VI
P A R T I C I P A N T S Louis Aupin Victor Fraigneau Sébastien Granier Yoann Granier Thomas Herry Mathieu Iniesta Marion Lallemang Arnaud de Palange Erwan Passini Clément Pichon Vincent Sabatier Maurice Schwab Côme Tardy Marion Weymuller
Plan des 4 Seigneurs Montpellier _ Janvier 2015 imprimé à 200 exemplaires C O N T A C T S runofftheroad.revu@gmail.com www.issuu.com/runoftheroad
SOMMAIRE 3
crédo revu
4
Editorial Maurice Schwab
5
Communiqué du MNOA
6
Galilée PICHON
7
Prononciation Côme Tardy / Arnaud de Palange
8
Ten Years After C.T.
11
Fracasser
12
Juste à corps L’équilibriste
13
Déformation visuelle Marcel Lecourt
14
Publicité Vincent Sabatier
15
Architecture de l’espérance Maurice Schwab
16
Prononciation Côme Tardy / Arnaud de Palange
17
Déformation visuelle Marcel Lecourt
18
Vérité tchap
19
14.02.14 12
20
Déformation visuelle Marcel Lecourt
21
Juste à corps L’équilibriste
22
Ah, JN, l’esprit des lieux ! 12
23
Prononciation Côme Tardy / Arnaud de Palange
24
The bones people Fisherman Joker
25
Espoir
26
Adama SG
27
Logique tchap
28
The Doors HRT
30
J’ai pris la liberté de n’être libre de rien Fisherman Joker
31
Bruit de Tram SG
32
Humus SG
33
Espire et respère Victor Fraigneau
36
Les larmes des Espoirs Michel Corot
39
La ligne de vie J.Lewis
41
Publicité Vincent Sabatier
42
Expression libre Vous
revu ne vous fera pas de promesses. Pas de votes, de likes ni de tweets à la clé. Ce carnet, vous ne devez rien en attendre. Seulement un aiguillon destiné à piquer la curiosité en ces temps d’apathie générale. Des participants hétéroclites pour une production qui l’est tout autant, sur des sujets aussi inutiles qu’indispensables. C’est ce que revu vous propose.
vous faudra momentanément vous défaire de certaines idées et vous laisser aller à la curiosité la plus primaire…puis tourner la page. Ce simple geste vous transportera ailleurs pour tout recommencer. Qu’ils soient engagés, optimistes, désenchantés, libertaires ou traumatisés, tous les sujets ont leur place dans revu.
ÉVEIL ET RÉSISTANCE C’est un appel auquel nous répondons. Une idée à transmettre qui invite à se détourner de la pensée unique, à creuser un peu plus loin. Libre à vous de passer votre chemin, cette tribune ne racolera pas l’auditoire. Elle l’agressera au contraire, piquant les habitudes d’un quotidien en crise dont tout le monde s’accommode.
NUMÉRO SIX Une nouvelle est là.
Cette nouvelle s’appelle deux-mille quinze, et elle est pleine de promesses. Les promesses c’est bien, mais nous sommes trop habitués à ce qu’elles ne soient pas tenues. L’espoir c’est mieux, il est plus désintéressé, plus libre et se révèle bien souvent plus motivant. Et c’est bien d’espoir qu’il est question dans ces pages. L’espoir d’un monde meilleur, contre le désespoir de le voir tomber en décrépitude, dans l’égoïsme le plus pathétique. Transmis directement ou en réaction à une vision délétère du monde et de l’Homme, l’espoir est distribué ici comme les barrettes à la sortie du lycée.
Car l’espoir est une drogue, que son manque donne l’impression de mourir et que nous, nous voulons vivre.
Maurice Schwab
=
Mouvement pour de Nouveaux Ordres Architecturaux
La Melencolia, Albrecht D端rer, 1514, gravure sur cuivre.
PICHON
BRAS MENTHE
C. Tardy / A. de Palange
C.T.
je serai doux et ferme.
