15 Novembre J9,1)
168 avaient, pour s'échapper, lait un trou tel, que rien ne s'opposait plus à leur dessein, si ce n'est la vigilance de Ravage. Mais Rava~,te se ·laissa corrompre. Une nuit il se tut et, le lendemain, on s'aperçut qu 'on lui avait attaché à la queue un assignat de cent sous avec un petit billet où étaient écrit ces mots: • On peul corrompre Ravage avec un assignat de cent sous et un paquet .de pieds de moulon. • Ravage, promenant el publiant · ainsi son infamie, iut un peu déconcerté par les attroupements qui se formèrent autour de lui et tes éclats de r ire qui partaient à ses côtés. Il en fut quitte pour cette courte humiliation el quelques heures de cachoL oooooo 80 METRES SOUS LA MER La , Gazette de Francfort" publie les im· pressions d'un ingénieur qui est resté pendant 40 minutes dans une cloche à plongeur sous la pression énorme de près de 9 atmosphères, c'est-à-dire soua la pression qui existe dans la mer à une profondeur d'environ 80 mètres. L'ingénieur raconte ceci: • Sous une pression .de 8 atm. 90, j'ai fu· mé une cigarette. L'air opérait alors comme si l'an s'était trouvé en présence d'oxygène pur. Après deux bouifées, j'avais brû'\é quatre centimètres de ma cigarette. Dès que je soufflais, la cigarette s'entourait d 'une liam me brillante qui dévorait le papier. • La respiration ne devenait pas sensiblewcnt plus difficile, mais, involontairement, j'ouvrais la bouche pour respirer. La respiration par le ·nez ne suffisait pas, ou bien elle était incommode, parce que l'air frottait dan s .les canaux du nez. En respirant, on percevait l'air comme s'il avait été un {]uide épais. • Le son de la voix changeait dès que ra pression atteignait 2 atmosphères. A S a~n. 90, elle devena it si nasillarde que nous ne nous comprenions plus entre nous. Sous une pression de 5 atmosphères, on n'arrive à si iller qu 'après de longs exercices. • Le bruit d'un coup qu'on frappe retentit plus 1ort sous une forte pression. Quand on
faisait tomber des obj\!ts. on s'apercevait de l'épaississement de l'air: ils tombaient doucement, en llotlanl çà et là • . oooooo CE QUE MANGE UNE DlVISION Voici quelques renseignements stati51iques sur ,fe ravitailtlemcn1 d'une division d'in.lanterie française du 6 août 1914 au 6 août 1915: Il a été distri,bué en viande de toute nature (iraîche, congelée ou demi-s:t«ée): En 1914, 1,324.574 ki~os; en 1915, 1.573,614 ki•los; auxquels il convient d'ajouter: 109,093 kidos de viande pro~égée. Au lota~: 3,007,281 kilos, qu•i ont atteiat une valeur de 4,979,959 francs. Le nombre tota.l d'animaux abattus ou ti· vrés sur pied s'élè·ve: En 1914, bœufs ou vaches, 4,248: veaux, 54; moutons, chèvres ou agneaux, 3,107; porcs, 334. En 1915, bœul.s ou vaches, 5281 ; veau, 1; moutons, chèvres ou agneaux, 8325; pore&, 205. Au lola·!, 19,555 têtes. Le nombre de cuirs et de peaux provenaat de l'aba·ttage se monte à 7331 cuirs et 11,618 peaux sur 'lesquells tl a été vendu par le ser· vice 4646 cuirs et 6115 peaux pour le prix de 213,608 Ir. Le tran&J)ori du bélûl a été e!fedué par huit autobus avec v.ingt-six hommes, ct les manipulations ont été faites, surveillées et inscrites par deux officiers, quatre sous oUiciers et cinquante-trois hommes. ooooooo • Un Atllemand, retour de la guerre, étner· veiNe tout le monde à Berlin. - J'ai pris huit soldats anglais, deux alliciers français, une mitrai1'leuse, trois mOl" tiers, six voiiures ambubnce, et même, une lois. un régiment complet. - Mais, c'est admirable. Ces! de l'héroïsme. Qu'est-ce que vous êtes? - Je suis photographe . . ..
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à la Suisse primitive par 1es liens « Fidèles et chers Confédérés. alliance plusieurs fois séculaire, Pensée. - L'art d.'êtrç bon maître. . » Par votre office du 18 cctobre Iidélité ne s'est jama.is démentie - Le crucifix et "l'enfant. - L'orguei·l mer, vous nous communiquez le scellée dans maintes luttes où c;e dans l'éducation. - Du manque de fer- gramme des fêtes que le · nos destinées religieuses et nameté. - Comment on doit hire servir Schwyz célèbrera les 14 et 15 ? J'étude l'analyse .à ce!ll~ du styJe. bre, à :t'occasion du sixième cen donc de tout cœtJ•r que nous L'el1.6eig'llement oral. - justice à ob- de la bataille de Morgarten . mons à nos Confédérés des canser:ver entre le& enfants. - Variétés. primitifs, à ceux de Schwyz en par» Vous exprimez en même -0nos vœux de bonheur et no& regret de ce que :les drcon&tances de profond et ina:ltérable arg1ques de l'·heure présente ne vous Sommaire du Supplément No g nous souven.ani que Ia Suismettent pa:s d'organiser de · (Cette annexe a 24 pages.) leur est redevable de sca indépenlennités auxquelles, en des temps et de son existence même, ainsi Le Dimanche. - Les vi~nerons . troublés, vous auriez -convié les des plus pures traditions d'honneur, Le bon pai!l1 dur. - La Charité. _ Un sentants de la Confédération et lance et de loyauté; p.ous sauvecœur de femme. - Après une an:née de Eta·ts c-onfédérés. aussi que bien des siècles avant guerre. - Le moiJS des morts ef l'a » Nous comprenons d'auiarut . été proclamées les libertés ciguerre. - Prière composée dans 1es vos regrets que nous nous sommes et politiques dont notre âge est si tranchées. -- Demain. - Alors, capo- mêmes trouvés naguère dans la les mâles et fortes populations des r.a•l? - La Plan~a. - Variétés. ble nécessité de commémorer avaient su résoudre le prepar-tidpation de nos cher:.s -ades institutions sainement dém{)-le centenaire de l'entrée du Valais Rentrée des classes tiques alliées au respect des tradt'la Confédération suisse A cette oc'casiO'll., le formulaire d'ins» ~ais, s'il ne nou~ est .pas dœœ pection et Je r-egi5t.re d'absences ont été, d'assister aux manifestations reH~ » C'est dans ces sentiments que noùs présentons, fidèles et ohers Conféau commencement de Novembre adres_ et pa·triotiques des 14 et 11) novelflbrt l'expression de notre attachemen~ sés. à to~t 11e personnel· en seigru~n.( pri- nous serons de pensée e~ rle cœur ~ 1, en vous recommandant, ave::: maire drrectement ou .par l'entremise côtés des .petüs-fils des vaillants. qui ont à la protection divine. dcscommissions scdlaires locales. fondé '!~ :liberté :helvétique. Nous (Si~natwes.) Signaler au Secré~ariat du Dép·a rte- ressouviendrons des exemples de COiltra-.• ge, d'abnégation, d'union donnés m~nt les erreurs ou omissions qui auA titre documentaire, nous reprodui. les héws de Morgavten. raient pu se produire à CP.t égard. le -communiqué su·ivant paru dans » Puiss·ent les leçons de àésinten~--. j'Ournaux va1aisans du 10 nov. et -am_ent, de concorde et de vi:-;!.ité qui · du Dép·art. de l'Insltr. pulbl. degagent de la mémorablt jo'l.l,·née Annuaire du Département Le 15 novembre de .cette année rapPou:r Je cou::s sco.laire 1915-16, cet 15 novembre 1315 être comprises de un glorieux anniversaire aux génération actuel:l~ et des annuaire para1tra en décembre produ xxe siècle, celui de la batailà ~enir! Ce sera, avec l'aide d'En~hain, de m'anière à pouvoir être joint la première qui ait été Morgarten, a notre prochaine livraison qui paraî- qui n'a jamais manqué à notre pour l'indépendance de notre dans ~es ~oments ~es plus critiq tra au plus taro pour Noël. patrie. Une telle date méritait dès son :lustoire, le gage 1le plus assu -0de ne p61nt passer inaperçue pour notre indépendance et de notre · génératiO'rl adueHe, en particuJier rité. VIme Centenaire de Ddorgarten la jeunesse des écoles. Aussi, étaiL » Bien que parmi les cadtts de la (1315-1915) . indiqué que, malgré Jes ~raves préocmUle suisse, le Valais ne s'associera de l'heure préserrle, une maLe Conseil d'Etat a fait parvenir aux avec moins d'élan à la p·atriotique Landamman et Conseil d'Etat du Can- gresse de ses Confédérés sch IU"''"L""'u'"' simp·le eût heu pou;r en com181""n n~.•~~ le souvenir. Ainsi se trouve ton de Schwyz, l'adresse suivante à l'oc- ~'a-t-il_p·as été, bien avant son mo·tivée -la décision du Concas.ion des fêtes de Morgarten: swn définitive dans l·a
Sommaire de cette livraison
de
seil d'Etat d'accorder pour ce jour-là congé, non seulement aux établissements supérieurs et secondaires d'instruction, mais encore aux écoles primaires, en engageant MM. les Ins·tituteurs à profiter de l'occasion pour do-nner à leurs élèves une petite conférence appropriée à l'important fait historique dont le VIe centenaire va être célébré. Dans ce but, le Département de l'Instruction puhliq ue du Valais, comme celui des autres cantons romands, a souscrit à un certiün nombre d'exemplaires d'une gracieuse plaquette intitu~ée Morgarten, que MM. les. professeurs et maîtres d'école vont recevoir et pourront utiliser avantageusement pour développer le modeste chapitre que nos manuels -olassiques consacrent à 1'événement. Cette brochure offrira une lecture attrayante et instrudive dont ~e dégagera, pour eux et leurs éco'liers, une haute leçon de civisme, en montran1 toutes les qualités du citoyen, du so·Ida·t et du diplomate, incarnées au plus haut degré chez les combattants de Morga-rten. -0--
Autour de la Planta Chaque année, la grande 6oche de notr-e vénérable cathédrale se fait entendre dans la soirée du 12 novembre, pour rappeler un évéaement historique, qui est 1a victoire de la Planta. Puisque, le lundi suivant, on a commémoré également le souvenir de la batai.lle d~t Morgarten, il ne sera pas de moindre actuaHté pour nous Valaisans, de se souvenir de la journée du 13 novembre 1475. La petite Histoire du Valais, d' Hilaire Gay, consacre les 1ignes suivantes à ce glorieux fait d'armes: «L'armée Savoisienne, forte d'environ dix mil:le hommes, sous le . commandement du capitaine-général, Amédée de Gingins, ne tarda pas à paraître devant S'ion. Un détachement se dirigea sur Savièse, .qui devint le théâtre d'~1ne
4 horrible vengeance. Qua1tre miUe pa~ triotes, aidés d'une poignée de Oriso·n:s, ac-coururent au secours de la vüle et, sous 1es ordres de Jean de Platéa, essa~ yèrwt de repousser l'ennemi. Mai·s, accablés par le nombre, i'ls durent reé:Uler. La place allait tomb•er au pouvoir des assiégeants., lorsque les bannières de Berne et de Soleu·re apparurent sur J.es hauteurs .du Sanetsoh: Trois mil'le guerriers venaient se joindre aux Valaisélills et tombaient à l'improviste sur les flancs de l 'a~resseur, t2nd:i:s que les hommes des Ormonts et de Château~ 'C!'Œx, débouchant par d es sentie-rs à peine praticalb'les, l'assai'llaient sur le3 derrières. L'arrivée de ces renforts et leur attaque audacieuse relevèrent le courage des patriotes, quli repriren·t l'offensive. L'armée ducale, malgré le nombre de batai11ons et leur bonne contenance, fut écr:a.sée par les Confédérés. Une terreur pan·ique se répandU dans les ran.gs savoisiens. Le capitaine· général dut abandonner le dhamp de bataille, et chercher son salut d1ns la fuite, après avoir laissé trois cents nob'les et plus de miJ.le s.oMats sur la pJ•:ü-. ne de la Planta. Cinq bannières, cent vingt ·c hevaux et nombre d'armures restèrent aux mains des vainqueurs. » - 0-
Les graffiti du Collège de st.. Maurice . UN CENTENAIRE On ap:peMe, en archéologie re:ltgieuse, « rzraffiti >>, les symboles chrétiens tracés à la pointe du couteau, les exclamations de prières et les invocations qut ·les pèlerins aux catacombes de Rome inscrivaient sur :les murs qui longeaient les escaliers souterrains ou sur 'les entrées des cryptes des martyrs. Dans nos fouilles à St-Maurice, nous en ayons trouvé dans 1es cryptes. des martvrs. Nous en avons trouvé ailleurs aussi 1 mais de moins anciens et de moins sérieux.
5 ~ans l'étage de Ia maj~.:siu~use tour, qm est devenu, apres une rcstLtution ar. chéologique, le musée des louilles à l'époque où H y avait une forêt d~ plan. ches dressées dans. ur. demi-jour Pénétrant par une pehte ouverture laissée des anciennes fenêtres murées, des élève:;, trompant la surveillance de messieurs les Inspecteurs, aUaient fumer un bout, Et pendant que la fumée jouait en flocons bleus entre deux planches qui servaient de chemin, le-s esp·iègles -- et quelques-uns étaient des philoso. phes - ill'scrivaient Ieur nom sur la fresques couvertes de poussière d'une antique chapelle abandonnée. Inutil!:! de révéler Jeurs noms. La plupart déjà ont fait leur carrière et sont dans l'éternité. Et des morts! . .. . de morlais nihil nisi bene, :surtout .Jorsqu'i•l s' agi:t d'élèves qui ont partagé la vie de 1' Abbaye,
Une découverte a été taite dernièrement sur un autre point. Les anciens étudiants se rappelle11t no;1 sans êmo· tion les longs et vastes corridors de l'Abbaye, où, sous les voûtes élégantes racontant tout un passé, üs faisaient, le samedi ou la veiiHe des fêtes, leur examen pour .Ja confession. Dans ce mystérieux silence du soir le balancier de l'antique et monumentale pendule de l' ang:le du cloître semblait, à chaque os. cillation, parler de l'étenüté: toujours! jamais! Et quand l'heure sonnait, c'étai't un son de puissance marquant le temps, qui passait par de mystérieuses vibrations à travers la poussière des vieux tableaux des Abbés et s·emblait descendre dans l'âme pour .l'appeler miséricordieusement au tribunal du Oh rist. Hélas! la vieiHe horloge n'est plus à sa place. Du nouveau Collège, éleyé vaste et grandiose, le corridor des P[<>: fesseurs reliant Ies nouveaux bâtiments à l'Abbaye, a forcé la vénérable horl~ ge, malgré ses loyaux et fidèles sery~ ces, d 'aBer se balancer ailleurs. Et votla
que 1'on. aperçoit sur. '~a mu:~ille, le~ espièglenes, les graftdt des eleves q~t ont passé .au CoHège de Sr-Maurice, tl y a cent ans:
L'examen privé des Métaphysiciens a eu lieu le JO avril· 1815. L'examen des mêmes, le 6 avril 1815. Dufay scripsit. L'examen des Physiciens aura lieu en avril 1816. Or, nous :savons d'arHeurs, pa:r les catalogues de l'époque, quels. sont les élèves qui ont :s ubi œs examens. En enirant au Lycée, on .a.cquérai1t alors il·e titre de Monsieur, «Dominas>>. Les philosophes de 1~15,_ et. dont nou~ célébrons le centenaire, etatent : Mess\eurs Charles de Rivaz, Zufferey, Beer, Rouiller, Mor:and, Paccolat, · ~,i::;ssard, Clivaz, Copt, Dufay et Verna)'· L·es élèves de Physique de 1816 étaient: Messieur.s Joseph Blanc, de Salvan; Crettaz, d'Aoste; Beer, des Oriso:ns; Perrig, de Brigue; Gros Louis, de Salvan; Fumeaux, de Conth·ey; Revaz, de Salvan; et Antonin, de CM~ey. . .. Le Collège ne finissait qu'au mllteu du mois d'août. A côté des représentations traditionneHes de tragédie et de comédi·e, données tous J.es .ans. à partir de 1807 à nos jou·rs, à l'exception de deux années, il y avait .la défen·se publique de thèses de Philosophie et de Physique. Tous les .c ours du Lycée se donnaient en latin; et le:> thèses que nfrus avons entre J.es mains, nous prouvent que l'on n'employait pas un latin de cuisine. Ces thès·es défendues par deux élèves devant un public composé de prêtres, d'avocats et de notaires qui argumentaient et revivaient, chaque année leurs années de Lycée, portaient un~ solennel·le dédicace au Grand Bailtif et aux Conseiil·ers d'Etat:
lllustrissimis, Maf[nificis et Excellentissimis Dominis Dominis
· Magna Ballivc et Consiliariis Statut Reipublicae Vallesiae De Scientiarum ac Artium liberalium incrementa summo opere sollicitis Primitias Physici et Mathematici laboris summa cam veneratione Dédicant, etc. La cuJ.ture latine de 1815 était bi•en supérieure !à la nôtre. fi!ll1e é~ait, du r:es·te, nécess.air·e ; ·c ar si les actes publics avaient cessé d'être IT'édiogés en latin, depuis un quart de siècle i' enseignement des Séminaires et œlui des Universités, y ~compris .J;e Droit et la Médecine, étaient toujours donnés en latin. Et après les graffiti des temps passés, un. petit conseil pour le.c; temps présents! Les gros et les petits enfants ne doivent jam~ais écrire n1 sa r les murs ni sur les portes. On ne pense pas que •le coup de crayon cau:se, au minimum, un dommage de 5 à 10 francs. Le peintre ne trouve plus la même teinte pom les ré{}arations. Il faut ['epeindre toute une porte ou tout un panneau de ·corridor! Chanoine P. BoURBAN. - 0-
Directeurs de l'Instruction publique La conférence des directeurs -cantonaux de l'Instruction publique, réuïrie à Coire, ·sous la présidence de M. Uilv, directeur de l'Instruction . pubhque des OrJ-sons, s'est occupée de la question de la protection de Ia jeunesse au sortir de l'école et de l'enseignement professionnel. [a ·conférence a décidé de vouer ·toUlte son attention à cette question, sur ilaquel:le M. Python, directeur de l'Instruction publique du .canton de Fribourg, a raP·Porté. La question de l'enseignement civique a eté renvoyée à lla prochaine conféren-
6 chacun y mettrait la croix blanche qui jusqu'ici a toujours apporté l a victoir~ aux Confédérés. » En 1540. l'a diète de Baden fit !)fendre « un drapeau rou.ge avec croix blan--0che droite,, aux troupes fédérale:. de Le Drapeau suisse secours envoyés à Rottweil (Souabe). Une revue lausannoise consacre des Dès le 17e siècle, Ies cantons adoppages intéressantes à l'histoire du dra- tèrent la croix blanche traversante ·se peau suisse. détachant sur le fond aux couleuPS canNotre drapeau, dit-eUe, nous vient, tona!les ordinairement dispo.sées en comme le nom de notre pays, de flammes rayonnanteS. Les régiments au Schwyz. Les Schwyzois portaient, déià service étranger suivirent généralement le même usage; leurs drapeaux flottèà Morgarten, selon les anciennes chroniques, le drapeau rouge avec croix rent dans tou-te l'Europe. blanche dans ,J'angle supérieur du La République helvétique une et inchamp. divisible reçut un drapeau tricolore, U semble certain aue ce drapeau leur vert, jaune e t rouge. Il fut abandonné fût donné par l'empereur Rodolphe de lors de l'Acte de médiation de BonaHabsbourg, en récompense des services parte, et les cantons reprirent avec joie rendus par eux au siège de Besançon. les bannières flammées et croisées à La croix était l'emblème du saint em- leurs coul-eurs qu'on l<eur avait ôtées. En 1815, les anciennes couleurs fépire romain germanique; le droit de la porter cQHisacrait le droit déjà donné dérales ·redevinrent offidèlles. La croix par Frédéric II à nos ancêtres de ne fut adoptée par la diète de Zuriçh, le 4 juiHet 1815; dle n'était p:Jus traverrelever que de l'empire. L'étendard .pourpre, de forme rectan- sa>nte. En 1841, :sur l'initiative du colonel gulaire, était lui-même, depuis Tibère, Dufour, plus tard général, nos batai·ll'insigne de la souveraineté des empereurs romains. Constantin y avait mis lons recurent des drapeaux portant le ·la croix avec la devise: In hoc sif!.no nom du canton en lettres d'or sur la vinees (tu vaincras par ce signe) que croix. En 1889, les branches égales de la Schwyz y in,scrivit de nouveau en 1798. croix blanche, mais plus longues que En 1339, à Laupen, les Confédérés portai·ent tous la croix sur l,eur vêt() larges du demi, furent adoptées. Ce drapeau es,t donc bien notre drament. Le plus ancien drapeau avec croix qui existe encore esi: probablement celui peau; c'est le drapeau de Morgarte.:1, celui des vainqueurs de cette bataille des auxiliaires de l'Ordre des Chevalier:s teutoniques. Ils furent vaincus par où, les premiers parmi les peuples, nos Ladislas V de Pologne à Tannenberg, ancêtres. conquirent le droit de se gouen 1410, et ce drapeau figure p·armi verner eux-mêmes. J,I. symbolise notre amour pour .J'inl·es trophées de cette victoire qui Mnt dépendance. notre idéal de justice et de dans Ia cathédrale de Cracovie. En 1480 eut lieu une levée de trou- fratemité chrétienne. Autrefois, la grande bannière n'était pes pour Louis Xl de France. La diète de Lucerne décida que «chaque contin- déployée que si l'honneur ou l'existence de l'Etat étaient ·en cause, et lorsque gent partirait sous le drapeau de son canton, comme par le passé, mais que toutes .Jes milices étaient sur pied. Cha·
ce. Au banquet. M. Calonder. >COnseiller 1 fédéral, a .prononcé un discours app é)-U· di, où il a parlé de :la réforme de l'éducation nationale.
