Supplément No 01 1922

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Quelques causes de l'inattention ~Le maitre se dépense en •g·estes, en .parol.es ,sonO'fes; et l'élèv.e. les yeux ternes d pafpi11ommnt de tout ·côté, balance un p}ed, coudloie le voisin, bai11le et 'P'ennuie. :Pauvre maître! tu t'animes, tu t'échaufifes. tu enrag'es, tu aries et tu n'es pas même écouté. Tu n'es p:a•s écouté, d tu te fâJches contre >l'élève, ·contre i'in!fl.o œnt; tu le pulllis cl tu épaJ1P"nes le ·grand COUipable, tu ne le .connçüs .p as mlême. ·- Comment ,pas? - Mai·s 11e glrand . coupable, ·celui qu'il faudrait su<rtout pun'ir, c'es.t i!o!Î... oui, toi. Ué1l:ève est .inattenbf, mai's qu'y a-t-il d'é!l:onll1:ant? Ne l'es-tu pas souvent toimême? Combioo d'e foi•s as-tu •éicouté la filll d'un lon\{! sermon? N'as-tu iamais été distrait. dans une conrv·ersati'on qui ,se ·PTOŒünge? AUons donc, tu te re!Prends à chaque ins~ant de ta pr:ésente lei;orn!! 'Pourquo·i te fâcher :a}ors si l'élève, :que tu a:s fatigué déià ;par nlutSieurs leçons •où son .e·sp.rit était tout iendu, ne peut plu.s t'écouter mainte\O.ant? -Tu aimes à entenldre, quand tu l0\I1_;ges. un rui•sseau, le !bruit de :s.es cascatEJJle~s, le munmure d'e ses eaux qui cou:renJ~ dan~ les ih:erbes et ieur doux fréimiss.emen,t rrorsqu'ellles se jouent av~c -le gr:a in ,de .sable; mais tu ne .t'extasies ·guère p.our .l'écouter au même endroit. ·Tu a.'~mes le \f:r.ai!S .c·ours d'eau, mais 'seut.ement dans sa variJélté. Que tes leçont ne sont~eUes .co:mm·e .lui! Pou·rq:uoi ,pou:r les, varier, n'y !POint mêler 1e Jadle au d!iffici~e. ce qui ;I1e,po,se à œ qui faügue! ' Quand ~g"rand'maman. dans ses his·toires, me raconta.it ies. malheurs d'un g<l!fiÇOn 'inno1cen~ ,ou les .ennuis d'une fi:l!le vertueuse, i'étafus tout oreilJe pour l'écouter et i·e pleur.ais, ·;e compatissais, ie cherchais ·remède à leurs maux. EUe po;uvaiÏ~ bien ensuiit·e me ,p-arler 1d'autte

chooe. mais tout à son dernier r·édt, ie ne :l'ecoutais plus; et si sa main ridée venait 1caress·er ma joue, « Merd, bonne g•rand'mèr:e. lui dd.sa:>is..-ie, vot,r·e récit .de tout à l'heu.Pe me fait JPileurer. Laissez v•otre l!louvelle histoire ,pour demain, v,ous :pourriez v>ous fatiguer." ·E n ;réa~ité. ce n'étailt pas tant ·sa fa,tigu.e ;que .ie redoutais.; mais mon. esprit ing'énieux avait !besoin de revenir sur l'histo,ire qui \l'avait tanit fra11lPé. - Si dans votre clasiSe, le silence e ~t ;parfa.a, ':li vos élèves sont au·ssi immobiles que des saints de bois .(œJCi arrive), si vous ~es •VO'Yez comme su:srpen.dus à vos lèN.res. •s a·chez que voilre leçol!l est intérres.sante et !P!fo;f'H.able; mailS sa chez .aussi que leur es:p<rit d'o·i t bien se -fa~i­ .gu.er et •qu''il ne faudlna pas attendre la m:ême attenhon \POUr la .leçon suivante. •Laissez alors leur esprit se complaire dans ce que vous. 1eur avez dit et oc'CUjpez-'les à UJl! tr.availl qui demande rpeu d~attenHon. ---.. M. 1e l"!égent, vous ·êtes in!telhgent: vous raisonnez >COmme un phi1.oso·phe. vous connaissez 1a 1Phy~,ique, .la chifni?~ que sais-ie? C'eJSt très bien, .et d' autant plu~ 'honotra'Me. Qu'~ contestera: que vous êtes supérieur en savüir il vos élè· ves? On sait ce'h; ,pour.qu·oi alor.s voul-oir le demol!ltrelr V\Ous~mêtme par des raisonnemen.lts de « Je [.)Ose ... , or ...• dCIIJ.C.. . », et par de longues dis.serta.tio:nlS. qui~.et1aient •Le régal d'un savant? Vous .parrlez bien, iPOÙrraioot dire vos é1èves, mais nous eommes. 1com:rme l'a· n'imal de la ·fable qui ne vo'Yait rien dans la lanterne. On vous a!Jl~lla·udirait à 1'a.cad~ie, mlais. on .ue vous écoute pas à cr'ëcolle :primaire. _V,otr.e ·leçon au· mit eu toutes les qualités .et aurait pr~ duit son Fruit si vous -eussiez tété simple. si vous ne vous iussliez éllevé au-dessus du niveau c!Je vo:s. élèves. -------~-~·~-~·--·------

~~!'pplémenf du

JVo 1 de ,l' &col!'_f_1S22)

Terre-Sainte et Eucharistie

la ~a~igue, la soif, ·~a faim. Une figue ..~..,.- -, ..., ·~u~llhe .l<llU, lbo!id de la r:ôute, quel,ques T·erre-"Sainte! A lui seul .c:e mot epLs f>votsses au ,creux de }a main l·eUir éveille les souvenirs les !plus aurrustes.. •SIQint illn ~g1al. Que leur impoTte! 11 . , Fo , n'est ·qu'une chose ·dont ils sont avi·des 11 evoque les pay5ages évangéliques t d t 1 · et n:ous tmnspmte en Orient s ur les e ·on t s ne ISe !lassastent point: la d v.ue, la P11.1ésence diu .doux \Pnophète de .p'a1s ' ·e .l'ésus. A peine .a-t-il retenti à Nazareth, sa 1parr1ole à la f·ois si I}Jleinos ()['eilles que notre !Pensée contemple ne, si forte, si ·cons1olante, ses gestes ces plages de la mer de Tilbériad'e si dont chacun enfante un mmacle souvent f•oulées ;p1a1r le Messie, et que L T s· · nous devenons, en qudque ·sorte les té- , a erre-· aul:te! !Mais n'est-ce pas moins .de sa vie. iLe VIOici .qui hèle de eg~a[e~ent ·; es . VIlles Aet œs bour.gades au]ourrd hU! peut.-etre en 11uines ;pau~res P'êchelllr~ ~ral}}iéçalllt leurs fimais éternellement vivantes, êtemellel;ts ~t ·dont Il fuit ses apôtres; là, Il ment jeunes dJans le cœur des hroms <:~.ssted sur une .roche au bord de la B fut, N a' la ~out'e ...~avie, .presq". ' ejéricho, . eem. Jérusalem? azJa<reth, Hébron' Bé,.,rnrève et ll'lade " ,..,e mes: thal!liie, en extas1e; ;plus loin Il monte swr une barque et p1a rt rpou~r la pêdhe miraouQuels ne sont pas les •sentiments ·de 1 lmse; ici, Il apaise d'un geste tes flots dévotion ,qu'ép!1ouvent les !Pèlerions de irrités et La tempête qui fait rage. Sm la Terr~-Sainte,_ 1o1'squ'ils yisiten~ la les riV~es se profilent au Ioin 1Magdala g~r~tt~ ou ~.aq~ut le Ve.r:be mcarne, le Oa,phamaum, Be~hsaï.da, ;ports où ii 1 pretot~e .q:u 1,1A monda ·de son san~, le aborde pour dcatriser les plaies du Oalvar:e, theatre de sa mtor!, le se~ul­ corps et 1a lèpre p•lus :h~deuse ·de l'in- 1 ·Or-e qut re~ut son co.Œïps sao1.1e. <?ombre!l 'Conduite ou de l'égoïsme. Autour du l!,>lus lg~mnd~, o?mbten !plus vtve dott Lac, 1'1lorizon est dwonscrit, au levant etœ noJ:e deV~ohon en ~ace d'!ln taiber1 pacr- les ~ont:s ,de la D éca.pole, au cou- I]')Jac ~ ~ ans lequ~l ~e tient ~~~s 'sou;s chiant ,palf les GOifnes de Hattin où Il 1 1~ Vlotle.s ell!dhansh~ues!. Aus:si, le veenseil51llla les Béatitudes et le Thabor nerabl'e Jea:n d' Avtla dtsatt~tl : « Auoù 11 se tra:nsfigwra cun s!lnctua~~e, ne ;surpasse en excellen. ·, œ, m en -ptete n'tmporte quelle église . I.J'a Te11re-S~mte! c est encAore la val- où se trouve l'a divine Eu·c haristie!-. 1~ du ]'ourdam ou Jean :p11echa la 'Pé--------•••~••r--------mtence, où le Ohrist .descendit de la ber~e d'a ns le lit du fleuve 1 afin de '1'€collège au mariage 1) ceVIoi.:r, lui ·aussi, sur ;son 1ront, l'eau que versJait le ;Ba!Ptiste; ce sont aus!Si Un petit 1iivre a paru, voici quelques mois les <:hemins de Judlée, de OalHée. de ·Samarie palf où s'avancent, ~autour du dédié • aux jeunes gens • qu'il a polllr inten~ S'auveuŒ", apôtres et drsc1ple:s, femmes tian de guider c du ,oollège au marial!~ .", Mgt et enflant~, .paUivres et lèpreux, tous les Tissier, évêque de Châlons, en a ~crit l:t pré-CODps ·qut ont bestoin 'd'être .assainis face. On sait que l'éloquent prélat ll'Vant de tous les ·cœulis .que le repentir commen~ s··affirmer, suif les bords- de 1•a Mar~e, un chef ce à [>Urifier, toutes les âmes neuves. de d~ocèse apôtre et patl'i:ote, avait été, 1 qu'attiŒ'e tant .de bea!Uté et de bonté Le l'ombre de la ca.fuédrale de Chartres, un érnisol~il, le. vent, la !POUssière, Œ"ien n~ les ' 1 ) llethielleux, 10, I["Ue 1Gassette, Paris. at1IIete m ne Ies lasse; ils 10u'bHent tout,

