CONNAISSA
NCE
S DES SAINTPS
LES ORDONNÉS
M DE NOTRE TE
Jean-Paul II 1920-2005
“T
otus tuus
”
Saint Jean-Paul II
« Relevez-vous et n’ayez pas peur »
Mt 17, 7
BIOGRAPHIE
Jean-Paul II
Une vie au cœur du siècle des totalitarismes, un pontificat qui fait entrer l’Église dans le XXIe siècle. La vie de Jean-Paul II est si étroitement liée aux grands événements du XXe siècle qu’il est difficile de ne pas y voir la marque de l’Esprit saint. Karol Wojtyla connaîtra successivement l’occupation nazie et le régime communiste. Il participera activement au concile Vatican II. Son pontificat restera comme l’un des plus marquants de l’histoire de la papauté, avec un rayonnement exceptionnel.
Une enfance marquée par des deuils Karol Wojtyla naît à Wadowice, en Pologne, près de Cracovie, le 18 mai 1920. Il est le troisième enfant du foyer, après Edmund, son grand frère, et Olga, sa sœur, qui meurt prématurément quelques temps après sa naissance. Ses parents sont profondément croyants. Son enfance est marquée par la mort de sa mère, alors qu’il est âgé de neuf ans, puis de son frère aîné, trois ans plus tard, emporté par la scarlatine… Dans ces épreuves, Karol est frappé par la piété de son père, un officier à la retraite. Jean-Paul II dira de lui qu’il « priait constamment ». Karol est un élève très doué, il obtient d’excellentes notes, tout en menant de nombreuses activités. Il se passionne pour la littérature et le théâtre, il croit en la force de la parole capable de changer le monde. En 1938, il entre à l’université.
L’université, le théâtre et l’usine Karol connaît des débuts universitaires très prometteurs, et affiche un goût prononcé pour les langues et la littérature. Un an après son entrée en faculté, la Pologne est envahie par l’Allemagne, et il doit continuer ses études dans la clandestinité. L’occupation nazie est particulièrement violente, cherchant délibérément à éliminer la culture et l’identité polonaises. Karol trouve 4
REPÈRES > 1920 : naissance à Wadowice, sud de la Pologne > 1946 : ordonné prêtre > 1958 : nommé évêque auxiliaire de Cracovie > 1963 : nommé archevêque de Cracovie > 1978 : élu pape > 1981 : attentat place Saint-Pierre > 1986 à Assise : journée de prière pour la paix avec 130 représentants des 12 principales religions du monde > 2005 : décès au Vatican > 2011 : béatification par Benoît XVI > 2014 : canonisation par le pape François dans la culture et le théâtre clandestin une forme de résistance formidable. Il travaille dans une carrière le jour et étudie ou joue au théâtre la nuit, dans des appartements d’amis, les volets fermés. Son père meurt en 1941. Il est le seul survivant de sa famille. « Lolek » – c’est son surnom d’alors – travaille ensuite comme ouvrier à l’usine chimique Solvay. Par cet emploi, il échappe au service obligatoire allemand. Il dira de cette expérience : « La vie ouvrière avec tous ses aspects positifs et ses misères, aussi bien qu’à un autre niveau les horreurs de la déportation de mes compatriotes polonais dans les camps de la mort, ont profondément marqué mon existence. » Les acteurs du théâtre rhapsodique, hébergés par « Lolek », risquent le peloton d’exécution pour leur résistance culturelle.
