L'Ecole primaire, No 9-10 Septembre-Octobre 1925

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Sept.-Oct. 1925

'~année VIII

MétraiHer He,né, à Vcnthônc 'Maytain François, a Nendaz Mtchelet Gédéon, à AiprO<z·Nendaz ·Pitteloud B31fiJheUmy, aux ~eltes Puiallaz Daniel, .à Conlhey Rwaz Marœl à Vemayaz lnstil:utrciœs: JJalleys Fanny, à Bour:g.!St-:Pierre Delaloye Ida, à Vol,lèlges-Levron Delaloye Théo!dora, à Aridon Gwss Mathildle, à Sal!Van Lafhion Antoinette, à Nendaz 'Mariethod' Alex.ooocill!e, à Sion Mo,ulin Thérèse, à Vollèges-Levr·on f<ey Satb1ne, à Chevmign()fl Magntn Julia, Rlév Slf. Alexandœ, i'1 Cha!D(péry ( Comm:,u!Uqué). Education :L'éducation -- et ceci s'atp,pJjquc à tou1es les ,positions en à toutes 'les exisferuœii -

esi le moyeu général de conduire l'hom aL. bonhe.w·. Qu'ellie tlUJi fasse aimer la v tu, le travail, la modéJI\1.iion; qu'el'le éca tle sa 'pensée les fdltles chimères, les e~ rances coupa/bles, ,Jes convoitises cr.uelil que oeependant elle exatlte son âme vers grand et VêTs le !beau; qu'elle ~e dispose la oie.nvei.Uanœ; qu'elle Œ'élo~gne de l'en et de la hai,ne; qu'elle le rende caJpalble kt foi~ de sacrilfiœ, de [ierté et de mod t1e, c'est l!l son saint afiiice, mais c'est a si [Jar là qu'aUe est chrétienne. S un tprinciJPe qui ·commande à I'intd1ig ce, l'éducation th umaine peul cacher les fauts; l'édUJca,tion .c hrétienne ip!'oduit les v lus. C'est par •les· vertus qu'eLle ~écon.de vie, qu'elle 'Console ses épreuves, qu' charme ses ad'Versités. tL'é4ucation est l'ta i bieu de l'homme, c'est le tPlus saint trimoine ·que nous ayons lous tà. laisser ù 11 enfants. Laure.ntie.

8ANijUE fANTONALE DU UALAIS SIO Agences à Brigue, Viège, Sierre, Martigny, St·Maurice, Monthe ComptoJrs à Champéry et Salvan llE/'f?F:.' ,'ENTAN1'S â. lWzin[JC11 , Lax, Mœrel, Wy[p, fl.wfsr.hen/, /,orrl~t• Nf'111lw , Uwm,J~;011, llt;gne.r;, Or.<;irmc:

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vtmatre ((}) }R{ Gll\l)lJ l

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Soeiêté valai,aQt]e d ·édu~atio.n ·

Bulletin du MUSEE PEDAGOGIQUE !L'Ecole primaire donne une douzaine de livraisons de 16 pages, ia couverture y comprise, et autant de suppléments de 8-1& pages pendant l'année, ordiua.ire (soit du 1er Janvier au 31 Décembre).

Par an: Snlsse t"r. 3.50, Union postale fr. 4 . Les abonnements· se règlent par chèque postal lie 56 ou à ce défaut contre remboursement. A.nnonees : 20 cent. la ligne sur toute la largeur Tout ce qui conc:eme l.:t publlc:lltion doit être etdress • ::llnctement à son 11ér(lnt ~t lond(lteur, M. P. PIG:;-,rAT Dir~cteur du Mus~e t·Féd(lgogiqu~, à Sion •

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S'oceupo de l'ach .. t et ole la vente dP. titres et. de toutes transaetionft avec l'étrttneer l ,llratirm tlr. ca~stttes d'"'H sa clwmbnl fot·te. - Gh·am~~ de tit>'I'V Titubrt" féd.::ral ù rbo.rge de la banque

C'est reaaem~ler à N. s. J.-C. que d'aimer lee enfants


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Sommaire du supplément No 9.-10

Nos chers défunts

Autour diu St-Saoœment. - Ce que :fait Le curé. La b,énédkti:on des montrug:nes. - Des manaines. - Un mir:11ole d•es roses. - Des cow1eurs. Quel bon remjps. - Sainte Màrie·Ma~et.eine. Usage de l'eau bénite. - 'AIP!Pel là nos jeunes gens. - La va·1eur marohande die La ménagère. Pour la femme. - Les •dlochers qui !Passent. - Cheveux cowpés. - La jeunesse d''Nmjpèr·e. - Le remor'ds. Microbes du lait. - Variétés.

