Ivan Merz 1896-1928
Biographie
Ivan Merz
L’enracinement dans la liturgie Ce laïc catholique croate est un véritable modèle pour le jeune européen d’aujourd’hui : il n’est pas né saint, mais a su trouver en lui-même la voie de la conversion jusqu’au bout, jusqu’à la sainteté. Son étude toujours plus approfondie de la théologie et de la liturgie chrétiennes invite chacun d’entre-nous à ne pas oublier d’ancrer davantage sa foi.
Une éducation sans colonne vertébrale Ivan Merz est né le 16 décembre 1896 à Banja Luka, une importante et prospère ville de Bosnie-Herzégovine, alors sous domination austro-hongroise. Son père y est chef de gare. Ce fils unique entouré d’affection, sensible et intelligent, très doué, est dès son plus jeune âge attiré par le beau. En parallèle d’une scolarité classique, il étudie le français, l’anglais, le piano et le violon. Une éducation bourgeoise donc, soignée et assez libérale, mais cependant privée de véritable colonne vertébrale. En effet, son père catholique et sa mère – d’origine juive – convertie, pratiquent plus par habitude que par conviction, et ne font reposer la formation de leur enfant sur aucune base religieuse particulière.
Vers la Lumière Malgré cette situation, à l’adolescence, Ivan entame une conversion intérieure. À l’origine de ses interrogations, un drame : Greta, la jeune fille pour laquelle il éprouve ses premiers émois, vit avec un autre homme qui l’abandonne. Désespérée, elle se suicide. Ivan, qui a alors seize ans, est bouleversé ; il voudrait comprendre. Mais, humainement, c’est impossible… Il lui faut chercher la réponse ailleurs et cette épreuve tragique lui ouvre finalement la voie vers la Lumière. Il commence à trouver en Dieu l’appui sûr et le repos dont son âme, 2
éprise de beauté et de pureté, est avide. Sa dernière année de scolarité est une étape importante dans sa conversion, grâce à l’un de ses professeurs, Ljubomir Marakovic, catholique fervent. C’est d’ailleurs sur un conseil prodigué par ce dernier lors de ses cours, qu’Ivan entreprend d’écrire son journal intime, habitude qu’il gardera jusqu’à la fin de sa vie.
Une expérience difficile En juin 1914, ses études secondaires sont terminées. Après l’été, il fait un passage éclair à l’Académie militaire de Vienne, car il est rapidement déçu, écœuré par ce milieu qu’il trouve corrompu et vulgaire. La carrière d’officier n’est donc pas pour lui. L’université de Vienne l’accueille alors pour des études de droit et de philosophie. Mais la première guerre mondiale éclate. Il est mobilisé et, après une rapide formation d’officier, envoyé sur le front italien. Affecté à diverses missions, il découvre l’horreur des tranchées : les morts et les blessés, estropiés, gueules cassées ou pire encore. Il faut avoir le cœur bien accroché… ou placer son espérance plus Haut ! Ivan choisit la deuxième solution, malgré sa peur et ses doutes. Il approfondit le sens de la souffrance et se cramponne plus que jamais à Dieu, lui faisant confiance en tout. Les balles et les REPÈRES éclats d’obus semblent > 1896 : naissance en d’ailleurs l’épargner ! Sa Bosnie-Herzégovine. foi s’affermit, sans cesse > 1915 : mobilisation nourrie par l’Eucharissur le front italien. tie : il communie chaque > 1920-1922 : séjour fois que c’est possible. Il à Paris. y puise une force spiri> 1922 : professeur de tuelle qui lui permet de français au lycée de ressortir grandi de cette l’Archévêque de Zagreb. douloureuse expérience. > 1923 : docteur ès La prière est sa respiralettres. Consécration tion. Parmi toutes ses inà la Vierge. tentions quotidiennes, la > 1928 : mort à Zagreb conversion de ses parents à l’âge de 31 ans. lui tient particulièrement > 2003 : béatification à cœur. Elle se fera un par Jean-Paul II. jour, mais après sa mort… 3
Biographie
de l’Eucharistie et de l’offrande) l’intéresse beaucoup. Il participe en 1921, à Toulouse, aux débats organisés par les Semaines Sociales, association laïque de recherche et de formation, dont le but est de faire connaître la pensée chrétienne sur les grands sujets de société. Les échanges de vues sur les injustices créées par le système économique le passionnent, même s’il avoue être un peu dépassé par la technicité des exposés…
La beauté mène à Dieu
Les déchirements de la guerre suscitèrent une grande reflexion sur le sens de la souffrance chez le jeune soldat croate et le début d’une vie spiritiuelle intense.
