Supplémentdu 8' 2 de ,,I' &cote"(1911) 0
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Variétés
plaie est en généra l bénigne. On constate diminu tion de la gravité dans 80 % des de blessmes à fa tête par ba l1es, éclats d'obae 'LE CASQUE D'ACIER ou de torpilles, éclats de pie,rre, e!c. MaJrli ·La ,,Gaze tte des Carab iniers su,isses"' pu· Si Ja prière isolée e-st uu devoir doux, bla guera-e à courte dis tance el l'emploi de llOII, blie ce ,qui sud au sujet du casqu:e d'acier, cile et avan{agettx. plus __ facile et plus a vanta· ve1:les bahles perforan tes, excessivement puja,; n·e encore est la pnere eu commun. ,, la qu'i l est question d 'inf.rodUJi ·re dans l'a1'U1ée santes, le casque constÎ!tUe pour 'les so ~i/rc en famille•. C'est rune des plus belles suis.se: une protection très affiœce . P1 des plus nobles traditions , des maisons Le casque des tranchées qui fü son a,iJtpa· ~hréüennes; ?n J'y COllServe.ou OU l'y repr end 0000000 û tion dans Farmée frnnçaiise à la fin de l'a..nromrnc ua her1tage des aucetre~. née 1915, a :rendu des services si manifestes H. M. L. S. Vieu est l'au{eur de la fam1L!e.JI l'a !or(Ju'i1 a été intr odu,it da11S l'armée be lge, dans L'e nvoyé s.pélcia.l du ,,Times" au fron t ae,. née b:!nie el fécondée. li la main tient sur Jts p1usieurs reg,iments bri'tann:iques, dans [e glais donne une n,ouvelile descr ipt.ion, très in., ~~s 3,,cr~es qu' il a é(ablies pa r le manag : réarmement de la vai lfan le armée serbe. {éressa:nte, des automobilee cui,rassées qd:: ·hrétien. Rieu de plus Jiuste que de donn er •a Dieu 1111c place au foyer. 'De Lui desœnd l:i ont ,souilev:é paiiout falll1:de curiiosité. Ce casque est une tôle d'aoier embouti, boulê dan s les eutrnilles de la mère, l'aUJlonlé épaisse de 7 mm. D'après les observa1:~ons r~ « Les nouveaux mons·tres de la guerre, di~ sur Je front clu père, Ja sainteté sur le li,[ uu1>cueill,ie'S .par les médecï,ns mililaJres depuis il, ne ressenililent à rien de connu sur te:rrt, lial. la bénédiction sur les bercea,~1x:.La fa. son adoption, la balle de ple,in fouet, tirée à si ce n'est peu t-êke :à un ,craipaud aUo.n.gt ll!illeu ·a-t-elle pa,s à allendre du Se1gneu.r des 1800 mètres de distance, 11epeut :pas le perComme proportions, ils ,sorut plus gr.w.ds qli grâces qui intére sse nt tous ses mernbre5? forer, a·lors qu'elJe 7Je.rce de rpa.r,t en par t le une au tomo bile et plus l!Ctirl:s. . . qu'ooe maJ,. N'a-t-elle pas à lui offrir des a~tions d~ grâc es crâne qui n'a d'au tre protectiou qu'un, képi. sou de campag:na•rds . De so11tequ 'i1s ne peuvent pour des faveurs reçues? Jesus-Clm st dan s rEv,rngiJc ne sem ble-t-.il pas nou s recommanLes baltes tangentie lles, même tirées ~ quel· aller vite, mais :leur marc he réso lue leur donder Lui-même la prière en lamille qu :rnd Il ques cenliaines de mèt.es , dévient sur Les pa- ne une so lennité comique. Les « 'I'ankis » sOIJi nous dit: « To u(es les fo.is que deux ou troi s rois fuyantes . QlliLnd elles les entament, eJqes peints avec les cou.leui's a,ppelëes « pro ,tectrisont 1·éu11i s en mon JlOin. je suis au miliett n:'infl.igeut au crâne ·que des blessures superœs » par :les na turalistes, comme les serpenta d"eux? • ficielles. et les lézards, c'es.t~-dire avec un mélange de Rien de plus beau. de p!us lécond Liue ;_a Pouir qu'ooc baUe de revo lveir puisse pe,i~ brun, de vert et de 1jaune, qu,j est en, haa;monie prière en falllille. Le mari et \a femme s·~,1forer cette tô le d'acier, il faut qu'elle soit Hrée pa1;faite avec fa teiinrte des régions désolées lll!'lltbien el se compren nent nueu x quand 1,s de plein foue t et presque à bout portant. Le:. qu'eHes doivwt traverser. C'est 'JJeut-être cette prient ensem ble. ils se .p1rdom:1ent pl:us [~cile. meut leurs tort s communs quand ils sagecas ques rési'stent admi.ra:blement et sans excoforation qui, augm ente l'impression d'un nouillent devant le même Seigneur. Et puis ception, aux ba l!les de shrapne lls a llemands crapaud et fa it songer ,aux monstres ootédil ules parents à genoux sont. a,ugustes, véné1:a· qu,i :furent si meurtr.ières pour Je,s troupes viens. :Lorsqu'on vo it se mouvoir œs dra• b!es, plus o-rauds et plus 1.mposan!s que ,1efram,;aises peuda,rnt lies douze premiers mois gousS, sournois comme des ger,pents, mais ma. bcml.Ils p;êchent !~ foi en Dieu. 011 di.rait de campagne. d, ,; prê!res à l'au te l ou eH chaire . lis incrns• jesitueux et sûrs comme des iortues, on res1entdau s !"â!;,e de leur postérité -les croyances Dans :bien des cas , le casq ue as·sure une sent nue .indéfiuissable impress_ion, à la fois inoub1iable s, les gr andes pensées et les géué~ prn tection -efficace même contre les éclats d'od 'hi larJté e1 d'horreur, une espèce de cynique reux. instincts de la foi. Leur exem,ple, à lui bus ou de torp mes aériennes. Quant aux éclats gaîté et d'amertm11e ré jou•ie. On siait que lès Jou{ seul, est la plus éloquente des prédicade p ierres, projetés pa,r ,Vexplosfon d'un pro« Tanks • son t cuirassés, mais l'épaisseur de tions. Pa,rents , vos enfants vous regarden·t plus ject ile, e_tqwi é ta'Îent jad is la cause de nomceite cuirasse 'est un mys<tère. Leur armement qu'ils ue vous écoutent. li ne su ffit pas que breUJses blessuires., ;parfois dangere uses, ils vous leur disiez: Mon fils, ma iil:le, fais 1a consiste en mitrai-lleuses qui peuvent tenir son t arrêtés net par le casq ue. prière! Prenez-les p:u ta main et di{es-leur: dans tous ,Jes ,sens. Ohacun. a son officier et Mon fils, ma fille, prions ensemble! Cest de Grâce à ces casques, swr ceu! blessés at· son équipage de cOlllducteu:rs et d'arti fleu1-s, la sorte que s'in::truisent, se façonnent et ~e teints à la tête, on en fait plus que ving t tréet dans Pintérieu r es t réservé un espace assez christianisent à fond et pour toujours les gépa,n.ations, d'où une diminut ion de ces opé - gra11d powr laisser place à uu chef de baitail· uéraüons nou.veJ!es. Rien de ,plus fécond ·<JUe rations toujo:.irs dangere uses dans la propor· lou allemand priso.nlllier ... h prière en famille. t ion de 80 %. Teil'les ,sont 1es falta1es ma:chines, doot le Hélas! rien n 'est. devenu plus rare! Je cherBeaucoup cie so lda ts, qui aUJ rafon t été tués nœn officiel est : « His Ma.jesty's Land Sip •, che au foyer l'oratoire, le prie-Dieu, le buis sur le cou,p, ont, g:râce à leur casque, évité ou H. M. ,L. s., c'est-'à-<iire « Les navires 'terbéniî les .t.ivres de famille Je crucifix hérédifa mort. Lorsque l!e casque est traversé, fa restres de Sa .M'..iajesté 1aire; le chapelet que l'on' récifait le soi r en .>
La P1·ièreen Famille
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comnruu. Tout s' en est allé. Et les iamilli:s .pl,us de mœur s, plus de ·l!ens, plus de vrai bonheur . pa,rce qu'elle s n ont ,pl,us de culte domestique. La prière . la pure e.( naïve prière s'est tue sur les lèvres glacées dea pau vres enfants. Nos maisons e11 sont-elles devenue;, plus uuies. plus chaudes. plus heureuses ·? La ré· ,ponse n'est douteu se p our personne et elle est a ccablanie pau r µn.1,'Jue tous . Pères de famille, reve,1ez à votre devofr. quj es! a11,,si voire iutérêt. et Jét ablisse z chez vous la prière en commun! Mettez uu ten~e à ce ,partage odieux d'un foyer où l'on von, d'un côté tm père indfüérent et iun fils fron· <leur. de J'au1re une mère el une !iLle appltquées à ,ieu1· devoir ~·eligieux., où l'on voit des enfanls tiraillés el déchirés eu sens contraire par des influences et des exern,p!es domesti· qm:3 g.ui se comb~ tent e'. s'.,m!re~ho~uen~ mus Jeurs yeux! Un fils de nche tanulle mdus,lriellc dissipa it son l!on11eu.re t sa santé dans d"abjed s plaisirs et un prêtre essayait de l'ar· rêter eu lui dianl: • Comment osez-vous sombrer dans de tels égarements, yous qui appar. tenez à une si belle ·famihle et qui avez un père si honorab le? ~ - . M.o:nsieur_,.r~part_it le 1ieune débauché , mon pere, Je rie 1a1 1ama1s v.u· prier! " Père :; de famiHe, vos enfants oat beso in de votts. de vos p~·roles, et surtout de vos exemples. Pr iez pou.r vos enfants, devant vos enfants, avec vos enfants. Etablissez chez vous la ,prière e,1 famille! O ,1)1rents, voyez les misères et :les it:t:Pt~issances Ju mond e contempora in. La religion lui manque et il meu'rt de son absenc~. _Or, le pouvoir se désintéresse de la rehg1on, quand il ne la bat pas en hrêc?e· La p.ress.c n'est trop sonvent que_la complice de J !ncreclulité el de 'la corruption. L'exemple q,w_descend des hau{eur s sociale., n'est .pas fou1011rs ·i,nréprochable; on le suit quand il est ma:~vais, et quand il est bon, on met son orgue1; à -<'en affranchir. L'école .publique a œsse d 'être chrétienne et elle déprécie la religion aux yeux de l'enfant, eu la traita:nt ~on~ne une quantité néo-ligeable. Le prêtre ·luhmeme ne peut p:is i~ut auprès de la ,jeutlesse. S~ns vous, pa:rents, nous ne ,pouvons 1,resque rien , parce que les premier s maîtres de vos enfant s dau,s l'ordre du temps, c'est vous, parce que vos enfants ne sont e,nlre nos mains que très fransitofrement parce que si nous avons vo,ire autorité , n~u.s :n'avons' pas vos sanction ,s:. 11'011!
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Dons, ô parents, mettez-vous à l'œuvre et 1·en, dez à la religion et à Dieu la place qui leur appa ·rtient .clans vos maisons! c.ésar allait rejoindre sa flotie, et la petite barque qui le portait ful assaillie par une violente lem.pite. Le uautonnier tremblait. • Que crains-tu? lui dit le dictateur , ,tu porte s César! > Parents, combien eJJe est agitée et menacée la barque domestique dont vous tenez le gouvernail! .Mettez Jésus•Christ dans la barque. Il vous sauvera , vous et les vôlr.:!s! Priez, et priez en famille! Mgr GIBIER. Evêque de Versail'les.
simple, bon camarade , fami'lial, content i. mi,ne· iil est de ~ux que j'ai vu tournoyer pett, et sa profession de comptable à la a-tiaut.:Un blessé pas_sa, en anrière , dans pagnie des chemins de fe.r du Nord ne Jecouloir de terre, et dit, pendant que deux blait pas .le préparer à devenir un héros l'emportaient: • Il est en ea-·rades u. . vie, mon la vie militaire. Mais la prit1cipale s litulenant, en .vie! • d "héroïsme est une conscience délicate. Il L'ennemi ,n'attaquait pas, Il n'osait pas a un héros eu .puissance chez tout holllll sortir de ses tranchées, et , déjà , de l'autre c6té qui remplit exactement, et pour un motif du chemin, sous .Jefeu, des soldats, à gepérieu.r, l'humble devoir quotidien . Celui d()IIX ott couribés, commençaient à refaire l~s je vais parler avaH, assurément , une mère cl8enses, et à mettre un bou ,rrelet de ,terre mirable . e11 tre eux et l'ennemi . Il venait des secou-rs Aussi, dès que la guer ,r e éc late, il accept de,loin. 1Les sa.peurs du, génie se mêlaient aux le grand devoir, joyeusement. Il sait très biti tantassins.1EI œ lui qui commandait , celui qu'Î'.I ira jusqu'où il faudra . Il a déjà une ri. toutau moins qui avait do nné Jes premiers ordres, c'était Louis, le .frère 1eune, devenu bitude de vaincre dans Ja guerre iucon111111 que chacun livre à soi-même. 11 d:it, eu qu.it, to un instant chef de compagnie. . Ils étaient deux f.rères, Bretons d'origine , fant sa maison: • Si je meurs , vous pourrez II vivait, mai~ enterré iusqu'au cou dans mais dont la famille habite 'Paris. Le plus être fiers de moi, car je serai mort en bra11 le sol bou leversé, la tête un peu de traveirs, jeune s'appelait ·Louis; l'aîné, Henri. et face à .Pennemi. • lesyeux rouges de sang el la figure rtrès pâile. C'est une dure et douce eondition tout enAu mois de mars, il éla,it sergent, et le Autour de 1ui, des morts, des mourants et semble, di! partir en guerre près de quelqu 'un frère aîné, Henri, était lieutenant. ·Dans il quelques compagnons ,sans doute, quii se <'a· de son sang : firère à côté du frère , père à nuit du 14 au 15, l'artÜler ie ennemie, ju:;11 111! chaient dans Jes entonnoirs c,reusés par les coté du fils, cousins qui s'aiment .fraternelle- ,là très active, cessa bmsquement de til'ffl obus et parmi les labours soulevés pa,r .J'exment. A chaque minu1e, celui qui se sent me- Tous les combattants vous diront que ce n'ell plosion de la mine. Alors, se voyant le chef. nacé voudrait savoir si l'autre est vivant; on - pas bon signe. On veillait. On regardait l'os dans un si grand péril, pour ranimer ceux se rencontre et c'est une ,joi.-. tout de ·suite qui pouvaient être ranimés, et ,leur donner l'ebre par les melJJI'trières el ,par-dessus •les tr .. entamée par le sentiment de l'heure qui s'é· chées. Le bataillon occupait .la droite el la xtmple, il s'était mis à chanter, de toute sa coule, de l'adieu prochain , de l'attaqu e qui voix, dans le vacarme du canon: « Mourir gau che d'un chemin creux, non Join de S .. . se prépare; on souffre l'un ,pour J'aûtre , el, La compagnie de 'Louis était à dro ite, c~ pour la ,patrie, c'est .Je so r t le plus beau, le quand un homme passe dans la tranchée , ve- d'Henr ,i à gauche. A six heures, au ,petit jour. plus digne d'envie! •. Pui•s, tout haut, sentant nant du secteur voisin, plus d'un qui dormaü , Je Jieu tenan.t traversa le chemin et causa Ill sa force faib lir, .jl avait récité: « Notre Père; au petit jour, accoté confre la terre molle, moment avec son frère. A peine revenait-1 Je vous salue, •Marie,, el l'acte de contrition . s'est éveillé, demandant avec effroi: • La nuit Et, maintenant, comme 1.111e butte de ,pierraille • chez lui • qu'il sentit ·la terre trem bler et • a été rude; es·t-il encore là-bas? • Je connais convu lser sous ses pieds. De l'autre côté da e1 de sacs ~e protégeaient contre l'es Alletm jeune soldat qui a traversé indenme toutes chemin, une effroyab le ér uption faisait éclater mands, qui n'étaient pas à p lus de ving t mèsortes de dangers, et qui m'a raconté: , J'ai la tranchée, lançait en l'air -les,hommes, la tres, ne voyan t pas les hommes de Ja section, vu tomber devant moi, au commencement armes, les remblais. Pu is, ce fui une pluie la, il s'était mis à faire l'appel: d'une attaque, mon meilleur ami. Il m 'a ap· ferna le, sur ioule la digne, de mitrarne, de p6, - Bar ,Jler? Lestard? Gonzague? A1klll· pelé. 1Ma compagnie n'était .pas engagée. ]'ai tuds, de bombes, de grenades, de ba,l.les; lea me? sauté hors de ma tranchée; j'ai couru i\ lui; Ils étaient quelques ·ltns seulement qui réobus de 77, de 105, de 210 arrivaient au rensous les balles des mitrailleuses qui ne l'ont dez-vous , pressés, en gerbes; Je moulin da pondirent el qui vinrent en rampant. Dcs cris: plus touché, qui ne m'ont pas attein.t; ,je !'.ai mitrailleuses ne s'arrêtait ,pas; toutes les fu. , Au secours! A J1ous! > partaient de l'abri emporté sur mes épaules ef ramené à l'abn. mées et tous les cris sor .taient des tranch&I n° 7, ot1 plusieurs hommes se trouvaient en· C'était dans •Tespires moments du début de . Une masse bombardées. Les hommes que 1e feu n'avaH dormis, au momen1de .Pexplosio11 septembre; nous n'avions ni eau ni vivres, pas atteints, abrités ou non, selon la chance, de décombres éta ient retombés sur eux sans et je suis resté trois jours sans pouvoir ~ra- avaient chargé les fusils et mis baïonnette au les tuer, mais les avait murés vivants . .Bar1Jle1 ce1·, wr mes mai ,ns, le sang de celui qui étut mit un genou sur .Je tert,re d'éboulis que cou· canon. Henri, que Je devoir obligeait à rester comme mon frère. ,. parmi ses hommes , se demanda i1: , Où est ronoait la tête pene hée du ,sergent Louis. Il Louis avait vingt-et-un ans . li était tou.t Louis? Mort , sans doute. 11 a élé projeté par avait une ,pelle à la main.
