co':lme, celle qui pousse la nature au pnntemps a reparer les forces perdues. Le père et la mère avaient retrouvé !eur place à J'atelier et en revenaient Je~r s~rvJetfe de serg-e bourrée de travail. ~a petit~ II lie retournait en classe et reprenait aussi le calé· chisme. . . Que lui disait-on là? Je 1'1~ore; ma1s ~u à peu le petit visage, qui se cnspait .autrefo~s à la lecture du grand journal, prenait un a1r d'application soutenue, en se penchant sur l_e petit livre aux marg-es usées, dans lequel_ Il fallait apprendre des leçons, sans dout~ bien difficiles, puisque bientôt t~ute la famille se mit à les répéter chaque s01r. - Pensez donc, la Louise va f~ire s_a communion dans <;feux mois, fa~t . quelle a1t une bonne place à cause ~es vo:~m.s. La communion de Lomse! C etait devenu JJobjectif vers lequel conver~eait maintenant
90 tout l'effort de la famille : Malgré le lon2" chômage et les dettes accumulées, le père disait: - Je veux que rien ne lui manque, à ma Louise, elle sera habillée de blanc et aura une ceinture larj;!e comme ça!! - Et la robe du lendemain que tu oublies, reprenait la mère; puis faudra bien prier nos R"ens à dîner, c'est le moment de rendre nos politesses. le ménaj;!e soupirait en chœur : - Faudra de l'arj;!ent, bien de l'ar~ent. Mais on travaillait si fort que les chaussures s'ali~aient les unes près des autres en lon)!ues files bei)!es, ~ises ou blanches. Ah! c'était de la belle ouvra_g-e. et faite avec cœur. Le père en oubliait le chemin de l'auber_g-e, la maman celui du bazar, hypnotisés dans cette pensée semblant les purifier tou s: la commun ion de la Louise! L'enfant devenait plus saj;!e. elle arrivait maintenant d'une allure de petite nersonne discrète. une lueur mvstioue aux veux et un cantique au coin des lèvres. Les parents, Dieu me pardonne, en redisaient le refrain, qui leur revenait en mémoire avec le souvenir du petit villaŒe abandonné pour venir travailler en ville ; on jurait moins, car la petite faisait des réorimandes et cha· que soir, puisqu'elle l'avait demandi, o~ s'aRenouillait ensemble pour un petit bout de prière. Le temps approche: c'est la retraite maintenant, la mousseline est achetée, et sur les R"enoux de la couturière qui l'emploie, elle fait auprès de la fenêtre une j;!rande tache lumineuse. - Que tu seras belle, dit-on à Louise, qui rentre du sermon; mais Louise a une figure bouleversée; elle fond en larmes et refuse de dire le sujet de son chagrin. - C'est-y que quelques-uns t'ont fait de la peine, mon petit? - Je.... c'est que... j'ai fait un ~!ros péché: on ne voudra jamais me donner l'absolution puisque je peux pas réparer. - Réparer quoi? dis voir à ton papa. la fillette l'entraîne dans le jardin, le plus loin possible, afin que la couturière n'entende pas. - Faut point me battre.... j'ai. ... volé. - Non de nom, t'as volé!!! Volé quoi? Tu le rendras, et tout de suite. - V'là que tu causes comme le prédicateur! Je peux pas rendre. Malheureuse, dis au moins où tu l'as mis.
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- Dans mon ventre, même qui était trop plein.... C'était.... des pommes. Le père poussa un c oui!,. de soulagement. - Où donc as-tu été marauder ça? - Dans le cellier à la mère Françoise, qui vend des léR'tlmes sur la Halle! J'y allais tous les jours, pendant la grève, même qU'elle croyait que c'était son petit ~!ars et le fouettait en rentrant. - Tu mériterais bien que je t'en fasse autant. - Oh oui! papa, car c'est abominable! Voler et nuire à la réputation du prochain. Je n'oserai jamais dire ça: c'est pas la peine de finir la robe blanche. - A c'theure que tout est acheté, y ne manquerait plus que ça. le père reg-arde fixement Je bout de la bottine qu'il était en train de fij;!noler tout à l'heure, et qu'il tient encore à la main. - Il est de la communion, le gars à la Françoise? . - Oui ... papa ... J'ose seulement pas l'enVISaR"er quand je le rencontre. - Ecoute! elle n'est point riche la mère françoise! va lui dire qu'elle ne s'occupe pas de chausser son j;!ars pour après-demain je ' rn 'en c harj;!e, et tes pommes seront payées fans qu'on ait l'affront. A cette heure, lu peux aller tout dire à tou curé, et pour être sûre que tu n'y manques point, moi je vas te conduire. Tout s'est éclairci autour de Louise ; ellé est jolie à souhait sous son voile. dans ce 1 ose matin d'avril ol1 la nei(!'e parfumée tombe des cerisiers en fleurs. Le seuil de la maison en est tout parsemé quand la petite communiante ~ort. entre son père et sa mère qui , pour lu• fatre honneur, ont pris leurs effets de noce. Qu'a-t-il donc, Je papa? Une la rme tremble au coin de son œil. Est-ce le pardon que sa lille lui a demandé tout à l'heure qui !'a ému ainsi? Tout Je quartier est aux fenêtres, admiratif et attendri, des j;!roupes descendent vers !:église; dans l'un d'eux marche Françoise, hère de son petit j;!ars, frisé au fer, le nœud blanc au bras, et qui écoute, ravi , le bruit que font ~es chaussures neuves. louise lève les yeux vers son papa, et tous les cieux échanl!ent un regard de connivence, pendant que la maman soulève soigneusement les plis de la précieuse robe. De ~haque demeure sortent des j;!roupes joyeux· Il Y a de la joie éparse dans l'air où les
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ches égrènent leurs ~raves chansons. La procession déroule ses blancs méandres entre les vieilles tours et la jeune verdure ; comme une aïeule qui tend les bras, l'antique éJZiise ouvre ses portes. Ce peuple d'ouvriers a retrouvé son âme de jadis; il s'identiie sous ces voOtes, avec faut d 'autres âmes qui l'y ont précédé ; l'atavisme religieux se réveille. puissant et fort comme l'essence même de la race; ceux qui, il y a trois mois, clamaient à plein gosier le chant de la révolte unissent leurs voix à celles de leurs petits dans ce refrain dont le large vaisseau redouble la sonorité: • Du ciel il descend pour nous, • « Adorons-le tous. • Ce fut un jour de reposante paix. Après avoir acclamé l'évêque, chanté les vêpres, promené leur communiante aux quatre coins de la ville, les parents de Louise. attablés le soir avec voisins et amis, se disaient l'un à l'autre: - Pas vrai! faut j!arder la religion , quand ce ne serait que pour avoir une journée corn· me ça. Myriam THELEN.
Ce que serait la guerre Ce que serait la j;!Uerre, si elle venait à éclater? Une chose abominable. Songez donc! trois millions d'hommes mobilisés d'un côté, 4 millions de l'autre, donc sept millions de familles dont les deux tiers seraient privées de leurs soutiens ; car parmi eux il y aurait bien quatre à cinq millions d'hommes mariés. Dans les milieux bourgeois, il y a bien quelques réserves d'ar.l!'ent qui permettraient de faire face aux besoins de la vie pendant les quelques mois que durerait la j;!Uerre; mais chez les ouvriers, le départ du père de famille signifierait la ruine complète, radicale ... Il faudrait donc que les municipalités pourvoient aux besoins de douze à treize milJions de personnes dans les deux pays. Et la question de l'alimentation ne serait pas précisément facile à ré.e-ler. Dans les contrées éloi2nées du terrain des opérations, on pourrait encore trouver des aliments, mais sur le théâtre même de la _g-uerre, les armées rafleraient impitoyablement toutes les res· sources alimentaires. L'intendance aurait beau opérer des prodiges, il faudra it quand même vivre sur l'habitant.
