vm dans les ~.amens et les concours, mais c'est pour ;préparer des hommes qu'ils lui sont confiés. Il ne faut ·d<mc pas les habituer 'à tœVI8.iller uniquement au :point de vue des récompen.:ses, ni pour dépasser leurs oondisci'ples, mais · on tdoitJ autant que possiblé, les tamene:r à liœ'Vailler par devoir et dam's le huf de devenir des hommes uttiles à leur famille, à l•a rpatrie et à la société. · Si l'en~SJeignemenrt: de l'écol-e primaire -doit êbre dirigé vers un but !Pratique, il ne faut pas cependant le f.ailfe sans réserve. ·Mais, ~ans :négliger l'éduca~tion morale, on -doit faire en sorte .que l'enfant, deventL homme, sache utiliser tes ronn:aissa!llœs acquises 'SIUJf les ·bancs de Yêcole. S'il faut former son esprit en l'ornant des connaissances nécessa[res, il importe enoore plus d'en faire Utiii honIIlête .citoyen cl un 'boo chrétien. On doit donc joindre :aux <Jonnaissanœs tpnatiques .qui lui set"Viront plus ilaird, les notioills indispensables de ~relig!_on et de morale. C'est ainsi <q u'à l 1école prim:ai:re poun -suivt1e le conseil judicieœc de Sénègœ, il farut awi1r comstamment 1pou.r IQhj.ectif l'•a'VIenk de l'élève. Sa:ns œla, td'ailleurs, l'école n'au:œit guère de mison d'être, l'instrudion manquant de but. El1e senait même oo présent funes~ si elle était dirigée de manière à remftre 1'homme moins II'eligieux d moins moral. P. P. P.-S. ~ Les deux articles: • Le vote du 26 décembre • et • Autour de nos écoles • sont reproduits de différents journaux valaisans ayant par leur genre et l'actualité leur place également marquée ici.
Variétés L'A!RT mETRE HEUREUX !Pour être heureux, il faut s'habi-tuer à ne pas s'impatienter ni se plaindre a11 milieu. des dérangements continuels et des contra-
Décembre t 921
Sion
riétés de toute sorte qu'on éprouve dans certaines situations. On fait d11 bruit, on vou appelle, on vous interrompt dix, vingt fois pen~ dan! que vous êtes appliqué à un travail Sérieux; il semble que chacun prenne plaisir à vous distraire. Quoi de plus agaçant? Eh bien, pou.r l'amour de Dieu, demeurez calme cooservez un visage tou,jours serein. C est 1~ divine Providence qui permet tout cela; rece.. vez de bonne grâce ce qu'die vous envoie, el vous serez vous-même étonné de vous trouver bientôt !Parfaitement heureux dans ces âéra0 . gernenls qui font maintenant votre su.pplic~ Sous doute, vous allez être encore bien s011. vent surrexcitê; il vous semblera que votre mécon!entement va éclater au dehors? Cou. rage néanmoins! sauvez les apparences et ~ sera déjà beaucoup: (j})!igez-vous à répon dre avec douceur à œux qui vous ennuient, ~ attendre avec patience la fin d'une conversa tion sotte et inutile; à avoir pour tous un sourire et un mot aimable. Ce n'est pas du premier coup; mais à force d'efforts et dt victoires répétées sur soi-même que l'oo devient doox et patient.
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JOUR DE L'AN Les heures s éloignent et glissent Comme des pieds sur les gazons, Sans que leurs bruits nous avertissent Des pas noml:Yreux que nous laisoos; .Mais ceile où l'année accomplie Jus.qo.~ ·au. cœur léger qui l'oUblie Port_. 1~ murmure et 1effroi, Frén.it pourtant à nolre oreille, Et l0in de !"homme quelle éveille, Senvo!~, et lu.i dit: •Compte-moi • ! Comp'e-moi! car Dieu m'a comptée Pour sa gloire et pour ton bonheur! Compte-moi! Je te fus prêtée, Et tu me devras aw Seigneur! Contp!e-moi! car l'heure Slonnée Emporte avec elle une année, En amène Wle aulre demain! Compte--moi! car Je temps me .presse. Compte-moi! car je fuis sans cesse El ne reviens jamais en vain!
