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LES CONSACRÉS
Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus 1873-1897
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Ma vocation, c’est l’Amour»
”
Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus
« Père, Seigneur du ciel et de la terre, je proclame ta louange : ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tous-petits. »
Mt 11,25
BIOGRAPHIE
Sainte Thérèse de Lisieux religieuse carmélite
Sainte Thérèse de Lisieux, religieuse carmélite, est morte à 24 ans, en 1897. Dès l’année suivante, celle qui avait émis le vœu de faire « tomber une pluie de roses » sur la terre bouleverse le monde à travers ses écrits et devient l’une des plus grandes figures du XXe siècle. Priée par des milliers de croyants, elle est béatifiée puis canonisée dès 1925. Après avoir été nommée patronne des missions, puis patronne secondaire de la France, elle devient docteur de l’Église en 1997.
« Ô que j’aime la souvenance » Marie Françoise Thérèse Martin voit le jour à Alençon, le 2 janvier 1873, dans une famille de la bonne bourgeoisie normande, précédée par six sœurs et deux frères – Marie, Pauline, Léonie, Hélène, Joseph, de nouveau Joseph, Céline et une première Thérèse. Mariés en 1858, Zélie Guérin (1831-1877) et Louis Martin (1823-1894) se sont placés sous le regard de Dieu. Ils accueillent leurs enfants avec le projet intime de les donner à Dieu. Les garçons meurent en bas âge, mais les cinq filles qui atteindront l’âge adulte entreront dans les ordres : Marie, Pauline, Céline et Thérèse seront carmélites et Léonie visitandine. Confiants en la volonté divine et en la providence, les Martin ont créé et entretenu le foyer qui permit l’éclosion d’une sainte. Et surtout, ils « ont compris qu’ils pouvaient se sanctifier non pas malgré le mariage mais à travers, dans et par le mariage » a rappelé le cardinal José Saraiva Martins, préfet émérite de la Congrégation pour les causes des saints, en 2008. Ils ont été canonisés le 18 octobre 2015 par le pape François.
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REPÈRES > 1873 : naissance à Alençon. > 1877 : mort de sa mère > 1888 : entrée au carmel à l’âge de 15 ans > 1894 : mort de son père > 1897 : mort à Lisieux > 1898 : première édition de l’Histoire d’une âme > 1923 : béatification > 1925 : canonisation > 1997 : sainte Thérèse est proclamée docteur de l’Église
« La petite reine » Durant l’été 1877, l’horizon si clair et si beau du cadre familial bascule lorsque Zélie est emportée par un cancer du sein à quarante-cinq ans. Bouleversée, Thérèse, quatre ans et demi, se réfugie alors dans les bras de Pauline, sa sœur adorée, et la choisit pour seconde maman. Élève intelligente qui fait l’admiration des siens, l’enfant n’est pas simplement studieuse et consciencieuse mais sait profiter des joies simples : elle invente des histoires et joue avec les animaux et les plantes du jardin des Buissonnets, la maison de Lisieux dans laquelle leur père les a installées pour les rapprocher de Céline et Isidore Guérin, leurs oncle et tante maternels. Là, Thérèse découvre la nature, les parties de pêche avec son père, son « roi chéri », et devient sa « petite reine, » entourée d’amour et comblée de tendresse et de baisers.
