Bordeaux 200 ans du pont de pierre L’Âge d’or des Chartrons #123 / SEPTEMBRE 2022 R 28068123F : 19 € &:HIMSKG=]V^UU[:?k@b@c@n@a
Le Greco, Sainte Véronique, h/t, 91 x 84 cm, v. 1580, Tolède, musée Santa Cruz.
Sainte Véronique (en grec « vera icona » : l’icône authentique), patronne des photographes, avait recueilli le visage du Christ sur un linge. Une tradition chrétienne, véhiculée par Bernard Gui (12611331), veut qu’elle soit morte à Soulac (Gironde).
Icône
ÉDITO
Par Xavier Rosan
En quelques siècles, l’icône est passée de l’image pieuse au petit visuel informatique s’affichant sur un écran, tout en s’érigeant en symbole à portée identitaire, collective, voire universelle : l’icône culturelle peut aussi bien désigner un logo qu'un objet, un monument ou une personne… La même racine grecque (eikôn) a produit l’iconoclaste, celui qui, par conviction ou par ignorance, casse les images. Lorsque celles-ci appartiennent au patrimoine commun, il peut faire acte de vandalisme (voir, par exemple, la tabula rasa de la chapelle du Sacré-Cœur de Pau).
L’icône est la représentation plastique d’un réel supposé : elle n’apporte à l’historien, à l’historien de l’art, à l’amateur d’images, que des propositions de vérité. Quelques certitudes, en définitive, pour beaucoup d’illusions.
La lecture ou l’analyse du Livre de la chasse de Gaston Fébus, des représentations du divin de la chapelle de Jouhet, des effigies protocolaires de François Ier, de la réplique de
la Dame de Brassempouy ou des intentions de Clodion pour la Marie-Madeleine pénitente du musée des beaux-arts d’Agen, nous fournissent autant d’informations qu’elles suscitent d’interrogations et, surtout, qu’elles excitent l’imagination. Tout se situe dans l’interstice si mince qui sépare la restitution de l’interprétation. À cet égard, l’appartement d’un collectionneur aux Chartrons, à Bordeaux, se veut à la fois la reconstitution fidèle de l’inventaire d’une ancienne propriété du xviiie siècle, et la reconfiguration des souvenirs d’un enfant qui cherche à raviver un passé enfui.
À chacun·e de rentrer dans la ronde des images à travers le temps de l’Histoire, et des histoires, que vous propose le festin, de s’y laisser guider et d’y projeter ses propres aspirations.
À nos lectrices et nos lecteurs
Après 13 années sans augmentation, le prix du festin passe à 19 € avec le présent numéro. Nous vous en donnons toutes les explications en page 148, et comptons sur votre compréhension et votre fidélité.
bénéficie du soutien :
du CONSEIL RÉGIONAL NOUVELLE-AQUITAINE
de la DIRECTION RÉGIONALE DES AFFAIRES CULTURELLES NOUVELLE-AQUITAINE
du CONSEIL DÉPARTEMENTAL DES LANDES du CONSEIL DÉPARTEMENTAL DES PYRÉNÉES-ATLANTIQUES, du CONSEIL DÉPARTEMENTAL DU LOT-ET-GARONNE,
et du CONSEIL DÉPARTEMENTAL DE LA DORDOGNE.
Inclus dans ce numéro pour tous les abonnés livrés par courrier : une carte postale de la couverture et la Lettre des abonnés
Cl. LMEPress
1
ABONNEZ-VOUS ! en p. 152
l’Adour do la Do laCharente ena laGaronne la Viel l se le 025 50 km CORRÈZE RR 19 C HARENTE 1 6 C HAR E MARIT VIENN E 86 D O RDOGN E 24 G IR O ND E 33 D EUXS ÈVRES 7 9 HA U TEVIENNE 87 LO T ET L ANDES 40 PYRÉNÉES ATLANTIQUE S 64 CREUSE U 23NTEIME Limoges Saintes Brive-la-Gaillarde Crozant Jumilhac-le-Grand Bordeaux Brassempouy Montagne Saint-Pée-sur-NivellePau Cambo Saint-Étienne-de-Baïgorry Anglet Niort Cancon Cognac Guéret Angoulême Poitiers Périgueux La Rochelle Tulle Mont-de-Marsan M Saint Pée sur Nive Saint-Étienne-d le l ot TE T GA A RO O NN E 47 Éttanng de d tla a MazzièèreireLot Age geenA Ag eggavaveededePau au e oges es s laaCreusue ordogngne l’I I l’I lIsle sl 6 enne L’automne est là ! 4 couvertures pour un même numéro ! Le château de Jumilhac. © Jonathan Barbot Le pont de pierre de Bordeaux. © Gironde Tourisme, cl. David Remazeilles Église de SaintÉtienne-de-Baïgorry. © Jean-Pierre Rousset L’Abbaye aux Dames de Saintes. © Sébastien Laval
16 20 26 36 44 52 58 66
SOMMAIRE
Lot et-Garonne
La Marie-Madeleine pénitente de Clodion au musée des beaux-arts d’Agen
creuse CROZANT, la sentinelle de granite charente Sur les pas de François Ier à Cognac
charente maritime L’Abbaye aux Dames de Saintes
corrèze Brive, place des Grands Hommes de la Révolution
Gironde LE PONT DE PIERRE de Bordeaux, 200 ans d’histoire
Gironde Mémoires d’un appartement des Chartrons
dordoGne Jumilhac, un « petit Richelieu » en Dordogne
béarn
Le Livre de la chasse de Gaston Fébus
pays basque
Les églises à tribunes en pays basque
L andes
Le site de Brassempouy dans les Landes béarn La chapelle du Sacré-Cœur à Pau
deux sèvres
À NIORT, sur les traces d’Auguste Tolbecque
Lot et Garonne
La réserve naturelle de l’étang de la Mazière
vienne
La chapelle Sainte-Catherine à Jouhet
LimoGes & Limousin L’épopée de la franc-maçonnerie à Limoges et en Limousin
Gironde Le crémant de Bordeaux
Lot et Garonne Cancon, vitrine de la noisette française
3 74 82 68 90 98 100 106 112 118 126 130
© B n F C L M Press 74 26
Le saviez-vous ?
