Supplément No 04 1922

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en vain, soit parce que, avant leur dépar'!:, ,on n'a pas mis ces ieunes perso,n· nes a u courant des dangers qui les attendent, soit parce que leur arrivée n'es! pa s notJiée au bureau de p lacement. Voilà pour la lig ue des femmes un chamJ) d'activité bien beau et très méritoire. « L'œuvre de préservation ainsi que celle de relèvement des femmes, des ieunes filles et des enfants tombés ou exposés à tomber dans le mal, constituent également une très belle tâche pour la ligue féminine. Dans le domaine de la charité, son acti'on peut c-oncourir avec celle de l'association populaire ; enfin, elle est -appelée à contribuer puissamment à l'amélioration de la s ituation matérielle des 'familles. Dans les centres où il n'existe pas d'écoles ménagères, la ligue ou a ssociation des femmes peut en i onder ; elle faci1itera en tous cas la 'frequentation de ces <'OUrs 'OU du moin s fera donner des leçons d'enseignement ménager. -Si l'on veut que les hommes s oient heureux et contents ohez eux, il est nécessa ire que la femme ait de l'ordre dans le ménage. qu'elle soit capable d'éduquer ses enfants et qu'elle remplisse f idèlewent ses devoirs d'état. 'La plupart des jeunes filles ne recevant guère d'instruction à la maison après qu'eUes ·ont été éma ncipées de l'école wimaire, il appartient à la ,lig-ue d'intervenir pour en faire de honnes ménagèr:es. Elle concourt a ins i à la solution de la question sociale, -car l'expérience est là ·p our démontrer •qu'une ménagère experte réalise des éoonomies et fait le bonheur de to us Jes mernbres de l'a 'f amille. « Le cha mp d'action de la ligue fé· minine dans le domaine de 1a charité et de la religion s'étend à to ute l,a pa~ roisse. Q u'il Nous suffise de rappeler la grande p,a rt qu'elle peut prendr e dans les s oins à donner aux mala des, dans les secours à procurer !aux pau1

vres a insi que clans l'ornementation d~· la ma i·s on de D ieu. << j e nourris donc le très ferme espoi1 que la plupart des paroisses, emprè séE's de répondre à notre dés ir, créer'On! une li~?;ue féminine aussitôt qu'aur0nt pa ru les statuts qui la con cernent. » -·--·- ·· ·- -- -----~- .-:.- ·----- --

Sanctification de la Journée Courtes pratiques de piété

AU REVEIL. - Mon Dieu, je vous donn~ mon cœur; daignez me préserver de tout pé r il. AVANT LE TRAVAIL - Mon Dieu, Jt vous o!fre mon travail et j'implore votre :u de pour nl'en bien acquitter. 0 Marie, don· nez-moi votre bénédiction matemelle! QUAND L'H EURE SONNE. - •M'011 Dieu, üe vous adore, je vous aime, je me donne tout à vous. D ANS ,L ES 'H ::N TATIONS. - 0 Jésus, venez à mon aide, déicndez-moi, sau vez-111oi. 0 ·M arie, conçue sans péché, priez pour T\Ol!S qui a vons recour s à vous. A V A NT L ES REPA S. - Hénis3ez-nou:;, Seigneur, et la uourriture que nous al!onprendre. AP,RES LES REPAS. - Nou3 vous rendon s grâce pout tous vos bienfaits, ô Die11 !oui puissant, qui vivez et régnez dans tous les siècles des s iècles. Ainsi soit-il. AV ANT LES PRINCIPA'L ES ACTION~;. _ Mon saint ange .g ardi.en, éclairez-moi, di ri gez-moi. LE MATIN, A MIDI ET LE SOm Réciler l'Angelus :au son -de la cloche. EN SE COUCHANT. - Mon Dieu. JC remets mon âme entre vos mains ; daignet mt· préserver du malheur de vous oHenser (Toutes ces prières, tirées d u • Paroissieu du culti•vateur •, sont .facultatives.)

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du 3-/o .f. de ,l' &cole" (1SRR)

Groupements catholiques En signalant l'apparition du man~ d ement ,d e Oarème ·de 1922, ,publié délll1s l'Ecole \du mois d ernier, nous oV'Ons eu l'occasion de dire ,que le do~ r.ument épiscopal se terminait par des recommandations ·s péciales du vénéré chef du diocèse a dressées à ses dioc-é.:ains. Déjà on 9 même pu lke ici même l a partie de •la lettre .pastorale pré· conisant la formaHon d'associations callholiques féminines. Il importe de reJJrod uire ,a près .cel1a les ,passages insis~ tant sur le g·m upement 'des ieunes gens ct des hommes .par ~eu·r ,affiliation à PAssociati-on catholique pCYJ)ulaire : Nos très chers Frères, Dans ces derniers temps, diverses classes du peuple se sont groupées pour défendre leurs intérêts malériels et c'est ainsi que d'assez nambreux corps de métiers ont réuni en syndicats les ouvriers qui en font partie. Ces associations se justifient et Léon XIII les a lui-même préronisées. n y a lieu, toutefois, d'observer que la lendance exagérée vers le bien-être matériel comporte de grands dangers pour l'âme. Voilà pourquoi les Papes ont voulu que les groupements dont il s'agit soient basés snr des principes CA"J1HOLIQUES. Ce n'est que dans des cas exceptionnels que l'Eglise tolère les groupements qui se disent simplement • chrétiens •. En effef, elle ne les tolère qu'à l'unique condition que leurs adhérents fassent en même temps partie d'une au-tre association exclusivement catholique. Des syndicats soi-disant • neutres • · qui. en réalité, sont areligieux, n'on-t jamais été approuvés Par elle: les ouvriers. en conséquence, qui s'affilient uniquement à ces groupements interconfessionnels, méconnaissent les prescriptions de PER"lise. soit parce qu'ils font partie d'une association sans religion, soit parce qu'ils n'appartiennent pas à un groupement catholique. Ces sages règles ont été établies pour que les hommes ne perdent pas de vne le salut de leur âme danst leur redterche des biens

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terrestres. Celui qui, au milieu des préoccu· pations de la vie matérielle, envisage la gran· de question de l'éternel bonheUT, ressemble ~ l'homme qui bâtit sa maison sur le roc~ tl.a religion catholique, avec ses principes et ses enseignements est le roc sur lequel toute vie humaine et Toute vie sociale doivent être édifiées; si elles ne reposent pas sur ce fondement, elles ne sauraient .résister ~ la tempête et, tôt on lard, elles en seront nécessairement la victime. Les hommes qui, en recherchant les biens terrestres, négligent leurs devoirs religieux. sont semblables aux Israélites qui dansèrent autour du veau d'or et perdirent de vue la terre promise; ils sont là l'image d~san qui vendit son précieux droit d'aînesse pour un misérable plat de lentilles. Qu'on ne nous dise pas que dans les as· sociations neutres on ne s'attaque ni à l'E· glise ni là la religion. . . c Qui n'est pas pour moi, déclare le Sei,gneur, est contre moi' el celni-là dissipe qui n'amasse pas avec moi. • Ce que sont en réalité les chefs de œs groupements et ce que vawt leur presse nous indiquent suffisamment l'esprit qui les anime; les attaques, ouvertes ou sournoises, continuellement menées contre l'Eglise ef le ~ tre. montrent clairement que le ·bu! poursuivi est la lutte contre la religion catholique. Un ouvrier qui prétendrait entrer dans un de ces syndicats neu!res, sans aller jusqu\ attaquer •l a religion et qui aftinnerait n'y rechercher que ses avantages matériels, qui même s'imaginerait que sa présence est un gain pour 'la bonne cause parce qu'elle serait de nature ~ empêcher OUI l limiter les excès possibles des autres membres du symiicat, cet ouvrier serait dans la plus dangereuse des illusions. tE n réalité il ferait partie d'une as· sociation interdite par l'Eglise; outre qu'~ soutiendrait les ennemis de la religion, il pécherait par omission en ne s'affiliant pas à un groupemenf catholique; il priverait d'une force vive les associations de ses coreligion· naiTes et nuirait par son exemple. Comment peut-on <:oncilier une telle conduite avec l.t fidélité que l'on doit à •l'EgliSe? >L'effort des adversaires ne tend rien moins qu'à arracher la foi du cœur de nos ouvriers, mais !dès que ceux-<:i auront été alieints par l'i11aroyance, les paysans ne tarderont pas l être eux-mêmes contaminés en raison des rap.


59 ports fr~uents qui existent entre les wts et les autres et, bientôt, toUJt le pays sera en· vahl par le fléau. C'est œ mal que nous devons combattre dès le principe, en nous efforçant de conserver aux ouvriers et au pays le don précieux de la foi, fondement de tout bonheur iemporel et éternel. Voil~ pourquoi il est nécessaire que tous les hommes, les cultivateurs et les artisans aussi bien que 1es ouvriers, s'unissent en des. groupements qui soient tous pénétrés du véritable esprit catholique. •Les Jeunes gens sont, eux aussi, exposés à de grands dangers. 1Déja S. S. Pie X disait: • 'La jeooesse est choyée et sollicitée de tous côtés par les ennemis de la Croix. » Un parti, ennemi de toute autorité divine et humaine, cherche par tous les moyens l s'en emparer. C'est pourquoi l'organisation de la jeunesse en faisceaux catholiques devient de plus en plus une ur~nte nécessité, non seulement dans la plaine mais aussi dans les paroisses de la montagne. Bien souvent nos. jeunes gens se trouvent dans la dure obligation de quit· ier leur vilJa.g e et risquent de voir leur foi sombrer dans •les· villes, s'ils n'ont pas été instruits a temps des dangers auxquels ils auront à y faire face et prémunis contre eux. Ce travail de prépara+ion doit ê!re bit dans les cercles de jeunes gens. tes groupements catholiques pour jeunes gens et hommes s'imposent donc absolument et ils trouveront un centre tout indiqué d~ ralliement dans ·l 'Association populaire catho· Tique. Cetfe association existe dé.ià dans un assez J:!Yand nombre de localités; Notre désir très vif est qu'elle soit fondée, pour Pâques, dans toutes les paroisses qui en sont encore dépourvues. D'après les nouveaux statuts, l'Association populaire calholique comprend tous les groupements et toutes les organisa· tions eatholiques d'hommes d'une paroisse, de sorte qu'elle peut Mre appe~ la fédération de tous les groupemenls. Oui , il faut que œtte association populaire ca tholiqu.e soit créée dans chacune <le nos pa· roisses. afin de donner à nos hommes et ·à nos jeunes ·gens une formation relij;!'Îeuse et sociale solide. afin d'en faire des catholiques convaincus et des cifoyens au ferme caractère. Cette associai1on populaire est nécessa.iil'e; il nous la faut pour encoura~r les pusillanimes, secouer et émouvoir les indifférents,

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entraîner les irrésolus; il nous la but pour éviter la dispersion de nos forces, polU' éveil. ler l'esprit de sacrifice et l'orienter vers les œuvres de charité; il nou·s la faut pour que, grâce à des conférences appropriées, nos hommes et nos jeunes gens puissent connaître par eux-mêmes où se trouvent leurs véritables intérêts, soient éclairés sur toutes les questions importantes et deviennent d'a,ussi bons citoyens que des ca1holiques convaincus, heureux de confesser et de défell'Clre leur foi, sans crointe ni .respect humain . L'Association populaire a aussi pour but de contribuer et la réconciliation des classes, car la haine n'est pas catholique; elle nui! à la bonne cause et ne profite qu'aux ennemis de la religion. C'est dans les réunions organisées par l'association que les patrons et les employés pourront discuter dans le cal· me leurs relations d'affaires et leur situaHoiT réciproque; ouvriers, cultivateurs et artisans auront toute liberté d'y prendre la parole pour exposer leurs doléances et leurs vœux. C'est ainsi que dans les échanges de vues tout lratemels on verra tomber des préventions et écarter les exigences exaghées. tandis que les demandes ijustifiées seront prises en considération. ·P ar leur s explications récipro· ques et leur confiante prévenance, les diver· ses classes de la société arriveront facilement à la réconciliation nécessaire et à l'entente qui s'impose. 'Les exercices de piété auront leur place à côté des conférences où seront traitées les questions d'actualité reli~ieuse el sociale. Le catholique sait que la foi sans les œuvres est une foi morte, aussi se fait-il un devoir de pratiquer fidèlement sa relimon: il prie. il assi~e ~ la sainte 'Messe, il écowte avec respecl la parole de Dieu annoncée du haut de la chaire. il se ~ortifie par la réception des sacrements et se trouve ainsi anné con· 1re toutes · les attaques et tous les dan,gers. Ce ne seront pas seulement les membres de ces associations pris individuellement. mais le groupement lui-même comme tel qui regardera comme une rigoureuse oblig"ation de témoigner hautement ile ses sentiments ca· tholiques par des communions générales. des conférences religieuses et la participation aux processions et autres manifestations de la foi. ~