L'ÉCOLE PRIMAIRE Organe de la Société valaisanne d'Education
SUPPLÉMENT SPÉCIAL DU No 10
Que Dieu bénisse la nouvelle Année 1922. Voici Noël Noël! C'est 'fête 1pour. tous les hommes, mais principalement pour les :petits et les humbles. Ceux-llà sont les premiers in·vités, qui peinent en leur dur labeur. Les .p uissants et les ridhes ne vien·dmnt qu' après. P•our ces d:ernier.s, une simrple é~oile sera la sHencieuse messagère de la Bonne Nouvelle. Aux premiers, le ciel enverra .de rutilants ambassadeur·s, escortés de colhortes arug'éliq ues, dont les mélodies s'élèveront jusqu'aux cieux. Pourquoi? Parrce gue Noël, c'est tout l'idéal évangléli<que, mis en scène et en action dalns .une sublime •leçon ·de choses. Cet idéal, jésus le décrira .p lus tard sur la montagne, qui sera le Sinaï de la Loi nouvelle. Il le ·présentera en une inoompa~able aureole de Béatitudes écrisant, ,par leur éclail:, tous les mensonges égoïstes, tous les préjugés grossiers et matéria~listes de l'idéal païen. Bienheureux les pauvres! dira-t-il d'abord. Et il vient pauvre, d'ans la pauvreté la plus complète .qui se puisse
rêver. Toutes les ,portes se sont fermées devant lui. Il n'a trouvé, pour naître qu'une misërable étable, sise en plein champ et ouverte à tous les vents d'biver C'est le .chemineau divin, jetant à tous les sans-gîte et à tous les sanspain ce victorieux défi : « Mon frère, es<tu tplus -pauvre que moi? :. Bienheureux les doux! dira-t-il en suite. Et il est 1~. sous les traits d'un nouveau-né, cette chose rose et blonde, où deux yeux s'entr'ou'Vrent, ldoux et rêveurs, pour ·dhercher -ceux :de 1a mère et y boire un premier sourire. Bienheureux ceux qui pleurent! dira en-core Jésus. Et il .pleure, l'EnfantDieu, sous la morsure de la hise. Et ses larmes se coru'fondent avec celles de la jeune mère, ·dont les joues virginales ruissellent, tparce qu'elle .voit son Dieu · réduit à tant de détresse, et par-ce que a.ussi son cœur matemel est gros d'un trop p lein de ten:dresse, d'adoration et de i-oie.
Bienheureux ceux qui ont faim et soif de la justice/ corutinuera jésus. Et c'est 111n 1besoim inifini ide justice qui, dans l'lncarnatilon. lui .a fait fr.ancllir l'abîme qui sépare la créature du Créateur. C'est le désir de !l'épar-er les crimes rde l'humanire, qui a jeté jésus dans
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2 une crèche, d'où il cheminera jusqu'à la oroix.
fant, à tra.vers la trouée lumineuse que l'envol odes anges a pm:ée dans la nuit Jésus vous montre le Ciel entr'ouvert' où routes vos bonnes volontés trouve: ront enfin la paix.
Bienheureux les miséricordieux! Et la pitié de Jésus le rend sans pitié pour lui-même. Du fond de œtte crèche, il ·- ......,_..._, embr.asse toute l'humanité souffrante Plus tard, il brisera ,}es dhaînes tde l'es~ Noël clalva:ge, enMblira le travail humain relèvera l'enfant et la femme. 'Mais d~~ ià, de ses .petites marins, il sème les 'gerO!aque année, iJ y a dans le mois noir un mes âe la dvilisation ·chriétienne qui jour où ·s ur la terre passe un vieàHa:r'd qui ser:a 'donnlée là t·ous les opprimés et à descend du fonkL des âges. A son front brille rous les déclassés. une étoile. Il arri>Ve dans les ténèbres par une - ·-"' ~
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nuit de froidure, a travers vents, bourrasques et frimas. 01acun s'incline sur son passage: c'est le vieux, c'est l'antique Noël. Après lui dans le ciel, un flambeau à la main, passe un ange aux blanches ailes. De l'Orient à l'Occident sa voix Vlibre l:lans létendue. Elle a le son du clairon. n entonne !e cantique d'allégresse. c Gloire à Dien au plus haut des cieux et paix sur la terre». Avec lui, comme une seule voix, des milliers de voix s'élèvent. Les cœurs s'oUJVrent à la joie. C'est la nwit de l'espérance. Si parŒois dans les cités le munnure de la foule, dans les rpalais, le hr.uit des fêtes, sont plus forts que la voix de l'ange, au dehors, elle retentit .claire et !Vibrante et réveille les Bienheureux, enfin, ceux qui souf- échos. Elle p01rte l'annonce de la bonne nou· frent persécut·ion pour la justice. Id en- velle: rien ne l'arrête. Oans les chaumières, core, l'idéal évangélique se realise à la des lampes s'allument. C'est la fête des petits lett!e. jésus est à peine né que la persé- et de ceux qui ont le cœur pur. Sur la montagne règne la nuit. Une clarté cution le guette. Sa première moisson ~'éli!S est une effroyable fauchée de pe- brille. L'ange passe, sa voix résonne. Elle tits mnocents. Et lui-même toute sa vie monte et défie •les hautes cimes, elle frappe il souffrira ; -puis il mourr~ ; parce qu'ii· et les gouffres et les abîmes, et les hauts pics est le juste. Et il sera ainsi le modèle abrupts dans la brume endormis. Mais au et la consolaifion, à travers les sièoles (roo.t du g lacier luit wte étoile. Cest l'astre de. n;tillions de martyrs, d'expuliSés, d~ de Be'!!hléem, c'est l'étoile du voyageur. L'ange passe. Sur l'alpe solitaire, près de rumes et de Sl[.>Oliés piOUrr la foi chrétienne. l'âtre les bergers disent le • Credo~ . Au deEt ~oilà pourquoi la Noël est· votre holl's tout est silence. Le vent retient son ha· leine, e[ le torrent ne gémit plus. Soudain, ~ête, à vous tous les pauvres les doux les attristés, les épris de jusÙce, les: pi~ une voix fend l'espace en jetant aux échos roya~les,_ les purs, les ,pa·citfi·ques. et les d'alentour de séraphiques acceu!s, et d'un per:ecutes. De s•on gracieux geste d'en- commu•n accord, devant la sainte image, tous
Bienheureux ceux qui ont le cœur pur ! Où donc l'idëal de la pureté a-t-il trouvé sa p1us radieuse réalisation, sinon dans cette crèche, qui sera, jusqu'à la fin 'des siècles, l'aimable rendez-vous des enifarrits joyeux et purs, et où tant <l'hommes faits, conduits !par une jVâce invisible, ir.ont .réveiller les !SOuvenirs endormis de leur cllrétienne emance. Bienheureux les pacifiques! ]ésUs s'appe.Uera lui~même le Prince de la Paix. C'est la grande Trève de Dieu qui commence. C'est ta. réconciliation des ihommes avec la vie, 'des désespérés avec 'l'espérance, .du ciel avoc laJ terre.