New Angoulesme
Le 17 avril 1524, la caravelle dieppoise
La Dauphine accoste dans une baie profonde formée par l’embouchure de l’Hudson. L’explorateur italien Giovanni da Verrazzano, envoyé pour la France par François Ier, baptise le site « Terre d’Angoulême » en hommage au roi, ancien comte d’Angoulême (de 1496 à 1515). Le loyal Jean de Verazzane (qui mettait un point d’honneur à franciser son nom) plante le drapeau patriote, se lie d’amitié avec les locaux amérindiens et effectue la première description connue de la côte est des États-Unis. La Dauphine et ses cinquante matelots lèvent les voiles, et la zone du futur port de New York reste inexplorée. Jusqu’en 1609 du moins, lorsque l’Anglais Henry Hudson pénètre à son tour en « Terre
Mons
Le village de Mons, à l’étymologie plutôt fixe et sédentaire (du latin mons, montis : « montagne », « colline ») joue en réalité les filles de l’air. On trouvera d’abord le patelin dans le nord de la Charente, lové sur un plateau calcaire à une altitude moyenne de 80 m, au sud-ouest d’Aigre et au nord-ouest d’Angoulême. Mais Mons fait preuve d’un remarquable don d’ubiquité pour une petite commune rurale. La voilà qui prend la clé des champs et réplique à quelques kilomètres dans le département voisin : le bourg de Mons s’est en effet établi dans la couronne de Cognac et héberge à son tour 442 âmes monsoises. Deux discrets homonymes plantés dans les deux Charentes ? C’est exact. Mais à vrai dire, Mons est beaucoup plus que cela. Car, disons-le d’emblée, Mons n’a pas peur de sortir de sa zone de contreforts. Ainsi, on retrouvera notre petite voyageuse hors de Nouvelle-Aquitaine, dans le Gard, à l’est d’Alès et au nord-ouest de Nîmes. Mons partie s’expatrier sur un coup de tête ? Que nenni ! Le village est mentionné Le Mas de Montes en 1346 dans le cartulaire de la seigneurie
d’Angoulême ». Puis, en 1624, quand les colons néerlandais débarquent du Nieu Nederlandt sur l’île de Manhattan, ce petit morceau de Charente outreAtlantique sera débaptisé en « NouvelleAmsterdam ». À noter : le pont de Verrazzano-Narrows, du nom de notre découvreur, marque aujourd’hui l’entrée de la baie de New York. Il relie Brooklyn et Staten Island, à l’endroit où le navire a jeté l’ancre.
d’Alais. Et il va sans dire que Mons ne compte point s’arrêter en si bon chemin. Toujours par monts et par vaux, fuyant les densités urbaines, gondolant les plaines, Mons s’affiche à la fois en Haute-Garonne, dans l’Hérault et dans le Puy-de-Dôme. Et pourquoi pas le Var ? À coup sûr, vous la trouverez perchée sur un énorme rocher, offrant un somptueux panorama sur la Méditerranée. Il faut dire que partout où elle pose valise, Mons affiche son amour de la géographie
et ce goût prononcé pour les reliefs. Pis, la petite Mons s’aventure jusqu’en Belgique francophone et exprime sa félicité illimitée au changement. Avec ses 258 405 habitants, la voici chef-lieu de la province de Hainaut et capitale culturelle de la Wallonie. Mons, la multiple. Mons, la libre. Mons, la promesse de monts et merveilles.
5 LES MISCELLANÉES DU FESTIN Destination
Carte de la Nouvelle France, Venise, Stamperia dei Giunta, 1556.
Angoulême, préfecture de la Charente.
Mons, petit village paisible de Charente.
D. R.
Cl. Nouvelle-Aquitaine Tourisme. Cl. Rosier
«
»
Miaulétous, plaque funéraire en porcelaine émaillée.
LE NOM DES GENS
Miaulétous
Ainsi s’appellent les habitants de SaintLéonard-de-Noblat, belle cité médiévale de plan circulaire, au parcellaire en lanières et aux rues étroites, située dans le département de la Haute-Vienne. Autant dire que ce ronronnant gentilé ne s’appuie pas sur le nom de la commune – une particularité dont peuvent s’enorgueillir les Miaulétous. Mais pourquoi miaulent-ils ? Miaulétous viendrait de la miaula (le milan, en occitan limousin), un rapace au cri (un long sifflement strident et modulé) si particulier qui, au Moyen Âge, aurait logé dans le clocher-porche de la collégiale romane Saint-Léonard, saint patron des prisonniers. Composante du bien « Chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle en France », ce chef-d’œuvre d’architecture romane est d’ailleurs inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco. À ce jour, nous restons sans nouvelles de ce sous-locataire à bec bruyant. La miaula semble avoir posé ses ailes ailleurs…
Le Festin en (bons) mots
« Petite acclamation et grand accueil font un joyeux festin. »
William Shakespeare (1564-1616)
Qui suis-je? *
Je suis né le 2 décembre 1868 à Tournay et passe mon enfance à Saint-Palais (Pays basque), où mon père est nommé receveur de l’enregistrement. Je « monte » à Bordeaux pour ma scolarité et la clôture par un cinglant échec – zéro pointé en français – au baccalauréat. Mais qu’importe, je commence à rédiger des poèmes et les rassemble dans un carnet.