A ce p~~. IS. O . Mgr Besson, ~~-

que de Lausanne-Genève, exprimait de son ocôté, ·dans la Semaine catholique du 10 mariS ,1921 , le désir que les jeunes gens $Oient ~.11oupés. ·Les ciroonstances variant beaucoup de .par-oisse à paroisse, il est évident que ces ~oupe­ ments ne 1peuvent ,Pas être identiques partout. Ohaque .paroisse demeure en somme hbre d''Or~aniser ses jeunes gens .comme elle l'entend: ici n'Otts avons une société proprement dite; là, une confrérie, etc. 'Les statuts .que la fédération fribourgeoise propose Gont des modèles 'destinés à d'Onner des idées; ils peuvent ren~e sel'Vice non seu~e­ ment dans le canton de Fribourg, mais a illeurs» . L'avts ci~dessus se termine !Paf un modèle de statuts .pour la feunesse catholique de.... (en 17 articles), et rpar les Statuts de la Fédération cantonale

fribourf!eoise de Jeunesses catholiques

( 12 artides) . ••• 1

Autour du Christ --=== Un ouvrage dont l'apparition récente a eu un retentissement considérable et obtient ac· tuellement un succès sans précédent, est la STORIA DI œ .RISTO (Histoire du Christ).. du célèbre écrivain italien Giovanni Papini. D'une longue et très intéressante étude que vient de lui consacrer la ,Liberté", nous re· produisons les quelques passages suivants, dont la citation est d 'autant plus opportune et actuelle, que nous voici à la fin du Carê· me, soit au seuil même du temps pascal. L'histoire de Jésus de l'écriva.in florentin - un illustre converti, soit dit en passant est divisée en 128 chapitres, en général très courts, ·qui forment comme autant de tableaux distincts et complets où sont retracés avec un et>loris superbe et une émotion intense les différents épisodes de la vie du Sauveu.r. Chaque chapitre porte un titre en slyle la-

pidaire : • Le bœuf et l'âne •; c .Le perdu retrouvé • ; • Il a été dit • ; • Mais je vous dis • ; • Vends tout • ; • Elle a !beaucoup aimé • ; • Je souftrirai beaucoup.; • 'L'homme à la cruche »; • Qu'est-ce que la vérité? ,, etc., elc. 1 Le livre se termine par une longue c .Prière a.u Christ ., dont voici les premières li· gnes : • Tu es encore, tous les jours, au milieu de nous. Et tu seras avec nous pou~ tou· jours. Tu vis parmi nous, à côté de nous, sur la terre qui est la Henne et qui est la nô!re, sur cette terre qui t'a accueilli, enfant, parmi des enfants, et criminel, parmi les voleurs; tu vis avec les vivants, sur la terre des vivants qu.i le plaît et que tu aimes, tu vis d'une vie non humaine sur la ierre des hommes. peut-être invisible même à ceux qui te cher-· chent. peut-être sous l'as.pect d'un pauvre qui achète son pain et à qui personne ne prend garde. , :La S10RIA IDI OH>RI~O est avant tout un livre de foi et de poésie. L'historien, re poète, l'artis!e, le moraliste, s'y succèdent tour à tour provoquant des .impressions tou1jours nouvelles el toujours profondes. On y rencontre des pages saisissantes dans leur raœourci et leur art de suggérer et d "évoquer; des peintures suaves et gracieuses, par exemple les images ·consacrées aux bergers, à la vie nomade des patrjarches., il l'amour de Jésus pour la nature et la campagne; on y rencontre des portraits brossés de main de maître de personnages tels que l'empereur August~. le roi !Hérode; des reconstitutions admirable!; par leur couleur loca1e des milieux évangéli· ques; on y trouve surtout des commentaires moraux dont quelques-uns sont de véritables chefs-d'œuvre auxquel.s on ne saurait rien ajouter et qui vous remuent .jusqu'au fond du cœur. Signalons les chapitres consacrés à l'amour des ennemis et à la condamnation des l'i'Chesses, source de tous les maux. On a rarement écrit des pages pius belles et plus fortes. Pour donner une idée de la manière d ·écrire de Papini et de sa virtuosi~ d"artiste, voici que]lques passages du chapitre intitulé: • Le charpentier »:


6ô • U ne

faudra jamais oublier que Jésus a été un ouvrier, Je fils adoptm d'un ouvrier; 1l ne faut pas cacher qu'il est né pauvre, parmr des gens qui travaillaient de leurs propre$ mains qui gagna•ient leur pain par l'œuvre de Jeu'rs mains, et qu'il a gagné !ui-méme _son pain quotidien par le lravail de_ ses mams. Ces mains qui bénissaient les s1mples gens, qui guérissaient les lépr~u~, qui illuminaient les aveugles, qui ressusc1ta1ent les morts, ces mains qui furent percées par le~ clou: ~ur Il' bois de ia •c roix, étaient des mams qUI ·lu~ent baignées par la sueur du travail~ des ma1~s qui furent endolories par le travail, des_ mam~ que Je travail rendit calleuses, ·~es n~ams . qu1 avaient manié les outils dLl trava1l , qu1 ava1ent planté des clous dans le bois: des mains du métier... ·

• Le métier de Jésus est un des quatre métiers les plus anciens et les plus sacrés. Parmi les arts manuels, ceux du paysan, du maçon dl!! forgeron, du charpentier, sont les plu~ intimement liés à la vie _d~ l homme, les plus innocents et les plus rehg1e~x. Le ~er· Pier dégénère en brigand; Je mann en p1rate; le marchand en aventurier. Mais le paysan, le maçon le forgeron, Je charpentier ne trahis' sent pas, ne peuvent pas..trah'tr, ne se g âf.e_nt pas. Ils manient les maüeres les plus. familières et ils doivent les transformer, sous les yeux de tous, pour le service _de tous, _en œuvres visibles, solides, conoretes, vra1es. Le paysan rompt la terre et en tire le pain q~e mange le saint dans sa grotte co~me l'h?mlcide dans sa prison; Je maçon ta1lle la p1erre et êlève la ma·i son, la maison du pauvre, la maison du .roi la maison de Dieu; le forgeron chauffe et' tord le fer pour donner l'épée au soldat le soc de charrue au paysan, le ·marteau ~u charpentier; le charpentier sei~ et cloue le bois pour construire la porte qu1 protège la maison contre les voleurs, pour fabriquer 1e lit sur lequel mourront les voleurs et les innocents. • Ces simples choses, ces choses ordinaires, communes, usuelles, si usuelles, si communes et ordinaires que nous ne les voyons plus, qu'elles passent inaperçues sous nos

yeux habitués à des merveilles plus compliquées, ces choses sont les plus simples créations de l'homme, mais les plus miraculeuses et les plus nécessaires de toutes les autres lnventées depuis. « Le charpentier Jésus vécut, dans sa jeunesse, au milieu de ces choses et il les fabriqua de ses mains et il entra pour la première fois, par le moyen de ces choses faites par lui, en communion avec la vie quotidienne des hommes, avec la vie la plus intime et la plus sacrée: cei.Je de la maison. Il fabriqua la table où il est s.i doux de s'asseoir, le soir, avec les amis, même s'il y a un traîlre; il fabriqua le lit où l'homme respire la première et la dernière fois; le coffre oü l'épouse de la campagne enferme ses simples vêtements, les tabliers et les mouchoirs des fêtes et les chemises, blanches et repassées, de son trousseau; la chaise où les vieux, le soir, se met· teni autour du feu à parler de la jeunesse qu1 ne peut revenir. • Les chrétiens qui savent leur catéchisme, ceux surtout qui connaissent la littérature religieuse, les ouvrages des Pères et des Doc· leurs de gEgLise, ne frouveront rien de bien nouveau dans Je livre de Papini. Ce n'est pas pour eux qu'il a écrit; ceux-là, dit-il, n'ont pas besoin de ses paroles. Ils n'en liront pas moins cette nouvelle vie de Jésus avec autant de plaisir que de profit. Que de choses exquises, que d'enseignements ils découvriront dans l'·Evang~le qums n'y avaient pas vus jusqu'ici! 1Papini est un vrai virtuose de la plume. On retrouve dans son ouvrage tous les dons littéraires qui font de lui un des meilleurs écrivains de l'Italie. Il • n'est pas encore si guéri du péché de l'orgueil • que de croire qu'on ne le lira pas; il se flatte même quon le lira ·avec moins d'ennui que d'autres livres plus courts. Car il a conscience - er il l'avoue sans fausse humilité- d'avoir fait un vrai livre, un livre bien écrit, en même temps qu 'un livre édifiant. Et Papini ne s'est piS lrompé. Le succès extraordinaire de son ou· vrage est là qui en témoigne éloquemment, car il a voulu parler à l'âme moderne le laD·

gage qui lui plait, pour l'amener au Christ! Il reste que, dans son ensemble, ainsi qut: )'écrivait dernièrement l',,Osservatore romano'', l'œuvre est bonne, excellente même, parce quelle déborde d'amour pour le Christ, pour son humanité sainte. Cette œuvre de poésie et -de foi fera du bien et 1>eaucoup de hien. Elle ramènera à Jésus tant d'âmes qui le méprisent et qui le dédaignent parce qu'elles ne le connaissent pas. Et ce sera la âoie et la récompense de Papini, lui, l'incrédule d'hier, de convertir d'autres incrédules. On aime à croire que la STORIA DI CHRISTO n'est pas un couronnement, mais un commencement, et que Giovanni Papini llljoul".:i hui ~ier d'être • sujet et soldat du Christ Roi •, enrichira la littérature religieuse d'auires chefs-'d'œuvre. Oéjft il promet un · livre sur la Vierge. Marie dont il regrette de n'avo ir pu parler, comme il l'aurait voulu, dans son livre ~l long. D'ailleurs, comment montrer, en passant seulement, toute la richesse et toute la beaulé religieuse qu'il y a dans la figure de Marie? Un autre volume serait nécessaire, et, • si Dieu lui prête la vie et la vue :o , Papini s'essayera peut-être à dire de la Vierge ce qui n'a encore jamais été dit d'aucune au1re femme. Ce livre, nous l'attendons. Ce sera la louange suprême de la Vierge et de la Mère, de Celle par qui le Christ nous a été donné, de O~lle par qui tant d 'âmes qu·i l'ignorent peuvent le retrouver.

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Nos «Homes» suisses A la dernière ,r éunion cantonale • vaudoise de l'œuv.re pour la protection de la jeune tille, il a été présenté un très intéressant aperCU sur l'activité, pendant l'année écoulée, de nos Homes catholiques en Sui•sse. Nous penIOns intéres~r nos lectrices en donnant ici dts extraits de ce rapport qui feront ainsi connaître davantage .une de nos œuvres dont lu resultais pratiques sont de p lus en plus appréciés.

Importance des Homes. - Parmi les diverses organisations ·que possède 1Œuvre de la protection de la .jeune fille pour fai re le bien, les • Homes» sont l'un des rouages essentiels de son activité. En effet: Ils travaillen{ d'abord chaque jour. Il n'est pas de jour dans l'année où le • Home . ne soit un refuge pour les âmes des ~eunes filles exposées au danger, une proteC'!ion et un abri pour celles qut veulent sauvegarder leur ioi et leur vertu. Toutes les autres organisations créées pour la Protecfion de la Jeune fille ont certainement ~ins d'efficacité si elles ne sont pas greffées sur un • Home • . L'expérience le prouve. 'l l où le Home existe c'est lui qui alimente le Bureau de placement: plus il y a de passantes au Home, plus il y a de jeunes filles en séjour dans un Home, plus il y a aussi de demandes de places, plus il y a aussi d'offres de la part des maît·res. Les missions des gares ont fait leur preuve; les services qu'elles rendent sont inappré<:iables. Mais où loger les ~eunes filles isolées devant passer une nuit ou deux dans une ville avanl de continuer leur chemin? Où loger les malheureuses sans place et sans argent recueillies à la gare, s il n'y a pas de Home pour les héberger? De même, comment recruter les patronages ou sociétés de domestiques, si le Home n'existait pas? C'est lui qui accueille, à leur arrivée dans une ville, les ,jeunes filles catholiques sans place, c'est lui qui les place. C'es{' au Home qu'on retient le nom et l'adresse des jeunes filles disséminées dans la ville: comment grouper ces jeunes filles après leu.r placement si elles n'avaient pas eù un point d'atta•che avec un Home à leur arrivée en ville. Cela d 'autant plus que la plupart n'auraient pas l'idée de se faire connaître par les prêtres de la paroisse et ·q u'elles· vivraient ainsi isolées au point de vue morat et religieux. Enfin, auraient-elles l'idée de faire partie d'une caisse d'épargne. si elles ne trouvaient pas un Home w des cœurs prévoyants leur suggèrent l'idée de l 'écono· mie et leur Oiffrent les moyens de se fair@ un carnet d 'épargne?


