Supplément du ,JVo 2 de ,f &cole, (1922) là-haut dans mo'n ,petiLbureau, un pâle matilll d'automne, entre deux rpages austères d~ mon registre noi:r . . . le regJstre du • Demer du culte. , P~E~RIE VER!MII:TE. -
•
.,.
Il ........--
- - --
--
Variétés UN VIEUX SOUILlBR (Conte russe.) Près de la grande route, là où .commencent les champs fde blé était 'jeté un vieux soulier. - Ta-tatata-ta-Îa, ta:lll\bourinaient sur son cuir recroquevillé la pluie d'automne. - Houou..illOu-ou, sou~flait le vrot froid. Le souilier se préparait à mourir et pensait· si seulement la Hn venait! Tout à coup la ~eige iblanche, doUJce, se mit à tomber et couvrit toute la terre. La !foute boueuse, les. ch amps de blé, le soulier' tout . fut recouvert. ,. di - «Adieu, je meurs!" dit le sou,~er, s. nt sou·s l'épaisse coUJohe nlanohe. para1ssa . Ainsi il passa tout I'bi'Ver. ILe pr~temp& vint. La neige se mit à fondre. iLe soleü aperçut dans le champ un. pet~t laso et pe:sa.: qu'est-ce que ce peu.t bten etre la-bas, ~ou.s cette neige? 11 y dÎJI"i!gea ses .rayons et le vieux soulier usé revit le ciel. - IPour\quoi tout cela, se dit-'H, ne suis-je
en courant et revint avec un petit bout de laine. _ Qu'est-ce qu'elle veut? se demanda le sorulier et atten:dit. . . Et la petite souris y lit ·W!1 bon petit md, boucha le trou qui était au bout avec de _la paille et de lherbe, et hient?t ~e tout_ pehts souriceaux rempliren) le pettt md dow1let. _ Je ne suis donc ~as inutil~, pensa. ~vec joie le soulier, lorsqu'tl entendtt les ptatlle· ments de ces petites 'bêtes. _ Hou-ou..:hou! soui!Ha'it le vent, voulant pénétrer à l'intérieur du soulier. ~ Ta-tatata-ta-ta! tambourinait la plu ie sur le cuir comme si elle voulait le _traverser, - mais le soulier riait doucement: tl ne voulait plus mourir, et se serrait autant que P~· si!ble pour préserver du ven! et de la plute les chers petits.
® LE DESESIPOLR :DU SOOlALISTrE Il y a quelques années, M. Joindy, ~onfé· rencier socialiste kès en 'Vogue à Pan~, se . "dat"t Il lll'issait quelques notes destinées Sllil:Cl • l' E 1 . '1 à M. Judet, rédacteur en chcl de " c atr . Voici les dernières lignes de ce .pauvre malheureux : de • Je mour,r ai désillusionné de beaucoup choses. . . , ~ Je m'étais iait une idée de la vte qm na
pas cours. . \f pas mort? « J'aNais cm à p1us de loyauté et de ranUn petit oiseau le vit, vint s'y poser, frotla son petit !bec sur le bord de la semelle, chise. Le monde est effroyablement corrompu chanta: Turlu, turlu! et vil. · -t d le· «C'est d'ans le milieu socta1ts e, ans. - Laisse-moi, bougonna le soulier : je quel j'ai vécu ces qruinze der~ières annees, suis mort! ·Mais l'oiseau chanta encore, . e~que j'ai connu le plus de dé:bo1res. . ·te sJenvola. Et voilà que le lblé se mtt a SUl , · 1 «Je n'ai pas eu le courage d'en sortir 1 pousser. Ch-oh-ch, bruissaient ~s epts, es · enfonce- comme dans un temps, et je m'y su~s épis s'indinant au-dessus de .hu. , . · ·c~er - Taisez-vous, !je vous pne, repondat~ le bourb,i.er. « Si je ne devais ia talement me su~ct soulier se fâchant: ie ne ·s uis pl~s bon a nen, . 1.tgteux · _ ce qUJi est antlre - 1·e voudrats me je suis inutile et je dois mouru. . , , . de ma Tout à coup Ulle petite boude ~~s~ ?enet~a Eaire catholique. «Ceci est la dernière eXJpr~sston. , par le trou qui était a~ ~out, à : mteneur o:u Emtle Jomdy. pensée avant de morui'Lr. soulier, en sortit aussitôt. Géialt une fèlt!e .-~---- -·- • • Q souris Ides ,champs. 'Remuant sa mo~s.ache elle en fit le 1our, se sentit partout, sen alla 1111
Un document pontifical Parmi les nombreux .documents pleins d'intérêt pa-rus réœmment dans le recueil des Actes du !Siège apostolique, nous croyons opportun de signaler spécialement la lettre écrite par le ;Souverrain )Pontife à l'é\nêque de Chiapari sur l'action ~que le dergé doit ·exer~er de nos jours. ILes prêtres, y est-il dit, sachant quelles sont les exigences des temps nouveaux ne peuvent s·e contenter du ministère qui s'exerce à l'écrlise. Celui-ci suffisait autreïois; il ne ~uffit plus aujourd'hui. Sa Sainteté veut que l'on s'oocupe de nnstruction et de la formation des fidèles par tous les moyens et recomman de avec instan·ces les sociétés et 1les œuvres de jeunesse. «Ce qui est présentement le plus nécessaire, •c'est d'a'Viok •dans ·chaque ;paroisse un groU:pe de laïques éclairés, d'ihommes Œ"ésolus, intr~pides, vr:aimeitt a'Pôtres. » . Ainsi !parlait ·de son ,côté le :Pape !Pie X, !Prédécesseur de S. S. :Benoît XV.
••• Le · Chant d'Eglise 'S. Augustin 1aim:ait à [lqpéter ces ,Chanter est le propre de celui qui 'aime. La par-ole suffit à l'homme pour eJqpPimer l'a somme orldinlailre de ses pensées; mais 1quand son cœur ·déborde Ide joie, 1quand un sentiment !PJus fort l'·enva1hit, tout illiatl.l'fellement il élève la \noix; le ton du lan~age ordinaire ne le 'satisfait plus, il chante! Le livre !des .pisaumes tout entier, n'en est-Ï!l ~ 1tl[r ma~Jlli!fique ·exerruple? E-cou1tez lé roi IDiavid: <<"Je te lGueMi parmi les Pelljples, ô Dieu; ,le te chlantemi ;parmj les n'ation1s, ,car ta bonté est plu'S têtemo~s:
•
vée ,qu·e les deux»; <q je chanterai :à jamais les misérJoor'des 1du Setgneur :., et enaMe, « fai~es édlater ~otre allégr:e·sse au son de v:os instr:umenif:s . .. et qu'aux acwl'ds Ide la hlarjpe se mêle la IV'oix ides caii1üque·s ». N'est~ce pas là le chant d'un 1cœur débiondant d'amour ,PIOUJr iSJOn Dieu? N'est-'ce pas le même .amoulf, qui ,po,u:ssait 6 . ·Paul à dire aux Co,Iossiens: «'Sous l'inspir.ation de la grâce, qu1e vos cœuTs :s'l(~pa'll!chent !Vem Dieu, en chiants, 1Jlla1r Ides psaumes, ;par ,des. hymnes et des cariHques SIPirituels. » !Si ~chanter est le :propre de ceux ,qui aiment, 1de ceux dont 1le ·cœur dé'bol!1de, ,commenrt: J'EgliÏ:se ne aharrterait-elle pas, eUe ·,qui JPO'ssède dans ses tabernacles Celui q.ui est la sounce 1de tout bonh·eur, qui seul est capab~e de sa.tisf1aire le 'CœuŒ" !humain, ~qui est 1a Vérité, La ViGie, .Ja Vie? Gomment l'Eglis1e ~œste.ra it-elle muette devant les mystère·s qui s'atcoom1plissent •Chiaque Jour sur S'es autels? Non, l'Eglise n'est pas muette : ~Son chant rest une ide ses plus belles créations. ,E,lŒe a minutieusement régJé l'ordonnance de son culte extérieur, v.oulant en fai1re tout ensemble un dtg.ne :homm:ag.e :à Dieu, un 1aliment :pour ~a foi et J:a piétié ·des ,fidèles. Aussi réseiiVe-t-e11e une 1place ld'h,onneur au d!an1t sacm; i1 lfeh·aJU!S•Se l~ai :beauté des •cérémonies, il touche 1et \élève les âmes, il donne au 'sentiment religieux ,s a :plus pénétrante eXJp'ressron, il ,est 1oomme Œ'explosion naturelle et sainte des d isposihons in:times !du fidele ,q,ui 1aldore, Joue et sup:Plie en union av,ec S'es f·rères. Mais quel est ,donc œ diant? "L'!édition Matican.e, idans sa tP11éface, nous ·Ie dit: pour .atteindre son 1but, ·qu.i est d'aco11ortre :la ,solennité des offices ·et ·d'ailder à il a sanctifidation ,dJes fidèles, œ 'Chant idoit 'être 1\'i.liaiment sacré, . distinct ides méltodies profanes, par son inSipk,aüoii1, ~son ,allure ·g1ênlênale et 1s.a mêtholde d'exéouilion, . . . ,grave 1comme
18
tiout ce-·qui OOUidhe au Œlte divin, portant au recueil:lement, fermant .pour .ain-si tdiTe les yeux aux choses extérieures et ûUVl!'.ant les cœurs aux influences surnatuœlles, ... expressif, donnant à l'âme une V·Oix •pour ilraduiœ sa prièrre, . . . ca~holique, c'est-à~dire accessible aux hommes ·de toutes les mees, de ~ous :les !PaYs et de rous les âg-es, ... simple enfin, d'une sim?lidté .qui n'exclut 1Pas l'a:rt, .au •con~~aire: une mélo'die dake et ~pure exprime souvent une beauté plus haute que les .combinaisvns Jes plu,s saJVantes. Or, ces ,.caractères sont iPrêcisément œux du .plain--chant •glrégmlien qui est à ·l a lfois artistique et •religieux. C'etst IPOU'flquoi l'Eg1lis.e l'a déclaré 150n clJ.~nJt spié!cial, p1ar la voix de .ses Contiles, par la voix de nombreux 'Papes, et :en dernier lieu par la voix de iPie X. ~
