M I N I M A L I S M E A R C H I T E C T U R A L / la forme de l'éthique

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MINIMALISME ARCHITECTURAL /


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RICHARD LAIN

J’adresse des remerciements particuliers à Yvann Pluskwa, Lola, Thomas, Pierre-Guillaume et Maxence.


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SOMMAIRE

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introduction

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influences

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source

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théorie

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sensibilité

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art minimaliste

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en pratique

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conclusion


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« la véritable richesse consiste à se satisfaire de peu. »1 Fra Angelico

1. Cité par John Pawson, Minimum, éd. Phaidon, 1996.

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INTRODUCTION

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Le jour se lève, il fait gris, humide, l’atmosphère est opaque et de ma fenêtre sur le monde, je peux apercevoir des volumes.. Des volumes simples, purs, d’un blanc immaculé qui se distinguent dans l’épaisseur de la brume. C’est l’école d’architecture de Lisbonne. Presque un an déjà a étudier loin de chez moi, loin de mes amis, de ma famille. Dans ma chambre volontairement austère, un lit, une armoire et un bureau. Une baie s’ouvre sur la nature, sur la colline de Monsanto, d’où pénètre cette lumière froide et diffuse, la lumière du nord. J’ai voulu cet éloignement afin d’étudier, de vivre, de ressentir ce a quoi j’inspire. Un cadre dépouillé, le minimum vital, vivre avec l’essentiel. Eloignement de toute distraction, une retraite dédiée au travail d’architecture qui a germé en moi tout au long de ma licence. Dans quel but? Me centrer, me concentrer, diriger mes idées, mes pensées, me satisfaire d’un rien, du travail et de la connaissance, retourner à la contemplation et à la réflexion. J’ai fais ce choix, j’ai voulu vivre cette expérience car j’ai une passion. Une passion pour la beauté de l’architecture sous la lumière, de l’architecture comme réceptacle de nos vies, nos vies encombrées par la surcharge de notre temps. Nos vies trop éloignées de notre essence, des sentiments réels, de notre nature et de l’observation de ce qui nous entoure. Une passion pour une architecture de murs, de matières et de surfaces, de masses, de matériaux et


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d’épaisseurs, d’élégance et de vérité. Une architecture de fonctionnalité et de simplicité, d’émotions et de silence. Parce que lorsque j’observe un volume simple, je ressens un sentiment de pureté, de rigueur et de beauté. Parce que je pense que ces sentiments sont indispensables dans nos vies et que l’architecture est le réceptacle de nos vies, alors l’architecture se doit de posséder ces qualités.

fig. 2. Sverre Fehn, Pavillon nordique, Venise, Italie, 1962.

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Le Minimalisme est complexe a définir car il comprend des qualités insaisissables, de larges diffusions géographiques et historiques et une apparition un peu floue… Aujourd’hui nous ne savons plus exactement ce a quoi il renvoit. On trouve de multiples exemples d’oeuvre minimaliste dans l’architecture contemporaine mais le minimalisme de part sa qualification peu précise ou trop généraliste s’est vu attribuer une mauvaise image, considérée comme une architecture « tape à l’oeil », « tendance » ou « à la mode »2. Cependant, le minimalisme possède des fondements plus profonds et plus riches qu’une simple mouvance. Etre minimaliste c’est surtout tendre vers une vie simple, avoir un positionnement moral tourné vers la vérité et l’authenticité, croire en une philosophie du regard, des sens et des émotions. Le minimalisme va influencer une manière d’appréhender l’existence… c’est une éthique. Une éthique comme positionnement critique sur l’évolution de la société, la consommation de masse ou la prolifération du faux et de l’inutile. Ainsi, le minimalisme architectural serait-il une solution aux problèmes socio-culturels de la société contemporaine? Nous interrogerons les différentes définitions du minimalisme, les influences, les sources mais aussi les théories, ainsi que les sensibilités qui lui sont propre. Nous

2. Entretient avec Giancarlo de Carlo, Architecture et Modestie, éd. Théétète, 1999.


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aborderons également les rapports problématiques entre art minimal et architecture minimaliste. Et enfin, nous mettrons en relation les principes théoriques avec leur mise en oeuvre dans trois projets d’architectes contemporains représentants du minimalisme tel que John Pawson, Peter Zumthor et Claudio Silvestrin.

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INFLUENCES

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L’attrait des modernes pour le « moins » pourrait être dû autant aux civilisations antiques qu’à leur découverte.

En effet, selon Bernard Oudin3, les temples grecs et romains sont apparus aux yeux des occidentaux dans leur blanche simplicité alors qu’à l’origine ils étaient badigeonnés de peintures colorées. Cependant, il y a une architecture antique dont la descendance est incontestable: le dorique. La filiation est d’autant plus évidente que c’est la découverte des temples de Paestum au XVIIIème siècle qui provoqua un engouement pour le dorique, au moment fig. 3. Vestiges du temple d’Apollon à Corinthe, 525-550 avant J.-C. 3. Bernard Oudin est l’auteur d’un Dictionnaire des architectes, de Plaidoyer pour la ville et de Pour en finir avec les écolos.


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fig. 4. Colonnes du temple de Deir el-Bahari, 1455 avant J. -C.

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précis où l’époque se lassait du baroque. Le véritable dorique d’origine est le type même d’un style minimaliste: la colonne n’a pas de socle et repose directement sur le stylobate. Le chapiteau circulaire ne comporte aucune décoration et le tailloir qui le surmonte est composé d’une simple plaque quadrangulaire. Aussi, on peut s’étonner que l’antiquité égyptienne n’ait pas engendré un engouement minimaliste plus important. Prenons l’exemple des colonnes du temple de Deir el-Bahari. Elles sont encore plus épurées que celles de la Grèce. Mais, outre que la découverte de l’Égypte fut plus tardive, elle conserva aux yeux des Européens quelque chose d’exotique qui limita son influence aux arts décoratifs. Avec le recul, cette période puriste, qui s’étend de 1750 à 1830 jusqu’à l’émergence du néo-gothique apparaît encore très chargée d’éléments décoratifs et de rappels historiques par rapport au XXème siècle, siècle de la disparition de l’ornementation et de l’abstraction. Les références historiques restent vagues mais les écrits s’accordent à dire que nous pourrions établir des parallèles à une démarche aussi radicale et une épuration aussi absolue avec l’ordre des cisterciens. Le XXème siècle a redécouvert ces constructions qui touchent la sensibilité contemporaine. L’abbaye du Thoronet, avec ses formes simples, dont toute moulure ou tout élément décoratif était banni, ces colonnettes sans chapiteaux, sans sculptures, ces oculis réduits à une ouverture cylindrique, tout cela nous semble familier. On a parlé d’« art cistercien », mais il s’agit d’un


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fig. 5. Église abbatiale de l ’Abbaye du Thoronet, France, 1160.