Et puis que d'industries seraient immobilisées faute de bras et faute de débouchés. Quelles sommes fabuleuses ne seraient pas nécessaires pour subvenir aux frais de la mobilisation et pour entretenir les armées en vivres et en munitions. La question financière est une de celles qui, à juste titre, préoccupe le plus les R'Ouvernements. les réserves monétaires sont insigniiiantes. Que représentent, par exemple, les 120 millions en or qui, depuis bientôt quarante ans, sont conservés précieusement dans la tour de Spandau? Juste de quoi solder les frais des trois premiers jours de la mobilisation. Un emprunt. lancé brusquement en pleine crise, donnerait-il des résultats appréciables? C'est douteux. Quand, en 1870, le j;!ouvernement prussien voulut émettre 300 millions de thalers pour subveni r aux besoins de la _g-uerre, il y eut un lonj;! flottement et ce n'est qu' après les premières ~randes victoires que les capitalistes apportèrent leur or aux g-uichets des banques. Et les opérations? On s 'imaj;!ine difficilement ce que seront les batailles de l'avenir. Jamais on n 'aura vu de pareilles masses se ruer les unes contre les autres. les effectifs seront quatre, cinq fois plus forts qu'en 1870, les engins, beaucoup plus meurtriers. Les premiers jours il n'y aura que des enj;!agements sans importance. Chacun des adversaires cherchera à concentrer le plus j;!rand nombre d'hommes sur le même point. Il y aura donc, quand enfin on s'abordera. des fronts de bataille de '50 à 60 kilomètres. Comment un général en che! pourra-t-il d!rij;!er ces cohues humaines? Que fera-t-il s'il est vainqueur à droite et battu à j;!a•1che? l'initiative. qu'il faudra Jais· ser fatalement aux chefs de corps n'introduira-t-elle pas dans ses calculs des données déconcertantes? Et puis, comment fera-t-on pour ravitailler des armées aussi prodigieuses? Les armes modernes sont de formidables mangeuses de munitions. Le canon à tir rapide peut, avec un feu intensif, épuiser les ré· serves de ses caissons en 17 minutes. Si !Es soldats sont un peu énervés, ils auront vite fait de brûler leurs 150 cartouches. Et les mi:.railleuses donc, qui brûlent !;00 à 600 car· touches à la minute. Or, il est presque certain que les ,g-randes batailles dureront plusieurs jours, comme en Mandchourie. Les services auxiliaires seront donc obli.l!'és de laire des prodij;!es pour amener sur tous les points d_u terrain des munitions en quantité
92 suffisante. S'ils disposent de voies ferrées, cela ira encore; mais l'armée ne s'adosse nas à un réseau de chemin de fer très étendu, il faudra recourir à des moyens de fortune, voilures et automobiles, et alors comment la répartition se fera-t-elle réS!'ulièrement sur des tronts de bataille aussi étendus? Et savez-vous ce que coCHerait un combat naval moderne? Une revue technique spéciale qui se publie à Londres en a fait le compte. Elle est arrivée au total effrayant de 30 millions de francs par heure, rien que pour les munitions. Voici comment elle arrive à ce chiffre fantastique: Les canons de 14 pouces, dont l'emploi >'est S!'énéralisé, tirent des projectiles coûtant 3000 francs pièce. Ces canons tirent à raison :ie deux et même trois coups à la minute. Les projectiles des canons de 12 pouces cofilent 2110 francs, et ceux des canons plus pelits reviennent au même prix, car la rapidité :ie tir avec ces derniers est beaucoup plus rrande. Donc, deux escadres modernes en venant mx prises, dans un eng-aJ?ement de cinq heu:es, dépenseraient en projectiles 150 millions. !1 y a lieu de tenir compte de la perte des 1avires. Or, l'un des dreadnoughts actuels :oûte 50 millions. On voit à quel chiffre fabuleux reviendrait m combat naval moderne. Qui sait si les suppositions d'aujourd'hui 1e seront pas les réalités de demain? Voilà >ù peuvent nous conduire les fantaisies des tiplomates. Ah! elle est lourde la responsabiité de ceux qui tiennent dans leurs mains es destinées des peuples et qui peuvent dé:haîner su~.: eux de si abominables calamités!
Croquis Valaisan - SUR LE CHEMIN DE BINN. La journée avait bien commencé. j'avais !U la bonne fortune d'assister, en passant, à a bénédiction, pa.r Mgr l'évêque de Sion. des ravaux de la hg-ne Brigue-Dissentis, à Gren~iols.
Le spectacle m'avait profondément ému.. ::ette estrade pavoisée, au milieu d'un bout de 1ré bordé de roches vertigineuses battues >ar le Rhône impétueux; sur cette estrade, l'é•êque, portant la mître et la crosse et haran-
93 guant la foule; à ses pieds, des groupes d'ouvriers bronzés, enfants de Ja Péninsule, écoutant la tête découverte sous les feux d'un soleil 'tropical; qu'imag-iner de plus impressionnant? Et le cadre! Des rochers, des bois, des g-orJ?es, des précipices, de petits villages noirs de vieillesse, tapis dans des replis de verdure tendre et juchés sur des monticules; le Rhône mugissant dans le fond des rocs déchiquetés; tel éta it Je cadre, bien fait pour rehausser le tableau. . Grengiols, ce jour-là, était fier. Drapé dans les fastes de son glorieux passé, il ressemblait un peu à ces coqs vaniteux qui, pour chanter victoire, grimpent jusqu'à la crête des • mazots •· C'est que Greng-iols a une histoire, une his· toire très vieille et un tantinet lég-endaire. Les seigneurs de Buos y ont laissé la tour de leur castel avec des souterrains où gisent bien d'étra~ges souvenirs. Ces seigneurs devaien~ faire • l!'rand s:!'enre • si l'on jug-e par ce qut reste de leur manoir: fronton armorié, aujourd'hui mutilé, plafonds en ogives, serrures en fer forgé et s:!'ravé, fenêtres à chanfreins et à barreaux torses. L'és:!'lise, qui domine le villag-e du haut de sa terrasse, est construite sur les ruines de l'ancien château du major épiscopal, qui, au XIVe siècle, prêtait honunas:!'e à Aimon de la Tour, prince-évêque de Sion; en ce temps-là, Grengiols s'appelait Greniolum. Puis en 1799, les Autrichiens, commandés pa.r Strauch, incendièrent Greng-iols au nez des français du corps d'armée de Xaintrailles; ce fut un des moindres épisodes de cette g-uerre de s:!'Uérillas, efiS!'as:!'ée entre les impériaux et les républicains, sur les .rochers qui séparent la Massa du S!'lacier du Rhône, tout le long de cette pittoresque vallée de Conches, transformée en champ de bataille. Heureux les peuples qui n'ont pas d'histoire! De Greng-iols, un petit sentier court à tra~ers de luxuriantes prairies, escalade les mont d'Ernen et s'enfonce dans le sauvag-e dé· filé de Twingen. C'est le chemin de Binn. Un vrai chemin de montag-ne, qui dévale par monts et par vaux, disparaît dans les bois, côtoie les abîmes, enjambe les avalanches, coupe les dévaloirs; un sentier d'anachorète, louvoyant entre la vie et la mort, dans un silence émouvant, que rompt seule, par instant, la furieuse Binna, étranS!'lée au pied des ro· chers, rugissant quelque barbare symphonie aux vieux mélèzes décapités par l'avalanche,