Récemment sont .dléoéldës, moois d SJecours de J,a retlügion : ·Le 3,1 Août, M. jonas Dorsaz, Udldes, un vétéiïan de l'enseigllliement Ii. érait ar,rtvé au hel âge de 88 an dont Ull1e cinJquantaine passés dans 1 ICarrrière en remiJ)l~ssant pleinemen son dteyoir. L'e 23 Sflpt s'est élg~alleunent étei!n .à Si·e rr·e, 3!Pfès une d()utloureuse ma la'il.ie, ·MŒà·e Madeleine Favre, q •laisse pa,rci111ement un eXJoa~lent ,venir à tous /POints de V!ue. ,Le 24 sejpt. en:fin, un jteune insti'lu teur de 30 ans, M. Yictor Pignat, Vouvr,y, étai·t eintponté p•a r ooe cour ma1aidie a1près 111 a1JJ11ées seu1emen d'adilvité 1pr.ooessioniJ1ftlll•e. lil laisse 1 sowvooir d''un ex~adm·ent instituteur tous ,poitnts de vue et qui fer-a en ou tre un vvdle sensilbiLe dallS! les di~· rentes sodétès a·UX!quelles i~ él!RPa,rt naît. Cette mor.t 1pnématuroée doit êt attribuée \POUf Wl·e bonne part asuŒ1menage, ·Oa·r le cher défunt ne s :v.aLt ou ne voulait s'aœo.nder aucu f•ejpos, -otllbiiant manlh.eur.eusement ain si un :JlfOIV-erthe très juste: «Qui v.e VO)'Ia1ger loin doit ménagter sa mont re. » L~eXlCès est nuisilble em tout.

Sommaire du Supplément spécial INe .préoi4>itez den. - L'enfant trésor de .la famiLLe. - Une viol•ette. Awjound'lhui et demain. - Les combats die v:a.ches. - L''utilli'Siation rationne1le des iiruits. Ca ta strophe ven[gereSIS•e. - Le !petit raisonneur.. Autour de l.a toilette .féminine. - Oh! la lanJg.ue. - Nos amis les oiseaux. - C0011fian1ce. La lbat1que. - Echaruge de bons procéldës.

Sommaire de la feuille principale 1Nowveau

rèlgiLern!oot de la Caisse d:e

reLraite diu JPer-sonnel enseugnant. Gestion d~ la Caisse ortiinaire pour 1924. - L'édUJcation de la j•eunesse par ~a sa inte Eocharistie. - Examens k::l''émanciJpati1on et Ides co\.lifs com,rplémentaif'es. - Deux mots sur la Grammaire. - ]:ésus édiUicateur. - Variétés (·Le ba'J)tiême d'une •conv·ertie. Un humlb:le adlmiralbJ.e). -o--

Secretariat de l'Instruction publique ILe ûmseill d''Dat a nommé Seon~· taire à l'Instrudion !Publlique M. Louis Delal'o~e, instit. à Saxon. Le futur titulair.e entrera en foncti.ons dès le 1er rwvemlbr.e :ProChain. ~

Le plaisir de lire = ·Lit-on encore, lit-on mieux qu'avant, li on davantage? Ceux qui ne s'attachent qu la quantité ne manqueront pts de tri pber: jamais i'l ne s'est vendu, je ne dis autant de romana, car il en est de bons ne se vendent guère, mais· autant de r dont le moindre mérite est d'être ins· fiants et qui réparent parfois ce déiaut les a;ttraits les moins lWOuaibles. Tout peuiPle s'en nom.rit, mais l'appétit avec

qtM~l ils sont lus n'a d'ég~l que la fa~ilité avec la.qudble ils sont out7ltés. Ceux qu• en usent ainsi ne sont pas seulement des lecteurs incultes. Ce sont les • lecteurs pas· sili& ». Ils ont pris t'halbi tude de n'être pLus pour rien dans les plaisirs qu'ils reçoivent. }Ils vont s'exposer a111x fantasmagories du cioâna conwe des mirojr.s; ils lisent d~

que ce !Plaisir, qui touche c au travail • par l'un de ses bords, touche, par l'au.tre, à Ill • /Paresse ».

