Rha-Magazine 2018

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Directrice de la publication - Rédactrice en Chef

Le chaînon inébranlable, intemporel et sacré de Mama Africa Jamais nous ne cesserons de brandir ce leitmotiv désormais connu de tous, « La femme noire est l’histoire ! ». Et c’est une histoire fabuleuse que Reines et Héroïnes d’Afrique Magazine vous comptera encore dans ce nouveau numéro. C’est une histoire d’engagement, de témérité, de passion, mais aussi d’insoumission. Car voici que se dresseront au-devant vous des portraits de femmes noires qui ont marqué leur époque et les générations à venir de par leur bravoure et leur volonté de changer ce monde qui nous entoure. Un monde qui trop souvent les aura reléguées au rang d’esclaves soumises et de cornes aux sons éteints. Si pendant trop longtemps l’Afrique a été témoin de convoitise en tout genre et d’actes d’humiliation, nous, rédactrices dévouées de RHA-Magazine,

vous présentons aujourd’hui l’antithèse d’une Afrique chétive et nonchalante, et déployons pour vous le paysage d’une Afrique combative et défensive. Et c’est à travers les reines de notre histoire que nous apprendrons que Mama Africa est en réalité une guerrière infatigable, une combattante digne d’éloges. Et s'il fut un temps où elle portait le titre de Reine-mère, ce n’est pas tant à cause de sa maternité célébrée depuis que le monde est monde, mais bien à cause de ce caractère sacré du féminin divin. Elle qui fut la bien-aimée et la messagère des dieux de nos multiples et riches cosmogonies, elle semble se révéler à travers le temps par des protagonistes envoyées de l’au-delà. Tel un chaînon inébranlable, elle renaît pour combattre l’apartheid ou tenir ferme face aux traitres de ses aïeux. Qu’on l’emprisonne ou qu’on lui oblige à se taire, elle demeure le logos envoyé pour libérer les captifs de Kama. Qui d’autre que Mama Africa en personne soutint corps et âme les héros des indépendances africaines ? N’a-t-elle pas défié le paternalisme étranger et si loin du matriarcat instauré depuis les temps anciens ? Face à des femmes et des hommes pris aux pièges des idéologies exogènes à notre terre-mère, elle se révèle la détentrice du feu sacré et des lois matrilinéaires. D’ailleurs son génie ne saurait laisser de marbre, quand bien même il s’élèverait des bidonvilles de Kampala. C’est aussi parmi le peuple bantou, nombreux et légendaires, qu’elle nous apporte la connaissance et brise le silence des faussaires de notre histoire. Aujourd’hui encore Mama Africa ne cesse de nous rappeler notre identité réelle, comme à travers cette tignasse longtemps rejetée mais désormais sacralisée, voire imitée. C’est cela la magie des femmes noires de notre histoire ! Elles sont non seulement l’histoire, mais elles la perpétuent en l’écrivant au présent… Mon équipe de rédaction et moi-même vous souhaitons un merveilleux moment dans l’univers majestueux des Reines et Héroines d’Afrique. Et ne l’oubliez jamais : la femme noire est l’histoire… 1


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Elle aurait vécu entre 1450 et 1530 de notre ère et fut communément appelée "Idia ne Iye Esigie". La reine Idia était la mère d'Esigie, l'Oba (le roi) du Bénin qui régna de 1504 à 1550. Elle joua un rôle très important dans la naissance et le règne de son fils. Guerrière redoutable, elle combattit sans relâche avant et pendant le règne de son fils en tant qu'Oba du peuple d'Edo.

Par Natou P. Sakombi

Quand l’Oba Ozolua mourrut, il laissa deux fils puissants qui se disputèrent le titre d’Oba. Son fils Esigie contrôlait Benin City tandis qu'un autre fils, Arhuaran, était basé à Udo, une ville toute aussi importante située à une vingtaine de kilomètres. Idia mobilisa alors une armée autour d'Esigie, qui put vaincre Arhuaran. Esigie devint donc le 16ème roi du Royaume du Bénin. Le roi fut très reconnaissant envers sa mère Idia pour les victoires obtenues. Ses conseils politiques, ainsi que ses pouvoirs magiques et médicinales étaient considérés comme des éléments essentiels du succès d'Esigie sur le champ de bataille. C’est ainsi qu’Idia devint la première Iyoba (Reine Mère) du Bénin sur la décision d’Esigie, qui lui fit habiter dans l'EguaeIyoba (Palais de la Reine Mère). Outre son rôle de procréatrice et de gardienne de la famille et de l'état, certains historiographes de tendance africaniste aiment à souligner les rôles simultanés d'épouse royale et de mère de l’Iyoba Idia, ce qui pourrait sous-entendre une acception incestueuse de la notion de Reine-Mère. Il est essentiel de comprendre que si Esigie opta personnellement pour le choix de ces deux rôles d’épouse royale et de reine-mère, il s’agissait avant tout d'honorer et de récompenser sa mère de son vivant selon une symbolique bien particulière. Afin de saisir la raison, il faut impérativement faire une distinction claire entre l’occupante du bureau politique de l’Iyoba et le fait d'être l’iye oba (la mère d'Oba), même si cette distinction peut sembler sans importance puisque l'occupante du bureau est forcément la mère de l'Oba. En effet, la convergence des deux rôles rend difficile leur séparation, mais il existe pourtant une différence radicale. La création du titre d’Iyoba devait entrer dans la réalité des contraintes et conditions sociopolitiques de l'époque. Etablir un bureau politique pour l’Iyoba, également composé d’un tribunal de chefs et d’une suite, entraînait une modification constitutionnelle du système politique antérieur ou ancien car son occupante devenait la mère de la nation, un titre qui n’existait pas encore.

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Et les pouvoirs politiques qui étaient dévolus à cette fonction n'étaient pas parallèles ni même égaux au pouvoir de l'Oba, qui en était le créateur, car l'autorité morale, sociale et spirituelle de la mère l'emportait sur celle de sa progéniture. L'Omo (l'enfant) est subordonné au parent. Ainsi, si l'Oba était l'incarnation spirituelle du peuple Edo du Bénin (d’ailleurs considéré comme l'Oba n'Osa, à savoir l’Oba-dieu pour ses sujets ou l'Uku Akpolokpolo, le puissant qui gouverne), l'Iyoba était Iy'Oba n’Osa, c’est-à-dire la mère de l'Oba qui est dieu pour ses sujets). Notez que sur ce schéma, aucun père n'existe!

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Le bureau de l’Iyoba occupait donc une position d'autorité morale suprême et de pouvoir. Et bien que cette dernière remplaça l’Oba en vertu de son pouvoir maternel, cela ne menaçait ni ne minait les pouvoirs politiques de ce dernier. Au contraire, cela les étayait et les renforçait. Le bureau de l’Iyoba pouvait être considéré comme le centre politique et moral de l’Oba, et garantissait sa sécurité dans la politique turbulente du royaume. Cependant, pour que tout ceci fonctionne de manière constitutionnelle, la maternité d'une iya oba devait être « transformée » et radicalement reconstituée au niveau supranational de sorte que l'occupante du bureau ne soit plus un simple individu lié personnellement à l’Oba. Cette transmutation était nécessaire parce que la personne simple qu’était sa mère n'existait plus, elle était morte rituellement, mais reprenait vie dans un état divin pour exister en tant qu'âme de la nation. Bien souvent, les Africanistes échouent dans leur description de la relation entre la reinemère (l'Iyoba) et le roi (l'Oba) car ils demeurent trop étroitement liés au mode de pensée occidental (...) Cette épistémologie occidentale manque souvent d’analyser correctement le symbolisme spirituel derrière les rituels africains et les rites d'initiation et de gouvernance, attribuant faussement des relations d'ordre incestueux voire homosexuel là où il n'en est nullement le cas. L'accession politique d'un oba ouvrait donc la voie à la divinité, et sa mère, si elle était vivante, subissait une transformation similaire pour continuer à nourrir l'âme de la nation. Ainsi, lors de son accession au pouvoir, une Iyoba se métamorphosait en un état fluide et sans limites dans lequel elle assumait, incarnait et devenait l'histoire collective des occupants passés du bureau, de la mère spirituelle de l'Oba et de tout le peuple Edo. Créer le bureau de l'Iyoba, était peut-être une manière pour Idia et l'Esigie d'inscrire constitutionnellement et centrer l’Erinmwide, le composant d'Edo, dans la fabrication de la deuxième dynastie. Et quelles que soient les implications, les bureaux futurs seront créés sur base des qualités que l'Idia aura apportées au gouvernement. Cette clarification est importante non seulement parce qu'elle permet de saisir la vision philosophique du monde africain en général sur la question du matriarcat, mais aussi parce qu'elle explique pourquoi les occupants du bureau ne devaient pas être représentés comme des «reines mères». Et ce qu’il faut surtout saisir, c’est que leur identité d’épouse royale (de reine) obligeait l'institution de rituels transformant un iye oba en Iyoba, car l'état d'épouse « normale » introduisait une notion incestueuse inacceptable entre l'Oba en tant qu '«âme de la nation» et l’Iyoba en tant que «mère de la nation» et cela ne fait pas partie de la transcendance spirituelle et de la conceptualisation divine de Iy'Oba n'Osa (la mère de l'Oba qui est dieu à ses sujets). Bien souvent, les Africanistes échouent dans leur description de la relation entre la reine-mère (l'Iyoba) et le roi (l'Oba) car ils demeurent trop étroitement liés au mode de pensée occidental qui est empirique, suprématiste, masculin, sexualisant les relations sociales et servant à sécuriser l'idéologie du genre. Cette épistémologie occidentale manque souvent d’analyser correctement le symbolisme spirituel derrière les rituels africains et les rites d'initiation et de gouvernance, attribuant faussement des relations d'ordre incestueux voire homosexuel là où il n'en est nullement le cas.

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Nous avons créé l’association des perles d’ici et des perles de là-bas dans le but précis de valoriser les femmes. Nous sommes une association à but humanitaire non lucratif engagée dans le bien-être des femmes du monde. Pour nous, la notion de bien-être est un ensemble de choses dont nous avons besoin pour vivre telle que la santé ou l’argent, pour satisfaire les besoins matériels, le temps pour les loisirs les relations affectives saines.

Partenaire de RHA

Etant donné que le concept de bien est subjectif, le bien-être représente de nombreuses choses selon les personnes : pour certaines personnes de bien-être passe par l’économie, comme par exemple avoir une belle voiture ou un très beau téléphone, tandis que pour d’autres le bien-être passe par la spiritualité, c’est-à-dire être en accord avec soi-même, avec Dieu et ses semblables. Ceci dit le bien-être est l’état général d’une personne permettant le bon fonctionnement de son activité psychique et somatique, et ,à ce titre il est dit que la santé mentale est un état de bien-être permettant à chacun de réaliser son potentiel et de faire de son mieux au travail en famille et en société.Pour venir en aide aux « perles du monde » nous souhaitons leur faciliter l’accès à ces différents états de bien-être. Pour nous, chaque femme est une perle précieuse, et c’est ainsi que nous les appelons au sein de l’association « Des perles d’ici et des perles de làbas» La perle est douce et féminine comme le nacre, elle procure apaisement et bien-être. D’ailleurs, la médecine hindoue l’utilise toujours en poudre pour raviver l’énergie, car en Orient on lui attribue des vertus en lien avec la fécondité.

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Nous agissons ici pour « les perles d’ici » en organisant diverses activités (conférences, sorties, repas, etc...) en mettant en place des partenariats avec des professionnels du bien-être afin de permettre aux membres adhérents de l’association d’obtenir des avantages. Pour devenir membre de l’association, il faut adhérer à celle-ci en payant une cotisation mensuel, trimestriel ou annuel (cette cotisation s’élève à 4 euros par mois ). Une carte de membre est également octroyée pour participer à tous nous évènements sur sa simple présentation. Objectif principal : nous agissons « là-bas » en apportant divers matériaux médicaux favorisant la grossesse et l’accouchement et en créant et rénovant des infrastructures pour en faire des centre PIPDL afin de permettre « aux perles » de sortir de la précarité, tout en les formant à différents métiers pour leur assurer un avenir et accéder à l’autonomie économique! Et enfin nous agissons « ici et là-bas » pour les perles d’ici et là-bas en mettant en place une réelle correspondance entre elles par divers moyens . « Une femme est l’amour la gloire et l’espérance aux enfants qu’elle guide à l’homme consolé les elle eleve le cœur et calme la souffrance comme un esprit des cieux sur la terre exilé » Gérard de nerva


par Zoé Ndiaye

« Entre le Sacré Suprême, inaccessible de façon directe, et l’Homme, s’étend tout un Sacré médian qui prend source et appui dans le Sacré Suprême[...]» Telle est la définition donnée par le grand érudit malien Amadou Hampaté Bâ des systèmes spirituels africains conjuguant un Dieu créateur de l’univers avec des entités, divinités ou autres intermédiaires au pouvoir divin. C’est dans l’univers des divinités féminines, des Reines et Héroïnes spirituelles d’Afrique, que nous vous emmenons. Conscients que le sujet de la spiritualité est un sujet sensible et soumis à de nombreuses interprétations, nous présenterons notre propos non pas comme une vérité mais comme une analyse possible. Ici, nous illustrons brièvement le phénomène «divinité féminine» comme étant une représentation anthropomorphique d’une force divine réelle, vivante et qui a pour mission de réveiller l’étincelle sacrée logée en chacune des femmes ainsi que de rappeler l’importance de l’énergie féminine dans les fondements de la société. 7


Le culte des divinités féminines est chère à nos traditions spirituelles africaines. Qualifiées à tors de polythéisme, ces systèmes religieux ont pour spécificité la présence d’un Dieu créateur du cosmos, qui est assisté dans sa tâche par des entités créées par lui-même et agissant sur le monde des Hommes. Qu’il s’agisse, d’Amon Ra pour les Kemet, de Maa Ngala (maitre de tous) pour les Bambara, de Gueno (l’Eternel) pour les Peuls ou encore Olodumare chez les Yoruba, l’énergie suprême s’est vu partager, diviser, laissant place à des énergies divines singulière et identifiable. On pourrait analyser les divinités comme étant des manifestions, des émanations du Suprême et non comme des entités existantes indépendamment de lui. On parle de divinité parce qu’on dote l’énergie divine d’une nature sexué, d’une personnalité, d’un nom, de préférence de gouts et d’un élément de la nature.

Au sein des cosmogonies africaines, on dénote la présence de nombreuses divinités féminines qui ont pris une part active dans l’organisation du monde. Il est intéressant de voir que malgré la diversité des traditions spirituelles, des mythes cosmogoniques, on retrouve des similitudes dans les représentations des divinités féminines en ce qu’elles incarnent. Ainsi, les caractéristiques d’Hathor, divinité de Kemet (bassin égyptien) font écho aux caractéristiques d’Oshun, divinité Yoruba, ainsi qu’à Atete divinité du peuple kafa en Ethiopie. Elles ont la particularité d’incarner l’amour, la fertilité et la beauté et il en est de même pour Yemoja (yoruba), Isis (kemet) et Imana (hutu, tutsi) qui sont présentées comme les figures maternelles par excellence et protectrices des femmes et des enfants. On observe également au sein des panthéons la présence d’une Mère universelle qui est la synthèse de toutes les divinités féminines et qui représente l’esprit et le pouvoir féminin dans son essence. C’est le cas de Nana du peuple Ewe, de Neith en Egypte et Asase chez les Ashanti.. 8

qui sont présentées comme des divinités primordiales , les Mères de tous, au caractère bien affirmé. Les corrélations de divinités, que l’on retrouve de part et autre du continent africain illustre la capacité des êtres à identifier et appréhender des énergies universelles et d’en adapter les représentations et les histoires mythologiques, selon les contextes culturels auxquels ils appartiennent. En se penchant sur la diversité des divinités au sein d’un panthéons on comprend qu’elles symbolisent les différentes étapes du cycle de vie, des évènements majeurs de la vie des femmes et par extension celle des hommes. Ainsi, on retrouve des divinités représentant la fertilité, les relations de couple, la grossesse, la maternité... Mais également des phénomènes plus larges comme la mort (Amokye chez les Ashanti), la guérisons, (Ashiaklé du peuple Gan)... Les personnalités de ces dernières sont également variées (douces, aimantes, patientes, maternelles, guerrières, féroces...) l’ensemble des divinités couvrant ainsi l’ensemble des traits caractériels possibles.

