Elisabeth de la trinité

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CONNAISSA

NCE

S DES SAINTPS M DE NOTRE TE

LES CONSACRÉS

Élisabeth de la Trinité 1880-1906

Je vous donne rendez-vous dans le Foyer d’amour.


La bienheureuse Élisabeth de la TrinitÊ


Biographie

Élisabeth de la Trinité prophète de la Présence

Dans le sillage de la Petite Thérèse, à quelques années d’intervalle, une autre jeune carmélite s’offre avec la même ferveur : sœur Élisabeth de la Trinité est aspirée par l’Amour. Entrée au carmel de Dijon à l’âge de 21 ans, enivrée de Dieu, elle meurt à 26 ans, consumée par une maladie qu’elle se plaisait d’ailleurs à nommer la « maladie de l’amour ».

Zabeth : ange ou démon ? Condamnée avant même sa naissance, Élisabeth naît au camp militaire d’Avord,  le 18 juillet 1880. N’entendant plus battre son cœur, les médecins la déclarent perdue, mais elle s’accroche à la vie. Son baptême est célébré dans la foulée, le 22 juillet, en la fête de sainte MarieMadeleine. La petite Zabeth donne du fil à retordre à sa mère qui nous en fait la confidence : « à un an, sa nature ardente et colère se manifestait déjà ». Fille du fier capitaine Joseph Catez, la petite sait ce qu’elle veut mais elle est aussi très affectueuse. Après un passage à la garnison d’Auxonne, la famille Catez débarque à Dijon où naîtra une deuxième fille : Marguerite. Élisabeth s’épanouit dans cette famille heureuse où règnent l’amour et le sens du devoir. Mais en 1886, son père meurt, emporté par une crise cardiaque et le petit trio doit déménager pour un appartement plus modeste à proximité du conservatoire et, providentiellement, du carmel. Élevée à la maison, la jeune Zabeth y reçoit l’essentiel de son instruction et travaille assidûment le piano. Déjà sa vie intérieure rayonne :  « elle frappait par son recueillement et sa ferveur à l’église quand elle priait ». Elle ne fait rien à moitié ! Une confidence de l’époque révèle le désir qui l’habite, au grand désespoir de sa mère qui a très peur d’une 4

REPÈRES > 1880 : naissance à Avord dans le Cher > 1891 : première communion > 1894 : appel intérieur au carmel de Dijon > 1901 : entrée au carmel > 1903 : profession perpétuelle > 1906 : mort à Dijon, à l’âge de 26 ans > 1984 : Élisabeth de la Trinité est déclarée bienheureuse > 2011 : ouverture du procès de canonisation vocation. A 8 ans, elle se confie au prêtre ami de la famille : « je serai religieuse, je veux être religieuse ». Son cœur très aimant perçoit l’appel de Jésus qui se fait d’autant plus ressentir depuis qu’elle a vécu sa première confession. Alors, Élisabeth, ange ou démon ? Tout bascule le 19 avril 1891. Élisabeth a 10 ans et demi : à l’église SaintMichel, elle reçoit Jésus pour la première fois. L’Amour inonde ce cœur, déjà si tendu vers Lui.

L’appel du carmel Jésus attire Élisabeth. La jeune fille s’épanouit en Lui tout en poursuivant une vie qui ne la distingue en rien de ses compagnes. Son temps se partage entre l’étude à la maison, les longues heures passées au piano et le bonheur des rencontres amicales. La jeune fille est douée… sauf pour l’orthographe ! Elle devient une talentueuse pianiste et une compagne recherchée pour sa joie de vivre et son entrain. Mais son cœur est à Jésus ! Élisabeth connaît bien le carmel de Dijon. Elle y a déjà rencontré la sous-prieure le jour même de sa première communion. Alors, dans l’année de ses 14 ans, tandis que son désir d’être toute à Jésus l’a déjà poussée à se livrer par un vœu de virginité, il lui semble que le mot « carmel » a été prononcé dans son cœur. Durement éprouvée par la vie, madame Catez s’oppose à la vocation de sa fille. Elle le fait avec une détermina5


Biographie

tion qui ne peut être vaincue que par la persistance d’un appel divin. Ce que Dieu veut, Élisabeth le veut ! Et cela malgré sa grande obéissance et sa tendresse de fille. De guerre lasse, madame Catez consent enfin à son départ, mais pas avant 21 ans ! Elle doit encore attendre 3 ans.