Un :des caractèlres essentiels du plain<Jhant, .c'est l'IUniSSOn. Ce .dalfadèr.t ne provient 1pas .du simple .fait .que lous les chantres exécutent la même (}hrnse musi:ca[e, mais H résulte de ~a nature même ,de ,ce .chant .qui est purement mé1o.di'que. ·Il se drstin!gu.e .en cela du chant populaire: en entendant chanter, par exemple, <4 1Les .anges dlans nos campagnes », on se met instinctivement à fredonner une seconJde wix. Oh·ose JPMei1le ne .se rpvQdui~ 'p as ,lors:q~'on entend un Kyrie .ou un Introït en plain:-dw.nt. Cette parlai·te purere mélodiiqute a l'avantage d'unir daJVant~e les ·chantres, elole déveloPIPe ·en eux le même sentiment religieux; olmnter 'à !'-unisson .amène à dhanter .d'un même cœur. Au .serv.i œ de r-Egli:se, le ,chant grég-orien, bien exécuté, devient une IV'éritablle !P'féld!i.catiton; il a:git sur nos âmes ~omme !La paroŒe, les taM&ux, les ŒrémoJllies ;ptar l•esquels ol'EgHse aime ,aussi à êlewer nos espliïts. On a r.ais10n de dire: id. 1faut prier en -ch.ant•ant; outre q,u'ü s'aldresse à Dioo pour 1le gt:orifier,
le
19 clmn~·fle
tiait II'erour à s'On Oréateur
de la vmx qu'il lui a donnée, &aniS comp-
ter .qu'il invite ~es ,asosistafllls à la priè·re: 'S. Augu'Stin .avoue, à pŒus.ireurs •relPifises, a~Voir vers·ê d'Jabondantes lar. mes en entendant .les d1ants1 !Pénétrants de ~''EgJise. QuèUe maj·esté dans. les mélodies pourtant si simples des vêpres! IDe~puis. .plus ide miHe rans, ies mêmes pS'atJimes sont dans 'la bouche des chrétiens, sans que rien n'ait été chan. g-é à leU!I'IS ton!a!lités. Gomme le bl.·oc de graniil: qui resiste à routes les intempé. ri'es, ils n'ont rien (])'eridu de leur beau. té première, malgre ~eur vétu·sté. Et 1si J'on .se f.amiHavise un peu avec 'les 1h:ylmnes, les l()iffertoires, les ailleluias ou [eJs gralduel.s, ·on .trotLVe11a dres mo-rceaux \d'une in~piifation -vraiment sublime. 'Pia.rfüis la méFoldie II'este -seuŒe, expriman!l: ,san's ip'a>role 'les )Sentimen!l:s de ~'â· me: c'est la voca1lise puTe, «~a iubila. tion » ; on en souvent critiqué la lon. :guetlil', mais OOOU'tons !P~Utôt ce qu'en pensait S. Augustin: « PoUJr jubiler, proint n'est besoin de 1recoorir à des mots. 'Notre langage est trop pauvre pou~t Lui ~Dieu); et l•à où, d'une 1pal'~ la palfoil.e vient à ~a.ire dJéfaut et ·où, d'autre !P·a·nt, IliOIU:S ne poUJVon:s ·rester muets, 'quoelJ. autre ,moyen ·reste-t-i'l si· non •que 1e {;œtllJ' .eX)Prime Sla joie par des cris de jubilation, sa>Il:s l'assujettir à des mots, incapahleiS de 1'ex:prirner su'tfisamment? » Autre chœe , à rernar-.q.uer: même dans les passages les plus parfaits au point .de vue rartisttque et très bien exicutès, ,lamais le chiant •g:rtégo.rien ,ne détourne 1l'attention de J',aJction liturgique, 'du sacrilfice, de a'.autel. ,Sa .beau-té ar· thstfque ne pr<Jiduit j-amais en ,nous. de joie &ensiblle si .ce n'eSt !POUr nous elever à une joie . toute s;J51ritue1le; ~ Aug•usil:fn · enco.re, FeXjpri'mlait ·ainst: <~ Quanld i e me souvien's -des ~armes que les ciiJants ·d'E·glise m'ont fait ver· ser dallJS ·les. lp'remiers ·temlps de nron re-
a
tour 1à I.a foi; iliorsque, .aujourd'hiUi encore, je me sens ému par les .choses qu' on chante avec des voix pures et sur des mélodies très bien adaptées au suüet, je lflftonnais de nouveau la très g[ja!]de utilité Ide -cette ·institUJtion ... fléliPIPr'oove danls 1'E'gllise la c-outume de ohan~er. afin qu.e, ,paT •la jouissance des oreilles, l'âme :s'élève aux :sentiments .de la piétré. » On C01Il1Preflld .que lPie X ait oodlaJié ,qUe ~t)luSI Un chant se ,r,aJ[)ipOO• che 1du ohlam grégoiJ'Iien, p1lus il est li· turgique. Les autres formes de chant ont sans .doute •letl!fs· ex<:eillents .côtés, mai:s autune n'la œ'tte vertu SPêc1a~e. pr.opre au chant grégor.ien, d'e:JQJri'mer parfaitement l a IPTière Btuflgi'que. A'piportons 1e tconooms de notre bonne v-oForuté au ooant Ide fE;glise; 'Dieu bénim nœ ~ff.orls. ·pour •le bien ,exécuter. Et si n•OU'S n'y :prenons ,pas part .de ma~ nière effecti-ve, êcoutons..ie iCI'u! moins.,a!Vec -toute [a :sym;pathie ,quie mérite l'a voix de l'Epouse ,pa>fliai11f: à 1'iBpol!lx, la voix de l'Eglise g1orifiant Dieu et le ChriSit. (Semaine patholique). --------··~·~·~--------
L'Hôtelier de Bethléem Les mains fri leusement enJoncées dans les manches de ISa tunique, frappant énergiquement des pieds •le ,sol durci par le gel, 1hôtelier de Belh[éem fa~t les coot pas devant le portail de son auberge. L'animation .qui enfièvre la vieiile cité ne le IITiécontente pas . .On ·sent, à le voir, l'homme repu, dont les désirs sont satis{aits au-delà de toute ,attente. Sa face rougeaude s'épanouit comme ces larges roses, qu'ont épargnées les premiers froids. - .T out Juif que ,je sois, pense-t-il, j'aurais mauvaise grâ·ce à me plaidre de la dominaiion romaine. Il n'y a. r'I"aiment que \Ces gens de là-bas pour avoir des idées! Et sou!> le -coup de la joie, émoustillé aussi
par le ,vin léger de Palestine, i\hôtelier devient lyrique. - Ah! puissant empereur, '>vous avez eu un trait de génie! Sans. votre recensement, Bethléem s'endonnirait comme tous les jours dans ·le souvenir de ses gloires éteintes; et je ne logerais .p as, moi le ,seul aubergiste du pays, des vo}'ageurs par œntairles. De bit, l'unique caravansérail de la ville regorge de clienis. Ohévaux et voitures encombrent les écuries et les remises; ·les bagages ·S'empilent :dans les cours. Dans '[es vastes salles, les nattes se serrent les unes contre les autres: impossible d'en étendre une de plus. ' Trouverait-il encore W1 coin, le patron de t'aUiberge, un pem·t co•in bien petit pour des voyageUJ:Is fourbUJs, affamés de .nourriture et de sommeil? S'il trouverait de la. place? Vous voulez rlre, ,ma !foi! Vous pensez bien qu'en commei'çant il tient mystérieœement en réserive quatre 10~ cinq pièces, étroitei il est vrai; mais pour les ouvrir il faudra la clé d'or! Les ai'faires sont les _affaires, braves gens! Naïf, qui ne profite pas des occasions. Et l'hôtelier de Bethléem sourit en songeant aux gains énormes que lui procurent ces ,iou.roées de .recensement. :Le solei1 s'incline vers l 'horizon, qui s'empoUJ'Pre. iDeux voyageurs s'arrêtent au seuil du caràvansérail: un homme et sa 5emme. Elle, toute jeune, la :fête couverte lf'un voile blanc, est assise sur un âne; •lui, diUille main, tient la bride d~ l'animal et de l'autre s 'appuie sur un bâton. A ,l a mode orientale, Joseph salue l'aubergiste d 'un geste large. . - AIUriez"VOUJs la bonté de nous donner un abri? !Ma femme est très lasse. Et puis ... Camme elle tremble }a voix de Joseph! Il parle bas; mais il y a (Jans ses paroles tant de majestueuse simplici~ et d'émotion! Il ne réussit pas à étouffer le cantique .d 'allégresse, qui chante dans son âme. Et puis, nous attendons un enfant! - Un enfant! pense Hhôielier qui chan-
pon
