Journal de Médecine du Travail 19

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BULLETIN OFFICIEL DE LA SOCIÉTÉ ALGÉRIENNE DE MÉDECINE DU TRAVAIL - SAMT NOUVELLE SÉRIE - N° 19/2013

Médecine du travail et dispositif national de santé Interroger l'activité des opérateurs Surveillance médicale et Risk assessment


J.M.T.

SOMMAIRE

Le Journal de la Médecine du Travail Bulletin Officiel de la Société Algérienne de la Médecine du Travail (SAMT) N° ISSN : 1112 – 2438 N°19 – Nouvelle Série, Annaba Directeur de la Publication Pr. S. GUEROUI Secrétaire Général, Chargé de la revue de la SAMT

Rédacteur en chef Pr. Dj. TOURAB Comité Scientifique de Lecture Coordinateur : Pr. BOUTOUCHENT-NAFAÏ D. Membres : Pr. BOUKERMA Z. – Sétif Pr. HADDAD M. – Constantine Pr. GUEROUI S. – Annaba Pr. TOURAB D. – Annaba Pr. NEZZAL Am. - Annaba Pr. OULD-KADI F. – Oran Pr. TEBBOUNE C.B. – Oran Pr. KAMEN F. – Oran Pr. REZKALLAH B. – Oran Pr. KANDOUCI – Sidi BelAbbes Pr. TALEB A. – Tlemcen Pr. KEDDARI N. – Alger Pr. SEMID A. – Alger Pr. SAAD – Alger Pr. LAMARA M. – Alger Pr. HADDAR M. – Alger Pr. BOUTOUCHENT-NAFAI D. Alger Pr. IDDER-LAIB C. – Alger Membres d’Honneur : (in memorium)

Pr. ABED D. Pr. MASSEBOEUF S. Pr. MOKHTARI R. Comité de rédaction Pr. CHAIB S.M. – Tizi Ouzou Pr. BENHASSINE W. – Batna Pr. AKIF N. – Alger Pr. BENMESSAOUD H. – Alger Pr. BAGHDADLI – Sidi BelAbbès Pr. GHOMARI – Sidi BelAbbès Pr. GHEZINI – Oran Pr. LIANI N. – Alger Pr. CHEMAA F. – Constantine Dr. NEZZAL Az. – Annaba Dr. OUAAZ M. – Alger Dr. BABZIZ H.S. - Ouargla

Editorial Dossier 1 : Médecine du travail et dispositif national de santé 1- Intérêt et limites de l'intégration dispositif national de santé. A. SEMID, H. BENMESSAOUD

de la médecine

du travail au

Dossier 2 : Interroger l’activité des opérateurs 1. La Situation de Travail. Essai de synthèse. GUEROUI S. 2. Evaluation de la pénibilité physique du travail par la cardiofréquencemétrie chez le personnel soignant. N .BENSEKHRIA, W BENHASSINE. 3. La stérilisation au bloc opératoire d’un service de chirurgie orthopédique : Enjeux pour la qualité des soins et des conditions de travail. CHAIB S. 4. Les nouvelles technologies d’information et de communication (NTIC) et santé au travail. KERKACHA R, IDDER-LAIB C, HADDAR M. 5. Ergonomie et travail sur écran de visualisation. F. CHEMAA, M. NASRI, H. CHACHOUR, M.L.KHALDI, M.HADDAD 6. Fatigue visuelle et ambiance lumineuse dans un centre d’appel téléphonique à Alger. LIANI N., AKIF N., OUBELLIL N., LAMARA-MAHAMED A. 7. L’apport de ceux qui organisent le travail des autres dans l’entreprise (cadres-managers) à l’amélioration des situations de travail. IDDER LAIB C., KACED N. 8. Confort au travail. Enquête dans le secteur tertiaire. M. HAMADOUCHE, Z. BOUKERMA, M. KORDJANI, M. REGGAD 9. La demande en analyse du travail et sa spécificité en Algérie. IDDER LAIB C. 10. Lien entre stress et pathologie mentale : Revue de littérature. B. TEFAHI, F. KACHA Dossier 3 : Surveillance médicale et Risk assesment 1. Relation entre la pression artérielle et l’exposition professionnelle au plomb dans une entreprise de fabrication d’accumulateurs. BOUKERMA Z., RAHMANI N., BERRAH N. 2. Identification des Equipements de Protection Individuelle dans une unité de production de Peintures, Souk Ahras, 2011. M. MEGUEDDEM, R. DJAFER, AB. MESSAOUDENE 3. Dépistage des risques professionnels dans une fonderie du centre du pays à travers l’outil DEPARIS. FERNANE M., OUAAZ M., HADDAR M. 4. Risque infectieux et diabète insulinodépendant en milieu hospitalier : A propos d’un cas. NAFAI D., ATOUI A., SEMID A. 5. Syndrome des bâtiments malades dans le secteur bancaire de la ville de Sidi Bel-Abbès « sick building syndrome ». C. KANDOUCI M., MAHI A.B. KANDOUCI

Conception - Réalisation: Dr M. BOUMAZA - Le JIP Décembre 2013

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Organes de la Société Algérienne de la Médecine du Travail (SAMT) Bureau de la SAMT Président : Pr. NEZZAL Abdelmalek – CHU Annaba Secrétaire Général, Chargé de la revue JMT : Pr. GUEROUI Saïd – CHU Annaba Secrétaire Général adjoint : Pr. BOUTOUCHENT-NAFAÏ Dalila – CHU Alger Trésorier Dr. BENAISSA – Sidi Bel Abbes Trésorier adjoint : Dr. FRAGA Seid – CHU Tizi ouzou Vise-Président Région Ouest : Pr. TALEB Abdesslem – CHU Tlemcen Vise-Président Région Centre : Pr. HADDAR Mustapha – CHU Rouiba Vise-Président Région Sud : Dr. BABZIZ Hadj Salah – Ouargla Vise-Président Région Est : Dr. NASRI Mustapha – CHU Constantine Président du Conseil Scientifique : Pr. BOUTOUCHENT-NAFAÏ D. Secrétariat de la Société Algérienne de Médecine du Travail Tél. / Fax : 038.86.32.18 Email : guerouisaid@yahoo.fr Le journal de la médecine du travail – JMT N°19-

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Editorial La découverte des sujets d’intérêt des manifestations scientifiques nationales (Journées nationales et régionales, sous l’égide de la SAMT) et internationales (nous en distinguons notamment les Journées Internationales d’Ergologie, tenues à Tlemcen), les préoccupations des différentes équipes de recherche, nous désignent une thématique forte : l’activité de l’opérateur. Nous entendons l’interroger dans ce numéro du JMT. D’abord parce qu’il s’agit d’un thème d’actualité ; il représente ensuite le fil conducteur de la plupart des contributions des auteurs du présent JMT ; il se prête admirablement à la recherche et à la multidisciplinarité. L’analyse de l’activité est un moyen puissant de viser à bon escient la finalité d’améliorer les conditions de travail. L’analyse emploie à cet effet des outils et des démarches comme l’ergonomie, l’ergologie, la santé au travail reposant sur le Risk Assesment et le Risk Management, la clinique du travail, l’hygiène et la sécurité au travail… et même, gage d’élargissement de la perspective, l’appréciation d’une psychiatre. Pas moins de dix publications planchent, d’une façon explicite ou indirecte, sur l’activité des opérateurs et le lieu où elle se déroule, la situation de travail. C’est le témoignage que les obligations des investigations du terrain ont imposé aux équipes algériennes, en charge de la santé et de la sécurité au travail, de repasser par l’activité de l’opérateur, émettant des hypothèses explicatives, forgeant des approches, pour produire des résultats permettant de donner sens à des conditions de travail singulières, de rattacher nos données aux publications internationales, de dégager des horizons pour les futures et nécessaires interrogations. C’est là l’essentiel du deuxième dossier. Il nous a alors paru opportun de débattre de l’intérêt et des limites de l’intégration de la médecine du travail au dispositif national de santé. L’auteur nous administre des réponses qui gagnent à être retenues par le praticien du terrain et les autres décideurs. Ce dossier est, comme il se doit, mis en introduction au JMT. Nous consacrons le dernier dossier à la surveillance médicale et au Risk Assesment. Si nous débattons d’exposition dans les usines de fabrication d’accumulateurs, les peintures, la fonderie, c’est que les protocoles ne sont pas encore consacrés à l’échelle nationale, les prises en charge non ou imparfaitement validées. Nous évoquons également le risque infectieux à travers un cas particulier (et c’est là convoquer la dimension curative de la médecine du travail en Algérie, notre spécificité !) ou le Sick Building Syndrom. Une question nous hante de nouveau : y-a-t-il nécessité de repenser nos objectifs et nos méthodes ? Y-a-t-il une faillite communicationnelle qui nous condamne à retraverser des problématiques déjà discutées et plus ou moins résolues ? Poser cette question est déjà une façon d’y répondre. Nous souhaitons que le JMT contribue à fournir des solutions à ce vaste débat.

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MEDECINE DU TRAVAIL ET DISPOSITIF NATIONAL

Intérêt et limites de l'intégration de la médecine du travail au dispositif national de santé. A. SEMID, H. BENMESSAOUD

Service de médecine du travail, C.H.U BAB EL OUED (ALGER)

1. INTRODUCTION : Ecrire sur la médecine du travail en Algérie, c’est retracer l'évolution de cette spécialité médicale vers son intégration au dispositif national de santé publique à travers les réformes introduites depuis l'année 1984 et les faits et dates marquantes de cette évolution. Les résultats de cette évolution en termes de couverture des travailleurs par la médecine du travail ,de moyens humains mobilisés ,de prestations assurées et de données sanitaires issues des rapports d'activités des médecins du travail sont analysés à différentes étapes pour évaluer les améliorations obtenues tout en cernant les insuffisances, contraintes et effets indésirables enregistrés. 2. DATES MARQUANTES :  Avant l’indépendance : Introduction de la médecine du travail en Algérie par le décret du 14 décembre 1956 plus quatre arrêtés du 12 août 1957, étendant à l'Algérie les dispositions de la loi du 11 octobre 1946 ;  1962 1971 : Associations interprofessionnelles semi-publiques (loi du 11octobre 1946) ;  1er janvier 1971 : Associations interprofessionnelles placées sous contrôle du Ministère du Travail et des Affaires Sociales;  1er juillet 1974 : Création de l’organisme national interentreprises de médecine du travail (O.N.I.M.E.T.) et des mutuelles (Electricité et Gaz, Mines, Chemins de Fer) ; Le journal de la médecine du travail – JMT N°19-

 16 février 1974 : Décret créant les centres médico-sociaux d’entreprises (C.M.S.), et les centres de médecine du travail des grandes entreprises nationales (C.M.T.) ;  À partir de 1979 : Début des services de médecine du travail des secteurs sanitaires universitaires ;  11 février 1984 : Dissolution de l’O.N.I.M.E.T. et transfert de ses missions aux secteurs sanitaires ;  25 novembre 1984 : Arrêté du ministère de la santé créant les services de médecine du travail au sein des secteurs sanitaires ;  26 janvier 1988 : Loi 88-07 relative à l’hygiène, à la sécurité et à la médecine du travail ;  15 mai 1993 : Décret exécutif 93-120 relatif à l’organisation de la médecine du travail, suivi à partir de 2001 d’arrêtés ministériels et interministériels fixant les modalités d’application de certaines dispositions de ce décret. 3. EVOLUTION DE LA MEDECINE DU TRAVAIL : La médecine du travail a été effectivement et assez rapidement implantée dans les structures de santé publique à partir de l'année 1984 (tableau 1). Il n'en demeure pas moins que l'amélioration rapide de la couverture obtenue les premières années (30% des salariés couverts par la médecine du travail) a par la suite eu tendance à stagner en raison des divers dysfonctionnements qui ont accompagné cette évolution.

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Tableau 1 : Structures de médecine du travail (2011) : Structures Nombre Services hospitalo - universitaires C.H.U. E.H.U. E.H.S. E.P.H. E.P.S.P. E.P.H. C.M.T. d’entreprises C.M.S. (Vocation curative surtout)

privation des moyens de financement (cotisations) après la dissolution de L’ONIMET. Son financement actuel est fondé sur une "Convention-type relative à la médecine du travail". Un financement à l’acte (actes médicaux uniquement, les interventions et investigations sur le terrain ne sont pas prises en compte); avec une tarification obsolète datant de 1987.

12 1 1 1 271 55 84 530

4.2 Insuffisance de l'encadrement des activités de médecine du travail L’encadrement des activités de médecine du travail par les administrations centrales concernées reste insuffisant aussi bien au plan réglementaire qu’au plan technique. Au plan réglementaire on note l’absence d'actualisation ou de promulgation de certains textes d'application de la loi 88-07, ainsi qu’une carence en encadrement et mise en place de la prévention de risques professionnels importants tels que l’exposition aux produits cancérigènes, mutagènes et reprotoxiques(CMR), les troubles musculo squelettiques(TMS), et les risques psycho-sociaux(RPS) … Au plan technique, il y a une insuffisance en outils et moyens d’investigations dans les domaines des explorations fonctionnelles en médecine du travail, de l’évaluation des ambiances de travail et de la bio métrologie. D’ailleurs, à ce jour la surveillance de l’exposition aux substances toxiques est non codifiée donc non ou peu assurée; et ce malgré les dispositions encore générales, en l’absence de textes d’application, du décret exécutif 05-08 relatif aux prescriptions particulières applicables aux substances, produits et préparations dangereuses en milieu de travail. Il n’y a pas de valeurs limites tolérées dans l’atmosphère des lieux de travail ; ni d’indicateurs biologiques d’exposition ou d’effet à rechercher périodiquement chez les travailleurs exposés. Il n’y a pas non plus de directives techniques pour les médecins du travail et de dispositions contraignantes pour les employeurs

4. DYSFONCTIONNEMENTS ET ENTRAVES A UNE ACTION EFFICACE DES MEDECINS DU TRAVAIL : Le constat est que les médecins du travail quel que soit leur mode d’exercice sont confrontés sur le terrain à des difficultés qui limitent l'efficacité et l'efficience de leur action, d’autant plus que des confusions sont encore entretenues dans les responsabilités des différents intervenants. 4.1 Intérêt insuffisant des partenaires sociaux et manque de moyens : Un certain désintérêt des partenaires sociaux pour la médecine du travail est constaté depuis une dizaine d'année avec un conseil national d'hygiène, de sécurité et de médecine du travail qui ne fonctionne plus et une commission des maladies professionnelles qui ne s'est pas réunie depuis 10 ans. L’insuffisance du contrôle de l'application de la réglementation par l'inspection du travail et les services de santé a eu pour conséquence une déresponsabilisation de nombreux organismes employeurs. Les actions de prévention sont alors souvent freinées sur le terrain en raison de non prise en considération des recommandations ou préconisations du médecin du travail. Le niveau des sanctions relatives au non-respect des prescriptions législatives et réglementaires en matière d’hygiène, de sécurité et de médecine du travail, est faible et par conséquent non dissuasif pour les contrevenants. Sanctions fixées en 1988 (Loi 88-07 relative à l’hygiène, la sécurité et à la médecine du travail) : Amendes de 1000 à 2000 DA !

4.3 Démographie médicale insuffisante : Malgré tous les efforts consentis à la formation, la démographie médicale reste insuffisante. L’exercice de la médecine du travail est assuré actuellement par 1635 praticiens dont 535 médecins spécialistes (33%), 900 médecins

La médecine du travail n’a pas de moyens spécifiques de fonctionnement depuis sa Le journal de la médecine du travail – JMT N°19 -

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tableau fixé par l’arrêté interministériel du 08 mai 2002, réparant la dysphonie chez le corps enseignant n’a vu le jour que suite à des revendications, à cette période, de ce corps de métier

généralistes (55%) et 200 médecins résidents (12%). Le médecin du travail se trouve souvent dans l’impossibilité de remplir l’ensemble des missions définies par le cadre réglementaire. L’activité reste limitée parfois aux consultations médicales, sans pouvoir consacrer le temps nécessaire à l’étude des conditions de travail et à la participation aux travaux de la CHS… Par ailleurs, les salariés ne saisissent pas nécessairement l'intérêt de ces visites médicales, d’autant que, sur le terrain on ne note pas d’améliorations des conditions de travail.

5. CONCLUSION Le bilan des acquis , mais aussi des limites, des lacunes persistantes et des dysfonctionnements enregistrés, permet d’envisager des propositions de réformes à introduire dans la médecine du travail en Algérie dans le sens de son adéquation avec les progrès accomplis dans le monde vers la santé au travail; tout en identifiant les aspects positifs de l'organisation actuelle à préserver.

4.4 Confusions entachant l’image de la médecine du travail : Des confusions sont encore entretenues dans les responsabilités des différents intervenants, entre médecine du travail et médecine sociale : activité essentiellement curative des centres médico-sociaux et même de certains centres ou services de médecine du travail.

Des acquis à préserver tels que : Un réseau important de services de médecine du travail, répartis sur tout le territoire; La contribution de ces services à la politique nationale de santé (vaccination, éducation sanitaire…) ; Le droit de prescription des médecins du travail ; Le développement appréciable de la formation spécialisée (plus de 200 résidents) par les facultés de médecine, les centres hospitalo universitaires.

Confusion dans le financement des examens complémentaires par les organismes employeurs (toute prescription du médecin du travail relève du volet curatif, donc à la charge de la CNAS !) et dans le remboursement par la sécurité sociale des traitements et examens complémentaires prescrits aux travailleurs (toute prescription du médecin du travail relève du volet préventif, donc à la charge de l’employeur!!!).

Des contraintes et insuffisances qui gagneraient à être mieux cernées pour envisager des propositions que les professionnels de la médecine du travail et de la prévention pourraient formuler pour améliorer le système organisationnel et les conditions d’exercice de la médecine du travail à différents niveaux :  Au plan de l’organisation du travail, du dispositif législatif et réglementaire : - Loi datant de 1988 - Comment renforcer l’inspection et le contrôle? - Comment rendre les sanctions plus efficaces ? - comment assurer une indépendance professionnelle effective aux médecins du travail?

L’absence de statut spécifique du médecin du travail d’entreprise est une entrave à l’exercice de ses fonctions, vu le mode de recrutement par l’employeur avec une rémunération disparate et une indépendance professionnelle non garantie. 4.5 Préjudice professionnel insuffisamment pris en compte : La réparation de maladies professionnelles (basée sur le système des tableaux) est jugée restrictive et désuète, à la lumière de l’évolution des connaissances acquises par l’épidémiologie et la médecine concernant les effets du travail sur la santé. Le nombre de tableaux de maladies professionnelles est resté quasiment immuable depuis 1996 où la liste de ces maladies est passée de 62 à 84 tableaux par arrêté du 5 mai 1996. (J.O.R.A N° 16 du 23 mars 1997). Le 85ème Le journal de la médecine du travail – JMT N°19 -

 Au plan des moyens techniques à mettre en place ou à renforcer : - Laboratoires au niveau des facultés de médecine ? - Services de pathologie professionnelle? 8


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Réseaux de surveillance ou observatoires pour certains risques (CMR, TMS, RPS, mésothéliome, asthmes…).

 Au plan de l’évolution vers la santé au travail: est-il temps ou encore trop tôt ou prématuré d’envisager cette mutation en Algérie?

 Au plan de la prise de conscience collective (partenaires sociaux et pouvoirs publics) de l’importance de la médecine du travail ; BIBLIOGRAPHIE 1234-

Décret exécutif n° 93-120 du 15 mai 1993 relatif à l'organisation de la médecine du travail. Journal Officiel de la République Algérienne N°33 du 19 mai 1993. Loi 88-07 du 26 Janvier 1988 relative à l’hygiène, à la sécurité et à la médecine du travail. Journal Officiel de la République Algérienne du 27 janvier 1988. Semid A. Histoire de la médecine du travail, Revue Médico-Pharmaceutique N° 10, Décembre 1999, pp 42-45 Semid A. et Al. Evolution de la médecine du travail en Algérie et analyse de la situation actuelle, J.A.M. Volume V, N° 3, MaiJuin 1995, pp 170-172

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INTERROGER L’ACTIVITE DES OPERATEURS

La Situation de Travail. Essai de synthèse GUEROUI S.

Service de Médecine du Travail C.H.U. Annaba

De façon empirique, il semble aisé de définir l’objet d’étude d’une discipline – et à fortiori d’une spécialité - médicale : il s’agit en général d’un organe, d’une fonction ou d’un système. La méthode et les outils sont alors envisageables : du stéthoscope à l’IRM. Sommesnous ainsi en droit de recourir à ces raccourcis quand on aborde le cas singulier de la Santé au travail ? La réponse est forcément nuancée car, à côté du médecin du travail, de façon obligée, interviennent d’autres professionnels dont les savoirs, les compétences opérationnelles et les influences ont fort à voir avec le contenu de la réponse en question. Procédons par touches successives et affirmons, à ce stade, que la situation de travail (SDT) est un des thèmes dont l’étude ne relève pas uniquement de la santé au travail, discipline hospitalo-universitaire relativement jeune, venue redéfinir et recouper le champ de la médecine du travail, plus classique, ciblée et donc encourant un risque certain d’être réductrice. Tentons de définir et de situer la SDT, d’en identifier les composantes et les interfaces sur lesquels le médecin axe sa surveillance, d’identifier les facteurs de risque, risques et dangers d’une SDT en les regroupant de façon générique. Rappelons que nous disposons de Techniques d’Identification des Risques (TIR) pour identifier, mesurer et organiser la prévention des facteurs de risque, des risques et des dangers d’une SDT. Rajoutons maintenant une touche supplémentaire en évoquant un concept familier à notre discipline, le poste de travail. Il s’agit là d’un lieu géographique plus ou moins bien intériorisé (le lieu de travail), occupé pendant une tranche de temps conventionnelle (les horaires Le journal de la médecine du travail – JMT N°19 -

de travail) où le citoyen, l’homme et la femme, sont convoqués pour être souvent aliénés dans une organisation normative ou plus souple, un environnement plus ou moins acceptable mais souvent délétère (environnement physique et psychologique), en respect des procédures édictées par le concepteur du travail (en général le patron ou son/ses représentant/s). Ces hommes utilisent des énergies pour produire des biens et services en fonction des objectifs arrêtés. Le monde managérial est très friand de tels instruments conceptuels car ils modélisent un rapport dichotomique rassurant : ce qu’attend la direction (le prescrit) pour le traduire en rémunérations. Ainsi l’activité (le réel) peut pécher par des écarts à la norme et il semblerait alors légitime de gratifier ou de sanctionner le coupable, en l’occurrence l’opérateur. Un support matériel, la fiche de poste, est le reflet formalisé de toute la complexité des rapports ici ébauchés ; elle est déposée dans différentes chambres d’instance décisionnelle et le médecin est destinataire d’un exemplaire censé l’aider à prononcer l’aptitude au travail des différentes catégories de candidats. Le document fait allégrement fi des variations intra et interindividuelles, des influences des contraintes, des régulations et des astreintes coûteuses, du climat biopsychosocial complexe et variable, etc. La fiche de poste fige dans le temps et l’espace une réalité multiple et mouvante ; dans cette logique c’en devient un horizon presque artificiel mais… indépassable ! Tentons de le dépasser ! Revenons au concept de la situation de travail (SDT). La SDT est un équilibre dynamique, en perpétuelle recomposition, entre au moins cinq 10


de ses composantes, équilibre négocié (réussi ou en voie de réussir, éventuellement rompu et souvent renégocié) par l’opérateur dont l’objectif est de réaliser une activité. La SDT est un élément d’un ensemble (ex. : une usine, une banque, un atelier, …) qui obéit aux règles systémiques. La SDT est ainsi influencée et influence en retour les autres SDT plus ou moins proches (et donc le système dans sa globalité). Ces considérations ont des répercussions directes et indirectes sur la santé et la sécurité de l’opérateur. De façon synthétique, nous envisagerons ainsi ces composantes de la SDT : - La composante technologique : la(es) Machine(s), le(s) Outil(s) - L’Organisation - L’Environnement - L’Homme et le Collectif des Hommes (Opérateurs) Il convient d’énoncer dès à présent, dans la logique de l’approche « santé au travail », que le médecin a pour mission de surveiller l’interface entre : - l’Opérateur et la Machine - l’Opérateur et l’Outil - l’Opérateur et l’Organisation du travail - l’Opérateur et l’Environnement - l’Opérateur et les autres Opérateurs L’opérateur est donc l’élément central et signifiant. La surveillance s’exerce spécialement sur les éléments suivants : - Le plan de travail : facteurs anthropométriques, confort postural, dispositions - L’encombrement ou l’accessibilité du poste de travail : circulation, aisance gestuelle, évacuation - Les organes de dialogue : caractéristiques des organes et leur convivialité - Les ambiances : thermique (température, vitesse de l’air, hygrométrie) ; sonore (intensité, fréquence, durée) ; lumineuse (éclairement, luminance, contraste) et l’espace de travail (dimensions, ouvertures, aération) ; les ambiances chimiques (nature du ou des toxique(s), ses caractéristiques, etc.) - La durée de la tâche (découpage du travail, fréquence d’utilisation de l’outil) Le journal de la médecine du travail – JMT N°19 -

- Les relations (contacts hiérarchiques, communications inter individus) - L’autonomie (rythme de travail, gestion des temps de travail et de repos, variation d’allure) - Le travail en équipes (pauses, roulement des équipes, rotation sur un poste) - Les horaires de travail (modes de rattrapage, liberté des horaires) - Les déplacements physiques (répétitivité, longueur) - Charge mentale (prise de décision, niveau d’attention, monotonie) - Responsabilité (prise de décision, probabilité d’erreurs, conséquences des erreurs) - Intérêt de la tâche (emploi des capacités, diversification des activités, identification au produit) Nous pouvons procéder au regroupement générique, par famille, des éléments à surveiller par le médecin : - Le plan de travail, L’encombrement ou l’accessibilité du poste de travail, Les organes de dialogue relèvent de la conception de la SDT - Les ambiances relèvent de l’environnement notamment physique et chimique de la SDT - La durée de la tâche, les relations, l’autonomie, le travail en équipes, les horaires, le déplacement physique relèvent de l’organisation de l’activité - La charge mentale, la responsabilité, l’intérêt de la tâche relèvent du contenu de l’activité. En conclusion, nous tentons cette synthèse dans un but purement pédagogique pour donner au praticien et au Résident en médecine du travail l’occasion de garder en mémoire les différents éléments à interroger pour faire œuvre complète dans l’analyse de la situation de travail. Cependant, nous n’oublions pas que l’activité, objet privilégié de nos interrogations et investigations, déborde les modélisations et les formalisations et reste toujours inédite : elle nous oblige à aller au terrain et à en prendre connaissance pour la transformer au mieux des intérêts des opérateurs. C’est là la finalité des démarches entreprises par le médecin du travail. 11


INTERROGER L’ACTIVITE DES OPERATEURS

Evaluation de la pénibilité physique du travail par la cardiofréquencemétrie chez le personnel soignant N .BENSEKHRIA, W BENHASSINE Service de médecine du travail CHU de ANNABA

Cette étude restitue les résultats de la cardiofréquencemétrie enregistrée sur 74 soignants indemnes de toute pathologie cardiovasculaire exerçant dans le CHU de Batna et quelque autres structures hospitalières de la ville dans les conditions habituelles de leurs travail. Cette étude descriptive, utilisant diverses grilles d’évaluation de la pénibilité se basant sur la fréquence cardiaque montrent que le travail de soignants est qualifié de légère ou modéré. L'évaluation de la FC en temps réel sur le terrain se révèle surtout riche en facteurs de prévention, tant sur le plan individuel de formation et de sécurité des soignants, que pour la recherche constante et collective de réduction des astreintes.

1. INTRODUCTION Depuis plusieurs années, la pénibilité au travail est au cœur des préoccupations des services de santé au travail. Si la pénibilité d'un poste de travail peut s'évaluer de différentes manières, la fréquence cardiaque de l'opérateur reste le meilleur indicateur. Certes les charges physiques sont aisément reconnues pour leur pénibilité, cependant certaines tâches en apparence moins difficiles font aussi monter la pression. La fréquence cardiaque est un témoin global du niveau d’activité, reflétant non seulement le coût énergétique de la contraction musculaire, mais également les réactions de l’organisme aux variations de l’ambiance physique, aux émotions et aux agressions de diverses natures. 2. PROBLEMATIQUE : Notre étude se veut une réponse objective à la question suivante : La cardiofréquencemétrie serait t‘elle un outil d’évaluation objective de la pénibilité physique au travail chez le personnel soignant ? Le journal de la médecine du travail – JMT N°19 -

Une méthode de plus en plus répandue permet d'objectiver le niveau de pénibilité dans un contexte professionnel : l'enregistrement et l'analyse de la fréquence cardiaque à partir de cardiofréquencemétre qui montre que la relation entre la fréquence cardiaque et la charge de travail est linéaire, donc permet de calibrer l’effort physique sur un chiffre et de déterminer si le corps travaille au niveau souhaité ou s’il est en surentrainement. On conçoit donc que cette méthode d’investigation ait pris une grande extension, on lui accorde une place de choix, aussi bien dans les examens d’aptitude physique que pour l’évaluation physiologique du travail de force, ou encore pour l’étude des tâches moins pénible. 3. BUTS ET OBJECTIFS : Lancer une action préventive diminuant la charge physique au travail après avoir : - Evaluer la charge physique en termes de la FC et de coût cardiaque et la Mise en évidence les postes les plus pénibles 12


4. MATERIELS ET METHODES : 4.1. Matériels et choix de la population Nous avons procédé à une étude descriptive analytique, réalisée en Aout-septembre 2012 sur une population de 74 soignants exerçant dans des structures hospitalière de la ville de Batna. . Les sujets ont été sélectionnés selon des critères précis définis au préalable (sujet Sans antécédents de pathologies cardiovasculaires ou autres ayant un retentissement

4.2. Méthodes La méthodologie générale consiste en : - Une identification de la période de travail la plus pénible : - Une réalisation d’une mesure de la fréquence cardiaque durant cette période représentative :  La Mesure de la FC est faite à 3 temps (FC0 au repos, FCW au cours du travail et FCR de récupération)  L’Etalonnage des valeurs de la FC par rapport aux caractéristiques du sujet (FCMT) selon ASTRAND. Afin de déterminer la pénibilité générée par le poste indépendamment du salarié occupant le poste - FCMT (homme) = 220 - âge - FCMT (femme) = 226 - âge

cardiovasculaire, loin des heures des repas, s’occupant à un travail non posté) Les postes à étudier sont choisis de façon à représenter toutes les activités des soignants. (20% des postes analysés appartiennent au secteur de la chirurgie. 19% au secteur des soins médicaux et 10% aux urgences et au secteur technique.) On a utilisé un Cardiofréquencemétre KALENJI : système ceinture –montre (Ceinture portée sous la poitrine transmettant les données à une montre).

5. RESULTATS : 5.1. Profil des soignants étudiés Le sexe : Dans notre échantillon la prédominance est féminine, avec 46 femmes (62.16%) et 28 hommes (37.84%)

Répartition de la population en fonction du sexe 37.84%

- La Méthode des coûts cardiaques (coût cardiaque absolue CCA, coût cardiaque relatif CCR, CCA crête, CCR crête) est également utilisée. Le traitement et l’analyse des données ont été faits sur le logiciel SPSS 15.0

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SEX 62.16%

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F M


L’âge : la moyenne d’âge est de 41.8 ± 8.8 ans, la médiane se situe à 44 ans, minimum 22 ans et un maximum de 55ans Classes d’âge : La classe d’âge la plus représentée est celle des 40-49 ans qui regroupe de 44.59% des soignants

Répartition des postes analysés en fonction de la situation du travail Dans notre échantillon prés du tiers des postes analysés appartient au secteur de la chirurgie soit 20%, les soins médicaux 19% et 10% aux urgences et au secteur technique. EFFECTIFS

POURCENTAGE

CHIRURGIE

20

27.0

TECHNIQUE

10

13.5

INTENSIF

7

9.5

MEDICAL

19

25.7

OBSTETRIQUE

8

10.8

URGENCE

10

13.5

Total

74

100.0

Répartition de la population en fonction des classes d'âge

CLASSAGE

18.92%

44.59%

20-29 30-39 40-49 50-59 Pies show counts

14.86%

21.62%

IMC : L’IMC moyen est de 27.38Kg/m2 ±3.89

Répartition de la p opulation en fonction de la situation professionnelle

SITUATION

10.81%

CHIR FOND

25.68%

13.51%

INTENS MEDICAL OBSTETR URGENCE Pies show count s

9.46%

27.03% 13.51%

Répartition des postes analysés en fonction du corps professionnel Dans notre échantillon des postes, le corps des infirmiers en soins généraux est dominant. Il représente plus de la moitié de nombre total (52.7%).

