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chapitre 01 l contexte

chapitre 01 l contexte

Placer l'étude dans un contexte global | Notre travail s'articule autour d'une volonté de forger un corpus d’étude commun sur les villes moyennes. C’est autour de cet objet non-identifié que s’est formé notre groupe. Nous voulions comprendre les aspects théoriques de ces ''villes moyennes'', qui nous ont vu, tous trois, grandir. Le contexte de l’atelier AMTh1 nous a poussé à développer un travail que nous n’avions pas imaginé en tant qu’étudiant·e·s en architecture visant diplômation. En résulte une étude hybride, entre recherche et projet, qui a exacerbé notre esprit critique. Le projet quant à lui arrive en application et en expérimentation servant le propos.

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Centrer l'étude sur Vienne, puis Aix-les-Bains et Draguignan | Après avoir exploré Vienne, nous nous sommes tournés vers nos deux autres villes. Malades imaginaires ou belles endormies ? C’est probablement la tendresse et l’attachement que l’on apporte à nos villes qui nous orienteraient vers la seconde option. Tâchons néanmoins de rester objectifs et de montrer, dans cette étude commune, qu'il existe une réalité qui fait d'elles des malades imaginaires, pleines de potentiels.

Contexte de l'étude

1. Crises sociale, environnementale, démocratique, sanitaire, économique...

2. Paquot Thierry. Mesure et démesure des villes. Paris : CNRS Éditions. 2020, 320 p.

3. Haëntjens Jean. La Ville frugale. Paris : FYP Éditions. 2011, 142 p.

4. CHoay Françoise. Pour une anthropologie de l’espace. Coll. La couleur des idées. Paris : Seuil. 2006, 418 p. Dans un tel contexte de crises systémiques (1), qui est celui dans lequel nous évoluons aujourd'hui, nous prenons le parti de dire que le lieu de vie peut être, à la fois, une cause ou une solution à tout cela, au niveau des populations. Certain·e·s diront que c'est une question d'échelle (2), d'autres que c'est une question d'organisation structurelle de la transition (3) ou bien une compétence spatiale qui relève de l'anthropologie (4).

En tant qu'étudiant·e·s en architecture, il nous advient de questionner ce lieu de vie, les modes de vie qui y sont exercés et nos rapports à ces territoires. Mais à l'heure où les métropoles – qui ont, quatre années durant, été au centre de notre attention – montrent des signes de faiblesse, n'est-il pas temps d'explorer les nombreuses autres échelles qui composent et décomposent le(s) territoire(s) ? Nous choisissons ici d'explorer celle des villes dites ''moyennes''. Il semble important, avant toute chose, de placer notre étude dans un contexte plus large. Longtemps niées, ces villes reviennent, depuis quelques années, sur le devant de la scène des politiques publiques. Le cadre de vie plus qualitatif que celui des grandes villes, les prix exorbitants qui s'exercent dans ces dernières ou encore les ressources patrimoniales attractives encouragent ces prises de position ; même si ces changements ne se lisent pas clairement en termes démographiques. Néanmoins, durant leur longue période de déclin, un certain nombre de ces villes ont subit les conséquences de cette désertion démographique, économique et politique. On peut en lire, aujourd'hui, les conséquences socio-spatiales : les rideaux baissés des locaux commerciaux, les volets fermés des logements en centre-ville, le taux de chômage qui ne cesse d'augmenter, les périphéries qui ne cessent de se bétonner, etc. Dans une vision prospective, ce sont donc des villes qui ne peuvent pas faire l’économie d’une réflexion profonde.

Notre étude s'inscrit dans ce contexte et tente de contribuer modestement à la capitalisation des connaissances et des solutions en faveur de ce que l'on appelle communément leur ''revitalisation''.

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Mise en œuvre de l'étude

Un semestre-clé

Ce travail est avant tout un parcours collectif, entre Juliette DUDAY, Vincent MANZINI-FAHNDRICH et Romane DANTCIKIAN, entamé en octobre 2020, lors du semestre 09 de master 2 en atelier de projet AMTh1à l'ENSA de Lyon. Le cadre de cet atelier qui se veut volontairement hybride entre recherche et projet, nous a permis de mener une étude plus importante que si nous avions été dans un autre atelier. Sa spécificité nous a conduit à developper une forme de projet autre, que nous n'avions pas imaginé en tant que prétendants au diplôme. Il ne nous a peut être pas permis de nous avancer sur un projet architectural défini et détaillé mais a résolument ouvert nos regards et fait prendre position à des échelles variées et avec un périmètre de travail ne se limitant pas à un site précis. Le semestre de cet atelier a été ponctué par un certain nombre de livrables. Il nous fallait alors trouver des terrains d'entente croisant à la fois des questions propres à chacun·e de nous et les approches répondant aux attentes de l'atelier. Avant d'être frontalement lié à la question des villes moyennes, notre travail s'est d'abord porté sur la question des centres anciens dévitalisés, dévalorisés et de leurs potentiels en latence.

Cadre géographique de l'étude

La première question fût alors inévitablement : « on choisit quoi comme site ? ». Nous avons d'abord fait le pari de tirer profit de l'exercice pour entamer une démarche expérimentale. Celle-ci consisterait à imaginer quelles transformations seraient possibles sur un site qui partage des thématiques com-

1. C'est, par exemple, ce que fait la plateforme franco- phone des agglomérations avec ses colloques annuels sur les villes moyennes.