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rin. Ses vêtemetlts é~ent insuffisants p001r le garantir des morsures de la bise qui, ce soir1 là, souffiait a'Vec rage; un chapeau à larges . bords, rabattu sur son visage, ne laissait voir qu'une longue barbe et de grands cheveux blancs tombant sur ses épaules voutées. Il portait sous le bras un objet de donne oblongue enveloppé dans un moucihoir à carreaux. Il tra'Versa Je pont et la place du Carrou· sel, s'arrêtant .plusieurs fois, puis il s'éloigna, vaciHant sur ses jambes et ·Vint échouer rue des Fontaines. U, il releva la tête, et voyant · de la •lwmière ruux fenêtres, il commença une mélopée, si tri.ste, si discordante, que deux ou trois polissons se sauvèrent en se moqWlllt de lui. L'homme, découragé, s'assit tristement slir la marche de l'allée, posa son instrument sur ses genoux, en murmurant: c Je oe peux plus jouer!. . . Mon Dieu! mon Dieu! ayez pitié de moi!» Et W1 sanglot plein de lannes s'édlappa de son cœur. A ce moment, et !Par cette même allée Iongue et sombre, arrivaient tr01s ~ames gens fredonnant un air en vogue. Ils n'a'J)Crçurent pas tout d'abord le .joueur de ·violon: •l'un Je het.Lrta du pied, l'autre renversa son ,chapeau, et le troisième resta tout saisi en voyant se dresser et sortir de l'om· bre ce grand vieillard., à mine fière et humble à la fois. c Pardon, monsieur!. . . Es l-ee que nous vous avons bit du mal? » Un"~Réveillon - Non, répondit le .violoniste, en se bais= sant péniblement pour ramasser so~ chzpeau. Le 15 octobre 1893, un grand artiste chré- Mais un des jeunes gens le devança et le lui tien, Charles Oouood-, s 'e ndormait du som- tendit, pendant que son camarade avisant l'insmeil des ,justes et rendait paisiblement son trument, le 'questionna: - Vou.s êtes mussicien, monsieur? âme sur le cœur de Marie. Voici un trait de - Je J'étais autrefois, soupira Je pauvre sa vie qui nous révèle la bonté de son cœur homme, et deux grosses larmes roulèrent svr et sa déli~te aharité. •l a d011œ et belle tête de NOël nous inv.ite1 ses yeuoc. - Qu'avez-vous? Vous soufuez? •Pouvons· ~ Je reproduire. A Paris, en 1841, par une froide et bru. nous vous venir en aide? i.e vieillard regarda les trois ~eunes gtns; meuse •soirée de décembre, le 24e jour du pui.s il leur tendit sou 'chapeau en murmurant: mois, un homme tde haule taille, appuyé sur Faites-moi l'a·umône; 1e ne peux plus gagner un bâton, s•ui>Vait péniblement la rue Maza-
se metient à genoux. Cest l'annonce d'une grande fête, c'est la fête des bergers. Comme un gardien su.r la vallée, l'ange passe; il la couvre de ses ailes. Là-bas voi<:i Je village \:lans la neige e't l'ombre enseveli· On croirait que tout sommeille, tant le Gilen· ce est profond. Au dehors comme au dedans, ni chants, ni c •hudhées •. 'La veillée est-eae donc finie! rM>ais au vieux cloclher minuit son· ne et les cloches carillonnent.' c Gloire à Dieu a~ plus haut des cieux, paix sur la terre». C'est Je Noël des croyants, c'est le Noël <Iles montagnards. Et la foule .s'aiChemine vers l'antique sancruaire, où déjlà .aJVant nous les pères de nos pères sont .venus se mettre à genoux. Ils dorment sous la neige et à l'ombre de la croix, sur le sol de Uielvétie, mais la même voix nous appelle, l'étoile brille aussi pour noos. C'est le Noël de nos pères. Et pour tous, vieux et 1eunes, grantls et petits, c'est la fete par excellence, où dans le frissonnement de la nuit, devant le bel enfant dhacun vient se ~œttre à genoux. Sur l'autel l'étoile briUe, dans nos cœurs ha>bite la foi, et l'ange ldït: c N'ayez I}X>int de peur, ~e vol15 annonce ooe grande joie, qui sera pour tout le peuple. » C'est la nuit de Bet!hléem, c'est la nuit de la •bonne nou:veUe. \Mario.