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malentendu car les moines, héritiers de ces iconoclastes qui ont sévi dans plusieures religions, n’avaient aucune intention artistique, bien au contraire. « Il n’est de vertu plus indispensable à nous tous que celle de l’humble simplicité. » 4 Saint Bernard

Les moines du XIIème siècle souhaitaient revenir à la pureté de la règle de Saint Benoît. Cette spiritualité basée sur le renoncement, l’exigence, la pauvreté, trouva ses prolongements dans un mode de construction fait de dénuement et de sévérité, fondé sur une série de rejets. Des constructeurs anonymes ont ainsi bâti une série de chefsd’œuvre mais, s’ils ont fait art, c’est sans le vouloir. Leur démarche, uniquement spirituelle, n’était à aucun titre une recherche du beau. « La philosophie du thé n’est pas une simple esthétique dans l’acception ordinaire du terme, car elle nous aide à exprimer, conjointement avec l’éthique et avec la religion, notre conception intégrale de l’homme et de la nature. C’est une hygiène car elle oblige la propreté; c’est une économie, car elle démontre que le bien-être réside beaucoup plus dans la simplicité que dans la complexité et la dépense. C’est une géométrie morale, car elle définit le sens de notre proportion par rapport à l’univers. » 5 Kakuso Okakura

4. Saint Bernard de Clairevaux, Sur les degrés d’humilité et d’orgueil. Traité de l’amour de Dieu. À la louange de la milice nouvelle, Namur, 1958. 5. Kakuso Okakura, Le livre du thé, éd. Synchronique, 1996.


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La culture japonaise pourrait également constituer une des influences majeure de l’architecture minimaliste. En effet, le Japon, où le minimalisme est une longue tradition culturelle qui tire ses origines de la culture Higashiyama du XVème siècle. Quand apparut pour la première fois les concepts de Wabi et Sabi, la recherche de profondeur dans le minimalisme. Wabi et Sabi correspondent à la mise en valeur esthétique de la pauvreté, Sabi étant simplicité et beauté et Wabi le goût de la paix et de la tranquillité. Principes que l’on retrouve dans la cérémonie du thé, définie par Dominique Loreau6 comme un rite comprenant des valeurs esthétiques et philosophiques incluant la discipline et les relations sociales. Un geste du quotidien peut devenir a lui seul une cérémonie vouée à la beauté, la pureté et la simplicité. Le minimalisme a puisé ses influences dans de nombreuses cultures prônant la simplicité, la vérité ou l’authenticité, comme dans certaines architectures vernaculaires du bassin méditerranéen… Mais pourquoi ces formes devaient-elles être réduites à quelques figures géométriques simples… minimalistes? Quelque chose s’est donc produit au cours du XIXème siècle qui n’obéissait à aucune fatalité historique.

6. Dominique Loreau, L’art de la simplicité, éd. Robert Laffont, 2005.

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fig. 6. la cérémonie du thé au Japon.


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SOURCE

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Dans le discours architectural, le terme de minimalisme apparaît dans la deuxième moitié des années 70. Des articles de revues utilisent le terme pour décrire les aspects morphologiques d’œuvres d’architectes. Être minimaliste, dans le sens commun, suppose une architecture primaire, simple et des formes géométriques minimales. Les orientations formelles du courant de Ricardo Legorreta, Luis Kahn et Tadao Ando, ont été déterminés comme minimalistes par Smith, en 1976 mais aussi Bonnefoi en 1979 et Taki en 1984. 6 Dans les années 80, les historiens utilisent également le terme de minimalisme dans des revues monographiques de l’architecture moderne comme Jencks en 1982 et en 1987 7 lorsqu’il parle de la relance du purisme dans les œuvres des Cinq de New York et le style ascétique des formes platoniciennes, fondamentaux de néorationalistes comme Aldo Rossi et Oswald Ungers. De la même manière, William J. R. Curtis en 19828 commente l’abstraction froide et les tendances minimalistes strictes dans l’architecture scandinave. L’expansion d’une nouvelle expression formelle dans la pratique architecturale de la fin des années 80, génère une importante réflexion sur le plan théorique. À cette époque, le minimalisme architectural commence a s’écrire comme une tendance et plus comme des manifestations individuelles. 6. Smith, The Mexican minimalism of Ricardo Legorreta, Architectural Record 160 ,1976. Bonnefoi, Louis Kahn et le minimalisme, Architectures-Arts Plastiques, éd. Y.A. Bois, 1976. Taki, Minimalism or Monotonality? A Contextual Anallysis of Tadao Ando’s Method, Tadao Ando: Buildings Projects Writings, ed. K. Frampton, 1984. 7. C. A. Jencks, Current Architecture, éd. Academy, Londres, 1982. Post-Modernism: The New Classicism in Art and Architecture, éd. Academy, Londres, 1987. 8. W. Curtis, Modern Architecture since 1900, éd. Phaidon, Londres, 1982.


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Il devient clair qu’un nouveau sujet est créé dans la théorie architecturale. On pourrait se demander si il y a un auteur spécifique, un texte ou une publication responsable de la promotion théorique du minimalisme dans le discours architectural. Où avez-il commencé? L’analyse de la littérature traitant de la théorie minimaliste met l’accent sur Décembre 1988, lorsque la revue italienne d’architecture Rassegna publie le numéro thématique intitulé minimal. Avant l’auteur de l’édito, Vittorio Gregotti 9, il y avait deux questions importantes pour la création d’un nouveau style: _un terme fort, explicite et représentatif: le minimalisme, fig. 7. Ricardo Legorreta, Santa Fe University of Art and Design Visual Arts Center, Santa Fe, USA, 1999. 9. Gregotti, Editoriale: Minimal, Rassegna 8-4 )36:4( 1988. fig. 8. page suivante: Vittorio Gregotti, Centre Culturel de Belem, Lisbonne, Portugal, 1992.

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fig. 8. Vittorio Gregotti, Centre Culturel de Belem, Lisbonne, Portugal, 1992.


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ou avec les mots de John Macarthur en 2005: « dire dans un mot ce que dit l’image. »10 _la collecte du plus grand nombre possible d’architectes. Par conséquent, en plus de T. Ando, L. Kahn , Ungers, il y avait dans la même ligne: L. Barragan, A. Siza, E. Souto de Moura, Herzog et De Meuron, J. Nouvel, Valle, L. Snozzi et V. Gregotti lui-même. L’appropriation des architectes sous le discours minimaliste dans le but de la création d’un nouveau sujet théorique semble symptomatique. Pour Gregotti, le minimalisme architectural fait partie d’une tendance plus large qui vise à supprimer ce qui est excessif dans la pratique artistique, sur la base de la découverte des gestes archétypaux et élémentaires. Comme l’un des objectifs d’émission minimale, il a souligné le positionnement historique et l’analyse des influences théoriques. En ce sens, Gregotti souligne les relations formelles et poétiques avec l’art minimaliste américain des années 60 et la tradition de l’avant-garde et de l’architecture moderne. Avon et Vragnaz11, eux, mettent en commun les aspects du minimalisme dans l’architecture: point de vue de différents auteurs, concepts reconnus dans la région méditerranéenne (Italie, Espagne et Portugal) mais aussi en Suisse et au Japon. Il s’agit de l’extrême simplification des formes, de la réduction jusqu’à la géométrie minimale, ainsi que l’absence d’éléments qui permettent: _ de suggérer la fonction et la dimension ; _ de provoquer l’émotion - la neutralité ; 10. Macarthur, The nomenclature of style: Brutalism, Minimalism, art history and visual style in architecture journals, Architectural Theory Review (2005 .108-100 )2 :10 11. AVON, A., VRAGNAZ, G. (1988) Aspetti del minimalismo in architettura, Rassegna (38-29 )36:4.