68 Il résulte donc que les Homes constituent la conldition • sine qua non , de la réussite de notre action auprès de la jeune fille. Le Home est le point de départ de notre action individuelle et collective sur la aeune filte. Il est la source qu·i alimente toutes nos autres organisations. Il est l'organisme central sur lequel on pourra toujours greffer de nouvelles fo11mes d'apostolat suivant les besoins du moment. Qu'est-ce qu'un ·Home? - 11 ne sera pas inutile maintenant de donner tme idée généra le de ce qu 'est un Home. Sans doute, le milieu naturel et normal où la jeune fille doit vivre et travailler, c'est la famille. Mais c'est là. l'idéal. 1Les conditions de la vie moderne poussent souvent les jeunes filles à sortir de leur famille. Nous devons tout faire, sans doute, pour les garder au village natal, mais il y a des circonstances où elles doivent s·ex. pa!rier pour gagner leur vie. Dans ce cas. que faire? Reconslituer autant que possible autour de l'âwe neuve et fragile de la jeune fille l'atmosphère de la famille plus favorable à la pratique de la vertu; créer autour de cette plante déracinée des liens qui rappellent ceux de la Œami1le: ce sera la tâche du Home. Le mot anglais cHome , traduit mieux cette idée que les ijeunes filles isolées doivent trouver dans la ville où elles travaillent, une maison' de famille, un véritable foyer. Dans son aperçu rétrospedif s ur les 25 années d'existence de l'Œuvre de la .Protection de la jeune .fille. Mlle Clément donne une excellente idée des Homes tels qu'ils fonctionnent: • La voyageuse isolée est-elle obligée de passer une nuit dans une vme étrangère, d'y séjourner même en attendant de pouvoir oc-cuper une situation, voici qu'entrent en activité les • Homes, de l'Association: homes de passage où la jeune fille est reçue à toute heure, où elle se sent en sécurité, où elle trouve conseils et encouragements; homespensions, où elle respire l'atmosphère familiale, où elle passe, sans dépenser plus que lui permettent ses modestes 1'essources, les périodes de chômage, ou bien même, si elle est ouvrière de fabrique, employée de maga-

sin, où elle établit son chez-soi, prend régu. lièrement ses repas, passe ses dimanches dans l'intimité joyeuse d'un patronage ott d 'une association professfonnelle. • Le home, le patronage, l'association professionnelle, c'est la famille reformée autour de l'enfant qui a quitté le foyer paternel, c'est la préservation morale, c'est aussi la sollici. tude assurée pour ses intérêts matériels., Adivité des Homes. - Il est bon de savoir que nous avons, à. l'heure actuelle, en Suisse, 37 Homes. Il en existe dans ioules les localités importantes. tLes grandes villes comme Genève, Lausanne, Berne, Zurich. Bâle, Fribourg. Saint-Gall ont tolites deux ou trois Homes. L'an dernier, le Home de Vevey s·est rouverl. A mentionner la création d'un Foyer féminin à Fribourg. Autant de laits qui nous montrent la 'nécessité de développer les Homes qui existent et d'en créer Il oi:t ils sont nécessaires. Pour donner .une ~dée exacte de l'activitf MATERIELLE des Homes, citons quelques chilres. ·Rien n'est plus éloquent. Voici quelques indications sur le nombre de jeunes fi~ les hospitalisées de septembre 1920 à sepleJII. bre 1921 dans les Homes suivants: Lausanne (,Son Secours), 1200; Genève (rue des Granges), 180; ·F ribourg (Bon conseil), 193; (M.arJenheim), 248; Berne (Villa M'aria), 510; (Marienheim), 204; Lucerne (Marlenheim), 1580 passantes et 195 pensionnaires; ('J osephsheim), 58 passantes et 106 pensionnaires; Montreux, 162; Vevey 133. Mais c'est surtout à exercer une influence morale et bienfaisante que vise l'activité des homes. Cette ac!ion morale s'exerce d'une fa· çon collective par les patronages, congrégations, retraites, réunions religieuses. Mais elle s'exerce aussi bien souvent. et La plupart du temps dune manière indivi':iuelle. • Le bruit ne .fait pas de bien, et le bien ne fait pas de bruit», a-t-on dit. C'est dans le tecret que s'accomplit le bien véritable exerœ sur l'âme des Jeunes 'illes par les Homes et leurs dévouées directrices: on ne le connatirl qu'au jour où Dieu récompensera tout hOIIt' me ayant fait le bien. Cependant, cer1ains Cil

rous montreront l'action bienfaisante des Hornes: dans une des gares de Genève une ;eune fille a failli être emmenée par un Monsieur inconnu, dans un but de persuasion. Heureusement, ·une dame, membre de la Protection 'Cie la Jeune fille, s'est rendue compte du danger et a pu ramener au Home de la rue des Oranges cette jeune fille sans place. Le rapport du Home Bon-Secours, à ·Lausanne, nofifie le retour à la foi chez une ~eune lille qui n'avait fait aucun devoir religieux depuis huit ans. Dans un Home de la Suis.se romande, on a ramené un soir, une jeune lille désespérée, sans argent et sans place qui avait voulu se noyer, mais avait pu être repéchée à temps. La même jeune fille a pu retrouver au Home l'espérance chrétienne. Elle ~ passé ensuite un mois au Home sans r.ien rtébourser, vêtue avec le linge qu'une com,>agne lu.i avait prêté. En ces temps de chômage, le Home de !lon-Secours, à ,Lausanne, recueille journellentent des jeunes filles sans place et sans arJ'I!Rt exposées à tous les dangers de la rue. De tels faits montrent que les Homes sont llkessaires pour sauvegarder la foi et la 1erlu des Jeunes filles isolées, mais ils montrent aussi ,q ue les Homes sont obligés qnelquefois •.t'accueillir toute sorte de monde et qu'il est bienheureux que nous ayons en 'général à la tête des Homes des reli!!ieuses . agtssant avec tact, prudence, douceur "'et ferllll!té pour que les mauvais éléments au se!Ours desquels nous DEVONS aller et auxGUtls il faut faire du bien, ne n!Jisent pas aux 1utres jeunes filles que leurs parents, leur NU ou leur bonne volonté personnelle ont confiées au Home. ~

Après avoir esquissé bien imparfaitemen t ~vité de nos Homes, dans l'ordre matériel et moral, résumons quelques-uns de nos dtvoirs vis-à-vjs de <:es institutions: 1. Les soutenir par nos offrandes· indivi~les en argent ou en nature. Ce sont des ~i~tions charitables qui mérilent notre aplllli fmancier autant que les pauvres en guelillta qui .bien souvent nous trompent.

2. Trouver de nouveaux membres et de nouvelles collaboratrices pour nos seclions cantonales et locales de l'Association pour la Protection 'Cie la jeune fille. Les cotisations de ces membres serviront en partie à l'entretien des Homes. Voici ce que dit Mlle Clément, de Fribourg, afin d'attirer de nouvelles bonnes volontés à notre œuvre: • Il n'a pas été possible à l'Association de supprimer tout péril pour la jeune fille, de garder au bien toutes les jeunes âmes qu'elle a rencontrées; le monde sera 'j usqu'à la .f in des temps l'arène où le bien et le mal se livrent des combats incessants. C'est pourquoi jusqu~ la fin des temps, il faudra auss1 des champions du bien pour arracher au monde ses victimes, en attendant le triomphe linal ·je la justice. Jusqu'â la fin des temps, il faudra des âme~! fortes q1:ti luttent à côté des faibles, des âmes dévouées qui ont compassion de ceux qui souffrent et qui peinent. Puisse l'Association catholique des œuvres de protection de la Jeune fille grouper pour cette tâche charitable des collaboratrices de plus en plus nombreuses! • IL n'esf pas de femme que le but de l'œuvre ne doive attirer, car venir en aide l la faiblesse d 'une enfant, c'est pour tout cœur féminin céder à une .inclination naturelle; garder la jeune lille vertueuse et, par elle, la famille, la patrie, la socié!é, c'est pour la chrétienne remplir la tâche essentielle de sa vocation. , 3. Que le clergé s 'intéresse encore davantage à cette œuvre des Homes et à l'Œuvre de la Protection de la jeune fille en général; qu .il la fasse connaître parmi les catholiques dans les g.roupements fémin ins de diverses paroisses. Que les curés envoient dans les Homes catholiques les ijeunes filles de leur ville ou village qui doivent s'elCpatrier dans les grandes viUes. 4. Que les maîtresses de maison créent, dans leur foyer, une mentalilé chrétienne, ett accord ave<: la mentalité des Homes. Qu'elles donnent le bon exemple aux Jeunes filles qui sont â leul' service, en pratiquant elles-mê-


mes les verlus de modestie dans la toilette, de simplicité dans les mœurs et de modération chrétienne en toutes choses. Cest le vœu qu'exprimait Mgr Besson, dans son allocution aux membres de la Protection de la jeune fille, à Fribourg. II ne faut pas que les vertus .qu'on s'eftorce d'inculquer aux jeunes filles, dans les Homes, soient méprisées ou négligées par les maîtresses de maison, car alors l'influence de la famille où la jeune fille est en place et l'influence du Home où elle passe ses dimanches se contrecarrent complèfement. 'L'accord entre ces deux influences est nécessaire pour opérer quelque bien.

··---··-- · --·-Variétés LES DIX COMMANDEMENTS DU VIGNERON l. Passer au polysulf\.lre au 3 % les ,jeunes plantations de 2 à 5 ans, quand le bourgeon commence à débourrer. 2. Sou5rer avec du soufre cuprique au bioxyde de cuivre quand la grappe est formée; ceci pour détruire qes œuls que les papillons ont déposés. 3. Premier sulfatage au 2 ';, % de suite après J'effeuillage pour guérir les cicatrices et intervenir préventivement contre le mildiou. 4. Souker avec sourfre cuprique quand le raisin commence à fleurir pour activer la floraison et fécondation du raisin. 5. Deuxième sulfatage au 3%, de suite après la lève. sitôt que les feuilles sont retournées. 6. Soufrer avec soufre cuprique quand le raisin est en agrès, moment très critique pour la vigne; très souvent .le raisin blanchit par les nuits fraîches. 7. Troisième sulfatage au 3 % de suite après le premier retersa ge ou piocha,ge; ce sulfatage doit être fait très minufieusement et il ne tau1 pas avoir peur d'employer de la maJrchandise; !aire trois lignes, excepté les vignes à grande distance, 1 m. 20, ott il convient de sulfater ligne par ligne. 8. Soufrer avec sou5re cuprique, ceci con-

!re la pourriture d'a·utomne et pour [aire soûler les boutons des ceps (mettre à lruits) pour la future récolte; ce soufrage ne doit pas être fait par la grande chaleur, de préférence à la rosée ou encore mieux par le serein. 9. Un quatrième sulfatage au 3 % est uéc~>saire. si le deux.ième retersage n'a pas été fait très proprement. 10. Ne pas tailler trop tôt. Ne jamais faire sa bouiltie avec de l'eau très froide, elle fait !rancher; tempérez l'eau, vous aurez de très bons résultats. Quand ces travaux out été faits à temps, et pour peu que le beau temps se melie de la partie, je n'ai peur que du gel et de la bise. Un viticulteur expérimenté.

ATT.BNI'JON AU PARAPLUIE D'un journal de Paris: Celui qui voudra avoir pour compagne une bonne ménagère, d'esprit pratique, avi· sée et économe, pourra prendre, les yeux fermés. la. femme qui ne terme pas son parapluie quand la pluie a cessé. Celle qui ne le ferme ~amai s manque de soin, et ne deviendra jamais riche. ft~yez la demoiselle qui traîne sou parapluie. Son caractère est dépourvu d aménité Souhaitez-vous une femme énergique? Vous l'aurez en vous adressant à celle qui brandit son parapluie. Evidemment, personne ne tient à être l'Epoux d'une dame jouissant du fâcheux privi· lège de faire rrire la galerie à ses dépens. Eh bien! il est aisé d'éviter ce malheur. Il suflit •Je ne pas demander la main de la jeune per· sonne qui porte son parapluie sous son bras. En revanche, si l'on en rencontre une qui frappe Je pavé du bout de son parapluie, on peut, sans crainte, la condttire chez l'officier civi l et le curé, oar elle est excellente. Telles sont les règles. Mais bien entendu i1 y a des except-ions. ~

:t Soyez doux et indulgents l soyez pas ii vous-mê:Jœs.

Loué soit Jésus-Christ 1 • Loué soit Jésus-Christ. Ainsi soit-il, • !el es t le salut que les fidèles adressent généralement au prêtre et échangent assez souvent entr'eux. Ce souhait a été enrichi par les souverains pontifes Sixte V, Oément XV el Benoît )(liU d'une indulgence de 50 jours. Le ~ape 'Pie X a voulu. augmenter ces grâces spmtuelles en concédant une indulgence de 100 .jou•rs, appli,cable aux défunts, à tous les fidèles qtti échangent cette salutation par le nom de Jésus. Cette indulgence est gagnée chaque fois que deux persotmes se saluent l'une en disant: • Loué soit Jésus-Christ! » et l'autre en répondant: c Dans tous les siècles »; Ainsi soit-il. Cette pratique donne, de plus droit à unl' indu,Jgence plénière à l'article 'de la mort poUJr toutes les personnes qui auront eu la pieuse habitude de se sal-uer par le souhait précédent ou d'invoquer le nant de Jésus. et pou1· tous les prédicateurs qu i exhortent les fidèles à ce pieux usage.

L'âme de l'enfant Il est d'une importance capitale de donner à l'enfant, et de bonne heure, la forme chrétienne. 1.es sectaires ont bien compris de quelle conséquence est le premier enseignement. La preuve en est dans 'leurs efforts obstinés pour s'emparer de l'enfance. Pourquoi la neutralilté, la laïcité de l'enseignement primaire, sinon pour couper toute communication entre l'école et Jésus-Christ. Mais ·comment for.mer l'enfant à l'image de Jésus·O•rist? La première condition pour les parents, c'est d 'être chrétiens eux-mêmes. En vertu des lois de l'hérédité, ils transmettent à Jeurs fils, non seulement la ressemblance des traits, non seulement la vigueur physique ou le germe de certaines maladies mais encore des aptitudes et des disposition~ morales. Quelque chose de l'âme de nos parent& a passé ~ans la nôtre. A cette règle, il

y a, sans doute, des exceptions. On voit de enfants vicieux faire le désespoir d'excellen tes familles. Mais, en général, quand le frw est véreux, c'est que l'arbre n'est pas sans dt' faut. Mais ce n'est pas assez de prêcher d'exen pie; il faut encore graver dafts l'esprit de l'er fant les vérités chrétiennes. Que de jeune gens, fidèles à leurs devoirs , sous le toit d . la iam•lle, abandonnent toute .prafique rel gieuse lorsqu'ils échappent à sa tutelle! Que: le est la raison de ces défections déplorable! si ce n'est le manque de convictions solides Lorsqu'ils se trouvent dans ·un monde ind.il férent ou hostile à !Dieu, ils dépouillent leur habitudes religieuses comme un cosltrme d modé, parce qu'ils n'ont pas reçu dans let premier âge, une instruction chrétienne su tisante. A parfir d'un certain âge, la foi et la pt: reté de l'enfant sont toujours en péril. Mill ennemis le guettent; à chaque pas, SW"to1 dans une ville, il est sollicité au mal. Si c ne le met en garde, si on ne le surveille d près, il succombe inbilliblement. PouŒ" ne pa déplaire à l'enfant, pouJI" éviter une sc~ne dé sagréable, on lui accorde 10ufes les liberté! Un médecin n'hésite pas à faire crier so malade; il le blesse pour le guérir. De mêm u11 père ne devrait pas craindre de déplair à son enfant, si, de cette contrariété d'un mc ment, doit résulter un bien durable. Nous vivons à une époque où nombr d'enfants sont placés dans l'alternative ou é devenir apôtres ou de perdre la foi. C'élai jadis, le premier souci des parents chrétien de soustraire les jeunes âmes à toute iniluenc pernicieuse. 'LivŒ"es 0111 Journaux Mispects, c~ marades pervers, 'fou~ ce qui pouvait leu donner l'idée du mal, était écarté avec soi1 Rien de plus Jouable, de .plus nécessaire q· une telle vigilance. Sans dou,te, une serr· n'est jamais si bien close -que le vent n'y ~ nètre par (!uelque fente. Même dans les mei leurs collèges, les mieux tenus et les pit fermés, il se trouve des ,c orrupteurs. Et, at jourd'hui, que de familles n'ont pas le choi de l'école! A plusiews, le lois.ir manque poll


