15 Septembre 1916 128 son hâtive des vergers ~tait suivie d'une tification aussi rapide. C'est le contraire est vrai. Après une (·!oraison hâtive, il l'arbre plus de temps pour mûrir son Ainsi,· des observations faites par M. mann, directeur de la ,Meterologische schriH", à Giessen, ont démontré que groseilrles lleuries le 6 avri'l avaient attendu jours la matuxation du fruit, tandis qu'il 0000000 avait fallu que 60 lorsque la floraison TOUT LE MONDE JARDINIER produite seulement le 20 avril. Des La culture maraîchère pour un très grand lions analogues ont été faites sur la nombre de personnes ayant à leur disposi- sauvage ou cultivée, sur des fraisiers, dea tion un peu de terrain, peut, si elle est bien réales, du maïs et même sur la vigne. D'après le célèbre météorologiste H"'""'a•.lo comprise, devenir un facteur important dans de Hermannstadt en Transylvanie, la la lutte contre la cherté actuelle des denrées. Malheureusement, tout le monde ne naît pas de ce phénomène serait assez simple. La jardinier! Or, c'est précisément ~ l'usage des pérature d'avril et de mai est beaucoup non initiés, de ceux qui n'y connaissent en- variable que celle de juin et de juillet. core rien! qu'un spécialiste a dressé un ta- fruits gagnent donc à pouvoir se d,.,,,..,.,... bleau-dictionnaire du jardin potager, un mo- plus normalement dans ces deux yen duquel chacun peut devenir son propre mois. 0000000 jardinier !!ans en posséder les notions, même les plus élémentaires. LES OUEPES Ce court résumé (planche de 45/60 avec ET LA SOLIDARITE SOCIALE 1'\.\.J'IMUI..ILI plan) donne des directions suffisantes pour En ce moment, on voit souvent de cultiver soi-même toutes espèces de légumes guêpes entrer par les fenêtres des avec tout autant de succès que le jardinier le Ce sont des ,femelles fondatrices plus expérimenté. Il constitue même pour ce des grands guêpiers. Une seule d'entre dernier un excellent aide-mémoire. Enfin, tout est la mère de milliers d'ouvrières. qui intéressé y trouvera l'avantage de pouvoir uent nos fruits en automne. Pour 1a faire un choix rapide et varié de semences et ~uffit de fermer la fenêtre avant qu'elle de légumes s'adaptant le mieux au terrain ~ sortie. Elle vole alors contre la vitre fi cultiver. l'écrase sans peine avec un linge, sans L'opuscule contient les noms de 54 variétés ger d'être piqué. Si chacun s'efforçait de de plantes; si l'on doit les semer ou les repi- re ce geste si simple, on pourrait quer, à quelle époque, sous quelle phase de voir année 'p ar année diminuer la la lune, dans quel terrain, à quelle distance, guêpes en automne. Un peu de c::nlirlarM durée des graines et des plantes, etc 0000000 Ce _tableau est en vente au prix de 60 cts * Métamorphose. plus le port chez M. S. Henchoz, ancien édiLa petite Lili a été autorisée teur, place Chaudron 14, à Lausanne. père, entré en convalescence après 00000 maines de maladie, période pendant FLEURS ET FRUITS il ne s'est naturellement pas rasé. - Maman, maman, papa n'est Les ,,Bas.ler Nachrichten" publient une inmais il y a un voleur dans son lit. t~ressante lettre qui détruit un préjugé assez répandu. On a cru volontiers que la f!Oil'ai-
matra: avec ses 12,761 kilomètres: 1. c'est la plus longue ligne droite que l'on puisse tirer ~ travers le globe. Quant au plus petit diamètre de la terre, c'est son axe qui, d'un .pôle à l'autre, mesure 12,712 kilomètres. 2. Il y a donc un écart de près de 50 kilomètres entre le plus court et le plus long diamètre de notre globe.
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d 'édu~aJicn . -Pùblication du MUSEE PEDAGOGIQUE L'Jo:col~ yl'imairc donne un~ dizaine de livraisons· d'au moitis 8 pages, non compris la cou~erture, et autant de suppléments de 8-16 pages pendant l'aunée ordinaire (soit du ter Janvier au 31 Décembre). · ·
Suisse ..... 2.50 rnran: UniOJli)Odah,lr ..:-J Les abonnemllnts se règlent .par chèque postal II 56 ou à ce défaut contre remboursement. Annonces : 20 cent. la ligne sur to~te .la. largeur Tout ce qui concerne la publication doit iitre adress~ directement èt son gérant, M. P . PICINAT, Secrétaire au D~partcment de l'Instruction publique, à Sion -
nne:façonld'apprendre, c'est d'édudier;/Ctla vmeilleure {c'est d'écou.... _______ . . , . . . . ,. • ..1•---~ . . .:d--........ ~ ....... ...,.,.A· .... ~ ... o,..J ....... ~
Sommaire du Supplément No 1 Le choix d'une carrière. - Aux jeunes : ouvrezJle tout -grand. - A;r t nouyeau. - L'agonie des yeux. - ~a \etture. - Au crépuscu~e. - T obte. Y·ann (histoire conlempomine) . -:- L'utiHsation des A!lpages. - Variétés. -0-
Souvenir du Centenaire.
Ensuite d'examens sat ...,....<><•n• Consei!t d'Etat a délivré le brevet patité aux institutrices ci-aiprès: Mlles Bonvin Marie, Arbaz, Bruchez Raou'la, Saxon, Burgener Thérèse, Sion, Clivaz lsa1ine, Randogne, DarbeHav Berrhe. · Hein en Véronique, Lugon Denise, Dorénaz, Maye Anna, Chamoson, Perraudin jeanne, Bagnes, Schroter Anna, Rarogne, Sermier Gertrude, Arbaz, Theier Louise, Vuignier Philomène, E Zumtaugwald Marie,
Nous avons pensé être agréab1e à notre 1personne1· enseignan1 en _~u·i o'ffrant, à •l'oocasion du Centenatre, un N° spécial. Nous avons utidisé dam> cebi.tf, 'avec bienveWlante autoriS'aNon, [a pl-us grande' partie de na composition ty.pogra:phique d'un N~ iUustré du NquveNiste .valaisan ·paru pour commémo-0rer ~a Ida te du Centenaire ( 4 août 1915). Les nombreux portraHs et Jcl·iAutorisation d'enseigner. df'és :·que ce ·supplément relllferme ~ui Ensuite des examens de clôture 1 'donnent ··un cache~ oarticll'lier ld' adua·t·et engageront nÔs 'lecteurs là 1e con- écoles normales (cours scolaire 15), le Département de 1'1"".,.,,_ server soigneusement. publique a décerné au -0après 'l'autorisation d'"n'"""Tn••,. à l'art. 79 de ~a loi sur 1 ·· Tr~dltlons populaires. , primaire: Les lecteurs de 1'Ecole primaire trouInstituteurs français veront certainement avec .pl'aisir ici l'intéressante conférence donnée en juin Antille Adolphe, de Chalais. dernter à Sion par M. Gabbud, à Lour- Beney Léon, d'Evionnaz. tier, sur 1es traditions !pOpulaires. C'est Bochatay Alexis, de Salvan. avec l'autorisation de ,'auteur ·que nous Emonet Alexis, de Sembrancher. pouvons leur of,frir ·cette page instruc- Evéquoz Maxime, de Conthey. Jive 1lui avait été publiée auparavant Martin Camille, de Chalais. Martinet Adrien, de Troistorrents. par 'a Oazette· du Valais. Monney jules, de Massongex. L'une ou -l'autre coquille se sont touPistoletti Alexis, de ColJombey, tefois JZlissées dans cette reproduction. Pitteloud Camme, de Vex. Nous,1es redressons si-après: PiHeloud Denis, de Nendaz. . IP. b, 2e col., • Ba~Valais • et non Bas- Pralong Martin, d'Evo1ène. &i~ïst· 'f' , Sierro MarceUin, de Vex. P. 5, Ire col., tru 'ligne, lire 1880 et nou Thomas Pierre, de Saxon. 1~; ." · Vœffray Eugène, de Salvan. 1
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·p_ ~. Ire col., lire 1899
et
non 1909.
·_Qifutres, de moindre importance, se cor· r;,ntït au passa~. • /
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Brevet de capacité.
1nstitutrices françaises Arlettaz jeanne, de MartignyBriguet Madeleine, de Ohermignon.
Léa, de St-Gingdl.ph. Léontine, de Sion. Anita, de Liddes. Marie, de Sa'lv·an. Anna, d'Ardon. Alice, de Monthey. Adelaide, de Vérossaz. ier Clotilde, de Con~hey. eanne, de Monthey. Séraphine, de Bagnes. -0-
établissements d'instruction publique - Géronde 8 jui-llet, J'institut des Sourd~ de Géronde, 1près Sierre, termtun examen public son année 1914-1915. Parmi les invités avons remarqué la présence de M. lier d'Etat jos. Burgener. l)e.. entrée au gouvernement l'hoChef du Département de l'lospublique se fait un devoir de périodiquement ces examens de re. Ce :haut magistrat rend ainsi hommage 'bien mérité au dévoueinlassable des révérendes Sœurs et l'application de 1e\lrS iques élèves. n est peu d'œuen effet, qui- méritent autant d'inet d'encouragement que la chariinstitution des Sourds parlants de. C'est merveille de voir corndès la première année, à force de et de maternel amour, les bonSœurs arrivent à démuitiser c~ ts et savent remédier, par une méingénieuse, aux disgrâces de la fil semble ou'on voit se renoule miracle du Sauveur compa~is qui fit " entendre les sourds et parles muets ». Ces jeunes garçons et pauvres fillet·tes, incapables de proaucun son articulé au début de hoopitalisation, apprennent, en ues mois, avec les premières tetla notion élémentaire des chosés · es et savent bientôt lire, écrire, 1er, ek'. La 2me année voit aug-
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menter, comme par enoitanten1èrtf, ces connaissances uti-les, et, peu à ·peu, to•~t le programme scolaire, tel qu'il est en honneur dans nos écoles ·primait:_es, se déroule sous les yeux ravis de ces heureux enfants. Il semble vraiment que l'on ne se trouve pJ.us en présence des déshérités de la vie, mais que tous ces élèves 1pellflent désormais reconquérir un rang et une situation dans le monde, forts de 1eur instruction solide et des métiers professionnels auxquels ils s'exercent avec habileté. C'est Ja constatation que nous avons faite en parcourant la channante exposition des ouvrages manuels qui a clos la théorie très complète de tous les c~urs classiques. Mais surtout H faut satuer, comme disait M. Burgener dans son discours de clôture, l'espr-it de charité et de piété qui est à ta base de cet .enseignement, qui apprend aux ' enf~nts l'amour de Dieu et du pr~hain , .et le respect sacré de leur personne. . Quant à nous, Valaisans, notre devoir est tout -indiqué, et si nous avons su être généreux pour les- •pauvres Belges ou Polonais, victimes de la guerre, nous nous souviendrons qu'il y a, pl!J.s près de nous, d'autres petits ofl>h~iQS, et un autre genre de misère que nous pouvons soulager par nos dons en na· ture ou nos charitables économies. . (Gazetie du Va1ais.)
L'Ecole professionnelle de lingerie et broderie i nrolllez, Jalais. Le siècle dernier n'a .eu eo Valais aucune école professionnelle pou·r les jeunes fiHes. Au pensionnat, 'hors du canton, on apprenait la musique et quelques travaux de broderie exécutés sa:Jis méthode et sans ·connaissance professionnelle du dessin. Quant aux ouvrières, dessin de coupe et de patrons, ce n'était ·pas connu! Et la couture et le raccommodage, quelle laideur, quel laisser-aller dans les familles, à la ville et à la campagne! Avec le regretté M.
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Ch~ppaz, a vocat, alors chef du Dépar- tout à fait familiers aux élèves, qui tement de l'Instruction publique, nous avec aisance. L'Ecole professionnelle rivalis~ avec avohs ·cru porter remède à cet état de le ménagère, là aussi, les résultats choses et préparer des femmes qui soient sont vraimentel,étonnanl3. Il faut à même dé régir leur maison selon le très près certains raccommodages précepte de :Saint Paut, en créant à Véver les pièces posées. L'atelier qui a rolliez, une Ecole professionnelle. desassez de commandes, fournit aux élèvea tinée à former des ouvrières lingères et casion de confectionner d.., la lingerie de P' leur pera•.-t de développer leur goût des Maîtresses d'éc0lês ménagères. lJ.1.hir une main légère, vu la fiaesse L'Ecole est l'objet des mêmes sollicivall. La direction entendue de la tudes de la part du nouveau Chef de maîtresses, n'est pas étrangère à la l'lrtstru'ction publique, M..Je Conseiller marche de cette utile institution d'Etat Burgener, et elle tâche de réaliL'expert fédéral: (Sig.) Mme H. ju1 ser ce que le pays attend d'elle. Déjà, elle a fourni de nombreuses maîtresses -Les élèves ne sont reçues qu'à 14 d'écoles ménagères, munies du diplô- révolus. Le prix de pension est dt me de l'Union Suisse des Arts et Mé- francs par mois. L'enseignement tiers, non seulement au Valais, mais aus- gratuit, à la condition de la fréq si à d'autres cantons de la S1.1isse. Son tioï régulière de tous les cours atelier, travaiHant pour diverses gran- ques .et pratiques. qui commPncent des maisons de lingerie et pour des comnovembre et finissent le 1... juillet. mandes de trousseaux .et de réparation, -0peut fournir aux apprenties les !Spécimens 'les plus variés des travaux de lin. Autour du Centenaire. gerie. Dans son musée des travaux féA l'occasion du Centenaire, M. miiiins;"oo peut voir des travaux accomthur Parchet, professeur à Vou pl,is:;. ·depuis des raccommodages de bas, composé deux chants valaisans dërilaii{:h~ ·de paysannes, jusqu'à l'adlés: 1815-1915 (Paroles de M. rriîrâblè rep(oducti0!1 'en broderie blan- Bioley) et 'La Patrie suisse (Paroles che; des ·dessins rotnnns·, d'une beauté M. le chan. j. Gross). Le premier, incomparable. ·du eoffre de Valère. est particulièrement de · -.v''""'"'.. L'année dernière, l'ép6Uvante de la a pu ètre exécuté dimanche, 1er guerre a fait réduire· le nombre des ad- par différentes sociétés de chant. missions des élèves; ce· qui n'aura plus Nous donnons ci-après la 1"~ lieu -cette année. -Malgré cela, l'Eco'Ie a phe de chacun de ces chœurs été .l'objet de -cet élogieux rapport. en- ques: vo.yé au Département fédéral. par Ma1815- 1819 dame .Juilletat. · Be' Neuchâtel, Inspec-· Valais, cher vieux Valais, immense cattlécll:llll triee .fédérale: Où les monts dans l'azur en clochetons Etiiblissenient; Ecole Proiessionnelle de Cou. ture et de Broderie et Ecole Ménagère de St~Maurice-Vémlliez, Valais. · L'Ecole ménagère de Vérolliez est une institution qui donne de bons résultais. Les jeune!! ~uisinières jouissent d'un enseignement ~cellent et d'une installation pr;1tique et conffJrla\)le, · Rien ne manque au programme et, ~ôu t ïoute;; · les liranches, l'école . possède un rlià.létiel â'ellseignemenr complet. La ·cuiSine, li! :bltinehissage', le re.p assage et l'hygiène sont· 1
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Egrènent leur contour de cimes vi OC1 les chants des forêts et les bruits rents Semblent des sons de cloche aux heu Valais, ô cher Valais des Valaisa (Suivent deux autres si
x LA PATRIE SUISSE Nous chantons l'Alpe fleurie, Les lacs bleus de la Patrie,
Enfan ts des vingt-deux cantons Tous chantons! Notre Suisse est immortelle, Nous ne rougissons pas d'elle. Prions Dieu, fils des vainqueurs, fils de Tell en haut les cœurs! (Suivent deux autres strophes.)
millier d'exemplaires de ces .deux ont été distribués gratuitement Je Département de l'Instruction puau personnel enseignant ain:si différentes sociétés de ,c·hant qui en ont fait la demande. -0-
Un peu d'histoire feuilletant, par hasard, ta bette des Suisses au service étranger Capitaine de Vallière, on tombeJ à 400, sur les lignes bien sugque voici: c Depuis la Ouerre de la Succession triche sous Louis XV et sous l'indu maréchal de Saxe, l'année avait changé d'aspect. Les ofséduits par !a ,beauté des mades Régiments de Prusse. fide l'exercice à temps décomposés pas cadencé raide et mécanique, continuel et unique de leurs Un formalisme étroit comprima ligence du soldat et lui enleva son . L 'accessoire fit oublier le prin. C'est à cette époque également nous devons les fameux cols qui le soldat, dit l'historien, a tête droite. Le soldat était mal il est vrai, mais il était ficelé!» loin: quitte avec peine les cravates et élégantes pour les col$ de rigide, importés de Prusse. , nous montre que les préceptes allemands n'ont guère varié qu'encore une fois, il n'y a rien de sous le soleil.
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Petites et grandes communes Les six communes de la Suisse qui possèdent le plus. petit territoire sont Mul_!en {Berne), qui a une superficie de 14 hectares; Oottlieben (Thurgovie), 22 ha.; Cormondes-le- Petit ( fribourg), 28 ha.; Rivaz (Vaud), 29 ha.; Kaiserstuhl (Argovie), 32 ha.; Mey~ riez (fribourg), 34 ha. Les six communes qui ont le plus vaste territoire sont Bu.~nes (Va'lais), qui, avec ses 28,059 hectares, dépasse, en étendue, le territoire des cantons de Zoug, d'Obwald, de Bâle-Ville et de chacun des deux Appenzell; Davos (Grisons), 25,185, ha. ; Zermatt (Valais), 24,335 ha.; Evolène !Valais), 22,118 ha. ; Zernez (Grisons), 21 ,028 ha. ; Outlannen (Berne), 20,011 ha. -0-
La religion
a l'armée
M. l'Adjudant Général de l'Armée, colonel-divisionnaire Brügger, vient de rendre un ordre concernant le service divin. Les plaintes au sujet du peu de respect manifesté par certains commandants de iroupes, y est-i1l dit, pour les sentiments et les droits religieux de leurs hommes vont en augmentant. Les commandants de troupes supérieurs doivent parer avec la dernière énergie à cet état , de choses. Celui qui ne peut apprécier par luimême la valeur du sentiment religieux, doit du moins respecter ce que d'autres considèrent comme leur bien le plus prérieux et le plus noble, et dont ils peuvent d'autant moins se passer que les temps sont plus sérieux. Je prie .tes commandants de troupes supérieurs de faire tn sorte que les points suivants soient scrupuleusement observés: Le dimanche, jour du Seigneur, doit être tenu en honneur aussi danc;; .Par~
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mée. Les circonstances actuelles le permettent. Partout où les condit·ions loca-leS' le permettent, on donnera l'~casi~~ aux troupes. d'assister au servtce dwm. de leur confessio• chaque dimanche et JOUr férié généra.!. Ceci s'applique aussi au~ armes spécia•les; certains incidents qut m'ont eté rapportés, me font appuyer tout partoicul•ièrement sur ce point. , Dans les co~ps de troupes composes d'éléments appartenant à diverse~ ~on fessions on au.ra un service rehgteux séparé rour chaque confession. Les officiers donneront, comme en toutes circonstances, le bon exemple, -~n faisant preuve du plus grand respect pour les convictions religieuses d'autrui. - oOe que coûte l,instrucUon JJIIbl1que à Bâle. En 1914 le canton de Bâle-Ville a dépensé 'une somme de six mi~ lions et demi pour l'instruction pubhque. Soit: Université 578,000 fr.; école des métiers 171 ,000 fr. ; école ménagède 128,000 fr.; gymnase 153,000 fr. ; écoles réales 369,000 fr.; école supérieure des jeunes filles 290,000 fr.; musée des arts et métiers 13,000 fr.; école secondaire des garçons, 518,000 fr.; école secondaire des filles 563,000 fr. ; écoles primaires des garçons 404,000 fr.; écoles primaires des filles 493,000 fr.; écoles de Rie.hen et Bettingen, 72,000 fr.; écoles frœbeliennes 302,000 fr.; cours spéciaux 48,000 fr.; soïns médicaux aux enfants des écoles, 30,000 fr.; frais de nettoyage, propreté, éclairage 352,000 fr. ; subventions aux établissements pour enfants pauvres d'esprit, abandonnés, etc., 473,000 fr.; frais de construction et de réparation des bâtiments scolaires, 1,496,000 fr. Proportion nellement au chiffre de la popula~ tion, Bâle est la ville suisse qui dépense le plus pour l'instruction publique.