•• • Deux Frères
l'f
.Patientez, sergent: on y \l'a! Mais ,le sergent, qui était pour ,ta,nt bien pâle à cause de l'étreinte de la terre , rusembla un peu de forœ , et ,s'écria : - Délivrez d'abord Jes hommes! Et, comme les sapeurs du génie apparai ssaient, jl répéta: - ,Eux d'abord! moi le dernier! Etre si près de mon frère, et ne pas 1pouvoir ,lui porter secours! Et ces Allemands qui 11'attaquent pas! Qui m'ob ligent à rester là, sous les obus , comme celui qui n'a pa-s de céponse! Ainsi songeait '1'aîné, à gauche du chemin. Il n'y avait plus que les 77 qui fi. raient. A 9 heures , dans la tunc hée, nn blessé ,par.ut, à rendroit où elle tourne et prend ia direction de l'ouest. 1-1s 'appuyait aux parois , il a.liait cou,rbé, i.l était extrêmement pâ le. - Je l'ai échappé belle, mon Henri! - Qu 'as-tu? - Rien et foui: je sors de mon cercueil. Il eut Je courage de rire en touchant la main de son frère: - Ce ne sera ,rien! Ne fais ,pas \Ule ligure! So11frère lui donna un bon quart de cognàc, un hâton, un képi, et l'accompagna, entre ies deux murailles de terre, ,jusqu'où il put , et ce ,ne fut pas bien Join, car la bataiUe continua:it. Quand il le vit disparaître: - Je te vengerai! dit-il. Le sergent Loui s es,t maintenant à l'ambu· lance. D'abord, au poste de secours , on. l'a gardé un ,peu. Mais le maJ s'aggravait, :Jes douleurs internes augmentaient, et la respiration devenait de plus en plus ,pénib le. Il est là, le petit fantassin, dans une salle chauf· -fée et dans un lit b lanc; il dort; on ne sait pas sïl ,,ivra . 1-l,a écrit à sa mère: • }'ai tel· lement dansé la nouba , ,Je jour de Ja fêt:;:, que je s,uis à llambulanœ. • Le lendemain matin, il voit .passer l'aumônier , et d'un geste faible de la maio, il l'appelle. Que 'lui vent-il? Ah! mervei11ledes âmes qui ne se cro ient pas quitte s envers ,Jes plus petits devoir_s, parce qu 1el'les ont été une fois héroïques! Je veux citer la ·lettre même de l'aumônier qui raconta à la mère 'les derniers jour ·s de ,l'enfant. • Je ne fus pas peu étonné de le voi-r m 'ap-
!àO peler, comme je passais, et me di:re à brûle,pou,rpoini: « Monsieur l'aumônier, à qui dois. je remettre mon aumône de carême? • Je crus n'avoir pas compris, mais il répéta sa question, di sant que c'était son devoir, et qu'il en serait quitte pour faire, un jour, une gourmandise de moins.... Le jeudi, Je second poumon se prit. Louis eut, à pJusieurs reprises, un peu de délire. la nuit, il se leva. Vinfirmier de garde, doucement voulut l'e faire se recoucher. « Est-ce que iu es plus que mon commandant, toi? Mon commandant m'appelle, là-bas! Il y a un assaut! ... • Quand j'allais lui proposer l'extrême-onction, i,I avait grand'peine à entendre. Je lui- :posai la question par écrit, sur le verso ct·une enveloppe. Il me répond ,i1: • Avec plaisir . • Sa présence d 'esprit était complète. Il renouvela le .sacrifice de sa santé et de sa vie, s'il plaisait à Dieu, sans appréhension, comme s,.il se filt agi d'aller à l'appel de son commanda-nt. Une heure plusi tard il s'éteignit doucement, laissant à tous le souvenir ei l'exem~ pie d'un soldat entêié jusqu'au bout dans son devoir.• la peine du lieutenant était grande, et chaque jour renouvelée par les mots des camarades et des so ldats qui se souvenaient dn sergent, .par la vue ~es tranchées a:Ueman.des <>ùétaient cachés les meurtriers de son frère, et de ce coude de ,la kanchée où il avait aperçu le héros blessé, courbé, tâtant les murs avec .les paumes. Il ava it juré de venger ce frère, et il cherchait l'occasion. Une nuit, à dix heures et demie, un peu avant la relève, il était dans son abri, et, à la .lueur d ·une bougie , ii cherchait ses cartes topographique s, qu'il avait mises entr e quatre grosses pierres formant sa bibliothèque, -lorsque le caporal qui commandait la pakouil! e sortie depuis deux heures arrive, amenant un prisonnier. Ici encore je citerai la ,lettre même que le jeune homme adressa à sa fiancée. Elle est d'un ton qui ne laisse pas de doute. « Je saisis mon revolver, ,je le mis sur la table. et Jè regardai le prisonnier. Mon regard devait être terrib le, et les hommes me 'l'ont dit depuis. Je fos longtemps sans dire une pMo!e, le regardan1; puis je ,Je question-
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nai; il me répondit en pur frança is. ,je m'approchai de lui, et Jui mettant I' devant les yeux: « J'ava is un frère que i'li ma,is tendrement; loi ou les tiens vous li, vez fait mourir; tu mourras. Je te donne minutes.;• Je fis demi-four dans mon gotir, bi; je sentais bat!J,e mes tempes. Le capo au bout de deux minutes exactement, fit 11, ver !'Allemand, et vint à moi en di~ • C'es·t l'heure. • L'autre, voyant que je lllf, chais vers Jui, devint blanc comme la cire, 11 muirmura: « Meine Muti:er; meine Margue. ·riie. • Ces deux mols me changèrent, et j't111, tendis que je faisais en moi-même une pribt • Mon Dieu, j'ava,is un frère que j'airnaia bien, c'est vrai; j'ai une mère qui pleure, u., iiancée qui craint, une sœur qui souffre: ao œp!ez tous les sacrifices, je ne me vengera pas! • Je regarde l'homme de tou,t près. Jt ~ui dis : • Tu as une Marguerite , moi, j'ai rnie fiancée a·uss i: tu es mon prisonnier, 111 as .Ja vie sauve, va-t-en! R El je le fis conduirt nII commandant. René BAZIN, de l'Académie française.
qu'u!ll 11e i'enlende. . . et 11e t'exauce . . . . A< voue-le? .. . doit ê1're si fatigué, le pauvre! Le père et Je fils sont seuls maintenant, - . .. !!! - Eh bien! moi, je crois à ce Dieu-là! ... l'un devant l'autre. Le père termine le programme de la jourJe crois à la vie future!.. . Je crois que tle ~ du lendemain, car, de œs huH jours, 011 chris11ianisme ~e.présente ce qui dev:rait être neveut pas perdre un ,seul ,instant. Le serla religion officielle de l-'humanUé, et qu'aucun individu n'a le droit de méconnaître ses gent J'écoute, ·?uis l'interrompant: _ Papa, cest entendu .. . . Je te demande· conclusions! ... :;eulementune heure demain ma-tin. - Et moi, je me demande si c'est mon fils · _ Pourquoi? . . . qu·i es-t en face de moi! ... Celui dont je cro_ Parce que c'esrt dimanche . . .. Je veu.,: yais avoir armé Je cerveau con·fre toutes les al:er à la messe. basses .surperstilions!. . . Je ne 1e ·reconnais La foucke f(it tombée au.x pieds du vieux plus! . . . libre-penseur qu'est le père Ouroyer, qu'H - Ah! père, c'esl qtte fai vu mour.ir!-. · n'en aurait pas été plus complètement suffoJ'ai constaté la force que doune la foi pour l'accompl,issement des IJ)lus obscurs devoirs. qué. : _ A la. messe!. . . Tu vas à la messe de. . . Dans les longnes nuils de tranchée, ,j'ai main? réfléchi, les yeux vers les é,oiles .... Je me _ Demain et dim:mche prochain, et tous disais: Quel- ordre admirable dans œt uniles di.manches. . .. vers qui m'ellltoure de son siJence et de sa _ E,( 111vas peut-être même manger l'hosgrandeur! . .. De l'ordre partout! ... Dans 1e tie?, .. pétale de cette fleur minuscule qui pousse à _ Je recevrai, c,n effet, celui qu'adorèrerl'I mon créneau .. .. De l'ordre da,ns la marche 1011snos aïeux ... vertigineuse de ces mondes cton~ ,la seuie viLe père eut un mauvais rire: sion m'écrase .. . . - Tu n'es même ,pas baptisé! ... - Et alors? .. . - Si . ... Je i·'ai été. . . la veille de Ca- - Et alors!. .. Il u'v aurait du chaos que rency. .. . dans le monde moral, • c'est-à-dire « dans le - Par un Jésuite? .. . pJus important de tous., car c'est :Jà oi'l l'on - Non. . . par un simple petiit vicaire de pense. . . là oî1 l'on souffre ... là 011 l'on Paris .. . . Il a même été -tué le lendemain ... , airl'le!. .. 'le vieux n'en .peu,t pJius.... J,l se dresse : - Je ne comprends pas . . .. - Tiens! . .. C'est épouvantable ce que JC - ]'ai eu des camarades admirables, de v:iis te dire! . .. J'aurais mieux aimé ...• splendides officiers, des soldats devan{ les• Mais il n'ose ;pas aller plus loin .... quels ,j'étais tenté de me mettre à genoux.• ,. Un silence terrible tombe entre les deux Combien j'en ai vu agoniS'.!'r et mourir da ns hommes, ,pendant qu'à côté ignorant toute .lJ d'effrovables souffrances! ... Et iout seraH fini scène su:bi1e,:la mère et la iiile fleu,rissen t en pour ;ux! ... lis se seraient ,pa:rés d'hér oïsme riant la chambre du cher soldat, enfin repour le néanf! ... Ils tiendraient tout entiers venu. . .. dans ce corps qui pourrit ·là-llas, inconnu, au - Ecoute, papa! . .. Je ·n'estime et n'·airm fond de quelque fossé!. . . Allons donc! .. · per,sonine pltts que toi ... Tu es un .passionné Toute l'ht11l,Janitéproteste el affirme que leur de liberté . ... Alors, laisse-moi celle de v.ivre dêpouil'.e ,, seule ~ es( là, mais que leur !me selon ma croyance, comme foj ilt vis c;elon la est pariie au pays des braves! ... D'ailleurs, tienne. . . . leur âme, je l'ai vue!.. . Les corps souvent - Moi. . . . Je ne crois à rien! . .. n'en pouvaient plus .. . parfois ils fremb!aient - Si!. . . Tu n'a,s ,pas .ichevé la IJ)hrase de peur! . . . Laissés à eux-mêmes, i,ls se setou·Ià l'heure. . . . Tu as ett rpeur Que quelraient sauvés 'loin de la mifraille el de la
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Le Reton1· du Fils - Express d'Arras . . . . Par ici! ... Toute la famille Duroyer, père, mère, ~IN frère, grande sœur, ondule avec la foule ven le quai 5, où, trépidante, enveloppée de VI· peur et de ma.jes:té, stoppe, juste à 7 heures du soir, son heure, une impressionnanite loro. motive dtt Nord. Brouhaha .. . . Soldats dégr ingolant les marches, lourds, poussiéreux, brunis, mais si heureux!. . . Huit jours de rpermission!. .. · Les yeux de Jia .femme Ouroyer fouilleal les groupes . ... - Le voilà! . . . s'écrie Tajeune fille qui se lance comme une flèche vers un beau sergedl dont la poitrine s'éclaire de la médaille mili,,
taire. Trois heures aprè3, chez les Duroyer. Le dessert s'ac hève après force récits dl guerre. La mère se lève . . . . El,le veut arraJt-
,er encore. ~ni~ux :la chambre du soldai : iJ
22 mort .... L'âme les ramenait, les main~it, les jetait en avant, comme '1n cavalier dompte son cheva 1 et ,l'amène au canon! ...