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_ le transfert d’un message symbolique: absence de sens et d’auto-référence. Utilisation littérale du matériau est également un aspect important. La sensibilité corporelle et l’expérience tactile sont accentués dans le contexte de la perception phénoménologique. En l’espace de réduction, composé uniquement d’éléments architecturaux primaires, la lumière et la matière, la relation entre l’utilisateur et l’espace est intensifiée. Le mouvement, le toucher et le regard prennent une importance spécifique quand les complications formelles s’effacent. Si dans le contexte européen, il puise certaines influences historiques, le Japon possède une histoire complètement différente. En effet, Avon et Vragnaz12 relatent le minimalisme avec une expérience de la vacuité, originaire de la tradition bouddhiste. La clé du minimalisme japonais semble correspondre à l’esprit Wabi et Sabi précédemment cités. La plupart des auteurs de la revue Rassegna s’accordent sur le principe que la réduction minimaliste représente une critique de l’assemblage éclectique postmoderne et de l’hypertrophie décorative. Ceci est complété par le fait que les textes cités dans Rassegna étaient cités dans plusieurs points d’autres théoriciens13. Ainsi, la contribution théorique de ce domaine repose sur l’identification, l’interprétation et la critique de ce qui est écrit dans la revue Rassegna.

12. AVON, A., VRAGNAZ, G. (1988) Aspetti del minimalismo in architettura, Rassegna (38-29 )36:4. 13. Savi and Montaner (176 ,1996) et Macarthur (105,108 ,2005), Melhuish (10 ,1994), Bertoni (221 ,2002) et Ruby (26 ,2003).

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THÉORIE

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Durant les années 90, la constitution d’un cadre théorique inclus des analyses formelles, des définitions, classifications d’architectes, ainsi que les contextes culturels et nationaux, dans lequel le minimalisme a été détecté. Le débat a eu lieu pour la plupart dans des revues italiennes (Rassegna), espagnoles (El Croquis) et anglaises (Lotus international). Au milieu des années 90 les premières monographies apparaissent14. En 1993, J. M. Montaner précise les caractéristiques du minimalisme: le minimum, la rigueur géométrique pittoresque, l’éthique de la répétition, de précision technique et de matérialité, l’unité et la simplicité, la distorsion d’échelle, la prédominance de formes sculpturales et la pureté. De Londres émergent plusieurs définitions du minimalisme: _ Essentiellement l’architecture réductionniste qui comprend la simplicité, la linéarité, la palette de couleurs modérée, niveau de finition et la contemplation.15 _ La perfection serait la qualité qu’un objet atteint une fois qu’il ne peut plus être amélioré par soustraction et lorsque tous les composants, les détails et les articulations sont réduits à l’essence.16 _ La réduction de l’architecture aux concepts primordiaux de l’espace, de la lumière et de la masse.17 Dans les années 90 de nouveaux architectes apparaissent. Ils vont aussi devenir rapidement minimalistes, avec les auteurs dont le travail était déjà connu en 1988, 14. Carmagnola, Pasca, 1996; Savi, Montaner, 1996; Pawson, 1996; Ypma, 1996. 15. Vice, 15 ,1994. 16. Pawson, 1996, p. 7. 17. Murray, 8 ,1999.


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mais qui n’avait pas été mentionnés dans Rassegna. Il est révélateur qu’il n’y ait aucune mention du minimalisme Londonnien dans les publications italiennes et espagnoles, dans lesquelles on peut lire des architectes méditerranéens, suisses et japonais.

La raison possible serait le fait que le minimalisme anglais s’est d’abord développé par des petits projets et par l’architecture d’intérieur. Pawson, Silvestrin sont des spécialistes d’intérieurs d’appartements, de boutiques, de restaurants, de galeries et de maisons, tandis que Chipperfield est connu pour de grands bâtiments. fig. 9. Claudio Silvestrin, Appartement S, Londres, Angleterre, 2009.

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fig. 10. David Chipperfield, Musée Liangzhu, Hangzhou, Chine, 2008.


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En ce sens, les théoriciens de Londres ne manquaient jamais de montrer comment «Londres minimum» est sousestimé dans l’opinion publique mondiale18. Cependant, les théoriciens de Londres soulignèrent d’autres lieux où le minimalisme en architecture se développait. Comme figures de proue des essentialistes suisses, Buchanan19 reconnaît Herzog et Meuron. Dans la région méditerranéenne, dans la péninsule ibérique, il y a une mention de E. Souto de Moura et de A. Campo Baeza. Melhuish20 attribue, en tant que caractéristique du minimalisme, le cadre de l’environnement, la fabrication artisanale contre la manufacture industrielle et la tradition de l’architecture rationnelle blanche, simple, et intégrée dans le paysage. Vice21 estime que le climat japonais, la tradition et le mode de vie sont compatibles avec la formule minimaliste. Ces considérations ouvrent des questions sur l’origine et l’affiliation du minimalisme en terme de tradition, ce qui entraîne certains théoriciens du minimalisme à l’adapter à leurs cultures. Ypma22 dessine une ligne réductionniste anglais: de l’architecture victorienne de retenue élégante et simple utilisation d’un matériau de haute qualité, sur la normalisation technologique dans des circonstances de la révolution industrielle, au Nouveau brutalisme des années 50 du XXème siècle. Pour Ypma, le minimalisme est un vrai style Londonnien, conçu dans cette ville dans les années 80, comme une partie des caractères nationaux anglais. 18. Melhuish, 13 , 1994 et Ypma, 13 ,1996. 19. P. Buchanan, Swiss Essentialists, The Architectural Review 12-19 )1127( 1991. 20. C. Melhuish, 1994 On Minimalism in Architecture, Architectural Design Profile (14-8 )110). 21. P. Vice, Minimalism and the Art of Visual Noise, Architectural Design Profile (1994(17-15 )110) 22. R. Ypma, London Minimum, éd. Thames and Hudson, 1996.


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D’autre part, Ranzo23 constate l’archétype du minimalisme dans l’architecture vernaculaire de la Méditerranée. Les médias présentent le nouveau style dans le milieu des années 90 et des transferts sont organisés de l’Europe vers l’Amérique, sous forme d’expositions. Au MoMA de New York, l’exposition intitulée Light construction en 1995 organisée par Riley24, montre des œuvres architecturales composées de volumes rectangulaires strictes, qui posent les bases de la nouvelle sensibilité architecturale. Cette même année, à Pittsburgh, Machado et el-Khoury25 organisent l’exposition d’architecture monolithique. Les sujets sont des objets ressemblant à un bloc comme si ils étaient fait d’une seule pièce, solide, structure massive et d’une grande éloquence. Même si le terme de minimalisme n’est pas particulièrement souligné, les deux expositions sont un maillon important dans la chaîne des textes. Cette période de développement théorique est suivie par un examen critique de la théorie minimaliste établie. Les principaux thèmes définis dans Rassegna demeurent: la ligne historique, les aspects éthiques, les relations avec le modernisme, l’art minimal et le postmodernisme, ainsi que l’auto-référence produisant l’expérience phénoménologique de l’espace minimaliste.