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suspendant, au-dessus du g-ouffre qui les happera, leurs membres déchirés et a_g-onisants. Le tableau est terrifiant. Quand le · printemps renaît, ~.!'lissant de menus iilets de soleij dans l'épais rideau de forêts vierges qui voile le lit de la sauvage Binna, le spectacle devient mag-ique. Des hauteurs des Trinimatten et de L't:bene-Matten, des masses fonnidables de neige, amoncelées dura.n.t le loDS!' hiver, se précipi· tent par les couloirs schisteux, polis comme des miroirs, et roulent dans la Binna, entraînant avec elles tout ce qui se trouve sur leur passa_g-e, avec un roulement de tonnerre, que répercutent les mille échos de la mon~agne . Le chemin est coupé; le 1orrent funbond bondit de tous côtés, cherchant l'issue qui lut ltivre.ra passage. Puis l'été vient; la chaleur finit par penetrer dans ces g-org-es profondes; tout doucement la neige fond, le sentier sèche et, tout aussitôt, sur un petit g-azon bien vert et bie!l Irais, s'épanouissent la frêle renoncule, la hmide perce-neige, la douce anémon~. la busserole éclatante et une foule de pehtes campanules multicolores, blotties dans la mousse, au pied des vieux conifères S!'éants. Et le sentier reprend sa course à travers le sauvag-e vallon; Je rideau des. ?ois se . déchire, découvrant un paysag-e qm grandtl à chaque pas. Sur un lég-er monticule, une petite église au clocher de neige profile dans l'air pur sa silhouette accueillante; un amas de vieux cha· lets hâlés se prosternent à ses pieds, comme autour du berger se presse le troupeau; après les terribles convulsions de la montag-ne, une oasis est sortie de son sein: c'est Binn. Sion, août 1911 . SOLANDIEU.
Ce que l'Alcool fait d'un Homme Le ,.Correspondant" pubiiait il y a quelque 4emps une partie du joum~l de Mme Fe~;>vay qui, pendant l'année terr!ble, se prod1~ua avec un cou.rag-e et un devouement adnHrables dans les ambulances de Besan~on. Nou~ empruntons à cet article la page sutVante qut montre à quel point l'usage de l'alcool peut dégrader l'homme le plus courageux. « 27 octobre.- Premiers blessés.- Un mobile des Vosges nous a été amené ce matin
avec un pied presque emporté palr un éclat d'obus. Un lambeau de peau le retenait encore : en ma présence, et sans que je pusse l'en empêcher, il sortit son couteau de sa poche a tranché la peau et a rejeté le pied tout broyé. Le soir même, il fut amr~.<t~ .jusqu'au genou et refusa de se laisser endoriDJr disant qu'un soldat n'avait pas besoin dt; ceSI précautions-là et <'U'avec une bonne p1pe, on ne l'entendrait pas se plaindre. En effet, il fut stoïque. Un mois après, sa bl~ssure pr_e nant mauvaise tournure, on fut obhgé de lut amputer la cuisse. La bonne pipe joua encore son rôle, et sou cou!rage ne se démentit pas. 11 guérit. Je lui fis o?~en!r en p~us de sa pen,. sion la médaille Dllhta.ue, pu.ts, plus tard, une 'petite recette buraliste aux portes de Besançon. Mais J'inaction forcée fit de lui un buveur incot1rigible et, après plusieurs ad,monestations qu'H provoquait du reste .en s accusa.t:tt lUci-même, il vint un jour me dcre: «Je suts indigne de l'intérêt qu'on me porte parce que je suis trop faible et ne puis pas ~'e'!lpêcher de boire. je vous :rapporte ma meda1lle que je crains d'avoir sur ma poitrine si on. me ra~ masse en état d'ivresse. • Je cherchat . à lut remonter le moral, à le consoler. Je lu1. promis de le marier pour lui éviter Ja solitude. Rien ne put avoir raison de sa résolution. En me quittant il alla se noyer dans le Doubs. Cet homme qui avait été héroïque au feu et devant les souifrances, les privat.i ons, cet homme devint un lâche par sa passiOn pour l'alcool. Cette lin si triste m'a long-lemps poursuivie. J'aime les natures fortes, courageuses qui savent lutter. • . . De pareils exemples sont bten fatts pou.r mettre en g-arde les jeunes gens contre euxmêmes. Quand on commence à boire, o~ ne pense certes pas qu'on ira jusqu'à l'alcoohsme jnvétéré. Mais par l'usage de l'alcool, la. VO· lonté s'affaiblit et l'on devient souvent mca· pable de réagir. Il vaut donc mieux s'abstenir complètement que de s'exposer à prendre une habitude qui peut avoir d'aussi funestes conséquences.
Plaisante aventure Ceci se passait en 1894... Il vient de mourir, en Russie, u!l homme qui s'était lait un nom illustre en JOuant du piano.
94 Rubinstein, - tel était le nom de cet heumortel. Très bien vu à la Cour, il était particuliè:ment protéR"é par une princesse; - ce qui :ouve que le meuble sur lequel il s'escrimait partout des amis. Un beau jour, - il y a de cela bien des mées, - mon Rubinstein se sentit pris du !sir d'aller se faire entendre à Lon~es. Sa protectrice lui donna une belle lettre de ~commandation pour l'époux de la .reine, le rince Albert. Arrivé à Londres, l'artiste alla, selon l'utge, trouver l'ambassadeur de son pays et Je :ia de solliciter pour lui une audience. Elle fut aussitôt accordée; le jour et l'heure Kés. Ce jour-là, à l'heure dite, notre honnne vit -river à son modeste hôtel un chambellan, :compagné d'un aide de camp du prince ~ ux
>OUX.