Il n’y a donc pas de qualités affiliés aux divinités


qui ne soient pas révélées aux femmes; en dehors de quelques pouvoirs surnaturels, les domaines de vie et les traits de personnalit sont ceux que l’on retrouve sur terre. On peut donc voir le mythe comme une allégorie de la société, il est le reflet de ce que la société pense d’elle-même et les divinités comme le reflet de la nature et des capacités des Hommes. Dans cette optique, il s’agit de voir la divinité féminine comme le miroir des qualités que nous avons en nous. En somme, elles représentent des énergies divines dont les caractéristiques sont poussées à leur paroxysme. Elles sont donc des archétypes, des modèles de représentation. Le chemin spirituel est alors vu comme la méthode pour développer les énergies dites divines dont nous sommes tous porteurs afin de s’approcher, fusionner avec le sacré. La barrière entre le sacré et le profane n’est donc pas une frontière délimitée et immuable selon ces traditions africaines, mais comme une frontière poreuse. Ce continuum du sacré féminin, s’étendant de la divinité à la femme terrestre, s’exprime souvent dans les qualificatifs que certaines traditions donnent aux vieilles femmes, celles que l’on considère comme sages, celles qui ont derrière elles un long chemin spirituel. Selon les Yoruba, le terme qui désigne à la fois les divinités (Orisha) et les femmes âgées est : «awon iya wa» signifiant «nos mères». Pour les Senoufo, les termes «Maleo» et «Katyleleo» sont employés pour les entités divines protectrices et nourricières, mais aussi pour les matriarches. «Maleeo» signifiant «Ancienne mère» et «katyleeo» «Ancienne femme». Ces exemples montrent bien que la force féminine est transcendantale et que l’esprit, le corps et la parole de la femme sont sacrés. Si la divinité est un reflet de notre force divine intérieure, les actes cérémoniels qui lui sont affiliés ont donc pour vocation de faire prendre conscience de la place de l’énergie féminine au sein de la société et d’en mesurer sa noble nature. Mais surtout, ces actes permettent de cultiver, renforcer ces énergies en ce qu’elles ont de singuliers et de tout accompli. Par un effet réflexif, ce qui est offert aux divinités: offrandes, prières, célébrations le sont également pour nous-mêmes. En rendant culte à ces représentations , nous rendons culte à notre pouvoir féminin. Subtile manifestation de nos forces, la divinité femme par son expression corporelle laisse une empreinte dans nos psychés. La représentation anthropomorphique illustrant cette quête incessante de l’Homme à traduire l’invisible en perceptible afin de s’élever spirituellement. La divinité féminine incarne de ce fait les pouvoirs spirituels que nous pouvons atteindre. Par les évènements qu’elle représente et par sa personnalité, elle renvoie aux rôles multiples que jouent les femmes au développement de l’humanité. Enfin, elle est un outil indispensable pour le devoir de mémoire, rappelant ainsi que notre nature ultime est celle du sacré. 9


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Jeune Étudiante en Droit et

science politique, la création de l’association AFRICAN WOMEN WAKE UP m’est venue d’une envie de changer la mentalité de la jeune femme africaine, qui aujourd’hui a perdu des repères fondamentaux ;tel est le cas du pilier même de la nature humaine qui est la dignité. La condition des femmes en Afrique s'est de beaucoup dégradée au point qu'il n'est pas exagéré d'affirmer que la décennie qui leur a été consacrée a été en quelque sorte perdue. Étant moi-même une jeune femme africaine, je me suis sentie concernée et interpellée face au mode de vie de mes sœurs en Afrique. Ces dernières, sont aujourd’hui vouées à la prostitution, le manque de confiance en soi, le reni identitaire mais surtout une ignorance face à l’histoire du peuple noir. Dans certains pays africains, la femme est encore considérée comme un objet sexuel et n’est pas appréciée à sa juste valeur J’ai été affectée par cela car je suis africaine et je crois en une Afrique meilleure, dans laquelle mes sœurs sauront enfin qu’elles méritent mieux que ceux à quoi elles sont réduites, un rôle subalterne. Il est temps de redorer le blouson de la Femme africaine! Il existe en chacune des femmes un esprit endormi de leadership, une personnalité unique au passé glorieux.

Nous avons pour but de conscientiser la femme africaine sur la place qu’elle occupe dans la société, son importance face à la croissance africaine, d’abolir les idéologies malsaines qui entrainent à la perte de la dignité, de la valeur de la femme et de la confiance en sa personne. Nous organisons occasionnellement des rencontres (conférences-débats) dans une atmosphère chaleureuse, autour des sujets liés à la femme africaine et à ses enjeux face au développement du continent africain. AFRICAN WOMEN WAKE UP est également un moyen de montrer à la femme africaine que l’Afrique a besoin de voir ses femmes entreprendre, être autonome, et promouvoir des valeurs solides et vraies. L’Afrique étant le dernier continent à conquérir à l’échelle mondiale est appelée à se développer sur divers plans (économique, politique, mental) et il serait souhaitable que la femme africaine embrasse ce développement. Contact mail : africanwomenwakeup@yahoo.fr Tel : 0629446818 Page Facebook : African Women Wake Up

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par Zoé Ndiaye

Selon une certaine légende Yoruba, Oludumare Dieu suprême créa les Orishas afin d’organiser le monde et la vie des humains. Les Orishas hommes se sont alors réunis, excluant les Orishas femmes. De sa vexation de ne pas pouvoir en faire partie, Oshun décida de faire obstacle aux plans élaborés en rependant la stérilité chez les femmes humaines. Constatant qu’aucun projet n’était viable, les Orishas hommes se tournèrent désespérés vers Oludumare, confessant leur impuissance face au chaos qui régnait sur la terre. Oludumare de sa sagesse toute puissante affirma que sans Oshun à leurs côtés aucune organisation du monde et de la vie humaine ne serait possible. Dès lors, Oshun siégea avec eux, et peu de temps après, les femmes commencèrent à avoir des enfants. Par ce mythe, différents enseignements nous sont conférés : nous comprenons que selon la tradition Yoruba, l’univers a été créé par une entité suprême et omnipotente: Olodumare; que les énergies masculines ne peuvent être efficientes sans une énergie féminine à leurs côtés, mais surtout que l’humanité tient sa viabilité par la détermination des femmes à être pleinement intégrées et actrices de l’organisation sociale par leur pouvoir de fécondité. Bien plus qu’un Orisha, Oshun par ce qu’elle incarne, est un pilier des relations humaines. Les attributs d’Oshun sont nombreux. Divinité des eaux douces (indispensable à la survie des êtres) elle est associée aux rivières, dont la rivière Osun au Nigeria dont elle tient son nom. Orisha associée au pouvoir de séduction, aux relations de couple et à l’amour de manière générale. Les femmes en désir de maternité se tournent vers elle en raison de sa relation privilégiée avec Ijami-Aje, une sorcière qui

par son pouvoir sur la force vitale féminine aide à la fertilité de ces dernières. Epouse de Shango Orisha du feu, de la justice et de la sexualité masculine, elle est aussi co-épouse d’Oya divinité du vent, des tempêtes et du fleuve Niger. Grande séductrice, on lui prête également des relations avec Oshossi, Orisha de la chasse ainsi qu’Ogun, Orisha du fer, de la guerre et du travail, avec qui elle vit en concubinage. Au regard des activités sociales que ces Orishas incarnent, il n’est pas surprenant que d’un point de vue mythologique Oshun «yeye kari» «Mère de la douceur» est été en union avec ces derniers. Rappelant alors l’attraction naturelle entre la sexualité masculine et la sexualité féminine, mais aussi que l’amour adoucit les moeurs et adoucit le coeur des hommes dans les activités de rapport de force comme la chasse, la guerre et la justice. Au-delà de son pouvoir érotique, elle détient un fort pouvoir spirituel.

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D’après certaines traditions orales, elle serait la fille d’Obatala, roi des Orishas. De sa filiation avec Obatala découle ses pouvoirs de divination; elle est également connue sous le nom Oshun Olododi: Oshun la divin. Selon d’autres, elle serait détentrice des clés et des secret de Ifa: la source de la sagesse sacrée. Oshun est également appelé Laketi « celle qui répond » faisant ainsi référence à sa capacité à entendre et à répondre aux prières de ses dévots. Du point de vue de l’historique, il existe un lien étroit entre les rois d’Osogbo, une ville du Nigeria devenue capitale de l’Etat d’Osun et Oshun. Le roi Laro, fondateur de la dynastie des rois d’Osogbo ordonna la construction d’une ville sur les rives de la rivière. Après s’être installé, une de ses filles décida d’aller se baigner dans la rivière et disparut sous les eaux. Le jour suivant elle réapparut auprès de son père plus belle que jamais, ornée de bijoux et de tissus spectaculaires. Devant stupéfaction générale, elle expliqua qu’elle fut accueillie et sauvée par la divinité de la rivière. Voulant honorer celle qui avait sauvé sa progéniture, le roi se rendit a la rivière pour y déposer des offrandes. Lors de la procession, un énorme poisson sortit de l’eau et atterrit directement dans les mains du roi. A la suite de cet épisode, il fut rebaptisé «Ataoja» une contraction de la phrase« Un Tewogba Eja» signifiant: « il tendit ses mains et reçut un poisson». A ses sujets, Laro déclara: « Oshun Gbo»: «Osun est dans un état de maturité» (sous entendant l’abondance de cette rivière). Osogbo fut le nom donné à la ville en construction portant en son nom la fusion des mots Osun et Gbo. Des siècles plus tard, le bois traversé par cette rivière est toujours considérée comme sacré et fut également inscrit au patrimoine de l’UNESCO en 2005. Chaque année, il accueille le festival d’Osun Osogbo.

Au sein du Candomble brésilien et de la Santeria de Cuba, l’arrivée d’Oshun, rebaptisée Oxum, est simulée lors de danses cérémonielles se déroulant principalement le samedi. Oxum est accueillie avec

l’incantation : « Ore Yéyé O» demandant ainsi la bienveillance de la mère. C’est d’ailleurs cette bienveillance qui a conduit les afro-descendants cubains à l’assimiler à Notre dame de la Charité. La danse qui lui est dédiée imite les comportements d’une femme séductrice, qui part des gestes lassifes rappelle celle d’une femme se baignant dans une rivière. La femme chargée d’incorporer l’esprit d’Oxum est habillée de jaune, couleur or, rappelant ainsi le gout d’Oxum pour ce qui brille. Ornée d’une multitude de colliers et de bracelets métalliques illustrant l’attachement de la divinité pour les bijoux (il est dit à ce propos que «Oxum lave ses bijoux avant de laver ses enfants»), la danseuse a en sa possession un miroir, écho à la vanité d’Oxum. Ces adeptes quant à eux, portent des colliers de perles dorées et des bracelets de cuivre en son hommage. On dit que les femmes-filles d’Oshun sont élégantes, séductrices, voluptueuses et sensuelles. Elles sont pourvues d’une grande volonté et d’une grande diplomatie, ne cherchant jamais à offenser l’opinion publique. Elles ont également un gout prononcé pour le luxe et les ornements. En raison du différend entre Oshun et sa soeur Oya, ses enfants sont souvent privés de l’énergie et de la protection de cette dernière. Par son pouvoir de subjugation, Oshun aide les femmes et les hommes à prendre conscience ce qu’il y a de plus précieux en chacun d'eux, rappelant que la fécondité, l’amour, la douceur, la passion sont à placer au coeur de nos relations sociales. Oshun est l’incarnation de ces énergies poussées à leur paroxysme et le reflet de ces forces que nous possédons tous, et qui demandent à être révélées. Enfin, sa beauté physique n’est qu’une analogie de notre beauté.

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« Mère aux seins massifs et majestueux », telle est la description physique de Yemoja. Mais ne vous y trompez pas, la valorisation de ce trait hypertrophique est un hommage à la maternité. Les traditions Yoruba, à l’image d’autres traditions africaines, considèrent la poitrine comme symbole de la puissance féminine, de la fertilité et non comme attrait physique ou «outil» de séduction. Le qualificatif « massif » ici fait donc référence à son extrême fécondité qui engendre des naissances successives et c’est par la noble fonction nourricière de la poitrine que ce dégage le caractère « majestueux». Rien n’est donc plus beau et noble que la fécondité. Divinité conçue par Olodumare, Dieu créateur du cosmos, elle a pour mission d’incarner l’esprit des femmes, de les accompagner et de les protéger tout au long de leurs vies en les assistant particulièrement durant les étapes successives qui mènent à la parentalité. Bien plus qu’un Orisha, Yemoja, est la Divinité Mère qui vieille sur chacun d’entre nous.

