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v.a.uiln• Une curiosité littéraire. Un journal parisien a récemment signalé un ouvrage, qui eet une véritable curiosité littéraire. M. de Chennevièrea a écrit 43 livraisons in-folio en un style excellent sans employer une seule fois le mot qui ni lo mot que. L'auteur remercie ce journal par la lettre suiT&nte: c Monsieur, Vous avez bien voulu découvrir dans les pages des Dessins du Louvre une nouveauté de style. L'attention bienveillante de Totre lecture me flatte infiniment. Permettez-moi de vous exposer les motifs !le ma lutte littéraire. J 1ai juré haine aux qui et aux que, ces lourds conjonctifs de la syntaxe. Cette guerre à outrance contre de paisibles pronoms trouble l'économie de la langue et le mécanisme ordinaire des phrases : mais elle éclaircit la pensée, elle allège la période, elle suspend les longueurs. Depuis quatre siècles l'horrible qui tyrannise les lettres françaises, il in· feste les meilleurs écrivains. Rabelais le cultiT&it dans les bosquets de l'abbaye de Thélème; Pascal et La Bruyère montrèrent pour lui la plus coupable des indulgences. Bossuet le mettait sur les autels. Cette déclinaison éhontée du qui faisait les délices des contemporains. MM. de Port-Royal renchérirent sur Bossuet, et les beaux esprits de la cour et de la ville semèrent cie qui leurs productions. A. l'avènement de Voltaire, le qui régnait despotiquement. Voltaire le laissa vivre. n lui abandonna ses TOrs tragiques mais il l'éconduisit de sa prose, de sa belle prose si pleine et si Tive. ll ne l'expulsa point toutefois avec assez de rudesse, et l'ambitieux pronom réapparut au seuil de certaines phrases. Cha· teaubriand le caressait de sa plume douillette et le berçait avec une mélancolie mignarde. Lamartine lui douna des ailes d'or et le lança dans l'azur de ses rêves. Notre qui rendu insolent par l'hommage d" ces grands noms, allait terroriser davantage encore la République des Lettres. Victor Hugo, ému de cette audace, voulut faire bonne justice de cet outrecuidant; il l'appela en champ clos, le rudoya, l'estocada, mais l'autre tint ferme. J'ai essayé, monsieur, d'approc~er ce monstTe, d'étudier sa tactique, ses moyens do défense. Enfin, je l'ai surpris et je l'écorche vif: il méritait ce châtiment. La patience fut ma seule arme, la patience, à défaut de génie, une longue patience. Avec les qui, la phrase s'embourbe, les pensées hautes ou gracieuses reTê· tent une enveloppe bourgeoise, les Tirilités de la concision perdent de leur étreinte. Emancipée des qui, la phrase s' en va légère, leste, sautillante, aga· çante, provocante, amusante. Elle a le maintien jeune et aisé. C'est une fillette agile et court-vêtue, gagnant d'un saut le but de sa course. Le parti-pris apparent de mon style, cette rage de l'anti qui, pourrait sembler d'abord une gageure peu digne d'un écrivain d'art, mais cette petite conquête grammaticale me paraît capable d'intéresser les curieux de littéra· ture. Recevez, monsieur, etc. l!BNRY DE CHBNNBVIÈRES. )
Œil cù mouclie. -Notre intelligence est comparable à l'œil de mouche, qui a un grand nombre de fenêtres. Lee esprits étroits ne savent regarder que par une seule, et a' étonnent que l'on puisse voir autre chose que ce qu'ils voient.
SUPPLÉMEN1' A L'ECOLE PRUIA.LRE.
SOCIÉTÉ VALAISANNE D'ÉDUCATION. 6me RÉUNION GÉNÉRALE (Compte-rendu extrait des Nos des 1 ct 5 mai 1883 de la N. Gazette drs Valais.) ~ne assemblée oil le personnel enseignant pri· ma1re de tout un petit pays se tl'ouve réuni et représenté par plus de 200 personnes, ne laisse pas d'offrir quelque intérêt et de renfermer plus d'un utile enseignement. L'instituteur est heureux de pouvoir respirer parfois une autre atmosphère que celle de l'école, de se retrouver avec ses anciens condisciples et de sentir son courage renaître au soutlle vivifiant des paroles et des sen. timents échangés ùans les rares rendez. vous de la science et de l'amitié.