Jusqu’au bout de ses convictions L’expérience de la guerre marque donc un tournant décisif dans l’itinéraire spirituel d’Ivan Merz, une conversion profonde qui aboutit quelques années après, à un acte intime de consécration, le 8 décembre 1923, en la fête de l’Immaculée Conception. À 27 ans, il pressent déjà – et l’accepte sereinement – que son existence sera courte. Il veut vivre ses convictions intensément et sans concession. Aussi ne s’arrête-t-il pas là ! Il fait vœu de chasteté perpétuelle. Il a enfin trouvé sa voie définitive : être un laïc consacré dans le monde, pour être le témoin de Jésus-Christ auprès de ses contemporains.
Un membre d’œuvres catholiques La guerre finie, Ivan reprend le chemin de l’université de Vienne pour entreprendre cette fois des études de lettres. L’obtention d’une bourse lui permet de suivre un cursus de littérature française à la Sorbonne. Avec deux amis, il gagne Paris à l’automne 1920. Ces deux années en France sont denses et décisives. Côtoyant les milieux intellectuels, introduit dans plusieurs cercles littéraires, il fréquente aussi assidûment diverses organisations catholiques. Il est ainsi membre des Conférences Saint-Vincent-de-Paul et visite fidèlement une famille démunie de la banlieue. La Croisade Eucharistique (mouvement destiné à promouvoir chez les enfants le sens 4
Sa fécondité intellectuelle s’enracine dans sa foi. « La foi catholique est ma vocation », écrit-il à sa mère, inquiète de son engouement pour la religion. Il aime profondément l’Église, son pape, sa liturgie. Son journal révèle un amour intense pour Jésus Hostie à travers la prière liturgique, et livre la narration précise et émouvante de certaines cérémonies. La liturgie le touche et l’élève à tel point qu’il lui arrive d’assister à des cérémonies religieuses avec de parfaits inconnus, comme cette prise d’habit d’une novice bénédictine, dont il note soigneusement les détails dans son journal. Venant souvent prier dans la chapelle de son couvent de la rue Monsieur, il lui paraît normal d’être là, même s’il ne la connaît pas. Pour lui, la belle liturgie de l’Église est le plus sûr chemin vers le cœur de Jésus. Enfin, un pèlerinage à Lourdes développe et ancre profondément en lui la dévotion mariale et la pratique du chapelet.
La liturgie dans la littérature Cet amour liturgique et eucharistique se double d’une grande réflexion et constitue le fil directeur de ses études littéraires. Ivan explore les œuvres des plus grands auteurs – Chateaubriand, Zola, Flaubert… – et des poètes tel que Baudelaire, qualifiés à l’époque « d’immoraux », mais aussi les romans des écrivainssoldats racontant la Grande Guerre, pour y analyser les descriptions des prières des chrétiens. Passionné par ses recherches, il n’oublie pas pour autant les siens : le public français doit connaître la situation politique et sociale des catholiques croates persécutés dans leur pays par le gouvernement serbe de Belgrade. Il alimente dans ce sens certains articles de la presse française sur la situation en Croatie, où il rentre en 1922. Il accepte 5
Biographie
le poste de professeur de français au lycée de l’Archevêque (petit séminaire) de Zagreb. À l’aide de ses recherches et des connaissances accumulées lors de ses études à Paris (à la Sorbonne et à l’Institut Catholique), il prépare puis soutient sa thèse sur L’influence de la liturgie sur les écrivains français, de Chateaubriand à nos jours. En 1923, il est docteur ès lettres.
Il faut former la jeunesse ! La formation intellectuelle et morale de la jeunesse est sa grande préoccupation. Pour ce but, il mobilise toutes ses forces. Ayant découvert la beauté de la foi catholique, il a compris sa vocation personnelle : elle consiste à vivre et à faire partager aux autres l’amitié avec le Christ. Partout, à tous et en toutes choses, il transmet son amour profond pour le Seigneur. Il désire former pour Lui une élite d’apôtres, composée de personnalités équilibrées et matures, afin de « renouveler toutes choses dans le Christ ». Son temps est donc partagé entre l’Eucharistie quotidienne, la prière personnelle, le travail et l’organisation d’activités spirituelles, mais aussi intellectuelles et sportives. Ses enseignements, en parfaite cohérence avec sa propre vie de chrétien, font naître chez les jeunes qui lui sont confiés un grand attachement pour l’Eucharistie, l’Église et le Saint Père. Pionnier de l’Action Catholique dans son pays, il donne aux Aigles – une organisation de la jeunesse catholique, dans laquelle il est profondément impliqué – sa devise, empruntée à la Croisade Eucharistique française : « Sacrifice-Eucharistie-Apostolat ». Il contribue aussi activement au développement de sa branche féminine et travaille à la création d’un institut laïc.