Congrégation de Sœurs aveugles

nême.

tLa. dhar ité est ingénieuse; elle ne se conEtre un ~ lecteur actif », au contraire, c'est tente ;pas de souJager les misères; el•l e cheraimer à trav·aiiBer sur ce qu'on lit et trou· che à do;rmer aux déslhérités de tout genre ver son !Plaisir dans cet exercice, c'est dhoil'~ession qu'i!ls ne sont pas en marge de sir l'auteur auquel on s'adresse, et parfois 11human·ité, témoin en est la Congrégation collaborer QJVec lui, et pa11fois s'abandonner des 5œu:rs aveugles de Saint-Pau'!, foodée à soo charme et à son pou!Voir. vers le milieu du siècle dernier. Elle possèOn lit toujours, c'est entendu, mais J'OO de UG c<>:UIVent à Paris. Alors que dans les n'a pius le loisir de ~lire en étudiant • , ce qui est la seule 1TIIIIlière profitable et amu- autres congrégations on n'admet des aveu· gles qu'à ti·tre tout à fait exuwtionnel, dltez sante de lire. Pas sur l'oreitller, le soir, une leiS Sœurs de Saint-IPaul, la cécité est un tidemi~eu.re 31vant de ::~'endormir. Pas au tre à J'adimi·ss·i on, et les religieu,ses voyanhaaanl de dix minutes d'attente avaut le dé· tes ne sont eltle&11Tlêmes reçues que pour jeuner ou la partie de tennis. Non! Assis à s'O)OCUjper de leurs Sœurs a'Veugles et leur une tlb'e de travail, le crayon en main pOur marquer et 1llhœ pour COI>ier un passage rendre possible la vie de communauté. Sans doute, il <faut, pour le fonctionnement de in~t. Adletez un bouquin sur les quais. Les note& maryina•es si curieuses l'œuvre, plus de Sœurs voyantes que de parfois, VOliS enseigneront que nos aïeux Sœurs a'Veugiles; ~ndant 1e mot • aJVeuJiM.ient de la sorte. Ainsi ils étaient non gJes » entre d'ans le nOjiiJ de la CotllgT~­ pas • renseignés», mai& ~ cultitVés "· Et il y tion, pour la bien distinguer des autres soentre ces deux adiectifs une énorme ditféo ciétés charitaŒlles et surtout pour bien mar1enœ, en faJVeur du second. quer que tout s'y ran>orte au servliCe et au Tout cela ~ une vie intérieure as· boniheur des personnes lrajWées de cécité. sez comp!exe, le gO;(lt de reviser ses jugeOn devine p~ur quel motif l'œuvre a été ntenta, d'étendre ses connaissances, de s'e- mise sous le ,patronage et a pris le nom de nivrer d'une ha.I111l0nie supérieure. Rien de S. Paul!. C'e~t à cause du do,Uble miradepar tout cela n'est !bien .moderne; ce qui est mO· , lequel le grand Apôtre perdlit et recouvra derne, c'est de vrvre sur un seul ,plan, et, au la vue, et au,s si . de la t...-anslj.o.nmation s:pirisens propre du mot, de ne jaanais réfiéchir. tuedile qui s'cwéra alors dans so.n âme. AinCependant, quel plaisir que la lecture! Tel si en doit-ill être des aNeugiles, tant rehgieuqu'il n'en est point de :Plus grand, sous une ses que pensionnaires, qu'abrite le couvent. an-renee modeste. Ble équivaut au voyaOn devine sans peine parei1lement que ge, eiJe Je dépasse en un sens puisqu'elle l'ardhange ·R3(Ilhaël, guide du jeune Tobie. nous pennet de remonte r le cours du te~ est aussi fort 'honoré dans la maison. tootet <fl'aborde.r aux sièloles les plus éloignés. me Paul est le patron Sipêcial des Sœur~ Elle nous' tire de notre destin et n ous met aNeug\les, il 'a110hange RaJPhaël a été dhoisi en lhrté. Et ce qui llldhève le dhamne. c'est (pOur mo;dètle des Sœurs vOjyantes.