Tel est le spectacle que donnait uu de cel' jours damiers l<t société valaisanne d'E:Jucation. Fondée à Sion même en 1873, elle se retrouvait à son berceau le jeudi 26 avrill883, après avoir su.ccessivement vi.sité dans ses étapes Monthey, Geronde, St-Maur1ce et Martigny. Qui aurait ce jour-là entendu traiter des questions pédagogi· ques uvee des iMes préconçues d'indifférence ou
3 la salle du Grand-Conseil qui avait été mise à disposition et s'est trouvée être un peu étroite les élèves de l'école normale exécutèrent chant, puis M. Bruttin, président de la Municipalité, souhaita, au nom de celle-ci, la bienvenue à la Société valaisanne d'Education, et termina en annonçant que l'autorité qu'il préside set·ait représentée au banquet par lrois de ses membres MM. R. de Tol'l·enté, fJallèves et de Kalbermatten: en même temps membres de la commission des écoles de la ville. M. l'abbé N a ntermod, président de la Société, remet·cia en termes bien sentis, puis faisant allusion aux travaux de MM. les Députés: Cel te> salle, dit-il, témoin de discours plus retentissants peut-être, en entendra aujour~'hui qui ont également pour oLjet l'intérêt et le bten de la p~tri e. •
de dénigrement vis-à-vis des instituteurs du V a · lais aurait éprouvé une agréable surprise en assistant à ce modeste congrés Comme toutes les fêtes vraiment populaires en Valais, celle-ci a commencé par un office divin célébré dans l::t jolie église du collège par M. Ecœur, Rd curé de Troistort'ents. Au sort:t· de la messe, les membres actifs de la Société valaisanne d'Education se rendirent à l'Hôtel-de ville. Dans l'assistance, nous remarquions avec plaisir p lusieurs hauts magistrats, comme MM. H. de de Torrenté, vice-président du Conseil d'Etat. Roten et Bioley, membres de la même autot·ité, A. de Riedmatten, préfet de Sion . 30 à .{0 ecclésiastiques, presque tous membres de comm1ssions scolaires, étaient également accourus, sans parler de plusieurs laïques, membres honoraires et amis de l'instruction. Parmi les hôles étrangers au Valais et qui appartenaient aux deux cantons de Fribomg et de Vaud, nous avions la satisfaction de compter 7 délégués dG premi~r et 3 rlu second. F ribomg était représenté pH MM. Comte, Rd clll'é de Ghâte!-St-Denis , Jeunel., curé de Cheyres, Villard et Moret, professems, Duc et Demi ère, inslituteut·s, tous ces derniers à Châtel, et Baudère, instituteur à Semsales.
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M._ l'avocat Kuntschen, député de Sion, prit ensmte place au fauteuil de la présidence honoraire et déclara la séance ouverte. Apt•ès la lecture du protocole de la réunion de Martigny-Ville, la parole a élé donné~ à M. Kœhl professeur à l'école normale, pour lit·e son rap: port sur Le chant, ses avantages, de la méthode à suivre dans l'enseiguement de cette branche. Ce travail, ~ort IJien rédigé et non moins bien conçu a valu a son auteur des applaudissements b ien mérités. Il ne pouvait d'ailleurs être confié à un homme plus compéteP.t, puisque c'est à l'honorable rapportem que nous devons !'.e xcellent Recueil de Chants pour· l'Ecole et la Famille, ouvrage
Vaud nous avait délégué MM. de Montet, membre de la commission scolaire de Vevey, Dr Chal'les Penet, et J. B. Penoudon, instituteur aux écoles catholiques de la même ville. Lorsque les assistants eurent pl'is place <laos
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dont les morceaux sont dans les deux langues et qui a été, de la part de plusieurs revues pédagogiques, l'objet d'appréciations des pl us flatteuses. Pt•irent part à la discussion concernant les conclusions de ce rapport MM. ,Jeunet., Blanc, curé d'Ar don, et Lanier, vicaire de Savièse.