Du séminaire clandestin au sacerdoce et à l’épiscopat À l’automne 1942, Karol est convaincu de sa vocation au sacerdoce. Il est admis au séminaire clandestin fondé par l’archevêque de Cracovie, le cardinal Sapieha, qui enfreint l’interdiction formelle des nazis de former de nouveaux prêtres. Les cours ont lieu le soir ou la nuit. Après l’insurrection de Varsovie en 1944, une rafle est menée dans l’immeuble de Karol alors qu’il est en prière dans son appartement au sous-sol. Il y échappe 5
BIOGRAPHIE
miraculeusement. Il reste enfermé au palais épiscopal et continue sa formation en philosophie, théologie et métaphysique. C’est à la libération de Cracovie par l’Armée rouge qu’il retrouve la liberté de mouvement. L’ordination sacerdotale de Karol Wojtyla a lieu à la Toussaint 1946. Le cardinal Sapieha, archevêque de Cracovie, l’envoie compléter sa formation en théologie à Rome. C’est au cours de ce séjour qu’il visite la France et la Belgique, à la demande de son évêque, afin d’y étudier les méthodes pastorales. À son retour en Pologne en 1948, il est frappé par l’expansion du communisme, dont il lit les auteurs, Lénine et Marx. Il dira : « Le socialisme n’est pas contraire aux enseignements de l’Église, mais les méthodes des communistes sont contre l’Église. Le communisme prétend imposer aux gens des conceptions matérialistes, il torture la nation. » Devant les pressions exercées par le régime, il récuse l’opposition frontale : « Les choses mauvaises, dit-il, doivent être vaincues par la bonté. Nous devons montrer le bon exemple, faire preuve d’humilité. » Karol Wojtyla est ensuite nommé dans une paroisse universitaire de Cracovie. Il y mesure l’importance de la jeunesse. Son apostolat est étonnamment libre et novateur : habillé en civil afin de ne pas se faire repérer par le régime, il emmène des groupes de jeunes en excursion dans les montagnes. Après le ski ou une partie de canoë, il célèbre la messe en plein air, dialogue et échange avec les jeunes. Il développe par exemple très ouvertement ses réflexions sur la sexualité et la vocation du mariage. En septembre 1958, à 38 ans, il devient le plus jeune évêque de la République populaire de Pologne. Responsable de la pastorale des étudiants, il continue d’enseigner la théologie morale à la faculté de théologie. En 1960, il crée une pièce de théâtre, La Boutique de l’orfèvre : méditations sur le sacrement du mariage se transformant, de temps à autre, en drame. Son livre de théologie morale Amour et responsabilité est publié la même année. Près de Cracovie, la nouvelle ville de Nowa Huta, cité ouvrière « modèle », est la première de l’histoire polonaise construite volontairement sans église. Il y célébrera chaque année une messe de Noël en plein air pendant plus de 20 ans, lançant ainsi un véritable défi au régime communiste. 6
Le concile Vatican II Le concile, appelé de ses vœux par le pape Jean XXIII en 1959, est pour le jeune évêque un événement avant tout spirituel, religieux – et non une affaire politique –, mené sous l’action de l’Esprit saint – et non de groupes ecclésiastiques. Ses interventions sont remarquées et certaines décisives, notamment au sujet de la liberté religieuse. Face aux évêques de l’Europe de l’Ouest, il fait entendre la voix de l’Église du silence, celle des chrétiens qui subissent le joug du régime communiste. Il rapporte de Rome une pierre bénie par le pape Paul VI, qui sera la pierre angulaire de l’église de Nowa Huta, église qu’il consacrera en 1977. Tous les étés, il part faire du kayak avec ses amis ; en hiver il va skier. Il est amené à découvrir de nouveaux pays, en participant à des synodes ou des conférences épiscopales à travers le monde.
Premier pape slave Le 16 octobre 1978, Karol Wojtyla est élu pape ; il prend le nom de Jean-Paul II, en mémoire de ses trois prédécesseurs. Son élection est une surprise : il est le premier pape slave de l’Histoire. Sur la forme également, JeanPaul II apporte des changements : il prépare lui-même ses premiers discours, va directement à la rencontre du public, et simplifie le protocole. Son premier discours, plein de force et de liberté, est fondateur : « N’ayez pas peur ! Ouvrez, ouvrez toutes grandes les portes au Christ ! À sa puissance salvatrice, ouvrez les frontières des États, les systèmes politiques et économiques, les immenses domaines de la culture, de la civilisation, du développement. N’ayez pas peur ! Le Christ sait ce qu’il y a dans l’homme ! Et Lui seul le sait ! » Jean-Paul II réclame la liberté religieuse pour tous lors du trentième anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme en décembre 1978. Il la considère comme le fondement de toutes les libertés.
La Pologne et le bloc communiste Jean-Paul II multiplie les voyages à l’étranger, sur tous les continents, voyages qu’il conçoit comme des pèlerinages, dans une démarche pastorale. Sa première 7
BIOGRAPHIE visite en Pologne galvanise le peuple polonais : plus d’un tiers de la population aura vu physiquement le pape au cours de ce voyage. Jean-Paul II fait appel à la liberté intérieure de chacun, il redonne tout leur sens aux racines culturelles, religieuses et historiques des polonais. C’est un peuple réveillé dans sa conscience et dans sa foi qui va retrouver l’espoir, et le transmettre à toute l’Europe de l’Est. Devant la vérité et la profondeur des discours du pape, les polonais sont frappés par les mensonges du régime communiste.