Laïque dans le monde

Ces trois années, Élisabeth mûrit son désir et met en place une véritable spiritualité « laïque ». Dans le monde, elle recherche l’absolu de l’amour, et retrouve Jésus à l’intérieur de son âme. Car Élisabeth mène une vie mondaine sous l’étroite surveillance de sa mère qui « cherche à l’intéresser le plus possible aux distractions du monde ». Très coquette, la jeune fille se meut avec élégance et aisance, mais son cœur veille. Elle connaît les élans de sa nature ardente. De réception en concert, de soirée dansante en voyage, la jeune fille reste fidèle à son appel. Elle a même le génie d’adapter aux circonstances son désir d’être toute à Jésus, et toute aux autres ! A 19 ans, elle s’engage dans les œuvres de la paroisse où elle rayonne de l’amour de son Seigneur qu’elle entretient dans ses longs temps de prière. Depuis que madame Catez a consenti à l’entrée de sa fille au carmel, Élisabeth multiplie les contacts avec cette communauté qui lui est si chère. Mais, en ces derniers mois, son cœur est partagé entre la joie de répondre très prochainement à l’appel de Dieu et la douleur de faire souffrir ceux qu’elle aime.

Au carmel, rien que pour Lui Le 2 août 1901, Élisabeth franchit le seuil de sa nouvelle maison, la dernière avant le ciel… Tout la ravit en ce lieu qu’elle sent habité de la présence de Dieu. La jeune postulante évolue avec aisance dans ce nouveau cadre de vie pourtant si austère. Elle est heureuse. Elle est comme absorbée en Dieu, perdue si profondément en Lui qu’elle frappe ses sœurs par son recueillement et sa paix. « Pour elle rien n’était banal. Elle mettait quelque chose de grand en tout. Et c’était pour cela qu’elle donnait tant… Elle faisait comme tout le monde, mais pas d’une manière comme tout le monde ». Enfin, le 8 décembre 1901, la postulante devient novice. Quelle

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joie de revêtir l’habit des carmélites, « cette chère bure sous laquelle il fait si bon vivre au carmel » ! Mais la joie se tarit en son cœur : le Seigneur la mène au désert où elle vit une épreuve spirituelle très douloureuse. Au cœur de ces ténèbres, Élisabeth forge la fidélité et l’humilité, vertus si précieuses sur le chemin de la sainteté. Elle en retire une juste connaissance d’elle-même et de sa misère, et se livre sans réserve à la tendresse miséricordieuse de son Seigneur. Et dans la foi pure, le dimanche 11 janvier 1903, la jeune carmélite prononce sa profession perpétuelle. Sœur MarieÉlisabeth de la Trinité devient épouse du Christ pour toujours.

Élisabeth apôtre Élisabeth s’attache à tout accomplir avec une attention pleine d’amour et de délicatesse. Pour la vie fraternelle, une de ses sœurs atteste : « Sœur Élisabeth était un véritable paradis […] elle avait toute les délicatesses de la charité ». Les années 1903 et 1904 sont les plus belles de sa vie. Les exigences du carmel et le rythme de vie la comblent, elle est unie continuellement au Christ, son « Astre aimé », tout en restant attentive aux peines et aux joies de ses amis du monde. « Vous connaissez assez mon cœur pour savoir que ceux qui y sont entrés n’en peuvent jamais sortir » écrit-elle à madame de Sourdon, fidèle amie de madame Catez, et qu’Élisabeth considère même comme sa seconde mère. (Lettre 146) Depuis ses vœux définitifs, Élisabeth goûte un bonheur qui ne cesse de grandir : le ciel de son âme est « tout étoilé ». La présence de Dieu illumine chaque instant et chaque événement, à l’intérieur comme à l’extérieur du couvent. La naissance de sa nièce, Élisabeth, la remplit de joie. Et la jeune religieuse avance sur le chemin de l’union à Dieu tandis que son âme se dilate au contact de saint Paul dont elle découvre les « magnifiques lettres ». Sa célèbre prière composée à l’issue de la retraite communautaire de 1904, révèle sa profondeur remarquable : « Ô mon Dieu, Trinité que j’adore. »