6'7 F>Urveiller Ide près leurs enfants. Livrés à euxmêmes, errant dans la rue ou à travers champs, les pawv!l"es petits. .sont exposés à toute sorte de périls. Que faire? Puisqu'on ne péut ·les. soustraire ~ la lutte, qu'on leur apprenne à combattre! 1Elever .un enfant, c'est en faire un homme, c'est-à-dire un lutteur. Non qu'il iaJille lui donner des habitudes agressives ou lui révéler le mal qu'il ignore. Mais il!!f au.r·a it avantage l le metire en garde contre la tentation et à lui apprendre •comment on la repousse. C'est déjà beaucoup de savoir reconnaître le péril et d êlre décidé à' résiSiter coûte que coûte. Qu'ott lui di·se: • Mon ami, Dieu t'a donné la foi. C'est un trésor •qu'il t'a confié, de préférence à tant d'autres. Défends-le conlre les méchants, qui voudraient te le ravJr. Ne sois pas de ces lâches quri dissimulent leurs convictrions et cachent leU!l" drapeau dans leur poche. Si tes camarades, &i. tes maîtres eux-mêmes insultent devant toi tes croyances, ne manque pas de protester, ne serait-ce que par ton silence. Tu es chrétien, et un chrétien ne doit jama•is roug:ir de sa foi. ~ >L'enfant comprendra ce langage. Que de àeunes gens ont été arrêtés sur la pente dw mal par la vue d'un camarade exemplaJire! Ils allaient céder ~ l'attrait du: vice, mais un regard d'ami Jes a l'ait roug~r et les a rappelés l eux-mêmes.

Le bâton de St Joseph La vieille Yvonne s'assit alors près de son rouet et nous dit: - Oui1 mes en<fants, ·Je plus grand des sa.ints du paradis, c'est s. Joseph. Ecoutez bien ce que Je vais vous raconter, et vous verrez si 1e vous ai menti. Nous nous approchâmes plus près encore de mère Yvonne, et elle commença. ·Personne n'aimait Jo»eph Mahec, dans le pays de Keroéh qu'il 'habitait; aussi vivarit-il solitaire dans une cabane délabrée. On rdisait que le soleil lui-même avait tellement en horreur Joseph ·Mahec que tia mais il ne proje-

tait ses joyeux rayons sur la :maisonnette en·fumée. Un soir de mar~ où Joseph Mahec ·allait péné~er dans sa cabane, il se sentit ti1-er légèrement par le pan de .son habit. Il se retourna surpris, presque en colère, car il n'était rpoint a·ccoutumé à ces manières.. On le fuyait, mais on ne le touchait pas. Derrière lui était un vieillard courbé sous le faix des années et de la misère. Des cheveux blancs, une longue barbe, des fra·its vénérables prévenaient en ~faveur de cet inconnu, en dépit de ses pauvres habi.ts. Mais Joseph Mahec n'avait de pitié pour persori.ne. Il regarda à peine cet étranger dont le front avait pourtant un doux rayonnement emprunté sans doute à la résignation de son âme. - Que me voulez-vou~? demanda-t-il bntsquement. ' ~ Assistez-moi, ldit le 1pau\'re homme. Mahec partit d'un grand éclat de rire. - Est-ce que J'assiste quelqu'un, moi? .... Ne savez-vous pas qwe l'on m'appelle le Hibou? Je fais du mal tant que je peux, et jamais de bien à personne. Hors d'ici! - Mon bon Monsieur, par pitié, dit-il, en 1joignant ses mains décharnées et tremblantes. Parfois une seule bonne œuvre peut assurer le salu.t éternel .. · • - Je veux la paix, à la fin! s'écria Mahec. Va-t-en ou je te .. . . - Mon ami, pouc l'amour de S. Joseph, dit encore le v,ieux pauvre en retenant doucement le bras de Mahec. - Çà, c'est différent, dit celui-ci; S. ·Jo· seph, c'est mon patron, comme disent les ~é­ vots. J'aime œ saint-là, parce qu'au moms, sa place au paradis, il ne l'a pas gagnée eu fainéant. Joseph Mahec ten'<iit à l'inconnu son gros bâton noueux. ~ Tenez dit-il de sa voix .rude, prenez ce penbaz; ~ous n'avez par les jambes bien solides il serviii'a à assurer vo~re marche, et si vou's rencontrez quelque malfaiteur, vous pourrez vous défendre contre lui. \Le vieil étranger prit le !bâton, son regard

s'éclaira d'une douce lueur et un radieux soufrappez à la porte dti paradis avec ce f>âf, rire vint à ses lèvres. et S. Pierre vous recevra. - Joseph Mahec, dit-il, !Dieu ne laisse Mahec heurta de nouveau à la porte pas sans .récompense un verre d'eau: froide paradis, mais avec son bâton, cetle lois. donnée en son nom. Au revoir et mel:'ci 1 Saint :Pierre pa:rut. Plusieurs années s'écoulèrent, Joseph MaEncore vous? dit l'apôtre. Ne vous . hec mourut. .je pas dit qu'ici vous n'aviez pas d 'amis? Il mourut comme il avait vécu. - J'ai S. Joseph, mon patron, reprit tin Il revenait à sa cabane; soudain, ses jam- dement 'Mahec. bes plièrent sous lui. Il voulut appeler, mais - Saint Joseph est absent. .. aucun son n'arriva à ses lèvres. .Par un derMais S. Pierre n'en diif pas davantage. ~ nier cl!fort, un cri rauque s'échappa de sa yeux tombèrent sur le bâton que le nou' poiirine et ses lèvres articulèrent ces trois arrivant tenait à la main. Une branche de : mots: « 0 sl!!int Josep}J! » d'une admirable blanchem venait de s·y at1 Joseph Mahec est transporté dans les ré- cher. gions éternelles. Deux .portes .s'offrent ~ ses -.Le bâton de S. Joseph! s'écria S. Pierr· regards: l'une est sombre et pleine d'horreur, Entrez, enlrez, mon ami, ici tout le rnoŒ l'autre étincelle des [eux de mille pierreries. obéit à S. Joseph, tout lui est soumis. Entn et jouissez du bonheur des élus! 'Le nouveaUJ venu s'en va frapper à la porte étincelante Mahec .franchit la porte étincelante, et ; - Qui êtes-vous? demanda le glorieul!' voix qui, à sa dernière heure, a vait su. dir pêcheur de Galilée, portier du ciel. ce mot: « Joseph!~ se mêla à celle des Bie1 - Joseph 'M'abee, répondit l'arrivant, d 'uheureux qui, pour toute l'éternité, répèteJ ne voix 1imide. ses louanges. · - Je ne vous, connais pas, dit S. Pierre. Vous· voyez, enfants, ajouta la vieille Yvor Reij~té du paradis, Mahec n'avait d'autre ne, en arrêtant son r-ouet, si f avais raison Cl parti à prendre que de frapper à la porte vous dire que S. Joseph est 1e plus gran sombre. saint du paradis. Il ne pouvait se décider ... Or, c'étAit justement le 19e Jour de mars, fête de S. 'joseph, que 'Marhec avait été jeté de la vie dans l'éternité. Au moment où la main de feu de Satan allait étreindre sa proie une voix lui dit: Sous la poussée des vagues, la petite jeté - Arrière maudit! de bois gémit; blanohe d'écume, ruisselant• Et Mahec vit la douce et placide figure d'eau ·qui, de chaque côté, retO'Inbe en cata d'un vieilJa.rdi dont le ,front était ceint d 'un rades, elle semble une épave le long du n nimbe d'or d~un admirable éclat. vage, - Que faites-vou:S là, mon ami? demanda Un groupe de femmes sel'llées contre lE le saint à ·Mahec. phare, attend la ·rentrée des bal:'ques. Celles· - Saint !Pierre me refuse la porte du pa- ci arrivent presque toutes à la [ois, sans tot· radis et 1je vais en enfer. le, désempaJCées, roulées comme des feuille~ Le saint présenta au malheureux pécheur mortes ,p ar le vent d'orage. Des appels .. . un bâ!ton ·qu'i-l tenait à La main. des commandements .. . des exclamations jo· - Reconnaissez-vous ce hâton? deman- yeuses ... des bras qui s'ouvrent plllis se reda-t-il. ferment pour étreindre!. . . 1Pendant run ins- C'est le mien, s'écria Mahec. tant pour tous ces pêcheut~, en.fin à quai, - Une bonne action n'est jamais perdue. c'est ·la joie du retouc après l'aler~, joie ma1

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Le Devoir


69 gnHîque, mais grave, car ils la savent pré-, caire sans cesse menacée, surtout parce qu ils ~nsent aux autres, à cewx: qui, moins heureux, sont encore dans la tourmente. Sous leurs chapeaux de toile cirée et leur-s • sorois. trempés, ils Testent là, silencieux de nouveau, attendant les absents. _ Quel temps, mon pauvre gars! fit un vieux marin, la pipe auoc lèv!l'es, à un moussaidlon tremblant de fatigue. _ Il va y en avoilr des deuils sur le rivage ... paraît que le 14 n'est pas encore revenu. Tiens! regarde! Devant eux, dans la brume, apparaii une silhouette tragique. Vieille, voûtée, mince, luttant avec peine contre le vent qui fait claquer sa 1jupe comme une voile mouillée, une femme les mains jointes, fixe la mer. _ ' cest la Crainqueville. qu'attend son homme. Par .une brusque déchirure des nuées, un peu. d'espace apparaît soudain, et .sur le chaos déchaîné se débat une pauvre petite barque démâtée, une pitoyable petite barque à bout de forces. _ Jamais il ne doublera le ,• Rocher •, munnure le vieux marin; il va mouiller et à Ja grâce de >Dieu. Si le vent passe à l Ouest, il est paré; mais s'il reste au Nord~No~d­ Ouest, 'Ïe ne donne pas cher du père Cramqueville et de son plus jeune gars. La vieille femme est foUljours immobile et muette. Autour d'elle on s'agite, on gesticule, on crie. Seule, comme pétrifiée, la Crain· queville demeure les mains jointes, face à la mer. A .chaquf! c~up de vent elle oscille, prête ~ tomber. Mais elle tient bon, repren<t sa place, et le f.rissonnement convu:lsif de ?~s épaules saillantes comme deux motgnons d atles indiqtte seul qu"elle existe et q u'elle souffre.

Elle est là comme rivée par le ·regard. à ces quelques planches perdues dans . la t~te, qui portent solll mari et son pl~ ~eune hls, 1~ dernier qu'elle ait bercé et qu·t, 1an passé, st plaisant dans ses ~au~ ~abits, si :ayonnant de ferveur et de f01, fa1sa1t sa premtère com-

munion dans la vieille église de bois, cette grande barque du: bon Dieu•. Soudain, dans Ja brume, 'll!le ombre la frôle, qui passe et s'arrête aussi près de la mer que le permettent les vagues bondissantes. Cette ombre taillée en force, elle, l'a reconnue. . . c'est son fils aîné, colosse au sourire . d'enfant, géant au regard doux. Il n'a pas vu sa mère, absorbé qu'.tl est par une seule image : celle de cette barque en per:hltion; il la devine d'ailleurs plutôt qu'il ne la voit, car le brouillard s'épaissit de nou• vea.u et le fragile esqw'f sans mâture garde, dans la grisaiJle, l'anonymat du cercueil. - Qui est-ce? songe Orainqueville; pourru que ... non! non! ce n'est pas possible, un si bon marin; est-il revenu. pourtant? Il fallait le savoir. En se retournant pour se précipiter vers le groupe de pêcheurs abrités par le phare, il se l~rouva devant sa mere, et elle quittant des yeux la barque et regardant son ms dit simplement: - Henry. . . ton père? IJ..e géant répondit: Allons! ~ .La cabane du canot de sau\'elage ouverte, les marins à leurs bancs, Henry à la barre, l'embarcation desœnd sur le glissoir, pique du nez, se redresse et, enlevée par douze rameurs vigoureux, file à toute allure. Droit. au gmtvernail, commam:lant la manœuvre, tmpassible dans la tourmente, le fils vole au secours de son père. Au moment où il doulble la jetée, oit il s'élance dans la mer en full"ie, il entend au mil ieu des cris poussés soudain par Tes mar ins restes à terre, celte phrase sini·stn~: - Une ba,I'que en détresse, en amont du port. A sa droite, un bateau, là moitié brisé, roule sur un récilf; cramponnés a·u tronçon d·w mât deux hommes attendent la •mort. A forme de la proue, Henry a fout de suite reconnu que l'embarcation n'est pas de • chez lui •. Moment d•·indicible angoisse! . A babord, son · père et son frère qui, .l moins d'un miracle, vont se perore; l tn -