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v

IV

On vient de dire que le s·ymbolisme des renëbres et de la lumière tient une grande place dans le. pensée et dans la vie de ces dhères Sœurs. Et ·leurs cérémopies de vêture, de prdession annuelle ou perpétuei[e, •ma11quent iréquliDII11ellt ce passa.ge de la nuit au jour, la tranS!0111nation morrule qui doit illluminer leurs âmes dès cette vie et pour .fétemiié. ,La Jin de cette congrégation est de • traval'ller à la glloire de Dieu et au, sa•l ut des âmes dans l'exe:rc~ce de la charité et du d~ vouement le p!:us entier, en admettant àans la communauté des jeunes fi1Œes aveugles qui pourront, comme les voyantes, embrasser la vie religieuse, en suivre la règle et les d~érents exercices et se rendre aptes aux sC>ins et à l'éducation des weugles. En outre, œtte congrégatioo a pour règle t. de recevoir, en qurulité de pensionnaires soumises à un homire de travail et d'études, les jeunes fi11es aveuglles adultes qui n'on1 pas dans le monde une position assurée; 2. de recevoir les petites fi.IJles (aveugles ot demi-aveugles) dès l'ige de 4 ans et de les garder toute leur vie dans 1a maison si elles désirent y rester; 3. de recevoir et de servir, comme pensionnaires libres et moyennant un prix très modique, des dames aveu· gles (jui trouveraient là, plus que partQut àilllleUJIS, une existence douçe et des soins awrqpriés à leur inlfilliJÙ té; 4. enfi11' d'entreprendre successi!Vement et eu proportion de ses ressources, toute œlliVre tendant à l'améliQration physique, intellex:tuetle et moralle des aveugtles, quels que soient leur âge, leur sexe et leur conduite •. C'es.t un charrJ1P ililimûié ouvert ainsi à 1"adiif et ingénieux dévouement des Sœurs aveuglles. A ohaque enfant ou jeune HHe est donnie la meiOUeure forunation possib'le et en rapport wec ses aptitudes, dans des classes elCICdl'lemment corqprises. •La musique, étant l'un des priniOÏipaux moyens d~eXIsten­ œ des aiVeuglles, est l'dbjet de toute la sol-

Ucitude de la Congrégation. Les adlliltes qui , leurs études oliassiques tenninées, ont préléré rester dans la maison, et d'autres a.veug:les qui y s~t entrées tardivement, s'emploient à 1a confection du frlet, du crochet, surtout du tricot. !L'at~lier de brosserie con,pte des ouvrières h~i~es. dont le trava~l est assez rémunérateur. Eniin , l'imprimerie est devenue un des services les plus corusixiéraillles de la communauté; une quÎ11zaine d'aweuglles, rdtigieuses ou ouvrières, y sont constamment e~oyées. E n marenne, i•l sort de leur irqprimerie des livres représentant 600.000 ,pages par an. qui vont porter la • !lumière • de 1'esprit aux quatre coi.ms de la Frall('e et du monde.

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...

Le rire ILes sruvanl>s sont vraiment des gens terribles; d'une si!U,Pie dhiquenaude, ils précipitent à terre les plus agréalbles de nos i'llusions. C'es·t ainsi qu'(liuvrant, l'autre jour. une revue où colilalborent quelques médecins, je fus attirée par un article dont le titre me séduisit. Cela s'appelait: le • iou rire •· Vous· SaJVez confuien j'aÏ!I11e le rire dans toutes ses manifestations, même tumu•ltueuses et un peu fol.Des·. fi me semble qu'il peul con-wter ccxmme uu. des mei!Heurs bienfaits du destin, et je me figure que le rire est, â nos âmes, ce que 1e soile11 est à la na tuTe, c'est-à-dire l'élpanouissement jayeux et subit de toutes les fa:cultés !.}Ue notre raiso:n tient en bride. 1Les enf·an,ts rient d'un cœur exquis justellllent parœ qu'i.Js ont en eux des trésors, dont nous perd'Oll5 •le secret a.vec l'âge et l'eJqpérience. Tis possèdent l'innocenœ, la gaieté, ·Ja candeur donne à leurs yeux élon· nés, à leur ·1magination fxaicne le spectacle d'un monde noUIVeruu, peuplé de merveiJJes. •N y a dans le rire toujours un peu de 1