·nu


2 neut éducateur de la jeunesse. Or, i l a•:.:orde à œ livre une approbatioo chaleureuse. U regrette se-l.lement de ne l'avoir pas eu entre les mains lorsqu'il ~tait supérieur de coll~e Avec quelle joie, s'écrie-t-il et quelle sécuritè i'en aut'ais fait le liVIre de poche d\me foule de mes anciens, dont de savais les luttes et les bonnes volontés quti n'avaient besoin que d'ê· tre aidés! • Car œ volume, ~ un vrai code de rie de la qeunesse chrétienne ... , sera, pour les directewrs de conscience, ooe mine nouvelle et féconde de conseil~ aus·s i éloquen.ts qu'autorisés • et, pour les jeunes gens catholiques, • un vade-mecum singll!lièrement averti et opportun. ,. On découvre, en effet, dans cet ouvrage, atteste oncore l'évêque de Ohâloos, • un esprit de ~oi profond, substantiel, brûlant, presque étrange tant il est pressant et dépasse l'oroinai.re .pensée humaine! • B l'on conçoit cette admiration de Mgr Tissier, quand, en feuilletant ces pages> on décou~re des élans tels que œlui\.ci: • tLa fui s'est ·abattue sur mon â!rre comme un aigle swr sa proie; e11e m'a saisi, elle m'emporte, elle me dévore. Mon Dieu! combien vous m'aimez et combien je vous aime!» Que!!. est donc l'auteur de ces conseils • aux jeunes gens •? Est-ce un écrivain mystique, un religieux :trempé dans la méd:itation, un dJirecteuir d'âmes éclaire par une longue et pénétrante eXij)érience, un éducateur ~rouvé? Non, rien de toUJt cela! Cest un !homme que ses adversaixes aV'aiÏent accoutumé de peindre comme un caractère emporté, agressif et presque hainewr; c'est un polémiste auquel les ~u­ nemis de l 'EgHtse, et rmême certains catholiques, avaient fai:t naguère llllle .r éputation de violence et de brutalité. C'est Louis Veuillot. De la • Col"respondance ,., des articles et des livres ctu gxand tjouroalis!e chrétien, le P. Cerceau:, qUti coona~t admirablement ses œtiiV:res, a ifecueilli ces quelques pages, imprégnées de foi, lumineuses d'esprit surnaturel et de clair bon sens; ~~1 les a judicieusement classées en quelques chapitres, où le jeune homme chrétien, • du cdllège au mariage., peut trou'Ver un guide et un soutien

dans ses incel"tifudes sur l'orieniation et l'uti. lisation de sa vie, dans ses combats contre le mal et contre le doute, dans ses efforts de pei"Sévémnœ et 'j usque dans la fondatio!l de son foyer. Ou conseil adressé pa'l' le con'Verti d'hier à 'Wl ami OUI par le vétéran de la lUJ!Jte à un jeune sol(l]at, de la réfJexioo jetée au Hl diu journal ou enchâssée dans la !rame d'un vr>luune, le 1P. Cerceau a tissé cet ouvrage qui fait l'admiretion d 'un maître éducateur. Certaines maximes de vJe intérieure y .sont serties dans une langue qui les h-appe en tnédail1es. .'Biles pourraient prendre place, en un recueil de spirJtualité ou même dans un choix de préceptes empruntés aux docteurs. A son frère Eugène qui vient, conquis par son aîné, de revenir à Dieu, Louis Veuillot prQpose quelques règles de v.ie: • Fais avec soin le soir ton examen de conscience, Lu.i ditil, ru. deviendras bientôt savant. - Le mcillell!T moyen pour se bien conduire, c'est de penser souvent à Dieu; le meilleur moyen de penser souvent à Diew, c'est de lui rapporter toutes nos affections. • Dans une autre let:re, il ajoute ce conseil d 'expérience: c La fidélit~ aux pratiques est le sür garant de la solidité de la foi. • Ailleurs, c'est dans • Pierre Saintive •, un roman catholique et social, que le P. Cer· ceau découlVTe ces réflexions si opportunes encore aujourd1 h ui : • On n 'a jamais impunément amoindri une vertw, déiUJisé 'Wl devotr: jamais impunément taxé de qualité naturelle ce qui est grâce de Dieu, et considéré comme simple conseil de la s'agesse et die la probité humaine ce qui ldbit être zeconnu, obéi, adorf comme précepte divin. - Si nous faisons tou. ~ours il notre taille, au-dessous des penchuts et des intérêts qui nous. dominent, el q111 nous ne pouvons dominer à notre tOUif, si ce n'est par La force de Dieu. • ÜU même OUJVrage, cet éloge de 1obéiSS3ll· ce à Dieu: « Vobéi·ssance est ma forteresse; je m'y sens 'invincible et j'espère que Dieu_ oe permettra pas que j'en sorte damais, et J'P. père parce qtte 4oll!S mes besoins sont 1.\. ·: tMes chutes m'ont appris q11 il o'y a de reli-

gi?n parlaite que pour ~ Dieu: patriait, et la r~lson me. dim q~~re, pour servir dignement un· D1eu pa.Tfatt, il ne !faut q~e lui obéitr. • . ~pu~é sur de telles maximes, armé d'une ~e 'I nténeure solide, encadrré de pratiques fi. deles, ancré sur l'obéissance aux lois de Dt'e 1 . h u, e Jeune · omme peut !hardiment avancer dans l'~ustecœ et Y Œ"empJir son devoilf et sa. misst~n de chrétien. Car on deVine que les conset1s _du_ militant champion de l'Eglise et de la foi VIs~nt à l'adion. La force surnaturelle que 'L outs Veuillot veut cumulèr dans les c?'uŒ's. n'y doirt pas demeurer pa.s.siV'e et sté· nie. S1 tou~ les cafuoliques ne sont pas appel~ @. un roJe éclatant au service de la relig:ton, tous oot l'obliiation de la soortenir et de la propager, selon leua-s forces et leurs morens. c tDieu, déclare le grand écrivain, ne nous demande pas d'~tre éloquent et de défendre la foi. par de beaux discours, mais par IUle confession continuelle.• Quelques·iUns sont élus [par Dieu, pour la· confesser dw h31Ut de la chaire. c Si Dieu vous appelle à cet état 'S!ublime, écrit Louis Veuillot à un jeune •homme qui .s 'est ouvert à lui de ses aspiŒ'ations, donnez-vouS!... Il n'y a rien de si grand. • MaJs les laïcs ne sorut pas dispensés de l'a.postol~t. tils ne sont réellement hommes, au sens plem du mot, que dans la mesure où ils ~nt C'hrétiens. • Il n'y a que les vrais chrétiens qui soient vraiment ihommes puisqu: il J .... ' nY a ~u <:ttx .·seuls qui soient ce que veut le bon D1eu, qm a créé les 'hommes .. . Devenir un_ lhomme, ce n'est ;pas de Vlieitllir, de s'entlcluJ", d'aoquéri.r de la puissance et de la Œ'enommée, c'est dlêtre dans la société humaille quels que soient le poste et 1e rang, un dé~ ltnsewr des intérêts de Dieu, .

finit la haute porrée sociale. Il Y volt et î y montre ~ne •g rande école d'action populai re. Il s~ultgn~ les avantages spÎirJiu.els et mo mu:' q:u en retire !Plus encore que les pauvre!! qu'd secourt, 1~ chrétien qu~ s'y dévoue. Ce que •LOUls 'Veuillot écrivait en 1845 d ces Conférences, il le répêterait' a.ujourd;hu; a~ la même forœ, de toutes les• intStitution! sociales et popu.La.ires dont cette société SUir· naturelle et ohail'iiable a préparé l'éclosion. Toutes .ces pages, au Stl.T[Jlus, <lU!i remontent à troiS quarts de siècle et plus haut en. core, .s?nt brüiant~ d 'aobuati!é. De quelques. ~es meme, on orolrait qu'elles furent écriies hJcr. Fran~ois VEUH.1..0T.

Un œuf, nn batz et nne allumette . tl'inaugurati001 !l'écente du monument .Mano à Vérossaz donne un r"'=in d)act"-'t't' t d'' t' . ....wu e t: m eret à . cette 'p age tirée .d es OlliVrages de. notre regrettée écr1vain national.

iLe cadeau, quiun demi-siè'cle Passé, on faisait aux nouveaux-nés. A IU'entendre, vous haussez les épaules. Est-ce de pitié? ~ n'est pourial!Jt pas un conte pour r1re q~e ae vous doone ici, mais une histoire véntable . .. à _preuve ~ue moi-même je !J'fÇUs le cadeau ... bien que Je ne men SOLLvienne guère, ce _qui, franchement, n'étonnera personne. Cec1 se pas,sait en .Plein canton de Vaud, $ns _le tel11[pS [l3.S encore éloigné où, la comme allleUJrs, on croyait aux recettes magiq.ues et aux présages, sans parler du grimoiJre dont . Et l'on ne peut défendre efficacemen! les quelques-wts, disait-on, avaient la clef un i!Wérêts de Dieu, que si l'on se préoccupe, avec amOU!r, des intérêts du peuple. Le P . <lemps aUJSsi où fées, lutins, servants ~eve­ nants et • tutti quanti •, allaient et ;enaient Ctrœau a cité largement, dans .son recueil dlans les -campagnes et sous Jes vieux toits lille pa~e ·des • Mélanges. où Loll!is. Veuillot' sans être molestés. tout 'récemment converki, fait J'éloge des Con~ l&ences de Saint-Vincent de Paul, alors tout . '~o~ rpr~ser l'endroit, que d'après mes mdications tl sera facile à chacun de recon!~rb de leurs origines et pa:nfois méconnues. naître, je diJrai simplement que c'était dans le nouveau catholique en comprend et en déla vallée de la Broye, un vill.ai'e cossu, a~si.s


