Supplément No 03 1917

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Chez moi! Tu seras cunteu( , dis , Mousieur, que Jésus vienne ! - Mais, Zézetie. veux-tu reutrer! Il lait si froid! ~ Oh! Monsieur, lai,s e-,noi da tte alle r chez foi. C'est ,pas bien, vois-tu. Miette a raison; 11ous avons oublié l'âne. - Vous avez ouliié 1 âue? -- Mais oui , l'âne de Jésu s! Et Zézelie faisait une rnoue ~i délicieus e, des yeux si tendres. s i mouillé ,, que je n'ai pas eu .le co u rage de reiuser. A vrai dire, je ne comprenais pas graud ·chose dans taul e celle histoir e. M ais baste! Qu'auriez-vous îail? Je lui ai .ieté ma pèleriue sur Jes épaule s, et elle s·est glissée vile, viie, jusqu'à mon bureau , teuaul quelque chose caché deHière sot1 do s. Devant ma che111 inée. j' ai vu, soigneusement rnngées . le, deux petites paires de sou liers , et comm~ ills étaient vides, Zézette de s'écrie r , ra vie: - - Quel1e chance! ll n 'est pas encore passé! Alor s, retirant sa main de dessous m·1 grosse pèlerine, elle s ·est mise à brandir uue magnifique carol!e qu·ei:e a placée devant les soulier s, contre l'âlre . J'y comprenais de moin s èll rnoillS. - Mais, Zézc tle. pourquoi cette caro ltc? - .Pour l'âne . donc! Heureuse.meut que Miette a :pensé! . . le pauvre âne, tu croi s pa s qu'il aura faim el qu 'il se.ra con!eul? - Oh! si, Zézette , je croi s ! . . . et Je pclil Jésus aussi! Allon s . cmbrasse-Jlloi el pui s. va vite le coucher. Zézelte ardemment a jeté ses bras à mon cou el m'a douné san s compter de gros baiser s claquants. Beau cadeau de Noël, qui chassait ma tri stesse et mon vol d'idées 1101res!... Attendez! ... les bais ers reçus n'éla-ieut pour moi qu ·uue parli e du présen(: il faut y joindre 'Üt carotte. la car otte de l'âne, qui, naturellement, m·cs( re veHuc de droit. Car Zézet!c partie , contente et J.a conscience délivrée d'un remord s, j'ai regardé , fort embarrassé, je I'avouc,- Je3 petits souliers que Je ciel, Mielte et Zézette me donnaient à re mplir. Que faire? Les boutiques étaient fer-

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mées, mes placards, les placards d'un· gar çOll ne sont pa s :riches eu jouets; li vres les livre s d'un vieux gr ammairien sa11s m:iges. . . et pour ,la pr emière lois • ma vie je les ai contemp lés trislemeut. ~ taire'? ... fLe leu pétiflai t et les ornbn:s lllouvautes la flannue semblaieut la ire da nser di tience. sur le 111urdu I011d. les quatre lltlili pied s inanimé&. Alors , j'ai pris uue plu1J1e el, <le ma ~ belle écrit ure - 011 doi t bien écrire au C1f _ j'a i frncé deux fois d'une main moins ei1, core app'Jiquée que le cœur : • Bon pour 20 [raucs d'achat au Par~ des eulan1s. ~ Pui s, glissant les papiers uam; le:-; s01t liers , j'ai pris sans re mords la carotte. Nt l'a vais-je pas bien gagnée, dis -moi Zézellt; moi qui. au pied levé, avait remplacé le pe' M âne de • Zés us • . Jean NESNtY.

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LA BOUE Du ,,Journal des Débats": • Il y a l'ennemi. Et puis, il y a l'enne~ c'est .la boue. L 'ennemi , des attaque s heureu, ses peu vent le fair e rem ler . Contre la boue, l'abominable boue , entretenue par un hivet implacablement plu vieux. il n'y a guère de d6 iense efücace. , La boue du Nord es t uquide; la .bouc de '1a Somme es( visq ueuse; celie de Champag °! est crayeuse; la bo ue de l'Argonne est !rattresse, cachant sous une pre!nière rmt che épais se des na ppes d'eau glacée; la boue dt la Meuse est tout cela à la fois·. Les com bal, (anis qui out successivement occupé des tranchées dans ces régions peuv en t faire de pénibles comparaisons. La boue recouvre vHe la clayonnage s, elle absorbe les matériaux accumulés pour tenter de conso lider cette .vase. Nous avons souvent pens é, dans no s voyages sur le front, à la boutade de Fla,ubert, qui di· sai t que la nature n'é tait ,pas faite pour l'ho mme. » 1

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LeCantiquede la Cb.a1 ·rne :::--.-= ====-=