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Les infirmiers spécialisés (les auxiliaires médicaux d’anesthésie et de réanimation AMAR, les kinésithérapeutes, les infirmiers spécialisés en soins intensif, les laborantins, les instrumentistes, les manipulateurs de radiologie, les sages femmes) au nombre de 32 représentent 43.3% de la population. Le corps des aides soignants représente (4.1%) de l’échantillon.

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Répartition de la population en fonction de corps professionnel

2.70%

1.35%

8.11%

CORPS

8.11% 8.11%

AMAR

KINE

ATS INFIRMIERS

LABO MRX

INSTRUMENT INTENSIFS

SAGEFEMME

8.11% Pies show counts

6.76%

4.05% 52.70%

Répartition des postes analysés en fonction de la spécificité du service Le choix des services a couvert les principales disciplines hospitalières : (cardiologie, chirurgie orthopédique, chirurgie viscérale, neurochirurgie, hématologie, maternité,

médecine interne, médecine du travail, stomatologie, ophtalmologie, pédiatrie, pneumologie, infectiologie, réanimation médicale, réanimation chirurgicale, chirurgie infantile, urgences, néphrologie, urologie, les laboratoires, service des brulés .)

Résultats d’Analyse des postes par la cardiofréquencemétrie

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La moyenne de la fréquence cardiaque au repos FC0 chez notre échantillon atteint (69 .7 ±10.9 bpm) avec un maximum de 95 bpm et un minimum de 46bpm. La fréquence cardiaque moyenne est de 88.0 bpm ± 5.7 bpm, sans qu’elle dépasse les valeurs limite de l’INRS (100 bpm pour l’homme et 105 bpm pour la femme). La moyenne de la fréquence cardiaque plafond atteint 98.6 bpm ±7.7bpm, et elle ne dépasse jamais sa valeur maximale limite de l’INRS (145 bpm). La moyenne de la fréquence cardiaque moyenne théorique est 181.9 bpm ±10.2, avec un maximum de 204.0 bpm et un minimum de 165.0 bpm. Le coût cardiaque absolu moyen qui est la Différence entre la moyenne des FC au travail et Celle des FC de repos (FC de référence) 6. ANALYSE : L’analyse est faite à 3 niveaux : 6.1. Analyse de la FC a) FC moyenne : La fréquence cardiaque moyenne est de 88.0 bpm ± 5.7 bpm, sans qu’elle dépasse les valeurs limite de l’INRS (100 bpm pour l’homme et 105 bpm pour la femme) b) FC crête : La moyenne de la fréquence cardiaque plafond atteint 98.6 bpm ±7.7bpm, et elle ne dépasse jamais sa valeur maximale limite de l’INRS (145 bpm) c) FC récupération : La méthode de Brouha (1) Qui permet de connaitre le niveau d’astreinte et ne requiert qu’un simple repos de trois minutes .les travailleurs doivent s’assoir sur le lieu même de travail et mesurer leurs FC. Dans notre étude elle montre l’absence des dépassements dans tous les enregistrements pour le premier critère, soit : FCR1 (la FC de la seconde moitie de la première minute de pause) < 110 bpm dans les 74 enregistrements; et un dépassement pour le deuxième, soit FCR1 – FCR3 > 10 bpm n’est pas respecté dans 44 cas sur 74. La récupération physique est insatisfaisante puisque le retour à la fréquence cardiaque de repos est lent et irrégulier.

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CCA = FCw – FCo atteint 18.28 % ± 9.56 Le coût cardiaque absolu crête moyen de l’échantillon qui est la Différence entre la moyenne des FC crête au travail et la moyenne des FC de repos CCA crête = FC crête –FC o atteint 28.90 % ± 10.79 Le CCR (Rapport (%) entre CCA moy et réserve cardiaque) moyen chez notre échantillon atteint 15.92%, avec un minimum de 2.33% et un maximum de 33.88%, avec un dépassement de la valeur limite dans 3 cas sur 74. La moyenne de CCR crête chez notre échantillon atteint 25.60 %, avec un minimum de 9.47% et un maximum de 44.79%, sans qu’elle dépasse la valeur limite (50%). Ces anomalies de FCR sont associées soit à l’âge (moyen d’âge 41.7 ±8.8 ans), à des capacités d’effort basses, à la sédentarité, aux autres facteurs tel que l’obésité (IMC moy = 27.38 ±3.89 kg/m2) (surpoids selon la classification de l’OMS) 6.2. Analyse de CCR a) CCR moyenne : Le CCR (Rapport (%) entre CCA moy et réserve cardiaque) moyen chez notre échantillon atteint 15.92%, avec un minimum de 2.33% et un maximum de 33.88%, avec un dépassement de la valeur limite dans 3 cas sur 74. (Valeur limite (Monod, INRS, Rodgers) : 30%) b) CCR crête (Rapport (%) entre CCA crête et réserve cardiaque) La moyenne de CCR crête chez notre échantillon atteint 25.60 %, avec un minimum de 9.47% et un maximum de 44.79%, sans qu’elle dépasse la valeur limite (50%). 6.3. Les grilles de pénibilité a) Grille de pénibilité de H.MONOD et B.KAPITANIAK Coût cardiaque relatif La pénibilité de travail 45-60% Très élevé 30-45% Elevé 20-30% Modéré 0-20% faible

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Selon le Grille de pénibilité de H.MONOD et B.KAPITANIAK (5) qui base sur le CCR: 74.3% des postes de travail sont de pénibilité faible, 25.7 % de pénibilité modérée. b) Échelle de meunier, SMOLIK et KNOCHE

Et selon l’échelle de MEUNIER, SMOLIK ET KNOCH qui se base sur la somme de la cotation de la FC moy +FC crête+ CCR : 56.8% du travail chez le personnel soignant est scorer comme léger et 43.2% est modérément pénible.

6.4. Analyse de la pénibilité du travail en fonction du sexe, âge, corps et la situation professionnelle L'analyse des moyennes de la pénibilité du poste (grille de meunier) en fonction du sexe et de l’âge révèle l'absence d'une différence significative entre les groupes. (p=0.16, p= 0.32). Alors que l’analyse de la pénibilité de poste en fonction de la situation et le corps professionnel montre une relation significative (p = 0.06 et p= 0.003)

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6.5.

Analyse de la pénibilité du travail en fonction du service

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7. DISCUSSION La fréquence cardiaque est un témoin global du niveau d’activité, reflétant non seulement le coût énergétique de la contraction musculaire, mais également les réactions de l’organisme aux variations de l’ambiance physique, aux émotions et aux agressions de diverses natures. Les résultats de notre étude montrent que les FC crêtes chez les 74 soignants sont largement au dessous des recommandations de l’INRS et au dessous de la FCMT malgré que : -La période analysée est la plus pénible de la journée de travail, - notre population ne peut pas être considérer comme population jeune vu que la moyenne d’âge est de 41.8 ans -La majorité de notre population est féminine (la FC chez la femme est plus élevée que chez l’homme). -L’IMC moyenne de la population objective un surpoids ce qui favorise l’élévation de la FC Et selon l’utilisation des divers grilles de pénibilité l’exercice de soignant est définit comme légèrement ou modérément pénible Se qui rejoint les résultats d’une autre étude menées en 2010 (7) auprès de 116 soignants pour évaluée la pénibilité des postes de travail a travers la contrainte posturale, Dont l’analyse de la posture est faite par le système OWAS (Ovako Working Analysing Posture) qui classe la pénibilité des postures en 4 stades. Cette étude a montrée que le personnel de soins est exposé à une charge physique minime Et que le travail en milieu hospitalier n’est pas

qualifié de lourd, malgré l'absence totale des moyens de manutention de patients et de matériels. Concernant les postes de travail considérés comme les plus pénibles les résultats des deux études convergent approximativement vers les mêmes postes et qui sont : celui de la sage femme de la salle d'accouchement et des urgences de la maternité, du soignant de grands brulés, du manipulateur d'appareils mobiles de radiologie, du infirmier de la réanimation et enfin celui de l'infirmier qui place et retire le plâtre. 8. CONCLUSION Le développement récent de systèmes fiables, d'utilisation simple et de coût relativement modique de mesurage de la FC peuvent accélérer leur diffusion dans le domaine de la médecine du travail. Les CFM permettent une quantification de l'astreinte physique d'une situation de travail qui a été repérée de façon subjective lors d'une visite d'entreprise ou lors de l'interview des salariés. La FC confirme souvent l'impression subjective. L'utilisation de la FC dans un but de prévention et en particulier d'amélioration de la situation de travail impose simultanément une observation précise du travail et le recueil de FC sur un nombre adapté de salariés. La cardiofréquencemétrie a permis au médecin du travail de définir l’exercice de soignant comme légèrement ou modérément pénible.

BIBLIOGRAPHIE 1. MEYER, Fréquence cardiaque indice d’astreinte, DMT 68, 1996. 2. MEUNIER P., Cardiofréquencemétrie : bases pratiques d’interprétation et classification des traces ; Journée « Cœur et Travail », Société de Santé au Travail de LYON, 18 septembre 2009 3. COURJARET M.-H., Contraintes physiologiques du poste de conduite des grues à tour, CONGRES DEAUVILLE ; 2007 4. Le Boisselier S.; Dr Michèle Weber, Apport de la cardiofréquencemétrie pour déterminer la charge physique et l’aptitude des salariés ; 32 congrée nationale de médecine et de santé au travail ; les Archives des maladies professionnelles et de l'environnement, vol.73, n°3, juin 2012 5. MONOD H., KAPITANIAK B., Grille de pénibilité ; Collection Abrégé Masson, Paris, 1999, pp 109-123. 6. ILIOU M.C., CRISTOFINI P., Fréquence cardiaque en récupération lors d’une épreuve d’effort ; service de réadaptation 7. BENSEKHRIA N., W. BENHASSINE, La contrainte posturale chez le personnel soignant de la wilaya de Batna. N.. JMT, N° 17 /2012

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INTERROGER L’ACTIVITE DES OPERATEURS

La stérilisation au bloc opératoire d’un service de chirurgie orthopédique : Enjeux pour la qualité des soins et des conditions de travail CHAIB S.

Service de médecine du travail CHU de Tizi Ouzou

Cette étude a pour principal objectif d’accompagner un audit sur la stérilisation du point de vue de l’activité au bloc opératoire d’un service de chirurgie orthopédique. Ainsi, l’intervention ergonomique réalisée est centrée sur l’analyse de l’activité des opérateurs intervenant au local de stérilisation des dispositifs médicaux. L’analyse de la situation de travail comprend la description des locaux, des conditions d’exécution de la tâche, de la population et de l’organisation du travail. Cette partie nous permet aussi d’apprécier l’activité des opérateurs et ses conséquences. L’analyse de l’activité révèle des écarts très significatifs par rapport aux règles de bonnes pratiques. A l’issue de l’analyse des dysfonctionnements et des contraintes de la stérilisation, des propositions ont été élaborées dans le cadre d’une démarche participative afin d’envisager l’amélioration de la qualité des soins et de l’état de santé des opérateurs. CONTEXTE ET OBJECTIF L’asepsie est un élément déterminant dans un bloc opératoire. La stérilisation est un moyen de prévention des infections du site opératoire. Elle est considérée comme un soin indirect au patient. Afin de minimiser les risques opératoires, le bloc opératoire a besoin d’une stérilisation d’une excellente qualité ou à la rigueur fiable. Ce qui pourrait contribuer à la bonne prise en charge du patient. La stérilisation au CHU de Tizi Ouzou est décentralisée, elle se fait au niveau des arrières blocs des services chirurgicaux. La stérilisation des dispositifs médicaux s’effectue par stérilisation à la chaleur humide (stérilisateurs à vapeur d’eau ou autoclaves) ou par stérilisation à la chaleur sèche (stérilisateurs à la chaleur sèche ou Poupinel) en fonction du matériel. Il est à noter que la stérilisation à la chaleur sèche a montré ses limites. Et du fait de l’acquisition de nouveaux autoclaves de paillasse, les « poupinel » sont en voie de disparition progressive. Au fur et à mesure que les services chirurgicaux sont rénovés, ils ont été équipés de stérilisateurs de Le journal de la médecine du travail – JMT N°19-

dernière génération. Cependant, il n’y a aucune traçabilité de leur fonctionnement ni de maintenance préventive, ce qui pourrait influer sur l’efficacité de la stérilisation. Actuellement, le CHU a mis en place des groupes de travail pour l’élaboration d’un projet d’établissement qui entre dans le cadre d’une démarche qualité. L’afflux des malades au CHU pour une meilleure prise en charge influe sur la qualité des soins dispensés. Les infections nosocomiales constituent une charge pour l’établissement du fait de leur morbidité, leur mortalité et leur surcoût liées à l’émergence de BMR. Assurer une bonne prise en charge du patient et garantir sa sécurité constituent le principal enjeu de l’activité de stérilisation. Par ailleurs, la majorité des dispositifs médicaux utilisés lors des interventions chirurgicales sont réutilisables et donc économiques. Mais ils ne doivent pas être de moindre qualité. Le matériel à usage unique bien qu’en étant plus pratique, il est beaucoup plus coûteux. L’enjeu de la stérilisation est aussi financier. Pour répondre à ces enjeux de santé, de qualité et de rentabilité, il faut penser à une 20


médicaux thermorésistants des interventions effectuées au cours de cette journée. L’analyse de l’activité de ces opérateurs nous permet de comprendre en quoi les moyens de contrôles de la stérilisation et la qualification du personnel peuvent être reliés au travail qu’ils ont à effectuer, à son organisation et aux éventuels effets sur leurs charges de travail et sur la qualité du produit final. Pour notre observation, on a opté pour la retranscription manuelle des observables sur une grille permettant de coder les items de comportement des opérateurs.

activité de stérilisation qui soit la mieux adaptée aux besoins des patients, des opérateurs et du CHU. « L’enjeu pour les acteurs du système de santé, dont le patient est le premier n’est pas seulement de s’exprimer, s’échanger ou de passer des compromis, pas seulement de réagir ou de s’indigner, il est de réfléchir et de construire ensemble pour le bien de tous » [1]. Lors d’une réunion de la CHS avec des membres du CLIN, le directeur général nous a demandé d’élaborer un procédé de surveillance de la stérilisation suite à des plaintes concernant le manque de moyens de contrôles de la stérilisation et de personnel qualifié. L’analyse de la situation de travail d’un groupe d’opérateurs intervenant dans le local de stérilisation d’un bloc opératoire d’un service de chirurgie orthopédique permet de souligner à la fois les divers savoir-faire des opérateurs et les difficultés pouvant découler d’une organisation de travail et d’un espace qui ne répondent pas aux besoins de travail. L’objectif de cette étude ergonomique est d’accompagner, un audit de la stérilisation des dispositifs médicaux thermorésistants réutilisables au bloc opératoire du service de chirurgie orthopédique, du point de vue de l’activité, en se posant la question suivante : Estce de la qualité du travail fourni par le personnel dont va dépendre la qualité de la prestation de cette activité (stérilisation) ?

RESULTATS La désinfection stérilisation du matériel s’effectue au niveau de l’arrière bloc du service de chirurgie orthopédique (Figure 1). Cet espace est exigu. En effet, l’architecture de l’arrière bloc telle qu’elle est actuellement, met au service du personnel y exerçant un espace qui ne se laisse pas manipuler dans et pour le travail. Les différentes dimensions du travail : contenu, exigences, contraintes et ambiances physiques sont considérées dans leur rapport à l’espace. « L’architecture lorsqu’elle intègre ces éléments de complexité devient une véritable ressource pour les besoins du travail. Elle devient le moyen par lequel il est possible d’offrir un potentiel d’espaces notamment lorsque l’espace de travail est envisagé sous l’angle d’un construit et pensé pour contenir un travail. Elle peut se transformer en contrainte lorsqu’elle les ignore et tente d’imposer un modèle sans considération du travail réel » [2]. Au niveau du local de stérilisation, il est important d’observer que la désinfection, le nettoyage, le rinçage et le séchage du matériel souillé, s’effectuent sur les mêmes lieux avec le conditionnement du matériel propre, la récupération des boîtes stériles du poupinel pour les stocker dans le local des instruments stériles. De même que la récupération des tambours de champs et de compresses stériles pour les stocker au local de désinfection du matériel souillé. « Un espace de travail adéquat est nécessaire. L’ergonomie participative permet de partir du travail réel pour proposer des aménagements de l’organisation et de l’espace qui correspondent mieux aux besoins. L’impact de l’architecture sur la qualité des soins doit être souligné » [3].

METHODOLOGIE Dans une première étape, on a interrogé les différents interlocuteurs de la situation de travail (chef de service, chefs de bloc, chirurgiens, instrumentistes et agents de service) sur le processus technique de la désinfection stérilisation du matériel souillé, les produits utilisés, la population concernée, les problèmes rencontrés et sur les projets futurs. Dans une deuxième étape, on a consulté la présidente du CLIN, les responsables de la pharmacie centrale, de la pharmacie instrumentation et la direction générale. Plusieurs visites ont été effectuées au bloc ainsi que des entretiens avec le personnel. Au cours d’une journée de travail, les observations ouvertes puis systématiques ont été réalisées auprès du chef de bloc, d’un instrumentiste et de trois agents d’entretien. Il s’agissait d’observer la manière dont les opérateurs désinfectent, lavent, rincent, conditionnent et stérilisent les dispositifs Le journal de la médecine du travail – JMT N°19-

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d’infection nosocomiale. La stérilisation pouvant être reportée pour le lendemain.

Organisation du travail au bloc opératoire Le bloc opératoire du service d’orthopédie est fonctionnel de 8 heures à 16 heures avec parfois des heures supplémentaires pour la stérilisation du matériel, voire le week end pour la désinfection de l’air et des surfaces en cas d’intervention septique faite en fin de semaine. Le programme opératoire est élaboré fin de semaine. Généralement six malades sont programmés par jour, soit 3 malades par salle opératoire. Le staff quotidien peut rajouter des cas urgents et le nombre de malades à opérer peut atteindre huit par jour. De ce fait, la plupart du temps, des malades programmés sont reportés à une date ultérieure. La préparation du matériel stérile se fait la veille avant l’intervention avec prise de précautions pour les urgences (la prise en charge des fractures des sujets âgés ne se fait pas au PUMC mais au service : fracture du col du fémur, fracture per trochantérienne ou bien les tumeurs osseuses). Ces malades passent en priorité ensuite les malades hospitalisés. Au fur et à mesure que les chirurgiens opèrent, le matériel souillé est stérilisé. On assiste parfois à des cas imprévus, il s’agit de malades externes non programmés, et donc il faut préparer le matériel stérile nécessaire le jour même. Il est à noter qu’au moins deux restérilisation de matériel sont effectuées par semaine. Les malades à risque infectieux (par exemple une spondilodiscite) sont programmés fin de semaine et en fin de programme. De telle sorte que le bloc opératoire soit désinfecté à l’issue. Et en cas de découverte d’un foyer infectieux purulent (pseudarthrose suppurée) lors d’une reprise d’un malade opéré auparavant, le programme opératoire de la journée est reporté afin de désinfecter le matériel et tout le bloc opératoire.

Diagnostic Au terme de nos visites, de nos entretiens et des verbalisations, nous avons relevés certaines difficultés et insuffisances : Insuffisances techniques - Absence de contrôles fonctionnels journaliers de l’évacuation de l’air (Test de Bowie Dick, enregistrement de la température et de la pression sur des graphiques). -Pas d’indicateurs chimiques (de passage, à paramètres multiples qui testent à la fois temps, température et pression). -Les boîtes sont retrouvées parfois humides. -Pas de validation du cycle de stérilisation lors de l’installation des autoclaves par le fournisseur, ni de contrôle périodique de l’autoclave : requalification. -Pas d’emballage pour le stockage du matériel stérilisé (pour une longue durée s’il n’est pas utilisé). Insuffisances organisationnelles -Absence de la disponibilité des agents de la maintenance -Parfois, mauvaise qualité du séchage du linge au niveau de la buanderie (source d’infection nosocomiale). -La durée de désinfection est estimée approximativement et non respectée en fin de journée. Il est à noter qu’une désinfection insuffisante peut offrir aux germes une protection contre l’agent de stérilisation et entrainer une contamination chez les patients. -Conditionnement du matériel propre et stockage des tambours stériles dans le même local servant au nettoyage du matériel souillé. Autrement dit, pas de séparation entre zone sale ou contaminée (nettoyage du matériel) et zone propre (conditionnement et stérilisation). -Restérilisation tous les trois jours en raison de l’absence d’emballage pour une longue durée. -Absence de traçabilité (documentation des différentes étapes).

Analyse de l’activité (Figure 2) Le collectif de travail se retrouve dans une situation de travail non contraignante mais génératrice d’une sensation de surcharge. Des indices d’alerte relatifs à leur état interne « fatigue » les amènent à modifier les objectifs ou les moyens de travail pour éviter les atteintes à leur santé. Par exemple, en fin de journée, tout le personnel est irrité. On note une entraide machinale pour ranger le bloc et nettoyer. Cependant, la réduction du temps de contact des instruments avec le désinfectant, ou un mauvais séchage des instruments peut être une source Le journal de la médecine du travail – JMT N°19-

Contraintes humaines - Pas de formation pour la stérilisation (utilisation et surveillance de l’autoclave, tests de contrôles du bon fonctionnement, maintenance préventive). 22


-Pas de formation des instrumentistes lors de l’acquisition d’un nouveau matériel, ce qui se répercute sur la durée de l’intervention, et lors du conditionnement et la vérification du matériel. -Pas de responsable de la qualité de la stérilisation. La qualité de la stérilisation dépend de la qualité du travail effectué, mais aussi de la qualification du personnel, de la formation continue, de la motivation du personnel et de sa conscience.

Selon Madeleine Estryn Behar, en milieu hospitalier, l'analyse de l'activité de travail « permet de préciser les déterminants de l'activité qui doivent être modifiés pour améliorer la qualité des soins, le respect des règles d'hygiène et pour la protection de la santé des soignants » et que les « fautes d'asepsie ne peuvent se comprendre et s'éviter qu'en modifiant l'organisation et l'espace de travail, non d'un geste effectué par un soignant isolé, mais d'une équipe » [6].

DISCUSSION ET PROPOSITIONS Un relevé systématique des données a permis de préciser les modifications d’activité, d’interlocuteurs, des interruptions. Cependant, étant la seule observatrice, des relevés d’observation pour chaque opérateur était impossible, d’où l’intérêt du recours à deux observateurs ou plus, chacun centrant ces relevés sur un opérateur, ce qui permet aussi des observations riches qui peuvent mettre en exergue des logiques d’actions propres à chaque opérateur [4]. L’analyse ergonomique du travail basée sur l’analyse de l’activité de stérilisation a révélé des écarts très significatifs par rapport aux règles de bonnes pratiques. Est en cause l’absence de commande de matériels, de nombreuses interruptions dans la continuité, ainsi que le dysfonctionnement du bloc opératoire du pavillon des urgences chirurgicales conduisant à un transfert des patients âgés vers le bloc opératoire du service d’orthopédie et une reprogrammation constante des interventions de celui-ci qui met en difficulté le planning de stérilisation, avec répercussion sur l’état de santé des opérateurs du local de stérilisation. L’écart par rapport aux règles de bonnes pratiques ne concerne pas uniquement le CHU de Tizi Ouzou. En effet, en 2009, au cours d’un audit réalisé dans les établissements de santé de la wilaya d’Alger, les procédures de traitement des dispositifs médicaux ne sont pas respectées et aucun procédé de contrôle de la qualité de la stérilisation n’est disponible dans la quasi-totalité des établissements [5]. La multiplicité des personnes impliquées, les interruptions fréquentes, le travail dans le cadre de l’urgence, l’absence de responsabilisation, de formation, de moyens font que même quand il y a des protocoles de bonnes pratiques établis par l’établissement, leur application n’est pas toujours certaine.

Propositions à court terme - Prévoir des indicateurs chimiques : - Les indicateurs de passage « classe 1 ou A » doivent impérativement être placés sur tous les emballages (permettent de différencier « stérilisé » de « non stérilisé »). -Les indicateurs de procédé « classe 2 ou B », c’est le paquet test BD qu’il convient mieux d’acheter tout préparé. -Les indicateurs à paramètres multiples « classe 4 à 6, ou D » doivent être placés dans chaque charge de stérilisation, et conservés en traçabilité dans le dossier de stérilisation avec le numéro du cycle, de stérilisateur, date de stérilisation et visa de l’agent formé qui libère la charge. -Papier pour les graphiques des cycles de stérilisation -Plombs de verrouillage pour les conteneurs autoclavables garantissant l’inviolabilité jusqu’à l’utilisation. -Revoir les emballages et les stockages ce qui éviteraient des pertes de temps en restérilisations inutiles et qui peuvent être dangereuses en raison des risques d’atteintes à l’intégrité physique et fonctionnelle du matériel. -Prévoir un emballage des conteneurs dans deux feuilles non tissées synthétiques et panier de manipulation pour une durée de conservation de 06 mois. -Etiquetage de chaque emballage (le nom du dispositif, la date limite d’utilisation, n° du cycle ou date). De préférence, utiliser une étiquette autocollante. -Pour les charges humides, essayer de demander un préchauffage de la cuve de 5 minutes en début de cycle avant extraction d’air et/ou injection de vapeur. Regarder aussi si les phases de séchage sont fractionnées pour le cycle prion. Selon le chef d’unité « bloc opératoire »: toutes les urgences traumatologiques doivent être faites au pavillon des urgences.

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-Dégager une personne spécialement pour la stérilisation et la former. -Prévoir un planning de maintenance préventive des autoclaves (en se référant à la notice d’utilisation et de maintenance du stérilisateur) afin de réduire les risques de panne, de maintenir dans le temps les performances initiales minimales du matériel et de préserver la sécurité des utilisateurs. - Parmi les éléments qui permettent le maintien de la qualité de l’air, le comportement de l’équipe chirurgicale (nombre, allées et venues, habillage, gestuelle) et l’ordre de passage du patient selon son statut.

systématiques débouchent sur des résultats objectifs et donc on peut mesurer les écarts à la norme sans occulter les observations subjectives Le diagnostic local est certes important mais on ne peut concevoir qu’un bloc marche de façon normale si l’environnement, l’organisation contiennent des dysfonctionnements. Un défaut de formation des opérateurs, ou d’information sur les risques peuvent conduire à l’échec. Nous avons mis le doigt sur une formation non appropriée (manque de connaissance lors de la formation de base : Formation au risque de l’individu, information sur les risques professionnels, formation de l’individu agissant dans un groupe) d’où l’intérêt de rajouter la formation dans le cursus et de faire une période d’essai pour les anciens après une formation sur site. La maîtrise du risque infectieux au bloc opératoire passe par la mise en place d’une démarche qualité, une amélioration des pratiques incluant formation, stabilité du personnel et une meilleure organisation. Une réorganisation des tâches au bloc opératoire d’orthopédie est indispensable sans omettre la réorganisation des liens avec le pavillon des urgences médico-chirurgicales. Une réorganisation des espaces pour répondre aux besoins du travail est aussi indispensable, mais impossible. Ces résultats interpellent les décideurs de l’établissement à penser à l’activité avec ses répercussions sur la santé et l’efficacité économique, dans le processus de décision d’achats, de réaménagements ou de construction.

A moyen et long terme - Formation des instrumentistes et du responsable de la stérilisation lors de l’achat d’un nouveau matériel. - Qualification des stérilisateurs lors de la mise en service avec un diagramme de référence de l’enregistrement pression/T°/temps qui est un élément essentiel de la validation du cycle de stérilisation. Pour les anciens stérilisateurs, requalification annuelle. - Proscrire l’utilisation du Poupinel (inefficace contre le prion). - Prévoir une stérilisation centrale pour tout le CHU. Centralisation des moyens existants, des qualifications et des contrôles. Cela permettrait aussi de dégager des moyens humains et matériels pour une meilleure efficience. CONCLUSION Les observations ouvertes débouchent sur des résultats subjectifs une façon d’être informé et formé. Les observations

Remerciements L’auteur remercie pour leur collaboration Messieurs les professeurs Francois DANIELLOU, Said GUEROUI, Brahim MOHAMED BRAHIM et Monsieur Francois GUERIN. BIBLIOGRAPHIE 1. Spiroux J. Rambaud C. Infections nosocomiales et risques liés à la santé. Editions Josette Lyon, Paris 2008. 271p. 2. Heddad N. Architecture et ergonomie à l’hôpital, la relation espace et travail. Journées de l’association suisse des médecins d’entreprise des établissements de soins. Ergonomie à l’hôpital. CHUV-Lausanne, 6-7 Septembre 2006. 3. Estryn-Béhar M. Intérêt de l’ergonomie participative : cibler et évaluer les actions de prévention des risques professionnels et d’amélioration des conditions de travail. Journées de l’association suisse des médecins d’entreprise des établissements de soins (SOHF). Ergonomie à l’hôpital. CHUV-Lausanne, 6-7 Septembre 2006. 4. Guerin F, Laville A, Daniellou F, Duraffourg J, Kerguelen Al. Comprendre le travail pour le transformer-La pratique de l’ergonomie. ANACT, 2007 : 318p. 5. Brahimi G, Larinouna A, Belkaid R, Soukehal A. Stérilisation des dispositifs médicaux réutilisables. 5ème Journées Nationales d’Hygiène Hospitalière et de Lutte contre les Infections Associées aux Soins de l’Hôpital Bologhine. 24.05.2012. 6. Estryn-Behar M, Bitot T, Milanini G. Hygiènes, 6 (1), 1998: 38-46. Le journal de la médecine du travail – JMT N°19-

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INTERROGER L’ACTIVITE DES OPERATEURS

Les nouvelles technologies d’information et de communication (NTIC) et santé au travail KERKACHA R, IDDER-LAIB C, HADDAR M. SUMT de Rouiba, Alger

1- INTRODUCTION Les technologies de l'information et de la communication (TIC ou NTIC pour « Nouvelles Technologies de l'Information et de la Communication » ou IT pour « Information Technology ») regroupent les techniques utilisées dans le traitement et la transmission des informations, principalement de l'informatique, de l'internet et des télécommunications. Après l'invention de l'écriture, les premiers pas vers une société de l'information ont été marqués par le télégraphe électrique, puis le téléphone et la radiotéléphonie, alors que la télévision et l'Internet puis la télécommunication mobile et le GPS ont associé l'image au texte et à la parole "sans fil", l'internet et la télévision devenant accessibles sur le téléphone portable qui est aussi appareil photo. Les usages des TIC ne cessent de s'étendre, surtout dans les pays riches. De l'Agriculture de précision et de la gestion de la forêt (traçabilité des bois pour lutter contre le trafic), et le monitoring global de l'environnement planétaire ou de la biodiversité à la démocratie participative (TIC au service du développement durable) en passant par le commerce, la télémédecine, l'information, la gestion de multiples bases de données, la bourse, la robotique et les usages militaires, sans oublier l'aide aux handicapés (dont les aveugles qui utilisent des synthétiseurs vocaux avancés ainsi que des plages de braille éphémère).

Le TAM prévoit que l'acceptation d’une TIC par les utilisateurs est basée sur l'influence de deux facteurs : l’utilité perçue et la facilité d'utilisation perçue. Le TAM pose en principe que les perceptions qu’ont les utilisateurs de l'utilité et de la facilité d'utilisation déterminent des attitudes d’utilisation des TIC qui influencent à leur tour les intentions d’utilisation. 2- Les modèles basés sur la satisfaction de l’utilisateur (user information satisfaction) Une autre approche théorique considère que l’utilisateur cherche d’abord à maximiser sa satisfaction et voit ainsi, dans l’évaluation subjective de la satisfaction durant l’usage, une cause déterminante du succès d’une technologie et donc de son utilisation. Cette approche a amené la prise en compte de deux nouvelles dimensions importantes pour apprécier l’acceptation des systèmes, à savoir la qualité du système et la qualité de l’information. Ces deux critères affectent conjointement l'utilisation du système et la satisfaction d'utilisateur. L’approche basée sur la satisfaction de l’utilisateur suggère donc implicitement un modèle de la relation humain-technologie-organisation en boucle ou en interactions itératives (répétitives ou récurrentes). Cette approche (satisfaction) fournit une sorte de construit additionnel au TAM dans le sens où les niveaux d’analyse disciplinaire sont différents : psychologie sociale pour le premier modèle, sciences du management centrées sur la satisfaction du client pour la seconde approche.