« Le ravissant sourire de la Sainte Vierge » En octobre 1882, Pauline, sa seconde maman, entre au carmel de Lisieux. Un déchirement pour Thérèse, qui tombe étrangement malade. En dehors de rares heures de rémission qui lui permettent d’assister à la prise d’habit de sa sœur, ce mal inconnu ne la quitte pas, la
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BIOGRAPHIE
laissant la plupart du temps faible, évanouie ou en délire. Jusqu’à ce qu’en mai 1883, elle lève les yeux vers une représentation de la Vierge dont le visage se modifie, respirant « une bonté et une tendresse ineffable. » Les larmes de reconnaissance coulent sur ses joues et elle guérit définitivement. En mai 1884, âgée de onze ans, la jeune fille fait sa première communion. Le « baiser d’amour » est pour elle une consécration émouvante et elle avouera par la suite que « depuis longtemps, Jésus et la pauvre petite Thérèse s’étaient regardés. »
« La nuit de lumière » Thérèse est espiègle, pleureuse, parfois capricieuse et, le jour de Noël 1886, un mot maladroit de son père la chagrine. Ce soir-là, après un mouvement de colère, l’adolescente blessée ravale ses larmes et accepte la souffrance pour aimer davantage. En cette « nuit de lumière », en un instant, les grâces du Ciel ont fait plus qu’elle-même en dix ans... Son tempérament change du tout au tout : d’hypersensible et immature, elle devient volontaire et forte. La jeune fille se rapproche de sa sœur Céline, communie plusieurs fois par semaine, et se met à prier pour la conversion des pécheurs. Outre les multiples inconnus qu’elle porte vers Dieu, elle s’attache à Henri Pranzini, un condamné à mort. Elle suit au rythme des éditions des journaux les rebondissements du procès et le parcours du meurtrier, qui n’exprime aucun remord. Le lendemain de l’exécution, elle apprend qu’au dernier moment, au bord de l’échafaud, après avoir refusé de rencontrer un prêtre, le miracle a opéré : Pranzini a embrassé la croix. Cette conversion ultime, pour laquelle elle a tant prié, touche Thérèse et la conforte dans son choix : elle entrera en religion.
« Laisse-moi me cacher sous le voile » Le carmel de Lisieux a déjà accueilli deux de ses sœurs lorsque Thérèse émet le vœu d’en passer définitivement la porte : Marie et surtout Pauline, qui sera plus tard une deuxième fois sa mère en devenant la supé4
rieure du couvent. A deux ans, au retour d’une visite à sa tante maternelle, Thérèse avait déclaré « je serai religieuse ! » Le vœu enfantin semble loin mais il a bien pris racine et s’est développé intérieurement. À la pentecôte 1887, Thérèse fait part à son père de sa volonté de rejoindre Pauline dans son « désert » et de se « cacher sous le voile. »
« Très Saint Père, j’ai une grande grâce à vous demander » Impatiente de franchir la clôture, projetant d’être dans les lieux pour ses quinze ans, Thérèse affronte certains membres de sa famille et les ecclésiastiques locaux, réservés devant son jeune âge. Rien ne l’arrêtera. Accompagnée de son père et de Céline, elle prend la route pour Rome à la fin de l’automne 1887. Ils sont présentés au pape Léon XIII, le 20 novembre. Bravant l’interdiction formelle d’adresser la parole au souverain pontife, et encouragée par sa sœur qui lui souffle : « Parle ! », Thérèse se jette alors aux pieds du saint Père pour lancer sa supplique. La réponse fuse : « Vous entrerez si le Bon Dieu le veut ! » Dans les jours et semaines qui suivent, les réticences s’évaporent et Thérèse entre au carmel le 9 avril 1888, à l’âge de 15 ans.
« Mon ami » En janvier 1889, Thérèse prend l’habit puis fait profession religieuse à l’automne 1890. Elle contemple en silence et s’adonne à l’oraison. Outre ces heures sans parole et les activités quotidiennes de la communauté - offices, repas ou collation - la journée est ponctuée de récréations auxquelles elle participe avec entrain. C’est le cas de représentations théâtrales dans lesquelles Thérèse dévoile ses talents. En 1893, elle est nommée responsable des récréations et crée une pièce pour l’anniversaire de la prieure – qui n’est autre que Pauline, mère Agnès de Jésus – autour de l’une de ses figures préférées : Jeanne d’Arc. La même année, malgré son jeune âge, elle commence à s’occuper des novices.
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BIOGRAPHIE
« Notre grande richesse » Mais, quelques semaines seulement après son entrée au carmel, le bonheur de la famille Martin est tristement altéré. La santé de Louis s’affaiblit et le « roi » de Thérèse perd une à une ses facultés. Ne reconnaissant plus les siens, en proie à des agitations qui deviennent dangereuses pour son entourage, il est interné à Caen en février 1890 et ne peut plus recevoir qu’une visite par semaine. De leur cloître, Thérèse et ses deux sœurs s’unissent à ses souffrances, leur « grande richesse, » jusqu’à sa mort en juillet 1894.