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Les métiers manuels Trop de mamans ont hontg de la sion du père de famille l't, animées cheux snobisme, poussent le fils à une profession moins vulgaire, .......,A'"" . veut pour lui une carrière libéo·a•Je, entreprendre de longues études, le péniblement el au prix de quels d'un semestre à. J'autre, jusqu'2.u il rate ses examens. C'e ~t alors un La terre qu'ont travai'll~ ses .parents basse, le métier de son père est trop se fera commüs de bureau, dont il tôt l 'êlégance, mais sa table .manquera cessaire. Ce sera de la misère ~ante. L'enseignement classique, duquel voulons pas médire, car il prépare au à la magis-trature et aux professions les, u·enseignement classique lance les gens ,pauvres dans la vie sans •les a més, sans leur a.voir donné le ,moyen gner ave<: ,Jeurs ma ins Je pain quotidien. On sait bien que les carrières que appel1e libérales - sans doute parce est surtout libre, neuf lois sur dix, d'y de faim ,._ sont encombrées; les a médecins achallandés sont l'infime ma is on s'y pousse par sottise, par pères ct mères son.t tout heureux, par le vain esprit de gloriole, de voir 'l eurs s'engager dans cette fâcheuse impasse. Comme le di·! ,si bien Edmond dans son ouvrage • L'Ecole nouvelle •: avons fréquenté le Forum sous des trop séduisantes. On a oublié de nous que c'est moins par la parole que par la rue que ~es Romains ont .conquis ~e qu'ils l'ont civilisé, et surtoot qu'ils implantés. Ainsi, nous n'avons l'héritage des Romains q u'une pa , la mei lleure; nous avons appris à rhéteur et â déd.ai-gncr . . . le conduit sa charrue, alimente ·le moissons et l'art isan ou J'o uvner atelier . . . qui établit et entretient toul œ fort dont noos jouissons. • Combien de fruits secs seraient de bons ouvriers s i, au lieu de 'les d'un bagage intellectuel indigeste espri.t, on leur avait remis un ontirl fussent capables de se servir? Nou·s savons bien que tout n'est pas dans •les métiers manuels: leur ,grand
le chomage. Mats qu \ '11 se di se bien ou vrier adroit, intell igent et de bonne ile ne resle jamais longtemps sur le guerre a privé nos ·industries d'un nombre d 'ouvriers étrangers q ue ) a et que les malad ies auront décimés, que ces ouvrie:·s ·resteront en parlle ur combler les vides. Aussi peutr une forte demande d'ouvr iers haussitôt que les ::onditions du travai l de nouveau nornules. re responsabi lité nous o~lige à conintacte notre individualité. • En ac·notre service militaire, en paimpôts, en remplissant notre devoîr nous n'a'lons pas encore. dit M· Grob, rempli notre devoir polit ique et JI est d 'at~lres domaines amcquels nous travai ller qui, à ,première vue, ne semrien avoir de commun ave<: les devoirs mais qui sont, pour notre indépen'une très gra11de importance: c'est , par nos nationaux, de nos métiers t •Si .longtemp3 conse!'lé à nos proleur caractère si spécial et où ils se laisde plus en p lus remplacer rar Jîniillrade la main-d'œuvre et d .!S ca.prtaux étran.
gers. Nos méllers d01veut redevenir ce qu 't'ls étaient .jadis : notre soutien, notre lorce • Pour cela, une autre .mobilisatio n devtent nécessaire, celle de la jeuness'~ de nos villes et de nos bourgades, pour .t'apprentissage des métiers; que les com•nunes, les foudai'ions fassent ici tout leur devoir au prix même de sacrifices financiers, s'il faut aider ,aux .jeunes ge!tS à .payer un den ier d 'apprentissage ou leur faciliter leur entretien. P lus nous pourrons engager les jeunes gens à elllbrasscr des métiers ma nue ls c{ à acquérir dans ce but une formation professionnelle complè·te, plus nous réuss irons à combattre J'iurlucnce étrangère dans ce domaine. Travaillons donc à cette mobilisa tion de la jeunesse également u!tle à la patrie; que les parents qui ne sont pas agriculteurs fassent de leurs fils des travailleurs manuels, qu'ils fassent d 'eux des ouvriers ! Léon GENOUD. (Extrait d'un .rapport sur la marche du Technicum).
j: Dans les co nversations il est r idicule de faire pompe d'érudition. '
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lais qu'ils traversent pour attaquer un corps de l'armée francaise cantonné en Savoie. Le Congrès de Vienne nous a, il est vrai, inco rporés à la Suisse, dont il a proclamé la neutralité permanente, mais nous sommes sans constitution et sans gouvernement définitifs. Tout, en nous et autour de nous, est provisoire. Cinq dizains orientaux, tr~s adroitement travaillés par Berne, hésitent d'accepter une charte et une incorporation qui paraissent porter préjudice à des droits séc ul~i res. Le miracle politique s' accomplit, cependant. à la séance de la Diète du 8 mai qui él ut, légalement cette fois, le grand bailli dans la personne de M. Léopold de Sépibus. Pour qu'un événemen t historique mérite un culte, il faut qu'il ait été discuté Au loin, très loin, sur le fameux ro- ct que l'on ait souffert pour lui. Si clier de Sainte-Hélène, Napoléon est re- Achi-lle n'avait pas été vulnérable en légué. Sa réapparition en France, ap rès quelque endroit secret de son cor!)s, Je séj our forcé de l'îl e d'Elbe, n'a duré jamais les poètes ne l'eussent chanté, qu'un éclair, mais cet éclair a failli in- jamais Patrocle ne l'eût aimé ! cendier à nouveau l'Europe, et le tonIl est nécessaire que le soleil ait des nerre a retenti, et le Valais l'a entendu. taches, parce que ces taches nous perDans une situation financière très cri- mettent de le fixer et doublent l'intentique, il a dû leve r et équiper une cen- sité de son éclat... taine d'hommes par dizain ou district, La gloire de nos hommes d'Etat de ce qui faisait deux bataillons. L'inquié- 1815 aura été d'avoir rendu possible un tude est grande. On ne sait plus où por- rapprochement d'autant plus délicat et ter ses vœux et ses sympathies. difficile que les passions et les intérêts Bonaparte est toujours vivant. Les régionalistes battaient leur plein. Alliés approchent. Cinquante mille AutriC'est ce que souligne doucement M. chiens demandent la subsistance au Va- le Grand Bailli, dans sa lettre aux mem-
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bres ·de la Diète confédérale siégeant à Zurich : L'esprit de conciliatiou a amené cet heureux résultat et triomphé de la di v.ersité des opinions. Cet esprit est dfl priucipalement au vif désir dont nous étions tous ég alemellt auimés : celui de serrer sans plus de délais, les nœuds qui doivent nous attacher d'u11e mani ère indissoluble à la Confédératioll helvétique.
Le Valais, épuisé ct fatigué, pliant sous le fardeau, était las de pleurer : il se réjouit maintenant et chante des Te Deum.
Moins d'un mois plus tard, soit le 4 juin, M. Gaspard-Eugène Stockalpcr de la Tour ct M. Michel Dufour, munis de pl eins pouvoirs, partent pour Zurich, où ils furent reçus par cette parole infiniment aimable : « Arrivez donc, Messieurs les Valaisans, vous vous faites bien attendre ; il y a longtemps que ces fauteuils vous fendent les bras ».
Nous devons retenir quatre dates partic ulièrement importantes : ·le 12 septembre 1814, la Diète fédé rale « résolut d'acquiescer , à notre demande de faire partie de la Confédéra tion ; le 8 mai 1815, l'union se fit au Grand Conseil (Diète) sur la nécessité de cette incornoration, car, auparavant, on était loin d'être d'accord à cet éga rd; le 4 août, l'acte fut rédigé ct signé par les fond és de pouvoir de la Chambre législat ive; > 7 août, enfin, nos délégués y apposè: ~'1t leur signature. Le ,sTand événement historique était accompli. fait providentiel : Le Val ais a pu compter sur le dévouement d'hommes d'une r are inte'lligence pour traverser quinze années, 1800-1815, de bouleversements politiques continuels. de guerres incessantes sur l'échiquier européen, bouleversements et guerres qui le ba·1ottaient en tous sens pour le laisser, nu et désorienté, sur oJa plage.
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Mgr Joseph II Xavier de P reux, évê. Que de Sion, le comte Char.Ies-Emma. nue! de Rivaz, M. Miche~ Dufour, M. Jacques de Quartéry, M. Louis de Preux, grand châtelain de St-Maurice M. le Baron Stocka!per de la Tour, M' Léopold de Sépibus et tant d 'autre~ qu'il serait trop long d'énumérer, ont très habilement manœuvré, soit à Paris auprès d'une cour briHante et glorieuse: soit à Zurich, auprès des memQ!"es de la Diète, soit encore auprès de Stadion ministre du très fin et très puissant Metternich. Nos deux principales con. grégations religieuses. la Maison du St-Bernard et l'Abbaye de St-Maurice avaient à leur tête des prélats éminents, M. le Prévôt Genoud et M. l'Abbé Pierraz qui, a vec une habileté peu commune, mirent toutes ·leurs ressources d'influences au service de la Patrie valaisanne. N'oublions rien. La reconnaissance est une marque de la grandeur d'âme des nations comme des individus. Et nos ancêtres ont aimé leur petit pays jusqu'à l' adoration ; ils l'ont aimé jusque dans ses verrues et dans ses tares, ct on peut di•e que, dans leurs démarches auprès des puissants du jour, i!s avaient emporté la terre valaisanne à la semelle de leurs souliers. Un siècle a passé. Les partis politiques ont pu s'agiter, les dirigeants s'égarer et méconnaître leur mission : la T radition, qui a guidé les hommes de 1815, a toujours été, là, présente pour véhiculer les grands souvenirs et montrer la route du Devoir. Et aujourd'hui encore, elle est semblable aux bisses où passent, glissent, coulent les eaux qui portent d'un bout à l'autre de nos va·llées la richesse, la force et la vie. Ch. SAINT-MAURICE.
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lit(: ù J'enqJcreur qui vcna1t de réunir le Valais ù la France sous le uom de Département elu Simplon. On dit qu'au moment d'é tendre sa main sur le livre sacré, des larmes coulèrent de ses yeux.
Notes biographiques Mgr Joseph II Xavier de Preux Mgr Joseph JI Xavie r de Preux gouNerna
lU. Gasp ard-Eugène Stockalper de la Tour
avec sagesse, le diocèse de Sion pendant Né en 1750, cet illustre homme politique 10 an~. de 1807 à J8l7. On lui avait donné ne comme nce à apparaître daus J'histoire u11 surnom Qui en di t long su r la finesse de qu'en 1795 ot'l nous le trotJVO n5 colo11el auso11 espri t : on l'appelai t Je diplomate. li s de la Morge. Président de la diète dessu ii! pa r tie de la. fa_me use délégation valaisan- ~ coustituante et conseiller d"Etat en 1802, 11c 411 1 se rend1t a F ontainebleau sur les illjonctions de Napoléon et qui était composée d:; J'év0que, de T affiner, de Sépibus, de M.turicê de Co urten, du bourgm estre de ::;ioJJ, l(icdmat tcn el de Pi ttier. Pendant les $JX m:Jis de séjour et d: con\"ersations politiques très délicatt.·~. à Pans, M:.:r de Preux
iut, ayec le comte de Ri\':ll, J"üme du Pa· tnotisme et le défenseur intelligent des intérêts du Ca nton. Il reçut, à cdte occasion, la cr oix de la légion d'honneur. C'est à Paris encore, le 10 février 1811 , que Monseigneur prêta le serment de fidé-
granJ ba illi en 1810, 181-J, 1819 et 1823, M. Stockalpe r de la Tour a été mêlé à tous les éYénements de cette époque tragique, et il n'a ia!llais été inférieur en rien. Sa réPonse à B~rthier f ut soumise, certes- elle ne pou v ait être au tre- mais très di g11e, très crâ ne et très adroite. A chaque phrase, on sent la protes tation d'un peuple auquel on vient de ravir son indépendance. A Paris et à Zurich, il sut se créer d'éminentes relations qui nous servirent gr andement. Il partage avec M . Michel Dufour le grand 1 honneur d'avoir signé !"acte d'incor poration. M. Stockalper de la Tour mourut en 1826.
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Le Gra)}(l Baillif Charles-Emmanuel de Ri v az (1753-1830) Cc nom évoque le souvenir d'un grand Valaisan qui a encore sa place marquée parmi les hommes les plus célèbres <le la Suisse à cette é•poque. Né en 1753 à SI-Gingolph, il manifesta, dès la plus tendre enfance, une intelligence extraordinaire et se li'(ra à un travail acharné que lui rendait plus facile une mémoire vraiment prodigieuse. Ne négligeant aucune sorte d'instruction, il se trouva, de
~e <le Con they, eussent à souffrir soit dans leurs personnes, soit dans leurs propriétés.
L'insurrection de 1799, Qui devait se terminer par l'héroïQue, mais inutile résistance du bois de Finges, eut pour la populatio n les co nséquences les pl us désastreuses. ; dans tous les villages au-dessus de Loèche, on rencontrait des groupes de lemmes sans époux, des enfants sans pères, des vieillar ds· sans fils ; la guerre avait semé la mort partout ; partout aussi elle laissa, après elle, la plus affreuse famine et la plus noire misère. De Rivaz fut alors une véritable providence pour le Iiaut-Valais si terriblement éprouvé ; grâce surtout à ses appels et à son i nf·l uence, les secours arrivèrent de tous les côtés . et affluè1 ent dans le·s vallées des districts supérieurs. On le vit .lui-même recueil lir 30!J orphelins, qu'il répartit ensuite entre <les familles bas-va laisannes par lesquell'2s ils furent élevés. Dès 1798, il était devenu incontestablement Je citoyen le .plus en vue du Valais, dont il fut le préfet national hel vétique ct le grand homme d'Etat ; ses compatriotes le r egardaient comme leur plus vaillant défenseur et avàient mis en lui, non en va in, leur dernier espoir. En effet, durant huit ans, à fo.rce de démarches et d'habileté, il parvint à sauvegarder l'indépendance nationale contre les tentatives continuellement renouvelées pour amener l'annexion <lu Valais à la France.
bonne heure, capable de remplir les premiers emplois et étonna ses compatriotes par la sftreté de son jugement et la largeur En 1810 cependant, Napoléon résolut de de ses vues. bris.er tou.tes les oppositions et de s'empaDe R.ivaz tut sans doute l'âme de !"émanrer d'un pays dont les passages étaient nécipa ti on bas-valaisanne ; mais il ne voulut cessaires à ses armées et utiles à sou amit aucun prix <le la révolution sanglante. bition politique ; il manda à sa cour de RiAussi lorsque celle-ci menaça d'éclater en ianvier 1798, il mit tout en œuvre afin d'en 1 vaz qu'accompag nèren t sept autres délégués. Ce fut inutilement que le monarque Il!aitriser la violence ; ses efforts furent prodigua les plu s magnifiques promesses de <.:ouronnés d'un plein succès et il réussit à récompense ct fit entendre les plus ruétouffer les sentiments <le haine qu'une dodes menaces, notre compatriote resta le mina ti on, très longue et parfois bien dure, partisan inébranlal>lc de l'indépe!1<iance vaavait naturellement développés dans la parb i ~a nne et protesta énergiquerr;ent contre tie sujette du pays. Gràce à lui, les districts la réunion forcée de son pays à l'empire français se libérèrent sans que les Iiautf:·a, <:ai~. Valaisans, disséminés au-dessous de la Mor-
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Par sa vive opposition aux volorutées napoléoniennes, l'irréductible r épubllc~in devait s'attendre à avoir mis fin à sa carrière politil;ue ; ce fut Je contrai'l'e q•·i arriva. La très haute intelligence du grand-bailli! de Rivaz, la droiture de son caractère, ses manières distinguées et affables désarmèrtnt et captivèrent le Conquérant, qui lui accorda toute sa confiance et le nomma député du nouveau départeme·nt du Simplon at: r_:,J ,·iJs législatii. Cc fu: it cette •' Jl '.:)uc qu'il sauva l'antique abbaye de SI-Maurice, dont la suppression totale et définitiv~ avait été formellement décidée par l'~mpere u;·. Le Congrès <le Vienne, en 1815, augmenta encore la réputation de notre con-~··atno te, dont l'habi leté diplomatique remporta les plus éclatants succès et fut grandement r:ppréciée des puissances auprès desquelles il eu t souvent, dès lors, à remplir d'importantes missions a11 nom de la Suisc;e. Entre temps, de Rivaz avait été ::réé chevalier de l'ordre de Charles III d'Espagne et chevalier de la Légion d'honneur. Plus tard, soit en 1824, Charles-Félix, roi de Sardaigne, lui conférait le titre de comte. No tre illustre concitoyen fut toujours un catholique convai ncu et il demeura jusqu'au dernier moment le patriote le plus éclairé et le magistrat le plus distingué de son pays. Il mourut pieusement à Sion, en 1830, après avoir associé son nom aux nombreuses réf ormes et amélioratiOII5 qui, depuis 15 ans, s'étaient réalisées· dans le Valais, heureusement devenu canton suisse. O. D.
M. l'Abbé Pierraz
L 'adminis tration du Vénérable Prélat fut très troublée par des procès avec la bourgeoisie de SI-Maurice, des dissensions intimes et surtout par le décret de Napoléon )er qui décrétait la réunion du Valais à la Fran<:e et de l'Abbaye à la Communauté du· Grand-SI-Bernard. Très pieux, très intelligent et très i nstruit, l'Abbé Pierraz rendit de r éels services aux grands patriotes qui, dès 1814, travaillèrent à la réalisation du projet de faire, du Valais, un canton suisse. L'Abbaye lui doit la réforme de s·es constitutions.
Originaire <le l'Entremont, M. Je Chanoine Germain Pierraz. était curé de SI-Mau-
rice lorsque le Chapitre l'appela aux fonctions d'Abbé de SI-Maurice, le 27 janvier 1808. Il était âgé de 35 ans. Béni le 23 octobre de la même année sou:; le nom d'Etienne 1, par le nonce du Saint Siège, l'abbé Picrraz mourut le 4 septembre 1822.
M. le Prévôt Genoud Originaire de Bourg-St-Pierr e où il est né le 17 octobre 1763, M. le Chanoine JeanPierre Oenoud fut élu prévôt le 25 janvier 1814. Il consacra toute son énergie et ses précieuses qualités d'administrateur à la réorg<Inisation spirituelle ct matérielle de la mai-
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son. Il fi t élever d' un étage l'hospice du SI-Ber nard et acheva la construction des bâtiments du Simplon. M. le Prévôt Genouo
tat. On dit les D ufour, que l'on écri vait jadis du four, originaires de Mon they. Plus exactem'cnt, ils sont de Vionnaz qui a égal ~ me n t donné le iour à Nicolas du four, docteur en théologie, pr év ôt mi t ré d'une col légiale en Morav ie et agent diplomatique de l'empereur Joseph Il.
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6tait· un partisan éclai r é de la réunion du Vala is à la Confédérat ion suisse. JI mourut le 16 mai 1830, bénissant Dieu de la paix dont jo uissait, enfi n, not re can ton.
M. Michel DufoUl' Il survécu t à tous ses collè~ues de 1815. Nous le trouvons encore, actif et plein d'entr ain, en 1842. Conseiller d'Etat, pl usieurs fois gr and bai lli, son nom f igm.c au bas de deux ac tes importants de notr e histoire nation ale : il signa, en eifel, la demande, comme nou s l'avons déià dit, et l'acte défini tif de l'incorporation du valais à la Confédéra tion hel véti que. Sa mor t, arri vée en 1843, mit to ut l e canton en deui l. C'est so ul igner l'est ime en laquelle on tenai t cet homme d'"E-
Léopold de Sépibus
Né en 1759 ct décèclé en 1832. Ce fu t le Grand I3ailli de 1815. li le fut, au res le. avant et après cette date, soit en 1807. 182ï ct 1831. Très clai rvoyant, il ne fut jamais pris en défaut par les événements. Chargé d'aller avec Dufour à Zurich, pou r y présente r notre désir de deveni r canton suisse, i l s'acquit ta de sa mission avec beau coup de diplomatie.
1915 La cérémonie de ma i Le Centenaire Il devait Ctrc célébré r n aoîtt. Bien des manifestations avaient été prévues c l pr es-
que arrêtées qui auraient souligné notre joie pat.riotique. L a guerre, l'affreuse guerre a tout supprimé, et, très heureusement i nspiré, Je gouvernement du Valais a profité de la session de mai du Grand Conseil pour renouvel er publi-Quement, à Dieu, l'hommage d·e notre reconnaissance attend rie, au gouvernement fédé ral et aux Etats Confédérés, le serm ent de not re attachement et de notre amour. Nous donnons ci-dessous le résumé de la journée histodquc du 10 mai, regrettant de ne pouvoir publier en entier tou s les discours. tl faudrai t un volume. A l'arrivé'C des députés sur la Planta, le canon commença à tonner. L e temps était beau· et, à part une ondée, rien ne gâta l'ordonnance de la fête politique. Les gendarmes, en grand gala, le Grand Conseil, le Con seil d'Etat, le Tribunal cantonal, les Conseils communal et bourgeoisial, se rendirent à la cathédrale, conduits par l'Harmonie municipale. L'office de ·ta cathédrale fut Sali S doute le moment le plu s solennel de la journée, en même temps que le premier acte de la commémoration du centenaire. Il se déro:1la selon les rites d·e l'Eglise, au milieu des pompes du service pontifical, et aux chants d'une messe avec chœur mixte et orchestre : L a Schola cantorum de la cathédrale dépl oya ses plus belles voix, et ses plus beaux ch ants. L e sermon de circonstance, prononcé d'une v oix chaude et prenante par M. l 'abbé Delaloye, Rd Curé de Massongex, fit, sur le nombreux audi toire (l'église était bondée) la plus profonde impression. Ce ne fut qu 'une voix pour en louer l'esprit patriotique et r e'ligieux et la belle coordination. Le retour à la salle des séances se fi t dans le même ordre qu'à l'aller, mais cette fois Monseigneur l 'évêque du diocèse, accompagné de ses chanceliers, pénétra avec eux dans I'ence.inte, et prit place au milieu de ·ta salle, devant le siège du Président. L es murs du v ieux local, la bel!e pen-
7 dule séculaire, on~ dû tressai'llir à l'entrée de J'auguste hôte. Ils ont entendu, au cours des siècles passés, la voiX' du vénéré> chef du· diocèse, lorsqu'il prenait part aux délibérations de la Diète, avec, sur sa tête, les suffrages équivalents à ceux d'un dizain tout entier ; prérogative Qui lui fut encore conservée par la constitution du 12 mai 1815 dont on fê ta it le cent enaire.