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bofd, tout près, deux éirangers dont la mort peu, de réconfort à c~ux qui, peut-être vont est ceriaine s'ils ne sont pas à l'install(t se- mourir, à celui qui essaye de les sauv~r. courus. La CrainqueviUe ·savait que son fils irait Les matelots attendent l'ordre. Que va-t· vers cette barqu.e parce que cette barque 'reil décider? Les étrangers ont aperçu le ca- présentait pour lu•i le sacrif-ice. not, font des gestes, ne doutent pas qu 'ii ~ rienne pour eux. 1'1 les devine fous de joie r t tespoir. Va-t-il les tuer en s'éloignant? Car Le sauvetage fut particu.Iièrement périlil les tue, il en est sûr; et pourtant, là-bas leux. Dès que le canot accoslait l'épave une lOU! ce qu'il aime, tout ce qu'i·l vénère est en vague l'en éloignait. [.es deux malheureux à péril; et le doux, le confiant ,appel de sa •mèboUlt de forces, incapables d"·un mouvem~nt, re sonne à son orei'lle: ne pouvaient aider leurs sauveteurs. Il fallut - 'Henry. . . ton père? les cueillir au vol. Les rames levées, les pêcheurs silencieul - lEt ma1ntenant, les gars, vite, au, papal attendent !"ordre du chef. Souque. souque, un 'bon. coup, il est peut-être - 0 mon Dieu, murmure celui-ci, inspilemps encore. ~tz·moi, et vous, ·bonne Sainte Vierge, •Etoile Un véritable miracle alors se produisit. Le de la mer, veillez sur mon père et !ailes qu'il vent brusquement passe à l'Ouest, faiblit, de11e pardonne. vient brise légère; la brume se déchire, s'éSa décision est prise. Bien sûr, tout so.'l lève, se fond au ciel redevenu bleu.. Le soleil cœur le pousse à aller au secours des siens; su r la ·mer s'ét.a,Je en nyons argentés; la cio· 111is, justement, n~ doit-il pas lutter contre che d'une église tinte •a u sommet d'un cotllll cœur, contre cet égoïsme, si sacré soit-il, teau.; le vol blanc des mouettes tourne sur les et res inconnus qui vont mourir là, si ~s de flots lumineux et, poussé par le vent favoraIIi, n'ont-ils pas 'le droit a·ussi ~'être sau,vési" ble, le père Crainqueville, après une manœuM'ont-ils pas, eux a.ussi, une mère et peut- vre habile, double le c Rocher • et entre au IR une femme, des enfants? Quel foyer que port en même temps que le canot. lt leur -s'ils ne reviennent pas, quelle misère! Il est presque aussi grand que son fils, le Et ne pourra-t-on pa's l'accuser un :jour de père Crainqueville; r.ablé, laTge d 'épaules, le l!s avoir sacriEiés à sa famille? Ils se trouregard d 'azur lavé, presque incolore, comme ftient les plus près de lui, il se_devait d'aller l'horizon d~e son pays. Avec ses vêtements 1tlS eux. alourdis d"eau de mer, sous le chapeau enUn commandement bref; les rames plon- foncé dont les bords .protègent et couvrent l'Ill d"un même élan; le cano! vire à tribord le cou sanguin, on dirait un scaphandrier If dirige vers la barque inconnue. A bord, sortant de l'abîme. Il arrive lentement rou• obéit, mais, suif la jetée, la foule mur- lant sur ses jambes arquées. On i'ac~lame! -.rt: Qu'allait-il se passer maintenamt? On le - Si c'est pas malheureux. . . son père, sait vi-olent, ·secoué de colères subites, parei]. frère. . . sans cœu,r. . . e t pour des étranles aux ·COups de vent qui s'abattent s.ur la .. il est lfolli... on ne le reconnaît' côte normande. Sans doute, sa furetLr sera ter rible. Lui préférer deu;x inconnus; pour· Uae femme pourtant ne murmure pas. ne rait-il excuser cela? . plaint pas; une iemme le reconnaît, elle; La foule entend! la scène. •Voici Henry! ce etsle: sa mère! Jouant des coudes, le géant s'ouvre un pas· Dt plus en plus votltée sous le vent, elle ·sage. JI est heureux, mais inquiet. Lui aussi . calme et stoïque. Elle ne quittera. pas prévoit ·la bourrasque paternelle. Tout mis~ avant la fin de la ~ragédie. Qui ~ait selant, il se précipite d)lns les bras de sa l dislanœ, .sa présence n'apporte pas un mère:

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70 - Que vous m'étonnez, chère Madame! Suzanne étai.t id, en clasre, une excellente en[ant, pieuse .. . bien disposée ... je l'ai touoiours 'connue ·vi-ve mais franche . . . -judicieu' . ' • 1 ' 1 se ... hers: . . , . - Serait-ce, reprit la mère, quelqu'une de _ T'as bien fait, mon gars, t'as b1en •ait. ses amies qui l'aurait pervertie? Et le père, le pressant à son tour sur sa. tLa Supérieure :réfléchit: poitrine, d'a}outer: . ., . _ - Qui fréquentait-die? .. . !Marie? un an- ·La mere a raison . . . ~ aurai!S comman ge .... Agnès•? une perle ... Jeanne? un trédé 1comme toi ... c'était le Devoir! sor ... Ah! par exemple, Agathe? . . . Jean RElNOUARD. - Agathe? Elle ne la voi.t jamais. ----·- • 1-' 1 - Alors, ne soupçonnez-vous pas quelque jeune ihomme, chère !Madame? - Nous n'en recevons aucun, et Suzanne r=-· ne nous quitte pas. - C'est un mystère ... insondable, fit la Nous venons de marier ta sœur Jacreligieuse en levant les yeux au ciel. queline, c'est à ton tour maintenant, ma pe• L a mère sortit désolée ... sans savoi·r pour. tite Suzanne. Suzanne, ,jeune ~ille de ving.t ans, regarda quoi .sa fille avait sur • l'm1ion libre • des dhn coup d'œil circulaire la fa:nme assem- idées ·bites » . blée autour de la table. ~ _ Tu ne sou'ffles mot? dit le père. Au moment même, :Monsieur était chez _ Tu ne veux donc pas te mari~r? reprit l'abbé Ostian. la mère. 1Le brave • papa • répétait au milieu de Se3 Suzanne ouvrit la boudhe, et d'un ton larmes: bref: - 1j'en sui•s 'fot~ de douleur, Monsieur - Je ne veux pas me marier, ~oi! .Pour l'abbé. ça non, c'est .t rop sot!. . . L' • umon libre » - 'J 'ai bien constaté, i·it le prêtre, que Sume suffit ... zanne de·venait, ià l'égli·se, rare comme les ILe père, la mère, la tante Anna étaient beaux jours. e'irondrés. - A quoi attdbuer cette déser.!ion, MonSuzanne paraissait très convaincue de ce sieur l'abblé? qu'elle venait de dire, et attendait les réîle· - Je [e saurais, cher Monsieur, que de ne xions, prête à déiendre son point de vue, tel pourrais vous le dire; mais je ne le soupun chien qui va mordre. çonne miême pas,. Le père jugea prudent de ne IJQS la p~us­ - Sa mère m'a\1iirme ·qu'elle ne va pllll ser en ce moment, pour ne pas s·candahser communier. . . Comment remédier à cette néles deux sœurs et le frère plus jeunes, tJlon- gligence? . • gés dans q•admiratipn de Suzanne qui venait - Il ~auidrait d'abord en conn:utre b. de se c poser llà ». cause ~i1t •l'al)bé. . . Votre Suzanne est une' énerglque, .une décidée... Je olui ai toujours Une heure après, à l'a suite d~une ex~li'ca· dit: • M'a ltille, vous êtes de ces tempéraments , tion orageuse a•vec .sa fille, !Madame était au 'qui font des vauriens ou des saints~- 1Eile tourne au vaurien, !Monsieur 1abparloir des c obères Sœurs •· be. _ 1Enfin, ·ma . Rév-érende 'Mère, 'Ccmment Et sanglotant, le père ajoutait:. expliquez-vous cette • folie •? Je le hu ai ; !Mais qui me dira pourqLLOl? faire redire, Suzanne n'en démord pa·s. _ Quel calvaire 1je t'ai tait gravir! Pardon, pardon, maman. •, Ma'is elle :redres&ant son dos vou•é, levant vers SO~ gaand {ils ses ye•UX limpides. et

L'école du vice

Tt 1Monsieur et !Madame étaient de retour presque ensemble à la maison, les yeux rouges, les paupière& gonflées. Comme ils échangèrent leurs impressions dans ·la salle à manger et constataient le résultai négafiif de leurs ldémarohes, Adélaïde, la ·vieii!e 4omestique de tou1jours. qui les servait avec un dévouement au moins égal à celui qu'elle portait à son Tiers-Ordre de Saint~François, vint .r amasser dans le placard une pile d 'assiettes. Elle s'arrêta: - Madame .pleure? Regardant Monsieur: - Monsieur aussi? Elle posa la vaissetle sur la table. - IM'a pauvre Adélaïde, dit Madame, nous ne pouvons r ien te cacher. Voici ce ·q ui s'est passé. Et elle raconta tout. Adélaïde, ayant écouté, reprit: - 'La Révérende Mère n'a pas su dire? - Non, Aldêlaide. - !Monsieur l'abbé Ostian non plus? -Non plus.

- •EJh bien, déclara Adélaïde, en se campant devant ses maîtres, ~e sais moi! - Alors, dis vite! - C'est tout .si•Jnplement 1e • ·journal de Monsieur"' Mons'ieur et Madame se regar.dèrent sfu· pftaits. - IExphque-toi de grâce! - Monsieur est ca.fholique; il veut des dants catholiques, iiJ. achète un journal qui 1t l'est pas. oltfonsieur, piqué, riposta: - :Mon 'journal ne <lit aucun mal de la

lllfrion.

-· C'est déjh irop de ne pas en dvre du - Pour moi, ûe ne vois rien à lui reprodêclara 1Madame. Ad€1aïde se croisa ies bras : - Et les 5aits divers. . . scandales. . . di. . les :femmes de Landru. . . c'est bon œla pour une tête de 1jeune fille?

Monsieur et Matlame se regardaient muets de stupéfaction. Adélaïde, sûre d'elle-même, repartit : - Et ce n'est pas encore cela le pire! - Quoi donc? s'écrièrent-ils tous deux. - Le ieuillleton, parbleu! - Nous ne le lisons jamais! - Oui, mais !Mlle Suzanne •Je Hf. - Où? . .. .quand? ... interroge le père, je ne le laisse jamais courir. - !EI1e le lit avant Monsieur, dans le salon . .. en attendant Monslew·. Elle le prend en bas dans la boîte . . . dont elle a la clé ... - Tu l'as vue? - Tous ieSI soirs. 'Les ,deux braves gens étaient abasourdis. - Et que dit ce feuiUeton, Adélaïde, le lis-:lu? - Je ne 1'-ai regartlé qu'une fois, pour voir. C'est une ~eune fille qui ·vit avec un ami et qui, soi-disant, nage dans. le bonheur et la liberté! ... Ça ma dégofttée.. . ce n 'est pas moi qui laisserais .•. Quel malheur! gnmd Dieu, quel .malheur! • Et tous deux. affalés dans des fa uteuils, sanglotaient. 1

Après un moment de r'étlerion : - Que ferais-tu, Adé1ai'de, ,à notre plate? - Je balanœrai.s cet all'freux papier . . . et en vitesse!. .. Est-œ que des catholiques devraient aoheter des journaux qui mettent tout en dout~? •Le soir même, Monsieul!' était désabonné de son viiain ·quotidien • neutre et mondain ». 'Le soir même, il étai.t abonné à un journal pa.rfailement chr'étien. Et tristement, il disait ~ sa femme : - S'i~ est trop tar.d pour que ceHe leelure • désinfecte » Suzanne, elle empêchera du moins· les trois petits de se contaminer. Charles 'LAMORE.

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Variétés ÇA !NE M'A RIBN COUTE Une vieille et misérable 1emme vient me demander oo secou~rs pour payer son loy~r. Elle vit avec son fils; elle-même n~ peut r ien f . n dehors des soins de la matson et son ~~~eae été malade. Une petite enq~ête con!i~me ses dl.. res, la situation es! vraiment pemble. J'accorde le secours. Un mois après je repasse chez la bonne

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II ne peut gu.ère y avoir, en ef:let, de plu grau.d ho.nneur pour un ·père et .une mère qu de voi·r leur enfant faire sa première commu nion. L'entant qui cQmmunie es( w1e égl is• vivante; toutes les gouttes de son sang, tou tes les fibres 1de son être, toutes les pensée! de son âme pretment une voix pour dire à Jésus: Mon Oieu, c'est à mes pa~renis que je dois ce bonheur. bénissez-les! Mais cet honneur comporte aussi des de voi~rs.

- De très g~rands. Avant la première communion, les parents doivent tout faire pom que leur enfant soit digne de la visite divine Par conséquent, il fau!: laisser de côté le1 questions d'amour-propre et de vanité. Qu importe la place? ... qu'importe la toilette? ... Les parents s'efforceront, au contraire, de parler souvent à l'enfant du grand jou,r ·q.ui approche; ils le feront prier; ils luJ signa'le· tant ses défauts; ils prieront pour lui de tout leur cœuT; ils orneront son âme •de toutes les vertus. Le :jour de la ;première communion, ils tiendront à honneur de l'llccompagner à la Sainte Table. Le bonheur des enbnts se dou· blera de celui de leurs pa.rents. Leur joie sera plus douœ, étant partagée par ceux qu'ils aiment. Comment Jésus pourrait-il refuser ·quelque chose à des âmes 'lui, unies pal' le sang, s'mussent aussi ·dans la. même foi et la même prière?

La recrue.