Nombreuses sont les légendes sur Yemoja et toutes ont pour finalité de valoriser l’énergie divine et féminine et d’en mesurer l’importance sur le plan social. Une légende dit que Yemoja fut mariée pour la première fois à Orunmila, Orisha de la sagesse et de la divination, puis avec Olofin, le roi de la région d'Ife situé au Nigeria. De cette union naquirent dix enfants dont deux retenant particulièrement l’intention: « Osumare ego bejirin Fona DIWO »(L’arc en ciel apparaissant avec la pluie et tenant le feu dans ces poigs) et « Arira gagaga ti i bejirin Tumo EJI »( le tonnerre gronde quand il pleut et dévoile ses secrets.) Ces noms se réfèrent aux Orishas Oshumare et Shango né de l’union de la divinité Mère et d’un roi terrestre: lassée de son séjour à Ife , Yemoja décida

de s’exiler vers l’ouest du Nigéria, dans une région appelée « la nuit de la terre» pour atteindre Abeokuta. Au nord de cette région, elle y rencontra le Roi de Xake nommé Okere. Ebloui par la beauté de Yemoja, il l’a demanda en mariage et cette dernière accepta sous la condition qu’il ne se fasse aucune

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Au regard de cette légende, nous comprenons pourquoi Yemoja est considérée comme protectrice des femmes et que son nom soit évoqué par ses adeptes pour les protéger des turpitudes du foyer. Si la force de l’énergie féminine est mise à l’honneur, l’énergie masculine n’est pas en reste. L’histoire exprime aussi l’incroyable puissance du sentiment de regret et que l’homme est capable, sous l’emprise de celui-ci, des plus belles prouesses pour reconquérir sa bien-aimée, qu’il est capable de se transcender au point de pouvoir se transformer en colline (faisant écho à l’expression «soulever des montagnes»). L’arrivée de Shango témoigne d’une part des liens indéfectibles d’une mère et de son enfant et d’autre part du soutien nécessaire de l’homme pour que la puissance de la femme prenne toute son ampleur. Yemoja est donc vue comme l’archétype de la femme digne, forte, aimante et aimée. Pour les afro-descendants du Brésil et de Cuba, Yemoja, appelée Yemanja, est sans nul doute la divinité la plus vénérée. Au sein de la Santeria de Cuba, Yemanja est associée à la Vierge Marie et elle est également connue sous le nom de Sainte Vierge de la Regla (la regla étant un quartier de la banlieue de La Havanne.) Par cette appellation, les afrodescendants perpétuent la tradition Yoruba visant à placer un village, un lieu sous la tutelle d’une divinité. Placés dès lors sous sa protection, les habitants scellent un pacte: celui de continuer à honorer, à respecter l’énergie et l’esprit féminin qu’elle incarne,

allusion à sa poitrine devenue très généreuse à la suite des allaitements successifs de ses dix enfants ( à noter que l’énergie de Yemoja «absorbe» les qualités d’Oshun, Orisha de l’amour et de la fertilité.) Acceptant ce pacte, Okere fut respectueux et attentionné dans leur relation, jusqu’au jour où ivre de vin de palme, il se rendit au foyer familial et se moqua de sa poitrine. Vexée, Yemoja fuit et emmena avec elle une jarre de liquide sacré donné lors de son premier mariage par sa mère, l’Orisha Olokun ,en cas de problème (selon les traditions, Olukun est présentée soit comme un Orisha femme, un Orisha homme ou un Orisha homme mihomme mi-poisson). Dans sa fuite elle trébucha et la jarre se brisa laissant écouler le liquide sacré. De se liquide jaillit une rivière qui emporta Yemoja en direction de l’océan, demeure de sa mère. Déterminé à retrouver sa dulcinée, Okere se transforma en colline , espérant ainsi bloquer le flot de la rivière et retrouver Yemoja. Se voyant ainsi bloqué juste avant d’atteindre la demeure de sa patriarche, elle fit appelle à son fils Shango . De sa puissance, il fendit la colline en deux, la rivière s’écoula de nouveau et Yemoja put retrouver les fonds des océans, sans jamais revenir sur terre. Des lors, ses enfants l’appelle « Odo Iya », «la reine des rivières» mais aussi «la reine des eaux qui utilisent des vêtements couverts de perles.» Cette légende révèle bien des aspects des normes sociales et de l’équilibre des relations hommes/ femmes, selon les traditions Yoruba. En effet, elle montre que l’unité du foyer est basée sur la teneur des engagements, de la non-humiliation du conjoint, du respect de la femme, de la mère, qui en donnant la vie voit son corps transformé. C’est de la sacralisation du corps de la femme dont il s’agit ici. La jarre transmise par Olokun à Yemoja est une illustration de l’importance de la transmission qui est vue comme un ressort de la dynamique féminine. Yemoja qui est nommée également « reine de l’eau qui vient de la maison d’Olokun » témoigne de la place prépondérante de la filiation, et de la transmission dans la société Yoruba. C’est donc par le pouvoir transmis, qualifié de «sacré», que Yemoja parvient à son objectif : fuir les humiliations de son mari et sa conduite non vertueuse.

en échange de sa protection et de sa bienveillance.

C’est ainsi que le samedi, jour dédié aux divinités féminines, les adeptes du Candomblé et de la Santeria lui rendent hommage. La femme chargée de la représenter ou de l’incorporer ainsi que les danseuses qui l’accompagnent sont vêtues d’une robe bleue, en référence à l’eau, et blanche en référence à l’écume des vagues. Yemanja est généralement ornée de bijoux faits de coquillages, symbole de son «asé», de son pouvoir. Derrière elle, des femmes exécutent une danse qui par le mouvement des jupons qu’elles portent imitent le mouvement des vagues.

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Il est dit que les enfants de Yemoja sont partout. Qu’elles soient africaines, afrodescendantes ou autres, ce sont généralement des personnes protectrices, fortes, qui partagent et comprennent les problèmes des autres. Elles ont une attitude d’une mère compréhensive avec leur entourage. La rigueur et le respect des hiérarchies sont des valeurs importantes pour ces dernières, elles ont également un penchant pour les belles choses, les bijoux et le luxe mais n’ont pas de vanité contrairement aux enfants d’Oshun. Enfin, elles aiment tout magnifier et créer de beaux environnement autour d’elles. Archétype de l’énergie féminine et de l’esprit féminin, « Yemoja Sesu », « l’esprit fort et respectable» se trouve en chacune des femmes. Sa représentation anthropomorphique et les légendes qui l’accompagnent sont là pour nous rappeler le caractère sacré du corps, de l’esprit et de la parole de la femme. De son pouvoir de fécondité, par le don d’elle-même pour enfanter se dégage une détermination à toute épreuve. En cela l’énergie féminine doit être hautement respectée, car elle est le socle de l’unité du foyer et plus largement de l’harmonie de la société. Enfin, par son histoire, Yemoja exprime le subtile équilibre des forces. Si le pouvoir féminin se transmet de mère en fille, sa puissance s’amplifie avec le soutien et la protection de l’homme.

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Divinité d’Afrique de l’ouest, mystérieuse, vénérée et crainte à la fois Si son origine cosmogonique est diverse selon les traditions spirituelles, son caractère ancestrale n’est pas contestée. En effet, qu’elle soit considérée comme la Mère créatrice du Monde selon les uns, ou comme étant le premier Vodou (divinité selon les traditions Akhan, Fon, Ewe...) créé par le Dieu suprême , ou comme étant l’ancêtre des ancêtres selon les autres, Nana est une grand-mère dont la sagesse est transcendantale. Si son culte est majoritairement méconnu des Yoruba d’Afrique, ce n’est sans compter sur la mémoire et la détermination de ses enfants exilés de force sur le continent américain qui en ont fait une Divinité principale des panthéons, incluant le panthéon Yoruba. L’histoire de Nana est l’histoire d’un Vodou devenu un Orisha reconnue et respectée. La zone de répartition du culte de Nana est vaste et s’est modifiée au cours de l’histoire. La vie des divinités étant une allégorie de la vie des hommes, c’est tout naturellement que l’histoire de Nana reflète l’histoire complexe des rencontres des peuples et des influences sociales et spirituelles qui en résultent.D’origine multiple, le mot «Nana» signifie «mère» en langue fon, il est aussi le nom que l’on donne aux personnes âgées pour signifier le respect chez les Akhan (Ashanti); et pour les Yoruba, Nana signifie: «grand-mère». Selon les traditions orales, Nana est une divinité-mère de la Nation Fon (dont les ancêtre provenaient de certains royaumes Yorubas) et son culte aurait vu le jour dans de la région du Dahomey dans l’actuel Benin, plus précisément dans la région Mahi. Son culte, se serait diffusé par la suite au sein des Nations Ewe au Togo, Igbo au Nigeria, Akhan au Ghana. Selon la cosmogonie Fon, Nana est une créatrice androgyne des deux entités qui ont organisé le monde: Mawu, esprit de la lune, et Lisa esprit du soleil. Le caractère créateur de cette divinité est également présent au sein du peuple Igbo qui connait Nana sous le nom de Olisabulwa, qui serait

eapparue lors de la création du monde dans l’interface de l’élément terre et eau. Selon d’autres traditions, selle est le symbole des eaux primordiales, de la pluie et de l’argile. Médiatrice entre la vie et la mort elle est chargée de la désincarnation les êtres et conduit sur le plan astrale l’âme des défunts, la préparant ainsi à sa future réincarnation. Nana est présentée comme protectrice des enfants et des femmes, aidant ainsi à leur fertilité, emais aussi comme une grande guérisseuse. Et c’est par l’injonction «Saluba Nana !» que l'on fait appel à elle. Mais c’est surtout par ses enfants afro-descendants que sa mémoire est revitalisée. C’est dans la région de Bahia au Brésil, à la fin du 19e siècle, que les premières maisons de Candomble ont officiellement étés instaurées. Si la fin de l’esclavage a rendu légal les rassemblements religieux, les esclaves n'ont pas attendu les décrets pour pratiquer leur foi et honorer leurs ancêtres. Autrefois gardé secret et protégé des regards des non initiés, le culte Vodous et des Orishas se voient octroyer un nouveau souffle et Nana se place devant le pilier des panthéons. 16


Bien que les centres religieux soient divers et pratiquent le Nagô ou le rituel Yoruba ou les rituels Gege, Fon ou encore Ewe, Nana y est toujours présentée comme étant la plus ancienne des divinités et comme étant la mère d’Omulu Babaluaiê, Orisha (nom donné aux divinités selon la tradition Yoruba) des maladies infectieuses et gardien du royaume des morts, et d' Osumaré, Orisha androgyne, maître des serpents et faiseur d’arc-en-ciel entre autre. Cette filiation, traduisant ainsi le syncrétisme entre le panthéon Yoruba et les panthéons Fon,Ewe, Igbo... Bien plus qu’un Vodou devenu pleinement Orisha, elle symbolise l’union des forces, l’union spirituelle, cette volonté de fer à préserver l’essence des traditions en contexte de déshumanisation qu’est l’esclavage. De nombreux artistes afro-brésiliens ont rendu hommage à Nana, dont Mateus Aleluia et Thalma de Freitas, dans un duo de guitares d’une extrême sensibilité: «Cordeiro de Nana», traduit par «mouton de Nana» relate-ant le récit d’une esclave qui devait sa survie grâce à sa foi en la suprême Nana. Au sein de la Santeria de Cuba, Nana est associée tantôt à Sainte-Anne, mère de Marie, tantôt à SainteThérèse. Divinité des eaux la plus ancienne, elle est également mère d’Omulu et est représentée comme dans le Candomble tenant un Ibiri, sceptre fait de feuilles de palmier et de paille, utilisé pour chasser les maladies du corps et de l’esprit, tce qui traduit également sa relation avec les esprits des ancêtres. Ses adeptes portent des colliers de perles de couleur blanche et bleue ou blanche et violette. Les cérémonies de danses dédiées à Nana (dans la Santeria et dans le Candomble) sont similaires à celles effectuées en terre africaine. Les mouvements de danse imitent celle d’une marche lente, difficile, aidée par l’appui d’un bâton, tel un corps d’une vieille dame marquée par le temps écoulé. Nana est l’archétype des personnes calmes (référant aux eaux stagnantes) agissant avec dignité et majesté. Ses enfants sont lents dans l’exercice de leurs tâches et semblent avoir l’éternité devant eux. Très aimant envers les enfants, ils agiront envers eux avec l’indulgence d’une grand-mère. Enfin, ils se font 17

remarquer par leur sagesse qui se traduit par la pertinence de leurs décisions et par leurs réactions équilibrées. Figure emblématique de cette sagesse toute accomplie qui sommeille en nous, Nana nous rappelle l’importance de cette force ancestrale dont nous sommes tous pourvus. Mère créatrice, grand-mère déterminée et apaisante, elle a su résister au cours de l’histoire. En rendant hommage à cette résistante, c’est à notre force féminine, en tout ce qu’elle a de plus profond et puissant, que nous rendons hommage. Saluba Nana !


Par Natou P. Sakombi

Son nom, Nefertari Merytmut (signifiant la belle bien aimée de Mout), incarnait sa majesté et sa stature. À l'âge de 13 ans, elle épouse Ramsès II, âgé alors de 15 ans, qui sera connu plus tard sous le nom de Ramsès le Grand. Nefertari faisait probablement partie de la noblesse mais n’était pas de lignée royale, car si des titres associés à la noblesse lui sont attribués, aucun ne la qualifie comme étant la fille d'un roi. Les registres officiels indiquent que Ramsès II et Nefertari se seraient mariés avant d'accéder au trône et mentionnent la reine dès la première année de son règne.

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Ramsès II régna sur l'Égypte durant soixante-sept ans et eut sept épouses différentes, et la première d'entre

elles était la reine Néfertari. Le pharaon vécut pendant plus de quatre-vingt-dix ans et engendra au moins quarante filles et quarante-cinq fils. Nefertari était la mère d'au moins quatre fils et deux filles. Les artefacts permirent d’identifier les mères de certains enfants de Ramsès II, cependant, la plupart du temps, les chercheurs firent des hypothèses sur les mères des enfants en fonction de l'endroit où leurs représentations avaient été trouvées. Les quatre princes que l'on croit être les fils de Néfertari sont Amon-her-khepeshef, Pareherwenemef, Meryatum et Meryre. Meritamen et Henwttawy sont deux princesses identifiées par les chercheurs comme étant les filles de Nefertari. Cependant, certains érudits pensent qu'elle aurait eu d'autres enfants, mais aucune preuve n’a pu l’attester jusqu’à présent. Néfertari fut mariée à Ramsès II durant plus de 24 ans. Et ce qui était au départ probablement une union politique allait, avec le temps, s'épanouir dans une relation amoureuse où Ramsès II célébrait son amour pour sa reine par des monuments et des poèmes qui lui étaient consacrés. Les nombreux titres qui lui sont attribués témoignent de l'estime que Ramsès avait pour Nefertiti, tout comme les divers rôles qu'elle put remplir dans sa fonction de reine. Des désignations telles que Douce d’Amour, Mariée de Dieu et Dame des Deux Terres, démontrent ses positions d'amante, de prêtresse et de fonctionnaire politique. On sait également qu'elle accompagna Ramsès dans certaines campagnes militaires. Les égyptologues trouvèrent des statues et des représentations de Nefertari dans toute l'Egypte. A Louxor, les statues de la reine sont aux pieds des statues géantes de Ramsès II. D'autres images révèlent qu'elle dirige les enfants royaux dans les rituels ou lors de festivals. Des images nous montrent également Nefertari avec son mari, honorant les dieux ou commémorant des événements. La reine Néfertari occupait également une position considérable dans la capitale des Hittites. Or, au début de son règne, Ramsès II était en guerre avec les Hittites avant qu’un traité de paix soit établi pendant son règne. Après cela, on dénote que Néfertari fera suivre plusieurs missives au roi et à la reine des Hittites. Elle envoya même plusieurs cadeaux à leur reine, dont un collier en or.

Tombe de Nefertari 19


Ramsès II fit construire une tombe magnifique pour son épouse dans la Vallée des Reines, près de Thèbes. Connue aujourd’hui comme la tombe QV66, elle est la plus grande et la plus belle de la vallée. Des pilleurs emportèrent tous les biens funéraires de la reine durant l'antiquité, y compris son sarcophage et sa momie. Les égyptologues ne trouvèrent dans la tombe que des fragments du corps de Nefertari ainsi que quelques objets funéraires. La tombe de Nefertari est connue pour ses peintures murales magnifiques et bien conservées, et certaines d'entre elles représentent la couronne de la reine Néfertari, couronne associée à différentes déesses comme Isis ou Hathor. Dans sa tombe, les peintures illustrent la reine en compagnie des dieux et des déesses qui l'aideraient dans son voyage dans l'au-delà.

