festival du livre gourmand

Page 1

le festin

Extrait de la revue le festin n°120, novembre 2021



édito

Nous l’attendions en 2020… le voilà en 2021… Le salon international du livre gourmand, créé en 1990, change de visage pour cette 16e édition et devient Festival ! Talleyrand aurait dit : « Citez-moi un plaisir autre qu’un dîner qui arrive tous les jours et dure une heure. » La Ville de Périgueux est heureuse de vous proposer, non pas une heure, mais trois jours de plaisirs gourmands, les 19, 20 et 21 novembre 2021. En guise d’apéritif, plongez-vous dans la lecture de la « Petite histoire de la gastronomie à Périgueux », passionnant article de Martine Balout, directrice du patrimoine au service Ville d’Art et d’Histoire de Périgueux, publié dans le festin n° 120. Ce premier Festival du livre Gourmand vous propose un programme Généreux construit autour de l’idée de « lire et écrire la cuisine » : lire les ouvrages de près de 80 auteurs présents, sous l’égide de l’invité d’honneur, le chef Guillaume Gomez ; savourer le Prix La Mazille et le Prix Dame Tartine du jeune public ; découvrir, au sein du théâtre de l’Odyssée, la vitalité des écritures Gastronomiques et la richesse de leurs Graphismes au travers de romans, de bandes dessinées, de livres de recettes, de revues ou des blogs ; rencontrer les auteurs invités dans des grands débats, ou dans l’intimité de master classes et de cafés littéraires. Ce salon du livre constituera une mise en bouche de votre expérience festivalière puisque vous pourrez aussi apprécier le Geste des chefs au travers de démonstrations culinaires… ou vous exercer à leur contact dans des ateliers de cuisine. Évidemment, ce programme vous mettra en appétit et vous donnera envie de goûter à des spécialités dans le Village des saveurs de la place Bugeaud ou sur l’esplanade RobertBadinter. Et, cerises sur le gâteau : des spectacles, une exposition et une célèbre émission de radio seront à déguster… Du produit à l’assiette, du salé au sucré, du savoir au savoir-faire, du culturel au cultural, tous les aspects de la cuisine seront abordés afin de transmettre le Goût aux petits comme aux grands. Du théâtre de Périgueux au Palace, en passant par la médiathèque, des espaces de partage et de découvertes dans l’ensemble de la ville de Périgueux vont vous donner l’eau à la bouche ! Delphine Labails Maire de Périgueux


Petite histoire

de la gastronomie à Périgueux Par Martine Balout,

directrice du patrimoine, service Ville d’Art et d’Histoire de Périgueux

© Atout France-Ooshot-WorldElse

La truffe et le foie gras, piliers de la gastronomie périgourdine.

DORDOGNE

Éloge du pâté de Périgueux

Marie Raulet est le plus ancien artisan fabricant de pâté, le « pâtissier », que l’on connaisse. Il a exercé au début du xve siècle. Sa boutique touchait le cimetière des pauvres de la place du Gras (avenue Daumesnil), face à la collégiale Saint-Front (devenue cathédrale en 1677). Un acte en date du 10 décembre 1407, passé entre le chapitre de Saint-Front, le maire Arnaud de Bernabé et les consuls, confirme ce fait. Les archives municipales mentionnent un serment prêté le 15 novembre 1498 par les pâtissiers de Périgueux devant le maire Jean Chassarel au consulat, alors situé à l’emplacement des halles actuelles, place du Coderc. On n’autorisait pas n’importe qui à pratiquer une profession aussi considérée. Le postulant devait s’engager à exercer son métier « fidèlement, de n’employer que de la chair bonne et vendable dans sa fabrication1 ». Le pâté se présentait comme un récipient en pâte brisée que l’on bourrait de viandes diverses, de volailles, de gibiers, de poissons (d’anguilles en particulier) et que l’on faisait cuire au four pour le manger froid, ou même chaud comme entremet. Le « pâtissier » était alors l’artisan qui, avec la pâte que le cuisinier ou le « chercutier » remplissait de sa préparation, fabriquait des « pâtés ». Progressivement, le cuisinier réalisa à la fois la pâte et la garniture et devint lui-même, entre le xviie et le xviiie siècle, « maître pâtissier ». Aux xvi e et xvii e siècles, l’activité des 1. Archives municipales, Serment du 15 novembre 1498.