Et voici que, après 15 'lustres, après les bouleve r sements du XJXe siècle, le prélat a cie nouveau fait son apparition. L a commémoration du centenaire de l'entrée du Val ais 1:lans la Confédération s'est déroul ée conformément au programm e, dans l'ordre le plus parfait, sans accroc. M. le président lmboden a, d'un bout à l'autre de la journée, tenu de main de maît re le bâton de chef d'orchestre. Il a lui-ml:m e ouvert la sé rie des discours par une magistrale revue des progrès accomplis au cours du siècle passé·. M. -Seil~r. pr ésident du Conseil d'Etat, Qui lui a succédé, a eu l'extrême amabilité de s'exprimer en français. Ses auditeurs romands ont apprécié cette marque de cou rtoise déférence et lui en ont été reconnaissants. La place manque dans ce compte-rendu pour donner même un ré sumé des excellentes paroles prononcées par les hauts magistrats de !la République. Inutile d'ajouter que tous deux ont été vigoureusemen t applaudis. Un accueil, enthousiaste également, a été réservé aux nobles ct sympathiques missiv es adressées à l'occasion de la cé:lébrati on du centenaire par le Conseil fédéral, le Tribunal fédéral·, les divers cantons confédérés, en r éponse au message que leur avait· fait parvenir notre Gouvernement. "En somme, bonne journée pou·r le cant on, qui laissa l e meilleur so uvenir, et scella à nouveau, s'il en fut bèsoin, l'impérissable union de toutes les parties du canton dans leu.r amour du Valais et de la Confédération.
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l\fr:r Jules-Maurice Abbet, évêque de Sion. Né le 12 septembre 1845 ; ordonné prêtre très substantiel, très remarqué, regardé le 26 juillet 1870, Mgr Jules-Maurice Abb~t par beauco up comme un véritable manuel, a été consacré évêque de Sion le 3 îé- à la fois simple et savant : Trois Mots sur l'Eglise. Après avoir administré, pendant vrier 1896. 16 ans et avec la plus grande, la plus paterAprès des étud.::s c!a~~ique-s ':!~ udversitaires aussi brillantes que soliùc3, .\\onsei- nelle sollicitude l'importante paroisse de gncur Abbet passa avec le plus grand suc- Sion, il fut choisi par le Grand Conseil comcès les examens, alors certainement ·très me Chef du diocèse . .Evêque, Monseigneur difficiles, de docte ur en théologie. Ayant Abbet s'imposa aussi tôt à l'att-ention d·e tous reçu, dès son retour d'Innsbruck, la dLrection par l'énergie de sa pastoration et par ses -qu'il conserva durant neu.f ans - du cours écrits ép iscopaux, lettres et Mandements, de syhtaxe, il se créa une nombreuse fam ille qui se distinguent aut•ant par la solidité de d'élèves qui, auiourd'lmi encore, gardent de la doctrine et la pu-issance du raisonnement lui le souvenir le plus cher et auxquels il que par la lumineuse clarté et la simplicité dédia son principal ouvrage apologétique, tout a.postolique du style.
Mariétan Evêque de Bethléem et Abbé de St-Maurice
Sa nomination rem onte à un an à peine, soit au 13 août 1914, et les marques de sympatl11e qui l'accueillirent sont encore présentes à la mémoire de tous. Rappelo ns Quelques dates : né en 1874 à Val d'llliez, M~r Marié tan entra à l'Abbaye en 1894, conQuit à Fribourg le grade de docteur en philosophie ct reçut la prêtrise en 1894, Professeur intéressant et écouté, prédicateu r et confesseu r apprécié, membre influent et actif èe nos grandes sociétés catholiques, l'éminent pré[,at continue. à la tête de son monastère, sa vie d'action et de conducteur d'âmes. C'es,t à Rome même que Mgr Mariétan reçut la consécration épiscopale, des mains de Son Eminence le Cardinal Pompili, vi caire de la Ville éternelle, dans· la chapelle des Révé rendes Sœurs de la Charité.
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S a Révérence M&r Bourl?,'eois Rd Prévôt du Grand St-Bernai Né à Bovernier en 1855, prêtre en 187 M. le Chanoine Théophi le Bourgeois t élevé à la dign ité de Prévôt en 1888. l choix n'aurait pu être meilleu r. Sous S( administration, la Maison du St-Berna1 a réalisé des réformes et pris des initiative qui lui iont le plus grand, honneur : con tructions et améliorations pratiques de to1 genres aux ho sp ices, transformation d'.Ec• ne en une école d'agriculture qui rend :: canton des services signal·és, réparations édifications d'églises, participation effect.h à toutes les œuvres de patriotisme et < charité, etc., etc. Très· versé dans les scie1 ces exactes et naturelles, d'une amabili au-dessus de tous compliments, Mgr Bou geais a fait, de sa maison, un centre d'a tractions où convergent toutes les sociét1 L~c notre pays
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M. Hermann Seiler, président du Conseil d' Etat.
M. Ad. lm bodcn président du Grand Conseil
Placé à la tête du Département des finances, M. Her mann Seiler, prés ident du Conseil d'Etat, est né à Brigue le 24 avril 1876. Après ses études juridiques faites à
M. Imboden aura, dans l'histoire, l'honneur d'avoir ét é le pr ésident du pouvoir législatif de 1915, premier centenair e de
M. Coucbepin. - Né le ]cr mars 1869, M. Couchcpin a étudié à St-Mau rice, I:insie delu et Berne. Député de Martigny de 1893 ;i 1905, président de Martigny-B. de Hl96 à
11 M. Troillet, originaire de Bagues, [J fait toutes ses él11des class iques au collège de SIMaurice. Député et préfet du district de l'Entremont, il se fit immédiatement rema rquer PJr des qualités Jdministrativcs ct politiques de premier ordre. II les déploie merveilleusement Juiou rd.hui au service de l'E ta t.
M. Marclay.- Né le 14 avril 1865, M. Isaac Marcby, président de la Cour d'Appel, a passé p:tr toutes les fi lières de la jurisprudence. Il eut d'abord une étude de notaire et d'avocat très achalandée. Puis, le 26 iui n 1901.
B er ne et à Berlin, il obtint le titre de Dr en droit. Député de B r igue et président de cette commune de 1904 à 1910, i l fut nommé Conseiller d'Etat, en février 1910, pour remplacer M.. R. de Werra, décédé. M. Kuntschen.- Chef du Département des T ravaux publics, M. Kuntschen est né le 12 nov. 1849 à Sion . Il a étudié le droit à Sion et à Munich. Elu député au Grand Conseil en 1877 il en a toujours fait partie
notre réunion à la Confédération suisse. Avocat à Viège, il entra au Grand Conseil en 1893 à l'âge de 29 ans. M. Burgener. - Chef du Dé·partement de l'Instruction publique et du Département Militaire, M. Burgener est né le 17 sept. 1872 à Viège. II a fait· ses études li ttérai res
!905, il a succédé en 1905 à M. Ducr ey comme représentant de la minorité libéral e au Conseil d'Etat où il gère le Département de .Justice et Police. II fu t fortement question de lui pour les fonctions de juge au Tr ibunal fédé ral où il aurait pu déployer ses émin entes qualités de juriste. Cela viendra. M. Troillet- L e pl us jeune des conseillers d'E tat. Il avait à pe ine 33 ans lorsqu'il fu t appelé au Département de l'Intérieur e11 remplaceme nt du regretté M. Bioley. .·'"'~..,._...,__,.. --!--~·-· . .
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jusq u'à sa nomination au Consei.l d'Etat, en 1900. Membre du Conseil national depuis 1890, il fu t élu président de ce corps en 1911. C'est le premier Valaisan qui ait été appelé à cet honneur.
et juridiques à Brigue, Sion, St-Maurice, fribourg et Munich. Député de Viège pendant plusieurs années et secrétaire du Grand Conseil, il a été nommé Conseiller d'Etat en 1905. Au militaire il a le grade de lieutenant-colonel. II est, en ou tre, juge au tribunal mili taire de la Ire D ivision.
il fut appelé à la présidence du tribunal de Monthey. Ce n'était qu'un premier échelon. Ses capacités iu·ridiques l' amenèren t à la Cour d'Appel en 1905 et â la présidence de notre tribunal supérieur, le 26 .mai 1906. TravaH ieUT infa tigable, iu g.e C011SCiencieux ct écl·airé, M. Marclay peut avoi r des adversaires sur le terrain politique, mais il n'y a Qu'une voix pour rendre hommage à l'indépendance et à la droiture du magistrat. Ajoutons Que M. Marclay est fHs d'un ancien institu teur, M. ThéoLlore Marclay, et Qu'il est de Champéry.
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12 Mes frères,
DISCOURS prononcé
à la cathc2dralfl de Sion à l'occasion du Centenaire du Valais par
M.l' llbbc2 Gabri<ZI Dela loye Chanoine honorai re de l'Abbaye de St-Maurice Rd Curé de Mas:wngex
• Oue ma l angue s'attache à mon palais s'il m'arrive j ama is de t'oublier, ô
Jér usaltm, ma Patrit 1...
Monseigneur, Le pays enti~r félicite ceux auxquels incombe la responsabilité des actes pnblics de n'avoir pas voulu que, au milieu des concerts de gémissements qui, de toutes parts, montent ve rs le ciel ct au moment où les cadav res s'amoncellent to ut autour de nous, le centenaire de notre entrée dans la Confédération fût célébré par des fan ·:.1~es retentissantes et des réjouissances générales ; avec raison, ils ont refusé de laisser nos superbes montagnes se consteller, se couvrir de feux de joie à l'instant où toutes nos frontières se bordent d'un voile de sang et de deuil. Mais qui <ionc hésiterait à rendre hommage à l'inspiration très haute, très noble qui a réuni au pied des autels les hauts Pouvoirs constitués du Pays pour affirmer, à la face de tous et dans une manifestation d'autant plus impressionnante et sincère qu'elle se produit sans bruit, que nous sommes heureux <i'être Suisses et que nous avons à cœur d'en remercier le Seigneur, notre Dieu, par l'organe le plus élevé, le plus autorisé, par le Chef si profond ément respecté, si grandement vénéré, du diocèse de Sion !...
Quelle langue saurait redire ce Que nos pèr·es éprouvèrent de so ulagement et de félicité au moment où, s'arrachant au lourd cauchemar, au rêve pénible et oppressé dans lequeil ils se débattaient èepuis cinq ans, ils virent enfin se lever l'aurore du 4 aont 1815 ! Ce fut, certes, un jour mémorable et Qui restera gravé en lettres d'or dans les annales de l'Histoi r e nationale que celui où le Valais devint un des membres les plus dévoués de la famille helvé tique, dont il avait Ué jusque-là l'allié fidèle et auprès de laquelle, pendant de longs siècles, il avait monté -la gar-de, l'arme au pied et toujours prêt à répo nd re au premi er appel ... ; elle demeurera à j:~mais b6n ie et l'objet de l'alléi;resse de ,l a Con fédé ration comme du c:~n ton, dignes ct f iers l'un de l'autre, l'heure qui a vu la Croix fédérale s'auréol er de nos treize étoiles, ca r, si glorieuse était la mèr e qui ouvrait ses bras, J'enfant qui se donnait à elle, sans réserve et avec amour, était à son image ... Oui, qu'il soit ·permis à un de ses fils de le proclamer bien haut, le Valais fut et est un ornement pour ·l a Suisse.
Notre 11ays Ah ! regardez-le ce pays, notre pays ! Il est petit par l'étendue de son territo ir e et plus encore par le chiffre de sa population, mais comme il est incomparable l'éclat dont l'a -décoré 1la main créatrice de Dieu ! Tout autour de lui, te l un rempart de géants, se dresse et se prolonge la majestueuse et titanique citadelle des Alpes, dont les cîmes altières semblent se perdr e dans la profondeur des cieux. Sur le front de cette fantastique forteresse resplendissent, ainsi que d'éclatants boucliers, les glaciers immenses au' pied desquels commence la haute montagne, berçant au vent des champs de buissons empourprés par la rose alpestre, tandis que le
tong du manteau sévère, qu'é tendent les sombres forêts de sapins, d'al er tes et joyeux trou·peaux paissent su.r les pentes rapides ou sur les vertes terrasses de gazon. Au~dessous, dans les vallées profondes, se succèdent les viblages et les hameaux, tous marqués au coin d'une originalité si spéciale et presque toujours si charmante. Enfin, dans la plaine étroite où, en ser. pentant, le Rhône roule ses eaux capricieuses, tantôt impétueuses et noiTes, tantôt calm es et limpides, au bas des contreforts, les fleurs magnifiques et les produits du Midi captivent le regard et tentent Ua main avide de l'é tranger qui s'arrête, stupéfait, en face du cep vigoureux et <ie l'arbre fruitier surchargés de récoltes que nulle part aiHeur s on ne trou ve pareilles. Ah ! qu'on cherche dans le monde entier pays Qui, sur une aussi faible étendue, renferme d'aussi nombreuses magnificences de la natu re, autant d'aspects grandioses, de paysages aimables, de sites ravissants que notre beau Valais ! 1111
Consigné dans un ouvrage fameux • Les Moines d'Occident , -, écoutez le témoignage d'un homme dont personne ne contestera la compétence. L'Europe, dont Montalembert avait parcouru et fouillé toutes les contrées, n'avait point de secret pour lui. Il avait escaladé les rochers abrupts de la Norvège, et sommeillé sous les orangers de la côte d'Azur ; du haut des pyramides, il avai t contemplé les merveill es de l'.Egyple et la fécondité de son Nil ; dans tout l'écLat d'un soleil printanier, il avait vu s'élenctre devant lui Damas, l'œil de l 'Orient et cette perle du Bosphore qu 'est la ville de la Corne d'Or ... eh bien, entendez le cri qui s'échappa des lèvres de cet homme, aussi illustre par la parole que par la plume, lorsque, pour la première fois, il pénétra dans notre grande vallée rhodanienne ct arrêta son rega rd sur le panorama de nos A~pes: • Oh ! quel pays merveilleux, le plus beau du monde 1,.
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Notre trésor de vie nationale Oui, mon Valais, tu es 'le plus beau pays du monde ! Mais il y a quelque chose de plus admirable que la nature Que, pour nous, Dieu a faite splendide en toi : c'est, avec la foi conservée, le trésor de vie nationale Que nos pères ont amassé à travers le cours des âges, qu'ils nous ont légué comme Je plus précieux <ies héritages et qui, dans l'histoir e des nations, nous apparaît comme un véritable joyau. Sorti rou ge, ainsi qu'un rubis, du sang le plus généreux de nos ancêtres, serti· par leur épée de héros, ce joyau, que tout l'or du monde ne saurait payer, n'est pas autre chose que l'espri t de liberté, la passion d'indépendance qui, remplissant un passé de neuf siècles, ont si souvent cnianté des prodiges au milieu de nos Alpes. L e principe de la souveraineté populaire n'était encore reconnu presque nulle part en Europe que déjà, en Valais, il était admis, consacré et regardé comme intangible. A·lors, en effet, que partout ailleurs le peuple traînait lamentablement Je boulet de la servitude et gémissait dans l'oppression, vous voyez la population indigène de nos vallées· toujours prête à se lever en masse comme un seul homme pour sauvegarder son existence nationale et ses droits démocratiques contre les attaques du dehors ou l'ambition des seigneurs avides d'imposer leur domination; elle place l'amour de la patrie au.-dessus des compétitions politiques, au-dessus même des différences de langue et de race. Puisan t sa force dans une bravoure innée, dans la pureté ct la simplicité des mœurs, dans l'opiniâtreté au travail, dans l'esprit d'ordre, de discipline et de modération, notre petite république demeurera debout et libre au milieu <ies· ruines amoncelées autour d'elle et des nations Qui disparurent, emportées par le fleuve du temps. Et qui oserait prétendre qu'une contrée si restreinte ayant produit, sans discontiuui té pendant des siècles, tant d'hommes
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qui, par 'La vaillance de leur épée ou la supériorité de leur intelligence, se sont imposés à l'attention, à l'estime et parfois à l 'ad~ mi r atio n de leurs contemporains, qu'un tel pay s, dis-je, ne soit pas, comme ses fils, heureu sement doué et natu rell ement fécond? Et voilà pourquoi j'a vais raison de laisser entendre que si les Valaisans ont été parmi les derniers ve nus dans la belle famiUe suisse, ils ont apporté, autant que les premiers arrivés, un passé de gloire plein de promesses pour :t'avenir ... Aussi, dès l'instant de son en trée dans la Confédération, le Canton a-t-il f ait honneur à la patrie commune et a-t-il dépensé sans r elâche tous ses efforts pour que ses aînés eusseut à se félliciter de l'avoir admis à prendre rang au milieu d'eux. « Jusqu'à l'évidence - ainsi que je le faisais remarquer à une autr e heure so lennelle de notre his~ loire - il a démontr é qu'elle a définitivement vécu l a pitoyable légende qui a laissé croire, pendant si longtemps, que le Va'la is n'est qu'un immense tombeau aux f ormidables parois de grani t dans lequel s'é touffe la pensée humaine et se décompose le germe de tout progrès ; il a pr ouvé que, si l'on songe à nos ressources si restreintes, des pas de géants ont été faits depuis cent ans, dans toutes les sphères de la vie sociale et que nous avons acquis le droit de nous tenir le front haut au milieu de nos frères de la chère famiHe suisse ... ; il a convaincu chacu n que l'enfant de la vallée rhodanienne a re'çu de Dieu, au tant Que n'importe quel autre citoyen de la vieH!e Helvétie, la flamme vive de l'intelligence et le nerf solide d'uue volonté per sévérante ... Et ces effor t s, tendant à un développement intellectuel toujours plus accentué et à uue prospéri té matérielle sans cesse grandissante, nous conti nuerons à les dépenser san s trève ni relâche, avec encore plus cl'ardenr demain que hier, non pas dans une pePsée C:e sotte va nité, mais par ce que, fidèles à la parole d'honneur engagée par
nos ancêtres le 4 aoû t 1815, nous sommes ré. solu·s ii ajouter, dans toute la mesu r e ùu Pos. sible, au patrimoine de la Patrie commune Cette Patrie, ah ! nous l'aimons avec sur~: bondance, <le toute la puissance de notre cœur, autant que n'importe qui.
Dieu pour principe Et notre amour est d'autant plus sincère il sera d'autant plu-s persévéran t qu'il a Die~ pou r principe et qu'il est basé sur les sentiments religieux de l'âme... Est-il, en efiet, besoin de démontre r que le v r ai patriotisme !1ouve, dans la r eligion, non seulement l'inspiration la plus hau te, mais le concours le plus nécessair e et :le plus efficace ? Qui, ie vous le demande, mieux que la voix impérieuse de la conscience, éclairée et guidée par l'enseignement divin, saurait réaliser l'union de t ous les cœurs, l'apaisement des dissensions fatales et l'étouîfement ùcs ambitions ou des i ntérêts personnels po~r co ncentrer en un faisceau invincible toutes les f orces du pays c t faire face aiusi à l"ennemi dont l'attaque brusquée peut éclater demain ? Et, sur Je champ de bataille, qm donnera, avec plus de génér osité à l'ftmc du soldat, la force et la vaillance, qui, si non les immorteHes espérances ct ces récompenses sans f in que Di eu montre ct promet à c~ lui qui, jusqu'au bout, jusqu'au sacrifice, ntarche droit dans , le chemin de !"honneur et du devoir ? D'autre part, ne l'oublions pa s, « plus une nation est libre, piu s elle est maîtresse <!e ses destinées, plus l'influence de la religion lui est nécessaire pour la garder contre les excès et les périls de son indépendance. • L'expérie nce, des siècles, avec laquelle on ne discute pas, est là pour nous rappeler que les négations, les blasphèmes, le mépris des vérités religieuses ont toujours préparé ou le règne de !"anarchie et de la révolte ou cel ui de l'autocratie et du despotisme. Eeou tez un des pères les plus dévoués et un des défenseurs les plus ardents du libéralisme modeme, écoutez Benjamin Cons-
tant, nous déclarer que « l'é'poque où l es idées religieuses disparaissent de J:âme des hommes est to ujours voisine de la per te de fa liberté ~ .... • l:Jne nation, affirme f r anklin, ne peut être vraiment libre si elle n'est pas vertu euse, et plus les -peuples deviennent corrompus et dépravés, D'lus ils ont besoin de maître... » • Si j'avais dans les mains, au moment où H se déclarait de la Révo lu tion française, ·si les mains 'le bienfait de la foi, rais sur mon Pay-s.
disait T hier s l'admirateur j'avais dans je les ouvri-
Une nation croyante est toujours mieux ins·pirée Quand il· s'agit des œuvre·s de l'esprit, p1us héroïque même quand il fau t défendre sa gr andeur». L'alliance i ndisso·l uble entr e la religion et le ·Pél'trioti sme, vous la trouvez i nscrite dans mille pages de l'Ecritur e sainte ; qu'il me suffise de faire entendre le cri du prophète : • Que ma langue se dessèche dans ma bouche s'il m'arri ve jamais de t'oublier, ô Jér usalem, ma patrie !... », ct celui du vaillant Macchabée : « Il vaut mieux mourir sur le champ de bataille que d'avo ir à contempler les r uines de la cité ct clcs autels ... •
La Religion et le Proe:rès M a i~. mes frères, pour savoir de quel concours ·puissa nt la R eHgion fut et est pour la prospérité d'une nation, il n'est pas nécessai re de co nsu:Jter les livres inspirés, de f ai re parler les hommes cé lèbres et de chercher au-delà des frontièr es ; il suffit de jeter un r egard autour de nous ...