u bord de la grande ~route, et de plus relais fin dun iemps qui ne devait plus reveni!!'. ·Lui aussi était de son temps; il en avait ~e Ja poste qui, à cette époque, trimbalait, cahitlrcaha, les voyageurs de Lausanne à Berne, les idées et les superstitions naïves, ce qui toutefois n'exclillait point de son esprit 1a fiau trot de ses quatre cheva'llX. Le village est dominé par oo château mo- nesse ,et la pénétration. C'était .un homme pai. 1 yen âge jadis propriété épiscopale, flanquée si'ble et affable, car, biell' ·q u·à plusieurs reprises il eût été abreu'Vé d amertll!mes, les d'l\lŒle h~ute tour ~ronde. Après la Réforme, épreuves pas plus que les souffrances n'a· après les évêques, les baillis. de_ Berne, dans valent altéré la sérénité de son caradère. II toute la prestance de l"emplot, ·vmrent y pr_oavait m1e bonne parole pour chacun, un soumener Jeur·s jabots et dentelles et ~~~s habtts rire pour les jeunes comme pour les vieux, à larges basques. Et puis, c~mme !Ct-bas !~u­ mais, parlé de préférence vers les enfants, tes choses même les canquetes, ont une fm, uao.d tr~is siècles tplus tard, il prit faniai- c'était à e~a qu' il donnait la fleur ,d u pall'ier. Or, chaque lois qu'on présentait un enliant q·e aux Vaudois d'être maîtres chez eux, :ut comme avant eux les évêques, Leurs Ex- au baptême, il était dJusage, à la sortie de cellences de Berne durent céder la place aux l'église de le lui ,p orter. C'était sa manière à luj de faire connaisnouveaux-venus, et ceux-ci encore à ,d'autres, ainsi que <:ela se pratique toujou~s dans. ~e sance avec ses nourveaux paroissiens, et de les monde; aurtant de tigur~s aux proi1~s 0~1es, fortifier ~r un heureux présage contre les qui pas-saient, séjournatent, et se d1ssolvatent diificullés de la vie. Aussi, pas 'un ne quittait la cure sans avoir reçu son cadeau, .invaria· à leur tour. . blement •le même pour tous: l'œw!, qui, dlms Au tpied du pâteau, il y a une chapelle. qUI SOO: idée, signifiait mai.son tpleine; Je batz, sy. , t q·•'une succursale de l'église nes ,.. . , ,paroiss1ale, • nonyme d 'argent comptant; et l'allumette, qui que Yon aperçoit devant SOl _a l~ntree dun promettait U11 2"<Ü ieu au logis. autre village !Situé à peu de dlisiance du preAinsi doté, l'enfant :reprenait, escorté de se.; mier. ta. . parrains et marraines, le chemin de la maiSOn Dans la ohapelle, les parents appor 1en1 paternelle, où les attendait, cafetière fumante, lewr,s enfants ,Pour ,leur faire ad!minis.~er le le goûter de ba:ptême, ".vec force fritures do· t baptême· de nombreux couples, 1eunes sam , . 1 . t rées comme on ne sait plus les faire aUijour· ,... y venaient faire bén'JJr eur umon, e '. ouvre ......, . • 1 · 'a cerjjains jours •hxes, le .pasteur de a d'hui. aJU,SSl • • c • • Ce fut vers cette époque, qu·en une sombre ·sse, .plus souvent son V1ca1re, .y .alsatoot ~~ . nuit d'niver, naquit au village, de parents des caléchismes publics, auxquels 1l éta1t ~nétrangers, une fillette aux yeux noirs. On l'apcore clllusa2"e qn.te la majorité de !a population pela Marie, non pas que ses parents, qui étaient assis~t. . . . , . protestants, entendissent par là la mettre sous Au monient de œ récit, ams1 que ~e 1 a1 le :patronage de la 'Vierge... rmais le nom dit, quelque chose co~e 50 à 60 ans 1en. ~r· était court, et, tel quel, leur .plaisait. .. la parois.se a.va 1t poux pasteur un vieilnere, dr . 't' Et comme il~ n'étaient point au fait du vieil lard vénérable charié d'ans et m1Irnu es, · U Jsage et que le pasteur les ~it arvertir de ne · et qui h~rbHait' wre cure presque_ aussi décr~'t lui. Depui's longtemps il _ne pouva!l pas négliger de lui apporter la fillette à lïs· tn e qu.e . . . t' " aquer aux o:lfices de son m10!S ere, sue du baptême, ils furent bien étonnés de le ,P<UIS 'V • • • • 1 . kLi avait-on adijomt .un V1ca1re, car e voir déposer sur les 1anges de la noUJveau-~ée al.llSSl . . éd .t à 1 dliiDe homme en 'tait quasi r w . ne p us le cadeau .fu:aditionnel. De son côté, b petile, ·, sinon .nnut" au grand qU!i n'y comprenait rien, f.ixa sans rien dire sort rr, ,,_ aller se chauffer ba solei:1 de la cafllicule, SUII' quelque ne ver- ses noires prunelles sua le vieillard qui la .re.. 1 diu vreux judin de la cure. Au1ol.J.II' de gard•aü de son bon sou!rire, et le laissa faJte. mowu . 1a1·t, comme 1a Comme il y avait encore des fées au paJI, . , t était \rieux et d~rqo 1ua, .,ou

elles 'Vinrent se pencher sur son berceau, mais pour la considérer seulement, car elles ne hl!i tirent aucun de ces dons qu'elles sont coutumières de faire, jugeant sans doute que celui elu pasteur lw suffisait. Toutefois, ayant remarqué qifa voir toliiinoyer letlii"s Iong111es robes blanches dans le rayon de lune qu~ éclairait la cllambrette, l'enfant souriait et prenait plaisir à entendre les 'histoires vieilles, vieilles comme Je monde, qu'elles 1ui racontaient à l'oreille, rune d'elles la louoha de sa baguette et lui dit en passant: - A toi la tâche de parler de nous lorsque nous ne serons plus. Cela fait, elle disparut. Mais le temps a marché, les jdées aUISsi. Les chemins de fer sont venus. On a creusé des tui1111els, comblé les élang"s, bouleversé les clairières et tait tant de coupes d'arbres, que peu à tpeu, dans la vallée p.e la Broye comme ailleurs, les fées n'ont plus su où se mettre. Toutes let11rs retraites dorcées et saccagées, n'étaient pLus un secret pour personne. Force leur a été de partir. Lutins, revenants, sorciers et ;momes, chassés de partout, ont Œini aussi par battre en retraite. Gela a é1é un sauvequi-peut général iLe vieuJQ !Pasteur é-tait mort, et les petit s enfanis n'étaient plus accueillis à. leur entrée dans Je fTIOnde par d'heu!Teux présages. Une nouvelle cure avait été bâtie •s ur l'emplacement de celle qui· tombait en ruines, et des choses d'autrefois il ne restait plus trace. ,Mais la fillette a'Vait grandi et, d~venue fem· me, elle se prmait à regretter le temps où les fées hanta·ient le pays . .U lui semblait quJen partant elles en avaient emporté ·loute la poésie et la candeur. C'était bien le même soleil qui brillait par-dessus, mais elle sentait venir le froid sous ses rayons. Et la mélancolie la preoait-. Un bea.w jour, à son tour, elle d'isparut pour aller pac monts· et par rvaux, demander l d'autres lieux des sou,venirs du temps jadis. Et, de tout ce qu'elle trou·ve sm son chemin 6pios perdus, tl~urs oubliées, !T·ameaux bénits: elle forme une gerbe pour Je délassement et la joie de ceux qui, comme elle, gardent au

fond de leu!I cœur l'amour ei le respect de ce qui est vieux. Sous la Œroidure ~ décembre, comme le bonhomme de Noël, avec la nuit carillonnée, la nu<it des plombs et des • ~oUatons • (génies d:u foyer), elle aoussi passe, happe deux petits coups à votre porte, vient s'asseoir à côre de l lâtre et vous dit: Mariou• - Me revoici.

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La Maison du Diable (LEGENDE SEDUNOISE) Aux portes de Sion, à la ·iondion de la grande et superbe avenue de la gare et du chemin dit • du Croset •, on voit une maison de pierre aux murs bosselés et pati~,;..!6, a.vec un toit angwleux, placé comrr.e wt casque de vieux guerrier sur une tête massr·ve, à la pllvsionomie sournoise et cauteleus~. CJest la « Maison du Diable •. Un grand verger l'entol.LI'e, au midi, tout clôturé de murs. Celte demeure, qui !date du 14me siècle, était, en 1550, la résilience d 'été du célèbre bailli, Georges Supersaxo, l'irréductible ennemi du Cardinal Schinner. Mais qui donc l 'arvait construite et habi· tée en premier Heu? Voici, à ce SUJjet, ce que raconte la l~gen­ de, à laquelle un savant archéologue français, M. Du Grosriez, a consacré une for( intéressante étude. nans 1àncien temps, :vers le 13me siècle, si l'on en juge par le ·genre de construction, un ooevalier, riche et avare, possesseur d'un très vaste domaine au!lC environs de Sion, chevauchait oo jour dans ses terres, qu'il désirait enlourer d'une clôt'llll'e pour les mettre à l'abri des vols de fruits qui s'y commettaient chaque automne. Mais un mur serait trop cotlteux, une baie Ide .vjgoureu;x églantiers su.ffirait peut-être . . . que faire? Tout à coup, le gentillhomme se troova face à face avec un inconnu revêtu ,fun long


