Supplément No 10 1917

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Supplê!!!_~!'f du JV 10!!-_e,,l' &cote" (1911) 0

champêtres les .paroles de la Sainte-Ecriture; « Tu gagneras ton pain à ;Ja sueur de ton front.» • LE MERLE BLANC Les toits de Brignon apparaissent sous les ramures des vergers; ils ont fous leur pana• Un père avait un fils maladif, dont la che de fumée : le pot-au-feu du dimanche mitristesse faisait son désespoi'f. Il alfa troujote à la crémaiLlère; les cloches de Nendai ver une diseuse de b onne aventure. entonnent un « alléluia » qui remplit tout Je - Vo,tre fils sera heureux, di1-elile.quau.i vallon; un ,peM air de fête enveiloippe Je ha1:l au,rn trouvé Je merle blanc. meau. Il haussa les épaules et s ·en fu,t. Un beau Puis paysans et paysan'lles quittent le lojour, ie tils fait la connaissance d'une ravisgis pou•r se rendre à la messe à l'église pmroissante jeu.ne fille. Fiançailles, bonheur , plus sia ie, les hommes en fumant la pi:pe, les fèmr d'idées noires . mes égrenant leurs charpe,lets, tous heureux, Le père invite la devineresse au mariage. après six jours d'un pénible labeur, de goû-- Eh bien! lui dit-iL à !a mairie. Et vos ter les bienfaits du repos dominical. prédictions? Voyez comme mon füs est heuLa nature, so.us ses riches décors de sep reux: ii n ·a ,pourfan.t pas trouvé l'oise au, de tembre, respirait l'opulence et 'l'allégresse; la votre préd iction . p!us ,luxurian te végéta tion débordait de tou· La pythonisse répondit en momran.t Je retes .paarts: ·les arbres ployaient sous Jeun gistre oü l'officier de l'état-civil vena1t de sifmits, les forêts ressemblaient à de lourdes gner : • Le maire: Leblanc ». draperies brochées d 'or, les glaciers étince0000000 laient comme des rivières d'a.rgent, les tor, LA VOLONTE rents bondissaienn: de tous côtés, à travers prnfes·seur de .f'université de Paris a Un des coteaux couverts de gras rpâ'hLrages, et, <.lo-nnérexemp!e d'une puissance de volonté vers ,les hauteurs où le chamois gîte, on envraiment surprenante. tendait .les vagues sons d'un chalumeau pasPrisonnier des Allemands en 19151 il se ser sur ,Je val.Jou et se perdre danis les profit passer pour aveug],e C/t s~t donner à son fondeurs des bois. regard ,;a tixilé et l'absence d 'expression néTous les cioohers qui bordent le Rhône :essai res pour jouer ce rôle. carillonnaient; les ·villages de ila p,Iaine, en11subit l'examen des spéciaJisles ahlemands. fouis dans la verdure, paraissaient prosterLivré aux s·ur.prises des apparitions d'objets nés, le grand fleuve même semblait figé dans son !il; un silence religieux emplissait tou t 1e imp,révu.s, soumis aux brusques alternatives d'obsucrilé et de lumière. torturé par tous les ,paysage, c'était rheure de l' « Elévaiion • ou nppareils ophtalmologiques de contrôle, il ne de !a consécration de l11os!ie heure soJennelJ,aissa jamais paraître aucune impression sur le, où les plus intimes pensées monteut vers la rétine de ses yeux. .le ciel, du haut des mon:ts ou du fond des La scie.1œ allemande. mise en défaut finit abîmes, des ,plus. riches palais et des humpar le déclarer bien et dament aveugle.' bles chaumines, poutr s'élever jusqu'à Dieu, Il· faisait paritie d'un. récent convoi de en un fprmidable hosanna. grands blessés trapatriésEt, seul, au milieu du hameau désert n'éi.. O o o o o o coutan t que le grondement lointain des : bis·ses ,, et la voix troublante de l'airain sacré t La patience es,t Je diamant qui empêche . . . ' 1e me sms assis sous l'auvent d'un « mazot » râme d'être br,lsée ipar Tadversi'té, le remède et m'y suis endor.mi ,paisiblemellt, -tandis que par lequel toutes ses blessures sont guéries. mon âme errait dans la douceur des Mayens, Nos amis veulent bien nous porter seen Jouant le Seigneur . cours, à condi*ion que œ soit '!lJJa'lldnous Soiatiàieu. réussissons.