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Le plafond de la tombe est peinte d'un bleu rappelant le lapis lazuli et est décoré d’étoiles jaunes dorées. La plupart des peintures murales furent bien conservées et les égyptologues travaillèrent pour les restaurer et les protéger. Les hiéroglyphes couvrant les murs sont pour la plupart des passages du Livre des Morts et la majorité des images sont des représentations picturales de plusieurs chapitres du célèbre écrit. Ramsès II dédia le Petit Temple à Nefertari et à la déesse Hathor. Deux statues colossales de la reine et quatre de Ramsès II ont été sculptées sur le devant du temple, et de plus petites statues d’enfants royaux figurent aux côtés des statues colossales. À l'intérieur du temple se trouve une grande salle hypostyle. Les sommets des colonnes sont sculptés en forme de tête d'Hathor, et deux petits vestibules se trouvaient de chaque côté de la salle principale. Le sanctuaire se trouvait en face de l'entrée principale du temple. Si toutes les sculptures du sanctuaire étaient terminées, les chercheurs trouvèrent néanmoins deux autres chambres ne comportant pas encore de sculptures. La construction du temple d'Abu Simbel commença dans la vingt-quatrième année du règne de Ramsès II. Nefertari apparaît dans les images dès le début de la construction des temples. Plus tard, des images montreront sa fille Meritamen à sa place. Les chercheurs pensent que la reine était en mauvaise santé en ce moment là et fut probablement décédée peu de temps après la construction d'Abu Simbel.

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par Natou P. Sakombi Vénérée par les Sud-Africains au point d’être qualifiée de « vraie mère de la nation », Albertina Sisulu, également connue sous le surnom affectueux de "Ma Sisulu" est une survivante de l'âge d'or du Congrès National Africain (ANC). Lorsqu’elle rencontrait celui qui deviendra son époux, à savoir le grand combattant de la lutte anti-apartheid Walter Sisulu, ce dernier lui avait d’emblée lancé cet avertissement : « j’ai épousé la politique bien avant de te rencontrer». Et en effet, sa vie avec la deuxième plus importante figure de l'ANC, de qui elle fut séparée durant 25 longues années lorsqu'il fut incarcéré, illustre parfaitement le rôle difficile et méconnu des femmes dans la lutte contre l'apartheid. Qui fut Albertina Sisulu? Portrait d’une héroïne légendaire qui marqua considérablement l’histoire de l’Afrique du Sud…

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Albertina Nontsikelelo Thethiwe est née dans un petit village près de Cofimvaba dans le Transkei. Fille d'un travailleur migrant, Bonilizwe, un père très absent qui travaillait dans les mines d'or six mois par an. Ce dernier décéda lorsqu’elle n’avait qu'onze ans d’une maladie pulmonaire. Sa mère, Monica, avait été gravement frappée par l'épidémie de grippe de 1918 et Albertina devait alors s'occuper de ses sept jeunes sœurs. Ce fut peut-être la leçon la plus importante de sa vie, bien que cela lui coûta deux années de retard scolaire. Les missionnaires blancs de son école presbytérienne qui trouvait son nom difficile à prononcer - ou se méfiaient de sa résonance païenne – lui proposèrent une liste de prénoms chrétiens, et elle choisira Albertina. Étudiante brillante, elle manqua cependant l’obtention d'une bourse pour poursuivre ses études à cause de son âge avancé. C’est à ce moment là que le collège catholique Mariazell à Matatiele intervint pour lui offrir une bourse d'études. Toutefois, seuls ses frais de scolarité étaient couverts, ce qui obligeait Albertina à labourer les champs et à travailler dans une buanderie pendant les vacances scolaires afin de subvenir à ses besoins. Elle se convertit au catholicisme et voulut devenir religieuse, mais le directeur de l'école, le père Bernard Huss, la convaincra de devenir infirmière. C’est ainsi qu’en 1940, elle devint stagiaire à l'hôpital général «non européen» de Johannesburg. Elle y fit la connaissance de Barbie Sisulu, une autre élève-infirmière, qui la présenta à son frère Walter, un agent immobilier (métier rare pour un Noir de l’époque), bien que sa principale préoccupation était la «lutte».

Buildings, siège du gouvernement à Pretoria. Ensemble, elle forme la Fédération des Femmes Sud-Africaines (Federation of South African Women, FEDSAW), afin de protester contre l'application par le gouvernement Strijdom de la nouvelle loi sur les laissez passer dans les zones urbaines. Peu de temps après, Walter Sisulu et 155 hommes et femmes furent accusés de trahison. Au cours des quatre années qui vont précéder l’acquittement de son époux, Albertina le soutiendra tout en travaillant comme infirmière et élevant difficilement mais dignement ses cinq jeunes enfants, plus deux autres qu'elle aura adoptés au décès de sa sœur. Lorsque l'ANC lance la lutte armée en 1961, suite à des fusillades qui eurent lieur à Sharpeville, la vie devint périlleuse pour Albertina. Elle fut la première femme détenue en vertu de la loi de 90 jours, ce qui permit à la Police de la Sécurité de la maintenir au secret tout en l'interrogeant. Ils voulaient savoir où se trouvait son mari qui était alors en fuite. Au même moment, sa fille Nonkululeko était hospitalisée pour une pneumonie, et Max, son fils de 17 ans, se faisait lui aussi arrêter. Albertina sera relâchée lorsque Walter et la plupart des dirigeants de l'ANC seront capturés, lors d'un raid sur leur cachette de Rivonia. Walter fut emprisonnée à vie, alors qu’il fut interdit à Albertina de pratiquer toute activité politique et de voyager en dehors de Soweto durant cinq ans. L’interdiction sera renouvelée après cinq ans, alors qu'elle est également placée en résidence surveillée partielle. Elle eut tout de même le droit de rendre des visites exceptionnelles d'une demie-heure à Walter sur l'île de Robben Island, là où Albertina se rendait en ferry à partir du Cap.

Albertina et Walter se marièrent en 1944, avec pour témoins de mariage, un certain Nelson Mandela, membre de l’ANC que fréquentait Walter, et son épouse d’alors, Evelyn Ntoko Mase. Très vite, Albertina s’impliqua elle aussi dans le parti, et fut la seule femme à la réunion inaugurale de sa branche radicale, la Youth League, avec, à l’avant-garde, Sisulu, Mandela, Oliver Tambo et Anton Lembede.

La séparation d’avec Walter était extrêmement pénible, surtout lorsque les censeurs attisaient de terribles angoisses en retardant volontairement les lettres pourtant peu fréquentes qu'ils étaient autorisés à s’écrire.

En 1956, Albertina se tient au-devant de vingt-mille femmes pour manifester devant devant les Union 23


Etant donné que l'ANC fut proscrite, Albertina recruta des jeunes femmes en tant qu'organisatrices clandestines. Sa maison à Orlando West à Soweto devint un véritable Q.G pour les sympathisants et un centre de communication pour les membres de l'armée de libération « Umkhonto we Sizwe ». Malgré toutes ces activités militantes, Albertina travaillait à temps plein dans une clinique de Soweto. Elle revint sur la scène politique avec la formation en 1983 du Front Démocratique Uni (UDF), dont l'appel massif des églises, des associations civiques et étudiantes, des syndicats et des organismes sportifs devait précipiter la fin de l'apartheid. Mais elle fut détenue pendant plusieurs mois pour avoir chanté des chants de libération lors des funérailles d'un ami. Mais sa renommée en prison fut si grande qu’Albertina fut élue coprésidente de l'UDF. C’est à ce moment-là qu’elle fut surnommée « Ma Sisulu » et devint l’une des femmes les plus respectées de son temps. Sa peine de prison de quatre ans fut dénoncée par les Nations Unies si bien que même le gouvernement de Margaret Thatcher protesta auprès du Premier ministre PW Botha pour sa libération. Elle fut libérée en attendant un appel. Ayant enfin obtenu un passeport, Albertina représenta la cause de l'UDF au premier président Bush à la Maison Blanche et à Thatcher à Londres.

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Walter Sisulu fut libéré en 1989. Malgré une séparation d'un quart de siècle, le couple Sisulu était plus dévoué que jamais. En 1994, au tournage du documentaire sur le Defence & Aid Fund, lils sont raménés à Robben Island pour la première fois depuis la libération de Walter. Au lieu-dit l"a carrière de tilleuls", Albertina écouta la description de son mari lorsqu’il évoquait la façon dont les meneurs avaient travaillé pendant treize ans dans une lumière blanche aveuglante et l’hiver humide du Cap. Elle regarda son époux de 81 ans avec un respect accru et dit: "Mais tu as eu beaucoup de temps pour bavarder aussi, n'est-ce pas?" . Et ils éclatèrent de rire... Et s’il est un acte profond à retenir d’Albertina Sisulu, dont Mandela dira « C’est une femme sage et merveilleuse ! » c’est son refus de condamner Winnie Mandela dans l’affaire de l’équipe de footbal « Mandela United », devant la Commission de vérité et de réconciliation dirigée par l'archevêque Desmond Tutu. En effet, pendant quelques années, Albertina avait travaillé comme réceptionniste chez un médecin indien, Abu Bakar

Asvat, assassiné pour avoir refusé de traiter un garçon sévèrement battu par des membres de l’équipe. Albertina en fut brisée car Winnie Mandela était la "protectrice de l'équipe". Mais comme elle le dira: "je ne me voyais pas condamner la femme d'un ami cher".

Ses dernières années furent passées dans une maison sans prétention dans l'ancienne banlieue blanche de Linden à Johannesburg. A sa mort en 2011, après des funérailles d'Etat au stade d'Orlando, Albertina fut enterrée à Soweto, aux côtés de Walter, décédé en 2003. Un autre de leurs amis dira d'elle: "elle a traité tout le monde de la même façon, si bien que même si elle ne t'aimait pas, tu ne l'aurais jamais su. D’elle dépendait le bien-être de nos femmes et de nos enfants."

C'est ainsi que combattait Albertina Sisulu, une héroïne d’Afrique !


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Par Amy Kane Rose Lokissim, fleur à la tige rigide et aux épines tranchantes fut l’une des premières femmes soldates d’élite du Tchad. Sa bravoure, sa force et son courage lui auront malheureusement coûté la vie alors qu’elle n’a que trente-trois printemps. Qui était donc cette héroïne méconnue qui, préférant mourir pour sa patrie plutôt que céder aux injustices que connaît son peuple, dira :

« Même si je dois mourir au cachot, je ne regrette rien car le Tchad m'en remerciera et l’Histoire parlera de moi » Durant l’été 2015, le jugement de l’ancien dictateur tchadien Hissene Habré fera la une de toutes les presses nationales et internationales, et était vivement attendu par un bon nombre de groupes, en particulier ceux des victimes de son régime autoritaire. Ce jugement sera le premier à n’être constitué que d’Africains, contrairement aux affaires jugées à La Haye et il se déroulera en terre africaine, à Dakar au Sénégal. Mais cet événement sera également l’occasion de ramener à l’avant plan une révolutionnaire hors du commun, Rose Lokissim, qui aura permis au monde de connaitre les horreurs qui se passaient entre les murs de la police tchadienne.

Non seulement Rose fut la seule femme parmi les soixante hommes à être incarcérés dans la «Cellule C» mais ses geôliers avaient constamment peur qu’elle puisse s’enfuir. Durant les tortures qu’elle subissait, selon les témoignages, elle demeurait brave, semblait ne pas ressentir la douleur et ne s’en plaignait jamais. Après le passage des tortionnaires, elle revenait s’asseoir et causait avec les codétenus comme si de rien était. Rose avait vraisemblablement peur de rien et était toujours prête à combattre toute injustice faite aux plus faibles. La plus grande œuvre de la reine Lokissim fut de relater par écrits les atrocités commises entre ces murs de la terreur. Elle inscrira sur tout ce qui lui tombait sur la main les noms et les actes afin d’informer les familles et ceux qui se trouvait dans le monde externe de leur quotidien remplit de malheur. Les notes de la dernière interrogation de la guerrière Lokissim révèle le caractère libre de son esprit, malgré les conditions invivables pour le commun des mortels. L’observation qui sera faite d’elle témoigne de cette témérité surprenante et du danger que Lokissim pouvait représenter :

Rose Lokissim voit le jour en 1953 et se fait assassiner en 1986 par la Direction de la Documentation et de la Sécurité (DDS), police politique de Hissene Habré. Lors de la prise de pouvoir de ce dernier en 1982, Rose rejoindra l’opposition et sera arrêtée en 1984, avant d’être assassinée dans sa trente-troisième année. Toutes sortes de qualificatifs masculins reviennent dans pratiquement tous les témoignages des personnes qui l’ont côtoyée, que ce soit sa famille, son entourage ou ses codétenus. Et en effet, beaucoup la considérait comme un "homme dans le corps d’une femme"! 26

« Mentionnons que pendant deux ans de détention, l'intéressée n'a pas changé de langage, mais, bien au contraire, se glorifie. Étant donné qu'elle est


irrécupérable et continue de porter atteinte à la sécurité de l'État, même en prison, il serait souhaitable que les autorités la pénalisent sévèrement. » Comme on pourra le remarquer, le plus grand crime de Rose Lokissim, du point de vue du régime, n’était pas de faire preuve de ce courage infléchissable, mais sa détermination à ne jamais cesser de combattre les oppresseurs même entre les murs de la mort. Elle inscrivait les actes inhumains de leurs bourreaux et mettait en mémoire les actes secrets des assassins de la DDS, notes qui serviront considérablement au procès de ses boureaux, plusieurs années après. Malheureusement, Rose sera dénoncée et trahie. Les dernières paroles du soldat Rose auront été comme prémonitoires comme l’attestent ces paroles d’un témoin de sa mort : « Elle affirme que, même si elle doit mourir au cachot, elle ne regrette rien car le Tchad la remerciera et l’Histoire parlera d’elle. » Trente années après son assassinat, Rose Lokissim serait-elle satisfaite de savoir Hissene Habré à son tour entre les quatre murs d’une prison et condamné à y rester jusqu’à la fin de ses jours? Il n’en demeure pas moins que cette combattante hors du commun restera un exemple de bravoure pour toutes les générations qui émergeront après elle. Une rose restée droite et fière, même en ayant été piétinée et arrosée de sang. C’était un court récit de la vie de Rose Lokissim, une reine et héroïne d’Afrique…

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Par Djinanga Mbuyi Itela Qui n’a pas eu écho de l’affaire Gbagbo, mettant principalement en scène ce couple présidentiel ivoirien que les puissances occidentales qualifient désormais de non-aligné ? Pour l’opinion internationale, c’est Simone Gbagbo qui dirigeait la Côte d’Ivoire et c’est bien elle qui prenait les grandes décisions par la voix de son président de mari. Une chose demeure certaine, les puissances occidentales auraient préféré avoir un Laurent Gbagbo sans Simone. Alors, Madame Gbagbo, une héroïne qui dérange? Par ce portrait tentons comprendre qui est Simone Ehivet Gbagbo, surnommée par les uns « la dame de fer », et non sans raison, et par les autres, à savoir la grande majorité du peuple ivoirien, affectueusement « Maman » !