4 le festin

Cl. Rémi Philippon

Si le Périgord est réputé pour ses produits gastronomiques, Périgueux l’est tout particulièrement pour ses pâtés. En témoignent les auberges, brasseries ou restaurants qui attirent les gourmets depuis le xixe siècle.


Cl. Rémi Philippon

LA GASTRONOMIE À PÉRIGUEUX

D. R.

Le marché ancestral de la Clautre qui se tient au pied de la cathédrale Saint-Front depuis le Moyen Âge.

Le fameux pâté de Périgueux dans sa version contemporaine.

2. Les calvinistes ont occupé la ville pendant les guerres de Religion de 1575 à 1581. 3. Il est ainsi qualifié dans une chanson d’Élie de Biran publiée après le décès d’Antoine Courtois. Bulletin de la Société historique et archéologique du Périgord, t. VIII, p. 89.

pâtissiers prospérait dans le faubourg de Taillefer. En 1543, Pierre Bertin, ancêtre du futur contrôleur général des finances de Louis XIV Henri Bertin, tenait l’enseigne de l’hôtellerie Saint-Pierre. Quant aux Villereynier, ils perpétuèrent une véritable dynastie en se faisant connaître comme de très habiles pâtissiers, d’excellente réputation. Pierre Villereynier semble avoir innové en confectionnant les fameux « pâtés de perdrix rouges » qui servirent les intérêts de la ville de Périgueux, car ils étaient offerts en cadeau dans le but de se ménager des protecteurs ou de bien disposer les hommes d’affaires. Ils valurent à son descendant, en 1737, le titre de sieur de la Gâtine, pâtissier du Roy. Depuis la libération de Périgueux de l’intrusion protestante2 le 26 juillet 1581, jour de la Sainte-Anne, les consuls offraient un banquet à la population où les pâtés avaient bonne place. Les archives municipales indiquent en outre qu’en 1609, un dîner et un souper destinés aux habitants le jour des élections consulaires occasionnèrent une dépense considérable

de 83 livres et 5 sols. Les vivres ayant malgré tout manqué, on dut aller quérir en toute hâte des pâtés chez les pâtissiers de la ville. Au xviiie siècle, la truffe, perle rare au cœur des chênaies, vint enrichir les productions.

À la table des princes et des rois : gastronomie et diplomatie

Les maîtres pâtissiers périgourdins surent toujours bien tenir leur serment. Le pâté, décrit comme « l’artisan des festins 3 », était célèbre dans l’Europe gourmande. Les pâtissiers l’expédièrent à de nombreuses personnalités : les ducs de Mouchy et de Richelieu, le ministre Bertin, le président du parlement de Bordeaux, l’intendant Tourny… Dès lors, l’envoi des fameux pâtés de Périgueux pour obtenir des faveurs des hommes influents dans l’espoir de garantir l’issue des procès en cours devint une pratique courante… Les pâtés du Périgord, notamment ceux de Périgueux, devinrent au xviiie siècle « le plus cher des entremets » et constituèrent un cadeau nobiliaire réputé. le festin 5


André Noël et Antoine Courtois, les ambassadeurs du pâté de Périgueux

6 le festin

Casanova

Anonyme, Portait d’André Noël, in Alt-Berlin, n°4. Cl. Zentral-Und Landesbibliothek Berlin

Adolph Menzel, La Tablée du roi Frédéric II à Sanssouci (en présence du roi, au centre, et de Voltaire, à droite), h/t, 1850 (détail), coll. part.

La Bombe de Sardanapale, version actuelle.