En 1891, mes Six Sonnets sont édités à Orthez. S’ils sont fraîchement reçus par Pierre Loti, ils ont le mérite d’interpeler Stéphane Mallarmé et André Gide – avec qui j’entretiendrai une correspondance tumultueuse. En 1898, je publie mon premier recueil poétique, De l’Angélus de l’aube à l’Angélus du soir. Je me lie d’une amitié profonde avec Paul Claudel, mon frère d’âme. J’aime parfois, depuis, me frotter aux cénacles parisiens avant de regagner mes coteaux pyrénéens. Un profond chagrin d’amour me souffle l’inspiration de Tristesses, que je publie en 1906. Cette même année, je me convertis au catholicisme et épouse Geneviève Goedorp, une fervente admiratrice. De notre union sacrée, naîtront sept enfants. Ma prosodie se diffuse et j’ai le plaisir de charmer d’autres confrères d’ici : Francis Carco, Marcel Proust ou François Mauriac. Je suis aussi traduit, depuis peu. Ainsi Rainer Maria Rilke, Ernst Stadler ou Franz Kafka avouent leur bonheur de me lire. Brassens, plus tard, me mettra en musique. Pour l’heure, la guerre éclate et je suis nommé administrateur de l’Ambulance de guerre, à Orthez. En 1917, on me décerne le
Hed, Portrait-charge.
Grand Prix de Littérature de l’Académie française. Pour mon « œuvre ». Mais qu’importe : je ne suis qu’un poètepèlerin. Ma vie est dédiée à la nature, aux cieux d’azur, à l’écoute des ruisseaux et des divins secrets des montagnes bigourdanes. Comme les haïkus, j’essaie toujours de faire simple, absolument simple. En 1924, je m’établis à Hasparren et y chanterai la beauté du monde jusqu’au soir. Avant de monter aux neiges éternelles, le 1er novembre 1938. D’une « explosion d’aurore ».
FrancisJammes(1868-1938).
*Jesuis,jesuis…
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LES MISCELLANÉES DU FESTIN
ARCHITECTURE CULTE
Les clochers tors en NouvelleAquitaine
On appelle clochers tors ou clochers flammés des clochers d’église dont la flèche, généralement en ardoise, présente la particularité d’être vrillée ou en spirale.
On en compte plus de 130 de ce type en Europe, dont 70 ont été recensés en France, avec des modèles en Corrèze, Creuse, Deux-Sèvres, Dordogne, Lot-etGaronne, Vienne et Haute-Vienne.
Leur origine reste incertaine. Certains sont attestés dès le xve siècle (Sérignacsur-Garonne dans le Lot-et-Garonne) ou le xvie siècle (Payzac en Dordogne), mais dans ces cas, ils ont été remaniés, la plupart étant construits au xixe siècle. Édifiés le plus souvent sur une tour maçonnée rectangulaire, leurs torsions –de gauche à droite en France et de droite à gauche en Allemagne –, plus ou moins affir mées, demeurent également une énigme. Leur forme hélicoïdale est-elle volontaire (elle proviendrait alors d’une recherche d’effet pittoresque, tendant à démontrer une prouesse technique due, par exemple, à un chef-d’œuvre compagnonnique) ou accidentelle ? Dans ce dernier cas, certains pensent, comme Eugène Viollet-le-Duc (1814-1879), qu’un mauvais séchage de la
charpente entraînant sa légère et progres sive torsion serait responsable du vrillage du clocher. Le temps, la pression du vent ou la chaleur du soleil en seraient alors les maîtres d’œuvre.
Faute d’explication probante, les croyances populaires se sont emparées de l’affaire et plusieurs légendes invoquent la main du diable ou bien sa queue qui, s’entortillant autour de la flèche, l’aurait torsadée. Quoi qu’il en soit, on trouve des clochers tors dans les villes moyennes (il est alors octogonal, à huit pans) ou dans des villages (où l’on a construit des clochers moins coûteux, à quatre pans).
• DD
Association des clochers tors d'Europe Mairie, 49150 Le Vieil-Baugé
Clocher de l’église Saint-Médard de Noyon à Naillat (Creuse).
Clocher de l’église Saint-Sauveur à Rochechouart (Haute-Vienne).
Clocher de l’église de Saint Pierre-desÉchaubrognes (Deux-Sèvres).
Clocher de l’église Notre-Dame-de-l’Assomption à Sérignac-sur-Garonne (Lot-et-Garonne).
Région Nouvelle-Aquitaine, Inv. gén. du patrimoine culturelDép. de la Creuse
C. Belzic
R.
134
©
/
D.
D. R. D. R.
On le voit, il n’y a pas deux clochers tors identiques. Celui de la chapelle Notre-Dame-de-la-Paix se distingue par la complexité de sa construction. Reposant sur une base carrée, le clocher d’ardoise passe par une étape intermédiaire hexagonale, pour se prolonger par une flèche octogonale torsadée et s’achever par un lanternon. Édifiée en 1626 sur l’emplacement d’un ancien cimetière, la chapelle fut désaffectée sous la Révolution. Elle est occupée par la mairie depuis 1808 (ISMH 1932).
Clocher et façade de la chapelle Notre-Dame-de-la-Paix à Treignac (Corrèze).