23. Ranzo, Carmagnola, Pasca, 149 ,1996. 24. T. Riley, Light Architecture, MoMa, New York, 1995. 25. R. Machado, R. El-Khoury, Monolitic Architecture, éd. Prestel, Munich, 1995.

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SENSIBILITÉ

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L’étude de la spiritualité japonaise liée au minimalisme dans l’architecture est une introduction pour mettre en évidence les éléments traditionnels dans les traités théoriques. Après Taki26 et Avon et Vragnaz27, les valeurs contemplatives sont pointées par Auer28. Il comprend minimalisme japonais comme une ode à la vacuité, un encouragement moral et un appel à l’humilité et la réalisation de soi. L’architecte minimaliste anglais J. Pawson, fait la connaissance de l’idéal Wabi lors de son séjour de quatre ans au Japon. En plus de cela, ses fascinations sont le vide, la pureté, les espaces ascétiques des monastères cisterciens, qui permettra le culte paisible de Dieu, une vie radicalement dédiée à la pauvreté matérielle et la richesse spirituelle prêchée par exemple par la communauté des shakers. J. Pawson dévoile ses sources d’inspiration dans son livre minimum29. Les concepts de simplicité, de réduction et d’essence sont représentés comme la clé de la compréhension et la qualité nécessaires du minimalisme ainsi que l’idéal commun de nombreuses cultures. L’argumentation de l’architecture minimaliste appuyée par les religions et sectes ascétiques, grâce à des espaces simples et un processus de réduction, aide les gens à découvrir leurs vrais désirs et les besoins essentiels de la vie. De ce fait, les fonctions du minimalisme comme un phénomène universel serait le rejet de la matérialité et une orientation vers la spiritualité et l’essence. 26. K. Taki, Minimalism or Monotonality? A Contextual Anallysis of Tadao Ando’s Method, Writings, ed. 27. A. Avon, G. Vragnaz, Aspetti del minimalismo in architettura, Rassegna 38-29 )36:4(1988. 28. G. Auer, Vom Nutzen des Nichts: Minimalistische Formen und Formein in der Architektur, éd. Daidalos 96-109 ,1988. 29. J. Pawson, Minimum, éd. Phaidon, Londres, 1996.


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fig. 11. J. Pawson, ĂŠglise de St Moritz, Augsburg, Allemagne, 2013.

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Ces idées portent une signification particulière car elles ont émergé à une époque fortement marquée par une récession économique et un déficit énergétique, par l’exploitation démesurée des ressources naturelles, la crise croissante de l’environnement et de la pollution mais aussi la consommation de masse et la contamination culturelle. Pour cela, les théoriciens de Londres développent progressivement un mélange entre engagement social, psychologique et éthique: la réduction minimaliste est représentée comme un remède pour toutes les victimes de la société de consommation et une métaphore de la survie, à la fois, des principes architecturaux et des ressources du monde. Bien que Vice30 comprenne le minimalisme architectural comme une réaction au consumérisme des années 80, Glancey31 critique l’ensevelissement sous les possessions pendant que la société encourage les gens à remplir leurs espaces de choses inutiles. La surabondance des effets visuels de la culture de masse engendre la recherche d’un oasis de calme dans un environnement surpeuplé où le visuel est omniprésent. Le contraste entre le calme et la puissance en termes d’image architecturale est représentée par le triomphe du minimalisme sur la consommation. Pour les mêmes raisons, Ympa32 ne voit pas le minimalisme comme un style, mais plutôt comme une philosophie de vie, qui offre la paix visuelle dans le chaos de la vie urbaine. Pour Toy33, le minimalisme peut être une thérapie pour la libération de l’agitation quotidienne et une détente dans 30. P. Vice, Minimalism and the Art of Visual Noise, Architectural Design Profile (1994(17-15 )110) 31. J. Glancey, B. Richard, The New Moderns, éd. Soma Books, San Francisco, 1990. 32. R. Ypma, London Minimum, éd. Thames and Hudson, 1996. 33. M. Toy, Editorial: Aspects of minimal architecture II, Architectural Design Profile 7 )139( 1999.


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le paradis paisible d’une élégante simplicité. Le designer italien Vignelli34 suggère que le minimalisme n’est pas un style mais avant tout une éthique, une façon d’être, la réaction fondamentale face au bruit visuel, le désordre et la vulgarité. C’est le désir de l’essence des choses, plutôt que de leur apparence. L’ouvrage Minimum a considérablement influencé les théoriciens espagnols et italiens. A la manière de Pawson, Zabalbeascoa et Marcos35 et Bertoni36 ont fourni des cartes chronologiques de cycles de culture de la réduction portant l’étude du minimalisme en amont, vers tout ce qui contient des concepts de simplicité, de réduction, de vide, de spirituel, d’essentiel ou de modeste. L’approche de Bertoni suit les manifestations de la réduction, la clarté expressive, essentialité rigoureuse, la pureté mentale et simplicité formelle, sans prendre compte du contexte sociohistorique ou si il s’agit d’architecture ou d’un état d’esprit dans d’autres domaines culturels. Cette ligne théorique est orientée exclusivement vers la recherche des précurseurs du minimalisme. Le critère est une coïncidence, et l’objectif est d’établir autant de connexions arbitraires avec la tradition minimaliste que possible. Synthèse de la spiritualité, de la transcendance et de l’insatisfaction avec notre époque, en même temps que la glorification des biens matériels en contraste avec l’utilité et la nécessité, Zabalbeascoa et Marcos ont davantage développé l’aspect éthique du 34. cité par F. Bertoni, Claudio Silvestrin, éd. Octavo, 1999. 35. A. Zabalbeascoa, J. R. Marcos, Minimalisms, éd. Gustavo Gili, 2000. 36. F. Bertoni, Architettura minimalista, éd. La Biblioteca, 2002.

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minimalisme, qui peut être appelé « la contemplation du consumérisme ». Ils comprennent le caractère formel du minimalisme comme un signe du temps, suggérant la purification et la réduction comme gestes les plus éloquents dans une époque baignée d’images, de formes et de sons. Pour Bertoni, le minimalisme dans l’architecture transcende la résistance à la sur-consommation et devient une promotion de la vie dans la spiritualité, la clarté et l’harmonie. Bertoni perçoit le minimalisme comme une éthique de la simplicité. En ce sens, l’intégrité éthique du minimalisme supposerait un acte authentique, simple et instantanée de la perception des valeurs psychologiques et physiques de base, telles que le temps, l’espace et le silence, afin d’ouvrir un dialogue avec la dimension spirituelle. Mais aussi le vide mental, spatial et intemporel pour permettre une pause de réflexion et une perspective différente de la réalité. L’objectif serait d’approcher une vie plus paisible, plus digne et précieuse, où au sommet de la pyramide il y aurait des qualités universelles qui appartiennent à des choses ordinaires, simples et quotidiennes. Le minimalisme est la manifestation de ce mode de vie et la prévalence éthique entre le matérialisme battant, le poids de la possession et de tout ce qui est inauthentique, excessif et sans pertinence mais également une quête de spiritualité, des valeurs réelles de la vie et de l’essence. L’élimination et le rejet de la première et la concentration sur la seconde, selon Bertoni,


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pourrait éliminer le bruit moderne et définir les bases d’un nouveau principe de progrès. Le transfert d’idées appartenant à la culture traditionnelle et religieuse vers le confort d’une culture de masse a été source d’inspiration pour les critiques de cette théorie. La relation entre l’aspect métaphysique et économique est soulignée dans les propos de Jenks, qui comprend le terme de minimalisme comme une version bourgeoise de la fin du mouvement moderne. Grâce à cette phrase: « le minimalisme se prête à la spiritualité mais il se prête également au shopping »37, Jenks dit que la spiritualité se manifeste dans l’architecture des magasins les plus chers de Londres. Une critique similaire a été exprimée par Vice en 1994, comparant la simplicité volontaire et climatisées, à savoir, le minimalisme pour la conception et le minimalisme de la nécessité imposée par la pauvreté économique.