« Une nuit du néant » En septembre de la même année, leur sœur Céline les rejoint au carmel. A l’invitation de Pauline, Thérèse entame la rédaction du premier de ses trois manuscrits. Au milieu de l’année 1895, elle se consacre à l’Amour miséricordieux de Dieu et projette de partir pour le carmel de Hanoï. Ce désir missionnaire est compromis par la maladie mais, au même moment,Thérèse devient la sœur spirituelle d’un séminariste puis d’un abbé missionnaires, avec lesquels elle entretient des correspondances joyeuses et intimes. Durant ses derniers mois, Thérèse traverse une nuit de la foi : il lui semble que son parcours est vain, sa vie gâchée et que la mort n’ouvre à rien. Mais elle tourne son tourment en grâce : « [le Seigneur] est doux et miséricordieux, Il ne m’a envoyé cette épreuve qu’au moment où j’ai eu la force de la supporter, plus tôt je crois bien qu’elle m’aurait plongée dans le découragement… »
mourir jeune, il est vrai que j’ai toujours espéré que c’est là sa volonté. » Elle attend patiemment le jour où Il viendra la chercher, elle, « misérable enfant. » Le Vendredi saint 3 avril 1896, après s’être couchée, elle sent un « flot » envahir sa bouche. Retenant sa curiosité, elle attend le lendemain matin et s’aperçoit au réveil qu’il s’agit de son propre sang… Atteinte de la tuberculose, après une année et demie de souffrances, les mains crispées sur le crucifix, celle qui s’était choisi le nom de sœur Thérèse de l’Enfant Jésus et de la Sainte Face finit par rejoindre son époux bien-aimé le 30 septembre 1897. En mai de la même année, elle avait écrit : ce n’est pas « la mort » qui viendra me chercher, c’est le Bon Dieu.
Histoire d’une âme Comme le veut l’usage après le décès d’une sœur, le carmel en deuil adresse une circulaire pour inviter les autres congrégations à prier pour la défunte. Le projet de monographie de la religieuse est rapidement remplacé par celui d’une autobiographie tirée de ses écrits : durant les dernières années de sa vie, Thérèse a produit trois manuscrits autographes nommés A(gnès), G(onzague) et M(arie), du noms de leurs commanditaires : sa sœur Pauline, mère Agnès de Jésus, mère Marie de Gonzague, maîtresse des novices, et son autre sœur Marie, sœur Marie du Sacré Cœur. Éditée une première fois à 2000 exemplaires, l’Histoire d’une âme rencontre rapidement un véritable succès populaire. Traduit dans plus de 40 langues, l’opuscule fait le tour du monde, tout comme ses poèmes et ses courriers publiés par la suite. En 1910, le procès en béatification est ouvert et celle-ci est prononcée en 1923, suivie de la canonisation deux ans plus tard. ■
« L’heure passagère » Même si Thérèse est docile à la volonté de son céleste époux, son désir profond est de le rencontrer le plus tôt possible : « Jamais je n’ai demandé au Bon Dieu de 6
L’Église célèbre la fête de sainte Thérèse le 1er octobre.
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SPIRITUALITÉ
La spiritualité
de sainte Thérèse
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Aimer
c’est tout donner et se donner soi-même
”
Sous son blason accolé à celui du Christ, Thérèse inscrit les dates des « jours de grâces, accordés par le Seigneur à sa petite épouse. » Outre les jours de sa vie de catholique et ceux, éprouvants, de l’internement de son père, elle note deux dates extraordinaires : « Conversion 25 décembre 1886 » et « Offrande de moi-même à l’Amour 9 juin 1895. » La vocation de Thérèse, c’est l’amour.