21 celle •s ous ie coup . . . . Et ce rriénage: pa,u.vre, très pauiVre! Je ne peux tou1 de même pas leur donner mes pièces ·ré!servées: trop cher, beaucoup trop cher pour eux! Il regarde Joseph et Marie avec dédain 1d'abord, puis peu à peu avec une mystérieuse sympaihie. Non, ils ne sont ,pas comme les autres, ces gens-là. Quelle im,pression bizar· re, et comment 1analyser? Ne les dirait-on pas auréol~s d 'une lumière, d 'une lumière qui pourtant ne frappe [pas les yeux? ~ D'où êtes~vous? demande l'hôtelier. - De Nazareth. - Et iVOUJS venez pour le recensement? - Il le faut hien. - Votre ~amille est donc originaire de Bei11léem? Quelle est~lle? , - Celle de David, repond Joseph. Nous ne possédons pas grand'Johose pour autant. Je vis de mon traJVail; je suis charpentier. li ne sait que dire, l'aubergiste. C'est f~l' teur, somme toute, de fecevoir les descendants authentiques du saint roi. Mais n'est-il pas vexant de renoncer à un gros bénéfice? Que faire? que faire. L"11ôtelier ,se gratte le front. Il lève ·l a tête et ses yeux rencontrent les yeux de Marie. . . . Qude vision de paratdis! ·L es perplexités du brwe homme fondent comme la neige au soleil, sous le clair regard de l'Immaculée. - On poll!Irait peut-être s 'a rranger, .murmura-t-il. :J e vais voir; attendez un peu. De la cuisine, Sarab, la demme de l'aubergi•ste, a tout entendu. Quel aœueil_ elle ré_se_rve à son légitime époux!. . . Se ~a1sser malsement attendrir par des gens .comme ceux-là! . . . Les mendiants, ça se met à la porte, et sans phraGes.... On ne fait pas fortune, quand on a bon cœur .. .. Le pauvre homme baisse la tête sous l'a·valanohe · il est va.incu. Il pousse un profond soupir d~ faiblesse et de pitié. - Sentimental! rkane Sarah a'Vec un accent de mépris. L'hôtelier congédie les deuoc voyageurs. Joseph regarde tristement Marie; et la Vierge lui sourit doucement: rien n'altère la
paix divine qui l'inonde. Que peut troubler Je cœur où règne Die~? 'Le Jend~main matin. Grand mouvement dans la cour du caravanserail, tandis que les clients dorme:nt encore. Les Œournisseurs ap. portent des vivres: qui des légumes, qui de la viande, qui du pain. Un vieux berger vend des moutons à )'hôtelier. Puis il lui raconte àV'ec une émotion vibrante les éVénements mer>veilleux de la nuit. - Alors, :yous n'avez rien entendu, pa. iron? Vous n'avez rien w? Elle n'est pas loin de votre ,auberge pourtant, ia grotte qui s'ou·vr-e dans la falaise. Non, il n'a :rien vu, rien entendu, celte nuit. Il a dormi péniblemenf, d 'u n sommeil agité par le remortis. 'Les cœurs purs, les âmes de bonne ,volonté entendent seuls les ohat1~s des anges. Dieu ne parle pas aux a:va· res qui prefèrent à son amour l'amour avilissant du lucre. - Dommage que vous n'ayez rien vu, reprend le ber;ger. 'Elle brillai{ si do~ment, la grande lumière céleste! Il est si beau dans la creche, l' Enfant qui nous est né, 1~ Sauveur prcxmis, le Messie attendu, ,comme oot dit les anges! . .. Ei sa !Mère, patron, sa Mère! On ne peuJ la .ovM, berçant son ohal1111ian•t pou· pon, sans tomber malgré soi à genoux! Et le berger :s'en !va. :L'Mtelier de tBethléem est très ému. Il 81! reproche son avarice et sa !dureté; il craint d'avoir repoussé celui _qu1sraël appelle depuis tant de siècles par ses prières et par ses larmes. - .Sarah, dif-il à sa ~emme, tu as entem:lu le récit de cet homme. Si c'était ,le Messie! .. . Le Messie, pense donc! ... Attends un peu. Je vais mettre ma plus belle tunique et d'ua trait de •c ours jusqu'à la grotte. _ - ILe Messie! répond sarcastiquement 1& mégère. Pas de risque qu'il naisse dans tme é fab1e comme ce va-nu-pieds. ~u 11e sais dollC prus que le Messie sera un grand roi? Tu perds la tête, pauvre iyieux! Douze ~ours ont passé.
H~ quoi? . .• Plus personne? le soir tombe. Dans le ciel obsctllfci par ,Les Mages? - Partis. PréVenus par ,le •crépuscule, l'étoile miraouleuse balance l'or de pes rayons; elle se dirige vers l'étable où ange, ils sont retournés chez eux, fuyant ~ naquit j'ésus. rusralem et le cruel Hé'rode. iLa Sainte Famitle? - Elle a pris la rot !La somptueuse œTaJVane des Mages trade l'exil. L1:Elgypte •abritera quelque telll'J verse les rues de .Bethléem. La foule se presse sur son passage, admirant les Ti·ches costu- l'Enfant divin. il.'awbergisie regarde, atterré, ['étalble vii mes de ces princes orientaux, comptant les dromadaires, questionnant les innombrabl~s Jamais, ~amais, il ne vel'ra le Messie qui V< lait naître dans sa demeure et qu'il a chru serviteurs. Sur le selllÎl de leur mai,son, l'hôtelier et comme un 1111endiant. sa femme contemplent émer-veillés le pittores~ que cor-lège. !Malheureux Mtelier de Bet hléem, combi S'arrêteront-ils au caraJVansérail, les rois d 'âmes imitent ta conduite. et partagen'l t mages? Non, non, ils portent avec eux leur châ'timent 1 campement. Cette auberge de province n'éQue d 1hommes reflliSent 1a visile du S< gale pas ' Je luxe confortable de leurs tentes. \leur! La gr✠frappe à la porte de leu - Où vont-ils donc? demande l'hôtelier à cœurs: ils la repoussent .•. .• parce qu'ils ·un passant. ment trop 'les choses qui passent •· - Il.s viennent adorer le Messie nowveau. R. DE VIALUS. né. Us ont aperçu son étoiie, là-ihas, dans le ciel de la 'Ohatdée; l'astre les a conduits jusquï'Ci. Regardez-la donc, la rbelle étoile, üuste au-dessus de la grotte ... . « >) Plus de doute: c'est bien .Je Messie qu'on! armoncé ies prophètes. Sarah êvalue d 'un Dans la maison, on ne i'a,ppelait jama coup d'œil les conséquences pécuniaires de que • la petite d:u troisième •· flle était 11 son erreur. - Je me suis trompée, dit-elle à son mari. nue et d:r~ette, a'Vec des oheveux blond3 mot Nous changerons de tactique. Il 1aud.rn que seux et un nez retroussé oqui donnait à s tu ailles présenter tes hommages au notliVeau visage un a ir gamin et narquois. Active rco roi, que tu te mettes l son sei'IViœ, que tu me troi·s, avec 1cela, tenant en perfechon s répa:res notre mallaJdres·se. C'es.t compris, n'est- ménruge; g~âtan~ son malfi aJVec l'aPgent é< nomli-sé sur les sottes d!épenses; soignant 1 ce pas? - Mais j'y vais, ma ibonne. Mais J'y bel enfant de trois ans qu'ils adoraient to deuoc. Quand elle revenail du marché, en co cours .. .. - Touljours le même, interrompt aigre- de :vent, son ltilet empli de provisions, u ment Sarah. Crois-tu que l'on te remarquera, cl1anson aux lèvres, arvec œt air !heureux c ce soir, parmi ces princes et tout ce beau !femmes :honnêtes et simples, la concierge, 1 mon'de? Tu fera·s ta visite demain matin. ,T u var\:funt w seuil tle ia porte, bienveiHante, montraiit du do~gi en riant: porteras ,aussi quelques présents - des pré- rRegardez-moÏJ cette !petite du troisièrr sents modestes, sans valeur, - ainsi qu'il On lui donnerait quinze ans! Et toujou con'Vient à de pauvres gens comme nous. contente, avec ça! Alh! son mari a tiré le b rLa bise du matin soulffle s ur la colline. numéro, pour sO.r!
La petite du troisième
L'hôtelier court sur le chemin· i! descend en ' . Yt1esse la rpente de la falaise. !Enfin, voici la erotte!
~
Ce matin-là, elle semblait plus pressée < core que d'ordinaire.
22 Onze ,heures son.na.ient à J>égJi,se paroissiale. Cela ne Jui arrivait ijamais de se mettre en retard ainsi. Quatre â quatre, elle monta l'escalier. Sur les pa•lier·s, des portes s'entr'mtvraient, laissant édha.pper des relents de .cuisine, des cris d'enfants, tou!e la VJie d~une maison ourvrière à l'heure du repa.s qui réunit les foyers. .elle .répondait à peine aux bonjours des !Voisines. Elle montait, soucieuse, le regard lointain, ne souriant pa.s même comme id' habitude. Au troisième, dev,a:nt sa porte, elle ·s 'arrêta Wle seconde, haletante. Puis elle ou-
mt.
fallait vo-ir ça .. .. Tout le quartier ira! Tu veux hien, n·est-.ce pas, que nous y allions aussi? Ce qu'il .v ouilait sua-tout, lui, ·c ~élait d~eu ner. Il promit de ~aire tout ce qu'elle demandait, étonné de cet!e fantaisie, si !habitué à la voir méprisante des lieux où l'on s'amuse ne se plai·sant que chez elle. ' Il se remit .à j-ouer avec son fils pendant qu'elle s'adivait â la .cuisine. 'E t quand ils furent assis l'un idevant l'autre, il questionna: - Et :le petit? Qu'est-ce .que nous ellJ ferons? <Doucement elle lerva les ép;u.cles: - Nous l'emmènerons, •voyons 1 Oh! sois tranquille! Cela ne !finit pas si tard, et il y en a de !Plus ~eunes que lui qui y vont! n ne répondit [pas, sentant {oute pa•role inutile, vaguement trou'blé par je ne sais quelle crainte, dervinant une menruce pour son foyer contenue dans ce d\!sir bien simple d'aller au cinéma.