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Lu i, c 'était ·un coupe-jarret, un habitué du couteau .... II n'avait pas tué une lois, par itasard, -dans un moment de colère, ou ·une heure de beuverie. C'est généralement dans les mois d'avril, Non, c'é!ait le lbandJt de grand chemin, mai et juin que nos eaiants s'approchent pour le rust.iud. là l'œil inquiétant, .aux manittes. la première fois du banquet eucharistique. louches, qu'on n'a.ime ·pas renc011trer sur la Quel grans! jour pour nos emants.! que route déserte quand s'épaissit l'ombre du ceJu.i-ià. Mais il n'est pas grand pour eux .soir. seulement: il est encore bien s.olennel pour Il avait volé, dévaliisé, assommé C<JŒ>ieuseleurs familles. ment. , -

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Je· crois, ô mon Dieu, qu'en souffrant avec résignation, j'achève en moi la passion du Christ. Je crois que toute créature en ce monde es t gémissante et comme dans les douleurs de i'eniautement, et qu'elle atiend le joll!r de la mani!eslation du FiJs de Dieu. Je crois que nous n'avons pas ici de de1Jieure staible, et que nous en cherdtons une an ire dans l'avenir. Je erois que toutes choses coopèrent au bien de ceux qui aiment Dieu. Je crois qu.e s'ils ·sèment dans les lannes, ils moi,ssonnent dans la joie. Je crois que bienheureux sont œux qui meurent dans le Seigneur. Je crois que nos i.ribula:tions fom~en! en nmts un poids éternel de glo,ire, si nous contemplons, nQn ce qui se voit, mai1; ce qui ne . se voit point; car les choses que nous voyons sont passagères, et celles qae nous ne voyons pas sont éternelles. Je crois que 1110fre çonps corruptible revêtira lïncorrupt.i,bH~té, que notre -corps mortel r€!Vêtill'a l'immortalité et que la mort sera absorbée •dans cette vktoire. Je crois ~que le Seigneur essuiera toute larme dans les yeux des jusfes, que la mort ne sera plus en eux, ni Je deuil, ni les génùssements, et que leur douJeur s'arrêtera encore, car tout le monde aura ,passé. Je crois que nous verrons Dieu face à lace. Mgr OE!RBET. .._ -

===== Hraves gens, prenez garde aux propos. que vou,s tenez. Tout peut sortir d'un mo_! qui, en passant, vous échappe, tout, la ham~ et le deuil. d:t n'objedez pas que vos amis s~nt ~rSI et 'que vou.s parlez bas. Ecoutez bien ceci: Portes closes, chez vous, tête à tête,et ~ans témoin qui soulffle, vous dites à 1oretlle, un . d ou au p~us mystérieu~ de vos amis e cœur, ' l'ai·'~"z mieux vous manœuvrez tout . Sl VOUS "'""' ' • f seul croyant presque vous taire, dans le and d'u~e çave, peut-être à trente pieds sous. terre, un mot désagréable à quelqu'un. Ce mot, que vous croyez qu'on n'a pas entendu, que vous disiez si bas dans un lieu sourd . et sombre, . ·~·...he part court bond1t, sort de . à peme 14\.l ' ' • "t l'ombre. Tenez, il est dehors, Il ·conna.I son chemin, il marche, souliers !errés, un_ baton à la main et avec un passeport en r~g~e. Au besoin il prendrait des ailes comme 1at~le. ~1 vous ·échappe, il !uH, rien ne l'ar~êtera, 11 suit le quai franchit la place, passe 1eau sans bateau d~ns la sai.son des crues, et va tout à travers un dédale de rues. Sacha~! le ttuméro, l'étage et possédant la clef Il va to~~ droit chez le dtoyen don\ vous avez parle, il monte l'escalier, pousse la porte,. en~re et, '!leur regardant l'homme en face Il 'CIIt: Me ra1 -~~ 1 ,•e sors de la bouche d'un te1· Et c'est va Ill<'. 1 t s êtes fait. Et voilà aussi commen vous vou fait un ennemi peut-être mortel.

Le Credo de l'âme ,qui souffre

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Ne dites pas de mal

lemme et surpris de voir une glace 1outt neuve. _ Oh! Monsieu,r , elle ne m'a rien corttt. _ Et comment cela? . _ Eh oui, 1je la paye 1 .franc par mots. - ? ... ? ... ? ... Second' fait. C'était 00 tout pelit industriel; ses allai· res étaient des plus médiocres. A plus•eurs . il était venu m'en parler; les choses repnses, ne s'arrangeaient pas. Un jour, ,ie le trouve assis ch_ez . lui, de· van! un magnifique burea~u améncam pour. vu de tous les perfectionnements,. u~ de ces meubles compliqués et coûtewc, ti-roirs mu!. tiples tirettes, etc. _ ' Oui me dit-il, j'ai a<lhete' ce bureau. - ,fu 'ce moment! M'ais c'est _f~u! _ Oh! c'était pour fai·r e .pla•tsir à qurJ. qu'm t qui représente cette ~~tso_n._? - ~t combien vous a-Hl coule. Je ne sais pas. · Comment vous ne savez pas? . _ 'Non, on m'a dit que 'ie . verserai . .9 Ir . alors ,1·'ai· pensé que Je pourra• 1ou. par mOis, joull's le payer. . Quinze ~jours après, mon bonhomme Aut en faillite. Il ne peut être question d'int~rdire ce p re de vente à crédit, mais du moms dans les écoles en montrer tous_ les nients: danger d'acheter des objets certitude de les payer beaucoup . plus qu'au comptant parce que le magast~ est gé de faire supporter à l'acheteur 1mté~ l'argent, les frai's de recou,vre~ent, enlm surtout un supplément pour lut ~r~ se dédommager sur le dos des chents q yent de tou.s ·ceux qu• ne payent pas. .Il .1' en un mot &aire loucher du dOigt d rat' ' . r . l'objet qui, acheté à créKht, ob •ge a miser 3 ir. par mois pendant oo an, comptant aurait nécessité à l'avance ~ économie pendant six ou sept mots ment.

Préparons le grand jour


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74 C'était même sa profession. Parfois, il opérait seul. ... Papfois, .il s'adjoignait un collègue; on fais·ait alors odes coups particulièrement fructueux. Puis, •un jour - tout 13iiTÎNe - .iJls s'étaient fui!! pincer pM la police romaine, tous les deux comme oo quelconque Bonnot et com' ' pagnie. Aussitôt, leUT affa.ire avait été claire, Les princes des prêtres n'avaient pas eu besoin de corser l'accusation. Pilate ne s'était pas la.vé .tes ma1ns, et sa femme n1avait pas rêvé d'eux. En cinq secs, ils ava..ient été jugés, condamnés, et au maximum. Ils n'avaient d'arllleurs pas protesté. C'était le prix coDIVenu, risqué d'arvance: • Nos dtigna factis reipùmus . . . · ~ . • Et auprès de la grande orotx du Mattre où pleuraient la Vtierge-Mère et ses compagnes, on les crucifia tous les deux n~gligem­ ment, peti(e misère eru lbortlure de l'unmense sacrifice du Saint des Sadnts.

e L'un resta bandit ~usqu·au bout. C'était une canaille complète, une crapule intégrale, où r.ien ne subsistait plus. 1Entre 'deux hurlemen~s de souffrance, .ïl crachait des blasphèmes contre oe Crucifi.é du milieu qui, !Par la majesté de sa tenue, avait l'air de voulGir lui ~alire la leçon, à lui, l'escarpe des grands chemins, Ja_ ~er:reur des bourgeois de Jérusalem et de Jencho. L'autre tout rvoleur et assaSSiin qu'il était, ~ut pourt~nt un !COin de sruin dans la gangrène de tout son être. Ses yeux fixés sur le grand Supplicié _qui allail expirer ià son côre, il sentlt . en ~ut _Je tressaillement de ·quelque chose qw natssatt. Ce quelque chose éM.it le repentir. Devant l'immaculée !blancheur du Christ, il se décoU'vrit tout à coup noir, boueux de ibu~e sa vie de désordres. •Devant les yeux pleins '<i·'~nfini du Maitre qui regardait loin, bien loin de la terre, les siens se des~illèrent.

Et, d'Wl seul coup, il sc dégofita et se vomit lw-même. Oh! pas très idéalement. -Il :reste instindivement encore un peu bandit même dans son repentiT. 'Après aovoir volé des denters . et des bestiaux tSUII' la terre, .j} rêve, pour son dernier coup, de voler le paradis. Oui, le paradis. . . ni plus, ni moins! Et sans transition, il demande au Chr,ist . de se souNentr qu'ill ' ne connajssait pas d hter, de lui quanod JI sera là-haut, dans le ciel. En d'auires termes ... de l'y ·introduire. Avouez qu'il n'a pas peur! Il est pratique, ,Je gaillard, dans .sa <:On· trition. Il ne s'est pa-s regarP,.é. . . . Elle sera fa· meuse Ja !l'ecnue dans le royaume du Père! ' . On le voit entrer, cet apache couvert de crimes, méprisé de tous, exécuié vivement par tme société qui entend se défendre. . . on ~e voi.t entrer et aller s'asseoir, a.u milieu des anges des ~rchanges, des chéf,ubins, des vierges n:y,stiques, devant ce Dieu qui trouve des taohes jwsque kians ses anges, et qui a admis que son Fils mourût, et de quelle morl! pour :réparer une faute, une seule, ·commise au berceau du genre humain. Evidemment, il ne connaît pas le premier rn<>! Ide la situation .... Il ne sait pas que rien de souillé ne peut entrer dans le Lieu de la 1Lumiè·re et de la IPaJx solennelle . · · ·

e

Et sLu,péfaction 1... Sa~s :le faire attendre un instant, sans un mot de reproche, le Ohrist lève sur ·Ju.i son regard qui déjlà. s'emplit d'ombre. . _ c Aujourd'hui, tu seras avec mo.t dans le paradis! ... " . . . Vous entendez bien . . . ? c au~ourti hUI! • Quand tout à l'heure, les exécuieurs vien· dront et' à coups de Ibarre de fer briseront les ja;mbes de ce volenr pour expéd·ier plus vite son agonie. . . quand sa loque pantelan· te les cordes étant dénouées, v.iendra s'al· faÎer au pied du gibet, ,l'âme du J.arron, d~

livrée de la croûte de fous ses péchés, lavée de la sanie de tous ses crimes montera tout tiroit, sans purgatoire, dans Je' lbleu paradis. c Atljjourtl'hui, tu seras avec moi·... • Hoüie mecum eris in pamdiso. ~ •E t pourquoi cet extmordinaire pardon... ? Pourquoi ... ? 1Parœ que le Chr~s't a tellement soif des âmes quïl saisit avec ·avidité toute main qui se tend vers 1œi, même .si cette main dégoutte de !houe ... même si elle d~goutte de

sang ..•

Quelle sera ta culpabilité s'il est si facile de se sauver! Et, pour .Je. bonheur d,es tiens, ,p our Je· bonheur de Oteu, une fois encore je t'adjure de •ressusciter 1 ' Pierre l'Ermite.

Le jour de la Dame .Nos lecteua-s cathloliq;ues n'ignorent

pomt 1que la idate idu 25 mars rappelle la fete de l'Annonciation qui était enœr~ cltômée en Vrai.J;ai,s il y ~a quefques anruees seulement, a~ors !Qu'il y :a eu. exactement 60 ~ans (Je 215 mars 1862)

Mais en lisant ce récit évangélique en ce temps de Pâques, une tr.isiesse ne peut pas ne pas étreindre le .cœur du prêtre. Car il songe à tous les baptisés qui méconnaissent l'appel de cette souffrance tl'amour ... . . . . A tant de hra.ves gens .auxquels Dieu ne !(iemantde qu'un ges1e, et qui passent en refusant le geste. ... A ceux qui sont dans l'épreuve, doués, eux: aussi, sur une :crotix, et qui refusent à leurs yeux pleins. de larmes la consolation suprême de rencontrer ses yeux: c Seigneur, souvenez-vous de moi! ... . . . A toU:s ces hommes qui ont vu hier leur femme, leu1rs enfants s'agenouiller, puh partir à la sainte Table, et qui ont détourné la tête: c Je ne connais pas cet homme! ... ~

1L E JOUR DE [JA DAMJE. - Ainsi d.i· sait-on, par corruption, de la fête de Notre· Dame. - tl'ANNONCIATION. J'ai entendu son oraison funèbre dans l'église de SI-François .. . , l'adieu ému et attristé que lui donnait un vénérable pasteur depuis longtemps disparu lui a ussi comme la bonne fête. . • '

- Tu ne .le connai's pas ... ? Te crois-tu vraiment sincère en j(!isant ces mots ... ? Ne sens-tu pas, •qu'une fois encore, il est à la porte de ton cœur et qu'il frappe .. . ? Vraimen'l, n'es-tu pas tourmenté à cause de lui en ton intime conscience ... ? Toi, qui n'es ni un voleur n i un assassin.. . toi qui es u n: lbrave cœur . . . toi qui · n'as contre toi-même que ton orgueil ou ton I!Spect hwnain ... ah! entends la voix de ce iour · · · . Elle t'appelle par 1e son de toutes les cloches, par ~a prière de ~on âme in~. 1 Sache enfin dire le mot sauve"ur! ...

Car elle était populaire, la fête de l' Annon· ciation ... 'Pardon; c'est de la Dame qu'il fallait dire .... , et si populaire qu'elle avait passé dans les mœurs. Or, qui dit popularité dit bigarrme, et même quelque chose de plus. •P our en sai·sic 1a couleur, il faut se reporter bien loin en arrière, avant les chemins de fer, avant la vapeur, avant la lumière électrique, avant le télégraphe, comme avant tous les changements q,ui ont fa:it de La'lliSanne ce que nous le voyons awjourdhui; au temps. enfin où les distances se comptaient par lieues, les lieues par des heures, et où l'on se tenait ·Content d'avoir VU! la capitale une fois dans sa rvle. Mais 1e jour de la !Darne, on aurait dit un

que ·les doohes du pays de Vaud l'ont sonnée pour la :dernière fois.