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Biographie

Être louange de gloire

Je vais à la lumière

Élisabeth s’est offerte à la Sainte Trinité, pour être « la louange de Sa gloire » par une vie entièrement et gratuitement livrée à l’Amour. La jeune carmélite retient de l’épître aux Éphésiens cette expression qui cristallise son désir (Eph 1, 12). Elle accueille ce verset comme l’expression la plus juste de cet élan d’amour gratuit qui tend son être vers la reconnaissance jubilante de la gloire de Dieu, et elle en fait l’orientation décisive de sa vie. C’est pour elle la vocation de tout baptisé.

Épuisée par la maladie d’Addison, Élisabeth s’installe définitivement à l’infirmerie du carmel. Elle n’a plus que huit mois et demi à vivre. Son état général se détériore avec l’apparition de symptômes douloureux qui ne cessent d’empirer. Le soir du 8 avril 1906, dimanche des Rameaux, une syncope aggrave subitement son état de faiblesse à tel point qu’elle reçoit l’extrême-onction. Le 13 mai, une nouvelle crise grave l’atteint, mais elle demeure sereine et forte. La souffrance reste là, vive et lancinante, et Élisabeth ne fait pas l’économie de ces longues heures d’angoisse où la nature est sur le point de défaillir. Alors elle regarde le divin Crucifié et puise en Lui seul le courage de s’offrir en paix.

Toute à son idéal contemplatif, Élisabeth désire que 1905 « soit une année d’amour toute à la gloire du bon Dieu ». L’épreuve de la maladie lui en donne l’occasion. Les premiers symptômes de la maladie d’Addison – incurable à l’époque – apparaissent durant le Carême. Sa santé connaît des hauts et des bas jusqu’au Carême suivant où elle doit entrer à l’infirmerie. Et tandis que la maladie opère son œuvre de mort en elle, Élisabeth entre dans un chemin de conformité à son Époux crucifié. « Je vais vous faire une confidence tout intime : mon rêve, c’est d’être « la louange de sa gloire » écrit-elle au chanoine Angles, ami de la famille, fin décembre 1905 ; c’est dans saint Paul que j’ai lu cela, et mon Époux m’a fait entendre que c’est là ma vocation […] Mais cela demande une grande fidélité car, pour être louange de gloire, il faut être morte à tout ce qui n’est pas Lui, afin de ne vibrer que sous Sa touche. » Aussi dépasse-t-elle l’amertume de la souffrance pour goûter la douceur et la joie de l’offrande. Sa vie qu’elle offre laisse la place à une autre vie, ô combien plus belle, jusqu’à ce qu’elle puisse dire, à la suite de saint Paul : « Ce n’est plus moi qui vis, c’est le Christ qui vit en moi » (Ga 2, 20). Le mystère de l’Incarnation trouve en elle une humanité de surcroît : Jésus y aime, souffre et sauve. 8

Le mercredi 31 octobre, sa faiblesse est extrême et, dès le matin, elle reçoit les derniers sacrements et entre en agonie. Pour avoir contemplé si souvent le « Crucifié par amour », Élisabeth accepte paisiblement d’être configurée à Lui. Jamais elle ne Lui a si parfaitement ressemblé. Toute livrée à Jésus, elle Lui est vraiment devenue « une humanité de surcroît en laquelle Il renouvelle tout son mystère ». Pénible est sa dernière nuit, l’asphyxie s’ajoutant à ses autres souffrances. Et vers 6h15, le 9 novembre, « les yeux grands ouverts, lumineux et vivants », Sœur Élisabeth de la Trinité passe de ce monde « à la Lumière, à l’Amour, à la Vie ». Les obsèques ont lieu le lundi 11 novembre. Ainsi s’inaugure la mission que la bienheureuse Élisabeth de la Trinité avait prophétiquement annoncée : « Il me semble qu’au Ciel, ma mission sera d’attirer les âmes en les aidant à sortir d’elles pour adhérer à Dieu par un mouvement tout simple et tout amoureux, et de les garder en ce grand silence du dedans qui permet à Dieu de s’imprimer en elles, de les transformer en Lui-même. » (Lettre 335). ■