Son mad, déjà rentré du dhantier, amusait i'en:fant dans un coin de la pièlœ. Un raron de soleil, entrant par la fenêtre, éclairait 1a petite .salle propre et aJVenante. !L'homme ouvrit [a bolilJdhe pour demander la cause de œ retard. Mais elle ne le laissa .p as parler. Dressœ devant lui, câline, une fla!!IIme dans ses ~ewc bleus, elle implora: - Ecoute.. . . Veux-tu me IÏaire plaisir? Il .]a regardait, étonné, sans comprendre, la trouvant si tiolie qu'une envie lui venait de Us rentrèrent un peu après minuit. [lhomla serrer dans ses bras. Mais elle répéta: me marohalit en avant, portant le petit qui - Tu veux bien. me faire pla·isir, n'est-ce dormait et 'Cherchant, pour ne pas tomber rpas? Oui? C'est promis? Bh hien! emmène- dans les r~Ws mal .IPavées, la ·Lueur douteuse moi ce soir au cinéma! des rêverbères voilés par le brouillard. Il [ éclata frandtement d'un rire de bra'Ve Il ne s'était guère amusé. Solli âme simple homme. d1nstinct, répugnait à ces distradions. - Ça te prend atJtiourd'hui, d'aller là, toi Le rêve de ses dimanches était d'aller pêaussi? Je ICTQI)'ais que tu détestais ça, le ciné- cher le goujon a'VOC sa femme et son enfant ma? TrUJ m'as lcl!it !Yi~crt Œois que c'était perdre dans .1herbe, à côté de lui. C'était sa grande son argent, et œci, et cela ... et puis voilà fierté, là :luii, \de se suJ!Iiire des siens, sans recourir aux moses factice·s et bêtes. que tu veux y ·aller? Il aJVait dit .cela bonnement, un sourire Pourtant, si las qu'il fut, il ne regrettait dans sa grosse moustarc'he, amusé de la rvoir · rien. Sa [emme avait pris du plaisir :pour eux dhanger d'idée si !Vite. deux. lEt c'ét~t si rare, dans 'leur vie sage, !Mais elle ne <fiait pas. Les sourcils fron- un eJOCès ICOtnme ce soir! cés, un pli d'·impaiience au coin des lèvres, Il se retourna !POUf lui demander si elle était contente. !Elle ne Fentendit même pas. elle trandha: - Je ne sais pas ce qlue je t'ai dit à ce Elle marahait perdue àans oo reve. Les irnaproposJI!à .... 'E t puis œla m'est égal .. . . On ges ,de l'écran repassaient, une à une: Fenr ne s'amuse jamais. On ne va tiamais nulle mes en robes prêcieuses, dans un décor de part comme les autres. . . . C'est triste, à la songe . .. Hommes faits pour la séduction.·· {lin! Ce soir, on donne un Silm elOCeptionnel. pour tous les ramfinements d'une vie sensuel•.. •La marchande de journaux m·a dit qu'il le et vaine ... ,J ardins endhanteurs, où s'en-
23 chaînent les idylles e.t Jes crimes, où les héros se. donnent _de furtifs rendez-vous qui se termment touuours par des cou!Ps Ide poignard. . : · ~our son eSI))rit naïf, assoiffé de roman, c étut comme '!!ne iniliation sorUJdaine à quelque voLwpté secrète; comme une porte entr'ouverte sur une 'Vie merveilleuse dont elle imaginait les mille enc:hanfements. Lui ne devinait rien de œ qui se passait en elle. Seulement, .quand i1s se retrouvèrent dans leur ohamlbre dose et que le petit eu t été déposé sur son lit, il se retourna vers elle 1m~a.tient tl'e la :Voir souorire, en lui disant sa JOie. Mais elle détourna la {ête, oppressée, chancelante, éprouvant un irnntense dégoût de leur vie méidiocre, de •leur ,petit ménage d 'ouvriers modestes qui ne connaîtraient âamais. les extases qui l'avaient transportée tout à l'heure. Et longuement elle sangtota, trouvant une amère jouissance à ces larmes, sans se dow· ter .qu'elle avait [ait entrer ce soir-là dans sa vie, le germe /destructeu; qui sape ies fo. yers .... \Maintenant il lui fallait le cinéma le jeudi et le d~mandhe. C'était une tyrannie des nerfs dont elle était victime. U lui semblai t impossilble qu'ell.e eut pu autrefois, se contenter de sa 'Vie terne !POur être heureuse. Quand Jes voisines la .rencontraient, maintenant, avec son air absent et son sourire contralint, elles munnuraient entre elles: - Vous avez !VIl la pelite du troisième? Comme elle change! Qu'est-'Ce qu'elle peut donc avoir? Et tout de su>Ïte on supposait des choses viJaines: Peut-être que son) mari ne la renti pas !heureuse? Sait-on ijamais, avec les hommes! Lui, le pauvre, était le premier là en souffrir. n atvarit bien risqué quelques obser-vations, se plaignant de la 5atigue quïl avait à rentrer si tartli !POUr par!ir a;u ohantier le matin de bonne heure. Mais elle n'était point à bout d'arguments: - Ecoute ... puiSiCJue ça ne t'amuse pa~ veux-tu rester a<vec le !petit! J'üai avec des
voisines. Je ne peux pa·s mieux faire, pourtanU Failble, il M'ait cédé, sentant ibien que c·était une albdicati-on, un amoindrissement de s-on rô1e id!ihomme ... à peu près une Iâclteté. Et pendant des semaines •il avait senti s'effri ter le fragile édrrice de son tranquille bonheur. !Elle sortait presque tous les soirs. Il fa:llait bâter le dîner, calnier l'enfant qui pleurait de la voir partir, et rester la longue soirée, la tête dans ses mains, à res·sasser sa mi•sère. Comme elle a!Vait clhangé! Elle auirefois si fière de leur • dhez eux > ola.issait à l'abandon leur petit logement. . . . Elle était devenue coquette, passant des heures devant sa glace, bâclant les repas pour ooudre ses fanfrelw:hes. . . . .L'argent filait comme dans un gouli\fre. . . . Il n y suffirait pas Et quand il s'était lbien broyé le cœur en pensant à ces choses, -il OlliVrait ola. fenêtre ... . Et bientôt il l'entendait rentrer, riant haut sur le boulevard avec un groupe d'amis. Une Œois, n'y tenant plus, il fit une scène terrible, lui disant ce qu'il -sou[ifrait, et que la vie devenait impossible, entre eux ldeux, désormais. <Elle le regardra, très ·calme, pleine de mépris pour sa sottise de pauvre homme qui ne comprend pas la !Vie. Alo-rs, il sentit lbien 'qu'elle avait œssé d 'être à 1ui, et que j·amais, plus jamais, il ne la pourrait reprendre ....
~ Un soir, en rentrant du chaniier, il trouva son enfant, en lbas, dans 'la loge de la conciel'ge. Comme il s'étonnait, la femme lui remit un mot, avec un petit souorire sournois, épiant sa tristesse. Il lut, atterré: elle était partie, dégoGtée de son existence, sentant lbien qu'elle 1i'é1ait pas faite pour .végéter ainsi .... Alors .il entraîna son fils brusquement. 1Et pendant que l'enfant pleurait, dans le petit logement froid, lui s'efioruirait sur une ohaise, sans ,pensées, les bras tombant le long
24 de son corps, le :cœur broyé d'une inexprimable détresse.... lM. DESROOHES.
••• La~Sœnr maternelle On n'' ignore pas que le granldl journaliste !Louis Yeui'llot, devenu !Yeu[ et chargé de f~ mil1e trouva en sa sœur iEli:se, qui · consentit a re;ter .avec lui, une IVraie ~re.four ses ~~ iants. Ce ~ut une femme ruimi'::a!&le, dont l illusftre écriwain reconnaît le mérite dans 1~ lettre suirvante qu'il lui écrivait un 1jour et q~~ est aussi admiralble 1que celle ~ laq~lle. Il i•arlressait. On en jugera par cette citation dillgne d 'être reproduite, car elle vau1 une !belle page: • !M.a !bien-aimée sœur, c Tu n'as pleinement ni la paix du cloître, ni le 1soin des pau;vres, ni l'apostoiat dans le monde, et ton grand! cœur a su se priver d~ tout ce qui était grand et pariait comme lm. Tu as enfermé ta vie en de petits devoirs, ser!Vante i<f'WI hère, mère ld!'orphelins. Là tu restes comme J'épouse 1a plus attentive et la mère llli plus :patiente, .t e donnant tout entière et ne recevant qu'à demi. Tu as d~ru:é àeunesse, lilberté, avenir; tu n'es p~u:s to1-m:· me· tu es .celle quiJ n'est plus, 1 epouse defunte 1a mère ensevelie; tu es une vierge veuv~, une religiell6e •s ans •voile, une épou~ sans droits, une :mère sans le nom. Tu sacn~ 'fies tes [ours et tes vei~les à des eniants qu.1 ne t 'appellent pas leur mère et tu as ~er,~é des larmes de mère sur des totnlbeaux quŒ netaient pas ceux de tes en!ïants. Et dans .ce travail et dans cette a:bnégation, et dans tes douleurs tu .êheoches et tu trouves pour repos d'autres :in!îirmités encore à secou~lr, d'autres !'ailblesses là soutenir, d'autres plaies â g'uérir! Oh! sois lbénie de Œeu comme tu l'e~ de nos cœtll'S!
:1: lJà où règne le .suffrage universel, il faut une élévation universelle des car~ctères, ?es esprits et des cœurs; autrement, ~~ laut .s attendre à des oalamités et à des ;rumes umverselles. ·E. Laboulaye.