D. R.
135 ARCHITECTURE(S)
D. R.
CONTEMPORAINE
Maison de santé
DL & Associés
Un lieu de soins est-il un lieu qui prend soin ? La réalisation de la maison de santé de Meilhan exemplifie deux questions fondamentales et convergentes de notre société : celle de l’accès aux soins, en particulier en zone rurale, et celle de la contribution de l’architecture au soin, autrement que par la mise en œuvre de principes hygiénistes.
C’était d’ailleurs le propos de l’exposition du pavillon de l’Arsenal à Paris, « Soutenir. Ville, architecture et soin1 ». Le verbe « soutenir », qui est conjoint entre l’architecture et le soin, appelle un éventail de notions
structurantes du projet d’architecture : l’inscription dans la cité, la connexion au paysage, la volumétrie, la matière, les relations de proximité parmi lesquelles l’accessibilité, la fluidité spatiale, l’intimité et la lumière.
À l’arrière de la mairie, la nouvelle maison de la santé conforte la centralité du village-rue déjà esquissée par l’église, le restaurant et l’école. Le bâtiment s’étire en lisière d’un champ de maïs, bénéficiant d’un double accès depuis la rue principale pour le personnel et la patientèle. Ni emmarchement ni césure pour accéder à l’édifice, mais un muret de pierre doublé de tracés au sol qui guident regards et pas vers le bâtiment où s’annoncent clairement les entrées ourlées de béton.
Le plan est simple, organisé en trois bandes fonctionnelles à la luminosité changeante : la première section au nord, à la lumière tamisée, accueille les entrées individualisées (ostéopathe et psychologue / médecins et paramédicaux) et les espaces administratifs ; dans la bande médiane sont logés les lieux d’attentes doucement
éclairés d’une lumière zénithale ; ceux-ci préludent aux espaces éclatants des salles de consultation et de soin, amplement ouvertes sur le paysage et protégés par le toit débordant.
L’horizontalité dominante des lignes et le choix des matériaux (le pin maritime des puissantes poutres en lamellécollé ; la maçonnerie traditionnelle des pignons en pierre calcaire de SaintMartin-d’Oney, en continuité du muret ; les vitrages clairs) ancrent l’édifice dans le paysage.
Le lieu témoigne ainsi d’une approche holistique de la santé, qui préserve tant ceux qui viennent que ceux qui soignent. Julie Gimbal
1. « Soutenir. Ville, architecture et soin », sous la direction de Cynthia Fleury et de l’agence SCAU, Pavillon de l’Arsenal, Paris, du 6 au 28 août 2022.
genome-patrimoine-architecture.fr
Maître d’ouvrage : Communauté de Communes du Pays Tarusate Livraison : 2021
Meilhan LANDES
© Philippe Caumes
136 ARCHITECTURE
Groupe scolaire Yves-Péron
Souvenir d’un futur arch.
Dans un quartier en plein développement de Boulazac Isle Manoire, le nouveau groupe scolaire Yves-Péron, conçu selon des normes environnementales exigeantes par l’agence périgourdine Souvenir d’un futur, se signale par un riche langage de formes, matières et couleurs.
C’est par son volume supérieur, monté sur pilotis, habillé de carreaux émaillés multicolores, que le bâtiment, qui ouvrira ses portes à la rentrée prochaine, se mani feste d’abord. D’une ludique géométrie, il s’impose comme un repère identitaire dans un secteur qui est le fruit d’une vaste opération de rénovation urbaine et dont il parachève la mutation.
Son porte-à-faux, audacieux, renforce la singularité de l’objet architectural. Il permet également de marquer et protéger d’un abri l’entrée du bâtiment de plainpied qui étire le long de la route une façade urbaine de béton matricé. Sur l’arrière, où le bois domine, il ménage un préau et préserve des intempéries escaliers et ascenseur.
Le traitement différencié des deux niveaux participe de la dynamique de l’ensemble et distingue les fonctions. Alors que les huit classes élémentaires prendront place à l’étage, les six classes de maternelle loge ront au rez-de-chaussée, avec l’adminis tration de l’établissement.
À l’intérieur, l’esthétique d’inspiration industrielle des architectes – Macha Ivlyushkina et Bernard Chinours –, se déploie sans complexe, mais projetée dans un monde bigarré, créant un univers poétique qui répond sans mièvrerie à l’élan de la jeunesse à laquelle le bâtiment est dédié. Les organes de la structure, câbles et tuyaux, laissés apparents, y parti cipent, comme le mobilier et les lumi naires, d’une profusion formelle créant de
singuliers accords, jouant de la courbe et de l’angle droit, se déclinant en ambiances distinctes, feutrées ou dynamiques, selon les usages et les publics, dans des espaces où la lumière naturelle pénètre largement. Les choix opérés en matière d’isolation et l’intégration de panneaux solaires, notamment, ont permis à la nouvelle école d’obtenir le label expérimental E+ C- (énergie positive et réduction carbone). Éric Martinez
Maîtrise d’ouvrage : Ville de Boulazac Isle Manoire Livraison : septembre 2021
Boulazac Isle Manoire DORDOGNE
ARCHITECTURE(S)
© Tilt and Shoot
L’écho des CAUE
Les Conseils d’architecture, d’urbanisme et de l’environnement défendent le patrimoine architectural et paysager de Nouvelle-Aquitaine.