« La liturgie est une pédagogie » Cette phrase d’Ivan Merz résume parfaitement sa pensée. La liturgie, il l’étudie et il la vit. Quotidiennement, pendant quarante-cinq minutes, il médite les textes de la messe du jour, à laquelle il assiste, missel en main, et où il communie. Récitation du rosaire, prière du bréviaire (dans les dernières années de sa vie), adoration du Saint-Sacrement, lectures spirituelles : chaque heure, chaque minute, chaque seconde de son existence sont centrées sur le plus important, Dieu, et sur l’une de ses 6
expressions, la liturgie. Il ne se rattache ni à une école, ni à un enseignement théologique précis mais, avec la liberté des saints, multiplie articles, conférences et entretiens à ce sujet. Quel est l’impact de la liturgie dans la littérature ? Quel est son rayonnement social ? Et sa dimension mystique ?... Telles sont les multiples questions auxquelles il s’efforce de répondre. Pour lui, la liturgie est la manifestation la plus puissante du renouveau en Jésus-Christ ; il ne cesse d’inciter la jeunesse à nourrir sa foi, afin de mieux comprendre la richesse du missel. Car de cette compréhension découle une participation toujours plus active, attentive et joyeuse au Sacrifice Eucharistique. Il devient ainsi l’un des initiateurs du mouvement liturgique en Croatie.
Une jeune vie fauchée Mais, depuis longtemps, Ivan souffre d’une inflammation chronique de la cavité maxillaire, entraînant des maux de dents terribles et une déficience visuelle. Les médecins se décident à l’opérer. Un terrible échec, puisqu’il contracte une méningite et meurt à Zagreb, le 10 mai 1928, âgé de 31 ans. Sa mort bouleverse ceux qui l’ont connu de près ou de loin et plus de cinq mille personnes se rassemblent au cimetière de Mirogoj, saluant en lui un véritable apôtre de la jeunesse. Marque suprême de reconnaissance : le glas de la cathédrale retentit pour les obsèques de ce simple laïc ! Sentant sa fin proche, il a rédigé son testament spirituel, où il réaffirme encore et toujours l’essentiel de sa courte existence : « Mort dans la paix de la foi catholique. C’est le Christ qui a été ma vie et la mort est un gain. J’attends la miséricorde du Seigneur et la possession indivisible, complète et éternelle du Très Saint Cœur de Jésus. Heureux dans la joie et dans la paix. Mon âme atteindra le but pour lequel elle a été créée. » Ivan Merz est béatifié par Jean-Paul II le 22 juin 2003 à Banja Lunka. Benoît XVI le cite dans son encyclique Sacramentum Caritatis comme exemple de piété eucharistique, aux côtés de saint Benoît, saint Augustin, saint Thomas d’Aquin et sainte Thérèse de Lisieux. ■
L’Église célèbre la fête du bienheureux Ivan Merz le 10 mai de chaque année.
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SPIRITUALITé
La spiritualité
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Une spiritualité eucharistique
d’Ivan Merz
Chaque âme particulière s’élève avec la liturgie. On peut dire que la liturgie est une pédagogie, au vrai sens du mot, car, grâce à elle, le croyant vit dans son âme toutes les phases de la vie éternelle du Christ.
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Devenir un saint extraordinaire vivant une vie ordinaire, tel est le modèle, à la portée de tous, que nous propose Ivan Merz. Après sa conversion, il a accompli ses devoirs quotidiens et vécu les moindres instants de son existence entièrement sous le regard de Dieu.