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6 que .wcootestah'e '1 Elle possède entre autres , • manteau de pourpre et coiffé d'llllle toque de enriChi d écussons ou tlun passage vOûté . • couleur d'où sortaient deux cornes gurent les noms de quelques grandes fa!ll!l=-~s, courte~ et épaisses. C'était Satan, en ". dont les membres fment amles 111 ança1ses, éc personne qui flairait un coup de sa façon. bassadelli'S en Hellvétie; deux de ce~ usIl s'a~procha du chevalier, le salua cou~­ sons pe1n . ts portent les armes d'Henri IV . et toisement, comme il avait coutume. de _le ~al­ de Marie de Médicis. On y trouve aussi une re avec les <lhr~iens qu ils voulait séd~lre, cour avec Œenils, une petite chape~e à ~re~ et lui proposa un pacte, dans le but évident ques et un long sOillterrain la. ~eliant ld'e se rendre maître de son âme. . somptueuse demeure que le bailli Super-saxo - Vous Cherchez le moyen le plus als~ d~ ·"•'~l·t en ville et si remarquable par son pos~~ ' 'u clôti.IJrer iVOLre doma:ine, seigneur (Jhevaber. st le et le• magnifiques sculptu.res. que '! Y. (. Conteur vaudo1s. •) lui dit sans préa!!Ilbule le ms de Pluton. . Bo~o.ttcUtm. - Vous l'avez deviné, répondit le chevalier ren,erme. sun-pris. . _ Je V0\1S afue le moy~n ~ le fa1re sans bourse délier, reprit le mahn dlable. . - Je vous en rend_s grâces, messire Sa. tan !l'épliqua le chevalier. ~ J'Y mets une seule cond~tion, contiama Belzébuth. _ 1Laquelle? . - C'est qu'en échange de _ce servlce, vous me liiVl'erez votre âme, à moms que ·vous ne réussissiez à faÎire, à clteval, le tour de vo~e propriété avant que j'aie a·chevé mon travail. •Le chevalier' sans doute peu .scrupuleux 1 ·n de confiance dans la Vigueur des h' ou pe1 jarreis de son co!U'sier, accepta le marc e et signa Je cooûrat rêlligé en due ~orme. Satan se met rapidement à l'œuvre; le chevalier part ruu g.randissime galop, comme em, ar le vent· son destrier rase le s~l porte P ' ·d'té verti . • et enjambe les fos•sés avec une rapl 1 . ses sabo~s iont voler la poussière gmeuse, d . t d du chemin, el ses naseaux lancent . e~ Je s ,e vapeur et d'écume; ü ,fait tant et ~~ blen qu,~l irandhit en quelques minutes la dtsta:nce q~ Il doi't parcourir pour faire le tour du doma~e, et qu'il parvient à son point de dépa~t bien avant que Satan eût terminé son tr~,va:tl. . Le pari était operdu poUif le dtable, qm, outré de dépit, suant ,sang et eau., enfonça t nt de rage ses corneSJ dans un blo.c avec a . ,. y f1t d'e rocher avoisinant la matson,, qu 1.1 deux entailles profondes dont 1empremte se voit encore au.iourdlhui. . Quoi qu?il en soit de la lég~nde, la ~ Ma~­ son du Dialble • présente un mtérêt Îltlston-

La lutte contre le froid · - Et, ueiJ -' 'là ' 'les gens ~ri· •!}'hiver est arn'Ve. • leux nous annoncent des tempéra.~~ tem· ·, nous les en croyons, cet hiver se· bles ·.. Sl ' · l"ét' fut ra aussi ,jmp1a·ca0lement fu'ol'd que e implacablement chaud. . Nous 'Verrons bien. En atten'd".mt, ~tsona . s oaves· et attendons le frOid de garmr 110 ' • d pied ierme. Il ne nous ~era jamats autant e mal JIU'il en fit ~ nos ~ueux. . Ceux-ci eurent à subir, en effet, de ternbles hivers, en 1410, où les glaœs em~rt~ rent tous les ponts de Paris; en 1558, ~u vin gela •dans les foudres, • de ~o~te, dit un chroniqueur, qu'au lieu de le debiter au r~ binet et de le vendre â ia pinte, on Je .déb•· t t avec des haches et on Je vendatt au at'd. en 1694 ou' toutes les rivières furent po1s•; ' r ge~ées, ju.squ'en Provence; en en tD, l'année du • Grand Hiver» où la VIOlence cJ_u froid ~ut telle que les liqueurs les plus SJll· ri1:ueuses, à ce qu'assure Saint-Simo~, cas: rent les bouteilleSJ dans les armo~res chambres là feu du Palais de Vergatlles.

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contre ces Or, pour lutter 1 mortelles, de que s moYens nos saient-ils? Les Romains avaient connu pas :dou,teux _ le calorifère à

tempéraiurd d aïeux ispcl' 'es&

- cela n el air chaud

mê'me le calorifère à va·peur. On a irouvé les traœs des tuyaux dans les vestiges des villas romaines; et il est certain ,que ces calorifères durent sur tout être employés dans les logis somptueux des seigneurs romains installés dans les diverses capitales des provinces gauloises. Cependant, après 1 invasion des Barbares, ce SI}'S!ème de chauffage est totalement ignoré de nos ancêtres. Dans les grandes salles des châteaux, on trouve des cheminées à partir du IVe siècle avec Jésus-Christ. Mais les chaumières du peuple sont chauffées comme Je sont encore les huttes des Esquimaux. Par pour Péchappement de la fumée. Pas tmce de terre un brasier, et, au plafond, uu frou tuyaux. Vous Qugez dans quelle atmosphère vivaient les pauvres gens. Quant aux monuments publics, aux égli· ses, on les chaufife avec des brasiers contenant du cha.r!bon de bois et pos~ sur un petit chariot qu'on roule constamment à travers les nefs pour répandre la chaleur de toutes parts. Les cheminées •sont ~rès hautes, très larges, su.nmontées d'une hotte ou manteau pour ladiliter le tirage. Au XIIIe siècle, elles atteignent de telles proportions qu'on put réunir sous le manteau de certaines cheminées seigneuriales une famille de dix ~ptrsonnes. A la lueur de œs immenses foyers où bnl. leot d'ënormes troncs ~l'arbres, on passe la veillée au tra!Vail; les femmes cousent, iilen t; la cheminée donne à la fois chaleur et lumière. Mars que de ·chaleur pelid'ue, et que d im· perfections &ms la construction de ces 'Cheminées! .Le COllJlS en est tellement la,rge que lt vent s'y engouŒfre à pleines rafales et rejelte la fumée dans les appartements. Au XVe &iècle, pour remédier là cel inconvénient, on s'avise de diviser les tuya'UJC: et de faire à chaque -cheminée plusieurs conduits. Le ti· hfe est augmenté, de œ fuii,t, et Ia tempéra~ exlérie'l!Xe pénètre moins facilement dans les pièœs 'Chauffées. Mais la déperdition de dlaleur est encore conSiidéJrable, et comme les

salles sont immenses, une seule cheminée ne sulffit jpas ~ y en~etenir la chaleur. I.es p1us grandes salles des >châteaux ont jUiSqu'à quatre (Jheminées, une sur ehaque 'ace. Jugez 1des quantil.és de combustible qu'on y consuma.it dans la durée de 111iver. Jusqu'au XIe siècle on ne brûle que du bois. A pu-tir de cette époque, on commence à employer la tourbe. Dans le pays de Liège, où l'on trouvait la houdle à fleur de terre, on l'employa au chaudfage dès le XIVe siècle. Sous Louis XIII, on vendait à Paris des boulets dans le genre de ceux dont nous nous servons aUjjoturd'hui, et qui se composaient de tour>be, de sciure de bois et de houille té· d'p..tite en poussière. Gui Patin assure dans une de œs lettres que ces boules ~aisaient • un !beau feu clair, sans fumée et sans au.oune espèce d 'odeur •. Tou1 cela n empêchaü pas nos aïeux de grelotter dans leu;r logis mal clos dès que l'hiver se montrait quelque peu lfigoureux. En 1709, Louis XIN et Madame de Maintenon ont beau s'envelopper de paravents et se mettre, chacun de leur côté, dans la cheminée où brûlent des sou<lhes énonnes, !'ls claquent des dents, ·en leur somptueux palais de Versailles, t:out aussi bien que le pau:vre eu sa cabane. La princesse Palatine assise devant un feu d 'enfer, a tellement cha.wd par devant qu'elle en aitr.ape la migraine, et tellement iro!P, par derrière qu'elle ,g'enrhume afu-eusement. On s'est demandé :souvent pourquoi les belles dames de ce lemps-là recevaient alt lit les 'hommages de leurs admirateurs. N'en cherchez pas ailleurs que lians le désir d'éviter ·le itroid qui régnait, parfois même en été dans les appartemenis. C es,t également pout éviter â leurs visiteurs les counnts d'air qut ba:Jayaimt ces ,pièces immenses que les dames les receV'alien t dans la • ruelle » en Ire le lit et Ja muradle. il.à, diu moins, les beaU1t seigneurs étaient hors d'atteinte des vents coulis. On .sait également que Mme de Mainienon, jpOur .se garantiT diu froid, s'était fait eoniectionner un siège Sjpécial, une sorte de


9 8 niche portaüve, quelque chose d'à peu près pareil auoc grands sièges d'osier dans lesquels les 'élégantes s'albri1enl du vent sur les plages. Le marquis de Sourêhes décrit cette niche comme run • grand confessionnal garni d 'étoffe pou[' empêcher le vent de trois côtés. • !Mme de Malintenon aJVait de ces 'sièges dans tous ses appartements. Et elle en avait pris une te11e halbituide qu/e1le se trou'Vait mal à l'a:ise [Ja'l'tout où sa nidhe lui manquait. ~ Voilà à ,quels exp&Hents on était réd uit à Versaities, a1.11 :t emps du Gran.d Roi, pour se défendre contre le üoi.d. 1Et, encore, le> personnes de la famille royale avaient-elles seules ll'a'Vantage d'a,ppartements chauffés; maints grands seigneurs se ~ontentaient de pièces misérnbles, sans ai!I' et sans lumière, pour <IIVüir l !honneur de vl'V re auprès du roi. 1Le sort de ces nolbles genmshmrnnes n'était dOI!lic pa·s· .si brillant qrue nous. l'imaginons. ,Us n'éraient pas même à 1'albri du footd et de'S intempéries; et le plus mince bourgeois d'all!Ïourtl.'hui, dans s-on appartement hien dos et )bien chaudlré, Uouii: 1de plus de bien être qu'ils n'en connurent J'armais. iEmest iLAUT. 1

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Variétés CASSER SA PIIPE Avec ces ·cihangements tle temps &Uibits, nous disait dernièrement un 'Vieillard, b ien des gens de mon âge vont • casser leur pipe~ . Nous nous sommes dema111dé d'où provenait cette eJCpression. Son ori·gine est illustre. 'E uler, le célèbre rœthématkien suisse, a'Va.i't l'iha:bitude d:e fumer la pipe après ses repa·s . Cette pipe, noire et respectueusement culottée, tenait une gros,se place dans la vie de son propriétaire. Un jour, en sortant de table, Euler, un peu oppressé, mit sa pipe entre ses de&nts et se prit ~ fumer !doucement. Bientôt il sem-

bla s'assoupir, sa tête retomba sur sa poitrine, et la pipe 'Vénérable, s'échappant de ses lèvres, se brisa sur ,Je sol. - J'ai cassé ma pipe! s'écria Euler, réveillé en sursaut, et il retomba aussitôt dana son {au{euil: il était mort.

