numĂŠro deux
P A R T I C I P A N T S Louis Aupin Arnaud de Palange Victor Fraigneau Romain Garrabé Sébastien Granier Djamboulat Muzaev Erwan Passini Vincent Sabatier Maurice Schwab Clément Subirana Côme Tardy
Plan des 4 Seigneurs Mont pe l l ie r _ Mai 2014 imprimé à 150 exemplaires runofftheroad.revu@gmail.com www.issuu.com/runoftheroad
Sommaire
3
crédo
4
Petit Cargo 12
5
Habiter machinalement Victor Fraigneau
8
Dessin Julian Carax
9
Expression libre pour Vous
10
Les moutons moS
12
Petite annonce arnaud de Palange
13
L’empire du côté obscur maurice Schwab
14
ID michel Corot
15
Publicité Giovanni Sandro
16
Dialogue Tatar de Crimée
18
BD marquez de Corones
19
Poème Salvador Gerico
20
évolution du rugby el Burro masqué
21
Le cœur, les valeurs, l’honneur el Burro masqué
22
Mouches à merde S.G.
24
Publicité Louis aupin
25
Dessin Julian Carax
26
Manifeste pour une sobriété heureuse arnaud de Palange
28
Baston C.T.
31
Awa 12
32
Publicité michel Corot
revu ne vous fera pas de promesses. Pas de votes, de likes ni de tweets à la clé. Ce carnet, vous ne devez rien en attendre. Seulement un aiguillon destiné à piquer la curiosité en ces temps d’apathie générale. Des participants hétéroclites pour une production qui l’est tout autant, sur des sujets aussi inutiles qu’indispensables. C’est ce que revu vous propose.
vous faudra momentanément vous défaire de certaines idées et vous laisser aller à la curiosité la plus primaire…puis tourner la page. Ce simple geste vous transportera ailleurs pour tout recommencer. Qu’ils soient engagés, optimistes, désenchantés, libertaires ou traumatisés, tous les sujets ont leur place dans revu.
éVeiL eT réSiSTaNCe C’est un appel auquel nous répondons. Une idée à transmettre qui invite à se détourner de la pensée unique, à creuser un peu plus loin. Libre à vous de passer votre chemin, cette tribune ne racolera pas l’auditoire. Elle l’agressera au contraire, piquant les habitudes d’un quotidien en crise dont tout le monde s’accommode. Maurice Schwab
12
Victor Fraigneau
Julian Carax
- expression libre -
Vous
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LES MOUTONS, NIKOS EST LEUR BERGER
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ÂŤ Jeune homme bien sous tous rapports, 30 ans, architecte, pilote de chasse et funambule, cherche jeune femme douce et ferme, passionnĂŠe par les avions en papier. Me contacter au (+33)0617773915. Âť
Arnaud de Palange
NORME NORMALE D’UN MONDE NORMALisé, MORNE La surabondance de normes, telle des régiments de stormtroopers menés par Darth Vader et le côté obscur, viendra à bout de toute velléité architecturale, poétique, culturelle ou politique. Car si tout ce qui est normé est chiant, ce qui est normal tire l’ennui à la mort sous couvert d’égalité. De l’humeur normalisée exprimée en smiley au président normal, du geste normal lorsqu’il fait chaud ou froid à la toute dernière règlementation thermique, le chemin de croix de notre société se trace. L’architecture classique, avec ses 5 ordres, était autrefois la norme. L’architecture normale est aujourd’hui épurée, minimale, isolée par l’extérieur, bardée de zinc ou de bois, sur-accessible, coupe-feu, repliée sur
La question de notre utilité se pose : créatifs, penseurs, citoyens, programmée; la norme apparaît comme l’outil de notre ultime asservissement. Dans le passé, les créatifs et les penseurs ont été capables de remettre en cause des normes jugées obtuses. Nous ne sommes pourtant pas moins connaissances et d’avancées techniques que cela donne le vertige des possibles. , conjointement à un enseignement lacunaire et au matraquage médiatique dont nous Dans citoyens, que obéissants, Economique
ces conditions, si nous n’avons rien à proposer en tant que pouvons nous devenir si ce n’est une armée d’architectes soumis aux préceptes normatifs, labellisés Haut Rendement et venant grossir les rangs des troupes de l’Empire.
La guerre est inévitable, choisissez votre camp. Car si pour fraîche contrôlée par CTA1, elle pourrait bien décider de notre avenir. La résistance s’organisera autour de nous, si toutefois nous daignons décrocher des vidéos en streaming sur nos écrans HD/3D/1080p/RT2/LEED3 et prendre les bombardements de rêves, rafales narratives et corps-à-corps aidé d’une lame faite main. 1 - Centrale de Traitement dAir. 2 - Réglementation Thermique. 3 - Leadership in Energy and Environmental Design - Système Nord-Américain de standardisation de bâtiments à haute qualité environnementale.