La pratique des sacrements : une nécessité vitale
Ivan a une parfaite conscience de la réalité Eucharistique, cœur de la célébration et de la vie liturgiques. Son amour pour Jésus se traduit avant tout par sa participation à la messe et la communion quotidienne. La conscience de recevoir Jésus en personne remplit son âme d’une grande joie, joie profonde qu’il exprime dans de nombreux écrits et dont ses proches sont les témoins privilégiés. Tout son être tend vers la Sainte Eucharistie, pour l’amour de laquelle il vit tout entier. Il en tire la force nécessaire pour réaliser son travail apostolique et atteindre cette union au Christ indispensable pour permettre au Saint Esprit d’agir pleinement dans la vie de l’homme. Devenir saint est son désir le plus cher. Pour être efficace, l’action apostolique doit être précédée d’une vie spirituelle intense, condition sine qua non. Et ce qu’il recommande aux autres, il le pratique lui-même. C’est sans doute cette profonde cohérence entre sa vie de prière et ses enseignements qui fit le succès de son apostolat. « La Sainte Communion où votre corps et votre âme s’unissent à la divinité ellemême, doit être le sommet de la liturgie toute entière. Toutes les magnifiques prières, les chants, toutes vos réflexions, tous vos actes pendant toute la journée doivent être christocentriques et être dirigés vers cet unique instant de votre vie quotidienne : la Sainte Communion. »
Ivan Merz fonde sa vie spirituelle avant tout sur la pratique des différents instruments que le Christ et l’Église ont mis au service des hommes, pour les aider à accéder à la sainteté : les sacrements et la prière. Il sait qu’il ne peut s’élever vers la perfection chrétienne sans l’aide et la force de Dieu. De tout son cœur, il cultive une vie de prière intense et fréquente les sacrements. Il pratique souvent l’adoration devant le tabernacle. « Quelles sont donc les qualités nécessaires pour nous construire nous-mêmes, avant tout ? Il faut méditer tous les matins, participer souvent à la Sainte Messe, recevoir les sacrements, examiner notre conscience et lire chaque jour les textes religieux. Si nous faisons cela, Jésus vivra de plus en plus en nous. » écrit-il. 8
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SPIRITUALITé
L’attachement à l’Église et au Pape La fidélité et l’amour de l’Église et de ses pasteurs sont les piliers de la spiritualité d’Ivan Merz. « Dans l’Église, dit-il, je vois l’image claire du très aimé Sauveur et de Jésus Notre Seigneur avec toutes ses perfections ; dans le Saint Père, je vois mon Dieu et mon Seigneur sous les apparences d’un homme (…) ». Il a saisi la profondeur du lien mystérieux unissant le Christ et son Église, celui de l’amour de l’Époux pour son Épouse. L’Église, corps mystique du Christ, est le signe de la tendresse et de la justice de Dieu sur terre et son représentant, le Pape, est lui aussi le témoin de la présence éternelle du Christ.
La sainteté au quotidien La sainteté d’Ivan Merz n’est pas parvenue d’un coup à maturité. Elle est le fruit d’une conversion sincère et d’une expérience spirituelle profonde. Ivan s’est ouvert à la grâce de Dieu, à travers ses crises de jeunesse et ses errements, propres à tout jeune homme qui se construit, pour approfondir peu à peu sa foi. L’université de Vienne, la guerre, les études, la découverte de Lourdes… autant d’éléments qui marquent chaque fois une progression spirituelle, une étape importante sur le chemin qui mène à Jésus. Mais rien ne s’acquiert sans peine et Ivan a dû lutter, parfois violemment – son journal en témoigne – contre lui-même, contre les faiblesses de son corps et les tentations. Ne comptant pas sur sa seule force, il soutenait ses efforts ascétiques par les moyens recommandés par l’Église (jeûne…) ; il prenait des résolutions et se donnait des règles de vie strictes.
L’ardeur apostolique Pour Ivan, la foi n’est pas une affaire personnelle, à vivre uniquement dans l’intimité de son âme ; elle doit rayonner et évangéliser. Dès le début de sa vie professionnelle, il prend une part active aux organisations catholiques qui œuvrent auprès de la jeunesse, au point d’en devenir bientôt le principal animateur spirituel. Cette action est rendue possible par la profondeur de sa vie spirituelle : « L’essence de chaque apostolat doit être la lutte contre le péché », affirme-t-il. Lorsque Pie XI lance l’Action Catholique, pour développer la participation active des 10
laïcs dans l’Église, il répond avec enthousiasme à son appel et met à exécution ses directives avec une énergie particulière. Ce souci du salut des âmes, notamment des jeunes âmes, Ivan le portera toute sa vie, jusqu’à offrir son existence à Dieu pour les jeunes garçons engagés dans l’organisation catholique des Aigles.
