__Supplément du 3V 1 de ,,I' Ccole" (1918) 0
TOUT
Le petit Jasmin CONTE ,DE NOEL
MUSIQUE
ce qui a rapport ou concerne la LES
JL
INSTRUMENTS en tous genres ET
HARMONIUMS
PIANOS
droits et à queue
_,.. TRÈS GRAND CHOIX ET POUR TOUTES LES BOURSES chez
à Lausanne, Vevey et Neuchâtel i ~-N -- ~
LIBRAIRIE THEATRALE
Jasmin. avait de six à se.pt ans. Acrobate, il ,ne .sav·ait [Par quel chemin il était tombé un jour dans ,l a voilure d 'un saltimbanque qui l'eXip!bitaH et Je ballait. H était, du reste, naiurel~ernent gracieux et adroit Non seuilemant H faisait de~ tou1ns, mais, selon une coutume qui se perd, rhomme à qui i,l appa·r!enait ,t'employait de tenws à autre à ramoner les cheminées; autrefois, c'éta,it un art. Jas min avait awris à faire des grimaces, à imiter le singe, à ramoner et rien de pius,
Prix spéciaux pour Instituteurs, Pensionnats et Prof. de Musique.
l
LIBRAIRIE MUSICALE l~~~~
l
~ C'é tait la vei!iJe de Noël, au vieux manoir de
x ....
Un honime court, gros, trnpu, cria it: - H op! monte Jasmin.
bru.ta!,
Jasmin montalit aussitôt d,m,s 'la large cheminée du château, Je ùong d 'une corde raide, comme un chien bien dressé. L'homme court, gros, ,t rapu, brutal, « !homme » éta~t :1e :propriétaire de O'enfaut, l:equei, du reste, ne s·ïnquiétait guère à quel titre il lui apipartenait. Un témoin survint. C'est que c'était un gra,nd événement au c,i1âteau ~solé que le ramonage de 1'a cheminée; on avait attendu le passage d'un arlis te depuis le commencement de ·nliver, on :l'avait appelé de 1oin, 0!11 ne •parlait que de cela depuis ,plusieurs jours, et œ 24 décembre 011 disait: 11 est dans la cheminée· il ramon~Le petit Joseph, iils élégant de la châtelaine, éiait le plus rpréocou[>é du spectacle, s i nouveau da,ns sa vie, de voir de 'l'a suie tomber et 1e ramoneur monter dans ce trou de cheminée mystérieux, où 1es hommes ne vont pas ordinai-rement. On ,l ui permit de rester dans la saHe dont on r adait la cheminée, et il s 'intéressait vivement au travan du ,peti't- moricaud; ill avait ie même âge et tou:cha,i t aux sept ans de sa-
gesse; c'est ,J,u,i Œe 'témoin dont nous [Parlons. A 1a fi.n, il pousse <Un cri d'admiration, Noir, vague, informe, ayant des ,piquants aux genoux, aux pieds et a,ux bras, un être bizarre était fombé sur 1a suie qu:i couvrait Œe drap co,mme une bête étrange dégringole de la dheminée. - Voifü! c'est fait, diit cette bête noire en monlrant uin la,r ge sourire sur sa face de nègre. Joseph, impressionné, ·recula. Jasmin sentait l'efifel qu'il :produisait sur son public, .sans se troubler, s'amuisa à regagner fa porte à quatre pattes (POUr mieux jouer son rôle de bête i11111provisée, de drôle de bête. Joseph cepend.mt admirait ce moricaud, s i adroit dans ses :pantomimes; il eut vowlu, lui aussi, être sa'Himbanque, ramoner et accon1rpl'ir quelque chose de JPfos fort; ,i'l· se recueilJit, et faisant appel à son ,savoir-faire, ili se mit à pousser le chant du coq qu'i:1 imitait très bien; mais Jasmin, plein d'émuilation, se mit à contrefaire le canard avec tant de nature,! que Jose.ph se sentit encore battu, à ,plate cou;fure dans cet art d 'agrément. A'1ors, en SŒl ambition de l'emporter, il résohtt d'iuser d1un grand secret qu'i~ savait, pour éblouir son rival. Il s'asslll1'a que nul ne venait et, montan1 sur Ullle chaise, il ou,vrit discrètement l'a ;porte d'un placard. Le triomphe dépassa tout ce qu'i[ poUJVait espérer. Le petit ramoneuir immobile, ~'a bouche béante contemplait. Que voyaH-il 1à? Oh! d'abord trois rois qui po:rtaient des présents; mais ce n 'était point Œà ce qui captivait son regard émerveihlé. Pfus bas, un .splendide ipolichineHe, un petit confrère auss-i grand que J'ui, semblait :rire au mHieu d'une grande corbeille de jouets. - 'f.u vois tout cela, reprena1t le gilorieux Joseph, 1e ipelit Jésus ,va me 1'apporter cette nuit, en paissant pa,r ila ·cheminée. - Le ,petit Jésus, mais c'est 1e bon Dieu, c'est lui ,q<U•i met a,u ipa:radis. - Et i'l rpo1ie des joutioux aux enfants? ll Jes aime?
8
2 temps vers le vi1lage voisin; sur 'la ,place il' y - Bien sû•r, qu'il 1es aime ... chut, maman avait une voiture jaune, grande comme un wa. va nous entendre ... el:le croit que je ne sais gon, !oute <létellée. L'homme et Jasmin entnpas. rent ded'ans. C'était 'lelltf' maison roulante. Ils . - Le petit Jésus? répétait Jasmin avec des al:laient avec elle, de viaage en viUage, rani(). yeux interrogateurs. mmt Jes cheminées ou faisant de l'aérobali~ - Oui, tu sais bien? ·le petit Noël qui, Ia suivant les goûts artistiques des popuJations. nuit de Noël se rpromène dans ,Ja cheminé~ - Je crois que nous pouvons organiser pour aHer déposer des jouets dans les chausune représentaüon pour ce soir, annonça !out sures! ... tlll ,sais bien. , haut l'homme. Jasmin ne savait pas. Mais Jasmin n'entendit pas, il avait Fair On ne 11u.i avait •j amais :parlé du petit Jésus preoccwpé! à 1ui. - Pourquoi n'y a-t-i1l pas de cheminée à - Alms, itl va porter des choses comme la voiture, diis? risciua-t-ia d 'un ton bizarre. cela à tous '1~s enfants? Pu~s, voyant qu;"iil n'obtenait pas de ré- Mais oui! :ponse, pas [)1us que les autres fois où i1 po- Par les cheminées? sait des questions étranges pour d'aufres - Mais oui! peul-être, mais très claires pour lui, i l sortit. - Ah! Jasmin réfléchit U!Il instant. Le jour finissai t, i» faisait très triste. U-- Mais les enfants qui n'ont pas de che ... bas, tou.t droite, une cheminée d'usine fumai t. Une p orte avait craqué; Joseph avait vi-te une cheminée énorme, l'a rge, fière, 'haute, rplus fermé ,J'e placard et éteint la vision, sa mère haute que le clocher du viHage_ Cela troubla était survenue. Jasmin. Le ramoneur s'en a1l'a grave ... songeant Sans rien dire au p1tron, il se dirigea tout à ces ,choses, et il ,rejoii,gnit J'homme. doucement vers cette cheminée et supputa de l'œiQ les dimensions du 1ouljou gigantesque Joseplh ~e V'Oyant partir, lut pris de pitié pour ce compa,g non d'une heure: Ma.man, ditque le « ;petit Jésus» pourrait faire passer par Il. Puis, Ta tête basse, ,i,J. s'en -retourna, remar• il, est-ce que le .petit Jésus donne des étrennes qua d 'aulres cheminées, ,pensa à d'autres jouaux ramoneUJrs? joux et eut envie de p !eurer en revoyant dans - Non, mon jj1J1s, 1ils sont troip noirs. - Ak>•rs, je voudrais bien donner au ,petit sa mémoire Je grand polichinel!le, la corbei'J.le que 'le ~ petit Jésus •, qu'il aimait sans .le conramoneur un des joujoux que im'a-pporf.era naî,tre, devait apporter à un enfant riche cette le petit Noel. Un beau poJichinel,le, veux~tu? nuiMà, en [)as-sant par une chem, ... - Quand .Je petit Noël viend:ra, ,Je ram0< - Ah! .. . aria tout à cowp Jasmin, illu· neur sera loin. Ces enfants toujours sur les miné par une idée de génie. , chemins, iTs sont bien ma1heureux et ne conEt i-1 se mit à com.ir vers la voi,lu,re jaune. naissent rpas -leurs .parents; si tu veux, tu feras Il se l'ava, se peigna, sortit ses •l oques, pasune :prière pour ·1ui. sa son •beau mailfo't noir, ses beaux brode·Et Jos~h, ,q ui n'avait aucw1e confiance quins vernis, passa sa tête dans sa beJi!e per· en sa mémoire, dit sur le champ: Mon Dieu, ru,que rous,se aux trois mèches bien raides, donnez aussi de iJe,lJles étrennes à ce pauvre et bien pointues, se rougit les -lèvres, se blanmoricaud qui n·a pas de maman. chit le visage, se .peignit sa 1nemeu:re grimace ~ au coin des .Jèvres et, stylé comme ,pour les Le froid était glaoial, 1naJlgré un broui'l- p1us be,lles -représentations, et content de lui, il se diri,gea vers 'le château dont i:t avait ra· '1'a r d humide q u.i faisaJt pleurer les a,rbres sur moné iJa cheminée quelques instants a,u,p:ira· la route. ~ L'homme et .t'enfant maxdhèret)t assez 1-ongvant.
Une be'!le fumée ,s ortait de fa cheminée. II la cons•idéra et dit: •J'attendrai.» Ceipendant, à l'intérieur du dhâteau
on
avait aHumé [a bûche de Noël. Jose.ph 'avait été couvert de tendresses, i.11 savait qu'H n 'y aurait aucune des verges dont on se plaisait à lui annoncer la venue, et à dix heures on renvoya dans son ,l'it bien chaud tandis que les pa,rents a'Haien,t à la nwsse de minuit. Jasmin était transi; mais son cœur battait. La f.wmée avatt dîs,paru, il grimpa sur le toit, sortit ooe corde courte mais solide de sa poche, entra dans la cheminée bien connue et, se suisl])endant à dix mètres environ du sol, aitendit avec caDme, en repliant sous 1ui sa jambe gauche de certaine façon, comme Havait fait cent fois sur les .places rpubl'iques. - Maintenant le « ,p etit Jésus. peut veo.i-r! se d.isait-il. Je foi ierai toujours donner quelque cho,se au passage.
~ Et 'l es heures sonnèrent, sonnèrent a u loin à un clocher ~n:visible, et Jasmin les entendit s'envoler, sonores et [entes tandis que ses yeux regardaient fa-haut, ve;s le l!'ecfa,ngle du ciel qui s'aperce·,ait au-0essus de sa tête et dans lequel i] cherchait l'approche lumin~use du « petit Jésus •· - Oh! il ne va ,pas tarder, sans doute! Et Jas.min, les yeux impatients, changeait de position au bout de sa corde et restait fa à qui Ï>l pourrait raconte.r des histoires !out~ la journée sans être battu, un bon po!ic<hinel1e qu•i serait son ,petit ami, bon, raisonnable, avec ·lequeJ i'l pourrait joue-r à tau.les sortes de choses, comme les autres enfants. Et, pensant cela, i'l mettait son plus irrésistibt!e sourire sur sa hgure, ;pour que le • petit Jésus • s 'il survenait à I improviste, fût généreux.