2- CONCEPTS ET MODELES THEORIQUES Plusieurs modèles théoriques essayent d'expliquer les interactions Homme-TIC et les relations entre les attitudes des utilisateurs, la satisfaction d’utilisation et l'intention d’utiliser une TIC. 1- Le modèle d’acceptation des technologies (Technology Acceptance Model) ou TAM Le journal de la médecine du travail – JMT N°19 -

3- Les modèles basés sur la théorie de la non conformité aux attentes (expectancy disconfirmation theory) Contrairement à l’approche précédente qui posait la satisfaction comme conséquence de l’évaluation de certains critères par l’utilisateur lors de l’usage, 25


de dangers et de pollutions pour la planète; elles deviennent alors des parasites. Autrement dit, l’approche symbiotique étudie les conditions de couplage entre les humains et les TIC en contexte, alors que les approches classiques envisagent la relation sous la forme « d’acceptation ».

la théorie de la non-conformité se propose de rendre compte de la construction de la satisfaction selon trois processus : - les attentes, qui sont les représentations préalables et qui forment les présuppositions sur une technologie; - la performance, qui correspond à l'expérience vécue, c’est-à-dire ce qui a retenu l'attention lors de l’interaction avec la technologie, - la confirmation, qui est l'étape cognitive qui détermine la satisfaction en faisant l'évaluation de la congruence entre la performance et les attentes. Autrement dit, la satisfaction de l’utilisateur provient de la conformité entre les attentes et les résultats évalués par l’utilisateur; à l’inverse, la non-conformité des attentes baisse de la satisfaction donc sousutilisation des systèmes techniques. Nous avons pu constater que, pour toutes les approches précédentes, la technologie est envisagée comme quelque chose qu’on accepte ou on refuse. Elle est donc envisagée comme étant extérieure à l’individu. Dans ces approches, l’humain accepte de l’utiliser si des conditions internes (attitudes, cognitions, représentations, perceptions…) et/ou externes (satisfaction attendue, contexte organisationnel, démarche d’accompagnement…) sont favorables, c’est-à-dire évaluées positivement. C’est sur ce point que l’approche symbiotique se distingue.

3- IMPACTS TIC SUR LA SANTE AU TRAVAIL Les nouvelles technologies de l’information et de communication (NTIC) sont décrites par plusieurs études comme des ressources et des contraintes pour les professionnels. Ce double constat commun rend difficile la mesure des impacts des changements du travail sur la santé, car ils traduisent une double perspective sur la santé : d’un côté l’augmentation de la charge, de l’autre côté, la construction de facteurs protecteurs comme le développement des compétences. Aussi, l’interaction avec les nouvelles technologies informatiques est à considérer de façon complexe selon le parcours des professionnels, leur condition d’apprentissage et d’appropriation de l’outil, leur secteur d’activité (conception, relation de service, aide technique) et leur vécu du changement. Les effets des NTIC sur la santé au travail peuvent être abordés selon trois approches méthodologiques :

4- Le modèle de la symbiose humain-technologieorganisation L’approche symbiotique considère que les technologies sont des prolongements de l’humain et que le développement technologique repose sur l’idée d’une proximité forte, voire d’une fusion humain-machine ou d’interfaçage des cerveaux avec les machines. Dans cette perspective, plusieurs auteurs développent la notion de symbiose humainmachine et considèrent que l’humain devient progressivement dépendant de la technologie et développe avec elle un lien intime de mutuelle influence. À titre d’exemple, il semble intéressant de se référer à De Rosnay (2000). Il l’aborde notamment au travers la relation entre l’humain et l’automobile. L’humain entretient un parc de plus de 500 millions de véhicules, extrait l’énergie qui les nourrit, construit des routes pour leur circulation, des garages pour leur réparation et des usines pour leur reproduction. En échange du maintien et de la reproduction de « l’espèce automobile », les voitures donnent aux humains une vitesse de déplacement accrue. Malheureusement, elles sont également génératrices Le journal de la médecine du travail – JMT N°19 -

1. Les recherches basées sur une approche ergonomique visent à mesurer les effets des TIC sur les modifications de l’activité de travail Plusieurs aspects sont évoqués par ces études : Les études qui s’intéressent aux risques liés au travail sur écran essaient de quantifier le nombre de changements de direction du regard comportant des mouvements de la tête selon le nombre de fenêtres ouvertes sur l’écran informatique, afin d’évaluer des risques de maux de dos, de TMS ou de tout trouble de santé physique apparaissant avec l’utilisation prolongée des outils informatiques. Les difficultés de lecture, la faiblesse de fonctionnement des logiciels et 26


de décision vers des niveaux hiérarchiques plus bas. L’évolution vers des organisations plus horizontales exige mais aussi facilite, une meilleur qualification et polyvalence des salariés, les salariés utilisateurs de TIC devraient donc se voir confier des tâches moins répétitives. Les TIC et les changements organisationnels qu’elles induisent tendent aussi à donner une plus grande autonomie et davantage de responsabilité aux salariés, les salariés ont d’avantage de liberté pour organiser leur travail. Ces transformations peuvent rendre leur travail plus enrichissant dans la mesure où le salarié n’est plus soumis en permanence à la surveillance d’un superviseur hiérarchique et peut choisir plus facilement ses horaires et ses tâches.

les limites des outils sont citées pour rendre compte de la charge attentionnelle, des risques d’erreur ou de confusion. Les transformations du travail liées aux mutations technologiques Interrogent les possibilités de régulation des opérateurs et des travailleurs déficients afin de trouver des moyens de construction de la santé et de maintien dans l’emploi. Les possibilités de faire évoluer les compétences et de se sentir utile dépendent de l’environnement capacitant : possibilité d’apprentissage, liberté de choix, moyens de travail adapté. Cependant des phénomènes de sélection et des risques d’exclusion sont possibles lorsque les changements organisationnels sont rapides avec une formation standardisée. Ce non-respect des variabilités individuelles face aux évolutions technologiques et de la progression dans les apprentissages est à l’origine de souffrance et de dégradation des relations interpersonnelles. L’aménagement de poste pour un travailleur « inapte » ne donne pas la possibilité de projection dans un autre poste ou de mobilité au sein de l’entreprise. La non-mobilité ou le départ de l’entreprise sont à considérer comme des symptômes de difficultés de la réalisation du travail. Les conditions de maintien dans l’emploi sont davantage à rechercher dans le choix de l’emploi par rapport au « handicap », la « déficience » ou « l’inaptitude» avec des technologies alternatives pour éviter « l’handicap de situation ». L’utilisabilité de l’ordinateur peut devenir une source de perturbations dans la gestion temporelle de la clientèle. Par exemple: Les problèmes de fonctionnement du système entrainent des difficultés dans la gestion de la demande du client et de la file d’attente au guichet en même temps. Les agents continuent à écrire sur du papier pour gérer la rigidité des logiciels informatiques. La construction de ces méta-outils peu reconnus par la hiérarchie constitue une véritable régulation collective pour faire face à des situations critiques dans le travail.

D’autre études insistent sur le fait que les TIC en particulier les ordinateurs, peuvent servir à codifier plus précisément les tâches, à automatiser certains processus de production ou de gestion et peuvent conduire a une standardisation voire a une hyper taylorisation des tâches des salariés. Dans ce cas, les TIC ont pour effet un rétrécissement des domaines de compétences professionnelles. De plus les TIC, en donnant aux salariés plus de responsabilités et d’autonomie, peuvent générer du stress et, par ce biais, dégrader la qualité du travail. Un salarié plus autonome devra gérer lui même l’ensemble des taches qui lui sont confié avec une pression plus forte afin de respecter les délais ou satisfaire les exigences de qualité. Par ailleurs, la liberté de choisir ses horaires de travail peut avoir comme effet pervers d’atténuer la séparation entre la sphère privée et sphère professionnelle. Le salarié doit être joignable par son entreprise à tout moment par internet ou par le biais du téléphone mobile. Les TIC induisent de nouvelles formes de contrôle ou de supervision indirecte des salariés qui viennent se substituer aux formes traditionnelles de contrôle direct par le superviseur hiérarchique Modification des relations interpersonnelles ou hiérarchiques L’émergence de conflits potentiels : lorsque le système donne une visibilité à ce qui n’en avait pas jusqu’alors. Par exemple, certains membres du personnel peuvent avoir accès à la quantification des activités de leurs collègues. L’usage de l’e-mail par exemple, peut être une manière d’éviter un face à face ou bien encore de prendre tout le monde à partie (en copie). Déplacement des objets de coopération Lorsque l’introduction des TIC se traduit par une évolution des métiers et donc des tâches, on constate que les objets (ou les motifs) de coopération se

2. les recherches qui s’intéressent plus à des changements organisationnels liés à l’introduction d’outil informatique Dans une logique gestionnaire, l’impact de la technologie sur la société et la vie des hommes au quotidien est perçu comme utile et comme apportant un gain : faire beaucoup de choses de manière plus rapide, faire des choses qu’on ne pouvait faire auparavant. Certaines études soulignent que les TIC permettent à l’entreprise d’avoir une plus grande flexibilité organisationnelle et facilitant la délégation des prises Le journal de la médecine du travail – JMT N°19 -

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pathogène. Ainsi, une incompatibilité entre un code élaboré par un praticien du fait des exigences de ce qu’il expérimente et le code en vigueur dans l’équipe de travail à laquelle il appartient est problématique pour l’individu.

déplacent. Ce déplacement ne se fait pas toujours sans forte tension, notamment lorsqu’il est trop rapide. Par exemple, dans le cas de la coopération secrétaire – cadre, le passage d’un objet de coopération à un autre s’accompagne d’un brouillage des représentations que les acteurs ont les uns des autres : le cadre « frappe » ses rapports (tâche considérée de « bas niveau »), la secrétaire « extrait » des données (tâche« noble»). la circulation de l’information ne se fait plus par les mêmes circuits. En frappant des lettres ou des rapports, la secrétaire pouvait se tenir au courant de l’activité ; Cette «perte d’information» peut être vécue difficilement, surtout si un autre mode d’échange ne s’instaure pas entre le cadre et son assistante.

4- LES PERSPECTIVES DE RECHERCHE ET D’INTERVENTION Le soutien social apparaît dans plusieurs études comme un moyen efficace de gérer les incertitudes liées au changement. L’évolution du travail collectif est donc à anticiper dès les phases de changement et d’innovation technologique et organisationnelle; Les possibilités de pouvoir prolonger l’activité informatique dans le hors travail (avoir un ordinateur à la maison) permettent de se faire aider (par la famille) et de compléter sa formation. Mais cette extension du travail dans la sphère personnelle et domestique comporte des problèmes d’horaires de travail plus étendus qui ne favorisent pas les limites et la prise de distance avec la sphère professionnelle; La dangerosité de l’introduction de nouvelles technologies dans certains milieux (chimie, transport de matière première, productions industrielles, bâtiment, etc.) entraîne des facteurs de risque pour les personnes et l’environnement qui sont encore peu étudiés; Le mode de traitement sensoriel de l’information – auditif ou visuel - ne permet pas une élaboration d’une représentation identique du problème à résoudre. Les différences majeures sur le plan perceptivo-cognitif sont à la genèse d’exclusion et de difficulté d’insertion des travailleurs handicapés dans certains emplois; Le travail en réseau à une échelle nationale et internationale se développe aux rythmes des délocalisation-relocalisation et de la mondialisation des échanges et pose de nouvelles questions de sens et de conception du travail pour les professionnels.

3. Les recherches fondées sur une approche psychologique du travail Ces études portent sur la compréhension de nouvelles pratiques professionnelles liées à l’utilisation des TIC. Elles montrent des phénomènes d’intensification du travail. Le travail coopératif distribué évolue avec les artefacts et les espaces virtuels partagés. La gestion de projet médiatisé crée de nouvelles contraintes temporelles, cognitives et relationnelles. Le travail est de plus en plus fragmenté : activités variées, rythme rapide, temporalités croisées entre plusieurs projets, demandes en interférence, traitement d’événements imprévus plus fréquents lié à l’utilisation d’internet. La gestion des transitions entre les différentes sphères du travail devient problématique pour une continuité des activités. Les risques pour la santé sont relatifs à des phénomènes de surcharge : sentiment d’urgence, dispersion, tension, fatigue, défaillance de la mémoire. La pénibilité relative aux TIC est décrite en termes de surcharge informationnelle (traiter beaucoup d’information) et de surcharge communicationnelle (adapter le message à la diversité des interlocuteurs selon leur connaissance du système informatique, répondre à différents signaux comme le courrier électronique rappelant divers engagements, etc.) Les tâches peuvent être empêchées ou suspendues et la mise en œuvre de stratégies peut être coûteuse sur le plan cognitif. La pression temporelle et l’excès de sollicitation obligent les professionnels à arbitrer en allouant du temps pour certaines activités et en en ajournant d’autres. Des recherches cognitives montrent un « syndrome de saturation et de débordement cognitif ». Yves Clot (Clot, 2000) souligne notamment que le décalage entre l’histoire de la profession et une situation nouvelle en rupture par rapport à cette histoire constitue en soi un environnement Le journal de la médecine du travail – JMT N°19 -

5- CONCLUSION Il n’existe pas de relation univoque entre mutations Technologiques du travail et effets sur la santé. Il est impossible de déterminer en quoi l’introduction d’une TIC spécifique a un impact direct sur l’émergence d’une pathologie. Cela dépend évidemment du contexte dans lequel la technologie de l’information est mise en place (en particulier degré de développement du pays ou de l’environnement) et de la variabilité des opérateurs (en âge, genre, expérience, formation, anthropométrie, etc.) qui feront usage de cette technologie. 28


Une dynamique de changement doit accompagner les acteurs dans l’appropriation de l’outil et dans la

modification de leurs pratiques en rapport avec la nouvelle activité de travail.

BIBLIOGRAPHIE 1. Bérard D. : Impact des TIC sur le travail et son organisation. ANACT, France, Avril2002. 2. Brangier E, Bobillier M.É Chaumon , Cybis de Abreu W, et col. Analyse psychoergonomique de l’interaction entre l’homme et les NTIC. Cahiers de notes documentaires - Hygiène et sécurité du travail - N° 189, 4e trimestre 2002. 3. Brangier E, Hammes S. : Comment mesurer la relation humain-technologies-organisation?. PISTES, Octobre 2007, Vol. 9 No. 2. 4. Caroly S. : Les mutations du travail face aux défis technologiques : quelles incidences sur la santé ? (2). PISTES, Octobre 2007, Vol. 9 No. 2. 5. Chaumon B, Dubois M. : Les mutations du travail face aux défis technologiques : quelles incidences pour la santé ? (1). PISTES, Octobre 2007, Vol. 9 No. 2. 6. Dukan L : NTIC et Psychologie du Changement. Université de Lille, http://bibliotheques.univlille1.fr/grisemine, 2003. 7. Picard R. : Les impacts humains des changements organisationnels autour des TIC. PISTES, Octobre 2007, Vol. 9 No. 2. 8. PICHAULT F, RIVELINE C. L'impact des technologies de l'information et de la communication sur l'organisation du travail dans les entreprises. Anticiper la mutation des métiers. e-débat du 28 janvier 98. 9. Usages des TIC, conditions de travail et satisfaction des salariés. RESEAUX, 2007, 143, 118-171.

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INTERROGER L’ACTIVITE DES OPERATEURS

Ergonomie et travail sur écran de visualisation F. CHEMAA, M. NASRI, H. CHACHOUR, M.L.KHALDI, M.HADDAD Service de Médecine du travail CHU. Constantine

L’ordinateur s’est progressivement infiltré dans notre vie quotidienne et a gagné tous les secteurs d’activité, jusqu’à devenir un outil incontournable et avec l’accès à l’internet, il constitue une fenêtre grande ouverte sur le monde de l’information et des connaissances. Ces multiples fonctions et l’économie de temps qu’il nous procure ont fait de lui une nécessité, expliquant ainsi son usage abusif et qui n’est pas sans conséquences sur la santé. De nombreuses études font état de la diversité des troubles retrouvés chez les travailleurs sur écran de visualisations et qui constituent une véritable entrave à leur activité. Dans l’étude que nous avons effectuée et, malgré la petitesse de notre échantillon, plusieurs plaintes ont été rapportées par les manipulatrices, plaintes qui pourraient être provoquées et/ou aggravées par les positions soutenues qu’elles adoptent lors de la collecte et de la saisie des données. De plus les conditions dans lesquelles elles exercent, ne répondent à aucune norme ergonomique, ajoutées aux problèmes organisationnels ce qui pourrait expliquer l’importance des troubles enregistrés. Mots clés : Travail sur écran, secrétaires médicales, plaintes, ergonomie. Summary : The computer has progressively infiltrated in our daily life and gain different fields until it becomes a tool without any rivals and with the access to the internet, it constitute a big window opened over the world of information and knowledge. Its multiple functions and time saving that the computer procures us makes it a necessity , this fact explain that its over use is not without any bad side effect on our health. Many studies have shown a variety of troubles which are noticed among the workers who use screen of visualization and which constitute a serious obstacle to the liberty to work. According to the study that we ‘ve accomplished and in spite of the smallness of our sample, a lot of complaints have been drawn by the user and which could be provoked and / or aggravated by the sustained positions which they adopted during the collect and the seized of the data. Moreover the conditions in which they practise don’t correspond to any standard ergonomic designed, in addition to the organizational problems, which could explain the importance of the troubles registered. Key words: Working on a screen , medical secretaries , complaints, ergonomics. Depuis, le nombre de personnes utilisant cet outil n’a cessé de s’accroître et le nombre d’heures passées devant l’écran pour la collecte des données ou leur saisie s’est également accru. Cependant et malgré tous les avantages que présente cet instrument, de nombreuses études scientifiques ont montré que, quand nous ne respectons pas certaines normes ergonomiques, l’ordinateur peut devenir dangereux pour notre santé. Ce danger augmente considérablement, quand nous passons plus de quatre heures devant notre écran. Cail. F, (2011). L’ergonomie est la science qui étudie le fonctionnement de l’homme à son travail, elle prend en considération aussi bien les conditions de travail

Depuis la nuit des temps, l’homme n’a cessé d’innover et de créer des machines et des techniques pour évoluer. Le XXe siècle a vu naître des technologies de plus en plus complexes qui ont nécessité des moyens de plus en plus sophistiqués afin de se maintenir dans le sciage de cette performance. L’arrivée de l’ordinateur a révolutionné le monde du travail et a envahi tous les secteurs d’activité. Cette machine est capable d’effectuer plusieurs opérations à la fois, de stocker et de traiter toutes les données à partir des logiciels installés, ce qui facilite énormément l’accès à l’information, élément crucial au développement économique et social. Le journal de la médecine du travail – JMT N°19 -

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peuvent apparaître tel que douleur, raideur et même gène fonctionnelle pouvant devenir très invalidante. Cail. F, (2011). Les régions le plus souvent concernées sont la région cervicale, le bas du dos, les épaules et les poignets. Le stress est un facteur de surcroit qui accentue la contracture musculaire. Le stress n’est pas propre au travail informatique Cail. F, (2008), il serait beaucoup plus en rapport avec d’autres facteurs tel que le travail mental répétitif, le manque de contrôle sur les opérations à effectuer, le manque de formation, l’importance des informations à recueillir surtout si la contrainte temporelle est grande, les relations entretenues au travail.Cail. F, (2011). Les problèmes cutanés (érythème facial, démangeaison, sensation de brûlure) : pourraient être dues à l’air trop sec et trop chaud des locaux et à la présence de particules irritantes dans l’atmosphère de travail. inrs, Dossier- le travail su écran, (2009). L’exposition aux rayonnements électromagnétiques : les données scientifiques ont confirmé que les radiations émises surtout par les écrans cathodiques étaient trop faibles et considérées comme non dangereuses pour la santé. inrs, Dossier- le travail sur écran, (2009). Les autres troubles à savoir les problèmes vasculaires (lourdeur des jambes, varices, hémorroïdes), les troubles digestifs, la fréquence des avortements chez la femme enceinte seraient en rapport avec la position assise prolongée. inrs, dossier travail sur écran, (2009) Nous constatons donc que tous les problèmes de santé qui accompagnent le travail sur écran sont surtout dus aux causes suivantes : Les postures vicieuses adoptées par l’utilisateur de l’écran. L’emplacement inadéquat du poste avec écran de visualisation. Le mobilier ne répondant pas aux normes requises.

que les procédés technologiques, les machines et outils utilisés, les ambiances de travail, afin de les adapter aux capacités physiologiques des travailleurs et en leur assurant des conditions parfaites de sécurité et de bien-être même. Cette discipline, trouve son plus grand intérêt dès la conception architecturale de toute structure. Si la conception des équipements, l’aménagement du poste de travail et l’environnement ne respectent pas les principes de l’ergonomie, le travailleur est soumis à des charges supplémentaires qui peuvent se répercuter sur sa santé. Montreuil. S, (2000). Le travail sur écran de visualisation a suscité l’intérêt de nombreux chercheurs et bien qu’il ait fait l’objet des normes iso (9241), qui abordent (le poste de travail, les périphériques d’entrée, l’environnement physiques et les logiciels), le non respect de ces consignes est manifeste, aussi bien pour les postures adoptées tout au long de l’activité, la durée d’exposition, l’implantation du poste que pour les ambiances de travail. Cependant les études s’accordent à dire que le travail sur écran ne nuit pas à la santé de l’opérateur, mais qu’il peut engendrer des troubles si le poste n’est pas adapté. L’aménagement du poste de travail est susceptible d’accroître le confort de l’utilisateur et de réduire ainsi les contraintes qu’il subit. Parmi les plaintes enregistrées chez les travailleurs su r écran, on distingue notamment : Les troubles de la vision souvent attribués à la forte sollicitation de la fonction visuelle lors du travail sur écran, aux efforts d’accommodation, au mauvais éclairage, à l’emplacement inadéquat du poste, notamment par rapport à la source de lumière, ainsi qu’à des facteurs individuels (pathologie antérieure, trouble visuel non corrigé) et organisationnels. Les plaintes sont beaucoup plus subjectives à type de fatigue visuelle qui se traduit surtout par (photophobie, picotements, vision trouble), d’éblouissement, de maux de tête et de sècheresse oculaire. Gosselin. L, (2003). Cette sècheresse est souvent rattachée à l’écran très haut situé, au climat trop sec des locaux de travail, à la présence de particules irritantes dans l’air ambiant et à la réduction de la fréquence du clignement palpébral, empêchant la lubrification de l’œil par le film lacrymal et provoquant ainsi la déshydratation de la conjonctive. Cail. F, (2002). Les troubles musculo-squelettiques(TMS) sont inhérents aux mauvaises postures et à l’attitude figée (position statique), devant le poste pendant de longues périodes, non entrecoupées de pauses régulières. Cette hyper sollicitation des muscles conduit au début à une fatigue, puis des troubles Le journal de la médecine du travail – JMT N°19 -

L’ambiance de travail non conforme à savoir éclairage mal adapté, climat du local de travail trop sec et trop chaud en sachant que les niveaux recommandés sont de : Eclairement : 200 à 300 lux pour les écrans à fond sombre. 300 à 500 lux pour les écrans à fond clair. Température : 20 à 24°C. Humidité : 40 à 60%. Le type d’écran utilisé : les écrans plats à cristaux liquides (LCD) (liquid crystal display), comparés aux écrans cathodiques, ont un niveau de radiation plus 31


 Le type d’écran utilisé.  Le plan de travail.  L’emplacement du poste par rapport à la source de lumière (fenêtre).  La nature de l’éclairage.  La durée d’exposition.  La fréquence et la nature des plaintes.

faible, dégagent moins de chaleur et n’émettent pas de reflets car ils sont mats. Cail. F, (2011). L’organisation du travail qui ne tient pas compte de la physiologie humaine, ignorant les problèmes de fatigue inhérente à la charge de travail et au manque de pauses indispensables pour lutter contre ses effets (5 minutes de pause au bout de trois quarts d’heure de travail sur écran ou 15 minutes après deux heures de travail). inrs, Dossier- le travail sur écran (2009). Vu la large utilisation des postes de travail informatisés et vu la nature des troubles rapportés et surtout vu la possibilité de pouvoir les éviter par de simples corrections ergonomiques, nous avons entrepris d’effectuer une enquête au sein de notre institution. La population ciblée étant les secrétaires exerçant au niveau des différents services du CHU, au nombre de 56 individus (52 femmes et 4 hommes). La profession de secrétaire étant principalement féminine, nous avons donc exclu de l’étude les quatre sujets de sexe masculin.

Nous avons également procédé à des mesures des niveaux d’éclairage qui ont été réalisées au niveau de 11 services du CHU. Les résultats de l’étude ont été comme suit : La moyenne d’âge de notre population est de 40 ans (écart-type = 8,894), une ancienneté moyenne de 13 ans (écart-type = 6,442). Le calcul de l’indice de masse corporelle (IMC) a objectivé 37 % de sujets présentant un surpoids et 27 % souffrant d’obésité. La non conformité du plan de travail a été retrouvée dans 92 % des cas (le plan de travail consiste en une simple table étroite et une chaise ordinaire).Les deux tiers des écrans utilisés sont de type cathodique (63 %), la distance œil-écran n’est pas respectée par la majorité des utilisatrices (81%). La moitié des postes de travail sont mal positionnés par rapport à la source de lumière (fenêtre derrière : 24 %, en face : 27 %). Dans trois quarts des cas, l’éclairage est de type mixte (71 %), les mesures pratiquées, ont montré une nette insuffisance, les valeurs retrouvées étaient au dessous des normes requises (200 à 300 lux pour les écrans à fond sombre et 300 à 500 Lux pour les écrans à fond clair). La durée d’exposition devant l’écran, dépasse 4 heures par jour dans 60 % des cas. Des problèmes ergonomiques similaires, ont été rapportés dans l’étude de Kerak. E et al, (2008). Ces conditions de travail inadaptées pourraient expliquer l’importance des plaintes enregistrées chez notre population d’étude : (Figure 1). Les troubles visuels sont présents dans 98 % des situations : picotement (56 %), baisse de l’acuité visuelle (56 %), photophobie (50 %), sècheresse oculaire (44 %). Les troubles musculo-squelettiques (TMS) ont été rapportés par 96 % des sujets, représentés essentiellement par les cervicalgies (83 %), les lombalgies (79 %), l’épaule (69%) et le poignet (65,40%). Dans leur étude, Kerak. E et al, (2008), ont trouvé successivement : 70%, 80%, 65% et 42,5%. Les céphalées 81 %. Les vertiges retrouvés dans 69 % des cas. Les troubles vasculaires (46 %) : les varices (79 %), la lourdeur des membres inférieurs (71 %) et les hémorroïdes (46 %). La position assise prolongée avec

OBJECTIFS DE L’ETUDE : On s’est fixé trois objectifs principaux : Effectuer une étude des postes comportant un écran de visualisation. Identifier les plaintes chez nos secrétaires. Procéder à des corrections ergonomiques et sensibiliser les usagers sur l’intérêt du respect des normes requises. MOYENS ET METHODE : L’étude réalisée est de type transversal, descriptif, étalée sur une période de 30 jours (Avril 2012), ayant concerné 52 secrétaires médicales. On a utilisé pour cela un questionnaire dirigé, validé par une préenquête auprès d’une dizaine de secrétaires. Il a comporté trois parties essentielles : Les caractéristiques sociodémographiques de la population. Les caractéristiques du poste avec écran de visualisation. Les plaintes, notamment les problèmes visuels, les TMS et les troubles vasculaires. La saisie des données a été faite sur le logiciel EPI INFO version 6 qui effectue les calculs à partir des données du questionnaire. Le risque alpha de première intention est fixé à 0,05 (valeur de P). Le test de Fishers a été utilisé pour les petits échantillons. On s’est intéressé aux paramètres suivants :  L’âge.  Le service.  L’ancienneté au poste. Le journal de la médecine du travail – JMT N°19 -

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Tableau 3 : Age et baisse de l’acuité visuelle P = 0.014 (DS)

jambes déclives et la sédentarité pourraient expliquer en partie l’importance de ces troubles. 98% 100% 90% 80% 70% 60% 50% 40% 30% 20% 10% 0%

96%

81%

69%

Age

61,50%

Oui

Non

Total

[20 à 40 ans [

9 (37,5%)

15

24

[40 et plus

20 (71,42%)

8

28

Total

29

23

52

46%

Au vu de ces résultats, des corrections ergonomiques au niveau des différents postes de travail s’imposent. On doit agir simultanément sur l’organisation du travail, sur l’environnement de travail (espace, éclairage), sur l’emplacement du poste, le choix du mobilier et sur les postures de l’utilisateur de l’écran durant toute la période d’exposition. Les normes existent déjà et sont largement décrites dans de nombreuses publications, on ne fera qu’un bref rappel, ainsi pour : L’implantation du poste de travail : l’emplacement doit être perpendiculaire aux fenêtres afin d’éviter les problèmes d’éblouissement et de reflets sur l’écran. Celle-ci doivent être implantées sur un seul côté, munies d’un vitrage dont la surface doit rester inférieur au quart de celle du local et équipées de stores. inrs, Dossier- le travail sur écran (2006). En aucun cas le poste ne doit être disposé directement sous un luminaire, tout en veillant à respecter une distance œil -mur supérieure à 3 mètres, afin de permettre à l’utilisateur de réduire la tension des muscles oculaires, inhérente à l’effort de fixation. Il faudra, pendant les moments de pause, porter son regard au loin pour reposer les muscles actifs dans le mécanisme de convergence intervenant lors de la vision de près. Montreuil. S, (2000).

Figure1 : Fréquence des plaintes Pour ce qui est de l’impact du type d’éclairage dans la survenue des troubles visuels, il n’a été trouvé aucune différence significative entre les deux groupes (éclairage artificiel et éclairage mixte) Pour connaître l’effet de la durée d’exposition dans la survenue des différents troubles, nous avons scindée notre population en deux groupes distincts : (exposition inférieure à 4h et exposition supérieure ou égale à 4h), selon les études effectuées, le travail sur écran devient nuisible pour la santé à partir de 4h d’exposition, Cail. F (2011). Dans notre étude, seuls les vertiges sont significativement plus importants (P = 0.005), lorsque la durée d’exposition est supérieure à 4 heures. (Tableau 1).

Fréquence des plaintes

Durée d’exposition < 4 h (n = 21)

≥4 h (n = 31)

Plaintes visuelles

21 (100%)

30 (96,77%)

TMS

19 (90,5%)

31 (100%)

Céphalées

16 (76,19%)

26 (83,87%)

Vertiges

10 (47,61%)

26 (83,87%)

Plaintes vasculaires

9 (43%)

15 (48%)

Le manipulateur doit être assis devant l’écran, le dos bien droit appuyé sur un dossier épousant la lordose lombaire, les bras dans le prolongement du corps, les coudes dessinant un angle de 90° et les poignets dans le prolongent des avant-bras. Le clavier doit laisser un espace d’au moins 10 cm du rebord de la table où reposeront les mains et les avant-bras reposeront sur des accoudoirs. Les cuisses en position horizontale et forment avec les jambes un angle supérieur à 90°, les pieds reposant à plat sur le sol ou sur un repose-pied de préférence incliné de 15°. Le regard du sujet doit être au même niveau que le rebord supérieur de l’écran afin d’éviter les problèmes de sècheresse oculaire, Cail. F, (2002) en respectant

Tableau 1 : Durée d’exposition et nature des plaintes Nous avons ensuite tenté de vérifier si l’âge n’avait pas un rôle dans la survenue de la baisse de l’acuité visuelle chez les travailleurs sur écran de visualisation(TEV). Il s’avère que celle-ci est significativement plus fréquente dans la catégorie du personnel âgé de plus de 40 ans. (P = 0.014).(Tableau 3). Le journal de la médecine du travail – JMT N°19 -

Baisse acuité visuelle

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une distance œil-écran de 50 à 70 cm. Le plan de travail doit être assez grand, la hauteur de la table ainsi que le siège doivent être réglables,

Schéma 1: Aménagement offrant une posture adéquate

l’assise assez large, sans pour autant comprimer le creux poplité. (schémas 1 et 2).

Schéma 2 : Fauteuil ergonomique conforme à la norme NF EN 1335-1

Schémas figurant dans le document référencié : Vandervyver. B, Pomian. J-L, (2007).

Le développement industriel avec ses exigences actuelles, requiert des performances en matière d’information et de connaissances de plus en plus élevées et pour suivre cette cadence l’individu doit développer des efforts très importants. La charge mentale est excessive et les contraintes posturales qui peuvent durer pendant plusieurs heures, vont à la longue être à l’origine de problèmes de santé et devenir même invalidantes.