L’expérience de la Croix Aimer la Croix, endurer courageusement les épreuves et les difficultés quotidiennes, les offrir avec amour, quelqu’en soit la somme de souffrances, telle a été la vie d’Ivan Merz. Il n’est pas facile d’apprendre à un peu plus de 30 ans que l’on est atteint d’une grave maladie, qui nécessite une opération pouvant entrainer la mort… Ivan a fait le sacrifice de son existence, sans la moindre hésitation, parce que Dieu le lui demandait et parce que « la Croix, c’est l’état normal d’un soldat du Christ ». ■
Un modèle pour aujourd’hui Ivan Merz est un signe d’Espérance pour les catholiques français d’aujourd’hui. Il encourage les fidèles laïcs à vivre pleinement de l’Eucharistie pour y découvrir non seulement le sommet, mais aussi la source de leur foi destinée à imprégner la moindre fibre de leur existence. De plus, son amour pour la littérature française nous invite à redécouvrir toute la richesse de ce patrimoine et à déceler dans la culture d’aujourd’hui des pierres d’attente pour l’annonce de l’Évangile. Ivan Merz est aussi un signe d’Espérance pour les Européens. Ses recherches intellectuelles sur la liturgie l’ont amené à jeter des ponts entre la France et la Croatie en créant un lien original entre ces deux nations promises, comme toutes les autres, à l’unité dans la prière. Enfin son amour des pauvres, ses peines de cœur, ses douleurs offertes et sa mort subite font de lui un être particulièrement proche et exemplaire. 11
PRIÈRES
Les textes d’Ivan Merz
L’amour de la Sainte Vierge Ivan a peu à peu approfondi sa dévotion envers la Sainte Vierge. C’est à elle qu’il s’adresse pour garder sa pureté d’âme et être victorieux dans les tentations. À Lourdes, il découvre les bienfaits du rosaire et y restera fidèle jusqu’à sa mort. Marie, c’est le chemin vers Jésus.
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ieu incommensurable nous donne sa propre vie à travers Marie.
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L’amour de l’Église et de la papauté Les pensées suivantes montrent la foi intense d’Ivan Merz en l’église et en son pasteur, composante essentielle de sa spiritualité…
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ieu est devenu homme, puis Il a laissé sur la terre sa Fiancée, l’Église Catholique de Rome. L’Église est le sommet et le centre de la culture de toute l’humanité.
Lorsque j‘entends des mauvaises paroles, lorsque en mon âme veulent s’introduire des images répugnantes, je vois toujours et immuablement la figure de la Madone avec l’enfant, cette belle et majestueuse expression, cette concentration de tout ce qui est sublime.
Sans les grands principes que nous donne l’Église, il n’est pas possible du tout d’établir un ordre social sur des fondations solides ; il n’est pas possible de renouveler la société humaine.
Lorsque le prêtre nous distribue l’Eucharistie, il remplace la Bienheureuse Vierge Marie qui, dans son immense amour, nous donne la plénitude de sa propre vie intérieure, de sa vie illimitée et éternelle, qui nous donne Dieu, Jésus-Christ eucharistique. ■
Dans la turbulence des erreurs et des passions qui secouent l’humanité, la chaire de Pierre est « l’ancre de l’espoir et du salut » dans laquelle nous devons trouver refuge si nous ne voulons pas périr.
La papauté est le fondement et l’inébranlable rocher sur lequel est édifiée l’Église.
À Rome vous avez l’intuition, le sentiment, que tout est fragile et instable, mais la barque du Pape se balance au milieu des vagues, sans crainte, car elle est ancrée dans l’inébranlable roc de Pierre. ■
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PRIÈRES
L’amour de la liturgie et de la messe
De l’amour et du mariage chrétiens
La liturgie, pour Ivan Merz, n’est pas seulement le culte officiel de l’Église. C’est le cœur de la vie de tout chrétien digne de ce nom, c’est l’expression de la beauté absolue, qui irradie dans tous les domaines, notamment dans les arts. Ainsi choisit-il comme sujet de doctorat « L’influence de la liturgie sur les écrivains français ».
Parce qu’Ivan est un jeune homme comme les autres, il est soumis à des tentations, ce qui l’amène à réfléchir aux vertus de la pureté et de la chasteté. Les sentiments vrais ne peuvent se concevoir qu’en Dieu et doivent être à l’image de l’amour existant entre le Christ et son Église.