*
Les cloches repnrent .soudain leur volée, c'était ~'é lévation à Ja messe de minuit, et chacun, prosterné à I égI,ise, adorait .Je Dieu de fa crèche qui vient pour 1les petits. Il faisait de plus en plus froid. Ir y avait là-haut des étoi~es fines qui semblaient des
petites fleurs gclées. ,Et Ja,&nMn changea de jambe, au :r-isque de ne pouvoir plus retrouver .sa pose gracieuse. Ef il resta ,Silli" la nouveMe jambe longtemps, longteill[)S ! Et pu1is, .i'l dut s'a.ppuyer contre Je mur et se salir les mains. Et ;puis iD. dut laisser sa ,perruque de t.ravers, n 'ayant plus 1es doigts assez habiles pour fa rajuster. Et puis H pleu,ra, en pensant •que le « petit Jésus » ne le trouve.rait pas beau dans cet état et qu'i] fo,i -refuserait peut-être même un jouet de deux sous. Et a'lors ce fut lamentable. Jasmin ,songea à des dhoses tristes, aux coups que lui donnait l'homme, aux enfants riches qui ont des cll.emînées chez eux, et au .paradis dont parfois il avait entendu parler et d-001 Joseph veÙ.à'Ït de lui redi.e r ·eicistence. Le paradis est au petit Jésus .. . Oh! je voudrnis <J.u'il me prenne dans son paradis . .. Je l'a ime ce petit Jésus; est-ce qu'iiL ne va 1p as venir jamais? Jamais. Ses lam1es détrempaient tout le fard de sa figure.
~ Mais ,peu à peu, il se sentit dans ·le corps quelque chose de doux ou de dou'loureux il ne savait trop. ' Cétait ,peut-êlre 11e froid la faim Je sommei·l , ou un grand boniheu/,qui entr~it en lui. Et en fermant .fes yeux à demi, iJ sourit lentement. Car il venait de le voir là-haut oui, oui, le « petit Jésus,! • ' ' Ah ! c'était !:Ui qui venait; il le sentait bien! Il venait •Et c'était très beau à voir, très do.ix à penser. l1l était joli, il .faisait de la aumière ,par toute sa personne, et ses ,petits pieds en .m:i rchant fai,saient crier :Jes étoiles comme !e~ grains de sabte d'une a:Hée. ,Jl venait! il avait sous 1e bras de grandes gra,ppes de polichinelles, de solldats rouges, d 'arlequJ,ns muHico,lores. Êt tout ce-la était :pour :l ui , 1e ramoneu.r? pour 'lui, Jasmin! Oui, oui, car voyez: le « petit Jésus • approche, aipproche encore,
5
4 panache de fwmée monter en ,spira le vers fa 1
aperçoii: Œe ttJoricaud dans '!a cheminée,_ sou~ rit de son bon sourire qui semble i~1re J~ . JOUI, e,t 'lui \parfan:t de fa bonne voix qui semlll.e réveiller tous 1es oiseaux des champs: _ P,rends, Jaf.min! ,lui dit-i:I. Et Jasmin ébloui par ,son rêve au bout d.e sa corde, ,s e h,a ussa sur ses jambes et fond1t les mains. ,··
~ Et à !"aube, la mère de Joseph, à ,pe!i~s pas, ,polllr ne point révei'ller l'~nfa~t, se dmgeait vers la cheminée où iL avaJt m1s son souOier, quand tout à coup, en ,reculant, elle poussa un cri: ·u ; _ Maman, qu··y a-t~iJ? .fit Joseph révei'' e en sursaut. , - Oh! vois donc, fit la mère bo~leversee, et en a,piprochant sa 'lumière, e:,1e laissa tom~r le ipotichinelle de ses bras sur le noir pantin de même tante, qui gisait dans les cendres. . Joseiph regarde et crie : Jasm1~! N a re· connu ie camarade à qui it vowlait abandonner le jouet. Jasmin ne ré;pondit ,p as. H était mort.
L' Agneau sans tache CONTE DE NOEL La ferme du Fudl est située à environ cinq cents mètres du grns viUage de CherHeux, dans ~'ancienne Nerithon.ie. La fami11e Jérôme, qui }1habite, est cornée du per'e François de •la mère, Josette, posde deux charmants ' ' • · et enfants, Ade'1e, ·l'amee, !gée de quinze ~ 9 et Jules, qui vient d'avoir ses neufs ans >révolus. Les envirnns de Cherùieux sont délicieux, ce sont de grasses prair,ies, plantées de grands noyers et de cerJsiers, et dont de 1;101Œes dépressions forment ici et :là de grac1e~x rvaiJ1ons que :M'été couronne de .fleurs, mais que :pfti.,ive•r ensevelit sous 11'a neige. C'est dans une de ces combes paisibles et solitaires que s'élève iJa forme du Fucil, où nou,s voyons, à travers Jes arbres givrés, un
nue. On est a,u vingt~quatre décembre, à la vei1hle du grand ûour de Noët, cet~e heure solenneUe d"alllégresse, dans J'a froide monotonie des jours de labeur et de souffrances qui constituent :te ilot du Chrétien. iMalg.ré la neige qui tombe e t le ven t glacial q11i souffle à travers le Jura, la nature, en œHe nuit mémorable, pruraît tout en fêle. Tout est blanc; !es prairies, les bois, 'le_s sentiers et iles toits des maisons; tou.t est s11encieux. Dans 11-a campagne, où seules, les ~Lumiè·res 'lointaines des .m étahies qu i veillent donnent u!lle apparence de vie au mi1'ieu de ~e ~pectade de mort. Chez Jes Jérôme, où l'on ne sait que_ for t peu de chose de \la guerre, qu'on envisage d'ai'lfle11rs comme t11111 fléau de Dieu pour ramener aes hommes ,a u devoir, on oublie {out poucr ne songer qu'à fêter joyeusement celte beUe nuit ,qur vJt naître 1e Sauveur du monde, .I'Agneau sans ta·che. .Dans Ja chambre de ménage bien chaul{ée car ,Je père Jérôme possède un bois qui fournit Je nécessaire IPOUr toute ·l'année, la iable :porte un pefü sapin de Noël, dit • sapalon » tout enrnhanné et garni ~e su~res d'orge, de prailines rouges el de noix ~o~~S· Quelques bougies minuscules et co,onees, ,piquées çà et là sur :les branches touffues, n'attendent qu'un signal rpour jeter da,ns r hmnble dhambrette ·leur joyeuse c1arté. Sous l'a11bre ,symbolique, et tout autour du tronc qui le su,pporte, se cachent, sou~ une toile les présen_ts d·e l".Enfant-Jésu3, desl.nés aux 'enfants sages, qui aiment <Dieu sin· cèremoot et honorent leurs parents. . AdèJe et Ju1es sont de ce nombre, et le divin Enfant 1Jeur ménage une heureuse surprise. Adèle a touj.ours désiré une • Imitation de Tésus-Chrisi » ce chef-<i'œu,v re de la piété ~hrétieMe, et' J11.11es, un • Agneau sans tache », po11r orner sa chambre et veitler sur son sommeilt. Le sowper s'est termiillé, ce soü, paT une .prière plus fervente encore que d'habitude,
ru/
1
c1est Ju:Jes qui- a voulu faire les « g r âces » et sa voix émue respi,ra.it Je bonheur et d'enthousiasme. 'Huit heuires ont ,sonné. Le sarpin de Noël sïJJ,umine, l]es dragées resplendissent, les sucres d 'o-rge resserr1ble11t à des g1açons, .]'or des noix élince,J:le, \:a 1oi.Je qu,i recouvre des présents di,sparaît, 'Ul1 cri d'aHégres,se retenti1 dans ,ra chambre: Vive l!''Enfant Jésus! Oloi•re à Dieu! Oh! l'Agneau sans tadhe! .s'écrie Juies au comble de 11a joie. Et l'enfant sais it ·~'agneau symbolique, dont Ja faine bl:anche comme ne,ige excite son adimira tion. Il le presse sur sO'll cœur et !l'embrasse avec eHu<Sim1, tandis que sa sœur fe1üli!ette avec une pieuse attention [es ipages de son « Imitaiion » . Tout à COU!p, ,s ous ~'œi·il des parents émus de cette naï•ve scène, Ju.les a p iHi et t11l sanglot ·S'est échaip,pé de sa poitri·ne: • Oh! ma· man, j'a.i taché mon agneau sans tache!» et I'enfant, at!erré, montrait à ses parents une tadhe noire sur Ja toison blanche de l'agneau.. Puis l'enfant, désolé, se mil à p'.eurcr à chaudes lacC1~s. - Adè'le, prompte comme t édafr, ,prit 1'agneau, ,t'examina, d'un coup de ciseau adroitemoo.1 donné enleva la tache sans .qu,'.i-l en parut rien, et Je rendi t à son frère en lui disant: « Ne pleure p'us, Ju;,es, Die,u a entendu tes pleurs et li' a 'lavé la tache de !'Agneau.>
Et les lla~mes de !''enfant firent place à 'b joie '1a plu,s pure et Ja plus complète. M inuit sonnait au v,ieux clocher de Cherlieux, dont n'harmonieux cariHon traversai t la campagne comm'<! ,un dhanl d"allégresse. « Mon cheJ· J,t~1es, dit le père Jérôme, la tache ,q ui t'a lait ,pleurer, c'est ,le ,péché qui ,souiHe 'l'innocente, et tes larmes, c'est ·le repentir ,qu.i ,r achète la faute; dans ]e cour s de ta vie, au mill,ieu des combats et des embnches, ,pense à l'Agneau sans tache, et tu sorüras touüours victorieux de la Jutte ,pour 1a Vie éternel:Je.• L'enfant, à !"ouïe de ces sages .paroJes, embrassa tendrement ses parents et tôt après, ,les heureux habi tants diu ,f udl suivaient, un
à un, 1e sentier ouaté die neige qui conduit à
'1'ég\.ise du vi:J1age, pendant que ·les cloclH!S sorunant à toute volée, ain:nonçaient aux enfa nts de Dien :la na,issance de J''Agneau sans tache. SOLANDIEU.
~.,~
Lutte contre le papillon blanc durant l'hiver Les dégiHs causés en 1917 par fa che. nilJ'le du, papillon blanc du chou ont été considérables, non ·seu•lement en Sui,sse, mais dans une grande ,paroie de l Europe. Des divers procédés de ~utte préconisés, l'écrasement dü:ect des pla.q1Ues d'œufs sur les feui tles a donné de bons résuHats dan:s 3a petite culture, où il est atPP'licable. Par ai~leurs, on a noté quelques f.uccès obtenus irar Jes pulvérisateurs insecticides, savon noir et Heur de soufre, savon noir et nicotine, savon no.ir et poudre de pyrè'!lhre. Les chenilles de Pieris se sont métamorphosées et ne se rencontrent plus au.jourd"hui que sous la fonne de chrysalides, longues de 2 cm., d u11 gris jaunâtre clair, piquetées de points noi'fs, ornées de protubérances et d"arêtes. Ces chrysa'Lides sont attachées à leur surpporf, d 'une ,part par des soies qui les fixent à 1l''e idrémi,té po,stérieure, d 'autre pari par un 'lien so,yeux qu,i Jes entoure comme une ceinture. Elles recherohent 1es arbre s, les murs, les plafonds, les portes, les corniches, les barrières, et choisissent toujours 'la .situation ta mieux protégée contre la :p,luie. D'une façon généraile, eJles d oivent s'éloigner du so:1, :pou:r éviter i attaque des moisissures: c'est pottrquoi !es carrés de choux .situés foin des habitaüoos et des arbres oe sou,ffrent pas dans la règle du iparas4te qui évite d y aller poudre, ·son instinct raverfrssant des difiiou.I.tés que :rencon-!rerait fa chenHle à 'la nymphose. De très nombreuses ohenü!es ,q,ui gagnaient Œes abris d'hiver en f automne 1917 étaient pa-rasi1ées, c'est-à-dire habitées à l'intérieur 1
7 rpa·r des larves appartenant à de ?efüs hyménoptères. Les hyménoptères ,pa-ras1tes pondent, 1 1eurs œufs dans 1e corrps des cheni1~es sans les blesser sérieusement Une ïois écloses, ~es larves évitent avec soin de porter une atteinte quelconque aux organes .j,mportants de 1leur hôte et se nourrissent uniquemen1 des matériaux de réserve des tissus graisseux contenus dal!ls la ch~ni·me: Cdle-ci croît, grandit, et avec elle ses parasites. Ou récolte parfois à dessein dans les faboratoires d'entomologie des oheni'11es ainsi parasi tées pour obtenir d 'exœJilentes préparationis des systèmes nerveux, digestif, circulatoire ou r espira.foire, en fièrement débarrassés de toute enveloppe graisseuse. Plus tard, ayant aoquis tout leur déve.Joppement, les larvi!s d'hymênoptères n 'ont p lus à garder de ménagement. ,E'lles crèvent de ,part en pa.rt le corps de lem bienfaiteur, eu l'espèce la chenilile qu i leu~- a donné aisile et nourriture. La bête meurt ... et nous trouvons, au lieu de nymphose, quantité de p etits cocons iaunes d'hyménoptères, recouvrant 1e cor:ps de ·leur vicHme. L':ho mme qui n'a ;pas à juger la morali lé de cet acte mais seulernent son u,ti!Hé au point de vue agricole doi•t se garder avec ,s oin de détruire !les petits cocons jaunes qui lui assuren:t, pour 1918, ,une :pléiade d'auxi1liaires. Les chrysa1iides eJ.!es-mêmes, que nous pouvons observer actue'l'lement, sont aussi fréquemment parasitées. Touchez~les: si e\.les réagissent par ,quelque mouvement désordonné el'les sont ,vivantes, en bon état et méritent récrasement sans discussion. Si au contraire eUes res1ent immobiles, r igides, on peu,[ a!lirmer 1J,a présence de par asites intérieurs. Ouvrez à litre de contrôle une chrysa1lide semblai!Jle: vous ~a trouver~z rempliie, soit par de nombreuses petites -larves d ·hyménoplères (semblables à de minimes asticots), soil par une 1a·rve de grosse taille appartenant à quelque tachine (diptère). U y a donc 1ieu de 1laisser subsister ,les chrysalides incapables fie mouvemenl s, car el1es ren!e:rment les confre parasites pour 1918. 1
1
Un procédé fort simple, utHisé éga'lement en !laboratoire, que l'on peut recommander durant 1es Œoisirs d'lhiiver consiste à récdlter toutes .les chrysa:lides de Piérides et à les enformer dans une boîte -recouverte de 1reifüs métalili·q ue à niaHJes fines. Au printemps, 1Jors de 'l'éclosion, 'les petits hyménoptères pouxrornt s'échapper par ~es maiUes du treiLlis [JOUr all1ler faiire œuvre utile tandis que les gros papi1Jilons, retenus ,pr,isonsniers',mourront ... Quant à savoir si 1es choux souffriront de nouveau beaucou,p de la cheni1Dle en 1918, iJl n'est guère possiil:ile de propMti!er avec pré, cision ce' maiheur. On peut affirmer seu!ement que '1es che:nii1es et ohrysalides de 1917 ont été parassitées dans une très forte proporHon. H. F AES.