L’ergonomie tient compte également d’autres paramètres notamment : - Les facteurs organisationnels : la diversification de la tâche est primordiale, il faut veiller à enrichir le programme de travail en évitant le travail répétitif, source d’ennuis pouvant générer le stress. Les pauses doivent être bien programmées comme indiqué plus haut. Il est conseillé à l’utilisateur de l’écran de changer de position et de se déplacer afin d’éviter les problèmes de stase veineuse ainsi que la sédentarité qui peut être à l’origine de nombreux troubles (Obésité, troubles du transit, maladies métaboliques et cardiovasculaires). Dans notre étude, le calcul de l’IMC a montré que 37% du personnel était en surpoids et 27% étaient obèses. D’autres aspects sont également importants à savoir, la formation continue et l’amélioration de la relation au travail. - Les facteurs individuels : le vieillissement physiologique des différentes structures de l’organisme, est souvent incriminé dans la survenue des TMS et des troubles visuels qui peuvent être révélés et/ou aggravés par le travail soutenu sur écran de visualisation. Cail. F, (2011).

Pour faire face à ce danger permanent et omniprésent, on fait appel à l’ergonomie pour corriger toutes ces déficiences et ces défauts en agissant à trois niveaux : l’environnement de travail, le choix du matériel informatique et l’implantation du poste de travail, pour les adapter aux capacités de l’homme et préserver sa santé. Naturellement, ce dernier doit être informé et formé pour mieux appliquer toutes les directives et respecter les mesures préventives instaurées lorsqu’il veut utiliser son poste de visualisation. Malheureusement, bon nombre d’entre nous ignore ces consignes, les normes sont souvent négligées, si bien qu’on continue toujours à enregistrer un nombre croissant de plaintes chez les usagers d’écrans de visualisation. En cas de plaintes, le médecin du travail se doit donc, de rechercher toute pathologie préexistante, les défauts de correction visuelle, afin de pouvoir y remédier soit en corrigeant ces troubles, soit en recourant à des mesures ergonomiques comme écourter la durée d’exposition, planifier des temps de pauses régulières et dans les cas extrêmes, le

CONCLUSION : L’écran de visualisation est l’outil le plus convoité de nos jours et son domaine d’utilisation s’est élargi à de nombreux secteurs d’activité et il s’est même introduit dans nos foyers de manière invasive. Le journal de la médecine du travail – JMT N°19 -

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inadéquates souvent imposées par de mauvaises conditions de travail, le manque d’information et l’ignorance des principes de l’ergonomie, expliquant ainsi le nombre important des plaintes enregistrées.

changement de poste de travail peut constituer la meilleure correction ergonomique. L’étude réalisée n’est qu’une ébauche qui nous a dévoilé les imperfections et les défauts de nos installations, l’usage erroné de l’écran, les postures

BIBLIOGRAPHIE : 1. Cail. F, (2002) : Travail sur écran et sècheresse oculaire. Inrs, document du médecin du travail, 90 TC 88, 6p. 2. Cail. F, (2008) : Le point sur le travail informatisé. Inrs, hygiène et sécurité au travail, document du médecin du travail, 213, 5p. 3. Cail. F, (2011) :Ecrans de visualisation, santé et ergonomie. ED 924, 100p. 4. Gosselin. L, (2003) : La fatigue visuelle. Le médecin du Québec, Vol 38, N°5, 4p. 5. Inrs, (2006) : Le travail sur écran. Dossier hygiène et sécurité, 22p. 6. Inrs, (2009) : Le travail sur écran. Dossier hygiène et sécurité, www.inrs.fr. 11p. 7. Kerak. E, Barrijel. S, Massouadi. K, (2008) : le travail sur écran : Impact sur la santé des opérateurs de saisie, dans un organisme d’assurance maladie au Maroc. Inrs- HST- ND- 2300- 213, 10p. 8. Montreuil. S, (2000) : Ergonomie. Travail de bureau avec écran de visualisation. Guide de formation, 4ème Edition, 76p. 9. Vandevyver. B, Pomian. J-L : L’aménagement des bureaux, principales données ergonomiques. Inrs, Fiche pratique de sécurité, ed 23, 4p.

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LES CANCERS

INTERROGER L’ACTIVITE DES OPERATEURS

Fatigue visuelle et ambiance lumineuse dans un centre d’appel téléphonique à Alger LIANI N., AKIF N., OUBELLIL N., LAMARA-MAHAMED A. Université Alger1 Laboratoire de biogénotoxicité et santé au travail

INTRODUCTION : L’utilisation d'un éclairage des locaux bien conçu permet d'éviter une détérioration de la vue et les fatigues intempestives que pourrait causer un travail prolongé dans des conditions d'éclairages mal adaptées. Nous avons constaté lors de la surveillance médicale du personnel d’un centre d’appel téléphonique opérateur system (OPS), que plus de la moitié des salariés (58,84%) présentaient une symptomatologie en faveur d’une fatigue visuelle. Sachant qu’un mauvais éclairage par son excès, son insuffisance, sa mauvaise répartition est un des premiers facteurs de gêne et de fatigue visuelle au travail nous nous sommes interrogés sur le rôle de l’éclairage dans la survenue de ces troubles. Ceci nous a conduit à réaliser une étude ayant pour objectifs d’observer les caractéristiques physiques de l’environnement lumineux et de mesurer les niveaux d’éclairement au sein de cet établissement.

du service communications internationales appelé aussi l’OPS 16. L’OPS emploi 50 salariées ayant une moyenne d’âge de 52ans, exclusivement de sexe féminin, occupant pour la majorité un poste de téléopératrice. Pour réaliser cette étude, nous avons procédé comme suit : Une Observation globale du centre afin de repérer la forme et la structure du local, identifier les caractéristiques des revêtements (murs, cloisons, plafond), repérer la distribution de l’éclairage naturel et analyser ses caractéristiques (type, variante et orientation de la paroi vitrée paroi, son entretien, existence des moyens de protection), Nous avons pris les dimensions des fenêtres afin d’apprécier l’importance de l’éclairage naturel par le calcul de l’indice de vitrage selon la formule : Surface de vitrage m 2/surface du sol m2×100. Les résultats obtenus ont été comparés à la valeur de 25% : valeur minimale recommandée pour l’indice de vitrage par l’Institut national de recherche et de sécurité (INRS). repérer la distribution de l’éclairage artificiel et analyser ses caractéristiques (type de production, nature des lampes, nombre de luminaires, leur implantation, leur fonctionnalité, leur entretien l’existence de dispositif de protection). Une Evaluation du niveau d’éclairage au niveau des locaux et des postes de travail : Les mesures des niveaux d’éclairement ont été réalisées en lumière mixte à la mi- journée dans des conditions habituelles de travail. Deux paramètres ont été pris en considération :

MATERIEL ET METHODE : Il s’agit d’une étude ergonomique qui a porté sur l’évaluation de l’éclairage au sein d’un centre d’appel téléphonique à Alger. Ce centre englobe deux activités : Une activité de service téléphonie : dédiée à l’information des clients par l’intermédiaire du service des renseignements appelé aussi l’OPS 19. Une activité « liaisons téléphoniques internationales » qui consiste en la mise en relation de deux postes téléphoniques(le premier situé en Algérie et le deuxième dans un pays étranger) par l’intermédiaire

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Aux valeurs requises par la règlementation françaises pour le travail de bureau : La circulaire DRT du 11 Avril 1984 qui dans l’article R4223-6 fixe la valeur minimale d’éclairement pour un travail de bureau à 200 LUX[2]. A la valeur minimale recommandée par l’association française de l’éclairage (AFE) pour le travail sur écran et qui est de 300lux.[1] Pour réaliser ce travail nous avons utilisé un appareil de mesure simple d’utilisation l’« Environnement Mètre CEM DT-8820 ».

a)L’éclairement moyen général dans les locaux de l’OPS : Pour le déterminer, nous avons effectué diverses mesures d'éclairement ponctuel en certains points du local à 0.85m du sol et établi une moyenne arithmétique. (Selon la méthodologie définie par la norme belge (NBN L 14 - 002)[10] Nous avons ensuite comparé les résultats obtenus aux valeurs minimales d’éclairement requises par la règlementation Algérienne. (Décret exécutif n° 91-05 du 19 Janvier 1991 relatif aux prescriptions générales de protection applicables en matière d’hygiène et de sécurité en milieu de travail. Section 3. Art. 13) Nous avons calculé le facteur d’uniformité de l’éclairement par la formule : Eclairement minimum /éclairement moyen général×100, Lorsque le facteur de l’uniformité de l’éclairement calculé est supérieur à 0.7, l’éclairement a été considéré comme uniforme.[1] Les niveaux et rapport de luminance n’ont pu être appréciés faute de luminance mètre. b) La mesure de l’éclairement au niveau des différents postes de travail : Les mesures d’éclairement ont été effectuées au niveau des détails et des objets qui doivent être vus pour l'exécution de la tâche à savoir : Au niveau du plan de travail (bureaux) pour les postes sans écran. Au niveau du clavier et de l’écran pour les postes avec écran. Comme la règlementation Algérienne ne donne pas les valeurs d’éclairements par type d’activité, nous avons comparé les résultats obtenus :

RESULTATS Le centre d’appel téléphonique est implanté dans un local rectangulaire d’une superficie totale de 252m2(24m/10.5 m), sur une hauteur de 3m. (Voir figure no 22): La partie Sud de l’OPS est occupée par le plateau téléphonique 19 (service des renseignements). La partie Nord est occupée d’Ouest en Est par : l’OPS 16, le bureau du chef de centre, le secrétariat, la salle de repos, les installations sanitaires. Un couloir central constitué d’une cloison vitrée sépare les deux bureaux et les locaux annexes de la partie Est de l’OPS renseignement. Les murs de l’OPS sur les quatre versants du local (Nord, Sud, Est et Ouest) sont peints en laque beige. Les murs sont sales et empoussiérés, la peinture est vieillie et détachée par endroits. Le plafond est peint en blanc, le plancher de couleur beige foncé. Une cloison vitrée sépare les plateaux téléphoniques des bureaux

Figure no 22: Architecture générale de l’opérateur system . NORD

Bureau du chef de centre

secrétariat

Salle de repos

sanitaires

Ops 16

OUEST

EST

OPS 19

SUD

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Description des différents locaux Le Plateau téléphonique 19 ou service renseignements : Local rectangulaire d’une superficie

de 96m2(24m/4m). (Voir figure no 23) doté de cinq fenêtres situées sur la partie sud, dont une est en partie obstruée par la présence d’un onduleur.

L’Aménagement de l’espace de travail : Il s’agit d’un espace ouvert ou « open space », comprenant : - 16 postes de travail équipés d’écran de visualisation à fond clair aménagés en ilots de 03 ou 04 positions pour les opératrices téléphoniques,

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02 positions de travail en bureau individuel pour les surveillantes, La disposition en ilots(ou marguerite) est caractérisée par une distribution circulaire des positions de travail, séparées par des demi cloisonettes opaques. [fig.1]

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Plateau téléphonique communications Internationales (OPS16) : (voir figure no29) Local d’une superficie totale de 65m2 (10m/6,5m) doté de deux fenêtres implantées sur la façade nord. On note la présence de deux cloisons vitrées : La première sur le versant Sud du local, le séparant du deuxième plateau téléphonique avec le lequel il communique par l’intermédiaire d’une porte. La deuxième cloison vitrée occupe le versant Est du local et le sépare du bureau du chef de centre. L’ensemble est concentré dans la partie ouest du local. Un bureau (sans écran) est disposé dans

Aménagement de l’espace de travail : Il s’agit là aussi d’un espace ouvert comprenant 08 postes de travail avec écran de visualisation à fond clair aménages en: - Ilots : un ilot de 04 positions, un deuxième ilot de 03 positions. Les ilots ne sont pas pourvus d’écran séparateur. - Un poste individuel. Les deux ilots sont disposés du côté des fenêtres, le poste individuel leur faisant face. l’extrémité EST du plateau téléphonique juste à côté de la cloison vitrée. Le bureau de la surveillante.

Analyse de l’éclairage : L’éclairage est mixte au niveau de tous les locaux de l’OPS. L’éclairage naturel assuré par des fenêtres est exclusivement latéral. La lumière du jour arrive de côté pour 66,6% des salariées, par derrière chez 20% et par devant dans 10,41% des cas. L’indice de vitrage est de 16% au niveau du service de renseignement et de 9,47% au niveau du service de communication internationale. Au niveau du service des renseignements, 4 fenêtres sur 5 sont protégées.

Au niveau du service communications internationales seule 1 fenêtre est protégée .La protection des fenêtres est assurée par des stores intérieurs à lamelles verticales en très mauvais état. Les vitrages sont très empoussiérés, non régulièrement nettoyés. L’éclairage artificiel est assuré par des luminaires au niveau de tous les locaux de l’OPS, chaque luminaire est constitué de tubes fluorescents disposés en trio (par trois) (3×14w). Au niveau du service des renseignements, 84% des tubes fluorescents sont fonctionnels.

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Au niveau du service communications internationales, le pourcentage de tubes fluorescents fonctionnels dépasse les 90%, Les dispositifs de protection des luminaires sont représentés par des grilles et des dalles, Au niveau du plateau téléphonique 19, plus de 95%des luminaires sont protégés, Au niveau du plateau téléphonique 16, plus de 90% des luminaires sont pourvus de dispositif de protection, 48% des luminaires de l’OPS 19 sont placés au-dessus des postes de travail, et 30% des luminaires de l’OPS 16 sont placés au-dessus des postes de travail, L’éclairage est exclusivement de type direct au niveau des locaux de l’OPS. Le remplacement des tubes non fonctionnels n’est pas systématique, le nettoyage des grilles n’a jamais été fait. Tous les luminaires de l’OPS sont accessibles (placés à 3 mètres). La valeur de l’éclairement moyen général calculée au niveau de l’OPS 16 est de 89lux La valeur de l’éclairement moyen général calculée au niveau de l’OPS 19 est de 268 lux. Le calcul du facteur d’uniformité de l’éclairement pour les services de renseignement est de 0,9% et de 0,36% pour le plateau téléphonique 16 Les niveaux d’éclairements au niveau des postes de travail : Pour le Plateau téléphonique 19 : 94.11% des niveaux d’éclairements mesurés au niveau des postes de travail avec écran sont inférieurs à 300lux. Pour le plateau téléphonique 16 : Tous les niveaux d’éclairements mesurés au niveau des postes avec écran du plateau téléphonique 16 sont inférieurs à 300lux. Le niveau d’éclairement retrouvé au plan de travail est inférieur à 200 lux. I.

dimensions, l'orientation et la propreté des fenêtres ,les résultats de l’étude ont montré que l’indice de vitrage est inférieur à 25% dans tous les locaux et que la luminosité naturelle est fortement réduite en raison du mauvais entretien des vitrages et de l’existence d’obstacles devant les fenêtres qui vient occulter la prise de jour (onduleurs) Le plafond blanc devrait permettre une bonne réflexion de la lumière en effet l’utilisation des couleurs claires aux plafonds et aux murs est recommandée pour capter la lumière naturelle .Les murs sont peints en laque beige, ils possèdent également un indice de réflexion assez élevé cependant, ils sont sales, empoussiérés et la peinture détachées par endroits or il a été clairement établi que les poussières et les saletés absorbent une grande partie de la lumière ce qui diminue l’éclairement par réduction de la quantité de lumière réfléchie. Par ailleurs, l’éclairage naturel est source d’éblouissement direct en rapport avec le mauvais état voir parfois l’absence de stores intérieurs. Il est source d’éblouissement indirect par la réflexion de la lumière sur les surfaces qui se comportent comme un miroir des postes de travail avec écran situés à proximité immédiate des prises de jour sans respect de la distance minimale par rapport aux fenêtres(2mètres)[4]. Cette situation amoindrit la perception visuelle et peut être une cause importante d'inconfort et de fatigue visuelle .L’aménagement des locaux de l’OPS en open space ainsi que la disposition particulière en marguerites des postes de travail ne permet pas de toujours positionner l’écran de façon perpendiculaire aux fenêtres, ce qui augmente les reflets sur l’écran et donc l’éblouissement par réflexion. Dans la littérature scientifique, cette conception moderne des bureaux génère de nombreuses controverses, car au-delà du risque psychosocial engendré par l’organisation de ce type de structure, se pose la question du positionnement des postes de travail et de leur compatibilité avec de bonnes conditions d’éclairage. Il faut tout de même rappeler que l’écran à fond clair présente l’avantage d’être moins sensible aux réflexions spéculaires ou diffuses .Par conséquent, il contribue à la réduction de l’inconfort dû à l’éblouissement et aux réflexions.

DISCUSSION :

L’étude menée au sein du centre d’appel téléphonique Opérateur système a montré que l’éclairage est inadéquat constituant un facteur de charge visuelle contribuant certainement à la survenue de fatigue visuelle chez les salariées affectées à cette structure. La lumière du jour pénètre dans le centre d’appel téléphonique de façon latérale avec double exposition au nord et au sud des fenêtres ceci est adapté voir même conseillé pour un local de faible hauteur(3m) cependant elle est insuffisante .En effet la quantité de lumière dépend de facteurs importants ,tel que les Le journal de la médecine du travail – JMT N°19 -

L’éclairage artificiel est assuré par des luminaires constitués de tubes fluorescents (efficacité luminaire élevée) qui pour la majorité sont fonctionnels (86.95%).Bien qu’accessibles (placés à 3métres du sol), les tubes défectueux ne sont pas remplacés, et l’entretien des grilles et des dalles protectrices n’est 40


pas effectué ce qui constitue un facteur de réduction de l’éclairement.

défaut dans leur répartition et à une mauvaise réflexion des murs et des plafonds.

Au niveau des plateaux téléphoniques les luminaires sont en partie placés au-dessus des postes de travail. Ceci peut être à l’origine d’éblouissement direct lorsque le luminaire se trouve au niveau du champ visuel de l’opérateur ou indirect quand l’image du luminaire se réfléchit au niveau de l’écran. L’existence d’une cloison vitrée, surface très réfléchissante séparant les deux parties de l’OPS nord et sud, contribue à augmenter le risque d’éblouissement par réflexion surtout pour les opératrices se trouvant au niveau des postes de travail disposés le long de cette cloison, or l’éblouissement est source de gêne ,d’agacement et de fatigue visuelle. La mesure de l’éclairement a montré qu’il était insuffisant au niveau de l’OPS16, puisque la valeur de l’éclairement moyen général du local est inférieure à la valeur minimale requise par la réglementaires Algérienne qui est de 120lux. La valeur de l’éclairement moyen général du plateau téléphonique 19 bien que supérieure aux valeurs requises par la règlementation Algérienne est insuffisante pour éclairer la zone de travail, elle n’est adaptée que pour des tâches ne nécessitant pas la perception du détail. La mesure de l’éclairement au niveau des postes de travail a montré que celui-ci est insuffisant pour la grande majorité des postes de travail avec écran, puisque 94.11% des éclairements mesurés aux postes à l’OPS 19 et 100% des éclairements mesurés aux postes à l’OPS 16 sont inférieurs à 300lux ; valeur minimale préconisée par l’association française de l’éclairage(AFE) pour le travail sur écran. Ces mesures sont également bien en dessous des valeurs recommandées par l’INRS pour le travail sur écran à fond clair qui sont de 300 à 500 lux. Les éclairements mesurés au niveau des plans de travail des bureaux sont, bien que supérieures à la valeur minimale requise par la règlementation française pour le travail de bureau restent inférieures à la valeur recommandées par l’AFE qui est de 300 lux et celles recommandées par l’INRS qui sont de 500 à 700 lux pour un travail de bureau. [4]

Les salariées affectées à l’OPS ont une moyenne d’âge de 52 ans, il a été démontré que la fréquence des symptômes de fatigue augmente chez les personnes dont l’âge est > à 45 ans. La diminution des capacités visuelle avec l’âge augmente la vulnérabilité du système visuel des personnes âgées aux conditions d’éclairement. La fatigue oculaire étant une pathologie multifactorielle, notre étude doit être complétée par une évaluation médicale de la qualité de la vision des salariées afin d’éliminer un trouble de la vue inconnu ou mal corrigé et par une étude ergonomique des postes de travail informatisé bien que les travaux menés dans le domaine de la fatigue visuelle et travail sur écran confortent la présomption que ce sont les conditions dans lesquelles le travail sur écran est effectué que l’écran lui-même. II. RECOMMANDATIONS : Pour améliorer le confort visuel des employées de l’OPS il est nécessaire d’augmenter le niveau d’éclairage général, de réduire les éblouissements et de réorganiser l’espace de travail. L’augmentation de l’éclairage sera assuré par, l’installation de luminaires supplémentaires en particulier à l’OPS16, la mise à disposition des opératrices d’un éclairage d’appoint, et la mise en place d’un programme de maintenance (remplacement des tubes et nettoyage régulier des luminaires). Il faut augmenter le coefficient de réflexion des surfaces des locaux en repeignant les murs et les plafonds d'une couleur pâle et les nettoyer régulièrement, de même qu’il faut éliminer les obstructions à la lumière (déplacer l’onduleur) et procéder à un entretien régulier des vitrages. Pour limiter l’éblouissement, il faudra réduire les fortes luminances par, l’apposition de grilles de défilement sur l’ensemble des luminaires par et l’installation de stores intérieurs au niveau des fenêtres. Une nouvelle organisation de l’espace de travail contribuera également à limiter les éblouissements. Pour l’OPS 16 les modifications porteront sur le positionnement des postes informatisés qui seront placés à angle droit par rapport aux fenêtres et à 2 m au minimum de celles-ci. Les luminaires seront disposés entre les postes de travail de façon à aligner

Le calcul du facteur d’uniformité de l’éclairement, autre facteur intervenant dans le confort visuel, au niveau du plateau téléphonique 16 a montré qu’il est nettement inférieur à 0.7. Cette situation témoigne d’une distribution inégale de l’éclairage liée à une insuffisance du nombre de luminaire ou un Le journal de la médecine du travail – JMT N°19 -

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III. CONCLUSION :

les tubes fluorescents perpendiculairement à l’axe visuel. Pour l’OPS 19 nous recommandons de changer la disposition des postes de travail aménagés en ilots et la remplacer par une autre disposition permettant de placer l’écran perpendiculairement aux fenêtres. Nous proposons la disposition en ligne de box, par l’alignement de 2 box en vis à vis, sur toute la longueur du local. Il sera cependant difficile de respecter la distance minimale de 2mètres entre les postes de travail et les fenêtres, car le local est plus long que large. Cette solution peut être proposée pour l’OPS 16, sa mise en pratique sera plus aisée car la largeur du local est plus importante que dans l’OPS 19.

La mauvaise qualité de l’éclairage et de la luminosité au sein de l’opérateur système est en partie responsable de la fatigue visuelle observée chez les salariées. Cette situation est liée à l’absence lors de la réorganisation de l’espace de travail de réflexion préalable à l'aménagement lumineux tenant compte des caractéristique des locaux de travail, des opératrices et des taches. Des propositions d’amélioration sont envisagées avec une nouvelle évaluation de l’éclairage à l’issue.

BIBLIOGRAPHIE [1] Association française de l’éclairage « éclairage et travail sur écran de visualisation « 2eme édition, 1997, société d’édition LUX. [2] Circulaire DRT du 11 Avril 1984.www.legifrance.gouv.fr [3] Décret exécutif n° 91-05 du 19 Janvier 1991 relatif aux prescriptions générales de protection applicables en matière d’hygiène et de sécurité en milieu de travail. N° JORA 04 du 23/01/91 [4] INRS. Eclairage et vision. Les notes scientifiques et techniques de l’INRS, 1996,135 p. [5] INRS .Les centres d’appel téléphoniques. Fiche pratique de sécurité ED108, INRS, 2003,6p. [6] INRS Eclairage des locaux de travail. Aide-mémoire juridique TJ13, INRS, 2005. [7] INRS Eclairage ergonomique-évaluation et solutions.2005. http://www.cchst.ca/ [8] INRS. Centre d'appel, plateforme téléphonique. Fiche d’entreprise n°1 Bossons futé.2008. http://www.bossons-futé.fr/ [9] INRS. Bureaux. Fiche d’entreprise no 24 de Bossons futé, 2010. http://www.bossons-futé.fr/ [10]Norme belge (NBNL 14 - 002) Méthode de prédétermination de l’éclairement, luminances et de l’éblouissement dans les espaces intérieure.www.montefiore.ulg.ac.be/services/acous/STSI/file/Acous. consulté le 10 mai 2011 [11] Vandévyver B. Eclairage artificiel au poste de travail. Fiche pratique de sécurité ED 85, INRS, 1999. [12] Vandévyver B. La couleur dans les lieux de travail. Fiche pratique de sécurité Ed40, INRS, 2OO2. [13] Vandévyver B. L’aménagement des bureaux : principales données ergonomiques. Fiche pratique de sécurité ED23, INRS, 2007. [14] Terrier .C et coll. L’éclairage naturel. Fiche pratique de sécurité ED 82, INRS ,1999 .

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INTERROGER L’ACTIVITE DES OPERATEURS

L’apport de ceux qui organisent le travail des autres dans l’entreprise (cadres-managers) à l’amélioration des situations de travail IDDER LAIB C., KACED N. SUMT « Djamel Eddine Abed » EPH Rouiba – Alger

Le premier aspect est lié au travail sur écran et les conditions dans lesquelles il se déroule. • Le deuxième aspect est lié aux métiers de la communication, en construction dans notre pays. Nous avons signé une convention liant l’entreprise et le service universitaire de médecine du travail (SUMT) « Djamal Eddine Abed » de l’hôpital de Rouiba. (Arrêté interministériel du 2 avril 1995 fixant la convention type relative à la médecine du travail entre organisme employeur et le secteur sanitaire ou structure habilitée.) Les conclusions de l’analyse sont restituées au manager et au groupe. La direction s’est appropriée les résultats de l’intervention et demandée l’accompagnement et le suivi de son action.

C’est la synthèse des interventions et de l’accompagnement depuis plus de 8 ans de l’entreprise de communication (Media Marketing), qui nous permet de faire le point sur l’impact et l’apport de ceux qui organisent le travail des autres dans l’entreprise (cadres-managers) à l’amélioration des situations de travail. C’est la direction de l’entreprise qui nous sollicite en 2002 pour répondre à la demande formulée autour du métier : « Pourquoi y a-t-il des difficultés à asseoir les métiers de la communication dans notre pays ? ». Les entretiens avec le manager, ses collaborateurs, plusieurs visites des lieux de travail et l’observation préliminaire de l’activité et des locaux, ainsi que le repérage des enjeux ont permis la reformulation de la demande. Nous avons perçu, dans les échanges avec l’équipe, qu’au-delà des conditions de travail liées au travail sur écran, les enjeux autour des « métiers en formation » dans le domaine de la communication / recherche se cristallisaient autour du « turn over » important au poste d’assistante veille. Nous avons proposé de mettre en place le dispositif de co analyse par la méthodologie de la clinique de l’activité. Ce dispositif où les experts du travail, c'està-dire ceux qui le font, déclenchent une activité réflexive qui leur permet de penser leur activité, de la développer et de lui donner du sens. Et d’y associé une autre méthode l’analyse ergonomique de l’activité de travail sur écran. Nous avons donc fait la proposition d’intervenir sur deux aspects : Le journal de la médecine du travail – JMT N°19 -

Les résultats : L’activité se déroule dans un appartement aménagé en bureau où : • Les espaces sont mal agencés, encombrés par le mobilier et les différents câbles (électriques et autres) • Aucune norme n’est respectée pour le travail sur écran, la situation est « hors normes » • L’éclairage des locaux est inadapté (reflets, éblouissements). Les luminaires de type « néons », non doublés, sans grille de défilement, placés face à l’écran, source de papillotements, de reflets, d’éblouissement. Le « Néon » unique placé sur la face latérale 43


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du mur peint en blanc, derrière l’opératrice. La fenêtre fait face à l’écran Le mobilier est inapproprié, inadapté, non réglable. Se sont des tables et des chaises ordinaires de récupération. Il n’y a pas de repose pieds. Le plan de travail est encombré (matériel informatique, téléphone, agenda, journaux,…) L’installation électrique n’est pas aux normes Bruit de la rue et des machines (vitrage ordinaire) Les locaux sont peints en blanc, froids. L’entrée est peu accueillante et impersonnelle. Les archives sont encombrées et encombrantes (difficultés de circuler, risque de chute d’objet, poussière, pas d’aération…) Pas chauffage ni de climatisation

Les travaux ont duré plusieurs mois.

Le mur séparant le hall et le bureau du Directeur abattu

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Les assistantes veille organisent leurs travail elles mêmes, se partagent les tâches et intègrent les consignes de la direction au fur et à mesure de leurs émission, elles ont la responsabilité de l’organisation de l’activité. Il n’y a pas de pause ni de définition des tâches ou des postes, pas de procédures, pas de fiches de poste. Les tâches secondaires sont envahissantes (secrétariat, accueil, téléphone, agenda, déplacement, collecte des journaux) et les tâches répétitives et monotones nombreuses. L’activité est exécutée sous contrainte de temps, parfois activité empêchée et/ou interrompue. Le Turn over est important au poste d’assistante veille.

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Récapitulatif des aménagements Dysfonctionnements Locaux : • encombrements (câbles,...), • mauvais agencements du mobilier et du matériel informatique, • pas d’espace de détente, • peinture blanche, • mauvaise installation électrique Ambiances : • éclairage mixte, source de reflets et d’éblouissement, • néons non doublés source de papillotement, • bruit, • pas de chauffage ni de climatisation

Mobilier : • inadapté, • tables ordinaires, couleur foncée avec clavier noir • chaises ordinaires non réglables sans accoudoirs et assise glissante, • pas de repose pieds

Organisation du travail : • pas de pause, • pas de définition des tâches, tâches secondaires envahissantes (secrétariat, accueil, téléphone, déplacement, collecte des journaux), • responsabilité de l’organisation de l’activité, • tâches répétitives et monotones, • contrainte de temps, activité empêchée • Turn over

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Préconisations • architecte pour réaménager les espaces, • abattre des murs et créer des salles de saisie, un secrétariat, un hall et un espace détente, • refaire installation électrique, • peinture de couleur gaie chaude et mat (saumon) Éclairage : • luminaires encastrés, • doublés si néons, • grille de défilement • éclairement suffisant en qualité et quantité, • distance écran fenêtre ≥1,5m, éviter position de l’écran face ou dos aux fenêtres, • placer les stores à lamelles horizontales réglables. Bruit : • double vitrage. Isoler et confiner le serveur T°: • Installation de la climatisation • tables et chaises ergonomiques réglables, dossier ajustable, siège ajustable et pivotant avec base stable • repose pied • support réglable pour écran • support pour document • choisir la couleur des claviers en fonction de celle des tables. • Respecter la position de l’écran 1020° en dessous du plan horizontal passant à hauteur des yeux • Respecter l’écart assise-plan de travail 20-26 cm • pauses déjeuné et repos, • aménagement des locaux permettant la communication, la circulation et la personnalisation des espaces, • définition des tâches (principales et secondaires), • création des fiches de poste, • création des manuels de procédure, • éviter la répétitivité et la monotonie. • Visites médicales (VE, VP) • Regrouper certaines activités pour créer des postes • Process entièrement numérisé • Contrat de travail

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Applications • Mise en œuvre l’architecte +

avec

Mise en œuvre avec spécialiste de l’éclairage + sauf : de placer les stores à lamelles horizontales réglables.

Mise en œuvre +

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Mise en œuvre + En plus organisation du petit déjeuner hebdomadaire pour les équipes avec le manager


Liste des postes de travail : *nouvelle activité, nouveau poste de travail Poste Coordinateur éditorial* Rédacteur validateur (validateur de contenu veille)* Assistant informatique Agent informatique Agent technique* Chargé des études (organisation) Agent veille* Rédacteur veille* Chargé d’études VOB (veille et observation de presse)* Aide documentaliste Assistant administratif Documentaliste Informaticien

L’organisation du travail a pris ses responsabilités dans l’organisation réelle de l’activité, c’est-à-dire sa prescription et son partage. Média Marketing est aujourd’hui une entreprise où les effectifs ont augmenté, où de nouveaux postes de travail sont créés, où l’intégration structurelle du turn over pour certaines tâches diminue les tensions (poste de travail pour job d’étudient, travail temporaire…), où la commercialisation du produit « veille de presse » à des clients, identifiés et réels, est effective. Cette nouvelle situation de travail renouvelle le questionnement autour de la construction des collectifs de travail et de la visibilité du métier. Cependant pour juger de l’amélioration de la situation de travail, il nous faut dans le cadre de l’accompagnement de l’entreprise reprendre l’analyse de la situation de travail (ACC) avec les nouveaux salariés dans cette nouvelle conjoncture. Les entretiens avec les salariés et l’observation de l’activité aujourd’hui, nous permettent par ailleurs de rapporter la sensation de confort, la qualité des échanges dans les équipes. Ceci ne veut pas dire que des difficultés nouvelles ne sont pas apparues, pour l’exemple lors de période d’intense activité (la contrainte de temps, augmentation du nombre de notice, augmentation du nombre de journaux, augmentation du nombre de veille, les absences…) des « crises » individuelle ou collective ont été observé.