Maurice Schwab
ID - Félicitation ! C'est un garçon comment souhaitez vous le nommer ? - Je... je ne sais pas nous étions persuadés mon mari et moi que c'était une fille... 864XPK26 vient ici s'il te plaît ! - J'arrive, j'arrive. Tout va bien chéri ? Oh! il est magnifique... Mais... comment on va l’appeler ? - Je ne sais pas justement... peut être comme son grand père ? - Non, pas 268CZK86 ça fait trop vieux, t'imagines à l'école tous les gamins vont se moquer de lui? - Non pas celui là, mon père à moi : 462JLM88 - Ah, oui sûrement, je pense que ça lui fera plaisir en plus. Oh 753EOY91 je suis tellement heureux, depuis tout ce temps ! - Tu sais peux être que si on l'appelle 464JLM88 ça sera peut être mieux, ça donnerait un peu de folie ? - Oui, tu as sûrement raison, qu'est ce que je ferais sans toi ma petite 753 ? L'infirmière revient toute penaude devant tant de tendresse. - Euh..Excusez moi de vous déranger mais il faudrait que vous donniez vos prénoms et noms de sécurité sociale et ceux de votre mutuelle aussi, afin de vous enregistrer dans les registres de l'hôpital, pour pouvoir effectuer les remboursements. - Tous ces noms ça devient lourd, vous ne pourriez pas nous appeler par notre numéro comme tout le monde ?
Michel MichelCorot Corot
-
Maintenant, tu sais comment j’appelle l’Alaska ?
-
???
-
«ICE-CREAM»
-
Tatar de Crimée
!!!!
Marquez de Corones
CADAVRE à Baudelaire Souviens-toi mon frère , Du chant de nos rames sur l'eau, Et du soleil qui si haut, Réchauffait la rivière. Quand entre les rocs posés, Là où l'eau dort depuis des ans, Nous tombâmes nez-à-nez Avec la mort et la vie en même temps. Les deux vieilles femmes Se battaient sans répit L'une pour le corps, l'autre pour l'âme D'un sanglier tombé ici. L'animal offrait là ses os, Là ses entrailles au grand jour, Empoisonnant de la rivière toute l'eau Ainsi que l'air autour. Et toi, devant ce spectacle dramatique Tu perdis l'équilibre et la raison Pour nous faire choir de panique Dans le bassin plein de poisons. De noires nuées de harpies S’échappèrent de cette étrange sculpture Tandis que des vers grouillaient d’appétit Dans la bête sans sépulture. Jamais avant cela, je n'eus pu croire Qu'un cadavre pouvait bouger d'impatience, Et que le berceau de ces humeurs noires Pouvait accueillir tant de naissances. Alors à tous ceux qui craignent le néant Lorsque la faucheuse n'attend plus, Je dirais aujourd'hui consciemment : La mort est un début.
S.G.
SG
El Burro MasquĂŠ
Mouches à merde C'était hier après-midi, sur la route entre le centre commercial et mon village. Il faisait un temps superbe, un ciel sans nuage et on sentait le printemps vibrant et bourdonnant qui arrivait. C'était un temps à apaiser la Terre entière et à satisfaire tout le monde. Je rentrais chez moi et conduisais mon pot de yaourt. Une bagnole jaune pisse trop petite pour moi. On avait toujours l'air un peu ridicules tous les deux, mais on roulait tranquille. Au premier coup d'oeil dans le rétro, je n'y ai même pas prêté attention : une petite sportive assez banale, blanche, française. Et puis, je ne suis pas du genre à regarder souvent derrière. Mais ensuite, j'ai vu qu'elle commençait à se rapprocher nerveusement. Petit à petit, elle me collait littéralement, et voilà qu'elle se mettait même à louvoyer au milieu de la chaussée. Le type voulait me doubler, pour sûr. Je l'emmerde, j'accélère pas, je ne me range pas non plus. Quatrième. Je profite du paysage, calmement, la vitre ouverte et sens ce pollen envahir la voiture. Il se rapproche encore. Rétro. Je vois maintenant son visage. Ils sont deux en fait, lui et sa copine certainement. Je cherche furtivement sur leurs faces les signes d'une quelconque manifestation de haine à mon égard. Rien. Ils sont identiques, cachés derrières des ray-ban en plastique fluo, en tenu de sport du samedi, et n'expriment rien. Ils ont vraiment l'air blasés. Ils veulent juste aller vite, vite, vite. C'est dingue. Mais il ne peuvent pas me doubler, il y a un virage devant et on ne voit pas ce qui pourrait arriver d'en face. Il zigzaguent encore. Je regarde les arbres. Puis vient un hameau à traverser, alors je pousse le vice à descendre jusqu'à la limite de vitesse. Troisième. On se traine mais je me régale, ils enragent. Leur moteur grogne. Putain que c'est beau le printemps ! On sort du village, donc j'accélère un peu. Quatrième, cinquième. Mes CD tombent parce que la boîte à gants est mal foutue, tant pis. Les deux me rattrapent et ils aimeraient aller plus vite encore. Je maintiens mon allure débonnaire et passe la main dehors. Il y a bientôt un pont, donc c'est maintenant certain, ils ne pourront pas me doubler jusqu'à la ville. Rétro. Ils grimacent et semblent vraiment énervés. On passe le pont. L'air est juste tiède. A ce moment et contre toute attente, ils se rangent bien derrière moi. On dirait qu'ils abandonnent. Mais ils restent quand même tout près. Le type a repris son air blasé mais pas la fille, qui elle, a l'air surexcitée. J'ai compris.