Qui donc a bri sé d·ans notre anti-que Valais, la ta!Jl e sa nglante des abominables sacr ifices humains ? Qui donc a adouci peu à peu, les mœur s farouches des indompt ables guerriers que furent nos ancêtres ? Qui, en polissant le caractère sauvage de ceux-ci, les a amen és à reconnaître au-dessus du droit, souvent inique et parfois ignoiJJ.e, de la massue et de la force, celui de la justice
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et de la charité ? A qui, pendant de longs sièdes, notre val lée rhodanienne fu t-elle rcdevabl~ d'a voir été littér alemen t couverte d'asiles et de maisons hospitalières, dont l'une, 'l a pr incipale, reste debout et est encore aujourd'hui ce qu'elle f ut hier, le champ où se perpétuent tous les héroïsmes du dévouement qui, jusqu'il y a cent vingt ans, a, non seulement or ganisé et payé, mais dir igé 1la plupart des écoles populaires, Qui, si ce n'est la Religion par son Eglise, c'està-dire par ses monastères et son clergé, inspirés par les Evêques, ces vrais amis et défenseurs du peuple, dans le passé comme à l'heure actuelle ? ... A l'époque ténébre use du moyen-âge, qui, au sein de nos montagnes, a tenu: haut et ferme le drapeau sacré des let tres ; qui les a recueillies et sauvegardées lorsqu'eMes fuyaien t affolées devant ·l a barbarie envahissante ? Qui, si ce n'es t, avec deu-x ou trois autres i nstituts sim ilaires, cet·te ill n-stre Abbaye d'Agaune, dont on célèbre le quatorziè me centenaire de la restauration ct que je sa lue d'un mot, d'u n geste, et Qu i demeure cc qu'elle fut depuis sei ze siècles, la source d'oit se déverse sur nos vallées le flot des r ichesses intellectuelles, en même temp s que le foyer of1 s'avive la flamme cie l':~tta c hcmcn t à notre nays bien-aimé? Réuni ssez, maintenant, clans ce t emple vénéré, tout ce que le Vala is actuel compte de personnages éminents ct distingués? ... demand ez aux neuf dixièmes de nos dépu tés, de nos hommes d'Etat, de uos magi strats, cie nos médecins, de nos avocats, de nos ingénieurs, demandez-leur. qui leur a procuré les co nnaissances classiques aux quelles ils ,l oi vent d' avoi r pu affronter les étüde~ s:~pé r i c ure s, leur per mettant d'ê tre aujourd'hui si utiles à la patr ie et :i la s0ciété ?... interrogez nos dévo ués in sti tuteurs ; qu 'ils nous di·sent Qui, da ns 'la majeure partie de nos villages, se j oin t à eux pour apprendre aux élèves des écoles primaires à aimer la famil'le et le pays.... qui, avec eux, travaille l'âme ct le cœur de vos enfants pour faire de ceux-ci des jeunes gens avant tout conscients, c'est-à~i r e aus,
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Supplément à:I',Ecole primaire"
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si dignes et honnêtes qu'i nst ruits, qui, si ce n'est l'Eglise par ses p rêt res et ses religieux? Et les bienfaits que la Religion déverse su r notre patrie sont le meiHeur garan t de ce qu'elle peu t faire dans l'avenir. Et voilà pour quoi, vous tous qui êtes les dignes repr ése ntants du peuple souverain, et quelle que soit la co uleur du drapeau dont il vous plaît de couv ri r vos aspirations de politique administ1,ative, cette Re ligion, vo us l 'aimerez comme l'o ut aim ée vos pèr es, et comme eux, vous aurez à cœ ur de veiller à ce que son heureuse i nf luence co ntinue à s'exerc~r dans tous les domain es de la vie sociale : à l 'école, atin que le bouton encore iermé qu'es t l'enfant, p uisse éclore en une ileur aussi attrayante par le parfum des 'ertus mor ales que par le brillant éclat des ron·· naissances intellectuelles ... sur la jeunesse, afin de la détourner des sou r ces malsai nes auxquelles on la voit trop souvent courir pour y boire à longs trai ts, avec le poison de l'incrédulité, celui de la corru ptio n ct du· désordre ; afin d'empêcher vos fils de gr ossir la i oule de ceux qui, infort unées victimes d'un libert inage précoce, ont laissé tomber une à une to utes les feui lles de la pié té et de la puret é cie leur âme, ct, au moment où i ls devr aient off rir à leur pat rie les pr émices et les pr omesses d'abondan tes moissons, ne présentent pl us que le spectacle attristant d'une tige dépouillée et desséchée ... dans la fabr iQue et l'atelier, afin que, foyers de prospérité matérielle, ils ne deviennent pas, aw sein de nos mon tagnes, une officine de démorali~ation et de décomposition sociale ...
Péroraison Ce tte Religion, Chefs de l'Etat et Magistrats, vous persisterez à la v ouloir pr ésen te à tous les ac tes qui marQuent une époque clans l'hi stoire d'une nation et vo us mêlerez son parf um à tou tes les impre ssionnantes émot io ns qui pénètr eut le cœur d'un peuple. De son arôme divi n, Messieurs les Dé-
putés, vous impr ègner ez les lois qui, Pour la prospé r ité morale et matérielle de vo concitoyens, émaneront de vos sages dé!i~ bération~ ; vous en envelopper ez le Pay s tout entier, com me d'une rosée bienfaisante et pure, comme d'une sève généreuse ct féconde qui, baignant les raci nes, monte jusque dans les branches pour couv.ri r !''arbre de fleurs et de f r uits... Et, Messieurs, en maintenant ainsi le règne de Dieu dans vot re beau pays du Valais, vous mér iterez de v oi r vos enfants grandir, dignes de vo us et de vo s anc0tres · dociles à la voi x d'En-Haut qui leur or~ donne, comme iadis aux fils d'Isr aël, de u'aimcr rien autan t ici-bas que la terre Qui les a vus na ît re, ils vi v r ont pour elle ct pour elle ils seront prêts à tous les sacr ifiœs ... Comme vous, ils placeront l'amour de la Suisse plus haut que les satisf actions que l'or promet, plus haut que les convoitises de l'ambition ou les aspi rat ions de la politique, pl us haut que le foyer famil ial... et sous le ciel le plus sombre, à l'heure <les déceptions 1~:; plus cruelles, au milieu des pires éventualités, vo us les trouverez toujours su r Je chemin du devoi r et de l'honuem, droi ts co mme les sapi ns de nos collines, inébranlables comme le grani t de uos A lpes... ct si l'heure des ba tailles <levait malheu reuseme nt son ner, v ous les v er r ez, plutôt qu;:: de recule r, de f aiblir et de permet t re qu'on ari·ache aux flancs de notre telle Helvétie un lambeau de son terri toire ou qu'on ne l ui enlève une parcelle de sa liberté, vous les ver r ez donner, jusqu'à la dernière goutte, le sang qui coule dans leurs veines ; s'enveloppant <le la bannièr e sai nte dont la Croix blanche parle, à l a fois, de Dieu et de l 'antique Suisse, ils se laisseront jeter dans la tombe et, com me autrefois de celles que Winkelried et Thomas in der Bund s'étaien t creusées dans les ra ngs ennemis, de le ur tombe sorti ra un chant de gloire, un chant de v ictoire pour notre Pat r ic bien-aimée, sur laqu elle, Monseign eur, ie vous Pri e de bien vo uloir étendr e v otre main épiscopale po ur y répandre les célestes bénéd ictio ns.
Traditions populaires en Valais Conférence donnée à l'Assemblée annuelle de la
Sochité sulsscz dezs Traditions populairczs à Sion (Salle du Grand Conseil) le 13 juin 1915
Mesdames et Messieurs,
La Société
~uisse des Traditions pofondee en 1896, comptait derprès de 700 membres se rëdans tous les cantons ~uisse5 façon très inégale c'est vrai en trop petit nombre en Val~s est pourtant l'un des cantons les riches en traditions de toutes sor-
et
année, cette association à 1ft et patriotique, puisqu' but de sauver de l'oubli de us et coutumes ancestraux et _'le sens intime et la génèse hent ses assises tour à tour de nos vingt-cinq chefs~ Lors de la dernière de ces cen:traies, qui eut lieu à l'Exposinahonale de Berne, les 20 et 21 1914, les congressistes décidèrent la prochaine assemblée se tiendrâft ttrre. valaisanne 1 ) . Le tour de notre vt11e de Sion était venu. ::!\,:n:uu.u4
IIIUC>Ul<"'
L'occasion a paru bonne à un mosociétaire, un des trop rares etidu Va1ais admis au sein de l'as• Terre valaisanne •, est le titre du reposthume des ,poésies du regretté Louis écrivain de talent prématurément aux lettres. Il a trouvé la mort dans de Zurich en 1905. Au cimetière de un r:nooeste monument le rappelle à nomEmoire.
sociation, non pas de dresser le bilan litt,~r~ire de tout ce qui a été fait jusqu ICI dans le domaine de 'l'étude des Traditions popu1aires va:laisannes travail Téservé à une plume plus compétente, plus érudite que cel'le de ~'hum ble montagnard que je suis - mais d'essayer, par un bre~ compte-rendu, de p~ss~r en,. revu~ rapide ce que ·l 'on a f~tt ]Us9u a ce JOUr, et montrer ensuite, SI possible, 1~ tr~vail considérabŒe qui reste encore a fatre. Les prétentions de l'auteur. se bornent à jeter un appel pour athrer sur ces choses intéressantes l'a~ention _du pu~lic valaisan, trop distrait et meconnaissant •le grand intérêt e! y~us certains rapports la réeille util~te mteHectuelle de l'étude des tradi· bons et Iolk-lQres nationaux. Les légendes et traditions vailaisannes ~u r~gio_nales fonnent ou plutôt fo~a1en~ ]adios une végétation touffue et mextncable qui s'est malheureusement éclaircie, dans de considérabies, dans de trop fortes proportions, sous 1~ coups_ ~e la mentalité -contemporame, .qu1, m'consciente, a agi comme un vra1 Vanda~e. tel un braconnier corn. promettant sans pitié notre faune ou ~os f~rêts appauvries par une civilisatiOn h1en belle, mais qui ne manque pas de revers, hélas; c'est le moment douloureux de ·1~ constater. Il était grand temps de creer des refuges, des parcs natwnaux pour nos légendes d'antan
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2 auxqueUes ne semble pas devoir faire de quartier cet esprit de positivisme et de scepticisme qui est une des caractéristiques de notre siècle. Si l'on passe en revue la modeste mais intéressante littérature valaisanne, pour 'les périodes séculaires partant du grand siècle classique jusqu'au début du dix-neuvième, ce qui est relativement :üsé à faire, grâce surtout aux recherches d'un enfant du pays, M. J. B. Bertrand, pharmacien à Ghexbres, auteur d'un essai sur ,le Valais intellectuel, ouvrage publié à Sion en 1909, et d'études érudites, insérées dans les éditions 1914 et 1915 de l'Almanach d!l Valais; si 'l'on parcourt les écrits des Valaisans et ceux des étrangers qui ont voyagé dans notre pays, durant la période précitée 2 ) , on aura la ressource de glaner de nombreux renseignements touchant de près le folk-lore, dans le sens large du terme. Je serai ici sobre de noms d'auteurs. Je me contenterai de citer le chroniqueur Bérody, qui nous a donné la liste des pièces et des mystères joués au théâtre de St-Maurice au début du dix-septième siècle et qui, sauf erreur, décrivit ~le premier la merveilleuse croyance du poisson du vivier de l'abbaye, dont la mort annonçait celle d'un chanoine. L'époque de la Révolution française et les premières décades immédiates furent remarquables en Valais par une véritable floraison sdentifico-littéraire. Ouvrez le Hvre déjà cité de M. Bertrand. Il vous révèlera l'activité d'une pléiade de Valais ans distingués, dvils et ecolésiastiques, dans divers domaines intellectue'ls. Des noms de botanistes, historiens, érudits: Murith, Clément, Darbetlay, les de Rivaz, Venetz, Boccard. Chrétien des Loges, etc., prouveront du moins que la vallée du Rhône 2) On peut considérer Josias Simler comme Je premier qui écrivit sur Je Valais. Son ouvrage latin « Vallesiae descriptio » date de 1574.
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est cependant de crétinisme. Mais toute l' littérature que nous devons aux porains et ému'les de de Saussure compatriotes de Thomas P,latter ne' nit .pas des. matériaux bien au•JJla:tn à l'étude des traditions. Ce ne sont Jes littérateurs d'une génération veUe qui se sont adonnés à 1 tion de ,ce champ si intimément d'autres disciplines scientifiques. travaux du doyen Bride!, dont tains intéressent directement le V ont peut-être bien inspiré les du cru qui ont daigné piocher champ presque vierg·e. Animés mes ~Sentiments q'ue Rousseau: lyrique de la montagne, Ram javelle, ses discip:les indirects et tains, vulgarisèrent avec q tigateurs, savants géologues, chercheurs de minéraux et avant grande invasion des alpinistes de fession, les voyages dans les Alpes quels l'un et l'autre ont consacré des vrages restés classiques. Du les mooceaux délicieux extraits Alpes suisses, le « Chevrier de de-Fort» et 1les «Cerises du Oueuroz » sont une lecture ·.,,,.Tl,,._ pour l'observateur psychologue, détails de mœurs fidèlement Emi'le javelle, écrivain çais d'origine, s'est surtout -. 1.n::>\:ldiUI!III' des excursions dans ,]es Alpes nes décrites si poétiquement dans «Souvenirs d'un Alpiniste». La regrettée Mario*** qui pour ainsi dire d'étranger au Pays que son lieu de naissance, plus Valaisanne par sa délicate d'artiste que par 'les lointaines bagnardes de sa famille . ' smvre l'œuvre si captivante. reviendrons tout à l'heure. Les faits de l'ancienne histoire laisanne les moins bien établis, les sujets à controverse. ceux où la telle 'l a flexible liane de 'la forêt s'est infiltrée dans l'histDire, de à y former un impénétrable fourré,
de la légion thébéenne, l'édu mont Taurus, le condle le présumé d' Anni· int-Bernard, etc. sont autant de problèmes historinon entièrement résolus. jadis les villes de la Grèce se disputant la naissanœ , diverses localités du Basveu'lent avoir assisté de tout près formidable effondrement du mont que les historiens placent en et qu'une partie d'entre eux du affirment s'être produit près (St-Maurice). C'est tout d'al'opinion de Boccard, le père de valaisanne, si je puis m'exainsi, et cette opinion est parlapar na J)lupart des auteurs qui ont après lui sur ce sujet. Mais dans e Bas-Valais, œ coin du vieux is que baigne le Léman. ·l a tratrès vivace veut que le giganteséboulement se soit produit au-desde Port-Valais, à 'l'endroit portant 'hui le nom significatif de Hautet que de là le Monï Tause serait effondré directement dans en y soulevant des vagues qui littéralement bailayé l'actuelle opposée. Les phases de ème d'histoire, si intéressantes les, ne sauraient nous retenir ici. La solution me paraît : dans un pays de IÏ.autes , aux filancs balafrés de raéboulements ont dû être nom. dep.uis les temps les plus recuhi~!onques et anté~historiques, jus1epoque actuel>le. Et ce nom -celde Taurus, T auredunum a vraiété un terme giographisorte de nom commun s'applià différentes montagnes. dont et l'a~tre o_nt été 'le théâtre de phégeoŒogiques de ce genre. ·De de la. confusion qu'une Atone contribue pas
'l'histoire, la géographie et la légende. A l'événement historique bien déterminé, l'éboulement des Diablerets en 1745, se mêlent également, à Conthey et à Leytron, des récits légendaires caractéristiques. A cet égard, 'les Diablerets ont une étymologie parlante. Les âmes damnées, dont on peuple les grands g_l~ciers, surtout ceux de la partie anteneure des Alpes bemoises, dans la plupart des vallées du Valais germanique, sont 'Plus volontiers préposées au dévalage des blocs et des ravines sur les flancs escarpés de la montagne et à leur amoncellement dans les prairies fertiles transformées ainsi en déserts. Les traditions re'latives à des éboulèments, à des transformations capitales produites par des cataclysmes naturels, abondent, par exemple, au val d'Hérémence. Les méfaits des diablats dévastateurs sont un thème classique des légendes à Bagnes comme dans la contrée contheysanne. Le renversement de ia montagne, auiourd'hui si escarpée de Catogne. est bien connue à Sembrancher. En fait de glacier hanté dans le Bas-Valais, i'l faut citer celui de Plannévé au pied des Dents du Midi. Le passage d'Annibal au Orand-StBernard, en 215 avant notre ère, est un 1 fait historique très discuté, et qui semble devoir être résolu par la négative, en dépit de l'opinion de Boccard et du grand-baililif De Rivaz. Quoique je connaisse bien peu la partie du canton qui parle la langue de Schiller et de Gœthe, il me semble hors de doute que cette portion dtti pays est plus riche que 'le Valais romand dans le domaine folkloristique. Sous ce rap~ port, je suis persuadé que le Haut-Valais rendrait des points à l'ancien pays sujet, beaucoup moins conservateur à d'autres égards encore. La Société d'histoire du Haut-Valais a élevé >la mémoire des traditions nationales un superbe monument ea rééditant et en enrichissant, il a peu d'années, les Walliser Satzen, cette im-
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portante gerbe de légendes haut-valaisannes, due en grande partie au labeur du chanoine Ruppen et du curé Tscheinen. Die a paru pour la première fois en 1872, à Sion, l'année même où se publiaient, d'autre part, les Traditions de la Suisse romande, de :l'historien Daguet et du Valaisan de Bons. Mario, qui a contribué pour une si large part à faire connaître le Valais ignoré, a fait aux Walliser Sa~en de larges emprunts pour son Oénie des Alpes valaisannes ( 1893 , tout entier consacré au folk-lore valaisan. A la même occasion, je me fais un devoir de citer Un Vieux Pays, entre autres ouvrages du même auteur, et dont les pages tout imprégnées de . poésie constituent une lecture des plus profitables la con naissance des us et coutumes villageoises, des scènes rustiques et des fêtes patronales. Le style délicat de Mario••• se retrouve en partie dans celui de Solandieu. C'est 'le pseudonyme d'un ·lettré fribourgeois, auquel nous ~evons uq nombre considérable de croquis, nouvelles, contes et 'légendes, épars dans les journaux du pays ou réunis dans quelques volumes de parution récente: " Les Châteaux valaisans», ''Le Valais pittoresque» et Je dernier en date ( 1914) les «Petites Chroniques valaisannes ». Nombre de ces contes de Solandieu font revivre à nos yeux maintes scènes de l'époque féodale. je mentionne rapidement, en passant, le nom de M. O. Perrollaz et sa série d'anciens contes historiques présentés aux lecteurs de l'Almanach du Valais, sous le titre collectif: Vieilles hi$toires d'un Vieux Pays. En 1897 paraissaient à Genève les Veillées des Mayens, par M. Louis Courthion. importante contribution à l'étude des traditions bas-valaisannes, une belle gerbe de légendes recueil'lies en grand nombre dans la vaHée de Bagnes. Divers journaux locaux, en particulier les modestes suppléments ge· la
Gazette du Valais, le {ournal d" manche, notre revue l'Ecole primaire, et aussi périodique, la Revue des T UUirtOir.. pulaires, de Paris, en avaient eu d'abord la primeur pour un nombre. L'instructive étude socio'logique même auteur, le Peuple du Valais a vu le jour en 1903, a fourni point considérable à l'étude des fions valaisannes en général. tres ouvrages, entre autres les valaisannes et les Contes recueils de récits du cru, éclos à chez JuUien, respectivement en 1 en 1904, seraient bien à leur place la bibliothèque du folk~loriste.
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Un autre amoureux de son coin terre, doublé d'un piocheur, Louis Coquoz de Salvan, publ cessivement le fruit de ses pa•m.o•u1~ cherches en 1899 et 1901 sous la de deux volumes consacrés à sa resque vallée natale. Le second, et Légendes de Salvan, tout ment, fouille à fond 1a flore léllend~ d'une contrée qui avait servi aux ouvrages de toute une série vains de renom: javelle et Rambert cités. Edouard Rod , qui choisit lanches - le nom fictif de Salvan pour servir de cadre à son roman pestre Là-Haut, etc. Ces légendes de Sa1van ont eu de dix ans après leur première tion, les honneurs d'une réédition. jegerlehner, de Berne, les a dans son volume, Sagen aus dtm terwaWs, qui a vu le jour sous les pices de notre Société, en 1909. vrage est complété par d'autres des issues de sources diverses. de férentes contrées du Valais L'Entremont, le val de bien exploré, lsérables, le et d' Anniviers, fournissent • L'extrême Bas-Valais, le Val d' plaine du Rhône, Nendaz, n'y sont
représentés 3 ). Malgré ces Jacet ouvrage biiingue est un des dans le folk-lore bas-valaisan •·m•vu'uc:uu.<;; des matériaux réunis. contes et légendes du Vafrançais ont été mis au jour, au de diverses publications du canj'ai parlé plus haut des journaux ·les accueillent volontiers. Mieux cela, M. Courthion avait créé spéun " journal de littérature et nationale·», le Valais Ro(1896) - qui mppelaii, à quelce qu'est pour nos voisins vaudois, de vie plus dure ne put, hélas! achever sa troiannée d'existence, mais qui prodes courts instants de sa vie éphé.pour étudier nos dia·Iectes, notre et .la menue histoire du pays t délaissée. ' l'Almanach du Valais, né avec la pha1lange des ouvriers folktrouva W1 nouveau champ favoà la ,culture traditionnelle. Pas une quinze années de cet utile périodiqui ne contienne des morceaux de pour les archives folk-loristes. auteurs déjà cités et de nombreux y viennent chaque année déleur butin. Jules Monod dans son « Grand du Valais » honoré d'une subcantonale, et dans le «Journal des S!ations du Valais», qu'Il p~us1eurs années, a contribué t a populariser par le récit et la gravure, nombre de nos tradilégendaires, coutumes et costuoriginaux, auprès d'une catégorie lecteurs, pour une notable partie à la vallée du Rhône m'ais admirateurs d'icelle. ' légendes de Zennatt et environs, été étudiées encore par Alfre9. Le volume du ~me auteur, les « Sagen dem Oberwalhs •, contient une bibliocomparée et un index alphabétique les deux volumes. (Note de M. pnlle~ssetlr Hoffmann-Krayer.)