L’Êquilibriste
Marcel Lecourt
DE
La poudre en architecture ne s’invente apparemment plus. Il y en a partout et pour tous les goûts : bling-bling, clinquant, durable, vegan, minimaliste, maximaliste, consumériste façon trente-glorieuses… La poudre aux yeux est en architecture aussi présente que dans l’industrie alimentaire ou, période post-fêtes oblige, dans le monde du jouet. Mais derrière cet écran de fumé, cette poussière jetée à nos mirettes, que se passe-t’il? Et bien c’est la guerre. Elle n’est pas nucléaire, pas froide, elle n’est même pas toujours armée, mais ses ravages sont observables au quotidien. Au détour de n’importe quel chantier, alors que parfois l’architecte déserte, son théâtre s’installe. Les soldats plus ou moins organisés y assurent quelques courtes victoires…mais pour qui? Car plutôt que des soldats - solidaires et fraternels sur le champ de bataille et dans l’effort - ce combat s’assimile plutôt à celui d’un far-west de francstireurs. L’or vers lequel l’on se rue aujourd’hui, un partenariat publicprivé par exemple (essayez de le dire cinq fois très vite ça n’est pas facile), justifiant toutes les bassesses entre confrères. Diviser pour mieux régner. Il semble que nos négriers l’ont bien compris tant la profession se déchire une couverture déjà bien mitée. Mitée mais pas miteuse aux vues de l’intérêt que sucite encore la production architecturale et le vivier créatif prêt à s’y engager, pourtant l’individualisme nous la grignotera avant que l’hiver ne vienne vraiment, avis aux fans de Games of Thrones. Architecte, je ne le suis pas encore. Se sentir concerné par l’état actuel et l’avenir de cette profession me semble pourtant primordial. Être concerné est un prémisse à toute discussion, concertation puisque le mot est à la mode. Discuter, pour peut être tomber d’accord, initier un mouvement commun. Initier ce mouvement, c’est d’abord espérer changer les choses. Espérer, sans crainte, égoïsme ni paresse, c’est certainement naïf mais c’est peut-être aussi notre seule planche de salut.
Maurice Schwab
RIS CAR DAUBE AU FIL C. Tardy / A. de Palange
Marcel Lecourt
Le père Noël vous ment. Les parents n’existent pas.
tchap
12
Marcel Lecourt
tu seras souple sur une corde raide.
L’Êquilibriste
12
LOUP HISSE CANNE
C. Tardy / A. de Palange
Fisherman Joker
adam adama
hĂŠb. : la terre
SG
SG
Si vous lisez entre les lignes, vous constaterez qu’il n’est ici question que de papier.
tchap
HRT
Fisherman Joker
Bruit de tram Arret de tram Université, Esteban et sa maman.
- Regarde la pub là. - Maman, c est bien d avoir une voiture blanche, comme ça on peut la peindre... - Ah non, je ne vois vraiment pas l intêret.
SG
SG
humain humus lat. : la terre
SG
SG
Victor Fraigneau
Michel Corot
La ligne de vie Le vieil homme et la mer, roman célèbre d'Ernest Hemingway, relate l'épopée homérique de ce vieux pêcheur cubain qui n'a rien pêché depuis quatre-vingt-cinq jours. Seul, au milieu de l'immensité bleue de l'océan, il est remorqué depuis deux jours par sa plus grosse prise sans doute. Tourmenté par la douleur, la soif et la faim, il pense à ce jeune homme à qui il a appris à pêcher, son seul ami. Sa barque et ses pensées sont à la dérive. toujours garder espoir.