'En ra(fllpel..ant :ce souven~r le Conteur

vaaJdois reproduit ~la page' d-'après de

lMlaâio ext-raite de son v.olume Les

Silhouettes ro!TUJJUles:


pèlerinage, tant on y venait de plusieurs lieues à la ronde. :Les paysannes apportaient leurs pépins de courge pour les .faire balancer par la grande cloche de la cathédrale pendant qu'elle sonnerait midi, ce qui dans leur idée devait donner de la. vertu' à cette sentence, et par là augmen!er le volume de ce peu poétique produit de leurs terres. ' C'était suxtout à partir de 11 h. que la campagne faisait irruption dans la ville. Sur toutes les grandes routes de lourds chars à balles convergeaut vers la capilale, se succédaient ~ la file. En- arr1vant, les attelages remisés dans. les auberges de barrière, ·On flânait dans les rues en ayant soio toutefois de ne pas perdre de vue la cathédale qui était comme un point de repère, et vers laquelle on se porlait lentement par bandes, en tenant toute la largeur de 1a rue. Tous ces gens le nez en l'air défilaient dans un grand s~nce, coupé seulement par des exclamations i peu près fOtlliours les mê-

mes: -

• De ma vie

et des mes .jomsl. .. Vois-

tu voir» un peu: que c'est beau!

Ou bien encore celles que leur arrachaient la vue et le nombre des dteminées: - En voilà-t-il? Dis donc, Louise • compte-le• voir • si tu peux. Hien content si j'a· vais autant de batz qu'il y a de cheminées à Lausanne! ••. ,fn musant ainsi, on finissait par arriver à la Cité, sous les grands arbres. Toute l'animation de la ville se portait làhaut. On y voyait des' coliégiens, des étudiants, des badauds, les gamins des rues, la populace, 1ous ceux que la cohue excite, et pour qu1 la bouscwlade est un plaisir. Cette fouJe et ce mouvement apporlaient un rayon de gaieté dans le 'Vieux quartier si froid et si mélancolique. Il semblait rajeunir et sou· rire au souffie de cette folie. Le plus beau c~tait quand on montait au clocher ouved ce jour-là au public; un affolement. des poussées terribles - on s'étou1f-

fait.

Comme on était monté, on redescendait, étouffé, bousculé, meurtri. Ces sorties en masse avaient l'impétuosilé d'un torrent. A 'Vrai dire, quand on touchait une fois le sol, on en avait assez. PeiiJdant le reste du jour, les Lrues pleine3 de peuple avaient un air d'après-midi de foire. Je vois encore les hommes, la pipe à la bouche, les bandes de femmes faisant et reîaisant d '·u n endroit â l'autre vingt iois le même tour; et les longues stations bêtes devant les boutiques des pâtissiers, les haltes contemplali,ves sous les enseignes des auberges- la flâne en un mot, avec les repa& grignotés en commun sur les bancs des promenades; puis la terreur de ceux qui s'égrenaient en chemin, s'effaraient et couraient, pensant être perdus - et les rires des citadins que ces frayeurs divertissaieuf.

~ Pour les ha:hitants de la viUe, il était de tradition le jour de Ja Drume de manger des petits ~res. Ne pas le faire eût été manquer au ~rn qu'on ldevait ·à la bonne fête. Mais personne n'y manquait. On faisait même plu:s - on s'en bourrait. A midi très précis, il y :wait des petits pâtés sur toutes les tables. Si ;j 'en par~ ·c de visu. ~, c·est que ma grand'mère, -qui habitait à l'angle de la p1a.ce de St•françois, vi·s"à-vis de l'église, et dont l'anniversaire tombait précisément le jour de la Dame, a:vait l'habitude de réunir pour celte double circonstance tous les membres de sa famille, tant ceux de la ville que ceux qui en étaient éloignés. La table portait qualorze couverts. Ce chiffre n'était jamais dépassé. Mais quelqulun était-il empêché de répondre à l'appel? - Ma grand'mère, qui nour· rissait une invincible su.perstition à l'éga·rd du nombre treize, .comblait le vide en ill'VI· tant une demoiselle française qui habitait Il maison et que de son petit nom on appela•t Ml1e Armande. Elle cultivait les muses, et ne manquait jamais d 'aworter un sonnet ou des acrostiches composés pour la circo~· ce, que d'ordinaire M. le notaîre lisait à bau·

fe VOIX, ~u moment où l'on portait la santé de la mattresse du logis. Le dîne~ était toujours très gai. , Un frémJsse~t ~e sati-sfaction accueiiJait 1en~:ée des petits patés gentiment empilés en rnamere_ de pyramide sur un plat de vieill porcelame. e - Courage! -criait ma grand~mère. On ne •se le faisait pas dire deux fois. Et chacun ~e planter hardiment sa fourchette dans ~e s1en. A . les engloutir, l'oncle de Moudon n y met.talt p~s de cérémonie. Il se vantait - le cr~ 1 rda 'qUJ ~oudra - . d'en avoir avalé une fois lro•s Ou•zames 'Cie file sa"~ en e"tr . dé. . . . ' •.., e mcommo-

re ingrate des âmes• les s1'li . où doit · ons 'b'ems germer la moisson du, Seigneu!T, D~ns ~n bas-côté, deux jeunes gens causent a vo1oc basse: - Eh bien! Henri, ça y est-il? - _üh! otci! je suis empoigné. . . empoigné · · · Jusque-:Jl! Ef il fa_it 'un signe, montrant qu'il a la gorge étremte par l'émotion. - .Alors, vas-y ce soir ... tout de 'suite! - I l con,fesse, le .Père? - Oui . .. là! ... dans la chapelle de droite - Tu m'attendras? · - Oui, ~e t'attendrai Il y eut ·un serreme~t de ma:ins prolongé entre ces; amis, qui sembla faire communiquer leu,rs deux âmes: «Quel service lu m'as ·rendu; ... • Et il le regarde dans les yeux jusqu au fond du cœur.

Mais. i_l fa llait l'entendre au . dessert. . .. Emoushlle par . . les .petits pâtes'·, et peu.t-e•tre aussJ par 1e vm - 11 bu.vait comme un .chantre - s·a verve ne tarissa:i 1 pas. n reprenait le récit de ses campagnes. les Age~ouiUé sur son .prie-Dieu, la tête dans .. mams, ,perdu, sans même y penser au ~u fond, av:c quelques variantes, c'était tou~·•heu de 1a ioule qui encombre la chaPelle JOU~~ les me~es 'choses .qu il raconta it. Il ~ttend s_on t~ur, sans hâte et sans frayeur: N •mporte: a 1ëcouter ou prenait plaisir. . Il s'échauffait, sacrait, haletait. Quelqu~­ Eta•t-ce !ur qun, hier encore craignait tous J~s y~ux, tremblait devant un~ r aillerie s'apia· bls, recuJant .sa chaise, il se dressait !Tushssatt. devant un haussemen-t d?épauJe's? ... _queme~t, et . faisait le geste de coucher en Qu on le regaroe Jllaintenant ... il va. se lOlif 1e~emJ... comme il lui arrivait de co?fesser .. ·. s'agenouiUer là, dans la fameuse sa~tendrlr au souvenir de ses propres exb Olle dont d a tant ri, au bureaUJ.... ploits, et alors sa voix iTOUlaif' des larmes. Et puis après? P~ur le calmer, on priait Mlle Armande Et demain, il les fera ses Pâques, et à la ~ fa•re chercher sa g;u~la·re et, a·u grand ;pJ.ai• messe de. 8. h · enc ore.1 ""t ••. des enfants, elie .chantait «Ma NormanL meme, 11. prend1'a son paro•s.s•en, au ris·que de stupéfier un andie •• ~t • Partant pour la Syrie "· Ou etes-vous, neiges d 'antan? cien camarade, s::il en rencontre dans la rue! - 0 mon Dieu! ai-je lé~ a•ssez lâche? MARIO••• · · · ~t vou.s me tendez encore la main, tout écœure que vous devriez êtref . . •

Un lâcher. .. :::::::::.o=

~~lut s'achève au milieu. des fumées de •

s, là-hau,t, dans 1es vastes profondeurs

~nef, rem~lies d 'ombre, le grand orgue Jo.it 1~ dermères plaint~ du. « Stabat •. La

s ecoule dans IUn shlence religieux· on liai qu'une forte .parole est tombée sur 'eue

tuvrant• à f oree de fo1. éloquente, dans la ter-•

. Au travers de l'obscurité Ide la grande net 1f cherche le tabernacle· il veut s'h . .1. ' d t Ce'! . , um1 ter evan ~~ d~nt i_I a s~ souvent rougi; mais da~s la_ nulit SllencJeuse qui remplit toute l'éghse, d n'aperçoit que la ~:>etHe lueur de la lampe du sanduaire, qui semble là-bas le re~arider fixem~nt, .co~me Jésus dut ·regarder P!er·re qu~nd •1 diS«It dans la sincérité et la présomption de son cœur: - Seigneur, quand bien même tous ·vous renieraient. . . moi. . . jamais! . . .


78 aux bai.sers encore rudes des bri.ses printa. nières, les marchands de vin 1ns!allent leurs tables des groupes se forment; en roulant une ~remière ciga:rette, on fait des projets pour l'après-midi. . . - ÜUJÏ. dit IPurpunn. Que décides-tu? - Alors, viens! ... Demain, il ïaudra être _ tM<>n .cher, une partie de canot, c'est I.e matinal. rêve des rêves; tu me cramponnes avec ta ~~­ 'Lentement Hs se diûgent vers 'la porte, et cyclette; on pince des rhumes comme rten dans l'église leurs pas éveillent des échos avec ce soleil~là, et les routes sont de ,la con. · t · .... •Encore quelques instants ... et 1omams iitu•re de boue! Tandis que :Je ~anot, c est pa~ les vohll dehors. la même chose; t'as pas de poussière, t'es _ Tiens! 11 fait froid ~ soir! assis on "Va aux Rlllvageurs, on y savoure T<>us peux relèvent le col de ~e~r pardesune friture, on fume une idéale bouffarde!.·· sus allument une cigarette, et, se idonnant le · _ Moi entonna ûargouillat, du moment br~s. la canne plantée droite dans la poche, qu'y a de' la friture, j'en suis! ils descendent ijoyeusement le boulevard. . - Seulement, iit observer Purpurin, pour \La nuit est superbe; là-haut, dans le !trle canot, faut être quatre?··· rmament d'un !jleu noir, des milliers d'-étotles _ ,Eh bien! av& Henri, ça fait ijllste le scintillent comme des clous de diamant. compte. Tiens, précisément, le voilà! Henri lève la tête: C'était Henri, en efiet, tout grave, ~es _.Imbécile que j'étais! Dire que j:ai rougi yeux encore p'leins des visions d~ 1~ veille, de Celui qui a fait tout cela.! ... Et d ~ geste il indique l'immensité silencieuse de les.~ace. qui sortait de sa maison, son parOJs~Qen s_ous le bras, la figure toute pâle, car tl. état! à • .~•,se de qui:? de Lambert, qut est ... Et a""'~ ' qeun et allait communier.. un serin! ide Gargouillai qui est ~~ no~u~; et >de P.urpu·rin qui est un pochara! Tten"' D'un coup d'œil, il vit le groupe,, ~t cJe: vina qu'il y avait quelque chose en l arr. St .. . jt. me dégoûte! • - AŒlons, s'écrie 1'a.mi, les neophytes sont on 'l'attendait pour se moquer, gare! On a~· toUijours les mêmes, toujours emballés! .. . . lait kouwer à qui parler! ... Mais les trots amis l'·abordèrent joyeusement: Pourvu que ça dtm'e!. · · _ !Mon cher, çà. y est! A l'instant même, _ Sois bien tranqu:ille! Oargouillat parlait de toi! Tu es des nôtres. _ Tw es sûr de toi? ··· _ At>solwnent. et tout de suite!.·· _ A quelle messe iras-tu demain? _ Ça dépend! _ Ça ne idé}lend pll!s! Pr·ière instante de _ 8 h.! celle où ~1 y a Je <plus de mond~; - Tu ne veu~ pas venir à 7 h .a<VeC moL ne pas se défiler et de ne ,pas ~ pla~LLer • Il - Non, j'aurais l'air de me cacher, ou les amiSo!. . . D'ailleurs, tu aurats bten to~l d'avoir besoin d'-un aide; et je veux brd1er Il s'agit d'une partie superbe pour ce sotr, mes ,vaisseaux, et définitivement me poser ·en je vais te raconter m. c~os~. . - Oui, ,mais pas tet, s écna Bou~ard, n00 chrétien devant tous! . . . merci, •j'en ai déià assez d'être sur mes . _ comme tu 'VmiPras! Adieu'. . - Et tu sais ... encore une fots, merci.1 dewc jambes. On va t'eXPliquer nos splen~· des <projets en prenant l'apéritif chez patroud• ~ lard · entrons! · 8 heures vont bientôt sonner, là-haut, au ....:_ C'est que ... fit Henri tout r~:.;W, vieux clocher. , . _ C'est que ... quoi? répète ~r"""";'est Dans .le ljo1i soleil ld'avri1, dallSent les hl· en lui plantant ·ses yeux dans les stens C ronidelles nouvellement revenues; ~es ar~res moi qui paye, va, n'aie pas peur!.·· risquent tl·m'tdement leurs noUJVe'lles feutlles

Une demi-hetllfe aprês. · · · Sur son épaule, une main très douce s'est posée, et, brusquement, il a relevé ~a tête · · · · _ C'est fini? demande son amt·

Et comme 'Purpurin et Lambert lui emboîtent le pas, Henri hésite une seconde. Une passe d ·armes foudroyante, ierrib1e, se Ji'\'re dans son âme de chrétien pas entraîné .... - Mais que fabriques-tu qà?. . . insiste Oargou·ill:Jt. .. Regardez~moi donc la tête de cc malheureux 'Henri!. . . TtL ne serais pas souffrant, par hasard? . . . -Non. - Dans ce cas, arrive ici, ·mou garçon. . . . Mais a·rrive donc!. .. Celte fois, c'est la déroute .. .. le désastre sans phrase. Henri s'est assis, plus blanc que ta table de marbre du <:afé, et ses mains molles tiennent à peine 1e petit verre que vient de poser le garçon de salle. - Qu!es1-ce que ce bouquin-là? demande !'inlatigable Gargouilla! en désignant un Hvre à tranches dorées qui brille sous le bras de sa nou•vel1e recrue .... ~ • Ça», répond Henri d'un air embarrassé, c'est le paroissien <le Raymond, il l'a ou:blié l'autre [our chez nous. - Oui, et tu ne tiens pas à laisser traîner œs stupidités là. chez toi. . . . Je te comprends. Garçon! .quatre apéritifs .. . ei vivement! Plerre l'.liJnnite.