Le bilan provisoire des différentes interventions et de l’accompagnement durant 8 ans de Média Marketing, Montre qu’il est possible de faire évoluer les pratiques et l’état d’esprit en milieu professionnel par rapport à l’analyse des situations de travail. Nous avons pris le parti de construire nos interventions autour de méthodes d’analyse de l’activité (ergonomie et clinique de l’activité) qui nous ont permis de mettre en place des dispositifs où les experts du travail, C'est-à-dire ceux qui le font, déclenchent, avec ou sans nous, le cercle vertueux qui leur permet de penser leur activité, de la développer et de lui donner du sens. Mais aussi, ils identifient les dysfonctionnements, trouvent les solutions aux problèmes que l’activité leur pose, les mettent en œuvre, en fait ils s’approprient la méthode. L’intégration de ceux qui organisent le travail des autres dans l’entreprise (cadres-managers) à la réflexion pour penser le changement et l’amélioration des situations de travail peut être une trappe par laquelle les médecins du travail peuvent faire avancer la prévention. La collaboration des travailleurs et l’engagement des responsables de l’entreprise dans les dispositifs d’analyse des situations de travail, sont le seuil en deçà duquel notre intervention se perd dans les mobiles et les enjeux souvent contradictoires des acteurs du milieu de travail. Les aménagements ergonomiques mis en œuvre ont réellement amélioré les conditions physiques de travail.

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Filière Rédaction Rédaction Support Support Support Rédaction Support Rédaction Rédaction Support Soutien administratif Support Support

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Avant

Après

réglementation est une aide précieuse pour les « entrepreneurs » (innovation, fiscalité, contrat de travail, fiche de poste, manuel de procédure, prévention des risques professionnels, aide à l’amélioration des conditions de travail). Dans ce contexte s’ouvre une perspective de développement de la collaboration et de la recherche dans le cadre de l’accompagnement par la médecine du travail de ce type d’entreprise. Nous assistons à la naissance de nouveaux métiers, à la transformation d’autres, tous ces bouleversements ne se font pas

CONCLUSION ET PERSPECTIVES : L’évolution et le développement de l’entreprise, la construction du métier (la communication) et des métiers (rédacteur validateur, rédacteur veille, agent veille) se déroulent depuis une quinzaine d’années. C’est un observatoire privilégié pour le médecin du travail. Nous constatons la difficile reconnaissance de l’émergence des nouveaux métiers aussi bien pour ceux qui participent à leurs construction, que pour le législateur, à cet égard l’évolution de la Le journal de la médecine du travail – JMT N°19 -

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sans impact sur les milieux de travail et sur les travailleurs. Alors s’ouvre un champ de recherche sur des thématiques intéressantes, exemple : • Les nouveaux métiers de la communication • Les TIC (Technologie de l’Information et de la Communication) et la santé au travail

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L’emploi de service et santé au travail Le travail de nuit dans le secteur des services Le travail temporaire, les stagiaires La formation


INTERROGER L’ACTIVITE DES OPERATEURS

Confort au travail Enquête dans le secteur tertiaire M. HAMADOUCHE*, Z. BOUKERMA*, M. KORDJANI*, M. REGGAD*, * Département de Médecine du travail, université farhat Abbas : Sétif. Adresse : Service de médecine du travail, CHU de Sétif

Une enquête sur le confort au travail a été menée dans le secteur des banques et des assurances. La satisfaction de l’environnement de travail a été appréciée à l’aide d’un questionnaire et les paramètres de confort considérés sont : la température, l’éclairage, la qualité de l’air et l’environnement sonore. Seulement 40% des personnes interrogées sont satisfaites de leur environnement global de travail. Les taux de satisfaction de la température, de l’éclairage, de l’environnement sonore et de la qualité de l’air sont respectivement de 72.5%, 86.4%, 58.9% et 50.4%. Les raisons de non satisfaction les plus fréquemment rapportées sont la température excessive pour l’ambiance thermique, l’éblouissement et la lumière inadaptée pour l’éclairage, des sources de bruit pour l’environnement sonore et enfin, l’insatisfaction de la qualité de l’air est attribuée essentiellement à l’existence de poussières, de fumées de tabac, de mauvaises odeurs et à un manque d’air. Les femmes sont les moins satisfaites de leur environnement de travail. Ce sont les sujets les plus anciens dans les bâtiments qui sont les plus mécontents de la qualité de l’air (p=0.05). Le tabagisme actif n’influe pas sur la perception du confort par les travailleurs. Par contre, les salariés exposés au tabagisme passif sont les plus mécontents de l’environnement sonore et de la qualité de l’air (p=0.001). Plus le bureau est haut situé dans le bâtiment et plus le taux de satisfaction s’accroît de façon significative et ceci pour tous les paramètres pris en considération. L’existence d’une fenêtre dans le bureau est un facteur de satisfaction de l’éclairage (p=0.001) contrairement au travail sur écran (p=0.05). La densité humaine dans le bureau est inversement proportionnelle avec le taux de satisfaction de l’éclairage (p=0.02), de l’environnement sonore (p=0.02) et de la qualité de l’air (p=0.01). Les sujets travaillant avec un éclairage naturel estiment leur environnement de travail plus souvent confortable que ceux travaillant avec un éclairage mixte ou artificiel seul. L’existence d’une climatisation et d’une température optimale est source de satisfaction de tous les paramètres étudiés, excepté l’éclairage. Le niveau sonore est proportionnel à l’insatisfaction exprimée par les travailleurs vis-à-vis de l’environnement global (p=0.01), de l’environnement sonore (p=0.001) et de la qualité de l’air (p=0.01). Le niveau d’éclairement n’intervient que dans la satisfaction de l’environnement global (p=0.01). L’age, le niveau d’étude, la distance du sujet par rapport à la fenêtre et la possibilité d'ouverture de celle-ci n’exercent aucun effet significatif sur le confort au travail. Mots clés : bureau, confort, environnement.

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1. INTRODUCTION ET OBJECTIFS Les indicateurs d’un environnement intérieur sont la qualité de l’air, l’ambiance thermique, l’ambiance sonore et l’éclairage. Une perception négative du confort peut favoriser la survenue des symptômes du SBS et constituer un facteur défavorable de la productivité. Le but de notre travail est d’évaluer la satisfaction des salariés par rapport à leur environnement du travail, de rechercher les nuisances environnementales ressenties par les travailleurs à l’origine de leur insatisfaction et de tenter d’identifier les facteurs associés.

grande majorité des salariés non fumeurs actuels (59.1 %) est exposée au tabagisme passif, les femmes sont plus exposées (64.2 %) que les hommes (56.1 %). Près de 2 personnes sur 5 (38.6 %) sont atopiques. 3.2. Satisfaction de l’environnement de travail Seulement 2 salariés sur 5 (40.7 %) sont satisfaits de leur environnement global de travail. On observe le plus haut taux d’insatisfaits pour la qualité de l’air, la moitié des salariés interrogés se déclare non satisfaite de cette ambiance (49.6 %). Le bruit gêne plus de deux salariés sur cinq (41.1 %) et plus d’une personne sur 4 (27.5 %) est insatisfaite de la température. L’éclairage est l’ambiance qui donne le moins d’insatisfaction (13.6 %). 3.3. Causes d’insatisfaction La qualité de l’air La première raison d’insatisfaction par rapport à la qualité de l’air est la présence de poussières, rapportée par près de trois personnes sur cinq. La fumée de tabac gêne (souvent ou parfois) une personne sur deux. Les mauvaises odeurs autres que celles du tabac incommodent près de deux personnes sur cinq. Les autres causes sont plus rares : manque d’air (27.6 %), électricité statique (15.2 %), courants d’air (6.3 %), air sec (2 %). L’ambiance sonore Les bruits provenant de l’extérieur des bureaux représentent la principale gêne par rapport à l’ambiance sonore incommodant près de deux personnes sur cinq (39.8 %). Les bruits provenant de l’intérieur du bureau gênent un quart des sujets interrogés (24.6 %). Le bruits de la climatisation ne gênent que 11.4 % des salariés. La température Près de deux tiers des travailleurs (34.8 %) se plaignent d’une température excessive, ceci est observé essentiellement dans les bureaux non climatisés. Les changements de températures ne sont rapportés que par 6 % des employés. L’éclairage L’éblouissement, l’excès ou au contraire l’insuffisance de lumière représentent une gêne pour environ un salarié sur 10. 3.4. Etude de la satisfaction en fonction des caractéristiques des travailleurs Le sexe Les taux de satisfaction pour l’environnement global, la température, l’éclairage, le bruit et la qualité de l’air sont respectivement de 34,3 %, 84,6 %, 71,6 %, 52.2 % et 52,2 % chez les femmes, et respectivement de 43,2 %, 71,6 %, 86,4 %, 61,5 % et 53,3 % chez les hommes.

2. POPULATION ET METHODES 2.1. La population La population étudiée s’élève à 236 sujets et appartient au secteur tertiaire (services) des banques et des assurances. L’enquête s’est déroulée à la fin de l’été. 2.2. Les méthodes L’enquête a été réalisée au moyen d’un questionnaire rempli par le médecin du travail s’inspirant de l’autoquestionnaire élaboré par un groupe de travail français [10] et comportait : - les données sociodémographiques et professionnelles (date de naissance, sexe, poste de travail, niveau d’étude, ancienneté dans le bâtiment, habitudes tabagiques) ; - les antécédents allergiques personnels et familiaux ; - des questions en vue d’apprécier les conditions de travail et de confort au cours des 3 derniers mois. Les paramètres de confort considérés sont : la température, l’éclairage, la qualité de l’air et l’environnement sonore. Parallèlement, le médecin du travail relève les caractéristiques du poste de travail et du bureau. Une métrologie simple des ambiances thermique, sonore et lumineuse a été réalisée. Les données recueillies avec les travailleurs ont été croisées avec les données du poste de travail pour repérer les facteurs de mécontentement. L’analyse statistique a été effectuée en utilisant le test du khi 2 avec un seuil de 5 %. 3. RESULTATS 3.1. Caractéristiques physiques de la population enquêtée On note une prédominance masculine, 169 (71.6 %) sont des hommes. L’age moyen est de 37.9 ± 9 ans et l’ancienneté moyenne dans le bâtiment est de 6 ± 5.5 ans. Près d’un tiers des hommes (32.5 %) fument et près du quart (24.3 %) sont des ex fumeurs. Une Le journal de la médecine du travail – JMT N°19 -

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mixte, et enfin artificiel seul ; toutes les différences sont significatives, sauf pour l’ambiance sonore (tableau 4). L’utilisation d’un écran de visualisation Les sujets qui utilisent un écran de visualisation sont plus fréquemment mécontents de leur environnement de travail que ceux qui n’en utilisent pas, et ceci pour tous les paramètres étudiés. Une différence statistiquement significative n’est retrouvée que pour l’éclairage (p=0.05). L’existence d’une climatisation Les salariés plus satisfaits de leur environnement de travail se rencontrent parmi ceux travaillant dans des bureaux climatisés comparativement à ceux travaillant en non climatisé. Une différence statistiquement significative est retrouvée pour la température (p<0.001), l’éclairage et la qualité de l’air (p=0.05). La densité humaine Le pourcentage de satisfaction est inversement proportionnel à la densité humaine dans le bureau. Une différence statistiquement significative est retrouvée pour l’éclairage, l’environnement sonore (p<0.02) et la qualité de l’air (p=0.01) (tableau 5). 3.6. Variation de la satisfaction en fonction des paramètres d’ambiance physique mesurés L’élévation de la température de l’air à partir de 24 °C est associée à une perception négative de l’environnement de travail (tableau 6). Nous n’observons aucune différence statistiquement significative entre le niveau d’éclairement et la satisfaction des salariés. Un niveau sonore élevé (>50 dBA) est lié à une baisse significative du taux de satisfaction pour l’environnement global, la qualité de l’air (p<0.01) et l’ambiance sonore (p<0.001).

Excepté pour la température, les femmes sont plus souvent mécontentes de leur environnement de travail que les hommes, néanmoins la différence n’est statistiquement significative que pour l’éclairage (p=0.05). L’âge Globalement, on constate que les sujets jeunes (moins de 30 ans) sont les plus mécontents, toutefois les différences n’atteignent pas la limite de la signification. Le niveau d’étude Le niveau d’instruction n’influe pas de façon significative sur la perception de l’environnement de travail par les salariés. L’ancienneté La satisfaction des salariés n’est associée de façon significative avec l’ancienneté dans le bâtiment que par rapport à la qualité de l’air, les salariés de plus de 10 ans d’ancienneté sont les moins satisfaits (p=0.05). Le tabagisme Si le tabagisme actif ne semble exercer aucun effet significatif sur la perception du confort par les travailleurs de sexe masculin, les sujets (hommes et femmes) exposés au tabagisme passif sont plus mécontents de l’environnement du travail que ceux qui ne le sont pas avec une différence statistiquement très significative concernant l’ambiance sonore et la qualité de l’air (p=0.001) (tableau 1). L’atopie Nous n’avons établit aucun lien statistique entre les antécédents d’allergie et la perception du confort au travail. 3.5. Variation de la satisfaction en fonction des caractéristiques du bureau L’étage du bureau La satisfaction par rapport à tous les paramètres environnementaux augmente de manière fortement significative suivant la hauteur de l’étage où est situé le bureau (tableau 2). La nature du bureau Les taux de satisfaction en fonction de la nature du bureau sont représentés sur le tableau 3. C’est dans les bureaux avec porte fermée qu’on rencontre le plus de salariés satisfaits de l’environnement de travail. L’existence ou non d’une fenêtre L’existence d’une fenêtre dans le bureau améliore le confort au poste de travail avec une différence significative pour l’éclairage (p=0.001). Cette association est notée quelque soit la distance par rapport à cette fenêtre et la possibilité ou non d’ouverture de celle-ci. Le type d’éclairage On observe par ordre décroissant de satisfaction les locaux pourvus d’un éclairage naturel seul, puis Le journal de la médecine du travail – JMT N°19 -

4. DISCUSSION 4.1. Plaintes relatives a l’environnement de travail Si le taux de satisfaction lié à l’environnement global de travail retrouvé dans notre enquête qui est de 40 % est relativement bas, les pourcentages de salariés qui se déclarent satisfaits par rapport aux paramètres de confort pris séparément sont meilleurs allant de 50.4 % à 86.4 %. Le taux élevé de sujets satisfaits de l’ambiance thermique est dû à la surreprésentation des bureaux climatisés dans notre enquête (77.5 %). De même, le taux très important de satisfaction de l’éclairage est probablement lié à la période du déroulement de l’enquête (été) durant laquelle un éclairage naturel souvent suffisant est retrouvé dans les bureaux. 51


4.2. Plaintes en fonction des caractéristiques des travailleurs Le sexe Les hommes sont plus souvent satisfaits de leur environnement de travail que les femmes. Ce constat concorde avec la littérature [6, 7, 10]. L’âge L’influence de l’age sur la perception de l’environnement de travail est diversement appréciée. Pour Squinazi et coll., les plus satisfaits sont les travailleurs âgés de plus de 50 ans (pour la température et la qualité de l’air) [10] et pour Palmier-lize et coll., ce sont les sujets de plus de 40 ans [6]. Reijula et coll. notent plus de plaintes concernant le manque d’air, la température basse et l’électricité statique chez les jeunes et le bruit chez les vieux [7]. L’ancienneté L’ancienneté exerce aussi un effet variable sur la satisfaction. Une grande ancienneté peut jouer un rôle favorable [10] ou au contraire défavorable [6] sur la perception de l’environnement de travail. Le tabagisme Dans notre enquête, les salariés exposés au tabagisme passif sont les plus mécontents de leur environnement de travail, alors que le tabagisme actif ne modifie pas la satisfaction. Zweers et coll. n’observent pas d’association entre le tabagisme et les plaintes environnementales [12]. Reijula et coll. rapportent une fréquence plus élevée de certaines plaintes chez les fumeurs (air sec, poussières, courants d’air, bruit, mauvaises odeurs, électricité statique, fumées de tabac, variations de température) [7]. A l’inverse, Squinazi et coll. observent plus de mécontents chez les non fumeurs pour la qualité de l’air [10]. L’atopie Deux études ont montré une association entre l’atopie et la mauvaise perception de l’environnement de travail [4, 7]. 4.3. En fonction des caractéristiques du bureau Nature du bureau Palmier-lize et coll. rapportent le même ordre de satisfaction selon la nature du bureau : bureaux avec porte fermée, avec porte ouverte, aire ouverte, aire avec cloison à mi-hauteur [6]. Woods et coll. trouvent que le manque d’air est signalé par les travailleurs dans les aires ouvertes une fois et demi plus que dans les aires fermées [11]. Existence ou non d’une fenêtre La satisfaction est meilleure dans les bureaux comportant une fenêtre pour tous les paramètres à l’exception de l’ambiance sonore. La possibilité d’ouverture des fenêtres [12] et leur proximité (< 2m)

Très peu d’études se sont intéressées à la perception du confort. Dans une étude italienne réalisée sur 250 employés, un taux de satisfaction identique a été retrouvé [1]. Ce taux est plus élevé (52 %) selon une étude française menée en Ile-de-France [6]. Dans une autre enquête française qui s’est déroulée en hivers dans la région parisienne, des proportions de salariés insatisfaits nettement plus grandes ont été rapportées : température (60.1 %), qualité de l’air (60.8 %), éclairage (44.9 %) et environnement sonore (37.1 %) [10]. La fréquence des motifs de non satisfaction liés aux paramètres d’ambiance varie considérablement selon les pays et les saisons. Squinazi et coll. rapportent les motifs et pourcentages suivants : Les causes d’insatisfaction de la température sont : température trop élevée (50.1 %), température trop basse (39.2 %) et changements de température (44.3 %). Concernant les causes d’insatisfaction de la qualité de l’air : courants d’air (30.3 %), air sec (39.7 %), électricité statique (24.2 %), manque d’air (31.8 %), mauvaises odeurs (31.3 %), fumée de tabac (24.5 %) et poussières (29.7 %). Pour les causes d’insatisfaction de l’éclairage : éblouissements (27.1 %), lumière trop faible (23.2 %) et lumière trop forte (11 %). Et enfin pour les causes d’insatisfaction de l’ambiance sonore : bruit de la climatisation (35 %), bruit dans le bureau (27.6 %) et bruit extérieur (22.3 %) [10]. Palmier-lize et coll. retrouvent les fréquence suivantes : bruit gênant (44 %), sécheresse de l’air (36 %), électricité statique (26 %), courants d’air (25 %), tabac (24 %), poussières (23 %), air trop chaud (22 %), mauvaises odeurs (16 %) et air trop froid (8 %) [6]. Les plaintes les plus fréquentes selon l’enquête italienne sont l’air sec, la lumière et la température excessive [1]. D’après un travail Finlandais les plaintes survenant chaque semaine au cours des 3 derniers mois sont : air sec (35 %), manque d’air (34 %), poussières (25 %), courants d’air (22 %), bruit (17 %), température élevée (17 %), mauvaises odeurs (17 %), lumière trop faible ou éblouissement (14 %), température basse (13 %), électricité statique (8 %), fumées de tabac (4 %), variations de température (16 %) [7]. Les plaintes le plus souvent retrouvées sont l’air sec, les courants d’air, la variation de température et le manque d’air au Danemark [9] et la température, l’air sec, l’éblouissement et le bruit en Hollande [12]. Le journal de la médecine du travail – JMT N°19 -

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une étude française [6]. Elle s’expliquerait par le fait que le travail de bureau est à charge mentale prédominante. 4.4. En fonction des paramètres d’ambiance physique Une association est retrouvée entre une température excessive et une mauvaise perception de la qualité de l’air [3, 5].

[6] interviennent dans la satisfaction. Ce qui n’est pas le cas dans notre enquête. Etage du bureau Les bureaux hauts situés sont associés à un taux élevé de satisfaction. Ceci, est sans doute lié au fait que les étages supérieurs des bâtiments sont pourvus de fenêtres ouvrables, ce qui n’est pas le cas des rezde-chaussée où prédominent les locaux aveugles. Type d’éclairage L’effet bénéfique de l’éclairage naturel sur la satisfaction a déjà été rapporté [8]. Utilisation d’un écran de visualisation Les non utilisateurs d’un écran de visualisation trouvent le plus souvent leur environnement confortable. Selon une étude danoise récente, la présence d’un PC entraîne une augmentation du pourcentage d’insatisfaits de 13 à 41 % qui serait dû à l’émission de divers polluants (phénol, toluène, styrène, 2 éthylhexanol et formaldéhyde) [2]. Une ventilation plus importante est donc nécessaire. Existence d’une climatisation La climatisation des locaux est associée dans notre étude à un meilleur taux de satisfaction, ceci est compréhensible lorsqu’on sait que notre enquête s’est déroulée en période estivale. Palmier-lize et coll. rapportent des résultats différents en hivers [6]. Densité humaine La corrélation entre la satisfaction et la baisse de la densité humaine dans le bureau a été rapportée par

5. CONCLUSION Cette enquête nous a permis d’évaluer la perception de l’environnement de travail par les salariés, de relever les principales causes de leur mécontentement représentées par la fumée de tabac, les poussières, les bruits extérieurs, la température trop élevée et l’éblouissement, mais aussi d’identifier certains facteurs de risques associés. Nous relevons une certaine cohérence des réponses des salariés avec les caractéristiques des bureaux et les mesures d’ambiance effectuées. L’amélioration du confort des salariés durant l’été passe par la réduction du bruit (insonorisation des bureaux), la suppression du tabac, la propreté des lieux de travail, la baisse de la température audessous de 24 °C, la diminution de la densité humaine et le bannissement des locaux aveugles.

BIBLIOGRAPHIE 1. Abbritti G., Muzi G., Accattoli M.P., Fiordi T., Dell'Omo M., Colangeli C., Gabrielli A.R., Fabbri T., D'Alessandro A. : High prevalence of sick building syndrome in a new air-conditioned building in Italy. Arch Environ Health, 1992;47(1):16-22. 2. Bako-Biro Z., Wargocki P., Weschler C.J., Fanger P.O. : Effects of pollution from personal computers on perceived air quality, SBS symptoms and productivity in offices. Indoor Air, 2004;14(3):178-87. 3. Fang L., Clausen G., Fanger P.O. : Impact of temperature and humidity on the perception of indoor air quality. Indoor Air, 1998;8: 80-90. 4. Lundin L. : Allergic and non-allergic students’ perception of the same high school environment. Indoor Air, 1999;9(2):92–102. 5. Mendell M. : Non-specific symptoms in office workers: a review and summary of the literature. Indoor Air, 1993;3:227-236. 6. Palmier-Lize C., Alcouffe J., Jarzuel Y., Bourasset D., Redor F. : Comment améliorer l’environnement de travail dans les bureaux ? archives des maladies professionnelles –CAMIP, 1995; 4:481-488. 7. Reijula K., Sundman-Digert C. : Assessment of indoor air problems at work with a questionnaire.Occupational and Environmental Medicine, 2004;61:33-38 8. Robertson A.S., Burge P.S., Hedge A., Wilson S, harris-Bass. J. : The relation between passive cigarette smoke esposure in office workers and the symptoms of building sickness. In Indoor and Ambient Quality, 1988: 320-326. 9. Skov P., Valbjorn O. Danish Indoor Climate Study Group. : The "sick" building syndrome in the office environment: the Danish Town Hall study. Environ Int, 1987;13:339-49. 10. Squinazi F., Lanfranconi I., Giard A.M. : Confort et santé dans les bâtiments climatisés. Proposition d’un auto-questionnaire à utiliser par le médecin du travail. Documents pour le Médecin du Travail, 1994; 60: 341-352. 11. Woods J.E., Drewry G..M., Morey P.R. : Office worker perception of indoor air quality effects on discomfort and performance. In: Seifert B., esdorn h., fischer m., ruden h., wegen j., eds Proc. 4th International Conference on Indoor Air Quality and Climate, 1987;2: 464-468. 12. Zweers T., Preller L., Brunekreef B., et al. : Health and indoor climate complaints of 7043 office workers in 61 buildings in the Netherlands. Indoor Air, 1992;2:127–36. Le journal de la médecine du travail – JMT N°19 -

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TABLEAU 1. – Satisfaction selon le tabagisme passif Tabagisme passif Environnement global Température Eclairage Bruit Qualité de l’air

Exposées (%) 36,6 72,9 84,1 48,6 37,4

non exposées (%) 45,9 78,4 87,8 71,6 60,8

TABLEAU 2. – Satisfaction selon l’étage du bureau Etage du bureau Environnement global Température Eclairage Bruit Qualité de l’air

1er (%) 42,4 76,5 91,8 65,9 48,2

RDC (%) 28,4 63,8 79,3 43,1 39,7

p 0,001 0,01 0,02 0,001 0,001

2è et 3è (%) 81,3 87,9 97 97 90,9

TABLEAU 3. – Satisfaction selon la nature du bureau Nature du bureau Environnement global Température Eclairage Bruit Qualité de l’air

Bureau avec porte fermée (%) 54,8 83,6 90,4 69,9 60,3

Bureau avec porte ouverte (%) 41,1 71,6 84,2 64,2 51,6

Aire cloisonnée (%) 13,4 81,4 92,8 64,9 64,9

Aire ouverte ou passage (%) 33,3 58,8 75,0 66,7 58,8

TABLEAU 4. – Satisfaction selon le type d’éclairage Eclairage Environnement global Température Eclairage Bruit Qualité de l’air

Naturel (%) 50 77,7 93,6 68,1 59,6

Mixte (%) 20,8 72,8 85,1 62,7 48,2

Artificiel (%) 38,6 58,3 66,7 54,2 29,2

p 0.05 0.05 0.01 NS 0.05

TABLEAU 5. – Satisfaction selon la densité humaine Densité humaine Environnement global Température Eclairage Bruit Qualité de l’air

< 0,1 (%) 48,4 79,1 91,2 71,4 60,4

0,1 - 0,2 (%) 39,5 72,1 88,4 54,7 51,2

≥ 0,2 (%) 36,2 61,7 76,6 53,2 31,9

TABLEAU 6. – Satisfaction selon la température de l’air (°C) Température de l’air Environnement global Température Eclairage Bruit Qualité de l’air

19 à 24 (%) 50 80 84 74 64

Le journal de la médecine du travail – JMT N°19 -

24 à 27 (%) 44,4 80,6 88,7 63,7 54 54

≥ 27 (%) 27,6 43,1 84,5 37,9 32,8

p 0.05 0.001 NS 0.001 0.01

p 0.02 NS NS 0.001 0.05


PATHOLOGIE INFECTIEUSE ET CARDIOVASCULAIRE

La demande en analyse du travail et sa spécificité en Algérie IDDER LAIB C.

SUMT « Djamal Eddine Abed » EPH Rouiba - Alger

Dans le cas habituel, la demande est le point de départ de l’intervention. Les origines de la demande sont de deux grands types : • Soit qu’elle est formulée dans le cadre d’un projet de conception, • Soit qu’elle est formulée dans le cadre de l’évolution permanente du projet (traitement des questions en attente depuis longtemps ou à l’occasion de la mise en conformité avec la réglementation).

La demande est le point de départ essentiel de l’analyse du travail (Y. Clot 2001c, F. Guerin A. Laville, F. Daniellou, J. Duraffourg, A. Kerguelen. 1997) et ce, quelles que soient les méthodes utilisées. La demande pose cependant un certain nombre de problèmes. Si l’on se contente d’attendre que soit formulée la demande dans le respect des critères méthodologiques pour intervenir, alors il n’y aurait pas de place à l’analyse des situations de travail dans un monde du travail où les voies d’expression des malaises sont soit interdites aux travailleurs, soit réprimées ou encore désorganisées ou simplement étouffées par les situations de crise économique, la peur du licenciement, le taux de chômage élevé, le déficit d’information et de formation, etc.

La demande émane alors d’un des acteurs de la situation de travail, c’est-à-dire la direction de l’entreprise, les salariés, le travailleur, les organisations syndicales, l’ensemble des partenaires sociaux, une institution publique ou des organisations professionnelles. (F. Guérin, A. Laville, F. Daniellou, J. Duraffourg, A. Kerguelen 1997)

Lorsque la demande n’est pas formulée, que faut-il faire ? Attendre que le monde du travail soit en mesure de formuler une demande dans « les règles de l’art » ou aller au devant des situations de travail nécessitant une analyse ?

La première étape du processus d’analyse de la situation de travail, comme préconisée dans la démarche ergonomique et en clinique de l’activité, sera sa précision et sa reformulation au cours des premiers entretiens.

Il nous semble que la situation du milieu de travail est déterminante et les étapes du processus de la formulation de la demande peuvent emprunter des chemins différents sans entacher la suite de l’analyse de la situation de travail d’irrégularité ou d’illégitimité. La construction et la validation de la formulation de la demande deviendraient alors la première étape du travail d’analyse de la situation de travail.

Le journal de la médecine du travail – JMT N°19 -

Dans le cas où la demande ne répond pas à ces critères, parce que la réalité du milieu de travail n’encourage pas la visibilité des difficultés des situations de travail pour les transformer en demande d’analyse, alors tous les postes d’observateur des situations de travail doivent être exploités pour faire émerger les éléments pouvant conduire à l’identification de situations de travail difficiles nécessitant la construction d’une demande. 55


négociation pour l’amélioration des conditions de travail.

La médecine du travail peut constituer un centre d’observation privilégié car c’est une discipline qui se trouve au carrefour où la rencontre entre l’Homme et le travail prend toute sa place. C’est à la fois la connaissance de l’homme, du travail et les exigences réglementaires de son implication dans l’amélioration des conditions de travail qui en font un centre d’observation privilégiée. La définition de la médecine du travail dans notre pays ouvre des perspectives dans ce sens.

Pour l’exemple, en Algérie, dans la phase actuelle, si les chercheurs impliqués dans le domaine de l’analyse du travail attendent que toutes les demandes soient formulées par les acteurs du monde du travail dans les conditions exigées par les méthodologies admises et validées, la plupart des situations difficiles ne parviendraient pas à faire l’objet d’analyse. De ce fait, ils s’impliquent dans la construction de la demande par les différents chemins que la réalité du terrain leur offre.

En promulguant la loi 88-07 du 26 janvier 1988 relative à l’hygiène, la sécurité et la médecine du travail, le législateur algérien vise, comme objectifs essentiels, la préservation et la protection de la santé des travailleurs.

Le médecin du travail, depuis longtemps seul face aux réalités des situations de travail et leurs conséquences sur la santé des travailleurs, est interpellé pour apporter des réponses parfois immédiates ; il s’est vu dans l’obligation de se substituer à une partie des spécialistes pour résoudre à la fois des problèmes médicaux, médico-légaux et d’amélioration des conditions de travail, psychosociaux,…"hégémonie ou réalisme" ? (Araibia, 1998. Gueroui, 1998)

L’article 12 de cette même loi définit la médecine du travail comme ayant une double mission, préventive essentiellement et curative accessoirement, avec pour but : « • De promouvoir et maintenir le plus haut degré de bien-être physique et mental des travailleurs dans toutes les professions et en vue d’élever le niveau des capacités de travail et de création. • De prévenir et protéger les travailleurs des risques pouvant engendrer des accidents ou des maladies professionnelles et de tout dommage causé à leur santé. • D’identifier et de surveiller, en vue de réduire ou éliminer tous les facteurs qui, sur les lieux de travail, peuvent affecter la santé des travailleurs. • De placer et de maintenir les travailleurs dans un emploi convenant à leur aptitudes physiologiques et psychologiques et, en règle générale, d’adapter le travail à l’homme. • De réduire les cas d’invalidité et assurer une prolongation de la vie active des travailleurs. • D’évaluer le niveau de santé des travailleurs en milieu de travail. • D’organiser les soins d’urgence aux travailleurs, la prise en charge des traitements ambulatoires, le traitement des maladies professionnelles et à caractère professionnel. • De contribuer à la sauvegarde de l’environnement par rapport à l’homme et à la nature. »

Pour notre part, nous pensons que c’est du réalisme. Cette situation est imposée par la réalité du milieu de travail. En effet, souvent la médecine du travail est le seul regard attentif sur les conditions de travail réelles et les risques professionnels potentiels. Les causes essentielles de cette situation en Algérie sont l’ignorance du risque dans les entreprises, la défaillance ou l’inexistence des commissions d’hygiène et de sécurité (CHS) et l’absence de sensibilisation sur les conditions de travail. Les structures et les institutions créées à cet effet ne sont pas fonctionnelles ou sont ignorantes de leur rôle dans l’amélioration des conditions de travail (CHS, comités de participation des entreprises, service de prévention de la sécurité sociale…). Le tout est aggravé par le manque de spécialistes sur le terrain, tels les psychologues du travail, hygiénistes et de médecins du travail spécialistes (51 hospitalouniversitaires, 240 santé publique en poste et 122 en formation (A. Semid, 2004) pour 6,7millions de personnes composant la population occupée selon le chiffre de l’ONS en 2003 (travailleurs), l'insuffisance du rôle de l’inspection du travail et de l’inspection médicale du travail (de création récente par instruction, août 1995).