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cun jurait: «De veiHer sur· la bann·ière, s1 le banneret tombait, de la saisir et de l'élever bien haut, ou de la tendre à un autre et de ne jamais l'abandonner ni de jour, ni de nu~t jusqu'à la mort.·, c~ :s~rment aù drapeau, les troupes mob1hsees en août 1914 l'ont prêté. sous une forme analogue. Elles. sauraient te.nir leur promesse au jour du danger.
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La dîme de l'alcool L'excédent des recettes de la régie de l'ailcool était évalué pour 1916 à fr. 5,783,000, ce qui permettrait la répartition de 1 fr. 53 par tête de population. Mais, étan1t donné l'i:nct'rtitude des. temps, le Conseil fédéral prévoyait une répartition de 1 fr. 50 par habitant et le report du surp~us sur le compte de 191 7. En admettant ·l'a base de fr. 1.50, le canton de Berne recevr.::t pour 1916 une som.me de 970,852 fr:.; Fribourg 209,301 fr.; Tessin 234,088 fr.; Vaud
485,320 fr.; Valais 192,363 fr.· Neuchâtel 200,199 fr.; Genève 233,Î22 fr. -0-
La ligne de la Furka La jonction de Dissenü.s (Ori•so.11's) et d' Andermatt (Uri) par voie ferrée est auj?urd'hui un fait accompli. La locomohve devaü franchir jeudi pour la première fois, le ·CO~ de l'Ob~ralp d'une a~ltitude 9e 2048 mètres. Nous ignorons SI, en rmson des ·chutes de neige récentes, Ja ca'lose a été possible. Cela ne signifie d' aiHeurs nullemeni que la ligne soit terminée, Mais 'le fait de la jonction constitue déjà un résu'ltat très réjouissant L'achèv·ement de la voie . exigera une période assez longue encore l'année prochaine, car les travaux vont être suspendus dans un avenir très prochain. :::JIF' L' Abnanach du V alais de
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Pensée
être éllppréciée par rapport à l'au-delà. - Dans le cœur, la foi éveHle des ser~ timents conformes aux convidions de ·j· Bienheureux celui dont l'en:fance a été renÏke en des mains pieuses, et dont Je cœur ~ ·esprit; elle inspire :les bons mouven'a pas été souillé de bonne heure par la corments de piété, de charité, de compasruption des mauvais exemples. Qu 'ils sont sion, de détaCJhement des choses qui pasbe~ux les pied<> de ceux qui conduisent l:l sent . . . - Dans 1a volonté, Œa foi dejeunesse dans 'les voies de 1~ vi été; qu'clles sont belles et sa iut-es les mains de ceux qui vient le ressort de l'action: eHe fait appel à la grâ:Oe de Dieu par la: prière, guident i'enfance dans ·les sentiers du bien cl de la vertu. eHe Hv.re à la g-râce Ues énergies vita1l•es de :la nature, pour accomplir et même - ·--·- ----- ~ pour dépasser le devoir. Telle est •la foi, ade de soumiSISion L'Art d'être Bon Maître el wincipe de fécondité, que tout éduca. teu'r prendra grand ·s-oin de nourrir en La Foi du MaUre son âme. je ne dirai pa~ ici commen-t La foi est une croyance et un princi1~e cette foi 1e sauve : pour en montrer la . de vie. nécessite, je ne veux envisager que les En tant que croyance, la foi est urie besoins mêmes de son ministère. i!dhesion de Fesprit aux vérités révélées. La foi lui donne un but, lui montre L'objet qu'el~e embras'Se comprend Dieu un idéal. Par la foi il connaît la portée créateur, l'âme ·immortelle, .les devoirs de son œuvre: i'l sait que, de cës ende religion qui attachenrt l'âme !à Dieu, faŒJts, il doit faire des 'hommes honnête~·, jé:.us-Ohrist, le Fils de Dieu fait homme, des chrétiens fidèles, cap·ahles, en sulrédempteur des âmes, 'l'E~lise qu'H a vant leur carrière ici-bas, de gagner le fondée pour étendre sa médiation à tous del et d'étendre sur 1-a terre le règne de les siècles et à tous les. pays. On ne peut Dieu. Sans la foi, que pourrait-il avojr être vrai chrétien qu'a la 'conditi011 de en vue? Faire des hommes instruits ,et croire fel'mement ces points fondamen- honnêtes, sans doute. Mais à ·quoi bon? taux et leurs conséquences dogmatiques. 1 Que gagnera-t-il à ce dur labeur? Au En tant que principe de vie, la foi reste, saura~·t-H ce ·qui est honnête, ct; communique .à l'esprit, au cœur et à la qui es.f juste, puisque les hommes qu1 volonté du fidèlle, une manière tl'être et ne ·croyent pas en disputent encore? d'agir qui caractérise la vie dhrét.ienne. Qu.i ne sait aujourd'hui que la IJ.arnque:- Dans l'esprit, la foi gouverne les rou-te de .}'éducation laïque sera 1e .réIdées et les jug•ements, les rend confor- sul-tat fata'l de l'absence de tout idéal? mes aux maximes évangt-liques: ainsi Ie terme une fois marqut\ il faut l'aL étabHt cette conviction que l·a vie teindre. Mais le chemin est ardu, la t·e n'es1 qu'une prépara-ti•on de ~a 1 ou te est -longue et coupée de traverses,: future, .que la valeur des <:hoses doH tout édu~ateur a bien senti 'les diffi:CU:l-
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58 tés de sa tâche. Que'lle for:ce le soutiendra? Sans doute la crainte de briser sa carrière et de tomber dans 'l'indigence pourra 1e retenir lié à son travail. Mais qu-i me garantira qu'il s'applique à son œuvre, qu'il en prépare le succès? Sa co111Science seulle peut répondre de :la constante de l'effort. Or, ·l'a conscience suppose le sentiment de l'invisi'bile: rJ,le naît et elle vit de 1a foi. Jamais i1 ne se ~asse et ne se décourage le maHre ·qui dit: « Je fais la vo1onté de Dieu, je travaiUe sous le regard de Dieu; i!l tient Je compte fidèle de mes efforts et de mes soulffrances. • Non !Seulement ·l a foi découvre 'le but et donne le courage de marcher dans la voie, mais dŒe devient encore un puis~ sant moyen d'action 'SUr les âmes : ,par eHe, 1le maître a .p lus de prise sur les enfaf!tS. Il leur apparaît investi d'une au·rorité supérieure. Tan:dis qu'une voix purement humaine ne ferait qu'effleurer les esprifs, ~a voix div.ine qui vibre en lui ébranle et pénètre 1les âmes. De plus l'expérience démontre que le sentiment de l'~honnêteté pur-ement humaine a peu d'effiœcite pour aahener les enfants à corriger leurs mauvaises tendances; au contraire, la foi C'hrét.ïenne bien vive. faisant appel tour à tour aux sentiments de ~'amour et à ceux de la crain;te, est la grande inspiratriœ des plus généreux efforts. Les maîtres savent, en eifet, que Ia foi au Œ"egard intime de Dieu est le .plws puissaJnt ressort de Péducation. (A suivre.)
Le Cruclftx et l'Enfant A l'école, le crucHix d'abord. On vante beaucoup aujourd'hui les leçons de choses. Qu~Hes Ueçons plus éloquentes et plus efficaces que celles qui tombent du crucifix! L'enfant a besoin de discipliner sa vo'l'onté :par l'obéissance : qu'i'l regarâe sur- ~e crucifix Celui qui·
îut obéiss,ant jusqu'1à 'l·a mort, et à ~ mort de la croix. L'enfant a besoin de combattre J'égoïsme; qu'il regarde C&. lui qui aima tous 'les hommes et qui se ilivra tp our eux. L'enfan,t a besoin de réprimer l'orgueil et l'impatience : q·u'il regarde Celui qui fwt doux et humble de cœur. L'emfant a besoin de réfréner ·l'amour désoroonné de la jouissance: qu' il regarde Celui qui a tant souffert, Ce. Iui dont 1es p~aies ont été creusées par la sens.wailité. L'enfant, appelé à vivre dan·s 1la vaHée des larmes, trouvera sur son .ohemin Ja tristesse et J'épreuve: qu'ft regarde ·le crucifix: c'est de lui que descend J.a consolation. Nous ne résistons pas au besoin de citer i~i la page :suivante, trou~ée dam les notes d'un pauvre orphelin, mort à 14 an:s. Lisez, vous tous, et faites goû. ter cette .p age si profondément attendris. sante: • Oh! que je t'aime, mon crucifix, le seul ami que Dieu m'ait laissé sur la terre. 1011 image noi:rcie par le tem,ps me vaut plus que l'or du Pérou, et, à mes yeux', tu es plus belli que tot.rs les trésors de la terre. • Je me rappelle que, d11 temps où vivait ma grand1mère, tous les ans tu étais orné de buis. Souvent, dans l'année, je l'ai vue ae prosterner devant toi pour adorer celui dont tu rappe!Hes le sacrifice. • Plus tard, quand elle mou.rut, ma pauvre mè·re prit soin d'e lo·i et lorsque, accablle par son chagrin, elle était port~ à murruurer je l'ai vue plus d'une fois te regarder: et larmes silencieuses coulaient de ses yeuJ. Lorsqu'arriva l'époque fatale où notre père fut enlevé à notre tendresse, je me rappeile que c'est toi qui consolas ses derniers illl" tants. • Je me souviens encore de cette époque terrible pendant laquelle •je devins orp!telia. Un jour, ma bonne mère couchée dans SOL lit, me dit: • Louis, je vajs te quitter ... Sois toujours bon el sage, et lu ·seras heu· reux ... Nous sommes pauvres . .. Je n'ai que le grand crucifix de chêne. . . garde-le oiea. promets-moi de ne jamais t'en séparer ... Ma mère se tut, j'é·coutais toujours, comme j'attendais qu'une autre voix continuât ce elle avait dit. Mais hélas! il n'y avait
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ne dans la chambre. Je n'osais lever les yeux sur elle, de peur d'y voir les traces de la rnort .... • Il y ava·it déjà longtemps que j'étais absorbé dans mes réflexions, lorsqu'un mouvement de ma mère me fit tres!.aillir. Je la regardai: elle était pâle el me fit signe de me mettre à genoux. Je m'évanouis pas assez vite cependant pour ne pas avoir vu le regard de celle qui venait de me qui'tter s'attacher sur 1~ ~roix de .chêne. Maintenant je suis seul! je ~ a1 q~e .~?J!. T~ resteras avec moi jusqu'au JOUr o u 1 1ra1 reJomdre dans le ciel ceux que j'ai aimés sur la terre.•
des tflalents qu'on possède ou qu'on croit posséder, à exagérer- sa valeur et son :pouvdir. Ces d~auœ se r évèlent par un langage empretnt d'odieuses vantardises, de ridicule complaisance d'·a dmirà. tion pour soi-même. On parie à tort et à trave~, on se compromer, on se perd, on se hvre ~i nconsidérément à la merci d'auditeursT qui ont toU:t protfit là retirer de paroles Imprudentes et de révélatbr.s indiscrètœ .propres à as:.surer fa réalisation d~ ~~eurs plans: autant de pièges, d'embuches tendues à l'étourderie du 0 foNe! ô crime de ces malheureux jeune homme. qui enlèvent le crucifix des yeux des , Cit?'ns en~uite la susceptibi!Vté qui mairus, du cœur de ~l'enfant! C'eSt lui ravir la force; c'est lui ravi.r ·l a >Conso- ill asiptre pas a la louange, mais s'offense du plus ~éger reproche, du moinôre lation; c'est lui r.av.jr a)espérance! Avec le crucifix, 1'écoJe consefiVe à soupçon tout fonidé qu'il S<>ft s'irrite J'enfance la prière, aa :prière dont U!ll même de la réprimande la plus paterdu conseH le plus doux. La susém:i~e~t a.oa~émici~, ~· Legouvé, .ap- nelle, ceptibilité excite ·à rechercher •l e decopretuut a tnst Ies btenfatts: « PoUl' moi disait-il, je ne crains pas de l'avouer si rum, à ne s'occuper qu'à sauver les ap . j'étais forcé de ~hoisir pour un enf~nt p&ences. .Mentionn'Ons aussi Ja cupidt'té insae~~re saroir prier et savoir i}ire, je dir:ats: Qu 111 sache prier, c'est lire dans. le tiable, l'âpre amour du gain qui vise à plus !>eau des livres, au front de Celui .procurer ·les moyens de donrter satisfacd'où émanent toute ·lumière, toute justi· tioJ~ au besoin de paraître de dominer ce ~ tout~ bonté. » Lumière, justice et d'éblouir, 1'lngratitude t;ah.issant le~ bonte, quo1 de plus nécessaire pour l'ffi- vrais sentiments de l'orgueUieux à ·t'é· fant? , 1 g~rd des ..pe11Sonnes qui l'adulaient ja- ·.....,__, drs et qUI ne le flatten~ plus aveuglement. L'eSialave de l'orgueii est tenté de c.roi,r e que Œe pt.aisir de ·le servir [e disCe que produit l'orgueil pense de remercier, .t'affranchit du devo~r de la reconnaissanœ; on ex;pliqueL'orgueH pro{iuit les bouderies Ies ratt qu'un félin réfractaire à [a domesentêtements opini·âtres invincibl~ cr' tication préférât aux personnes les ca. ' ~'impolitesse resses et les douceurs. consctents, les. murmures . l ence dans 1'attitude, et 1es repon-' l 'mso Ne manquons pas de signa!ler la coses; ~'a vanité, désir immodëré d'estime lère, mouvement impétueux de l'âme et de loll:àn~es, et }a recherche de la pa. qui J~ porte à repousser avec violence rare, qut denote un caractère efféminé. œ ~qUI .lui déplaît, les injures d les imsans noblesse, sans élévation, !Sans pro- precatwns semblables à un coup de foumesses ·réConfortantes; qla hauteur, l'ar_ dr~ al•lumé .par la colère dt" quelqu'un rogance, l'humeur chagrine et tyranni· qm ne s'efforce pas de maîtriser son que, la sotte fatuité, l'outrecuidance les humeur imp1Iacabk Ajoutons aes haines fanfar_onnad~s, l'ostentation et }la 'pré- l~s passions .violentes, les vengeance~ somptwn qut poussent !à faire éta1lage feroces condmsant a u bagne les mal-
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60 heureux qui etouffent la voix de leur conscience 1es pressant d'oublier les of fenses, de se récondHer sincèrement, de pratiquer ,}a c4:arité frater:nelle et la ma. gnanimité chrétienne. Nommons encore la fierté et ·t a concentration ce refus d'eJOpansion qui achemine ~ers •le désespoir et ses sinistres conséquences; tel un abcès profondément dios·s imulé sous les chairs et qui provoque }a carie des os et la perte d'un membre, s'i1 n'es~ plé\ls ouvert 'à temps par ·l e bistouri du chimrgicn. L'incrédulité, l'apostasie, l'impiété, qui na issent du respeot humain, du dé!sir parfois de se dishnguer Je rra foule et surtout d'une confianœ exagérée, exce.;sive même, en sa raison et .e n ses lumières, comptent éga•lemenl parmi le5 pires fruit'S de l'orguei'l. Bien que l'impureté procède avant tout de la mollesse et de ·I.a. sensua'lité, ·eHe n'en es1 pas mnins. souvent 1e châtiment de l'o11gueil qui :trouv;e en quelque sorte sa première punit.ion dans les plus dégr.1aant~s turpittocles besti·ales. ..__.