2. Pour déconstruire cette catégorie unique des ''villes moyennes'', nous avons listé une certain nombre de profils de villes qui partagent les mêmes enjeux et problématiques (voir page 32-34) munes à notre sujet, mais qui bénéficie des moyens humains, techniques et financiers des territoires métropolisés. La question serait alors : qu’est-t-il possible de faire avec des moyens ? Cette démarche fait écho aux recommandations des spécialistes (1) qui préconisent les mises en réseau entre les villes qui partagent les mêmes problématiques ; l’objectif étant de tirer parti des expériences de chacune.

Nous avons donc choisi la ville de Saint-Fons, en périphérie de Lyon car elle semblait concernée par ces questions. De plus, elle s’inscrit dans le territoire métropolitain de Lyon et peut ainsi bénéficier des moyens de la Métropole pour y répondre. L'objectif était donc de faire du centre-ancien de Saint-Fons un territoire-ressource pour notre étude. Après quelques expérimentations, nous avons néanmoins constaté que les enjeux étaient bien trop différents de ceux des villes moyennes pour en faire un véritable ''territoire-ressource''. Certains projets moteurs impulsant de nouvelles dynamiques sont d'une ampleur telle qu'ils ne peuvent être appliqués hors des métropoles (ligne de transport lourd comme le tramway, le train ou le périphérique, réseaux de grand parcs urbains, etc.). Notre hypothèse s'est donc vue réfutée.

Le choix de Vienne

Rapidement s'est effectué un décentrement vers une ville plus en cohérence avec nos ambitions – et pourquoi pas une ville que l'on connaît bien ? Étant tous·tes trois attaché·e·s à nos villes d’origine (Vienne, Aix-les-Bains et Draguignan), la question s’est alors posée de choisir quelle serait celle qui ferait l’objet du projet. Ayant précédemment relevé que certaines dynamiques territoriales, comme la métropolisation, faisant partie des causes du déclin des villes moyennes et de leur centre, nous trouvions intéressant de nous rapprocher d'un profil de ville qui se retrouve progressivement intégrée aux systèmes métropolitains (2).

Le choix s’est ainsi porté sur la ville de Vienne (Isère) qui illustre les influences qu’elle subit parfois de la part de la Métropole de Lyon, et qu’elle cherche, dans le même temps, à conforter. Nous avons cherché à comprendre comment le phénomène de métropolisation est à la fois un facteur aggravant de la situation préoccupante de certaines villes moyennes et un élément de développement pour ces villes parfois en déprise. De plus, en tant que commune-centre elle entretient des relations avec les autres communes de son agglomération et apporte de la matière au propos qui questionne le rôle de ''centralité''.

Élargir le périmètre

Pour finir, nous avons finalement souhaité ouvrir l'étude à d'autres profils de villes pour complexifier le propos. Ce fût également une opportunité pour satisfaire, dans le même temps, le besoin que nous ressentions à travailler sur nos territoires propres : Vincent étant resté sur Vienne, Juliette et Romane étant parties sur Aix-lesBains (Savoie) et Draguignan (Var) (1). Ce document sert de base théorique à notre étude commune et compile toutes les connaissances accumulées ces huit derniers mois. En parallèle, chacun·e de nous s'est attaché·e à appliquer, par le projet, ce socle théorique à son territoire, sous la forme de chroniques élaborées parallèlement. C'est donc dans le contexte du Projet de Fin d'Études que ce parcours collectif trouve logiquement sa suite.

Le triptyque de Paul Virilio

Sans le savoir, nous avons mis en œuvre le triptyque défendu par Paul Virilio, urbaniste, essayiste et ancien professeur et directeur de l'École Spéciale d'Architecture. Selon lui (2), lors de l'élaboration du projet par l'étudiant·e, il est bon de retrouver les trois phases suivantes : - un mauvais projet - un second que l'étudiant·e qualifie de bon projet - un dernier qui reprend et complexifie les deux autres. En effet : - le premier est pour nous celui entamé sur la ville de Saint-Fons - le second celui développé sur la ville de Vienne - le dernier celui que le lecteur ou la lectrice tient entre ses mains, qui regroupe des méthodes et connaissances développées dans le premier et le second.

1. Des propos détaillés sur les spécifiques et les profils de chacune d'elles se trouvent en aval de ces pages.

2. Paquot Thierry. « Paul Virilio (1932-2018). Lanceur d’alertes ». Revue Hermès, n°84, 2019/2, pp. 239-247.

Avis au lecteur ou à la lectrice :

Ce document, qui constitue notre étude commune, ne comporte pas d'éléments relatifs aux projets individuels constituant nos Projet de Fin d'Études. Néanmoins, nous nous avons ré-exploité les connaissances appliquées au territoire viennois lors du semestre 09.

Ces éléments, présents dans des encarts aux côtés des énoncés théoriques, sont visuellement différents et symbolisés par ce sigle :

Carte indiquant la situation d'Aix-les-Bains, Draguignan et Vienne parmi les 222 villes moyennes choisies par le programme Action Cœur Ville © production personnelle Vienne

Aix-les-Bains

Draguignan

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