Ces messieurs paraissent assez interlolés de se trouver en fa.ce d'un petit jeune ë>mme à l'air timide, qui ne savait trop quoi ur dire. Ils te prièrent de venir prendre place dans voiture qui attendait à la porte de l'hôtel, 1e belle voiture de la cour. avec un cocher •ut chamarré d'or sur le siège, et un chas!Ur derrière. . . - Peste! pensait Rubinstein , on est ]Oh· .e nt poli, dans ce pays. II aurait bien remercié les beaux messieurs Ji s'étaient assis à côté de lui; il leur eût !Ut-être demandé quelques renseigne~euts; ais il se faisait dans la rue un tel brut!.' p~e )Il ne pouvait s'entendre ; de plus, le ptantsjouait de la langue ~nR"laise beaucoup plus ifficilement que du ptano. Enfin, voici nos _gens arrivés au palais. La R"arde était sur pied. et. partout, on mdait des honneurs absolument inattendus, messire Rubinstein qui , de la stupéfaction, ombait dans l'ahurissement. Toujours escorté du chambellan et de l'ai! de camp, tous deux muets comme de~ .car!s, le pianiste arriva dans une magmhque tlle, splendidement illuminée, - c'était le >ir. La reine Victoria, le prince Albert, son >oux, quelques membres de la famille royale :tendaient. L'artiste, de plus en plus intimidé, salua, vec une ~raucherie qui s'explique, les nobles
personnages qui lui faisaient l'honneur de le recevoir comme un prince. • Puis, tout le monde s 'assit, excepté le ministre des alfaires étrangères, le chambellan, l'aide de camp et... Rubinstein. Tout le monde _gardait k silence. L'infortuné en perdait la tête! ... tous les assistants paraissaient étrangement étonnés. Visiblement, on attendait que le pianiste parlât. Comme il ne desserrait pas les dents et paraissait malheureux à faire pitié, le prince Albert, d'un geste aimable, l'invita à commencer son discours. Il se trouva qu'en faisant ce "este. Je prince dirigeait sa main vers un mal!nifique piano à queue, placé au fond de la vaste salle, à gauche de Rubinstein. Le malheureux, enfin sorti d'an,l!'oisse, se précipita vers le meuble bien connu, et il préluda de la façon la plus brillante. C'était au tour de l'assistance à être stupéfaite. Qu'est-ce que ce pouvait bien être que cet ambassadeur cet envoyé extraordinaire de la cour de Rus~ie. qui, au lieu de .réciter un discours, se mettait à jouer du piano? ... Soudain le prince Albert, posant son doigt sur son fr~nt, comme un homme qui retrouve inopinément un souvenir, se pencha yers 1~ reine Victoria sa royale épouse, et, a derm voix, tout prè~ de rire aux éclats, malg-ré sa froideur habituelle. - C'est Rubinstein! dit-il, Je fameux pianiste Rubinstein. dont la princesse ~~lènèe m'avait il y a un mois, annoncé la vtstte, et i'avais 'oublié de vous en prévenir, ne m'en souvenant plus moi-même. Tout était expliqué! Oi:t l'on avait cru trouver un envoyé extraordinaire de la cour de Russie, un diplomate en mission. c'était tout bonnement un artiste en voyage. Quand notre homme qui n'avait rien compris encore, et continu;it de jouer .. enli~ s'arrêta, on lui expliqua, avec une brenvetllance charmante, et non sans sourire, d'où venaient tous ces honneurs qui l'avaient si fort embarrassé, et on lui fit fête, encore plus gue s'il avait été ce que l'on croyait d'abord, car, à la cour de Londres, on a pour la musique et les musiciens, un amour profond. Ch. DUBOIS.
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La prévision du temps par la télégraphie sans fil
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Dans un rapport que M. Darboux, secrétaire perpétuel de l'Académie des sciences à Paris, vient de lire à la dernière assemblée du bureau central météorolo_gique, se trouvent exposés les services que va rendre la télégraphie sans fil en matière de météorolo,l!'ie. Les premières ondes qui font vibrer notre trlobe sous l'eife-l d'un tremblement de terre s'e propa_gent avec une vitesse de douze kilo. mètres par seconde. Pour que les courbes recueillies sur les appareils enregistreurs soient utilisables, il faut que les heures de produc· fion du phénomène soient connues à une seconde près. Par la télé,l!'raphie sans fil, dont les ondes se propa,l!'ent à une vitesse de 300,000 kilomètres à la seconde, le problème esf résolu. Mais il v a mieux que l'intérêt de la science, il v a l'intérêt du navigateu.r et de l'agriculteur. On peut affirmer qu'en l'occurrence le navi,l!'ateur, si bizarre cela semble-t-il, peut aid17 J'a_griculteur. Chaque navire pourvu d'apparetl de T. S. F. (télé,l!'raphie sans fil) envoie régulièrement et ce, aussi souvent que possible, à la Tour Eiffel, à Paris, des observations sur l'état de l'océan: on connaît ainsi. à Pa.ris, avec une nettetê"parfaite, l'état de l'atmosphère sur l'Atlantique. Or. la prévision du temps, en Europe, dépend surtout de la connaissance que l'on a de l'état atmosphérique de l'Atlantique. Le bureau central parisien peut donc donner des prévisions assez précises qui sont téJé_graphiées immédiatement aux centres agricoles importants. Ainsi donc. voilà un cycle de services utiles. Par télé.l1'raphie sans fil, étant renseiR"nés r~pidement de ~ stations continentales éloiP'nées. les météorolo~a"istes peuvent annoncer aux navil!afeurs les conditions atmosphériques nu'il ~ devront rencontrer sur lettr route: ces derniers. de leur côté. en fournissant ég-alement. par téléoraphie san!> !il des détails méticuleux. améliorent les condition!> de prévision du temps aux a,l!'riculteurs; c'est surtout en cela, il faut Je reconnaître, que la météorologie pettt être utile. Les esprits R"rincheux ne manquent pas, hélas! de vous tenir le raisonnement suivant: • Ce n'est pas répondre que d'affirmer qu'il y a soixante-cinq chances sur cent pour qu'il
pleuve et vin~-huit chances sur cent pour que le vent souffle de l'oues.t plutôt que du nord. » A l'appui de leur affirmation, ils vous citent la réponse de ce médecin à son client qui demande s'il a lon_gtemps à vivre: • La durée moyenne de la vie est de trente-six ans; vous en avez quarante; vous êtes donc scientifiquement mort depuis quatre ans. » Toutes ces critiques sont aisées mais peu justes. La météorolo,l!'ie a franchi les premiers pas de toute science naissante, elle a fait de grands proR"rès en ces derniers temps et commence à rendre de précieux services à l'agriculture. Néanmoins, elle ne peut pas encore résoudre avec précision Je problème de la prévision exacte du temps, car il nous faut songer que nous étudions les phénomènes qui se passent dans une couche d'air de 500 mètres de hauteur, ators que nous avons plusieurs kilomètres d'atmosphère au-dessus de nos têtes. Quand cette science, encore neuve, saura expliquer avec précision, elle pourra prévoir avec certitude, el~e publiera alors des prévisions rnétéorolo,l!'iques comme on publie des prévisions d'éclipse en astronomie.... Mais c'est là un rêve encore lointain, et il est, malheureusement, encore de beaux jours pour les charlatans faiseurs de pronostics.
Variétés LE MUSICIEN GOURMET Rossini avait une réputation de gourmet qui dépassait encore sa notoriété de com· positeur Un jour, à Bologne, il entra dans un restaurant où on le reçut avec un respect méJan· gê de crainte. Patron et cuisinier se montraient aussi inquiets que flat1és: ils savaient combien il était diHicile de satisfaire le maître. - Bonjour, bonjour, leur crie Rossini. J'ai faim. Servez-moi vite. Cinq minutes plus tard, il était installé devant un déjeuner copieux. mai~ mau va i!'> . II manJ1'ea et but sans mot dire. Puis il se leva, toujours silencieux. prit sa canne et son chapeau. Interdit, l'hôtelier le re,l!'ardait fixement, lorsque, soudain, le rompositeur éclata en sanglots. - Maître, qu'avez-vous? - Viens ici, embrasse-moi, mon amil - Vraiment je n'ose... Les sanglots redoublèrent.
Supplément gratuit à
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l'tCOLE PRIMAIRE, SION
Novembre 1911.