© Auktionshaus Heickmann KG

4. Lettre de Frédéric II au baron de La MotteFouqué, 19 oct. 1764, dans Gottfried A. Büttner, Mémoires du baron de La Motte Fouqué, général d’infanterie prussienne, dans lesquels on a inséré sa correspondance intéressante avec Frédéric II, roi de Prusse, éd. François de la Garde, Berlin, 1788. 5. Idem. 6. Augustin Cabanès, Folie d’Empereur. Une dynastie de dégénérés : Guillaume II jugé par la science, Paris, Albin Michel, 1915. 7. Frédéric II de Prusse, Correspondance entre Frédéric II, roi de Prusse, et le marquis d’Argens, avec les épîtres du roi au marquis, Nabu Press, 2011. 8. Giacomo Casanova, Histoire de mon existence, 1789-1793.

André Noël était « un homme fort gai qui était le cuisinier unique et très chéri de Sa majesté prussienne »

© Ellen Hinrichs, DLZ

C’est grâce à André Noël, né à Périgueux en 1726, que furent reconnus internationalement les chefs-d’œuvre culinaires des pâtissiers de Périgueux. Devenu maître-cuisinier du roi de Prusse Frédéric II, dit le Grand, en 1755, il lui révéla les délices de la table périgourdine, au point qu’un plat tout simple comme le savoureux chou farci à sa façon, baptisé « Bombe de Sardanapale », enthousiasma le royal convive. Cependant, la correspondance de Frédéric le Grand atteste, dès 1743, que le monarque était friand de ces pâtés, un régal partagé entre prince et rois. « Il aimait les truffes et faisait venir tous les ans un pâté du Périgord 4 », en particulier ceux du pâtissier Antoine Courtois dont il « faisait un cas particulier 5 ». Le roi resta en effet attaché aux pâtés toute sa vie. Un diplomate français révéla qu’à l’approche de sa mort, il ne se nourrissait plus que « de pâtés d’anguille et de Périgueux 6 ». En 1761, Frédéric II, toujours satisfait d’André Noël, signalait au marquis d’Argens que son cuisinier était « en état de contenter l’épicurien le plus gourmet de l’Europe 7 ». Chaque jour, après le petit-déjeuner, le roi et son cuisinier s’entretenaient pour établir le menu du repas de midi et choisir ceux qui seraient chargés de sa préparation. Le Périgourdin rencontra Giacomo Casanova en 1764, lors d’un séjour à Berlin. Ce dernier garda le souvenir d’un « homme fort gai qui […] était le cuisinier unique et très chéri de Sa Majesté prussienne […] 8. » Il le qualifiait « d’Officier de bouche ». Cependant, la réputation d’Antoine Courtois (1727-1802), originaire de Montbéliard, éclipsa rapidement celle de ses prédécesseurs. Il s’installa très jeune à Périgueux au 7, rue Limogeanne : ses initiales sont encore inscrites dans l’imposte de la porte en fer forgé. À l’intérieur d’une des caves de la demeure subsistent des éléments de son laboratoire de travail : le four où il cuisait ses fameux pâtés, et le


Cl. Rémi Philippon

Cl. Bernard Dupuy

Imposte de la maison d’Antoine Courtois, 7, rue Limogeanne.

Terrine en faïence Antoine Courtois, musée d’art et d’archéologie du Périgord, don de M. et Mme Fawcett, 2009. Maison Tenant, dite du « pâtissier » Guillaume Franconi, place Saint-Louis.

Cl. Rémi Philippon

Laboratoire d’Antoine Courtois, 7, rue Limogeanne.

le festin 7


Cl. Bernar

d Dupuy

© Archives départementales de la Dordogne - cote 11 Fi 95

Édouard Lormier, Buste de Jean-Camille Fulbert Dumonteil, musée d’art et d’archéologie du Périgord. Une rue de Périgueux porte le nom de cet écrivain gastronomique, disciple de Brillat-Savarin, dont le Périgord gourmand célèbre notamment le « pâté historique ».