••••
Lachaussureà traversles âges = ·La chaussure exi'St!e de,pu,i•s ies âges des ip1'-us reculés. Dans l'antiquité, e'lle se ramène '1a bottine et 'le soulier ïerré. ·La sandale fut d'abord une sinwle semel:Je de bois ou de jonc fressé, qui se noua.il sur :le pied a·vec des ;Jianes. Les peuples chasseu•rs y ajoutaient une ,tige d'écorce d 'arbre ou de peau de bête, comme en Qrèce, couvrant la chevil'le et 1le bas de la jambe. La sandale égyptienne étai,t .tressée avec des !euililes de paimier ou des tiges de papyrus. On employait égalemen,t le cuir, le liège et le bois. Quelquefois, la sandaile était pourvue d'un ipetH irebord qui entourait 1e pied, sans en recouvrir .la :par,tie supérieure. Les femmes de Grèce et de Rome portaient des es~œs de !Pantoufles dont l'empeigne cou\'rait 1es doigts et ;la pa·rtie antérieuire du: ;pied, faisant à découvert 1le coup-de~pied et 1e talon. C'ëtait ce que nous appelons aL11jourd'hui ·Jes mu'les. On se ,servai,t également des bottines montantes, brodequ,ins outver.ts par-devant et perà trois ty:pes pri111cipa·ux, Œa sandale,
cés de petits trous JPOU'l.- passer .les lacets qui serrnient les jambes. Les brodequins des gens du ;peuipile étaient en ;pea,u non tannée, garnie de son poil, ci montaie111t ti,usqu'aux mol'lels. •Les Mèdes et Jes Perses n'avaient ,pas de pantalon, mais leur chaussure avait fa hautewr de nos bot1es, et parfois i'l-s avaient une sor,te-de panta lon ou chausse ou mlème se terminaient pair me chaussure. 'L'antiquité cOOŒ1Ju,t des chaussures de grand luxe, des sandales de cuivr e, d'argent. La pou:rip[e teigllla,i:t 'les s,mdailes des roi•s d' Albe et :l'empereur Héliogaba,le ornait de pierres précieuses 'les bandeleHes de ses souliers. Les boudes, 1es croissants d'or rehaussaient Œes chauss·ures des gens de qua:l'iié. Et voici :Je phoecasium de cuiT blanc pour Jes prêtres d'Athènes et iles sac-rHicateurs; les soceus de bois pouir les acteurs comiques et de cothurne r ouge pour iles tragédiens. Les femmes avaient deux espèces de chaussures, ceHes qui ·recouvraient 'le pied jusqul la cheville et ceHes qui, ,simples semelles, se nouaient aivec des rubans et des courroies, En Asie mi!neure, des, Lydiens et les Phrygiens adoptaient 1es chaussures de teintes assorties à Jeurs vêtements, pourpre foncé, jeu. ne-safran ou bla11ches, et ,les ornaient d'or et d'argent sur fo dessws. On raconte qu'au siècle de Périolès, les dames afün1t en visite se fai-sa,ient s·uivre d'une esolave portant une petite cassette contenant de :précieuse!> pantoufles qu'elles chaussaient en enirant dans ,la maison où d ies se ,rendaient. 1 r Passons en Al1emagne. Chez les Germains, du IV. siècle avant J.-C. g,usqu'au IX. .siècle de notre ère, les femmes et les hommes ont les pieds nus, dans 'la « carbaüne , , sor,te de sou!Iier fait d'un morceau de mir d'un peu plus de la grandeur du pied; on rabattait iles ,p arties débordantes, que ['on coupait en oreilles et qui s'entrecroisaient sur 1]e cou-de~pied. 'Les soul1iers des Goths étaient faits de peau ou de ctür de cheval, et couvraient tout le :pied; non c-ousus, sans semel:les, ils ressemblaient à la carhatine. Void un roi de '1a [)ériode gal'Lo--romaine qui portait des bottines vio1
leites aux üges déchiquetées; vo1c1 un, guerrier du VII. siècle don,t les soUJliers ou carbatines laissent 'les doigts à nu; de fougues courroies encerclent .les jambes jusqu'au-desS"JS des mollMs. Charles-ile-Chauve avût des sou'Iiers pointus de cuir doré, ne couvrant pas ~es chevi'Jfos. Au moyen-âge, à l'époque des chausses, ce!'1'es-ci se terminaient sous le pied par une seme~le rempilaça.nt 'la chaussure. Le musée de Glun:)' a réuni toute une collection. de chaussures anciennes, depuis ,les socques de la femme gau:loise jus.qu'aux esCa'l1j)ins de saitin noir de J'ùmpératrice Joséphi1J1e en ;passaut par Ies souliers à ,quart~ers relevés sur les talms des VII. et VIII. siècles, ~es fameux sou'liern à poUJ!aine, aux poin!es démesu,ré-<>...s de répoque de Philippe-Je-Bel, les souliers Louis XII à :bouts arrnndis en ve'lours sombre et crevés de satin olair, les soulier s Henri IV dessinés de perles, de grains d'or e,1 de touffes de rubans, 'les souliers à bouilfettes Loui1s IDI, 'les patins des femmes de Venise d!u XVI. sièole, en cuir blanc, découpé, ,sculpté, monté sur un soole de bois en forme de coqui'lle, iles bottes moHes des mousquetaires, garnies de denter!e ci portant au tailon .les éperons dorés, Œes souliers Louis XIV à bo,uls carrés, couronnés de rosettes, au mi'lieu desquel1les brihle U1n bouton de strass, Ies souliers Louis XV à. haut et fin taton, Jcs sou'liers Louis XVI à boucles, etc., etc. Voici Jes ta1ons rouges des seigneurs et grandes dames du XVIII. siècle, les souiliers espagnoJ.s, en maroquin rouge à gLands d'or, la. sanda·le ifalienne en filet, 'les menus sou.Jiers de ba'l garnis de satin clair semé de :roses .rococo et qui semble111t encore se dresser sur ijeurs pointes poul!" danser pavanes et menuets! De 1750 ,,à 1790, les hautes bottines, sont raba#ues sous ïes genoux. D~ 1790 à 1804, on porta des souliers noirs avec jambières et genouH!ières ,jeunes; mais en 1793, on vit Ies sans-culoNes sans bas et en sabots. La Restauration corunut le soulier découvert à ta1on anglais, Ja monarchie de Jui'Dlet
9
8 ,vit lie triomphe de la tb()lt.tine élastique, et, sous la troisième Réipubli,que, voici 1e sou'lier de couleur di,sparate, oLL bien en cuir noir avec une tige de d:rap gris ou marron, et emin, mélangeant .tous .les sty;les, empruntant à chaque époque un peLL d~ son [uxe, voici les cothurnes anfiques qu,i renaissent, et aussi 1es boudes Louis XV, :ies ta1ons rouges ou couveris de brillants les souliers de salin de soie, de broderie;, de dell'leliles. Jamais 'rart du cordoonier n'a été l'objet de tant d'élégance et de soins. Robert DELYS.
- - -- - - •aH,,..~--- -- - -
Variétés QUELQU ES BONNES H ABITUDES A INCULQUER AUX ENFANTS Les enfa.n~s doivent s'habi'!uer dès le premier âge : A ·se lever tôt; A être propres et 'à se tenir convenablemen1; A être po1lis et complaisants envers chacun, mais surtout envers 'l es vieillards · A manger de tout sans faire Ja g;·imace, même lorsqu'on leur sert un plat dornt 'le goût ne 'leur convient pas; _ A arriver à lhem·e exacte partout ot1 on les attend; A remeHre chaque chose à sa :place ,,près usage; A ne pas dire des choses désagréabies ou qui :peuvent peiner [e .prochain; A rendre .service toutes ·les fois que l'occasion s'en iPrésente. Tout enfant qui aura ,r éussi à acquérir ces bonnes habitudes fais sera rpartout où il passera un bon souvenir, et tou,joms son dépar t provoquera des regrets. 0000000
LA CIGALE ET LA FOURMI ,De 1',;Il<Ju.stration": La CigaJe ayant chanté Tout l'été . . . (Peut-être par négilige<ncc,
Ou par excès de confiance) N'avait d'au cune fa çon Fait la moindre provision iD' anthracite ou de charbon . . . Die >fut fort dépourvue Quand h bise fut venue .. . De charbon pas w1 .:morceau Pour alllumer 'le îoursneau .. . Ni briquette agglomérée, Ni bois pour .fa oheminée . .. P(u,s· de gaz dans le tuyau. .file al'là crier fa.mine -Chez la Fourmi·, sa voisine . . . La ipria,nt -de ~ui prêter Du charbon pour se chauffer. Car celle-ci, .pr,u<lemment, Dedans ,s on aru>a,rtement, Depuis p1us dïun an en1ier, En sa cave et son girenâer, A !l'aide de complaisances, ,E t de nombreuses li1nances, Âccumulait fas énormes De charbons de toutes formes. La Fourmi n'est pas prêteuse (G'e st ~à son moindre défaut). - Que faisiez-vous au temps chaud? Dit-ell'.e à, cette emprunteuse. - Je chantais, ne vous déplaise! .. . - Eh bien., dansez maintenant! .. . Morafüé. - (. . . Alors, la Ci<gai!e, en fureur, d it 1à 1a Fourmi : « Vous êtes une accapareooe, madame, je vais ·vous dénoncer au commissaire de po'!Jceo! •) 00000000 U t~E CURIEUSE STATISTIQl iE Un chercheur s'est amusé à cakuler le n ombr'! d ·années de guerre et de pai~ depuis 'ia hache d e pierre, jusqu'au canon de 420. Voici le résultat <le ses recherches . Depuis 1496 avant Jésus-Christ jusqu'en 1861, e•,1 3357 ans , tl y eut 227 année:; de :paix et 3130 années de guerres. C'est à ,d ire qu'il fa udrait exadement 291 3 années de p ,11x pour être à l'iveau. Noa., en prenons •!e chemin! 0000000
t La vie n'est ni un jour de fête ni un 1jour de deuil, c'est un jour de itravai~.