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Du Manque de Fermeté dans l'Education Bien rares sont de nos jours les. hommes de caractère, bien rares sont ceux qui ·savent se tracer un plan de conduite et le suivre: on ne rencoutre oplu·s que ·légèreté et laisser-aller sur toute la ligne. D'où provient cet état de choses : du manque de fermeté dans l'éducation. Aujourd'hui les enfants sont choyés, dorlotés, gâtés ·à qui mieux mieux. On leur aocorde tout ce qu'Hs veulent et comme ils le veulent, de crainte de les rendre malades en ne satisfaisant pas tou~ leurs désirs. En un mot, on veut en faire non des hommes Lltiles à l.a sociétè, mais des petits dieux. Ainsi élevé, le jeune homme n'a pas de nerf, pas qe fermeté dans ses principes el ses. çon-
v~ctions, .pas d'énergie dans son travail
et dans l'accomplissement de ses de. voirs · c'est un être vain et .pusi'llanime que 1~ moindre obstacle, ·l e moindre danger effraye, au point de Iui en~ever ta cons-cience de ses paroles et de ses actions, et le met dans le cas d'exposer beaucoup t.r op fadlement sa fortune, sa famil'le, son honneur. Il n 'en est pas de même des jeunes gens élevés avec fer. meté' accoutumés à l'obéissance dès... leur enfance, formés en un mot aux ViClSSttudes imprévues de la vie; ils travail. •lent avec beaucoup d'ardeur, résistent avec com-age à !.a mauvaise fortune, accomplissent des actes héroïques dans laa vie civile comme dans la vie rnllttairt. Pères de famiHe, maîtres, instituteurs, la vie est devenue un trop rude combat, pour que noll'S ne regardions .pas de près la conduite que nous avons à tenir déUli l'édu'cation des jeunes inteUigentes con. fiées ·à notre garde; car c'est dans l'enfance que se contraotent les bonnes 01 les mauva ises habituJdes qui se conser· vewnt la vie durant; c'est. alors que l'âme tendre r-eçoit de tout ce qwi l'entoure des impression's profondes, que 181 sentiment'S et les idées se développent et se fixent, et que la direction donnée détermiiJ1e :souvent 'l a destinée de Javie entière. C'est ·a lors aussi qu'il faut partlcuHèrement ~urveilJer les enfants, qu'il faut ennoblir leurs penchants, qu'on doit 'leur faire contracter des habitudes d'ordre, d'économie, de soumission, Qe fermeté, qui, un jour, les _vertus se développant, feront d'eux des membra utiles à la famille, à 1la patrie, à ~'humanitè. L• v•
Comment on doit faire servir I"Etlldl de l'Analyse à celle du Style L'a111aly:se~ et plus spécialement l'a. nalyse logiqUie, doit servir à ~'étude 4a style, c'est ·à cette condition-là seulement
q_ue son rôle dev-ient véPitablement utile. Qu'importe qu'un élève sache, avec plus au moins de dextér.fté, déchiqueter une phrase et en nommer 1es différen~es parfieS, si son attention ne va jamais pl:us loin? C'est l'à un travail à peu près stérile qu'on faisait jadis sans :inte}lligence da·ns l'es éroles; tout s'y bornait à un 8111Ploi machina'! et routinier de quelqut>s termes bizarres généralement incompris. Nou!s devons .avoir, en enseignant l'nllaJyse, une ambition: de meil'leur ai~i: J'observation attentive de l•a phrase, fade en vue d'en diSJCerner 1es éléments. ne constitue qu'une partie de la tâahe à nmP'lir. L'esserrliel est d'amener les t!èves, grâce à ce tiavai:l de décompcsiNon ·auquel on 'les a conviés, ià se r-enllre compte de la constihttion de ia pihrn.se examinée et, le cas échéant, à s'en expliquer des partioularités. Sans. crainte d'être démenti, on peut dire que l'ar.aJ&;se, envisagée de cette façon, est un des tKercices ·les plus utiles qu'on. puisse proposer à .}'éco'le ·primaire. Le difficile est de resrer toujours dair, simple et familier d<l!l1'S les expolications fournies aux élèves e't de kur tendre intéressante -cette longue imita. Nous one connai's sons !pas de mPjlmoyen pour parvenir à ce but que réflécllir longuement et fréquemment les choses qu'on veut expliquer, afin se les rendre à soi-même bien fami. Trop souvent ·On manque de netde précision devant qes élèves: :llmPle:meJrH· parce qu'on u 'a qu'impar"'"t'~""'n t ruminé son sujet tt qu'on ne est ·point assez complètement assisoi-même. Les exemples qui vont &uivre nous à cet égard, de préciser :notre pensée. ~a -phrase ci-après. cueHHe au dans un texte de dictée: Tu en-
souvent parler autour de toi de . L'analyse .logique ordinaire ie sujet (tu), 'le verbe attribu-
tif (entendras) et deux compléments (souvent et parler autour de toi de la chance). Ce déchiquètement opéré, el!e considère sa besogne 'comme !terminée. Au contraire, d'après l'analyse tei,le que nous l'entendons, Ie plus important T'este à faire. L'é1ève est invité à con~ta ·ter, à trouver lui-même, que des deux comp1éments, l'un (souvent) est très cour·t et l'autre, relativement très long; le premier es•t un complément circon;standel de temps, le second, un comp~é ment direct formé des divers éléments. Or, l'ordre gramma'tical et 'logiqut! enseigné comme ·r ègle tl·a'ls les grammaires exige que le complément direct s'enonce le .premier, de sode qu'on aurait dû écnire: Tu entendras parler autour de toi de la chance souvent. A-t-o.t donc commis une faute de construction en rédigeaiflt ·la .phmse auirement? On lit à 'haute voix la .pltrase préteadue correcte en demandant aux élèves si elie leur semble bonne. On 1lit aussi la phrase de l'auteur, afin de ~la comparer avec la phrase modifiée. 1'1 est :t peu près certain que, sans qu'ils sachent .trop pourquoi, la .phrase du 1exte leur paraîtra meiHeure, Pautre clloquant pluiS ou moins fortement quelque chose en eux; c'<est leur goût naissant qui se sera ai·nsi ,p rononté. On profite de la drconstance pour leur apprendre que ·l'ordre logiqu·e f'nseig-né comme règ>le paor la grammaire cède le pas à l'ordre imposé ,par le hesoin d"narmonie de la phrase: les exigences de PoreiHe ·Sont doRlC plus puis. santes que la règle théorique de l[l gmmmaire. Un des, plus habiles écrivains du XJXe siècle, O. fl;:mbert, avait la coutume d'éprouver ses phrases en les lisant à haute voix •et de ·r ejeter toules celles qui ne le satisfaisaient pas. « Je ne reconnais comme bonnes, disai.LH familièrement à .ce sujet. que ceHep qui ont passé par mon gueuloir. » Dans l'exemple envisagé plus haut, l'auteur
62 a donc eu absolument raison de placer son •complément très ·court (souvent), puisque, sans cela, sa phrase eût semblé à la lecture absolument boiteuse. Cette pdite découverte étant faite par Ies élèves, on ne s'en tient point l'à; immédiatement, on les invite à faire l'a'I?.plication de ce qu'ils viennent d'ap,pren. dre, c'est-à-dire à redherc·her dans un !·ivre quelconque une phrase analogue à ceNe qui a été examinée; tous furettent avec pass.ion, qui dans ,Jeur histoire, qui dans leur livre de lecture ou de morceaux choisis, et brment de four.n·ir je nouvel exemple demandé. Si des exemptes fautifs sont offerts par des élèves. étourdis ou ayant ma1' compris, c't"St une occasion précieuse pour rectifier les notions imparfaitement apprises.
L'Enseignement oral L'enseignemen~ orat a eu pour but de subsfi.tuer en partie ·à la lettre morte du livre dont l'emploi était exclu-sif, .J.a parole viv.ante, animée du maître. Dans notre pensée, nous n'admettons donc pas qu'on ait pu songer un inst.ant à bannir le 'livre de 'l'éco'ie, .loin de là! S'il faut le repousser comme moyen exdusi'f d'enseignement, H îaut iJ•e ·considérer comme un auxiHaire indü~pensa ble; tous les maîtres sont du ·reste de cet av:is. Cependant, à entendre œrt.aines 1eçons orales, on est en droit de se demander si l'instituteur se préoccupe slllf·fisammenf du caractère de œt auxiliaire d'autant plus utile qu'.aujourd'.l;.ui les bons .livres ne manquent pas; s'il lui a réservé le rôle spécial qui !ui revient; s'oil a fait en sorte que •l 'enfant retrouve dans le manuel qui ,Jui est donné unè leçon (règJe, résumé, récit, développe~ ment) dont l'exposé du maître a é.té l'intrOHuction, la ·préparation, Œa leçon exclusivement orale laisse des souvenirs vagues, fug·itilfs, ·courant le risque de
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s 'effacer bientôt ; 1e Hvre, ou à son dé. faut un résumé, •l ui donne de •l.a consia· tance et de •l'a précision. Si ·l'on veut que ~·enfant pHisse étu. elier personnellement .avec fruit, il faut que le qivre lui off.re une ·leçon dont 1t plan ne diffère pas de celui qu'a SlliVi le maître. P.uis, en admettant que le& éiëves comprennent l•e sens générai du texte qu'i~s ont à étudier dans qeur manuel, est-on certain qu'ils ne se trou:ve. ront .pas~ présence de quelques terme. dont la signification leur éohappe? Ok loors, une fois •l a leçon indiquée, 1'idée générale dégagée, les prim::i!paux ·~la relevés et ·commentés, le maître fer.a iift el expliquera :Je te11'te reillfenné dans le ,Jivre, mais le texte résumant ce que • Jeç?n a d'essentiel, ce qui doit être q.
Us oubl·ieront surtout 'parœ qu'
réclament ses soins au même titre la tenir, l effort ·personnel pouvant seul dé. confiance de :J'.au•torité et cel,Je de l~urs velopper cette qualité importante de la parents, 1a faiblesse de 'leur âge et le mémoire: « la tenacité pour conserver » . besoin qu'ils ont de ses leçons. Voire devoir est d'accep·ter les enfants On a dit téftlement de mal de cette pauvre mémoire qu'on en est arrivé à la comme ils sont, de les accuei!Œir tous avec Œa même bonté, de leur prodiguer pégliger. Elte est pourtant bien utile . les mêmes soins et de les élever le mieux puisque « c'est par elle que l'homme' que vous pourrez. La Providence a ses unit I~ passé au présent, atcumu~e des vues en res pŒaçant soU's votre tut~Ic · ~naissante~ et e~ fait une riche pro' t . , VJston pour 1 avemr ». Nous ne devons ce n es pas :sans raison qu'eUe vous a donc pas redouter de recoocir à J.a mé- inspiré votre vocation, et el1e ne vous a moire, si préalablement toute satisfac- c~argé de cUiltiver des inteHigences si tion a ét~ donnée à •l'entendement. Après dtverses, que parce qu'el1Ie réservai·t un fe trava.id· en commun· guidé par 1e mai- prix plus grand à vos efforts. L'enfant doci~e et instruit, qui a vu tre, ~t qui a mis en jeu le jugement et Je ra~sonnement, vient Je tr.wai'l person. placer ·~n camarade avant Uui par la ned de l'élève, au moyen encore de ces ·seule ra!oon que s~ père est plus rkhe pns par cœur. deux factl'ltés, mais heureusement com- que le tSien, s'en aUlige et s'en irrite· il C'est à dessein que nous employOO. plété ceHe fois par 'l'action de Ia mé- ne croit pl·UI.s à na justiœ du maître' il · 1ui relire sa confiance et son .attalcheces mots appris par cœur, car trop 8011- moire. vent les jeunes maîtres surtout se figu. Notre ·crain1e, on le comprend e;:,.t de me~t; i.J n'a plus qu'un pas à faitfe pour rent qu'une leçon qui a été eJq>Os~e ora. vok ['enseignement oral•, comm~ il est arnver au manque de respect et à la lement doit avoir été retenue. C'est ICOll· entendu dans un ·Certain nombre de d~~béi~ce. En même temps que J'es. fondre Te rôle de •l'entendement et celai classes, dispenser ·J'enfant de l'ef.fort pnt 9e rest•&tante a pris racine chez lui, personnel. :te decouragement s'y est mêlé · i'l rede 1a mémoire, c'est en~·ever à 1la orale, en :la rendant incomplète, .Je IJ6. Pour résumer ces ·qu:el'ques considé- nonce à faire des efforts qui ~er.aient néfice réel qu'eUe présent't", c'est faiR rations, nous. dirons que ,J'enseignement méconnus, ou à tenter des succ-ès dont ' n~xdlut :pas le rôle du Hvre · que u '1 autre ·lui r.avirai·t 1le prix. tourner un de ses plus précieux avili• tages .au détriment de l'éducation dt te ·leçon:or.ale résumée dans ce q~'elle C'est le maître qui apprécie tout œ .J'enfant, comme .nous Fétab'lirons pte :ssentiel ~omporte une partie qui q~e ses élèves font à l'écolr, qui [es pulo~n. etre apprtse par cœur; que dans mt ou 1les récompense da ns cette enCette idée qu'une leçon orale, :p ar • r''"v"''"'" ora!l, c'eSit surtout •l a pai'tie ai- ceinte dont .Jes limites sont œl.Jes. de sa même qu'elle a été exposée, doit à l'entendement qui doit p.réo'c- )ur!dic~on; dès ·l ors H est à •l eurs yeux le maître. A félève, par son ef- ·l a JUstlœ en personne, et sa vdlonté fait tenue, paraît tel•lement ancrée dans personne1, de cihet1C'her ensuite non en quelque sorte la loi. Us doivent donc prit de certa~n:s maîtres, q.u'.i.Js ne ,à comprendre de noÙveau se proposer, pour prernrer but de leurs nent pas quittes les élèves tant que retenir. ci n'on.t pas reproduit, et on y effort.s, de bien fa!ire pour mériter son force de répétitions, les parties Ide la Un inspecteur scolaire. approbation, et d'éviter de faire 1e ma1 çon à confier à la mémoire. ~o!-l.r 1ui d~plaire. ~1 faut pour cela qu'ï.ls l at·~e.nt plu~ .·qu'lis ne le ~!~ignent; Un peu de réf.lexion amènerait à mais lis ne ·1 atmeront, et cc aesir de se Justice à observer prendre que :s.i dans ces conditions conformer à sa volonté ne deviendra 'l a élèves ont retenu, c'est uniquement entre tous les enfants sou·tce et l'aJiment de leur ému1at!ion l'audition : leur rôle a été purement La forme so~s ·laquei'le fa justite du qu'~utant qu'il sera juste, qu'il sera bon~ siif, et comme Hs croient savoir, Hs se manifeste d'abord à ses élè- qu'tl sera ferme et exact, doux sans faiprendront, retiendront peut-être, es.t ceUe d_e l'ègaJité qu'il fait régner blesse, et sévère sans m'desse et sans bien superficieUement et pour peu eux; s1 tous :Jui sont ·chers tous colère. ' ~s .n'o!1t pas produit d'·effort pour re-
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Supplément du :;va S de ,t' &cole" (1916)
64 Le maître colère ne saurait être juste, parce qu'il cède aux mouvements de son humeur, et qu'il est tr?p prompt po.ur r-a:isonner les châtiments qu'il in~Hge.
Pour ne point franchir les bornes que ,Ja justice Impose à la punition, ne l'infligez jamais sous l'empire du dép·laisir que la faute vous a causé; possédezvous bien, pesez froidement sa faute, rappro·chez-en la punition, et lorsque _la raison et la conscia.'lcf' vous ont révélé la solution du problème que vous agit€z,Jappelez à l'enfant sa faute en peu ae mots, faites-lui senttir en quoi elll! a blessé la règle, et, l'obligeant ainsi à s'avouer à ·lui-même son propre tort, ·d~un ton en même temps ferme et pénétré, et qui laissera pereer dans vos pa:roles 'le Chagrin que vous é--prouvez a punir, prononcez la peine, ~pas tr~p promptement pou! !1~ P'3:S para1~e pumr avec trop de prectpttation, malS assez tôt pour que, dans l'esprit de 1]'él~ve, ell~ reste inséparab1e de l'action qm la lUI a fait encourir. Tout n'est pas mat!ière à _punition dans la conduite d~s enfants; i·l est des étourderies, des actes de légèreté, un certain éloignement pour l'étu~e, un~ ~ertéline mollesse dans le travail, qUI prov·ienrnent de l'ascendance irrési:5tible du .c aractère et de la constitution de l'enfant ·q ui lui sont préjudiciaMes, mais qui :1e troublen•t pas .J'ordre de la classe: ce sont fautes véniei'les que les chàtimen·t s n'atteindront jamais, ou dispositions nature!Ges qu'ils sont impuissants à modifier; usez ici sobrement du droit de punir; vous tempérerez la fougue du caractère par les -consei.Js, vous 1'irr:teriez par les châtiments. Vos exhotla-· tions, vos •e ncouragements, vos procédés ingénieux prêteront des .attraits au travaü et le feront aimer; des punlitions, en y assotïant l'idée d'un déplaisir ou d'une privation, rebuteraient l'élève et lui inspireraient, pour 1'étude, une aver-
sion que rien, plus ·t ard, ne pourrait véVincre. · Que vos f)Unitions soient rares et 011 1es craindra-; ayez l'air de les subir au,. tant que -ceux à qui vous les infligez, et 1tenif.a nt qui vous aime, l'es redoutant au. tant pour VQoUS que pour lui, évitera de :les encourir.
Variétés UNE LEÇON DE PONCTUATION La scène se passe dans un petit bourg du
1\ laine, en France. L'inspecteur se présente un jour inopi'* ment chez le maire et le prie de l'accompagner à l'école. Le magistrat municipal, sans doute pressé, se disposait à sortir . ~ méchante hum::ur, il s 'exécute, mais murmure entre ses dl.'nls.: - Cel âne-là nous ennuie! l 'autre entend, mais ne dit mot. Ils arno v::nt à JFëcole. où, tout aussitôt, l'inspecf\!Ur interroge les enfants sur ·la grammaire, puis sur la ponctuation. Le maire haussait la épaules, Alors, sans se départir de son cal~ l'Inspecteur poursuit: - Oui, la ponctuation tient dans ~a langue une place pl.us impo·rtante que certams ne le pensent. Il est indispensable de bien ,ponctu~, et je prouve. El envoyant un élève au tableau noir, ii lui dicta la phrase suivante: • L'inspecteur, dit le maire, est un âne. ,. - Bien, écrivez à nouveau la même ·phrao se, mai s avec la ponctuation suivante: - L'inspecteur dit: • Le maire est UJt âne. , - "!"ab leau! ... 0000000
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• Maman, c\it Pierre, il pleut, ouvre ton pépin. - Mon enfant, je t'ai défendu d'employer ces n1ots d'argol. On ne dit pas pépin; on di' parapluie. - Bien, maman. On rentre à la maison. Pap:\ interroge Pierre sur sa leçon d 'histoire: Quel fut le père de Charlemagne? Parapluie le Bref. -------~·~-----------
Le Dimanche L'institution du djmanche est un remède social aux maux de J'homme individuel. Elle crée', autour de celui que la nécessité de vivre avait lait esclave, un milieu favorable à son aflranchissement. Elle réunit aut.our de son chel tous les membres de la famille; elle per· met à celu,i qui n'était qu'artisan d'être époux, d'être père; elle lui assure ces saints loisirs 4ue réclame son cœur pour s'épancher en cllusioits de tendresse. Quand le chrétien aura payé avec les siens la dette sacrée de l'adoration et de la prière, il rentrera. dans sa demeure et il s·y sentira roi, de celle royauté que Dieu a faite el dont il a gravé sur son iront la magnifique e111r preinle ; il sortira au bras de sa compagne; autour des deux époux. l'essaim joyeux des enfants célébrera par ses jeux la douce liberté du dimanche. Si , durant la semaine, cet homme a été pins assujetti que le riche, ce jour-là il est plus libre, car de moindres soucis ,pèsent sur sa pensée. Le repos obligatoire n'interdit pas l'eliort des membres; celui-ci donc sera plus alfranchi. dont le travail ordinaire est nécessairemetÙ ·su·spendu. L'oovr.ier de l'idée con· tinuera de porter son fardeau; l'ouvrier de la matière sera p leinement déchargé du sien. Le dimanche bien compris, le d·imanche garanti par les mœurs d'une société chrétienne, c'est la revanche du pauvre. 0 Dieu! vous avez bien lait Ioules les chosest votre Providence a des retours inattendu; qui rétablissent, même ici-'bas, l'équilibre du bonheur entre ceux dont vous aviez lait des frères, et dont l'impiété n'a su faire que des ennemis. Mgr d'HULST.