0 QU'EST-CE QU~UN ŒUF A LA COQUE~?

On nous demande s'il est possible de distinguer un œu~ frais, dit <à la coque~. d'un œlllf qui ue l'est plus. Pour reconnaître la qualité d'un œuf, ou, plus exactement, son â:ge, il suffit de t'examiner par ~ransparence en le plaçant, dans une pièce obscure devant une lampe le plus lumineuse possible. Une chambre à ak apparaît alors nettement à travers la coquille, à la partie supérieure de t'œu[ (côté du gros bout). Dans un œu[ frais, la base de cette chambre à air a le diamètre d'une pièce en argent de cinquante centimes, et elle garde ce diamètre pendant une dàzaine de .jours après la ponte en hiver, pendant cinq ou sit jours en été. A partir de ce délai, la chambre 'à air s'agrandit, sous l'effet de l'évaporation, plus rapidement en ére qu'en hiver, et le diamètre de sa base atteint peu à peu celui d'une pièce de deux TI'ancs, pour s"élar,gir encore par la suite. Donc, au bout de dix 'jours en hiver, de ci111q ou six jou:rs en été, oo œuf ne peut plus être qualifié .« frais • ou < à la coque •, et il est extrêmement Œacile de déterminer s'il est digne ou non de ce qualificatif.

G • Au; Salon de l' Al\lllomotbile, un amateur complimente le diirecteur. - Merveilleuse, cette voitu:re-là. Combien? - Tren.te mille. Pariait. - Quand but-il vous la livrer? Le lendemain du jour où j'aurai fait fortuJif.

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:j: Ce qui est réellement beau, c'est œ qll rend l'homme meilleur. •• Madame de Sla~:~o

:j: Il faut savoir beauCOO(p pardonner . on 'gouverne les hommes. LAcordJll~·

La Journée Chrétienne

men~ 1~ ,routine et les distractÊons. Ave ;perseverance, ne me laiss1a nt point dé ===-== cownager si je ne su~s rpas aussitô Ce que je dois taire ·aujourd'hui: exaucé. Trlavailler 'à mon salut; remplir fiComment me comporter en général dèlement mes devoirs d'état; ·abéiv Comme un v:rai ·chrétien, me mon à œux qui ont autorité sur moi · me corrig·er d~ .mes d:éfœuts; prratique~ les tmnt doux et humble, en tout et ,tou vertus chretiennes ahaque fois que l'oc- jours, envers üieu, les événements ot accidents qu'il' permet; sévère moi-mê casion s'en pres,ente. me pour ne négliger aucun dev101r · de Ce que je dOis éviter: mandant lpa,Bdon à Dieu et me ·r:el~van ID'·a gir ~contre ma ,consdence ; de fai- cou:rageusement .après 'dhaque ·ohute. re de 1~ pe1ne à ,qui :que œ :soit; de soandahser le p110chain, de médire; de perdre mon temps; de 'firequenter de . 1F1aites cela aujourd'hui et chaqu, mauvaises ,compagnies; de lire de mau- JOUr, et 'Vîous contenterez: . 'Dieu d'a vais j.ournaux; de tenir de mauvaises bor:d, le 1Pl'IOch1ai:n ensuite· vous-mèmt enfin, 'c ar il n'y a pas cte' :plu:S; gr.anc conversations, ek. bonheur que de püu'V!oi'r se dire le soir Ce que je dois désirer: La main s~ la (Jonscience: J'ai bier Faire en routes ·Ch~ses la volonté du rpassé ma jomnée. bon 'Dieu; pll'ogresser dans la vertu · (Extmit du Paroissien du CultiV11 a~quérir beaucou1p de mérite 'POUr 1~ teur.) etel; rendre heu!feuses les pe11s.onnes qui m'entou!fent; ,obtenir ;par une ·bon• ne oonduite }.~approbation divine. Autour de l'eau bénite Ce que je dois craindre: One seule chose: d'offenser Dieu. D'après le rituel, l'eau bénite a la vert Hormis œla, je :puis être dans la: paix de c:hasser les démoo.s et les maladies cau et la sécurité la ,p lus complète, m'a- sées par eux. « Dieu enverra son ange, pou bandonnant sans il"éser:ve à la p,rovi- garder, soutenir, .protéger, 'Visiter et défen dence qui n:e permett1ia rien que pour dre chacun des membres de la famille. • mon plus glf,and bien. Gomment se fait-il, après cela, que l'usa

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Comment je ,dois travailler: :Ohrétiennement, eni sanctifiant mon travail p'arr la pureté d'intention et TecouTant à Dieu dans les difficultés. Ocmsciencieusement, en ~aisant tous mes efforts 'Pourr !bien m'acquitter de ma tâohe. :Courag·eusement, :s:an's j1amai,s <Céder a la rpa'l"ës>Se. Comment je dois pri~r: .Avec léUIIIou:r, en 'disant à 'Dieu, à la ~mt.~ Vieflge, rtoutes meSi :peines, mes tn9Utetudes, comme si je [>'arlais à ma mere. Avec lfespect, évitant soigneuse-

ge . de l'eau bénite, en dehors de l'cg'lise, soi passablement abandonné s i c; ' t ,pour des ciconstances très rares? ' nes Or bâtit sans appeler la bénédiction du Ciel su: la construction nouvelle, ce qui cependant es une e~ellente .pollce d'assurance. On aohète on ,Joue une maison qui, depuis des siècles a été ·habitée par toutes .sortes de personnes et dans laquelle, peut-êtr•, A une époque re culée, .des crimes secrets ont été c-ommis· l'es prit mauvais y a ,localisé son iniluenc~ oc culte. Malgré cela, on s\y installe en tout• sécurité, avec ce qu'on a de plus dher a1 monde. ali!JOurd~ui


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, t rlen, . l' obien que si ·une goutte d .eau nes céan terrible n'est fai~ que de ces gouttes d'eau-là. C'est avec les trois sous de cette baptisée et de ses pareilles que 1e me bâtis, en plein boulevard, œs palais qui sont. « mes " palais, garnis de linotypes et de .rota~IVes, r~ liés par spécial à toutes les capt~ales du monde .. . Cette chrétienne, elle ausst, a «le handeaul •· •• Nous arrivions devant un kiosque. Les yeux de Satan 'flamboyèrent: - Cpmpte tes journaux! .. . Allons, comp· t~les!. . . .cria-t-il. . Je comptai... Un .. . deux... trou~ .. · Je viens de rencontrer le diable au <:oin de la rue 1Bayard. - Il était tiré !à quatre quatre . . . cinq . . . C'était tout. . - Maintenant, compte les llt1lens! épingles, pardessus gris-fer, ~ol rn~, ~n­ Sa canne allait, d'un mouvement saccadé, talon à pli impeccable, souhers Rtcheheu, d'une publication à une autre: . . chaussettes rose tré'mière • · · -. A moi, celle-ci, par son premter uti_ Que fais-tu là? lui dis~je •. . car nous cle!. . . à moi celle"ll, par son feuilleton t. · · nous tutoyons. à moi,. ce journal, par ses annonces!.· · à - Je surveille ton congrès ... moi celui-là par ses gravures!. · . Et cet au: - Il tïnquiète donc un peu? _ Oh! si peu, ricana-t-il d'un to_n sarcas- tre! : .. Et ~t autre? ... Regarde-moi çal Au chilffre c quarante-trois » la canne retique. Mais derrière son monocle d'écaille bion· tontba. .. Et c'était vrai. .. A des dosages \iifférents, ohaque feuille taisait les affaires du de, je surpris le mensonge.·d:ns son •cet'1. 11 se mit à marcher à côt~ de mot. diable. Alors, i1 me dit: _ Tu vois, si ça marohe! Je t'avouerai _ Agitez-vous tant que vous voudrez. Te:. nez des congrès, faites des rapports; vos .con- pourtant qu'une fois, j'ai eu ~ur. _J'ai eu grès et vos rapports .m'amusent. Vou~ voyez peur que les vôtres 1\lsent au~s1 un ~our de cette poigne? - Il me montra ses dotgts os- cet!e presse se servent des JOurnaux, monbien elle a noué sur les yeux des tent, .eux a~ssi, à cette géante tribune poW.: seux _ , "'b v , ~· 't crier leurs droits et leur ~ité et. · · qut chrétiens un bandeau qui ne s'est pas d~al depui·s un demi-siècle. . . .AJh! je sais faire sait... peut-être pour retourner l'opinion, « puisque le peuple est à qui lui pa.~le_- · · · · les nœuds, moilt . .. . Nerveusement de ·sa. canne, il me désigna.tt C'était 1ellement indiqué, que. · . ow, Je l'ades pliJSsants: Tiens... ce monsie~r chic? n voue ... moi, Satan, j'ai eu peur! Que dera mon bandeau? C'est un chrétien, till en· viendrait mon empire, si jamais les tiens, tends . . . Or, il est a:bonné à un jouroa1 « à avec leur prenant ~déal, leur fécondité d'apos· moi • · il le lit ie met au panier et de &, ce tolat et la bénédiction de l'Autre, retour· joum~l passe 'et prêche dans toute la mai- naient contre moi, l'arme terrible de la presse .. . Et la presse me reste, avec son infL'UeDson jusqu'à la cuisine. . . «le bandeau!,. ·· · Quelques pas plus loin, une jeune femme ce et ses millions ... Mais ce n'est pas iout, je vais te montrer nous croisa. - Tu la vois·? Elle va à l'église. Et pour- une autre portion de mon royaume. Tu vas tant elle est Ja fidèle abonnée d'un jouroal voir _ olh, un peu seulement, - jusqu'où '~ le toupet de mon entreprise : Tu vois ces ct· c à moi ,. et me verse trois sous, tous les jours ... Une goutte d'eau! .. . Mais tu sais némas, ces réclames, cet appel de tous lei