Le Trésor - Quattr! OH! Tutti! - Tutti! Des prés d'un vert tendre comme on les voit en mai sur les pentes du Jura. Des forêts où •les jeunes hêtres s'épanouissent, tel un sou. rire d "enfant, au milieu du sérieux des sapins sombres. Des taillis où mi:J'Je oiseaux gazouillent: vive la joie! . . . Mais, ironie des choses! du côté de Là Dernier, J'ap,pel persistant d'un coucou, triste :pré.sage pour Jes gueux dont la bourse est vide. - Sei! Ott! 'foHi ! L'Orbe, à ·peine sortie de 'la montagne, s'en va t-ransparente, délicieuse, vers ·les usines de Val!orbe. El'le est encore loin, la viJ.le bien loin. Les silhouettes des cheminées ~t des toits se dessinent vaguement Jà-bas dans le broui"llard. . . . '
Ici, nous sommes en pleine campagne. La pelirte maison devant laqueil'le :passe l'abbé se cache, solitaire, à l'entrée de la forêt. Le gris sale des muirs et le vert défraîchi des volets fait avec 1le gai décor des alentours un doufou,reux contraste. - Ott! Q uattr! QuaMr! Tutti! Quel vacarme! On devine un groupe d'homm<:s, des mineurs italiens ·sè 1ivrant au ,plaisir de la • murra », avant ·de reprendre le 1ravai'l du tunnel - peut-êire meurtrier, demain. Et les monosylla·bes résonnent criés hurJés souJignés·, -sur la faMe, de vi,goureu~ coups de poing. - Sei! Sei! Quattr! Des travai·Heurs, donc de braves gens. Car i·I les connaît, ](abbé. Au fond dii-il toujours ils sont ,presque fous bons; ~is i1I fau~ Je~ conV!)rondre, et pour 'les comprendre, i:l fau1 d'abord les voir ....
:pa:/
~ Dans la .pièce aux parois délabrées, tout ensemble misine, dortoir, sa-He à manger, petit et gra,nd salon: deu,x 1Uits, un fourneau des caisses, une mainn~te sur fa fenêtre et da,ns
' '
un coin, mais bien en vue, comme un tro:phée, le bâton « à tourner J.a· polenta ». La mère, femme primitive et forte, aux franches al'lures, serre contre son cœur un poupon qui se rnssasie - il a son compte, h1i ! la sou:rce est intarissable!. . . Cinq autres marmots, échelonnés de dieux à dix ans, 1'entourent, inconscients et malpropres. A défaut d'assiettes, i,ls malllgent dans des ·verres qu'on essttiera bien•tôt pour y boire l'eau de la fontaine.
~ Buon giorr:o, :buona dunna! Vous ne me connaissez pa-s! - Si, si. Je devine. On m'a déjà parlé .de vous. J'espérais :bien que vous viendriez aussi nous voir. L'abbé s'a,ssit SUT m:te caisse, attirant à J,ui deux des petiits déguenillés, qui, gênés, souriaient en détournant 1la itête. - Le pa:pa n ·est pas crà? - I'! a repris son travai'l au tunnel depuis deux jours. Le _pauy,re homme est maladif: H ne fait que des 9our,nées rares et maigres. - Et vous, 1a mère? Toutes vos heures sont évidemment prises par œtte nichée de moineaux? - Le bon Dieu :les envoie, i!l faut les prendre. Oh! vous savez, il n'y en a pas un de tro.p. Je me demande souvent ce qu'on 'l eur donnera le crendemain; mais la Providence est !à. Pa-s vrai, Pieririno? viens ici, mon trésor. Pierrino ne venait pas, Jll :res,tait dans son coin. De sa pauvre figure blème, on n'aperœvaii que ,les yeux: l'un tout blanc, 1"au1re esquissant un sourire embarrassé, très doux mais plein de trisitesse. - yoyez, fü la mère, qui venait de coucher le tout petit, et, de son bras d'HercuJe, soulevait Pierrino. Voyez cette jambe .... C'est un coup de pied ... . Ii1 y a quatorze mois ... . Nous t'avons bien soigné, mais .. . . L'abbé vü fa :pauVTe jambe, affreusement tordue et atrophiée, du bambin de cinq ans, pour foujours tmpuissant à g,agner sa vie, incapable même de marcher. - Mais i~ faut 'la redresser .pendant qu'it en est te1I11PS ! -
11
10 - Père, ,les hôpHaux et les O!pérations, ça coûte; ce n'est .pas ,p our les pauv.res. - l:,t s i nous trouvions un hôpi1al qui ne coûte rien, un médecin qui opère gratis? Lais. sez-moi faire. Il y a encore de braves gens, a!ilez . . . même parmi 1es riches. - Bon Père! vous guérirez mon enfant? Oh! je ne pourrais rien pour vous, moi; je ne suis qu'une mafüeureuse. Mais Dieu, sûrement, vous récompenserait. N'est-ce pas, Pierrino mon trésor? Dis merci au bon Monsie~. . . . Donne Ja • maruiina >. • . • Pas œl!elà, tla ,beJ1le! ..•
*
H y ewt .un moment de silence ému, qu'inierrompit le petit frère: - Maman, qu'est-ce qu'ii'I a dans soo sac, le Monsieur? - Mais, Oiuseipp, ce n'est pas bien d 'êlr~ curieux. - Dans mon sac ... Ah! toutes sortes de choses; les unes ne tïntéressent pas, mais ·~es autres. . ... Regarde tJ[l peu: des oranges rpout les malades ... des citrons ... du sucre en petHs paquets ... du chocoJ.at pour les enfants qui aiment bien aeurs petits fcères et qui obéissent à ,leurs parents ... > Toutes les mains se tendiren<t, et la dist<ri• bu.tion fut faite en un clin d'œi:1. ~ li y a encore. . . Qu'est-ce que c'est que ça? Un 10'1:i chien en caouitchouc, avec des yeux bleus, et Je bout du nez tout rouge . .. et qui crie quand on presse dessus ....
- Ah! firent les marmots en chœur. Et des yeux, ils interrogeaient leur mère pour savoit l'atiitude à ,prendre en présence de cet objet
d'a,rt, - VoÏ'là, dit l'abbé, pour vous amuser tous ensemble et sans vous battre. Une d~s m iettes murmura : Donnous.-le donc à Pierrinol - Oui, oui! pour Pierrinol s'écria le chœuir des petits oiseaux. Et ioule ,la famÏIUe eut un instant de bonheur sans mélange, en voyant Ja joie du pa_u· vre estropié, qui contemplai! son petit chien.
w:
.
Une chose avait fra.ppé l'abbé, dès :le d~ bu<t· mais il avait feint de ne pas voir, Tous. les enfants se trouvaient plus ou moins vêtus comme les pêcheurs napolitains _ mode peut-être to1érable au pays des oran. gers, mais déplacée dans 'le Jura vaudois '1es plus grands, même, d'un gesite instinctif, cachaient avec leurs petites mains ce que Jes chiflollls ne couvraient pas, Quant à 1a robe de 1a mère e'l:le était à l'avenant; et, par place:., on voyait « le jour » à travers. Or, -dans il e miséraMe faudis, il n'y avait pas .plus larmoire à linge qu'au paradis terresfre. Et les haî.lions dont s'enveloppaient 1es sept composaient évidemment fout leur vestiaire: habits de travaiI et toile,!1es des grands jours.
*
0 snobs, qui ne rêvez que ioot-baH, aéroplanes, automobi'les et cigarettes, élégantes qui ne parlez que bi·joux, parfums et oha.pea ux, avez-vous jamais vu de près la détresse des meurt-de-faim? Avez-vous res.pi,ré l'âpre odeur qu·exhale la misère? Avez-vous soupçormé ce qu'on voit, •là-bas, sur •l es bords de J'Orbe, dans ,Ja cha-u mière encadrée de verdure, de wleiq et de chants d 'oiseaux? ... ~ L'abbé tira de sa poche I\J'll carnet sans rien dire et nota: A habiil1er: deux fi llettes, 9 et 10 ~ns; Pierrino, 5 ans; Giusep, 3 ans; un bébé de 2 ans; le nouveau né. Puis, il ajouta: 'la maman. Et pour cacher s001 ,jeu, du calepin noir il sortit deux images, .une du Sacré-Cœur, une de la Vierge, et tes tendit aux marmots stupéfaits. - Depuis fongtemps, fü la mère, joyeuse, je désirais mettre que'tque chose au-dessus du lit ,de mes enfMJts. Je n 'avais rien. Regardez, les petits, comme c·est beau ... Viens, Gioconda; viens Giusepp, donne un baiser à la Madoru1a; et toi aussi n 'est-ce· pas, Pierrino, mon trésor? . .. - Brave femme, je reviendrai bientôt, voir 'le père et ijui pa11ler. Aujourd'hui c'était seuJemernt pour faire connaissance avec la famille. . .. Voulez-vous ,que Dieu vous 'bénisse tous?
Je vais
vous dire la iprière pour les enfants
sages. La femme se mi1 à genoux; cinq enfants fi. mitèrent. Mais Pier-rino - le trésor! - après une tentative désespérée pour plier sa pauvre j.arnbe, resta debout, serré contre sa mamau. Et dans la chambre voisine, 'l'es mineuu en goguett~ jouaient toujours: Quafü! Ott! Tu.Hi! Tutti!
.......