RENOMMÉE GASTRONOMIQUE Dans sa Physiologie du Goût publiée en 1826, le célèbre gastronome Brillat-Savarin (1755-1826) évoque, lors de son éloge des truffes du Périgord, un souper avec une dame de la haute société parisienne à la fin du xviiie siècle, reprenant les mots de cette dernière à propos du plat principal : « Notre souper, assez léger d’ailleurs, avait cependant pour base une superbe volaille truffée. Le subdélégué de Périgueux nous l’avait envoyée*. » Ces présents alimentaires étaient particulièrement appréciés et demeuraient toujours, au début du xixe siècle, un élément important dans la représentation et la définition des spécialités régionales. À travers les dons de pâtés de Périgueux, de dindes et de chapons truffés, se façonnait déjà une image et une belle réputation de la gastronomie régionale. * Jean Anthelme Brillat-Savarin, Physiologie du goût, ou Méditations de gastronomie transcendante, Paris, A. Sautelet, 1826.

8 le festin

Eugène Ogé, Publicité pour des pâtés truffés de Périgueux, imp. H. Laas, E. Peca.

passage pour un monte-plat que le traiteur avait fait pratiquer en sacrifiant une voûte d’arêtes. À son décès à l’âge de 75 ans, le 14 avril 1802, sa fille Madeleine Baudin, qui jouait également les rôles de collaboratrice et de confidente, poursuivit ses fabrications. Courtois était le fournisseur attitré des consuls de la ville. Dans son ouvrage La Gastronomie, ou l’homme des champs à table, publié en 1803, Joseph Berchoux lui rendit un hommage des plus flatteurs : « Si le Périgord doit une grande partie de son illustration aux truffes qu’il produit, il faut l’avouer, et le Périgord et les truffes elles-mêmes doivent la plus grande renommée aux talents de Courtois. C’est lui qui leur fit valoir tout ce qu’elles valent 9… » Les belles terrines en faïence du pâtissier sont conservées au musée d’art et d’archéologie de Périgueux. Guillaume Franconi, célèbre maître pâtissier d’origine italienne, officiait dans la fameuse maison dite « du Pâtissier » place Saint-Louis, où se trouve aujourd’hui le marché aux truffes entre les mois de novembre et de février. La réputation du pâté de Périgueux était si importante que lorsque l’écrivain François-René de Chateaubriand passa dans la ville le 22 juillet 1829, il en vanta aussitôt les mérites dans ses Mémoires d’outretombe : « À Périgueux, les perdrix dans leurs tombeaux de faïence ne chantaient plus de différentes voix comme au temps d’Aristote 10. »

Débuts de l’industrialisation de la gastronomie régionale

L’invention en 1810 du procédé de conservation Appert par la chaleur entraîna une évolution du métier de pâtissier. La pâte, d’abord remplacée au cours des ans par les fameuses terrines en faïence, fut peu à peu supplantée par la boîte en fer banc. Le Congrès scientifique de France, qui se tint à Périgueux en mai 1876, s’intéressa aux nombreuses usines de pâtés truffés. Les produits, universellement connus, confirmaient la suprématie des pâtés de Périgueux. Ainsi Lasalvetat père, qui fabriquait des pâtés en son hôtel du Cheval blanc, rue de Bordeaux, fut-il le premier à les mettre en conserve entre 1840 et 1850. Dans le faubourg Saint-Martin, les frères Laforest ouvrirent en 1860 une usine de conserves de truffes avec pour devise : « Le docteur recommande, le gourmet exige » ! Le fabricant Bardon, rue de la Clarté, avait le privilège d’effectuer des envois à plusieurs cours d’Europe – Munich, Athènes, Saint-Pétersbourg, le prince d’Angleterre –, ainsi qu’aux ambassades, aux ministères et aux consulats, et contribua également aux approvisionnements de la marine.

9. Joseph Berchoux, La Gastronomie, ou l’homme des champs à table, pour servir de suite à l’« Homme des champs » par J. Delille, Paris, 1803. 10. François René de Chateaubriand, Mémoires d’outre-tombe, t. IV, imp. de J.-G. Lardinois, Liège, 1850, p. 244.


L’Histoire par le menu des auberges de renom

11. Darra Goldstein, « Russia, Carême and the Culinary Arts », dans The Slavonic and East European Review, oct. 1995, p. 691.