sue de laquelle, dans cette ère ùÙ les déficits sont à t'ordt·e du jour, on s'étonne pt·esqlle de découvrir une caisse quelque peu garnie. Le bilan, dans le cas particulier, a cependant accusé un actif, mais qui est loin de chifft·er gros. Aussi, à moins d'avoir des ailes au talon ou de d isposer de fonds spéciaux, le gardien de cetto caisse n'y trouverait-il pas de quoi passer l'Atlantique, en eût-il la t,mlation, et devt·ait-il se résigner à restet· cloué au sol? La gestion financièt·e a égalP,ment établi que la plus grande partie des fonds, qui proviennent, on le sait, des cotisations des membres, a été employée à assurer la marche et la publication de l'Ecole prima.ire, organe de la société. Avant de terminer la pat·tie instructive de la fête, l'assemblée a l'atifié sans difficugé le choix proposé pat' le bureau des conférences en vue de constituer le comité de la Société pour la période do 1883 à 1885. Ce choix portait sut·
Après ce rapport, l'Assemblée en entendit un autre sur un sujet des plus importants et des plus propres à soulever une discussion sérieuse. Il roulait en effet sur les causes de la faiblesse de nos ?'ecrues et les moyens d'y remédier. Ce mémoire, présenté par M. Casimir vVeLzler, de Massongex, instituteur à Evolène, ne méritait pas une mention moins flalteusP et moins honorable que le précédent, bien que l'une ou l'autt·e de ses conclusions ait été assez vivement attaquée. En raison du peu de temps laissé à la discussion, celle-ci n'a pris que de fort modestes pt'O· portions, quoique le sujet en comp0rtât de plus vastes. C' est ainsi que trois orateurs seulement purent se faire entendre: MM. Roten et Bioley, conseillers d'Etat, et Ecœur. Ceux qui eussent encore eu un mot à placet·, et il s'en trouvait plusieurs, ont dû forcément garder bouche closE>, sauf à faire connaître leur opinion sut· l'un ou l'autre point des rappo rts en discussion, dans l'or ga ne de la Société valaisanne d'E.tuctJtion, où nous aimons à croire que lPs mémoires lus seront eux mêmes publiés au moins en partie.
MM. Nantermod, professeur, président. Jean Joseph Sierroz, inst. aux Agettes, vice· président . Aug. Rey-Met·met, instit., à Troistorrents, secrétaire-caissier. Le changement fait dans le comité sortant de charge a porté sur un seul nom nouveau, M. A. Rey-Met·met y prend la place de M. Sierroz, lequel se hisse à celle laissée vacante par M. X. Giroud, vice·pt·ésident démissionnaire,
La lecture el la discussion des rapports fut suivie du rendement des comptes, opération à l'is-
Nous profiterons de l'occasion pour expl'imer
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notre satisfaction, qui est aussi partagée par la génét·alité du corps enseignant primatre, j'avoir vu M. Nantermod revenit· de sa détermination de ne plus accepLet· la présidence. Sans doute, après s'être trouvé depuis dix ans déjà à la tête de la société, il était bien fondé à demander qu'il fût cette fois éventuellement fait abslrar,tion de sa personne; cependant, au nouvel appel adressé à son zèle et à son dévoùment, il n'a pas cru pouvoir résister. Le corps enseignant ne peut que le remercier Pt se féliciter de cette résolution. Monthey a élé choisi ensuite comme lieu de réunion de 1885, conformément à la proposition des divers comités, et en opposition à celle faite séance tenante par M. Duchoud, instituteut· au Bouveret, doyen du corps enseignant primaire valaisan, qui opinait pour Vouvry. Nous pensons que l'insuccès de sa motion provtent de ce que l'on pouvait généralement ignorer que cette dernièt·e localité possédât des locaux convenables et assez spacieux Pour nous, qui connaissons Vouvry et savons qu'il est doté ù'une belle maison de commune el. d'une halle dA gymnastique vaste et de construction t•écente, nous cro~ons que sous ce rapport les garanl.ies désit•abl~s set'aient offet·Les. Aussi nonobstant le vote intet·venu, rien n'empêcherait, nous semble-t-il, que le nou· veau comité étudiât d3ns l'ntlervalle la proposition Duchoud eL prit lontHs lo3 informations né· cessaires, à la suite desquelles les conférences de district seraient, cas échéant, naturellement
appelées à prononcer en dernier ressort. Pour oolt·e compte, et sans vouloir d'ailleut·s poser en champion d'une motion spéciale, nous estimons que si d'autres localités que celles déjà visitées par la Société V(&/alsanlle d'Education peuvent pt·étendre à l'honueur de la recevoir et remplir à cet effet les conditions requises, il est convenable et juste de leur faire une part.