Là où cela est permis, on célèbre la mémoire de la bienheureuse Elisabeth de la Trinité le 8 novembre de chaque année, veille de sa mort, survenue le jour de la dédicace de la basilique du Latran.

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SpiriTUaLiTé

La spiritualité

Au puits des Écritures

d’Élisabeth de la Trinité

La carmélite a sa Béatitude… Déjà s’impriment en son âme les Trois ! Oh oui, vraiment son Dieu l’a trop aimée…

(Poésie 83)

Extraite d’une poésie écrite durant sa première année au carmel, cette strophe en témoigne : Élisabeth a fait de toute son existence un chant d’amour ! Parce qu’elle puisait à la source des Écritures, sa contemplation l’a tournée non vers un Dieu abstrait et inaccessible, mais vers un Être dont elle se savait aimée jusqu’à l’excès. Et à qui elle voulait rendre « amour pour amour ».

Louange de gloire Élisabeth a fait de son existence un chant d’amour, une louange de gloire. C’est en ces termes qu’elle définit sa vocation et s’offre à Jésus en se confiant à l’intercession de l’abbé Chevignard, le beau-frère de sa sœur Marguerite : « Lorsque vous consacrez cette hostie où Jésus, le seul Saint, va s’incarner, voulez-vous me consacrer avec Lui comme hostie de louange à sa gloire, afin que tous mes mouvements, tous mes actes soient un hommage rendu à sa sainteté.» Être une louange de gloire, c’est pour Élisabeth la vocation de chaque âme au Ciel, et sur la terre. Elle choisit de l’accomplir dès ici-bas, et de s’établir en Dieu, dans le silence intérieur, la contemplation trinitaire et l’amour de ceux qui l’entourent. 10

Élisabeth accueille l’Écriture avec un cœur de disciple uni à Jésus. Elle nous renvoie ainsi avec bonheur au Nouveau Testament comme à une parole vivifiante, une source fraîche, un feu qui éclaire. Son ouverture parfaite à la Parole de Dieu lui permet d’accéder jusqu’à l’intime du Mystère.Toute à l’écoute, elle vibre comme une lyre au contact de cette parole révélée par son « cher saint Paul » et par saint Jean, « le disciple de l’amour ». Tout la conduit au Christ, « son Verbe éternel ». Comme Marie, la sœur de Marthe, sa passion de L’écouter la maintient « tout adorante, ensevelie en Sa contemplation, se tenant à cette source comme une affamée ».

La Trinité, voilà notre demeure Comme l’exprima Jean-Paul II dans l’homélie de béatification, Élisabeth « célèbre la splendeur de Dieu, parce qu’elle se sait habitée au plus intime d’elle-même par la présence du Père, du Fils et de l’Esprit en qui elle reconnaît la réalité de l’amour infiniment vivant ». Élisabeth est fascinée par la vie trinitaire, « Foyer d’amour , Plénitude d’amour » en son âme, au point de la détacher de tout le créé pour l’établir dans une communion continuelle avec Dieu. « C’est cette intimité avec Lui au-dedans qui a été le beau soleil irradiant ma vie ». (Lettre 333)

Pour elle, la Trinité est accessible car elle est un mystère d’amour qui veut se communiquer aux créatures. Bien plus, nous faisons partie de la Trinité ! Élisabeth replace donc le mystère trinitaire, prodigieux échange d’amour, au cœur de la vie baptismale. Depuis notre baptême, notre âme, sanctifiée par la grâce, devient le temple de l’Esprit Saint qui nous introduit dans la communion du Père et du Fils. « Le jour où j’ai compris cela, tout s’est illuminé en moi ». Dieu dans l’âme, l’âme en Dieu : tout devient possible, l’union à Dieu et l’action transformante, simplifiante et unifiante de Dieu en l’homme.