L
a bonté Divine est cet éternel féminin qui resplendit au travers de l’être féminin et te pousse à un amour plus fort pour Dieu. La jeune fille, reflet de la perfection Divine, t’est destinée pour t’élever en te complétant. Mais, pour qu’elle te soit vraiment une aide complète, il vous faut mutuellement tout apporter et ne rien dépenser avant, autrement il vous en manquera dans les jours difficiles. Un jeune chrétien est convaincu que dans le cœur d’un homme de caractère, seulement deux femmes peuvent avoir une place privilégiée : c’est sa mère, puis la mère de ses enfants. Pour cela il doit garder la pureté de son cœur comme la plus belle perle de sa jeunesse.
L
es prières et les mouvements de la liturgie, ses mélodies et ses parfums sont une projection du Ciel sur la terre, c’est une photographie de la Divine vie intérieure. Dans la liturgie, comme dans un miroir, se reflète la vie du Christ. À l’église, à la sainte messe, on se sent comme sur une île au milieu de la mer agitée, sur l’île de la vie, véritable et juste. La liturgie est la plus grande œuvre artistique qui existe au monde, et avec cela c’est l’art central, car la liturgie présente artistiquement la vie du Christ qui est le centre de l’histoire. ■
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Et pour conserver cette perle, il évitera toutes les occasions qui pourraient l’inciter au mal et ce sont les mauvaises discussions, les spectacles obscènes, le cinéma et surtout la danse immodeste, puis l’alcool. Le mariage des époux est une mystérieuse image de la liaison du Christ et de l’Église. L’amour conjugal est une image, un pressentiment, la préparation à l’amour absolu de Dieu. Comme un pressentiment, l’amour terrestre initie l’homme à un amour beaucoup plus perfectionné, l’amour entre le Christ et l’Église, cet amour qui rend l’homme heureux, pas seulement d’une manière et en un temps limité, imparfaitement et passagèrement, mais à un amour qui sera complet et éternel. ■ 15
PRIÈRES
Pour et avec
Ivan Merz
extraits de la neuvaine en l’honneur du bienheureux Ivan Merz
B
ienheureux Ivan, Jésus Christ, le Sauveur était au cœur de ta vie. Tu l’as d’abord découvert comme souverain de l’Univers, puis tu as décelé sa présence dans la liturgie de l’Église, dans sa hiérarchie et particulièrement dans la personne de l’évêque de Rome – le Pape. Tu le reconnaissais aussi dans ton prochain. Tu t’es consacré au Très Saint Cœur du Christ, que tu adorais. Tu rencontrais ton Sauveur dans la sainte Eucharistie, centre de ta vie spirituelle. Tu participais tous les jours la Sainte Messe en y recevant la Sainte Communion, tu adorais le Saint Sacrement depuis les premières années de ta jeunesse. Cet amour pour Jésus eucharistique, tu le répandais dans le cœur des jeunes. Jésus présenté dans l’Eucharistie t’a donné la force de réaliser de nombreuses actions apostoliques. Tout ce que tu as fait, tu l’as fait à la gloire du Très Saint Cœur de Jésus.
B
ienheureux Ivan, tu étais particulièrement habité par une profonde piété pour la Bienheureuse Vierge Marie. Jeune homme, tu as eu recours à Notre-Dame pour t’aider à lutter contre le péché et à préserver la pureté de ton âme. En son honneur tu as fait vœu de chasteté et Elle t’a aidé à y être fidèle. Tous ceux qui te connaissaient témoignaient de ta ferveur et de ta candeur. Tu as particulièrement approfondi ta dévotion à la Vierge Marie à Lourdes où tu affectionnais le chapelet - avec l’Eucharistie -. Il est devenu ton ami le plus fidèle avec lequel tu priais tous les jours jusqu’à ta
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mort. Tu accordais beaucoup d’importance au rôle de la Bienheureuse Vierge Marie dans la vie spirituelle de chaque chrétien telles qu’en témoignent des pensées stimulantes ainsi que des prières sincères où tu demandes son aide.