LE - Que se passe-~il, bonne Vierge? - Hélas! hélas! s'écria Rossini d'une voix déchirante. - Pourquoi m'embrassez-vous, maître? - Tu veux le savoir? C'est parce que nous ne nous reverrons jamais.
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LES AEROPLANES VOIENT LES SOUS-MARINS Des expériences fort intéressantes, qui n'avaient jamais été faites jusqu'à présent, ont eu lieu la semaine dernière à Cherbourg. Le thème était le suivant: un aéroplane peut-il découvrir un sous-marin en pleine mer? Sur la demande de l'aviateur Emile Aubrun à Cherbourg-, Je préfet maritime consentit à procéder à des expériences avec deux torpilleurs, deux sous-marins, plus un remorqueur chargé de convoyer l'aéroplane. Les essais portèrent sur la recherche des sous-marins avec points repérés et sans repère. . Ce fut un jeu pour l'aviateur de ~ouve~ Je point exact du premi~r so~s-marm, qui émerg-eait de l'eau, et qut, à 1approc~e de l'aéroplane, plong-ea et disparut, Je périscope seul faisant un petit sillag-e sur la mer. Aubrun s'en fut ensuite à la r~~rche d~ second sous-marin, qu'il découvnt mm1erge à une distance de trois kilomètres du premier. Le second essai plus difficile, réussit complètement. L'aviat~ur devait, sans qu'on lui eQ.t donné aucun point de repère, découvnr un sous-marin en plongée. Aubrun prit un nouveau départ du polyg-one, s'éleva entre 350 et 400 mètres, décrivit de larges cercles de 500 à 600 mètres de diamètre au-dessus de la mer, en se laissant déporter de plus en plus sur la g-auche. Le soleil se trouvait très bas sur l'horizon, ce qui empêchait l'éclaireur de bien disting-uer le fond de la mer. Il vit soudain un miroitement. Cela lui donna une indication et tournant autour du point, il reconnut le périscope et n'eut pas grand mal ensuite à découvrir le sous-marin, masse noire qui se mouvait par six mètres de fond . Sa mission étant terminée, Aubrun revint à terre. Cette seconde expérience avait duré environ vinl!f minutes. Il es t presque prouvé. qu'à une hauteur de 1.000 mètres, on peut découvrir un sous-marin, tandis que dès qu'un aéroplane dépas5e 500 mètres de hauteur, le périscope ne reflète plus son imag-e. Il est évident qu'un sous-ma-
rin tient, en effet, très peu de place, dans le volume d'eau considérable qu'est la mer.
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UNE BOUSSOLE HUMAINE Tout le monde connaît la boussole et son aiguille aimantée. Or, sait-on que tout être humain peu devenir dans certaines conditions une véritable aig-uille de boussole, un véritable aimant? Il s'agit d'un phénomène tout à fait normal, qu'il est facile de mettre en évidence; nous possédons des propriétés magnétiques que nous ignorons. Voici le moyen: il est simple et curieux. Prenez une larg-e planche de votre lon_g-ueur, adaptez au milieu, en l'enfonçant solidement, un dé à coudre, et placez-la sur un pivot métallique dépassant Je sol de 40 centimètres environ, et solidement fiché en terre. Couchez-vous dessus, ramenez les bras confre le corps et restez en équilibre. Ce qui va se passer vous étonnera. La planche se mettra en mouvement, elle tournoie, elle osci11e et finalement elle prendra une position fixe inva· riable du nord au sud... vous serez devenu une véritable boussole. Nous possédons donc un méridien magnétique, et quand on dit d'un homme qu'il a perdu la boussole, cela signifie qu'il n'a plus son mé'ridien magnétique et qu'il tourne comme une g-irouette.
l} Foyer. et ~.~.s Champs Histoire, Nouvelles, Mœurs, Sciences, Inventions, Découvertes, Voyages, Éducation, Politesse, Économie domestique, Hygiène, Médecine, Cuisine, Recettes, Procédés, Travaux féminins, Variétés, etc. RÉDACTION: M. J.·H. DING, Eatanyer-le-Lae
Pnblications r oeommandets:
,Sillon Romand" • .. La Revue Populaire' ..
Numéros spécimen gratis
LE DÉLUGE
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L'HORLOGE DES CHASSEURS Elle sonne bien l'actualité. Et, un chasseur, naturaliste à l'exemple de botanistes qui ont construit ~ne ho·rlog-e de Flore. a dressé une horlog-e ornitholol!"ique en notant les heures de réveil et le chant de certains oiseaux. Le pinson est le plus matinal des oiseaux. C'est lui qui ouvre la marche, son chant devance l'aurore et se fait entendre de une heure à deux heures du malin. Après lui, vers deux heures et demie, la fauvette à tête noire commence son chant. A trois heures, la caille, amie des débiteurs malheureux, semble, par son cri : c Paye tes dettes • les avertir de ne pas se laisser surprendre par le lever du soleil. A quatre heures, le merle. De quatre à cinq, la mésange et son chant ag-açant. De cinq à six, se met à pépier le moineau franc, le gamin ailé, gou.rmand, tapag-eur, mais hardi et amusant dans son effronterie. EHe est g-entille, cette horlog-e vivante qui chante les heures matinales.
L e s ea.-u.:x: grossire:n.t de 1 . L es enfants
de Dieu (descendants de Seth) s'étant mêlés aux enfants des hommes (Caïn), l a malice humaine ~e vint extrême et Dieu résolut de la pumr. 2. Il y avait alors un homme juste et bo~, \ descendant de Seth, du not;n de Noe, qui trouva grâce devant le Se1gneur avec ses t rols fils: Sem, Cham et J aphet. 3. Sur un ordre de Di eu, No_ë co~st:uisit une Arche en forme de n avu e, ou 11 ent ra avec sa femme, ses fils et leurR fern -
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mes ainsi qu'un couple de tous les anima~x afin d'en conser ver l'espèce. 4. Alor~ une pluie abondante ne c~ssa de tomqer pendant 40 jours et 40 nmts; les abîmes de la mer débordèrent de toutes parts et les eaux s'élevèrent de 15 coudées sur le sommet des plus hautes montagnes. 5. L es eaux couvrirent toute la terre r•endant 150 jours; tous les homm.es et t~us les animaux furent submerges, t andis que J'Arehe voguait au-d r ~ sus.
LE FOYER ET LES CHAMPS
La charité La charité est· la vertu qui nous à nous dévouer pour autrui. Elle ;ous est inspirée par l'amour du pro:hain. Elle a pour formule: Fais aux. loutres ce que tu voudrais qu'on te fît 1 toi-même. Ne point faire le mal, respecter ;tri ctement les droits des autres, se nontrer en tontes circonstances parfai:e ment honnête, c'est être juste. La ~harité suppose quelque chose de plus; üle est inséparable de la bonté, elle )Xige un sacrifice; elle veut que nous lonnions quelque chose de nous-mênes. Que de gens souffrants ont besoin t'aide, de protection! Sans charité, que leviendraient le faible, l'ignorant, l'opJrimé, l'infirme, le malade? Bien des gens disent: Que voulezl OUS que je donne? je ne possède rien. )'autrE.>s croient qu'il suffit de donner m sou au premier pauvre venu. Etre charitable, ce n'est pas toujours ]élier les cordons de sa bourse; c'est ~ussi montrer de l'indulgence pour les 'autes, les travers d'autrui; c'est don1er de bons conseils, éclairer l'esprit les ignorants, dissiper les erreurs, prérenir les personnes dont la réputation t été souillée par d'odieuses calomnies, n·endre part aux peines et aux joies lu prochain, fournir, à ceux qui eu mt besoin, les renseignements propres 1. leur faire trouver du travail et des :essources; renoncer quand il le faut 1. ses prérogatives en faveUl' des au.res, se priver d'un plaisir, d'un avan;agc, eu faveur de ceux qui souffrent, :éconcilier les gens qui se haïssent, 1ardonner à ses ennemis et même leur taire du bien. Il faut se dévouer ou donner sans )Stentation. «La façon de donner vau t nieux que ce qu'on donne», ne jamais "P.nro(~hP.r un biP.nfait_ ;:uzir Rve.r. désin~orte
LE FOYER ET LES CHAMPS
téressement, ne pas compter sur quelque récompense, sur la renommée, ni même sur la reconnaissance de ceux que l'on a obligés.
les deux petits abandonnés
C::royo:n.s e:n. I:>ie-u.