de Noël
5 ma vie en jouant du violon; j'ai les doigts ankylosés; ma fille se meurt de la poitrine et aussi de misère. Il y avait tant de douleur dans raocent de ce vieux mendiant, que les jeunes gens en furent remués jusqu'aux lannes. Bien vite ils mirent la main à leurs goussets et en retirèrent toot ce qu'il contenaient. Hélas! le premier 50 centimes, le second 30 centimes ei le troisième un morceau de colophane!.. . Total seize sous pour soulager tant d'infor!'URle' C'était peul ils se rega1"daient piteusement. . • Amis! s 'écria tout ému· celwi qui avait questionné le malheureux, Ull coup de collier et !rois coops de cœur!. . . C'est un confrère Toi, Adolphe, prends le violon et attompa~ g·ne Gustave, ,pent:lant que je Jerai J.a quête.• Aussitôt dit, aussitôt compris. :Les voilà rdevant les collets de leurs paletots ébouriffant et ramassant leurs cheveux sur' leur.s 'Vη sages, enfonçant leurs chapeaux sur leurs yeux. • Maintenant de l'entrain et de l'ensem· b!e! • s'écria Charles. Puis inteipellant Adolphe: • ·E n avant ton morceau de concours Adolphe, pour amasser du monde!. ' S?us les doigts exercés du .jeune virLuose, le vJOŒon •ct:u pawvre résonna .joyeusement, el le • Carnaval de Venise • s 'égrena a·vec un brio extraordinaire. Tou~es les fenêtres se rouvrirent, les !Passants s attroupèrent, des applaudissements éclatèrent de toutes parts, et beaucoup de pièces blanches tombèrent dans le chapeau du 'Vieillard, placé en évidence sous le réverbère. Après un lemps d'arrêt, le violon préluda de nouveau. • A toi, Gustasve •, commanda Charles. Le ~eune homme dénommé chanta avec une v_oix de ténor, vibrante, diaude, superbe! Et !auditoire, ra.vi, criait: • Bis ! ,bis! bis! . ,Et la quête allait grossissant et la foule devenait de plus en plus compacte. Devant ce succès et cette recette, le promoteur de l'idée (harles ajouta: ' ' • Alloua, pour finir, 1e trio de c Guillaume Tell! •
Le trio commença. Alors Je vieillard Là éta1t · re~ té mvnoblle, · · n ·osant en 'croiqw re n1 ses yeux, Dl ses oreilles, craignant dlètr le Jouet Id ·un rêve, se redressa de toute se bauieur, l'œil lbrillanl, Je visage transfiguré~ et, saisissant son bâton, il se mit à battre 1~ ~esure_ avec une telle maëstria que, sous ~-rn mJPulsiOn, les jeunes exécutants électrisèren; enth~siasmèroot la foule qui ne leur ména.' gea rn ses bravos, ni son argent. Le concert ~ini, l'atiroupement se dissipa assez leniement. Les jeunes gens s··~~;pprochè rent d:u vieillard suffoqué d 'émotion. • Vos noms? murmura le palll!Vre homme pour que ma fille pui.sse les placer dans se~ prières. Le premier dit: Je m'appelle la Foi. - Moi, l'Bspéraoce, ajouta le second. - Alors, je suis la Olarité, fit le troisième en déposant devant lui le d!apeau débordant de monnaie. - Ah! messieurs ! messieurs! Sachez au moins qui vous venez d'obliger si généreusement! Je me nomme Ouppen, je sui-s Alsacien. Pendant dix ans j'ai été chef d 'orchestre à S1rasbourg, j'ai eu l'honneur d 'y mooter G~llau!lne Tell!. . . Hélas 1 depuis que j'ai (}~1tté mon pays, le malheur, la maladie et la m1sère m'ont aoca:bLé. Vou.s venez de me sauver la vie. • Et le bon vieillarld' pleurait. • Grâce à cet argent, reprii-il, je pourrai retourner à Strasbourg où je suis très connu où l'on s 'intéressera à ma fille! L'air nata; liui rendra la santé Vos jeunes talents que vous avez mis si simplement, si noblement au service de ma misère, seront bénis, je vous le dis et prédis: vous serez grands parmi les grands! • • Ainsi soit-il,» répondirent les trois amis. ~ais si VO,!lS êtes curieux, lecteurs, •de savmr comment s 'e st accomplie la préd.Jiciion du vieux <lt.l/Ppen, je puis vous révéler les noms des trois élèves du Conservatoire. Le ténor s'ruppelait Gushwe .Roger! !Le violon~ste, Adolphe Hennannl 'Le quêteur, Charles Gounod!