B
ienheureux Ivan, ta vie spirituelle est pour nous un exemple. Par ta prière persévérante tu étais complètement plongé en Dieu. Le cœur et le centre de ta vie spirituelle était la sainte liturgie – la prière officielle de l’Église catholique. Tu as puisé au quotidien dans le sommet de l’Eucharistie la grâce, l’énergie et l’inspiration pour t’élever vers la sainteté et t’engager dans l’apostolat. Conscient de la grande valeur de la liturgie pour toute vie chrétienne, tu y as initié par tes enseignements les jeunes comme les adultes en devenant l’un des pionniers du renouveau liturgique. Tes pensées merveilleuses nous font découvrir le sanctuaire de ton âme plongée dans le monde surnaturel, ton âme qui, déjà ici bas, aspirait perpétuellement à chanter la louange de Dieu que tu chantes maintenant dans l’éternité avec les chœurs des anges. ■
Prière d’intercession
S
eigneur Dieu, Ton serviteur le bienheureux Ivan était profondément uni avec Toi dans la prière quotidienne. Il a continuellement levé son intelligence et son cœur vers Toi. Tu lui as donné la grâce de comprendre la valeur et la nécessité de la sainte liturgie pour une vraie vie chrétienne et une consécration personnelle. Donne-nous aussi cette grâce. Par l’intercession d’Ivan, donne nous la force de surmonter l’indolence et la tiédeur en consacrant le temps nécessaire à la prière qui nous unit à Toi. Que nous trouvions dans la sainte liturgie une source de spiritualité et de sanctification personnelle et qu’ainsi nous nous associons dès maintenant, ici-bas, aux chœurs des anges en chantant Ta louange. ■ 17
BIBLIOGRAPHIE Textes sur le bienheureux Ivan Merz ➤ Revue La Maison Dieu, n° 252, déc. 2007, Cerf, Litté-
rature et liturgie, d'un art à l'autre : autour d'Ivan Merz (textes d’une table ronde tenue à l’Institut catholique de Paris le 25 mai 2005).
Pour se recueillir auprès du bienheureux Ivan Merz
➤ Revue Christ source de vie, n° 385, mai 2001, Ivan
Merz, un laïc d’avant-garde. Un numéro entièrement consacré à Ivan Merz, signé par plusieurs auteurs (Marica Stankovic, François Bécheau, etc.) et rédigé deux ans avant sa béatification.
➤ Il existe d’autres textes disponibles en français sur le site internet http://www.ivanmerz.hr :
Thomas GUEYDIER, La thèse d’Ivan Merz - Actualité d’une œuvre pionnière, Sorbonne, 23 sept. 2005. Témoignage du Père Irénée Hausherr, S. J., professeur de spiritualité à l’Institut Pontifical Oriental de l’Univeristé Pontificale Gregorienne à Rome sur Ivan Merz. Ivanka JARDIN, Ivan Merz et la France. Marin ŠKARICA, Ivan Merz, promoteur du renouveau liturgique en Croatie. Božidar Nagy, S.J., Le Bienheureux Ivan Merz, Un message de Dieu pour notre temps.
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La nef de la basilique du Sacré-Cœur de Zagreb.
En 1977, le corps d’Ivan Merz fut transféré du cimetière de Mirogoj à la basilique du Sacré-Cœur de Zagreb, où il repose aujourd’hui à côté de l’autel Saint-Louis-de-Gonzague. Il rejoignait ainsi l’église, dans laquelle il assista quotidiennement à la messe durant les six dernières années de sa vie.
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Textes du Bienheureux Ivan Merz
➤ L'influence de la liturgie sur les écrivains français, de 1700 à 1923, 17 mars 1905, préface de Thomas Gueydier, éd. du Cerf, 351 p. ➤ Dans le giron de la sainte liturgie, récit d’un voyage
d’Ivan Merz au monastère des pères trappistes à Rajhenburg (Slovénie). Voir : http://www.ivanmerz.hr/ international/fran/franc_8.htm.
L’équipe éditoriale adresse ses sincères remerciements à tous ceux qui ont participé à la réalisation de ce livret. Auteur : CSNT en collaboration avec Thomas Gueydier, (directeur du centre d’études théologiques de Caen) et le Père Božidar Nagy (postulateur de la cause de béatification d’Ivan Merz). Illustrateur : Nathalie de Widerspach-Thor. Crédit photographique : Couverture : Archive de la Postulation du bienheureux Ivan Merz.
Pour nous joindre : CSNT2011@yahoo.fr
Association loi 1901 CSNT (JO du 29 octobre 2011) 38, rue Théodule Ribot – 92700 Colombes Imprimé en France par l’imprimerie de Montligeon Tirage : avril 2012 Dépôt légal : avril 2012