Dans la pénombre de la nuit les étoiles scintillaient, sur ce miroir de constellations, au fond de sa barque, le vieil homme dormait. Toutes ses nuits, il rêvait de l’Afrique de sa jeunesse, des plages dorées, des caps altiers, des grandes montagnes brunes et des lions au bord de la mer. Il aimait les lions comme il aimait le gamin. Le mugissement des vagues emplissaient ses rêves. Dès l’aube il se réveilla, enivré par le parfum de cette brise pure et matinale de l’océan. Il prit de l’eau dans ses mains, vit son reflet et se rinça le visage. - Je n’ai pas l’air frais ce matin, pourtant il faut que je sois en forme pour capturer mon poisson. En réalité je ressemble à une tortue, j’ai un cœur tout pareil, mes mains et pieds sont comme les leurs. Autrefois il chantait durant son quart au gouvernail, c’est probablement quand le gamin n’a plus eu le droit de l’accompagner qu’il s’est mis à parler seul. Au temps où ils pêchaient ensemble, ils ne se disaient que ce qui était nécessaire. Le vieil homme avait toujours jugé, qu’en mer il ne faut pas dire de paroles inutiles. Ainsi il observait le silence, mais à présent, il donnait souvent une voix à ses pensées. - Si les gens m’entendaient causer tout seul, ils croiraient que je suis fou, mais du moment que je ne suis pas fou, ça m’est égal. La faim et la soif faisait souffrir ce pauvre vieillard. Il ne restait plus qu’une gorgée d’eau douce et une sardine gisant dans sa barque, les yeux stupides grands ouverts. Le soleil brûlait et pigmentait la peau du vieil homme de taches brunes. Le sang séchait sur ses mains entaillées, ses yeux avaient la couleur de la mer, ses cheveux et sa barbe la couleur de l’écume. - J’ai passé tous les caps, le Cap Cruz, le Cap Horn, le Cap de Bonne Espérance et d’ailleurs j’espère encore attraper ce poisson. Il tenait le filin avec férocité, s’arc-boutait sur sa barque, luttait vaillamment malgré ses souffrances. Il pensait toujours au gamin pour ne pas lâcher prise. - Je me rappelle cette histoire de marlins, j’avais eu une femelle qui s’était débattue jusqu’à épuisement, le mâle impuissant l’avait accompagné jusqu’au bout. Triste histoire.
Ces yeux étaient remplis de larmes, la sueur illuminait son front. Épuisé, irrité par le sel, son espoir et sa confiance n’avaient jamais faibli mais à la fin s’amenuisaient comme une brise qui tombe. Il avait toujours l’image du gamin dans ses pensées, c’est là qu’il y trouvait ses dernières forces. Il parlait souvent au poisson. Pour lui personne ne méritait de le manger, il était si noble, si courageux, que le vieil homme s’était résolu de l’accompagner jusqu’à la mort. - Je n’ai plus de forces, nous sommes unis, nos vies sont accrochés au bout d’un fil. Peut-être, je n’aurais pas dû devenir pêcheur. Je commence à bien t’aimer poisson, je te respecte beaucoup mais pourtant il faut que je te tues. Un homme peut faire et supporter d’innombrables choses, il faut que je le prouve au gamin. Tu veux ma mort camarade ? Vas-y tues moi, c’est ton droit ! ça m’est égal lequel des deux tue l’autre. Soudain le temps s’arrêta. Il n’y avait pas un oiseau, aucune brise, aucun nuage. Le silence était tellement immense que le vieux marin ne put dire un mot. Tout à coup, tout droit venu des profondeurs, une créature émergea de l’océan. Elle perça la surface de l’eau avec aisance et sauta à une hauteur impressionnante. L’eau ruisselait le long de ses flancs, elle étincelait dans la lumière. Un aileron majestueux se déployait sur son dos violet. Sa queue, ressemblait à une faux tranchante. Les écailles éblouissaient le vieux pêcheur qui restait stupéfait. Devant cette bête gigantesque, il jubilait. Ce spectacle l'envoûtait, il ressentait un frisson dans tout son corps. Ce moment dont tout pêcheur rêve, la pêche miraculeuse, se présentait devant lui. Il aurait voulu que le gamin soit là pour l’aider et témoigner de cette odyssée. Tel un torero, il brandit son harpon, fier, il s’élança et s’écroula brutalement dans sa barque. Épuisé, il gisait au fond de la barque au côté de sa dernière sardine. Des heures passèrent. Le gamin était en pleurs, il scrutait l’horizon et aperçu la barque au loin. Le jeune homme monta dessus et aperçut le vieil homme mourant. Un large sourire illuminait son visage. Cela enleva toutes impressions de souffrances. Le vieillard ne parlait pas, il ne voyait pas vraiment le gamin qui était devant le soleil. Il pensa qu’un ange venait, que sa fin était arrivé. Le jeune marin vit l’espadon, il était deux fois plus grand que la barque et continuait à tenir prisonnier son ami. Le gamin devant cette scène décida de mettre un terme à cette lutte, et coupa le fil. Cela libéra le vieil homme de cet emprisonnement, l’espadon rejoignit les profondeurs. Toutes les souffrances, douleurs allaient s’apaiser. La prouesse du vieux loup de mer avait été aussi grande que son poisson. L’enfant heureux de retrouver son ami le serra fort dans ses bras. Le vieil homme comprit que son ami l’avait sauvé, une larme coula sur sa joue, il avait les yeux bleus comme la mer.
J. Lewis
Vous