· ]Usq~e
Bew réveillon de Noèl, puissiez-vous provoquer dans 1 âme, dans Je cœur de tous nos lecteurs :un grand esprit de charité pour les pauvres et les malheureux! La cbaritê !pOrte bonheur, le doux enfant de la Crêcll.e de Bethléem la prêche et la lbénit. Celui qui doon~ au'X pauvres prete à pieu, qui a promis qu'un verre d'eau donné en son nom, sera rendu au centuple.
J;e Noël de Pierre-Marie ==== De!puis que sa mère était morte Pierre· Marie habitait chez sa grand/mère, dans le petit village de Quéméneur, un tou-t petit village près de la Œorêt où croissent les fougères et les mousses. La mzison hasse et 2üse sous son toit de paille brune n 'a que deux étroites teniifres. Près de J'entrée se trouve le puits dont la margelle usée par le frottement des seaux est cooverte de lidhens. En entrant, on n'y voit pas bien clair, çar de grands hêtre-s ombragent la chaumière, mais Pierre-Marie ne s est jamais aperçu Ide J'obS\C'Ill"ité qui irègne en son logis. ill ne voit pas les poutres enfumées du plafonti, ni le trOIU noir de Ja cheminée; pour lui, tout est lumière et ,soleil: Grand'mère es1
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Oh! les 'bonnes soiréeS! passées ensemble près de la :petite 'lampe à huile qui 'jette des rayons fumeux sur le lbUIIet et sur la Vierge en faïence devant laquelle, ohaque soir, PierreMarie bit sa prière avan! de s'en, aller dor· mir. Et les jours de ifête, comme il ~ait bon se rendre, aNec grand'mère, qui marche courbée et tremblante, vers la petite église; puis, au retour, sur le ~eu clair et pétillant, faire sauter les crêpes. Mais, un tiour d 'automne, tout ce bonheur finit. 1Le père qui travaille à la ville est venu. !Longuement, il a eXJPliqué à grand'mère que le petit ne •deviendrait pas assez S31Vant s'il restait aNec elle. Il a dit des mots supel'lbes: • Science, dei d'or qui ouvre toutes les portes .. .
- Celle du paradis aussi, peut-être? • a demandé 1.'aïeule. Le père a haussé les épaules: • Le paradis, le paradis. . . personne ne l'a vu, conte de bonne lemme. » Il a continué ,son discours: • Li'berté de iJ'Cll· sée. . . briser les enfra'Ves sUperstitieuses ... » et grand mère s'est levée tout à coup; il semblait qu'elle n'était plus ni courbée ni tremblante; une Uamme d'indignation passait dans fOCS yeux. Alors ce lût une dispute. Quand te père eut dit: • Enl!iJO., c'ést mon lits et je l'emmène •, la pauvre femme retomba brisée par cet instant de lutte, et de grosses larmes remplacèrent la lueur ardente qui, tout à l'heure, brillait dans son tl'egard. Elle a bit le .paquet de l'oCJPhelin . .Là, la blouse noire raccommodée hier; ici les chaus-· sons bien chauds et les bas tricotés 1 hiver dernier. Le père, sur la porte, regarde s'envoler les dernières lilirondelles. . . Il n'a pas vu grand'mère s'approcher du buffet et prendre la Vierge, cette petite Vierge bleue que 'Pier" re-Marie a~me tant, et la glisser au fond du paquet, entre les chemises et les mouchoirs. Cette Vie.nge, de;puis quarante ans elle éta.it Là, entre deux bouquets de fleurs artificielles. Des étrangers, venus pendan! la bel:le ·saison, lui en avaiellit Olfifert une grosse somme: 20 fr.! Car elle est antique, la petite sta1uette de faïence, mais grand'mère a ,refusé. Noo, tant que Marie-Anne Gonec demeurera en ce monde, personne n'aura cette Vierge! Mais l'enfant va partir. A la viille, il vivra sans doute avec des hommes pervers, puisque son père a perdu la foi; dl sera tout seul là-bas . .. A lui, qui n'a pas de mère, il faut donner la Vierge; c'est ·un sacri.lii.ce, oh oui! Mais quand il la vern, il se souVIÏendrn mieux de la ohaumère sous les hêtres, de l'aïeule et de Dieu. Tout eu ficelant le paquet, la vieille femme gémit: • Mon chéri, est-ce possible, mon dtén1· bin, le 1ils de ma fille, ne plus le voir! » ·L'enf·ant qlliÎ sanglote s'est approché delle, il l'enserre de ses petits bras, 'baise les joues ri'dées, et dii:
6 sur ses genou-x repose la Vierge h1eue il la • Tu sais, Je reviendrai 1... je reviendrai! " ·Elle en prolite pour lui recommander de regarde, il se sot.Wient, il prie! Soutd.at~ une main brutale Lui arrache son trésor. ' bien veiller sur la Vierge: c Rends-la moi, papa, !fends-moi ma Vier• Je te ·la donne, mon petit, tu n'oublieras pas ta ;prière, tu seras un enfant du bon Dieu, ge! s'écrie Pierre-M-arie éperdu. - Tiens, la voilà! • toujours n'est-ce pas? . . . Tu ne m'oubli~ Sur le carreau poussiéreux, la Vierge s'est pas.? .. . brisée en mille morceaux, et le père qul a - Allons, crie le père, est-ce fin i? ... ,. Au fond, il est ému, il aime son enfant el bu, dit durement: • Je ne veux plus de ces bêtises, tu ensent bien quelle grande douleur à! 1ui cause: Après !out, ll est si jeune, il pourrait le lais- tends, je veux Œaire de toi -un homme. - Je le d'irai à grandhnère, à grand'mère ser encore un an ... Mais non, les amis 1ui ' ont conseillé de lui la·ire commencer ses clas- s'écrie le petit. - ta grand'mère! Gamin, je n'ai rien dit ses il ~a ville. 11l paraît qu'à la lai"que on aura des fa~eurs pour lui, grâce à un camarade pour que tu ne pleures pas; je suis trop bon, d'atelier qui connaît l'instituteur. . . Le peti 1 ta grand'mère, on. l'a enter.ree ce <tantôt! - Allons, ricane 11homme, pas de scène logera chez •UD ouvrier qul est marié et n'a hein ; ramasse tes bouts tle faïence, et jette-le~ pas d 'ellianls. Il sera là, comme un coq en pâte. Après tout, il a de ü .chance, ce gosse, aux balayures; après, tu te coucheras; nous autres, nous allons au café de la Bonne-Boud'aJVoiT un père qui s'occupe tant de lui 1... teille, faire le ~ré'Veillon 1,. • Est-ce •fini? ... • Jeter les débris de la Vierge aux balayuOui, tout est prêt, Pierre-Marie va partir. Avant de qwitter la chaumière, il .va vers le- res, Pierre-Marie ne Je fait pas, oh! non. !buffet, il couvre de baisers 'les ~eurs de pa- Pieusement il les ramasse, il les plie dans du pier, le cruci'fix de bois noir. Des baisers! papier soie ... Où 'les mettre à présent? Oh quelle ~déel ... Orand'mère est morle, Il en sème partout; sur les rideau'X de l'alcôve, sur Je .fauteuil, partout, partout.. . Il il .ira lui porter la Vierge ... Oui, il mettra ·lu-i semble q.ue, par eux, c'est toule son âme le petit paquet sur sa tombe, sous des pieraimante qu1ll Gaisse Jà, pour gran•jlmère; et res . .. Oui, oui, il ira ... C'est loin!. .. 3 h. il répète dans ces baisers fous: c Polllf gcand• de chemin, en marchant vite... Qu'impor{e, hl ira!.. . Oh 1 quelle autre idée! .. . Mais mère! pour grand'mèrel" ou.i, c'est cela, .il ira à la messe de minuit! et demain, à l'aube, il sera là! L'hiver est 'Venu. C'est Noël. Le 'Vent s ·oogouffre dans aes vieilles rues tortueuses du Il est parti. Hors de la ville, sur la rOtUle, quartier pauvre; il s'adharne contre les pi· gnons anciens; dans ses lamentations il sem- de grands arbres s'agtitent et craquent sous ble apporter l'épotJVante et la iristesse de.s Je !Vent glacal. Hou . . . Hou ... ·Pierre-Marie solitukl.es qu'il a traversées. A-t-il emporté ~e court de toutes ses forces maintenant· là' dernier cri de l'aïeule morte la veille: • Le bas, ce clocher, c'est le vi!Îage. Oh! grand'mèreJ grand'mère!... II a'Vail petit! bonne Vier2'e, gardez mon petit! ,. Pierre-Marie est le premier en classe. Son bien dit qu'il reviendrait. Voilà l'église et le petit cimetière. L'enpère est content de lui. Il ·l ui achètera de beaux jouets. maïs l'enfant ne mettra pas ses sou- fant dans 1sa course rll(pide a perd!.t son bé· Hers 1dans -la dhe-minée; on Jui a dit que c'é- ret, son caban s'est décroché; lui-même, en ta•it encore une des sottises de vieille femme proie à un a<lCès de ~ièivre cl!aude, est tom· bé sur la neige . . . Il n'en a pas même çonsque lui enseignait sa grand:'mère. Dans un coin de la ohambre, il se cache; cience ...