Grand hôtel de l’Univers, ancien hôtel particulier d’Aydie, xviiie siècle, devenu hôtel de Ville en 2013. © Coll. Ville de Périgueux-Médiathèque

La renommée de Périgueux pour la qualité de sa bonne chère et le prestige de ses chefs s’amplifia sous l’Ancien Régime. Cette réputation ne se démentit pas au xixe siècle : afin de bien repérer les lieux des plaisirs de la table, le préfet fit placer une lanterne devant leur porte, dès 10 heures du soir en hiver et à 11 heures en été. L’auberge Chez la Blonde, au bas de la place Francheville, à l’angle de la rue de la Cité (à l’emplacement de l’actuelle pharmacie Reydy), était fréquentée durant toute la première moitié du xixe siècle par la jeunesse intellectuelle de Périgueux qui venait y célébrer le culte de la bonne chère et savourer les succulents plats, dont le fameux poulet sauce « rouilleuse ». À la même époque, l’hôtel le plus pres­ ti­g ieux où descendaient les visiteurs de marque, tel Eugène Delacroix le 16 septembre 1855, était celui de l’Univers, rue de Bordeaux (actuel hôtel de Ville) avec un restaurant très raffiné tenu par le cuisinier Jules Simon. Le Chêne Vert, à l’angle des rues Taillefer et Chancelierde-l’Hôpital était aussi fort réputé. Mais la table la plus recommandée était celle de l’hôtel Mouyanne, rue Chancelier-del’Hôpital, où le chef Gibert aurait été formé par Marie-Antoine Carême (1784-1833), déjà reconnu comme « le roi des chefs et le chef des rois 11 » par ses contemporains. Louis Didon ouvrit, en 1883, l’hôtel du Commerce et des Postes, 8 place du IV-Septembre, près de l’arbre de la Liberté. Dès 1898, ce grand cuisinier, préhistorien et passionné d’archéologie, retrouva à la suite de longues recherches la recette exacte des pâtés de Courtois et le modèle d’une des terrines qui les contenaient. De chaleureux banquets étaient alors organisés dans ses salons où abondaient le saumon, le suprême de dinde, le filet de bœuf sauce Périgueux et le pâté de foie gras, le tout arrosé de bonnes bouteilles de vins. Il avait également imaginé la construction d’une halle en verre et en fer, sur les modèles parisiens, pour abriter le marché aux truffes de Périgueux de la place Saint-Silain.

Menu du cercle de Philologie, société littéraire située au 1, rue Eguillerie, ancien hôtel de Lostange du xviiie siècle, aujourd’hui Société Générale, coll. Ville de Périgueux / Médiathèque.

le festin 9


Le Grand hôtel du Périgord, à côté du palais de Justice, et l’hôtel de France, près du grand magasin Aux Nouvelles Galeries (actuel Monoprix), tout comme La Boule d’Or et Le Domino, place Francheville, ont contribué au renom de la gastronomie périgourdine. Le prestige de leurs chefs avait déjà traversé les frontières. Pour le repas de noces d’un membre de la famille Rothschild, célébré à Londres en 1857, on servit, parmi les cinquante plats du menu, des chapons truffés « à la Périgueux » et des truffes au champagne. Le Buffet de la gare était également une table connue et appréciée des voyageurs.

Excellence sur table

D. R.

Intérieur de la salle à manger de l’hôtel de France, décorée par une fresque inspirée par les peintures de Lascaux, coll. part.

D. R. .

Le restaurant del Pozzo faisait le lien entre l’ancienne ville médiévale et les boulevards, à l’angle de la rue des Chaînes, coll. part.

D. R

Les cordons-bleus portant jupes et corsets ont également assis la réputation de la bonne cuisine ancestrale périgourdine, proposant pâtés de perdrix, ragoûts de sang de volaille, tourtières aux salsifis et fricandeaux, perdreaux, bécasse et lièvres à l’ancienne. Andrée Mallet-Maze, dite « la Mazille » (1891-1984), publie d’ailleurs le premier livre consacré à la cuisine de ce terroir, composé des recettes familiales transmises par les femmes de génération en génération. Le Bar-restaurant de la Truffe, tenu jusqu’en 1949 par les frères Beau, place du Coderc, recevait jusqu’à cinquante personnes les jours de marchés, tout comme Le Relais, cours Fénelon. Les repas débutaient toujours par une soupe de haricots ou un tourin blanchi12 avec le traditionnel chabrol. Suivait le plat de résistance : soit une viande, soit une volaille, et parfois un fromage de chèvre provenant de la production d’un paysan de la région. Les cochons se faisaient en confit, cuits dans de grosses marmites en fonte, et les quartiers de viande étaient ensuite conservés dans des pots de grès emplis de graisse d’oie.