A la suite de •la bénédicti001 de l'eau, le Rituel donne cet avis: .. Les fidèles emporteront chez eux œtte eau pour en asperger leurs malades, leurs maisons, leurs champs, leurs vignes et lelll1s possessions. Ils en conserveront dans leurs chambres pour en user tous les ljours et plusieurs fois par jour, si c'est nécessaire. •

Le bandeau sur les yeux

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films, de toutes les attractions des yeux et des oreilles. Tout cela est à moi. Tout cela ... et pas seulement ~es établissements petits et grands où nettement, crûment, je représente œ que tu supposes, mais une quantité d'autres qui passent pour être familiaux~ .• Tiens, Pierre, il'egarde cette affiche lumineuse, lis donc ces légendes qui expliquent chaque série de vrues .••. Ces iêgendes sont épouvantables de crudité. On a choisi à dessein, dans un roman, les chapitres plus corsés, et, pour les encadrer, on a c tourné ,. des vues magnifiques de champs, de moisson, de beaux villages; et c'est dans ce cadre idyllique qu'on fait fumer devant le cerveau du peu.ple toute une ordudure morale. Les yeux de Satan !brillaient comme des escarboucles. ~ C 'est avec ces films-li que -je fais encore le meilleur trava.il paMJi la jeunesse •.. Tièns, regarde, ola représentation se termine. De ['<immense cinéma, je vois sortir des familles, des enfants en foule, des garçonnets, des fillettes, des petites bonnes « qui viennent de voir cela! ,. . . . et qui s'en vont chez eux, les yeux troubles, ne faisant plus attention à rien .qu'à œs scènes que leur mémoire fidèle leut répètera demain et peut-être jusqu'à la fin de leur vie • .. Alfred Musset l'a di~:

iLors{}Ue la première eau qu'on y verse est impure, La mer y passerait sans laver la souillure . .. Satan frotte l'une .contre l'autre ses mains par.oheminées et, me (ixant d'un air narquois: c Et puis tu sai·s1. . . si cela t'amuse, tu peux ensuite leur .faire une heure de œ~chisme par semaine!. . . !Mais non! 'Ecoute, ne voistu pas que là aussi, les tiens ont le terri·ble bandeau! Ne crois-tu pas que Il aussi vous auriez quelque chose à faire? quïl serait avantageux pour vous de travailler ainsi en pleine pâle et que ma formule à moi: « Etre partout où est le peuple » ne devrait pas AU$ai devenir ·l a vôtre? Tu vois, je suis W1 bon diable . .. 'J.e te donne des tuyaux . ..

Je oe ré'pondis pas . .. que polirrais-je r~ pondre? J 'étais convaincu de l'immensité du Mal. !Nous arrivions â la porte du pauvre petit théâtre en bois, où se tenait notre Congrès, Satan me le montra avec un inunense méprit au fond des yeux: - Ça!. .. sifTia·t-il. Mais je le regardai en faœ : - •Le cénacle était plus petit encore! ... lui criai-je. Il répondit par un lblasphème et dispand dans la nuit. Mais maintenant qui oserait en<:ore dite qu'il n'y a rien à faire? A la manière de Pierre l'Ermite.

La neuvaine ILa 'baronne de Roiny, gll'aru:!e, mince, et le teint tieune encore, lbien qu'elle e(U p assé la cinquankline, habita:it, en Normandie, une propriété plaDtée de marrollfliÎers et d'ormea.ux. ne grands maS&iîs de rhododendrons encadraient et fleurissaient au [printemps le seuil d1une élégante et vieille demeu10: à deuoc étages, don~ [es lllllll'S étaient cOUIVerts de lierre et de 'Wgne vierge. ;veuve depuis une dizaine d!'années, Madeleine de ·Rolny s 'était retirée sur ses terres; elle y vivait indMférente au. monde, ~'occupan t de ses fermes, femme de tête et de cœu.r, ai· mée des paysans qui respectaient sa doroiture et sa bon~ Très pieuse, eUe allait chaque joux à l'église, bâruie en borowre de sa propr ié1é. Le1\'ée avec i'auhe, à l'appel de la cloche pour la -première messe, elle s'agenouillait à sa. place ·réservée SIUT le rpl1ie-IOiet11 & • Madame la baronne~ , dans la chapelle de la Vierge. if11.e revenait pu une allée solitaire, en terllllÏillant son Chapelet pour lequel elle ava i-t une dévotion parliculière. Ses amis qui savaient son .pieux penchant luù en apportaielllf de rares et de IPt'écieux, de telle sorte quelle en poss&ktit une véni.table collecti:on.


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- Comment 'VOUS sen1ez-vous, ce soir? _ Oh! madame, vou~ pouiVeZ penser à. moi, après les émotions et le désastre de Ia journée? _ Bah! üe riGqu.ais de tout perdre, et Dieu ne l'a· pas permis. Je dois l'en remercier. L'essentiel, ·c'est de pouvoir s'aimer oo toute confiance. Mme de Roiny demanda en&~~te son cof~ret et ose disposait à l'oovrir pouŒ" y disposer son Chapelet du matin, blotli auJ fond de son étui de cuir. _ Tiens! c'est cUJrieux, mon -coffret n·est pas fermé à clé. - ,n eSit comme vous me l'a'Vez remi s, 'Madame, personne n'y a touché et ,je vou'S. assua-e que.... • - •Voyons! Voyons! ma pau'Vre amie, il ne s'agit pas de œla. '}e suas étonnée de trouver mon cofifret ouvert, alor,s que je croya~s l"a· voir refermé. . . c'est tout. Il y eut, d]ans la pièce, un silence que ryih· mait seule l'innocente respiration de la fil· lette. Et voici que Mme de Roiny, lentement d'a· bofd, puis fiévreusement, fouille dans le C{)i· fret, en ·1:>ouJeverse le contenu et, subitement immobile comme figée: - M;n collier de perles, le collier qui me venait de ma mère· a disparu. - C'est impossrib1e! - •Regardez, cherchez VOUIS-même. - ·V ous l'aurez laissé dans votre chambre' et le ~eut l'au;ra anéanti. Mme de R.oiny regarda Constance. Sou_s son regard, 'la malade dev.int écarlate et iond 11 en SJanglots. - Ma IPailliV•re femme, vo~re cœur éclate, vous avez quelque çhose à niavouer .. · coo· VJUe. fessez-vous ... je ne demande que cela. :Vers le soir, il ne restai~ plus rien de ~a _ Ah! M~diame, c'est aftl:reu.x, f'ai vu dans chambre, ni diu ;petit salon de la baronne, mats votre regard que vous me sOUJPçonn.iez et v~s le reste de la maison était ·sauvé. venez de me dilfe .... C'est affreux, ma VIe Avant d'alier se coucher, Mme de Roiny enrra chez Constance. Près d1.11 lit Ide sa, ma- est brisée. U· - Qu'as-tu, maman? demanda Jeanne, s man, la petite Jeanne, d?une voix_. endormie, mUlfl11\N'a.H: • Je vous salue, •M ane •; la ba- bitement évei1iée. - :Rien, mon enfant,_ répooili~ Mme ~ ronne reprit, avec elle, les ga.intes paroles Roiny, en prenant la pehte dans ses bras, :pu,iJs, ·se toomant ·vers. Gonsrtance:

Ellé avait reoueiili, deplliÏs quelq~ temps déiià en manière de dame de· compagnie, une ', ·comme elle, Constance iVernQIIl•, reiU'"-· veuve giée de g:uer.re et mère d'une déliciet~~se iiUette de dix ans, •Jeanne, ldbnt les cheveux d au~ r are et ie rire en cascade empLissaient la demeUTe de lumière et de gaieté. Une véDitable atlfeclion liait la ba.ronne à cette pauy;re 'femme silencieuse, ·q ui g lissait, ombre craiinti:ve, d:ans ce foyer lliDCiumtX. Quruntt à :Jeanne, elle la chérissait comme sa fille, ayant v~1e reconnu la rare sensibilité et le profon)d sérieux de cette- errtïant :s i vive, -:tui semblait se poser sur la vie avec des sau.Mlements de bergeronnette ... Ainsi l'existence coulait, paisible, entre les trois êtres de condi!ions s i différrote.s et rien ne ··semblait devoir en ~roubler le cours. ~ Un dimanche matin poortant, Constance i\Ternon, souffrante, n'~yant pu ·s e rendre. à l'église, la !baronne en revenait avec ~a ~etlie Jeanne quti, resa:>edueusemerut, chemmatt.. e~ silence à: côté d'eHe. Son personnel la sllllvalt à. distaru:e. C'étaH une matinée d'octobre, ohaJUJde et tumineruse · dans le parc éclairci·, l:J maison apparaissait an.t détour dl'une allée tourte rouge de vigne vierge. Soudain, une Hamme ~ai11i~, et la voix de Constance, une pMl!V.re voix où vibrait toUJie la te.rreUJT humllline,. cria « AUJ few! ~ La baronne se précipita. Elle entra la première dans sa chambre qUJi. :tlanrbait. OUJVnmt un coffret intact encore, conterrant ses chapelets, ell~ y jeta, instinctivement, pêl:-mêle, ses bijouoc et les coilllia <à Constance qut I en~· pol'l!la. dans .sa ~hambre, à Hüle opposée au stnistre, l!lvec or.dre de ne le point perdre de

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maman avait

W1 ca<Ut:hemar, il est passé maintenant, trendors-toi. tP.uis, embrassant 'l a fillette; la barorune sortit très vite, . comme si elle ~ll>yait.