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A 1 heure, un banquet animé réunissait tous les sociétaires et amie:;, et bientôt, alternant avec des chants et Jas accords harmonieux de la Shlu· noise, des toa$tS nombreux et vivement applaudis se firent entendrP. N'était Je modeste format de notro journal, nous en lJUblierions les principaux ou eu douoe1·ions un résumé; aussi nous bornet·ons·nous à mentionnet· les orateurs qui prirent la parole (il eu a été inscrit plusieurs qui n'ont pu, faute de temps, écouler leut· speec"), et à reproduire ct· après les deux toasts si réussis de MM. Nanlermod, pt·~sident de la Société, à la Patrie. et Comte, Tid curé de Châtel-St-Denis, au Valais. Ce dernier, un charmant causeur s'il eu fut, est au:.;<~i un ami de notre canton qui accourt des bords de la Veveyse à chacune de nos réunions pédagogiques, où il t!S L toujours écouté avec un plaisit· et un intérèt pat•ticuliers. Bien que le papier soit impuissant à rendre le charme de sa causerie, nous en donnons plus loin le p;îlo rettel aussi fidèlement que possible.
Le série des toasts s'est ouverte par celui de
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M. Nantermod, auquel ont succédé cAux de M. H. de Torrenté, vice-président du Conseil d'Etat à la Société valaisa11ne à'Educatson, de M. Dallèves, juge-instructeur, au Conseil d'Etat, de M. Roten, chef du DépartAment de l'Instruction publique au corps enseignant primaire, de M. Xav. Giroud, vice-président de la Société, à M. le conseiller d'Etat Roten, de M. Bioley, à S. G. Mgr Jardiniel' et au canton de Fribourg, de M. l'abbé Jeunet, à Mgr Mermillod, ùe M. Blanc, curé d'Ardon, à la ville de Sion (qui s'esL montrée très généreuse en cette circonstance), de M. Comte, au Valais, de M. le Dr Perret, au clergé valaisan, de M. Dumoulin, député de Savièse, à l'avenir de la Société, de M. R. de Tonenté, viceprésident de la municipalité de Sion à la Société f'Jalai ;anne à' Education, de M. Villard, inspecteur à Châtel, aux montagnards, de M. Sierro:.~:~ secrétaire de la Société à MN.l. les Inspecteurs, enfin de M. Allet, inspecteur :;colaire aux institutrices. Puis, l'heure étant passablement avancée, tous lAs assistants, sur la gt acieuse invitation de M. le conseille!' d'Etat Roten, se rendireat au théâtre pour avoit· une idée des travaux de restauration qui font de cet édifice un Vl'ai bijou, bien un peu cher pour nous, l'avenir le démontrera. La fète était ainsi heureusement terminée.
Si cP.t usage n'existait pas, nous l'élabhrions. Car c'est à ceux qui la servent au champ d'honneur de l'enseignement, qui la défendent contre ce fléau dont un pape iliPstre du siècle dernier, Benoit XIV, a dit qu'il n'y a pas, ap1·~s le pecM, de pire ennemi que l'ignoran~;e, qui, dans un labeur obsct1r, opiniâh·e, quotidien, lui forment deo enfants dignes d'elle et dignes de Dieu : c'est à ceux-là, et par conséquent c'est à vous, Messieurs les membres et amis de la Société "a/ai· sanne d'Education, qu'il appartient de placer sur Tos lèvres et de faü·e retentir le grand tr.ot de patrie. Cette salle oü nous sommes réunis a pris des habits de fête. Hier elle éLait nue, elle était Lriste, elle était lai de ; que voulez-vous' Ce n'était qu'une caserne. La voilà aujourd'hui toute gaie. Elle s'est couronnée de fleurs. elle s'est pavoisée de dra peaux, elle s'e:st ornée de tro· phées. Elle s'est dit: Faisons-nous belle, si posl!!ible, ca1· oous allons recevoir, dans la vaillante armée des ins tituteUI's, nos meilleurs soutiens, nos meilleurs amis, les amis et les soutiens de la patrie.
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Si elle ne voit pas d'armes brillantes ni d'habits galonnés, alle voit, le spectacle est- il moins mtéressanL' de courageux travailleurs pour qui le Lhéà.tt·e de la guerre est une étroite chambre d'école, le fusil meurtrier l'inoffensif tuyau d'une
TOAST DE M. L'ABBÉ NAN'l'ERMOD,
PHÉSIDE::-IT
DE LA SOCIÉTÉ.