« Ma complète conversion » Thérèse marque d’une pierre blanche la nuit de Noël 1886 dans son chemin spirituel. Cette date referme la parenthèse ouverte par la mort de sa mère et entame la troisième période de sa vie, la plus heureuse après son enfance. « En cette nuit où Il se fit faible et souffrant pour mon amour, Il me rendit forte et courageuse, Il me revêtit de ses armes et depuis cette nuit bénie, je ne fus vaincue en aucun combat, mais au contraire je marchai de victoires en victoires et commençai, pour ainsi dire, une course de géant. » Thérèse rencontre ce soir-là le chemin de la sainteté et ne le quitte plus, son seul but étant dorénavant de « devenir une grande sainte », « à la pointe de l’épée. »
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bien courte, une petite voie toute nouvelle. » C’est une voie d’abandon vers la sainteté, où chacun est plus à même de recevoir que de donner, sur laquelle il faut d’abord apprendre à se connaître à la lumière de la foi en se jetant dans l’amour infini, sans jamais désespérer face à sa propre impuissance. Suivre cette voie suppose de garder une attitude active et confiante en ses désirs les plus audacieux – qui ne peuvent être que suscités par Dieu – et de persévérer dans des efforts à sa mesure et dans les choses toutes simples du quotidien. En quelques mots, se donner entièrement à la miséricorde de Dieu, tout en cherchant à répondre fidèlement à son amour.
« L’Amour Miséricordieux » C’est dans le manuscrit M, adressé à sa sœur Marie, que résonne l’Offrande de Thérèse à l’Amour Miséricordieux composé le 9 juin 1895, jour de la fête de la Sainte-Trinité. C’est dans cet écrit central que Thérèse invite à s’abandonner « avec une entière confiance, » en ayant pour seul désir de rester pauvre et petit et de garder une « espérance aveugle [dans la] miséricorde [de Dieu]. » Dieu ne doit pas être conquis, Il se donne et le chrétien doit se présenter devant Lui les mains vides. Ce texte essentiel de sainte Thérèse, « pages brûlantes d’amour pour Jésus, » invite à l’humilité et à l’amour sans limite. En recevant le texte, Marie Martin, sœur Marie de La Sainte Face, s’attriste. Elle redoute tout ce que Thérèse aime et se dit incapable d’aimer Jésus comme sa sœur, qu’elle déclare « possédée par le Bon Dieu. »
« La petite voie »
Devant ses inquiétudes, Thérèse réagit et corrige Marie en précisant sa pensée : l’essentiel est la confiance éperdue dans la miséricorde de Jésus. La jeune religieuse affirme qu’il lui est inutile de demander à Dieu de « compter ses œuvres » car Il reconnait d’emblée Son œuvre dans les nôtres. Pour Thérèse, son travail n’a qu’un seul but, faire plaisir à Dieu et elle fait siens les mots de saint Jean de la Croix : « L’amour ne se paie que par l’amour. »
Pour cela, elle découvre la « petite voie », dont l’expression apparaît en 1893 lorsque Thérèse « [cherche] le moyen d’aller au Ciel par une petite voie bien droite,
Thérèse éloigne de son esprit et de celui de sa sœur toute idée de négociation et souhaite simplement et humblement la miséricorde divine. Dans sa démonstra-
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SPIRITUALITÉ
tion, l’exemple idéal devient la Sainte Vierge, à laquelle Thérèse prête la parole pour encourager sa sœur dans La Reine du Ciel à son enfant bien-aimée Marie de la Sainte Face : « Ne t’inquiète pas, Marie, de l’ouvrage de chaque jour car ton travail en cette vie doit être uniquement : l’Amour ! Mais si quelqu’un vient à redire que tes œuvres ne se voient pas, j’aime beaucoup, pourras-tu dire, voilà ma richesse ici-bas !... »
La charité Se rappelant de nouveau cette fameuse nuit de Noël 1886, Thérèse écrit : « Je sentis, en un mot, la charité entrer dans mon cœur, le besoin de m’oublier pour faire plaisir, et depuis lors je fus heureuse. » En 1895, elle écrit l’Offrande à l’Amour Miséricordieux, mais après un temps cette expression lui semble surfaite et redondante, il n’y a en fait qu’une seule chose qui compte : aimer. Après avoir appris à aimer Jésus,Thérèse répond à son invitation rappelée par saint Jean dans son Évangile : « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. » De sa lecture de la Bible, Thérèse conclue : « Si l’Amour venait à s’éteindre, les Apôtres n’annonceraient plus l’Évangile, les Martyrs refuseraient de verser leur sang… Je compris que l’Amour renfermait toutes les vocations, que l’Amour était tout, qu’il embrassait tous les temps et tous les lieux… en un mot qu’il est Éternel. » Sa vocation, c’est l’amour. À partir de ce moment, Thérèse s’applique davantage à développer l’amour du prochain et, à chaque occasion, s’efforçant de vouloir déceler le bien et les bonnes actions chez l’autre, elle multiplie marques d’amabilité et d’indulgence. Finalement, dans l’amour de Dieu,Thérèse s’unit à l’amour du prochain autour de la Croix.