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A œ moment, la grande sœur rentra. - Tu sais, dit ,Je IJ.)ère,je t'annonce une nouveLle qui va t.e combler de Joie! - Ah? ... - Ton frère revient couver t de médailles, bardé de scapu.laiTes .. . . - Oh! papa .. . . ce n'est pas digne de toi! . . . Je n'ai ni médarlle, ni scapul:üre ... . Pourfant si! ... te sergent fouille alors dans sa poche.· . dans cette poche de soldat oü s'enita.sse tout un monde, et il tire péniblement un débri,s de que lque chose ... c'est tzûlé ... c'est p;ei.n de terre. . . c'est racco'Il'iTlodj't avec de la fi· ceLle no irâtre. :En Tegardant bien, on devine un chapelet; des grains soal brisés , d'a.Jt. ~, ~ont disparus, un bon .c.n rk ca.pote remp'ace h médaille absente .. . . ·- C'est un Breton, épouvan'ahiement blessé , qui me l'a tendu a ,~nt r!e mourir: ~ Dis-en un .peu .pour moi ... moi. h ue peux plus!. ..• Tiens, papa, Je voici, ce chApe1et! . . . Ose donc t'en moquer! ... 1 Le vieux prend Je chapelet. Il y a évidemment du sang dessus, ... Que lui ra ,conte-t-il, au vieil anticlérical, ce chapelet de batai:lle, tombé des mains d'un brave, au se11il même de l'au-delà?. . . Mystère du secref travai:l des âmes. Il Je regarde longuement, le rend à son fils, el , d'un ion apaisé: je ne dis pas!... Mais ce,s - Oui!... noms-là ... Dieu! ... le Christ! ... la Vierge! . . . cela semble si loin!. . . si loin! ... - Et quelquefois, c'e!.t si près! si près! . . . répond le fils, qui en saH quelque chost' . .. .
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La Leçonde Castelnau Le ,,Mercure de France'' publie un 1rès bel article de M. R, Br.ice, qui raconte de façon émouvan1e un épisode de la· manœuvre fairte au camp de Mailly (cim~p d'instruction dans
l'Aube) ,par la div,ision de fer, vingt totùi avant la guerre. Les génér.tux Ba11ourier ~ Foch venaient de faire !a CI"itique de la 1111, nœuvre ,quand Je généra1 de Ca:stelnau ~ la parole. S'adressant au colone l de CisteJ il lui demanda d'une voix grave: ~ Où v1 Jiez-vou.s mourir, colonel?• .Le colonel de Cissey e.squissa un soUJin et fi.t,de la main, un geste évasit IL estimai que cette inter,pellation était une boutade. lt ,préférait n'y pas répondre. La .plupar:t des assi~ tan1s manifestaient, comme lui, un étonnement ironi que. 1 La vo.ix reprit, d1u11ton impérieux qui re, fontit encore à mes oreiHes: - Colonel, O\l voutiez-vous mourir? Le colonel ne souriait iplus . H comprit 11u'il ne pou,vait se soustraire à la que&t ioll importan1e, et .il ha'lbuiia: """.'Mais ... je ne sais pas. Je ne voulais pas mourir. Se croi,sau,t lentement les bras sur la poitrine, le ,!{éoéral de Caste1nau ~oisa du l'egard cel11i qui venait de fa.ire œtte !Pitoyable riponse. Pour apprécier la mimique il eOt fallu voi:r les deux interlocuteurs en présence: la pe tite ta,iHe du généra:\ semblait défier la long,ue stature du colonel , - ,tel un pygmée :tHronfe.un géant. - Comment? Vous ne savez .pas? s'écrit le général. Vous ne savez pas que, .pour Ull solda.t, il y a un moment oit il ne lui reste plus qu'à mourir? Sa voix s'adou.cissaiit. iEtle avaii le timbre attristé des reproches affectueux: d'un père l son enfant. Un nuage passa sur J'assemblée. Ces oili· ciers n'étaient pas accoutumés à. parei!Je évocation de la mort à propos d,.u11ecritique de manœuvre. Elle leur causait la même impression de malaise que la prés ence d'un intrus dans 11ne réunion d'amis. _Le généra:! de Cas,teluau s'en aperçut. Il tint à s'exipliquer sur ce propos que beaucoup de ses auditeœrs voufa.ient considérer comme une boutade. E,t, s'adressant à fous, il dit: - Vous vous étonnez, messieurs, de ta question que je vien~ de ,poser au colonel de
23 CiSSCY· Vous vous êtes préparés à conduire de savantes opéra~ions de guerore; mai s vous ttes-vous jamai s décidés à mourir? Il le faut cependan t. C'est l'essent iel de voire métier . L'honneu·r militaire n'est pas fhonueur mondain. Il ue se sa'tisfait pas aLLpremier sang. Ledevoir qu'il nous impose u'a qu'une limite, la dernière de ioules , celle après laqueUe nous ue pouvons plus que ,ranimer les âmes ,par le souvenir de uot:re exemple, celle oü notre Îlltelligence, no.ire volonté , not:re énergie, notre courage sont anéantis: cette limite-là c'est la mort! - Décidément, i,I n 'est ,pas ifolâtre, le grand chef. murmura un artilleur, mon voisin. Le général continuait: La retrai te peu,t parfois être une manœuvre qui ipermet de r-essaisfr et regrou,per ses forcesen vue d'un nouveau combat. ·iEJ!e ne doit jamais être une .fu(le. Dans, toute action mal· heureuse, il y a une ligue qu 'H n'est :pas permis de dépasser , sous peine d'être ü1digne,s de notre saug français, in.dignes de .uotre rôle de soldats, indignes de la confiance que la patrie a placée en nous. Derrière elle est Je gouffre oit sombrerait notre honueu,r. Cette limite d'extrême résistanœ, messieurs , c'est l'endroit où l'on se fait iuer. On peut mouri-r n'i111 porte où. On ne se fait faer que là. Le choix de cette ,position est d'une impor tance cousidérahle, car eHe constitue la capita le de chaque ha,taille. Tout ,le systèmedes opérations dépend de sa solidité. Pour la déterminer, il est indispensable de connaître parfaitement Je ter·rain sur foqueL on est engagé el les moyens dont on dispose. C'est ,par de telles décision s Que se révèlent la science et Ja vafeur des chefs. Voyez, messieurs , quel sentiment de fierté on doit éproUJVer lorsqu'on se sait capable de prononcer ces mots: Quoi qu'il advienne, je resterai Jà! Le géuérnl de Castelnau se transfigurait. Nous n'avions :pllts devant nous un arbit re discuf.ant Lme manœuvre, mais un apôtre qui prêchait la sublime religion du devoir. Ou 1le sentait an1111éd'une Ioi massive, inébranlable. Son discours ardent entraînait l'auditoire et l'emportaH vers Jes cimes. - La.isstz-moi- exposer toute· ma pens~ ,
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disad-il. Il est brave de décider l'opportunité d'une noble mor,t; il est nécessaire d'en 1prévoir le lieu . Il y a plus encore: ü faut savoir comm.ent mourir. La mort d'un so ldat ne doit pas être un vain sacri.fice, une sorte d'3.cte passif qui rappeUerai,t la résignation de ces gladiateurs ,terrassés s'offrant d'eux-mêmes au couteau. Cette s·u.prême ressource du comba·f!a!llt qui ne veut ,pi! Us ,reculer, je la vois comme l'exposition de toutes ,ses force,s, Je feu à la poudrière. Lorsqu'il · n'y a .plus qu'à mourir, messieurs, il reste encore à mourir puissamment. li se fat un instant, .puis, apaisé , changeant de ton, il :reprit avec bonhomie: - Pardo1111ez,moi·œ dis.cours . Je me suis laissé entraîner par mon sudet comme· un vieux cheva.l, d 'armes par la sonnerie de la charge. Mes paroles étaient certainement iimtiles. Voµ,s connaissez .tous l'étendue de voire mission et vous êtes ,résolus à l'accomplir jusqu'a u bout. Le colonel de Cissey avait raison de me répoidre qu'il ne voulai.t pa·s mourir. Ce qu'i l voulait, c'était vaincre. La mort ne sauve que l'honneur; fa victoire sauve le pays. Mais. la ferme décision de mourir .plutôt que de recuJer donne la mesure de notre force mo-rale. de cette force qui. fait, seule, la va:leur d'un ~ troupe. Cufüvons-là, messieuirs, da us notre cœur, dans ,le cœur de nos sol· dais , cette qualité qui engendre les héro s et qui, à l'heure de la bat.aille, assurera la ,supériorilé de nos armes. Voi'là ce que je tenais à vou s rnppeJer à propos d'un simple exercice. ]'ai ,parlé un peu. rudement La leçon n'en sera que meiHeure. Il fit du regard le tour de l'assemb lée. Lorsqu'il eui inspecté tous les visages, Iorsqu'il eut vu une flamme briller daus tous les yeux, il .parnt s'é.panouir, et, se touman1 vers le général Bal.fournier, j.) le 1pr ia gentiment de rendre la liber.té à. ses audi,teurs. . . . Deux mois .plus ta·rd, presque jour pott,r jour, sw· ce même terrain de iMa,i!ILy~ leCamp, où avaient :retenti les mâles paroles du général de Castelnau, 1-a-résisfauce de nos troupes bri sa it l'élan de !\invasion allemande . Vers le même temps, une ba1le de shrapnell frappait au cœur le colone L de Cissey
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qui défendait - victorieusemen l -posWons du Couronné de Nancy.
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Variétés UNE HISTOIRE A:'11USANTE Le chemin de fer secondaire Woltleu-Jvl'ei· ~ter.schwauden , qui vient d 'être ouverl à ]ex ploitation , a été le théâtre cl"-uu incident don t ou ril encore eu Argovie. Un cultivateur de la vallée de f'rick , un grand et robu s te gail lard, s't!tait embarqué pour 11::Seethal. Selon l'habitude du pays, tirant une s uperbe pi pe de faïence, il se mit à fumer. A la station suivan t<: monte une dame pon:-1:ntun petit chien dans les bra s. La voyagea se s'installe vis-àvis du paysan et, 11atw·ellemeut, ne tarde pas Î\ se plaindre de la fumée. Placide l'homme répliq ue que si l'odeur de son tabac ne lui plaît pas , elle n 'a qu 'à cl1a1Jger de place. L:i discussion ue tarde pas à s'envéuimer et soudain, d uu geste rapide , :a dame envoie la pipe voler ,par la feuêtre. Le p1ysa11, 11011 moin s agile, expédie le netit chien par la même voie. La voyageuse s' indigne . Sou toutou e$l une bête de prix. L'autre ,réplilJl!e q.ue son brûlot est 1n1 souvenir de famille uon moins estim:ible. Bref, au .prochaiu arrêt , 011 va s'ell'Jpliquer à grands cris devant Je rhel de gare. Les cho ses me11açe1tlde se gâter lor~que tout à coup l'on aperçut le petit chien trottinant dans fa neige en portant dans la g ueu!e . . . Id pipe du cultivateur. C'est par un accès- de iou-rire qui gagna ra..pidement toute l'assistance que le drame prH fin,. 0000000
COMMENT • BON-A~RieN » SUT MOURIR Le • poi lu . Mar ie Jona ~, surnommé ,E,auBénite par ses camarades de tranchée à cause de sa pro[es siou de sacristain , était la risé e de toute sa compagnie , -non parce qu'i 1 était sacr istain dans la v.ie civile, mais parce qu~ la guerre, il s'étai t acquis une réputation bien méritée de froussard. S011 grand nez, son
cor.ps osseux et maigre ltù donnaient l'aUUI\ d'un Cyrano totalement dépour vu de l'ard~ guerrière qui auime le héros de Rostand. Jonas était, eu effet, frou ssard comme Pli un. Aussi son capifaine ne l'em.ployai,t-H qu\ des corvées . Un jour qu·Em-Bénile .por lail la soupe a111 lra1tchées de première ligne , des obus 10 111, bèreut autour de lui. Il eul une leJ.le peur q111 le récipient contenant la popote s'éch;ippa de ses doigts et se reuversa. Devant .Ja Jnine d6. coufite de Jonas. les 1poi1U"ss'esclaffèrent Le capitaine , passant à ce moment, grona, mela: " Dire que ,je n'e11 pourrai ,jamais riee obten ir! " Et, se 'tournant furieux vers Jonas, il :ijouie: • Bon à rien!• Bou à rien?- Jona s Wémit sous l'iusuttei il allait répondre, mais se retint. Le lendemain , le régimeat montait à l'a" sa ut. Ea.u•Bé.nite, contrairement à son habi. tude. était un des premie rs auprès du capitaine. lorsqu 'il tomba mortellement blessé; déj-à l'officier donnait des ordres pour le faj. re évacuer quand, se soulevant péniblemeal sur ses coudes , l'ex-froussard l'Uti.dit: • Inutile, mon cap itaine, je suis i . . ..• Le capitaine allait se récrier quand 1Eau-Bénite con1inua: • C'es t pa s une grande perle, a1lez! puisque j'suis bon à . . . . • Il ne put ache ver el re, , tomba pour ne plus se .relever.
Sa pauvreéglise . . . ·=
p ans le train qui le ramène 1entemeut veiS iOll viHage, .Je vieux curé cherche à mettre ,tll peud'ordre dans le chaos de ses souvenirs. Quel mois!. , . H y a juste cinq semaines , les Prussiens apPl'ochaient, el le ,préfet ordonuait d'évacuer. Il vivrait ce.ut ans qu'il se rappel lerait !ou. jours lë,pouvantable exode! ... · [)evani les maisons, confusion terrible. Oil diargedes voitures, ou entasse d'impossibles meubles. Par les fenêtres , les femmes précipitent matelas et passent des berceaux où de pauvres gosses sont atfacbés. Ceux qui n'ont pas de voiture empilent sur dts brouettes . Les uns ferment toute.; les portes. Les autres,sans espoir , laissent tout ouvert. Et ces maisons-là sont les plus tristes . Pui-s c'est ,Je cortège sur la route lamentab!e, dans la p luie, dans ·,le vent, dans la nu11 qui vient... Fami Ues écrasées de farduux, enfants aux yeux épouvantés accrochés aux jupes de Jeur mère , vieux et vieilles qui se laissent tomber au bord des fossés; des fem· mesallaitent en marchant 3e dernier-né; des paysans ,poussent à travers champs la vache, les moutons , 1es bœufs . ..