Cérésole qui vient de mourir, l'écrivain populaire qui tient une si large place dans la littérature folk-loriste vaudoise, par ses Légendes des Alpts vaudoises, et par plusieurs autres Ol!vrages, L'archéologue et préhistorien B. Reber, Genevois d'élection, sagace investigateur et patient chasseur de pierres à écuelles et d'autres monuments préhistoriques, a mis au jour, chemin faisant, plus d'une légende qui allait se perdre. Du reste, personne ne contestera que des traits d'union naturels relient le folk-lore et ,l a préhistoire l'un et -l'autre n'étant que des branch~s de cette vaste science relativement jeune, l'anthropologie. Il n'y a pas mal à glaner aussi dans l@s œuvres du poète jules Gross. Ses poèmes et ses drames en prose et en vers, s~rto.ut Théodullne (Paris, 1906), dont 1actiOn se passe à Sarreyer, le plus archaïque des villages bagnards, font une large place aux traditions du terroir et aux naïves croyances ancestr~les. Diverses légendes pieuses ou bachiques ont été mises en vers par lui. Enfin nos Archives surgissent. Mais le recueil, qui en est à sa dix-neuvième 1 année, contient encore un nombre restreint d'études concernant le Valais le Bas-Balais surtout.- En 1910, un ~vo cat de Sierre, M. Otto de Chastonay. y décrit les Légendes de Vercorin, encore W1 coin inexploré. Votre serviteur y a dépeint en 1909 et en 1912, le folklore bagnard envisagé à des points de vue peu étudiés jusqu'ici. Il serait à souhaiter que des études de ce genre se généralisassent en Valais. Tout dernièrement, M. Delachaux a ébauché dans notre périodique l'étude des jouets valaèsans. En 1913, les Archives publient mes Traditions de Vouvry, contes et lambeaux de légendes recueillis là-bas lors d'un séjour effectué dans la région 't'année précédente Dans son livre sur le Patois de Vionnaz, M. Jules Gilliéron,
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dénichait vers 1800, dans cette localité, qtWlques légendes et contes de fées; le récit le plus caractéristique, celui de Panatèra, dont le pendant se retrouve à Salvan, le fameux Bocapan de la collection Coquoz, se serait tout à fait perdu. Le Val d'Illiez est très intéressant à de nombreux égards, surtout par. ses amazones - ses robustes luronnes portant en hiver les culottes - sans métaphore - et toute l'année le mouchoir rouge, coiffure traditionnelle des femmes « ch orgues » 4 ). L~ur contrée a été l'objet d'une monographie géographique et historique par A. de Claparède (1886-1890) et a été étudiée sous le rapport linguistique par MM. Braunholtzer et Fankhauser. Elle n'a donné par contre que fort peu de choGe nu folk-lore. Tobie Mariétan a publié une ou deux légendes dans .l'Almanach du Valais. Du reste, je l'ai déjà constaté, la littérature folk-loriste bas...Yalaisanne est des plus p·attvres comparée à celle de certaines régions du VAlais central, o~ sa décadence quoique réelle n'a pas atteint un tel degré d'acuité. Ce qui a été observé pour les tradition.s légendaires peut 1'être à bon droit, avec plus de raison encore, pour de nombreuses coutumes domestiques et alpicoles, pour les costumes notammeQ.t, et en particulier pour Jes costumes féminins. Le chapeau national valaisan, détrôné _dans le Bas-Valais, règne sans conteste dans la section centrale de la grande vallée du Rhône. C'est à Nendaz, à Savièze et à Evolène que l'accoutrement du Valaisan moderne trahit ld façon de vivre et de s'habiller de ses ancêtres, contemporains du cardinal Schinner ou de Thomas Platter. Savièze est le rendez-vous affectionné, presque l'Eden, pour toute une ruche de peintres épris de son bisse hardi, Pour les lecteurs qui l'ignoreraient, disons que ce nom de • Chorgues » est le surnom collectif des gens du Val d'IIIiez. 4)
de la plantureuse population qui bite et du cachet archaïque des indigènes. Nendaz, bien qu'étant la Pttitt patrie d'un archéologue éminent et tigable, le chanoine Pierre de l'abbaye de St-Maurice, me encore presque une terre vierge légende. Et pourtant j'ai pu dernièrement, lors d'une excursion pide, que si quelque chercheur s' d'inventorier les traditions ueiiUatntl•·• peine entamées, il serait sûr d'y une riche moisson. On en pourrait autant p011r la contrée voisine de they. D'Hérémence, grâce à 1 d'un bien humble paysan, Ant Seppay, nous passédons quelques gendes caradéristiques à ajouter à grande gerbe valaisanne. Veuillez m'excuser, Mesdames Messieurs, ma par trop grande rance du Haut-Valais. En outre des W alliser Sa~en cités, où les vallées de Viège ' avoir la part du lion, je noterai sant un historien valaisan, M, lmesch, auteur des Bettrii~e (1 et quelques écrivains étrangers au ton, du moins par la naissance dans des livres à part et dans dà des publiées par les Archives ont sacré leur temps et leur plume au lore haut-valaisan. J'ai déjà parlé de M. à propos de son recueil de légendes valaisannes. Il mérite ici les d'une mention. De lui on a toute série d'ouvrages populaires sur le lais allemand, travaux directement pirés par le souci des traditions laires. Il nous a donné su<:ce!;siveiDIIIII un Guide du Vat d' Anniviers W as die Sennen erzahlen ( 1 Am Herdfeuer der Sen.nen ( 1 Sagen und MaPchen aus dem wallis (1913). En 1914 encore, il entretenait les gressis!es de Berne du folk-fort t-1a ut-Valais.
Au. or F.-p. Stebler,
de ?ürich, doit de precteuses monographies: ·d Ob den H et enreben (1901 ), Das q_oms (1903), Am ~otschberg (1907), Sonntge Halden am U>tschb~rg J9J3). Ces vallées de Lœtschen et de Conont été l'objet de descriptions d'aude langue française. Victor Tissot d'abord s'y promène dans son livre Suisse inconnue. Léon Desbuissons décrit la vaHée de Binn, le paradis naturalistes dit-on, et Ch. Biern a publié à Lausanne, en 1907, Essai sur la vallée de Conches géoique et sociologique. ' Revenons à M. Stebler pour rappelrx one remarquable étude qu'il a publié~ dans les Archives, en 1907, et intitulée Die Hauszeichen und Tesseln in der Schwelz. Le Valais y a sa bonne part. L'auteur étudie en détaH le mode d'emploi des Tesseln ou marques dosignes par lesquels se distinles propriétaires de bétail. Ce sysest pratiqué dans divers cantons des Alpes, dan~ le Haut et même dans le Bas-Valais, où elles sont bien consous ,Je nom de Tasse ra, mais où t elles sont en rapide voie de Je ne fais que citer des noms: Paul Amherd,qui publie à Berne, en 1879, ouvrage intéressant sur la contrée que d'Ukichen, et or Dübi, qu~ ~st d_ue une précieuse monographie tradthonmste de Saas-fée 4 bi-~). Le théâtre populaire improvisé a joué le siècle des Bérody (le dix -sepl'âge d'or de la tragédie en Va' un rôle intellectuel bienfaisant l'influence de 'la jeunesse studieuse. Bertrand consacre au théâtre tout un chapitre de son livre déj:a cité. •bis) M. Léon Meyer, archiviste cantonal, publié tout récemment en allemand un ou· sur les mœurs anciennes de la vaiiée iviers. (Erlangen, 1914.)
"c:est presque par douzaine débu· , te-t-Il, en son article, que du N'ouve1.. »An a 'la Mi-Carème et de mai en juil· » 1et, l'on pourrait compter les annon»ces de représentations théâtr.alles qui » ~haque semaine, paraissen·t dans no~ »Journaux ou s'affichent contre ·les » murs.» Pièces d'occasion arrangées par quelque lettré du vil'lage, à propos d'un événement local auquell on attache une im· portance démesurée, rivalisent avec les meiUeures pièces du répertoire classiqu~. Schi11~r et Molière ont été joués mamtes fois sur la scène va1laisanne co~curremment avec les grands faits' qut abondent dans 1l'épique histoire du pays, arrangés, pour être revécus un moment sur les planches. Les m~cabres et gll.aciales tlégendes haut-valaisannes ont inspiré à M. René Morax, son drame remarquable la Nuit des Quatre-Temps, ' lfn -littérateur genevois, M. Marcel Oumand, a fait représenter à Vissoie, en 1903, la Légende d' Anniviers, qui n'est autre que la mise en scène de la classique Qégende de la tardive conversion des récalcitrants Anniviards au chrJstianisme.
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L'ancienne république des sept dixains haut-valaisans, a été explo(ée pour la documentation de ~'ldiotikon, lexique des dialectes suisses allemands. Encore ici, j'avoue mon ignorance qui ne me permet pas d'en dire plus 'long. Je suis mieux renseigné sur les travaux qu'ont suscités les patois bas-valaisans. Des g,lossaires contemporains ou peu s'en faut, de celui qu'élaborait ne doyen Bridel, étaient entrepris par des ·prêtres collectionneur·s patients, les chanoines Barman et de Rivaz. Quelques décades pius tard des études scientifiques sont élabor~s et des glossaires régionaux ébauchés. simuHanément sur divers points. M. Jules Gilliéron, l'un des futurs auteurs du magnifique Atlas linguistique de France, •
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explorait Je patois de la commune de Vionnaz cl en dress·a it un vocabulaire sommaire, puis se reportait à l'extrémité de 'la partie romane de 1la VJalijée, inventoriait le patois de Vissoie et y réunissait une riche col1lection de proverbes. La géographie linguistique était prisée 'Par ce savant; son Petit Atlas du Valais roman (midi du Rhône) fut le prélude de ce qu'H fit plus tard, avec des coUaborateur's dévoués, pour toute l'étendue des contrées où la parole française a la place d'honneur. Un compatriote vaudois de M. Oilliéron, M. Jules Cornu, enquêta1t vers 1880 dans le val de Bagnes. PhonQilogie et vooabulaire y étaient examinés dans la « Romania », de Paris. D'autre part, l'érudit pharmacien et cèltisant Léon Franc, entreprenait vers la même époque ( 1880-83) des études dialecta·les basées sur le patois de Monthey, mais, dison~le, selon 1les mêmes principes surannés qui avaient guidé, ou plutôt qui avaient égaré le doyen Bridel, par trop de ceJ.tomanie. En 1909 était orl!anisée dans tous ies cantons romands, l'enquête systématique pour le fu•t ur Glossaire des Patois romands. Tel un agent recruteur, au beau temos des capitulations, M. jeanjaquet s'y assura dès la première heure environ soixante-dix correspondants, pa'l11li les régents et curés ·du Valais. Nombreuses furent 'l es défections dès les débuts, it est superflu de le dire, et les vides regrettables étaient difficitlement comiJlés par Œes recrues nouvelles s'annonçant de temps à autre. Pourtant un solide noyau tint bon jusqu'au bout. Hs compt.eront parmi 1es artisans de la bonne réussite du grand œuvre auqu~l MM. Oauchat et ses collègues attacheront 1leur nom. En cette même date 1909, un philologue sédunois, aujourd'hui en Ecos~e, M. Léon de Lavallaz, gagnait ses pre·· miers ga1lons, son bonnet de docteur èslettres, avec son Essai sur le Patois
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d'Hérémence. La commune de donnait peu après J'hospitalité jeune dialectologue Pfeiffer, qu'une mort au commencement de ~s études santes. La dissertation de M. F ser, sur le patois du Val d'l'liiez en 1911, fut également J'objet thèse de doctorat. Le petit Bulletin, publié par la daction du Olossaire. dès d'année a rendu, lui aussi, de signalés à la _vul~arisation de no~ patois, par publrcahon de textes-specimens. On trouve quelques légendes et maints. cuments de va'leur pour la orale. Le premier volume de la phie des patois romands dressée rédadion 'du Olossaire, contient 53 méros c<mcemant spécia:lement te lais et provenant de 27 auteurs.
ces channes d'étain, elles ont tôt n'être plus qu'un souvenir! La des ·cüllecteurs d'antiquités en complètement privé le pays, sauf quelques coins. perdus du Hautet dans certaines familles ou de commune, comme par exem· Sembrancher, où elles sont conjalousement d'une façon qui met ces rapaces collecteurs. n'eût-on pensé plus tôt à leur une place au Musée archéolode Val ère? ou créer pour eHes musée valaisan spécial?
L'enquête sur la Médecine populaire Suisse s'est intéressée au Valais. la partie allemande, à sa tête se · M 11 e Marie Tarnutzer, et pour wekhe, où les recherches s'ordès 191 0, par M. E. TapUn médecin valaisan, M. le or Werra, de Sierre, faisait partie de Je ne saurais passer outre sans commission adjointe. L'appel adresgnaler la vaste enquête sur les à de nombreuses personnes avait été de lieu et de famille, dirigée par jusqu'en 1912, par quatre corErnest Muret, aide pour ce qui dants de notre canton. Pas assez ne ·le Valais, par divers caHa:borateun suffire à la besogne! de ce canton. Les collections de Chansons populai'Du Valais sont sortis nombre d'obsont d'importance plus grande. M. jets caractéristiques anciennement ufi. Rossat, à la tête de la Commislisés dans l'usage et l'industrie domesromande, dès la création décidée tiques et alpicoles, pour enridlir le 1907, à l'assemblée de Lausanne, Musée des Traditions populaires, or2a. reussi notamment à mettre la main nisé d'une façon si intéressante et avec des chansonniers précieux d vénétant d'amour par l'actif président de la d'ancienneté à Trient. Les ouSociété, M. Hoffmann-Krayer. de M. Hoffmann et de Mlle A. Notre canton a fourni également des · in,dirigeant l'enquête en Suisse mat~riaux précieux et originaux à nomont surtout visité la vallée bre d'autres Musées où l'on réunit pieude Conches. Les recherches, sement les reliques artistiques du passi notre canton a daigné subventionet aux collections des antiquaires ama· malgré ses ~essources exiguës, conteurs, amoureux de ces anciennetés dont les primitifs fusils à pierre et les • •mu••nt. Nos chansons valaisannes grosles recueils de chants suisses pugracieuses channes d'étain sont les plus les auspices de la Société des otiginaux échantillons. ..,.u.•u~·u~ populaires, Roseli~arten et · . II existe aussi d'autres Chanfi) Lens est le lieu natal d'un BéraqeÏ' valaisans. je cite pour mélocal, Barthélemy Bagnoud, mort vers 18110, Chansons valaisannes de Mme auteur de poésies patoises dont s'est · o~ dernièrement M. Merian, de Bâ1e. de Loès, dans 'le tome IV de Archives {1900), et la collection ge
chansons françaises et patoises de M. le professeur Haenni, à Sion.
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Comme vous avez pu vous en convaincre, j'espère, Mesdames et Mes~ieurs, par ce rapide coup d'œil, l'ensemble du travail ac-compli jusqu'ici dans le folk-lore valaisan n'est pas délh quantité négligeable. Les imprimés qui lui sont consacrés, constitueraient le fond de la bibliothèque du modeste chercheur des Alpes. Malheureusemel]t ces matériaux par trop incomplets <;ont très dispersés, épars dans de nombreuses publications ou bien souvent ils ne figurent qu'à titre de remplissage accessoire. Notre laborieux bibliothécaire cantonal, M. Meyer, ne trouverait-il pas opportune l'idée de consacrer au folklore valaisan une place spéciale au sein des beBes collections réunies au sanctuaire du Valais inteHectuel, comme on l'a fait avec goût dans les salles réservées au Olub Alpin et à la Murithienne? En dépit des pertes d'autant plus déplorables qu'elles ne peuvent se réparer, parce qu'on s'est mis trop tard au travail, la mine à exploiter recèle encore de riches filons, bien dignes de tenter l'activité labotieuse des jeunes, qui y trouveront, sans nul doute, une source de jouissances esthétiques, et l'o·rl!ueil d'apporter au grandiose édifice des pierres d'angle nouvelles. Sorti des 1langes, et laissant déjà loin derrière lui ses premiers ba~butiements, en embrassant à la fois par l'analyse el par la synthèse, l'ensemble de toutes les manifestations de la vie va~aisanne, notre folk-lore national sera éminemmertt social. C'est ce que je lui souhaite :Jour l';wenir. Dans l'état aduel, notre recueil de traditions et légendes peut se résumer à grands traits et donner lieu à des vues d'ensemble. En généralisant, en groupant la multitude des versions venues de tous les coins et recoins âu Vieux Pays, elles peuvent se ramener à quelques types
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to prindpaux, à un petit nombre de thèmes. a) Nombreuses sont dans les légendes les histoires où il est question de rapports entre le diable et les humains. Foisonnent les récits d'âmes damnées vouées au cormnerce infernal, de sortiJèges, de métamorphoses de gens en bêtes féroces, de démélés souvent tra(!icomiques de messire Lucifer avec l'avisé saint ·Martin, souvent victorieux. de l'astuce diabolique, du séjour des morts dans les glaciers, etc. La persistance et surtout l'abondanœ de telles traditions: attestent la vitalité sinon de la foi, du moins celle du sentiment religieux dans le pays. Les ténébreux procès de sorcellerie qui assombrissent certains siècles de l'histoire va-laisanne et dont Kampfen s'est fait le fidèle narrateur ( Hexen und Hexenprozesse im Wallis, Stans, 1867) ont eu leur répercussion dans la légende. Les traces en sont ou plutôt en étaient parti•culièrement vivantes, dans la réprobation qui entourait leurs descendants, spécialement les mâchurés de Bagnes et de Salvan. b) Un thème très répandu en Valais, aux fréquentes versions et variantes, c'est celui que j'appellerai laLéf!:ende alpicole. ]'y trouve le reflet de l'âme d'~ne population pastorale, à la foi sohde comme le granit, qui fut celle de la masse en des siècles qui s'en vont. Elle me semble •la caractéristique, la pièce P·rincipale du ;W.useum de nos légendes. En void le motif : Des bergers faillissent à leurs devoirs de pasteurs. Perte de bestiaux rou~t dans les précipices s'en suit. Les mauvais bergers meurent sans avoir indemnisé le propriétaire gravement lésé. L'expiation posthume est de rigueur. Les re.: venants hantent les chalets déserts, près desquels la faute a été consommée. Chaque nuit s'accomplit le simulacre de l'a. batage de la vache périe amenée ~vec eux. Un chasseur égaré, surpris par les ténèbres, dans une nuit d'automne tom-
bant vite, est témoin de ce d'outre-tombe. Aperçu par les il est invité à prendre part au Après quoi les os de l'animal sont nis et enroulés dans sa peau, et une gère tape suffit pour remettre pied ce qui justement était une informe. Mais la vache boîte, tie ode son corps est saignante et piète. C'es.t le morceau mangé chasseur qui manque. Après rnT.......... tion du fait, dispute, les ~nt le morceau manquant. Le seur réclame des explications; il l'histoire des personnages et sur leur priere, promet de faire cessaire pour la délivrance de âmes en ·peine. Alors l'apparition nouit. Ce thème œntral assez constant, a relevé en nombre d'endroits du V Je me dispenserai, ·pour ne pa~ dans une énumération fastidieuse, relever ici les noms des localités où ne s'est ·pas encore perdu. Je ne pas trop me risquer en supposant une periode où la flore légendaire luxuriante, pour ainsi dire à v,;,""''tlli! tertiaire de nos traditions, r'êt vierge du folk-lorisme, cette devait être contée par les pâtres ies chalets des Alpes. Ce thème terait d'être l'objet d'une étude à c) De quelque côté qu'on se dirigt, sur le terrain du folk-lore, à chaque dans le Haut comme dans le ......._v . . lais, on heurte le pied ou à tables ouivres ou à de terribles infernaux volants, rampants ou sants. Ohaque vallée a son monstre fernal, et parfois en a plusieurs le val de Bagnes. Ils en gardent trée ou défendent >les abords de souterrain où certain féroce moyenageux a laissé ses trésors à la garde d'un bouc farouthe ~ont vigilance ne saurait être surpnse une heure chaque année, la nuit Noël. N aters, aux avenues du du Simplon, dont le 'percement a tout
illlétarn•OfP'hO·~;e la localité, et
Vouvry,
apposée, prétendent avoir ogies parlantes. La seconde alités, dont cette étymologie léne peut pas être admise par savante, possède une ouivre ses armoiries. is le mythe du dragon ou de la n'est pas l'attribut traditionniste puisqu'on le retrouve, aussi aocusé que ·chez nous, dans les pays voisins. Peut-être est-il universel? consratation faite, me sera-t-il d'effleurer, en pa.ssant, 1e prode l'origine de ce cycle légendaire ll'•"mn.<:Pr succinctement une opinion partage avec d'autres et qui me très plausible 0 ). Dragons et ouivres de la légende, doiou peuvent être d'origine paléonto. et préhistorique, et les souvenirs faune étrange des époques giaet peut-être tertiaires, à .J'aurore de la période quaternaire, nos lointains ancêtres, à peine devaient avoir. à lutter sans ni merci contre les gigantesques leurs contemporains. On con-~ aisément que l'homme primitif, annf ""'"''"'"'" d'un rudimentaire silex éclapour une -lutte inégale dont il devait fréQuemment la victime, ait gardé ses contemporains, ses ennemis de les jours, un souvenir très fortement dans son cerveau à demi beset transmis à ses descendants de à enfants, à tra•vers une longue de !!énérations. Il est facile de dre également, que l'imaginaait pu se donner libre carrière, en temps reculés, dans l'observation faits et des choses, observation tota. dépourvue d'élément critique, eu 1)
Entre autres par le savant philosophe Büchner, dans • L'Homme sel-on la •. pp 67, 68 de la traduction Letour· (édition Schleicher frères, à. Paris). et près de nous par le Dr Charvoz, à Ba·
a
égard la mentalité du milieu ambiant Fatalement les derniers survivants d~ la faune préhistorique. acculés dans les gorges caverneuses de nos montagnes, ont dû être dépeints par les hardis chas. seurs des premiers clans sous des formes fort fantastiques. La transmission de leurs récits ne pouvait manquer que d'être de plus en plus altérée par la narration orale, soumise à de multiples facteurs de race, de mentalité, de milieux géographiques (par les migrations collectives et individuelles) et chronolC?g~ques (par la succession des générations) etc. Ainsi serait née la faune fabuleuse aux eXiploits imaginaires, terrifiants, au:x;quels nos ancêtres immédiats accor. daient arédit hier seulement! Suis-je trop audacieux, en émettant l'idée que le mégathérium, l'ichtyosaure et leurs congénères survivent dans nos légendes, dissimulés sous un masque de fantaisie? Le ptérodactyle, peut-il bien être le prototvoe vivant de notre fameux dragon volant, à moins qu'on doive recb,ercher la paternité de ce dernier dans un phénomène astronomique, et qu'il ne soit que l'interprétation puérile d'une lumineuse constellation? De plus longs développements pour étayer cette thèse seraient déplacés ici Avant d'achever cet exposé, je me per. mets, Mesdames et Messieurs, de vous suggérer une idée. A côté du Dictionnaire géographique de la Suisse, nos bons voisins du canton de Vaud sont en train de refondre le
Dictionnaire géographique, historique et statistique de leur canton. La bibliographie valaisanne manque d'ouvrage similaire. Ne serait-ce pas opportun.·· à l'occasion du Centenaire de l'entrée du Valais dans la Confédération, de prendre l'initiative d'en doter notre canton? Bien entendu, l'archéologie et le folk· lore y auraient leur large place. Et d'autre part, de même qu'on a en· registré heureusement sur oarte les ré-
12 s.ultais précis et essentiels, des explorations et des découvertes dialectologiques ; n'y aurait-il pas quelque intérêt à fixer gra phiquement, se'lon un procédé semblable, ce que nous ont révélé les études traditionnistes, d'après une bibliographie, aussi complète que possible, à établir préalablement ? Par des signes conventionnel<s divers, par des si~les, ou indiquerait sur une grande carte du Valais les faits folk-loriques typiques. Tel signe indiquerait que la localité désignée, accuse des vestiges de 1égendes. al.ph:oles, de légendes religieuses, des pier. res à écuelles ou autres, ou que tel saint populaire est en plus pa·rticulière vénération. Les trésors 1légendaires, les lieux hantés .par les revenants et les sabba~s (sene~ ou~ a). les ébou1ements pseudohistoriques, !es montagnes renversées par des causes non natureBes, etc., tout serait représenté. Au fur et à mesure des recherches et des découvertes subséquentes, la carte serait modifiée, comrpllétée et mise constamment à jour. Il ne m'est pas l'Oisihle de développrr plus longuement id ce projet ébauché, mais j'espère que le peu que j'en ai dit vous en fera saisir les grandes lignes. J'exprime encore le vœu, en termi-
nant, que l'année du Centenaire san, heure si troublée et pleine d' ses, voie bientôt l 'horizon s ........œau::ar le sombre f.racas de la haine des mes s'éVIélnouir à iamais. Que IQts puisse assister à une renaissance de \a solidarité internationale, que des lieal r>lus forls que jamais assurent l'uni!lll du Valais à ses frères aînés et à Îll frères jumeaux de la patrie suisse. Et qu'enfin notre congrès de Sion reste une date dans l'essor de l'activité de laSo. ciété suisse des Traditions popu~aires qu'en même temps notre ·Cher canton' éprouve le plus grand profit mu~Hec::tuel pour marcher en avant vers un ............. _ continu a u sein de l'iharmonie selJe définitivement rétabHe, en atten. dant, comme dit le poète, · · · · les tflll\'$ promis à 'l'univers O ù le dernier tronçon de la dernière ~116! ]';ous servira de soc dans les sillons rouvertl.t)
et où canons et mitra~Heuses seront A tout jamais relégués dans les musées d'antiquités.