Croyons encor Pn Di··u, lnrsq ue la foule nie Et n"m " e not1·e foi de l'im r.. onse fo~lie ; Au milieu du cha• ·s de l'inr,·Mulité Croyons encor en Dieu, malgJ•é l'obscurité. Croyons encor en Dieu, quand notre âme [éperdue Doit marcher sans rayons dans la r •ute [inconnue 1 A travers des récifs où vont nos pas tremhlants Croyons encor en Dieu malgré le bruit des vents Croyons encor en Dieu, même au milieu [des r ·nees Même quand nos soupirs sont restés ans [rép•·nses A l'heure de l'angoisse, où notre cœur se fond, Croyons encor en Dieu malgré le ciel de pl·Jmb! Croyons encor en Dieu devant le lemps qui [passe Quand tout est emp01té sans plus aucune [trace Au milieu du dé~e1·t où nous sommes laissés, Cro) ons encor en Dieu malgré no, cœurs brisés Croyons encor en Dieujusqu'à l'heure dernière! Alors la foi verra resplendir la lum rère! Alors les bandt:'aux n•,irs t.<Jmberon~ de nos [yeux! Envers et contre tout, croyons toujours en [L1ieu!
L'homme ne comprend son bonheur que lorsqu'il ne l'a plus; tant qu'il le possède, il se croit malheureux . L'idée seule du dévouement fait battre un cœur de femme, comme l'idée du combat et de la gloire fait battre un ·cœur de soldat. On ferait beaucoup plus de choses si l'on en crovait moins d'imnosSihles.
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Il y avait dans Je jardin du Luxembourg, à Pari::;, deux enfants qui se tenaient par la main. L'un pouvait avoir sept ans, l'autre cinq. La pluie les ayant mouillés, ils marchaient dans les allées, du côté du soleil ; l'aîné conduisait le petit; ils étaient en haillons et pâles; ils avaient un air d'oiseaux fauves. Le plus petit disait : «,T'ai bien faim~ . L'aîné, déjà un peu protecteUl', conduisait son frère de la main gauche, et avait une baguette dans sa main droite. Il avait plu la veille et même un peu le matin. Mais en juin, les ondées ne comptent pas. C'est à peine si l'on s'aperçoit, une heure après l'orage,que cette helle journée blonde a. pleuré. La terre, en été, est aussi vite sèche que la joue d'un enfant. Les . deux petits abandonnés étaient parvenus près du grand bassin et tâchaient de se cacher. Ils se tenaient derrù?re la baraque où les cygnes qui voguaient majestueusement sur le bassin avaient leur abri. Presque au même instant que les 'd eux enfants,un autre couple s'approchait du grand bassin. C'était un bonhomme de dnquante ans, qui menait par la main un honhomme de six ans. Sans doute le père avec son fils. Le bon homme de six ans tenait une grosse brioche. les deux pauvres petits regardèrent ,.~nH ce won&ieur et se cachèrent un peu plus. I.e père et Je fils s'étaient arrêtés prè:> du bassin où s'ébattaient les deux r.ygnes. Ces derniers nageaient, ce qui est leur Lalent principal, et ils étaieut super1·Ps. - Pourquoi pleures-tu? demanda le pèl-e. Je n'ai plus faim, répondit l'en-
- On n'a pas besoin de faim pour manger un gâteau ... - Mon gâteau m'ennuie. Il est ras.. sis. - Tu n'en veux plus? -Non. · - Jette-le aux cygnes. L'enfant hésita. On ne veut plus de son gâteau, ce n'est pas une raison pour le donner. Le père poursuivit: «Sois humain, il faut avoir pitié des animaux.~ Et prenant à son fils le gâteau, i1 le jeta dans le bassin. Le gâteau tomba assez près du bord. Puis, comme l'enfant pleurnichait. •Rentrons», dit le père. Cependant, en même temps que les cygnes, les deux petits errants s'étaient approchés de la brioche. ~lle flottait sur l'eau. Le plus petit regardait le gâteau; le plus grand regardait le bourgeois qui s'en allait. Le père et le fils entrèrent dans le labyrinthe d'allées qui mène au grand escalier du massif d'arbres du côM de la rue Madame. Dès qu'ils ne furent plus en vue, l'aîné se coucha vivement à plat ventre sur le rebord arrondi du bassin, et s'y cramponnant de la main gauche, penché sur l'eau, presque prêt à tomber, étendit, avec sa main droite sa baguette vers le gâteau. Les cygnes, voyant l'ennemi, se hâtèrent et, en se hâtant, firent un effet de poitrail, utile au petit pêcheur; l'eau, devant les cygnes, reflua, l'une de ces molles ondulations concentriques poussa doucement la brioche vers la baguette de l'enfant... Comme les cygnes arrivaient, la baguette toucha le gâteau. L'enfant donna un coup vif, ramena la brioche, effraya les cygnes, sajsit Je gâteau et se redressa. Le gâteau était mouillé, mais ils avaient faim et soif. L'aîné fit deux parts de la Lrioche; m1e grosse et une petite, prit la petite pour lui et donna la grosse ~·
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LE FOYER ET LES CHAMPS
Un château d'eau La question de l'eau potab.le à distribuer aux villes est une grosse préoccupation des hygiénistes et des mlmicipalités. Il faut, en effet, une quantité d'eau d'autant plus considérable que le nombre des habitants est plus élevé. Et il faut beaucoup d'eau par habitant. Ainsi, la ville de New-York a prévu 25 litres d 'eau comme consommation moyenne de chaque citoyen. On se contentait jadis de capter les 9aux de quelque bonne source et de les :l iriger par des canalisations vers un réservoir appelé château d'eau. Autant iue possible, on choisissait pour ce rélervoir une situation élevée, afin de 'avoriser la pression de l'eau dans les :uyaux. Mais la crainte des maladies épidé-
I.E FOYER ET LES CHAMPS
de précautions hygiéniques, elle traverse quatre filtres à sable successifs avant de parvenir dans un énorme réservoir d'une capacité de cinq cents mètres cubes, réservoir de ciment creusé dans le sol au pied de la tour. De ce réservoir, l'eau passe dans un collecteur et est refoulée au sommet de l'édifice dans un second réservoir de capacité moindre, mais établi à 54 mètres d'altitude. Toute eau, pour être saine, doit être battue et aérée. Au château de Lüneberg on obtient ce résulat au moment ' où l'eau pénètre dans le second réservoir. Un système de cloisons ajourées, disposées le long de l'ossature de la partie supérieure de la tour, laisse perler le liquide en pluie fine jusque dans le réservoir. Indépendamment de la hauteur de la construction elle-même, l'édifice est placé sur une colline. En sorte que la hauteur ainsi obtenue est plus que suffisante pour assurer la pression nécessaire. S. \ - •1
Les chameaux de guerre
liques a fait adjoindre à ces réseroirs prirrùtifs de vastes filtres qui purent les eaux et les débarrassent e tout germe de maladie. C'est sur de telles données qu'on ient de construire à Lüneberg, dans 1 Hanovre, le curieux monument d'asect moyenâge~x que nous reproduims ici. L'eau de quelques sources d'une limtdité éprouvée e:;t amenée au château 3.1' de fortes canalisations souterrai9S établies en fonte. Par un surcroît
Les chameaux appartiennent aux régions les plus chaudes de l'Asie et de l'Afrique. Animaux essentiellement domesticables, d'une endurance, d'une sobriété et d'une rapidité éprouvées, ils ont, de tout temps, servi au transport de J'homme. On les a surnommés les • chevaux du désert • et à juste titre. Quelques-uns de nos corps militaires sahariens, les méharistes, ont récem ment attiré l'attention sur leurs extraordinaires montures. Et, à cette occasion, on a demandé çà et là si le « chameau de guerre • était une invention! j nouvelle. En aucune façon. 1 Chameaux à une ou à deux bosses~ chameaux proprement dits ou droma· daireS (à lJTIA hn~~A) rmt Ofo ilr.a 1
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plus haute antiquité, employés au service des armés comme ils le fu.r ent au transport des courriers et des caravanes.