Lf noble Aréd ius, issu d'une des ;premièfantiihles d'Aquitaine, et chancelier de ~ebert, roi d' Austrasie, s'étant retiré datlsJa solitude, pour s'y adonner en t~ute libel'té à la :pénitence et à 1a contemp1atr~n, - bientôt accourir vers lui de uombreux d1s1 ciplesqui, attrres par :son renom . de sc1·ence et de haute vertu, . Ju1 de~nda 1ent de ies guider dans :les voies de D ieu. . , li acquiesça, uon ,sans peine, à leurs desirs et se résigna à bâtir le mon astè re d' A· tan;, dont il devint Je premier abbé : . La région étai1 triste, sauvage, mhos.p1talière. Des forêts impénétrables Ja couvraient, repaires de loups et de sangliers, et ses valJonsétaient parsernës d'étangs et de marécage s, près desqttels on ne ;pouva it vivre sans CO!lirac!e r de mauvaises fièvres. _ '1,es nouveaux venus ayant partag é !}es heu · resde 1leur,s journ ées entre l'oraison, l'étude tl .Je travai l des mains, tombèrent d'accord pour décider que ce travail manuel attrait pour bu1 1Ie défrichement et la mise en culture des t~rres avoisinant l'abbaye. Arédius n'avait élevé aucune objection, lors de la discussion de ce point de règle . Mais un grand trouble ne tarda pas à s'emparerde son esprit qui était chercheur, subit) et inquiet. · Ott Ie voyait se pencher, soucieux, sur les manuscrit s des Saints L ivres, pour y ·chercher la solution du problème qui le tourmentait, et dans ile secret de sa cellule, à genoux au pi~d du crucifix, il lui arrivait d'exposer ingénmnent à Dieu, la caus e de ses anxiétés. _ Seigneur, disait-il, le moine qui cherche à réa'liser sur terre un idéa~ de vie parfaite, ac doit-il .pas élire parmi les divers modes d'activité, œlui-là ,seul qui est répu!'é le plus parfait en ce monde et con-sacré par l'exemple d~ nos ipères d~ns .la foi et de JésusChrist lui-même? Mes_ relig,ieux ont choi'si le tra vail du 'laboureur; or , j'a i beau consulter ~es.Saintes Lettres, j'y vois que les douze apôtres étaient ,

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de ,,l' &cote"(1911) pour là ' plupa.rt , des bateliers el des raccolllmod·eurs de filets que 'le grand saint Paul , pour subsister d;rant ses cour ses apostoliques , üssait des tentes en poil de chèvre, el 'ille Jésus lui-même , qui , à r exemp'.e Je s on aïeu l David. eût pu garder les troupeaux et cutlti ver la ,(erre aux alentours de Bethléem , op1a pour le ~ tier de charpentier. Ne doisje point condure de ces divers faits que_ le travail de -l'arti-san e:ot plus agréable à Dieu que ceiuî de 'l agriculteur? Et si cela est vrai , n'est-il pas de mO!l devoir de proposer à mes vénérables frères une r evision de notre sainte règle? Eclairez-moi de votre grâce, Seigne.ur ! Donnez-moi un signe qui me fasse conna1fre voire sainte volonté sur nous!.·· Neuf .jours durant , pour obtenir les lu· mières d'En-Haut, Arédius ne but que de ,l'eau ne mangea qu'un pain souillé de cendre et m~:lüplia les macérations , les veilles et les prières. Or vers 1e miHeu de 'la neuvième nuit w1e ~lacia le nuit d'hiver , pleine de tourbil lons de ven t et de rafales de neige, - comme Je saint moine ayan t longuement médiié sur J • d e s'enla sainte enfance du Sauveur, venai1 dormir épuis é de fatigue sur :la planche .ra· boteus~ qui ùui servait d~ lit, le Seigneur t!ui envoya un rêve Hra nge et magnifique. . . IL se .trouvait .tran.srporté .Join de la tro1de et brumeuse Aquitaine, au delà des mers, SUT la chaude terre d'Orient, et dam; cette bour gade fameuse dont Je nom s,i doux i?~ ique à lui seu,l qu 'e'lle est ùa fleur de la Gal!lee: Nazareth! li ne vit bientôt plus qu'·une maison àe ce village une ,toute petite maison basse, devant laquell~ la Vierge Mar!e fila~!, assis~ sous un figu,ier, et, dans la maison, 1! y avait un atelier de charpentier, au fond duquel Joseph, debout, les . bras croisés sur sa poitrine, reaardait travailler Jésus. " Ce Jésus n'était plus fonfant délicieux que ,!es artistes chrétiens nous montrent, à douze ans , assis dans le Temple, au milieu des docteurs: c'étaH l'adolescent qui n'a ;rien ;perdu de,s grâces du !jeune âge , mai s qui ioint ·à el~


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