25
Variétés AUTOUIR :DE LA 11ERRE :D'après ;une évlaluation fatalement .approximaüve la population du glolbe seraü de 1 milliard' 711 millions 300,000 âmes, qui se répartissent ·comme suit: , . ksie 887 millions, !Europe 467, Amenque 212, A~i1que 138, Australie 7,5, Régions p<>laires 14p00. 'E n. Europe ril y a 47 habitants par kilomètre carré, en Amérique 5, en Afrique 4, en Asie 2 en Australie 1. Au 'point de vue politique, Ja population terrestre se répartit ainsi : E111p1ire britannique 450 millions, Ohine 321 Russie ? ,Etats-Unis 107, .f rance 96, Ja· pod 80, All~e 61, ri talie 40, Brésil 3~, Pologne 27, :Belgique ,23, Espagne 22, Mexique 15. V Angleterre :cormnande a:~ qua,rt de la po· pulation d~ monde et ,possède egalement le quart de la terre. . VoiiCi le dénotnlbrement de la population qui vit ·sous les lois britanniques: . . Grande~Bretalgne et Irilande 48 mlllJOns, Asie 325, Afrique 60, Amérique 11, Australie 6. . La superikie de la terre est de 14~ .mil· lions et la surl'ace liquide est ld.e 365 millions de kilomètres carrés. . Voie' des changements territoriaux qm ,sont résullés de la guérre: :La Roumanie s'est a~randie de 154,~ kilomètres 'Carrés; la Serbie de 123,000; li· talie de 34,000; la Grèce de 30,000; Ja fr~nce de 14 500. le Danemark de 3,800; la Belgtque de 1 ~million de kilomètres carrés. Nouveauoc Etats: . • ()()()· :finlande 377,000 k!lom:; ·Pdlo~e 36(}, .' Tchêco-Slo~aquie 141,000; 1Esthon;~ ~,oOO, Leli onie 64,000; 'Dithuanie (non delimttee). ' • ' de 68000 km 1.''Allemagne a e't'e 1.1· utmmuee , et de 6 milHoll!~ d~mes; l'Autridhe-!fongrle ......s·1 ta de 600,000 km' et Ide 47 Œlll·u·lOUS d'•"':'~. Bulgarie a jJerdu 26,000 km' de terntotre.
. .......
De la Hainte Messe
attention et de s'unir au 1prrêtre au moment le !plus solennel de .la Messe! la consécmüon et la .commumon. Il est egalement à rpnwos de faire la communion spiriruelle t~outes ·l es fois .q u'on n'a pas le :bon:heur :de .s'approoher ode la sainte Talble :c'est-à~dirrè s'e~citer à un vi~ désir d~ recevoir J·ésus-OhTist.
iLa messe est l'ade .Je 1plus g.rand et le :plus sacré ·de .J.a religion; elle di~~n; autant •de noe !Petites 1pr.atirques de ptete que la lumière du soleil -di.ffère de celle d'une 1ampe, ou la masse :de l'uni~~rs d'un :g rain .de sable. Elle est le sacnfl.~e •• • ide la nouvelle 'loi par lequel les ~chre tiens rendent à Dieu le •culte sup11ême, en lui .offrant le :c~o·nps et le sang de fésus-Ohdst sous les espèces du . p:ain et 'du vin .par le ministère des pr~res. Il faut dorrc, ·de toute nécessité, .assis· Il est un l ivre :céleste, angéhque, diter 'à 1a messe TeHgieus:ement, avec resvin écrit avec une plume trempée dans pect, attention et ·dévotion. Le respect ~anlg de JésusJOhrist ou dans les est dû à l'inlfinie ma1jesté de •Dieu, à la le flamme's de son cœu'f ;s acré; un Ii:vre sainteté du lieu et ·encore plus du ~a·cri ·qui vous anadhe aux misérables vanifice ·qui est :oNert. \L'attention est la .pre· tés d'ici-bas :pour v·o us ttanSIPorter au mière ·qualité de route 1Prière; nous ne tf1oisième del à la suite de son auteur, pouvons ·~lever notre esprit et notre un Iirvre .qui est la plus haute expres· cœur vers Dieu Sians :être actuellement de la fihéolo~ie catholtque, le •P lus sion OOCtl!Pés ·de ce 1que nous faisons et 'fidèmerveilleux diredoiTe de 1'a:postolat, le les à 'repousser les .distradions qui se 1 présentent. ·La dévotion enfin est ce sen- 1Jlus ,parfait exposé 'de la morale tdhrétiment 1pieux, affectueux, 1qui attire sur tienne la prédication la IJ)lus ar:dente, la rplU:s persuasive 1qui ait j·amais remué rrous le reg:arld du Sei~eur et donne à des cœu11s honnêtes et qui n'a son panos lpfières une ·nouvelle effVoatire. Ce i'l :dans n'importe ·quel ouvragee ancien œ sentiment doit naître spontanément. moderne. Et dire ·que œ livre est inou dans un rcœur chrétien en !présence des connu même d'eXicellents ·cathoiigues, merveilles qui s'accomplissent pendant m1ême de !beaucoup ·de p ersonnes très la célébration des saints mystères. pieuses. Il n'en a :d'ailleurs pas: vou · Pour soutenir pius. !facilement .son iours été ainsi. 'En effet, lorsqu'il fa~ attenüon pendant le teni!Ps ·de la mes- sait le ravissement des 1plus 1g rands gese, on peut recomir à certaines métho- nies du monde :religieux, S. Augustin, des recommandées ;par les maîiTes de S. Jean IOhry;sostome, S. Thomas d''Ala vie sP•irrituelle, par ex: méditer sur la tq uin, Bossuet et mille autr.e~, il ét~it vie et ;principalement sur la Passion de ,g •oûté des ·sim:prles et Ides ;pehts. Ma1s, Notre-Seigneur, d'ont les dilHérentes siCè- id:iœz-'V'ous iPeut..être, ~quel est .donc ce nes :correspondent aldmiralblement aux livre :que nous auri-ons tant d'intérêt à "ifférentes iParlies rdlu S.éllcrùfke; suivre connaître ·et 'q•ue per:sonne ne nous a en esprit le prêtre .d ans• les ;prières qu'il s~gnalé 'jus.qu'â ;p1 resent? 'Le v,o ki, il nrononce et les cé11émonies 1q u'il a:ccom- s'appelle: nlit; lire de .pieuses form:uies :dans un Les Epîtres .de S . .Paul. livre de ;piété ou r-éciter des •prières 'V'Otales, le cha;pelet, etc. Ho:rmis nEvan,gile, on ne trouvera Il faut .a:voir soin de renouveler son rien nulle rpart .de plus pr:o[ond, de !Plus
Le plus beau livre après l'E:vangile
27
26
lumineux, de JPlus sag-e. C'est part'?u~ l'amour tqui IPade, mais l'amour g-mde .par une IPhilosqphie divine.
L'Heure Sainte L'institution de l'Heure Sainte est due à Notre-Seigneur lui-même, qui ia demauda à sa fidèle seriVante, sainte Marguerite·Marie, en ces termes: • Toutes les nuits du jeudi au vendredi .je te ferai participer à cette morJelle tristesse que j'ai b ien voulu sentir au Jardin des Oliviers. . . ·El p<>llll' m'accompagner dans cette humble prière que je l'rêseolai alors à mon Père, tu te lèveras entre 11 h. et min!.lit, et te prosterneras la face eontre terre, tant pour apaiser la colère divine, demandant grâce pour les pécheurs, que pour adoucir en quelque 'façon l'amertume JUe ie Eentis de l'abandon de mes apôtres. La Sainte Eglise, a:yant égard à la faiblesse de ses enfants, autorise à faire l'Heure Sainte à .p arlir de 4 h. de l'après-midi, et même à partir de 2 h. aux jours les plus courts. Il n'y a point de prières spédale8 prescrites. JJHeure Sainte peut se f·aire à l'église ou partout ailleurs.
------..----L'éducation d'une famille nombreuse Parmi les devoirs qui incombent aux pères et aux mères de famille narrlbreuses, il en est un sur lequel je voudrais appeler l'atten· tion, encore qu'il puisse d 'abord paraître un peu secondaire. C'est oo devoir social: H consisie ~ paraître heureux, ou plutôt à ne pas dissimuler son bonheur, d'avoir à élever un grand nombre d'enfants. Pour gagner les hommes t une cause en laquelle on croit, il faut si je puis m'exprimer ainsi, prafiquer au~ès d'eux l'apostolat de la joie. Oui, il est plus agréable d'élever une famille nombreuse que d'élever une famille restreinte. Ce l!l'est
là ni un paradoxe, ni une illusion, mais bien un fait d'expérience. Que l'on me pardonne de faire appel à ce que j'ai essayé et à ce que j'ai ru moi-même: e'est afin d'être plus sincère que je me permets d'être ainsi personnel. Ce qui ·caractér:ise essentiellement, ce qui distingue l'éducation !dans une famille nombreuse, c'est la part active qu'y prennent les enfants. Les enfants Ide famille restreinte, les enfants uniques surtout, Sll!bissent l'éducation qu'ils reçoivent: pour peu qu'ils soient timi· des ou ren'iemlés, il faut aitendre longtemps, avant de saisir leurs actes ou dans leurs paroles le profit qu'ils ont "tiré de cette édii.C4tion, ou 1a déiorrmaiion qu'ils en ont reçue. Au lieu de subir et de réserver, les enfants de famille nombreuse reflèient et répètent, et ils fournissent ainsi à leurs pzu-ents un incessant moyen de se eontrôler, de se vérifier et de s'amender dans ieur gouwemement. Voyez-les 1ouer entre eux • au papa et à la maman • ; écoutez-les, même hors de ce jeu qui es! destiné à vous imiter, prendre vos tons de voix, en les grossissant, en les simplifiant en les cariœturant incOI!Isciemment; à les ~tendre vous reconnaîtrez bien vile si votre commandement a été, ou s'il est d'ordinaire, plus diur, ou au contraire plus affectueux qu'il ne convient! Voyez-les surtout, par -ce besoin (l'agir, de mettre en pratique les sentiments et les idées, qui se manifeste et s'augmente dans les collectivités, !Voyez-les mettre en actes l'esprit général dans lequel on les élève. Vo~ donc, pour les parenls, une première collaboration de leurs emants nombreux, et ce n'est pas la moins précieuse. Je !Viens de dire: ils s'y étaient astreillis • d'eux-mlê.mes ». Et en effet, œ en quoi les parents sont tout natureHemen.t aidï!s, ~~ les familles dont nous parlons, c'est dans 1~ dwcation Ja formation de «l'initiative •· tfor· mation d 'aitleurs bien di[.fi.cile, 'l'initiative ap· par·aissant assez inuti1e aux enfants uniques · ,q ui comptent sur toutes les ressource~ de lewrs parents, et les parents d'enfants UDiquu