Dieu est amour Élisabeth aime Jésus avec toute l’ardeur de son cœur d’épouse, reconnaissant et débordant. « C’est si bon de 11


SPIRITUALITé

regarder le Maître qui Lui aussi a enduré tout cela parce qu’Il nous a trop aimés comme dit saint Paul : alors on a soif de Lui rendre amour pour amour ! » (L 156)

Cette prise de conscience : « Se savoir aimé, et aimé jusque là », est le point de départ d’une orientation chrétienne de l’existence dans sa dimension eucharistique. La vie est une réponse d’amour à l’Amour. Elle devient avec le Christ offrande et adoration. Élisabeth aime Jésus d’un amour vrai et généreux et veut Lui ressembler jusqu’à Lui être « une humanité de surcroît en laquelle Il renouvelle tout son Mystère ». Accueillant l’exigence d’une telle invitation, elle veut se perdre en l’Amour pour que la puissance de vie du Sauveur rayonne depuis la cellule de son cœur. Car Élisabeth se sait habitée, non dans une relation intimiste qui replie sur elle-même, mais dans un jaillissement capable de se communiquer et d’entraîner à sa suite.

cœur qui permet le déploiement de la grâce baptismale. Etre chrétien, c’est prendre son baptême au sérieux, c’est rechercher aux pieds de Jésus cette meilleure part, celle de Marie de Béthanie, celle d’Élisabeth qui, si elle est son « privilège en sa bien-aimée solitude du carmel, est offerte par Dieu à toute âme de baptisé » (L 129). Élisabeth vécut dans cette intimité avec Dieu bien avant de rentrer au carmel, si bien que ses lettres, écrites à de nombreux destinataires, développent une véritable spiritualité laïque. Chacun, quel que soit son appel, peut puiser dans ses conseils un art de vivre en la simple présence de Dieu. Élisabeth nous guide en nous rappelant la dimension surnaturelle de notre existence, et sa sainteté nous montre jusqu’où peut aller l’amour du Seigneur lorsqu’il s’engouffre dans un cœur qui l’accueille sans réserve. ■

Vivre en son intimité « C’est si simple cette intimité avec Dieu », nous dit Élisabeth, si douée pour la vie intérieure.

Un modèle pour aujourd’hui

Le baptême, première rencontre avec l’Amour, fait de l’âme un sanctuaire où la Trinité est présente, nous invitant à La rejoindre personnellement, dans un cœur à

« Nous osons aujourd’hui présenter au monde cette religieuse cloîtrée qui mena une vie cachée en Dieu avec Jésus-Christ car elle est un témoin éclatant de la joie d’être enraciné et fondé dans l’amour. Elle célèbre la splendeur de Dieu, parce qu’elle se sait habitée au plus intime d’elle-même par la présence du Père, du Fils et de l’Esprit en qui elle reconnaît la réalité de l’amour infiniment vivant[…]

À notre humanité désorientée qui ne sait plus trouver Dieu ou qui le défigure, qui cherche sur quelle parole fonder son espérance, Élisabeth donne le témoignage d’une ouverture parfaite à la Parole de Dieu qu’elle a assimilée au point d’en nourrir véritablement sa réflexion et sa prière, au point d’y trouver toutes ses raisons de vivre et de se consacrer à la louange de sa gloire. » ■ Jean-Paul II, homélie de béatification, le 25/11/1984

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priÈreS

Les textes

d’Élisabeth de la Trinité

Vivre en sa douce compagnie Cette lettre, écrite en novembre 1905 à madame Angles, une femme durement éprouvée par la maladie et les scrupules, est une admirable invitation à l’abandon entre les mains du Seigneur. Puisqu’Il réside au plus intime de notre âme, nous pouvons nous laisser irradier par Son amour.