Offrande à l’Amour Miséricordieux ( extraits )
Sainte Église en sauvant des âmes qui sont sur la terre et délivrant celles qui souffrent dans le purgatoire ! Je désire accomplir parfaitement votre volonté et arriver au degré de gloire que vous m’avez préparé dans votre royaume, en un mot, je désire être Sainte, mais je sens mon impuissance et je vous demande, ô mon Dieu d’être vous-même ma Sainteté » ( … ) « Je vous remercie, ô mon Dieu, de toutes les grâces que vous m’avez accordées, en particulier de m’avoir fait passer par le creuset de la souffrance. C’est avec joie que je vous contemplerai au dernier jour, portant le sceptre de la Croix, puisque vous avez daigné me donner en partage cette Croix si précieuse » ( … ) « Au soir de cette vie, je paraitrai devant vous les mains vides car je ne vous demande pas, Seigneur, de compter mes œuvres. Toutes nos justices ont des taches à vos yeux. Je veux donc me revêtir de votre propre Justice et recevoir de votre Amour la possession éternelle de Vous-même. Je ne veux point d’autre Trône et d’autre Couronne que Vous, ô mon Bien aimé ! » ■
Un modèle pour aujourd’hui Dans un XIXe siècle janséniste, sainte Thérèse de Lisieux révolutionne par sa « petite voie » la vision de la sainteté : non seulement chacun est appelé à devenir un saint mais, surtout, chacun peut devenir un saint. Comme elle le disait quelques semaines avant de mourir à l’une de ses sœurs carmélites : « Croyez-moi, n’attendez jamais au lendemain pour commencer à devenir sainte. » Depuis que le Bon Dieu est venue la chercher, comme elle l’a promis, le message de sainte Thérèse de Lisieux, sous forme d’une pluie de pétales de rose, touche le monde entier par sa simplicité et sa limpidité : « vivre d’amour. » ■
« Ô mon Dieu ! Trinité Bienheureuse, je désire vous Aimer et vous faire Aimer, travailler à la glorification de la 10
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PRIÈRES
Les prières
de sainte Thérèse
Mes armes Dans ce texte écrit le 25 mars 1897 pour l’entrée au carmel d’une jeune novice, Thérèse invite la jeune fille à prendre les armes contre Satan et à combattre pour Jésus. Ses armes spirituelles ne doivent pas la quitter et sont sa défense contre le Mal qui veut la séparer de son Bien-aimé. Développant chacun des vœux ( pauvreté, chasteté, obéissance ) d’une religieuse, Thérèse l’encourage à mourir avec elle les armes à la main…
( … ) Ô Pauvreté, mon premier sacrifice,
Jusqu’à la mort tu me suivras partout ; Car, je le sais, pour courir dans la lice, L’athlète doit se détacher de tout. Goûtez, mondains, le remords et la peine, Ces fruits amers de votre vanité ; Joyeusement, moi je cueille en l’arène Les palmes de la Pauvreté. ( … ) La Chasteté me rend la sœur des Anges, De ces esprits purs et victorieux. J’espère un jour voler en leurs phalanges ; Mais, dans l’exil, je dois lutter comme eux. Je dois lutter, sans repos et sans trêve, Pour mon Époux, le Seigneur des seigneurs. ( … ) L’Ange orgueilleux, au sein de la lumière, S’est écrié : «Je n’obéirai pas !...» Moi, je m’écrie en la nuit de la terre : Je veux toujours obéir ici-bas. Je sens en moi naître une sainte audace, De tout l’enfer je brave la fureur. L’Obéissance est ma forte cuirasse Et le bouclier de mon cœur. ( … )
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Si du guerrier j’ai les armes puissantes, Si je l’imite et lutte vaillamment, Comme la vierge aux grâces ravissantes, Je veux aussi chanter en combattant. ( … ) En souriant je brave la mitraille, Et dans tes bras, ô mon Époux divin, En chantant je mourrai sur le champ de bataille, Les armes à la main ! ■
Ma joie ( poésie n°45 ) « La joie réside au plus intime de l’âme ; on peut aussi bien la posséder dans une obscure prison que dans un palais. » Depuis le soir de Noël 1886, Thérèse choisit de toujours faire la volonté Sainte et de montrer sa gaieté en mettant Jésus au centre de sa vie. Elle s’attachera à cet engagement même lorsqu’elle connaîtra le désert de la foi.