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LA • LOI DE OUERRE • ROMAINE Voici, d'aprè s Vopiscus ('historien latin du JVme siècle, ué à Smyrne), - la traduction de la « loi de guerre • des solda ts romains ea campagne : . • Déiense de prendre à autmi m1 poule~ de lui luer une brebi s. • Défense d 'enlever le raisin, de nuire aul récoltes et de détruire Jes moissons. • Défense d'exiger du pa ysan, 1'hui-le, le sel et Je bois. • Que chacun fourni sse ses amies et montre des chaussures en bon, état. • Que chacun garde dan s son baudrier la somme qu'il a gagnée. et ue dépense pas au cabaret. ,. Quiconque suscitera une querelle sert battu .•
Une heure après, les Prussiens
apparais-
sent. lis arrivent exténués sur des chevaux 1rès maigres, dont beaucoup ont des '!Jlessures affreuses. A un coup de sifflet, c'est la ruée dans les maisons. Les .soldats enfoncent porte ~ et fenêtres; ils semblent mourir de faim. L'un prend du saindoux à deux mains; l'autre mord dans du Jard cru; un cavalier mâche de la farine dans la boulique de l'épicier. Du grenier de son ,presbytère, i'l les a entendus hurler dans ,les caves, briser des bou· leil•les.ouvrir Jes cannelles des rtonneaux dont le vin, coule avec un bruit de fontaine. Il les a vus remonter les mains rouges , 1a barbe rouge, huma11t encore avec fracas des !am~ dans ·leurs casques débordants..
Oui , lui, ·1e :pauvre curé, il a vu tout œLt. . . Il a même failli y rester , n'ayant voulu qu itter le village que le dernier. U a rampé dans les champs, s'est cogné contre une sentinelle, don t fa baïonnette a déchiré sa sou tane .. . dont les deux balles lui ont labouré 1 'épaule. Puis ce fut fa morne traversée de Paris, l'arrivée chez un vague parent, les nouvelles rares, l'isolement, 'l'ennui ...
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5ufin , c'est fiui ! Il revient!. . . Comme ce verbe est bon à conjuguer. Il -revient vers son ca'lme presbyttre et ,sa très chère ég'.lise. Déjà retenüssent à son orei'11e Le,; nom5 des stations familières. . . Il :retrouve aussi la ba taille: les gares sont brûlées , le~ r6servoirs d'eau dynamités . La halle où il desœnd est éventrée par un obus. Le voici 1Jibre, sur la route libre! Il passe sous ,le :pont du chemin de fer .. . Maictenant, n est chez lui. Mais quel chez lui!. . . Quelle dévastation ! Quel silence!.. . Est-il! possible, au XXe siècle, que des hommes fassent cela à des hommes! ... Les choses ont uo visage , et ce visaie :1. gardé comme une expression d 'épouvante. La nalu.re elle-même semble stupéfiée,,, Les arbres pendent cassés au bord du chemin; des chevaux, mal arrosés de pétrole , a-isent à demi consumés au fond des fossés ; et, de partout, monte une odeur fade, celle qu'il sent parlois dans les chambres , quand il va faire de tardives levées de corps. Brûlée ;Ja coquette villa des Parisiens. · · Brûlée, la maison du garde , e1, au milieu du mur tout .piqueté de balles, le curé remarque une ilarge flaque irouge. Pa.rtout, sur fa Jong.ue route qui , à travers champs, le conduit â son village, c·cst Je même tragique s.pectacle, et, partout ·aussi, de petites tombes coiffées de képis, des tran chées étoi.lées de chare-eurs , de boutons et d~ débris d'uniformes .
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Heureusement, d'ici un ki.lomètrc, le clo· cher de son ~lise va dmser VCTl! ,!~ ciel la
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26 joliesse co•sola+ri~ lie sa flè.ch•, la plus belle de toute la ,vallée. Encore deux cents mètres, et, à 1a sortie de œ petit bois , ·tout dore par ~·automne, 11 pourra la saluer , elle qui a VU' !la itt'ande tou_r. mente. Dans œ i,.tit bois, ~t esi. s.accll&'é·On a dft s'y battre ferme, car , là encore , fleuri3· sent 1es képis, Mais voici Je bois Inversé , .. Rien encore? . .. Est-ce la brume?. . . . Est•ce lui qui est trop pressé et qui se trompe?... Tant de choses se s<mt passées en ces quelques semai. nes, que la mémoire peut bien sombrer, ou le pauvl'e cerveau d'un vieux curé de campa,ne avoir des ballucinaüons? ... Tout de même? . .. Il y a un lait! ... Le ciel est désert?. . . Son clocher ne s'Y élance .plus? ... -D'ici il devrait certainement 1e voir!· . · Ses ye;x · ont heau fouiller encore l'horizon famHier, -ils ne distinguent rien, . . Une pensée affreuse se présente à lui .. . Oh! non.,. c.en'est pas possible! .. . Hier on m'aifirmait à Paris qu',il n'était même pas touché! A ce moment, du côté opposé, le curé entend des ,pas. L'homme qui ·vient, c'est Cor. dier, .l'adjoint, fa plus forte tête du pays, un sauvaîe mangeur de prêtres. Il aurait pr~ !été autre chose. - Eh bien! Monsieur Je Curé? . . , _!. Eh bien 1 père Cordier? . .. _ Alors, vous voi'là de retour? . , . - Ei je cherche 'l'~lise?. , -. - Notre ég:Hse?.. . Ah! mi•sère! .. . Moi auesi ,je l'ai cherchée avant-hier, à cette mémême place, quand je suis revenu comme vous.. . Tenez!. . . Avancez-vous. . . Tc· nez!. .. Avancez-vous pa·r ioi .. , 'Montez St!f le talus ._.. Voyez-vous maintenant?.· · '])u/ bout de son bâton , le paysan montre •• bas , dans ~ vatlée, une sorte de moignon noir une chose cakinée, écroulée, sans forme, ·~ssant à peine Jes toits incendib du vi-tlage.,. - Voitii té qu'il9 011t fait de • 110trc•
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1empla, et eut un nmiil.i11enls.udonique qui critiquait sa -toilette . - Comme te voilà beau, mon petit! TU es Alors , devant ,cet~ ruine que i. soleil :s. Ne dis rien quand ~I nete .parlera ~as. chant rend comme vivante et ·Saignante, !'l'oublie pas q1.1-e 'la cous111eHermance •lui a verni de partout. - Je suis comme tous les Jour s, mon on· curé se met à pleurer. ·t du mal de nous. Ne dis pas de mal d 'elle, - Ma pauvre éîlise! .. . di is dis que ,je ne la vois plus parce .qu'elle cle, dit nfgliiemment Auruste. 1111 - Ah! .. . EnJin, déîèle -toi si tu peux, Mais Cordier étend la main Vitrs le · trOPmauvaise lanîlle. N'oublie pas que ton nous allons déjeuner. où rouleni en iempête ies bruits du can'>ll :ac1e aime le courage et l'énergie. Dis .que Le déjeuner était copieux et excellant.AuSoissons. voudrais déjà être grand pour trava1Her - PJcurez pas, Monsieur le Curé . .. . tu r ta fami'lle. Ça t'amènera à parler de. guste, souffrant dans sa gourmandise, mais vous a.idera, oui, • même nous! • ... . ::s. fais attention. Ne r:iconte rien de trop . retenu d'une part par les recommandatit2:11.<. _ Oh! merci , père Cordier , pour Tues bien mis, n'aie pas l'air pauvre. Tou maternelles, d'autre part par l'invincible pebonne ,parole! . . . QIICle ne sait pas combien nous sommes gê · santeur du ragoût .froid , ne toucha qu'à ptine aux hors-d'œuvre dont son OIi.de avai! Les mains des deux hommes s'étreianeiaJ: niS.Il est conune tout le monde, s'il le savait, rempli son assiette . L'oncle parut m6conteat. Et ce fut la réconciliaiion , · . · il nenous aiderait .pas. - Mane-e, AuîUsle , . . Voyons, je te cro• PI·ERRE L'ERMITE. Le contraire eût semblé .pius 101:ique_à Au. yais bon appétit. . . A ton ~. sapristi, j'aù· pste . Il ouvrit de grands yeux. rais avalé des pierres . . . _ On ne ,prête qu 'aux .riches, expliqua - Oui, mon oncle, dit AuiUs4e. avec autorité Mme Lafüer, qui aimait les pro- Alors, m.11li'f.Il faut prendre des 10,-. ,erbes - tu sauras cela plus tard. Il vaut ces rpour grandir et devenir un homme. llifuJC 'faire envie que pitié. . . Si ton onde De;puis l'aube de œ 1jour de I' An, Aa~ - Oui, mon oncle. Pour trava.iJler polir lt nous aide pars sérieusemeut .. . était sur pieds et Mme Lailier sa mère, s'• ma famille! jeia. Au&'Usie , véhl-ment. cupait de lui activement. Il s'agissait de 11 Elle s'anêta, mais Auguste avait compri ~ [;'oncle pa11ut aiaœ. faire beau pour l'envoyer déjeuner chez l'oa, a: qu'elle ne disaH pas . Les conversations - Je ne te ~mande pas ùe profession de anroissées de ses parents et les menus des recle octave. foi, mon petit garçon . Et puis, quitte cet air La. circonstance était pathétique. Les Ld,, pasl'avaient renseigné. Le senti~nt de, sa emprunté , voyons! Laisse-toi aller, dis ce q~ lier se trouvaient dans w1e gêne cruelle, et; responsabilité, au cours de sa v1S1tel Iontu penses Esl-œ que tu as !)('Ur de moi? l'oncle Octave était un vieux garçon riche. cle,le fit frémir. Soudain, M'me Lallier bon- Oui. . . non, mon onde, dit Aaius{e, Après une brouille de trois ans il venait d'ac,. dit. dont l'anxiété croissait ~ même temps qu~ cepter une réconciliation. A la suite de d6, _ Auguste, as-tu iaim? cria-t-elle, presque le mécontentement du vieu1: farçon au~marches effectuées par une parente e.x:perll irae-iquement. tait. dans 1'art de régler les protoco les épineux, D _ Oui dH Auguste, qui était doué d'un Àuguste réfléchit un moment et tout t , . avait été convenu que le rapprochement s'~ appét.it tornùdab1e que nulle cause exteneure coup prononça sentencieusement: pérerait par l'eutremise d' Auguste. Ainsi se- aepouvait troubler. - ·Les affaires de papa V<)lttbi~1, mais !a rait sauvegardée la diginité de ses .parcnta, - J'en étais sûre! dit Mme ullie.r. E{ i1 vie, est chère, - pensant ainsi fü:e:rhabilecar ,les avances faites par un enfant de neul nelant .pas que tu dévores à la table de ton ment la situation , selon ses in~truction;. ans ·ne tirent pas à conséquence. oncle. Les gros mangeurs l'agacent, je m'en Comme une magnifique oie a,ux marron s Vers onze heures, Auguste fut prtL souviens, et je ne veux pas du reste que tu paraissait sur la fab1e, l'oncle Octave eùl l"~ Etreint dans un petit complet devenu trop ~ies l'air affamé... Je saiJ que tu n'auras prendre cela pour une critique dégui sée, mais juste, emboité dans Wl col q~i lui coupai~ Ir jamais la force de te contenir. Tu vas finir il se contenta de hausser !es épaules. cou mais sous lequel bouifa1t une lavalh~ leragoût froid avant de partir. comme cela ... _ Mange fout de même. Tu vois 4ue p., à ~is, tourmenté par des souliers vernis invotùu te faire honneur. Auguste, assis Join de .Ja table, pour sufiiisarnment larges, frisé durement et sa_ li y a aussi des oie& et bien <i'au1re'l ne pas se tacher, .finit, avec ~es ge~tes. ~e vonné au .point que ses jo11es luisaient comchoses à la maioon, déclara Auguste. prestidigitafeur, le ragoût froid qui etait me une toile cirée, il se tena.it droit et raide abonda:nt. Ensuite, 1a piètre petite bonne q1.1~ Une formida·ble portion étai t ~ur ~n a!I· au bord d'une chaise de la petite salle à maosiette. Auguste adorait l'oie. Il oubliait 1• les Lallier conservaient par resped hu~lll ier en attendant le départ. Et sa mère le sa• l'accompagna chez l'oncle octave. ragoût froid et les ordres materuels; son m1· tur;it de recommandations. cle lui disait de mu1eer, il devait obfir; \I ['oncle embrassa son neveu, puis Je con· _ N'oublie pas que ton oncle est volon-
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. et amporlé. Dis oui à tout œ q·u'il t• taifeN'oublie pas qu'il n'aime pas les· ba·
Réconciliation
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28 ~ngloutit l'oie, puis une .forte tranche de .pâté,
puis du dessert en abondance. - Je vois que tu as retrmtvé ton appell'l, dit l'oncle. Ça va mieux, hein? Mais c'était une erreur. Augusle n·allan pas mieux, au contraire. Soudain malade, pale et baigné de sueur, i,l n'eut que le temps de s'enîuir de la salle à mangei·. Quand il revint, calmé mais encore b lêm!, la cravate dénouée et les C'heveux défrisés, l'oncle appesanlit sur lui un regard dégooté . - On va te reconduire chez 'toi, mo!l garçon, tu es vraiment trop goinfre! Auguste, en un éclair, entrevit la catas trophe: la réconci liation entravée par sa faute:, tou tes •les espérances détruites, 1a co · !ère de ses paren ts et leur détresse. Eperdu, il se jeta vers son oncle. - Non, non! cria -t-il, c'est pas vrai! Ce'>t pas vrai que je suis. ioinfre! C'est le ragoût froid! - Quel ragoût froid? dit l'oncle, ahuri. - Celui que j'ai mangé avant de venir pour pas avoir l'air d'avoir faim! Et puis, c'est pas vrai non plus qu'on a de l'oie et d'autres choses à .la maison, et que les affaires de papa vont bien! El,les vont mal et on n'a rien .. . Je m'en doutais, murmura l'onde, irrité et apitoy~. ,Mais alor., qu'esl·Cc q11ecet· te comédie que tu m'as jouée'? - C'est parœ q.u'i1 vaut mieux faire envie que pitié, et qu·on ne prête qu'aux riches, gémit Auguste, en se laissa!lf :i.ller ,nr une· rhaise, oî1 il sanglota. Mais une main se posa do1icemeut sur sa t"te. II releva les yeux el rencuntra li' regard de l'oncle, qui Il' rassura.. - Alors .. alors, mon oncle, on est !ou! de même réconc-iliés? dil -il seulement . F~é ric BOUTET. .......
1.