CAUE de la Charente-Maritime
Le jeudi 20 octobre, à l’Abbaye-auxDames à Saintes, le séminaire annuel du CAUE 17 aura pour thématique l’urbanisme circulaire. Ce principe consiste à réutiliser et transformer les sites et bâtiments existants pour éviter l’étalement urbain et l’artificialisation des sols. Sylvain Grisot, auteur de Manifeste pour un urbanisme circulaire (éd. Apogée, 2021), Hélène Soulier, architecte paysagiste, Vincent Aurez, de l’entreprise Novaxia, et la Direction départementale des territoires et de la mer (DDTM), pour le fonds friches, interviendront. La présentation d’exemples concrets, comme la requalification des sites de Port Boinot à Niort et des usines GéGé à Montbrison, viendra illustrer leurs propos. caue17.fr
PYRENEES-ATLANTIQUES
À la (re)découverte des parcs et jardins remarquables
Doté d’un climat doux, d’un littoral varié et de montagnes frontalières, le département des PyrénéesAtlantiques a bénéficié durant près d’un siècle de l’essor de la villégiature, lequel a engendré sur son territoire de nombreuses créations de parcs et jardins d’agrément, privés ou publics. De 1850 à la veille de la Seconde Guerre mondiale, le climatisme palois, le thermalisme balnéaire ou d’altitude et le développement du chemin de fer, ont attiré une société cosmopolite aisée qui a multiplié les jardins et les styles. Initié en 2002 par le Département des Pyrénées-Atlantiques, poursuivi par le Conseil d’architecture, d’urbanisme et de l’environnement (CAUE), un recensement a levé le voile sur ce patrimoine riche et diversifié, jusqu’alors peu ou mal connu. Il témoigne de l’engouement des familles fortunées de la côte basque pour le jardin composite au début du xxe siècle. Apparu en France dans la seconde moitié du xixe siècle, il articule des parties traitées selon le principe d’une écriture régulière, et d’autres selon une esthétique paysagère, qui cherche à rendre l’effet d’un paysage naturel.
On trouve également dans le Béarn des parcs composites à la française, mais aussi paysagers, tel le parc
Lawrance à Pau (xixe siècle). Le reste du département offre, parmi un large éventail de compositions de de jardins –comme le jardin japonais contemporain de Kofu à Pau –, de très beaux exemples de parcs à l’anglaise.
Ce travail a permis, par l’analyse de terrain et l’étude d’archives, de prendre conscience de l’étendue de ce patrimoine composé d’une soixantaine de parcs et jardins de grand intérêt.
Certains ont été redécouverts, d’autres, jusqu’ici privés, se sont ouverts au public. Plus généralement, il a encouragé la curiosité et le respect du public à l’égard des jardins.
Une exposition intitulée « Portraits de jardins », disponible au prêt, met en lumière une quinzaine d’entre eux.
Des photographies en noir et blanc, œuvres de l’artiste Luc Médrinal, magnifient ce patrimoine vivant et apportent leur flot de sensations, de senteurs, de bruissements. caue64.fr
CAUE de la Gironde
Label CURIOSITÉ, 7e édition : « Les maisons en bois »
Prix d’architecture grand public et expérience humaine, le label CURIOSITÉ propose à 16 jurés, lors des Journées nationales de l’architecture, de visiter des maisons d’architectes et d’élire leur réalisation préférée.
Cette 7e édition se tiendra le samedi 15 octobre, aux environs de Bordeaux. Cette année, les jurés visiteront des réalisations remarquables en bois, préalablement sélectionnées par les architectes-conseillers du CAUE.
Le temps d’une journée, ils partiront à la découverte de ces constructions privées, habituellement fermées au public, rencontreront les habitants et partageront une aventure humaine.
Pour faire partie du jury, contactez-nous sur cauegironde.com. observatoire-curiosite33.com
CAUE de la Charente
Archistoire est une application mobile au service de la mission de sensibilisation des CAUE. Cette application de visites culturelles apporte des clés de compréhension du patrimoine qui nous entoure. Durant les six derniers mois, le CAUE de la Charente a travaillé en coopération avec les communes d’Aubeterre-sur-Dronne et Nanteuilen-Vallée pour proposer au grand public un parcours de visite numérique. Chaque circuit sera inauguré lors des Journées européennes du patrimoine, les 17 et 18 septembre. L’application est disponible sur IOS et Android. caue16.fr
Parc de Chalcarraga, photographie de Luc Médrinal.
Topiaires et compositions régulières du jardin à la française du palais de Sorrento à Pau.
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© Luc Médrinal
© CAUE 64
Bordeaux GIRONDE
Quelques peintres de la modernité d’hier
Durant l’été, le centre d’art contemporain du château Lescombes a rouvert, le temps d’une exposition, quelques chapitres de l’histoire de l’art bordelais. Empruntées aux collections du musée des Beaux-arts, des fondations SoulacMédoc et Charles Cante de Mérignac ou à quelques particuliers, les œuvres de douze peintres (dont Cabié, Brunet, Dupas, Roganeau ou Molinier), choisis pour la différence de leur engagement, constituaient l’agréable florilège d’un temps passé qui n’est pas si lointain. Mais la révélation de ces morceaux choisis vint cependant de Jean-Louis Calens, peintre rare, à qui l’exposition a consacré un large pan, permettant de suivre le parcours, semé de doutes et d’interrogations, d’un artiste passionnant, très injustement méconnu. Conduites depuis 1998 par Pierre Brana, les expositions de Lescombes sont les seules sur tout le territoire girondin à tisser du lien entre les artistes d’hier et d’aujourd’hui.
« Quelques figures du temps passé », exposition rétrospective Du 17 juin au 28 août Château Lescombes, 198 avenue du Taillan, Eysines
Niort DEUX-SÈVRES
Agen LOT-ET-GARONNE
Un instantané du xviie siècle
Anonyme français, Perspective de la ville d’Agen vue du fauxbour du Pasage faite en MDCXLVIII [1648], gouache /papier vergé, 45,7 x 68,2 m, 2de moitié du xviie siècle.