Loin d'être une potiche, ni une écervelée à l'instar de ces épouses de dirigeants africains qui ont coutume de faire leurs emplettes dans les magasins de luxe lors de voyages officiels, Simone Gbagbo disposait de son propre cabinet à la présidence et possédait également son propre agenda « de ministre ». Une femme africaine assumant son africanité qu’elle valorisait en privilégiant les tenues et coiffures de ses origines. Une femme née et forgée pour régner, elle sait donc parfaitement captiver le public par son éloquence et son charisme oratoire. Les plus mysogines auraient même dit d’elle qu’elle serait "trop intelligente pour être une femme". Simone est connue également pour sa générosité et les qualités de mère de la nation, d’où son surnom de « Maman». Lorsqu'il s'agissait de la gestion onusienne des crises en Côte d’Ivoire sous Gbagbo, Kofi Annan (exsecrétaire général de l’ONU), n'hésitait pas à demander à ce que Simone assiste aux réunions, car elle avait, selon lui, une meilleure compréhension des choses et pouvait de ce fait aider à mettre rapidement les solutions en marche. 28


Simone est née le 20 juin 1949 à Moossou, commune de Grand-Bassam (côte d’Ivoire)de Jean Ehivet (gendarme de profession) et de Marie Djaha. Deuxième d’une famille de dix-huit enfants, dont quinze filles, elle deviendra très tôt la tutrice et maman de ces 16 cadets en marge d'une scolarité classique en option Lettres Modernes. Âgée de 17 ans à peine, elle manifeste déjà son leadership et son militantisme pour les causes qu’elle porte. Elle organise en 1966 sa première grève, où elle aura pour la première fois affaire à la police. Nonobstant cet épisode, elle obtient en 1970 son baccalauréat. Par la suite, elle devient major de sa promotion du concours du CAPES, qui donne accès à la carrière de professeur de l'enseignement secondaire. Elle étudie ensuite en France (à l’Université de Paris-XIII, où elle passe une maîtrise de Lettres Modernes, option littérature orale en 1976. Sa thèse portera sur « l'image de la femme dans le conte »). En 1981, Cap sur le Sénégal ou elle rejoindra l’Université de Dakar pour passer un DEA et un doctorat sur « le langage tambouriné chez les Abourés ». Et enfin en 1984, de retour en Côte d'Ivoire, elle obtient une licence en linguistique africaine à l'université d'Abidjan.

sous la décision de l’ONU. Pour Simone, l’ivoirisation est donc une mission qui s’impose à elle. Dans les années 1970-1980, elle est emprisonnée à plusieurs reprises, torturée et parfois laissée pour morte. Et c’est à l’université, en 1973, qu’elle fera la rencontre de son futur mari, Laurent Gbagbo. Et c’est véritablement elle qui insufflera à son futur mari un esprit d’intransigeance et de détermination. Les deux futurs amants auront pourtant, durant plusieurs années, une relation uniquement d’ordre professionnel, car ils sont tout deux mariés. Ils fondent à deux, en 1982, dans la clandestinité le FPI (Front Populaire Ivoirien) puisque sous Houphouet Boigny, tout parti d’opposition est interdit. La dictature règne dans le pays et seul le parti unique du président, y est permis.

Simone Ehivet fera désormais partie de l’élite intellectuelle africaine (une des rares femmes de sa génération), qui se donne la mission de montrer le chemin et de faire figure d’exemple pour la femme africaine. Elle dira que sa passion pour la lutte politique fut une évidence dès 1966, où elle est à la tête du Mouvement des Jeunes Étudiants Catholiques durant quatre années. Elle prend rapidement conscience des enjeux géopolitiques et géostratégiques de son pays et défend l'ivoirisation des programmes d'enseignement. Elle milite contre la balkanisation de la Côte d’Ivoire (orchestré par les prédateurs de l’Afrique) et se profile donc comme jeune opposante de Houphouet Boigny, président ivoirien de l'époque, dont elle contestera la décision d’expropriation des Ivoiriens de leurs terres pour les offrir officieusement (sans vente ni rachat officiel) aux populations voisines qui migrent en Côte d'Ivoire

En 1993, lorsque Houphouet Boigny décède, elle est élue députée dans la commune d’Abobo. Convaincue de la destinée divine de son couple, sa mission est d’accéder au pouvoir pour sauver, protéger et défendre le peuple ivoirien. L’ivoirisation reste sa priorité, et elle demeure farouchement opposée à la main mise de la France sur le pays. En 1999, un coup d’Etat a lieu et le gouvernement de transition organise en 2000 des élections présidentielles. C’est son mari qui l’emporte et Simone devient de ce fait première dame de la Côte d’Ivoire, lors de la cérémonie d’investiture du 24 octobre 2000. Elle peut désormais commencer sa mission, de l’ivoirisation de son pays.

Simone et Laurent finiront par respectivement divorcer de leurs premiers mariages pour s’unir en 1989. De leur union naîtra deux jumelles; ainsi, Simone aura eu cinq enfants au total, toutes des filles. En 2001, son mari, lui demande la permission d’épouser une deuxième femme. Fidèle aux traditions africaines qu'elle respecte, elle n'y voit pas d'opposition, mais elle demeure l'épouse officielle, et plus tard, l’unique première dame de la Côte d'Ivoire.

Ses onze années de règne sur le pays ne seront pas sans répit car lomniprésence et le mécontentement de l’hégémonie occidentale se fera sentir aux frontières du pays. Les assauts incessants des milices armées 29


rendront difficile la mission du gouvernement Gbagbo. Le couple présidentiel, conscient des acteurs derrières ces milices, se doit de réprimer sans état d’âme toute insurrection armée. Et ne sachant parfois plus différencier véritablement les vrais opposants des opposants instrumentalisés, ils réalisent difficielement le piège dans lequel leurs ennemis veulent les conduire. Chose étrange, au lieu de s’en prendre directement au président Laurent Gbagbo, la presse occidentale se lancera dans une campagne de diabolisation sur la personne de Simone Gbagbo auprès de l’opinion internationale. C’est elle, c’est forcément Simone, le mal qui influence Laurent Gbagbo! Cette presse qui était volontairement muette devant la dictature d’Houphouet Boigny, se met immédiatement et sans attendre à qualifier Simone Gbagbo de dictatrice, de reine sanguinaire sous un règne absolutiste. Et afin de réagir avec dignité à ses attaques, parfois personnelles, Madame Gbagbo publie un ouvrage qu’elle intitule "Paroles d’honneurs". En 2007, les services secrets français seront informés du projet qu'aura le couple Gbagbo de créer une monnaie ivoirienne, le MRI (Monnaie Révolutionnaire Ivoirienne). En effet, comme ces prédécesseurs de la région, le couple veut sortir le pays de l’asservissement économique par le mécanisme du Franc CFA, une monnaie qui empêche le peuple africain de disposer d'une souveraineté économique. Tout développement des pays africains dans ce mécanisme n’est possible qu’avec le vote et l’accord de la France. Et pour le couple Gbagbo, ce n’est pas une révélation, le but final de leur mission étant de sortir leur peuple de ce piège, d’où le lancement de ce projet. Tous les moyens financiers et intellectuels sont mis en place pour conceptualiser et concrétiser cette monnaie de libération. Fin 2009, la MRI est battue et attend sa sortie dans les coffres de la banque centrale ivoirienne. Mais comme avec les prédécesseurs de Gbagbo dans la région (tous renversés et/ou assassinés), la France ne l’entend pas cette oreille. En 2010, la France réplique, en ordonnant la fermeture de toutes les banques du pays, toutes françaises! C'est la crise sociale et économique. La France sait que le peuple et les commerces ne tiendront pas plus de dix jours sans sortir dans les rues pour manifester et c’est exactement ce qui va se passer. Ainsi, rapidement les troubles s’accumulent et les forces de l’ordre sont débordées. Puis la France sortira sa dernière carte, en alliant le couple Ouattara/Soro (Alassane Ouattara et Guillaume Soro) et l’ONUCI ( casques bleus). Ces derniers creusent un long tunnel souterrain et parviennent par surprendre le couple Gbagbo, en pleine nuit dans leur chambre à coucher. Le monde entier verra les images de l’humiliation extrême de Simone et Laurent lors de leur capture. Les miliciens arracheront les tresses de Simone et la maltraiteront, bien qu'elle et son époux échapperont au lynchage public.

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Suite à cet épisode hautement médiatisé, le couple sera incarcéré. Simone aura droit à un procès bâclé, un dossier vide, sans preuves irréfutables, sans témoins fiables, sans éléments à charge, sans la possibilité pour ses avocats de la défendre équitablement. Tous ces témoins à décharges seront récusés par la cour suprême, ce qui conduira à une condamnation de 20 ans de prison en 2015. Elle se fera encore remarquer par sa forte personnalité et son charisme oratoire, ridiculisant ces accusateurs tour à tour lors de son procès. Ses avocats feront appel de ce premier verdict mais, elle refusera de prendre part à ce second spectacle. Elle criera alors dans la salle: « Condamnez-moi mais arrêtez de me fatiguer » ! A la surprise générale, six membres du jury sur dix, la déclare non coupable. Innocentée, la justice décide de la maintenir cependant en prison. Entre temps, un mandat d’arrêt international est rapidement fabriqué à Lahaye à l’encontre de époux. Pour lui également, la CPI aura du mal à construire un dossier cohérent et solide. Les témoins à charges qui défilent aux Pays-Bas sont peu convaincants. Médiapart, publie en 2017 un article qui vient à nouveau porter un coup dur pour la France en révèlant des dossiers compromettants concernant le juge d’instruction et le procureur de la CPI qui ont instruit l’affaire Gbagbo. Car en effet, si la France espère condamner Laurent Gbagbo, cela ne peut se faire sans placer également Ouattara et Soro sur la barre des accusés, aux côtés de Laurent Gbagbo. Tout ce que la France peut espérer c’est maintenir ce couple (même injustement), le plus longtemps possible derrière les barreaux. Simone Ehivet, épouse Gbabgo, une héroïne d'Afrique? Une chose demeure certaine, la force et la dignité dont elle aura fait preuve, sa façon de tenir tête et de la garder bien haute face à la supériorité de ses ennemis et sa détermination infallible nous rappellent bien les caractéristiques de ces reines qui régèrent autrefois sur les grands royaumes africains. Il est certain qu'elle fera encore parler d’elle et pousse plus d'un à croire qu'elle renaîtra de ses cendres.

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par Natou Pedro Sakombi

Bien que son nom soit méconnu aujourd'hui, Andrée Blouin fit souvent les grands titres de la presse de son époque, aux côtés de grandes personnalités politiques telles que Sékou Touré ou Patrice Emery Lumumba, qui lui vouaient une totale admiration. En effet, les deux hommes respectaient et partageaient complètement ses idées panafricaines et en faveur de l'émancipation des femmes africaines . Surnomée la "Black Pasionaria", Andrée Blouin fut celle à qui certains pères des indépendances africaines devaient leurs idées, voire leurs vibrants discours.

"Si nos ennemis l'attaquent en tout temps, ce n'est pas à cause de ce qu'elle accomplit, mais parce que c'est une femme! " propos de Patrice E. Lumumba sur Andrée Blouin L’aventurier français Pierre Gerbillat s'était épris de Joséphine Wouassimba, fille du chef des pécheurs du village de Bessou en Oubangi-Chari (actuelle Centrafrique). La jeune fille de treize printemps à peine faisait partie de la tribu Banziri et eut beaucoup de peine à accoucher de l'enfant que Gerbillat lui avait fait à cause de son très jeune âge. C'est le 1er décembre 1919 qu'elle donne naissance à une petite métisse dont elle sera séparée à l’âge de trois ans afin d'être placée comme d’autres «métisses» indésirables à l’orphelinat Augouard de Brazzaville, capitale de l’Afrique Equatoriale française (A.O.F.). Mais les dures conditions de son "dressage" dans cet orphelinat lui font prendre conscience de son «africanité», ce qu'elle brandira d'ailleurs toute sa vie, préférant rejetter les privilèges accordés aux métis dans ce paysage colonial discriminatoire. Elle n'a que dix-sept ans lorsqu’on la marie au Français Groetz. Consciente de sa beauté, de son intelligence et constamment entraînée par son côté indépendante, l'adolescente se montre insoumise! Elle est ce genre de femme qui, bien que métisse, qui ne pourra jamais convenir à un colon. Le divorce sera rapidement prononcé!

En 1953, Andrée épouse l’ingénieur polytechnicien André Blouin qui l’amène en Guinée pour la première fois. Elle y fait la connaissance de MarieAndrée Kourouma, métisse comme elle et fille du Docteur Paul-Marie Duplantier et de Kaïssa Kourouma. Marie-Andrée est l'ancienne secrétaire de l’Association des Femmes et épouse du bouillant syndicaliste musulman Ahmed SékouTouré. Andrée trouvera rapidement ses marques à Conakry où elle ouvre un magasin d’objets africains. Ahmed Sékou-Touré admire son intelligence et son l’éloquence alors qu'elle éprouve pour lui une admiration sans faille. Ce dernier ne manquera pas de s'inspirer des idées d'Andrée lorsqu'il rédige quelques-uns de ses discours passionnés. En novembre 1959, Andrée fait connaissance de Pierre Mulele qui est de passage à Conakry. Impressionée par l'âme panafricaine et militante de Blouin, il l'invite à Léopoldville, malgré l’opposition de ses compatriotes du P.S.A. et de l’ABAKO. Andrée dérange car elle exercerait une influence «communiste » sur Antoine Gizenga et sur Pierre 34


Mulele. L’administration coloniale belge envisage déjà de l'expulser dès son arrivée. Le 31 mai 1960, Patrice Lumumba accède au pouvoir. Sékou-Touré qui entrevoit la fragilité du nationaliste congolais décide de lui envoyer deux conseillers spéciaux: le docteur Félix Roland Moumié, président de l’Union des Populations du Cameroun (U.P.C.) pourchassé par les Services secrets français qu’il nomme chef de la mission guinéenne à Léopoldville et son arme secrète, «Mme Andrée Blouin». Elle participe à la campagne électorale d’Antoine Gizenga et parcourt le Kwilu avec lui aux côtés de Pierre Mulele et Gabriel

Andrée Blouin tenant un discours politique au Congo

Oratrice hors paire, elle maîtrise les langues locales et manifeste un zèle incomparable. Andrée Blouin galvanise les foules par les contenus passionés de ses discours, et ajoute à cela une note particulière d'élégance vestimentaire. Son aura ne plaît malheureusement pas à certains Africains, ni à certains Européens d'ailleurs. En juin 1960, elle devient éditorialiste à la radio nationale congolaise où on la surnomme «Le Verbe du Congo». Les auditeurs sont sous le charme de la voix certaine et convaincante de Blouin et en redemandent encore. Etait-elle aux côtés de Patrice Lumumba et de Thomas Kanza lors de la correction du discours «Blasphématoire» du 30 juin 1930? On sait par contre que Lumumba avait demandé à son conseiller belge, Pierre Duvivier de lui rédiger un texte « sur le modèle guinéen». En juillet 1960, Lumumba ne résiste plus aux charmes de Blouin et la nomme chef du protocole du Premier ministre qu'il devient. Et bien que douée pour les langues, Andrée évoquera la difficulté à travailler au sein de ce bureau qu'elle qualifiera de véritable "tour de Babel".

Yumbu du Pari Socialiste Africain (P.S.A.). Elle rédige les discours de Gizenga, notamment celui du 30 juillet 1960 lors d’une réception donnée à l’honneur du Secrétaire général des Nations Unies, Dag Hammarskjöld, de passage à Kinshasa. Le diplomate suédois qui ne l’apprécie guère la surnomme la « Mme Du Barry du Congo», du nom de la favorite du Roi Louis XV, guillotinée sous la Révolution française.