J

e vais vous donner mon secret : pensez à ce Dieu qui habite en vous, dont vous êtes le temple ; c’est saint Paul qui parle ainsi, nous pouvons le croire. Petit à petit l’âme s’habitue à vivre en sa douce compagnie, elle comprend qu’elle porte en elle un petit Ciel où le Dieu d’amour a fixé son séjour. Alors c’est comme une atmosphère divine en laquelle elle respire, je dirais même qu’il n’y a plus que son corps sur la terre, mais que son âme habite au-delà des nuages et des voiles, en Celui qui est l’Immuable. Ne vous dites pas que cela n’est pas pour vous, que vous êtes trop misérable, car c’est au contraire une raison de plus pour aller à Celui qui sauve. Ce n’est pas en regardant cette misère que nous serons purifiées, mais en regardant Celui qui est toute pureté et sainteté. Saint Paul dit qu’Il nous a prédestinés pour être conformes à son image. Aux heures qui sont plus douloureuses, pensez que le divin artiste, pour rendre son œuvre plus belle, se sert de ciseau, et demeurez en paix sous la main qui vous travaille. ■

Qu’importe ce que nous sentons La miséricorde est un abîme d’amour dans lequel le gouffre de notre misère vient se perdre. Dans ce passage, Élisabeth invite sa sœur à une confiance sans bornes. Il n’est pas de péché qui n’appelle la miséricorde !

P

etite sœur chérie, il faut rayer le mot « découragement » de ton dictionnaire d’amour ; plus tu sens ta faiblesse, ta difficulté à te recueillir, plus le Maître semble caché, plus tu dois te réjouir, car alors tu Lui donnes, et n’est-ce pas meilleur de donner que de recevoir, quand on aime ? Dieu disait à saint Paul : « Ma grâce te suffit, car la force se perfectionne dans la faiblesse », et le grand saint l’avait si bien compris qu’il s’écriait : « Je me glorifie dans mes infirmités, car lorsque je suis faible, la force de Jésus-Christ habite en moi. » Qu’importe ce que nous sentons ; Lui, Il est l’Immuable, Celui qui ne change jamais : Il t’aime aujourd’hui comme Il t’aimait hier, comme Il t’aimera demain. Même si tu Lui as fait de la peine, rappelle-toi qu’un abîme appelle un autre abîme et que l’abîme de ta misère attire l’abîme de sa miséricorde. ■

(Lettre 298)

(Lettre 249)

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priÈreS

Pour et avec

Élisabeth de la Trinité

Neuvaine à la bienheureuse Élisabeth de la Trinité

Ô

bienheureuse Élisabeth, dans ton grand amour de Dieu tu étais toujours si proche des besoins de tes amis. Maintenant que tu es au Ciel devant la Face du Seigneur, intercède auprès de Lui pour le souci que nous te recommandons (Formule ici ton désir). Apprends-nous, dans la foi et l’amour, à vivre avec la Sainte Trinité au plus profond de notre cœur. Apprends-nous, comme toi, à rayonner l’amour de Dieu parmi les hommes dans notre vie de chaque jour pour être une louange de sa Gloire.

Oraison liturgique de la fête de la bienheureuse Élisabeth de la Trinité

S

eigneur Dieu, riche en miséricorde, Tu as révélé à la bienheureuse Élisabeth de la Trinité le mystère de ta présence cachée dans l’âme des justes, et tu as voulu qu’elle t’adore en esprit et en vérité. Accorde-nous, par son intercession, de demeurer nous aussi dans l’amour du Christ pour devenir le temple de ton Esprit à la louange de ta gloire. Par Jésus-Christ, ton Fils, notre Seigneur et notre Dieu, qui vit et règne avec Toi et le Saint Esprit, maintenant et pour les siècles des siècles. Amen. ■

(Prie lentement un Notre Père et trois fois Gloire au Père et au Fils et au Saint Esprit) ■

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priÈreS

Élévation à la Trinité L’élévation trinitaire d’Elisabeth compte parmi les plus belles prières chrétiennes. Déferlant par vagues successives à l’assaut de Dieu, elle entraîne par la vitalité de son élan jusque dans les profondeurs du mystère.