Le chapeau de soie (Coole pouir le Jour des Rois.) Le •p lus extraordinaire, le plus inquiétant <l':'s chapeaux de soie que j'aie aperçus dan3 ma vie, occupait 'le compartiment central d'un bahut ancien, composé de trois corps que séparaient des cloisons et que formail u:ne seule porte de chêne sculpté. Il était démesurémen t haut el évasé, avec des bords dt:m·~urérne,,t •larges, relevés et combé3. On i'eut pri3 po1:r Je chapeau d 'uu orateur ipopulaire en 1818. Le poi·l n'en était pas seu,lement rouge et inéga·J; il offrait une série de mèches, de tou,bilbns. d'éraflures, et ce 1Juisant métaHique, par endroits, que donne aux chapeaux des iiun,oies l'empiloi de la brosse mouillée. M. Narcisse ne pouvait, œpenda1rt, èlre compté parmi :les pauvres. L'hérifagc d une de ses tantes, et le ma1~heu1r qu'il avait eu après nn an de mariage, de perdre M.me N:u cissc, lui assuraient, pour ,la fiu de ses jours, une aisance ,q u'il- n 'aifichail pas, ·qu'il ne r isqua tt pas, mais qu'il appréciait. Tot1,I le mo,Hle savait d'où i.l venait. A;p,rès }a guerre de 1870, on avait vu ar.riiver, dans ce che!-lieu de canton de la Sarthe où je l'ai rencontré, un homrue d ·,une quarantaine d'années, très grand, avec une figure plate, des yeux bleus inquieis et doux, des cheveux :presque blancs plaqués le loug de.; tempes et recourbés en accrochecœur. U se disait originaire d'une petite vi;Je de la Lorraine, où i•l avait rempli 'les !onctions de ,g reffier de la justice de paix, était bien accueî,l'li en pays manceau, achef.ait une mai,son, la meublait, et ne se distinguait vlus de ses voisins que par sa taille plus élevée, le
sourire prudent qui lui servait souvent de Ja•ngage et !l'extrême réserve qu 'il gardait lorsqu'on ,parlait devant lui des épisodes de la guerre. Pourquoi M. Narcisse avait-il donc serré dans son bahut le chapeau hors de service qui reposait sur un champignon de bois de rose, et que ilanqua ient deux figurines devenues extrêmement bana'les et représentant les deux provinces annexées? Evidemment, celle re1ique très .ridiou:J.e devait évoquer, dans Je souvenir de M. Na,rcisse, un souvenir d'idylle ou de drame. J'appris du bonhomme lui-même, le sec-ret qu'il a,vait eu longtemps intérêt à garder, et qui ,peu{ être raconté, maintenant que fancien greifieT s'en est alHé dans l'autre monde C'était donc en janvier 1871 , dans une petite vilile de Lorraine, et le jour de la fête des Rois. Les A·Ulemands - une division bavaroise - occupait presque toutes ,les maisons et tou,s iles éd,itices ,p ublics. Ils avaient même établi un hôpital dans 1le vieil hôtel où s·étaie•n t teooes aes audiences de la ju.stice de paix, où M. Narcisse habitait encore, gardant ses registres, ses fournitures de bureau, et 1e fau !eu.il doublé de cuir du magistral en fuite. Pour cé'lébrer la fête traditionnelle, le greffier avait traversé 1le pont sur IJa rivière en ce moment gelée; s 'était réuni à quelques amis très sûrs, et, portes closes, à demi-voix, tandis que le pas lourd des patrouiLles fa isait sonner les ·vitres, il avait dit, levant son verre plein d'un ;petit vin de 1a MoseLle: A ,la France, mes amis! A la grande reine! Il revenait excité, moiins pa-r le vin que par les mots dangereux, les mots défend us, que la peur enionoe dans l'âme comme .une m:i!le prête à sauter. Les basques de sa redingote et de son pardessus, déboutonnés malgré 1~ fro id, claquaient au vent. IQ marchait vite, la !ê!e en arrière, et coiffé d 'u n chapeau de soie monumental que connaissaient tous ses concitoyens. H éprouvait dans 1les bras comme des secousses de colère, qui lui faisaient serrer les poings. La nuit était à la fois bm1neuse et glacée, une de celles, trop nombreuses cet hiver-là, qui endormaient d u dernier sommeil 1
12 'les traînards des armées en ma•rche. M. Narcisse a·vait envie de briser 'les reins à un ennemi. Et le mafüeur vouJ~ut qu'un soldat bavaroi,s , aux trois quarts ivre, insw!ta sur la route œt homme qui passait, avec raison, pour ie ,plus timide et Je plus rangé des plumitifs. Ils sétaient aperçus de loin, à 40 mètres peut-être, venant en sens contraire. L' AHemand, très gros, titubait et parlait seul. Ils se rencontrèrent sur Je pont et •le soJdat dit, en mauvais français: - Passe pas monsieur! L'autre se porta à droite. Il se sentit bousculé, puis saisi au collet, se dégagea d'un cou,p de poing, et forieux, avant q.uc le soldat eüt eu '!e temps de tirer son sabre l'en'taça de ses deux bras 'le sou'leva dans un effo.r.t de tous ses muscll~s raidis, et 1e jeta contre la borne d'angile qui protégeait l'entrée du pont. La nuque heurta le ·g ranit. L'homme resta étendu Sll!I' son grand manteau subitement développé dans 1la chute. Narcisse ·r egarda une minute son adversaire, évanoui ou mort, il ne savait lequel, Et i'l n'avait pas encore ressaisi la pensée, il n 'était que ~e spectateu·r stupide de son œuvre, quand un clairon sonna dans le quartier haut, derrière lui. Alors il eut peur, i~ comprit qu'on aMait venir; i'I vit clairerrl!nt la suite fatale de son aventure, 'l'officier à mouslache blonde qui commanderait : • Arrêtez-le! », l'interrogatoire sommaire .la victime sortie de son étourdissement et q~i parlerait, •les canons de fusH du peloton d'exécution qui s'abaisseraient ensemble. Di essaya de mettre l'homine debout contre 1(e ,parapet. H y parvint à grand'peine. Ses doigts n'avaient ,plus de force. Et, comme une seconde fois Je c'lairon soruiait, couvre-feu sans doute ou a'lerte de nuit, le greffier pou!sa par les épaules ce corps inerte, qui bascula ipar-<lessus 1a rampe et tomba dans Oe vide .... Le pauvre soupeur du Jour des Rois racontait qu'i't naivai1 jamais entendu un bruit pl:us affreux que ·celui de :j.a glace q.ui se rompait sous le poids, et qui criait ensuite, d 'un bord à 'l'autre, en se fendant. Cela ressemblait à une plainte, à .un aJppel, Il courut ,jusqu'à la justice de paix, entra 1
par 'la porte du jardin, et ne Œ"encontra aucun des médecins allemands. La visite du soir était deipuis ·:-ongtemps faite. Les religieuses françaises vei'lilaient seules 1es malades. Narcisse se coucha, dans la chambre Qu'il accu.pait sous les combles, et fut pri·s d'une fièvre violente. Dans le délire, il se 'le,vait, frappait les murs, se ,penchait .par-dessus les chais~s qui meublaient ia mansarde, et criait: - Mais enfonce donc, misérable! enlonce donc! Si bi~n ,que, vers deux -h eures du matin, une des Sœurs• infirmières monta. - Qu'est-ce que vous avez, monsieur Narcisse? . .'. Mais oui, ia fièvre, très iorte ... H se imi.t à cr-ier : - Non, nu .sœur, un crime! un crime ! Lill crime! Die ferma promptement la .par.te qu'el'.le avait laissée entr'ouverte, fit recoucher le pau. vre greUier, lui ordonna de se tai!re, mais ne put obtenir •le si'ie11ce que quaud il eut raconlé toute la scène de la veil,Je Nlors, i1 sembla reprenci re la raison et devint soumi!i comme un enfant. Les 1.armes commencèrent à couler de ses yeux. - Sauvez~moi, ma petite sœwr, disait-i-1, répondez-leur qtte je ne suis jamais sorti .. · . Vous ne les ,laisserez ,pas monter, n'est-ce pas? La .religieuse Je rassura de son mieux, mais el'le était extrêmement pâle .JorsQ.u'eHe se retira, parce que, ayant vou:111 mettre un p~u d'ordre dans la chambre, en lemme prudente qu'el'le était, eUe s'était a,pe.rçue que •le ci1a1~au avait disparu, le chapeau de soie aux bords !égendai,res. 1
Pendant trois ,j,ours, Narcisse ne quitta pas la mansarde. La fièvre le ressaisissait chaque nuit, et Je délire et cette mystérieuse passion de 'l'aveu, qui naît du sang versé. Le quat,rièrne jour H déclara qu'i'l voulait voir, à tout prix, 'l'endroit où s'était passé 1Je drame dont on .parla•it en vi'Je. Et, comme les reHgieuses l'avaie·nt supplié de ne ,pas s'aventurer dehors par ce froid, i'l dit à J~une d'ei!Jes, qu'il avai,t rencontré dans 1le couloir: - Vous m·avez donc caché mon chapeau?
Ce n 'es! pas bien, ma sœur. Vous savez, je suis _obligé d'a'l-ler tête nue. La sœur n'était 1pas dans 'la confid ence. Elie réipOndit doucement: - Mais, monsieur Narcisse vous ne l'aviez pas, l'autre soir, ,quand vo:,s êtes rentré . Je vous ai vu dans le jardin. 1,1 devi,nt pLu,s blanc que la cornelle de la sœu•r . Au même moment, sur fa première m.uche de l'esca lier que M. Narcisse afüit descendre, apparut un sous-officier a·lïeman<l, ganté, correct, qui apercevant !"homme fit Je saiut milô.iai,re et di1: ' - M. Narcisse? - Lui-même. Le greffier, devant fennemi s'était retrouvé sub~ienwnt. H avait 1a tête ha·~.fe. Son visage rasé, encadré par deux accroche-cœu,r d'un blanc roux, son extrême paleur, son grand corips qui s'était redres·sé tragiquement, ses deux poings en garde et rapprochéJs de 'la .poitrine, ·lui donnaient 'i'air d'un ma uva•i s acteu~ de mélodrame. Le mallheureux jouai.! sa vie, toul bonnement, et il en a,vait conscience. - Ordre du général commandant les troJpes d occupation I dit •le soldat suivez-moi. ·Par ,u,n matin clair, à traver's ·les rues que la chute récente de la neige a•vait rendue" silencieu,ses, Narcisse .f.ut conduJt à la mai.rie, sal'ie des mariages. Elle a:vait encore ses ridea'UX de reps ·vert et ses ta1bles de chêne ci·ré la salle des mariages; seulerrIBnt, à la pk1c~ du maire en échar-pe, un généra:J a,J'emand éta'it assis, entouré d'officiers. A droite entre deux soldats, quel,qu'un se tenait debo~t, que Narcisse reconnut bien: le meunier dont ·le moulin se trouvai:! au bord de 1a rivière, à 200 mètres au-dessous du pont. Enfin, sur la table en be'Ne place, le greffier aperçut le chapeau de soie, délon.cé, cou,turé, humide encore ct·un séjour prolongé dans ]·'eau. Une image lu.i traversa l'esprit, cel:Je des deux ,illlitiales d'or, qu'il avait tant de fois recollées lui-même sur la coiffe du chapea,u: Robert Naacis•se. Ava.ient-e'Jlles tenw? Etaie[Jt-eï:e·s p:irties? - Monsieur, dit :Je général, vous savez
aussi bien l'a.Hemand que 1Je français. De plus, vous avez Fha:bil,ude des .procès-veflbaux. - Oui, monsieur, dit ferrnern~nt Narc-isse. - Jt y a eu mort dbomme, mort violen1e da11s cette vtle, voilà troi.s ,jours. Le greffier regarda ·le meunier, qui avait une figure de stat,ue, immohi'le, mais deux yeux de 1!amme qui disaient: - Pour Dieu, 1ais-(oi . Et il se tut. - Reconnaissez-vous ce chapeau,? continua t'oHicier. A-t-iq appar.[enu à quelqu'un d'ici? Na,rci'sse fit un 1)a.s se courba et1 découvrant que 'les iniüailes ;vaient disp;m, ,f.ut pris dune es,pèce de sanglot de joie, qui ressemblait à un fou rire. - Qu'avez-vous? Pourquoi riez-vo·u,? Mais la certitude qu'i•l aurait la vie sauve était en trée au·cœur du g,reffier. Il fit un grand effort pour rire, en elfe!, et balbutia: - C'est qu''.i'l esl de forme si ancienne! .. . Personne ne ,porte .plus de chapeau parei'!, monsieu,r. . . Nous autres Français. . . !a mode. . . vous savez .... Le généra t réporul.i•t: - Oui, 1e sa is. Le meunier a dit ,Ja même chose, tout à I heure. Ecrivez en français ce <Jue ,je vais vous di•re en al;Jemand. Et Narcisse transcrivit Je procès-verbal qui relâchait Je meunier, déclarait purement accidenielie '1a mort du so'.d at Wrangel et ,reconnaiS1Sait, conformélî'.ent à 'l'avis des médecins mililai.res, que J.a blessure à la nuque r.vait été produ.ite pa,r la chute sur la glace. Ce fût ~e dernier :procès-verbal' du gremer Narcisse, q11Ji avai•I tenu la ph1Jnle d:ms sa propre affaire. Le pauvre homme ne put Jamais repasser le pont sur 'ia ,rivière, jamais remonter chez ses amis du soir des Rois et dès que Ja paix fut faite, quitta Ja Lorr;ine'. René BAZIN, de l'Académie lrançaise.