A vos souhaits 1 ==

Atchi!. . . Atchoum!. . . Dès que ces ono· matopées ·caractéristi-ques frappent nos oreilles, nous ne manquons pas de nous écrier: • A vos souhaits! !Dieu vous bénisse! ... • u tradition le veut. L'éternuement n'est pas, eu effet, ce qu'un vain peu~e pense. Les médecins, eux n'y voient qu'un spasme du diaphragme, dQ il un réiflexe, détet'miné lui-même 11r l',kritation ou la litillation (ie la muqueuse pituitaire et, par suite dttquel l'air brus· flllement cltassé à la fois du nez et de la boudie, provoquant une petite explosion moins ~reuse que dêsagréa~le. Les érudits y 'I'Oitnt beaucoup d'autres choses. C'est ainsi 4lle :M· ·P . .Sariutyves 'Vient de consacrer .tout ~e à l'histoire, au folkloce et à la ps}"" ~~e de l'~ternuement.

De cette savante et <:urieuse ~tude, il r~ suite que la <:outume de formuler des vœtll de santé ou de prospérité pour ceux qui éternuent est presque aussi vieille que le monde et qu'eUe a été pratiquée de tous temps et en tous lieux. • Qu'il s'agisse de la Rome de Tibère - écrit M. Sain1yves - de l'Angleterre d~Elis:abeth ou de 'l'Espagne cotlllemporaine, on retrouve partout des salutations équivalentes à notre: Dieu vous bénisse! • En voici. une liste, assez suggestive, d '~han­ tiUons: Chez Jes 1Hébreux, dans les temps anciens, on saluait nne personne qui éternuait du mot • Toubim! » (Soyez heureux!) A quoi ,l 'interpellé de'Vail irépondre. .• Toub Lakh! • (Que Dieu vous le rende!) .En Judée, d'autres locutions similaires avaient cours: Bonne vie! ... Puissiez-vous vivre longtemps!... A votre santé!. . . Bonne santé! ..• Chez les Orees et chez les Latins, on s'exdamait: Vivez! . . . Que Jupiter vous conserve! ... Que ,Jes dieux vous sauvent! ... Chez les Musulmans, la locution sactée est encore aujourd'hui: Louange à Dieu!. . . Dieu te soit clément! . .. En Algérie, on dit aussi « Ramou.k-el-lah " (Dieu vous donne une bon· ne santé!) vœu suivi aussitôt de cette répli• que: . ,1 rahmek-el-lah • ~Dieu ~ous le rende!} A Zanzibar, on s'écrie: ·• Afia! • (santé!) ou « Bark Allah! ,. (Dieu soit béni!) Au Dahomey, on souhaite à l'éternueur: Que cela te fasse du ibien au ventre!. . . Dans l'ancien ro· yaume de Nubie (aujourd'hui Sondan égyp. tien), quand le roi de Sennaar éternuait, r~ 'liquette elcigelrit que tous les personnages de sa cour fissent immédiatement une pirouette devant lui • en re donnant une claque sur 'la jambe droi<te ,. . En Asie, ~hez les Hindous, tout éternue· ment est accompagné d'une invocation l 'Wchnou: • Rama! Rama! ... » Ohez lts Parsis, c'est encore une oraison jaculatoire qui le salue: OrmuzcJ. soit béni! ... Chez d'autres peuples td'IExtreme-Orient, on se oontente de dire: V,ie! ... .là J'éternueur et celui-ci répond poliment: c Avec vous! .•. En Océanie même, et de temps immémoriall, nombreuses on! été les formules usitées en parei1le circonstance. c C'est c M:bula!,. c'est-à-dire: Puissiez-vous vi vre!. . . ou Por· tez-vous tbien!. .. ) aux iles :F idji, auxquelles l'éternueur 'd<>it répondre • Mole!» (Merci !) Lorsque le célèbre navigateur Bougain-


~!!J!!!!émenf du_ :Nos_de ,f &cole" (1S~~)

80 ville eut mis le pied sur le sol de Taiti il un acte de politesse. Coniinuons doue à Sl· se mit à ~ternuer en parlementant avec les 'in!uer ~es éternueurs. Souhaitons-leur surtout digènes et ne fut ,pas surpris d'entendre celui que Ja bruyante musique dont ils sont mal. qui semblait être leur chef prononcer œs gré eux les instruments, ne ser.ve pas de p~ mots: Que le Bon Génie .veille sur toi! ... , lude au détestable concert de& grippes et des ~ans des ~les Bank, on se sert d'une exprescol'iyzas!. . . Henri NICOLLE. Sion ~cta~e, 1~'étemue un homme qui a épousé une veuve: Qu'il vous sorte ~e v~r!.. . l~ dit-on. Car on croit que le prem•er marn, gardant rancune ~ son successeur a le mystérieux pouvoir d'entretenir en lui w{ ver qui le ronge et qu'un heureux étemu~Y ment seul est cap3'ble d'expulser. LA RESISTAlNCE DU HANNETON :En 'EurGpe, ce sont presque touljours asusles ag:ricwltew·s prétendent sou,vent que si des vœux de santé ou de bonheur que l'on les retours de froid prinfaniers ou une !orle a/dresse aux personnes qui éternuent. Cerlai- gelée tuent un grand nombre de h·annetons. nes variantes, toutefois, ne manquent pas de Pour iirer au clair ce point, M. ~e Dr Henri piquant. t:n •Italie, par exemple, avec Jes « ViFaes· et M. Staehlin ont p1·o.cédé du 11 au 21 va! ... ,. les « Salnte! ... • les « Felicita! .... on ajoute souvent, dans les milieux popu· mai 1921, dans la chambre frigorifique de la laires: Cent ans de vie et UD11 fils mâle! ... nouvelle S1ation fé:léra1e d'essais agricoles, 1 En Macédoine, après le traditionnel: Santé Lausanne, à des expériences d'où ii résulf!: et joie! ... les gens facétieux risquent l'ex· que le hanneton adulle supporte aisément les pression de cet inavouable désir: Puisse ta. t~mpératures les plus basses des retours dr belle-mère éolater!. .. froid printaniers, dans nos contrées; que. rP our ia France seule, on ne saurait imaginer la quantité ef la variété des locutions pour que tous fussent tués, l'air devrai1 li& créées en 11honneur die l'éternuement: Dieu cendre à -8 degrés, ce qui ne se présent pas chez nous, au printemps; enfin, que 1! t'assiste! ... dit l'Alsacien. Dieu te cresse! ... hanneton adulte évite, en s'enfonçant rapide(te fasse croître) dit le Berrjthon. Dieu te déniche!... dit 1e Morvandiau. En Argonne, ment dans la terre, le froid qui pourrait IIi jadis, 9!élernuewr auquel on avait adressé l'un nuire. des s,aO.u,ts accoutumés: A IVos souhaits!. .. A Si ~e hanneton adul1e présente une remar· vos amours!. . . répondit, dans le premier quable résistance au froid, il est plus senlicas: b!e à la ,chaleur; à la tetlliPératu,r e de 45 deMes souhaits sont .de petites conséquences, grés, tout hanneton adulte su.cc<>mbe. Pour Personne n'y pense! ..• se soustraire à •u ne température trop ~ Et, dans !e seamd: les hanne1ons s:Cnfoncent dans le sol. Mes amours sont là. la chasse; Qui les ~veut les pourchasse! ... • Traits gascons. En Bourgogne, on dit encore aujourd'hui: Une emgération extravagante ne doit Dieu vous bénisse, avec sa grande bénissoi· être réfutée sérieusement; la meilleure re!. .. Dans le Berry: IOieu .vous bénisse .. . .se qu'on y puisse faire, c'est de reocbhir et vous fasse le nez gros œmme la cuisse! .. . dessus Qu'importe, après tout, ria formule adopUn Gascon se trouvait à Paris, rue tée. L'essentiel est qu'on reste ~idèle au proDame, à côté (l'un bourgeois auquel il tocole. Aristote n'a-t-'it pas dit que • ki tête fait la finesse de sa vue. était l'origine des nerfs, des esprits, de la - Sandis! iui dit-il, ;je vois d'ici une ~tion et ie siège même de Pâme, nouo. devions respecter tout œ qui en sortait, en ris qui court au haut de cette tour. - Je ne Ja: voj,s pas, répondit le · étendant nos hommages jU9<Ju'à l'éternuemais je l'entends trotter. ment»? Exprimer m v:œu ne coQte rien, et c'est

Variétés

e

e

Comment entrer à l'église

t~on du fils de Dieu et de niQtre rédempho~ par, la mort de Jésus-Ohrist sur la Le pieux et aimable Mgr de Ségur croix. C est el:lcore un des sacramenta~tx de la samt~ 'Eglise, un épouvanraconte q_uelque part l'anecdote suivante: u~ ,dimanche, à l'heure de l'entrée tail_ contre le demon terrassé par la des f1deles à 'l'église pour •la g11and' croix du Sauveur. 'E nfin bien faire fa ,g-énuflexion, non rl!-~sse, un ~?n curé alla se cacher dernere un ~p1her, _voisin du bénitier et y pas u1:1 mou_\'ement quelconque, parfois demeura JUsqu a ce que ses ouailles fus· forrt dt~~rac1eu~ et même ridicule, mais une vraie flexiOn du genou droit touse1~t entrées. 'Mais quelqu'un l'y surpnt et parut _gra~d~ment étonné: «Je chant terre, signe extérieur d'adoration C?ffipte ~ol!lb1en. J ai de vrais parois- deva~ t. Jésus-Christ réellement présent ; Hens, hu dit le VIeux prêtre à voix bas- et Y ]omdre l'adoration intérieure mêse; ce sont ceux qui, ayant pris dévote- me en nous servant d'une court~ form_ent de '~'eau bénite, font dévotement la mule, par exemple: « ~Mon Sauveur et mon pieu, je vous adore.... » ou bien: genu_flexwn devant le Tabernacle. » Hel~s! ce n'est pas .Je fait de tous les « Loue et adoré soit à famais », etc., ou un~ au:rr~ que notre dévotion nous ~athohq_ues. Combien, surtout parmi les ]~unes etourdis, parmi les poupées pa- j aura msptree. La .première parole du rees et volages, qui entrent dans la mai- i g rand IS. Thomas d'Aquin en entrant son du ·Seigneur en achevant la conver- i dans le lieu saint, ét;üt: ~ Oh Christ ' satio~ du d:h_ors, ne touchent pas mê- j vous êtes le Roi de gloire. » L'Esprit-Saint nous avertit 'd ans la me 1~eau bémte, font une grimace de ! Sainte-•Ecriture de « préparer notre sig~e de croix et ~:~n semblant de génu· â~f!1e avant la prière et de ne pas tenter flext_an , sans avorr une pensée ni un sentiment pour jésus-Christ au saint Dteu ,».,Oui, il faut disposer notre âme, la penetr~r de respect, éloigner d'elle ~ute~! :Malheureusement, pour ceux-là, l assistance au très saint sacrifice de les rentatwns de l'ennemi, si l'on veut, la I~esse, sera généralement à l'unisson .1 non seulement assister au saint Sacrifice, mais y prendre part rpar ses prode 1entree dans le sanctuaire Eh bien, l'Eg1lise nous ~ens~igne au- ores act~ de ~eligion. Or, quelle meiltrement. 'Prendre d'abord l'eau bénite Ie~e preparation que celle indiquée et avec foi et piété. C'est une purification i qUI est consacrée par l'Eg·lise? rt une arme que l'Eglise nous présente, 1 AHons. chers lecteurs donnez l'exemq~and nous entrons dans la maison de j ple! F aitres bien votre ' siQTie de croix l?teu. L'eau bénite peut, avec le repen· i av_t>c l'eau bénite; ~que voti; g-énuflexion hr du ~oœur, effacer nos fautes véniel- 1 so1t g-rave et relig-ieuse les négligents les_et nous rendre plus dignes de rece- · e~ les indifférents seroot édifiés et fi. mront par vous imiter. ~01!· ~es gruces de Dieu; de 'Plus, el~e elotgne le démon t'Oujours à l'affût de nos âmes et qui déteste souverainement c;tte _,eau sanctifiée rpar les prières de l Eghse. E t~~ite, que votre signe de croix soit Quelle est l'origine exacte des œtLfs <te un_ ven!able acte de foi, extérieur et in- Pâques? Les érudits continuent ~ conlrovertérieur tout ensemble, aux grands mys- ·ser ~là-dessus. Les uns a!l'firment qu'elle retères de 1la !Sainte Trinité, de l'incarna- monte aux Phëni.ciens, qui adoraient 1a Di-

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-···Les œufs de Pâques


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