Attentat de 1981 Le 13 mai 1981, alors que Jean-Paul II est en pleine audience générale hebdomadaire place Saint-Pierre à Rome, un inconnu tire à bout portant sur lui, et l’atteint à l’abdomen. Le pape dira plus tard : « Une main a tiré, une autre a guidé la balle. » Aucun organe vital n’a été touché : la balle est passée à quelques millimètres de l’aorte. Si celle-ci avait été atteinte, le pape serait mort avant même son transfert à l’hôpital. Il attribue ce miracle à Notre-Dame de Fatima, dont l’apparition a eu lieu un 13 mai. Jean-Paul II pardonne à l’homme qui a tenté de l’assassiner, Mehmet Ali Agça. Deux ans plus tard, il lui rend visite dans sa cellule.
Deux grandes initiatives : les Rencontres d’Assise et les JMJ Jean-Paul II prend une initiative inédite dans l’histoire de l’humanité : il invite les représentants de toutes les grandes religions à prier ensemble pour la paix, le 27 octobre 1986, à Assise en Italie. Il fait également ce jour-là acte de repentance, déclarant que les catholiques n’ont pas toujours été des bâtisseurs de paix. Il renoue une relation de dialogue avec les juifs, en se rendant à la synagogue à Rome, et plus tard en se recueillant devant le mur des Lamentations à Jérusalem. Des juifs, il dira 8
qu’ « ils sont nos frères aînés dans la foi ». Le pape aime beaucoup s’adresser aux jeunes. Il instaure les Journées mondiales de la jeunesse, qui rassemblent des centaines de milliers de jeunes venus du monde entier. Des moments intenses de catéchèse et de communion y sont vécus, et les vocations renaissent.
Entrée dans le troisième millénaire À l’approche de l’an 2000, le monde a changé. Et le pape a contribué à changer le monde. Mikhaïl Gorbatchev dira de lui : « Tout ce qui s’est passé en Europe orientale au cours de ces dernières années n’aurait pas été possible sans la présence de ce pape, sans le grand rôle, également politique, qu’il a su tenir sur la scène mondiale. » Jean-Paul II exhorte chacun à ne pas confondre liberté et immoralisme. Il dénonce « toute cette civilisation du désir et du plaisir qui règne désormais sur nous, en profitant des divers moyens de séduction. Estce de la civilisation ou de l’anti-civilisation ? » Jean-Paul II dénonce aussi la « culture de mort » qui prospère dans notre société de consommation. Il rappelle que la vie est un don de Dieu. À cette culture de mort, il souhaite opposer la « culture de vie », afin de protéger l’enfant à naître et de combattre les manipulations génétiques, l’avortement et l’euthanasie.
Maladie, mort et canonisation Jean-Paul II offre au monde, dans les dernières années de son pontificat, un témoignage de dignité, de sacrifice et de courage face à une longue maladie (la maladie de Parkinson qui se déclare au milieu des années 1990). Il meurt le 2 avril 2005, la veille du dimanche de la Divine Miséricorde, à l’âge de 84 ans. Son pontificat sera le troisième plus long de l’histoire de l’Église. La ferveur populaire, les « Santo subito ! » entonnés par des milliers de voix et appelés par les vœux et prières de tous – il y a eu des miracles de son vivant et après sa mort – vont permettre l’ouverture de la procédure de canonisation juste après son décès. Il est béatifié le 1er mai 2011 et canonisé le 27 avril 2014, jours de la fête de la Divine Miséricorde qu’il avait instaurée. ■ L’Église le célèbre désormais le 22 octobre, date anniversaire de son intronisation en tant que pape, le 22 octobre 1978.
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SPIRITUALITÉ
La spiritualité
capacité de dire la vérité sans peur, car celui qui est seul devant Dieu n’a pas peur des hommes. [À cet engagement, il] est resté fidèle jusqu’aux heures de son agonie, usé par la maladie, dans un silence qui parlait plus que les mots, [revendiquant] le droit à l’existence que la société de l’éphémère cache avec honte. » Pour le cardinal Stanislas Dziwisz, son secrétaire, « Jean-Paul II priait avec toute sa vie. Il était uni à Dieu, c’était un homme de Dieu, plongé en Dieu. Sa journée commençait toujours par la prière, une méditation, et finissait toujours par une bénédiction de sa ville, Rome. »
de Jean-Paul II
“
De l’amour dépend l’avenir […]. La vraie sainteté ne signifie pas une fuite du monde, mais plutôt, elle se situe dans l’effort d’incarner l’Évangile dans la vie quotidienne, dans la famille, à l’école et au travail, et dans l’engagement social et politique.