Les animaux à la crèche Quand !les bergers et 'les Mages fu.ren1 pa-rtis, l'âne, qui réfléchissait profondément à
15 cettl! double députation de 111umanité auprès de J'Enfant~Dieu se dit qu'il était juste que les animaux vin~sent, eux aussi, 1 adorer. Les mages avaient humitVié ~ ses ,pieds l'orguei·l des grands de la terre; :les bergers 'lui avaient di1 'l'humble amour des pauvres gens; c'était bien, mais ce n,élait pas tout. H manquait les bêtes. Il' y avait bien 1ui et 'le bœuf, mais vraiment ::e n'était pas assez pour représenter fa gent anima'le, d'autant rplus qu'i,Js se trouvaient à poste fixe dans celte grolle où le Christ a·vait voutlu naître comme par hasard. Il fatriait une dépuia1ion, et u1J1e dépufation assez nombreuse, assez va,riée, pou!· être représenia!i,ve de ~'espèce. Ayant bien mûri son idée, l'âne s'en ouvrit au bœuf, ·qui comprit au bout d'un certain temps. - Je vais les chercher, conclut-i'l. Le bœuf s ·ottrit de l':tccompagne:, mais l'âne refusa. - Non, reste. Tu vas trop lentement. Reste pour récha,uiier le Pefü de ton ha,leine. Et Ï1I par(i(, la nuit ve u:'.!, à l'heure où 'les étoÏ'les commencent à trouer .le ciel comme des c'lous d'or. H iraversa d'abord 1e village, aîin d 'avertir 1es animaux domestiques en service à BethUée,m d 'avoir à se tenir prêts pour I heure Sll'ivante. P uis, descendarrt vers l'Ouest, sur la route d,.Hébron i'l s'engagea dans les vallées qui tournent auiouir de la petite vï:lle davidique, la séparant du désert inhabité. A chacune des échapipées qui s ·ouvrent vers Hébron, vers la mer Morte, vers Jérusalem et vers -la grande mer, l'âne cria de touie 1a fo rce de ses poumons l'heureuse nouvelle et l'invitation à se j.oindre à ,tui pour a ller adorer 1'Enfaint Jésus. Dans 1e silence de la nuit, sa voix éclafait formidab le, ,pareiHe à une trompel!e de mivre. Dieu ,ne '!"avait-il pas dolé d'une tei'le .puissance vocaqe en vue de cette circonstance unique de sa vie? Cette ,pensée d'un rô1e ,prév u. et préparé .par fa Providence enflait sa poitrine d'une force nouvel'!e inconnue jusque~!à. Dans toute la garrigne e11vi:.o:rna11:c, cc fut ,u n branile-bas général. Appe'lés p1r celle
vo•ix sooore, accrue en<:ore par l'écho qui la faisait rouler comme un 1orren.l dans iles vallées, les animaux accouru,rent, les oiseaux aussi bien que les q uadmpèdes. Le r assemblement opéré, ~··on se mll en marche, car 'Je temps pressaH. Bientôt, 'la l'o ngue fi1e arriva. L'âne, habitué à conduire .les caravanes Je chameaux, marchait en tête, comme de juste et tous '1e suivaient, en ~.mg, graves et reoueillis. On eût dit une ;procession. A Bethléem, les animaux domesti.ques se joignirnnt aux bêles sauvages venues du désert et fon tit route vers la crèche. Comme c'était Oa nruit, personne ne s'en aperçut. Tou-t Beth'léem dormait, ignorant 'la merveil'le. L'âne ay;ait lieu d 'être fier de sa randonnée, car 'le troupeau quïl conduisait :paraissait sortir de J'arche de Noé. Il y avait là l'éléphant habitué aux lourds fardeaux, 'le dromadaire qui peut tra:verser le désert sans boire, -raulruche plus rapide à la course· que 'la mei'ileu,re cava~e, le cerf à 'La tête ornée de branches d'arbre, le cheval[ toujours frémissant, en un mot, toutes tes grosses bêtes; mais i'l y avai1 aussi 'les petites: ,Je chien, le chat, la gazel'le, 'la brebis, la chèHe, el parmi ies Oiseaux on distÎIIlgua.it Je coq, le paon, l'hironde'.ile, la colombe et l'aigle roya'I. Tout un vol de ,passereaux aux plumages mu'ltico:ores, huppes, pinson, alouette, mésa•nge, c:hanlonneret, fauvette, voltigeait au~essus, e t toute une armée de rongeurs, rat, hérisson, ta:upe et porc. épic, trottinait aiu-dessous, troupeau menu. Il y avait même une panthère, devenue soudain dou-ce comme un gros chat, et un chacal cootrit comme ae publicain de J'Bvangile. Il ne manquait que le serpent, maudjt de Dieu deipuis qu'i<l avait offert à Eve ']e fruit défendu, les oiseaux de nruit à réputation si.nistre, Je bouc voué i Satan, et 1es an imaux méchants qui font le ma"! pour Je mal. Arrivé devant la grotte, 'l e déiilé, sur lll!1 signe de Jésus commença, L"âne qui étaH k plus expérimenté, et qui, d'ailleurs était chez 'Lui, ,Jes pré!senfai·t, et chacun di sait son mot, • Meuh • , disait la vache; «bée., disait Je mou1on; « cocorico•, disait 'le coq; • hou
bout», disait le chien;« miaou•. disait !e chat; • oui cwi •, disaien t Iles oiseaux; « hihan », disait l'âne. Eti Jésus, qui comprenait le langage des bêtes, parce qu'il 'les avait créées autrefois, au commencement du monde, q~and i1 était le VC'rbe, ,les béni,ssa it à mesu:re 1Jes con' solant de toutes fours misères. - Seigneur, disait !l'âne, c'est encor~ moi le plus ma<lheu,reux. ·L'homme est un maître cruel. Des coups, jamais de caresses el de la mauivaise pai],]e, voHà n.10n lot. ' - Pauvre âne, répond,ii Jésus je t'emmènerai avec moi en Egypte, et le 'jour oi:t je voudrai en_trer à Jérusa'lem comme un roi, je le prendrai pour monture de préférence au cheva-1. Ce jour-1à, on jettera des palmes sous tes ,pa,s, et 1u marcheras sur des iapis. En. a1tendant, donne aux hommes l'exeJUple de, la patience et de ,J'IJmmirlité. - Seigneur, disait la brebis, l'homme me tue mes petits agneaux dès quïls sont grands sans souci de mes cris douloureux et il m'en~ lève encore ma 'laine pour se faire' des habits chauds sàns s'fo1qu.iéter de savoir si j'aurai froid. - PalllVre agne'fie, répondait Jé;us, patiente encore quelques années. Bientôt, à Pâques, c'est moi qu'on immoilera à la p lace de 1es pefüs, et 1'0 11 m'appei1lera ]'Agneau de Dieu. -, Seigneur, disait le coq, moi 1je n'aÎ .p:is à 111,e plaindre, comme l'âne et la brebis mais je fais bien mon trnvai,J .Tous les 1~1tius, quand le solei1 .paraît, je iorœ à o;e lever les hommes paresseux, et je vei'!.Je à iout dans l~ basse-cour. - ~rawe coq, r~ponda it Jésus, je com1Jte sur 101 pour avertir saint Pierre quand i'l m'aura renié, et, 1POUJr te ré<:ompenser de t·a vizilance, ,plus tard, quand j aurai des éal'ises, je te metlni sur mes clochers. "' - Seigneur, disaient 1es petits oiseaux l'oiseleur dét,ruil sans cesse nos nids, el quand ce -n'est pas Iu.i, c'est le milan qui '!es emporte dans ses serres cruel[es, el quand ce n'est pas_ le milan, c'est le se.rrpent, !ui, qui, a u p::t· rad is terrestre fut cause de tout le mal. A ce mot de paradis ter.resl,c, fou,, ,:es anima·ux se lamentèrent, car .tous se souvenaieu1
de ce q ue leurs grands-parents qui y avaien! été, leur avaient rracon té. Et c 'était à qui bê""e. rait, beuglerait, aboierait, miaulerait, piaiHerait de plus triste laçon. Seigneiur, disaient-itls tous, pmuquoi Adam a-t-i'l péché? . . . Ah! sans le serpent, ce mau,li't senpent, comme nous serions heureux!... Au Heu des maux que nous souffrons, ce sernit une félici,té sans bornes. Mais, sans d-0u!e, maintenant tout cela allai·t changer. Jésu s n'est-i'l pas .'né pour guéri-r 'les maux que souffrent id-bas l 11om111e et ,les animaux?. Puisqu'i l venait racheter la fau1e d'Adam il en supprimerait aussi •!es tristes conséquences . l'i établirait le roya001e messianique. Or, dans ce r oyaume, disaient !es prcwhéties, le )ion et 1'agneau joueraien t ensem.lfe, car Je •lion se nourrirait de .pai,IJe tout comme le bœuif. C'était 'l'ancien p aradis qui aJ:Jait renaître, paradis dans Jequel les gros ne mangeraient plus les petits, et où ceux-ci n'auraient à craindre -n i la dent des carnassiers, ni la griffe des rapaces, ni les armes de ~'homme.
A ce-tte pensée, d ·uu élan, lot1fes les bêles por.1èrent vers Jésus. Les plus proches Jui iéchaient les pieds, et les autres satisfaisaient sur le bois de la crèche le besoin de caresses que !:a •recon:naissance leur mettait au cœur. Le chat, qui s'était glissé entre 'les pieds de Ia Vierge, passait et repassait câliuemeut devant el'l., frot tan t du dos et de la queu~ la rnbe de Marie. Sur les poutres du plafond, !es colombes et les pigeons rengorgés roucoulaient, faisant vers la s:iinlc FamiLJe 'leurs plas profondes révérences. Lihirondel'ie, incapab1e de tenir en place, traçait dans l'air des ·lignes invisilb!es, des courbes et des arceaux renve rsés, avec 'l"agi•i1ité d'une navel'lc aérienne; el :e paon, juché derrière saint Joseph , a uréolait tout le groupe de sa queue frémissante déroU'lée en un J:uxueux éve1üail. Et Jéaus qui n·a:vait pas riwondu aux pelils oife::ux, tri·ste et souriant 1 la loi,. <lisait ,;ÏI~ p1ement: - Je vous bénis. Gro·issez el mu': tipliczvous. Cela dura longtemps ainsi. Ceux qui ava.i ent SP.
17 16 à se plaindre de leur infortune éfaient les plus uombreux, et bien peu se déclaraient contents de ]eur sort. C'était comme chez les hommes. Quand ce fut fini, 1ous, .sur un signe de la Vierge, partirent. Aior·s , Jésus htigué, s'endormit entre l'âne et le bœuI, demeuré3 seuls . F. ABEL
••• Variétés COMMBNT GUERIR TOUTES I.;ES PEINES Comme'llcer ;par bien nettoyer Je fond de votre cœur afin Ciu'i.J n'y reste aucun germe dt! viei'1 égoïsme; prendre einsu,i'le de la patience et de ·Ja douceur; y ajouter une dose raisonnable de bon sen,s, avec une gou.rle d'eau de Léthé (qui a h ver!u de faire oub'lier le passé) et qui devra endormir en vous les peines et les oifenses d 'autrefois. Joi>gnez à ce méla,nge quelques onces, non pas ct·espr :t léger, mais d 'esprit fadle; un grain de sel pilé très fin; beaucoup de bonne volonté, d'éner,~ie, de charité active, un !Peu de courage et d'assurance, sans oubHer le ca}me mêlé de joyeuse confiance Bien mé'ianger le !ou t et .prendre ce breuvage avec une grande simplicité de cœur. Si, contre toute attente, il ne vous ca liru.it pas, jetez vers le ciel un regard suppiiant; a1ors soyez sans craiinte, vos '],armes se ~écheront, ·votre bouche souri,ra et pe-rrnnne a.i monde ne pourra deviner votre secret. 0000000
DEPOT DE CHARBON SOUS L''E AU li y a un an 1a Duquesne-Ligne Co, de Piltsbowrg, était vidime · ct iun incendie dans ses réserves de ·Charbon; el'le perdi.t des centain~s de tonnes de combusüblle avant d 'avoir pu se rendre .maîtresse du ·s inistre. Pour éviter 'Je retour d'un semblable événemen!, elle a fait construire, pour sa station génératrice des îles Bruccots, un dépôt sous 1a rivière, pou· vaut recevoi,r 100,000 i onnes de charbon. C,e dépôt seI1a contenu dans un réservoir de 25,5 pieds de profondeuc s.u. 791 de IJong
et 153 de large, en plaques de béton renforcé et disposées de façon à permettre la dilatation. Un mur so!lide et obljque, formant tluai, empêchera le réservoi,r de sïnonder au €a& où 'les eaux seraient très hautes. Des grues servLront au transbordement du charbon. Etant donné :Je grand volume du réservoir, on a prévu des soupapes ,pour pouvoir le noyer en cas de besoin. L'eiopérience ayant démontré que ,le charbon peut entrer en combustion spontanée dès que l'êpai~eur de son enlas·sement dépasse une .quacrant:aine de Jnètres, on conçoit l'i'dée de 'la Compagnie d'éclairage de Pi,ttsbourg. N ul doute que cette idée ne soit bientôt imitée, dans les deux mondes, où 1e combustible devient de plus en plus précieux. 0 000000
NOELS D'AUTREFOIS Charles Monsellet fut non seulement un charmant écrivain mais encore un gastronome des plus réiputés, car si son formidable appétit exigea it la quanti!é, '1a dél,icatesse de rnn palais é!a.it sévère sur la quali té. Un jour, un de ses amis ie r encontre devant ·le 'f:i.meux resfauralllt BignŒn, 'b. figure épanotiie, et voici le diafogue qui s'échangea: - Vou.s a\lez '1'afr ,si joyeux, mon cher Maître. d 'où venez-vous donc? - De fable, mon exce'l'lent ami. - Et qu'avez-vous mangé de bon ? - Une dinde ... ,une dinde farcie ... farcie et i:ruffée! - Combien étiez-vous donc à !able? Nous étions deux. - Et qui était ,l'autre? - La dinde, dit Monselet. Et il continua son chemin eu se caressant amoureusement le ventre. 0000000,)
• A~1 concours agricole: - Permetl'ez-moi, madame, de vous présenter un de mes bons amis, brave cultivateur, qui est, croyez-moi, beaucoup moiills niais quï~ n'en a Œ'air. - Madame, riposte :le campagmard, c'est iJa d'ifférence qu'ii y a entre mon ami et moi!