Lourtier, février 1915. Maurice OABBUD. 7)
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La Ota rrue • , de Clovis Hugues.
enf du ~o 1 de , l' &cole'' Le choix d'une carrière t e cltoix judicieux d 'une carrière est touune question de la plus haute imporcar Je bonheur de chacun et le biende toute la nation dépenden t en première de la profession exercée par chaque in, selo~ ses forces et ses incl inations, de qu'tl en éprouve une satisfaction iuet qu'il a it son gagne-pain assuré. Ma is question présente une importance spéciaà l'époque actuelle. Assurément Je choix carr ière ne doit pas être subordonné à situation d 'une industrie pendant la guerMais il sera en ce moment tout particulièt difficile de trouver une bonne place ti a uprès d'un patron expérimenté. Et. cependant, un • ap prentissage prolessionarl • doit être conseillé avant tout à notre suisse. Après la g-uerre. les ouvriers seront probablement très recherchés; leur trava il est rémunérateur et leur la possibilité. da ns nombre de métier~. rendre indépendants. D~ auelle cons ine jouit pas le ma!tre d 'état honnê~ et expérimenté' Dans le • commerce , aus,;. les bons employé!> des deux sexes nui ont hit "" vérilable a ppren t iss~ae ou fréQ uenté pne école de comme rce. et oui conna iRsent Jllusieurs langues, n'ont pas eu à se plaindre " chômage durant les dernières années; il probable que les per spectives seront enmeilleures après la guerre. La proiesagricole est, avec raison. de plus en plus honneur, les expériences fa i1es en temps guerre ayant démontré son importance gé-'ra le pour notre pays, indépendamment de mipts avantal!"es moi ns appréciés qui s'y raft. En tous cas. les familles de paysans plusieurs fi l!; devraient fa ire apprencire souvent que jusqu'ici un métier manuel x d'entre eux dont le domaine paternel peut pas offrir tm revenu !'uffisant. Il est très haute importance pour notre pays plus grand nombre de jeunes gens suissoient orientés vers les métiers manuels. lieu de fréquenter des écoles supér ieures d'émigrer en qualité d'agr iculteur ou de , plus d'un jeune homme ferait travailler en qualité d'artisan dans pays, où tant de métiers lucratifs sont exclusivement entre les ma ins des
étrangers. Cest maintenant sunout qu'il serait facile de reconquér ir tel ou tel domaine de l'industrie indigène. Dans les circonstances actuelles, les parents ne doivent pas trop différer la recherche d'une place d'apprenti répondant aux aptitudes de leurs enfants, après en avoir. dans la règle. auparava nt conféré avec l'instituteur de ceuxr i D'u11 autre côté. les directions et les con• seils ne leur seront pas ménagés de la p:t r! des aliisans expérimentés, ainsi gue des patron ats d'apprentissage, des offices publics de travail, des bureaux de p1acement des associations pr ofessionnelles et d'autres organisations d'utilité publique. Quant au choix du lieu d'apprentissage, il faut prendre en considération la qualification éducatrice du patr on, la possibilité de trouver un intérieùr familial et de pouvoir fréquenter des cours de .perfectionnement. Nous mettons tout spécialement en garde les parents contre la tentat ion d'accepter pout leurs enfants une place immédiatement rétribuée, il est vrai, mais qui ne comporte que des courses de commissionnaire ou ct>au tres tr avaux subalternes analogues. Leur salaire plus élevé au début sera ensuite inférieur durant toute leur existence à celui d 'un ouvrier initié à son métier, sans r~rler des revenus d'un p atron . Malg ré de bons certificilts scolaires. des mill iers ne trouveront pas la place d 'aJppn~ n t i ou le salaire désirés. Les chemins de fer fédéraux n'engagent a ucun a pprenti et la poste quelques-tms seulement. De nombreuses fabr iat•es ont réduit ou suspendu leur activiltl; ma intes entrepr ises industrielles et commerr ia les sont insufifisamment occupées. JI en réwltera au printemps prochain une grande cris~ et un danR"fr pour nos Jeunes gens. Tandis que l'école a travaiNé pendant des années ')JOUr en faire des hommes aptes à l'exercice d'une profession. ils sont condamnés, faute de travail, â l'oisiveté, et demeurant sur le p11vé. L'oisiveté est la mère de tous les vi· ces! La tâche de leurs parents et de tous ceux oui ont à cœur l' avenir de la nation doit être de leur venir en aide. Plusieurs moyens peuvent être envisagés. Celui qui a des parents ou des connaissances à la campagne devrait s'efforcer de placer chez ceux-ci. pendant l'été. les jeunes gens en quête d'ouvrage. afin d'aider aux trava ux de la campa211e. Combien il serait avantageux pour la jeunesse citadine d'apprendre à mieux apprécier par sa
130 coopération les travaux des champs! On pourrait aussi conseiller à maints élèves de l'un et de l'autre sexe de fréquenter l'école une année encore, par exemple la classe supérieure d'une école secondaire, un établissement d'enseignement commercial, professionnel ou ménager, au lieu du domicile ou dans la Suisse allemande, ou encore une école de district, ou cantonale. Plutôt que de tuer le temps dans l'inactivité, notre jeunesse ne ~u rait mieux faire que de continuer à. étudter sérieusement et à acquérir des connatssauces plus approfondies pour l'avenir. Les autorités et -les sociétés d'utilité publique pren· dront aussi, d'après leurs ressource~, d~s mesures provisoires, telles que l'orgamsatton de nouvelles classes, l'enseignement de travaux manuels, l'ouverture de salles publiques de dessin, le développement de la culture potagère. Mais ce ne sont que des e~ents. L'essentiel est que les artisans et les mdustriels, comprenant leurs vrais in~érêts professionnels, engagent dçs , apprenhs, m~lgré la crise actuelle, afin de s assurer une Jeune génération de travailleurs instrui~s et con: naissant leur métier. Nous souhaitons ausst que beaucoup de patro.ns revi.ennent , aux an: ciennes coutumes et mtrodutsent 1apprenh dans leur famille, pour le traiter comme un membre de cette dernière.
AUX JEUNES
Ouvrez-le tout grand!... = • Venez, dit le prêtre; ici, nous serons mieux pour causer. • Et sous les sombres vofttes silencieuses, le prêtre et le jeune homme pénétrèrent. Depuis quelque temps, la nuit était descendue. Dans le ciel s'allumaient, étincelantes, les étoiles. Dans le lointain, la vie circulait, intense, avec son brouhaha de voitures, d'autobus et son fourmillement de piétons. Les lustres et les enseignes de magasins répan· daient leurs flots de lumière rouge, verte et jaune... Dans cette oasis de silence ils marchaient tous deux. - Vous me cherchiez, ·mon ami, dit le prêtre; je le sens depuis quelques jours .. ·
Mais oui! Ne vous étonnez pas ... Lea ont leur langage, bien douloureux éloquent toujours. . . Et j'ai Ju, daft'l ~eux ... - Qu'y avez-vous lu? . . . dit le jeune me anxieux. - Ne craignez rien, Paul. J'y ai ht bien belle chose: la souffrance morale) souffrez. - Oh! oui je souffre . . . Et, porfatt main à son cœur: J'ai mal là! dit-il reusement. - Je le sais, mon ami. El vous. aurez là, tant que vous vous laisserez étouffer que vous ne vous donnerez pas du ment, de la vie ... - Les ocoupations ne me manquent cependant je me développe dans les sporq exercices physiques. - Ensuite! - Ensuite?. . . Sur vos conseils, je suis fait inscrire à un Cercle d'Etudes, qui tient sérieusement une soirée par semaiae. - Après! - Quand je rentre le soir, chez moi, voudrais être satisfait de ces heures qui procuré exercice, travail, idées. Il me sentie saisir parfois comme une impression de celle de sentir la vie venir, vivre et croître • moi!... Et dès que je veux analyser œtœ iJt. pression, elle disparaît, me laissant de • passage la secousse d'un frisson qui elllealt et ne pénètre pas. Oh! comme je souffre alan. ... Je me demande dans ces instants d'lllo goisse intérieure, si vraiment la vie vaut la peine d'être vécue!... -Vos efforts, dit le prêtre tendremen~ je les connais tout autant que votre sinc&He; c'est pou~quoi je me pennets de pénétrer dau vos intimités pour y apporter le remède. - Le remède! murmura le jeune b011111t, oui, le remède, indiquez-le-moi. Quel qu'il soit, je vous promets de l'employer. - Alors, mon enfant, laissez-moi dire que vous souffrez de tout recevoi.- tl ne rien donner. Votre cœur de jeune chrétien comme vous, est un terrain leux pour produire des fruits de d~1ro1M_..,
181 sollicitude, de donation de vous-même.... yje, la vraie, latente en vous, ne denta~de
circuler librement, généreusement JUss'épanouir autour de vous; vous semla tarir brutalement, et ne vivant que vous: Vous recevez tout et vous ne donrien! _ Je ne donne rien? ... J'accomplis mês chrétiens. Je vis ma vie morale... _ Je le sais, mon fils; c'est .pourquoi je aime et voudrais vous voir accomplir le que la société est en droit d'atiendre de vos dix-huit printemps. La société? ... Je la fréquente dans les nécessaires de ma famille. Elle ne donne pas ce que je cherche. J'y pressens de nouvèlles déceptions... _ La société à laquelle ie fais allusion en ce est tout autre. Je songe, Paul, à qui ne connaissent de la vie que la dou' parce qu'i·ls ont nom: la Pauvreté! Je songe à ces foyers sans feu, à ces taIlles sans pain, à ces cœurs sans joie, à ces sans affection, à ces existences sans : les Pauvres! Je songe à eux, parce que, disciples de JéIUS-Christ, j'ai hérité, avec son sacerdoce, de 100 amour pour eux, et de son immen.se déair de s'incliner vers eux pour les bénir, les aimer... Vous ne connaissez pas, mon enfant, la tobie joie de gravir les noirs escaliers, de péRtrer dans les sombres réduits, pour dire un bonjour affectueux, donner une main franchelœnt tendue. Vous ignorez la douce émotion non seu· lement de donner une aumône matérielle, mais cœur à d'autres cœurs qui ne sont pas aimés, et faire briller au-dessus de ces fronts as· IOmbris de travailleurs et de lutteurs, la chaude lumière de l'espérance chrétienne!... Croyez-moi, mon enfant, ce qui vous tue, tous comme tant d'autres. ce qui arrête la Rve dont votre saine jeunesse est prête à déborder, c'est votre égoïsme. De toutes parts Yous recevrez. A nul instant vous ne donnez. Pratiquez ce sport de La charité. EntraileZ-vous à la vraie vie du cœur. Dilatez-le en
le vidant de vous-même et en le remplissant de ces • autres • autres dont je viens de vous parler, et vous vivrez pleinement. - Et pour cela, mon Père, que dois-je faire? dit le jeune homme. - Dans la paroisse, il y a ·une Conférence de Saint-Vincent de Paul. Enrôlez-vous dans les rangs des dévoués qui veulent être les ouvriers de la première heure. Marchez avec eux dans la _charité. La joie alors inondera votre vie débordante. - j'irai, mon Père dit simplement Ie jeune homme. Et tandis que Je nou,veau converti, seul, regagnait le toit familial, il lui sembla que le ciel était plus brillant, que la nuit était moins noire, tant son cœur était érrru déjà du pressentiment du vrai bonheur: celui de l'Amour par la Charité! André DEGRELLE.
Art nouveau • Nisi Dominus custodiel'it • ... Si Dieu ne garde pas le foyer .. .. Comment la catastrophe était-elle arrivée... ? Il se le demandait parfois, comme on s'interroge devant un jeune cadavre encore chaud: • Mais quelle est donc la rause de cette tragédie-là ... ? • Et en feuilletant, page à page, le passé, on revoit, on comprend des signes jadis pour nous sans aucun langage.
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Il se rappelle l'impression produite sur ses ,parents, honnêtes et simples, quand, pour la première fois, il avait parlé de son mariage possible avec Jeannine. - Mon pau.vre grand, mettre cette poupée-là dans ta vie!. . . Tu n'y penses pas J• • • Si. . . j'y pense, et depuis longtemps déjà! Mais tu ne l'as pas regardée!. . . Erreur!. .. je ne vois qu'elle! . . . Il disait vrai, le malheureux; mais il la voyait avec les yeux de ceux qui aiment.
13!! Aussi, quand la discussion allait trop loin . . . quand les parents inquiets cassaient trop son idole: • Mais elle n 'a aucun principe religieux! ... Mais elle ne va même pas à la Messe! . . . Mais elle n'a pas d'éducation fa· miliale! ... Mais elle s'habille à l'extrême mode! . .. Mais elle n'est pas une femme d 'intérieur!. .. •, il terminait la conversation avec une seule phrase : - Si elle est cela, eh bien! moi, je le changerai!
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Hélas! il n'avait rien changé du tout! Redresse-t-on un arbre quand il a vingt ans ... ? Refait-on un printemps, une éducation, une ïeunesse ... ? Oui, parfois; • non •, presque toujours. Pour lu.i, ce fut • non •. Q uand la magie tombe. . . quand, à la place de la fleur éphémère et fragile, il essaya de susciter l'amitié profonde, basée sur l'estime de la compagne, il vit, un a un, sombrer tous ses motifs d'espoir. Il Julia des semaines et des mois, se raidissant contre l'évidence, voulant quand même conserver la foi. Il prit cette poupée art nouveau, et ii essaya de refaire une femme. .. la fenune profonde qui était hier, qui existe encore aujourd'hui, et Qui sera demain et toujours. Il prit ce cœur, et il tâcha de le faire vibrer à tout ce qui était beau et saint, idéal et pur. Mais quand il eut bien essayé, la poupée se moquait de lui et, à la p lace du cœur, c'était un grelot de folie qui tintait de plus en plus sous son doigt. Alors, le découragement arriva, et les petites scènes commencèrent.
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Oh! elle ne lui marchanda pas les prétextes. Il était soigneux; il vit gâcher des vêtements qu'un rien eOt renouvelés. II faisait des heures supplémentaires pour se donner la sécurité de quelques économies.
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Il eut 1'impression que, sy:;térnati<Jtltnleat, femme les dilapidait: • Ah! tu veux riser ... ? Attends un peu!. . . Et elle naît avec un inutile chapeau qui une semaine de veillées ... II était fami lial... il aimait le • tranquille, la soirée autour de la la~~~pt: dut aller aux Bouffes du Nord et du ~ folies et aux Olympia, rentrer à une ' du matin pour repartir six heures aprh_ Il aimait les enfants; il dut s'en passer ':!n!endre appeler sans cesse un bout de aux yeux malades et aux boyaux ch • Mon bel angel • ou • Mon chéri d'3100ur1 Il avait espéré une compagne; et, · on fait chanter un a ir au bois creux des tares il avait fait chanter de tout un cœur!
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* * ne reste immobile;
Rien ici-bas aprh 1ea petites scènes éclataient les grandes, celles l'on se dit alors des mots qui ne s'oublitat jamais. . . où l'on se fait des blessures quel rien ne pourra plus cicatriser ... Où l'on d'un coup sa •penste mauvaise dans rh de l'intimité. Il ne pouvait souffrir les larmes. Elle pleura savamment . .. ayant exprès lea yeux bien rouges quand, par hasard, on recevait des collègues ou des amis. Certains jours, il eut au bureau les plus graves préoccupations, et quand il rentrait, Madame revenait seulement de promenade, le couvert n'était pas mis, rappariement n'atteadait personne; ils étaient comme deux étrangers qui se rencontrent à la porte d'un dea· li ste. Alors, il allait dîner au restaurant,
• * * tendit . . . se tendit. ..
La corde se regards devenaient des défis; les mots s'ai· guisaient dans l'hostilité des silences et quand ils étaient décochés, ils allaient tout droit au plus douloureux du cœur. L'irréparable approchait. ... Un soir, il trouva la clé sur la porte; 11 lemme était partiel. ..
quïl eû• envisagé la chose elle rehorriblement en lui. se réfugia chez ses parents, ne pouvant à l'idée de s'asseoir tout seul devant perdu parmi la table trop grande. six mois, il s'efforça d'oublier qu'il un • chez lui • et qu'il était marié. croyait presque avoir réussi. ces jours derniers on le pressa de quelques précautions juridiques, et retourner dans Pappartement pour ~-onn•rtPr des papiers. malheureux n'en avait pas ouvert la que tout le passé, le bon passé, tous rives, tous ses espoirs, tout son pauvre sembla se précipiter vers lui . ... cadres pendus aux murs, un chapeau couleurs claires oubli~ dans l'antichamune ombrelle jetée là négligemment sur thaise, comme si tout à l'heure on allait la prendre; des épingles piquées dan:> verte de la cheminée, des bouquets dans des vases qu'Hs avaient achetés le crucifix de leur lit qu'il apercell-bas, dans le fond, par la porte entoute cetie vie, subitement arrêtée s'agiter, prendre une voix: • Mais a-t-il .donc.·.? Qu'est-elle devenue ta peJeannme... ? Te , voilà ... Mais elle? •
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plus la force d'avancer dapassé... il contemple l'apdésert où tout retentit ct·une façon où l'absence a déjà posé partout linceul des choses, celui de la l'infortuné s'en va, laissant retonr porte d'WJ grand coup, comme une de tombeau. en descendant l'escalier, il avait l'imde mourir une seconde fois et des coulaient sur ses joues rava~ées. s'il avait su quand il était temps enPIERRE L'ERMITE.