Alors, la transformation des observations de la médecine du travail en « occasions » de construction et de formulation de demandes d’analyse des situations de travail semble, dans les milieux de travail à configurations particulières, comme une option possible. La prise en charge des travailleurs par la médecine du travail est un acquis sur lequel se base la Le journal de la médecine du travail – JMT N°19 -

Toutefois, cette situation ne doit pas rester la règle. D’ailleurs, les médecins du travail sont les premiers à interpeller les acteurs du monde du travail à la 56


début, commencent à apparaître de plus en plus aussi bien à cause de l’exigence des partenaires étrangers que dans le souci de se mettre en conformité avec la réglementation ou de mise à niveau et de normalisation.

coopération, la coordination et la vision pluridisciplinaire, voire interdisciplinaire, dans l’étude et l’analyse des conditions de travail. L’histoire de la demande en médecine du travail en Algérie remonte à l’introduction dans le cursus d’enseignement de l’ergonomie en médecine du travail dans les années 1980 (Tiberguent A. à Alger, Tebboune C.B. à Oran, Nezzal A. à Annaba). C’est la présence des médecins du travail dans les entreprises, à partir de la fin des années 1970, qui révèle les situations de travail et la formulation de la demande. Les médecins du travail aident à sa construction et, souvent, mènent les études par eux-mêmes.

Le plus souvent, c’est à l’occasion de travaux de recherche universitaire que la demande est formulée. La demande émane du chercheur qui s’implique dans sa construction pour : • vérifier une hypothèse, • évaluer une action, • valider une méthode, • identifier des situations de travail apparaissant difficiles ou génératrices de plaintes individuelles rapportées au cabinet médical, voire de pathologies avérées.

Les études (Tiberguent & col. 1990, Tebboune 1990a, 1990b, 1994, Tebboune & col. 1998, 2001, Keddari & col 1990, Lamara & col 1990, Haddad & col. 1990, Laïb-Idder & col. 1990) menées par les équipes de médecine de travail convergent pour dire que la présence du médecin du travail dans l’entreprise est souvent le point de départ d’un processus de prise en compte de la dimension conditions de travail dans ses aspects techniques, organisationnels et humains.

Une demande d’analyse du travail peut, par ailleurs, être construite sur une revendication d’ordre social. Elle surviendra alors lors de mouvements sociaux dans des secteurs où la médecine du travail n’est pas appliquée et où elle ne constitue pas une revendication directe des travailleurs pour différentes raisons dont : • l’ignorance de la législation, • la dilution de la responsabilité juridique et financière.

Malgré le déficit de la couverture en médecine du travail, moins de 30 %, la demande est souvent le fait des médecins du travail (selon un rapport du Ministère de la Santé et de la Réforme Hospitalière élaboré en 2004).

Pour notre part, nous avons opté initialement pour la procédure suivante en 2 étapes : • Construction de la demande • Analyse

Durant les deux décennies 1970 et 1980, la situation financière favorable des grandes entreprises permettait les interventions et les préconisations qui visaient l’amélioration des conditions de travail.

La 1ère étape de construction de la demande devait comporter les points suivants : • validation de la demande par les travailleurs, • vérification de la formulation des hypothèses de travail du chercheur, obtention de l’adhésion des travailleurs aux hypothèses, • formation d’un partenariat : chercheur - travailleurs en vue de la co-analyse une fois ceci réalisé sera entamée la phase suivante.

Depuis 1990, la situation sécuritaire et la crise économique en Algérie ont entraîné un recul considérable en matière de conditions de travail. Les préoccupations du monde du travail sont noyées par le problème du maintien de l’emploi, les revendications salariales, la baisse du pouvoir d’achat et le risque sécuritaire. Les interventions pour l’analyse des situations de travail ne sont plus prises en compte quand elles peuvent être réalisées.

La 2ème étape : réalisation de l’analyse qui se déroulera selon le schéma admis. La réalité du terrain nous semble donc déterminante quant au choix des voies et moyens d’accès aux situations de travail. C’est le cas de notre recherche sur le travail des cadres en Algérie.

A partir de l’année 2000, au moment où l’Algérie commençait à sortir de son isolement (mondialisation, Union européenne, Organisation Mondiale du Commerce), l’intérêt pour l’analyse des conditions de travail dans les entreprises s’est sensiblement élevé. Les demandes émanant des employeurs, timides au Le journal de la médecine du travail – JMT N°19 -

L’étape de construction de la demande (préoccupation du chercheur) et sa validation par des 57


collectifs de travailleurs a entraîné l’émergence de demandes dans d’autres collectifs de travailleurs ou d’employeurs dans d’autres secteurs. En définitive,

nous avons co construit la demande avec les premiers et accepté de répondre à la demande des seconds.

NOTES ET BIBLIOGRAPHIE -

Pluridisciplinaire et interdisciplinaire pris dans le sens proposé par B. Doray "Les démarches pluridisciplinaires sont celles qui permettent de faire converger sur la même base empirique des disciplines gardant chacune leurs méthodes et leurs modes de conceptualisation propres. Les démarches interdisciplinaires, dans lesquelles les concepts eux mêmes sont l’objet d’un retravail par le croisement des approches théoriques". (B. Doray 1990)

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Laib-Idder, C., Djakrir, Boumédine, Mokhtari R. (1990). Etude de la fréquence cardiaque en milieu de travail. Proposition d’une méthode simple d »évaluation du poste de travail. 6ème Journées Nationales de Médecine du Travail Alger

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Lamara Mahamed, A. (1990). Etude de poste de copiste à l’imprimerie officielle. 6ème journées nationales de médecine du travail Alger.

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Loi 88-07 du 26 janvier 1988 relative à l’hygiène, la sécurité et la médecine du travail (JORA)

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Tebboune, C. B., Mesli, F., Mohamed Brahim, B. (1998). Profil audiométrique des travailleurs exposés au bruit. JMT n° 1/1998.

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PATHOLOGIE INFECTIEUSE ET CARDIOVASCULAIRE

Lien entre stress et pathologie mentale : Revue de littérature B. TEFAHI (1), F. KACHA (2) Service de psychiatrie.EHS.A.ERRAZI. Annaba (1) [tefahi_bani@yahoo.fr] Service de psychiatrie. EHS. Mahfoud Boucebci. Alger (2)

La pathologie mentale est le résultat d'une interaction complexe entre une vulnérabilité et des états de stress psychosociaux (modèle de Zubin, 1977). Stress et pathologie mentale sont deux entités nosographiques différentes, leur lien se rapporte aux mécanismes biologiques qui augmentent la réponse comportementale du sujet suite aux expositions cumulatives environnementales (évènements de vie, traumatisme d'enfance etc...). Nous illustrerons à travers une revue de littérature faite sur la base de données Pubmed en utilisant les mots clés suivants: « stress », « mental illness », « neurobiologic », « psychosocial », « vulnerability » tous les paramètres neurobiologiques et psychosociaux qui expliquent ce lien afin d'éradiquer les signes de rechutes incriminés dans la maladie mentale pour une meilleure qualité de vie. Mots clés: Stress, pathologie mentale, neurobiologie, vulnérabilité, psychosocial. INTRODUCTION: La pathologie mentale est caractérisée par des altérations de la pensée, de l'humeur et du comportement associée à une détresse importante et à un dysfonctionnement de longue durée. L’exposition cumulée au stress augmente le risque de passage vers la psychose ou les lignées névrotiques selon des mécanismes biologiques de vulnérabilité.

RESULTATS: 1-L’article de Van Winkel R et Al (2008) [5] montre que le concept de «sensibilisation comportementale» qui stipule que l'exposition au stress psychosocial (les événements de vie, traumatismes de l'enfance, ou les expériences discriminatoires) augmente progressivement la réponse comportementale et biologique d'exposition ultérieure à la maladie mentale. Le substrat neurobiologique de cette sensibilisation implique une dérégulation de l'axe hypothalamohypophyso-surrénalien avec une augmentation de la libération de la dopamine striatale. Il confirme que la plupart des études suggèrent une interaction entre gène-stress (vulnérabilité génétique: antécédents familiaux de psychose). En revanche, les polymorphismes dans les gènes de la catéchol-Ométhyltransférase (COMT) et le brain-derived neurotrophic factor (BDNF) peuvent interagir avec le stress psychosocial dans le développement de la psychose chronique.

OBJECTIFS: Identifier les facteurs de stress incriminés dans l’apparition de la maladie mentale pour une meilleure qualité de vie. METHODOLOGIE: Notre méthode est une revue de littérature faite sur un moteur de recherche « Pubmed » de la période de 2005 à 2011 en utilisant les mots clés suivants: «Stress», «mental illness», «neurobiologic», «psychosocial», «vulnerability».

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un facteur prédictif significatif de survenue d'une dépression majeure après plusieurs événements indésirables. 6-Selon Swaab DF (2005) [4], le système hypothalamo peptidergique est impliqué dans les symptômes de la dépression majeure. L’augmentation de la production de la vasopressine dans la dépression se produit dans les neurones qui co localisent CRH (corticolibérine), les neurones du noyau supra optique (NSO) qui peuvent augmenter les concentrations plasmatiques de vasopressine allant jusqu’au risque suicidaire. L'activité accrue des neurones d'ocytocine dans le noyau para ventriculaire (PVN) peut être liée à des troubles alimentaires de la dépression. Par contre, la production diminuée de la vasopressine est responsable des troubles du sommeil de la dépression. En outre, le système de stress est affecté par l'évolution des niveaux d'hormones sexuelles retrouvés lors de la période prémenstruelle, anté et post-partum et pendant la phase de transition vers la ménopause et lors de l'utilisation de contraceptifs oraux pouvant entrainer des troubles névrotiques anxieux et dépressifs.

2-L’étude de Conway CC et Al (2010) [1] faite sur 384 sujets jeunes génotypés la 5-HTTLPR (gène transporteur de la sérotonine) et la COMT (catécholO-méthyltransférase) pour examiner l'effet modérateur de leur polymorphisme. L’interaction gène-environnement (GxE) dans l’apparition de la dépression implique un polymorphisme dans la région promotrice du gène transporteur de la sérotonine (5HTTLPR) comme modérateur de la relation stressdépression. 3-Selon Heinrichs M et Al (2007) [3], l'axe hypothalamo-hypophyso-surrénalien est important pour le développement et l'évolution des troubles mentaux, notamment, l'ocytocine neuropeptide qui réduit la réactivité de cet axe au stress social et améliore le comportement social. 4-L’étude longitudinale de Fergusson. DM et Al (2011) [2] faite sur une cohorte de 893 individus à la nouvelle Zélande montre qu’une série de 104 modèles de régression est équipée à quatre problèmes de santé mentale (symptômes dépressifs, dépression majeure, trouble anxieux et idéation suicidaire) observée à partir de l'âge de 18, 21, 25 et 30 ans. Elle suggère qu'il est peu probable qu'il y ait un gène stable xenvironnement pouvant être responsable des troubles mentaux. 5-L’étude de Wilhelm K et Al (2006) [6] faite sur 127 sujets dont l’âge moyen est de 48 ans suivis pendant 25 ans afin de déterminer le génotype du gène du transporteur de la sérotonine (5-HTTLPR). Ses associations sont étudiées entre le génotype 5 HTTLPR, les événements de vie positifs et négatifs et de l'interaction gène x-environnement, aussi entre le génotype 5 HTTLPR et les facteurs de risque de la dépression. Il considère que le génotype 5 HTTLPR est

CONCLUSION: Il ressort de cette revue de littérature que le stress (environnement, événements de vie positifs et négatifs, traumatismes de l'enfance, expériences discriminatoires, déséquilibre hormonal et jeune âge) affecte les mécanismes biologiques de vulnérabilité à l’intérieur du cerveau humain qui se produit dans différents processus pathologiques mentaux perturbant le fonctionnement humain et la qualité de vie.

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SURVEILLANCE MEDICALE ET RISK ASSESMENT

Relation entre la pression artérielle et l’exposition professionnelle au plomb dans une entreprise de fabrication d’accumulateurs. BOUKERMA Z., RAHMANI N., BERRAH N. Médecine du travail, Université Farhat Abbas, Sétif (Algérie) Adresse : service de Médecine du Travail, Centre hospitalier Universitaire Sétif 19000 Algérie email : zboukerma@gmail.com

Contexte : l’impact du plomb sur l’élévation de la tension artérielle est assez controversé. Dans la littérature de nombreuses études ont étés faites, certaines confirmant et d’autres infirmant l’action du plomb sur l’augmentation de la tension artérielle. Objectif : Etudier la relation entre la concentration sanguine en plomb sur une population ouvrière d’une usine de fabrication d’accumulateurs. Participants: cohorte de 265 travailleurs âgés de 21 à 59 ans (M = 42,24, SD = 8.10) et suivie médicalement depuis la première exposition jusqu'à l'année 2010. Ces travailleurs ont une exposition allant de 1 à 34 ans (M = 17,19, SD = 8,87). Méthodes : La pression artérielle est mesurée par sphygmomanomètre standard. Le plomb dans le sang qui varie de 12.50 à 82.90 µg/dl (M= 41.19, SD= 18.66) a été mesuré par spectrophotométrie d’absorption atomique. Pour l’étude statistique (Ancova) Les travailleurs ont étés réparties en fonction de leur plombémie en quatre quartiles (<20µg/dl, 20-39 µg/dl, 40-49 µg/dl et >59 µg/dl).L’analyse statistique univariée et multivariée a été faite par IBM SPSS version 20. Principaux critères de jugement : association entre la concentration sanguine de plomb, et la pression artérielle, avec comme covariables l’âge, l’ancienneté, le tabagisme et l’indice de masse corporelle. Résultats : Les résultats montrent une corrélation significative de la tension artérielle maxima et minima avec la plombémie. La moyenne des tensions artérielles (minima et maxima), ainsi que de l’IMC est significativement différente entre la date du début d’exposition et la date de diagnostic de l’hypertension artérielle.L’analyse multivariée tenant compte des covariables et des interrelations entre les variables montre une différence statistiquement significative de la tension artérielle systolique entre le 1er et le 4er quartile (p<0.001), entre le 2er et le 4er quartile (p=0.007) et entre le 3èr et le 4er quartile (p= 0.001). En ce qui concerne la tension artérielle diastolique la différence n’est significative qu’entre le 1er et le 4er quartile (p=0.05) et entre le 1er et le 3er quartile (p=0.011). Conclusion : les résultats de l’analyse montrent l’existenced’ une relation significative entre l’augmentation artérielle et l’augmentation du taux de plomb dans le sang. Mots clés : plombémie, plomb, pression artérielle, hypertension artérielle, IMC Background: The impact of lead onthe riseof blood pressureis discussed enough.In the literaturemany studiesare done, some confirmingand othersreversingthe actionof lead onthe increasein blood pressure. Objective: to evaluate the relation between the blood lead concentration on a working population of a manufacturing plant of accumulators. Participants:Cohortof 265workersaged 21 to59 years(M =42.24, SD=8.10)and followedmedicallysince first exposureuntil the year2010. These workers haveanexposuregoing from 1 to34 years(M =17.19, SD =8.87). Le journal de la médecine du travail – JMT N°19 -

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Methods:Blood pressure ismeasured bystandardsphygmomanometer. Theblood leadranging from12.50 to82.90 µg /dl (M = 41.19, SD=18.66) was measured byatomic absorption spectrophotometry. Ratesin theblood weredivided into quartiles(<20μg/dl, 20-39 µg /dl,40-49 µg /dland >59 µg /dl). Theunivariate and multivariatestatistical analysiswas made byIBMSPSSversion20. Main Outcome Measures: Association betweenblood lead, blood pressure and hypertension, with the covariates:age, seniority,smoking andbody mass index. Results:The results showa significant correlation betweenblood pressure (maximum and minimum) and blood lead levels.The meanblood pressures(minimum and maximum), blood pressure and BMIwere significantly differentbetweenthe start date ofexposureand diagnosis date of the hypertension. Multivariate analysistaking into account thecovariatesandinterrelationbetween the variablesshowsastatistically significant difference of thesystolic blood pressurebetween the 1erand4erquartile (p <0.001), between the2erand4erquartile (p = 0.007) and between the3erand4erquartile (p = 0.001). With regard todiastolic blood pressure the difference issignificantbetween the1er and4erquartile(p =0.05) andbetween 1erand3erquartile(p =0.011).Conclusion:Results show thatin this studythere is a relationshipbetween increasedblood pressure andincreased levels ofblood lead. Keys words: Blood lead, blood pressure, BMI. INTRODUCTION Le plomb est un métal lourd sans aucun rôle biologique bénéfique. Utilisé, entre autres, dans la fabrication d’accumulateurs, sa persistance dans l’organisme cause différentes pathologies. Ces dernières années le plomb est devenu un sujet de débat aussi bien dans le domaine professionnel qu’environnemental tant dans les pays développés que dans les pays en voie de développement. En ce qui concerne le risque cardiovasculaire que pourrait induire le plomb, différentes études ont attirés l’attention sur la possibilité qu’un faible niveau d'exposition au plomb chez les adultes puisse élever la pression sanguine [21- 19]et augmenter le risque de morbidité des maladies cardio-vasculaires[1411].D’après certaines études le fait que l'exposition au plomb puisse entrainer une augmentation de la pression artérielle est assez controversé. Si certaines études montrent une responsabilité hautement plausible dans la pathologie hypertensive permanente, d’autres par contre pensent qu’il n’en est rien. En effet Huet al. [9] ont rapportés des niveaux significativement plus élevés de plomb dans les compartiments osseux et sanguins chez les personnes ayant une hypertension artérielle. Schwartz et al [22] ainsi que Fenga et al, [7] ont aussi rapportés que le plomb est responsable de l’élévation de la pression artérielle. D’autres études dont celle de Wu et al [26] montrent que ce toxique n’a aucun effet sur la pression artérielle. A ce titre nous avons entamé une étude rétrospective d’une cohorte de 265 travailleurs d’une entreprise de fabrication d’accumulateurs dans le but d’évaluer la possible relation entre l’exposition au plomb et la pression artérielle.

jusqu’à l’année 2010. A l’embauche, et conformément à la réglementation, aucune personne embauchée ne présentait d’hypertension artérielle ni de pathologie chronique tel que le diabète ou une pathologie rénale pouvant interférer avec une éventuelle élévation de la pression artérielle. Durant toute la période d’exposition chaque travailleur avait eu au minimum 2 examens médicaux par an au cours desquels les différentes analyses biologiques et toxicologique, requises par la règlementation ont étés faites. Pour faire partie de la cohorte le travailleur doit avoir été exposé au minimum pendant 1 année. Les critères d’exclusion en dehors de l’hypertension artérielle sont : un diabète de type 1 ou 2, une coronaropathie, un accident vasculaire cérébral, une insuffisance rénale, une pathologie thyroïdienne et une utilisation de toute médication pouvant influer sur la pression artérielle et ce pendant la première année. Pour cette étude Nous avons relevé toutes les caractéristiques de personnes contenues dans le dossier médical tel que l’âge, les antécédents médicaux, chirurgicaux et familiaux, la consommation de cigarette et/ou éventuellement la consommation d’alcool. La durée d’exposition, telle qu’elle a été utilisée dans cette étude, correspond au nombre d’année d’exposition calculé à partir de la date d’embauche jusqu’à la date de diagnostic de l’hypertension artérielle. En cas de normotension, cette durée d’exposition est calculée à partir de la date de première exposition jusqu’à l’année 2010. COLLECTE DES DONNEES Les données ont étés recueillis à partir du dossier individuel de suivi de chaque travailleur. Le poids corporel a été mesuré en position debout, pieds nus et portants des vêtements légers. La taille a été mesurée avec une règle fixée au mur. Le poids et la taille sont exprimés sous forme d’index de masse corporelle et exprimés en Kg/m2 .La pression artérielle

MATERIEL ET METHODE Une cohorte de 265 travailleurs exposés au plomb, a été médicalement suivie depuis la date d’embauche Le journal de la médecine du travail – JMT N°19 -

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µg/dl. En ce qui concerne la pression artérielle, la moyenne de la PAI (pression artérielle initiale mesurée au moment de la visite d’embauche) est de 11.66±0.80 / 6.76±0.83.La moyenne de la PAF (pression artérielle finale) dont l’augmentation par rapport à la PAI (pression artérielle initiale) est statistiquement significative (t=-17.73, p<0.000) est de 12.87±0.92 /8.07±0.88. L’indice de masse corporel avant et après exposition (tableau 3) montre aussi une augmentation statistiquement significative (t=-11.33, p<0.000). Le tableau 4 (corrélation de Pearson) montre que la pression systolique finale est significativement corrélée avec l’âge, l’IMC, la plombémie et la durée d’exposition. La pression diastolique finale, quant à elle, est significativement corrélée avec la plombémie, l’âge, la consommation de cigarettes et la durée d’exposition. L’étude de la régression linéaire par la méthode ascendante (tableau 5) montre que la pression artérielle systolique est significativement corrélée avec la durée d’exposition, l’indice de masse corporelle et la plombémie; ces 3 facteurs ensemble expliquent 16.16% de la variation de la pression artérielle systolique. La pression diastolique est quant à elle corrélée avec la durée d’exposition, la plombémie et la consommation de cigarette, ces trois facteurs expliquant ensemble 18.32% de la variabilité de la pression diastolique. Le tableau 6 (Ancova : comparaison des effets inter sujets), montre aussi la tension artérielle systolique et diastolique sont influencées significativement par la plombémie, l’indice de masse corporelle et le nombre d’années d’exposition. La taille de l’effet associé aux variables indépendantes est moyen sauf pour l’IMC et la tension artérielle minima où nous avons un petit effet de taille. Les 4 groupes de travailleurs étudiés se distinguant du point de vue de la plombémie (figures 1 et 2), le tableau 7 montre qu’il existe une différence significative de pression artérielle maxima entre le dernier quartile (>59µg/dl) et les autres. La pression artérielle minima quant à elle, est significativement différente entre le premier (<20 µg/dl) et le et le 3éme quartile (40-59 µg/dl) et entre le premier et le dernier quartile.

mesurée à chaque visite médicale est déterminée au niveau du bras droit, en position assise. La pression artérielle initiale (PPI) est celle mesurée à l’embauche. La pression artérielle finale (PPF) est soit celle mesurée en 2010 pour les personnes normotendus soit celle qui correspond à la première mesure de l’hypertension artérielle. Le travailleur sort de la cohorte à la date où l’hypertension artérielle a été diagnostiquée et un traitement prescrit. Pour chaque personne exposée, la plombémie a été mesurée 2 fois par an depuis la première année d’exposition. Les échantillons de sang veineux entiers ont été recueillis, conservés à 4°c et mesurés par spectrophotométrie d'absorption atomique. La plombémie prise en compte dans cette étude est la moyenne géométrique de toutes les plombémies à partie de 1 année d’exposition jusqu’à la sortie de la cohorte. STATISTIQUES L’analyse statistique a été faite sur logiciel SPSS (IBM statistics SPSS version 20).Les résultats sont exprimés sous forme de moyenne et écart type. La corrélation des différents paramètres sont analysées par le coefficient de rang de Spearman. Les valeurs de p inférieures à 0.05 sont considérés comme statistiquement significatives. La comparaison des pressions artérielles initiales et finales ont étés faites par le test de comparaison des moyennes (test t). Une étude de régression multivariée, par la méthode ascendante, de la pression artérielle (maxima et minima) en fonction des différents facteurs a été faite en vue de déterminer l’éventuelle prédictivité des variables dépendantes par les différents facteurs indépendants.une analyse des covariances (ANCOVA) a été utilisée afin de déterminer l’effet de la variable catégorielle indépendante sur les variables continues (pression artérielle systolique et diastolique) en contrôlant l’effet d’autres covariables (âge, IMCF, consommation de cigarette, durée d’exposition ) qui pourraient avoir un impact présumé sur la relation. La variable catégorielle est représentée par les différents quartiles de la plombémie (<20µg/dl, 20-39 µg/dl,4059µg/dl et >59µg/dl). RESULTATS Les caractéristiques principales des travailleurs étudiés sont représentées au niveau du tableau 1. L’étude de la cohorte montre que la prévalence de l’hypertension artérielle systolique est de 47.17% alors que celle de la pression artérielle diastolique est de 23.02%.La moyenne géométrique de la plombémie des 265 travailleurs est de 41.19 ± 18.66 µg/dl avec un minimum de 12.50µg/dl et un maximum de 82.90 Le journal de la médecine du travail – JMT N°19 -

DISCUSSION Avec l'industrialisation, la production mondiale du plomb a été en continuelle hausse jusqu’à atteindre 3.8 millions de tonnes par an [13], pour décliner à partir des années 1990 dans les pays industrialisés. Cependant dans les pays en voie de développement l’exposition au plomb environnemental demeure 63


femmes en période post-ménopause rapporte aussi une corrélation positive entre ces deux facteurs que sont la plombémie et la pression artérielle.

inchangée. Ce fait implique, de par le monde, un intérêt certain du point de vue santé publique en ce qui concerne les possibles effets toxiques de l'exposition au plomb environnemental et professionnel sur le système cardio-vasculaire, avec, additionnellement, comme principal facteur de risque, pour la morbidité et la mortalité cardio-vasculaires [918], le rôle que pourrait avoir une exposition chronique à de faible quantité de plomb dans la pathogénie de l'hypertension artérielle. C’est ainsi que Vupputuri,[24], Harlan[8] et Cheng [4]suggèrent que des niveaux de plombémie élevés demeurent un facteur important de risque environnemental d’hypertension artérielle. D’autres études par contre dont celle de Chu N.F et al [5] montrent une absence de corrélation entre l’exposition au plomb environnemental et le risque d’hypertension. Parmi les nombreuses études expérimentales sur animaux, notons celle de Badalzadeh et al [3] qui a également soutenu que de faibles niveaux de plomb dans le sang ont une action non seulement sur la tension artérielle mais aussi sur la contractilité cardiaque. Dans notre étude nous rapportons que sur les 265 personnes étudiées, 71 présentent une HTA systolique, 61 une HTA diastolique et 45 une HTA, à la fois, systolique et diastolique. La pression systolique ainsi que la pression diastolique sont fortement corrélée avec l’âge (p<0.000, p<0.000), la durée d’exposition (P<0.000, p<0.000) et la plombémie (p=0.009, p=0.011). En ce qui concerne les autres facteurs, nous notons que l’indice de masse corporelle final (IMCF) est corrélé uniquement avec la pression systolique, alors que la consommation de cigarette l’est uniquement avec la pression diastolique. En comparaison, si certaines études [20-23] n'ont pas trouvé de relation significative entre le plomb sanguin et l'hypertension. D’autres études [12-2] ont rapportés une corrélation franche du plomb sanguin avec l’hypertension aussi bien systolique que diastolique. Pour Afridi et al [2] non seulement le plomb mais, aussi, des bas niveaux de Zn, sont significativement corrélé avec l'hypertension artérielle. Abdullah A. Alghasham [1] dans une étude cas témoin rapporte que la plombémie est non seulement significativement plus élevée chez les hypertendus mais aussi positivement corrélée avec l’augmentation de la pression systolique et diastolique. Nash et al [16], dans une étude sur des

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Les autres facteurs sont tout aussi diversement rapportés. Si Harlan et al, [8] dans une étude sur la population US trouvent que l’IMC a une corrélation inverse avec la plombémie, de Queiroz et al [6] trouvent que ce facteur est significativement corrélé avec l’augmentation de la pression artérielle. Pour KhosroSadeghniiat-Haghighi[15] l’IMC et le tabagisme sont positivement corrélés avec la tension artérielle systolique et diastolique. Dans notre étude la plombémie, et l’ancienneté sont positivement corrélées avec les pressions systoliques et diastoliques. L’indice de masse corporelle est quant à lui positivement corrélé uniquement avec la pression systolique alors que la consommation de cigarette l’est (uniquement) avec la pression diastolique. L'analyse multivariée tenant compte des covariables et de l'interdépendance entre les variables (tableau 7) montre une différence statistiquement significative de la tension artérielle systolique entre le quartile 1er et 4er (p <0.001), entre le quartile 2er et 4er (p = 0.007) et entre le 3er et 4er quartile(p = 0.001).En ce qui concerne la tension artérielle diastolique la différence est significative entre le 1er et 4er quartile(p = 0.05) ainsi qu’entre le 1er et 3er quartile(p = 0.011). En contrôlant les éventuels effets des cofacteurs (âge, IMC, durée d’exposition et tabagisme) la procédure Ancova (tableau 7) nous permet de conclure qu’une plombémie élevée >59 µg/dl a un effet significatif sur l’élévation de la pression artérielle systolique, alors qu’un taux plus faible de plombémie, compris entre 40 et 59 µg/dl a une influence significative sur la pression diastolique. En conclusion nous pouvons dire que le plomb étant un toxique cumulatif, l’accumulation successive du plomb au fil des années est, indépendamment des autres facteurs de confusion, associé à l’augmentation de la pression artérielle aussi bien systolique que diastolique dans une cohorte de travailleurs d’âge moyen.

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Tableau 1: caractéristiques générales des personnes étudiées Variables moyenne Écart type Minimum Age (années) 42.45 8.17 21 Cigarette (paquets-années) 8.73 11.89 0.00 Indice de masse corporel initial* 22.78 3.32 15.37 Indice de masse corporel final ** 24.80 3.80 15.37 Durée d’exposition (années) 17.19 8.87 1 Plombémie 41.19 18.66 12.50 Pression artérielle Systolique Initiale * 11.66 0.80 10.0 Pression artérielle diastolique initiale* 6.76 0.83 5.0 Pression artérielle systolique finale** 12.87 1.61 10.0 Pression artérielle diastolique finale** 8.08 0.89 6.0 *au moment de la visite d’embauche. ** au moment du diagnostic de l’hypertension artérielle ou en 2010 pour les normotendus.