Ô

mon Dieu, Trinité que j’adore, aidez-moi à m’oublier entièrement pour m’établir en vous, immobile et paisible, comme si déjà mon âme était dans l’éternité ! Que rien ne puisse troubler ma paix ni me faire sortir de vous, ô mon immuable, mais que chaque minute m’emporte plus loin dans la profondeur de votre Mystère !

P

acifiez mon âme, faites-en votre ciel, votre demeure aimée et le lieu de votre repos ; que je ne vous y laisse jamais seul mais que je sois là tout entière, tout éveillée en ma foi, tout adorante, toute livrée à votre action créatrice.

Ô

mon Christ aimé, crucifié par amour, je voudrais être une épouse pour votre cœur, je voudrais vous couvrir de gloire, je voudrais vous aimer… jusqu’à en mourir ! Mais je sens mon impuissance et je vous demande de me revêtir de vous-même, d’identifier mon âme à tous les mouvements de votre âme, de me submerger, de m’envahir, de vous substituer à moi, afin que ma vie ne soit qu’un rayonnement de votre vie. Venez en moi comme Adorateur, comme Réparateur et comme Sauveur.

Ô

Verbe éternel, Parole de mon Dieu, je veux passer ma vie à vous écouter, je veux me faire tout enseignable afin d’apprendre tout de vous ; puis à travers toutes les nuits, tous les vides, toutes les impuissances, je veux vous fixer toujours et demeurer sous votre grande lumière.

Ô

mon Astre aimé, fascinez-moi pour que je ne puisse plus sortir de votre rayonnement.

18

Ô

Feu consumant, Esprit d’amour, survenez en moi afin qu’il se fasse en mon âme comme une incarnation du Verbe ; que je lui sois une humanité de surcroît en laquelle Il renouvelle tout son mystère.

E

t vous, ô Père, penchez-vous vers votre pauvre petite créature, couvrez-la de votre ombre, ne voyez en elle que le Bien-aimé en lequel vous avez mis toutes vos complaisances.

Ô

mes Trois, mon Tout, ma Béatitude, Solitude infinie, Immensité où je me perds, je me livre à vous comme une proie ; ensevelissez-vous en moi, pour que je m’ensevelisse en vous, en attendant d’aller contempler en votre lumière l’abîme de vos grandeurs. ■

Prière d’intercession

B O

ienheureuse Elisabeth de la Trinité, intercède pour nous auprès du Père :

btiens-nous d’avancer sur le chemin de l’intériorité afin de découvrir en nous la présence cachée de la Trinité, et de devenir ses serviteurs et ses compagnons chaque jour plus fidèles.

O

btiens-nous d’habiter notre quotidien d’une telle intensité d’amour pour Dieu et le prochain que nous fassions de nos vies des chants de louange tout à la gloire de Dieu.

O

btiens-nous enfin la grâce d’accueillir chaque événement comme la volonté même de Dieu, afin que nos gestes les plus simples rayonnent de la présence du Seigneur auprès de ceux qui nous entourent Amen. ■ 19


BIBLIOGRAPHIE ➤ Élisabeth de la Trinité, Œuvres complètes,

Conrad de MEESTER, Ed. du Cerf, Paris 1996.

➤ Élisabeth de la Trinité racontée par elle-même,

Foi Vivante, Conrad de MEESTER, Ed. du Cerf, Paris 1995.

➤ La doctrine spirituelle de Sœur Élisabeth de la Trinité,

Marie-Michel PHILIPON, Paris 1990

➤ Élisabeth de la Trinité. Le secret du bonheur,

Jean RÉMY, Ed. Médiaspaul, Paris 2003.

Pour se recueillir auprès de la bienheureuse Élisabeth de la Trinité On peut vénérer la chasse qui contient les restes de la dépouille de la bienheureuse Élisabeth de la Trinité à l’église saint Michel de Dijon, dans la petite chapelle saint André. On peut aussi se rendre au carmel de Flavignerot (à 13 kilomètres de Dijon) pour visiter sa cellule reconstituée.

➤ Élisabeth Catez ou l’obsession de Dieu,

Didier DECOIN, Ed. Balland, Paris 1991.