te billet de logement
regards se iportari.t su:r .PAi~e, i'l a:j-0uta: • Et ·les ruvoir sous 'la main.•
Fl faut vous dire que je suis .cruré de ia pefüe ,parniS1se de · Brunswi,Mer près de Saveme derpui~ plus de 40 ans. Or, -ce jou,r-Jà, 7 août 1870, ~e regardais passer 'les canons ies voitures, les ,régirments qu,i fuyaient, s~ivis d?~e fou[e de traînards. Que'l désordre! f éta1,s consterné! Vers 10 heu·r es du matin le défi~é cessa, je vis encore un pauvre cuirassier qui demandait à boire : < Ll y a encore Ues zouaves, nous dit-il, et derrière les uh,lans. »
En effet, g'aperçus une fongue colonne ser:rée qwi s 'avançait vers IJa route de Niederbronn; c'étaient '1es zoua;ves: j'en avais souvent entendu par,ler, mais je n'en avais jamais vu. Ah! queil changernen,t ! l'ls entrèrent dans le viJ'Jage tamboUiT battant, bien a-lignés, au pas d'une marche ,retentissante quci. donnait tl chair de 1PC>ulle: on eût d·~t qu'i:ls revenaient d 'u ne promenade militaire. ,J'en éprouvai,s de Ua fierté et je repris courage en .pensant qu'une parei'l,Je retraite vafait bien u.ne marohe en avant. Us se formèrent en car,ré sur ·la place, enire Ja mairie et 'Vég1i,se: ils s'étaient battus comme des rlions Ja veiile à Frœschwiller et maintenaint iis protégeaient Ja retraitd· 'c'étaient ,presque tous des vieux à grande barbe, au visag-e noirci, beaucoup étaient blessés , J.e . ,. . premier rang eta1t couvert de chevrons de croix, de n1&l.ai Lles. Au centre Je,s offi.~iers disowtaient; j'ai .su depuis, qu'~n ne [)Ouvait pas camper, ,p arce ,q:u'on avait 'laissé les sacs et les bagages ·là-bas, pour rés·i,ster jusqulà :la fin. l'i s'a,gis.sait cependa111t d'abriter les hommes car 1e temps était affreux. Une idée me vint: ti 'entrai dans ,Je carré, et j'entendis un olfi~ier dire: • Mon colonel, i'J n'y a pas de qu01 loger 500 hommes, et toutes Jes maisons sont éparses.» 1
. ~~ _<lUe ma ,paroisse soit pauvre et hte, [ egliise est ,grande : c'est une ancienne baye. Et le colonel 'la regardait en sant: < l'i faui pourtant 1es foger tous. • Et
pe-abdises
Alors, je me décidai; je m'enhardis: • M. le. colonel, diis~je en montrant l'église, ]e bon D1eu offre un fogement au 1er zouaves. » Il m'a,perçu t et tressa.itlit; son regard rn 'alia dro~t. au cœu,r, tant i1 exprimait la .surprise, la JOJe et la reconnaissa:nœ. C1étai.t- un grand bê.l homme, i'I me sa'lua majestueusement et me dit tout grave: « M. Je curé, je ,s,uis v~tre serviteur; i_'acœ:pte 'le bilfilet de logement; veuillez ·remercier 1e bon <Dieu de ma .part. » . Un instant après, les zouaves se .précipitaient dans l'ég'lfae en poussant des cris de joie. figurez-vous un ou·ragan, une ava'lanche! De suite, je fus en:tou,ré: < M. 1e curé, nous sommes 'les cuisiniers, où est Je bois?» Je les emmène devant Je tas de bois de Lt cornlllUille, et ie fais ,l a distribution comme un chei. Aussitôt 1es feux flambent -le- long de,, murs, Œe café se fait. ,Le capora,1-sapeur ap·JJO:le une tasse de fer-blanc au cdlonel qui b01t; tous 1es off.icie:rs boi,vent les premiers. Un vieux zoua·ve m'appo.r:te wte ga.rnelde: • Marabout, vou1ez..vous du kaoua? • }'accepte, il est exce11ent. Je suis assaiJ.H de nouveau: « M. •le curé, nous sommes Œes ca.pora.ux d'ord~naire connaissez-vous des adres-ses de fourni,s se~rs? • Un foumisseur, grand Dieu! i'1 n'y en ·a jamais ~u ici, mais j'en trouve dix, vingt; je les c?ndm.s chez le boUJfanger, ·Je boucher, J'épic1er, le caba-retier, Je réq,uii.sitionne tou<t. Voi'là maintenant ·les fourriers qui nùssu:rent que je suis 1le préposé des lits mijita1r~s. Je '1eu,r fais ouvrir une grange dont, un msitant aiprès, :Ja pai'lie est transportée dans l'égi1ise. .Puis !les sergen,ts~rna,jors me disent que '.t c~onel accord~ un quart de vin, mais quï'l n Y a pas de vm; nous a1J.lons chez le mair-!. un gros vigneron, et iles tonneaux sont en•fe~ vé.s conune des 'ballons. L'idée qu'il: faut nourrir ile régiment doone toutes les au.daces, je -commande impérieux comme un tyran, et mes paroissiens m'obéissent. Le oo!onel est content et m'a,ppeHe: • M. 1'fotendan t mifüaire.,
19
18 . . . Et quel spectacle en entrant dans l'ézou:ives ont couché ·ici Je 7 aottt 1870 •, et au. glise: un adjudant est dans la chaire et ,j'endessous, en patois forrain: c Se nan ,po to jo ., tends: (Non ce n'est pas ,pour toujours que vous ê!~s - Le colonel est prié de :Porter à la con- partis). Ah! quand ,vous reviendrez, je serai naissance du régiment ~es éloges adressé3 par bien vieux, mais j'au:rai assez de force pour le général Ducrot, commandant la divisiontirer la corde de la grosse cloche et sonner « Dans Ja journée du 6, 'le 1e.r zouaves a monJe car füon de Pâques! tré un é!l·an admi-raMe, une rare solidarité au Tous les d imanches, au prône, je pense à feu, urre discipline parfairte et une confiance vous. Quand je recommande à mes p aroisi1:limitée dans ses cheis. Gest surtout dans la , siens de songer à leu-rs hns dernières, je leur retraite que ces brilla.nies qualités se sont af- dis: • C'est dans vo.lre intérêt que je vous firmées. - Brunswifier, ile 7 août 1870. • Sipa.r'le, car; pou,r moi, -mon sort est assuré: gné: c Le colonel Carteret-Trécourt.• j'ai une pktce' au ,paradis. Cerlainement Dieu ·Le drapeau est posé contre ie maître-aule~ ne voudrait pas fa ire manquer de ,parcie à un sapeur est assis au 1utrin, i~ vefi1e sur 4e un co'lonel de zouaves. » drrapeau et monte fa garde au bon Dieu. Capitaine BOUDIN. . . . Le soi,r, le colonel m'invita à souper et me mit à sa droilte. C'est alors que j'appris ·----·- - --- --~--- ·-à connaître 'les zouaves. A IJa nuit, tous dormaient à }labri, enfon,, cés dans la pai!Lle, et rassasiés; on entendait :--~--::-..:..·:-.:.: seuiJ.iement de • qui vive! » des sentinel'le3 au .d. me, cher, aneteM lltvu. dehors. J'•i eu 11 uuit dernière p lu,s qu'un rhe, J 'avais a11wné tous les cierges comrn.e pour la Oran<l.'Messe, et seUJl, dans ce gnnd si- (l'1'esque une vision , dont je ve.ux vous fa ire part. :Mœ, je tombai à genoux: Elle vous confirmera ce que j'ai eu l'oc• Dieu des anmées, 'ayez ,piitilé de ces pau·vres enfants eJOlénuis par les combats. Si la casion d'efi.leu·r er, dans les modestes cours de tiHérafoJre que j'ai eu le plaisir de vous donpaix du saint lieu est ·troubfée, c'est ma faute; ner, à savoir ,que la mei11eure franchise de mais grâce à votre hospitalité, ils ont mangé, ils domient, et demain, i'ls seront forts. Sau- notre être est celle que nous ne voyons pas, mais qui pourtant, anime notre conps comme vez l'es zouaves, sau,vez 'Le draipeau! • un moteur actionne une machine : I'espri,t : Au jour, Je régJment se forma en carré; on souJile, substance incorporel'le, Dieu. lit l'appe1, personne ne manquai!. Le colonel La nuit dernière donc, je me trouvai, par lira. son sabre et commanda « Par le flanc cet es,pri t, transporté dans un pays que je ne droit ». Puis i'l galopa sur moi: c M. Je curé, connaissais pas, bien que ces r iches campavous nous avez donné un 'logement ici, moi, je vous en promets un ià-haut- • Et le bras gnes que j'avais sous 'les yeux ne me parussent pas ~out à fait étra1ngères. C'était la tendu de 'la poin.te de son épé.!, i1 me montra France, la douce France, la seconde patrie de 1e ciel, mon cœu-r, à laquelle je dois les menleures Ah! pau.vres zouaves! Je su is resté là, tant années de ma .première jeunesse. que le dernier d 'entre vous n'eut pas disparv Des légions de soldats coutVraient 1les coTliau foin, su.r ,(a route de Sarrebourg. Mais déjà, nes verdoyantes de œ beau pays, des colonune masse sombre appara.issait: les Prussiens! nes de ravialiers et de fantassins rampaient Pour ceux.t.lft, pas de logement! Je me hâ:ai Je long des bois, deux grandes armées, sépade fermer 1'ég'J.ise, et je restai sur 'le seui'I pour rées par un fleuve se trouvaient face à faœ, en défendre rentrée. Ensui.te j'ai écrit derrière l'autel: « Les prêtes ià se ruer •l'UJ1e contre l'au,tre.
·· ---·-·.
L'Esprit
feus ·le frisson. Mon sang bouûblonnai t, m~s perfs s~ crispaient, je poussais des cris qui me déchiira ient la gorge et mouraient su,r mes lèvres : « La guerre! la guerre!• Une de ces ;m,ées m'ins,pi.rait une horreur invindble, elle avait quelque chose de barbare qui rap~lait les hordes d 'Afüla, teli:es que }'Histoir e nous les dépeint, sauvages et sanguinaires, devant Aétius aux Champs Catalauniques. Quelques-uns de ces reîtres moyennageux portaie1111t les in,signes de la mort sur 1:eurs bonne,s de fou.r.rure monstrueux. L'autre armée, fière et frémissante, ~voqwant les légions épiques de César, at,tendait, confiante Je moment du choc ter~·ible qui allait mettre aux prises qua,tre mi,Llions de guerriers 'liultant, les p-remiers ,pour Ja conquête, lts autres poUT le droi1 et pour l"honneur. Je n'eus pas besoin de les voir ·longtemps pour sentfr que mes sympathies alfa ient toutes ver$ ces derniers. Mais ,les clairons so11J111aient, les chevaux pia[faient d'impatience, -Jeurs hennissements rerr.plissaient l'air Jou.rd d',un beau soir d 'été, des hur'lemen~s sauvages retentissaient d 'un côté, des hOUI'ras oheva1eresques de J'au1re. le canon mêJa soudain sa voix sinistre à cet émouvant pré'. u<l.e ,g uerrier, l'épou,van1able tuerie allait commencer. Du ha ut de mon observatoire, situé au ,omme t d'une colline adossée à une foret, je dominai tou,t le radieux paysage où xl'lait se dérou ler en une suite d'épisodes dantesques, la p1u·s formidable bafai.J'le de 1ous les temps. Vous ponsez que je va.is vous racon ter par le menu le drame comélien auquel i'1 me fut donner d'assis4er? Ni Homère, ni Dante, ni Corneille n'y suffiraient. · Sous 1le fracas effrayant du canon et 1e crépitement furieux des mitrailleuses, à travers les éclairs et ·l a poussière, au milieu d'un vacarme infernal, parei·J à des hur,lements de damnés, les deux armées s'ébranlaient en des masses noires et confuses, qui se brisaient par moment et s'éparpil'laien1 en des essaims sanglants, pour revenir aussitôt se jeter dans 'lhorrih1e mêltt. Dans 1es rangs de ces guer.riers farouches,
la mort fauC'hait irqpitoyablement; des monceaux de cadavres baignaient dans 1a boue et le sang, ma vue en é!a.it obscurcie. Je voyais avec une terreur mêlée de rage l'armée lnque11e •j 'aurais vou1lu combattre, malgré des prodiges de vaillance et d'héroïsme, faillir petit à petit l''écrasemerut d'une force numérique cinq fois supérieure. Affolé, j'allais quitter mon poste pou,r me précipiter dans Ja fournaise, quand subi lemen1, 1e vis se de5siner, entre Jes deux a,r,mées, une grande figure enveloppée d'wi nimbe éclatant dont la lumière jetait des; :reflets aveuglants, aJU dessu s des combaittants. L "ESJPrit! mëcriai-je, transporté!