jeunesse qui passe. et c'e st pourquoi sans douk. à tout âge, je trouve qu'i:I a des grâces réJouissantes et que les vieililes gens mème n'y sont point ridicules. c •Les sots ne savent pas rire • , écrivait à 1a lin du XVŒLiane siètole, je ne sais plus quel auteur. J'ajouterai que les méchants en dowent être égallement inœpaibles. Il faut avoir un peu d'ingénuité et de bonté dans t'eeprit, pour se divertir sainement, franchement. et laisser dilater son cœur dans la joie de vivre et de rire toul son soûtl. Or. qui l'eClt cru? Je viens d'awrendre aovec s~on, que le c fOl\ rire • est une rnaJadie. Oui, cousine, une très vilaine maladie. dQDt on ne saurait soigner trop tôt le& bJ'ts et qui indique, chez les enfants atteints de cette infinni~. ·les ,plus fâcheuses

diapoeitiOD8. Un enfant 6clate-t-i.l de ce joli rire argenfiA et aigu que rien. n'arrête, qui roule comme ua tormtt, monte, descend, pâme de joie et le oommunique, par contagion, aux

ltr. qui l'eJWirollnent, le cher petit devra ftN allllftliUf de très pris, et, s'ia y a lieu, sowrrie au traitemen.t suivant. regime lado'V~; doudtes tiMes ou éalssaises. C'est moi qui ai reçu la doudte en lisant l'aNertissernent! Car il lt~y a pas huit jours, je m'iltais abandonnée au détestable fou rire et - jugez 1a grawité du cas - je l'avais pgné en ~ie d'un petit garçon. Pier:re adore les histoires. il les écoute bouche bée, le cou tendu dans l'elfort d1Quir mieux•. les yeux aJVIÎdes et briŒilants. Il pail· pite aux récits tendres, mais , par godt, préfère les contes pittoresques accompagnés de enllkls gestes, souaignés de mimique, tenant, l la .fois, de guigno'l de pan1omime et de la' if8Dde tragédie. M'étant mise en frais d'imagination pour lui plaire, j'avais inventé je ne sais quellle aveature de :M arsei•b is, que je m'évertuais l narrer awec i' • aœent •. la soulignant de rouJements d'r et de gestes· terri~es. Arriv& au point cuiminant du récit, tout

d' un cou1p, je laissai tomber mon poing sur .Ja talble. • Trroun de J'air! • s'écria Marius lurieux. Je n'en, <llicllamai p oint dwoa/Jtwgc. Un rire trais, un rire déli:cieux, Ulll rire de roulades et de cascaides secoua le bambin, interro.rrpant ma narration. Ja~~naJs je n'entendis rire plus iou , p lus inextinguilble, plus imjprévu _et c'était spectaldle ravissant. Tout riait, dans ce ' petit COfiPS pârrné de g&eté; les tyeu.x, la boudte, les gestes, la voix. c Trroun• de quoi? • demandait l'eœ1ant en !re deux iusées. Et iUrejpartaitd'un rire jUIVénile, naii, tu· muitueux, qui le tordait, .l ui mettait des lar11Jes dans les yeux et lui COUIPait la respiration. C'é tait si dràle qu'une interjection, exp'ress·ion toute loca•le, fùt 1'01ccasion inno Ct>nte de•tant de jrue, que moi aussi, je me mis à rire, comme une enfant, comme un si,rrg,le rpetit ·Pierre,. et ne m'ar.rêtai pl us·. Et, iorsque nous nous quittâmes, ayan t ·COnstaté, ruvec satislfadion, qu' . on avait bien ri tous deux • je ne me doutais point que c'était le moment qu'une mère sage efl.t chois~ rpour ~iquer la pilule tonique ou la doudle écossaise. Je vous le déolue sans horute, je crois que, s'iJl me faDOait v1vre sans entendre la joie autour de moi, et sans rire moi-même chaque fois que • j'en ai envie •, je n'aurais rp\!us de goùt à l'.existeuce et ne saurais plus ~a :f.aire aimer. La gaieté jeune, rayonnante, un rpeu exubé!'a.nte même, me para·i t,• de to.us les biens, le p1us précieux, et j'imagine que !a nature indUlgeute nous l'a donnée justement pour servir de ba/lancier à nos ennuis et maintenir nos âmes en santé et en équilibre !N'GJVez-vous pas sowvenir de quelques~ unes de ces. heureuses journée~ qu'on mar·que d"un cailld.a.u blanoc, et don~, lon.gten-ws, ou. garde le par!lum?