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l est des âmes sur la terre Qui cherchent en vain le bonheur Mais pour moi, c’est tout le contraire La joie se trouve dans mon cœur ( … ) Vraiment je suis trop heureuse, Je fais toujours ma volonté… Pourrais-je n’être pas joyeuse Et ne pas montrer ma gaieté ?… Ma joie, c’est d’aimer la souffrance, Je souris en versant des pleurs J’accepte avec reconnaissance Les épines mêlées aux fleurs. Lorsque le Ciel bleu devient sombre Et qu’il semble me délaisser, Ma joie, c’est de rester dans l’ombre De me cacher, de m’abaisser. Ma joie, c’est la Volonté Sainte De Jésus mon unique amour Ainsi je vis sans nulle crainte J’aime autant la nuit que le jour.
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PRIÈRES
Ma joie, c’est de rester petite Aussi quand je tombe en chemin Je puis me relever bien vite Et Jésus me prend par la main Alors le comblant de caresses Je Lui dis qu’Il est tout pour moi Et je redouble de tendresses Lorsqu’Il se dérobe à ma foi. (…) Longtemps encor’ je veux bien vivre Seigneur, si c’est là ton désir Dans le Ciel je voudrais te suivre Si cela te faisait plaisir. L’amour, ce feu de la Patrie Ne cesse de me consumer Que me font la mort ou la vie ? Jésus, ma joie, c’est de T’aimer ! » ■
Pour et avec sainte Thérèse
Sainte Thérèse est l’auteur de plusieurs prières et poésies souvent longues, dont Mon chant d’aujourd’hui qui décrit parfaitement l’aspiration de la religieuse : vivre dans le présent et se confier à la Miséricorde divine en s’appuyant sur ses solides secours, son ange gardien et la Sainte Vierge, sa petite mère du Ciel.
Mon chant d’aujourd’hui ( poésie n°5 )
« Ma vie n’est qu’un instant, une heure passagère Ma vie n’est qu’un seul jour qui m’échappe et qui fuit Tu le sais, ô mon Dieu ! pour T’aimer sur la terre Je n’ai rien qu’aujourd’hui !… ( … ) Que m’importe, Seigneur, si l’avenir est sombre ? Te prier pour demain, oh non, je ne le puis !… Conserve mon cœur pur, couvre-moi de Ton ombre Rien que pour aujourd’hui. Si je songe à demain, je crains mon inconstance Je sens naître en mon cœur la tristesse et l’ennui. Mais je veux bien, mon Dieu, l’épreuve, la souffrance Rien que pour aujourd’hui. ( … ) Près de Ton Cœur divin, j’oublie tout ce qui passe Je ne redoute plus les craintes de la nuit Ah ! Donne-moi, Jésus, dans ce Cœur une place Rien que pour aujourd’hui. ( … ) O Vierge Immaculée ! C’est toi ma Douce Étoile Qui me donnes Jésus et qui m’unis à Lui. O Mère ! Laisse-moi reposer sous ton voile Rien que pour aujourd’hui.
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PRIÈRES
Mon Saint Ange gardien, couvre-moi de ton aile Éclaire de tes feux la route que je suis Viens diriger mes pas… aide-moi, je t’appelle Rien que pour aujourd’hui. ( … ) » ■
Offrande de la journée La dixième prière de sainte Thérèse est une offrande matinale dans laquelle elle nous invite une fois de plus à chercher la sainteté en nous abandonnant à la confiance absolue en l’amour de Dieu. Elle unit dans sa prière les proches et les êtres aimés pour communier à la sainte volonté du Créateur.