Le rosaire, le Carmel et la Vierge Marie
”
Jean-Paul II était un roc de prière, cela a frappé tous ceux qui l’ont rencontré : la prière était « l’air qu’il respirait, l’eau qu’il buvait, la nourriture qui le nourrissait ». Une fréquente méditation du chapelet traduit sa profonde dévotion mariale. Conscient des besoins du monde, il instaure la fête de la Miséricorde divine, multiplie les canonisations, et développe une nouvelle théologie du corps.
Un roc de prière « Ils cherchent à me comprendre de l’extérieur, mais je ne peux être compris que de l’intérieur », avait confié un jour Jean-Paul II. Mgr Slawomir Oder, le postulateur de sa cause en béatification, explique que Jean-Paul II considérait que « le premier devoir du pape envers l’Église et le monde [était] celui de prier. Et c’est de la prière que naissait la fécondité de son action et sa 10
Petit, après avoir perdu sa mère, Karol est marqué par la piété de son père. Étudiant à Cracovie, sous l’occupation nazie, il rencontre Jan Tyranowski, un tailleur, mystique, qui lui fait découvrir le Rosaire vivant. Cette chaîne réunit par la prière 20 personnes, chacune méditant quotidiennement, par une dizaine de chapelet, le mystère qui lui a été confié. Un rosaire complet est ainsi prié chaque jour en Église. Jean-Paul II dira plus tard : « Le chapelet est ma prière préférée. » De la spiritualité du Carmel, que Tyranowski lui enseigne à travers les écrits de saint Jean de la Croix et de sainte Thérèse d’Avila, il retient : « Faire de sa vie une conversation avec Dieu ». Ce qui caractérise sans doute le mieux la spiritualité de Jean-Paul II, c’est sa grande dévotion à Marie, qui connaîtra une étape décisive avec la lecture du Traité de la vraie dévotion à la Vierge, de Louis-Marie Grignion de Montfort. « Grâce à ce saint, j’ai compris que l’authentique dévotion à la Mère de Dieu est véritablement centrée sur le Christ, profondément enracinée dans les mystères de la Trinité, de l’Incarnation, et de la Rédemption. Marie est notre meilleure ambassadrice auprès du Père : elle intercède sans cesse pour nous, puisqu’elle est Immaculée, sans tâche et sans péché. » Jean-Paul II tirera de cette œuvre sa devise d’évêque puis de pape : « Totus Tuus », « Je suis tout à toi ». 11
SPIRITUALITÉ
La Divine Miséricorde Au début de son pontificat, Jean-Paul II publie l’encyclique Dives in Misericordia : « L’Église ne se lasse pas d’en répéter l’annonce car elle sait que le monde a besoin de cette miséricorde, qui n’humilie pas l’homme mais qui lui donne une nouvelle dignité en l’élevant au niveau de Dieu […]. La miséricorde signifie une puissance particulière de l’amour, qui est plus fort que le péché et l’infidélité […]. Dieu revalorise le pécheur et tire le bien de toutes les formes de mal qui existent dans le monde et dans l’homme. » C’est à ses yeux un sujet majeur et d’une grande actualité. Le 30 avril 2000, il instaure ainsi la fête de la Divine Miséricorde, le dimanche après Pâques. « Comme le monde d’aujourd’hui a besoin de la miséricorde de Dieu ! Sur tous les continents, du plus profond de la souffrance humaine semble s’élever l’invocation de la miséricorde. Là où dominent la haine et la soif de vengeance, là où la guerre sème la douleur et la mort des innocents, la grâce de la miséricorde est nécessaire pour apaiser les esprits et les cœurs, et faire jaillir la paix. Là où manque le respect pour la vie et pour la dignité de l’homme, l’amour miséricordieux de Dieu est nécessaire, car à sa lumière se manifeste la valeur inestimable de chaque être humain. La miséricorde est nécessaire pour faire en sorte que chaque injustice du monde trouve son terme dans la splendeur de la vérité. » « L’heure est venue où le message de la divine miséricorde doit répandre l’espérance dans les cœurs et devenir l’étincelle d’une nouvelle civilisation : la civilisation de l’Amour », s’écrie Jean-Paul II à Cracovie en 2002.