L'"agonie des yeux Quand il revint à lui, le sergent breton ne se souvenait plus de rien ... Une petite voix, à son oreille, lu.i murmurait qu ïl en avait eu de la chance!. . . sa tranchée avait sauté... il avait été enseveli vivant. . . on s'était battu qttatre heures sur lu 1 dans l'entonnoir!... . Heureusement, sa baïonnette dépassait un peu. . . Le matin, les mf rmiers l'avaient déterré et &pporté ici ..• Tout c"'i.t danse, bourdonne dans sa pauvre tète alourdie ... ses yeux surtout le font r.ouUrir ... t>ourfant, ~u à peu, le ~hoc paraît s'apa iser; les mains douces des infirmières sem;,lPut apaiser le chaos qui est en lui. . . Sauvé dLJ pay~ de l'effroi, le petit sugent regarde rambular.ce claire, les tabliers blancs les fleurs jolies qui entourent la Madon~ et 1 ' ;mu r la première fois depuis son arrivée il sourit à toutes ces lumières... ' Souffrez-vous encore . .. ? - Non, ie suis bien ... trt-3 bien! . . •
*
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Seu lement, ses yeux le piqt•ent ... Ils en ont tant vtt, ses yeux!. . . Ils ont vu l'enfer! .. . Un peu inquiet, le sergl!nt demande une ~lace et se regarde ... - Oh! le coquet! ... s ··é crie l'infirmière. Dans cette g lace il retrouve ses yeux clairs, ses beaux yeux d'adolescen; que sa mère embrassait avant de le quitter. . ses yeux bleus comme le ciel de France. - ]'avais si ~ur! ... dit-il à l'infirmière en lui rendant la glace.. . . .si peur d'être aveugle!. .. - Mais vous êtes fou! ... vos yeux ne sont même pas rouges .... Il reprend la glace, .. s'examine encore .. :. - C'est vrai. . . ils ne sont même pas rouges! ...
* comme
.,
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Cependant, une bête mauvaise le prtssentiment s'est tapi dans son âme. · '
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18( Deux fois et longuement, le major est venu e1aminer ses yeux, et le soldat a surpris de:> gu!es . . .. Et puis, les âmes boivent parfois sans in· termédiaire la vérité à même les autres Ames. Ses yeux ne lui font plus aucun mal, et il est inquiet pou r eux! ... Un soir, il dit à la Sœur : - C'est cur ieux!. .. le haut du mur me paraît noir .. . ? - C'est !·ombre . ..• - L'ombre de quoi. . . ? Comme la religieuse s'éloigne sans répondre, il la rappelle et d't'ne voix de reproche: - Je suis catholique et Breton, pourquot me cacher la vérité . .. ?
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Alors, de plus *en plus *inquiet, le sergent fait des expériences. Extérieurement, ses yeux sont intacts. Intérieurement, ils voient du noir, en haut, là où il n'y a pas de noir . ... Il baisse une paupière, puis l'autre, et constate que l'œil droit voit tm peu • en a::.cor· d.éon • . . . c'est-à-dire que le~ choses ont l'air de se pliss'!r . . . tandis que l'autre voit, mais avec la bande noire . . Tout cela, il le garde pour lui. On lui a recommanM de rester couché, bien allongé sur le dos, la tête immobile. ·. · Pourquoi . .. ? Un dimam:he, il lait très {leau. La plupart des blessés sont allé3 boire du soleil datÎs Je jardin. Il reste :;eu! dans la salle ... Alors, 3c cachant comme un voleur, le sergent se giisse dans la chambre de ~'infir· mière-major et ouvre le registre des malades. Vivement, il cherche son nom, le trouve avec une mention à l'encre rouge ~ <Sergent N .. . , saile Saint-jean. Décollem.:nt double de la rétine. • [nsuite, il r a trois mob en allemand. Ces mots, il les copie, et revient s'étendre sur son lit. .\-tais, le soir, il appelle une petite infir· mière qui sait l'allemand et, comme au hasard, il lui montre la phrase:
- Cela veut d ire quoi. . . ? La petite, sans méiianœ, tradu.it: - • Rien à faire . .. • Elle ne voit pas, la jeune sueur perle à grosses gouttes, au front du soldat.
* •
ir
Depuis ce jour, sans rien dire à -- les grandes douleurs sont muettes sergent tait à sa patrie l'héroïque qu'il ne prévoyait pas si grand. Il demande les siens, sa mère, !leS sa petite fiancée .. . et il savoure leura ges ... Donnez-moi votre main ... ? Et il regarde longuement la main jeune fille: - 'comme c'est joli, ur.e main! ... Parfois, quand il est seul, il ferme lei et s'exerce • pour quand il sera aveurJe• Mais pas beaucoup; il aura tellenat temps plus tard!. . . Puis il veut une permission de sortir. Le major refuse. Le !'ergent insiste: - Je sais ce qui m'attend, dit-il, moi profiter de mes demiers jours .. .. Et il sor+. Il va d'abord, 9, rue Duroc, à l' fion Valentin Haüy, pour le bien des gles . . . Il veut se rendre compte .. . Et visite lui fait un bien inexprimable en donnant la certitude que « jamais un n'est abandonné, et que toujours il peul gner sa vie . . . • Oh! les braves cœura depuis un quart de siècle s'occupent de de dix mille aveugles! ... En revenant, il passe à Notre-Dame, adossé contre un pilier, il regarde lOilil!llt,.. Je jour mourir dans la splendeur !raux. Le lendemain matin, au Bois, il avec tendresse l'eau reiléter les teintes les arbres st> mirer dans ie lac tranquille, fleurs fraîches et les Heurs . .. U s'arrête pour voir joller les !anis, pour caresser un chien .... ~ Voir! ... • oh! le verbe
voir encore . . . de voir tou· veut un drapeau à son lit : Comme elles sont belles, nos trois coucaresse parfois l'étolie. . . Et dans cha-
de ses gestes, il y a de l'adieu . . . . il sent sur lui se fermer la porte de
a maintenant l'impression de deux voiJIOirs Hottant derrière ses yeux intacts .. . voit plus que sur le T1Jince espace où la tient encore. ce soir ... ? demain! .. .
•
*
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matiu de mai, un matin de soleil et de le sergent dit à la Sœur: Comme le jour est long- à se lever! tout d'un coup, il comprend l'aivérité .. . . C'est lui qui ne voit ,plus ! lui qui est entré pour jusqu!à sa mort la grande nuit!. .. Mon pauvre petit! . . . s'écrie la Sœur. larmes coulent des yeux éteints, de larmes d'homme si impressionnantes à .Mais bientôt, les essuyant d'un geste de le sergent fait un signe de croix et dit tua! . . . . PIERRE L'ERMITE.
La Lecture beaucoup dans notre siècle. j'irai dire que, pour nos contemporains, ia est devenue un besoin aussi impérieux le boire et le manger. On lit dans ies aisées, on lit dans les classes p!lluvres · ue lit comme le maître; Vouvrie; après son travail; l'ouvrière le5 épuisés de veilles, fatigués .par la fixité que réclament ses menus tra;vaux la petite ouvrière lit comme les ' au-
tres. Tout le monde lit, on lit partout, ma.is que lit-on? ... Hélas! c'est honteux à dire pour l'honneur de l'esprit humain! On lit tout ce qu'il y a de plus vain, de plus vide, de plus inutile, de plus dangereux pou.r l'équilibre de !'eSJprit et la dignité de l'âme: on lit des journaux. on l'il des feuiHetons, on lit des r omans, on lit toutes ces productions· inférieures de la pensée, sans même s'apercevoir que les journaux disent toujours la même chose ÇJue les feuilletons racontent toujours. la mêm~ histoire d'amour ct de sang, que •les. romans nous promènent toujours dans les mêmes safons et dans les mêmes mansardes en cam· J>agnie des mêmes personnages, et 'au mi,lieu des mêmes sempiternelles aventures. Voilà ce qu 'on lit ! Mais les chefs-d'œuvre, les ouvrages de génie où brille le reflet divin de l'Idéal, mais les livres solides où la vérité ou· bliée et .proscr ite a trourvé un asiie, ces livres là sont trop sérieux pour la légèreté de nos contemporains et trop élevés ,pouc leur petitesse intellectuelle! Certes, je ne dis pas qu'il soit absolument mauvais de se tenir au courant des affaires et de la littérature de son temps; mais je dis qu'un commerce habitueJ. avec cette littérature de marque inférieure est indigne de nous, chrétiens, et que nous d~ vons chercher à nourrir notre âme de lectures plus hautes. Jadis, dans chaque famille, j.l y avait trois livres qui formaient invariablement le ~ond de toutes les bibliothèques domestiques: c'étaient la Bible, l'Evangile et le liv.:re de la Doctrine chrétienne. Ces trois livres étaient comme ·les dieux lares du foyer chrétien: les générations se les passaient l'une à l'au" Ire. L'enfant y apprenait à lire; le père et la mère y cherchaient les clartés du devoir et la force de la vertu dans les anuées dévorantes de la vie; et le vieillard y trouvait, sur le bord de la tombe, le rajeunissement de son flme dans les af.firmations de la foi et dans les promesses de l'espérance! Ces génér ations ignoraient sans doute des choses que nous savons, mais elles connaissaient aussi des choses que nous ne savons plus, et ce qu'elles ignoraient, c'était l'accessoire; et ce que no~s ne savons plus, c'est le principal et le né~
136 cessaire! Rendez donc ~ ces livres divins leur place à notre loyer; lisez-les, !aites-ks lire. Lisez, aussi, si vous le voulez, des ouvrages modernes écrits par nos 31pologistes. Ces lectures entretiendront votre instruction religieuse et l'achèveront. Et ainsi, grâce à l'initiation religieuse de l'école, grâce au catéchisme, grâce à l'audition fidèle el attentive th? la parole de Dieu, grâce aux lectures instructives et sanctifiantes. notre génération reprendra possession de cette science du Christianisme que notre siècle a trop négligée pour son malheur. Paul BARBIER.
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Variétés UNE BIBLIOTHEQUE QUI SE PROMENE Les Américains avaient déjà réùisé l'église automobile ; ils viennent maintenant d'avoir l'initiative de la bibliothèque automobiJe. C'est misse .Pitcomb, de Oagerstown, dans l'Etat de Washington, qui a créé cette bibliothèque ultra-moderne. Elle a réuni dans une voiture spécialement construite pour cet usage ~viron 3000 volumes, des auteurs les plus divers, oet elle se rend de 'localité en localité oit, moyennant 5 centimes, elle prèle à tout venant le volume qu'il désire. Miss Pitcomb séjourne environ huit jours à chaque endroit et elle est arrivée de celte façl1n. à réaliser de tespectables bénéfices. Elle a, en effet, dans toutes les villes et villages où ~lie se rend, plus de 30,000 clients tl clientes attitrés et le passage de sa bibliothèque ambulante, qui s'enrichit chaque jour de nouvelles œuvres, est tou-jours impatiemment attendu. 0000000
UN COLLEGIEN RACONTE SON REVE - A peine étais-je endormi dans le dortoir qu'apparut un noble vieillard. Il parlait une langue que je ne comprenais pas... al· pha, bêta, gamma, tau, upsilon. - C'est du grec! me dit-il. .. Je suis le vieil Homère... Je vous présente un tas de gens dont vous serez certainement heureux
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de faire la connaissance. . . Orees et Thucydide, le divin Platon et Virgiti111 ro)... Ovide ... Euripide.. . Démos~~~tae, ecale. Plutarque!. .. Ce laid barbu qui vance, c'est Sophocle... Cicéron et <1aar le nom se passe de commentaire), Toutes ces viei!Jes perruques, saluezt Cornei lle, Bossuet, Racine, Boileau, Descartes, Fénelon, la Bruyère... lon. . . Fléchier!. . . Tous ces messieurs écrit des tas de choses qu 'il vous faudra prendre par cœur. - Ah! mon Dieu! et ces spectres? - Ce sont les Math, l'Algèbre, la nométrie, la Chimie .. - Ils sont trop! - Etudiez-les bien pendant que voua au lycée, me dit le bon Homère ... bien , car, après votre sortie du collège, n'en entendrez plus jamais parler! 00000()
TRISTE MESA VENTURE S'il vous arrive un jour d'aventurer pas dans les forêts de l' A~rique du Sud, vous aovisez jamais d'y consommer lea duits végétaux sarrs avoir consulié les du pays. Un voyageur doit toujours la flore et la faune des pays qu'il visite. A .p reuve la mort de ce voyageur dans une des profondes forêts de l' du Sud, qui, souffrant de la soif, eut de couper, pour se désaltérer, une de branches d'arbre qu'on trouve dans la zone intertropicale, et qui sent une sève ralcaichissante. Après aovoir sorbé le liquide sévreux, il eut la treuse idée de • l'appu-yer • par une de rhum. Peu d'instants a;près il se tordait dans freuses convulsions et mourait après une nie atroce. Son corps fut rapporté à et l'autopsie fit décou·vrir qu'il avait testins littéralement • scellés • par du choue. Le malheureux avait abso~ ta liquide du • Mimusops Balata •, qui la propriété de .s e coaguler et de se dans l'alcool.
An Crépuscule dernières lumières du festin achevaient ... L'atmosphère était alourdie par des fleurs qui jonchaient le sol. · · ~ncore 'là, semblant ne se souder ni de la réception splendide où ils de figurer, ni de l'heure tardive de 1 uit de printemps, ni des dormeurs que vias trop capiteux avaient immobilisés les divans et qui, dans cette pénombre, des statues de marbre ou des fande la nuit... Ils parlaient, int~rrompus de temps à autre par le crépitement mèche qui s'éteignait en jetant une -lueur sur un des convives · endormis, t l'animer un moment avant de l'endans les mystérieuses ténèbres... Ils seuls, bien seuls... _ S8a, tu l'as vu? Mais, vraiment, as-tu en t'approchant de lui cette impresextraordinaire et indéfinissable qui s'emdit-on, de ceux qui l'abordent? Lui asQue lui as-tu demandé? J'ai hâte de ce que tu sais. Je ne !'-ai pas encore rencontré sur mon et cependant que de fois• on a proson nom ici depuis quelque temps! de fois j'ai désiré le voir! Mais, parle! fen prie. J'écoute toujours avec tressailleles paroles que cet homme prononce; passionne pour •les actes étranges qu'il lançait ces questions sans laisser à ami le temps de lui répondre. Celui-ci, avec, dans la voix, une émotion dont il plus maître, lui répondit: - Oui, je me suis approché de hti, et j'ai aussitôt une sensation qui n'avait d'humain, sorte d'extase surnaturelle durent en subir nos prophètes dedes visions révélatrices. N'écoutant qu' Msir fou qui venait de naître en moi, je la foule. sans le quitter du rega~, devant lui: Bon Maitre, que dois-je faire pour en héritage ·la vie éternelle? Je me sou-
viens, avec recueillement, de sa voix, qui a!• rivait à mes oreilles avec des inflexions d'une intime douceur et d'une tendresse s~ns bor· nes... - Tu connais les commandements? -- Maître, je les ai observés dès ma jeunesse! Alors il me regarda. A ces mots, Séla s'arrêta de parler, semblant se souvenir, et des larmes coulèrent s i· lencieusement une à une ... - Oh! œ regard! - Tu pleures; mais, je t'en prie, que fa-· t-il dit encore? - Il te manque une chose: Vends tout ce qu~ tu as, distribue-le aux pauvres et tu au· ras un trésor dans le ciel... puis viens et suismoi... Un sanglot étreignit Séla à la gorge; il reprit: - Je suis parti; je ·l'ai quitté; je n'avais pas la force de faire ce qu'il voulait : ·abandonner ma vie heureuse, mon luxe, mes serviteurs, ma fortune... Pourtant, en le quittant, jai pleuré, j'étais triste! ... Comment le quitter sans être triste!... Ammiel aussi pleurait... Il aura it voulu dire ce qu'il pensait de cette_ réponse, mais il eut peur de lui faire mal par des paroles trop sévères; il eut peur de trahir la meurtrissure intime qui , une fois encore, venait de .Jui dé· chirer le cœur. Après un assez long moment, Séla se leva, absorba sans rien dire une coupe de vin de Chypre que son ami lui tendait, et tous deux gortirent dans le parc, à la nuit tiède, embaumée de myrrhe et de roses. Lorsqu'ils se furent quittés, Ammiel revint pensif sur les bords du lac de Tibériade qui bordait le domaine familial; i·J revint pour y trouver un peu de calime, et peut-être aussi pour y jouir d'un bonheur qui n'était encore qu'à venir. Il avait tant souHert! Son âme, trop sensible, avait fait un rêve, rêve de sa dix-huitième année, dont il attendait chaque joUT, la réalisation; mais le temps, hélas! ne lui avait apporté que déceptions cruelles, souffrances intolérables, chagrins poignants ' et forts, qui le harcelaient jusqu'à lùi faire mal...
189 138 Malgré tout, il ne paraissait pas découragé. An contraire, désespérément tenace dans son désir, il souffrait sans pouvoir se décider, aux heures 'les plus noires, à essayer de supprimer -la cause de sa souffrance, semblable au pélican qui se déchire le cœur. Il avait espéré, lui, le fils unique d'une mère morte en lui donnant 'le ~jour et d'un père indifférent, trouver sur son chemin une âme semblable à la sienne, qu'il aurait chérie plus que tout au monde, qui le lui aurait rendu, ~qui aurait ai-mé comme il aimait, souffert de ce qu'i'l souffrait, pensé comme il pensait. Mais il était trop e-rand pour abaisser son rêve, et il entendait conserver, dans cette union, la profondeur, la sublimité et la noblesse de ses sentiments, le désintéressement de tout ce qui n'est pas né<:essaire à la beauté idéale... et c'est sans doute à cause de cette richesse morale que jamais encore il n'avait trouvé l'âme sœur si ardemment désirée, si longtemps attendue! Et que de fois pourtant d avait cru saisir! Quel tressaillement intime et suave il avait ressenti à ces heures, mais comme il était retombé lourdement, quelques minutes aprês son transport, par un mot, une .phrase qui trahissait un état d'âme si différent du sien. Cette nuit même, dans son dialogue avec Séla, n'avait-il pas cru trouver .en Iui un ami idéal? Mais, hélas! combien de temps le mi· rage avait-il duré! Quelques secondes à peine. La réponse de Séla au Nazaréen était trop significative pour qu'il pût douter une mi· nute ... Il avait vu mourir dans son cœur et se faner trop vite la 'beauté morale de plus d'une âme, et, dans cette détresse qui, dans aucune langue, n'a de mot assez expressil .p our le dépeindre, il avait été ~jeté dans la plus .poignante des solitudes, celle du cœur. Cependant, au milieu de l'hécatombe des idoles aimées, des rêves déçus et des amères désillusions de ces jours, à cette heure où l'affaiblissement aurait dû être plus doulou• reux, il éprouvait en lui-même comme une vague et coufuse espérance qui peu à peu devenait plus vivante. li se rappela - avec cowbien d'émotion! - le serviteur qui avait été
chassé de ohez lui pour avoir pr&ent~ symptômes de la lèpre et qui, il y a jours, revenait guéri, les yeux inondEs mes, criant à qui voulait l'entendre: • m'a rendu la vie et la santé! • Il aussi le fils de l'ofiicier qui avait é~ ment sauvé à la septième heure, au même où Jésus disait à son père éplor6: • qu'il te soit fait selon ta prière! • Et cea diges le bouleven;aient.... Jamais il tant désiré le voir qu'à cette heure. avait des peurs étranges, se demandant ai homme ne le dédaignerait pas, s'il le prendrait hien d'un seul regard, et barrière ne s'élèverait pas entre eux. Parfois, son caractère de Juif reprenait le dessus: Par quelle vertu trable, le charpentier de Nazareth il ses guérisons? C'est peut-être, prétendent nos prêtres, par Belzébuth, des enfers! Puis il repoussait de telles sées comme dénuées de fondement; il ne vait pas douter de la supériorité i ble de cet homme; il ne pouvait .pas non essayer de nier le surnaturel produit par entremise: il en avait des témoignages de propres yeux. Et c'était doux de se souvenir de lui, dis qu'aucun bruit ne dérangeait sa qu'aucun regard ne troublait son regard. est l'envoyé de Dieu, pensait-il, il mieux encore le vide immense de mon C'est peut-être lui qui m'appelle et qui me !es bras.... Ce dégoût, cette lassitude, cette ladive souffrance, cette recherche vai.De plusieurs années finira-t-elle enfin, et le veraj..je pour me guérir de cette longue douloureuse attente? Jamais ses facult& vaient atteint ce paroxysme de l'espéranœ frôle de si près, dans le& âmes l'insurmontable désespoir. Fatigué, il essaya de ne plus penser et se laisser prendre au charme de cette que ne troublait aucun nuage, devant le aux eaux argentées qui s'illuminaient d'étranges clartés, tandis que les tes glissaient légèrement émaillé de diamants....
en abaissant son regard, il fut saisi . il venait d'apercevoir, comme dans une ombre qui marchait sur les flots D'abord il ne distingua qu'Wle blanche et des cheveux d'or, que la brise comme une auréole.... et peu à peu il un visage comme jamais il n'en avait où il put lire, .plus que le rayonnedu génie et de la beauté, une indescrippreuve de surnaturelle et divine lumière. se demandait, anxieux, s'il n'était pas le d'une hallucination poétique et si ce fanadorable et charmant qui venait à ·lui à crépusculaire, n'allait pas être l'occad'un réveil pénible et angoissant. Il fut rassuré, car il aperçut aussitôt une humbarque de pêcheurs montée par des êtres qui, comme lui, tremblaient d'éet qui lançaient vers le ciel de frémains. Le trouble haletant d'Amse dissipa en entendant ces paroles: C'est moi, ne craignez ·pas.... comprit, un jai)j,issement subit de lul'écl:aira: Jésus, ô Jésus! murmura-t-il.... -lui, c'est l'ami, qui a entendu, dans tl'appel désespéré, et qui, comme une console son enfant dans l'ombre où· il , est venu lui aussi, à la lueur trémdes étoiles pour dire de ne plus cral'hpuisque c'est Lui.