Cette vue panoramique d’Agen remonte à 1648, date indiquée par le peintre, anonyme, sur cette gouache unique, la plus ancienne représentation de la cité que l’on connaisse à ce jour. Des fortifications, de la cathédrale Saint-Étienne, il ne reste rien ou presque. L’ouverture sur le fleuve indique, quant à elle, une activité économique en pleine expansion à l’époque moderne.
Grâce à la donation de la famille de Boëry, descendante de Pierre-François-Xavier Daribeau de Lacassagne, homme des Lumières et collectionneur d’antiquité s agenaises, le tableau appartient désormais aux collections publiques. Depuis sa récente restauration par Éric Ouley (peinture) et Sophie Nicolas (cadre), chacun peut l’admirer dans les salles du musée des beaux-arts d’Agen : si elle était connue par la gravure, l’œuvre n’avait pas été exposée depuis 1879. Musée des beaux-arts d’Agen musee-agen.fr T. 05 53 69 47 23
Une nuée de lépidoptères au musée Bernard d’Agesci
Depuis la 2de moitié du xixe siècle, le musée Bernard d’Agesci entretient de précieux fonds entomologiques. Il s’est récemment enrichi de 6 900 papillons. Il s’agit de l’ensemble de la collection constituée, entre 1970 et 1985, par l’amateur éclairé Georges Houmeau.
Parmi ces spécimens – tous collectés en France, pour la plupart dans le Marais poitevin –, se trouvent 472 espèces locales, dont un quart a aujourd’hui disparu, un quart est en voie de disparition, et le reste menacé par
la pollution et l’agriculture moderne. L’importance scientifique de ce don n’en paraît que plus évidente.
Avec les 20 000 autres spécimens de la collection entomologique du musée, actuellement entre les mains d’une restauratrice, ces lépidoptères seront bientôt numérisés pour une libre consultation en ligne.
Musée Bernard d’Agesci niortagglo.fr T. 05 49 78 72 00
Boîte de lépidoptères de la collection de Georges Houmeau.
140 Cl. Mus é e des Beaux-Arts d’Agen, photo Alban Gilbert Coll. musée Bernard d’agesci© Niort Agglo
Poitiers CHARENTE
Miroir, mon beau miroir…
Le décor réalisé par le maître verrier Robert Pansart (1909-1973) vient de regagner sa place dans le hall de l’ancien théâtre de la place Leclerc. Créé en 1954, le « miroir » monumental, composé de 54 plaques en verre gravé, églomisé et peint pesant chacune 45 kg, a été transporté à grand renfort de coffrage et de treuillage. L’équipe de conservateursrestaurateurs menée par Monika Neuner a passé les six dernières années à lui rendre de sa superbe. L’ensemble – une allégorie des Arts de la scène d’après un carton du peintre André Grozdanivitch –, occupe au mur une surface de 100 m2 Œuvre majeure des arts décoratifs de l’après-guerre, il s’agit d’une des dernières œuvres monumentales de l’artiste conservée in-situ dans son intégralité. poitiers.fr/le-miroir
Évaux-les-Bains CREUSE
Tous à l’eau !
Au xixe siècle déjà, la construction du Grand Hôtel de la station thermale avait mis au jour les vestiges des bains antiques, en service du début de notre ère au ive siècle. Malgré une inscription aux Monuments historiques dès 1840, ces restes gênants avaient été remblayés et… fort mal documentés ! Cette année, un projet d’agrandissement a permis d’en mesurer l’étendue : de nouvelles salles luxueuses aux bassins de calcaire (tepidarium, frigidarium…), des couloirs d’accès jusqu’ici inconnus, ont refait surface grâce aux fouilles de l’Inrap. Les futurs baigneurs en profiteront : cette découverte majeure modifie les plans de rénovation.
Les bassins des thermes antiques mis au jour par l’Inrap.
Bazas GIRONDE
L’odyssée des tapis de la cathédrale
Il était une fois, dans la belle cité de Bazas, deux magnifiques tapisseries sommeillant à l’ombre des vitraux de la cathédrale. Un beau jour de 1993, ces pièces uniques du xixe siècle décidèrent de s’en aller se refaire une beauté à la manufacture Saint-Jean d’Aubusson, dans la Creuse, pour une restauration bien méritée. À l’époque, un devis fut établi. Mais, en raison d’une sombre histoire de facture impayée, on perdit leur trace et les tapis tombèrent dans l’oubli.
Chapitre deux. Novembre 2019, la DRAC, au détour d’un inventaire de la cathédrale de Bazas, se rend compte des deux disparitions. La municipalité remonte à la source. Verdict : la restauration coûte 51 600 € et, à ce jour, sauf erreur, la quittance est restée impayée. Le Covid-19 se propage. En pleine crise sanitaire, il faut négocier. Récolter des fonds. Une souscription est mise en ligne. Un élan de solidarité se structure. Ce sera sans compter sur la détermination de la Fondation du patrimoine, de la DRAC, de la commune de Bazas et de l’association des Amis de la cathédrale, acteurs décisifs pour assurer aux tapis un retour d’Aubusson. La somme est finalement réunie. Les tapisseries sont nettoyées, restaurées, renforcées puis doublées. Épilogue. En mai 2022, Bazas fête leur retour au bercail après un long voyage de près de trente ans…
Robert Pansart, miroir en verre gravé, églomisé et peint, ancien théâtre municipal de Poitiers.
Les tapis d’Aubusson ont repris leur place dans la cathédrale.
© Yann Gachet –Ville de Poitiers
© Ville de Bazas
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© C.Mangier-Inrap
Histoire
Montaigne 1588.