➤ Une soif d’infini - Élisabeth de la Trinité, sa vie,

son visage, Marie-Michel HOSTALIER, ocd, Ed. du Jubilé, département Sarment

➤ Aimer la Bible avec Élisabeth de la Trinité,

Patrick-Marie FEVOTTE, Ed. du Cerf, 1991.

➤ Virginité, chemin d’amour. À l’école d’Élisabeth

de la Trinité, Patrick-Marie FEVOTTE, Ed. du Cerf, 1993.

➤ Prends-la chez toi, chemin de vie avec Élisabeth

de la Trinité, Patrick-Marie FEVOTTE, Ed. du Carmel, Toulouse 2003.

➤ Enracinés dans le Christ, à la suite de la

Bienheureuse Élisabeth de la Trinité, Patrick-Marie FEVOTTE, Ed. du Carmel, Toulouse 2005.

➤ Louange de gloire : Élisabeth de la Trinité

Patrick-Marie FEVOTTE, Ed. du Carmel, Toulouse 2007.

➤ Élisabeth mon amie,

Patrick-Marie FEVOTTE, Ed. Le Livre Ouvert, 2008.

➤ Élisabeth de la Trinité : amour pour amour,

Patrick-Marie FEVOTTE, Ed. Le Livre Ouvert, 2009.

➤ A la lumière de l’éternité : vivre le quotidien avec

Élisabeth de la Trinité, Patrick-Marie FEVOTTE, Ed. Traditions Monastiques, 2012.

DVD ➤ À la lumière d’Élisabeth,

Vincent LAUTH, Page 12 production, 2010


L’équipe éditoriale adresse ses sincères remerciements à tous ceux qui ont participé à la réalisation de ce livret. Auteur : Père Patrick-Marie Févotte, curé de la paroisse Jean XXIII à Dijon, auteur de nombreux ouvrages sur Élisabeth de la Trinité. Illustrateur : Jehanne Vallet.

Pour nous joindre : CSNT2011@yahoo.fr

Association loi 1901 CSNT (JO du 29 octobre 2011) 38, rue Théodule Ribot – 92700 Colombes Imprimé en France par l’imprimerie de Montligeon Tirage : avril 2013 Dépôt légal : avril 2013


CONNAISSAN

CE

DES SAINTS

MPS DE NOTRE TE

LES TITRES DE LA COLLECTION

• Élisabeth de la Trinité • Frédéric Ozanam • Ivan Merz • John Henry Newman • Louis et Zélie Martin

et bientôt…

• André Bessette • Charles d’Autriche • Franz Jägerstätter • Jean-Paul II • Josémaria Escriva de Balaguer

• Luigi et Maria

Beltrame Quattrochi

« Il m’a aimé et il s’est livré pour moi »

• Marie Faustine

du Saint Sacrement

• Pier Giorgio Frassati

Ga 2,20

Pour feuilleter les livrets et en savoir plus :

http://saints-de-notre-temps.fr


CONNAISSA

NCE

S DES SAINTPS M DE NOTRE TE

Connaissance des saints de notre temps est une association loi 1901 dont le principal objectif est de faire connaître des contemporains déclarés saints ou bienheureux au cours des XXe et XXIe siècles. C’est dans cet esprit que sont conçus et diffusés gratuitement ces livrets, afin que chacun puisse découvrir et imiter les saints de notre temps, et prier avec eux. Écrits chacun par un familier du saint ou du bienheureux, ils se composent : ● d’un résumé de la vie du saint ● d’une présentation de sa spiritualité ● de prières.

NoUS aVoNS BeSoiN De VoTre aiDe ! ➤ Pour participer aux frais d’édition des livrets. Envoyez vos dons par chèque libellé à l’ordre de CSNT, à l’adresse suivante : CSNT – 38, rue Théodule-Ribot – 92700 Colombes Reçu fiscal sur demande. ➤ Pour diffuser les livrets. Vous souhaitez que nous expédions des livrets à votre domicile, une paroisse, une aumônerie, un monastère, etc. Indiquez-nous-en le nombre désiré et l’adresse postale par courriel à CSNT2011@yahoo.fr. Envoi dans la limite des exemplaires disponibles.


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