«Le Verbe du Congo» qui galvanise les foules Après l'assassinat de Patrice Lumumba qui survient au Katanga le 17 janvier 1961, Andrée Blouin et Félix Moumié se voient expulsés du Congo sur ordre personnel du président Joseph Kasavubu. Andrée se réfugiera en Suisse mais sera obligée de la quitter suite à deux tentatives de meurtre pour rejoindre Paris où elle continuera à lutter contre le néocolonialisme qu'elle considère comme le mal de l’Afrique avant de regagner Conakry. Le 4 avril 1965, l’agence de presse « Opéra Mundi» du Hongrois Pierre Winkler publie les aventures d'Andrée Blouin au Congo sur base de ses entretiens avec deux journalistes belges sans son accord préalable! Andrée porte plainte. En 1981, Jean MacKellar, publiera enfin ses mémoires avec son accord cette fois sous le titre «My Country, Africa: Autobiography of the Black Pasionaria» sur base des entretiens qu’elle aua eu avec lui à Paris et à Conakry de 1970 à 1980. En 1984, la mort de son mentor Sékou Touré la fait regagner Paris où elle décèdera dans l’anonymat le plus complet en avril 1986.

L'auteur congolais Henri Lopès, fera revivre Andrée Blouin à travres le personnage de Simone Fragonard, alias Kolélé, dans son roman du le «Lys 35et le flamboyant»


«Je n'ai jamais su qui j'étais, et j'ai toujours su qui je n'étais pas (...) Dans ces circonstances, il est plus difficile encore de ne pas se laisser entraîner par la masse et de chercher sa voie dans un univers où tout est équilibre instable, doutes, allégeances aléatoires, sables mouvants où l'identité se perd en océans d'incertitude où la conscience se noie».

Andrée Blouin et la délégation congolaise (Conakry 1959)

"Une femme qui s'exprime avec une telle autorité en s'adressant aux hommes, c'est du jamais vu!"

Andrée Blouin et Antoine Gizenga

Ce sont là les propos de Léonie Abo Mulele, l'épouse de Pierre Mulele, lorsqu'elle entend Andrée Blouin pour la première fois s'adresser à une foule composée principalement d'hommes. Il en a fallu du courage à Andrée pour parvenir à percer et se faire entendre dans ce paysage typiquement genré qu'offrait l'Afrique post-coloniale encore victime du traumatisme de s'être vue imposer un patriarcat violent, en lieu et place du matriarcat des sociétés africaines précoloniales. On la disait pratiquement la maîtresse de tous les grands hommes avec qui elle travaillait, et d'aucuns pensaient sans hésitation que ses percées étaient en réalité des "promotions canapés".

Andrée Blouin qui mérite pleinement de voir figurer son nom au panthéon des Reines et Héroïnes d'Afrique fera partie de la liste des "Oubliées des Indépendances et des Révolutions Africaines", ouvrage à paraître de Natou Pedro Sakombi.

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La montée de l’afro-féminisme a-t-elle unifié ou divisé les hommes et les femmes noirs? Quel est le but de l’afro-féminisme, en sachant que l'unité au sein de la communauté noire demeure l'un des plus grands problèmes auxquels elle est confrontée. Grâce notamment aux travaux du Dr Frances Cress Welsing, nous savons que la problématique du genre peut être utilisée comme une arme pour maintenir la suprématie blanche sur les hommes et les femmes noirs. Analysons d’un peu plus près cette idéologie montante qu’est l’afro-féminisme.

Beaucoup de nos sœurs aujourd’hui se revendiquent «afro-féministes» et beaucoup de nos frères les encouragent dans cette voie, là où d’autres se sentent injustement « attaqués » ou pas du tout concernés. L’afro-féminisme, ce mouvement relativement nouveau promet une atmosphère plus «consciente» et moins «oppressive» pour ceux qui choisissent d'exercer leur identité d'une manière que la société dominante pourrait ne pas reconnaître. Mais dans le contexte de la Conscience et de la Renaissance noires, ce mouvement est-il responsable de l'unification ou de la division ultérieure de l'homme et de la femme noirs – en l’occurrence les deux éléments principaux nécessaires à l'unité de la grande famille noire ? Si la Communauté noire, de plus en plus attaquée doit se protéger contre les armes de la suprématie blanche et commencer à se guérir des blessures que ces armes lui ont infligées depuis des siècles, notamment à travers l’esclavage et la colonisation, elle se doit au préalable de comprendre comment ces armes sont apparues mais aussi de quelle manière elles ont été utilisées dans les contextes contemporains. Car il n’est absolument pas faux que nos anciennes sociétés africaines qui accordaient une place prépondérante à la femme par le biais du matriarcat, furent renversées par les envahisseurs

occidentaux afin d' y imposer le patriarcat qui régissait leurs propres sociétés. Par conséquent, nous devons impérativement analyser l’origine du féminisme ainsi que son utilisation en tant qu’outil destiné à semer parmi nous la confusion et la division, dans le simple but de créer des guerres entre nous. Le féminisme, tel que défini par la plupart des dictionnaires modernes est premièrement le principe selon lequel les femmes devraient posséder des droits politiques, économiques et sociaux égaux à ceux des hommes. Deuxièmement, le féminisme est l’ensemble des moyens mis en place afin d’obtenir ces droits. Notons que le terme a été créé par un philosophe français en 1872 qui croyait en un monde parfait et utopique. Et il est impératif de comprendre que le monde, à la fin du 19ème et au début du 20ème siècle, se voulait être un endroit où le pouvoir était uniquement concentré entre les mains des Occidentaux. Et le féminisme participait à équilibrer cette concentration du pouvoir en accordant aux femmes le droit d’intervenir dans la vie politique, dans la famille et dans l’économique (pour inclure des possibilités d'emploi élargies et des droits de propriété).

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La «première vague» de féminisme a vu le jour lorsque des femmes blanches se sont regroupées pour réclamer une part de pouvoir et la possibilité de participer pleinement et à part égale dans toutes les sphères de la société. Des organisations comme la National American Woman Suffrage Association (composée entièrement de femmes blanches qui refusèrent d’ailleurs d'être mélangées aux "Black Women") rédigèrent et pressèrent le Congrès d'adopter en 1919 le dix-neuvième amendement à la Constitution des États-Unis, accordant à toutes les femmes le droit de vote. Et il est important de noter que tous les Noirs obtinrent ce droit en 1870, mais furent quand même empêchés de voter en pratique. Les femmes noires, cependant, ont souffert à la fois du racisme et du sexisme, et n'ont donc reçu pratiquement aucun des bénéfices du mouvement des suffragettes. Dans la sphère francophone, le féminisme nait durant le siècle des lumières pour enfin voir ses idées se concrétiser durant la Révolution française, avec l’affirmation des droits naturels. En 1954, les Noirs en Amérique rassemblèrent suffisamment de pouvoir politique et juridique pour renverser la ségrégation scolaire dans le légendaire Brown v. Board of Education (Topeka, 1954) qui donna le coup d'envoi du mouvement des droits civiques. L'un des textes législatifs les plus importants fut la loi de 1964 sur 38

les droits civils, initialement rédigée pour mettre fin aux lois Jim Crow une fois pour toutes. Cependant, le projet de loi a été détourné par des organisations féministes blanches comme l'Organisation nationale pour les femmes (NOW) pour faire avancer les opportunités pour les femmes blanches ainsi que toutes les autres minorités. Ainsi, le détournement du mouvement des droits civiques par les féministes blanches lança la «deuxième vague» du féminisme. Une fois de plus, les femmes noires se sont retrouvées exclues et non représentées dans le mouvement féministe blanc, mais elles étaient toujours en mesure d'obtenir le pouvoir pour leur race. Des femmes comme Rosa Parks, Daisy Bates, Mary Mcleod Bethune et le révérend Dr. Prathia Hall (qui a inspiré le discours du Dr King « I Have A Dream ») ont notamment contribué à la réussite du mouvement. Six des «Little Rock Nine» étaient des femmes, et des milliers de femmes inconnues ont versé leur sang aux côtés des hommes noirs pour assurer un meilleur avenir à toute la race – et pas seulement pour leur sexe. Dans le monde européen, ce sont les grands bouleversements politiques de la seconde moitié du 19ème siècle qui feront resurgir les revendications féministes née durant le siècle des Lumières. La finalité de ce que l’on peut alors appeler clairement la «première vague du féminisme » est de réformer les institutions, de sorte que les hommes et les femmes deviennent égaux devant la loi : droit à l'éducation, droit au travail, droit à la maîtrise de leurs biens et droit de vote des femmes. Et avec l’apparition des démocraties occidentales, le mouvement féministe s’incarne progressivement dans des groupes organisés mais sans présenter une homogénéité, à tel point que les études contemporaines évoquent « des féminismes » plutôt que « le féminisme » durant cette première vague. Les revendications touchent également au contrôle de leur corps par les femmes (avortement, contraception) et sont placées au premier plan. Et la notion de « genre » brandie à ce moment-là entend clairement «dénaturaliser » les rapports entre les sexes.


Alors que le mouvement Black Power cherchait à libérer les Noirs des influences néfastes de la société blanche, l’afro-féminisme encouragera l'intégration dans cette société et l'adoption de valeurs blanches comme moyen d'atteindre l'égalité. Ainsi, les idées concernant la race et le sexe donnèrent naissance à celles selon lesquelles il n'y avait pas de différences inhérentes entre les sexes et que les rôles de genre étaient créés par le conditionnement social.

Outre atlantique, alors que des organisations telles que le Comité de Coordination NonViolente des Etudiants (SNCC) de Stokely Carmichael encourageaient le leadership féminin noir, le Black Panther Party et d'autres organisations plus petites de Black Power restreignaient les femmes à des postes de direction. Voilà pourquoi Assata Shakur et Angela Davis se retrouvèrent soumises aux mêmes formes d'oppression qu'elles avaient rencontrées dans le monde blanc. Désenchantées avec leur rôle de subalternes dans le mouvement Black Power- et chassées du mouvement des femmes blanches au suffrage, les femmes noires entreprirent de définir leur propre place dans le monde. Ainsi, la "troisième vague" du féminisme va voir le jour. Plutôt que de servir à combler le fossé entre les relations hommes/femmes noires et leur égalité dans une société suprématiste blanche, l’afro-féminisme devient une perpétuation de la pensée féministe, mais mal orientée pour conduire à la destruction de la civilisation noire.

En Europe, la troisième vague du féminisme naît à partir des années 1990, et c’est à cette période exactement que l’on assiste à prolifération de militantes féministes issues de groupes minoritaires et qui apparaît dans le sillage du Black feminism. Voilà pourquoi, à cause de ce caractère récent du féminisme dans le milieu noir européen, l’afroféminisme tendra à se rapprocher du mouvement Black feminism étasunien. Et il était donc normal que le féminisme, idéologie à l’origine occidentale, s’installe aussi en Afrique parmi les femmes intellectuelles. Mais ces femmes féministes africaines reconnaissent que le féminisme africain n'est pas seulement créé en réaction à l'exclusion du féminisme blanc, mais aussi en raison d'un désir de créer un féminisme qui comprend vraiment le contexte personnel et les expériences des femmes sur le continent. Or ces besoins des femmes africaines, leur réalité, leur oppression et leur gain d'indépendance sont inclusifs et comprennent non seulement des questions générales et mondiales, mais aussi des questions locales. On peut donc affirmer que ce type de féminisme naît pour répondre au déséquilibre apporté par les Occidentaux dans des sociétés africaines ancestrales où la femme possédait pourtant une place de choix. Ainsi selon l'auteure Naomi Nkaleah, les féminismes africains (car il faut également comprendre que de par leurs différences religieuses, ethniques, économiques, politiques, il n’existe pas un seul type de féminisme africain) "cherchent à créer une femme africaine nouvelle, progressiste, productive et indépendante, au sein des cultures hétérogènes de l'Afrique. Les féminismes en Afrique cherchent à modifier les cultures et leur impact sur les femmes dans plusieurs sociétés." 39


Ces circonstances finirent par produire des afroaméricaines «indépendantes», qui sont venues à l'encontre de l'homme noir disparu de la cellule familiale, et la «femme carrieriste», qui a évité d'avoir des enfants pour aller à l'université et gravir les échelons dans les entreprises blanches. Certaines féministes noires se sont franchement tournées vers le lesbianisme pour satisfaire leurs besoins intimes. D'autres ont abandonné entièrement les hommes noirs pour entrer dans des relations interraciales. Tous ces résultats ont parfaitement joué dans la tactique de la suprématie blanche, dont l'objectif initial était d'empêcher la montée d'un mouvement noir unifié qui pourrait déstabiliser la concentration du pouvoir blanc. Aujourd'hui, il faut l’admettre car les faits sont palpables, l’afro-féminisme a évolué en un mouvement qui place les femmes noires contre les hommes noirs, favorisant à la fois la violence et la victimisation, répandant la pensée extrémiste et démontrant la suprématie blanche dans l'action. L'un des traits favoris du féminisme noir est «l'antioppression», à savoir l'hypothèse selon laquelle «les hommes ne sont pas en mesure de dire aux femmes ce qu'elles doivent faire ». C’est justement là où les afro-féministes se trompent de combat, brandissant le contrôle patriarcal, l'antithèse du féminisme, et oubliant qu’à la base c’est le matriarcat qui régissait les anciennes sociétés africaines. L’idée du refus du contrôle de l’homme sur la femme n’est pas mauvaise en soi, car en aucun cas, sauf dans l'esclavage et la tutelle, un être humain n'est autorisé à dire à autrui ce qu'il doit ou ne doit pas faire. Mais le problème est que le féminisme noir essaye constamment de dicter aux hommes quels comportements sont acceptables et quels comportements «ne doivent pas» être tolérés vis à vis des femmes.

Ce qu’il faut de toute façon retenir, c’est que les féminismes occidentaux, l’afro-féminisme qui éclot dans la diaspora ou le féminisme africain possèdent un point commun irréfutable : le refus du privilège masculin. Et on constate quel’afro-féminisme (dans la diaspora ou en Afrique, même si pour ce dernier cas on tend à parler de féminisme africain) a évolué alors que les suprématistes blancs ont commencé à changer de tactique pour faire face à la montée de la Conscience noire. Le mouvement afro-féministe était un terrain fertile pour plusieurs armes de la suprématie blanche, y compris le "métissage contrôlé", l'intégration, la mauvaise éducation, le sexe et l'eugénisme. Les droits en matière de procréation étant la pierre angulaire du mouvement féministe, Planned Parenthood lancera une vaste campagne visant à encourager les femmes noires à participer volontairement à l'eugénisme. Dès lors, outreatlantique, il n’est pas étonnant d’entendre le discours d’Emmanuel Macron quant à la planification des naissances en Afrique. Les suprématistes blancs ont également vu la destruction de la communauté noire comme un facteur important dans la destruction du mouvement Black Power dans son ensemble. Les communautés noires ont été inondées de drogues par ces mêmes gouvernements qui ont déchaîné une armée de policiers pour poursuivre de manière disproportionnée les hommes noirs et les emprisonner pendant des décennies - laissant ainsi les femmes élever seules des enfants tout en travaillant pour couvrir le revenu perdu par le mâle. 40


La suprématie blanche a longtemps utilisé les médias comme une arme. A l'époque des longs métrages comme « Birth of a Nation » (où des hommes afro-américains joués par des acteurs blancs au visage noir) ont été dépeints comme inintelligents et sexuellement agressifs envers les femmes blanches, et où le Ku Klux Klan apparaissait comme une force héroïque, l'image du mâle noir est dégradée, détruite et déformée par des labels contrôlés par des Blancs et qui recherchent les éléments les plus désobligeants au sein de la communauté noire, les encourageant à devenir des superstars. Tout comme le film "Naissance d'une nation " dépeignait les hommes noirs comme non intelligents et sexuellement agressifs, le féminisme noir promeut les images négatives des hommes noirs comme étant des violeurs agressifs, et carrément inférieurs à elles intellectuellement parlant. Et tout comme les architectes de cette nation ont tissé leurs croyances racistes dans le tissu de la société, les fondateurs du mouvement féministe ont tissé leurs croyances sur l'infériorité raciale des Noirs à travers leurs idélogies féministes.