A diverses reprises, l'armée française d'Afrique perfectionna les corp·; montés à dos de chameau. Mais c'e.sl surtout depuis 1890 qu'ils ont reçu , sous le nom de compagnie de méharistes, une organisation stable et définitive.
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Le "porte pluie, L'humanité eut dès ses origines unr telle crainte du feu, qu'elle l'adora, e l il existe même encore en Extrênw-· Orient de nombreuses sectes qui en 011t gardé le culte : les Guèbres en Persn et les Parsis aux Indes, par exempl!', ont conservé le mazdéisme que fond n Zoroastre, en des temps fort lointain::, que certains estiment à 2000 ans a11. moins avant notre ère. Dès l'antiquité on chercha à se pro. téger contre le feu dévorateur, et le~; Grecs créèrent des veilleurs de nuit, chargés de faire des rondes et de donner l'alarme en cas d'incendie : ce furent les ancêtres de nos pompiers. A Rome on créa dès « édiles pou,. l'extinction des incendies , chargés cb veiller sur la sécurité de la ville. Au moyen âge, le guet eut parmi se-; attributions, celle de veiller au feu.
Le vieil historien grec Hérodote et Xénophon, annaliste grec, lui aussi, nous racontent que Cyrus employa des chameaux contre la cavalerie de Crésus. Il remporta la victoire. Tacite et Tite-Live nous parlent aussi des chameaux montés par des guerriers ; l'armée d'Antiochus comprenait chameaux, éléphants et chevaux, toute une ménagerie. Diodore vit des chameaux montés par deux archers placés dos à dos. Les Maures utilisèrent aussi ces animaux. Dans les temps modernes, c'est Bonaparte qui, pendant la campagne d'Egypte, remit les dromadaires à la mode. Il fallait, avec des troupes relativement peu nombreuses, assurer la tranquillité de régions considérables comme étendue. Le général Desaix inaugura cette armée nouvelle. Sous les ordres du colonel Boyer, les soldats, juchés sur les animaux du désert, mirent en déroute les mamelo·u ks et la cavalerie de Mourad-Bey (1799). Lors de_ la prise de l'Algérie, les Turcs ava1ent des corps de chameliers armés. Sur certains chameaux, ils plaEnfin, en 1716, on créa le premie:· çaient même des pièces d'artillerie lé- corps de sanP.urR-nnTnn.;,.,.., · ~-1 --~ - -- "
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LE FOYER ET LES CHAMPS
Depuis, on a cherché et l'on cherche oujours, dans tous les pays, des perectionnements dans le matériel d'exinction ou dE;! sauvetage, et des prorès considérables ont été accomplis ans ce sens. Une des dernières inventions est alle que l'on vient d'innover en Allelagne : c le porte-pluie ,., c'est ainsi ue l'on pourrait appeler l'appareil iopté par les pompiers de Charlotlenmrg près de Berlin. Composé d'un casque métallique, trmonté d'une sorte de champignon Lttaché à une prise d'eau, cet appalil est organisé"-de façon à former auur de celui qui le porte une muraille pùde. On conçoit que l'homme coiffé un semblable casque hydraulique Li l'environne constamment d'une uche protectrice rafraîchissante, ùsse approcher bien davantage des yers à combattre et augmenter dans grandes proportions l'effet utile du , de sa lance. Les essais faits avec i appareil ont donn& des résultats cellents, et il est probable que nom~ de pays l'Ddopteront, afin de prorer les pompiers, ces héroïques saueurs dont on ne saurait jamais assez mirer le dévouement.
a profanation des dimanches et fêtes ~es
profanatev.rs des dimanches et lS du Seigneur sont les plus grands Lemis du peuple, car ils attirent, par rs péchés, la malédiction du ciel sur biens de la terre. Les inondations, tremblements de terre, les mala; contagieuses, la disettê et les au: iléa ux ont été en grande partie udés par l'Ecriture Sainte comme punition de Dieu à cause de la pro'l.tion des fêtes du Seigneur et du >ris du service divin. La profanades fêtes par les J uüs a provoqué
la colère de Dieu de telle sorte qu'Il a fait dire au peuple : «Je ne veux plus de vos fêtes. ,. Est-ce que Dieu ne semble pas, en voyant la profanation des fêtes, faire la même menace : Je ne veux plus de vos fêtes ; qu'on les renvoie au dimanche. Des châtiments terribles ont été anr1oncés et à cause de la profanation des jours du Seigneur et la transgression des trois premiers commandements. Et qu'est-ce qu'on voit ? Les spectacles et les amusements se multiplient le dimanche ; la presse, en général, fait même très inconsidérément trop de réclame en leur faveur. Il importe donc de rappeler le public au sens chrétien, au respect du repos et de la sanctification du dimanche. Voici, Etats vieillissants de l'Europe, quelques paragraphes de la nouvelle loi votée par les Chambres et sanctionnée par le gouvernement des EtatsUnis. La san ctification du dimanche est une chose d'intérêt public, un utile soulagement des fatigues corporelles ; une . occasion . de vaquer à ses devoirs et de se rappeler les erreurs qui affligent l'humanité, un motif particuHer d'honorer à la maison et à l'Eglise, Dieu, le Créateur et la Providence de l'univers, un stimulant à se consacrer aux œuHes de charité, qui font l'ornement et la consolation de la société. Considérant : qu'il y a des incrédules et des inconsidérés qui outragent la sainteté du dimanche, en s'adonnant à toute sorte de plaisirs déréglés, qu'une telle conduite est contraire à leurs intérêts comme chrétiens, et trouble l'esprit de ceux qui ne suivent pas ces mauvais exemples, que ces sortes de personnes font tort à la société tout entière, en introduisant en son sein des tendances de dissipation et des habitudes immorales : Le Sénat et les Chambres décrètent: 1. Il est défendu, le dimanche d'ouvrir les magasins et les bouti~es, de
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ns'occuper à un travail quelconque d'assister à un concert, bal ou théâtre' sous peine d'une amende de 15 à francs pour chaque contravention. 2. Aucun voyageur ou voiturier ne pourra, sous la même peine, entreprendre un voyage un jour de dimanche e_xcepté en cas de nécessHé dont la po~ hce sera juge. , 3. A_ucun h?tel ou cabaret ne pourra s o~vnr. le dimanche aux personnes ~1 habitent la commune, sous peine d ~mende ou de la fermeture de l'étabhssement.. . Comme il est triste que même des c~tholiques ne soient pas encore éclaires. sur les affreuses conséquences maténelles et morales qu'entraîne la profanation du dimanche, dont on tend, ma~eureusement, à faire chez nous u~ JOUr ~e frivolité, de dissipation et d mtemperance.