7 Mais - c'est le chagrin sans doute il sent son cœur se serre.r, cela lui fait mal.·· ()h! .. .
Quéméneur, trawvèrent Pierre-Mari~ . étendu dans ·la neige. Il était mort, et souriatt co~ me s\il se fût endormi dans une douce ago~t~. Sur son cœur on retro'-'Va la Vierge bn;;~e et les 1el11lt1e6 du village dirent, en le bat-
~ Voilà, l'église et le petit cimetière. Les cloches sonnent, dit-il en son délire. Il faut sant au tront: • La Y.ierge n·ll pas voulu séparer l'enfa~t al'ler à la -messe rle minuit·· · · · Alh!- .. quelle mUPique ... si douœ, si de la grand'mère, qui 1ui a-vait appris à l'a t· dou.ce . . . les ciel'lgeS sont allumés. . . corn· mer ... n fête Noël au Paratâis! • bien? des centaines, des milliers. : · Il Y a donc des fleurs à l'église? .. . Ces bs,. · · · ces fleurs blanches .... elles sont ~raîohes écloses· ce ne sont pas des flocons de neige, non, ~ ·- -~ ce ~ont des fleurs, des fleurs. . . qUJi tmnibent A cause de la .lête de Noël, dont c'est de la .yo\lte ... !La voûte, elle n'est donc pas en puerre grise? . . . .Elle est bleue, des lampes veille, les anges balayent le ciel. La poussted'or y sont sus:Pendues! . .. Que c'est beau, re céleste tom'be en ilocons blancs sur la terla messe de minuit, que c'est beau! re. Il neige. . . Oh Il! . .. qui serre ainsi le cœur de PierLe petit Pierre, qui vient d'avotr clllq. ~s, doiJt aller cette annêe à la M~ d~ nunutl, re-Marie?- .. ... n bit bon dans l'église, il va s'endor- sa mère le lui a promis. Elle llw a dit: - C est entendu. Tu assistecas à la Messe mir. . . . '}1ioos, .grand'mère y est donc venue, elle vient du ciel alors? M'ais oui, elle mur- de la dtapelle blanche. Dans le langage des mères, la chapelle mure: c Viens, mon petit, viens!» Quoi encore?... Il y a des lueurs roses qui pas- blan<lhe c'est le lit avec ses draps blallCS el sent. .. Voilà des anges. Ce sont des ange-;; ses !blancs rideaux. Mais la neige qui, au dequi viennent servir la messe. Leurs ailes l'ef- hors recouvre tout comme un b lanc manfleurent. . . Ce ne sont pas des !Hocons de teau.' donne le change au petit. Pie~re, _et ceneige qu~ tom/bent . . . non, ce sont des ailes lui-ci entre!Voit déj~ dans son tmagmat~on 1-a d'a·nges blanches et légères!. . . Que c'est Chapelle lYlanohe dont lUii a parlé sa mere. Il y aura sans doute une belle crèlche comme be~u, la messe de minuit! Oh! .. . d\tl ... qui serre ainsi le cœu.r de celle qu'H a ,aperçue l'an dernier pendant les Vêllres. Une crèche au toit de chaume,. avec Pierre--Marie? •• . ... Mon Dieu! ILa V~erge.. . la ,Vierge! des rochers en papier gri.s .saupo~re d~ la voilà ... Elle sourit, elle l'appelle. Tout à chaux, et de petits personnages de Ctl"e ~ut 1beure elle va sans doute apporter le petit paraissent vi.yants tellement ils sont lbten
...
. ....,._----
La Chapelle blanche
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Jésus dans la crèche, près de l'autel ... Mais, ma.1intenant, c'est Pierre~Marie qu'elle prend dans ses bras . . . ILes anges le soulèvent .. · ils l'emportent... Orand'mère e:;t bien là, elle n'est plus vieille, ni triste .. . Elle repète: • Viens, mon petit, viens! · .. » Il va vers elle ; oui, il ne sera pas un sa'Vallit, i<l ne sera pas un ouvrier brutal et buveur; non, il revient près de grand'mère, il sera l'enfant du bon Dieu, toujours! toujours! touj ouns Ill En sortant de q•égti.se, les 'habitants de
.:a
. Pierre s 'est couché. On doit le réve11ler à J'heure voulue. Et œtte heure eofin arrive. Voici, en effet, la chapeDe blanche, dune blan· t'heur extraordinaire, avec sa crèChe que garnissent les divins personnages. -D'innomb~ bles lumières y b.rillent, qui sont sans doute des lbougies, 1ma•is qui finissent par être des étoi'les, (;ar le del descend dans l'humble cabane, et ce ciel est ê{oilé comme un drapeau du VéMais. Le petit Pierre s'est aipproché de la crêfu~
Supplément spêcial à l'ECOLE PRIMAIRE (Avril 1921)
8 che. Il y a un, enfant Jésus couché sur {a paille, une Vierge à genoox, un sa~nt Joseph debout, un berger qui s incline, trois m1ges prosternés, un lbœuf et un âne. Tout cela vivant, bien en{endu. Et sourlain, Pierre es: embarrassé. ,Il n'a ni agneau comme le berger, ni ciboire doré comme les rois mages. Or, Jésus lm demande son présent. Que vat-il lui oH11ir? Rien, hélas! et il s'en eJOCUse timidement: - Petit Jésus, Je n 'ai rient Et l'En'fant Jésus lu·i répond: - Donne-toi au bou Dieu eu te taisant prêtre, un jour, quand tu .seras grand. Cette phrase, sa mère la lui a dite souvent. Il ne la comprend pas très bien. Il entend qu'il sera comme M. le Guré, qu'il dira la messe tous les matins, qu\il chantera les Vêpres le dimanche, et qu'il portera le Saint Sacrement :pendant les processions. Mais il ne COJt\Prend ;pas qu'il 'lui faudra tout donner à Dieu: sa vie avec -ses aises, sa volonté avec ses caprices, sa üeunesse et son cœur. C'est drôle que l'Enfant Jésus lui dise la même chose ,que sa mère! C'est donc vrai que iDiell lui demande œ don de lui-même, quand il sera grand, don plus lbeau que tous les autres dons ? Sa mère le savait évidemment ... Cette sup.posi~ion parait étonnante lliu petit •Piierre, mais, à la .réflexion, il la trouiVe toute naturelle. Oui, sa mère devait le savoir, puisqu'elle le lui mait déjà dit. Pierre s'est approché de l'Enfant Jésus a!Vec qui maintenant il converse familièrement, car, la conversation continue, le dialogue s'éternise, mais c'est tou.joul'S qa même phrase qui l'alimente: - Donne-toi au bon Dieu en te faisant prêtre un jour, quand. tu seras grand. Soudain, tout chmke, tout s'éteint, tout disparaît. Il n'y a plus ni chapelle, ni crèche, bi étoiles. Le petit Pierre, qu·i entend du bruit, s'est dressé sur son lit: - Maman, ge veux aller à la messe de minuit! - Mais tu en viens! ... Nous en venoos! -~ Regarde, je suis toute 'COUNerie de neige. Tu ne te rappelles pas ?