Les vignerons Une lois de plus, sous mes yeux, l'automne &ascou, les brou illards bleuâtres du matin sur les vallées de Baïse et de Gàronne, l'as· œ~sion lente de ia lumière aux pentes des co-
!eaux peu à peu désembrumés, les nùdis ra· dieux, les couchants roses - ce qu'oti appelle, dan s nos contrées : le temps de vendange .... Et une lois de plus, aussi, les vendanges, _ grands chapeaux de pailles el caracos ronges émergeant de la vague des pampres, chars llOnchala.nts que traînent les bœufs conjugués, chars oll s'entassent les comportes· de raisin bleu, de raiS:in blanc, de raisin rouge. Le jus sucré coulant de tous les fou loirs et lermentant aux flancs des cuves emplit les. chars, les maisons, les villages, d'une vapeur vineuse qui grise pl'us vite, et plus sûrement que le vin. . . Si petite que soit la récolte, elle vaut au vigneron l'i.Jiusion momentanée de rabott· dance. Rien qu 'à tourner la vis du pressoi~, ne fait-il pas jaillir la précieuse liqueur? Comme c'est facile! Cueillir des grappes el en exprimer le jus, n'est-ce pas besogne d~ fa~ nes et de bacchantes en ·joie? Besogne SI gate que tous les pays vendangeurs ne s'en dégrisen,t pas. toul à fait, au long de l'année. Foudres muids et barriques enferment sous leurs , , t douves _ la vendange faite - une su.Js ance vivante, qui .longtemps encore continuera d 'y vivre. Et de même le vigneron ne cessera _ pa~s d être travaillé par des fennen ls de ga1ete, d'espoir, d'illusion, entrés dans son cerveau avec les doux brouillards d'octobre, à la saisou du vin nouveau. - Heureu.sement ! Heureusement que cette ivresse des vendanges ne se dissipe pas dès la Toussaint! Car le vigneron moderne a besoin d 'une vatlla nce singulière pour continuer chaque année son rude effort. Il a même besoin de ne pas garder l'esprit trop net quand il établit son budget ou dresse son bilan. A calculer trop froidement, il risquerait de se décourager, de jeter là le sécateur, la pompe à suHater el de s'en aller, comme tant d'autres, tenter la [o(tune des villes, laissant le champ paternel aux chardons et aux raves sauvages. Oui, les temps sont durrs pour ces r>ays pri vilégiés que M. Demoulins appelle des • pays de cueillette •.
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Pays de cueille~te,
• * ils le sont encore, quel-
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170 ques jours par an; mais l'âge d'or est passl maintenant, où, entre deux cueillettes annuel• les, le vigneron vivait dans un charmant farniente. Etrange compagne que la terre, pour le paysan qui s'associe avec elle, qui l'épouse et veut la féconder! Durant des .années, le ménage est prospère, fructueux; entre la terre et le paysan, il y a bien quelques. brouilles passagères, pour une récolte moins généreuse, pour un hiver un peu revêche . . . . Mais tout s'a.rrange finalement, comme en tout bon ménage où les deux conjoints collaborent de leur mieux au bien commu.n . ... Ce fut longtemps, dans nos contrées du sud-ouest, le ménage de la terre à vigne et du vigneron. Puis, soudain, voill que la terre refusa de porter la vigne. On eût dit qu'elle en avait assez de sa longue association avec le vigneron, qu'elle voulait divorcer, retourner A la friche, ce célibat du sol . . . . La patience et l'autorité du vigneron eurent, après de longues épreuves, raison de ce curieux caprice. De nouveau domptée, la terre porta de nouveau la vigne et enfanta le raisin . . . . Mais le ménage des deux a·ssociés ·ne redevint pas, tout de même, ce qu'il avait été naguère. r.'est un ménage raccommodé, où la dispute est incessante. Avant la brouille - je veux dire avant le phylloxéra - il est avéré qu 'un sarment enfoncé à la diable dans .Ja pierraille, n'importe où, devenait un cep producteur. On labourait une ou deux fois l'an la v·igne ainsi créée; on la taillait; quelquefois - rarernent - en l'engraissait d'un peu de fumier. Il ne restait ,plu5 qu'l cueimr et à presser la gra~ pe, en automne. Aujourd'hui. . . . Mais pourquoi redire toutes les misères annuelles du vigneron? Il suffit d'avoir traversé les régions méridionales entre mai et septembre pour avoir vu sur les feuilles bleuies la mal'que des traitements préventifs. La vigne actuelle est utte anémique à qui les sels de fer sont indispensables; ma1s il lui faut aussi du sou.fre, du sulfate de cuivre, mille préservatifs- contre l'avarie. Et quand on t'a soignée de son mieux, on n'est rmllement certain d'une belle récolte. Le dimat, assurant les bonnes gens, n'es.t pius le
même qu'autrefois. Le temps, vieilli Sllla doute, embrouille les saisons. Tout conspirt ainsi à fa·ire de ces pauvres pays de cueillette non plus des paradis de fainéantise, mais ~ \'~ritables pu·rgatoires, où s'expie, .p ar un dur labeur annuel, la joie fugitive de la !ameute cueillette . . . . Si J'on ajoute que le vin, 11llt fois récolté, a encore à lutter contre la pro. duction à baS! prix et contre la fraude, 011 avouera quèil faut au vigneron une forte dose cie philoso.phie pour ne pas faire, à son tour, divorce avec la vigne. Marcel PREVOST.
Le bon pain dur La bonne Mme Bonpois, de retour de la Gra.nd'Messe, plnétra dans sa salle à mm ger avec un estomac animé des meilleum dispositions. Le couvert était mis. A côté de son assiette, son journal arri,. pendant l'Office. ·Le calorifère chauHait bien. D'aise elle se frotta les màins. Tout allait pour le mieux! Oh! le bon repas, pris sans hâte, en toute quiétude. Déjà elle s'était assise . . . . Déjà, posément, elle avait dépl()l)'i sa ser· viette. Détjà, Catherine, sa bonne, s'était éclipale, sur la pointe des pieds, après avoir discrMement apporté un plat savoureusement mijotf, dont le parfum délicat dilatait les narines et flotta·it vaguement dans la pièce, comme une caresse de bien-être .. .. Quand, tout à coup, violemment frappé par la main furieuse de Mme Boppois, le timbn résonna trois fois: bing!. .. bing! . . . billf! Catherine accou.rut, le bonnet de travers, effarée. -Madame!
Elle n'alla pas plus loin... . Sa mai tresse, A demi levée surr sa chaise, la figure contrac-
tée, l'œil rempli d'éclairs, brandis·sait vers elle son morceau de pain, en cri:ant comme une sourde: - Sotte! .. . niaise! ... triple nigaude! .. . Qu'est-ce que vous avez encore fait là? .. . Du pain rassis!. . . Du pain d 'hier!. . . j'a·i failli me casset une dent! . .. Est-ce que vous ne savez pas que je veu~ du pain frais? ... Vous n 'en ferez jamais d'autres! .. . Je su·is sure que vous avez oublié d'en aller chercher ce matin! ... A cet endroit de son invective, Mme Bonpois, à bout de vent, éprouva le besoin de ceprendre haleine; vite Catherine en profita pour dire humblement: - Que Madame me ·pardonne, ,j'Y suis allée .. .. - Eh bien? - la bouJana'erie était fermée. - La bou-lan- ge-rie était fermée!!! . .. En voifa une histoire! ... - Oui, Madame; même qu'il y avait un écriteau avec ces mots : • ~epos hebdomadaire . .. . • - Comment! cette loi dont mon journal a parlé! . . . Alors, c'est sérieux!. . . Alors, c'est tous les dimanches que je serai obligée de manger du pain dur? ... - C'est encore heureux, Madame, que j'aie pu trouver celu.i-ci chez la fruitière d'à côté. - Ma parole!. . . exclama Mme 8Cl.ttpois, le; députés sont fous! . . . Le gouvernement est fou! ... Voilà mon déjeuner gâté à pr6sent. .. C'est trop fort!. .. C'est bien. Cathe-. rine, retirez-vous! Et la bonne dame courroucée, avec desges!ts amers, se mit à couper son pain en petits morceaux, afin de le masti·quer moins difficultueusement. Depuis quelques instants, eiie se livrait, ~e fort ronchonnante humeur, à cette opéra-
liOn laborieuse, quand Catherine reparut : - Madame, c'est Marie qui est là avec son mari et ses enfants .. .. - Dites-lui qu'elle entre . .. . Pour que Mme Bonpois adnût ainsi des visiteurs dans sa salle à manger, pendant son
repas, il fallait qu'ils lui fussent particulièrement agréables. Et c'était le cas. ·Marie était une ancienne domestique de la maison. Brave fille venue tout droit, à. seize ans, de son trou de campagne, ne sachant pas même laire une omelette, elle avait été formée par Mme Bonpois, et, malgré se~ fréquentes bourrasques, s'était attachée à elle comme à une mère. De son côté, la maîtresse aimait cette enfant qui - rara avis - l'avait servie avec fidélité et affeotion. C'était elle-même qui l'avai·t mariée à un honnête garçon, ouvrier boulanger, du nom de Fr·izot. Deux enfants étaient survenus, deux blondinets, toujours proprement habillés, que Mme Bonpois bourrait de sucreries et qui la faisaient rire aux larmes quand il>s l'a·ppelalent, en dépit de toutes les. remontrances, Mme • Bonbon •.
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Quand les vœux de bonne année eurent été échangés et les baisers reçus. et rendus avec usure, Mme Bonpois, tout entière encore à son pain dur, ne manqua pas d 'interpeller Frizot. Dites-donc, vous, le mitron, vous en faites de belles! - Quoi donc, Madame? - C'est comme ça que vous laissez le pétrin au•jourd'hui sans vous occuper de la p.r atique? . . . Vous vous battez t'œil, .n'est-ce pu, que nous autres nous mangions des cailloux comme celui-là! . . . Frizot se mit à rire. - Ma foi, Madame, c'est vrai que c'est un peu gênant pour la clientèle; mais c'est rudement pas malheureux pour nous! - Comment? . . . pas malheureux? . .. Vous en avez du tou1pet!. . . - Mais oui, ·Madame. . . . Ai•nsi, moi, jamais, pou.r ain.si di·re, je ne voyais ma iemme et mes enfants La nuit, j'allais au turbin . .. . Le jour, je me couchais. . . . les pauvres petits n'osaient pas jouer dans la maison, car Marie était tou·jours à leur dire: • Vous allez réveiller votre père! . . . » Quant à être ell!emble, à fai·re un tour de ballade en famille, ni
172 vu ni connu!. . . Pire que les machines, u,uoi! - Pauvre ami!.. . ne put s'empêcher de dire Mme Bonpois. - Aussi ce que je sui s content, aujourd'hui . ... Pour la première fois, quasiment; depuis que je suis ma·rié, je vai s aller laire un tout avec la bourgeoise et avec les mioches .. . . - C'es t très bien .. , . Tenez, petiots, voilà des sucres d 'orge . . .. Bonne promenade, mes amis! ... Et vous, frizot, reposez-vous comme il faut, vous ne l'avez pa!! volé! La petite famille partie, Mme Bonpois se rassit pour continuer son repas .... Mais elle avait été toute chavirée par les paroles de frizot. Quoi! it y avait donc encore des créatures humaines . . . des esclaves ... des fo rçats .. . à qui la société marchandait à ce point les foies les plus naturelles et les plus saintes? ..• Se coucher quand sa la mille se lève .. .. ~ lever quand sa famille se couche. . . . Ne pa~ voir les siens! Non! c'était trop fort! ... . Elle n'avait jamais réfléchi à ces cl:oses. . . . A présent, dans sa conscience toute secouée, elle se trouvait cruellement égoïste, elle qui avait toujours tant tenu à ses pEiites jouissances, sans même songer qu'elles contaient si cher à ses semblables .. .. Elle poussa un soupir . . . Et se remettant à déjeuner, se délecta - revirement inattendu d:etle-même - à la pensée de manger du bon pain dur . ... Jean des TOUREllE::).
En Forêt fi faisai t nuit sombre, tout à fait sombre, et le ciel était noir comme une soutane, quand l'lblbé Laine, après avoir passé le carrefour du Roussy, s'engagea dans la route de Soliuières, qui traverse presque de part en par.t la forêt d 'Orléans. A cet instant, Holopherne c'était .Je nom du petit âne qui traînait la charrette où s'était mis J'abbé - ayant fait mine de s'arrêter, quelques ex;hortations. lui
l-urent adressées de 1a voiture avec une dottceur toute paternelle, et l'animal reprit SOl trot court el hâché, qui ·l ui secouait si fort (::insi qu'on pouvait le voir en plein jour) ses oreilles démesurées. A ce trot-là , Holl). pherne était cependant capable d 'abattre beaucoup de chemin. Ses petits sabots, pointus el tenaces, travaillaient sans re'lâche pendant des heure s ; il était en même temps vigour~ux el docile, comme 'les ânes qu'on ne bat poiot, son maître ne l'ayant jamais iouetté, par l'excellente raison qu'i·l n'a.vait point de louet, et se contentant d''une bonne parole ou d'uu simple appel de rênes dès qu'il vou.Jait lui transmettre sa pensée. Mais ce soir-là, qui était un soir de juin très lourd et très ora· geux, sans étoi~es ni lune, l'abbé en t souhaitt, conm1e il est dit dans les Précis de poésie, • donner des ailes d 'alcyon • à son . baude~ quï~ trouvait lent et qu'il ne cessai t à toute minute de presser de la voix, car il allaH loiu, à plusieurs lieues, et, quoique en route depui s une heure, il n'était pas encore à moitif du chemin quï.l avait encore à parcourir. M. Lesprit, le messager de Olauvigny (e'est Li que l'abbé Lain~ remplissait 1es fonctions de curé depuis dix ans), revenant ct soir même de son · voyage hebdomadaire, avait apporté a u prêtre, vers les 9 heure!!, li nouvelle que la lemme Doradoux, ·la gardebarrière, ne passerait probablement pas Il nuit. et dame! qu 'eDe se fai-sa it bien du Ira• cas à mourir sans se vider de ses 1pédtés et sans recevoir Ja Communion. Aussitôt J'abbt Laine s'était rhabnié, avait réveillé Holop.. ne en plein rêve de marcions, accoutumé d'ailleurs à ces sorties nocturnes que lui infligeaient les derniers Sacr ements. Une fois • charette attelée, il avait été droit à · l'égliJel. et 1-à, presque à tâtons, à la lueur d 'une chaDo drlle, i'l avait pris dans le vieux tabernacle de bois peint une Hostie consa-crée, avec tout ce q ui lui était nécessaire pour administrer lit Viatique. A cette heure tardi.ve - 9 h 1/21 .tous les enfants du village étaient couchés el dormajent! Bien que M . La cabasse, le bedeu; sr !Lit ol!erl avec . une généreuse insistsote pour accompagner le curé, luî présenter )es saintes .Hui·les et l'assister dam, son miail-
173 Ière, l'abbé Laine ne voulut point consentir à ta toucl1ante proposition de M. Lacabasse, qui n 'avait pas mojns de 71 an~ , et, malgré lh exclamations de ce vieillard, jointes aux prédictions les plus sinistres de sa servante, il décida qu'il irait seul, tout :>elli, dlez la ~mè [)oradoux, et qu 'il n'y avait aucuu Jauger, la forêt n'ayant point la réputation d'une méohante personne. . D 'ailleurs, le bon Dieu n'était-il pas du voyage? Par conséquent, rien à craindre. Il a'lllit placé tout près de ~ui, dans sa pèlerine soigneuse.ment rou-lée, la •petite boite de ver~il oü était eniermée l'Hostie, et, une rêne d3ns chaque main , il conduisait Holopherne dans la nuit, en priant. Quelquefois, i l disait hue au mi.lielL d'un • Pater •. Une lanterne, !tillivement ficelée au départ à un des barrelux de la charrette, l'éclairait tout juste a,sez pour .J'empêcher de verser dans les fos· ~ée s qui bordaient la route, el l'abbé pensait par instants que jamais sans le faible éclat Lk c~: pauvre !anal, il n'eût :pu s'en tirer, tant la nuit était sombre, un vrai temps de Ven· dredi-Saint pour récite,- les Ténèbres. Il avait un peu dépa5sé le b01s du LoupPendu, quand i'l crut entendre, à quelques nlèdres de lui , sur la ga!lche, un bruit de pas. En même lemps, rlolopherne s'arrêta net. L'abbé n'avait jamais co1mu la peur, ne pen· slut Ioule sa vie qu'à la mort, et ayant coulume de dire qu il ne tombe pas un passereau sans la permission du Tout-Puissant. Il 1\'ait toujours considéré qu'ici•bas les plus redoulables des assassins, ce sont encore nos v•·~:.. el quï-1 n'y a pas lk pire danger que le Il ne se troubla donc point, et il detout haut avec beaucoup de tranquilEst-ce quelqu'un? C'est quelqu'un, réoondit une voix dans ·les ténèbres. . - Que'lqu'un qui a perdu sans doute sa te ? interrogea le prêtre. - Quelqu'un qui l'a ·p erdue el qui Vl à , dit la voix. - ~ En ct! cas, commanda l'abbé, montez C'est là que ·j e vais aussi. Quelques secondes s'écoulèrent, la charrel-
te bougea, puis craqua sous le poids d 'un lourd enjambement, et le prêtre sentit s·as· 's eoir, tout contre lui, un homme. Un homme quï l devina aussitôt grand et fort. Dès qu'ii fut en place, l'abbé put distinguer vaguement les traits de son visage autant que l'obscurité le lui permettait. C'étaient ceux d'un ouvrier, d 'un homme du .peuple habitué aux gross iers el rudes labeurs, empreints d 'une eXipression faroudle et résolue. Lui, de son côté, avait fixé un dur regard sur l'abbé Laine: - Tiens! tiens! observa-t-il, comme ça, vous êtes dans 'les prêtres? Roulons. Il cracha, et la petite voiture repartit. Pl!Ddant une minute ou deux, chacun garda le silence. Eni in, l'abbé dit le premier : - Ce n'est pas un beau temps pour se promener dans la forêt. - Dame, non, fit l'homme, sans compter que ça n'est pas prudent. - Pourquoi, mon ami? - Rapport aux maliaiteurs. Est-ce que vous ne croyez pas aux malJaiteurs, vous? _ Guère; mais cepe.tdant il v en a, c'est tri ste à dire. Oh! il y en a· ··· Un si lence régna de nouveau entre eux. - Et, sans être trop curieux, Monsieur. le Curé, oi1 que vou s allez à cette heure, au heu de pioncer? demanda l'homme. _ Je vais porter le bon Dieu à une mour ante. - Je m'en · soupçonnais. Et c'est-i·l loin qu ·a meurt, vot' mourante? - Un peu avant Thiézy. C'est la gardebarrière, la femme Doradoux. Est-ce que vous il connaissez? -- Non. - Vous n'est pas d'ici? Non. - Ni des environs? -Non. - Vous passez? - Comme vous dites, oui, M'sien le Curé, on passe. Hs se turent. Après avoir laissé sur leur droite l'étang des Billaudes, qu'on ne voyait pas, mais dont l'abbé, à qui la forêt était fami·lière, savait l'emplacement, i'ls s'étaient en· gagés dans la route de Ch illeurs, d'une mon-
174fée très raide, et l'âne, essoufllé, ava~t corn· mencé à prendre le pas, quand tout a co~, avec une incroyable rapidité de sauiVagene, !"homme bondit sur le prêtre, et le c~lhut~nt ciu banc de bois sans dossier où i·l étaat assas, le lit tomber en arrière, sur le dos, dans ~e fond de 13. charrette, où il le terrassa. U n y tIll lnB l'ombre de lutte, le vieiHard ne pous· sa pas un cri, pas une exclamation. Ce. iut uue courte et muette bousrul~d~ en pleme; ténèbres, à peine quelques .paét~nements . d semelles sur des p1anohes. Et puas pl'Las nen, que le silence qui semble avoir r~gret. L'agresseur, armé d'un couteau, n'av~at pa~ en· core frappé sa victime, il la tenaat r~s·~é_e sous son genou, et, le bras mal l~vé, ~l hesa· tait cependant à tuer cet inoffensaf qua, sa~s défiance l'avait recueiLli sur la route, en ~lei· ne nuit: .. quand soudain, à deux pas, ed~ tèrent d'épouvantables hurlements, une tem~ te de sanglots énormes qui se~laie?t .cner l l'aide et prendre à témoin les dax-hua~ heues de forêt. Holopherne s'était mis à braare. En entendant ces sinistres clameurs décu· plées .par 1e silence de la nuit, et qu'~l ne s'.~ tait pas tout de sui1e upli<J:uées, 1ass~ss avait tâché le couteau et bonda sur ses paed.s. l'âne se tut. Et l'homme écoutait encore plean d'efiroi, quand une voix ~rès calme, partant du fond de la charrette, lu.a demanda: _ Avez-vous des a·llumettes? Ou i pourquoi? répliQua ·l'homme ahuri. - Al'umez-en •· · 1e pre. ïre' une ou deux, dai 1 h c'est pour retrouver quelque c ose que J'il · t déperd u. Chancelant comme un homme avre, e sarmé par l'héroïsme du bonhomme de curé~ l'assassin, ayant en poche quelques atlumet tes à demi-brisées, en frotta une cont~e s~ cuisse, la flamme jaillit, et à sa lueur :L va_ penché à quatre pattes dans la charrette .J abbé qui ramassait un objet. . · S'étant relevé ensuite, ce derruer s ·a s sai ' et a.pprocllant sa main du verre de. ·~ lame~se la~terne il mit en lumière un peht cruc•i~x de bois 'très commun. Puis, sans que sa voax subit la moindre altération : - C'est le crucifix que je porte toujours
dans ma ceinture, j'avais entend~ qu'il . _ bail, et cela m'aurait bien contrané de le per. dre, car j'y tiens beaucoup, beaucoup. Hufl allons, paresseux! Et l'âne repartit. _ Pourquoi que vous y tenez tant, â votre brinborion? demanda l'homme au bout d'Ille seconde, avec une gêne mal déguisée. _ Pourquoi? mon ami, vous a.Jiez le COIIo prend re : ce petit crucifix que vous voyez Il (et il le rapprocha de nouveau de la lanterae~ il a été embrassé par dix-sept person~es Ill moment de leur mort, et des gens qua B:CIIl morts d'une triste mort, que vous ne dev._ rez jamais . . . . _ Quelle? dans le feu? ou le cholfra, peut-i:tre? - Bien pire . . .• _ Pire que le choléra? _ Oui, je vous assure .. . on leur a .•. ils out été guillotinés. - Guillot . . . Bougre! Et quelques instants s'écoulèrent pendua lesquels ils se turent ·l'un et l'autre. ~ nuit !!tait moins noire· dans un hectare de cael ~ . erraaent comme '-egarées, U1le demi-douzaaM d'étoile~ en ·peine. Et le prêtre, av~c. lenteal' et gravité, se mit à parl~r ~e. sa va~alle voià de confessional, sans avoar J aar de s adres• directement à son voisin: - Oui, mon ami, dix-sept qui ~ont mor1l comme je vous le disais tout à 1heure .. " On n'oublie .pas ces choses-là, quand on 1 été aumônier de la Roquette. _ Vous! Vous avez été Piaule des garçons? _ Pendant onze ans, oui. __ Comment! comment!. · · Ah! ben, cusez, alors, mon aumônier, je suis une vraie v . . . . d'avoir voutu . . ·. Mais l'abbé ne parut poursuivit: _ Je me rappelle . . . tous ces .p auvres iants .. . Gamaze .. . Adrienne!. · · - Chaniat, qu'avait tué la cuisinière <ientiste? -Oui.