~ Le cauchemar n'était pa.s <fini, il comtneJn.çait. !Dans la chambre réservée aux amis, qu' elle occupait pour nnstant, la baronne songea d'abord: C'est irmpos•s1hle. Constance est l'honnêteté même, ue porte un jugement téméraire, j;ai tort .... Cependant j'ai moi-même pd s le coifret dans la pièce en flammes, je l'ai remis à Cons.tance, et personne, de son propre aveu, ne l'a approché ... alors? Quand le coq chanta, au petit jour, la détresse de IM,me de Roiny était complète, elle avait perdu sa chère confiance et ne doutait rp1us de la cu,Lpa:bilité de Consiance. Celle-ci, en larmes, songeait, au même instant: - Que aa.ire? Si je pail's, c est m'avouer coLLpable et rester est au-dessus de mes forces. [.i:re towjours le soupçon dans les yeux de la baronne me tuerait; mon Dieu, inspi·

rez-moi. __, Tu [pleures, maman, dit Jeanne qu'Un rayon de ~oJeil éveillai1, poull'quoi? - Un mauvais .rêve. - H du.re ibien longtemps. Hier .soir, la baronne a d~à dit, comme ça; c'es~ un cauchemar. . . et elle est partie. VoUIS ne vous aimez plus? - Tais-toi Jeanne, tais-toi, t'Il ne peux pas comprendre. Et .la vie .continua, mais entre les det~~x femmes le soupçon de l'une avai·t élevé une barrière morale inhandhiss:able. 'Les cœu;rs étaient fermés. [a baronne pou.r s'eXotfser de délaisser la mère, s 'occupait avec pa;ssion de l'enfant, Jeanne pou!Ttant était triste; sa petite âme devinait le drome et se recroquevi'ilait comme llne fleu.r à 1a tombée IC!iu soir . .Plus de rire, plus d'espièglleries, ses yeux songeUJrs allaient ~ lia baronne gênée à sa rmère plus pMe et plus mince chaque jour. Un rnatint, comme e1Je entrait à l'église,

Mme de ·Roiny y troUJVa la petite agenouillée déjà, à peine plus haute que son prie-Dieu, et si absorbée qu'elle semblait dormir. En !fevenarut touies les deUJX, elle dit : - .PolllTquoi es-tu seule à _l'é'g1i·s e? - fétais venue !Prier pour marrtaJn., Madame·. - /E]ie a du Chagrin? - Elle ne me 1'11 paS! dit, mais je suis sûr e qu!elle en a. La baronne ne répoodit rien. Devant la rmru•s on etle sentit la petite main de Jeanne ·s errer la sienne: - Madame, est-ce 'Qiue Je plliÏI& vous demander q!Ue~que chose. . . dans votre cham· bre? - Mai•s, certainement, mon enfant. lLa lumière auttomnJale, filtrant à travers la vigne vierge rouge qui encadrait 1a fenê tre enveloppait ~a pièce d'une brume aérienne e t dorée. - Que veux-tu? - IDiTe une neuvaine pour maman. ,....- Eh bien? - SeUilement, voilà ... je n 'ai IJllS de chapelet. - Qu'à cela ne rtienne, mon enfant, je va is t'en donner ILID.

~ Ouvrant son coffret, Mme de Roiny offrit à sa petite protégée un des nombreuoc étuis de mLir .contenant les graillls bénits. - Tiens, prends celui-ci. Une dodte sonnait très loin, un chant d'oiseau se perdait dans l'espace miroi1ani et calme; la lumière du rioull', atteigmant un grand .cruci~ix pendu au milieu de l'a1côve, l'auréo· ~ait d'une 1uewr s:u:rnatu!I'elJe. - Comme .il est gros, Madame, •le ch·a,pelet. Je pu~s le regarder? Et tandis que, de ses doigf.s fluets, Jeanne le sortait respectueusement de l'étui, sUT le pa:rqnret, dans un grand rond de ·s oleil', torr!iba Je collier de perles de la baronne. - Ah! /Madame, il y oo avait deuoc! s'ê.cr.ia l'enfant en ram~ssant le bijou. Immobile et !Pâle comme Wle monte, Mme de ~Roiny 111Uirmutrait:


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u. - Mon Dieu.! ie m'én sOUJV'Îecs à présent. Pendant l'mcen~e 'j 'ai, madhinalement, glissé mon collier d>ans l'étui d'un de mes chapelets et ne m'en sui•s ,plus souvenue. Pauvre innocente, comme ije l'ai fait sou.ifr-ix! Un appel: - Corttsd:ance, venez >Vite! •Les deuoc femmes 150nt dans les bras l'une de l'all/tre. - Mon collier est retrouvé! - Par quel miracle, Mada.me? - Demandez-le à Jeanne et à Celiui qui, du haut de sa croix, no.UIS regard,e. Votre fille allilit (!)ire ru.ne newVIadne pO'llll' vous. Comme elle a ie cœux pUll', avant même de la commencer, elle a été exaude. Quelques instants après les deuoc femmes et la fiUette, agenouill&os côte à côte, pria ient, et Fon n'en\endait plus, dans la pièce, que le munnwre de leu·r s ~oix, et, dcllors, l'oiseau q~i

cltantait.

'Jean RENOUARD.

La fleur du registre .. . 8 h. lj du matin, ~je viens de terminer ma 2 messe, et je rêve de quelques instants .d'action de grâceSI . . .• Me voici ~ genoux . . • 1a iête dans les mains .. .• y a-t·il une demi-minute ... ? ou une minute .. • ? et déjâ j'aperçois à mes pieds ceux du grand suisse. - Ah! laissez-moi en paix1 . . . - M. le curé, 1e m'excuse ... ce sont des personnes très pressées . . . elles doivent pren· dre le train . • . des personnes qui . ... - ·Bon, j'y vais! . . . ~

IDéjil btigué - à'lli dormi quatre heures, _ j'enfile le dédale des couloirs paroissiaux, et je monte à mon bureau. Au milieu. de l'escalier, je m'arrête. . . . Il n'est que 8 h. 35, et sept personnes atten· dent, toutes pressées . . . toutes avec de l'inr

ploration au {ond des yeux .... Un ingénieur qui devrait !être à son usine à 8 h . %... une sténo du c Pneu Michelin • qui a ~us­ qu'à 9 h.. . . . un sous·dtef du c Contrôle commun • qui peut attendre ~usqt:t'ii. 9 !h. 10, . . . lUDe religieuse aw carnet et au crayon menaçants et, me précédant, ~ couple distingué, mais de province, -cllacun bràndissant en un geste d'a:ppel, qui, un sac de voyage ... qui un inutile parapluie . .. Ce sont eux, évidemment, qui ont fait pression sur mon suisse. Je n'ai pas déjeuné - détail infime! ... iEt en voilà jusqu" 11 h. ldu soir. Cela, c'est le ministère de Paris.

\Monsieur et Madame s'avancent, anxiet11. - 'Nous nous ex()U;Son~l- • . nous aolt1111e$ obligés d'être à 10 h. ~ la i'are de Lyon, et nous avons absolument besoin de VOila voir ... . - Si vous vouiez entrer? •.. - Ce .ne sera pas long! ... Nous ne 'fOII· lons même pas nous asseoir· · · . -. 'J e vous en priel ... C'est \Madame qui ouvre ~e feu: - Vorci, M. le curé . . . nous sommes de N . .. , Œamille très connue; mon mari y eat mah·e et directeur d'une grosse affaire. Notre fils est son bras droit... . Une periectiœ, moo li:ils, M . le curé!. . . Je ne dis pas cela parce q ue je suis la mère, mais parce que cela est .. .. li ne nous a 1amais quittés. ··· Belle situation de fortune, santé excellente. . . . Bref, il est question rpour lui d 'une jeune fille de .v otre paroisse. • . et nous voudrioot avoir ·votre opinion sur elle ... ? - ... ??? - •J e rvous avoue que nous sommes b&i· tants'!.:. 1Elle est bien, cette jeune fille.·· trts bien! .. . Mais que voulez-vous! . .. dans 110' tre calme province, nous ne sommes pas hl· bitués à ce genre, il ces toilettes· · . · - . . . Que Paris peut-être, ma dhère, di· ge! •.. ilnterrompt le mari. - Sans doute, mon ami, mais tout de •

pre! . ·. . N ous avon~, d'autre part, de bons rensetgnements; mais nous ne .savons .pas ·le principal, c'est-à-dire si cette famille est cltrétienne. ~t mon fils ne voudrait jamajs épouser une Jeune fille qui ne pratique pas. Alors, M· le curé? ... - IPuis-lje Slavoir le nom ... ? - C'es.t vrai!... Je iUis trou!blée.. . je ne vous ai pas encore dit comment elle s'ap· pelle .. . •

~ [A dame baisse alors la volx, et me mur..

mure un nom. Je aais répéter... je réfléchis ... : - •J e ne connais pas . ... - Tu vois, mon ami, s 'écrie la femme . .. M· le curé ne sait pa-s .•. • Mais j'interromps. . . J'ai 37,000 paroissiens; il m'est impossible de les connaître lou9 •••• - Enfin, lM. le curé, si elle pratiquait vous la connaîtriez?. . • ' -. ,p as néces.sairement .. .. Car elle peut se confesser, et ~me communier en dehors de la paroisse. ' - C'est égal, quand on est vraiment d 'une paroisse, on P,oit s'intéresser à elle. .. l'aider!... · -

tVous avez raison. Mais cette bmille

peut faire tout cela sans que üe la connaisse .... - tPas possible! . . . - C'est_la triste vie de Paris Oti, dans sa propre ma1son, on ignore panais le nom du locataire qui halbite llilll-dessus de vou.s . Pour-· lint, j'ai un point Ide repère .•.. - [.equel? ... - Mon r-egistre de c !Denier du culte •. Si œtte Œamille est Ii, inscrite, avec son annuelle lira~de, c'est que, même inconnue, elle vil llechvement de notre vie paroissiale, et vient secours de ses besoins. - Vo~s l'avez là, œ registre? .. . -Oui ... . - Alor<S? .. . - Eh bien! Je vais voir •.. .