37. P. Murray, Something or Nothing: Minimalism in Art and Architecture, Architectural Design Profile 139 ,1999. 38. P. Vice, Minimalism and the Art of Visual Noise, Architectural Design Profile, 110 ,1994. fig. 12. Claudio Silvestrin, Boutique Giorgio Armani, Londres, Angleterre, 2003.

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L’architecture minimaliste porte le nom utilisé par les critiques d’art américains dans les années 60 afin d’unifier un certain type de création artistique des auteurs tels que Donald Judd, Philip Morris, Dan Flavin ou encore Carl André. Les relations entre architecture minimaliste et art minimal sont problématiques, malgré les tendances qui représentent le minimalisme comme une modification trans-disciplinaire dans les domaines de l’art, la littérature, la danse, la musique et de l’architecture.

fig. 13. Donald Judd, untitled, 1977.


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Le discours architectural accepte essentiellement ce concept d’unité. Comme l’utilisation du terme minimalisme à des fins purement formalistes serait vide de sens, il est important de trouver un point commun théorique. Foster39 par exemple, en 1986, parle de la neutralité de l’art minimal dans le contexte social comme produit de la résistance à la société de consommation et à la culture populaire. Par conséquent, dans les deux cas, il y a une même propriété littérale et auto-référentielle en termes socioculturel. L’idée de minimalisme comme concept partagé entre art et architecture est complétée par la hiérarchie historique commune par rapport aux styles précédant, radicalement non-minimalistes (expressionnisme abstrait et postmodernisme). Dans cette ligne trans-disciplinaire, l’art minimal fonctionnerait comme un lien entre le modernisme architectural et le minimalisme. Ainsi, la connexion du minimalisme dans l’architecture et l’art minimal s’est déroulé continuellement dans une ligne de développement réducteur et abstrait: avant-garde européenne et architecture moderne, néo-avant garde américain (art minimal) et minimalisme architectural récent. De plus, la critique de l’art minimaliste nous amène à aborder la théorie de Greenberg40. Le premier point correspond à l’étude des limites de l’autonomie esthétique - la primauté de l’existence et de la présence plastique de l’œuvre comme une proposition tautologique, dirigent les effets à l’égard de la perception du volume, 39. H. Foster, The Crux of Minimalism, Individuals: A Selected History of Contemporary Art 1945-1986, Museum of Contemporary Art, Los Angeles,1986. 40. cité par G. Battcock, Minimal Art: A Crtical Anthology, éd. Dutton, NewYork, 1968.

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et non pas à l’égard du sens (ce que vous voyez est ce que vous voyez. Ensuite, la violation de l’autonomie des médias et le refus du nécessaire résumé, en peinture, à ses éléments de base - formes et couleurs. Le premier aspect exclut automatiquement les parallèles éthiques considérant qu’il est basé sur la littéralité et l’anti-transcendantalisme. D’autre part, l’art minimal est contre l’abstraction élégante, en termes de réduction moderniste à un minimum de formes géométriques primaires, c’est à dire, les concepts les plus élémentaires d’espace, de lumière et de masse, comme c’est le cas dans l’architecture. L’art minimal n’est pas un concept réducteur, car il y a une différence significative entre le degré zéro de l’abstraction réductrice qui produit des significations minimales et l’abstraction littérale qui produit seulement des objets abstraits dans un sens littéral. Pour Macarthur, la principale différence entre le niveau théorique du minimalisme artistique et architectural réside dans l’attitude envers le modernisme. Ainsi, on pourrait se demander si l’utilisation de la théorie de l’architecture minimaliste suppose la rupture avec l’achitecture moderniste à la manière des artistes minimalistes?41. Alors que l’art minimal est l’antithèse de la modernité, il semble clair que le minimalisme architectural, comme néomodernisme, n’a pas de critique des valeurs modernistes. L’ouverture parallèle à l’interprétation serait la question de perception phénoménologique. Une des caractéristiques de l’art minimal est le travail avec des volumes géométriques 41. J. Macarthur, The nomenclature of style: Brutalism, Minimalism, art history and visual style in architecture journals, Architectural Theory Review, 2:10, 2005.


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fig. 14. Carl André, Equivalent VIII, Briques, 1966.

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primaires, qui existent dans le rapport à l’espace réel dans lequel ils se trouvent et à la présence physique de l’observateur, provoquant une possibilité de perception. Ces objets simples, qui ne déclenchent pas d’émotion, peut stimuler l’observateur. En effet, l’observateur peut prendre conscience de l’acte même de la perception. Mais aussi s’interroger sur sa nature et sur la nature même de l’art, étant donné que les oeuvres rencontrées ne sont pas si loin d’objets du quotidien. L’expérience minimaliste n’est pas dû qu’a une forme simple mais bien au silence de l’objet, à l’observateur et à l’espace qui l’entoure. L’œuvre d’art serait en fait le processus même de perception. C’est pourquoi Krauss42 critique l’approche formelle de l’architecture minimaliste sans tenir compte du caractère phénoménologique, caractéristique majeure de l’art minimal. En 1996, Krauss estime que l’utilisation du terme minimalisme est exclusivement approprié a une approche artistique axée sur la manière dont l’observateur appréhende un travail dans un contexte spécifique. Ce propos est souligné par Macarthur43 quand il se demande si une œuvre architecturale minimaliste peut-être perçue de cette façon. Peut-être quelle peut l’être car le concept architectural de phénoménologie réside dans la multiplicité des sens et la variété des regards portés sur les bâtiments, provoquant l’expérience corporelle et sensorielle. Quand il parle d’une architecture autonome, sans allusions 42. R. Krauss, The grid, the cloud, and the detail, Presence of Mies, ed. D. Mertins, Princeton Architectural Press, New York, 1996. 43. J. Macarthur, The look on the object, Assemblage: A Critical Journal of Architecture and Design Culture, 41, 2000.