L'usage est de po1·ter le premier toast à la
Patrie.
Et grâce aux mains habiles ùes dames de Sion, elle est tout étonnée de se Lrouver bello.
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plume, le sang vc;rsé à flot, la goulte d'enere étendue sur un blanc papier. t::ependaut il y a lutte et lutte acharnée; lo soir, b1en des cadavres jonchent le sol, des membres pantelants gisent çà el là. Mais l'humanité n'a pas de deuil li porter; c'est l'ignot·ance, c'est l'e1·rem, c'est le préjugé qui ont dO., seuls, mordt·e la poussière.
ephère plus élevée, le canton en a n.gi à peu près ainsi à l'endroit de M. le Coosoiller d'Etat Roten, qui préside à l'enseignement. Sur le chef milit,aire il a g1·effé le chef littéraire, et la greffe a pris, Messieurs, oui, ellP. a pris, parce que la sève était abondante et pure.
Noble lutte, glorieuses victoires que celles qui ne font pas trembler les pères ni pleurer les mères, et où le vainqueur, traïersant le champ de bataille, peut s'écrier sans barbarie: • Aujourd'hui je me baigne dans les roses! • (*) Mes pat·oles, toutefois, ne sont pas une critique ; ma position me l'interdit. J'ai accepté der· nièl'ement la place d'aumônier militaire que m'a offerte la patrie, sur la g1·acieuse pré~entation de M. le chef du Département de I'I nstruction pu· blique. Ce haut magistJ·at a cru qu'un instituteur qui sert son pays à l'école n'était pas incapable de le servir au camp ; voilà pour quoi il a enté l'aumônier sur le professeur. Mais, dans une (*) Allusion à une parole prononcée à la ba· taille ..te St-Jacques suc la Birse eu 1444. A la fin de cette lugubre journée, un seignem allemaud, nommé But·ckard Mrench, s'était écrié à la vue des cadavres des Suisses que son cheval foulait, aux pieds : Nous notts bairnwns aujou1'd'llui dans les roses 'l Un guenior mourant l'entendit; indigné, il se soule\•a sur ses genoux: Tiens, baise euco,·e une rlc ces 7'oses, dJt-il, en lançant avec tant de force une piPrre au front du cava· lier qu'il le renverse do cheval ot l'Jtnnd parmi
les morts.
MessieUl's, depuis que nous avons tenu à Mar· tigny notre demière assemblée générale, la Suisse possède un nouveau titre à notre service et à notre amour. Là-bas nous étions inquiets ; des nuages noirs a:>sombrissaient l'horizon; le tonnene grondait dans le lointain. Il y avait dan3 las airs comme un bruit de Bourguignons et d'Allemands apportant des chaînes. Depuis, l'atmosphère s'est purifiée, la tempête a fui, la paix habite de nouveau nos sereines montagnes, et la croix, que la foudre menaçait, brille plus radieuse sm· Je front rouge du drapeau chéri de la patrie. Une récente victoire est venue s'aj outer aux vieill es victoires de nos pères. Seulement les armes étaient différentes. Autrefois les hallebardes, les morgenstern, les massues. décidaient du combat. Hier, nous avons braf!di, quoi 1 un livre de quelques pages; fiL ce livre, ce manuel a g lo· rieusement vaincu ; il s'appelle ... le catéchisme.
Il a vainc•J, parce qu'il était manié par des hras vigoureux, les vôtres. Il a vaincu, parce qu'il repré8onte Diou ot la liberté.
t3 Il a vaincu, parce qu'au nombre des commandements qu'il retrace, il en ost un qui enseiaoe D l ' amour de la patrie. Le voilà ce catéchisme, nous l'avons placé sous le globe qui occupe le centre de ce trophée; c'est le point d·appui d'Archimède soulevant le monde. Les del:X messieurs qui so11L accourus des bords de la Veveyse p onr nous honorer de leur présence ne s'en offusqueront pas; nous avons marché de front, confondus dans les mêmes rangs. Leur main, que nous avon'> eu le plaisir de serret·, est une main fraternelle '3t J.atriotique. Je bois donc à la patrie suisse qui nous a ntontré, à la fin de l'année dernière, sa grande âme, son âme i ntelligenle et amoureuse de la vraie liberté; je bois à cette patrie qui nous a donné, à nous, Instituteurs, un précieux vote da confiance, en nous confirmant la possession du catéchisme, et si jamais elle nous demandait encore plus de sueurs, encore plus de fatigues, encore plus de dévouemen 1., ce n'est pas nous qui les lui marchanderions: des fils bien ués ne refusent rien à leur mère. Qu'allo vive ! (Longs applaudissements)
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To..\.ST DE ~[. LE t..Unf.! CoMTE.