Cl. Rémi Philippon

12. Soupe à l’ail.

Restaurant Hercule Poirot, anciennement Le Tournepiche, au 2, rue de la Nation.

10 le festin


© Collection Distillerie du centre

Les liqueurs dites « hygiéniques » tenaient une place très importante à la fin des repas

D. R

Le réveil Quinquina, boisson aux truffes du Périgord, coll. part.

Le renouveau du pâté en croûte

Dans la deuxième moitié du xxe siècle, trois artisans ont fait renaître le pâté en croûte en associant leurs savoir-faire : le charcutier Daniel Mazières pour la farce, le pâtissier Serge Mesnard pour la pâte, et le chef Francis Delpey pour la mise en forme. En 1975, renouant avec la tradition gastronomique d’antan, le charcutier Mesnard de la rue Limogeanne eut l’idée de créer une Confrérie des Maîtres pâtissiers. Elle se perpétue jusqu’à ce jour grâce à Francis Delpey, son quatrième président, véritable artisan des saveurs du xxie siècle et ambassadeur de la gastronomie. Les confrères portent robes et toques aux couleurs de la ville, comme au Moyen Âge, lors d’événements organisés autour de ce beau produit. •

D. R.

.

Affiche publicitaire de la liqueur La Gauloise, 1906.

Vers les années 1950 la cuisine devint plus élaborée, comme Chez Delpey, rue Taillefer. Plusieurs établissements s’imposèrent, tels Le Lion d’Or, le restaurant chic de Périgueux, ou l’hôtel Fénélon, qui proposait de délicieuses omelettes aux truffes, des langoustes grillées et des truffes sur cendres. La rôtisserie de la rue de la Sagesse, Chez Nini, était quant à elle réputée pour le gibier : les bécasses, les perdreaux et les lièvres cuisinés à l’ancienne. Par ailleurs, les liqueurs dites « hygiéniques » tenaient une place très importante à la fin des repas, comme la Messine, le Bitter Sécrestat et surtout La Gauloise, produite à Périgueux dès 1783. Elle obtint une médaille d’or à l’Exposition universelle de Paris en 1889 et, summum de reconnaissance, fut déclarée hors concours à celle de 1900 ! Proche de disparaître à la fin des années 1960, la liqueur retrouva ses lettres de noblesse à Limoges, grâce à la volonté d’Henri et Pierre Nouhaud, propriétaires de la distillerie du Centre. Le produit de la double distillation de plusieurs plantes – angélique, millepertuis, cardamome, génépi, noix de muscade, clous de girofle – était mélangé à du Cognac et du sirop de sucre, avant de vieillir lentement en fût de chêne du Bordelais. Aujourd’hui, la liqueur se déguste aussi sous forme de délicieux cocktail.

Elle accompagne parfaitement le « nouveau pâté » de Périgueux qui s’est entre-temps démocratisé, avec des ingrédients d’origine aussi noble et des proportions similaires à celles du pâté en croûte d’autrefois.

Médaille de la confrérie du pâté de Périgueux.

À lire . Henri Deffarges, Histoire du foie gras.