Variétés

t

pil!,!ons entrèrent. Vifs et ,rapides comme ra parole humaine , i'Ls volaient tout au,tour de moi "Se- succédant par essaims dan•s la cham· f ai fait un rêve. Je me sais vue marchant bre. ' Je m'aperç us alor:s, qu•e chacun d·eux [POnt ,ait une fleur sur ses ailes. La f~e n:ierune route marchant depuis longtemps, veitleuse prenait les fleurs qu'il.s :lul laissaient r j'étais viei.lle; des lambeaux d'années joucueiJilir entre ,leurs ailes frémissantes et soaient Je sol derrière mui et, cumme c!es boryeuses, et de ses mains traI1Jsparentes, elle 5 kilométriques, les tombe;:, blanche3 se les groupait en gerbes, ou les répandait deressaient, mornes et raide,, de chaqu e côté vant elil'e. Des plus édatall1Jles,elle orna les u chemin. murs dénudés, ailltsi que :la [POnle basse et La fatigue m'accablai t. Ma.is il fallait at· les fenêtres qui, auparavant, ressemblaient à reindreLa maison, lointaine encore, qui s'édes yeux sans vie. Et., tout en Fleurissant la ievait au haut de la roule montueuse et do~t charnbre qu·un printemps lumineux et ,par~ ierais ma demeure qnel,que temps. L~.' Je mereposerais, Et l'idée de ce repos m e;1..- fumé semblai1 remrpJ.ir, elle prononçait des paroles mystérieuses . Je ne pouv ais renconplissait d'wie étrange douceur .. Des ~nsees trer son !regard qui se détoUJrnait du mien, brillantes aux miHe couleurs d arc-en-ciel esmais je savais qu'elle par lait pour moi. Et saimaiell't de mon front bLanchi et dans mon j'écouta'Î, tandis que won cœur si dou_loureiux cœtir, l'une aiprès t'au1lre, les fleurs s'ouet triste se faisait léger, el que mes pieds, favraient. tigués par la longue ma·rche, ne sentaient plus Enfin. j'a:rrivai ; mes ipas s'arrêtèrent 'lU leurs 1:>!essureset que sœr mon front lou,rd de seuil de· 1a maison et j"ouviris .Ja .porte basse. Uil escarier é!Toit, sombre et tortueux, me vieùllesse, un souille de ,joie passait : coudursi,t au premier étage . J'enrlrai dans ~ne • Voici, disait-el'le, 'les cloohettes du musaJ,levaste, .mais obscure et triste . De peMes guet. Ce sont les larmes humaines . Tu les as fenêtres sans jour, pareilles à des yeux sans vu couler auJ!:ou,rde toi et .tu n'as pas pu ta- _ vie des murs nus et froids , une ,porte vitrée rir ]€ur souirce inépuis able. Mais tu as pleuré toi-même et lu as ,pleuré de compassion, et do~nan1 sur un ba'lcon, et de chaque côté de la grande pièce, deux ,petites chambres égatou:tes ..;s la'fmes mêlées ont enrichi la terre lement tristes. C'était tout. . . . Mon cœur se d'amour. . . . Et les Heurs blanches des muserra. Avais-je donc marché si 1J ongtemps et guets s'attachèrent d'elt!es-rnêmes à la murêvé si ardemment du repos pour ne trou1ver raille. que ceHe ,prison? Alors une chose admirable « Voici des roses. Elles représienteint Ies survint. J'âvais fait '.le tou,r de la vaste _sa~le joies briLlaJll!:eS et passag~es. Tu ,les as cueiJ.. et je m'éta,is arrêtée devant la pœte ~1tr~lies pour les donner, atm que les yeux, las EI~ était entr'oUJverte. Et par l'ouverture Je vis de pleure:.-, ,s 'iUuminent à leur vue. Et tu as s'él'anœr un 'large et clair rayon de soleil, été ardemment reconn.a:issante pour îeur beau. flux d'une vague de diamant , dont les o~des té. C'est là encore m1e œuvre d'amo~- » Et roul'èrent jusqu 'à mes .pie<lis.La maison vibra les roses Sllliva,ient l·es nrugue.ts, vol'lant de toute entière et les mornes fenêtres s 'ouvripoll.I'pre et de neige la vétusté des murs. rent comme sous la pression d'une vag,ue de « Voici des cdlllcis, symbole de la bonne lumière. Semblable à t'étendatrd qu'un gonvolonté des cœurs, image de J:a douce traterlalonnier hisse et déploye da:ns 1l'azur, le ra· nité mystique. Tu as doll'llé ta iprière, quand! yon s'était dérollllé en ,plis d'or et Hottait au tu ne donnais pas .tes •larmes. Œuvre d'amour milieu de ],a chambre. Une forme féminine, encore . . . » Et de nouveaux pa_pil!fons endiaphane, bri11ante et ,joyeuse conune lwi-mê- traient, cha:rgés de nouve\Jes fleurs. vencha1:me s'en détacha. . . . EJae fi,t un geste. . . et teresse les cue~LLittoutes, si bien que la maipa; les pefi!tes fenêtres, des mi'lilions de pa-

Vision

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