Un épisodede la 1·etraite de l'Arméede l'Est sur les Varrières,en 1871 les
événements qui se sont déroulés , au
29
~ut de la 1présenite 2'lJ.&re, sur la frontl ont donné un regain d'intérêt aux anecd inédites se rapportant à J'intememc nt, Suisse, de l'armée française de l'Est, en 1871 C'est là notre excuse ,pour écrire la suivaa. te, dont nous garantissons l'authe11tici1é, ca, nous la tenons de l'officier qui y joua le ]lJ'in. cipal rô1e. Lorsque fut décidée ila re traite de il'Arrnie de :l'Est sur .Ja Suisse, le grand ,parc de cette a:rmée se trouvait à Pontarlier . S<»i, cbmrnq. dant Je lieutenant-co lonel d'artille\.ie T. rt çut .ia double mission d'organiser 1a dêidu Fort de Joux, et de faire passer son ênoi-, me convoi par les Verrières..Suisses, assez têl pour que ,la route fCtt absolument libre quaQd les troupes en auraient besoin. Pour deux opérations, mailheureusement, on ne ,lui donna que peu d'heures, et encore moins de fa. ciJHés d'exécution. La néccssiié de s'ocrnpe,r du Fort de Jolll en premier lieu retarda natme llement le df. part du parc. L'ouvrage avait bien que lque1 canons, plus ou moin s démodés, mais aucan per .sonnel pour les servi r. Le temp, manquai t pour se procurer des servan ls et des cadres d'arfülerie: :le co lonei.lT. composa Ltn détache. ment des plus hétéroclite,, artiUe-u~s, ponl 0t1• niers, condnctenrs haut -le-pied ou éclopés, solda•t s du train sans emp loi spécial, malingres de toute s espèces . U donna 1Jecomman.demen t de ila défense nu seul officier disponible, un capïtaine de ,pontonniers, lequel, ·16. gèrement ahuri par ,la mission qu 'on .lui confiait et concevant les plus grands dol}les sur la pos sibi lité de la remp lir, ne cacha pas ,ses -très vives appréhen,5ions au lieurtenant-coloneL C.elui-ci, qui n'était pas fort patient, surtou t en campagne, a.près avoir essayé en vain quelques encouragements, employa à l'igard du pauvre capitaine un ,langage auque l il n'y avait pas à ,répliquer. Les tringlots montèrent lugubrement prendre possession de leur tort et le colonel fü partir son parc ~ H res1.!it'juste assez de temps, au taux no.rinal d-~ cou'lement des voitures, pour que, par u,ne marche de nuit, ,le dernier caisso n atteign it la frontière sans que namarche des troup..-s , sur ;te s Verrières fût r-etardh .
ces
Au début, tout alla bien. Le froid était vif. la neige épaisse, mais on avait ca loull sur une marche lente. 'L'important était qu'il n"y e(il pas d'arrêt. Ver~ le milieu de la . nuit, le aolonel, qui 111archa'11presque à ~a fm de fa co!onne, afin d'être sûr du dégagement de ta route, remarqua quelques, à-coUiPs dans le convoi; pltis de petites halies; enliu un arr~! complet. Croyant à un ,simple accident, 11 Jongta la file des voih1,rcs. Son anxiété 'Së c1taugea bien'lôl en consternation: .p1us i,l avançait, plus il trouvait de v0Hu1es sans conducteurs. Les attelages étaient .1bandonnis grelottants, sur le chemin Le long de s pe~tes du défi.lé, des grou illemen is d'ombre;; ,utour des d1alets isolés, dont les lumières se détachaient crûment sur la neige, mon, 1raicnt ,l'affreuse vérité: les hommes, engour dis J).'.lf Je froid, étaient allés se chanffe.r ,par1out oi1 Us avaient aperçu du l'eu. Un moment étourdi .par le coup qui k [rappait, le colonel, exaspéré par la vision Jts conséquences désastreuses que œ dé lai pouvait avoir pour Je reste d-e l'armée, s'é· bnça à fa recherche de ses hommes . Sa rage s'lpancha siir un plUVre 1ringlot qui: trouv:1 accroupi .près de fa route, au,près d'un rruiffCfeu, et qui avait été laissé !ri, sans doute, par quelque ehef de voiture plus conscien rieux que 'les autres , pour sn:rv~iller 'les a,tel:lges. • Remontez à cheval immédiateme nt ou je vous broie fa cervel[e! » .Jui cri11 Je colonel. Pour toute r éponse. le soldat leva sur lui des yeux si pitoyables, el montra une Hrure oi1 se peignaie nt si é!oquemment tout es les îati!,11.tesde celle campagne d;•hiver qu;>, ma1gré sa colère, l'officier se sentii ému. ,.Penser, clisaH-il plus tard, que ce pauvre j'atçon, ainsi menacé de mon revolver , ~ait !t seul qui fît encore quelque chose comm~ ,on devoir, car il gardait sa voilure! J'avais mal choi,si mon homme. Mais je n'avais pas !'embarras du cho ix: il était le seui en vue. Tous les autres, officiers, sous-olficiers, con· dudeurs, ;vaient di-sparu dans 'l'obsourité! • Toujours est-i,I que le colone l reco 1111u1!a futili té de ses eiforis. Efit-il réussi à ramener dix, trente conducteurs, cela n'eOt pu faire marcher cette 1on211ecolonne. Il falla it se sou-
mettre à 11uévitable. Le désespoi-r au cœttr, à demi-ge lé, et .soufirant en outre d'une blessure reçue sur la Loire, il ue s'était jamais senti si misérab1e et si découragé pendant œs six mois de g,i1erre. .Machinailement, il suivit son adjoint vers un des chalets. Le spectacle qui ,l 'y ailendait n "était pas :rassurant". Le piancher de :ta•salle était ·Jiltéralement cach~ par cl.es corps d'homilles étendus dans ioule '., les pos itio ns les uns sur les a utres. Dans la chaleur intense, tous ces gens dorm1ient , et dorma ient avec une telle force qu 'il semblait impossible qu ils se réveil 11assent av:mt de longues heures. Combien de temps s·éco u·la ains i? Nul ne saurnit le dire. Mais il faisai t encore très , nuit lorsque le colone l, qui avait cédé lui-%('( me à l'épu isement, fut tiré d'un effroyable cauchema r par une réa lité bien douce. Un à un , les hommes , qui n'avaient p:ts oublié, malgré 1out, la néœssi lé d'une prompte retraite s'érira -ient se levaient, et 'lourdement. se di~igeaient v~rs fours aitelag~s. N 'en cro· yant pas ses yeux, Je colonel se précip ita vers la ·route: de tous côtés, descendant les penie-3. le,, conducteurs, par groupes, reven1ient des du ,let&. Beaucoup étaient déjà eJ1 selle. Toul lt coup d'elle--même la colonne s'ébranlaQueique joie qu~ cctie vue causât au cOlll · mandant du parc , il se demanda it avec ang'.oisse si fa retrai te de l'année n'avait pas été arrêtée. les voitures étaient en marche depuis ·une demi-heure à peine, Jor~qu·u11 groupe de cavaliers vemnt aussi de Ponîarlier ap parut longeant fa colonne. C'éta it le ,général Clinchant qui, avec son étai-ma jor, devança it les trou pes pou r aller s·abouche:r avec les autorités militaires suisses. i\ c~ mome11t, les voitures marchaient 11uu bon pas ; les hommes, ,ragailla rdis par le repos qu'il, s'é taient octroyé , avaient un air très a lerlc powr de s gens qui étaient supposés avoir cheminé toute la nuit dans la neige. Céa frap1 pa-t-il le b"énéral en chef? Ne s'at1endai!-i ' pa~ 11· trouve r le grand parc si pres des Verr ières? Avait-il eu \a.ut de mécompte~ et de déboires qu'i l était surp ri s de voir quelque chose alle r bien? te fait est qu'en arrivaut à la hauteur du colonel T , il s·ar·rêta: • To u-
iours sur 1a brêche, colonel! lui dit-il. Vous êtes .le seul officier d'ar tillerie de :l'armée qui fasse son devoir! • Et il passa, avec un geste qui en disait ilonz. Le colonel ,resta rêveur. A quoi tient 1:1 réputation - la carrière peut-être d"un orEcier? Qu'eût dit le générat Olinchant si, les troupes étant parties à l'heure désignée, ii avait trouvé le parc endormi et la route bloquée? Et pottrtant :Jecolonel n'aurait pas plus mérité, alors, de blâme, qu'il ne méritait l'éloge exagéré que venait de lui décerner son chef. i ! ! ~~ Quant à la garnison du fort de Joux, e1le aussi bénéficia des drconstances. Le capi· laine de pontonniers qui étai! à sa tête, sïJ waimait :pas les responsabilités de commandant d 'une place apparemment indéfendable, était du moins un brave sdldat. Avec l'énergie du désespoir, il fit !aire à ses servants improvisés la .manœuvre des pièces. Et quand, quelques ·heures plus fard, les Prussiens appaiiuren-i en bas sur la route, c'est encore avec une énergie désespérée qu 'il les mitrailla. Les Allemands qui ne s'y attendaient .pas, forent très gênés par cette canonnade: et, en somme, ile fort de Joux remplit de point et1 pain! le rôle qui :lui avait été donné. Le bon capitaine, devenu un héros malgré lui , fut récompensé, fêté et d'autant p1ils félicité que les ,succès, à cette époque, étaient rares en .France. George NESTLER-TRICOOHE.
____ ..... _....._.______ _ Février
La physionomie de février. - Quelques fêtes. _, De la Chandeleur à la Saint Valen-
tin. - 'feu Carnaval. - Vieux dictons. - février à travers l'histoire. Févrie,r mène les premiers sourires du solei,\, aes 1ours aJ.longent sensil>lement et le ' Carnaval apporte un peu de gaîté avant la mélancolie du Carême. S'il n'est pas un mois parlicuJ.ièrement joyeux, il n'est .pas sans charme ctFfndant. Certes, le Mudi-Oras n'a plus ia splea·
q-
<leur d'au.~refois: c'est à peine s'Î'L réstc ques vestiges de· cette ,réjouissance anttqqe, mais il conserve œpendan1 un peu d'entrait dans quelques vmes. D..,autres fêtes publiques ,se plaœut auq en février: Je 2 tout d'abord, la Chandeleur mérite, bien que officiellement renvoyée •• dimanche suivant, une mention pairticulièit Le nom .vient de fa cou1ume qu'avaient noa pères et qu'on a conservée encore dans notre diocèse, de faire bénfr, ce jour-là, des chaa,. delles qui ~oivent servir à ~a célébration del rites du culte de l'Eglise ou que les !idèler portent à l'église et qui servaien1 ensuite l une procession à laqueHe tou-1Je peuple pie, nait part, puis aux circonstances de Ja vie re. iligieuse en famitle, telles que 1'administratioa des derniers sacrements ou ,faccomplissement de tout autre devoir religieux au sein de la iami'Lle. Certaines ~radi·tions locales iort anciennes sont nées de cette coutume. Les deux plus rf. ,pandues sont ,les suivantes. ,En Pi·ovence, 'les Jeunes mères ont l'habitude de porter il.eur enfant à l'ég lise ,le jour de .Ja Chandelew-, fête de la ·Puriiication, pour ~e faire bénir. En Bretagne et dans diverset aut,res contrées, la pratique est plus ,profane puisqu 'elle consiste à manger dans les cafés des crêpes et des beignets qui sont ofrerlt aux clients. Dans bon nombre de famille$, on agit de même, eu il y existe un vieux dicton d'après lequel ·le fait de manger des crêpes le 2 février assu re de -l'argent pour toute l'année. Ajoutons que ~e 2 février est le jour de Ja fête patronale des cirier,s, des épiciers, des confiseurs et des lavandières. Le dicton dont nous venons de parler n'est pas le ,seul concernant la Chandeleur. Les .prover~s qui s'y irattachent ,sont nomb~u1. Nou·s citerons 'les plus connus: Quand Notre Dame de la Chandeleur luit, L'hiver ~arante jours s'ensuit La (]1andeleur claire Laisse un hiver derrière.
31 QUIB<l le soleil luit à la Chandeleur. croyez Qu'encore un hiver vous aurez. 'Ul Chandeleur noire , L'hiver a fait son devoir . La Oha,ndeleur trouble, L'hiver redouble. A la Chande leur, L'hiver cesse ou reprend sa vigueur.
On dit encore que s'.il fait beau le jour de la Chandeleur, i'l y aura du vin comme de reauet que s'il pleut ,sur la Chandelle, il p1euvra sur la javel:le. _Mais de ces · pro11osttcs météorologiques, il faut en ,prendre et en Jaij;se ,r, les oracles du temps n'ont pas, en, effet, 11.prophétie toujours heureuse. Le 3 février est ,la Saint~Blaise, patron des tisserands, drapiers et cardeurs. Le 6 est la sainte-Dorothée, patronne des jardiniers-fleuristes; Je 13, Saint-Grégoire, patron des chantres d'église , Je 14 la Saint Valentin qui est en Angleterre, :la fête de :Ja ,jeunesse pendant laquelle ce pe,uple puritaiu s'autorise de largeslicences. Enfin ~e 19, Saint Odrin qui est le patron des 'Voiturier:s et cochers. Voulez-vous que nous citions encore quel· ques vieux proverbes, qui, eux, se rapportent au mois de 'février tout entier : Quand il tonne en février , Montez vos tonneaux au grenier. Le neige de .fév.rier, C'est de l'eau dans un .panier. Pluie févrie,r , C'est du fumier. Vaut autant voir un loup dans un trou.peau Que 1e mois de février trop beau. Si février laisse les fossés pleins,. Les greniers deviendront plei ns. Fleur de février Ne va pas au pqrumier.
En dehors des fêtes camavalesques ou palronales, février n'offre pas de distractions très nombreuses : ,la chasse est close, ,saul pour 1e gibier de l'eau et ~ bécassine, mals letemps est excellent pour le :piégeageet fai·
fût des renards , fouines, putois et chats ~uvages. Quant à la pêche, les malins assure.nt que c'est le meilleur mois pour la prise au vif du brochet et de la pe.rche. Ne Jes chagrinons pas en nous étonnant qu'on :puisse, .par la température souvent humide de février !aire de ,patientes stations au bord de la rivière.