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Je l'ai connu, nous avons été ensemble
au 78me de Iigne. - Il s'est confessé, il est très bien parh. .. . Devant J'échafaud, il a demandé pardon l tout le monde avec beaucoup d'humilité . · · · JI y avait des gens qui pleuraient. Oui, Oaan· Jot s'est tout à fait bien ronduit à ce moment· Il. Et puis tous les autres . .. Petit Paul. ·· Saumon in . . . tous ils l'ont embrassé, ce cru· cilix . . . et sans se faire :prier . . . un crucifix de la bonne mort, ou peut le dire . .. Voilà pourquoi j'y tiens. L'homme, depuis quelques minutes, respi· rait bruyamment. Ramassant enfin tout son courage, il dit: - Je ne sa is pas, M'sieu !'abbé, si c'est d'apprendre là, v'lan! que vous avez été aumônier de la Grande Piaule, ou bien si c'est que je suis tout rêveur .. . mais j'ai, ra:pport l vous, comme un regret . . . de m'être conduit pas proprement. Le Curé ne le laissa pas continuer: - C'est bon. . . n'en parlons pas. Sa us doute, vous n'avez pas été gentil tout à J'heure . . . mais c'est fini .. . Qu'est-ce qu'H y a donc. 1100 pauvre enfant, hé? Des gros ennuis? .·· La vie est dure? oui, c'est bien ça, je m'e'l doutais, la vie est dure ... pas de travail. · · on se monte . . . et puis un soir on perd la ffte, tout ça parce qu 'il ·fait nuit . . . Des bê· tises, pas autre d!ose. Faut laisser ça aux vi· laines gens, aux gens de rien . .. Mais vou.s , qui avez été bien élevé . . . car vous avez appris votre catéchisme . . . dans le temps .. · - Oui, mais c 'e st pas d'a~tjourd'hui. - Vous voyez hien. Et puis, un ancien itaire ... nom d'un petit bonhomme! C'est beau ça .. . Moi, tenez, j'aime tant le!l solüts que si je ne m'étais pas engagé au Séc'est à la caserne que j'aurais été .. . je vous le dis .. . Non .. . voyez-vous, n'est pas sérieux. Vous avez des con. .. On sa it ce que c'est. . . Nous en tous. Vous me les direz demain, en t un petit verre de cassis, et nous au· à arranger ça pour le mieux . .. Dans moment-ci, je vais à 'Jhiézy porter le bon , comme vous savez, i la femme Dora·
doux, la garde-barrière . .. Vous voulez bien m'accompagner, n'est-ce pas? L 'homme grogna: - Bien sûr que je ne vais pas refuser maintenant de vous faire la conduite .. . . - A la bonne heure! Quand nous aurons fini, nous reviendrons tous les deux à CAlauvigny, vous passerez la nuit au presbytère, et demain matin nous causerons, après que j'aurai dit ma messe. Entendu? - En tendu. re.partit l'homme, puisque je lai s tout ce que vous voulez! Quand ils entrèrent, un quart d 'heure plus tard, dans !l'unique pièce qui composait foui le logis de la garde-barrière, ils n'eurent pas besoin de s'approcher du lit où gisait, immo· bile et blanche, la fennne Doradoux, pour votr qu 'el·le était à toute extrémité. Dès le seuil, l'homme avait déclar~ entre ses dents: - Elle n'en reviendra, c 'e st de l'argent sûr! Alors, l 'abbé se mit rapidement en devoir, assisté d'une voisine qui était venue veiller la mourante, de tout .préparer pour Ja Cont mun ion. Tandis qu'il dépliatt la pèlerine et posait sur la commode, entre deux chandeUes, ta petite boîte de vermeil où était eniennle l'Hostie, l'homme, debout, promenait, avec un trouble étonné, son dur regard sur les murs uus de .Ja chambre, sur les meubles modestes, sur J'alcôve où râlait l'agoni sante, 'les traits parifiés, empreints d'une sérénité inexprimable. Dans un coin. il y a vait, s ur une chaise de paid·le, son chapeau marin de toile cir~e, avec Je guidon de la ine garance roulé dans sa gaine de cu ir. Ni l'un ni l'autre ne serviraient plus jamai!'i à la pau'Vre lemme. Et la vue de ce guidon qui laissait écha.pper hors de son fourreau un peu de rouge impressionna le misérable et l'émut. fl le lui rappela sur le ohamp l'autre, le vrai drapeau du 78e, sous lequel il avait lait tant d 'étapes à une honnête époque de sa vie. Cependant .Je ,prêtre, apr.è s avoir récité les prières d 'usage, avait ouvert la boîte de ver·
176 meit L'Hostie, qu'il semblait tenir à peine, resplendissait à présent toute blanche au bout de ses doigts, et son éclat de neige remplissa it la chambre. S'étant détourné, il fixa bien en face avec une infinie miséricorde, !lhomme d()n! les jambes fléchirent, et q ui se mit à genoux, terrassé à son tour. Puis il s'approcha du lit. El, à l'instant où il déposait le Pain céleste sur les lèvres qut n'avaient presque plus la lorce de le recevoir, la femme D01·adoux g~rdc•barrière, étendit horizonta lement d3ns toute sa loJrgueur, son bras demi-nu - comme pour indiquer que la Voie était libre.
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La compagnie l'a adopté. Bien quïl n 'existe point de décorations pour les animaux., 1te solda ts comptent en de~nander une pour • Moustache •· 0000000
LE PRIX D'UN COUP DE CANON
La Messe quotidienne =
Avez-vous des peines? - et tout le en a - aHez à ·la mes·se, al·!ez à Avez-vous une grâce à demander à ? AUez à la messe et demandez. Voulez-vous expier une faute qui vous sur ·le cœur et obtenir miséricordl! vous ou pour d'auües? AHez à ta recourez à jésus. Avez-vous à cœur de remercier dicrnet ·la. bonté divine, pour que.Jque .bienfait? A>l!lez à ,la messe. Un JOur, sainte Thérèse se sen{ant accab-lée PM 1e poids' des grâces recevait, s'écria dans une sorte « Mon Dieu! Mon Dieu ! puis-je faire, moi, pauvre créature · reconnaître dignement votre misé~ ieuse bonté? '& E't aussitôt el,le oerune voix céleste qui 'lui dit très 'dis: « Entends une messe! ,, est bien rare que, quand on le veut de bon, on ne puisse assister tous matins à la messe, ou à peu près. se lève ~e mei~leure heure, on ananses affa 1r~s en conséquence; et, sans sans eclat, on se procu,re cette -··~"·grâce. Le travail n'en est pl.u•s fécond, béni qu'i·l est par le D1eu. J}1Kr de Ségur.
le coup d'un callon de campagne de 7,1 œntimètres (c'est le cal~brc habituel des Cl· nons américains) coûte 54. fr~ncs, celui d'ua canon de campagne de 12 centimètres 151 Ir., landis q:.te celui d'u.u obusier de 15 cm. s'6lève déjà à 232 Ir. et celui d'un canon de même calibre à 325 fr. A partir de cette 14mite, les dépenses lUJmentent dans des proportions de plus en plus im·tes. Déjà pour un mortier de 30 cm. il iaut compter sur une dépense de 1504 fr., Il pour un canon de 305 miUimètres 2710 Ir. Le coût le plus haut concerne l'artiller~ UN CHAT SOLDAT . américaine de 35,6 cm. et 40,6 cm., dont Je Depuis près d'un an, un bon vieux chal, coup exige 4338 et 6sqt ir. Dans ces chiflfta venu on ne sait d 'où, fait la joie de quelques n'est pas comprise l'usure des pièces, très ap. tranchées, là-bas, dans l'Yser. Son existence préciable si l'on compte que pour ces (fOl est intimément liée à celle des soldats belges calibres la durée d'une p ièce ne dêpasse pu dont il imite le sang-froid et la vaillance. Enen moyenlle SO coups. tend-il le bru:it de l'explosion de grenades, 0000000 aussitôt il sort de son sommeil, lève la tête et se dresse fièrement; il saute d'un soldat à LES DISTRAITS l'autre et leur caresse les jambes comme pour Le recordman de la distraction fut M<'!Mit les encourager. Les • marmites • ne font pas sen. le fameux historien allemand qui sùa plus d'elict sur lui. Il en voit traverser l'esun .jour dans la rue, sans Je reconnaître; ur paœ et attend qu'elles écla tent avec fracas, de ses propres enfants. Il est vrai quïl • sans manifester la moindre rinqu iétude. avait seize. Un matin - il avait sans doute trop bien Un autre jour, sortant de l'Institut, il ratdéjeuné - on le vit étendu de tout son long contre un disciple qui s'empresse de lui pdsur un mur en ruines - mur détruit par les obus. Il y resta toute la journée, en dépit de senier ses respects. _ Comment vous portez-vous, mon cber LEGENDE AMERICAINE la violence du bombardement. De temps en maître? L'horloge marqua-it midi: seul, dans sa celtemps. il était, par l'explosion d'une grenade, - Pas trop mal .. .. Mais depuis l'C - •• • · à genoux sur la pierre, un moine priait, couvert de poussière. Il sautait. miaulait, se tin je constate que je boite. Voilà ce que cœur rempli de célestes aspirations. sewuait et reprenait sa position sur les pierque le grand âge ... la goutte .. . les Souda in, une merveilleuse lumière vint tout res branlantes. tismes . .. le travail sédentaire. . . . iner a u dedans et au dehors de lui et Il est très fami lier avec les soldats, mange L'élève, bien que respectueux, ne put tut la vision 'bénie de Notre-Seigneur' le et boit à leur table; il veille sur eux comme ceint d'une couronne de gloire et re~êtu une brave sentinelle, pas une souris, pas un . pêcher de sourire. Il avait vu venir sen de loin. et le grave savant s'était auréole comme d'un splend ide vêtement. rat n'oserait se faufiler dans la tranchée. Ce en marchant avec un pied sur le trottoir Ce ne fut ni sur la croix, ni dans les dou· chat s'appelle c Moustache • ; après la guerre, l'autre sur la chaussée. de l'agonie, ni les pieds et les mains il rentrera triomphalement avec les soklats.
Variétés
La Charité
pe~cés que le moine contempla •tr 8011 1 mats tel quïl parcourait la Galil4e .....L.~ et, Jcs m • f'trmes et consolant les affli~s. ',. ...,.. ISSIII Les mains croisées sur sa poitri~ d 1·ant, s 'humiliant, le moine se plonreaii ; al'extase. ans
- Seigneur, pensait-il, que suis-je, pour que du trône de votre gloire vous daigniez descendre dans ceHe pauvre cellule, afin de vous y révéler à moi? Mais soudain, au milieu de son ravissement, la cloché du couvent se mit à retentir à travers cours et corridors avec une persistance inaccoutumée. C'était l'heure où, par les glaces de l'hiver et les ardeurs de l'été, les aveugles, les boiteux, les mendiants venaient recevoir leur nourriture quotidienne, et celui -qui, dans une heureuse extase joujssait de la vision divine était leur au:Oônier. AIO'rs, des sentiments bien divers se mêlèrent dans le cœur du moine. Laisserait-il les pauvres souffrir de faim à J.a porte du couven t jusqu"a ce que la vision se lût évanontie? Abandonnerait-il son Hôte céleste pour Jes pauvres en haillons? La vision demeurera itelle? reviendrait~lle? Mais une voix au dedans de lui-même murmura aussi distinctement que si un son véritable était venu fra]>' per son oreille: • Fais ton devoit d'abord, lai s.se au. Seigneur le reste. • Le mo·ine se releva aussitôt, et, les yeux fixés sur la vision bénie, il quitta lentemeot la cellule. Rassembl~s au dehors de la grille, les pau· vres attendatent et leurs regards exprimaient l'impatience et la crainte. Mais, quand le moine .parut, il leur sembla que c'était la porte du '!>'~radis qui s'ouvrait, et, ce jour, le pain et le vin qu' il leur d·i stribua furent pou; eux comme une nou·rriture divine. Cependant, le moine .priait toujours en son cœur, et la même voix lui disait: • Ce que tu fais au moindre des miens, c'est à moi-même que tu le fais. • Enfin, il ne restait plus de pauvres. Le religieux se dirigea à la hâte vers la cellule; mais, arrivé au seuil, un sentiment de terreur respectu.e use Parrêta, car la vision était de-
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179 rneurée telle qu'Il l'avatt latssée. Pendant cette heure si longue, elle l'avait atiendu et il sentit soo cœur se fondre d'amour à œs paroles dont tl comprit toul le sens: • Si tu étais resté, il_ m'aurait fallu partir. •
Un cœur de femme Toute menue, dans la long.ue blouse d'in· !mnièrc de la Croix-Rouge, Mme Bertin par· cou•rait, vive et alerte, les salles de J'hôpital a uxiliaire, où l'on appréciait fort sa grâce de jeune et jolie Parisienne. C'était en pleine campagne, à trois kilomètres d'u111e .peti te ville du centre, dans un su·perbe château d'architecture italienne que le propriétaire avait généreusement mis à la dispositio n des femmes de France. Dans la galerie tapissée de gobelins, dans les saions, le fumoir, la salle de billard, el même dans ie ha ll, s'alignaient des rangées de lit.; aux draps d'une blancheur parfaite. Mme Bertin se plaisait à ce rôle, nouveau pour elle, de sœu;r de charité, de garde-ma· Jade, peut-être par un besoin de dévouement ct de sacrifice patriotique, mais aussi .parce que le costume lui a l·lait bien et qu'elle s'en· nuyait à mourir dans cette lointaine province. Elle n'était pas des environs et le hasard seul l'avait amenée là. Mais, comme elle était jeune, élégante, s.pirituelle, qu'elle avait une grande amabilité et un je ne sais quoi de charmant dans toute sa personne, délica te et mignonne, la petite ville J'.avait acceptée et le jour où les dames de la localité organisèrent cet hôpital, tout de suite el le fu t admise parmi les infirm ières. A la vérité, quelques-unes l'avaient a ssez froidement accuei llie; car, en somme, on ne savait pas ce que celle petite Parisienne ve· uait faire dans ce coin de province qu'elle ef· farouchait par ses allures un peu l;ihres. Un jour, elle avait débarqué, avec quantité ~ malles, de valises, de sacs de voyage, qui encombrèrent toute la gare, et elle s'était ins-
fallée chez Madame Rochard, la lonel. Celle-ci avait racon té à ses amies que la nouvelle venue était une personne des plaa comme il fau t, une jeune veuve, qui lui ttail recommandée pa~ une notabilité parisienue, M . Roger de Vmeu, dont elle connaissait personnellement la famiLle. Mme Bertin désirait, disait-elle, sc délq. ser pendant quelque temps des fatigues de la vic de Paris. On ne trouva donc point -très extraordinaïl·es les visites que lui rendit alors M. Roter cie Virieu, dont la superbe limousine avait fait sensation. Tout le monde sava·it Mme 1a colonelle Rochard trop stricte sur les que. lions de convenances pour supposer qu'elle pût favor iser une intrigue entre ces deux Pao risiens; et on avait été finalement convaiucu que Mme Bertin ne .pouvait être qu'une per.. sonne de la plus parfaite honnêteté. La petite ville, d'ailleurs, ne se trompait qu'à moitié, car, Mine Bertin était, en e11et, une très honorable femme. Mais, ce qu'Olt ignorait, c'est qu'elle ft1t en ce moment ell instance de divorce, et non point veuve, romme le disait, et le croyait, du reste, la cor· recte Mme Rochard. Parisienne de Paris, Georgette Bertin était née dans le quartier de la Plaine Monceau. Son père avait une assez belle situation dua une compagnie d'assunnces; et, sa mère, q. trémement mondaine, · affolée de toilettes, de théâtre, de soirées et de five o'clock, J'avait tout d'abord comiée aux soins de mains étrUJo gères; ses premières années s'étaient pail~&~ dans le parc Monceau , au milieu des enlaidi riches; pU'is, à son adolescence, une femme de chambre la conduisit à des cours fréquen* par des fillettes du grand monde. Dès qu'tHe eut atieint ses seize ans, sa mère 1'-entrailll avec elle dans son genre de vie, tout le IUJI et d'agitation. Ma lheureusement, les Berti11 étaient loin d'avoir une fortune leur permettant de donner une grosse dot à leur lille. Georgette était charmante; elle avait ua souci et une entente de l'élégance incomparables, était joyeuse, de tennis remarquabl~, cfi. sait et chantait à merveiiJe et se faisait re-
parmi les plus ferventes adeptes de nouvelle danse, matchiche, cake-va lk, ou autre. En vérité, sa •petite cervelle été meublée de iout ce qui pouvait êlre le dans la vie d'une ·lemme; au contraiïe, 1 ce q-uoi ·peut servir fut soigneusement rlé de son éducation. C'était, somme toute, la plus adorable pou· qui se put rencontrer entre l'Etoile et Or, Henri Verneuil s'éprit d'elle d'une très le passion, et l'épousa, comme elle venait 1 peine d'avoir dix-neuf ans. Il était pour· lanf bien difficile de rencontrer deux rarac· p lus dissemblables; mais ce ne fut point surprise pour Henri; il connaissait (Jeordepuis l'enfance, les Bertin et -les Ver· 1 élant liés par une très ancienne amit ié. Henri avait fait d'excellentes études à Condorcet, était sorti de l'Ecole centra le dans les premiers, et, à vingt-quatre ans, il occupait, dans l'industrie parisienne, une situation des plus env iables. Or, ce garçon si sér ieux raffolait de la frivole Georgette; ce gaillard robuste, large d'é· ules s'était toqué de cette mince et fi-ne poupée. Georgette l'aimait-elle? En tout ras, ce ne fut pas son mérite réel qui la déoida. Mais il était fort bien de sa personne, il gagnait beaucoup d'argent: elle se sentait adorée et elle avait hâte de se marier; à d ix-neuf ans, elle vou lait sa li'berté et ne plus être traitée fi llette par sa maman Le mariage se fit et leur union parut être d 'abord des heureuses. Il n'en était rien. Et pourtant, Georgette ckmeurait loujours honnête, ayant en horreur mensonge; dans ce petit cœur, si fu tile, avait poussé, on ne sait comment ni pour· une robuste fleur de loyauté. Aussi, quand Georgette rencontra Roger Virieu, quand elle se fu t prise à aimer ce garçon blond, souriant, beau, inuti:e et comme un objet de luxe; quand elle eut s qLt'elle était née pour "être appareil· à ce mondain si différent de son mari, une minute elle ne songea à tromper ce· qui elle ava it juré fidé lité. De Virieu, jouait auprès d'elle son rôle de oeau
garçon, lui faisa·i-t une cour de tous les instants. Mais la pensée de tromper Henri, d'être ·une femme adultère, comme tant d '3Jutres lut éta•t insupportable ; êt l'obligation de se' ca· cher, de se glisser à des rendez-vous clan· destins, lui faisait horreur. Sa.ns dou1e, le beau Roger de Virieu ar· rivait trop ta·rd . Trop tard? . . . Pourquoi? . . . Est-ce qut' l'irréparable existait? ... N 'y avait-il pas le divorce? ... Aussi, sans s'attarder à de longues ré· flexions, bien vite elle eut pris son pa rh; el, un soir, délibérément el très ca lme, el·le narla à Henri: - Mon ami, je vais vous laire une gr:1nde peine; mais i.l le faut Je sens que nous ne pourrons jamais nous comprendre; vous êtes un travailleur, vous aimez l'étude el le c:~lme . Moi, je ,préfère le monde, le bruit, les plai· sirs. A quoi bon prolonger une existence oit se creuse, -plus profond chaque jour, l':tbime qui nous sépare? Alors, puisq ue nous nou,; sommes trompés, l'un et l'autre, pourquoi persister dans noire erreur? Nous n'avons pas d'enfant et r ien ne nous lie que notre con· sentemen! mutuel. Brisons ce lien fragil~ . el nous serons parfaitement heureux, chacun de notre côté. Vous trouverez facilement une au· tre femme, plus digne de vous que je n'ai pu l'être el moi . ... Il éclata de rire. mais d'un rire fore~: - Vous dites là des fo lies, des énorlllilé5, ma pauvre amie! Vous êtes un ·peu ént>CVée, ce soir, mais, après une bonne nuit, il n'y paraît ra plus; a llez vous. reposer! - Je vous assure que je parle sérieuse· ment, et après avoir mûrement réiléchi .. . . - Ah ! Pauvre Georgette! Mais c'est JUS· tement rparce que vous êtes si exquisemen! mondaine q ue vous me p laisez, â moi, hom· me sérieux: vous faites ici toute ma joie; vous ne savez donc pas que ce sont les caractères contraires q ui se complètent le mieux! El d 'ai lleurs, pourquoi nous séparer ions-nous? .. . Pourquoi divorcerions-nous? ... Je n'at jamais eu à me plaindre de vous et suis cer· tain de ne pas vous rendre malheureuse. C'est une folie que vous regretteriez un jour el il
lt!O !aut que je sois sage pour nous deux. Donc, je vous prie, plus un mot Jà-desf.us et oubliez tout cela. Elle se mordit les lèvres et répondit : - Chacun a le droit de vivre sa vie! - Mais non pas en brisanl celle d'un autre. Et moi, ma pauvre Georgette, je vous :~dore, vous le savez bien, et je ne conçoi s pas l'existence .sans vous. Tâchez d onc de vivre votre vie, comme vous 1~ dites, mais en m'épargnant moi, à qui vou.s n'avez rien à reprocher, je pense. . Comme Georgette ne disaii plus rien, son mari en déduisit qu'il l'avait convaincue. En réalité, certaine mainte!lant qu'llenri ne consentirait point au divorce si ardem· ment souhaité, elle sentait toutes ses pensées se tourner plus que jamais wrs le beau Ro· ger de Virieu; son désir de s'unir à lui s 'e:xaspérait; et elle comprenait que seul un coup de tête lui permettrait de réaliser son rêve. 11 ne Jui restait qu'à déserter le domicile conjugal. La chose avait été décidée entre de Virieu et elle. Elle allait partir, quirter son mari, disparaître pendant quelque temps, se sauver dans un coinj de .province, chez une amae de Virieu et Henri Verneuil, se trouvant devant un fa{t accompli, serait bien forcé d 'accepter le divorce.