comme celui dont il est question dans les ma· nuels de morale; ma<is un exemple très con· cret, très saisissable. Chacun des enfants peut voir, observer, expérimenter, la transformalion dans le regard et l'attitude, la phy· sionomie et la conduite, que produit la grâce d'une bonne confession, ou inversement la déc<héance d'une faute grave. Les yeux illu· minés des tout petits premiers Communiants sont un jo~eux et sftr flambeau, dont le re· flet se fixe dans la mémoire des aînés, qui connaissent l"Euichari•stie, et des cadets qui aspirent à E1le. Et puis, leur nombre les met à même d'ac·complir mieux, avec plus de prolit, ce rite fa. milial si profondément catholique qu'e~t la prière en ·Cœnmun. C'est encore un lait d'expérience que, plus nombreux ils sont, plus grande est leur ferveur. Ce que dtaoun voit agenouillé devant Dieu, c'est la famille j'allais di'l'e la !Communauté, - et ce n'est plus lui-même. JLeur égoïsme momentanément s'eftaœ, leur individualisme s'oublie; et il est facile alors de les faire prier les uns pour les autres, et pour leur prochain. Le sens de la fraternité catholique s'éveille ainsi, et il a pour précurseur l'amour fraternel adorant Dieu et le priant. Par leur nombre enfin, les enfants rendent un dernier selivke à leurs parents. Ils leur donnent le moyen de conserver, pour leur propre bien d'ailleurs, pour la :lirect!on plus clairvoyante et plus a'lerte de leur éduca{lion, une certaine jeunesse d'esprit, un certain entrain d'âme. Les parents de famille nombreu~ se peuvent être préoocupês de questions ali· mentaires et vestimentaires, ils ont, pour les soulenir et les rasséréner, cette impreSdion de fraîche et douce eonfiance, que leur donne sans cesse la oollaboration de leurs enfants. On voit donc que l'éducation d'une famille Quant à l'éduœtion proprement religieuse - dans la mesure où l'on peut la dis!ingtuer, nombreuse est vraiment une éducation attra· yan te . . . pour Ies parenw. car elle doit tout pénétrer et tout vivifier elle est, elle aussi, fa~ciJi.tée aux parents pour Est-œ à dire qu'ils n'aient qU:'à regaroer chacun des en:fants, parce qu'elle est, niJd)rès vivre leU.rs eclants et à les admirer? Evidem· de chacun, en quelque sorte multipliée par ment non. Il faut, à mon sens, qu~iis s'impo· tous. t'exemple, là comme ailleurs, 'ioue .son sent â eux-mêmes une certaine discipline. rôle; et non pas un exet~~~ple abstrait, vague, oJl fa•ut qu'entre le père et la mère règne
redoutant comme un danger l'initiative chez Jeurs enfants adulés, couvés. Dans les !ami!· les nombreuses, une surveillance parfaite est bien impossible! Mais surtout, ohaque en· fant se sent ou se croi-t capa'ble d'être quelqu'.un, parce que sans cesse il se compare à celui qui vient après lui. 'La présence du plus petit g~randit le plus grand à ses prop_res yeux; et, d'eux-mêmes alors, lils s'enhardissent. Il n'y a qu!Zll diriger et à régler leur esprit d'iniHative. Pour l'éloigner de l'égoïsme, d'abord, on peut, très aisément, se servir .de cette petite opinioo publique qu'ils fonnent par leur nombre même, et qui est fort capable de dé· shonorer - momentanément - celui qui ne penserait qu'à lui-même, ou d'exalter celui qui travaille pour le bien commun. MQis là où la collaboration devient très consciente et !rès féconde, c'est lorsque les plus grands se chargent, comme ils le font si volontiers, _de telle ou telle partie de l'éducation de leurs lrères ou sœurs plus jeunes. Lecture, écriture, catéchisme, calcul, il n'est pas besoin d'une grande supériorité d'âge pour être capa· ble, et parfois très capal>Ie, d'enseigner ces éléments avec succès. Les grandes sœurs j'enlenkls parfois celles de douze ans - tiennent tranqui1les leurs petits frères de cinq ou six ans en leur racontant de longues histoi· res. •Les gra-nds frères entraînent aux exercices physiques. Quelquefois tel grand préiière tel petit; j'avoue que s'il s'agit d 'une préférence wtiq~ment sentimentale, elle peut créer chez les autres des jalousies et des ·cabales. L'adoption ou la protection qui dflfre moins cet inconvénient est celle qui est fondée sur un motif plus abstrai-t: par exemple lorsqu' un grand a été choisi comme le parrain ou la marraine d 'un petit frère ou d'une petite sœur.
28 une entente aussi .complète que possible; qu' une punition, ou une récompense, donnée par l'un ne soit 1amai·s supprimée par l'autre; que ni J'un ni l'autre n'ait ses préférés. Enfin, que les paren!s aient les plus grands égards pour l'âme de leurs enfants, à 1âme de chacun d 'entre eux. L'ordre extérieur, la d iscipline extérieure sont mdispensables, mais insuftisants, aux enfants des hommes. Et chacun des enfants ne sera vraiment attaché à la •collectivité familiale, que s'il sent, chaque jour, dans le cœur, dans le regard de son père et de sa mère, sa place spéciale marquée. Quoi qu'il en soit, d 'ailleurs, la joie, la· facilité que l'on éprouve à l'éducation d'une famille nonlbreuse témoigne, e t doit témoig ner aux yeux des indifférents, des sceptiques, des attristés, qu'en élevant une famille nombreuse l'on se pllliCe purement et simplement dans ~es conditions de la vie familial~ les plus normales, les plus saines, les plus heureuses. Albert CHERI.
-····-
Le Prêtre - Voyons, Maraude, insista doucement la religieuse en arrangeant de ses mains expertes l'oreiller sur 'lequel se dlétachait la face cireuse et fruste-de l'agonisant, 1M. le curé est venu ldttl. plusieurs fois prendTe de vos nouvelles, il faut enfin Je recevoir. Le vieux paysan eut un geste d'impatience. .Prudemment, Sœur Madeleine insinua: - JI n'es! pas question de vous coni!esser awjom'l<i' h'ui, seulement M. le curé serait content de vous dire bonsoir avant de partir: sa mère est bien mal. Sa mère? Dans l'œ il du vieillard s alluma une étincelle méchante. Ruso comme une beIet!e, il nJéiait pas dupe de œt1e visite du pritre . .Pressentant un dernier assaut donné à son âme de vieux pécheur récalcitrant, lui, qui toute sa vie avait mangé du ·curé, eut une inspiration satanique: sa pat\pière s 'abaissant éteignit la Hamme de sa prunelle, et comme lassé il laissa tomber ces mots:
29 -
Qu'il vienne.
La Sœur ne se le fit pas dire deux fois,· laissant le malade à la garde d'une voisine, elle courut au pres:bytère. Dans le jardin, l'abbé Tarnil récitait son bréviaire, il le <ferma en apercevant la Sœur. - Eh bien? dii-il, aussi tôt une inquiétude dans la voix. - Venez, M. le curé, dit 1joyeusement la religJeuse. Vous tâcherez .d 'obtenir le reste; car le dodeur ne ,Jui donne pas plus de deux jours ~ vivre. - Priez Dieu, ma 1Sœur, ma mère est de plus en plus mal. Je voudrais partir ce soir. En deux heures, avec ma bicyclette, j'arrive· rai peut-être encore à temps.
~ .Près de la religieuse, l'abbé hâtait le pa!> - Bonjour, !Maraude, dit-il, en franchissant le seuil de la cham!hre à demi bai.gnée d 'ombre pour ménager les regar'd'S fatigués du ,vieillard. - Bonjour, 1M. le curé! fit celui-ci en abandonnant sa main à la franche pression de celle du prêtre. Où est Sœur Madeleine? - 1En bas, elle pré;pare votre infusion. - Quelle ,v ienne tout de ~:;uite. Pour ne pas le .c ontrarier, le vieux appela. Quand la religieuse parut, le vieux Iïnterpel!a aigrement: - Je veux que vous restiez là, ma Sœur, j'ai besQin de vous. D'ailleurs, .v ous ne nous gênez :pas. Vous savez bien que je ne veux pas me confesser. 1Le prêtre tressaillit et, soutenant le 'choc, interrogea: - Pourquoi donc, Maraude? La paix du bon Dieu ne fait pas mourir, elle aide à vivre. - Possible, M. le curé; mais ~e n'ai jamais été porté là-dessus, vous savez. - Je 1e sais, mon ami; mais il n'est jamais trop taro pour bien faire. - Trop tard, non, il est trop tôi, or. verra. . . . Demain, je vous ferai appe~er . Le :prêtre se tut; la Sœur intervin:: -C'est que .... - Gest que, interrompit l'autre, M. le
curé veut aller près de sa mère, c'est trop juste. ,Pauvre femme, el,Je a ,plus besoin de vous que moi. Allez, < M . le cure, 1ie mourrai bien sans vous. ....., Non, Maraude! Ma mhe a moins besoin de moi que vous, i'atiendrai .... Et il sortit. La religieuse totde émue le suivit. - M. le Curé, dit-elle, il le ~ait exprès. - 'Ma Sœur, repartit .J'abbé avec une douce fermeté, ,retournez vers .votre malade et gardez-vous des jugements téméraires. - ·I l le fait exprès, songeait-il en s'en retournant vers le presbytère, oui et plus profondément que la Sœur ne le pense .... Maman, maman, je veux te revoir ppurtant .. .. Ton Jean, ton fils, tu ne peux !~appeler en vain . . . . Cependant, non. . . Ie devoir est ici ! Au 'jnême insfant, Sœurr Madeleine, de 1escalier, entenrl.it Maraude grommeler dans un . ricanement: - On verra !bien, s'il croit à son bon Dieu et à la confession, le curé! Toute la soirée, l'abbé, prosterné au pied de l'autel ou se promenant dans son jardin, aftentif au bruit du marteau, attendit l'appel qui ne venait pas. Après une lutte intérieure déchirante telle que son sace!1di0ce n'en avait uarnais connu, car ce pritre avait concentré dans son amour filial toute ~a tendresse 1alousement gardée de son cœur, il avait télégra.phié â son frère: • lmpossiible venir, ministère urgent. • La nuit se passa dans 1 insomnie. Il voyait là,bas sa !111ère expirante, tournée, les yeux lixés vers la porte pou:r gu.etfer ·sa venue; sa mère recevant de son curé l'a!bsolution suprême qu'elle avait si bien le droit d'attenldre de son enfant donné par elle à Dieu. .Puis, la vision s'effaçait devant la ligure osseuse et le sourire mauvais du père Mar:lude. Oh! !"horrible tentation toujours chassée et toujpurs présente : se lever, partir vers la mère tant aimée pour un adieu douloureux et cher, aibanrl.onner à son aort éternel ce mécréant dont la méchanceté seule inspirait 1a-
gonie .. .. 11 y avai't <l'autres prêtres. à peu de distance... il pouvait se confesser à eux après tout . .. il ne le· fera pas . . . et tu le sais bien, répondait une voix intérieure. Vers 9 heures, Sœur Madeleine venait de \faire une piqûre au mourant, dont le nez pincé, la respiration .rude dëcelaient la fin prochaine. ·L 'abbé Tarnil entra, pâle comme un homme !blessé â mort. A sa vue, Maraude sembla se réveiller. Le prêtre s'approcha du lit et tendit au vieillard une dépêche: - IMa mère est morte, Maraude; voulezvous vous confesser, mon ami? Sa voix bi'isée était douce. 1Le vieux se .redressant le .regarda avec stupeur comme pour déchitfirer une énigme, la parole s'étranglait dans sa gorge. Silencieux, le prêtre attendait, laissant agir Dieu. Le mourant fit un efifort: - Tout œ que vous ·voudrez, M. le curé, vous m'avez rendu la foi, il faut que ·tout soit vrai pour que vous soyez ici! Vous vottlez me sauver de 1 enfer, vous devriez me le souhaiter. Je suis un misérable .... J'ai voulu voir si .... - Si je préférais le salut de votre âme au dernier baiser de ma mère ... . je le savais, dit simplement le prêtre. M. ,P.