Maximum 59 43.00 34.34 35.27 34 82.90 13.0 8.0 18.0 10.0

Tableau 2: moyennes des plombémies et pressions artérielles dans les différents quartiles. <20 µg/dl (n:28) 20-39 µg/dl (n.78) 40-59 µg/dl (n:92) >59 µg/dl (n:47) plombémies 17.16 ± 1.78 28.72±5.93 49.86±5.78 69.47±6.18 PASF 12.49±1.38 12.94±1.85 12.65±1.16 13.57±1.97 PADF 7.84±0.73 8.05±1.00 8.12±0.83 8.27±0.90 PASF: Pression artérielle systolique finale .PADF: Pression artérielle diastolique finale Tableau3: test T-test pour échantillons appariés: n 265 Mean± SD

Standard error

t

sig

IMC Initiale* 22.78±3.32 0.20 -11.33 <0.000 IMC Finale** 24.80±3.80 0.23 PAS Initiale* 11.66±0.80 0.05 Paire 2 -12.39 <0.000 PAS Finale** 12.87±1.61 0.01 PAD Initiale* 6.76±0.83 0.05 Paire 3 -17.73 <0.000 PAD Finale** 8.08±0.88 0.05 *A l’embauche. ** au moment du diagnostic de l’hypertension artérielle ou en 2010 pour les normotendus Paire 1

Tableau 4: correlation test of the different variables finales.

plombémie IMC tabac PASF PADF Age Durée d’exposition

r Sig r Sig r Sig r Sig r Sig r Sig r Sig

plombémie 1

IMC -,039 ,531 1

tabac ,067 ,279 -,053 ,392 1

PASF ,159** ,009 ,193** ,002 -,054 ,378 1

PADF ,156* ,011 ,116 ,059 -,159** ,010 ,649** ,000 1

Age -,045 ,461 ,034 ,587 -,085 ,170 ,254** ,000 ,312** ,000 1

**. Corrélationsignificative au niveau 0.01 (bilateral). *. Corrélationsignificative au niveau 0.05 (bilateral). IMCF: Indice de masse corporelle finale. PASF: Pression artérielle finale. PADF: Pression artérielle finale. Le journal de la médecine du travail – JMT N°19 -

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Durée d’exposition -,058 ,346 ,031 ,618 -,012 ,847 ,306** ,000 ,352** ,000 ,803** ,000 1


Tableau5: régression multiple : interrelation entre les facteurs de confusion potentiels Variables Regression Erreur Standard coefficient (β) Durée d’exposition 0.311 0.010 Pression Systolique IMC 0.190 0.024 Plombémie 0.085 0.005 Durée d’exposition 0.361 0.006 Pression Diastolique Plombémie 0.188 0.003 tabagisme 0.167 0.004 *p<0.05 Tableau 6: ancova: comparaison des effets inter sujets Tension artérielle maxima F sig Np2 Pb (quartile) 5.535 0.001* 0.062 cigarette 0.034 0.854 0.000 âge 0.019 0.890 0.000 IMC 10.510 0.001* 0.040 Années d’exposition 10.914 0.001* 0.041 Pb*cigarette*âge*IMC*années 1.505 0.20 0.023 d’exposition *p<0.05

<0.000* <0.000* <0.000* <0.000* 0.001* 0.003*

67

16.16

18.32

tension artérielle minima F sig Np2 3.115 0.027* 0.036 1.436 0.232 0.006 0.147 0.702 0.001 3.988 0.047* 0.016 11.451 0.001* 0.043 1.324 0.261 0.021

Tableau 7 : Ancova : comparaison par paires Tension artérielle maxima Tension artérielle minima (I)Pb (J) Pb I-j Erreur sig I-j Erreur µg/dl µg/dl standard standard <20 20-39 -0.406 0.276 0.142 -0.198 0.151 40-59 -0.280 0.268 0.297 -0.372* 0.149 >59 -1.149* 0.307 0.000 -0.478* 0.167 20-39 <20 0.406 0.276 0.142 0.198 0.151 40-59 0.127 0.230 0.582 -0.174 0.125 >59 -0.743* 0.275 0.007 -0.279 0.150 40-59 <20 0.280 0.268 0.297 0.372* 0.146 20-39 -0.127 0.230 0.582 0.174 0.125 >59 -0869* 0.265 0.001 -0.105 0.145 >59 <20 1.149* 0.307 0.000 0.478* 0.167 20-39 0.743* 0.275 0.007 0.279 0.150 40-59 0.869* 0.265 0.001 0.105 0.145 *la différence des moyennes est significative au niveau 0.05

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R2

sign

sig 0.189 0.011 0.005 0.189 0.166 0.064 0.011 0.166 0.468 0.005 0.064 0.468


Le journal de la médecine du travail – JMT N°19 -

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SURVEILLANCE MEDICALE ET RISK ASSESMENT

Identification des Equipements de Protection Individuelle dans une unité de production de Peintures, Souk Ahras, 2011. M. MEGUEDDEM, R. DJAFER, AB. MESSAOUDENE Service de Toxicologie du Centre Hospitalier Universitaire d’Annaba

L’entreprise dont il est question dans ce travail, est une entreprise nationale spécialisée dans la production des peintures et comporte six (06) unités dont une (01) est située dans la wilaya de Souk Ahras. Dans ce secteur d’activité le risque d’exposition des salariés à des produits toxiques est peu étudié, ce problème a motivé l’initiation d’une démarche permettant l’identification des mesures préventives mises en place au sein de l’unité, et plus particulièrement les équipements de protection individuelle (EPI) utilisé par la majorité des travailleurs, afin de repérer rapidement les situations à risque et essayer, ainsi, d’adopter des mesures de prévention visant à éliminer, écarter ou du moins diminuer les risques existants et de déterminer les mesures indispensables afin de garantir la sécurité et la santé des salariés sur leurs postes de travail. Mots clés : entreprise nationale, peintures, Souk Ahras, Equipements de Protection Individuelle. INTRODUCTION ET OBJECTIF L’Entreprise Nationale des Peintures (ENAP), composée de six (06) unités de production parfaitement implantées sur le territoire national (Alger, Bouira, Oran, Mascara et Souk-Ahras), est une entreprise publique économique qui à pour métier de base la production des revêtements organiques (peintures, vernis, résines, émulsions, siccatifs, colles). Quand l’application des principes de prévention du risque chimique n’a pas permis d’atteindre des conditions d’utilisation sûres et que la mise en place de protections collectives ne permet pas non plus de les atteindre, le choix de faire utiliser les Equipements de Protection Individuelle doit être envisagé. Ce choix peut également résulter du principe de précautions. Ces équipements de protection individuelle vont du casque aux chaussures de sécurité, en passant par les lunettes, les masques ou appareils de protection respiratoire, les gants et les vêtements de protection. Ils sont destinés à protéger du ou des risques à un poste de travail: exposition cutanée ou respiratoire à Le journal de la médecine du travail – JMT N°19 -

un agent chimique ou biologique, chaleur, rayonnement, bruit, écrasement, choc, électrocution etc. [3] Notre travail, réalisé durant l’année 2011, vise à identifier les mesures préventives individuelles mises en place au sein de l’Unité de Peintures de la wilaya de Souk-Ahras afin de protéger les salariés contre un ou plusieurs risques susceptibles de menacer leur santé ainsi que leur sécurité. MATÉRIEL ET MÉTHODE 1/ Type d’étude : Il s’agit d’une étude descriptive de type rétrospective portant sur les Equipements de Protection individuelle (EPI) mis à la disposition des salariés de l’unité durant la période Janvier-Juin 2011, soit 6 mois. 2/ Population : a) Population de l’unité : l’effectif global de l’unité de production de Souk Ahras est de 298 individus, repartis selon les secteurs d’activités suivants : 69


production, laboratoire, commercial, maintenance, sécurité, transport et administratif. b) Population de l’étude : sur les 298 salariés, seuls 250 ont été pris en compte dans cette étude. Les 48 restants appartiennent au secteur administratif qui n’utilise en aucun cas ces EPI. 3/ Matériel de l’étude : Le recueil des données a été réalisé par : - Questionnaire, confectionné à cet effet, permettant d’identifier les moyens de protection utilisés par chaque travailleur ; - Consultation des registres relatifs à l’hygiène et à la sécurité au sein de l’entreprise.

10/ Répartition des salariés selon le port de tenue de travail Le port de tenue de travail réglementaire a été retrouvé chez 92% de notre population d’étude. 11/ Répartition des salariés selon le port de chaussures de sécurité Seuls, 14% des salariés portaient des chaussures de sécurité adaptés à leur travail. DISCUSSION Notre étude a concerné 250 salariés sur un total de 298. La différence est constituée par le personnel administratif non concernés par le port des EPI. (Graphe.1) La moyenne d’âge de notre population d’étude est de 40ans et approximativement la moitié des salariés concernés par l’étude (soit 52,40%) avaient une ancienneté au poste allant de 11 à 20 ans. L'âge et l'expérience font prendre conscience des dangers éventuels. (Graphes.2 et 3) Le tiers de notre population d’étude (soit 33,20%) exerçaient dans le secteur de la production, un lieu relativement dangereux pour la santé des travailleurs vue la diversité des produits chimiques manipulés par ces derniers. (Graphe.4) Seuls 33% des salariés étaient informés des risques encourus par le non respect des prescriptions relatives au port des EPI. Ceci reflète une insuffisance des services concernés dans la prise en charge de cette mission. (Graphe.5) Ces résultats démontrent que les moyens de protection individuelle les plus employés par les salariés de cette unité, sont représentés par le port de gants avec un taux de 62% (Graphe.6), celui de casques de sécurité (soit 68%) (Graphe.9) et de tenue de travail avec un taux de 92% (Graphe.10). Ces équipements ont été recommandés par l’INPRP (Institut National de Prévention des Risques Professionnels), qui constitue un pilier essentiel dans la prévention des risques professionnels en Algérie, et imposés par les dirigeants de l’entreprise après analyse de l’ensemble des risques associés à un poste ou à une situation de travail, afin de minimiser les risques auxquels sont confrontés les salariés.[1,2] Par contre le port de masques (Graphe.7), de lunettes (Graphe.8) et de chaussures de sécurité (Graphes.11), utilisés respectivement par, 17%, 20,80% et 14% des salariés, ont rencontré une véritable résistance de la part des salariés, justifiée par une série d’arguments tels-que : la gène dans le travail, l’inconfort (poids de l’EPI, la transpiration…), l’aspect inesthétique, etc. D’autres arguments relèvent d’une certaine résistance au changement qui peut être justifiée par la peur du ridicule, par une sous-évaluation du danger ou par

RÉSULTATS 1/ Fréquence des travailleurs concernés par l’étude Sur un effectif global de 298, seulement 250 personnes ont été retenu pour l’étude (soit 83,89%). 2/ Répartition des salariés selon la tranche d’âge Dans notre étude, la moyenne d’âge de notre population est de 40 ans. Les âges extrêmes sont de [26-59ans] 3/ Répartition des salariés selon l’ancienneté au poste de travail Approximativement la moitié des salariés concernés par l’étude (soit 52,40%) avaient une ancienneté au poste de travail de 11 à 20ans. 4/ Répartition des salariés selon le secteur d’activité Nous avons constaté que le tiers de notre population d’étude (soit 33,20%) occupait des postes dans le secteur de la production. 5/ Répartition des salariés selon le niveau d’information Seuls, 33% des travailleurs étaient informés du rôle important des EPI dans la protection de leur santé. 6/ Répartition des salariés selon le port de gants de protection Plus de la moitié des travailleurs concernés par l’étude (soit 62%) portaient des gants lors de la manipulation des produits chimiques et matériels de l’unité. 7/ Répartition des salariés selon le port de masques de protection respiratoires Seulement 17% des travailleurs portaient des masques de protection de type jetables et à filtres. 8/ Répartition des salariés selon le port de lunettes de protection Dans ce cas aussi, nous avons constaté que 20,80% (soit 52/250) des salariés portaient des lunettes de protection lors de l’exercice de leur fonction. 9/ Répartition des salariés selon le port de casques de sécurité 68% des travailleurs étaient munis de leurs casques de sécurité. Le journal de la médecine du travail – JMT N°19 -

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une surévaluation de ses propres capacités à maîtriser le risque. CONCLUSION Le port d’un équipement de protection individuelle (EPI) ne peut être envisagé que lorsque toutes les autres mesures d’élimination ou de réduction des risques s’avèrent insuffisantes ou impossibles à mettre en œuvre. La mise en place de protections collectives est ainsi toujours préférable. Le port d’EPI sert à prévenir tout risque résiduel et ils sont choisis et adaptés en fonction de:

-

-

la nature des travaux à accomplir ; leur efficacité face au risque auquel les travailleurs sont exposés (ils doivent être conformes aux exigences de la réglementation et porter un marquage CE) ; leur adaptabilité (poids, taille, forme…) ; leur confort pour l’utilisateur (perceptions sensorielles conservées…) ; leur coût. [4]

BIBLIOGRAPHIE 1. Institut National de Prévention des Risques Professionnels. Décret exécutif N°91-05 du 19/01/1991 relatif aux prescriptions générales de protection applicables en matière d’hygiène et de sécurité en milieu de travail. 2. Institut National de Prévention des Risques Professionnels. Décret exécutif N°96-209 du 05/06/1996 relatif à la protection et à la promotion de la santé. 3. Lauwerys RR : Toxicologie Industrielle et Intoxications Professionnelles ; 4ème Edition, 2002, 695p. 4. Leleu J. Peintures à solvants, composition, risques toxicologiques et prévention: Cahier de notes documentaires, 1994, ND 1228 :1-8.

ANNEXE

Le journal de la médecine du travail – JMT N°19 -

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Graphe.1: Fréquence des travailleurs concernés par l"étude

16,11% Porteurs d'EPI 83,89%

Non porteurs d'EPI

Graphe.6: Répartition des salariés en fonction du port de gants de protection

Porteurs de gants

38% 62%

Graphe.7: Répartition des salariés en fonction du port de masques de protection rés

Graphe.8: Répartition des salariés en fonction du port de lunettes de protection

17%

20,8%

Porteurs de masques 83%

Porteurs de lunettes 79,2%

Non porteurs de masques

Le journal de la médecine du travail – JMT N°19 -

Non porteurs de gants

72

Non porteurs de lunettes


Graphe.9: Répartition des salariés en fonction du port de casques de sécurité

Graphe.10: Répartition des salariés en fonction du port de tenue de travail

8%

32% 68%

Porteurs de casques

Porteurs de tenue de travail

Non porteurs de casques

92%

Graphe.11: Répartition des salariés en fonction du port des chaussures de sécurité 14% Porteurs de chaussures de sécurité 86%

Non porteurs de chaussures de sécurité

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Non porteurs de tenue de travail


SURVEILLANCE MEDICALE ET RISK ASSESMENT

Dépistage des risques professionnels dans une fonderie du centre du pays à travers l’outil DEPARIS FERNANE.M, OUAAZ.M, HADDAR.M Service de médecine du travail Djamel Eddine Abed - EPH Rouiba

INTRODUCTION : L’étude des conditions de travail, l’identification, l’évaluation et la maitrise du risque professionnel sont une étape importante de l’activité du médecin du travail afin de pouvoir mettre en place une stratégie de prévention efficace en fonction des risques existants. En France par exemple, le médecin doit consacrer le tiers de son temps de travail à cet effet. La réglementation algérienne, notamment l’article 12 du chapitre III de la loi 88 – 07 du 26 Janvier 1988, dans le troisième alinéa prévoit d’identifier et de surveiller, en vue de réduire ou d’éliminer tous les facteurs qui, sur les lieux de travail peuvent affecter la santé des travailleurs ; ce paragraphe sous entend que le médecin du travail doit allouer le temps nécessaire pour l’étude des conditions de travail. Cette étape devient plus intéressante et plus concrète quand les salariés participent et contribuent au dépistage et au recensement de ces risques, car ce sont eux qui vivent ces situations au quotidien et les premiers confrontés aux dangers pouvant en résulter. Ils ont donc une connaissance parfaite de la situation de travail, ce qui constitue le principe même de la première étape du dépistage participatif des risques ou DEPARIS de la méthodologie SOBANE qui a été adoptée pour l’étude des conditions de travail au niveau d’une fonderie du centre du pays.

METHODE ET MATERIEL : L’étude à été effectuée dans une fonderie de fonte de l’industrie métallurgique durant le mois d’avril 2011, elle a concerné le secteur de la fusion et la zone de coulée. L’étude des conditions de travail est basée sur la méthode d’observation directe des situations de travail couplée à l’outil DEPARIS ou dépistage participatif des risques de la méthodologie SOBANE. Cet outil a été utilisé sur la base de la collaboration des responsables et des personnes ressources de l’entreprise dans un cadre participatif incluant les travailleurs. La méthode de dépistage participatif des risques a concerné 18 rubriques qui sont : 1. 2. 3. 4. 5. 6. 7. 8. 9. 10. 11. 12. 13. 14. 15. 16. 17. 18.

OBJECTIFS : 1. Etudier les conditions de travail au niveau de la fonderie ; 2. Identifier, évaluer et proposer des mesures pour la maîtrise possible du risque professionnel, en adoptant la méthode de dépistage « DEPARIS ». Le journal de la médecine du travail – JMT N°19 -

Les aires de travail ; L’organisation technique entre postes ; Les emplacements de travail ; Les risques d’accident ; Les commandes et signaux ; Les outils et matériel de travail ; Le travail répétitif ; Les manutentions ; La charge mentale ; L’éclairage ; Le bruit ; Les ambiances thermiques ; Les risques chimiques et biologiques ; Les vibrations ; Les relations de travail entre opérateurs ; L’environnement social local et général ; Le contenu de travail ; L’environnement psychosocial.

Pour chaque rubrique, un jugement global est porté sous forme de feu vert  (acceptable), de feu 74


induction pour le maintien du métal liquide, d’une capacité de 13.5 tonnes chacun, destinés à satisfaire les besoins de la zones de coulée en métal liquide à travers les poches de traitement qui sont au nombre de deux destinées à recevoir le métal liquide et les alliages de ferro-silico-manganèse, selon la nuance demandée, pour alimenter les poches et la zone de coulée. • La zone de coulée du secteur moulage : il est procédé au niveau de cette zone à la coulée ou au remplissage de l’empreinte de la pièce confectionnée au niveau du moulage. Elle est constituée de quatre lignes de coulée dont deux réservées pour la petite pièce PP1 et PP2, une pour la pièce moyenne PM3 et une autre pour la grande pièce GP4.

orange  (à améliorer si possible) ou de feu rouge  (inacceptable à améliorer en priorité). RESULTATS : Présentation de la fonderie : L’unité fonderie emploie un effectif total de 882 personnes et possède une capacité de production de 10000 tonnes de pièces bonnes par an réduite à 6300 tonnes à cause des nouvelles structurations de l’entreprise et de la nouvelle situation économique. Le bâtiment principal fonderie fonte est constitué de plusieurs secteurs, qui sont le secteur de la fusion, du noyautage, du moulage ou l’on trouve la zone de coulée et du secteur du parachèvement. Les secteurs concernés par l’étude sont : • Le secteur fusion qui comprend 02 fours à arc d’une capacité de 10 tonnes chacun (la température de fusion est de 1530 à 1540 °C), 02 poches de 10 tonnes pour le transvasement du métal fondu des fours à arc aux fours à induction à l’aide des ponts de 20 tonnes. Il comprend également 03 fours à

Les résultats pour chaque rubrique sont représentés dans les tableaux suivants.

1. Les aires du travail : Situation actuelle

Que faire de concret pour améliorer la situation

- Chaque opérateur peut voir certain de ses collègues ; - Les zones de travail et les tâches sont bien définies, et très dépendantes l’une de l’autre ; - Les voies pour personnes et véhicules sont organisés et suffisantes mais les traçages sont effacés par endroits ; - Les outils de travail sont parfois mal rangés (les ringards, les additifs, le sable de décrassage et la crasse) ; - Les locaux de travail sont insalubres ; - Les ouvertures vers l’extérieur sont insuffisantes voire nulles ; - Absence d’un espace de repos

- Traçage des voies de circulation ; - Rangement des outils de travail après chaque utilisation ; - Bonne hygiène des locaux de travail avec nettoyage régulier et suffisant ; - Assurer une aération suffisante et une vue sur l’extérieur ce qui permettra aux travailleurs de se situer dans la journée de travail ; - Aménager un espace de repos adéquat ; climatisé avec possibilité de s’allonger et pratiquer une gymnastique de pause.

Aspects à étudier plus en détail : - La propreté et l’esthétique générale du local ; -L’état du sol ; -L’aération de l’atelier …. Situation moyenne, à améliorer

2. L'organisation technique entre postes : Situation actuelle

Que faire de concret pour améliorer la situation

- Approvisionnement au besoin ; - Réparer les interphones. - Relations de groupe faciles et libres ; - Outils de communication formels (interphone mais non fonctionnel) et informels (gestes) ; - Exigences de qualité du métal en fusion respectées (maintien de la température). Le journal de la médecine du travail – JMT N°19 -

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Aspects à étudier plus en détail : - La contrainte de temps ; - Les moyens utilisés pour les échanges d’informations entre postes. Situation moyenne, à améliorer 3.

Les emplacements de travail : Situation actuelle Que faire de concret pour améliorer la situation - Contrainte posturale importante associée à une charge - Mécanisation des tâches lourdes (opérations de physique et mentale de travail (surtout les opérations décrassage des fours) ; de décrassage des fours) ; - Travail en doublé dans la cabine du pontier (poste - Le travail isolé concerne le poste de pontier avec de sécurité). contrainte posturale. Aspects à étudier plus en détail : -La charge de travail de certaines opérations (décrassage des fours), -Les mauvaises postures de travail.  Situation moyenne, à améliorer

4. Les risques d’accident : Situation actuelle - Travail à haut risques (incendie, explosion,…) en plus du risque de chute de plain-pied, de glissade, de chute d’escaliers, de chute d’objets, de heurt, d’écrasement, de sectionnement, de coupures, d’entrainement, d’abrasion, de brûlure, de projection de particules, ainsi que le risque électrique ; - EPI disponibles et portés, mais la protection collective fait défaut (chute de poches aériennes, sécurité des systèmes de suspension) ; - Prise en charge médicale sur site avec moyens d’évacuation (ambulance disponible). Aspects à étudier plus en détail : - Etude de la contrainte de temps, souvent source d’accident ; - Revoir la protection collective contre les accidents. Situation insatisfaisante, à améliorer nécessairement

Que faire de concret pour améliorer la situation - Formation et information des travailleurs sur le risque accident ; - Respect des normes de sécurité ; - Etude analytique et approfondie du moindre accident ou incident (déterminer les causes réelles de l’accident ou l’incident, identifier les sources de danger potentielles et déterminer les responsabilités) ; - Prévention collective par l’élimination du risque ou du moins sa réduction sous le seuil de danger.

5. Les commandes et signaux : Situation actuelle

Que faire de concret pour améliorer la situation - Les commandes et signaux répondent aux normes - Entretien et nettoyage périodique et (accessibilité, fonctionnement et simplicité) ; systématique des outils de travail. - Défaut d’entretien et de nettoyage des boitiers de commande des poches, source d’incident avec déversement accidentel de métal en fusion. Aspects à étudier plus en détail : - Contrôle périodique des systèmes, Situation insatisfaisante, à améliorer nécessairement

Le journal de la médecine du travail – JMT N°19 -

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6. Les outils et matériel de travail : Situation actuelle

Que faire de concret pour améliorer la situation - Utilisation d’outils adaptés mais non ergonomiques et - Outils de travail ergonomique (légers et difficiles à manier (lourds) notamment le ringard utilisé facile à utiliser) ; - Diminuer la charge physique de travail en pour l’opération de décrassage des fours ; - Défaut de rangement des outils de travail (source s’entraidant pour les opérations lourdes en attendant la mécanisation du processus de d’accident) ; travail. Aspects à étudier plus en détail : - Modernisation du processus de travail avec utilisation de moyen mécanique notamment pour le décrassage du four à arc (chariot équipé d’une raclette). Situation insatisfaisante, à améliorer nécessairement

7. Le travail répétitif :

Situation actuelle

Que faire de concret pour améliorer la situation - La répétition des gestes lors du travail concerne les - Une bonne organisation du travail qui couleurs sur les 04 lignes mais surtout les deux lignes de la permettra la pratique d’une gymnastique de petite pièce (remplissage de 24 moules par une même pause pour les travailleurs afin de mieux poche de coulée en un temps réduit de trois minutes pour récupérer surtout durant les périodes de éviter le refroidissement du métal), les postures de travail surcharge de travail. sont généralement contraignantes. Aspects à étudier plus en détail : - Le détail des gestes au cours du travail et la durée des cycles de travail pour les différents postes. Situation moyenne, à améliorer

8. Les manutentions :

Situation actuelle

Que faire de concret pour améliorer la situation - La formation à la manutention, - Surveillance périodique et régulière des aides mécaniques à la manutention,

- Il existe des moyens de manutention mécanique, - La manutention manuelle concerne les conducteurs de fours de maintien (ajout des additifs (sac de 25 kg)) et les opérateurs d’addition des alliages pour la poche de traitement (additifs de 17 à 40 kg pour chaque poche de traitement, 13 à 17 poches sur les 8heures de travail). Aspects à étudier plus en détail : -Mécanisation de la manutention pour le poste de conducteur de fours de maintien. Situation moyenne, à améliorer 9. La charge mentale :

Situation actuelle

- Travail à haut risque (secteur fusion, coulée et poste de pontier) ; - Exigences de postes élevées (vigilance, concentration, attention sélective, contrainte de temps,…) ; - Le travail de nuit concerne le secteur fusion ; - Système de récompense (prime de rendement collective (PRC) individuelle (PRI)). Le journal de la médecine du travail – JMT N°19 -

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Que faire de concret pour améliorer la situation - Etudier la contrainte de temps ; - Former et informer les travailleurs.


Aspects à étudier plus en détail : - La charge mentale de travail ; - Critères individuels d’attribution des primes de rendement. Situation moyenne, à améliorer

10. L’éclairage :

Situation actuelle

- Absence d’éclairage naturel ; - Eclairage artificiel insuffisant voire défaillant; - La pollution atmosphérique de l’atelier aggrave la qualité de l’éclairage.

Que faire de concret pour améliorer la situation - Favoriser l’éclairage naturel ; - Nettoyer et entretenir régulièrement les luminaires ; - Evacuer les poussières vers l’extérieur par la mise en place d’un système d’aspiration efficace et la réparation des extracteurs défaillants.

Aspects à étudier plus en détail : - l’éclairage artificiel et l’éclairage naturel ; - L’évaluation et la mesure de l’éclairage, de la luminance et du facteur d’uniformité de l’éclairement. Situation insatisfaisante, à améliorer nécessairement  11. Le bruit :

Situation actuelle

Que faire de concret pour améliorer la situation - Nuisance sonore importante (fours en marche surtout au - Eviter de s’exposer au bruit sauf début de la fusion) ; nécessité ; - la protection individuelle contre le bruit (PICB) est - Mettre à la disposition des travailleurs les insuffisante et non portée ainsi que la protection collective moyens de PICB adaptés. (absence de panneaux absorbant, d’isolation,…).

Aspects à étudier plus en détail : - Les sources du bruit dans l’atelier, sa nature et son intensité ; - Identifier les travailleurs exposés, la durée d’exposition et les tâches exposant aux bruit ; - Réaliser une cartographie du bruit dans l’atelier ; - Evaluer l’exposition individuelle et journalière au bruit des travailleurs concernés par cette nuisance (calcul du Lexd) ; - La protection collective et individuelle contre le bruit. Situation insatisfaisante, à améliorer nécessairement  12. Les ambiances thermiques : Situation actuelle

Que faire de concret pour améliorer la situation - La charge physique de travail est importante ; (décrassage - Diminuer la charge de travail physique ; des fours, raboutage des électrodes, correction du métal, - Mise en place d’écrans de séparation entre décrassage des poches, et coulée des moules) ; les travailleurs et les sources de chaleur ; - Le rayonnement thermique est important (provenant des - Multiplier les pauses durant l’exposition à fours, des poches et du métal en fusion à 1410 – 1530°C) ; une chaleur importante ; - Les courants d’air chauds proviennent surtout des fours, - Mettre à la disposition des travailleurs des poches et du déversement de métal en fusion ; d’eau fraîche et potable près des postes de - EPI conformes, disponibles et portés ; travail ; - Absence de dispositifs de prévention des effets de la chaleur (fontaines d’eau fraîche près des postes de travail, salle de repos climatisée). Le journal de la médecine du travail – JMT N°19 78


- Le mois de carême coïncide avec une période de forte chaleur ce qui amplifie l’astreinte thermique et les risque liés à la chaleur et à la charge physique. Aspects à étudier plus en détail : - Identifier les sources de chaleur, les travailleur exposés et les tâches exposant à la chaleur ; - Etablir un diagnostic de la situation de travail à la chaleur (inconfort et/ou contrainte thermique) pour les postes exposés afin de mettre en place des mesures de prévention adaptées et efficaces ; - Mettre en place des moyens de prévention collectifs et individuels adapter au travail à la chaleur. Situation insatisfaisante, à améliorer nécessairement  13. Les risques chimiques et biologiques : Situation actuelle

Que faire de concret pour améliorer la situation - Atmosphère de travail confinée, polluée et lourde, - Nettoyage et propreté générale des lieux essentiellement chargée en silice et ses liants (les silicates et de travail ; le noir de carbone) ; - Veiller à un bon rangement des différents - Système d’évacuation et d’extraction défaillant (deux produits utilisés en respectant les normes de sécurité d’utilisation. extracteurs d’air seulement sur onze sont en marche) ; - Utilisation de produits chimiques (Ferro-silicium, Manganèse, Graphite, noir de carbone et autres) sans respect des normes de sécurité ; - Sol souillé par les huiles, la crasse et les adjuvants. Aspects à étudier plus en détail : - Mise en place d’un système d’aspiration efficace à la source des fumées, des vapeurs et des poussières ; - Remise en place des extracteurs d’air défaillants ; - Identifier les différents produits utilisés, les conditions de leur utilisation, la quantité utilisée et les salariés concernés par la manipulation de ces produits.  Situation insatisfaisante, à améliorer nécessairement

14. Les vibrations :

Situation actuelle

Que faire de concret pour améliorer la situation - Vibrations transmises au sol par les fours à arc en marche ; -Favoriser les outils ergonomiques - L’utilisation de marteaux piqueurs pour le perfectionnement (comportant des systèmes de séparation et la démolition des fours ; entre l’homme et la nuisance engendrée - Les vibrations transmises aux pontiers dans leurs cabines de par les vibrations). commande par les systèmes de suspension. Aspects à étudier plus en détail : -La fréquence des vibrations et leurs effets sur la santé. Situation moyenne, à améliorer 

15. Les relations de travail entre opérateurs : Situation actuelle

Que faire de concret pour améliorer la situation - Climat social favorable (entente, collaboration); - Gérer le remplacement des absents afin - Les salariés, les services et la hiérarchie se soutiennent pour d’éviter des périodes de surcharge de des problèmes en rapport avec le travail ; travail ; - Le départ des personnes en retraite et le recrutement de - Assurer une bonne relève pour les postes jeunes salariés est à l’origine d’un conflit entre ces deux importants par une formation adéquate. générations ; - Autonomie de groupe ;

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Aspects à étudier plus en détail : - Les conflits de générations ; - Le remplacement des absents ; Situation tout à fait satisfaisante

16. L’environnement social local et général : Situation actuelle - Respect des exigences de travail ; - Communication aisées au sein du groupe ; - Prise en charge médicale efficiente ; - Existence de réfectoire, douches et sanitaires ; - Absence d’espace de repos ou de salle climatisée ; - les travailleurs de la fonderie bénéficient de cures thermales annuelles et de congé spécial. Aspects à étudier plus en détail : - La contrainte de temps liée aux exigences de poste de coulée. Situation moyenne, à améliorer

Que faire de concret pour améliorer la situation - Aménager des espaces de repos frais et climatisés.

17. Le contenu du travail : Situation actuelle

Que faire de concret pour améliorer la situation - Le contenu de travail est estimé de moyen à riche; - Aménager les heures de travail durant le - Chaque salarié sait exactement quelles sont ses tâches, son mois de ramadan, rôle et connaît les limites de ses responsabilités, il dispose - Améliorer le contenu en mettant en d’un degré de liberté dans l’organisation de sa tâche, adéquation les moyens fournis en fonction comme il a des responsabilités importante à assumer (sur des objectifs (pour assumer des la qualité du métal et de la pièce produite et sur le niveau de responsabilités meilleures). participation dans la décision technique) ; Aspects à étudier plus en détail : -Les situations de travail durant des périodes spécifiques telles que le mois de carême. Situation moyenne, à améliorer 

18. L'environnement psychosocial : Situation actuelle

Que faire de concret pour améliorer la situation - Les opérateurs savent exactement comment leur travail est - Gérer les conflits ; évalué et quand et comment ils sont contrôlés ; - Faire participer les travailleurs à la gestion - Les relations sont parfois tendues entre la maitrise et les du temps de travail. opérateurs ; - La gestion du temps et le degrés d’autonomie sont appréciables par l’opérateur. Aspects à étudier plus en détail : - Analyse des critères d’attribution des primes.  Situation moyenne, à améliorer

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Les résultats de synthèse du DEPARIS sont résumés dans le tableau suivant : Critères Les aires du travail L’organisation technique entre postes Les emplacements de travail Les risques d’accident Les commandes et signaux Les outils et matériel de travail Le travail répétitif Les manutentions La charge mentale L’éclairage Le bruit Les ambiances thermiques Les risques chimiques et biologiques Les vibrations Les relations de travail entre opérateurs L’environnement social local et général Le contenu du travail L’environnement psychosocial

B                  

DISCUSSION :  L’outil DEPARIS a permis de mieux connaitre les situations de travail au niveau de la fonderie et d’avoir une approche globale sur les conditions de travail au niveau de cette unité, et de proposer des solutions simples et pertinentes pour les améliorer.

apportées. Cette situation concerne les aires de travail, l’organisation technique entre postes, les emplacements de travail, le travail répétitif, la manutention, les vibrations, la charge mentale, l’environnement social local et général et le contenu du travail. Enfin la rubrique colorée en vert représente une situation tout à fait satisfaisante et confortable pour le bon déroulement de l’activité des salariés, elle concerne dans cette étude les relations de travail entre opérateurs.