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--•••1.i• ..·-- --- Val'iétés
LE MERVElll.EUX
ET LES f.Nf" ANTS Les fées sont mortes. On ue sait pas ,très bien comment cela ,s'est fait. .Peut-êt<rese sontelles simplement endormies au !and d'un •Têve. Peut-être, aussi, quelque méchant, par dépit ou par envie, a-t-il brisé ,leur baguette d'or! Quoi qu'il en soit, 011 ne voit plus leur tor:me g,racieuse animer les 1 ivres d'images et se mirer da,ns les yeux ravis des petits en· !an(s, tout au plus les contes de :Perrault et ceux de Mme d'Aulnoy trouvenUls encore place dans les livres d'étrennes. Mais la ilittérature moderne enfantine ignore presque totalement les ressources du mervei,Heux, o.u si, ct·aven!ure, :il lui arrive d'y avoir recours, c·cst plus dans le domaine ,scientiiique que dans celui de la féerie. Certains moraHs1es se réjouissent de celte évolution. ,Les contes, di· se»t-iJs, remplissent la tête des enfants de bililevesées, leur faussent l'imagination et prennent la place de co11J1aissancesutiles. Et cela es! vrai. On peut, sans connaître !•aven. ,ture merveilleuse de la ,, Pll'incesse Zerbeline », meue.r à bien de hautes études et il n'est poi~t indispensable ·aux bo11J1esménagères ct·avoir. éiant petites, cueHli ,les trois :pom· mes au pommier enchauté de la fée 1Morgane . }\r\ais à ce p11ix,combien de choses, pourtant charmantes, ;pourraient nous être enlevées sans que la face pratique de la vie eu souifre, et combien. alors, cette vie sera~t ennuyeuse: Chez Jes enfants, d'ailleurs, le conte de fée n'-a pas même l'inconvénient que présente souvent le roman pou r les • grands »... C'est précisément son extrême fan.tai,sie, ,s\m ca-ractère franchement su~naturel·, qui le rend inoffensif. Les enfants peuvent se ,.passionner pour
32 le merveilleux,mais ils n'y , croient > .pas. lis savent les fées ~nexisia·11les, mais ils les aiment !oui de mêille. Que ceux qui n 'on t pas encore oublié leurs émolions d'enfance ~e souvie un ent ! Que ceux qui out con nu et goûté l'enchantement du livre de contes le renient s' ils l'oseui! C'es t le faux usage ·(]Ue certains éducateurs font du conte de fée qui est à craindre r:t 11011 pas son invrai sem blanc e, acceptée -w1c fois pour foule s comme un jeu de l'imagination. ,Le bon Perrault négligea parfoi s la morde en écrivant ses contes charmants et i l arrive de Mme d'Auluoy de l'ou b1'ier complètement. Aussi n'est-ce ,point l'astuce du • Chat botté • que nous voulon s défendre ici , ni ·l'histo ire !oui à fait scandaleuse de ,. L' Adroite Pi·incesse » . ni tant d'autres fable s, coules el légendes. Ce que nous regret!ot1s, c'est la disparition de la féerie des ·lectures enfantines, si difficiles à varie r et surtout des spectacles que l'on prétend donne r à l'intention des e 1lfants. Evidemment. l'idéal ,era it de ioujours leur offrir des ouvrages tout ensemble amusants et insl:ruc!ifs , compréh<!nsib!es de leur esprit ine xpér i inenlé et .pourtant en éveil. Andersen, dans certai ns de ses tonies , est un maîlre du genre. Mais. hé las! ,!es génies se font rare s , et puisqu'il est de mode de conduire nos peti1s au théâtre, ue vaudrait-il pas mieux revenir aux ancien • 11es féeries plutôt que de les mettre eu face de s ou s-entendus dont ils n'ont que faire, d'înlrigu~s qui les troubleront et les inquiéteront bien plus que ne ,le feraien t ioules les fées imaginable s. 00000000
UN MILLIARD S'il faut en croire !es économistes, la gu.:-rre impose à la France une dépense mensuel,le d 'un milliard de francs au minimum. C'est là un chiffre qui , en raison de son énormité . ne di t p:ts grand"chose à l'esprit et qui demande à. être éclairé par quelques précisions. Un bloc en or mas sif vala·nt un milliard de francs pèserait, en chiffres Tonds, 322,500 kilogrammes; son volume serait à ipeu près de 17 mètre s cubes . Pour le 1ranspor1, il fau .. aii un train de 24 wagons , et dont la long1Ueur a1tei11drait 400 mètres; 1po.ur le soulever, l'ef·
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fort de 0000 hommes serait nécessaire. Si t' s'en servait pour frapper des pièces de vJ francs et si on alignai1 , à plat, les une, (Fêt..ele li Février.) côté des a,ufre s, toutes ces .pièces , ie rulJat formé aurai t une 1-onirueur de 1050 kilomèfn:a. Cette année, avec le dimé:111che de la Si on empi.lait toutes ces :pièces, on a~ 5eXagésime. _coïncidait .Ja fere de Notre un rouleau de 33 kilomètres, soit envit'Clll Damede Lourdes fixée par l't:g lis~. le huit (o'Ts la hauteur du Mout-Blanc. Enfin, Il( 11 f évrier en souvenk de la premie~e milliard de francs en or pourrai.! être trane, descélèb1:esappariti~n? à ~e sanctuaiîormé en 22 statues massives dont chacuae re.On sa1t que la 'Samte Vierge se maaurait Ja taille moyem1e d'un homme. · nifestaici jusqu'à dix~huit fois à BerSi J'ou veut se ,représenter ce que stl'lil nadette Soubirous. la Voyante priviléun milliard en argent, il fau,t penser à ~ iée. Ce ne fut que le 25 Mars suivant, bloc de 377 mètres cubes pesant 5 milHCJIII la fête de l' Annonciation. que notre de kilogrammes el qui, étiré, foumirait 111 Mèredu Ciel, •p,ressée,.par l'e1'._fanid~ fil de 4 millimètres de diamètre assez . Joa, lui dire son nom, se t1t connaitre .pa1 pour entourer complètement Ua terre à l'E,, cetteparole r·estée à jamais mémorable: quateur. Pour transformer ce bloc sup~ /e sais l'immaculée Conception. ré.parti en lingots de 20 kilogrammes, ce qui H. Lasserre, dans son magnifique oucon-es .pondr a it à 800 pièces de- 5 fr., il f• vraae dédié à Noire-Dame de Lourdes, drait faire appel à 250.000 hommes, dont chl, con~acre à la .première apparition une cun serait cha:rgé d'un lingot de 20 kilos; pour page el des détails p~écis_quel'on sera l'expédier par voie ferrée, il faudrait 1000 hcurnuxde trouver c1-apres: _ wagons de 5 tonnes, c'est-à-dire un train lonr « Le 11 février inaugurait , en 1858, de 6 kilomètres. la semaine des réjouissances 'J)rofanes oooc,oco
Notre-Dame de Lourdes
!n
LE PLA11NE Parmi les métaux préci.eux il n ·en est pu dont· l'histoire soit plus curieuse que celle du .platine. On s'en servait , i! y a deux siècles, dans l'Amérique du sud, .!Jour 'falsifier l'or, malgré les ordres du gouvernement espagnol, qui prescrivait de Je jeter à J"eau afin d'éviter cette fraude. L'opération inverse sera11 aujourd\hut· au. coup plus avantageuse, car le rpetit arg,.nt tel est le sen s dédaign eux du mot .pla, ine a valu dans ces derniers tem,ps, nc~11plw méme son pesani d'or, mais jusq u 'à ci~ fois autant. , Reconnu comme corps simple en 1741 par un essayeur de la Jamaïque . selon Thénard. ou seulemen t, d 'après d 1autres, en 1748 par un membre de la mission française pour la mesure du méridien, Je plaiine est resté une rareté jusqu ',à la: découverte, vers 1820, dèa gisements de l'Oural, d'où fon extrait lit' jourd'hui 25 % de la conso111Jl1a1io11 totale.
qui suivânt un usage immémorial, précèdent les austérités du Ca:rême. ~e tCITl'P'5était froid, un peu couver[, mai~ très ,calme. Dans les .profondeurs du ciel, les nuages se tenaient. immobiles. Au~unebrise ne les poussait ~es ~n~ contreles autres, et l' atmosphere eta1t d'une entière pl3cidité. Par moments tom!Yai ent du del quelques rares goutte., d'eaui. 11 h. du matin avaient déjà sonné ~1 l'horloge de l'église de Lourdes. . Tandis que, presque partotft, se preparaient .de joyeuses réunions et des festins, une·famille de pauvres ~ens n'.avait .oas même du bois pour faire cUire , son maigre dîner. . . Le père, encore jeune. était meamer. Il viivait :Dam~remenl.Sa femme. bon· ne chrétienne, soutenait son ,cou~age. Ils avaient qua-tireenfants: deux filles, dont l'aînée :avait environ 1~ .ans, et deux g:arçons beaucoup plus Jeunes. Depuis qtünze jours seulement, leur
füle au1ee, Bernadette, ,une chétive ~nfa:nt habitail avec eux. Lors de :sa nal'ssan~e sa mère malade à cette époque. n'avait pu l'allaiter . et l'av.a~t ~ise e'.1 nourrice dans un village vo1sm, a Bai très où l'enfant demeura après son sevrage. Lorsque la fillette eut atte~nt l'âge d' être ufüe et qu'il !ut question ~e la reprendre dans la ~~1son_paternell':, les bons paysan~ qm ,!a~aient nourr_te s'a.perçurent qu'ils s ~ta!en~ att~ches à elle et qu'ils la considera.1ent, a p~n .près, comm~un de le~rs enf~nts. Dès ce moment. ils se ,chargerent delle po~r rien l'employant à garder les brebis. Ell; grandi_tainsi au milieu de cet~e mille adoptive, passant toutes ses JOtt<~ nées dans la solitude, sur les coteaux déserts où paissait son humble troupeau. .. En fait de ,prières, elle ne ~onn~1~ sait que le 'Chapelet. Soit qu~ sa. mere nourrice le lui eût recommande, s01t que ce fat un besoin naïf de cette âme innocente, .partout et à t~ute hem::e,.e!1 faisant pâturer ses brebis._ell,; 1:'ecitait cette ·prière des simples. Teil~ ~tait cette âme d'enfant limpide el J}atsiblecomme ces lacs inconnus qui sont. perdus dans les hautes montagnes et ou se nnr~nt en silence toute3 les s,plende~l'S ,d_u ciel. « Heuseux les cœurs purs, dit 1 Evangile, ce sont ceux-là qui verront Dieu.» Donc œ jour-là ét.ait le Jeudi-gras, el ces l;auvres gens n'av~ ient pas dë bois pour préparer leur diner. _ Va eu ramasser sur le bor1 du Gave ou dans les commun'.aux.dit la mère à Marie. la seconde fllle. De même qu'en bien des endroits le$ indigènes avaient, à Lourde3, ,un menu droit de cueillette :sur les branches desséchées que le vent faisait ~omber des artres sur les épaves de bots mort que le torr~nt déposait et laissait •parmi les cailloux du rivage. Marie chaussa ses sabots ..
f:·
L'aînée, _lapetite bergère de Bartrès. CIJdtraire, cette au-réoie,vive ,commeI!°' la reg.arda1t d'un œil d'envie. i res -c1umi~ieu~u ruisseau, leur dit ~u de rayons et .paisible comme .pour que Je puisse •passer à .p1ecf - Permettez-moi de la s:uiV'redit- 1 l'Oflll>re •profonde,attirait inv)ncibleme~t 7es: deux glaneuses de bois, occu ell~ enfiJ! à sa m~e. Je rap.po.r'Lerai, _!. le regard, qui semblait s'y ·baigner et deJa a composer leur petit fagot moi aussi, mon petit paquet de bois. , reposer avec délices. C'était, comme ' - Non, répondit Louise Soubirous voulurent pas se déranger. rttoile du matin, la lumière dans la fais comme nous répondit J tu tousses, tu .prendrais mal. ' ,raîcheur. Rien de vague, d'ailleu,rs, 011 ne. mets-toi .pieds nus. ' devaporeux dans l'a!p:paritionelle-mêEn ef~et, ipréoocu.péede son asthme, . Ber~adette se résigna et, s'ado de sa kelie ap:parenice,la mère avait a un fragment de ,ra.cher qui était Jllt"c'était une réalité vivante, un co,res pour elle des soins particuliers. (Jfdinairehumain qui ne différait d'une elle commença à se déchausser.. p,rsonneordinaire que par son auréole Une. je~ne. fille 1uvoisinage, Jeanne }I était environ midi. L'Angetus et parsa céleste et inexprimable beautf A.bbad1e.etait entree sur ces entrefaite3 vait sonner en ,ce moment à tous et ·se disposait également à aller à la clochers des villages .pyrénéens. Elle était de .faillemoyenne. Elle semc~eillette du, bois. Toutes ensemble inElle était en train d'ôter son pre blaittoute jeune et avait la grâce de sistant, la mere se laissa fléchir. bas, lorsqu'elle entend auiour d' la vingtième année. L'innocente canLes trois enfants sortirent de la ville comme le bruit d'un coup de vent se deurde !'Enfant, la pu;reté absolue de et traversant le pont anivèrent bientôt vant dans la prairie. Croyant à un 0 taVierge, la gravité tendre de la plus sur la rive gauche du Gave cherchant r~gan soudain, elle se .retourna insti 11aute des Maternités, une sagesse suçà et 1~ des débris de bois' .pour faire -ti~ement..A sa grande surprise, les périeureà celle de tous les siècles acleur •petitfagot. phers qm bordent le Gave étaient d cumulés,se réunissaient et se fondaient ensemble dans ce merveilleux visage de La frêle enfant, que la mère avait ui~ecomplète immobilité. Aucune br· jeunefille. Les vêtements. d'une étoffe hésité.~ laisser sortir, cheminait un .peu meme légère, n'agitait leu:rs branc toc0n.nue.et :tissés sans doute dans l'a en arnere. Morns heureuse que ses deux .paisibles. teliermystérieux où s'habille le Hs des compagnes, elle n'avait encore rien - Je me serai trompée, se <lit-elle. vallées, étaient blancs comme la neige trouvé et son tablier était vide. Comme elle se remettait à se déchai immaculée des montagnes. La .robe, Vêtue d'une robe noire tout ,usée et ser, l'impétueux roulement de ce so longue et traînante, laissait ressortir r;!~commodée,son délicat visage enca- fle se fit entendre de nouveau. les pieds, qui reposaient sur le roc. Sur dre dans le capulet blanc qui ,recouvrait Bernadette leva la tête, 1regarda rj chacun de ses pieds, d'run,enudité virgiSfltête et ret_ombaitsur ses épaules, les face d'elle et ,poussa aussitôt, ou plutôt: s'épanoui,ssaii la Rose mystique, nale, pieds enfermes dans de grossiers sabots. voulut pousser un grand cri, qui s'E: 'Bernadette avait une grâce innocentè touff.a dans sa goflge. EHe frissonna de couleurd 'or. et ntstique qui charmait le cœur .phis tous les membres, et, ter,rassée, écrasée Sur le devant, une ceinture, bleue encore que les yeux. · en quelque sorte par ce qu'elle aperçut commele ciel eé nouée à moitié autour Ç'·est ~n ch'~inant de la so11Leque le.:; devant elle. elle s'affaissa sur elle-mt du corps, .pendait en deux longues bandes qui ,touchaient ,presque à la naistrois •petitesif1llesarrivèrent au fond de me, ploya, .pour ainsi dke. tout enti~ l'île du-~halet, juste en face de 1a tri.pie et tomba à deux genoux. Un spectaclt sance des pieds. En ar,rière, envelopexcavation ·que .présentait au regard la vraiment inoui venait de frapper son pant les épaules et le hattt des bras, un , voileblanc, fixé autour de )a tête, des~roHe de Massabielle. Diligentes et ac- regard. cendait presque vers le bas de la ,robe. tives comme 1~ A).~the de l'Evangile, Au dessus dè la grotte devant la Jeanne et Man e oterent bien vite leurs quelle_ Mairie el Jeanne, empres·séest:f Ni bagues ni collier, ni diadème, ni josabots et travepsèrent le ruisseau courbees vers la terre ramassaient du yaux: nul' de ces ornements dont s'est bois mort; dans cet~ ·niche rustique parée de tout -iempsla vanité humaine. - ~'eau est bien froide, diren.t-·elles en ·arnvant sur l'autre rive et •remettant fonnée p,ar le rocher, se tenait debout, Un chapelet, dont les grains étaient leurs sabots. au sein d'u11eclarfé surhumaine une blancs comme des gouttes de lait, dont femme d'une incomparable spl~~deur. la chaine était jaune comme l'or des Devant l'exdamation de se5 compamoissons -pendait ·enrtre les mains joinL'ineffable lueur qui flottait autour gnes, Bernadette hésitait à passer. tesavec ferveur. Elle gardait le si1ence; 1 -d'elle, ne troublait ni ne blessait les - Jetez deux ou trois grosses piermais plus tard, sa pro.pre parole et les yeu.x comme l'éclat du soleil. Tout ail' 1
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faits miraculeux qui aHaient se produire, devaient attester qu'elle était la Vierge immaculée, la très auguste et très sainte Marie. mère de 'Dieu. Cette apparition merveilleuse regardait Bernadette qui, dans son saisissement, s'était affaissée :sur elle-même et, sans s'en rendre compte, prosternée soudainement à genoux. Dans sa première stupeur, l'enfani avait instinctivement saisi son chapelet; et, le rtenant dans les doigts, elle voulut faire le signe de la croix et por.fer la main à son ~ront. Mais son tremblement était tel qu'elle n'eut .pas la forŒ de lever le bras; il retomba impui-ssant sur ses g·enoux ployés. LP regard et le sourire de la Vierge incomparnble semblèrent alors ,rassurer la petite bergère ,effrayée. D'un geste grave et doux, qui avait l'air d'une toute puissante bénédiction pou,r la ter·re et les cieux, elle fü ·elle-même, comme pou,r e,ncou1ragerl'enfant, le signe de l,a croix. E.tla main de ·Bernadette, se soulevant rpeu à peu ,comme invisibiement portée par celle que l'on nomme le Secours des Chrétiens,fit en même temps le signe saoré. L'enfant .n'avait plus ,peur. Eblouie, oharmée, doutant par instan t d'ellemême et se frottant les yeux, le regar_d ·constamment attiré ,par ,cette céleste apparition, ne -sachant tr op que penser, elle ,récitait humblement son chapelet. Comme elle venait de le terminer. la , Vierge lumineuse dispamt tou~ à c?U:J? rentrant sans doute dans. les cieux eternels où réside la Trinité sa inte. Bernadette éprouva ,comme la sensa: lion de quelqu'un qui ,redescend ou qm retombe. Elle promena ses regards au·IOLtr d'elle. Au dessus de la grotte, la niche où .reposait la _br anche d:égJ.~ntier était toujours beante.; ~a,s nen d'inaccoutumé n'y a,ppara1ssa 1t_;. nul!e trace ne lui était restée de la v1s,1te ~1vine, et elle n'était ? lus la Portiedu Ctel.