Une nouvelle théologie du corps Au cours des audiences hebdomadaires du début de son pontificat, Jean-Paul II développe sa pensée sur la théologie du corps, renouvelant complètement l’enseignement de l’Église sur le corps, la sexualité et le mariage. Ces catéchèses sont l’aboutissement de ses travaux antérieurs et de sa vie pastorale. La pièce de 12
théâtre qu’il a écrite à ce sujet, La Boutique de l’orfèvre, montre à quel point cet homme de Dieu comprend de l’intérieur l’âme des hommes et des femmes mariés ou désirant s’engager l’un envers l’autre. Il magnifie la beauté du corps et insiste sur la vocation profonde au don de soi qui seul peut rendre heureux : « Le corps en effet – et seulement lui – est capable de rendre visible ce qui est invisible : le spirituel et le divin. Il a été créé pour transférer dans la réalité visible du monde le mystère caché de toute éternité en Dieu […]. C’est par, et à travers, l’exercice de la sexualité que les époux sont appelés à vivre la sainteté. Dans le langage des corps s’expriment l’amour, la fidélité et l’honnêteté.»
Des témoins pour le monde entier Jean-Paul II a béatifié et canonisé plus de bienheureux et de saints au cours de son pontificat que tous ses prédécesseurs réunis. Il a voulu montrer les grands témoins de l’Évangile sur tous les continents. Lui-même, par ses voyages, par ses encycliques, par son courage face à sa lourde charge et à la maladie, laisse à tous un témoignage exceptionnel. Il a lancé une véritable « nouvelle évangélisation » ; il a exhorté ses contemporains à choisir la culture de vie, face un monde tenté et dominé par la culture de mort. ■
Un modèle pour aujourd’hui Jean-Paul II était un homme de prière et un homme d’action. Savoir s’ouvrir à la présence de Dieu, aux dons de l’Esprit saint, voilà le témoignage qu’il nous laisse : il a mené une existence d’une incroyable intensité et d’une rare fécondité. La prière en est le secret, la clé de voûte ; elle a soutenu chaque étape de sa vie : son espérance sous le régime communiste, puis ses voyages en tant que pape pèlerin à travers le monde, plus tard le pardon à son agresseur, et enfin le courage et la dignité face à la maladie. ■
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PRIÈRES
Les textes
de Jean-Paul II
Extraits de sa pièce de théâtre : La Boutique de l’orfèvre Cette pièce, que Jean-Paul II écrit en 1960 alors qu’il est depuis peu évêque de Cracovie, a pour sous-titre Méditations sur le sacrement de mariage se transformant de temps à autre en drame. Source extraordinaire pour ceux qui se préparent au mariage, ceux qui le vivent au quotidien, et plus largement pour tous ceux qui s’aiment, ce texte témoigne d’une connaissance peu commune de la nature humaine.
V
oilà l’homme ! Il n’est pas transparent, ni monumental, ni simple, indigent plutôt. Voici un homme, en voici deux, quatre, cent, un million ! Multiplie tout cela par toi-même – multiplie ta grandeur par ta faiblesse – et tu auras le facteur de l’humanité, le facteur de la vie humaine.
L
’amour est un défi que Dieu nous lance constamment, peut-être pour que nous, nous défiions le destin.
L
e poids de ces alliances – a dit l’orfèvre – ne se mesure pas au poids du métal, mais au poids de l’homme, de chacun de vous et de vous deux ensemble. Ah ! Le poids de l’homme, la densité de l’homme ! Y a-t-il quelque chose de plus dense et en même temps de plus insaisissable que ce poids en continuelle gravitation, an vol éphémère en forme de spirale, d’ellipse, de cœur ?
A
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h ! Ce poids propre de l’homme ! Ces failles, cette forêt obscure, ce gouffre, ces adhérences, ces détachements difficiles du cœur et de la pensée ! Et au milieu de tout cela la liberté. Un déchaînement... dans une forêt obscure ? Et au milieu de tout cela, l’amour, jaillissant de cette liberté comme une source de la terre.
D L
e l’amour dépend l’avenir.