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symboliques, Ibelings44 ne rejette pas un concept de sens. L’architecture qui ne renvoie à rien en dehors d’elle-même, et ne traite pas de l’intellect, laissera automatiquement la place à l’expérience immédiate de l’espace, de la lumière et des matériaux, et le sens vient de la manière dont l’objet est connu grâce aux sens, au corps et à l’espace. Un des architectes cités comme minimaliste, A. Campo Baeza (par Grimmer en 2009( 45 pense qu’il a été indûment associé au minimalisme et affirme qu’être abstrait et essentiel ne signifie pas être minimaliste. Il semble que la théorie de l’art minimal dans le contexte de l’architecture soit aussi peu sensé qu’une traduction littérale de sémiotique et de similitudes visuelles.

fig. 15. D. Flavin, the nominal three (to William of Ockham), 1963. 44. H. Ibelings, Supermodernism, éd. NAI Publishers, 1988. 45. V. Grimmer, M. Mrduljas, et A. Rusan, To Be Apstract Doesn’t Mean to Be Minimalist: interview with architect Alberto Campo Baeza, Oris, 2009.

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fig. 16. A. Campo Baeza, Maison Guerrero, Vejer, Cadiz, 2005.


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EN PRATIQUE

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Après avoir abordé la phase théorique de l’architecture minimaliste et mis en lumière les principes fondamentaux, nous allons essayer de les confronter aux traductions et mises en pratique dans des projets d’architectes minimalistes contemporains.

fig. 17. John Pawson, Pavillon des Martyrs, Oxford, Angleterre, 2009, Vue générale.


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John Pawson / Pavillon des martyrs Oxford, Angleterre 2009 Le pavillon des martyrs construit par J. Pawson à Oxford en Angleterre est un édifice dédié à l’accueil des joueurs de cricket de l’école Saint Edward. Il a donc été construit près d’un terrain de cricket. Recouvert de gazon anglais, le terrain est plat, vaste et dégagé, bordé de grands arbres. Le lieu est aéré, clair et simple, le regard cerne immédiatement les limites de la propriété. Une légère surélévation du niveau du sol, c’est ici que se tient le pavillon. L’édifice est a taille humaine, pas de perte d’échelle pas de gigantisme, ce qui ne l’empêche pas d’être imposant. La forme globale du bâtiment correspond a un rectangle allongé et horizontal. Deux plateaux d’une quarantaine de centimètres d’épaisseur forment la couverture et l’assise. Entre les deux, un rectangle de bois et de verre d’un seul et unique niveau, joue le rôle de structure porteuse et de contenant des espaces intérieurs. La majeure partie de la façade principale est vitrée, donc complètement transparente sur l’extérieur, on voit donc tout ce qu’il s’y passe et l’environnement s’y reflète. Il ajoute le reflet de l’environnement naturel à la composition de la façade. La partie centrale se positionne en retrait des limites de la couverture et du socle, afin de laisser place a un espace extérieur couvert par le porte à faux

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fig. 18. John Pawson, Pavillon des Martyrs, Oxford, Angleterre, 2009, faรงade principale.


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et ceci tout autour du bâtiment, à la manière de l’engawa japonais. L’accès au pavillon se fait par un escalier de taille modeste franchissant la différence de niveau entre le terrain de cricket et la surface supérieure du socle. Centrale, frontale, solennelle et théâtrale, l’architecte met en scène l’entrée du bâtiment. Le parcours est direct, la symétrie est partout. Le bâtiment surélevé domine le visiteur et il faut monter ces quelques marches pour arriver sur le socle, à l’image du pavillon de Mies Van der Rohe à Barcelone.

À l’intérieur, l’espace d’accueil (et espace d’entrée) est au centre du plan et dessert les espaces privatifs et techniques fig. 19. John Pawson, Pavillon des Martyrs, Oxford, Angleterre, 2009, espace principal, centre de la construction.


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(bureau, vestiaires et sanitaires). Grâce à la parois vitrée,

l’espace principal est extraverti et baigné de lumière. L’unique vue est tournée vers le terrain de cricket. Vaste pièce en surplomb.. s’agit-il d’un belvédère, d’une scène, d’un observatoire? Les autres espaces intérieurs, plus intimes, sont éclairés par des ouvertures zénithales. La lumière et le ciel comme fragments du monde, les espaces sont introvertis. L’intérieur est meublé. Dans le travail de Pawson le mobilier fait entièrement parti du concept de cohérence

fig. 20. John Pawson, Pavillon des Martyrs, Oxford, Angleterre, 2009, Façade principale, ouverte.

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fig. 21. John Pawson, Pavillon des Martyrs, Oxford, Angleterre, 2009, espace des vestiaires.


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spatiale. A l’extérieur, du marbre blanc est utilisé afin d’accentuer la lisibilité des plans horizontaux éléments fondamentaux de la composition simple et rigoureuse. De plus, le volume central est recouvert d’un bardage vertical en chêne qui agit comme un rappel de l’élément naturel dans le but de créer un dialogue avec les lignes blanches horizontales qui cisaillent le paysage. A l’intérieur on retrouve la même gamme de matériaux, sans doute pour créer une unité dans la perception de l’espace. La pierre, le bois, le béton lisse et le blanc, des matériaux nobles sont utilisés faisant référence aux traditions vernaculaires et aux principes de vérité et d’authenticité. Ainsi, Nous voyons que dans le travail de Pawson les caractéristiques évoquées par les théoriciens du minimalisme telles que la notion de symétrie, d’ordre, d’équilibre mais aussi de sobriété de dépouillement et de vérité constructive, s’appliquent et régissent la démarche de conception architecturale. La mise en relations des éléments naturels et la mise en exergue des principes de silence, d’austérité et de contemplation découle directement de la mouvance minimaliste de la fin du XXème siècle.

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Peter Zumthor / Pavillon à la Serpentine galerie Londres, Angleterre 2011

Chaque année, la serpentine galerie invite un architecte reconnu a intervenir au sein du parc de l’institution londonienne au moyen d’une oeuvre architecturale spécifiquement conçue pour le lieu. En 2011, ce fut le tour de Peter Zumthor de se prêter à l’exercice. L’architecte suisse imagina « l’hortus conclusus »46, une construction fig. 22. Peter Zumthor, Pavillon Serpentine Galerie, Londres, Angleterre, 2011, vue générale exterieur. 46. En latin: le jardin enclos.


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dédiée à la contemplation. Planté au coeur d’un espace vert, le pavillon agit comme un objet mystérieux, intrigant et appelant à la découverte. Des chemins dessinés au sol et parcourant le jardin amènent le visiteur a pénétrer dans une boite noire, horizontale, rectangulaire et élancée, percée de six ouvertures carrées, à taille humaine, faisant office de portes. De l’extérieur, aucun signe, aucun indice pouvant renseigner la nature de l’objet construit. L’architecte cherche à supprimer les éléments sémantiques des codes architecturaux établis dans le but de stimuler la curiosité du visiteur. Les différentes entrées débouchent sur un couloir très sombre, perpendiculaire au sens de progression, de ce fait, la découverte de l’espace est graduelle et progressive, on ne sait pas ce qui nous attend. L’architecte souhaite créer une transition entre le monde réel bruyant et pollué et l’espace intérieur. A la sortie du couloir, la surprise est totale. La découverte d’un jardin dans un jardin, d’un espace extérieur, abstrait et centré sur lui-même. L’édifice est en fait un rempart contre le capharnaüm extérieur, c’est une salle contemplative, une étape, une toile de fond du jardin intérieur emplit de fleurs et de lumière. La encore le parallèle avec les jardins japonais semble évident. P. Zumthor dit à propos de son dessin qu’il «vise a aider les promeneurs a prendre le temps de se relaxer, d’observer et puis, peut-être de recommencer à parler, ou peut-être pas.»47 Les allées couvertes et les assises entourant l’espace central crée un environnement serein et contemplatif depuis lequel les visiteurs observent le 47. propos tirés de l’interview de Peter Zumthor par Dezeen, mai 2011.