Pierre fait un violent effort pour se rappeler. Se-s yeux agrandis et fixes disent le travail q ,ti se fait dans sa tête d'enfant. Et toot d'tin coup la v i s~ on de la nuit lui revient à J esprit. , - Ah! oui, je me souviens. •La ohapelle était toute blanche, et c'était plein d 'étoiles ~ans le ciel. Il y a'Vait l'Enfan t }ésUS- au milieu, et puis .... ·Pierre se met à raconter. ça n'en finissait pas. Sa mère l'interrompt: - Ah! tu vois bien que tu y étais! E l qu'est-ce qu'il t'a dit, l' Enfant Jésus? - Voilà. Quand j'ai vu que le berger el les mages lui offraient des présents, et que moi je n'avais xien, j'a>i ~té très embarrassé hl comprend,g . . . Alors, il m'a dit la mèm~ chose que toi: c Do•me-toi au bOn Dieu en te faisant prêtre, un jour, quand tu seras grand. ~ C'est curieux, dis? La mère s 'extas ie et, triomphant, dépose un baiser sur le iront de J'enfant: - Tu vois bien que j'a.vais raison 1 - Mais, maman comment savais-tu que l ·Enfant Jësus Je voulait ? - Il me l'avait dit. . . l'an dernier. Allons, dors .maintenant, car tu dois être .bien tatigu~.
Et le petit 1Piierre s'endort, convaincUJ d 'avoiT été à la chapelle et que l'Enfant Jésus lui a dit de se donner à Dieu en se faisant prêtre, quan<l il sera granit .Pourtant, ce n'était qu'un Têve, vivifié par la phrase maternelle. Mais, à cet âge, la vie est-elle autre chose qu'un beaUi rêve, un beau souge quê la religion chrétienne excelle à peu,pler de ses blanches visions?
......
t !Heureux quù peUit se dire en sorlant de œ monde,
Au moment où le goux s 'obsOU'I'cii à. ses yeux, Qu'il a connu l'amour et l'amitié féconde;
Il eUJt s.ur cette terre un avant-goût des cieux.
t
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Alph. Scheler.
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-L'envie est la vermoulure des os. La Bible.
LA LUTTE CONTRE L'ALCOOLISME PAR L'ECOLE RAPPORT POUR L'ASSEMBLEE GENERALE DE LA
SOCIETE VALAISANNE D'EDUCATION A MONTHEY, LE 26 AVRIL 1921
/La multitude distraite est incapable de saisir les courants lents et silencieux qui entraînent la ,vie d'un peuple vers l'issue fatale de la déchéance. Au milieu de la continuelle agitation de l'opinion publique sous les coups des crises sociales et politiques, ceuxlà aussi qui, par vocation, par la direction de leur vie intellectuelle et morale ou par goût, ·vouent d'ordinaire leur attention aux pulsations moins perceptibles de la vie nationale, ont été détournés de ces questions d'une importance indéniable par le bruit des armes et les surprises journalières d'une publicité complaisante. Les gouvernants eux-mêmes, aux prises avec le réseau inextricable des difficultés économiques et diplomatiques sans cesse renaissantes, semblent avoir perdu de vue l'urgence de résoudre des problèmes en apparence modestes et
obscurs que pose le bien-être du corps sociaL L'alcoolisme a bénéficié de cette inattention pour continuer, dans l'ombre de l'oubli, son œuvre néfaste d'intoxication lente, mais implacable. Tandis que toutes les activités de la vie nationale se dépensaient fiévreusement pour parer à des attaques éventuelles de la part de ,quelque ennemi extérieur possible, l'alcoolisme, ennemi intérieur tant de fois dévoilé, a continué à miner l'organisme social. Il paraît oiseux d'examiner si la progression du mal s'est accélérée pendant la guerre mondiale, alors qu'il est certain qu'elle ne s'est pas ralentie. N'est-il pas temps de nous retourner vers cet ennemi qui, sournoisement, se livre à des attaques incessantes et couvre le corps de la nation de blessures