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Georgetie s'élût donc installée chez la colonelle Rocha.rd. Mais puisqu'elle allait di· vorcer prochainement, elle avait préféré re· prendre tout de suite son nom de jeune lille • Georgette Bertin » ; et Mme Rocha rd ignorait qu'elle s'appelât autrement, M. de Vir· rieu lui ayant dit qu'elle était veuve. On ~tati en juillet. De Virieu, comme chaque ~nnée, villégiatu·ra it dans un château des envara.ns; et, de cetie façon, il pouvait voir Georgette de temps en temps en all'anl rendre visite à Mme la colonelle Rochard. Et c'est à ce moment que commencèrent les h~tilités sur la frontière de l'Est. De Virieu n'avait jamais lait de service militaire · il s'était fait réformer, on ne sut pourquoi, car il jouissa it d'une excellente
santé, montait très bien à cheval, et était lill sportman accompli. La Patrie étaü en danger, il eût pu s'ea. gager et combattre à la dé!en se du sol eq. vah i. Il n'en fit rien. Quant à Georgette, elle s'enrnuyai t, obsédfe par cette vie p rovinciale qu'aggravait encore l'état de siège. Elle iut attirée par ce costume blanc, ce voile timbré de la Croix rouge, qu1 seyait si bien à sa beauté blonde; et, grkt à l'appui de la colonelle Rochard, l'active présidente de l'œuvre, elle s 'éta·it fait admet. Ire à l'Union des femmes de france Pt avait consacré ses loisirs à soigner les blessés. Vers la fin d'un après-midi de septembre, et comme le soleil couchant empourprait les cimes des hautes futaies du ,parc, la c!'lChe du château résonna, et pa·r la grille grande ouverte, débouchèrent plusieu.rs automobiles portant Je drapeau de la Croix de Genève; c'étaient les blessés que le ira in sanitairt venait d'amener à la gare et qui arrivaaent l l'hôpital. Les infirmières accoururent avec Mme la colonelle Rochard pour les recevoir. Mme Bertin demeura dans la sa lle de garde; elit connaissait, pour l'avoir vu une !ois, ce trille spectacle; mais, incapable d'en comprendrt toute la grandeur, eJ.Ie n'en avait perçu que la misère; aussi , ne tenait-elle pas à y assister de nouveau. C'était, en effet, une chose douloureuse que l'arrivée de ces pauvres soldat·s , maigres, hives, pâles et sanglants, dont on ne pouvait reconnaître les uniformes tan t ils étaie1l sou,[llés de la boue des tranchées; des barbes incuHes des cheveux en broussailles, des yeux ' · cer.tes ces braves ressembla••eat de fièvre plutôt à des ba~dits qu'à des héros. Mais pour tout autre que Mme Bertin, ces loques, cette boue avaient leur beauté e1 toute celle misère était grandiose. La jeune [emme préférait voir les hérol plus tard , après le bain et les pansements, quand, rasés, .propres el réconfortés, ils reposaient enfin dan s des draps blancs d'un lit, dont plus d'un n'avait pa s connu les dOII" ceurs depuis près de deux mois. Alors, leu.rs yeux ava.ien t un peu perdu de leur édat li6o
181 vreux, et leurs oreilles. longtemps assou·rdies p.:!'r le bruit du canon, pouvaient écouter avec attendrissement les douces paroles de la jolie Parisienne. Elle attendit donc que les autres damt!3 in· iir rnières eussent terminé leu r rude et péllible besogne, ,puis, enfin, se montra, ei ht le tour des salles, portant le3 tisanes, redressan t les oreii,Jers. Etant montée au premier étage, pour visiter les officiers blessés, elle entra dans une des chambre·s oü ava.it été apporté un des nouveaux arrivés. Elle s'approchait doucement du lit lorsque, tout à ccvp, eUe manqua de défaill i:r. Sur l'oreiller, là, devant elle, une tête reposait, les yetax clos par le sommeil ; la respiration était Jourde et haletante; et, malgré la barbe, malgré la pâleur, malgré toute la maigreur de la ligure, cet homme , elle le re· connut, c'était Henri . .. . C'était son mar i . .. . El·le n'ffi croyait pas ses yeux, petlsanl être ·le jouet de quelque hallucination, d'une ressemblance ... Le blessé portait ·à son cou une chaînette d'or, à laquelle était suspendue sa méda.ille d' identité. En se penchant pour y lire le .nom, elle vit à côté un petit médaillon avec sa photographie, sa photographie à elle ! . .. Elle demeura là, anéantie, incapable d 'un mouvement, d'une pensée. Mais, des pas retentirent à ce moment dans le couloir, la porte s'ouvrit, le médecinche[ parut, suivi de Mme Rochard. - C'es.t le capitaine de génie, murmura celle-ci; il dort. - Laissons-le reposer . . . . Qu'est-ce qu'il a? Voyons. . . . · Le médecin con!>uHa une note que lui avait remise le major du train sanitaire, et sur laquelle se trouva.ient les noms des hommes laissés à l'tôpital avec la nature de leurs blessu·res. - Oh! Oh! fit-il, un éclat d'obus dans l"é· p:lule gauche. et un autre à la base du crâne. . . . Je reviendrai tout à l'heure pour le pan· 11er. C'est un malade à ne pas perdre de vue, et il sera nécessaire de le veiller toute;; les nuits.
Puis, se tournant vers Mme Bertin, qui se tenait, pâle et immobile au chevet du ble ~sé : - Vous entendez, Mme Bertin? ... Mais la colonelle prit la parole : - Je crois, Monsieur le major, qu 'il se· rait préférable de confier le malade à un~ in· firmière plus robuste que Madame. Elle présume trop de ses forces et ne pourra it pas· ser les nu,Hs . ... - Si! Si! interrompit la jeune femm~. Je tiens à rester; je veux faire mon devoir. - Soit, chère amie . .. concéda la colonelle, je ne peux que vou s en féliciter . . .. Et elle sortit avec le major. Georgette avait entendu ; un éclat d'obus dans l'épaule gauche, et un autre à !a base du crâne! .. . Son état était donc très grave? . . . Il allait mourir .peut-être! Restant assise à côté de son lit, elle le contemplait: des souvenirs se réveilla,ient, qu'elle croyait endormis; ils lui revenaient en foute, et c'était lentement, sourdement, une âme nouvelle Qui fleurissa,it en elle. Ainsi, lienri l'aimai! toujours, pui squ'il conservait sur sa chair, si près de son cœur, son .image, à elle, la parjure, qui veuait de déserter le loyer conjugal!. . . Comme il dut alors crueltement souffrir et se désespérer quand il se trouva seul, abandonné! Et la guerre était venue!. . . Et il était parti, allant, malgré sa douleur, raare son devoir, là-bas! . .. Son devoir! . .. Voici que ce mot de devoir résonna it à ses oreilles avec u·n sens qu'elle ne lui &vait jamais connu .... Le devoir! . .. . C'était Mme Rochard et toutes ses infirmières qui J"accom. plissaient en soignant les blessés, en s'astreignant aux besognes les plus dures, les plus répugnantes. Ces lemmes étaient riches, elles avaient des intérieurs luxueux, des domesti· ques en grand nombre, et pourtant ell~s venaient, humbles et Mvouées, laver les pied~ des soldats de retour du front, nettoyant les vermines ramassées dans les tranchées, p:ID· sant des plaies horribles et repoussantes, sans fa.iblir. sans pâlir. Elles faisaioot leur devoir! Et ces soldats qui arrivaient de la bataille,
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182 amaigris, sales, boueux, n'ayant plus lorme humaine, leur chair déchirée de saignantes blessures, eux aussi ils le faisaient, leur devoir! C'étaient des paysans, des ouvriers, des bou1 geois, des riches aussi .... Et ils avaient tout quitté, femme, enfants, logis, bien-foire, luxe, pour courir au secours de la Patrie, assaillie par les barbares ... . faire son devoir! . . . Comme ces mots étaient beaux, nobles, prest igieux! Et, devant Henri, blessé, sa'llglant, en dan· ger de mort, devant Henr~ qui l'aimait, malgré tout, elle pensait à de Virieu, le bea•, l'inuti le, le lâ·che de Virieu, qui v.ivJi!, insouciant, dans son château, tandis que les hommes de son âge se faisaient tuer. Et elle avait été comme de Virieu! Elle vou lait vivre sa vie, ainsi qu'un -jour, elle le décl:t ra tlelfement à son mari. E t quelle vie, celte existence futile, vaine, inutile de Paris ienne à la mode! Elle ava it eu ·la cruauté de dire à cet homme qui était étendu là, mounnt, que son cœur ne renfermait plus rien pour lui san s songer un seu l instant qu'i l soullrira it, qu'il n'aurait plus de raison de vivre. Et qui savait si ce n'était pas le désespoir de se sen.tir abandonné par celle qu'i.l aimait tant, ~ui l'a vait poussé à se jeter au-devanl des bal les, des obus et des shrapnells? ... Ah! ~a·ns l'aveu qu'elle lui lit avec s i peu de mén:~gement, il est sûr qu'au jour de h mobi l i~:llion, il aurait lait son devoir et se ser:tit r.éparé d 'elle pour courir .._u secours du p:~ys; ma.is, sttr les champs de bataille, il se füt 111oins fo llement exposé . ... Tandis que seul , ayant perdu l'amour de celle qu'il adorait , en désespéré, il était allé au-devant de la mort. Et elle frém it, en songeant que ce n'étaient pas les Allemands détestés qui avaient couché lienri su.r ce lit de douleur, mais elle, mais son lâche égoïsme! Et un grand dégoût la prit d'elle-même, et de tout son passé. Elle sentit naître en son cœur un immense besoin d'amour, ie dévouement, d'expiation, de devoir. Henri venait de se réve.iller. JI ouvrit les
yeux, regarda autour de lui et aperçut le visage adoré de sa Georgette .... Il passa 11 main sur ses yeux, se demandant s'il n'était pa s te jouet d'un rêve: - Toi .. . loi .. . ma chérie .. . Toi!. .. - Oui. .. moi, mon Henri ... Moi qui te supplie de me pardonner, moi qui me re,ens, moi qui t'aime!. .. - Georgette. . . ma Georgette!. . . balbQ. liait Henri. E lle lui lerma la bouche par un baiser. - Tais-toi ... dors. .. repose-toi ... ditelle, tu guériras ... et nous serons pour toujours l'un 1t l'a.utre ... Je t'a ime. mon Henri! - Georgette ... ma petite Georgette! ... répétait Henri, extasié. A ce moment, on frappa à la porte; uae servante pénétra, disant à voix basse : - M. le vicomte de Virieu demande à pu. 1er à Madame .... Georgette tressai·Hil: - Dites à M. de Virieu, répondit-elle, simple et digne , qu'il m'est impossible de le recevoir. Mon mari vient d'être amené ici, tm g ravement blessé. Je le soigne et repartiriJ 3Vec lui quand il ser3 tout à tait guéri .. .. Paul FOURNIER.
Après une année de guerre De la ,Semaine religteuse", de Bourges: Tous les jours, depu is que cette guerre est commencée, nous nous !"tlrouvons avec Il ntême impatience et la même anxiété de connaître les év61emenls des dernières vingt· quatre heures; tous les jours nous recommençons les commentaires de la veille, et nous nous poso11s les utêmes questions: Les Russes tiendront-ils? les troupes anglaises ont-e lles leurs munitions? l'olfensive des A}. liés va-t-elle se produire enfin? Parfois let réflexion s passent dt: domaine militaire au domaine moral, et la très grave question des responsabilités nationales se pose: cette guerre n'est-elle pas un juste châtiment pour telle 011 telle nation, qui a prévariqué? tel autre .pell· pie saura-t-il reconnaître que la main de Dieu ne le frappe que pour le !'lauver? Mai s au milieu de ces terribles faits quo-
hdiens,. combien pe~ d 'entre nous sc posent cette s1mple queshon: sommes-nous meilleurs, depuis que la ·g uerre étend ses ravages sur le monde? Avons-nous d'abord, compris la leçon de Dieu dans les tragiques événements qui déso· lent l'Europe depuis 14 mois? Avons-nous prêté une oreille suHisamment attentive à la grande parole du Pa.p e; et si nous l'avons religieusement écoutée, avons-nous su mettre fidèlement en pratique ces enseignements salutaires sur la guerre et ses véritables causes? Les libres-penseurs regardent cette guerre, el toutes les guerres, comme une simple col· lision d'intérêts politiques, sinon de forces aveugles et brutales et qui n 'aurait aucune relation avec l'ordre· moral ou avec l'ordre surnaturel. Pour un catholique, pour celui qui a le bonheur de jouir des lumières de la foi , ces terribles événements entrent dans les desseins adorables de Dieu, qui gouverne les rois et les peuples et sans la permission duquel pas un cheveu ne peut tomber de la tète d'un seul homme. Dieu, nous le savons par l'enseignement traditionnel de l'Egli se, permet les guerres pour l'expiation des péchés du monde. • Lorsque !'ilme humaine, a dit le grand penseur catholique, Joseph de Maistre, a perdu son ressort par la mollesse, l'incrédulité et les vices gangrenés qui suivent l'excès de la civilisation, elle ne peul être retrempée que dans le sang. • Louis Veuillot écrivait en 1870:. • Quand les crimes de ]a terre, poussés au-delà de toute mesure, fatiguent enfin sa patience, a lors, laissant agir les causes secondes, Dieu se sert de la guerre pour punir et corriger en même temps cette corruption; et il déchaîne ces cruels événements que sa int .'\ ugustin trouve néc.. ssaires: • Clades quibus per certa intervalla Jocorum et temporum genus humanum opurtet afiligi . • Terrible • il faut!, En déchatnant les iléau x Dieu nt laisse pas de s'en réserver la conduite. La sentence est d'un juste irrité. le résultat révèle le cœur d 'un père. 11 uéchaine les maux de la guerre. Il les arn!le, il les répare et le champ le plus. dévasté est celui qui donnera demain les plus belles moissons. • Nous sommes-nous efforcés, depui s le déchaînement de la guerre, de mettre n11tre co•.iduite plu s en harmonie avec ces grands principes, que nous savons vrai·s. faisons-nous pénitence? Souffrons-nous avec plus d'humilité et plus de résignation? Sommes-nous plus
obéis~auts aux préœples et aux lois .Je la Sainte EJZlise? Notre dimanche est-il mieux sanctifié? Les parents sont-il plus respedés el le sa lut éternel des enfants est-il mieux as~uré par .les pères et mères? Les saintes lo1s de la tempérance sont-elles mieux observées? Not re vie publique s'est-elle faite plus chrétienne? Nos législateurs tiennent-ils un compte plus respectueux de la doctrine et des intérêts de l'Eglise dans les projets de lois qui sont soumi s à leur étude? Prions-nous mieux et plus souvent? Enfin , sommes-nous vraiment meilleurs? Seule, ne l'oubli ons Ja1uais , la sa ncliitca· iion des peuples par la véri té, par la péniten· ce el par la prière, pourn assure r au monde une paix durable.