vu

VI

Ce jou.r-411, on fut gai Iollilement et sans s~rioritis de l~1omrne et poU!Vait devenir, grandes raisons. Mais le soleil brilllait prèS à. l'oocasion, plaisir des dieux. Gémit leur de soi, l'on tenait ses amis préférés; le cœur façon de le Viénêrer. était en co~iaru:e, fa co.nsoience légère et Oepu.is, nqus aJVonS awris tant de cho. des ibouiées de jeunesse s'édllanJaient, en ses, qu'il n'est plus toujours séant de rire !rires perfœ de toutes les boudhes. Le moinEt, Cfipendant, je vous le dis, dussé-je, ua dre incident seml:Jlait le plus comique du jour, suibir le dur régime iacto-v49gétarie~~ monde et causait une hi~arité qui épanouiset ce qui suit, - je crois que rien au monsait les visages et dissïa>ait la bile. Ce n'éde ne m'etrJ1dlêahera de goûter la gaieté dea tait point que olraJCUn se montrât particuJièautres et d'en prendre. pour mo.n conwte, rement spirituel ni fin; mais une joie comla meit~let1re part. munÏJcative était r~ndue dans :Pair et tous Que ceiJie qui ne connut jamais le rire, y ;pacrtidpaierut, à la façon des enŒants qui ni le fou rire, me jette ·la première pierre. se grisent du bruit de leurs paroles et de ~eurs voix. Pal1fois, le fou rire gagnait deu,x oo trois 1personnes, et cela Slll~iisait pour que les autres suiiVissent de confiance, et ['on riait, ma cou.sine. J'on riait à en per!L'existence des Ienmes de montagnards dre ha[eine. Rien ne me retirera de l'idée que cette est rude. ELles travai1L1ent tout le jour aux gaieté-l'ft était bonne et saine. N'en déplai.champs, coupant et transqx>rtant ·le loil comme des hommes et souvent rentrent ase à IM!M.. les sav-ants, je voudrais,• au conprès eux au logis ayan.t tout le ménage l fraire , qu'on élevât les enfants dans le culte taire, la souiJ)e à cuire et les soins des ende la gaieté; qu'on· leur anmt à considérer ' ants. Pendant ce temps les maris fument le côié !Pittoresque et amusant des événeleur pipe. 1Leurs lemmes sont maigres, t'éo ments, et qu'on leur enseignât que le rire tries toutes jeunes, tassées, travai11ées et - lorsqu'H n'est pas ironique, ni ma:!Jveil· cha~es. Il en est qui se lèvent à 3 h. du Ban1, ni moqueur - est une véritable vertu. i«1La plus perdue de toutes les journées - matin. ayant le déjeûner à faire et les habits à raNauder avant d'ruiler aux cha~ est celle où t'on n'a pas ri •, a:ftfil1111ait un Souvent elnes sont seules pendant des sephi!losqphe, doot les conclusions me plaisent maines avec la resqx>nsalbi>lité des enfante, mieux que celllles de mon Sla1Vanf. car leurs hommes sont fol'Cés d'aliŒer se louer 'll entendait, par l'à, que la bonne humeur dans !a montagne. Biles aK:lœ!Ptent leur far. est un des puissants leviers du monde, puisdeau sans une plainte. n'a:rant jamais preequ'eLle dissipe , sons e!Œort, les malen~end'us, senti une existence différente, Iii aspiré l f0111>t 1es maflêijœsf vninc la mêlancolie, un autre sort. éolamit les fronts, rEWOusse le <lhe:grin, raCe trawail qpiniâtre •leur raworte tout mène la joie et fait plus de besogne à elle juste le droit de vivre miséralblement de paia seule, par la grâce de ses dhansons, que et de laitage, entassés dans leurs grangd. deux ou trois vertus. sans ,p,1aisir, sans distraJction, sans détente, Autrefois, les ancien·s imaginaient 'Olymde VÎIVre leur ingrate et étroite •Vie d'animal pe - Lieu de toutes les déliœs - comme de trait qui ,peine tout le jour pour gagner un prurarlis Üiù les dieux s'assemiblaient pour ~~~ poignée de foin et < les quelques heures d deviser joyeusement et ri:re comme les dieux sommem n~cessaires à sa subsistance. savent rire ... , c'est-a-dire indêfiniment. IJs Une pareilile lutte crée une race pa tien reconnaissaQent ain,si que le rire est UJ;J.e des