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Couper un fil dans une bouteille
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Une petite balle de plomb ou bien un
fi~ à plomb étant suspendu à l'intérieur
d·une bout~ille, vous proposez aux personnes qm vous entourent, ou pariez avec elles, de coup-er le fil qui retient l'objet suspendu, sans déboucher ni toucher le fla.con. . On vous prétendra que c'est i~pos Sible. (! vous alors de démontrer le contratre en opérant immédiatement de la façon suivante: Observer d'abord deux conditions essentielles: . 1o Se servir d'une bouteille en verre b1~n blanc; 2o n'opérer que par le solell. Le fil sera attaché au milieu du bouchon,. par un moyen quelconque plùs vous mtroduirez l'objet dans le ~oulot d_e la bouteille et la boucherez hermétJ~uemeat. Si vous voulez faire plus Jeunesse et prospérité ne durent pas d effet, avant de parier avec votre entour~ge, vous cacheterez le bouchon à longtemps la c1re. Ces. préliminaires ayant pris quelPeut-être vous croyez-vous en ce mo- q~es mstants, l'opération proprement ment dans un état d'opulence qui vous dlte sera brève. permet ~e satisfa~~ impunément quelI l suffira, en effet, d'avoir une bonne que petite fantrus1e ; mais épargnez loupe et de vous en servir pour faire pour. le temps de la Viemesse et du converger, à travers la bouteille les Besom, p~ndant que vous le pouvez ; rayons du .soleil en un point queÎcon-.le soleil du matin n e dure pas tout que du_ fil_ a plomb. Les rayons calorile Jour. ~u~s am~I co~c?ntrés brûleront le fil ~e gain, est incertain et passager ; a l _endroit choiSI et votre pari sera gam~ls la depense est continuelle et cer- gne. tame.. ~l est plus aisé de bâtir deux Nota.- Il sera préférable d'emchemm~es _que d'entretenir du feu dans ployer du fil noi r plutôt que du fil une ; runsi couchez-vous sans souper blanc, car le noir reçoit mieux la chaplutôt que de vous lever avec des dettes: leur du soleil. Gagnez ce qui vous est possible de gagner, et ménagez bien ce que vous gagnez ; c'est le véritable secret de changer v~tre plomb en or ; et quand vous possederez cette pierre philosoC'est d'ordinaire un grand malheur ph~e, vous ne vous plaindrez pas de pour un enfant, s'il n 'P.1ü m>o ;~~~11" la ngueur des temps.
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nous rendre le sang plus alcalin. et les derniers ce dont le corps a besoin pour remplacer l'usure de nos nerfs 1tomne a vu sa parure effeuillée et de nos os. Il y a à peine une vingcher le sol et les gazons flétris; taine d'années, on croyait encore que terre a froid dans sa robe mouillée l'amidon de la pomme de terre n'était s'enveloppe en d'épais voiles gris. que difficilement dextrinisé et digéré, ciel est sombre, aucun rayon n'éclaire et l'on estimait par conséquent que sa paysage à l'aspect morne et nu; valeur nutritive était si peu élevée qu'i1 1 ne sourit ct la nature entière ne valait pas la peine d'en manger, ~e le deuil du soleil disparu. tout au moins par les intellectuels, qui au jardin dépouillé par la bise, ont besoin d'une alimentation peu chrysanthème, en ce mois attristé, abondante mais substantielle. C'était .rit encore, et dans la note grise une grosse erreur. L'amidon de la un accent de vie et de beauté. Marie JUILLARD. pomme de terre est facilement changé en sucre par l'amylopsine du suc pancréatique.
vtmatve
1ire à l'étouffée six belles pernreinettes; les passer, quand elles cuites, dans une fine passoire, ter 250 grammes de sucre en pou60 grammes de gélatine tfondue l un peu d'eau), et fouetter vigouement en mêlant le jus de quatre ns. La mousse terminée, la pladans un endroit frais en attenle moment de l a servir. Fle1~r de pommieT.
La pomme de t.errt>.
Lite au four, la pomme de terre m produit hygiénique de premier e. Elle renferme 25ro de nutric'est-à-dire presque autant que ande, et l'on peut affirmer que la ité de son amidon est digéré et ~bé. Les produits de nature aniet même le pain rendent le sang acide ; la pomme de terre, au cona, en commun avec la plupart des nes, le rend plus alcaLin. Or, une ine a lcalinité est de toute nécesJour entretenir la vie et la santé. 3 sels renfermés dans la pomme rre, 53ro sont des sels de potasse ? des sels de phosphore ; les pre: étant ce qu'il nous faut pour
ÉCONOMIE DOMESTIQUE
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l'arrivée des gelées, on profite ù'une belle journée, pour que les lt~te.s ùe choux soient bien sèches; on les anacbe et on les dépose, la racine en l'air, dans l'endroit le plus sec du jardin, &ous un abri. , On les y laisse tant qu'il fait bea~. afin qu'ils se sèchent en tous sens; mais, dès que la pluie froide, la neige ou la gelée menacent, on enlève les choux pour les rentrer à l'abri, soit sous un hangar, soit dans une remise, autant que possible à un courant d'air. Plus tard, lorsqu'ils sont un peu fanés, on les dépose sur le plancher du grenier ou autre endroit sec, toujours la racine en l'air; ayant perdu la plus grande partie de leur humidité. ils sont peu sensibles à la gelée et, si elle les atteint, ils ne se décomposent pas. On en peut conserver ainsi tout l'hiver, en ayant soin de les éplucher et de les faire tremper un peu à l'avance pour qu'ils reprennent .leur fraîcheur avant de les consommer.
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eUISINE Mousse de pommes.
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Moniteur du Musée industriel et pédagogique L'Ecols primaire donne de 10 a 12 Jivraisont~ de 16 chacune, non comprit~ la couverture, et autant de su~pléments de ~-16 pages pendant l'année ordinaire (soit du 1er Janvier au 31 Décembre) . Chaque fois il est en outre apporté un supplément Jllustré de 8 pages intitulé: Le Foyer et les Champs. p~es
Par an Union po,.tal~ fr. 3 Les abonnements se règlent par chèque postal II 56
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Annonces : 20 cent. la ligne sur toute la largeur cil Tout ee qui eoneerne la publleation ciolt être aciressé reetement à son gérClllt, M. P. PIGNAT, Chd cie Servlc:e au Dép~Rtement cie l'lnstruetlon publique, Q; Sion.
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