Rtî
Simpleméditationdes poilus L'aube commence à 1.uire au-dessus de 110., iils de fer, et foin devant nous. ·Elle est Joute pâle: on la croirait, elle aussi , fatiguée de noire vie. Nous nous mettons en votre présence, Seigneur Jésus, car il sied qu e vou;; ayez notre première pensée; ô vous oui recevez notre dernier souffle. Da.ns ce ·grand bouleversement de toutes cho3es où no11s nous sentons perdus, apparaissez-no.us, non pas comme un Dieu lointa in, mais comme :le grand Ami, aussi .proche de 11011sque le sonl nos camarades du gourbi ou de la lra11chée et présent à nos cœurs, quoiq!.le invisible. ' Aiomes, parcelles de vie , étincelles de Dieu ";>us n'avions pas :êvé, certes , de jouer J~ role que nous remplissons rô le de l'artil1eur du fantassin qui attaque, guette ou p:t!rouil!c '. rN?us rêvions de foyer, de carrière à .po11 su1vre, d'avenir splendide, et tout d'un coup votre volonté. nous a placés loin du foyer, les a rmes en mam, dans un lrou oi1 l'eau su inte, Où les parasites pullulent oü il faut tenir el d'où il faudra avancer. 'Que votre volonté, Seigneur, soit donc bénie! Nous ne comprenons rien à vos dessei11s mai s est-cc que Jz fi'ls a besoin d'autre ch~se que d'aimer k Père et d 'avoir confiance en Lui? Autrefois nous étions len1-és de croire que le bonheu;. était fait de tout ce qu'estime le monde; et, comme nous sommes créés pour Je bonheur. nous le cherchions, mon Dieu , dans le clin ~ quan-t, :Jafortune, l'ambition terrestre. Et voici que tout s ·est effondré, que Je petit morceau d'acier qui sifile nous replace entre vos mains et nous rappel]e et notre destinée , et Vous. ia vraie source du bonheur. Soyez béni , soyez béni! Cette humiliation est bonne pu,isq,u'el'le est consentie par Vou3. No us comprenons. Seigneur. que la vie est 11n sim ple passage , difiici.le et court. Tou ' nous le rappelle ici: le créneau de l'adver~aire d 'en face, les consignes sévères que nos chefs nous donnent. et. si nous l'oubliions. l~s tombes nombr~uses, éparses dans les champs et dans les bois, taches sombres que nous sa:iuons chaque fois que nous desœn -
dons au repos ou que nous remo11ton11. tranchée. Il y a là, Seigneur , pour 110ua ., pouus , une source d'h.umiliation saine sommes bien obligés de reconnaître c Pierre votre apôtre, que Vou s seul ~os les paroles de Ja vie élernen~, du bon vrai, de la force et que si la Croix mène Ca·1v·aire, elle mène aussi à b Résurrecli
le faisons
ton s, Qu·and 11ous sommes
~ uit poste dangereux, quand ,il faut rnar•
jjan. à l'a·ssaut; aidez-nous à ne .pas 11ous c11er ,.. . i , ser aNer à des p,aisirs mauvais quan ·. IIJS T. • b . Jl(lll5sommes att J·epos. u1 v 1e est orme, o n Dieu, aidez-nous IL vous la s1cn 1,er Marie vous a sacrifié au Père cé:esle ur la rédemption du monde . PoAU nom des mains des petits enfants qui .Mais tou t cela est dur, ô Ami. Il y a joignent pour vous prier, au nom des or" heures où nous avons .plus de peine à l'ad ~lins, des ,mères en deuil, a,idez-nous. Rapl~e, où nous plion~ s?u~ le fardeau. Nous ~ pelez.vous ,nos frères di'Sparus , ceux qui n'ont geons au fo~er la·1~se, a ceux qui nous al~ pasencore de tombeau, qui gisent devant dent en souflrant, a ceux Clue nous avo ns més et qui sont tombés à no s côtés, si nOQl,1 . ll()IIS entre l'ennemi el nos réseaux. Leu~s brasen croix vous implorent, ô Divin An~'.' breux , et dont l'âme éta i t si haute . Nos nui idez-nous. El que nos fatigues, notre suJesont trop courtes ou trop Jongues. Cer_laillef ~ionétroite, les -reproches, les humiliaiion s, heures de guet nous enfièvrent; souvent uoa, no, nuits privées de sommeil, nos travaux de n'avons même pas un coin Où reposer notre tête, comme vous, Seigneur Dien, au temps terrassiers, nos patrou illes angoissanies, tout rt'b rejail'isse en joie sur no s frère s du où vou s parcouriez la Ga lilée en soldJ t et Iront. Qu'i'is soient plus chrétiens pour êire en conquérant . Nous sommes dans un miforis ! Que ioul ceh r e!omb-:! en paix, en Ju· lieu oü il y a beaucoup d'enlr 'a ide ass~ atièrc s 11r no s loyer s et· leur apprenn e que men.!, mais 011 no.us nous sen tons éfrangei, vous êtes plus lort . que les ~nommes , plu ~ c:ependaut. Les conversations n'y so nt poilll fort Qtte 1a mo:rt ! re:evées, elles vous blessent et nous blessent L'aube monte, monte dans un CieJ. bou leNous avo ns peine à nous retrouver nous-mêversé et lourd. Mon Diett, que votre , aube mes et à vous retrouver. T!.faut nous gêner füe dans no s âmes, qLte votre parole s'y fasbeaucoup pour re ster f·idèles à notre prière, !!e entendre , que votre vie se mêle à la nôtre pour vou s recevoir de temps en temps., ô Forpour que nous devenions meilleurs, plus joce, ô Vie de notre vie. C'était ainsi que vous yeuxet plu~ robu stes. Ainsi soit-i'l. viviez parmi les pêcheurs de Oénésucth · ai• P. BOTTINELLI, . dez-non,; :t ne pas nous p laindre, à ne' plS Brancardier - divisionna-ire. être durs pour les autres en g·ardant no!re d ignité de soldats chrétiens. 0
Et . pui s, l'absence de la Jiber lf dan s notre existence nous fait :l'eHei d 'une quanli'é de piqûre s d'épingles. Au :repos, ce sont 1es appels répétés, les exeroices, les Jraca s~eries, ·Jes corvées, le travail pénible. Apprenez -·nous donc à aimer cette sujétion que vous avez voulue pour que nou s vo ns aimions davan· tage . Jésus so uffrant. Jésus cmcilié! Nous avons soii parfois, nos aliments so nt froid~, à certains jou rs ma l préparé s; aidez-nouè , Ami, en souvenir de l'heur e où. stir la Croix, vous n'avez eu que du fiel po11r élan.cher voire soif. Aidez -nous /
à
ne pas
irembler,
comme
:Ume
L'Elue Les conscrif.s de fa classe 18 ont vou:u reprendre une jolie tradition, un instant délaissée par les classes hâtivemen t 'levées pendant la guerre._ Ils ont acheté un fanion tn · colore, qui porte en lettres d'or le ,nom fa commune el Je numéro de leur classe, fanion qui les rassemblera au canton ile jour de la revi!'ion , fanion qui sera gardé précieusement, pour ne plus sortir, cravaté de deuil , qu 'aux funérailles de ceux de cet le « classe • , et pollr être arboré, plus tard, par les survivant ,,
de
ior sq11ïls iêteront ensemble leur seconde com cripf.ion, 1année de ·1eur quarantaine . Mais ce fanion est livré par 1Jcfournisseur san;; cocarde ni cravate. li es( d'usage que les ,, gars , von! pré senter Je drapeau, ainsi que la longlle écharpe aux trois couleurs , ?t l' une des · me.iJleures !illes de la commune, aHn qu'elle attache à Ja hampe 1la gracieuse bande de soie, que ses mains habiJes îassent un nœud impeccable, aux boucles savamment trac ées, aux reiombées }égèrement inégales , qui melt.ront en relief 'ies balancements de !leurs franges <l'or . C'est une grave :ifiaire pour les gars d'arrêter le choix de la jeune füle qui sera priée de « cravater le drapeau » . Elle recevra, en gu.ise de so uvenir, un bouquet, une plante verte un camélia ou un .rosier de serre, achetés citez l'horticulteur du canton, mais, en re· vanche, 1e père doit un copieux diner à une bande de gaillards d '11umeur joviale et de solide appétit. Cette considération dtt dîner permet· un premier i.riage. On ne saurait en imposer la charge à de p:lllvres métayen,, non p!n s qu'à une fami.lle aifligée d·un deui l ré· cent. Il s'ensuil' généra le ment que la « conscrite. chargée de cravater le drapeau est la fille d'un [ermier qui a du foin dans ses bot· tes quand ce n'est pas celle du ma-ire ou de l'adjoint. Bien souvent, la demoiselle, doutan t , de ses capadtés et craignant· de rater le fameux nœud, nppeHe d'avance sa couturièr " qui se trnuve 1à comme par ha sar d, el s'of!r_e à ïaider pour bientôt la remp lacer J.out à fair el accomplir seule la déli,~afe besogne. Ma irf!es lois, avant la guerre, il advint que la jeune fille chargée de cravater 1~ dnl· peau fut ceHe qui donnait à la .populalto11 la plus haute idée d'élégance , et celle qui parais· saii devoir être la mieux dolée. A fortune égale les gars choisissaient la maison dont ·J'ho8piblité el la cave étaient le pl.us répulées. Mais les conscrits· de la classe 18 ne sont pa s entrés dans ces considérations. _ Si nous faiso ns cravater Je drapeau. c·esl pour l'honneur , et 11011 pour gagne: wt bon dîner ont noblement déciaré ces dignes adolescents.'
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- Je vote pour la ,plus jolie, s'est écrié un blondin, pour que nous emportions à Ja guerre Je souvenir de son mignon sourire. - Pour Ja plus digne, a formu'lé un troisième. - Qu,'entends-tu par •là? ont que~tionné plusieurs voix. - Je veux dire que nous ne sommes pas des conscrits comme .les autres .. L'heure n 'est pas aux folies ni aux fantaisies. Nous seroJJs soldats demain , nous nous ferons peut-être casser la figure après-demain. . . . Nous vou,Jous faire notre devoir, et jusqu'au bout. - C'est vmi . Vive la France! s'écrient 1es conscrits en chœur . - Alors, j'estime que la jeune filie qui aura J'honneur de cravater notre drapeau doit appartenir, eUe aussi, à une îamiMe qui donne l'ex~mple du devoir, à celle de 11os anciennes compagnes du caiéchisme qui remplit Je mieux son devoir. ·
avec son aHelage, il s'en va, mû par .une.sée fraterneatle et patriotique, faire Jes la e_t semer les blés chez ses yoisines dont epoux se battent là-bas .... Il n'en r aucun avantage , sa terre en souffre quel .~u, car elle est moins bien soignée : que importe, pu,isqu'il réussit à .produire a p~ur _que s~s ~tit _s ma~gent à lrnr faim. Dèa bénéî'.ces? tl n en a pomt besoin . Ses eniant1 1r~va1l'leront comme .i<1le fait, Ja seule ÏO, qui compte est celle de remplir son de'voir de faire un ,peu· de bien. Voilà donc la famille dans laquelle les gll\ de la classe de 18 ont choisi l'élue celle qui'. doit cravater leur drapeau . ' J'imagine qu'après Ja guerre , les gars Q1II chercheront femme se laisseront guider ~ des considérations pareilles à celles qui, n&!t d'un secret instinct , ont déterminé le chois d_es jeunes conscrits. Je suis sûr qu'ils .préfereront à la richesse égoïste et froide la médiocrité laborieuse; à "l'héritière gâtée de Pl· rents ,inféconds, Ja cadette ou l'aînée d'une no111,. breuse 1üchée," Tiche de santé et d'amour du travail, grandie à l'école du devoir et au soin des berceaux. Car ceux-là qui échapperont à la fournaise et reviendront pour fonder une famille auront une ilutre vision des choses ils voudront épargner à leur s !ils l'horrib~ angoisse qu 'ils éprouvèrent à se sentir un contre cinq pour .lutter contre ,]'envahisseur . I!s ne voudront pas lai·sser à des mains étran· gères le soin et Je bénéfice de travailler lem sol si riche en toutes choses; ainsi, .pour eux, l'élue sera fa femme de devoir celle qui 1 bra· vement, joyeusement, donnera' son sang ,pour la patrie, non plus dans l'immo'lation du champ de bataille , ,mais dan s la création de la vie palpitante et victorieuse. J. ROMAIN LE .MONNIER . 1
Cette proposition acceptée d'enthousiasm .!, 'les gars ont proposé quelques noms . ... Ah! les jeunes filles, que n'étiez-vous der r,ière la porte pour entendre les appréciations ~e cet aéropage? Vous auriez appris, en rougissant, comme vos petits manèges sont percés à jour, comme ces jeunes gens ont deviné que telle filile unique, malgré sa grosse dot, sera encore une charge pour le ma.Jheureux qui l'épousera, car elle est déjà qualifiée p:),resseuse et dépensière; ils disent, en ricanan t, que telle autre a Jes mains sales, malgré ses beaux habits, et qu'en ses bottines à la mode des villes elle cache des bas troués . . .. Bref, les suifrages se sont réunis sur le nom d'une robttste fille pas jolie , ma foi, mais · courageuse, obligeante et gaie . EUe n'aura point une grosse dot, loin s'en faut , le père n'ayanl que ses bras et une « monture de .ferme•, qui :Plus tard sera partagée ent.re ses sept enfants. Mais tout le monde 1ravaille dans la tru1isonnée, jusqu 'aux .petits qui _en rentrant de l'école, accomplissent de menues besognes. Le îrè·re aîné , cependanj , Comment Je plus joli cadeau de Noël de est depuis longtemps à la guerre: sa sœur ma vie fut, à 27 an!- sonnés , m1 baiser et une l'a remp lacé. Désormais, ei'le accompagne le carotte . . .. ,père dans les champs, elle le suit , lorsque , Voilà! Miette a conçu l'idée et Zézette a
----·-----La ca1·ottede l'âne
,_culé. Miette? . . , Zézette?. . . li vous faut .ne,présentation? C'es't facile . .Miette et Zéaette,habitent sw· ,le m~me palier que moi. portede gauche , porie de droite encadrant la p!Ïennequi, souvent ootr'ouverie les laisse passer,cou en avant , lJieds pruden 'ts. _ Le monsieur est Jà? . ..