Nos montagnardes

et forte, bellle d'endurance, io.sen.s~ble à la dou!eur et qui marche à la mort comme a u repos enlin gagné. Leurs vieililard.s se dha~­ tent au soleil, assis sur des troncs coupes. ~s OJLt l'air fatig.ué, si fatigué de vivre qu' ils attendent de mourir comme on attend la douce nuit délassante. Les hommes résistent mieux que les femmes, se consertvent plus jeunes, plus droits. Beaucoup d'~~re eux sont des itL<lividlus s~ribes de sohd1té, de vigueur, portant sans sourcihl.er des .charges énormes. Un médecin de Madign!)' nous contait combien peu itls redoutent la soufliance phiysique. Un montagnard a-t-ii Il16!l aux dents, H descend demander au docteur d'arracher la dent malade. En vain, celuici prOIPose-t-ia de la traiter, de la guérir. L'homme secoue la tête. N n'a pu manger, ni dormir, n~ trawailhler. Qu'on arrache la dent et que ce soit fini . Ce médecin a vu des Vaiaisans se faire couper un doigt, et en tenir eux-mêmes le bout pendant qu'on S~Ciait l'os. D'autres qui toussent viennent lui poser cetle question. M.. le docteur, es.t.ce que je suis fichu? Et s'il est coodamné, en' efifet, 1'homrne s'en retourne chez lui, trawailie jusqu'à la fin de ses. !orees et attend ,la mort dans son coin, sans faire un mowvement pour se soigner et la retarder. . A ~uoi bon d~ser ·les économies. de la familile, puisqu'aussi bien il est perdu? ·Les auitres trouvent cela tout naturel. Ils feront de même quand leur tour viendra. C'est si s·Ïil11p~e. {;ela parait tout siatwle, en etfet.

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!L'autre jour est morte ici une jeune femme. C'était une de ces. lumineuses matinées

où les montagnes sont si douces qu'elles semblent se sourire et s'ellNoyer des caresses. A l'anglle de la ~. entre deux rangées de lemmes et d'lhommes, sur des chaises, on posa le cercueil, un cercuei[ noir, tout siiq)le, sans drl!lp ni fdeurs, qui semblait étrangement petit. La cloche sonnait, 4ourde et lugubre. On entendait les sanglots du ma.ri ~ui tenait par la main son fils de sept ans. Les femmes aJVaient leurs: habits sombres du d~manohe. On les eût dites en deuill. Beau:COU{P d'entre eliles pleuraient. A'l o:rs on vit s·wvancer lentement le curé, la bannière de la V•ierge et le porteur du crucifix. Quatre hommes s'eiDJParèrent du cercue~l tous suivirent et ~e cortège discparut dans' ~'église. On se sentait envel<JR>ê par ,Ja loi de ces gens si rudes et si simples qui trouvaient si naturel de mourir. ria n'y aJVaiÏt Il point de lormes banales, r ien pour l'extérieur, l'apparat, la montre, JPOint de ces h)'IPOCI'isies qui donnent la nausée. La tristesse qui émanait de ce pauvre cercueil nu paraissa.it presque douce. Et l'i111lJ>ression. de froid que 'laisse toujours ·la mort était un peu serrlblab1e à œlde qu'on ressent au vent des cimes, glacé, mais vivifiant et pur. N. R

* On demandait un jour au saint et célèbre personnage qu'était Dom Bosco: • Comment 1faites-wous donc JPOUT faire pratiquer la vertu et surtout •la pureté à ces petits vagabonds cueÏilllis sur la voie pttblique ou dans des taudis plus misérables encore mor-alement que matérieLlement? • c Mon moyen est :bien si~le, réponditil, c'est la fréquentation des Sacrements que je leur consei~le ; ~a communion fréquente bit tout •·

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