Amour filial 'L a neige tombait à gros flocons sur la (erre durcie. Ce 1jour-là, le petit village de Bretigny, caché dans un pli de terrain, au fond des campagnes nonnandes, s'était réveillée sous lllll blanc linceul. La bise glaciale agitait les branches des arbres, et s'engouffrait, avec des sil!:flements aigus, entre les fentes des volets des humbles maisonnettes. Ce jour .fut rempli de cruelles angoisses pour la petite Marthe Dubreuil, une' fille!te de douze ans à peine. La veille, sa bonn~ mère, minée par une longue maJ.adie, s'était éteinte dans ses bras, la laissant seule au monde. Ses derniers •jours •avaient été remplis d'a-
30 mertume. C'élait le cœur brisé qu'elle s·apprêtaii a quitter pour tou:jours sa fille bien-aimée. Heureusement sa foi vive vint à son secours: elle comprit que ,Je !Père céleste qui donne leur pâture aux petits des oiseaux n'abandonnerait pas son enfant. Cel espoir la soutint à son :heure .dernière. Lorsque dix heures .sonnèrent à la vieille horloge, le cortège, ~ cortège du pauvre, hélas! quelques parents éloignés, quelques voisines, - .sortit de l'église et, sous les ratales, se rendit au cimetière. La triste cérémonie s'adheva lentèment. Parents et amis firent l'aumône A la défunte d'une . dernière goutte d'eau bénite et d'une dernière prière, puis -un 'à un se .retirèrent. Marthe, abîmée dans sa douleur, demeura •insensible à cet abandon. Elle pria longtemps à genoux sur la tombe qui renfermait toutes -ses joies; quand elle se releva, le calme était entré dans son âme. Vorpheline quitta ,le .cimetière et, sans hésitation aucune, se dirigea vers la demeure id.u curé. U, elle le savait, Qn trou.ve toujours secours et consolation. ·Le prêtre est pauvre, mais avec son obole il donne la parole qui fortifie. Sa cltarité sait faire d~s mirades. Que de larmes ,il sèche autour de lui! pue de misères il soulage! [.e curé de Breti!glll)', 'M . l'abbé Gayla ne calculait jamais ave·c sa bourse. Comptant sur la ·Providence, qui ne lui faisait jamais défaut, son bonheur était de rendre service à ses paroissiens, qu'il regardait comme ses enfunts. Marthe était malheureuse; elle pouvait compter sur le dévouement du bon curé; ce ne fut pas sans émotion pourtant qu' elle lui dit: «tM. le -curé, pardonnez-moi d'être venue. . . . -Je veux vous parler de ma-man. . . . Elle est au -ciel, n'est--ce pas? - Ta mère, mon enfant, a ·souffert chrétiennement. fespère que le Bon Dieu lui a ouvert le ciel. Toutefois ne laissons pas de prier pour elle. Demain je dirai la messe à soo intention, car je sais que tu ne pourrais pas faire ce sacrifice; je m'en charge avec !bon-
heur. ·La sainte messe paie la rançon des défunts. - M- le Curé, je vous remercie, dit Marthe: .ce n'est pas seulement une messe que je voudrais .... Mais, tenez, voilà ce que maman avait mis de côté. . . il y a quelque temps. . . pour faire prier pour elle. 'Et la pauvre enfant remettait au pasteur deux pièces de cinq !francs, toute sa fortune. Le prêtre, ému jusqu'aux larmes, repoussa l'ar2"ent. - Y !}JCG:Jses-tu, enŒant, cet argent t'est nécessaire. ~Oh! M. le .curé, ne me refusez pas; j'au. rais tant de chagrin! - 'Mais, avec quoi vivras-tu? - ill me fa,ut si .peu. Prenez, Je vous en prie- • Le Œré -céda. Il avait :;on projet. 1Marfhe s'en alla un peu. consolée. - Maman aura des ,messes, pensait-elle. Elle verra que -je l'aime toujours et puis elle saura 1bien me protéger. Le bon Dieu me bénira. 'L'orpheline oU!bliait le froid et la neige. En rentrant au Œoyer désert, son cœur se serra et .un flot de larmes inonda son viSQge. Elle était seule .... Qu'allait-elle devenir?- .. Malgré son .courage, l'·avenir l'effrayait, la terrifiait. Vingt-quatre heures s'écouil.èrent .sans amener le calme dans son esprit. A la fin cependant elle eut -une inspiration: Si Mme de Hédouville voulait me recommander à ·maître Jean, son fermier des Aulnais, je ·p ourrais gagner mon pain à garder ses !bestiaux. Celte pensée releva son collil'age- Elle quitta la dlaumière et s'engagea dans un sentier étroit, bordé de houx et d'ajoncs épineux qui devait la conduire ~ la grande route. En débouchant au ~out du sentier, elle aperçut devant elle une voitUII'e armoriée de Mme 4e Hédouville. La noble dame lui fit signe d'appro-cher . .L'air doux et intelligent de l'enfant ta frappa. • M. le curé ne m'a pas trompée •, pensat-elle. ~
31 C'est d'ouvrir les yeux, après une bonn~ longtUe nuit, et de sourire à l'aurore en lui disant: Merci! !Lorsque la Fée du Matin fa touché de sa baguette en te disant: • Réveille-toi, mon ami! Vois! C'est le -jour!, tu dois la regarder d'un œil clair et lui dire: «Merci, ma belle! Je suis à toi! » Chaque •jour qui se lève est un cadeau du Ciel! Celui -qui gr onde et qui jure au saut du lit, a mal vécu, la veille. la journée à viVl'e lui pèse avant qu'il l'ait subie. Le cadeau lui est une c:harge. Il insulte la vie a-u lieu d'in· su !ter ·sa faiblesse, à lu:i, et sa sottise. Aujourd!hu.i dê'pend di'Hier! . . . Qu'as--tu iait, hier? Il faut bien dormir! Le sommeil n'est jamais du temps perdu. On n'allonge pas la vie en rveillant outre mesure, on l'assombrit en l'abrégeant. Et quand on a gâté sa vie, bêlement, follement, on regrette les aurores manquées et tous les joyeux réveils que l'on Dormir, c'est mourir quelques heures! Délicieuse petite mort toujours suivie d'u- a trouvés tristes! Que de c belles soirées » sui,vies de iâcheux ne joyeuse renaissance. Tous les soirs, tôt ou tard, nous obéisson::- matins! M'ais comment faire? à la loi du sommeil. Quand toute la journée esl vendue au traNous donnons, ainsi, notre démission d'être conscient et respo-nsable. Nous ne réponvail, il ne ·reste que la soirée pour -~a d~tente dons plus de rien. Nous laissons aller tou- et pour la liberté. tes les choses de .1a vie. Il faut ohois>ir! Nous devons apprendre à Advienne que pollirr\1! -M oi ·ie dors! De- 1 choisir. L'éclectisme s'impose à chacun, en main, au réveil, j_e retirerai ma démission! i bee de toutes les sollicitations qui menacent ·Regardez un peu dormir :votre voisin, vo· nos soirées. 'Balancer le pour et le contre, tre voisine. Comme c'est imposant! penser au lendemain, et vouloir ce que l'on ill est là, immobile. Mais il respire; il vit! veut. Descartes a dit: ·• Je pense, donc je suis!» Etablissez le bilan de vos soirées perdues Quand je dors, je ne pense pas, donc je ne et de vos matins maussades et vous verrez suis plus! bien qu'il y a des économies à faire! .Pourtant, ie suis encore! .Mais il ne suffit pas de bien dormir. Il rDescartes a oublié le sommeil! faut encore Jaisser dormir les autres . ..• Hamlet s'&rie: • To be or not to be! • ILe sommeil des autres est une chose sa• Etre ou ne pas ~tre! crée. Les personnes âgées-, les matades, les Lorsqu'on dort, on existe sans exister, tout pauvres inlellec!uels tant négligés de nos jours tn existant! Encore un qui a oublié le som- et dont le sommeil est si fragile, enfin tous meil! les nerveux, tous les neurasth~niques ont droit IMoi, je ne l'owblie jamais! au grand silence de la nuit. Ceux qui 1roi1' On s'en lrouve si bien! · blent ce silence devraient subir la loi dw tail.aissez-moi IVOUS faire ,pari de mes joies lion: Trois fois v-ingt-quatre heures sans de ga-and dormeur, car j'ai un peu l'idée que sommeil! vous ne dormez pas assez. Quant aux chiens qui aboient la nuit, qu' Le moyen de voir la vie en -rose n'est pas on les en!erme, avec leurs propriétaires, dans de gagner beatliCou.p &'argent pour devenir une -cage, jusqu'au silence définitif! avare ou prod~gue. Noctambules incorrigibles, vous avez le
Le soir précédeflt, M. l'a~ Cayla s'était rendu .chez Mme de Hêdouville et l'avait intéressée -au sort de l'orpheline en lui racontant son. acte d'amour lilial. La vue de Marthe acheva de gagner le cœur de la charitable dame. Elle emnena sa protégée et l'attacha là ·son service. Sous ce patronage bienveillant, Marthe J)lu:breuil grandit. A vingt ans, elle épousa le !ils du régisseur, jeune homme très bon et très pieux. 1Elle est heureuse au milieu d'une famille bénie de 'Dieu et ne cesse de répéter: - C'est à ma mère que je dois mon bonheur. j'ai toujours _prié pour elle; elle me protège du séjour de'S é!Jus.