<lans
Cetite mystérieuse figure grandissait à vue d 'œ.i'I, pa-r aissant vouloir noyer sous sa flamme tou1 ce quJ s'agitait autour d'eJ1Je. La faœ auguste et teuifiante se mit à a·v anœr ; ehle ··s'élevait, impérieuse et menaçante, au dessus des étendards de l'armée qui m'était chère, éblouissante et terfi,!:,le, faisant reculer, comme un nuage que le vent chasse "les masses ennemies prises de panique e t glacées d 'efliroi. Bientôt, ce fut la dérou4e et 1a fui,te, iles hordes barbare.s rebrou:ssaJent chemin abandons nant le champ de bataille et ré!ite de leurs troupes qui le jonchait. Puis, dans iJa br.urne dorée de cc irlti'ique soir dété, !'a,pparit ion se fondit e t dispa.ru t. La batai.lle de 1la Marne élai l gagnée: l'esprit, souffle, substance incomparable, Dieu, avait sauvé 1!a France.
- -·-·-------
S0Ta11<lieu.
·- --- --
Variétés OONTRE IJES ENGELU ~ES P réparez wt bou,i'lilon en fai sant 0uir e un clemi-piei de veau dans un li Ire d'eau; lo rsque ·:e pied est bien cui t, vous pouvez le m.111ger en vinaigrette ou de toute aul·re manière c l dans son bou11liJon de 0uisson fai tes fondre soixan '. e-cinq grammes d 'aLu,n, u111 ton1 peti t morceau de ca.rnphre (gros com,œ la moitié d 'U'lle noisetle), ajou,tez un verre à ·Eq,ueur d"eau,.de-vie et conservez ce mélange, pour en
bassi!IM!T· i~& en.gelures., !rois fois ,pa.r Jouer, e.:1 ayant soin de 'le faire tiédir. - Le bain d'eau salée réussit fort bien à certaines personnes. - Egailement u.n bai.n d'eau chaude avec une pierre dra!Iwi, irois gousses d 'ai'l et quelques gouttes de teinture alcooHqu.e de benjoin, --: Le bouilJ!lon provenant de la cuisson de cé:e risra ves ou, de na,.,ets. - Un cata,plasme de navets et de raves cui1ts sur ha cendre et appJ'iQu.é 'le so ir a souvent réu1ssi.
- On préconise aussi de .se garnir dans le 1our Ies pieds et les mains avec des. bas et des gants irnprég.nés d'esprit-de-vin, bon goût et 1la nuit avec gants et chaussons hili·lés. - l'l est bon de se laver 'les extrémité;; avec de lhui'le de millepertuis. .Préparez une poudre en mélangeant 30 grammes de mottlarde noi1·e pui1vértsée, avec 75 grammes de son de blé, 8 gram:nes de borate de soude 6 grammes d'ai!,un 4 grammes de ben:join: 25 grarr,mes de po~dre de racines dïris, 50 cenitigrammes d'essence d'écorœs d'oranges el 50 centigrammes d'essenœ de bergamote. Délayez chaque soit· u.n peu de cette rpoud:re d,an.s une petite quantité d'eau bouilJ.llie, mais tiède, de manière à former me pâle Hqu1de et enduisez bie11 les engelluires avec.
N~
·En résumé, pour prévenir 'les engelures, i'l faut autant que ,possible ne pas se chauffer ies pied!S et :les mains ,près du feu, mais les reohaufifer aivec ties frictions à 'l'a1coO<I camphrée ou à l'eau de Cdlogne, pratiquer ces frictions matin et soi,, dès 'le comm;mœment de IJ'hlver el enduire sou.ven1 :la nuit, avec de la gJ.yœrine, les parties sujettes aux engelures.
port~ des cha.ussiures itroites, ni
PETITES V'6RI1'ES BONNES A SAVOIR Viandes. - La plus nounissante des viandes est ·le po,r c. La moins nourrissante est 11,e veau.
·I.ég~s. - Le plus nour·rissant des 'lé.u,. mes fraJs es.t l'oig,non. ,Le plus nourrissant des légumes secs est [a lentH:le. P-â~e~. - Le macaroni est cinq fois plus nournss·an•t que fa !Pomme de terre et deux fois plus que ~e veau. Fruits. - ·La gelée de fruits sucrée est très nouirriss-ante et très saine, plus nourrissante quoi ,q u·on pense d''ordimai-re, que des œufs. ' 0000000
• Dans une sec(ion de (ran,iports de guerre, le sous-oHicier de service étant sorl'i un planton en profite pou.r faire une manille ~vcc un camarade. Le sous-officier revieint, constate le dé'. it et inflige quatre jou.r s de consigne au coupable avec ce motif: ~ Chauffeur X .. . a proii(é de ce quïifélail sen! pour jouer aux cartes avec un autre. »
----··· ·-·--------....
Pensées
:t: Le ~tin, fol'mez vos ll'ésolutions et rég:1ez votre Journée; le soir examinez-vous. Voyez quelles ont été vos paroles vos actions et vos pen~s: car il peut se f:{ire que vous ayez commis beaucoup de fautes contre Dieu et contre votre proohain. !mit. de J .•a. :t: Il n'est pas toujours bon de dire tout ce qu'on a su,r le cœu.r mais il faut tâcher de n'avoir jamais sur 'le' cœu.r que ce qu'on ·peut dire.
t On ferait beaucoup plus de choses s1 on en croyait moins d'impossibles. . :t:
Heureux et sage ce'lui qui se dit en s'év~1QJ.ant: Je veux être awjourd'hui meiUeur qu•
hier.
Supplément du 3-1° ~ de ,,I' &cote" (1918)
1:rop
00000000
-
- Un cataplasme de farine de moufarde noire et d'eau fraîche, à quinze degrés, peul être app!1iqué su-r les en.gelures violettes -et boursouflées, mais à condi lion qu'elles n-2 soient pas entamées. - La vaseline camphrée, .Ja gJyœriine, une pommade composée de saindoux et fleur cte soufre, 1a teinture d 'Iode, sont employées contre les engelures.
p ' ais
mtnces par 1les gros froids, même précaution pour les gants. Se frotter souvent :les mains pour activer la cirouilation du sang.
1
La B. Marguerite-Marie et la Dévotion au Sacré Cœur --- - --
-
Le 6 ja nvier, fête de 1l'Eipi,pha:nie, a eu fau, dans la salle du Consisloire, à Rome, la lecture du décret sm les miracles, proposé :pour la canonisation de ~,a B. Marguerite-Marie Alacoque, de ,!'Ordre de fa Visitation. L1 cérémonie de 'la canonisation aura 'lieu après 'la conidusion de fa paix. La 1iectu:re du décret sur rres mi-radies .présentés poull' la, aaa1011isa:tioill a revêtu. un caractère ,s,péciatle.me'llt imiposant. S. S. Benoit XV a fait ressortir, dans un discours de grand souifle apostolique, ,le rapport étroit entre cette cause et le dévelop1pein1e11t de la dévotion au Sacré Cœill'r: « tl ne se trompe guère, déc.tara Oe Pon,tife, ceiJui qui, dans rra B. Marguerite-Marie, croit devoir cOlllsidérer de préiérence la mission qui lui fut confiée de propager fa dévotion au Cœu1r très saint de Jésu1s. Peut-êtcre même cette hUITT11ble fiMe de S. François de Sales ne serait-elle ja:mais snrtie d,u cerde restreint du monastère de ParayMo·nia,1, si Jésus ne !lavait rpas honorée de son apparition et des suaves ;paroles: « Voici œ cœur qu.i a tant a,i mé ~es hommes! » Le Pape !Joua ici 1le postuilateur, Mgr Virili, d'aivoir aug uré que 1l'ap,parition des miracles obtenu s par fintercession de la B. Marguerite-Marie donnerait une nouv~lle impu1lsion à la dévo1ion au Sacré-Cœur, L'au:giuste orateur insista sur l'e:;pérance que la publica lion du présent décret donnern un nouveau et plus grand dével'oppement à la dévotion des lidè,Jes enivers ~e Sacré Cœur de Jésus. « Si .'a P rovidence a paru tant retarder ~es miracles qui arnraient hâté ~a canonisation de fa Bienheureu,se, n'est-ce pas, précisërnent, se demsintle le Pontife, pacrce que l'apostofat de M,argueri~e-Marie .n'a poi,nt encore trouvé dans 'la généralité des fidèles la corres.pon· dance et la faiveur quïO aurait méri.tés? En ,vain, la rpieuse vierge de Paray-Monial s·est-el:!e effo~, d'abord dittclement, puis 1
. par
iles conhnuafeu,rs .de ·s on œuvre, de persuader le monde de 1l'exceUfonice de ce cœur 1 qui a tant aimé les hommes; en vain a-t-elle r a,ppelé ,l a mulfip1icité de ses bienfaits jail·liss:111[ de la source ina,pprociab1e des grâces qui est le cœur déiiié; !!es iniquités des bomn:~s 11·011t que trop con,!in,ué ,l ongtemps à conîirmrr celle doLL1oureuse pŒain.te que, dam, la œ!lu,1e de Paray, proféraient Iles lèvres di,vines: « Et pou,rtan~ ce Cœur est si peu payé de retoiir par ,les hommes. » Si a'apostcil'a t de Marguerite-Marie n'a point encore obtenu ae fruit désiré dains ,!a mesure où ia rau.rait .pu, il ne fau,t pas en chercher ~'a ,rai.son dans sa nature ou d'ans ['iusufüsance des qualités de cellle 'qui l'exerçait, mais, sans prétendre, en aucune façon; sou!lever 'le voile des décrets di1Vins i:1 Noms semble qu'on ne saurait être taire d'errernr si q'o111 suip,pose que J.a pleine gfori:fioation de May,g;uerHe~M'arie a été réservée :par Dieu au temps où 118. mission confiée à œl1e-ci de propager 1e ru1te du· Sacré CœuT apparaîtra pH.us étendue, mieux accuei·!llie dans le monde, et donc plus féconde en fruits. • Comme es~ beau et opportun un te1 désir! Nous augurorns toutefois que, en l'accueillant, cha.cun y ajoule aussi le :propos de s'app ' iquer 1ui~rnême à fadliter la mu1frplicité déslrée des fruj,t13 que nous pouvons attendre de 1a dévotion au Cœur très saint de Jésus. « Mats à vous, Fils bioo...oa~més, Nous ne ·vOUJlons pas cadher ,qu'aujoUJrd'hui Notre cœur s'ouivre à la chère eSlpérance que notre âge, ,jusqu'ici oppressé pa.r d'iniinies misères, trouvera soo salut en une :plJUs docide corresponda11ce à l'apœtdl'at imi1é de celui de Marguerite-MJa,r ie. Nous rendons glofre à Dieu et constatons que s'es,t extrêmement accru 1e nombre des associations qui ont pris .Je nom du Sacré•Cœu,r. Que Notre louange monte vers Dleu et recommi sse les prodiges de charité que, en uni·o n avec .Je Cœur divi111 et par ses mérites, accomplissent les intrépides missionnaires, en des régions 1lointaines, ou de ,timides reiligieuses parmi nous dans ,les hô-
pitaux.
.