 Le dépistage participatif des risques a mis en évidence les différents risques perçus par le travailleur lui-même à travers son expérience et son vécu quotidien dans l’entreprise. L’aspect subjectif à travers la perception des salariés, de leurs responsables et des assistants en hygiène et sécurité, a permis de recenser les risques au niveau de cette unité par l’intermédiaire des 18 rubriques du DEPARIS de la méthode SOBANE. Ainsi les rubriques colorées en rouge représentent des situations inacceptables et insatisfaisantes, à améliorer en urgence et nécessitant des études plus approfondies. Ces situations sont le risque d’accident, le bruit, l’ambiance thermique, le risque chimique et biologique, l’éclairage, les commandes et signaux, les outils et matériels de travail. Les rubriques colorées en jaune désignent une situation moyenne, inconfortable au travail, corrigeable sans étude détaillée, mais qui reste non négligeable si des mesures d’amélioration ne sont pas Le journal de la médecine du travail – JMT N°19 -

 Cependant, les solutions sont proposées pour les risques maitrisables (rubriques jaunes) mais pour les rubriques colorées en rouge des études plus approfondies seront nécessaires et indispensables. CONCLUSION : Les risques professionnels au niveau de la fonderie sont très variés, l’outil DEPARIS a permis de les recenser à travers 18 rubriques et de corriger certaines situations. Cependant, les caractéristiques du travail en fonderie et les particularités des expositions professionnelles imposent la réalisation d’études plus approfondies par l’utilisation des autres outils plus élaborés de la méthode SOBANE ou d’autres méthodes d’évaluation et de maîtrise des risques. 81


BIBLIOGRAPHIE 1. Fernane.M, Ouaaz.M. Travail à la chaleur en milieu industriel : Evaluation au niveau d’une fonderie et d’une forge industrielle. Mémoire de fin d’étude pour l’obtention du DEMS en médecine du travail 2011-2012. 2. Malchaire J. Stratégie générale de gestion des risques professionnels. Illustration dans le cas des ambiances thermiques au travail. Cah Notes DOC – hygiène et sécurité au travail – N°186, premier trimestre, 2002. 3. Malchaire J. Stratégie SOBANE et guide de dépistage DEPARIS, direction générale, Humanisation du travail, janvier 2007.

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SURVEILLANCE MEDICALE ET RISK ASSESMENT

Risque infectieux et diabète insulinodépendant en milieu hospitalier : A propos d’un cas NAFAI D., ATOUI A., SEMID A.

Le milieu hospitalier est un lieu permanent de transmission d’agents infectieux aux personnels soignant. Cette transmission est d’autant plus importante si ce personnel est diabétique insulinodépendant. Cet état de fait pose un double problème au médecin du travail, celui de la prise en charge constante et régulière et celui de l’aptitude au travail du travailleur diabétique insulinodépendant. C’est dans ce contexte que nous proposons de présenter le cas d’un agent hospitalier diabétique insulinodépendant afin d’illustrer les conséquences dramatiques d’un geste thérapeutique anodin dans un milieu professionnel délétère. Nous proposons aussi de discuter à travers ce cas , qu’au-delà du risque infectieux, comment un travailleur certes prédisposé diabétique est devenu diabétique, son diabète s’est aggravé passant du diabète gras au diabète insulinodépendant puis s’est compliqué et cela tout au long de sa vie professionnelle. INTRODUCTION Le milieu hospitalier est un lieu permanent de transmission d’agents infectieux aux patients, au public, et pour ce qui nous préoccupe, nous médecins du travail, aux personnels soignants. Cette transmission est d’autant plus importante si ce personnel est diabétique insulinodépendant. Le diabétique insulinodépendant pose un double problème au médecin du travail, celui de sa prise en charge constante et régulière et celui de son aptitude au travail d’autant plus qu’on assiste à une réémergence des maladies infectieuses de par le monde ce qui a emmené l’Organisation Mondiale de la Santé à en faire son thème de l’année 1998. C’est dans ce contexte que nous proposons de présenter le cas d’un agent hospitalier diabétique insulinodépendant afin d’illustrer les conséquences dramatiques d’un geste thérapeutique anodin dans un milieu professionnel délétère.

professionnelle) et qui nous a posé un problème d’aptitude à son poste de travail. Le dossier médical de Monsieur AM nous révèle qu’il a été recruté à l’hôpital en 1987 et a changé plusieurs fois de service notamment : • Infirmier en soin généraux, service d’ophtalmologie : 1987-1998 • Infirmier en soin généraux, pavillon des urgences : 1998-2003 • Infirmier en soin généraux, réanimation du pavillon des urgences : 2003-2008 • Surveillant médical, service de diabétologie : 2008-2012 Dans ses antécédents médico-chirurgicaux : • Opéré pour cataracte de l’œil gauche en 1978. • Diabétique non insulinodépendant de 1998 à 2003 • Diabétique insulinodépendant depuis 2003. Sous traitement à base d’Insuline rapide (14ui 3f/j) + MPH (14ui le soir) - glucophage 85 mg 1cp 2f/j. • Hospitalisé pour tuberculose pulmonaire en 2006 (déclarée en MP n°40) • Suivie depuis début 2012 pour sténose coronarienne (en attente d’une intervention)

PRESENTATION DU CAS Monsieur AM âgé de 53 ans, vivant à Alger, père de 5 enfants, infirmier diplômé d’état en soins généraux occupant le poste de coordinateur en hygiène hospitalière depuis moins d’un an est orienté par son médecin traitant en consultation de pathologie professionnelle pour suivi médico-légal (prescriptions du certificat médical initial de maladie Le journal de la médecine du travail – JMT N°19 -

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déchets d’activités de soins et les ordures ménagers…etc. Le coordinateur en hygiène hospitalière peut solliciter le Service d’Epidémiologie de Médecine Préventive du CHU pour prélèvement et analyse (air, literie …) s’il lui semble que ces derniers sont nécessaires et justifiés. A l’issue de ses visites un procès verbal est élaboré sanctionnant les imperfections en matière d’hygiène hospitalière. Ce procès verbal est discuté en séance de travail avec le secrétaire général (responsable hiérarchique direct) puis remis au directeur général du CHU pour la mise en œuvre et l’application des recommandations. Moyens de protections : Blouse Blanche - Paire de gants, bavette, cependant gants et bavettes sont rarement disponibles. Nuisances : Biologiques (virus, parasite, bactérie…), Sécuritaires (AES), chimiques (pesticides) et ergonomiques (travail debout prolongé avec déplacement). Risques Professionnels : Accident de travail (Accidents d’exposition au sang) – Maladies professionnelles (Tableaux : n°40 - n°45 – n° 75).

Dans ses antécédents familiaux • Père diabétique insulinodépendant • Mère hypertendue. • Deux frères diabétiques insulinodépendants A l’interrogatoire, on apprend que Monsieur AM est suivi en chirurgie générale depuis environ deux mois pour abcès de la paroi abdominale suite à une surinfection au point d’application de son insulinothérapie. C’est un traitement tri-quotidien à base d’insuline, cependant, il s’injecte sa dose du midi sur les lieux même de travail et souvent sans prendre les précautions d’usage de prévention. En chirurgie, Monsieur AM a subi une incision avec drainage et lavage sous anesthésie locale et a bénéficié d’une double antibiothérapie à base de céphalosporine (1cp 3 f/j) et gentamicine (80 mg 1 mg/j). Un prélèvement du pus avec étude cytobactériologique a confirmé l’implication du Psedomonas aerugenosa. A l’examen clinique, on retrouve un patient en bon été général, TA à 130 – 80 mHg , apyrétique présentant une plaie ouverte large de 4 à 6 cm (cijoint image n°1) au niveau de la paroi ombilicale droite, à bord érythémateux. Le reste de l’examen est sans particularité. Etude du poste : « Coordinateur en hygiène hospitalière » Hôpital : Centre Hospitalo-universitaire Service : Hygiène hospitalière Localisation : Créé il ya 3 ans, le service d’hygiène hospitalière est situé au niveau du premier étage du bâtiment de l’Ecole de Formation Paramédicale. Présentation : Un bureau de 4 m de long sur 2,5 de large, dans lequel se trouvent deux bureaux, une armoire, deux chaises et une table pour microordinateur. Bien que le bureau soit bien aéré, il reste démuni d’une salle d’eau (ni lave mains, ni douche). Effectif : 02 Grade : IDE Horaires de travail : 8h - 16h (Horaire administratif) Taches prescrites : Sous l’autorité d’un responsable hiérarchique, assure des actes hautement qualifiés dans le domaine de la lutte anti vectorielle, contre les maladies transmissibles, l’assainissement de l’environnement et de l’hygiène publique et participe à a la surveillance sanitaire aux frontières [8]. Taches réelles : Quotidiennement, le coordinateur en hygiène hospitalière inspecte un service en collaboration avec le surveillant médical de ce même service. L’inspection concernera la vérification de la température des autoclaves, la stérilité des champs de pansement, des blocs opératoires, le respect de la couleur des sachets dans lesquels sont mis les Le journal de la médecine du travail – JMT N°19 -

CONDUITE DU MEDECIN DU TRAVAIL Prescription du certificat initial de maladie professionnelle n° 75 dans laquelle nous prolongeons l’arrêt de travail jusqu’à cicatrisation complète de la plaie (ci-joint image n°2). A l’issue, prescription du certificat de changement de poste dans lequel il est précisé la contre indication à toute exposition à des agents biologiques. Orientation du travailleur vers un service spécialisé en diabétologie pour prise en charge et suivi de son diabète insulinodépendant. DISCUSSION Nous sommes devant un cas de travailleur diabétique insulinodépendant ayant été exposé à l’occasion d’un geste anodin et de surcroit à visée thérapeutique au pseudomonas aéruginosa, germe hospitalier par excellence [1]. C’est un travailleur à risque (prédisposition familiale au diabète, personnel de soin), pourquoi en est – il arrivé là ? Notre travailleur n’a bénéficié ni de la visite d’embauche obligatoire d’aptitude [5, 6] ni encore moins de la visite médicale spéciale instituée pour, dans son cas, doublement en tant que malade chronique et en tant que personnel de soin [7] et ni, même pas, à la suite de son aménagement accordé après avoir contracté une maladie professionnelle (MP 40), Notre travailleur avait-il la qualification requise pour un tel poste qui demande « à assurer des actes hautement qualifiés », hormis sont Diplôme d’IDE, 84


Les complications cardiovasculaires (sténose coronarienne) constituent la première cause de mortalité des patients avec un diabète de type 2, à tel point que beaucoup de médecins considèrent le diabète de type 2 comme une situation de risque cardiovasculaire élevé [2]. Enfin, il est utile de signaler qu’actuellement, monsieur AM a bénéficié d’un changement de poste, il est actuellement délégué administratif en extra muros et que depuis, sa glycémie s’est nettement améliorée, avec des tendances à l’hypoglycémie incitant son médecin traitant à réajuster son traitement en diminuant les doses.

Monsieur AM rapporte n’avoir bénéficié d’aucune formation dans ce sens. Notre travailleur a éprouvé un malaise dans les différents postes qu’il a occupé (turn-over entre différents services important) d’autant plus qu’il a évolué dans des services hospitaliers hautement stressants (pavillon d’urgence, réanimation) et a eu des problèmes relationnels avec sa hiérarchie dans le service de diabétologie. Cet ensemble de faits peuvent –ils expliquer l’aggravation de son diabète (passage du diabète gras vers le DID, complications), oui disent beaucoup d’auteurs « toutes les sources de stress en milieu de travail, qu’elles soient liées à la tâche elle-même, aux conditions de travail ou à des problèmes relationnels sont des facteurs majeurs d’instabilité du diabète » [2, 3,4]. Notre travailleur illustre parfaitement cet état de fait puisqu’il présente malheureusement aussi bien des complications cutanées, pulmonaires que cardiovasculaires. Les complications infectieuses cutanées (surinfection) et pulmonaires (tuberculose) sont connues chez le DID, elles sont favorisées par certaines conditions de travail notamment, l’exposition aux intempéries, aux agents biologiques et aux toxiques respiratoires [4].

CONCLUSION Au-delà du risque infectieux, un travailleur certes prédisposé diabétique, évoluant dans un milieu de travail délétère est devenu diabétique, son diabète s’est aggravé passant du diabète gras au diabète insulinodépendant puis s’est compliqué tout au long de sa vie professionnelle. A qui peut-on incomber cet état de fait, au travailleur lui-même, à l’employeur, aux conditions de travail, au médecin traitant, au médecin du travail ? Il nous est difficile de situer les responsabilités, cependant il est indéniable que de tel cas n’aurait jamais pu se produire si la prévention a tout les niveaux était au rendez-vous !!

BIBLIOGRAPHIE 1. Attouche S. : Le diabète et ses facteurs de risque. Mémoire de fin d’étude de résidanat en médecine du travail, 2007. 2. Hindlet JY : Diabète et facteurs de risque cardiovasculaire http : // fr. medipedia. Be / diabete/complications/articles_diabte-maladies-cardiovasculaires_498, 2012 3. Deseoile : Diabétique et dyspeptiques au travail p : 969 4. Haeberle CL – Schlienger JL : Evaluation de l’intérêt d’un dépistage du diabétique et des hypercholestérolémies en médecine du travail. Arch. Mal prof, vol 5, 1987 5. République Algérienne Démocratique et Populaire : Missions, tâches et prérogatives du médecin du travail. Loi n° 88-07, relative à l’hygiène, à la sécurité et à la médecine du travail, JO : 26/01/1988 6. République Algérienne Démocratique et Populaire : Les visites préventives en médecine du travail. Article 13-14-15-16 et 17, Chapitre 3. Décret exécutif n° 93-120 relatif à l’organisation de la médecine du travail, JO : 15/05/1993 7. République Algérienne Démocratique et Populaire : Arrêté interministériel fixant la liste des travaux où les travailleurs sont fortement exposés aux risques professionnels. JO : 09/06/1997 8. République Algérienne Démocratique et Populaire : Définition des tâches – Dispositions applicables aux personnels des agents d’assainissement. Décret exécutif n°89-22 portant statut particulier des ouvriers professionnels…JO : 15 mai 1991.

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Image 1 : Plaie en cours de traitement

Image 2 : Plaie après traitement

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SURVEILLANCE MEDICALE ET RISK ASSESMENT

Syndrome des bâtiments malades dans le secteur bancaire de la ville de Sidi Bel-Abbès « sick building syndrom » C. KANDOUCI, M. MAHI, A.B. KANDOUCI Laboratoire de Recherche en Environnement et Santé. Service de Médecine du Travail. CHU Sidi Bel-Abbés(Algérie)

Objectif : Cette étude a pour objectif de déterminer les symptômes du Sick Buiding Syndrom (SBS), et de mettre en relief les facteurs de risques d’apparition de SBS. Méthode : Une étude descriptive de type transversal a été menée de mars à mai 2011, qui a intéressé 14 agences bancaires de la ville de Sidi bel-Abbès dont l’effectif est de 222 agents ; basé sur un auto-questionnaire préétabli; standardisé et validé par l’INRS Résultats et discussion : Taux de réponse de 70% ; L’enquête rapporte une prévalence de symptômes pouvant être rattachés à un SBS pour plus de 85 %, avec des manifestations d’irritation cutanéo-muqueuse allant de 18 à 68 % selon les localisations. On constate que de nombreux employés trouvent leur environnement de travail inconfortable et se plaignant principalement de température élevée, de la qualité de l'air, de lumière trop faible et lorsque le bruit les gènes, c'est celui dans la pièce et parfois le bruit extérieur. Pour un nombre non négligeable d'employés, une relation s'établit (subjectivement) entre le trouble et le lieu de travail. On note l'influence du sexe, du poste occupé, de l'âge, de l'ancienneté dans le local; par contre le tabagisme ne semble pas avoir un rôle significatif. Conclusion : Pour éliminer un problème de Syndrome des Bâtiments Malades (SBS), l'attitude la plus adoptée se base sur l'hypothèse que c'est en améliorant l'ensemble des facteurs de la situation de travail, on évitera beaucoup de plaintes de type SBS, grâce au slogan "aérer, entretenir et nettoyer». Mots clés : Syndrome des Bâtiments Malades (SBS), salariés des banques, Sidi Bel Abbès.

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1- INTRODUCTION L’homme "moderne" passe 90 % de son temps dans les espaces clos (habitat, bureau, école, transports,...) et plus de la moitié de ce temps dans son logement. D’après des études récentes sur des adultes dans 44 villes des Etats-Unis, le temps passé à l’air libre peut même se réduire à une semaine par an [1]. Depuis les années 1970, de nombreuses personnes vivant à l'intérieur de grands ensembles se plaignent d'inconfort voire de pathologies : la qualité de l'air intérieur est souvent mise en cause [2, 3, 4]. Dès le début des années 1980, les recherches ont commencé à montrer la corrélation entre l’exposition aux polluants de l’air intérieur et des problèmes de santé, et les termes de Sick Building Syndrome » (SBS) et « Building Related Illness » (BRI) sont apparus [5,6, 7]. En 1984 un rapport de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) estimait que « Sick Building Syndrome » (SBS) prenant localement l'apparence d'épidémie touchait jusqu'à 30% des bâtiments nouvellement construits dans le monde. Le SBM pourrait se définir par quatre caractéristiques [8] : 1. une association de symptômes hétérogènes, 2. une pathologie, collective (le terme de bâtiment malsain est retenu si plus de 20 % des personnes sont atteintes), 3. un même lieu, climatisé ou non, 4. sans étiologie spécifique et univoque. Le secteur tertiaire est concerné par ce sick building syndrom (SBS) notamment le travail bancaire. A travers cette étude, nous avons fixé comme objectifs :  La détermination des symptômes du SBS,  L’Identification des plaintes relatives aux conditions du travail,  La mise en relief des facteurs de risques d’apparition de SBS.

 la deuxième partie est une recherche des symptômes du SBS,  la troisième partie souligne les plaintes relatives aux conditions de travail (la température, la qualité de l'air, l’éclairage ainsi que l’environnement sonore). L’analyse des données a été réalisée à l’aide du Logiciel SPSS 11.5. 3 - RESULTATS 3-1 PARTICIPATION : Le taux de participation est de 70,7%. Les salariés de la banque algérienne de développement rural (BADR) représentent le tiers (35%) de la population d’étude. 3-2- Caractéristiques personnelles et socioprofessionnelles : 3-2-1-Age : L’âge moyen de notre population d’étude est de 39,9 ans avec des extrêmes allant de 24 à 60ans et un écart type de 7,96. On remarque que sur les 143 personnes interrogées, la classe d’âge la plus représentée est celle comprise entre 30-50 ans (3/4) avec environ la moitié des personnes entre 30 et 40 ans et presque 1 /3 entre 40 et 50 ans.. Cette étude comprend une minorité de sujets d’âge inférieur à 30 ans, 3-2-2- Sexe : Notre population comporte 70 femmes (49%) et 73 hommes (51%), d’où une légère prédominance masculine avec un sexe ratio de 1,04. 3-2-3- Tabagisme : Les fumeurs ne représentent que 14% de l’échantillon d’étude. Chez les fumeurs 60% ont une consommation inférieure à 10 cigarettes par jour contre 40% supérieure à 10 cigarettes par jour. 3-2-4- Ancienneté dans l’entreprise : L’ancienneté professionnelle moyenne est de 11,8 ans avec un écart type de 8,8 et des extrêmes de 1 et 30 ans. 3-2-5 Poste occupé : La prédominance des agents administratifs (deux tiers des salariés) par rapport aux autres postes est prépondérante. 3-2-6- Présence dans le bâtiment : Les salariés travaillent pour le plus grand nombre (96,5 %) à plus de 50 % du temps dans le bâtiment. Une minorité soit 3,5 % se déplacent fréquemment. 3-2-7 Allergies : Presque deux tiers de la population d’étude ont mentionné la notion d’allergie à type d’eczéma, de rhinite de sinusite de conjonctivite et/ou d’asthme.

2-SUJETS ET METHODES : 2-1 Matériel : Une étude descriptive de type transversal a été menée de mars à mai 2011 ; étude qui concernait 14 agences bancaires de la ville de Sidi Bel-Abbès dont l’effectif est de 222 agents (dont 112 hommes et 110 femmes). La population d’étude est exhaustive. 2- 2 Méthodes Le recueil des données a été basé sur un autoquestionnaire pré-établi et standardisé, validé par l’INRS. Il comporte 3 parties :  La première partie correspond aux caractéristiques personnelles et socioprofessionnelles: Le journal de la médecine du travail – JMT N°19 -

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3-3-2 La qualité de l’air : Un tiers des personnes interrogées se déclarent satisfaites contre 68,5% d’insatisfaites de la qualité de l'air. De nombreux employés (2/3) se plaignant souvent d’odeur désagréable; et (61,2%) se plaignant de manque d'air. 3-3-3 L’éclairage : Les personnes satisfaites dominent avec 58% contre 42% d’insatisfaits. Plus de 56,7% se plaignent du mauvais éclairage (lumière trop faible). 3-3-4 L’environnement sonore : 47,6% des employés sont satisfaits et 52,4% mécontents ; la principale nuisance est le bruit dans la pièce qui incommode 41,3% des personnes interrogées.

Dans l'enquête, 7,7 % de la population interrogée ont déclaré être atteints d'un asthme, 19,6 % d'une rhinite, 33,6 % d'une sinusite, 36,4 % d'une conjonctivite, 5,6% d'un eczéma. 39,9% des sujets avaient des antécédents familiaux d'allergie. 3-3 Paramètres de confort : Quatre paramètres ont été pris en considération: température, qualité de l’air, éclairage et environnement sonore. 3-3-1 La température : Les salariés satisfaits de la température ambiante représentent 53,1% pour 46,9% d’insatisfaits La période étudiée se déroule pendant le printemps et ces résultats tendent à montrer que la température est mal adaptée. De nombreux employés (1/3) se plaignant souvent de température élevée et (1/3) se plaignant parfois de changements de température.

5- SYMPTOMES RESSENTIS: symptômes

Fréquence Souvent

Pense qu’il est lié au bâtiment (%)

Parfois

effectif

%

effectif

%

Fatigue anormale

45

31,5

72

50,3

24

Maux de tête

51

35,7

77

53,8

22,7

Difficulté de concentration (tête lourde) Démangeaison Brûlures ou Irritation des yeux

39

27,3

56

39,2

26,3

40

28

57

39,9

33

Nez irrite bouchée ou qui coule

21

14,7

70

49

12,1

Gorge sèche irritée enrouée toux

15 15

10,5 10,5

50 60

35 42

15,4 14,7

Peau du visage rouge sèche qui démange Peau des mains rouge sèche qui démange

12

8,4

24

16,8

16,7

7

4,9

20

14

14,8

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Symptômes liés au sexe: Symptômes

hommes (n=73)

femmes (n=70)

p

Fatigue anormale (n=45)

15

30

0,012

Maux de tête (n=51) Nausée/ vertige (n=20) Étourdissement (n=19) Difficulté de concentration (tête lourde) (n=39)

22 9 7 11

29 11 12 28

0,011 0,000 0,035 0,000

Démangeaison Brûlures ou Irritation des yeux (n=40)

10

30

0,000

Nez irrite bouchée ou qui coule (n= 21)

6

15

0,038

Gorge sèche irritée enrouée (n=15)

4

11

0,049

toux (n=15) Oppression thoracique (n= 7)

5 1

10 6

NS NS

Peau du visage rouge sèche qui démange (n= 12)

5

7

NS

Démangeaison du cuir chevelu (n=10)

4

6

0,041

Peau des mains rouge sèche qui démange (n=7)

1

6

NS

5-DISCUSSION 5-1 La prévalence : L’enquête rapporte une prévalence de symptômes pouvant être rattachés à un SBS pour plus de 85 %, avec des manifestations d’irritation cutanéomuqueuse allant de 18 à 68 % selon les localisations. Ces résultats sont plus élevés que ceux d’autres enquêtes Ces différences s'expliquent certainement en partie par les différences méthodologiques entre cette étude et les travaux publiés. 5-2 Symptômes ressentis et liaison au bâtiment : Sur les 143 salariés interrogés 125 ont au moins un symptôme (soit 87 %), ces résultats sont confirmés par : • BURGE et HOYER (1990) [9] ont étudié les symptômes de SBS chez 4329 employés dans 42 bâtiments administratifs au Royaume Uni. Il en ressort entre autre, que 80 % des employés présentent au moins un symptôme, • L’enquête de Lafossas S Barat F Verdun en France 2003 [10] rapporte une prévalence de symptômes de SBS pour plus de 80 %. Dans notre etude les symptômes les plus ressentis sont des signes d'irritation des muqueuses : - yeux (67,9 %) - nez (63,7 %) - gorge (45,5 %) en accord avec : [11, 12]

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• T. Khalfallah et al en (2004), [13] qui retrouvent essentiellement des symptômes au niveau des yeux (70,5 %), du nez (52,6 %), gorge (56,4 %). • BURGE et HOYER (1990) [9] : nez (47 %), gorge (46 %) • Ainsi que SKOV et VALBJORN (1990) [14] : retrouvent signes d'irritation muqueuse à 44 % chez les femmes ayant un travail de bureau. • Lafossas S Barat (2003) [10] : manifestations d’irritation cutanéo-muqueuse allant de 33à 65 % selon les localisations. Dans notre étude les signes souvent retrouvés sont: Des céphalées (35,7%); en accord avec : • L’étude de T. Khalfallah et al (2004) [13]:qui retrouve des céphalées (36%) . • BURGE et HOYER (1990) [9] : retrouve des céphalées(43 %). Fatigue anormale (31,5 %); en accord avec : • T. Khalfallah et al (2004) [13]: Fatigue anormale (31,1 %). 5-3 Relation entre symptômes et âge, sexe, tabac, profession, ancienneté dans le bâtiment : 5-3-1 – Age L'âge intervient pour certains symptômes : les troubles de la concentration, et troubles des membres inferieurs qui affectent surtout la tranche d’âge entre 90


(40-50 ans) qui pourrait s’expliquer par les problèmes de circulation veineuse augmentant évidemment avec l'âge. Pour les autres symptômes il n’apparaît pas de différence significative en fonction de l’âge. Ce qui corrobore aux résultats de l’enquête de Lafossas S en France 2003 [10] et contrairement à la plupart des enquêtes où les symptômes sont plus fréquents chez les jeunes (20-30 ans) : ceci pourrait s’expliquer par la moyenne d’âge assez élevée de notre échantillon. 5-3-2 - Sexe Il ressort une différence significative pour tous les symptômes de SBS chez les femmes à l’exception de la toux, l’oppression thoracique, et les signes cutanés. C'est une conclusion habituelle dans les enquêtes sur le SBS et dans la population générale Ces résultats sont proches de ceux publiés dans la littérature. [15][16] Nos résultats confirment ceux d’autres enquêtes qui ont montré la fréquence accrue des manifestations de SBS chez les femmes : Skov et Valjborn évaluent à 44 % chez les femmes et 25 % chez les hommes la survenue d’un signe d’irritation muqueuse chez un personnel de bureau au Danemark [14] ; Enquêtes de BURGE en Grande-Bretagne (1990) [9], Lafossas S en France 2003 [10], F.Quinazi 1994, INRS [17] 5-3-3 Tabagisme Le tabagisme semble ne pas avoir d'influence sur la survenue des symptômes de SBS. L'explication reste assez obscure en accord avec : Lafossas S en France 2003 [10] et F.Quinazi; I. en France 1994 inrs. [17] 5-3-4 Poste occupé Le poste occupé est un facteur déterminant pour les difficultés de la concentration (79.5%), avec des taux élevés chez les agents administratifs. Cette constatation ressort de la majorité des enquêtes précédentes (l’étude anglaise de BURGE [9] où des taux plus bas sont retrouvés parmi les salariés ayant un emploi reflétant des responsabilités ) Plus la qualification, les responsabilités sont importantes, moins le salarié exprime de plaintes. [18], [19]. 5-3-5 L’ancienneté dans le bâtiment : Les personnes anciennes de plus de 10 ans sont en général celles qui se plaignent le plus (exemple: Difficulté de concentration avec 66,7 % ). mais le parallèle avec l'âge est évident.

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Avant 2 ans de présence, soit le salarié s'accommode des symptômes ou n'ose pas se plaindre, soit il existe un délai de latence avant l'apparition d’une gène. Puis à partir de 2 ans, la pathologie commencerait à s'exprimer (avec des pourcentages très proches pour les anciennetés allant de 2 à 10 ans, ou supérieures à 10 ans). L'âge a un rôle important mais l'action de l'ancienneté dans le bâtiment ne doit pas être négligée. Pour les autre symptômes: il n’y a pas de différence significative de survenue des symptômes de SBS que l’on soit nouveau ou ancien dans les locaux. En accord avec l’enquête de Lafossas S 2003 [10]. 6-CONCLUSION On constate que de nombreux employés trouvent leur environnement de travail inconfortable et se plaignent principalement de température élevée, de la qualité de l'air, de lumière trop faible et lorsque le bruit les gènes, c'est celui dans la pièce et parfois le bruit extérieur. Les symptômes décrits dans le « sick building syndrom" apparaissent très fréquents, en particulier les signes ORL, ophtalmologiques et les céphalées, asthénie anormale. Pour un nombre non négligeable d'employés, une relation s'établit (subjectivement) entre le trouble et le lieu de travail. On note l'influence du sexe, du poste occupé, de l'âge, de l'ancienneté dans le local dans la survenue du SBS; par contre le tabagisme ne semble pas avoir un rôle significatif. Cette première approche est déterminante sur la bonne orientation des recherches ultérieures Le SBS constitue une gêne non négligeable et devrait être davantage pris en compte. Il est à l’origine de fréquents arrêts de travail. La ventilation devrait faire l’objet d’une attention toute particulière lors de la réception de nouveaux locaux. • Il faut que les recommandations réglementaires concernant la ventilation générale et la maintenance soient appliquées.

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CONGRES INTERNATIONAUX Conférences en Avant-Première Préventica 21-23 janvier 2014, Nantes Mardi 21 janvier 9h - 12h30 Santé, Sécurité et qualité de vie au travail : un investissement rentable pour les entreprises. Mercredi 22 janvier 9h - 12h30 Comment faire de la Sécurité / Sûreté un atout pour l’Entreprise ? Jeudi 23 janvier 9h - 12h30 Prévention des risques psychosociaux et Fonction Publique : de la négociation aux actions Contact : Céline Breteau - 05 57 54 34 86 - celine@preventica.com

Congrès Addictologie et Travail 2014 Travail, santé et usages de substances psychoactives Etat des connaissances et modèles de prévention Lieu : Paris, le Beffroi de Montrouge 7-8 avril 2014, Paris 1er congrès Addictologie, santé et travail organisé par l’association ADDITRA (Addictologie et Travail) en partenariat avec le CRTD (Centre de recherche sur le travail et le développement du CNAM), la Fédération Addiction et la MILDT (Mission Interministérielle de Lutte contre les Drogues et les Toxicomanies). Ce congrès transdisciplinaire (Sciences du travail et Addictologie) veut s’employer à quitter le plan des confrontations morales et juridiques pour s’ancrer dans la connaissance des conduites de consommation telles qu’elles existent : dans les effets réels qu’elles produisent, les traces qu’elles laissent, du point de vue des différents protagonistes et des différentes sciences (employeurs, salariés, soignants, préventeurs / sciences du travail, épidémiologie, droit, sciences politiques). Dans une logique de santé et d’action, il s’agit de s’intéresser au travail non pas seulement comme un contexte, un environnement, dans lequel se manifesteraient des consommations de SPA individuelles - ou leurs effets - mais comme une des composantes, un des sens, de ces usages, et de leurs effets, recherchés, encouragés, cachés, ou subis. Mieux décrire et comprendre cette complexité est toute l’ambition de ce congrès. Informations : http://congres.additra.fr/presentation/

33e Congrès National Santé Travail Lille 2014

Lille Grand Palais du 3 au 6 juin 2014. Les thèmes retenus pour ce 33e congrès Santé Travail à Lille en 2014 sont : Audition et travail Pathologies neuro-dégénératives et Travail DMST (Dossier Médical en Santé au Travail) et Traçabilité Les Métiers de l'Aide et de l'Assistance à domicile L'Évaluation des capacités cardio-respiratoires TIC, Organisations et Santé au Travail Fil rouge "Pénibilité" Le journal de la médecine du travail – JMT N°19 -

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24-27 août 2014, Francfort sur le Main (Allemagne) XX e Congrès mondial sur la sécurité et la santé au travail Forum mondial de la prévention (Safety 2014) Lieu : Centre des congrès Messe Frankfurt Le Congrès Mondial 2014 offre une plate-forme d’échange d’informations et de points de vue aux experts de la sécurité et de la santé, aux représentants des entreprises et des salariés, aux décideurs politiques des gouvernements et des autorités publiques, aux partenaires sociaux, et à quiconque s’investit dans le domaine de la sécurité et de la santé au travail. Forums politiques, sessions spécialisées et ateliers de travail offrent l’occasion de partager des expériences, de travailler ensemble sur des enjeux spécifiques et de présenter des exemples de bonnes pratiques. Les trois thèmes principaux sont : • • •

Culture de prévention, stratégie de prévention, vison zéro accident Défis pour la santé au travail Diversité dans le monde du travail

Informations et Contact Assurance sociale allemande des accidents du travail et maladies professionnelles (DGUV) "XXe Congrès mondial sur la sécurité et la santé au travail 2014 : Forum mondial pour la prévention" Alte Heerstrasse 111 53757 Sankt Augustin - Allemagne Téléphone : +49 2241 231-2014 Télécopie : +49 2241 231-1471 Courriel : info@safety2014germany.com Site : www.safety2014germany.com/fr...

27 novembre 2014, Bobigny 13ème journée de pathologies professionnelles de la Seine-Saint-Denis

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