0 Je dterclte ma clé . .• j'ouvre le meuble ...

je mets le grand registre noir sur mon burea1.11 • .• , Pendant tout œ -te mps, j'ai la sensation qu'on éprouve devant une !balance qui monte et . qui descend, avec cette aggravation que là, en cette minute soleonelle, deuoc vies se dé~i~e~t, et ·que le • oui • ou le • non • q ui va Jailhr aura son retentil•sement peut-être jusqu'au fond des âges • . .• ·Plus ému que je 'veux le laisser paraître j'ouvre le répertoire à la première lettre d~ nom de la famille .. . Tous les trois penchés sur la page, nous cherchons . ... - Voici!.. . dis-je. Ils lisent. . .. C'est bien le nom, l'adresse. • .. •La famille est inscrite là pour une somme qui varie ·chaque année, mais qui, depuis. la g uerre, essaye évidemment de monter. Le père et la mère ,se regardent. - C'est bien! .. . dit le père. - . . . Oui, c'est lbien . .. répète la mère. -C'est même très bien! . .. ajo utai-je cette famille est dans une bonne moyenne sans aue~ doute, <lherche avec fidélité à aid,er sa par01sse. - Alors, il faut se décider? . . . Et la femme fixe son mari. . . . ·t - Après cela, s 'êcrle )e père, moi, je n'héSIe pus 1 ... . Merci, M. le CUII'él .. . . Et, d 'une main vigoureuse, il serre la mienne. Us repartent tous les deux, l'air satislfait tle gens auxquels· on a enlevé un poids qui les opprimait. - Nous nous ex-cusons de nouveau, M. le curé .•..

et:

Je les ai revus deux mois après pour le mariage. [.e jeune homme rayonnait, robuste, presque à l'étroit en son habit de marié. !La 1eune fille était doucement heureuse le ' front cerclé d'une tige d 'oranger. erveur pendant Je la regardais :prier avec Œ la messe . .. . ·E t je ,pensais: ~i elle, ni sa ~amille ne se douteront ja. ma~s que le bonheur de ce jour avait poussé


Supplément du JVo 2 de ,f &cole'' (1922)

16 là-haut dans mon ,petiL bureau, un pâle matil!1! d'automne, entre deux pa,ges austères d~ mon registre no~r . . . le regJstre du • Demer du culte. • PJJmRJE L'ER!MŒTE. -

-

Il

......--- - - -- - - ·

Variétés urN VilEUX SOUJLlBR (Conte russe.) P.rès de la .grande route, là où commencent les champs !de blé, était ieté .un vieux soulier. - Ta-tatata-ta-ta, tambourinaient sur son cuir recroquevillé la pluie d'automne. - Houou.Jhou-ou, souilltlait le voot froid. Le soulier se préparait à _mourir ~~ pen·t· si seulement la !lin venait! Tout a coup sat . . t b et la neige blaD!che, do1lce, se mlt à om er couvrit toute la terre. La route boueuse, les champs de blé , le soulier' tout . fut recouvert ,. d. - • Adieu, je meurs! • dt! le sou,~er, IS· . nt sou·s J'épaisse 'couche nlanche. paratssa . Ainsi -il passa tout i'bwer. Œ.-e pr~temp& vint. La neige se mit à ~ondre. Le soletl aperçut dans le champ un .petit tas et pensa: qu'est-ce que ce peut bien être là-bas, wus cette neige? dilri'gea ses rayons ~t le vieux soulier usé revit le ciel. - tPou.nquoi tout œ la, se dit-ü, ne suis-je

ny

en courant et revint avec un 'p etit bout de laine. _ Qu'est-ce qu'elle veut? se demanda le soulier et atten:dit. . . -Et la petite souris y fit Wl1i bon peü t md, boucha le trou qui était au bout avec de _la paille et de !herbe, et bient_ôt ~e tout_ pehts souriceaux rempliren) le peht md doutUet. _ Je ne suis donc ~as inutil~, pensa_ ~vec joie le soulier, lorsqu'li entendtt les ptatllements de ces .petites 1Jêtes. _ 'Hou-ou~hou! souliiHliit le vent, voulant pénétrer à l'intérieur du soulier. ~ Ta-tatata-ta-ta! tambou.rinait la \)luie sur le cuir comme si elle voulait le _traverser, - ma~s le soulier riait douœment: 11 ne voulait plus mourir, et se serrait autant que p~­ sible pour préserver du vent et de la plute les ·c hers petits. ~ LE DESESPOLR DU SOOIALISIIE

Il y a quelques années, M. Joindy, ~onlé· rencier socialiste très en 'VOg\Ue à Pan~, se . 'da't Il laissait quelques notes ' desttnées S-'llil:C1 1 • E . ., à M. J~det, rédacteur en cheï de l, clatr . Voici les dernières lignes de ce pauvre malheureux: de • Je mour·r ai désillusionné de beaucoup choses. . . , « Je m'étais Œa.it -une idée àe la vte qUl na

-pas mort? pas cours. d \f " J'aJVais cru à p1us de loyauté et e ranUn petit oiseau le v-it, vint s'y poser, frotta son petit bec s-ur le bord de la semelle, chise. •Le monde est eHroyalblement corrompu e! vil. . · _,__ le· çhanta: Turlu, turlu! « C'est td.!ans le milieu soctahste, wws - Laisse-moi, bougonna le souiier: je quel j'ai -vécu ces quinze dernières années, suis mort! ·M ais l'oiseau chanta encore, .en_que j'ai connu le plus de déboires. . à 'te s'envola. Et voilà -q-ue Je lblé se mtt l a SUl , · " Je n'ai pas eu Je courage d'en sortir pousser. Ch-ch-ch, bruissaient l~s epts, es · en.fonce, comme dans un temps, et je m'y SllllS épis s'indinant au-dessus de .hu. . . · 'der - Taisez-vous, 'i e vous pne, repondat~ le bou.rb~er. « Si .je ne devais fatalement me su~cl soulier se fâ:ohant: ·je ne suis pl~s bon .i nen, . lig·u· mx - .1·e vou.dtra1s _ ce qw est anhre je suis inutile et je dois mounr. . , , Tout à coup une petite bouile ~~s~ penet:a !aire catholique. • Ceci est la demière elq)re&sion de ma par le trou qui était au !bout, à :mteneur ~u pensée avant de mouri!r. Emile Joindy. • soulier, en :s ortit au·ssitôt. C'éhnt une p~h!e souris Ides ,champs. 'Remuant sa moustache elle en :!it le tour, se sentit partout, s'en alla

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Un document pontifical Parmi les nombreux .documents pleins d'intér·êt pa-rus récemment dans le recueil des Actes du IS.iège apostolique, nous croyons opportun de signa1er spécialement la lettre écrite par le Souverain lPontife à l'év'êque de Chiapari sUif l' acHon rque le derg:é doit exer~er de nos jours. ILes prêtres, Y est-il dit, sachant quelles sont les exigences des temps nouveaux ne peuvent se contenter du ministère qui s'exerce à l'église. Celui-ci suffisait autre~ois; il ne suffit plus aujourd'hui. Sa Sainteté veut que l'on s_'occupe ~e, tl 'instruction et de la fonnahon des ftdeles p~r tous les moyens ~t recommande avec mst~n-ces les ·sociétés et ries œuvres de JeUnesse. . , , «Ce qUI est tpresentement le .plus necessaire, •c'est d'ary;oir •dans ·chaque :par~isse un ~roU:pe :de !a~ques écl~iré~, d !hommes reso1us, ITI'tr(ip~des, vraiment apôtres. » . Ainsi !parlait de son côté le :Pape IPie X, tPrédécesseur- de :S. S. :Benoît XV. _ _ _ __ ,._

Le___Chant d'Eglise S. Au.gu:stin taim:ait à 1.répéter ces ,Chanter est te propre de celui qui 'aime. l..Ja IPéllr-ole suffit à l'homme pour ex:primer la somme midin!aÏ!re de ses tpensées; mais :quand -son cœur ·déborde Ide }· oie, 1quand ru:n sentiment 1plu:s mrt l'envahit, tout naturellement il 'élève la \noix; le ton -du langa:ge ordinaire ne ·le satis'fait plus, il chante! Le livre des ,psaumes tout entier, n'en est-il ~ tUn mag1nifique :exemple? E~ coutez le roi 'D)avid: «-je te louemi parmi les PeUjples, ô Dieu; ·j·e te chlantemi ,parmj les ·nat~ons, car ta bonté est plu~ têtemo~s :

vée ,que les deux » ; «1 je chanterai à jamais les miséricordes tdu Seigneur:., d encore, « fa~tes édlater ;yotre a-llégr.e&Se au son -de ry;os instr:umenif:s . .. et qu'aux aœo-vds Ide la h!ai\P.e se mêle la IV·Oix ides canüque·s ». N'est-:ce pas là -le (Jhant d'un 1cœur débioridant d'amour ,poUJr ~Son Dieu? N 'est"'ce [las le même .amou•r, qui .poussait iS. P.aul à di-re -aux Gnlossiens: « 'S'Ous l'inspir.attion -de ta grâce, q·ue vos cœur s s'~pa'll!chent IV.ers Di'eu, en chra nts, i]Jiar Ides rpsarumes, par 1des hym11.es et des .cariUques spirituels. » tSi .chanter est le :pro.pre de ceux .qui .aiment, ide œux dont Œe ·cœur .dêbollide, ,0 0 mm:enrt: J'Eglœse ne chanterait-elle pas, eUe ,qui 1po'ssède tdans ses tabernaoies Celui .q,ui est la ~rourtce Jde tout bon! hetlil', qui seul est cajpab~e de ·sart:isf1a ire le · •cœll!l' humrain, .qrui est ta Viérité, 1ru Vraie, la Vie? Comment l'EgHse rr.esterait-elle muette devant les mystère-s qui s'aocompUssent .chtaque 'four sru-r s-es autel-s? 1 Non, l'Eglise n'est pat& muette: son cha nt rest lUne Ide ses !P1U!S belles. creatioos. ~a~e a wnutieusement i11égrlé !'~ or·donnance de son culte extérieur vouIant -en favre ~out ensemble ·Un 'digne hom~ag~e :à Dieu, un 1aliment pour lia foi et Jra piété des ,fidèles. Aussi Têsenve-t-elJe une ,p-lace ld'thonneur au dtanrt sacre; i1 i!'eh-ruus·se il!ai b'eauté des 'cérémonies, il touche ret 'êl~e les âmes, il donne au sentimenrt: religieux ,sa plus pénétrante eX!pression, il .est roomme ~'explo­ sion naturelle et sainte des ·d istposihons intimes 1du fidele .qui !aldoœ, lou:e et !Supplie en union av~c :ses iirères. Mais quel est ,donc œ mant? 'Uéditton Maticane, !dans ~ru 1p11éface, nous Ie dit: pour .atteindre son !but, qu.i est d'accroîiflre .]a ·solennité -des offices et d'aùder là !La s.anctifidaüon des <fidè. les, œ 'Chant idoit 'être ~miment saoré, distinct Ides mélodies iProfanes, paor ·son inSipirtation, 'SOn allure •g1én~nale et 1Sia mêtholde .œexéoution, . . . ,grave comme


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