L’aube d’une révolution
Anne-Marie Cocula, éd. Fanlac, 224 p., 23 €
Quelle année que cette année 1588 dans la vie du philosophe ! Au fil des quatre saisons, nous suivons ses itinérances et ses rencontres, entre crises de colique néphrétique et attaques de goutte. De sa chevauchée rocambolesque vers Paris en hiver – pour apporter à son éditeur le texte définitif des Essais – à son retour, à l’automne, en terres périgourdines, Montaigne ne cesse de s’activer. Il joue au diplomate, use de son entregent, mais craint aussi pour sa personne. Seules les semaines de complicité d’esprit avec « sa fille d’alliance », Marie de Gournay, furent une parenthèse de quiétude au sein de cette « annus horribilis », pour paraphraser Anne-Marie Cocula. Alain Beyneix
Littérature
Le long de la vie
Paul Gadenne, éd. des Instants, 489 p., 29 €
Paul Gadenne se mérite. L’altière beauté et l’ambition métaphysique et littéraire de ses livres ne se laissent pas appréhender par un lecteur trop pressé.
Toute sa vie, Gadenne a tenu ce qu’il appelait des « carnets », moitié journal intime, moitié exercices de création.
Ce qui nous est proposé aujourd’hui avec Le long de la vie, c’est donc ceux couvrant la période 1927-1937, ces années de formation qui le virent aller de l’agrégation de lettres à l’exil vers des chemins plus intérieurs pour soigner le mal qui le rongeait. Tout Gadenne est déjà là. Le goût de la solitude. Le rêve d’un amour partagé. La consolation de l’étude. La nécessité de se confronter aux grandes questions métaphysiques. C’est un ami qui nous parle en ces pages. Presque un frère. Vivant. Olivier Mony
Histoire
Histoire de la sorcellerie en Pays basque
Beñat Zintzo-Garmendia, éd. Privat, 796 p., 28,90 €
Cette somme érudite est l’aboutissement de quatre décennies d’investigations approfondies en archives. Elle jette un nouveau regard sur les épisodes de chasse aux sorcières que connurent, d’une part, la province du Labourd avec la mission du magistrat bordelais Pierre de Lancre (1609) et d’autre part, la Navarre, avec les procédures inquisitoriales des juges du tribunal de Logroño (1609-1614). Elle nous immerge dans l’obscurantisme de ce xviie siècle naissant et nous remémore le malheur de ces Basquaises humiliées, accusées de pacte avec le diable et de tant de crimes imaginaires, dont certaines expièrent atrocement dans les flammes des bûchers. AB
Littérature
Les Deux Rives
Roger Grenier, préface de Jean-Marie Laclavetine, Gallimard, Collection Blanche, 136 p., 15,50 €
Il est douloureux de penser qu’il s’agit là du dernier livre de Roger Grenier, ce classique dont la plume fut à la fois si délicate et d’une si incisive précision. Le manuscrit de ces Deux Rives était sur son bureau, inachevé, lorsqu’il disparut. C’est Jean-Marie Laclavetine, excellent styliste lui aussi, qui lui a donné la forme que nous lui connaîtrons désormais.
Pour le dire clairement : ce petit livre est un grand livre. Souvenirs, réminiscences, historiettes. On y trouve parmi les meilleures pages de Roger Grenier, émaillées d’une ironie roborative. Comme c’était le cas en sa présence, on y sent aussi combien les notions de culture, d’intelligence, sont précieuses. Ces rives nous prémunissent des courants nauséeux qui montent de toutes parts. Elles nous disent aussi que la bienveillance n’empêche pas la lucidité. Merci Monsieur Grenier ! Serge Sanchez
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Meymac, le CAC labélisé
Le centre d’art contemporain de Meymac (Corrèze), sis dans les murs de la vénérable abbaye Saint-André (classée MH), s’est vu récompensé de son dynamisme par l’attribution du label CACIN (centre d’art contemporain d’intérêt national) en mai 2022. Créé en 1979, le centre est dédié au soutien à la création et à la diffusion des arts plastiques contemporains, en dialogue avec son territoire. Ce label l’érige en lieu de référence majeur pour la scène artistique française et internationale, et lui assure le soutien moral et financier de l’État dans ses actions futures.
cacmeymac.fr
Disparitions
Claude Michelet (1938-2022)
À Mérignac, le château des Herbiers a longtemps trôné le long de l’ancienne avenue Henri-Barbusse. Jusqu’en 1988 du moins, date à laquelle cette magnifique bâtisse de 25 m de long pour 15 m de large et s’élevant sur deux étages, fut démantelée dans le cadre du développement de la zone aéroportuaire de Bordeaux-Mérignac, se rapprochant du site à grandes enjambées.
Mais puisque seul le changement est éternel et qu’on ne jettera des pierres qu’à l’arbre fruitier, pas moins de 2 000 moellons taillés, une cage d’escalier en fer forgé sur trois niveaux, ainsi que la monumentale cheminée des cuisines ont été conservés. À l’été 2022, cet ensemble singulier a été mis en vente par la maison Aguttes, à Neuilly-sur-Seine.
Estimé entre 40 000 € et 60 000 €, ce lot insolite, « en l’état et sur désignation », permet d’envisager la reconstruction d’une demeure remarquable à l’endroit souhaité avec les nobles matériaux d’époque. Et, par la résurrection des pierres, de faire revivre un patrimoine bâti d’exception. Qui dit mieux ?