Tt•ès-houorés Messieurs et chet·s ami:;! Chargé d'une mission très-enviable, celle de saluet· nos amis du Valm s, de la part des Ft·i· bow·geois, je prio l'assistanct~ do me permettre
de faire <1iVOJ'sion au langage magistral et si di~ tingué de MM. les avocats et professeure. Il est vrai quo notre mutuelle affe ctiou ~e trouve trèsbien d'une forme élevée, mais elle a plus d'un habit. L'am1tié qui a pu prendre fin, a dit un philosophe, n'était pas véritable. Assu1·ément que ce docte penseur aurait perdu son la tin chez nous. Notre alliance n'en est pas à cses premiers jours; il y a des siècles que ces deux républiques du Valais et de F1·ibourg marchaient la main dans la main. Si l'heure n'est peut-êlre pas aux communications de ce gem·e, même en votre bonne compagnie, il n'eu reste pas moins établi que l'arbre de nos relations a poussé d'impot·tantes ramifications. Nous venons aujourd'hui en goûter les fruits. IL m'est venu un jour à cet égard une agréable distraction que je puis bien vous révéler... confidentiellement La voici à peu près. S1 la parole P.tait donnée aux montagnes valaisannes et fribourgeoises sur le Rujet dont j'ai l'honneur de vous cr.tr~len ir, eL que la question fut posée sur la ruptu1·e de notre alliance, on entendrait résonner dans les mon lagnes du Valais 'jamais . • tandis que, interrogé "ur le maintien de cette alliance ct de votre amitié, on entendrait à Fri. bourg: « toujours. • Ah 1 il y a bien des anaiogies et des points de contact entre nos deux cantons Voyez nos principes en mattère d'instruction publique et HUrtouL d'éducation. Vous me rappelez, dans un ordre r.ans doute bien inférieut· à voLt·e attitude, les prcsct·ipltons réglementaires de l'Ecole si sé-
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rieuse de Sénèque qui divisait son temps en trois parties, dont la premtère était consacrée à la divinité la deuxième à l'étude el seulement la troisième au; affaire~. N'est-il pas aussi dans vos louables usages de vouer votre attention principale :\ Dieu. Les peuples n'ont qu'une voix pour dire: An Gattes Segen isl Alles gelegen. On Lt·aduit: Ce que Dien garde est bieu gardé. C'est une pensée grande et féconàe, quoique Je proverbe allemand ne soit pas encore entièrement rendu. Pour donner à Diou la véritable place, il faut absolument lui consact·e1· la prt=~miëre place. Ob. servons l'ordre en tout. Voilà M. Michellod non loin de moi; (*} ~ous avons fait côte à côte J~s cou1·s de philosophie qu'il suivait avec succès, At nous avons vu ensemble que Ir, premier des êtres est nécessairement celui qui existe par lui-même: Ells 11ecessarium est ens a se. Donc à Lui, disons : au bon Dieu de droit la première place pat·tout. Soyons philosophes, au moins jusque-là. - Je n'ai pas la prétention, messieurs, de vous faü·e la leçon : mais vous voyez que nous marchons d'accord sur la question la plus importante qui existe. Il ne nous suffit paR en péda~ogie valaisanne et fribou rgeoisede dire : Erst wag' es, dann thu' es; erst ler1'' e$, dann leltr' es, mais il nous faut la devise d'un ecclésiastique émérite, décédé il y a peut-être deux ans dans le canton d'Argovie: Was Gott will, ce que Dieu veut; Wie Gott toill, comme Dieu veut; Weil Gott will, parce que Dieu veut. • - C'est une noble, belle et l'assu(*) L'orateur désiille M. le curé de Saxon.