« Mon Dieu, je vous offre toutes les actions que je vais faire aujourd’hui, dans les intentions et pour la gloire du Cœur Sacré de Jésus ; je veux sanctifier les battements de mon cœur, mes pensées et mes œuvres les plus simples en les unissant à ses mérites infinis, et réparer mes fautes en les jetant dans la fournaise de son amour miséricordieux. Ô mon Dieu ! Je vous demande pour moi et pour ceux qui me sont chers la grâce d’accomplir parfaitement votre sainte volonté, d’accepter pour votre amour les joies et les peines de cette vie passagère afin que nous soyons un jour réunis dans les Cieux pendant toute l’éternité. Ainsi soit-il. » ■
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Prière d’intercession Neuvaine
«
Très Sainte Trinité, Père, Fils et Saint Esprit, je vous remercie pour toutes les faveurs et les grâces dont vous avez enrichi votre servante sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus, pendant les vingt-quatre années passées sur cette terre et, par les mérites de cette sainte, accordez-moi la grâce qu’ardemment je désire ( … ), si elle est conforme à votre Sainte Volonté, et pour le bien de mon âme.
A
idez ma foi et mon espérance, ô sainte Thérèse, réalisez encore une fois votre promesse de passer votre Ciel à faire du bien sur la terre, en permettant que je reçoive une rose comme signe de la grâce que je désire obtenir. » ■
Prière
S
ainte Thérèse, par ton intercession auprès de la Sainte Trinité et de la Sainte Vierge, je ne recevrai que grâces. Aide-moi à suivre ton exemple : conserver mon cœur pur, garder ma confiance en la miséricorde de Jésus et vivre d’amour. » ■
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BIBLIOGRAPHIE
Pour se recueillir auprès de sainte Thérèse
➤ Thérèse, Vivre d’amour, sainte Thérèse de Lisieux, avec la collaboration de Grégory Turpin, éd. Michel Lafon 2013.
Plus de 1700 églises à travers le monde sont dédicacées à Sainte Thérèse. La plus imposante est sans conteste la basilique Sainte-Thérèse à Lisieux. Dès la mort de la carmélite, les premiers pèlerins arrivent sur sa tombe et les visites se multiplient. La canonisation provoque l’arrivée de foules importantes et la construction d’une basilique est alors rapidement envisagée. Le 30 septembre 1929, la première pierre est posée par le légat du pape. Le bâtiment sera béni en 1937 puis consacré le 11 juillet 1954, 25 ans après son édification.
➤ Histoire d’une âme, de sainte Thérèse de Lisieux, Conrad De Meester, éd. Carme-Edit 2005.
La basilique de Lisieux est le deuxième lieu de pèlerinage en France après Lourdes. D’une surface de 4500 m2 et d’un volume d’un seul tenant, elle peut accueillir 4000 fidèles.
➤ Louis Martin, « père incomparable » de sainte Thérèse de l’Enfant Jésus, Docteur Robert Cadéot, éd. V.A.L. 1985.
L’équipe éditoriale adresse ses sincères remerciements à tous ceux qui ont participé à la réalisation de ce livret. Auteur : Sébastien Boissenot Illustratrice : Violaine Moulière
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les titres de la collection
• Charles d’Autriche • Chiara Luce Badano • Edith Stein (Thérèse-
Bénédicte de la Croix)
• Élisabeth de la Trinité • Faustine • Franz Jägerstätter • Frédéric Ozanam • Ivan Merz • Jean-Paul II • John Henry Newman • Josémaria Escrivá
et bientôt… • André Bessette • Charbel • Luigi et Maria Beltrame Quattrochi • Maximilien Kolbe
de Balaguer • Louis et Zélie Martin • Pier Giorgio Frassati • Thérèse de Lisieux
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Association loi 1901 CSNT ( JO du 29 octobre 2011 ) 38, rue Théodule Ribot – 92700 Colombes Imprimé en France par l’imprimerie de Montligeon Tirage : juin 2016 Dépôt légal : juin 2016
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Connaissance des saints de notre temps est une association loi 1901 dont le principal objectif est de faire connaître des contemporains déclarés saints ou bienheureux au cours des xxe et xxie siècles. C’est dans cet esprit que sont conçus et diffusés gratuitement ces livrets, afin que chacun puisse découvrir et imiter les saints de notre temps, et prier avec eux. Écrits chacun par un familier du saint ou du bienheureux, ils se composent : ● d’un résumé de la vie du saint ● d’une présentation de sa spiritualité ● de prières.
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