L’auteur du roman Des grives aux loups, figure emblématique de la littérature corrézienne, est retourné à la terre à Brive-la-Gaillarde, en mai dernier, à l’âge de 83 ans. Fils d’Edmond Michelet, ministre des armées sous Charles de Gaulle, il avait choisi la terre comme socle de son œuvre et de son existence. Pionnier de ce qui fut appelé « l’école de Brive », il a, mieux qui quiconque, narré l’évolution de la vie rurale, sans fard et sans glorification. Celui qui contractait écrivain et agriculteur en « écriveur », a fini de tracer des sillons dans la page.
Hugo Marsan (1934-2022)
Dacquois adopté par les milieux littéraires parisiens, Hugo Marsan est parti le 18 mai, à l’âge de 88 ans. D’une enfance chétive, ce professeur, critique littéraire et écrivain a fait une force sensible. L’enfant qui admirait sa grandmère cheffesse de gare, grande lectrice devant l’Éternel et fervente défenseuse de l’égalité hommefemme, a puisé dans cette influence les convictions profondes qu’il ne cessa de défendre, notamment dans le magazine homosexuel Gai pied. Son roman le plus célèbre, Le Corps du soldat (1993), interroge avec tact, mais sans peur, les relations entre soldats pendant la guerre d’Algérie. Il plaida, en des temps où le sida faisait rage, pour une solidarité de tous les instants. Défenseur des libertés sexuelles, il était aussi partisan de la forme romanesque, celle qui dévoile le réel pour mieux y vivre avec honnêteté, et dignité.
« Rien n’est stable, sauf le changement »
Le château des Herbiers à Mérignac, coll. part.
L'Abbaye Saint-André - Centre d'art contemporain.
Cl. Damien Raveleau
© Louis Monier
© Ulf AndersenAurimage via AFP
D. R.
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À nos lectrices, à nos lecteurs
Après 13 années sans changement, le prix de vente du festin augmente. À partir du présent numéro, votre revue est vendue 19 €, faisant évoluer le prix de l’abonnement à 69 € pour une année, soit 4 numéros (offre tenant compte d’une remise de 10 %, les frais de port restant à la charge du festin), et 129 € pour deux ans, soit 8 numéros (17 % de remise).
Les conséquences des désordres sanitaires et économiques récents, associées aux exigences environnementales, entraînent une très forte hausse de nos coûts de production. Ces derniers mois, le prix des matières premières a connu une augmentation conséquente : le prix du papier a enregistré, depuis un an, une poussée de plus 50 %, nous conduisant nécessairement, comme toutes les entreprises, à ajuster notre modèle économique.
Ce modèle a également intégré la transition écologique dans laquelle la France est engagée. Pour les envois postaux, la mise sous pli plastique est remplacée par des enveloppes en papier recyclable (surcoût de 45 %). De même, nous utilisons désormais des encres végétales. Ces choix ont des incidences nettes sur l’augmentation des coûts de fabrication et de distribution.
Nous ne transigerons pas avec la qualité du festin que nous vous proposons chaque trimestre. Un contrat de confiance nous unit autant qu’il nous
engage et nous entendons, plus que jamais, remplir l’exigence partagée de contenus de proximité fiables et vérifiés, d’illustrations justes, pertinentes, esthétiques, à même de rendre compte du foisonnement et de la diversité des patrimoines et de la culture, qui vivent, qui se créent, qui se renouvellent, ici, sans cesse, tout autour de nous.
Cette augmentation correspond à l’engagement permanent de celles et ceux qui œuvrent à la conception, à la réalisation, à la fabrication et à la commercialisation de votre revue. C’est toute une chaîne humaine qui se mobilise, tous les jours de l’année, et ce depuis 33 ans, en Nouvelle-Aquitaine, la plus grande région de France : une dimension inédite, à laquelle la revue s’est adaptée l’année dernière avec la création d’une nouvelle formule, plus dynamique et représentative de la mosaïque régionale. Un travail de chaque instant pour faire vivre le Présent au travers des Patrimoines, des Paysages et de la Création.
Des conférences de rédaction à la livraison de votre revue, en passant par les reportages « sur le terrain », les repérages et les échanges constants avec nos partenaires dans tous les départements, la mise en page des articles, l’impression, l’animation de la vente… ce sont des centaines de femmes et d’hommes qui participent au festin, au service des patrimoines et de la création en Nouvelle-Aquitaine, au service des
territoires, à votre service.
Cette course de fond se joue en permanence, un numéro engageant le suivant. S’y ajoutent des efforts identiques accordés aux hors-séries, guides, monographies ou livres de littérature que nous produisons.
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Nous allons continuer à nous adapter, à nous diversifier et à développer de nouveaux produits et rendez-vous, notamment dans le cadre d’un grand projet digital en préparation.
À l’heure où, paradoxalement, les subventions diminuent, le souci de notre association est d’offrir aux lecteurs une revue accessible en termes de prix même si, par la force des choses, nous sommes aujourd’hui contraints de répercuter les coûts, afin de conserver nos marges de manœuvre pour continuer à exister.
Car l’équilibre économique est le garant de notre indépendance et assure la pérennité de votre revue, unique en Nouvelle-Aquitaine.
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Xavier Rosan
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Enluminure du Livre de la chasse de Gaston Fébus, 1387-1388, BnF.
Ce repas champêtre avant la chasse ne manque pas de protocole. À l’ombre des grands arbres, le prince, en habit de cour, et ses seigneurs déjeunent sur une table dressée, les veneurs sur une simple nappe étendue sur le sol. Les aiguières de vin et une gourde d’eau se rafraîchissent dans l’eau d’une fontaine et les chiens de la meute quémandent leur pitance. Retrouvez la solution sur www.lefestin.net dans l’onglet « Revue » à la page du numéro : « en savoir + » !
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