La Truffe et son mystère à travers les âges,

Thiviers-en-Périgord, Virmouneix, 1973. . Fernand de La Tombelle, Les Pâtés de

Périgueux, Périgueux, éd. P. Fanlac, 1990. . Philippe Meyzie, « Les cadeaux alimentaires dans le Sud-Ouest aquitain au xviie siècle :

sociabilité, pouvoirs et gastronomie », dans

Histoire, Économie & Société, vol. 25, 2006.

le festin 11


om pid ou eo rge sP

18

13

a

rue

Wil

son

ch

avenue Daumesnil

zy

an Ch

co

urs

ne

rue Littré

2

6

8

5

7

C ité rue de la

9

y

10

17 Place Francheville

11

21

Mi

15 16

Tourn

es S aum and e

ent

20 cours

eorg

sid

va rd

Pré

ul e

du

bo

rue

4

Mo

bett

12

lon

bd G

Gam

19

e a ve nu eG

14

go

el

pin Pa nis De rue

rue

r Hu

i gn

1

Victo

nta

rue

D6

02

3

rue Claude Bernard

1

L’Isle

THÉÂTRE DE PÉRIGUEUX ET ESPLANADE BADINTER Vendredi, samedi, dimanche 19, 20 et 21 novembre de 10 h à 19 h (entrée libre et gratuite) • Salon du livre et dédicaces : près de 80 ouvrages et revues à découvrir, à acheter auprès de nos libraires partenaires. • 7 démonstrations de cuisine de chefs, 3 grands débats, 50 rencontres ou master classes. • Cabinet de curiosités : sélection de revues originales et de sites Internet. • Espace jeunesse : ateliers, coin lecture. • Truffière. • Espace Chambre d’agriculture : ateliers et dégustation. • Émission « On va déguster » en direct – dimanche 20 à 11 h. VILLAGE DES SAVEURS – PLACE BUGEAUD Vendredi, samedi, dimanche 19, 20 et 21 novembre de 10 h à 19 h • 13 ateliers de cuisine avec des chefs (1 h, sur réservation, 25 €). • Stands et espace Chambre des métiers et filières de production. MÉDIATHÈQUE PIERRE-FANLAC Vendredi 19 et samedi 20 novembre – de 10 h à 18 h (entrée libre et gratuite) • Exposition de l’artiste cheffe Debora Incorvaia. Vernissage en présence de l’artiste – samedi 20 à 12 h 30. • Film documentaire Honeyland la femme aux abeilles – vendredi 19 à 18 h 30. • Dictée gourmande – samedi 20 à 14 h 30. • « Goûtez au patrimoine culinaire » – samedi 20 à 16 h. MAISON D’ARRÊT DE PÉRIGUEUX Vendredi 19 novembre • Concours de cuisine en présence de l’invité d’honneur Guillaume Gomez. • Rencontre littéraire.

1 Gare, 11 rue Denis-Papin

2 Vesunna site musée gallo-romain, rue du 26e Régiment-d’Infanterie 3 Temple de Vésone, parc de Vésone, 3 rue Claude-Bernard 4 Musée d’Art et d’Archéologie, 22 cours Tourny 5 Musée Militaire, rue des Farges 6 Centre Culturel de la Visitation, 5 rue Littré 7 Tour Mataguerre, rue de la Bride

8 Cathédrale Saint-Front, place de la Clautre

9 Église Saint-Étienne de la Cité, place de la Cité J Office de Tourisme, 9bis place du Coderc

K Jardin des Arènes, 9 boulevard des Arènes

L Parc Gamenson, 30 rue Bacharétie M Palais de Justice, 19 boulevard Michel-Montaigne N Maison d’Arrêt, 2 place Beleyme O La Poste, 1 rue du 4-Septembre

P Théâtre de Périgueux, esplanade Robert-Badinter Q Place Bugeaud

R Théâtre Le Palace, 15 rue Bodin

S Médiathèque Pierre-Fanlac, 12 avenue Georges-Pompidou T Hôtel de Préfecture, 2 rue Paul-Louis-Courier Maison du Pâtissier, 2 rue Saint-Louis

EN VILLE Samedi 20 à 11 h 30 – Découverte des plantes sauvages. THÉÂTRE DU PALACE Samedi 20 novembre à 16 h 30 et 20 h 30 Spectacle « Sacré salé sucré » de Stéphanie Schwartzbrod (15 €). SALONS DE LA PRÉFECTURE Samedi 20 novembre à 18 h 30 Concert-dégustation « In vino musica », par la Chapelle Harmonique (30 €).

Toute la programmation sur livre-gourmand.com


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.