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fig. 23. Peter Zumthor, Pavillon Serpentine Galerie, Londres, Angleterre, 2011, vue du couloir de transition.


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jardin planté de soleil, à l’image d’un cloître cistercien. La couleur noir de l’ensemble des éléments du projet (à part le sol) vise surement à accentuer l’abstraction de l’objet construit mais également à faire l’éloge de l’ombre (à la manière de Tanizaki)48 qui invite au calme est au caractère solennel de la lente progression du corps dans l’espace. Le matériau utilisé par l’architecte est un canevas tendu sur une structure légère en bois, teint en noir. Il vise a unifier l’ensemble de la construction pour en faire un réceptacle d’expériences émotionnelles. A ce propos l’architecte énonce que « par mon travail, je contribue à façonner la réalité, à donner à l’espace construit une atmosphère où nos senstions puissent s’enflammer. » Nous retrouvons ici les positions d’Ibelings.49 De ce fait, nous pouvons conclure que Peter Zumthor, de part la direction éthique de son travail, rejoins les fondements du minimalisme architectural. Ses prises de positions sur les matériaux, les méthodes de construction mais surtout sur le rôle transcendantal de l’architecture sur les émotions et sur le ressenti humain fait de son oeuvre un mise en forme des concepts minimalistes précédemment établis.

48. J. Tanizaki, L’ éloge de l’ombre, éd. Verdier, 1977. 49. H. Ibelings, Supermodernism, éd. NAI Publishers, Rotterdam, 1988.

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fig. 24. Page suivante: Peter Zumthor, Pavillon Serpentine Galerie, Londres, Angleterre, 2011, vue du jardin intĂŠrieur.


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Claudio Silvestrin / Maison Neuendorf Majorque, Espagne 1991

Géométrique, rigoureuse, surgissant du terrain rocailleux et rougeâtre de l’île de Majorque, la maison Neuendorf se développe sur 600 m² autour d’un patio et comprend une piscine, un court de tennis et un aménagement paysager. La situation avantageuse et le contexte paradisiaque du projet semble être parfaitement compatible avec la mise en relation des éléments naturels avec l’espace construit. Le volume se dresse comme un château fort médiéval, mais fig. 25. Claudio Silvestrin, Maison Neuendorf, Majorque, Espagne, 1991, vue globale dans le contexte.


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fig. 26. Claudio Silvestrin, Maison Neuendorf, Majorque, Espagne, 1991, vue de l’entrée de la maison.

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l’harmonie avec son environnement est totale. Pour atteindre la maison, le visiteur empreinte un chemin de pierre, absolument droit, mesurant 110 m de long. Ici, l’architecte crée une perception de l’espace dans le temps. La longueur et la monotonie de la séquence d’approche vise a retrouver les principes minimalistes de contemplation et de réflexion. Selon l’architecte, la composition de l’atrium est absolument verticale et la hauteur exagérée des murs est utilisée afin de théâtraliser l’étroitesse de l’ouverture. Cet espace fonctionne comme une sas, une transition entre le monde et la maison, entre le public et le privé. Comme la conception rassemble certaines conventions d’espaces intérieurs et extérieurs, il joue sur l’opposition de la nature brute, organique et chaotique et la formalité abstraite de l’architecture. La conception globale semble explorer les moyens d’atteindre une juste proportion dans les relations entre les espaces intérieurs et l’extérieur. Tous les espaces intérieurs sont tournés vers le patio qui joue un rôle de boite à lumière. Clair et minéral, il capte le flux lumineux à l’aide des hauts murs d’enceinte, pour le diffuser dans les espaces intérieurs. Les espaces intérieurs ne possèdent pas de grandes vues sur les environs, ils sont introvertis et s’entre-ouvrent de petites fentes lumineuses. L’ombre est assumée, travaillée, sans doute en hommage aux constructions méditerranéennes, pour rejoindre les propos de Melhuish50, réceptacles frais et aérés au coeur de paysages terrassés par le soleil. Les circulations sont 50. C. Melhuish, On Minimalism in Architecture, Architectural Design Profile 110, 1994.


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fig. 27. Claudio Silvestrin, Maison Neuendorf, Majorque, Espagne, 1991, vue de l’entrée de la maison depuis l’atrium.

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fig. 28. Claudio Silvestrin, Maison Neuendorf, Majorque, Espagne, 1991, espace de la terrasse avec vue sur la piscine et l’environnement.


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éclairées grâce a des ouvertures zénithales, la lumière sans les vues. Ici l’architecte souhaite concentrer les espaces intimes sur eux-mêmes, sur le patio et non sur l’extérieur. A l’image du pavillon de P. Zumthor, C. Silvestrin effectue un enclos propice au calme et à la méditation en retrait du monde. Seul l’espace de la terrasse couverte est tourné vers le paysage, dans l’axe de la piscine. Le cadrage est ouvert et totalement dédié à la nature environnante, la vue se prolonge à l’infini, le bassin tout en longueur accentuant l’effet de perspective. C. Silvestrin utilise des pigment naturels puisés sur le site lui-même pour colorer les murs de la villa. A l’extérieur, la maison semble sortie de terre, tel un monolithe sculpté à même la roche. A l’intérieur, les espaces sont blancs lisse, presque immatériel et rien ne vient perturber le silence ambiant. Tout comme dans le pavillon des martyrs, le mobilier et traité par l’architecte, ainsi la démarche serait maitrisée dans sa globalité. Tout est pensé, imaginé et dessiné dans un soucis d’unité et de cohérence et spatiale. De part le traitement essentiel d’éléments architecturaux, de la lumière, la matière et de la relation intensifiée entre l’utilisateur et l’espace.. Mais aussi la relation aux éléments naturels, le traitement de l’architecture afin de susciter des émotions, un ressentit sensoriel, créer un cadre simple et lisible, dans une unité et une cohérence de l’espace construit pour favoriser le calme, le silence et la contemplation. Ou


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fig. 29. Claudio Silvestrin, Maison Neuendorf, Majorque, Espagne, 1991, vue du couloir intĂŠrieur.

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encore des espaces ou le vide fait sens et ou le moindre détail est un événement… Ainsi, ces 3 oeuvres contemporaines semblent confirmer les principes théoriques fondamentaux du minimalisme. L’éthique minimaliste créant un mode de vie, l’utilisateur est amené a contempler et a réfléchir, a prendre le temps et a faire le vide, a se concentrer et a se redécouvrir… réellement.


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fig. 30. Claudio Silvestrin, Maison Neuendorf, Majorque, Espagne, 1991, à l’intérieur la lumière apparaît comme evenement.