Oui bieu, Je monsieur est là, seulement toujours il écrit, ce voisin maussade, i.J gri!ionne,affairé, sans 'lever 'les yeux. Tant :pis! Q!!.se risque quand même, et on entre, et on s'assied sur mon tapis. Vo!!ense n'est pas grande, assurément: Miette a cinq ans , Zé· tettetrois: MieHe est bru.ne: c'est une petite femme, un ·peu grave, avec deux nattes déjà lourdes qui descendent son dos . Zézette est blonde, ébouriffée, avec des mèches Jllus doréesdans ,le cou, des mèches indéprndantes comme son caractère. !)eux jmtrs devant No'ël, elle6 sont venues trèsanimées; il faisait froid ; l'une avait les joues violettes, et l'autre, le nez rouge. Elles discutaient, combien vivement. Qu'on pens e ce que .l'on voudra de mon indiscrétion, je m·eu accuse: je me suis perm is d'écouter. Ces demoise'lles, naiurellemen t. s'entretenaient de ,la guerre. Pauvres poilus! Qu 'ilô doivent avoir (roid! Dis-voir, pour se débarbouil.ler , comment qu'ils font chauffer leur eau? - Îtt sais , le frère d'Angèle . . . tu sais bien, qui étai! ve11u avec son casque, eh bien. il est tué. - Et le mari de Catherine aussi !. . . Y wu( tués tous! Moment de sileuœ . Puis: - Et comment que tu crois ,que 'leur~ ân;es vont en varadis? demanda ZézeHe. les âmes, ça u'a ,pas d'ai:les. - Ma is, bête! lait Miel!e assurée. 'les anges ks :portent. - Ben! doivent en avoir de l'ouvr age! Nouvelle suspension. Miette, songeuse, contemple le dessin du tapis, qu'elle suit du hou'! du doigt. Zézelle , distra ite , ~- déjà mi s wu nez en Fair. fout à coup :
- Mais , alors , dit tlvJl'iette,si .les anges sont si occupés, comment qu'il va faire, petit Zésus. pour porter nos zouzoux de Noël? La manière dont elle prononce Zésu& a l'air de lui dollller Zézette comme diminuti,f. L'autre pous se un • ha! ~ déso1é. - Et justement qu'on Jui a demandé de s choses !ou rdes cette aanée !, Oui, comment lera-t-il? et la dis<:ussion recommence : - Prendra une brouette! - Pourra pas la pousseJ ! ,..,,.Mais si, y aura son âne. - Quel âne, donc? - Ben! l'âne qui était avec lui dans l'éta • ble et qui l'a porté en Egypte ... tu sais pas? ... lait Miette avec un peu de mépris pour faut d'ignorance. Mais Zézette ne s·en froisse pas. Ain si, Dieu soit loué! Jésu s aura son âne et les paquets seront po1iés. Cependant , Miette. ayant ras suré l'autre, n'est pas aussi tranquille: comment un. âne qui a :Jes :pattes si courte s et ,le pas si menu pourra-t-il parcourir eu une nuit tant de chemiu, .pensez donc! 'le chemin de Ja tem:e au ciel?. . . Le plus sûr eu si gr.ave matière c'est d',1Jler demander à taule Alexandrine. - ~ Et les voilà parties. les bras entreJ.acés, me laissant en otage uit mouton renversé ·Ull gros poupard qui me tend ses deux bras illlp'lorants . Or. h ier soir , veille de Noël , je rentrais avec .la compagnie de toutes ·sortes de médi· tations tristes: Noël d 'aujourd 'hui s'opposant aux Noëls d'autrefois: solitude de ma vie, douleur s qui m:entourent, pensées d''un héroïs1ne que j'envie. rnoi, l'infirme et l'inutile. Il était tard , le silence était dans . la maison, je poussais ma porte quand, tout à coup , j'ai vu s 'entr'ouvrJr 'la voisint-, et Zézette, p1lus ébourrifîée que jamais, Zézette avec des yeux noirs tout luisants , m'est a.pparue en Jongul) chemise de nuit retroussée d'une main . - Tu sais pas , Monsieur, y a plus de• cheuüuée chez nous! On a mis des poêles par. tout! Comment veux-tu que Jésus fasse? A lor s, les souliers , c'est chez toi qu'on les a
et
!tl! S,
Supplémentdu 3'
4U -
Chez moi! Tu seras cunteu( , dis , Mousieur, que Jésus vienne ! - Mais, Zézetie. veux-tu reutrer! Il lait si froid! ~ Oh! Monsieur, lai,s e-,noi da tte alle r chez foi. C'est ,pas bien, vois-tu. Miette a raison; 11ous avons oublié l'âne. - Vous avez ouliié 1 âue? -- Mais oui , l'âne de Jésu s! Et Zézelie faisait une rnoue ~i délicieus e, des yeux si tendres. s i mouillé ,, que je n'ai pas eu .le co u rage de reiuser. A vrai dire, je ne comprenais pas graud ·chose dans taul e celle histoir e. M ais baste! Qu'auriez-vous îail? Je lui ai .ieté ma pèleriue sur Jes épaule s, et elle s·est glissée vile, viie, jusqu'à mon bureau , teuaul quelque chose caché deHière sot1 do s. Devant ma che111 inée. j' ai vu, soigneusement rnngées . le, deux petites paires de sou liers , et comm~ ills étaient vides, Zézette de s'écrie r , ra vie: - - Quel1e chance! ll n 'est pas encore passé! Alor s, retirant sa main de dessous m·1 grosse pèlerine, elle s ·est mise à brandir uue magnifique carol!e qu·ei:e a placée devant les soulier s, contre l'âlre . J'y comprenais de moin s èll rnoillS. - Mais, Zézc tle. pourquoi cette caro ltc? - .Pour l'âne . donc! Heureuse.meut que Miette a :pensé! . . le pauvre âne, tu croi s pa s qu'il aura faim el qu 'il se.ra con!eul? - Oh! si, Zézette , je croi s ! . . . et Je pclil Jésus aussi! Allon s . cmbrasse-Jlloi el pui s. va vite le coucher. Zézelte ardemment a jeté ses bras à mon cou el m'a douné san s compter de gros baiser s claquants. Beau cadeau de Noël, qui chassait ma tri stesse et mon vol d'idées 1101res!... Attendez! ... les bais ers reçus n'éla-ieut pour moi qu ·uue parli e du présen(: il faut y joindre 'Üt carotte. la car otte de l'âne, qui, naturellement, m·cs( re veHuc de droit. Car Zézet!c partie , contente et J.a conscience délivrée d'un remord s, j'ai regardé , fort embarrassé, je I'avouc,- Je3 petits souliers que Je ciel, Mielte et Zézette me donnaient à re mplir. Que faire? Les boutiques étaient fer-
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mées, mes placards, les placards d'un· gar çOll ne sont pa s :riches eu jouets; li vres les livre s d'un vieux gr ammairien sa11s m:iges. . . et pour ,la pr emière lois • ma vie je les ai contemp lés trislemeut. ~ taire'? ... fLe leu pétiflai t et les ornbn:s lllouvautes la flannue semblaieut la ire da nser di tience. sur le 111urdu I011d. les quatre lltlili pied s inanimé&. Alors , j'ai pris uue plu1J1e el, <le ma ~ belle écrit ure - 011 doi t bien écrire au C1f _ j'a i frncé deux fois d'une main moins ei1, core app'Jiquée que le cœur : • Bon pour 20 [raucs d'achat au Par~ des eulan1s. ~ Pui s, glissant les papiers uam; le:-; s01t liers , j'ai pris sans re mords la carotte. Nt l'a vais-je pas bien gagnée, dis -moi Zézellt; moi qui. au pied levé, avait remplacé le pe' M âne de • Zés us • . Jean NESNtY.
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LA BOUE Du ,,Journal des Débats": • Il y a l'ennemi. Et puis, il y a l'enne~ c'est .la boue. L 'ennemi , des attaque s heureu, ses peu vent le fair e rem ler . Contre la boue, l'abominable boue , entretenue par un hivet implacablement plu vieux. il n'y a guère de d6 iense efücace. , La boue du Nord es t uquide; la .bouc de '1a Somme es( visq ueuse; celie de Champag °! est crayeuse; la bo ue de l'Argonne est !rattresse, cachant sous une pre!nière rmt che épais se des na ppes d'eau glacée; la boue dt la Meuse est tout cela à la fois·. Les com bal, (anis qui out successivement occupé des tranchées dans ces régions peuv en t faire de pénibles comparaisons. La boue recouvre vHe la clayonnage s, elle absorbe les matériaux accumulés pour tenter de conso lider cette .vase. Nous avons souvent pens é, dans no s voyages sur le front, à la boutade de Fla,ubert, qui di· sai t que la nature n'é tait ,pas faite pour l'ho mme. » 1
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LeCantiquede la Cb.a1 ·rne :::--.-= ====-=
Lf noble Aréd ius, issu d'une des ;premièfantiihles d'Aquitaine, et chancelier de ~ebert, roi d' Austrasie, s'étant retiré datlsJa solitude, pour s'y adonner en t~ute libel'té à la :pénitence et à 1a contemp1atr~n, - bientôt accourir vers lui de uombreux d1s1 ciplesqui, attrres par :son renom . de sc1·ence et de haute vertu, . Ju1 de~nda 1ent de ies guider dans :les voies de D ieu. . , li acquiesça, uon ,sans peine, à leurs desirs et se résigna à bâtir le mon astè re d' A· tan;, dont il devint Je premier abbé : . La région étai1 triste, sauvage, mhos.p1talière. Des forêts impénétrables Ja couvraient, repaires de loups et de sangliers, et ses valJonsétaient parsernës d'étangs et de marécage s, près desqttels on ne ;pouva it vivre sans CO!lirac!e r de mauvaises fièvres. _ '1,es nouveaux venus ayant partag é !}es heu · resde 1leur,s journ ées entre l'oraison, l'étude tl .Je travai l des mains, tombèrent d'accord pour décider que ce travail manuel attrait pour bu1 1Ie défrichement et la mise en culture des t~rres avoisinant l'abbaye. Arédius n'avait élevé aucune objection, lors de la discussion de ce point de règle . Mais un grand trouble ne tarda pas à s'emparerde son esprit qui était chercheur, subit) et inquiet. · Ott Ie voyait se pencher, soucieux, sur les manuscrit s des Saints L ivres, pour y ·chercher la solution du problème qui le tourmentait, et dans ile secret de sa cellule, à genoux au pi~d du crucifix, il lui arrivait d'exposer ingénmnent à Dieu, la caus e de ses anxiétés. _ Seigneur, disait-il, le moine qui cherche à réa'liser sur terre un idéa~ de vie parfaite, ac doit-il .pas élire parmi les divers modes d'activité, œlui-là ,seul qui est répu!'é le plus parfait en ce monde et con-sacré par l'exemple d~ nos ipères d~ns .la foi et de JésusChrist lui-même? Mes_ relig,ieux ont choi'si le tra vail du 'laboureur; or , j'a i beau consulter ~es.Saintes Lettres, j'y vois que les douze apôtres étaient ,
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de ,,l' &cote"(1911) pour là ' plupa.rt , des bateliers el des raccolllmod·eurs de filets que 'le grand saint Paul , pour subsister d;rant ses cour ses apostoliques , üssait des tentes en poil de chèvre, el 'ille Jésus lui-même , qui , à r exemp'.e Je s on aïeu l David. eût pu garder les troupeaux et cutlti ver la ,(erre aux alentours de Bethléem , op1a pour le ~ tier de charpentier. Ne doisje point condure de ces divers faits que_ le travail de -l'arti-san e:ot plus agréable à Dieu que ceiuî de 'l agriculteur? Et si cela est vrai , n'est-il pas de mO!l devoir de proposer à mes vénérables frères une r evision de notre sainte règle? Eclairez-moi de votre grâce, Seigne.ur ! Donnez-moi un signe qui me fasse conna1fre voire sainte volonté sur nous!.·· Neuf .jours durant , pour obtenir les lu· mières d'En-Haut, Arédius ne but que de ,l'eau ne mangea qu'un pain souillé de cendre et m~:lüplia les macérations , les veilles et les prières. Or vers 1e miHeu de 'la neuvième nuit w1e ~lacia le nuit d'hiver , pleine de tourbil lons de ven t et de rafales de neige, - comme Je saint moine ayan t longuement médiié sur J • d e s'enla sainte enfance du Sauveur, venai1 dormir épuis é de fatigue sur :la planche .ra· boteus~ qui ùui servait d~ lit, le Seigneur t!ui envoya un rêve Hra nge et magnifique. . . IL se .trouvait .tran.srporté .Join de la tro1de et brumeuse Aquitaine, au delà des mers, SUT la chaude terre d'Orient, et dam; cette bour gade fameuse dont Je nom s,i doux i?~ ique à lui seu,l qu 'e'lle est ùa fleur de la Gal!lee: Nazareth! li ne vit bientôt plus qu'·une maison àe ce village une ,toute petite maison basse, devant laquell~ la Vierge Mar!e fila~!, assis~ sous un figu,ier, et, dans la maison, 1! y avait un atelier de charpentier, au fond duquel Joseph, debout, les . bras croisés sur sa poitrine, reaardait travailler Jésus. " Ce Jésus n'était plus fonfant délicieux que ,!es artistes chrétiens nous montrent, à douze ans , assis dans le Temple, au milieu des docteurs: c'étaH l'adolescent qui n'a ;rien ;perdu de,s grâces du !jeune âge , mai s qui ioint ·à el~