····------
Bonne nuit!
Supplément du JVo 3 de ,f &cole,, (1922)
32 droit de rester chez vous quand bon vou·s semble, mais vous avez le devoir de ne .réveiller personne. Faites doucement, tout doucement, dans la rue, dans l'escalier et devant la serrure qui !tremblote! Le sommeil est reparateur. Il dispense des forces nouvelles. n as-sure l'en.rrain, la bonne humeur, la -gaîté rpour le lendemain. Le sommeil conserve. !La bonne nuit fait ~a :bonne journée. La bonne nuit fait l'homme fort et la femme joLie ... . 'Bonne nuit! nr Gustave KRAfFT.
.....
Variétés CONTIE DE NOEL Alphonse Daudet racontait volontiers œ qui lui était arrivé alors qu'il était !jeune et •accoutumé aux difficultés pécuniaires. Une nu·it de 24 décembre, il rentre à s oo !hôtel du Qu~rtier latin dans un état de douc.e 'gaîté. 1De vagues souvenirs d'enfance lui passent par la tête: Noël, sabots dans la oheminée, présents tomibés du ciel. . . . Il prend l'une de ses chaussures et la dépose, par erreur, non pas dans la chemimée, mais dans le corridor, devant la porte de la •chambre. ILe lendemain matin, la botti.ne contenait en effet quelque chose: la note de l'hôtel, que Da·uklet avait négligé de -payer depuis trois mois. Hélas! Elle n'était pas a<X]uittée . . . .
l'avis paru, précÏIPitées vers l'a1iresse indiquée, Et lià elles ont appris qu'en effet il ne s·agissait que de dormir. - . mais de dormir dllns Wie vitrine de la maison pour prouver qu'on ne pouvait pas avoir froid quand on était revêtu des tissus fabriqués par elle, Quelle réclame plus ingénieuse nous apportera demain?
0 BONNE RBPIUQUE Le général d'Hautpou:l, qui commandait r armée du 'Rhin, était d humeur tort caustique; il se plaisait surtout à railler les jeunes officiers de son état-major. Un jour, parmi ceux qu'il avait invité à dîner, se rrouvait un jeune sous-lieutenant nommé Martial Tho.. mas. Cétaif un petit blond, d'une complexion délicate, et qui semblait peu fait pour le métier des armes. - Pourquoi donc vous nomme-t-on Martial 1homa-s lui rut au dessert le général; ne vaurlrait-il ~as mieux vous ~aire appeler Thomas . Martial ? Cela s'accorderait parfaitement a'Ve-c vorre physionomie; il faut absolument adopter cette inversion. Déjà le sourire était sur 'les lèvres de tous les convives, lorsque le ·sous-lieutenant, sans s'émouvoir le moins du monde; répoodit: - Général, on me nomme Martial Thomas, et non pas ')";homas Martial, par la même raison qu'on vous appelle d'Hautpoul et non pas «poule d'eau». ILe général prit Ia chose de bonne grâce; mais les rieurs, cette .foi-s, ne furent pas de son côté.
·~
~
!LIART DE ·l.JA RECLAME Une réclame singulière veut être faite par une grosse maison de tissus, à Londres. Elle a fait insérer dans le c Times • l'avis suivant: «On cherche une personne prêsenlant bien, capable de dormir dans la journée. Aucun rravail. Une seule ex~ence: bon sommeil. Bonne rétribution. On demande de;; références. :o Des centaines de personnes se sont, dès
A PiROPOS OU TIBM!PS ~ Les minutes écoulées, l"éternité elle-même ne ·saurait les rendre. , Schiller. :t ,Le telTJ!PS 'voyage (l'une allure différente, avec les di1~férentes personnes. je 'VOUS dirai avec qui le tertliP~ ;ya à T'amble, .avec qui au trot, a·vec qUJi a.u ga'lop et arvec qui il s'arrête, Shakespea.ret Les A.ngJ.ais, peuple pratique par excelIenœ, !disent: ,« Times is money ., ce que nous tradwi·sous : «Le temps c'est de l'argent. •
La parole de Dieu
-ce ·qui est sorti ou s101rtira jamais, ·d'une plume humaine. L'homme du peuple le lit avec admil~ation; le •s1a vant le médite Le premier moyen dont Dieu se sert sans -que son œgard puisse jamais en pou.r faire entendre aux hommes s-a pa- mesurer les infinies _proifondeurs. role, c'est le tableau de ce magnifique Que ohacun de nous le possède sur Univers ·que nous avons) sans cesse sous sa table de travail, œ Livre incompales yeux. •Pour qui sait prèter l'oreille, ra:ble, :à la place d'honneur, en vue de en ef,fet, dans quel admiiïable langage l'ouv<l"iT souvent av·ec un respect Teliles cieux ne racontent-ils· pas la gloire g ieux, et d'y trouver lumière, consolade Dieu! hon et encouragement. De nos jours, un .arUste de génie, :Dans !"obscurité de la nuit, n'est-il pas vrai que œs myriades ?'étoiles :por: après avoir ·r~tracé, de son_ ·C~ayon, les tent toutes le nom du Createur grave plus belles scenes de la vie de notre sur leur f;ront? Dans les splendeurs. du , Sauveur, a terminé ain&i son œuvre: jour, n'est-œ pas la beauté divine qu~ , r< C'est le soN-. !Dans une 'demeur~ d'apse manifeste sur ce firmament azure : parence modeste, toute une famtlle est dont le spectacle athre n10tre regard et : _gpoupée autour du père, .dans un I1eliem'porte notre pensée? Plus près de 1 g-ieux silence. La lecture de !'·Evangile nous, ·ces collines, ces vallées, ·Ces fo- l va commencer. üéjà le ch~ de ramille rêts ce-: rivières qui forment Ie cadre { est assis devant la table 10u -le ltvre est de n'otre"' vie terrestre n:ous parlent sans 1 ouvert. Un petit enfant a cessé ses ~eu'X cesse de la bonté de Vieu. p•our venk écouter. Une jeune fille au Aussi les g'mnds ~saints ont aimé pas- fr?nt pur. s'est anêtée d e t~avai~ler, sionnément la nature. Pour eux, comme afm de m1eux enten_dre. ;La :mere s est pou:r S. 'Paul, :pas une seule c~~ose ~'é- assise avec son dern;er:ne \q m 4o~t dan~ tait sans voix. S. 1BernaDd, s1 austen ses bms. •La gtliand mere__ a •]·omt le::; cependant, disait ià ses !feligieux que les- mains com~e pour_l~ ·pner~, et ses T~ hêtres et les mousses, les silences et les gards para1ssent nves au hvre. Or, a -omibres des fo11êts Iui en avaient plus p~ine ·la lectMe sainte est-elle commenappris que les livres. œe q·UJ;, au fond de rcette rhumb~e ~.amCependant, mieux encore qu~ ·Pal: les ~fie, jesus en :persof!-ne ~:p!p-a1rmt. Il se objets matériels, la parole de D1eu vtent tient debo~t, a u sem dun~ douce et à nous ,par les feuillets d'un liv,re. Là suave darte; s'on r~ard' :p,le~n d'amour les pensées divines :stont pl~s prédses pla?-e s~r toute cette ~ar;t!1le et ses et plus lumineuses. Un bon_ hvre ?uv_r~ mams s etendent pour ~emr . . . », • à notre esprit des, rperspecbves d mfm1 Gardons-nous de c:rmre 1que c est la .que nulle montagne, nul océan ne peut seulement une ficti·on d'artiste. Cette limiter. Et le livre par excellence, 'celui scène est plutôt la ·réalisation de oette qui nous donne mieux que <tous les au- p11omess:e du Ohrist: «!Là où deux ou tres la ,paJ.'Iole de Dieu, ·c'est l'Evangile. trois sont réunis en mon nom, je sui·& !Partout aillewrs, nous ne trouverions au milieu d'eux.» qu'un mince .filet d'eau· ici, nous i:J.'1ouAimons donc -et Viénérons la parole verons la fontaine intariss,able 'dont de Dieu. s'oyons toujours disposés~à l'enl'·onde 1jaillit jusqu'là la vie éternelle. tendre,· sous .quel'que forme qu'elle se L'<Evangile est un livre étrange, uni- presente à nous. N'estimons les ohoses, que, 1qui ne se peut comparer à r ien de les .livres et les hommes .q,ue dans la