Il veut maintenant me suivre pour m'intimider. Peut-être même jusque chez moi. Je m'en fou, ce temps là m'a rendu heureux et je garde mon calme. On rentre en ville. Troisième, seconde. Ils ont foutu des dos d'âne de partout. Ils me suivent encore. Malgré les virages. Malgré les intersections. Malgré la traversée du village. Je ne m'étais pas trompé. Je n'irai pas chez moi. Avec mon pot de yaourt, on prend la route pour la campagne, de l'autre côté de la ville. Troisième. Rétro. Ils me suivent toujours et ont l'air serein. Quatrième. Il n'y a plus beaucoup de maisons. Je tourne sur un chemin qui mène vers nos chevaux. Troisième, seconde. Ils sont sur mes talons. Il n'y a plus d'autres voitures, plus de maisons. Quelques cabanes, des champs, des fossés et des bosquets de frênes. Le printemps. La situation est sortie du cadre quotidien. On a atteint le point de non retour. Le bruit, les regards durs, les insultes de loin, les bousculades, la ville. Toute cette violence urbaine implicite et acceptée comme l'ambiance naturelle de nos lieux de vie. Mais on est là dans un lieu différent et on a aucune raison d'y être ensemble. La connerie humaine arrive à faire quelques kilomètres. Ça en est presque comique. Ici tout est clair, tout est simple. Voiture jaune, voiture blanche. On arrive à un cabanon de chasseur, à côté du champ clôturé où se trouvent nos deux canassons. Tranquillement, je me gare sur une portion d'herbe. Les deux camargue me reconnaissent et hochent la tête. Les deux ray-ban arrivent en faisant crisser les pneus. Ils s'arrêtent à ma hauteur. Je ramasse les CD et les range dans la boîte à gant. En même temps j'entends les portières s'ouvrir brusquement. Les chevaux hennissent. Eux aussi : le printemps. J'ouvre la porte et descends calmement. Je les vois sortir comme des fous. Avec leurs lunettes, on dirait deux grosses mouches à merde ! Bzzz bzzz bzzz ! Ils se mettent à débiter un flot ininterrompu d'insanités, mais je ne les écoute pas et ne comprends pas ce qu'ils disent. Bzzz bzzz bzzz ! Ils gesticulent dans tous les sens, eux aussi ça doit être le pollen. Bzzz bzzz bzzz ! La fille s'approche de moi et me pousse violemment. Elle a plus de force que je ne le pensais. Je me retourne et prend le flingue dans la portière. Les deux reviennent à la charge. Alors je tire d'abord sur la fille, parce qu'elle me saoule vraiment. BAM ! Ça lui fait fermer sa gueule. Le mec est d'abord choqué, mais il revient m'emmerder. Bzzz bzzz bzzz ! BAM ! Je lui tire dessus aussi ! Ça lui fait fermer sa gueule. Bzzz... Le printemps... S.G. SG
Julian Carax
manifeste pour une sobriĂŠtĂŠ heureuse
L’agriculture nous a sédentarisé. Elle est à l’origine de la fondation de nos villes. Inventons une vie relocalisée à la campagne. Des établissements humains fondés ex-nihilo. Envisageons les canots de sauvetage de la ville. Des insularités en territoire agricole. Des autonomies localisées. Créons des échelles humaines. Renouons avec le dialogue, l’intégration, le partage, la synergie. Visons la symbiose entre l’homme et la nature. Réenchantons nos corps de sensibles. Favorisons une compréhension des éléments naturels. Dans les jardins, les œillets d’Inde protégeront les choux. Faisons exister des solidarités emphatiques. Des proximités, des justes à-corps. Prenons soin. Regardons les anciens. L’ancestral. Recourons au bons sens. Voyons l’avenir, en ayant à l’esprit que certaines clés sont dans le passé. Hybridons tradition et modernité. Cherchons l’équilibre, entre science et bon sens. Réactivons la pensée par la main. L’artisanat, la poésie, l’art. Construisons avec des matériaux innocents. Dans l’avenir les moyens de transports seront écologiques, aériens et fulgurants. Couplés à la toile numérique, les spatio-temporalités seront bouleversées. Renégocions des “promixités”. Relocalisons le matériel. Plantons la cohésion. Cultivons le singulier. Régénérons-nous. Restons optimistes. Arnaud de Palange
BaSToN. R.Ricciotti vs A.Loos
ON AURAIT DÛ TE BUTER DE TON VIVANT MONSIEUR LOOS*...
VIENS RUDY, AVEC TON 11.43 À CROSSE EN NACRE CISELÉE FLORAL*...
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HQE,
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les renards du temple 2009
Ornement et Crime 1908
C.T.
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une ĂŠdition faite main