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Vaiiétés LE CINEMA CONTRE LE .. . MAL DE MER Le cinéma est tout. Je cinéma est partout, nou s sommes à l'âge d'or du cinéma! Si quelques personnes s'égarent encore dans les théâtres ou les concer-ts, il y en a , par contre, plusieurs millions qui, chaq ue jour, assistent aux représentations cinématographiq ues. le cinéma tograplte, cependant, semble n"être pas toujours destiné à rester uniqJeml"nt un moyen de distraction. On l'utili sa it déjà comme agent de vulgarisatio11 el d'éducation pour les enfants, voici maintenant qu'un groupc: de médecins a llemands vient de lui découvrir une influence salutaire contre Je mll de mer. L'expérience a é!é réalisée tout récemment ~ur un paquebot de la • Hambourg amërican line •. Les docteurs avaient fait installer à bord •lit appareil cinématographique el ils atten• dirent que les effets du mal de mer veuillent bien se faire sentir. Ils n'attendirent pas longlemps ct furent servis à souhait, car, précisément, il faisait • gros temps •· Tandis que la tempête faisait rage et que ~ ur la mer démontée le bateau tanguait el roulait désespérément, l'opérateur projetait sur un écran éblouissan t de blancheur devant les
185 spectateurs rassemblés des scènes de tout repos, teHes que paysage de soleil, vues de montagnes couvertes de neige, scène.o champêtres et pièces comiques. L'effet iut merveilleux et pas un des passagers n'éprouva le moindre malaise pe11dant les quatre heures que dura cette représenta· tion de santé. Bien mieux, quelques sped:t.triccs qui avaient ressenti les premières a Heintes de l'alircux ma l, lurent même guéries par la contemplation réconforlante des films et tout le monde regretta vivement que la compagnie n'ait pas pourvu son cinéma d'une plus grande quantité de vues reposantes. Voilà donc une nouvelle méthode de guérir le mal de mer. Le cinéma devient la vt· ritable panacée universelle et nul doute que les grandes compagnies transatlantique<; ne fassent bientôt installer à bord de tous leurs paquebots u~ salle spéciale où il f aura • cinéma • pendant toute ·la traversée. Sentirez-vous votre estomac agité de mouvements inquiétants? Bien vite, vous courez prendre une place au ci•nématographe, el tout rentrera dans l'ordre, c'esi du moins ce que prétendent les docteurs de la • ·Hambourg American Line • . et c'est ce qui semble ressortir 1e leur curieuse expérience. 0000000
R5PONSE HABILE M. de Chabrol était tout jeune préiel à Montenotte, en ltalie. Un jour de .réetp!ion aux TujJeries, il se présenta devant Sa Ma· jesté Napoléon. Celui-ci, en voyant le fonctionnaire, fronça le sourcil, prit une mine sévère et, ·l'inter.pellant brusqutment devant toute sa Cour de maréchaux: - Monsieur le préfet, lui dH-.il , comme-nt se fait-il que vous soyez ici ce soir? Il me semble que vous n'avez pas encore demandé de congé depuis que j'ai signé votre nomination et je trouve fort étrange que vou.; ayez quitté voire poste sans permission. Qu 'êtes· vous venu laire -à Paris, sans une autorisation dt> votre chef, le ministre de l'Intérieur? - Sire, répondit Je jeune homme en s'inclinatd profondément, je suis venu visiier mon père qui est âgé et gravement malade et j'ai
cru pouvoir profiter de l'occasion pour rendre mes devoirs à Votre Majesté. - Monsieur, interrompit Napoléon, vous êtes trop jeune pour savoir que le souci de J'Etat passe avant la famille; je regretle d'être forcé de vous le rappeler aussi sévèrement. Mais on me prése-nte toujours les admini~tra· leurs qui désirent des postes de préfet, l l'âge où les enfants ordinaires sortent à peine de nourrice. Ils manquent de sérieux ~t de iond et je n'en ferai jamais rien. Quel â&e avez-vou·s , monsieu.r de Chabrol?. . . Qu.nze ans à peine, je suppose? En tout cas, voua ne paraissez pas être p.lus nisonnable. - Mon Dieu, Sire. répondit le jeune prf. fel, qu i ne se laissa it pas inti mider par Ja boutade du souverain, j'a i juste l'âge qu'avait votre Majesté lorsqu'elle gagna la bataille d'Arcole. L'empereur, furieux, tourna le dos sana moi dire, ma.is quelques jours plus tard, au grand étonnement de .tout son entourage ~~ de sa famille surtout qui redoutait une disgrâce, M. de Chabrol était nommé préfet de la Seine à la place du comte Frochot, qui s'était sotte. ment laissé compromettre dans la conspiration du généra·! Malet. L'empereur avait (ail justice à l'admirable présence d'espr it du jeune administrateur.
Le Mois des Morts et la Guerre ==-::::-...;..::::--
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frances, demandons pour les morts cie la _guerre ! ~éternel repos, la p.:.dx, cette paix q~e Dieu seul peut d onner. Co?tmuons à demander à ·l a divine Providence, dont •les desseins sont ins~ndables, 1~ fin de cette guer·re atroce, que les anci~ns ~ppelaient déjh horrible guene, detestee des mères.
Dans -l'Eglise cafholique, le moi•s de Jl{)vembre est _consacré à la prière Pour les morts et_ a leur souvenir. Nous allons donc pner pour tous les fidèles tré, et en particulier pour nos ~hers · pour nos bienfait~urs et amis · ·~ous ceux que la justice et Ia re~ nais·s~nce nous font un devoir de ne pas oubl~r; mais nous aurons aussi llfle pensee, une prière spéciale pour les morts de la guerre, pour ces milliers D'ici, la s~ule chose que j'aperçoive aupauv:res sol~ats morbs sur les. dess~s de moi, c'est Je ciel ou Je peux comde batalle, victimes de cette m~mer par une prière avec les chers miens guerre, plus cruelle, plus meur- qlll le contemplent de là-bas. . Qu'i l soit azuré, noir ou étoilé. nos pen'"''"~~,...~q~ue tout~ .!es autres; victimes et sacnf1ees sans pi·tié; victi _ sees e~ nos. â~lles peuvent s'y rencontrer d 'auhl~ll P•US aisement qu' il nous dépasse et ~de mort subite et atroce peut-etre avec la colère, Ja bai: tres humble image de _Dieu, il esl partout ~~e~ me,_ dans la pla me et jusqu'au fond de la ven~eance dans le -cœur, victi- lala coll 1;anchee. ensev~hes! dans une fosse commu. C'est pourquoi. Seigneur Jésus, tantôt ''éun heu mconnu, à la lisière d'un leve les yeux pour vous prier dans la haute~r dans ~n pré solitaire, au milie~ et tant<?,t, da~ts la profondeur de re trou d: champ mcu1te et désert. terre, 1 appuie, comme saint Jean le front . t C?~bien il Y en a de ces infor(u- c.~mtr~ votre poitrine: ô vous qui .n'êtes l lllu stOn.' mars · qu ·r e• tes cette personne· par.pa~ VIcttm~ ! C'e~t p ar milliers qu'el000000 lou! presente comme Dieu qui nous . d ' l a la fo1s dans ·certaines ba- I']U'elle est ·là. a ' Et nous n'y pensons pas nous • - C'est très beau de porter la barbe. Oui, vous êtes dans ce ciel visible et vous . uous ·!~entons de la ))l'rte d'~ne ou mais c'est bien assonuuant quand H faut Il ~les rlans ma prière; dans la plaine,' et vous deux VIctimes dans un accident 1 démêler tous les malin s! ~ans mon corps; dans la tranchée. el ~a guene _-continue son œuvre ~au et<'s - Pourquoi, papa, ne fais-lu comme p'tite \'Ons etes au fond de mou âme. ' elle contmue à brandir son gl'aive mère; tu n'as qu'à J'enlever le soir ct la reC'est vous qui rapprochez les êtres en fauc'~er dans les armées, comme le fait I'Ol!S rapprochant d'eux. mettre le -matin, comme p'lile mère lait avec culhv~te~r au l!lilieu de sa moisson. ~ue vers vou ~ ~'é lève ma prière trois lois ses cheveux. On fremit en hsant les descriptions P~r Jour C?rnme l'Angelu s, tr ois fois par jour • ma,ssacres que les canons les mi- f~lfC's ~ ~~~ ~~ _n re retrouve avec les miens dans * * • Théorie ct pratique. ._,,ultt:ut~t::s. les baïonnettes font 'dans les vot re rn iJmtle. '\ l'a~hc. rruand la lune pâlit dans l'atr Le colonel à une jeune rel:rue. - Le codes soldats. C'est du carnage r ~kl~·e qu, achèvP de m'éveiller, ra-pprochezlonel doit être considéré comme le père de la boucherie •humaine! 11101 de mes petits enfants dont Je crois surson régiment! Mon Dieu! que de mère.s et de pères pren_dre Ir s,?ufllt> ; ils donnent encore. Qu'ils - Bien, papa! · . ·l a mort de leurs fils! que de Conhnuent d rgnorer les dangers que je cours· _ Vous aurez quatre jours d'arrêt . mconsolables! que d'enfants arrue la guerre dont ils entendent parler n'el: vous être liché de moi! ms! Dans certaines contrées pres- fraye pa_s leurs imaginations davantage que tou~es les fami:Ues sont da~s les Je doux Jeu par quoi ils l'imitent l'après-midi à. la r~créa1ion! Rapprochez-~oi de leu~ et 1e deuH! · mere q~t les garde à son ombr e, qui bientôt de tant de malheurs et de souf- les asststera dans leur lever, baisera leurs
Prière composée dans les tranchées
186 pauptères, joindra leurs mains, les vêtira, leur servira du pain et du lait. Rapprochez-moi de mes père et mère tenus :longtemps hors du sommeil par l'évocation confuse, dans I'obs· curité de Ieur chambre pacifique, d'un champ de bataille lointain. Rapprochez-moi de tous ces aimés! Que jf' les entende vivre au réveil dans 'la demeure de mon cœur! le cœur, lorsque vous l'habi· fez, ô mon Dieu, n'est-il pas comme la tente patriarcale que l'on ne déplace que pour la redresser avec, sous sa toile, tous ses hôtes et vous-même? A midi, lorsque Je soleil dans mon pays domine le plus vieux groupe des chênes d~ l'horizon et, k i. surplombe cette ferme qut, dans le ciel, se détache de la longue continuité de ces plateaux qui ne me sont pas !~mi liers: Seigneur, réunissez-nous encore dam la ferveur que vous nous inspirez. Je revois, à .Ja table fru~ale , ces petites bouches dont on dirait que chacune, tant elle est rose, n'est qu'une rose; l'une d'elles s'entr'ouvre, peut-être, pour demander si je reviendra i bientôt à ·l'épouse austère et soucieuse qui est en face de la plaee vide où mon absence demeure. Mon père. fatigué, Telève la tête lorsque retentit Je marteau de la porte sous la main du facteur: Est-ce une lettre de mon fils? Est-ce une lettre de mon mar!? Est-ce une lettre de notre père? Ainsi s'interroge-t-on à part soi. Si ce n'est pas une de mes lettres, que ce soit du moins ma prière qui c01mnunie avec ces amours qui n'en font qu'un. Seigneur, laissez venir vers moi ces petits que vous avez laissé venir à vous. Seigneur qui ne faites qu'un avec votre Père saint, j'emprunte à votre parole pour vous prier ainsi: gardez dans votre nom ceux que vous m'avez donnés afin qu'ils ne fassent qu'un en vous, avec moi. Mais voici le soir, qui est le plus attris· tant, ici, ·pour moi, et sans doute :pour. le.s miens, là-bas. C'est l'heure de l'angotsse mdlcible. Que je vous redise, mon Dieu, les mots qui vous inclinèrent à demeurer auprès des pèlerins d'Emmaüs au moment que votre cher visage allait s'éclairer pour eux d'une lueur singulière qui, déjà, rendait leur! cœurs tout brûlants: • Restez avec nous et nous serons plus forts que la mort n'est forte.
Le lroid, l'humidité vont envahir de Jll4lll en •plus la tranchée. C'est l'heure où mes petits rentrent de Pf. cole pour souper. Je les prenais sur mes 11noux pour qu'ils babillassent. Et je pres111a contre leurs joues fraîches ma joue qui • connaît plüs que ·le baiser de la crosse da fusi~. Et 'ils ne savaien: pas. t:t ~vant que le partisse pour le Iront, tls me dtsatent: • Noaa ne voulons. pas que iu sois tué. • Sous Il lampe, ma lemme coud, impassible sait paraître l'énergie. Et les deux ...·a·'"··-u s'assoupissent, les traits tirés. Seigneur, je ne vois même pas le ciel ,,.. toiler. J'ai peur d'être sais i d'angoisse. Il • faut toute ma force et tout mon calme. vous plus dans les ténèbres avec nous? • La paix .soit avec vous! C'est moi. Ne craignez point. • (La Croix.) FrlMCis ] AMME~.
N-
Demain L'homme s"agite et Dieu le mène. adage antique n'a rien perdu de sa force tt de son actualité. Si, avec Bossuet, nous n'avons qu'à ouvrir les annales de universelle pour y découvrir l'action de la Providence sur les destinées de l'humanité, à plus forte raison devons-nous envisager les événements actuels sous l'angle desse ins providentiels. Ce n'est évi pas pour fa ire les affaires de la libre-pen* et de la révolution que le souverain Maille de l'univers a permis le déchaînement d'ull catastrophe qui n'a de comparable dans l'hito loire que le Déluge et l'invasion des· Bari• re\es contemporains et les contempteurs de Noé, après avoir méprisé ses avis, virent soa. dain leur civi•lisation corrompue s dans un cataclysme qu semblait la fin de chose. Ils ne se doutaient pas que Dieu noyait le g'lobe que pour le purifier et préparer une meilleure terre au peuple de Dieu, d'oCt devait sortir le Messie. Lorsque l'empire romain, ce chef-d!œuYit de la force et de l'habileté humaine, s'effolo dra sous les coups des hordes sans cU'I.tllllt• et sans discipline, on put croire au ssi que tait la fin de tout. Vandales. Go ths. Huns ! connaissaient que la dévastation et le t nage. Ei cependant, de tout ce chaos, le
tianisme fit jaillir un ordre nouveau. Une société plus belle, plus humaine, plus idéale, ueurit sur le sol européen labouré par la tempête. Dieu avait accompli son œuvre dans ce branle-bas de l'invasion barba:re. S'imagine-t-on maintenant que l'Europe en sang, dans l'avenir qu'etle lorge par le fer et Je leu, prépare simplement 1lll lit de roses pour les Combes et Jes Caillaux, pour le sultan rouge ou pour le Grand-Orient franc-maçonnique, pour tous les gouvernements qui 6nt renié Dieu et l'ont insulté publiquement? Souvent le peuple paie pour les criminels. Témoin les vingt-sept mi!lle honuues qui pénrent ·à ca.use du blasphème de Bé.nadab Toi de Syrie. III Reg. XIX. Les Saintes Ecritures rapportent aussi la tercible punition du blasphème de Sennaché. Ib., IV Reg. XX. Et à notre époque, que voyons-nous? Le règne des blasphémateurs officiels du siècle, des persécuteurs de la vertu, des semeurs d'iniquités qui ont conduit les peuples à l'apostasie officielle, des « éteigneurs d'étoiles • en un mot, nous offre-t-il un autre spectacle? La moitié du beau ciel étoilé de l'él•ite inteJ.Iectuelle de la France s'est, en elfet, éteinte dans la :tourmente. Que de héros, de génies, de savants, écrivains, artistes, peintres, poètes, ont été envelooppés dans le manteau bleu de 1a mort. Les masses de blessés ont éli entassés, dans la nuit, en montagnes hurlantes de douleur. Les fleuves ont charrié des cadavres et les étoiles ont cessé de 'luire. Dieu ne dit rien, mais il paie, L'histoire de tous les temps est là pour nous l'enseigner. Cependant la Providence n'envoie pas à la terre de si .terribles leçons sans avoir des desseins miséricordieux à réaliser. A nous de répondre aux vues miséricordieuses de Celui qui n'éteint pa~ la mèche fumante encore. Que l'Europe de demain ne ressemble pas à ceLle d'hier, dans son aspect Teligieux et moral, dans sa conception de ·Ja vie et des destinées humaines, c'est le désir de tout honnête homme. Si, après cette effroyable mêlée, après cette ailreuse banqueroute d'une civili.sation qu.i a banni le Christ de ses lois et de ses institution·s, l'Europe devait retourner à ses • vo-
missements ., comme disent les Livres saints, c'est pour le cou,p que Dieu lui retirerait définitivemeot la maîtrise du monde et lui en· lèverait son sceptre .pour le passer à un autre continent, comme il déposséda jadis Ninive · et Babylone. Pour les chrétiens, qui ont approfondi re sens de la vie et qui pèsent toutes choses dans la balance des principes éternels l'heure est .pleine d'enseignements, de réflexi~ns de tra' vail, el de devoirs.
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Alors, Caporal ? Pour lors ... comme ça ... où qu'on nous [ource? dit le caporal. - Mon cher. . . un paquet de tabac que 1u ne devines pas? A la mairie? ... - Pas du. tout. - Au château? ... --. Avec le colonel!. .. Tu n'es pas dé· goûté! ... Vautre hésiia . . . . Mais, pris d'une sub~fe méfiance: - Pas chez le curé, au moins ... ? - Tu y es! ... - Ah zut, alor.s!. .. Et il remonta la bretelle de son fus il d'un ges1e considéralblement ennuyé.
* • •
Ça, c'est sa chance!. .. Avoir fourni une étape formidable saus presque manger, sentir sa fl3ne11e mouil-lée, ses pieds comme des fers à repasser. . . . Et quand on voudrait être libre, pouvoir s'étendre ... V•lan!. .. on tombe chez un ratichon! - Ce qu'on va être gêné avec œ paTticu· lier-là! ... - Oui. . . c'est pas des hommes comn;e qui dirait nous autres! ... - Leur~ grands cheveux, leurs ·boucles aux pieds, leur bréviaire, leur robe, leurs manières onctueUoses .... S'arrêtant net .s ur la route: - Et puis, c'est veadredi!. . . Mon cher. nous sommes .p erdus! . .. il va nous faare jeûner! ...
188 - Ça ... tu sais ... j'avalerai plutôt la bonne! ... - Je l'entends d'ici: • Mes frères. . . depuis combien de ~ps ne vous êtes-vous pas confessés? . .. Pensez à votre salut! ... • fh bien, ça va être gai! - Que si. .. on tirerait an ilanc? . .. - C'est 'Une idée .... Es-tu en fonds? Le soldat sortit son mouchoir en défit un coin et comp-ta trente--deux sotas ~t deux bou· tons. - MoL .. •j'ai trois francs. - Et alors? ... Ils se regardèrent, hésitan [s .... Tout d'un coup au détour d'un senlier qui aboutit à la rivière, une bicyclette appa· raît, lancée à vive alJUI'e. Sur la bicyclette, un grand corps noir .. grand! .. . grand! . .. large chapeau en arnè· re, ceinture ramenée en avam .... - Ça y est! ... dit le caporal, le voi là ! - Ça y est! ... répète le soldat .... - Et il est de taille! ... En ef!et, le grand homme noir met pied à terre à côté d'eux. Il n'a pourtant ni longs cheveux, ni boudes, ni mamères onctueuses. Ils se regardent, hésitants . . ..