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CONCLUSION

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Bien qu’il soit encore insuffisamment défini, le thème du minimalisme s’est installé dans les écrits historiques et théoriques de l’architecture contemporaine. Par exemple, en 2008 Prestinenza51 présente la tendance minimaliste, les architectes et leurs œuvres, en même temps que Mallgrave et Goodman52 étudient, en 2011, un certain nombre de minimalismes divisés en chapitres: des matériaux et des effets - l’essai de nouvelles matières et leurs effets sensoriels; néo-modernisme - La simplicité dans l’élaboration de formes prises du haut modernisme et l’architecture phénoménologique - tester la nature phénoménologique de l’expérience de l’architecture elle-même. Toutefois, l’approche du minimalisme dans l’architecture a permis de se rapprocher de la réponse à une question assez importante de ce qui fût la raison d’être du minimalisme au moment de son émergence. Les différentes analyses posent le minimalisme comme une forme architecturale de la critique, c’est à dire, une réponse à des circonstances sociales spécifiques, telles que la consommation de masse, la récession économique, la culture matérialiste et le kitsch postmoderne. Pour appuyer cette idée, certains éléments éthiques de l’histoire, les religions et les traditions ascétiques sont affirmés. En ce sens, les modèles d’interprétation du minimalisme architectural vont de l’idéalisation à la démystification.

51. P. L. Prestinenza, New Directions in Contemporary Architecture, éd. John Wiley and Sons, Londres, 2008. 52. H. F. Mallgrave, D. Goodman, Minimalisms, An introduction to architectural theory: 1968 to the present, Oxford, Wiley-Blackwell, 2011.


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« le monde vaut par les extrêmes et vit par les moyennes. »53 Paul Valéry

En tout état de cause, le minimalisme architectural ne peut être une solution viable aux problèmes de la société contemporaine mais offre cependant, des perspectives de renouveau en matière d’éthique qui serait en mesure d’offrir des solutions de résistance face à la masse consumériste. Pour ma part, je dégage de cette étude du minimalisme architectural un regard nouveau et critique sur cette tendance stylistique riche et complexe, puisant ses influences dans de nombreux domaines aussi bien historique, social et culturel. Je regrette toutefois, que cette mouvance soit très largement diffusée mais trop souvent méconnue…

53. Cité par Bernard Oudin dans Architectures minimales, Revue Les cahiers de médiologie (n° 9), éd. Gallimard, 2000.

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TABLE DES ILLUSTRATIONS

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Couverture et quatrième: fig. 1 et 31, Photographie, Emily Grundon, Non space serie,1/9 .2011 (http://www.emilygrundon.co.uk/N-O-N-S-P-A-C-E1-) p. 13: fig. 2, Sverre Fehn, Pavillon nordique, Venise, Italie, 1962. (http://arquitecturavisual.tumblr.com/post/77269056774/sverre-fehnnordic-pavilion-at-the-venice) p. 18: fig. 3, Vestiges du temple d’Apollon à Corinthe, 525-550 avant J.C. (http://www.larousse.fr/encyclopedie/images/Corinthe_le_temple_ dApollon/1002550) p. 19: fig. 4, Colonnes du temple de Deir el-Bahari, Égypte. (http://www.guidegypte.com/colonnes/index.php) p. 21: fig. 5, Abbaye du Thoronet, France, 1136. (http://thewestologist.com/tag/le-thoronet/) p. 24: fig. 6, La cérémonie du thé au japon. (http://www.insiemeate.net/02/09/2006/la-cerimonia-del-te-chanoyu/) p. 29: fig. 7, Ricardo Legorreta, Santa Fe University of Art and Design Visual Arts Center, Santa Fe, USA, 1999. (http://www.santafe.com/blogs/read/ricardo-legorreta-and-santa-fe) p. 30: fig. 8, Vittorio Gregotti, centre culturel de Belem, Lisbonne, Portugal, 1992. (http://o-jacaranda.blogspot.fr/02/2010/luz-centrocultural-de-belem-lisboa.html) p. 37: fig. 9, Claudio Silvestrin, S Apartment, London, Angleterre, 2009. (http://www.claudiosilvestrin.com) p. 38: fig. 10, David Chipperfield, Musée Liangzhu, Chine, 2007. (http://zy7312.blog.163.com/blogstatic/3161929201362671220812/)


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p. 45: fig. 11, John Pawson, Monastère de St Moritz, Augsburg, Allemagne, 2013. (http://www.johnpawson.com/works/moritzkirche/) p. 49: fig. 12, Claudio Silvestrin, boutique Giorgio Armani Londres, Angleterre, 2003. (http://www.claudiosilvestrin.com) p. 52: fig. 13, Donald Judd, untitled, 1977. (http://bluecontainer.tumblr.com/56145913706#) p. 55: fig. 14, Carl AndrÊ, Equivalent VIII, Briques, 1966. (http://historyofartedna.blogspot.fr/12/2013/le-minimalisme.html) p. 57: fig. 15, Dan Flavin, the nominal three (to William of Ockham), 1963. (http://www.nga.gov/content/ngaweb/features/slideshows/dan-flavina-retrospective.html#) p. 58: fig. 16, Alberto Campo Baeza, Maison Guerrero, Vejer, Cadiz, 2005. (http://www.campobaeza.com/guerrero-house/?type=catalogue) p. 62 ,64 ,66 ,67 ,68: fig. 17 ,18 ,19 ,20 ,21 John Pawson, Pavillon des Martyrs, Oxford, Angleterre, 2009. (http://www.johnpawson.com/ works/martyrs-pavilion/) p. 70 ,72 ,74: fig. 22 ,23 ,24 Peter Zumthor, Pavillon Serpentine Galerie, Londres, Angleterre, 2011. (http://lauraelizabethdavidson. com/category/crossreferences/) p. 76 ,77 ,79 ,80 ,83 ,85: fig. 25 ,26 ,27 ,28 ,29 ,30 Claudio Silvestrin, Maison Neuendorf, Majorque, Espagne, 1991. (http://www. claudiosilvestrin.com)

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BIBLIOGRAPHIE

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RICHARD LAIN

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M I N I M A L I S M E ARCHITECTURAL/ L A

F O R M E

D E

L ’ É T H I Q U E

Par l’intermédiaire de ce mémoire je voulais signifier l’intérêt que je porte à l’architecture minimaliste, non pas seulement au mouvement mais aussi à la manière de vivre, la manière d’appréhender la vie. Comme le dit Le Corbusier, l’architecture n’est pas un métier, c’est un état d’esprit.. De ce fait, je pense que les principes contenus dans le travail d’un architecte sont inévitablement liés à sa manière de vivre, d’évoluer, de penser. C’est pour cette raison que j’ai choisi de partir un an à l’étranger afin de faire table rase et de me concentrer sur ce dont on a réellement besoin pour penser ou repenser l’architecture. Dans un contexte socio-culturel décadent rongé par l’occidentalisation, la sur-consommation et la perte de repères éthiques, le minimlisme pourrait apparaître comme une voie alternative aux problématiques actuelles. Dans ce travail j’ai voulu regrouper et clarifier les différentes définitions du minimalisme architectural et les mettre en relation avec des oeuvres architecturales contemporaines. (43 556 signes) Mémoire de fin d’étude. ENSA Marseille A n n é e 2 0 1 3 /1 4 . É t u d i a n t : R i c h a r d L a i n Directeur de Mémoire: Yvann Pluskwa.


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