Priver intentionnellement tout enfant noir de sa mère noire ou de son père noir, sauf dans des cas comme le divorce pour des raisons graves ou la mort d'un parent, est en soi une forme d’abus. Derrière chaque enfant qui grandit sans l'un de ses parents, il y a toujours un récit douleureux. Alors que les familles monoparentales et le divorce ont toujours été perçus comme une rupture de l'idéal des parents mariés, avoir des prents de même sexe est devenu normal. Or, ce n'est pas seulement anormal, mais dangereux. Femmes noires, reines d’Afrique, par votre douceur, vous avez le pouvoir d'influencer positivement le comportement des hommes et c’est cela que nos aïeux avaient compris à travers le matriarcat. Utilisez votre pouvoir inné et sacré pour prendre de meilleures décisions quand vous choisissez vos hommes. Vous ne pouvez pas abandonner les hommes noirs et ensuite déplorer le mythe de l'absence de bons hommes noirs. Au lieu de choisir la voie la plus difficile et la plus productive du conseil et de la réconciliation, vous ne pouvez pas choisir le divorce et la pension alimentaire pour vos enfants. Vous ne pouvez pas choisir une autre orientation sexuelle, et ensuite en imputer la faute aux hommes.

L’afro-féminisme est devenu le nouveau front de la guerre contre l'unité noire en détruisant fondamentalement la dynamique masculine-féminine qui produit des familles noires saines. Les féministes noires discutent longuement de l'importance de comprendre le genre, et pourtant ne donnent aux enfants noirs aucun contexte sur ce à quoi ressemble un homme noir fort, sain et mature. Certaines vont jusqu’à les exclure de la maison pour les remplacer par d'autres femmes ou hommes d’autres races. Certaines suggèrent également qu'un «foyer lesbien aimant» est meilleur pour un enfant qu'un couple masculin et féminin noir imparfait. Or, pour qu'un enfant comprenne à quoi ressemble un «homme noir idéal» sachant correctement gérer les affaires familiales, l'enfant doit pouvoir le voir en action. Ainsi, même la femme célibataire ou lesbienne la plus héroïque du monde ne pourra jamais se passer d’un père.

Loin de nous l'idée de renier la viloence physique contre la femme, tout comme le harcèlement dans la rue ou l'abus sexuel et émotionnel, ces comportements « sociopathes » de la part des hommes sont bien réels, et on observe que souvent eux-mêmes ont été des victimes de violences. Et sachez que la plupart des hommes noirs veut voir une fin à ce comportement autant que les femmes noires. Mais perpétrer nos divisions en se repliant sur la pensée afro-féministe, qui est à l’opposé des pensées africaines originelles, n'est à mon humble avis, pas la voie à suivre. Mais comprendre les idées d’un matriarcat sain qui a forgé nos sociétés d’antan, dans lesquelles les femmes n’avaient pas à quémander des droits ou la parole, tout comme privilégier le dialogue et votre pouvoir pour le bénéfice de notre communauté est en mon sens le début d’une évolution pour la femme africaine et afrodescendante. 41


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Parcours impressionant du prodige ougandais, du bidonville à la reconnaissance internationale

par Amy Kane

Phiona Mutesi est une jeune ougandaise dont la date de naissance reste inconnue à ce jour. On suppose qu’elle serait née entre 1993 et 1995. Elle fera beaucoup parler d’elle en 2016 tant ses exploits sont de taille! Cette jeune fille, qui vers à peu près l'âge de neuf ans ne savait ni lire ni écrire, vivait dans le bidonville le plus dangereux de la capitale, Kampala, une cité où l’accès à l’eau et aux besoins de base comme la nourriture sont difficiles. Sa petite famille se compose de sa mère et de ses frères; son père étant mort du sida et sa sœur d’une maladie inconnue. Ils vivent alors dans une seule pièce et partagent un même lit. On a donc un tableau assez précis de la vie ardue que cette jeune africaine a du supporter. Phiona vendait du mais bouilli dans un seau qu’elle portait sur sa tête et dût abandonner l’école très tôt. Néanmoins, en quatre ans, sa vie changera du tout au tout: elle deviendra championne d’échecs et gagnera une reconnaissance internationale. Un jour, alors qu’elle avait le ventre affamé et qu’elle suivait son frère (car elle croyait qu’elle pourrait trouver de la nourriture en le suivant), elle tombe sur le club d’échecs SOM Chess Academy. Ce jeu lui étant inconnu, elle se demandait ce qui pouvait bien imposer le silence à tant d’enfants. Et plus elle les regardait jouer, plus elle entrevoyait l’excitation et la joie de ces derniers. Elle se promettra alors de s'offrir autant de joie qu’eux à travers cette nouvelle discipline. SOM Chess Academy est un club d’échecs fondé par Robert Katunde, un missionnaire ougandais qui décida d'apprendre aux jeunes des bidonvilles

à jouer aux échecs. Sceptique au début, il se demandait si ce sport raffiné avait bien sa place dans les baffons de Kampala, mais il finira par se dire que la stratégie utilisé dans les échecs, qui sont un jeu de survie, conviendrait parfaitement à des jeunes vivant dans l’un des coins les plus dangereux du pays. Et en effet, les mots de Phiona prendront tout leur sens lorqu’elle dira: « les échecs ressemblent beaucoup à ma vie. Un mouvement malin vous met à l’abri du danger, alors qu’un mouvement insensé peut vous coûter cher ». Lorsqu’elle se met sérieusement aux échecs, Robert

remarque vite les aptitudes spéciales de Phiona. Au début, la future championne devait marcher six kilomètres pour venir s’entraîner aux échecs, mais ses efforts et sa patience n’auront pas été vains, car à onze ans à peu près, elle devient la championne féminine junior de son pays. En 2009 elle représente l’Ouganda accompagnée de deux de ses compatriotes au Soudan, à l’Africa’s International Children’s Chess Tournament (tournoi international africain d’échecs pour enfants). Ce premier voyage fut emplit de surprise pour la jeune reine des échecs, puisqu’ils rapporteront avec eux un trophée pour l’Ouganda. Durant ce voyage, un monde nouveau s’offrait à elle : des déplacements en avion, des buffets, des toilettes, et un lit juste pour elle. Elle se sentait véritablement comme une reine. En 2010, Phiona participe aux Olympiades des Échecs en Russie cette fois. C’est pendant cet 43


événement qu’elle décide de devenir un jour un grandmaster (grand maitre). En 2012, les Olympiades ont lieu à Istanbul, et Phiona se démarque en étant la première ougandaise à être couronnée Woman Candidate Master. Peu après elle s’envolera pour les États-Unis afin de promouvoir son livre coécrit avec Tim Crothers, « La Reine de Katwe ». Un film du même titre, relatant son histoire sera produit par Disney en 2016 avec, pour le rôle de sa mère, l’actrice Lupita Nyongo. Lorsqu’on lui demande si elle a vu le film, la championne répond qu’elle connait déjà l’histoire! Phiona Mutesi est une championne au parcours hors du commun, qui en peu de temps a su atteindre les sommets. Elle est un exemple pour de nombreux jeunes qui vivent dans le désespoir et qui pensent ne rien réussir dans la vie. Une histoire qui permet à tout un chacun d’avoir espoir en la vie et de croire en de meilleurs lendemains. C’était le récit de Phiona Mutese, une reine et héroïne d’Afrique.

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par Sarah Adoua Etymologiquement, le vocable Bantou a été introduit en 1862 par Guillaume - Henri BLECK, linguiste allemand de son état, pour désigner les groupes de populations noires dont la langue ou le dialecte utilise le radical « Ba » en guise de pluriel et qui habitaient la zone au sud du parallèle joignant Douala à la rivière Tana située au Kenya. Plus concrètement, le mot Bantou est formé de deux radicaux: le radical Ba qui forme le pluriel en langue bantoue, donc « les » et le radical « ntou » qui veut dire « Homme ». Le mot bantou signifie donc les Hommes. On dénote entre 350 et 400 le nombre de langues bantoues, suivant que l’on considère certains parlers comme des langues ou des dialectes Des millénaires auparavant, les Bantous vivaient dans la région du Haut Nil comprise entre le 17e et le 21e parallèle sur les bords de grands marécages. Cette présence s’est poursuivie à l’époque du règne du grand pharaon soudanais TAHARKA le Grand (689-664) pendant la période du néolithique humide. Certains bantous étaient installés entre la cinquième et la sixième cataracte du Nil, à une cinquantaine de kilomètres au sud du confluent NIL-ATBARA. Ils formaient alors le royaume de Kouch, Napata et Méroé. Ce royaume était doté d’une écriture alphabétique non encore déchiffrée à ce jour, et de la maîtrise de la métallurgie du fer. Il y a huit ou dix mille ans, le climat de l’Afrique dans cette région comprise entre le Sahara et la zone équatoriale très étendue était très humide. Le mode de vie des bantous était étroitement lié à l’eau, et cette familiarité d’avec l’eau a laissé place au développement des civilisations de pêcheurs entre 8000 et 5000 avant l’ère chrétienne, le long du moyen Nil et dans le Sahara. On a même retrouvé la trace de bantous au nord du continent africain, tant à l’Ouest qu’à l’Est. En effet, le saharien mésolithique d’Asselar était un noir de type bantou. En outre, les vases trouvés dans l’Aouker préhistorique (aujourd’hui la Mauritanie) ressemblent en tout point à ceux qui sont encore utilisés aujourd’hui par les Noirs du sud. Les vestiges d’harpons en os et la poterie suggèrent des activités de pêcheurs mais encore tributaire de la chasse et de la cueillette. C'est donc à partir de 5000 avant J.C que le climat devient aride dans cette zone, entraînant un abaissement des niveaux des lacs. Ainsi, des conséquences majeures telles que la migration des populations qui vivaient dans cette zone, parties vers le sud, à la recherche de l’eau, ainsi qu’une véritable mutation du peuplement de l’Afrique furent dénotées. Les bantous ont donc dû s’adapter à des milieux de vies différents. Et en s’y installant, ils y instauraient également leur culture. 45


Vers -900, Israël, (en langue kongo, ISOLELE , qui signifie je t'ai choisi), parfois identifié comme, jizrael, YISSA'HÉ en langue kongo ntoto ya beto devenu bantous, porte déjà les germes d'un état pleinement constitué, avec des centres administratifs fortifiés et des palais en pierres de taille, à Megiddo, qui sont des constructions reproduites à l'identique par les bantous hébreux exilés du grand Zimbabwe, avant que les édomites (européens ) découvrent Afrique. Ils furent surpris de constater que l'architecture bantous, au grand Zimbabwe, ressemblait étrangement à l'architecture de Jérusalem actuel occupé par EDOM et les nations EZEKIEL. Le village des tekoites (tékés) dans le JERUSALEM actuel, au Moyen-Orient, en ruines, est un village qui porte toujours le nom bantou de SUBA ("urine" en langue bantoue, preuve que les bantous auraient habité l'ISRAËL actuel

Aussi, ils utiliseront le même alphabet, à savoir le KONGO DIA SONIKA ( le mot sonika, est un mot egyptien, un mot jadis à usage commercial, pour désigner des papyrus qui étaient fabriqués par les anciens Égyptiens, voisins du SUD d'ISOLELE. Les soninkés étaient donc des scribes égyptiens, appelés également "sarakolé", le mot "sara" en langue egyptienne signifiant "fils". Aujourd'hui les Soninkés, comme les autres anciens égyptiens , vivent en AFRIQUE de l'ouest, dispersés au Mali et au Sénégal). Ils sont mêlés aux cushites, soudanais , les Dinkas, devenus en Afrique de l'Ouest les Madinkas . Les nombreuses similitudes entre la culture bantoue et celle des anciens juifs hébreux et israélites dans le langage et l’architecture est-elle le fruit d’une simple coïncidence ? D'ailleurs, est-ce étonnant? Le peuple bantou, aujourd’hui considéré comme un ensemble d’hommes issus de l’Afrique noire et pour certains des indigènes, n’est-il pas en réalité le garant de l’histoire de l’humanité ?

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Comprendre le A travers l'EDUCATION Par Natou P. Sakombi

Dans les sociétés africaines précoloniales, dont la majeure partie était de type matriarcal, l’éducation des filles occupait une place considérable. La femme était responsable de l’harmonie familiale et représentait le pilier de la société et de la nation. Par conséquent, la fille était éduquée pour être une sorte de “ministre de l’intérieur” qui gérait les affaires familiales et sociétales, voire nationales, alors que le garçon était éduqué pour devenir une sorte de ministre des affaires étrangères, protégeant la famille, la société et la nation de l’extérieur. Il lui était concédé un rôle viril qui était notamment marqué par une initiation qui se soldait par une circoncision sans anesthésie, qui déterminait son endurance et sa résistance. Le cas des Baluba du Kongo est intéressant à analyser si l’on veut saisir l’importance de l’éducation et notamment celle des filles. En effet, chez les Baluba, il y existait une distinction entre les “bintu” (les choses inanimés), le “muntu” (l’humain) et les “banyeme” (les animaux). Toutefois, le muntu n’était considéré que lorsqu’il avait pu acquérir le “buntu” (les valeurs par l’éducation). Voilà pourquoi l’éducation revêtait une importance prépondérante et concernait la responsabilité de tout le village. L’initiation des filles se soldait par le “butanda”, un concept assez significatif du rôle de la femme, puisqu’il peut être traduit par “la préparation du lit”. Il faut y comprendre que le rôle de la femme était de résoudre les conflits familiaux dans le sens restreint non pas aux yeux du public mais dans sa chambre à coucher, à l’abri des regards. Ce rôle pouvait sans équivoque s’étendre à la résolution des problèmes exogènes à la famille restreinte et endogènes à la société, voire à la nation. Et si la participation de la femme dans les organes de décisions est aujourd’hui pauvre en Afrique, il faut savoir que dans les sociétés anciennes, elle pouvait occuper des rôles comparables à ceux concédés aux ministres des affaires intérieures (résolution des conflits familiaux internes), de la santé (soins des membres de la famille), de l’énergie (gestion de l’eau et du feu, cfr. chez les Bakuba où la femme était détentrice du feu sacré dont elle avait reçu le secret divin). 47


Notons par ailleurs l’importance du matriarcat et de la matrilinéarité dans pratiquement toutes les sociétés ancestrales africaines où les sociétés et les monarchies en étaient régies. Or, l’administration coloniale viendra apporter un changement décisif dans l’organisation sociétale africaine et dans le rapport des genres. En effet, ayant compris le rôle et l’impact de la femme dans les sociétés ancestrales africaines et afin d’étendre leur pouvoir, les colons vont réduire à outrance la participation active de cette dernière. Une propagande destructrice va être introduite en afrique pour minimiser et canaliser le rôle de la femme africaine. Pour citer un exemple dans le Congo Belge, le Révérend Père Vermeersch sera le premier à décrire le portrait de la femme congolaise afin de dégager des moyens pour lui concéder une nouvelle place dans le paysage colonial, qui se voulait nécessairement genré. Il distinguera trois types de femmes:

"la fille était éduquée pour être une sorte de “ministre de l’intérieur” qui gérait les affaires familiales et sociétales, voire nationale, alors que le garçon était éduqué pour devenir une sorte de ministre des affaires étrangères, protégeant la famille, la société et la nation de l’extérieur" - La femme polygame, considérée comme une esclave et faisant partie d’un troupeau dont le mari est le berger - La femme ménagère du Blanc, une esclave sexuelle - La femme chrétienne, libérée et produit réussi de la mission civilisatrice occidentale. C’est de cette dernière que les colons feront l’apologie de la femme congolaise chrétienne, monogame, attachée aux valeurs familiales et surtout génitrice et grâce à qui la colonie se portera mieux. Mais il se cache un aspect intéressé dans cette démarche, en ce sens que la procréation est liée à un projet facilitant la main d’oeuvre et la bonne marche de l’administration coloniale. Lorsque l’éducation est offerte aux hommes, c’est pour qu’ils deviennent les auxiliaires administratifs de la colonie et les femmes, des génitrices et des canalisatrices de de l’organe familiale. Le Congolais et la Congolaise ne sont pas formés pour occuper des postes à responsabilité, et ils souffriront pendant longtemps, jusqu’à aujourd’hui d’ailleurs, de cette inaptitude à tenir des postes à responsabilité. Cette inaptitude se fera ressentir aux premières heures des indépendances africaines, lors de la création des états souverains. L’éducation traditionnelle est considérée avec mépris, c’est une barbarie qu’il faut éradiquer. Lorsque les femmes congolaises se voient offrir des formations, c’est pour seconder les puéricultrices ou servir comme aide-ménagères. Mais elles sont minutieusement sélectionnées: elles doivent être mariée monogamiquement, savoir lire et écrire et faire preuve d’une conduite morale irréprochable. C’est dans cette idée que Frantz Fanon, dans son ouvrage “Sociologie d’une Révolution”, nous explique que la femme voilée en Algérie française représente une résistance visible à la colonisation et à la conversion culturelle. La femme dévoilée quant à elle représente la colonisation réussie, la conversion culturelle et religieuse. En observant le taux de scolarisation des filles en baisse dans les sociétés africaines actuelles, nous comprendrons aisément que l’importance accordée à l’éducation de la fille dans les anciennes sociétés précoloniales aura considérablement souffert de la rencontre de deux civilisations aux visions relativement éloignées. Aujourd’hui encore, faute de moyens, les familles africaines pauvres, lorsqu’elles le peuvent, préféreront miser sur l’éducation du garçon plutôt que celle de la fille. 48


Credits: Ethno Tendance Fashion Week - Burssels 2017

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Credits: Ethno Tendance Fashion Week - Burssels 2017

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Interview réalisée par Sarah Adoua Qui est la créatrice de la marque AfroGrace ? pouvez vous nous parler de vous ? Pourquoi avoir choisi de défendre l'identité de la femme africaine? Rien ne me prédestinait un jour à défendre un sujet comme l’identité africaine, à travers le cheveu notamment. Et il parait qu’il s’agit d’un sujet typiquement féminin mais qui touche tout genre d’individus en raison de l’opinion faite ou reçue par chacun, par le biais de différents canaux. Grace D’Abo est mon nom, je suis âgée de vingt-quatre ans et dans quelques jours je soufflerai ma 25ème bougie. J’ai principalement, et ce pendant cinq ans, étudié le droit international économique. Aujourd’hui j’exerce en tant que juriste en Banque au Congo-Brazzaville. AfroGrace est mon saut dans l’inconnu. Je suis animée d’un amour et d’une passion pour des slogans tels que « Black is Beautiful », ou « Proud to be black». J’aime rappeler que pendant longtemps la race noire demeura en perpétuel questionnement et revendiqua la reconnaissance de son histoire et la réparation des préjudices subis lors de la colonisation et l’esclavage, et que cela passa aussi par la reconnaissance de la beauté et des attributs africains ou noirs, du gros nez à des lèvres charnues au cheveu crépu. Et il se trouve que ce dernier attribut a retenu toute mon attention. Cela fait plus de 3 ans que je suis retournée à mes cheveux naturels, à savoir crépus, et je suis ravie d’avoir renouée avec mes "propres cheveux." Qu'est ce qui vous a poussé à créer Afro Grâce ? L’environnement dans lequel je vis depuis 2 ans, mon

beau pays le Congo. Après avoir fini mes études, AfroGrace a été ma motivation dans cette société réfractaire à l’émancipation de la femme, notamment en ce qui concerne sa chevelure naturelle. Cela m’a encouragé dans ma prise de position : encourager le naturel. Bien que mon champ d’action ne se limite

qu’au cheveu, il pourrait s’étendre plus loin tel qu’à la peau, en raison du phénomène de la dépigmentation par des produits éclaircissants et le complexe pour certaines femmes de ne pas aimer leur couleur de peau. Les préjugés et la société m’ont donc vivement encouragée à donner vie à AfroGrace afin de donner une autre image de la beauté africaine au Congo, précisément à Brazzaville, et à encourager les femmes à aimer leur cheveu, avec ou sans artifices et d’en prendre soin. A cet effet, une gamme capillaire 100% naturels a été conçue pour chaque femme qui porte son cheveu naturel. Quelles ont étés vos sources d'inspirations? Ma principale source d’inspiration se trouve en 51


tout genre et de tout corps de métiers, capables de s’engager dans la société en portant librement leurs cheveux, de les coiffer et d’en prendre soin en dépit des pensées caricaturales de la société. Ces pensées se reflètent par des phrases telles que “Pourquoi ne te coiffes-tu pas?” “Pourquoi ne défrises-tu pas tes cheveux?” “Tes cheveux sont semblables à la foret.” ou “ Tu n’es pas belle avec ces cheveux crépus”. Il est temps que l’Afrique et la femme africaine définissent ses propres standards de beauté et cessent de calquer sa beauté à la beauté européenne ou américaine. Toutefois, le but n’est pas de remettre en cause la mondialisation, mais de reconnaitre qu’elle a en partie contribué à la perte d’identité de la femme congolaise, “pour ne parler que du sein qui me nourrit.” De plus, l’Afrique possède différentes cultures et je pense que ce serait dommage de ne vouloir qu’avoir une image précise et déjà préfaite de la femme africaine.

chacune des femmes qui arborent leur couronne de cheveu avec confiance et fierté telle que Mariam Diaby, promotrice de « Nappy de Babi », que j’ai rencontrée avec d’autres connaissances en Côte d’Ivoire, à Abidjan. Ma mère est aussi une source constante d’inspiration et le principal moteur de mon engagement, en dépit des difficultés que peut rencontrer tout entrepreneur. Quels sont vos projets à long terme? A long terme, je souhaiterais implanter un salon de beauté, « Ô Naturel », en République du Congo et dans les pays voisins, encourager la mise en place de programme de sensibilisation visant notamment à aider les mères à prendre soin des cheveux de leurs filles et ne pas avoir recours au défrisage dès le bas âge. Aussi, les jeunes filles et les femmes elles-mêmes seront concernées, car il s’agit là d’éducation, afin que ces dernières apprennent à aimer leur cheveu et leur peau et à s’accepter comme étant de belles femmes noires. Le reste des projets AfroGrace vous seront dévoilés avec le temps et l’avancement de son parcours. vous sentez vous proche de l'image que reflète la femme africaine actuelle? Je pense que chacun a une conception de la femme africaine. Je dirai, que le but est d’encourager les femmes africaines à assumer leur attribut propre et par conséquent à porter fièrement cette identité. Il n’est pas question d’interdire le port des perruques ou extensions, mais plutôt d'avoir des femmes de

En tant que créatrice d’AfroGrace, vous considérez-vous comme une reine et héroïne d'Afrique ? Reine et héroïne d’Afrique sont des mots forts, bien que je considère toutes ces femmes qui prennent position ou défendent des causes nobles en encourageant l’émancipation de la femme noire sont toutes des reines et des héroïnes. Je pense à Hapsatou Si, Mariam Diaby, Nanou Sassou, Chimamanda N’gozi ou OkonjoIweala ou encore Juliana Rotich. Le défi est de parvenir à faire partie des pionnières de cette prise de conscience réelle en République du Congo, en Afrique Centrale et au-delà. Je crois que la femme est le moteur indispensable et essentiel d’une société et de son économie. Un mot pour conclure ? Pour conclure, AfroGrace est la célébration de la femme africaine proclamant la beauté de son cheveu afro, ce cadeau de Dieu. 52


Qu'attendez-vous qu'on vous dise encore? Voici un florilège des paroles fortes, dites avec verve, sans complexe ni fioritures. Les auteures revisitent tous les clichés faciles accolés à leur sexe, tordent le cou à moult préjugés sociaux, se démarquent de discours unanimistes, et clament de réécrire comme elles l’entendent leur histoire, d’assumer seules leur destin, sans le besoin de qui que ce soit, en tous les cas pas celui des faire-valoir ni des porteparoles patentés. Et nous préviennent surtout qu’il va falloir dorénavant compter avec elles… Editions du Pangolin

Cyclone Je ne sais pas pourquoi j'écris et qui lira un jour ces lignes qui hurlent ma détresse.

Qui s'intéressera un jour à la transcription de ces lignes écrites par une maman qui tente en vain de trouver les mots justes pour décrire cette étrange chose qui l'habille corps et âme et qui semble l'entraîner dans une sorte de tunnel obscur, nébuleux ? Ces heures où je voudrais mourir pour retrouver mon enfant, la prendre dans mes bras et lui dire encore combien je l'aime ! Je n'ai jamais autant souffert depuis que je suis venue sur cette terre des hommes... Auteure: Emilie-Flore Faignond Editions: Paulo Ramand Nyota Nyota est une femme remplie de rêves et d’ambitions. Elle veut être décoratrice de mariage mais…Pour cela, Nyota cherche impérativement des modèles à suivre… sans succès. Comment réaliser ses rêves quand tout le monde pense qu’il faut être avec un homme riche même s’il est marié pour devenir soi-même riche ? Que faire quand dans une société, les femmes sont très peu soutenues dans leur parcours ? Nyota est-elle au mauvais moment, au mauvais endroit dans la société dans laquelle, elle a vu le jour ? Auteure: Patience Ngoba Mushidi Editions: CreateSpace Independent Publishing Platform Née Blanche de Parents Noirs Née au Cameroun de parents noirs, Annie Mokto a la peau blanche. Une naissance considérée comme “une catastrophe” dans ce pays africain. Devant cette anomalie génétique, Annie Mokto a décidé de se battre, toute sa vie, pour faire face à la stigmatisation et à l’exclusion. Elle dévoile son expérience dans un livre dans lequel elle évoque également la décision de l’ONU de décréter le 13 juin comme journée internationale de l’albinisme. Car dans certains pays africains, les personnes atteintes d’albinisme sont souvent bannies de la société voire tuée à la naissance… Auteure: Annie Cécile Mokto Editions: Assyelle 53


CRI DES MÈRES est une association humanitaire à but non lucratif qui s’appuie sur des valeurs simples : l’Assistance, l’Entraide et la Solidarité. L’association a pour objectif d’aider les enfants défavorisés d’Afrique. ACDM agit principalement pour l’éducation et la santé des plus jeunes en participant à la construction et/ou la réhabilitation d’infrastructures scolaires, de centres d’hébergement et la fourniture de mobiliers scolaires nécessaire dans les salles de classes. Elle met également en place des projets sociaux permettant l’accès à une formation des jeunes vulnérables pour leur permettre une réinsertion professionnelle

« Étant née en Afrique et m’étant retrouvée orpheline à l’age de 10 ans, mon expérience per- sonnelle est la principale raison pour laquelle j’attache une si grande importance à l’édu- cation des enfants d’Afrique. Aller à l’école et recevoir un enseignement m’a permis d’être la femme que je suis aujourd’hui : une femme libre et indépendante, une femme entreprenante, active, engagée et surtout épanouie. À mon tour, je me sens investie d’une mission : celle d’aider les enfants (et en particulier les jeunes filles) à s’accomplir pour qu’ils s’instruisent et deviennent des adultes responsables. Nous nous devons de leur offrir une éducation de sorte qu’ils puissent poursuivre leur rêve, transformer leur vie, et à leur tour impacter le monde. C’est de cette vision que l’association Cri des Mères est née. Depuis sa création, nous mettons tout en œuvre pour améliorer le quotidien des enfants de familles défavorisées en leur facilitant l’accès à l’éducation et aux soins médicaux pour leur garantir un meilleur avenir.»

Domingas B. Francisco - Présidente Fondatrice de "Cri des Mères"

Soutenez "CRI DES MÈRES":

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RHA et sa prĂŠsidente, Natou Pedro Sakombi remercient vivement les associations, partenaires et soutiens qui leur ont fait confiance tout au long de l'annĂŠe 2017! Ensemble pour la Renaissance de Mama Africa!

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Retrouvez les rĂŠcits ĂŠcrits "RHA-Raconte" sur notre site internet: www. reinesheroinesdafrique.wordpress.com 57


www. reinesheroinesdafrique.wordpress.com

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Reines & Héroïnes d’Afrique (RHA) est une structure panafricaine fondée en novembre 2010 par Natou Pedro Sakombi dans le but revaloriser l’image de la femme africaine et afro-descendante par le biais de l’Histoire. Inspirée par l’ouvrage de l’historienne Sylvia Serbin (« Reines d’Afrique et Héroïnes de la Diaspora Noire » - aux éditions Sépia) et persuadée que la Femme Afro ne retrouvera sa fierté, longtemps bafouée, que grâce à la connaissance de son rôle prépondérant dans l’Histoire, Natou créera le site ainsi que la page facebook "Reines & Héroïnes d'Afrique". Afin de ne pas se limiter à la sphère virtuelle, Natou proposera les expositions itinérantes "La Femme Noire est l'histoire" dans plusieurs villes d'Europe et d'Afrique. C'est en octobre 2011 que naît le magazine en ligne « RHA-Magazine », d'après une idée originale de l'activiste Kemi Seba. Le magazine est au départ bimestriel et gratuit. Le champs d’action étant vaste et laborieux, Natou lancera un appel à d’autres femmes dont l’intérêt porte sur la véritable histoire de l’Afrique et de ses protagonistes féminines. Ainsi, avant le lancement du magazine en ligne, une dizaine de femmes afro-descendantes répondront à l’appel de la France, de la Belgique, de l’Italie, d’Angleterre, des Etats-Unis, du Canada, de la Suisse, du Cameroun et du Sénégal pour former l'équipe de rédaction de RHA-Magazine. En 2012, RHA-Magazine est également disponible en version papier, distribué par des libraires indépendants et par la structure RHA. Les activités de RHA s'étant multipliées au cours des années qui suivirent, RHA-Magazine devint un trimestriel, puis semestriel, pour finalement se limiter à la version annuelle. Mais à la demande de ses lectrices assidues, le magazine redevient un trimestriel en janvier 2018, disponible en format online, et offrant une formule d'abonnement aux lecteurs qui souhaitent obtenir sa version papier.

RHA-Magazine remercie toute son équipe de rédaction ainsi que ses partenaires pour avoir contribué à la réalisation de ce numéro de janvier 2018. Contact abonnement version papier et distribution: reinesheroinesdafrique@gmail.com Production et design: House of Neb Directrice de la publication: Natou Pedro Sakombi Chef de projet: Kemi Seba Photos: Georges Mbaah

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