• - Di1es-donc, vous autres, c'est chez moi que vous allez ... ? - Peut-être bien, répond le capo.ral. - C'est pas diUicile à devmer! ... Ce che· min-là ne conduit qu'au presbytère. Et même vous en avez, un compas! ... }'étais allé vou ~ chercher pour vous emmener en bateau el le lourrier n'a pas pu mettn: la main 'sur vous. . . . Ah! c'est le nouveau sac? . . . Fa\tes voir .. . . Plus de cadre en bois .... Veinards! ... Vous n'êtes que deux? ... on m'a· vait dit cinq! - Oui. . . il y en a trois l:Utres qui vont rejoindre. - On peut déjà mettre du iourni·ment sur la bécane.. . -les fusils, les.. . sacs.. . Ça fait toujours autant de moins! Et, d 'une main experte, le curé improv;se un paqueiage de fortune, se retournant ,;ou-
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vent :sur la route pour voir si les autrea para1ssent pas au bord de la rivière. Le caporal le regarde du com de 1'. · :11 peu déseffarouché. œ ' - Il a l'air d'un bon type. . . c'est curé comme le dépeint _mon jo~rna·l ... ~~ tout, allo~s-y! ... le vm est ttré S il confesse, on verra bien . . . . lllt
..
• *
Deux heures après.
La glace est archifon.due .... Cinq soldats, dans une sot, fument, qui tour d 'une table de grande fête. re~x,
la cravate défaite, l'air heq. bonne atmosphère de chez une pipe, qui un cigare 11• dressée comme e11 un
'jO:,.
On a dû bien soigner l'armée, car les lare, sont réjouies, et la conversation animée .... On mélange des vieux souvenirs. . . on df. couvre que 'les vies, si différentes en apparence, son,t comme nattées les unes avec les autres par des liens qu'on ne soupçonnait pas .. . . Ce curé-là, mais il est étonnant! ... On lui enverra des cartes pus tales . . . c'est un ami ... un frère! Et com1,1e la véri1é devient évideitte par sa seule VJSion, la présettce, sans intermédiaire, de ce prêtre le rtnd aussitôt très cher et très aimé. A u.n moment, le cu,ré, qui préside la table, frappe avec un couteau contre un verre: - Maintenant, il faut aller vous coucher! Vous avez chacun une chambre; slil y man· que quelque chose, dites-le moi Vou.s me passerez vos gamelles tout à l'heure; je vous les remplirai de café. . . . Et pui~ la bonne Ira donner u.n coup de fer à l'intérieur de vos tuniques .... Toi, tu tousses rudement veuxtu que je te badigeonne de teinture d'iode? .. . Paffaire d'une mim.~te! ... Mais, Monsieur Je Cure! - Mais quoi? . . .
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Et ns montent, les uns après les autres, u.u premier étage. . . . C'est propre, c'est gtn· !JI! . . . on sent que tout a étt arrangé ave.: amou,r . ... C'est pas un curê, c'est maman! I.e lit est ouvert et fleure 111 lavande ....
ça
va-t-y être exquis
d~allonger
ses pauvre>
jambes ,)à-dedans tout à l'heure! . . . dans à J propre! .. : dans du frais!.. . dans ci'J doux! ... Et pUis le verre d'eau est .préparé avec sa carafe bien claire, son petit flacon de cognac et du sucre .... Il y a même de bons chau<>sons qui semblent appeler leurs pieds fourbus et Iéttr dire: , Venez donc vous fourrer là-dedans! . Les pioupious nagent dans 'la joie. . . th vont se rendre une petite VJ !>ile d'allégres;:;e tes uns aux autres. - flein! mon cher . .. le colonel, il est pas mieux.... Quand on va raconter ce • boulo • aux autres!!. .. - Pour un fromage, c'est un fromag.:! - Viens donc voir mon lit... Tâte-moi
ça! ... - Et le mien, mon colon, on di.rail un précipice!. . . - 11 y a pas ... faut que je ronne à lam~ Eclater les solives! .. . - Pas trop. .. hein ... s ans quoi!! . . . On fai,t le tour de chaque chambre ... on cherche à distinguer le paysage. . . . La !un·! se lève, claire et froide, au-des3us des champ:; londus .... La rivière, toute proche, semble être un ruban d'a,rgenl tombé au traver~ de la campagne sombre; et, dans le lointain, on entend les cris des oiseaux de nuit .. . .
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Ils a'llaient se retirer, chacun dans son palais, quand l'un d'eux les appelle. - Arrivez tous! .. . -Quoi qu'y a? . . . De l'autre côté de 1a cour, en face d'eux, dans la ,grange, une toute pelile lumière vient de s'allumer .. .. On distingue, aUant, venant, une grande iorme noire. - ... C'est le Curé? ... -Oui! ... Ils le voient charrier deux bottes de paille sur 'la terre battue, les ouvrir, se mettre quelques instants à genoux .. . puis, foui habiilé, s'éten.d re sur les gerbes. - Je devine le coup. . . . Il est seul à ne pas avoir de lit!
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Même pas un duvet! ... Pour un chic type, c'est un chic - Cristi, s'écrie le caporal, si tous curés étaient comme celui-là! ... A tout hasard, et polli' répondre chef hiérarchique, un soldat dit en clan! son ceinturon: ' - AJo.rs, comme ça, subséquemmen t en connaissez beaucoup de curés, capo'ral ~ -Moi? - Oui. - j'eu ai jamais tant vu que ce soir! . ._........, PIERRE l 'ERMITE.
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La Planta (Extrait de .J'ouvrage ~ FILS DE LEUR SOL »7 Récits de la mobilisation suisse 19141915, par un capora1 de la batterie 2 de montagne (Henri Naef) . - Neuchâtel, chez Delachaux & Niestlé, éditeurs.) :-· ~ . ...~.,{ ) La Planta. Place vénérable! Sol piétiné pâr tant de régiments, cuirasses et piques, marions et hallebardes, mousquets des habJi;; rouges et tuniques bleues aux boutons d'or. Terre chaude, llamboyante au soleil couchant! Le Haut-de-Cry hérisse vers le ciel ses écailles d'acier. Du coteau mauve et brun de Sa· vièse l'air fraîchissant descend, et des paillettes d'or ruli.lent dans l'atmosphère. 0 Planla! combien de lois t'avon.s-nou.s foulée ùu pas lourd de nos soul iers ferres! Combien de lois te fou lerons-nous encore! C'est au début d'août. Dans les rues, sous les avenues, sur les places, to,.ts les uniforme~ se touchenl., Sur les trottoirs, plusieurs cent~ mètres de longueur, les fusiliers de trois bataillons ont formé les iaisceaux. Les anilleur.s couchent dans les corridors du collège. Et en se réveilhmt, on ôte la paille qui s'accroche aux chau?settes on met ses sou'Üers, boutonne la vareuse, boucle le ceinturon et on s'étire. Pour aller aux cuisines, on prend des chemins étroits en cul-de-sac et ie malin, pour toucher le chocolat, on déiilt> deux à deux de-
190 vant les cuisiniers. Ils sont trois. Un distribue 'le pain. Il le prend dans un grand sac de serpiHère. Les deux autres puisent dans des bidons de fer battu. Et l'on p\!nche Ja gamelle sur 'le bord du bidon. Et l'on regarde au fond avant de la refermer. On n'en reçoit que deux pochées. Et • ceux de la Une , di s:!nl en scandan t les mots comme des litanies: c Plus que plein la gamelle, on donnera bien pas! • C'est par manière de plaisanterie. Et quand ils arrivent trop tard, les chaudières sont vides. Alors ils se rentournent ·le ventre creux, en disant aux copains: • Le chocolat l'est bon. Mais il faut le boire même! • Toute la journée on est à l'arsenal. C'c5t un long bâtiment. H y a devant deux vi<!ux canons. POLtr y entrer on peut passer par deux hauts portails. Ensuite, on marche sui des g.raviers qui crissent et empêchent d'avancer. Et, des hangars, on a sorti ,les bâts, les cordes, les outils de ,pio.nniers, le ma1ériel d~ réserve, les piquets de campement, les .planchelles pour le foin et pour la pai.Jle, les sacs verts pour l'avoine, les corbeilles à viande ei celles de cuisine, les caisses du vétérinaire et les corbeilles sanitaires. Et puis, on a sort1 des limonières et les ·petits canons. Et puis, on a touché les mulets. Les proprié.taires les ont amenés. Maintenant, ils sent attachés aux gri'iles. Les conducteurs les ob· servent pendant que les officiers n'y sont pas. Ils chois issent leur bête. Tout à coup, ils font· brrr. . . . en levant les bras .pour l'épouvanter. Si elle ne rue pas, si elle ne bronche pas, ils s'arrangent à la garder. EUe est gentille. Mais, en général, elle rue.
La Planta s'est vêtue de gris. El-le est triste. Le soleil aujourd'hui s'est enfui. Le ciel pleure. Sion est défigurée. Les bataiLlons sont massés sur l'esplanade. Et les batteries les côtoient. A l'Hôtel du Gouvernement, le Conseil d'E!at se tient • in corpore •. Un officier d'état-major représente le Consei·~ fédéral el harangue les soldats. Ji lit ensuite les articles de guene. C'es1 J'heure du serment. Le képi sous le bras gauche et
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levant deux doigts de la maan droite avons .tous dit: • Je le jure! » ' Quelques-uns plaisantent, pour faire blant. Beaucoup ont des chatouillements le cou. Et les femmes au.x fenêtres p~eun111 ,1 dans JeuTs mouchoirs. • Je le jure •.... frisson a passé. Cela esl décisif. On entre ea campagne. Peut-être est-ce la guerre che& nous. On se demande où l'on va, et si l'Oil reviendra. En cet instant, dans ,Je cerveau nent les pensées: Quelle est cette 'patrie que je m'engage a défendre? Que représente-foele pour moi? L'on me contrail't de lui iU1tf obéissance. Lui serai-je fidèle? Je ne sais 1111. Et pourtant je ne cherche pas à me dérober. Voici que je ~ui a'liène d'un seul coup lill liberté, ma volonté et ma conscience. Et je QI suis plus qu'lin serf entre ses mains. Je lui appartiens. Je ne suis plus à ct-ux que j'ailllt ni à moi-même. Je suis à la pakie. Et je ue sais .pas ce que c'est. Les définitions habituelles ne suffisent plus. Et l'on se trouble, et l'on uemble. Tel un moribond devant le mystère d'outre-tombe. Mais on a juré. On ne peut plus raiso~. Il est trop tard. On se sent lié pour la vie et la mort à cette patrie que l'on ,ignore, l ceux qui portent l'uniforme bieu, au col rouge, agrémenté de deux grenades, et, sur lipaule, la patte verte au chiffre rouge. L'aumônier a fait ensui-tc un beau ditcours. Mais rpersonne ne l'a écouté parce qu' on causait avec soi-même. Et nous sommes :partis. El Sion a pris 81 tranqui'llité coutumière. Et le samedi, Il Planta a vu :revenir les vaches, les génissea et les petits cochons dans aes poussettes. Et les femmes aux robes courtes et plissées, aux souliers décolletés, et celles aux fichus !l"ouges et aux bas b lancs, en ont vendu et en ont acheté. Seulement, il y ava·it moins de jeunes hommes et moins de mulets. ,l
Sept mois après, nous som11es revenus. La vieille place a de nouve:w frémi soul le :pas ·lourd des bataillons. Seulement, les sections, en coJonnes, sont maintenant alignées et correctes. Le lieutenant-colonel, rhel
VIe régiment, à cheval, domme la foule. commande, en forçant la voix : • Sixième ·ment: Portez . .. armes! Reposez ... ar• Et d'une seule masse. on sent le sol s'ébran1e, et ·le fer qui bruit comme un coup de vent dans les sapins. On qu'il parle. La fanfare joue. El, du cendes bataillons, trois drap::-anx se meuvent le ilot d'<Wgent des baïonnettes. On les glisser sur celle mer comme des voiles Les bannières s'arrêtent devant Je régimen' qui, du sabre, les salue. Puis, solennellement, d 'un ges1e sacerdotal, les porte-dra· peaux gravissent les marches de l'Hôtel Gouvernemental. Ils sont entrés l'un après l'autre, et les emblèmes de la patrie pour .lesquels dans les batailles on donnerait sa vie. reposent inertes et roulés dans leur fourreau de toÏ'Ie noire. L'aumônier sur l'au1el surélevé a célébré la messe. Il parle aux soldats de reconnaissance et d'honneur. Mais ils n'écoutent guèn:, car les paroles les endorment. L'émotion ne les étreint plus. Ils savent qu•è la patrie ce n'est .plus un mot. Ils n'aiment pas en eniendre causer. Mais ils sont préls à la défendre et décidés à l11.1i donner leur dernier souf!le. Et cela est trop grave pour qu'on en parle. Ils ne s'émeuvent plus: ils veulent. Et s'iL fallait partir, ils iraient aussi calmes qu'ils sont calmes aujourd'hui. Et c'est pourquoi les soldats défilent en cdlOJmoe de marche, sans pleurer et sans sourire, i:ranquiHes e{ indifférents. Ce sont presque des grognards. Ils ont fait sans effort leurs quarante kilomètres par jour et leurs jarrets sont souples. Rien ne les étonne. Ils sont prêts à tout. Ils ne s'enthousiasment plus de rien. Ils rechignent sempiternellement. Mais s'il fa'llait repartir, par un ne manquerait. Planta! Vieille P lanta! Nous venons de tc quitter. Quand nos durs souliers ferrés tc Iouleront-ils à nouveau?
Variétés
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PARLONS FRANÇAIS Extrait d 'UII réquisi·toire prononcé rckemlllent au cours d'un procès sensationnel: Il était inexcusable, ayant une mère comme la sienne, qui pouvait lui servir de plan· che de salut pour marcher dans la vie. Dans un fait divers: Cet individu cherchait depuis longtemps un terrain propre à pêcher en eau trouble, mais on espérait que sa tentative sera,it fau· chée dans l'œuf. Opinion d'un confrère sur le panégyrique de Bossuet par Mgr Touchet: Et il a eu là, à ce passage poignant el diffici le, un si lence qui fut peut être la plus bella phrase d 'éloquence de ce ·panégyrique. 0000000
L'ART DE LA OUERRE CHEZ LES ANCIENS. Les anciens Grecs, quand ii'S appliquèrent la fertilité de leur esprit à l'art de la guerre, inventèrent le cheval •Je Troie, la phalange, l'hélépole et les fameuses lentilles d'Archi· mède, sans parler du ieu • grégeois » et de Ioule sorte de machines pour lancer des projectiles; il faut leur atiribuer l'emploi des fusées asphyxiantes pour la défense des places, invention qui nous est rapportée par Polybe et Tite-Live de la manière suivante: Une armée romaine, sous la conduite du consul Fulvius Nobili or, assiégeait la ville d'Ambracie en Etolie - aduel1ement Arta - en 189 avant l'ère chrétienne. Comme Je siège traînait en longueur, les Romains se décidèrent à creuser une galerie qui atteignit le mur même de la vine; mais l'es assiégés. s'étan't aperçus de ce travai·I, fi,rent eux-mêmes une contre-mine dans sa direction, de sorte que les soldats. des deux armées se rencontrèrent à la jonction des ;;outerrains el commencèrent à se battre avec leurs outi ls. Le combat se ralentit ensui·te, parce que les adversaires s'efforçaient de se couper mutuellement la route en . ·b arricadant la galerie avec des boucliers et des dies; enfin un des Etotiens
15 Décembre 1915 192 imagina de placer dans la mine un tonneau qui l'obstruait complètement. Ce tonneau , rempli de petites plumes, était ierrné du côté des assiégeants, par un couvercle en fer qu' on avait percé de trous. L'autre couvercle était traversé par un tuyau en fer auquel l'Etolien avait ad apté un soufflet de forge, de manière à pouvoir attiser le feu qu'il allu· mait dans le tonneau. La combustion des plumes produisait une fumée atroce qui, poussée par le jeu du souille!, se portait nécessairement vers les assiégeants; et ceux-ci ne pouvaient détruire '·l 'engin de suffocation, car ils étaient tenus à distance par de-s lances lon· gues de vingt pieds qui traversaient le tonneau el que les. Etolie!JS agitaient de leur côté. La fumée asphyxiante se répandait ainsi dans toute la galerie creusée par les Romains, et ceux-ci en souffrirent lxaucoup, car il leur était aussi impossible de l'arrêter que de la supporter. Polybe affirme que ce stratagème prolongea quelque temps le siège; on doit penser que les Eloliens se défendirent de la sorte jusqu·à leur dernier édredon. 00000
LES BONS M01 S Un bon ou mauvais mot a pariois suili à ridiculiser et à l.lCfdrc uue réputation. Il y en eut d'heureux. Les courtisans de Philippe IV d'Espagne lirent e11 ce gtmre une trou.. vaille. Ce monarque perdit successivement le Roussillon, les Flandres, le Portugal, puis la Cata·Jogne. On l'avait, avant ces fâcheux événements, surnommé le Grand. Des malins dessinèrent sur ses armes un {ossé, avec cel· te devise: • Plus on lui ôte, p ius il est grand .• Voici encore un trait plaisant, décoché contre les abus cri-ants de la ferme générale et des linanccs de jadis, Hats nalandrins en dentelles. Le contrôleur général des linauces, Orry parlait de ses innombrables employés: - C'est une véritable armée. Si je les ras· semblais tous en un camp ... Un plaisant ·l'interrompit: - Cela ferait un camp volant. Ceci encore est assez bien trouvé. Le duc
d'Orléans était fort gros. Ii racoatalt avait [ailli tomber dan& un !ossé. Un courtisan observe: _ Il eût été comblé de vous recevoir. 0000000
PROBITE En 1726, un procès s'ouvre sur un ment. L'une des parties prétend qu'il est faq l'autre qu'il est authenhque. On plaide en première instance devant cour de • Chillon •, qui déclare le tes1a~~~at faux. Il y a appel à • Berne •, où ia pièce eat déclarée va lable. M. l'avocat • Brandouin • de • Veftya, qui avait défendu le testament et gagn6 11 cause, ayant eu dans la suite des preuves qa cet acte était supposé, fut tourmenté par l'idée d'avoir fait servi r sa .plume et ses talaia au triomphe de l'iniquité. Pour lranquiUilllr sa con&<:ience, cet honnête homme ne frouft qu'un moyen, ce fut d'indemniser à ses dt!pens la partie injustement condamnée et de lui payer la valeur du dommage causé par la perle du procès et de l'héritage. Ce trait extrêmement rare dans les annalel du barreau, méritait d'étre sauvé de l'oubli« il n'a pas besoin de commentaire. 0000000
• A la marée. C'étai t dans une des villes vaudoises, oil l'autorité en raison de l,<t vie chère, avait tait venir de' la marée, qu'elle vendait au prix de revient à la population peu aisée. Deux bonnes femmes se rencontrent: - Eh bien, madame Bolomey, avez-vous déjà acheté de ces poissons de mer que Il ville a fait venir? - Oui, j'en ai acheté une lois. C'était da , carbillo •· -- Ah! Et puis, avez-vous été contente? - Oh! ma foi non. Je l'ai mi& cuire sur des choux et quand j'ai été découvr·ir nn marmite, j'ai plus trouvé qu'une peignette. La bonne dame avait fait cuire si vivement et si longuement son poisson, qu'elle n'en re. trouva .plus que les arêtes.
utmatre tOJ ~{ @.1~1 ~Jl DE LA
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