’amour n’est pas une passade. Il ne peut pas être un moment. L’éternité passe par lui, il est à la dimension de Dieu, car Dieu seul est éternité.
L
es gens se laissent emporter par un amour qu’ils croient absolu et qui n’a pas les dimensions de l’absolu. Et ils sont tellement victimes de leurs illusions, qu’ils ne ressentent même pas le besoin d’amarrer cet amour à l’Amour qui a ces dimensions. Ce n’est pas la passion elle même qui les aveugle, mais le manque d’humilité envers l’amour dans son essence véritable. ■
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PRIÈRES
Acte d’ abandon à la Miséricorde
S
eigneur, voilà plus de soixante-cinq ans que Tu m’as fait le don inestimable de la vie, et, depuis ma naissance, Tu n’as cessé de me combler de tes grâces et de ton amour infini. Au cours de toutes ces années se sont entremêlés de grandes joies, des épreuves, des succès, des échecs, des revers de santé, des deuils, comme cela arrive à tout le monde. Avec ta grâce et ton secours, j’ai pu triompher de ces obstacles et avancer vers Toi. Aujourd’hui, je me sens riche de mon expérience et de la grande consolation d’avoir été l’objet de ton amour. Mon âme Te chante sa reconnaissance.
M
ais je rencontre quotidiennement dans mon entourage des personnes âgées que Tu éprouves fortement : elles sont paralysées, handicapées, impotentes et souvent n’ont plus la force de Te prier, d’autres ont perdu l’usage de leurs facultés mentales et ne peuvent plus T’atteindre à travers leur monde irréel. Je vois agir ces gens et je me dis : « Si c’était moi ? »
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A
lors, Seigneur, aujourd’hui même, tandis que je jouis de la possession de toutes mes facultés motrices et mentales, je T’offre à l’avance mon acceptation de ta sainte volonté, et dès maintenant je veux que si l’une ou l’autre de ces épreuves m’arrivait, elle puisse servir à ta gloire et au salut des âmes. Dès maintenant aussi, je Te demande de soutenir de ta grâce les personnes qui auraient la tâche ingrate de me venir en aide.
S
i, un jour, la maladie devait envahir mon cerveau et anéantir ma lucidité, déjà, Seigneur, ma soumission est devant Toi et se poursuivra en une silencieuse adoration.
S
i, un jour, un état d’inconscience prolongée devait me terrasser, je veux que chacune de ces heures que j’aurai à vivre soit une suite ininterrompue d’actions de grâce et que mon dernier soupir soit aussi un soupir d’amour. Mon âme, guidée à cet instant par la main de Marie, se présentera devant Toi pour chanter tes louanges éternellement. ■ Jean-Paul II, in Les Annales d’Ars - n°269
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PRIÈRES
Prions
Jean-Paul II
Ô
saint Jean-Paul II, Toi qui as connu petit enfant l’épreuve du deuil, je te confie tous ceux qui sont dans la peine ; Toi qui as connu la guerre et ses malheurs, je te confie tous ceux qui subissent les outrages des conflits armés ; Toi qui as connu le rude travail ouvrier, je te confie tous ceux qui peinent dans leur labeur ; Toi qui as vécu ta foi clandestinement, je te confie tous ceux qui doivent se cacher pour te prier et pour recevoir les sacrements ; Toi qui, jeune pasteur, emmenais tes jeunes dans les montagnes pour les enseigner, fais-nous prendre de la hauteur, éveille-nous à la beauté de la Création ; Toi qui as chanté de façon inédite la beauté du corps humain, viens purifier nos cœurs pour redécouvrir le don unique que Dieu nous a fait en nous offrant un corps ; Toi qui as fait preuve de courage et d’audace face au pouvoir politique, inspire-nous la marche à suivre pour défendre la vérité et la dignité de l’homme ; Toi qui as parcouru inlassablement les quatre coins du monde pour annoncer l’Évangile, fais de nous des témoins du Christ ; Toi qui as accompli ton devoir jusqu’au bout de tes forces malgré le poids de ta charge et les difficultés de la maladie, rends-nous forts et courageux pour accomplir la volonté de Dieu, et viens au secours des malades ; Toi qui as institué la fête de la Divine Miséricorde, aide-nous à solliciter le pardon de Jésus et à faire connaître sa miséricorde. Amen. ■ Un père de famille