Tobie En furetant, dans mon dictionnaire, sur la d'un mot rebelle, un nom m'est tombé les yeux, au hasard des feuillets tournés: • Tobie, juif célèbre par sa piété... • grand éclat de rire m'a secoué en sontout à coup à W1 autre Tobie qui n'était juif, qui était impie et pas célèbre du et que je retrouve dans un souvenir de vie militaire. était si petit qu'on l'avait fourré dans fontes. Et il s'était ·lentement endormi, les croisées sur Je bord de la sacoche, ses oreilles pendantes, la tête dodelinante, la cadence du cheval au pas. Quelle
dia-ble d'idée ~pouvait bien avoir germé dans sa caboche de toutou encore à la mamelle ou à peu près - pour le pousser à suivre cette batterie de montagne? Je n'en sais rien, et lui non plus, sans doute! A l'aube, comme on traversait un village, Je dernier soldat de la colonne, un infirmier, avait soudain senti rouler entre ses pieds Wle espèce de boule, frétillante et glapissante. C'était Tobie! Et Tobie s'était mis à trottiner derrière l'infirmier, affrontant courageusement les ornières et traînant, dans la poussière, sur ses pattes molles, son ventre. Cependant, le pauvre pataud ne pouvait rivaliser avec les jambes des mulets et l'intervalle s'agrandissait de minute en mi· nute, qui le séparait de la batterie. Justement inquiet de son sort, le bon infirmier - un sanitaire ne peut être que bon! - se porta à sa rencontre et le prit dans se& bras. De ces bras compatissants, il passa sur le sac du canonnier Mador, puis sur le couvercle d'une corbeil1e de guidon où je le dénichai, confortablement allongé et léchant ~a main qui Je maintenait en équilibre. Un dernier déménagement le conduisit dams une des sacoches de ma sel1e où il s'était endormi. j'avais demandé: - Q'est-ce que ce chien? Le canonnier Mador avait répondu: - Mon lieutenant, · c'est Tobie! Cette réponse m'avait paru suffisante, et Je nom lui était resté. Tobie n'était pas W1 chien de race. Cela ne l'empêchait pas d'être un très joli mâtineau, aux yeux noirs et aux larges et longues oreilles noires pendantes, révélant une ombre d'ascendance chien de chasse, la queue noire, le manteau b lanc, taché de noir et brun. Quand nous l'accuei,llimes, la grosseur de son corps ne dépassait pas les deux poings réunis; quand il nous quitta, trois semaines plus tard, il avait, pour le moins, triplé de proportions. Affectue-ux et famiHer, il s'était vite pris d'amitié pour tous les artilleurs sans distinction, canonniers et conducteurs, et pas fier pour un sou, il acceptait toutes les caresses, aussi bien celles du major que celles du brancar· dier.
140 La première semaine du séjour de Tobie chez nous s'écoula à la cuisine. Il reniflait tout ce qui avait une odeur quelconque, allait fourrer son nez partout, .se faufi'lait entre les autocuiseurs, disparaissait sous les sacs vides, et se réfugiait derr ière les corbeilles, avec des airs de bouledogue en colère, les sourcils froncés, quand on lui avait octroyé nos os à lécher. Cependant on 1e nou r rissait de lait, de pain trempé et de soupe, et conune chacun Y allait de sa goutte de lait ou de soupe, Tobie grossit rapidement, on pourra it presque dire à vue d'œil. Sa brillante santé lui permit d 'entreprendre dès le conunencement de la deuxième semaine des sorties eu-dehors du cercle trop limité et monotone de la cuisine. Son pèlerinage au parc l'emplit de joie, ses incursions aux cantonnements l'enthousiasmèrent, ses étonnements à la forge et au bureau du fourrier furent profonds. Mais l'entrée des écuries •lui iut toujours rigoureusement interdite, non pas qu'il eut peur des gros mulets noirs (il avait failli, une fois, dévorer le mulet de pionnier qui le îlairait de trop près!) mais qui sait si, par mégarde, un sabot indélicat ne lui eu1 pas cassé sa frêle petite échine? En redescendant de la montagne, ·p ar les sentiers d'où le regard plongeait dans 1e village on voyait Tobie, seul, en train de s'épucer au milieu du parc vide, puis attrapant un morceau de papier agité par ·le vent, il partait en chasse, roulant s.ur ses pattes informes, et bientôt lâchant sa proie, rejoignant Ies hommes de la corvée d'eau, rentrant sur leurs talons à la cuisine. Las de son exis.tence d 'épicurien, de sa solitude, de ses farniente infinis, et ses _repas prolongés où il s'enlisait dans le matérialisme, sans rien connaître du vaste monde qui l'entourait et "le dominait, et où chaque jour excursionnaient ses amis les artilleurs, Tobie prit lui-même la ,décision de nous accompagner. Ses débuts en monta2'Ile furent pénibles. lv\.ais comment ses peines furent-elles récompensées, là"baut, où nous prîmes position! Un joli coin de pâturage, du gazon moelleux, un
ruiSISeau, de l'air saturé de fraîcheur ciel bleu. U courait de-çi de-là, culbuiait l'herbe, barbotait dans l'eau, bou&Qdail pUions et les .abeilles, .poursuivait en un honnête papiHon qu'il taquinait Cependant, nous avions mis en le tir commençait. Le premier coup Tobie dans ses ébats; il nous regarda, les yeux ronds et les orei'lles rigides. U pondit au second coup par un aboiemeat d'audace, en s'aplatissant derrière UDe Il resta coi et invisible au troisième au quatrième, au lieu de décamper, fond de train dans la batterie. la salve reprenait à l'aile droite. Il avait dans l'aHilt inférieur de }a troisièmt coai~lant et debout contre ~e tireur, tout prix ':le lécher au visage. Enervé, me l'envoya rouler sur les genoux du geur, qui, justement, règlait à sa clef l per un changement de correcteur. Le geur le rudoya à son tour, et Tobie, d'a bond, alla se réfugier, le malheureux! 90UIIII canon. le rpointeur commanda: • Feu!,. courp partit, formidable... Nous crûmes perdu. Si vous croyez... On le vit sortir tnlt quiUement, par l'autre bout, de dessoaa pièce, jappant et sautant après les petits Joux que la terrible eXPlosion avait Pnltraï•~ Ce iut son baptême de feu. Le surlendemain, Tobie était encort nous au sommet d'un col, sous le brouitlanl et la pluie. Les heures passaient. Nous attsldions une éclaircie et le ciel restait obs~ ment couvert, et la pluie, têtue, ruisselait lllr les canons et leurs servants agenouïnés Ill' tour. Le plus à pfaindre, c'était Tobie. Truli, trempé, 1:1 queue entre les jambes, il grelottait de froid, titubait sous le déluge et la poulo sée du vent, pauvre petite chose perdue deux pièces, et insensible aux appels l basse des canonniers. Attendri, un caporal vint à lui, l'enleva ~ terre, le frotta vigoureusement avec une pot' gnée d'étoupe, ouvrit la corbeille de vide et l'y déposa, avec délicatesse, , 1<. un chiHon de 'laine. Au bout d'un d'heure, je me hasardai, par curiosité, l
141 le couvercle. Le mâtineau donnait paiplus heureux dans se. corbeille de et pelotonné sous son chiffon de •laine, lorette de salon avec sa jaquette arm~ sur un coussin de velours. Peu après, le se leva lentement, on aperçut un u noir, glissé dans .J'interstice, des baune paire de moustaches, des yeux, et la tête entière de messire Tobie parut. nous regarda très sérieux, coula un œil ceux de la quatrième pièce qui se relluJ·naJ·.ent pour le voir, bâilla, et comme J'aredoublait, il retira la tête et le couverae la corbeille de hausse se rabattit. Peu .après, le couvercle se re1eva, et dans ouverture pratiquée, s'aJiongea une rose, souple comme un re,pti~, et cette démesudment tirée, se mit à faire la à toutes les gouttes d'eau dégoulinant bord du toit de toile. Ce spectacle imprévu à dérider les canonniers, malgré le détestable. ·Puis il fallut plier bagage avoir tiré, et Tobie, cédant galamment bonne place à la hausse, redescendit à dos mulet, fourré sous une bâche. Mais, pour avoir fait rire la batterie, Toiut consigné. Le. jour où nou-s remontâau col exécuter Je tir, empêché :p-.u la et les brumes, on abandonna Tobie à triste captivifé. Pauvre toutou! déchu, de confié à la sivère surveillance du cuiet attaché à un piquet, tel un vulgaire de garde. Tobie pleura, en voyant parla batterie sans lui, lira sur sa ficelle, aboya avec rage, se lamenta et.... ne se point. Au col, le capitaine - qui ay;ait décrété Rtesure de rigueur prise contre Tobie de réunir les officiers pour une somdiscussion du tir, quand nous vîmes à coup le consigné surgir de 1a pente, la .pendante, haietant, traînant à son cou morceau de ficelle, se précipitant, fou de entre les bottes du capitaine, ja-ppant et très fier de son escapade. Le cadit et pardonna. · Lt !our de départ vint. Tobie qui, trois auparavant, avait remonté la va>Yée,
dans mes fontes, n'aurait jamais pu y reutrer, tant ses Hancs s'étaient élargis au régime de suraJimentation auquel il avait été soumis durant son séjour avec l'artillerie de monta· gne. Cette fois, il marchait en tête de la coLonne, dier mmme Artaban, et s'imaginait vr~ment conduire la batterie. Il conserva cette illusion jusqu'au moment où, retrouvant dans son embryonnaire mémoire je ne sais quel instinct, il reconnut sa va:llée ; alors, il disparut. Dans la soirée, nous traversions le village qu'ii avait qu-itté pour nous suivre. Tobie él·ait là, au seuit d'un chalet, chez lui, assis à. côté d'une chienne qui ne pouvait qu'être que sa mère. Il assistait, hautain et renfermé en un silence souverain, au défilé de la batterie, ne ré.p ondant pas aux exclamations des homlM.S, qu'il regardait effrontément, sans bouger. Persuadé qu'il ne nous reconnaissait pas, je fis quelques pas dans sa dir~ction, claquant de la la~ et la main tendue pour ·le flatter, lui dire adieu, puisqu'on ne le reverrait .jamais. Le croiriez-vous? ... Tobie se prédpite contre moi en aboyant, mauvais, hargneu:x: comme un roquet, 1les babines retroussées sur la double !l"aneée de ses petits crocs menaçants, et m'oblitre à battre en retraite, cons-terné, devant la batterie, que le spectacle amusait fort. De parei1s exemples d'ini'ratitude sont rares - sauf ohez le!J hommes. Challles GOS.
Yann HISTOIRE CONTEMPORAINE Sur la plage sablonneuse où la mer vi~t mourir en vagues apaisées, petit Yann, le fils de l'humbile veuve, restait souvent pensif durant de longs moments. La chaumière moussùe entourée de bruyères sauvages, la vieH!e· église au clocher à jour, t'antique chapeHe de Notre-Dame des Flots où les marins sauvés accouraient en pèlerinage, la i:laie abritée où venaient de temps à autre relâcher les grog, navires composaient tout ce paysage que le
14:2 ciel gris-perle enveloppait de sa mé1ancolique douceur. Petit Yann était fiis d'un pêcheur qui, par un clair matin d'automne, parti avec la flotillt' aux cent voiles sur sa barque • La Courageuse • n'était jamais rentré au port... Aussi la· mer aux voix insinwantes charmait déjà cette âme enfantine par le mystère infini qu'elle recèle en son étendue et l'invincible attrait qu'elle exerce sur tout vrai Breton. Mais petit Yann, s'il adorait la grande enchanteresse, aimait aussi le bon Dieu de tout son cœur natf. · Les beaux offices des jours de fêtes, 'les cantiques anciens résonnant sous les vofites sonores, les vieux saints d' Armorique souriant dans les vitraux aux couleurs resplendissantes quand le soleil iHuminait l'abside composaient une atmosphère de rêve dans laquelle l'enfant songeur se dilatait à l'infini. Son âme inconsciemment s'imprégnait de toute la poésie des flot:: et du mysticisme profond que la pensée dè Dieu et de l'au-de1à danne aux natures celtiques, et, ~entement, germait en lui, un désir ardent et invincible qui faisait battre son cœur pur. c Etr~ prêtre un jour! vivre en· contact plus intime avec toutes les choses saintes qu'il entrevoyait confusément. Répondre à cet appel qui lui venait d'En Haut!. Mais sa, maman! si pauvre, dont il était l'unique consolation et qui plaçait en lui l'espoir de ses vieux jours! Mais la mer, les barques, la vie aventureuse du large et les voyages lointains!... Les mois passèrent; Yann atteignit ses douze ans. Or, un beau matin de juillet, J'escadre au complet vint mouiller dans ces parages, et pour des exercices dt' tir, séjourna quelque temps dans la baie. Petit Yann exultait! Il ne pouvait se 'la_sser de contempler les grands vaisseaux, les marins habiles à la manœuvre et quand Je soir tombait, il regardait avec une curiosité émue un prêtre qui debout sur le 'pont du navire récitait la prière a,u milieu des matelots agenouHiés. Ses regards conîiants montaient \'ers lui; on le- sentait vraiment leur ami, ce
prêtre aux yeux méditatifs qui reflétaieat te l'âme des vagues, et Yann, à qui l'on eJQ>liqué: • C'est l'aumônier du bord, qui les marins dans tous •leurs voyages • que son rêve prenait COI"PS · rrévoc=ablem~ Le soir, à sa mère troublée, il lit solennel: • Moi aussi, maman, je veux prêtre-marin! Laisse-moi, dis? • Et la plongeant son regard attristé dans les purs et fervents qui l'imploraient, toute l'angoisse de son âme déchirée, lui na dans un tendre ba.iser le consentement i:l attendait. Treize ans après: Le village est en Dans l'égllise décorée où les vieux saints vitraux ont un sourire pius épanoui au lieu de l'encens et des fleurs· petit Y;nn te à l'autel pour dirè sa première messe· beau rêve d'enfant pieux s'est réalisé, et' d'un pilier noirci par le temps, une veuve pleure à la fois de joie et de teni~J'ellll!!t de crainte un peu aussi en songeant à prochain. Mais dans sa foi ardente réconfort et vaillance, elle rnurmU:e à basse: • Pour vous et mon pays, mon prenez-le. • Un mois plus tard: Le jeune abbé, l de sa mère, contemple une dernière foia sites tant aimés, et après une fervente à Notre-Dame des Flots, protectrice des voya. geurs, monte à bord du navire qui va porter vers les escales lointaines. Son se serre, ses larmes coulent, pendant que dl la rive, sa mère, lasse et déjà vieillie, tui voie ses suprêmes baisers. A bord, un peu curieux, mais ques, l'attendent les marins, ses • eniatltl •· On lève l'ancre, on fuit vers le large, les tes du pays s'abaissent et disparaissent l rizon. Vingt-cinq ans après: aujourd'hui. Par un mélancolique soir d'automne, bé Yann se retrouve dans sa chaumi~re serte, d'où la mère, pendant une de ses tc. gues absences, s'en est allée vers repos. Il songe tristement, et de ses yeux lent des larmes lourdes et pressées. 1~ le passé, tant de voyages périlleux sur
mers du globe ... En a-t-il essuyé des lemEn a-t-il vu mourir des marins!... Une les silltouettes effacées revivent dans mémoire; à l'infirmerie du bord i1 se reprès de la couchette étroite 'où entre frissons de fièv re, entre deux' cris~s douun petit matelot au souffle ha.)eaux pruneliles angoissées, appelle en son pays e~ s~ mère, lui dicte les paroles et dechirantes qu'il devra trans· ceux restés !il-bas. Et devant sa présence pacifiante, sous le . de ses paroles douces et pitoyables, VIsage s~ffrant s'est soudain resséréné. la ~tne aimée, le foyer absent, les êtres qm parl~nt par cette voix, qui lui redit les supremes espérances du chrétien et . demain, on abandonnera ·Je pau'vre merle aux ,profondeurs marines l'âme et purifiée aura pris son v;I vers monde avec une dernière bénéd 1'ct· . JOU. Etï l'abbé revmt tous ces mourants conso. 1 songe, tl. songe... à des vivants aussi a pu reteDJr sur la pente du mal ou rede gouffres plus profonds que ceux des
sûr. et com~ode. Nous avons cepen,dant mamtes fOIS pu COnstater que CeS étables ne sont pas encore utilisées chez nous. comme elll's le devr::~ient être et que par conséquent, · el·les ne rendent, de lom,.pas encore tous les services qu' on serait en droit d'attendre d'elles. A l'envers de ce qui se fait ordinairem~t, ce serait de jour que les éc-uries devraient être principalement utilisées offrant pendant la grande chaleur u~ repos calme et saiutaire aux bêtes que les mouches tourmentent sans cela dehors. P.ar contre, le matin, on ne saurait assez vite sortir ·le troupeau pov .. te pâturag~ par Ia fraîcheur. D'après les ob4 servahons que nous avons pu faire. au cours de nos nombreuses inspections d 'a~pages et les renseignements obtenus d'atlle~rs, spécialement de l'Ecole d'écono.mie al'Pestre du Oralener Hof, en ~t.yne, la façon la plus rationne11e d'utiliser le pâturélge peut être indiquée comme sUit: La traite du matin doit commencer v~rs les 2 heures, de façon à êtTe terminee ~ur les ~ heures. Le bétail doit alors etre sorh et pâturera jusqu'à 9 heur~:. ~ c~ moment, la température est deja élevee et les mou.ches empê~he!lt le bétail de se reposer. Or, il est dndliSpensabl'e pour la bonne utilisation !.!- fourrage que les bêtes puissent rumi?.er tranquillement, c'est pour cela qu Il faudra les rentrer à l'écurie où ~Iles _rep~sent à 1l'obscurité. A 2 h. de 1_apres-midi aura lieu la seconde traite • Mon J?,ieu! pardonnez-leur, car üs ne saet v~rs les 5 h., de nouveau le bétail res. ce qu 1ls font.. ARMOR sorhra, pour pâturer jusqu'à 9 h 0 po~rr~. le lai~er dehors. pendant .Je~ nUits bedes ~e JUilŒet. mais .iamai's lorsL'Utilisation des Alpages q~e la temperature se mbaisse et qu'il ~~le..II faut alors ramener le bétail à Grâce aux, e_fforts incessants de notre 1 ecune. du geme rural cantonal, nos alCette méthode de pâture offre 1. 1es se son! de .plus en plus recouverts avantages suivant5.: destinées à mefire ·le 1· Le bétail profite mieux de l'herbe et à ·lui assurer u11 gîte paJ'ICe que nourri toujours aux même~
15 Octobre 1916 tU
heures, il peut ensuite ruminer à l'aise. Tous les ruminants, au reste, à l'état de nature (cerfs, chevreuils), pâturent le matin et le sotr. et restent cachés pendant le jour. 2. La production du fumier à l'étable est plus considérable. Ce fumier peut être ensuite réPandu aux endroits voulus. Lorsque le bétail reste dehors le jour, il recherche 'les endroits plats~t abrités, qui, de ce fait. deviennent surfumées alors qu'ailleurs le fumier manque. 11 est évident ·l orsque le bétail est rentré le jour, qu'il faudra alors avoir soin de nettoyer, matin et soir, l'écurie et d'étendre l'engrais à l'eau, de suite, sans le laisser s'épaissir dans les fosses. Où l'eau est rare, il faut construire des réservoirs, de façon à avoir une bonne chasse pour 'l'épandage. Nous voudrions également relever ici l'avantage de l'épandage du purin ·avec des tuvaux en toi"le de voile. Ce système, très répandu en Bavière, commence à être emploYé en Suisse allemande et rend les meilleurs services. Les tuyaux coûtent 1 fr. le mètre, avec raccords, et permettent un épandage rapide et complet. Il n'y a point de perte d'engrais en chemin, ni de bisses à entretenir. 3. Le personnel a ses heures de repos régulières et n'a pas besoin de veiller continueHement le bétail. 4. Possibilité d'aménager le chalet, près de l'étable, de façon rationnelle, puisque ce chalet sera utilisé la pftts grande partie de l'été. On pourra aussi y faire un bon logement pour les bergers. Une partie des chalets devient suPerflue et n'a .plus besoin d'être entretenue. Au lieu d'éparpiUer ses forces sur une fou{e de petites constructions, on peut les concentrer sur une seule princjpale et faire mieux dans ce dernier cas. Il est évident que l'adoption .du système que nous préconisons suppose
d'abord une étable et .ensuite des ~ mins de dévestiture permettant dl' rel gagner celle-ci facilement et sans fatf. gue par ·]es bêtes. Il suppose aussi une étaffie placée dans une situation centrale. La question des t:ihemins de dévestf,. ture est une question qui mériterait traL tirer davantage l'attention des consor. tages et propriétaires d'alpages. Lèar création permettra une utilisation pha rationnelle et plus aisée du sol.. Pour bien des montagnes on ne pour. ra peut-être pas tirer parti des reJ gnements Que nous .Jeur donnons · mais il y en a oar contre un gr nombre où en devrait tenter l'essai et où il ne manque que l'a bonne volonl oour réaliser un sérieux progrès, dant l'exoloitation du sol. Partout. par coq. tre, on pourrait apporter plus de dans l'utilisation du fumier, qui se trop souvent encore. Les purins pas assez dilués et s'étendent mat te. Après chaque repas. les bouses vent être étalées à la pelle sur le les bergers devraient être faire ce travai1 régulièrement. télrd d'attendre le printemp~ pour le fai-re en manœuvres. Nos alpages représentent une part de notre fortune nationale; des soins entendus, nous retirer un rendement bien plus Dans les circonstances présentes question a une importance toute culière et mérite ta p!tJs grande tion. Service cantonal de l,.,,,,.;,.,.tt~-
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Wuüloud.
vtmatre @~{®1~1~1~ DE LA
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-Pùùiicanon du MUSEE PEDAGOGIQUE L'Ecole !)rimaire donne une dizaine de livraisons d'au moins 8 pages, non compris la couverture, et autant de suppléments de 8-16 pages pendant l'aunée ordinaire (soit du 1er Janvier au 31 Décembre). Suisse fr. 2.50 Par an : lJnion po~ttale fr. 3 Les abonnements se règlent par chèque postal II 56 ou à ce défaut contre remboursement. Annonces : 20 cent. la ligne sur toute la largeur Tout ce qui concerne la publication doit être adressé directement à son gérant, M. P. PIGNAT, Secrétttire ttu D~partcment de l'Instruction publique, à Sion -
Tant vaut l'homme, tant vaut la terre; tant vaut l'instituteur, tant vaut