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rante deviso pour la pratique de la vie. Pardon du mot ù mot, le motif en est dan11 la présflnce de messwur.s les Professeurs. Messieurs, placé comme j~ l'étais tout d'abo1·d entre dC'ux docteur:' (* ), j'aurais pu, nvec leu1· assistance, outreprcudre une lâche plus difficile, mn1s je suis 1·etenu ici. et le sujet très-complaisant qui m'est. confié m'entraîne, c'esL tout simple. Nous ne pouvons pas même compte1· su1· nott·o honorable mnjo1· de tab!P, en vue d'obtenir le respeel d11s Ji miLes raisonnables pour un toasl.. DoJ·énavanL, clans le développement de ce thèmefavori, on peut pons er quo la grande préoccupation de nos Fribourgeois sera bien de se faire une loi à eux-rn~ mes et d'accepter au moins los leçons du cadran. L'élude qui, pom l'Ecole de Sénèque, occupait le premier rang après la piété, fait bien aussi l'objet de nos muLuelle:; préoccupations. Pour ce qui nous concerne, nous avons à vous offrir l'hommage de nos félicitations. Yoic1 plusieurs fo1s que nous assislons à vos assemblées, et c'est avec une sorte d'admiration pout· voh·e sérieux, ponr la profondem, l'étendue et la méthodè qu'atle stent vos travaux. Vous vous préoccup!'z, oe me semble, bien assez des st.alist.iques fédérales. A mon avis vous . ' Vafa1tes bravement votre part. Il y auraiL 25 Jais, c'est-à-dire 25 Etats confédérés placés comme vous l'êtes. disons qu'avec vott•e amout· de l'étude, voll·e travail infatigable, vous obLiendl'iez la première place alot·s même que ce ne serait pas moi qui ferai L les statistiques.
(*J MM. PerreL et Cil. Bouviu. -
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16 Mais, outre vos efforts opinia.tres pour l'ins· truction proprement dite, vous travaillez à for· mer des caractères, des hommes par l'éducation. MM. le1:1 instiLuteu•·s, pom· être bons Suis· ses, il ne suffit pas de se poset· en marchands de participes; à Morat, nos pères n'ont pas com· battu avec des c~.dverbes. Ce n'est pas que je veuille discréditer le côté que pourrait surprendre la statistique impuissante à relever l'ensemble, ni vous reteni1·. Voilil du reste, vis à vis de moi, l'honorable M. Roten qui m'écouterait sur tout le reste, excepté sur ce point; et il aurait •·ai son . Dans la répartition de son temps, l'école de Sénèque, modèle pom la méthode, vouait la dernière section aux affaires. - J'ignore f'. pour vous, le Département est ici représenté, mai:i à en juger par les autres dicastères, nous devons opinf)r pour une honorable moyenne. Veuillez donc agréer nos vœux de prospérité. C'est le district de la Veveyse qui vous envoie 6 dé!égués, c'est le corps entiN de notre société pédagogique; c'est aussi la députation de Vevey à laquelle nous sommes unis entr'autres par un lien que pe1·sonne ne tr0uvera fictif, le ruban de la Veveyse, qm pa1·court les deux territoires. Quel lien plus doux qu'un ruban; eh bien! ces Messieurs ici présents nous permettent de ne fah·e qu'un avec eux pour vous saluer et pour faire reterrtir dans cette enceint') où nous jouissons de la piu:> génét·euse hospitalité notrA vivat, floreat, ct·escat, à nos vieux amis du Valais. Qu'ils vivent! (Longs applaudissements.)
8applément à I'Eoo1e prb:na.lreo
EXTRAIT DU RAPPORT DU
DÉPARTEMENT DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE, SUR SA GESTION DE t882.
Tenue des écoles. Nous indiquons plus loin, par districts, pour l'année scolaire 1881-8~ la note méritée pa1· nos écoles, quant au progrès obtenu, d'après le rapport de MM. les Inspecteurs :;ur leur marehe. Avant d'ouvrir cette nomenclature, nous croyons utile de rappeler, pour prévenir toute équivoque, que par écoles 1. II. Ill. nous entendons nommer respectivement les classes inférieures, intermédiaires ou supérieures, une classification inverse étant parfois adoptée, puisque l'on entend souvent par 1•• école le degré supét·ieur. Quant à la valeur des notes 1 = très-bien ; II, bien ; IIJ, pas· sable ; IV, faible ; V, très-faible. District de Sierre.
Note 1. Toutes les écoles de Sierre, les écoles mixtes de Mission (Ayer) et de Grimentz, l'école