S
aint Jean-Paul II, priez pour nous ; Parfait disciple du Christ, … Généreusement doué des Dons de l’Esprit Saint, … Grand apôtre de la miséricorde divine, … Fidèle fils de Marie, … Entièrement dévoué à la Mère de Dieu, … Prédicateur persévérant de l’Evangile, ... Pape pèlerin, … Pape du Millénaire, … Modèle d’abnégation, … Modèle des prêtres, … Puisant la force de l’Eucharistie, … Infatigable homme de prière, … Amoureux du Rosaire, … Force de ceux qui doutent de leur Foi, … Désireux d’unir tous ceux qui croient dans le Christ, … Vous qui convertissiez les pécheur, … Défenseur de la vie et de la dignité de chaque personne, … Défenseur de la vie de la conception jusqu’à la mort naturelle, … Ami des enfants, guide de la jeunesse, … Intercédant pour les familles et pour le don de la fertilité, … Réconfortant ceux qui souffrent, … Supportant courageusement votre douleur, … Semeur de la joie divine, … Grand intercesseur pour la paix, … Fierté de la nation polonaise, … Éclat de la Sainte Eglise, …
S
aint Jean-Paul II, puissions-nous être de fidèles imitateurs du Christ, nous vous en prions ; Être forts de la Puissance de l’Esprit-Saint, … Avoir confiance en Marie, … Grandir dans la foi, l’espérance et la charité, … Vivre en paix dans nos familles, … Savoir pardonner et supporter la souffrance, … Ne pas succomber à la culture de la mort et lutter courageusement contre les tentations, … Obtenir la grâce d’une mort heureuse, … ■ Extrait des litanies adressées à saint Jean-Paul II
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BIBLIOGRAPHIE ➤ Karol Wojtyla, La Boutique de l’orfèvre et Amour
et Responsabilité, Cana-Cerf, 1998
➤ Karol Wojtyla, Amour et responsabilité, étude de morale sexuelle, Éditions du Dialogue – Stock, 1978
➤ Jean-Paul II, Entrez dans l’espérance, Mame, 1997
pour se recueillir auprès de Jean-Paul II En tant que pape, successeur de saint Pierre, Jean-Paul II est inhumé auprès de ses prédécesseurs dans la basilique Saint-Pierre de Rome. Son corps repose sous l’autel de la chapelle SaintSébastien, depuis la fin de la cérémonie de sa béatification, le 1er mai 2013. Les fidèles viennent nombreux se recueillir sur sa tombe.
➤ Jean-Paul II, Mémoire et identité, Flammarion, 2005 ➤ George Weigel, Témoin de l’espérance, J.-C. Lattès, 2000 ➤ Alain Vircondelet, Jean-Paul II, Julliard, 1994
➤ Alain Vircondelet, L’enfance de Jean-Paul II , Éditions du Rocher, 2002 ➤ Alain Vircondelet, Jean-Paul II, Flammarion, 2014 ➤ Alain Vircondelet, La passion de Jean-Paul II, Presses de la Renaissance, 2005
➤ Alain Vircondelet, Saint Jean-Paul II, Plon, 2011
➤ Bernard Lecomte, Jean-Paul II, Gallimard, 2003 ➤ Bernard Lecomte, Le pape qui fît chûter Lénine,
CLD, 2007
➤ Yves Semen, La sexualité selon Jean-Paul II, Presses de la Renaissance, 2004 ➤ Jean-Paul II, La spiritualité conjugale selon Jean-Paul II, Presses de la Renaissance, 2004
La tombe de Jean-Paul II un an après son décès. Elle a été transférée ensuite dans la grotte vaticane.
L’équipe éditoriale adresse ses sincères remerciements à tous ceux qui ont participé à la réalisation de ce livret. Auteur : Jean Emmanuel Franque Illustratrice : Inès Franque (http://inesdechanterac.unblog.fr)
CONNAISSAN
CE
DES SAINTS
MPS DE NOTRE TE
les titres de la collection
• Élisabeth de la Trinité • Faustine • Franz Jägerstätter • Frédéric Ozanam • Ivan Merz • Jean-Paul II • John Henry Newman • Josémaria Escrivá de Balaguer • Louis et Zélie Martin
et bientôt… • André Bessette • Charbel • Charles d’Autriche • Chiara Luce • Edith Stein (ThérèseBénédicte de la Croix) • Luigi et Maria Beltrame Quattrochi • Maximilien Kolbe • Pier Giorgio Frassati
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