Journal de médecine du travail 7

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SOMMAIRE

J.M.T. Le Journal de la Médecine du Travail Editorial Bulletin Officiel de la Société Algérienne de la Médecine du Travail (SAMT) N°ISSN : 1112 – 2438 N°7 – Nouvelle Série, Annaba Directeur de la Publication Pr. S. GUEROUI Secrétaire Général, Chargé de la revue de la SAMT

Rédacteur en chef Pr. Dj. TOURAB Comité Scientifique de Lecture Coordinateur : Pr. Am. NEZZAL Membres : Pr. BOUKERMA Z. – Sétif Pr. HADDAD M. – Constantine Pr. GUEROUI S. – Annaba Pr. TOURAB D. – Annaba Pr. FYAD A. – Oran Pr. TEBBOUNE C.B. – Oran Pr KAMEN F. - Oran Pr. REZKELLAH B. – Oran Pr. MOHAMED BRAHIM B. – Oran Pr. KANDOUCI – Sidi BelAbbes Pr TALEB –Tlemcen Pr. KEDDARI N. – Alger Pr. SEMID A. – Alger Pr. SAAD – Alger Pr. LAMARA M. – Alger Pr. HADDAR – Alger Pr. MOKHTARI R. – France Pr. TIBERGUENT A. – France

Dossier 1: Neurologie et travail • Troubles neurologiques périphériques et exposition professionnelle aux solvants. (KAMEN-BOUHADIBA F., MOHAMMED-BRAHIM B., FYAD A.) • L'imprégnation mercurielle chronique dans la région de Azzaba. (NEZZAL Az., LABIDI S., GUEROUI S., TOURAB D., BOUDEF M., NEZZAL Am.) • Neurotoxicité des gaz pour plongée sous-marine. (KAMEN-BOUHADIBA F.) Dossier 2: Bruit et travail • Evaluation des déficits audiométriques parmi des travailleurs exposés au bruit dans un atelier de chaudronnerie. (REZK-KALLAH B., CHAMI A., BENHATCHI D., BOUALI S., TEBBOUNE C.B.) • Exposition au bruit, environnement psychosocial et hypertension artérielle en milieu du travail. (TALEB A., MOHAMMED-BRAHIM B., BENREZKALLAH L., BRIXI GORMAT F.Z., MAHI BENKALFAT) • Comment chercher du neuf en entreprise autour de la problématique et du réglementaire du bruit au travail? (GUEROUI S.) Dossier 3: Les déchets en milieu de travail • Les déchets hospitaliers et les risques à la santé et à la sécurité. (GUEROUI S., TOURAB D., NEZZAL Az., NEZZAL Am.) • Les déchets en milieu professionnel. (HADDAR M., KACED N.)

Pr. IDDER LAIB – Alger Pr NAFAI D. - Alger Dr. BAAMARA – Alger Dr. BENZEROUZ – Arzew Dr. BIA A. – Hassi Messaoud Dr. BOUKKORT – Alger Dr. BOUZID H. – Alger Dr. BRIXI-GORMAT – Tlemcen Dr. KRIOUDJ A. – Annaba Dr. MAGUEMOUN – Alger Dr. NEZZAL Az. – Annaba Dr. OUAAZ M. – Alger Dr. OULED ZAOUI – Hassi Messaoud Dr. TIFFOURA - Alger

Forum médical: • Lecture - restitution des travaux algériens sur les hépatites virales professionnelles présentés aux sessions de la Société Algérienne de Médecine du Travail sur une décade. (FYAD A., BENABDELLAH A.) • La lombalgie en milieu hospitalier: prévalence et analyse multifactorielle du risque chez les infirmiers. (REZK-KALLAH B., SAHEL N., BOUABDELLAH N., FYAD A., MOHAMMEDBRAHIM B.) • Les traumatismes de la main en milieu de travail. (MENADI A., MEHALLEG M., BEHAILIL T., ATIA R.) • Etat de santé des professionnels de santé des structures publiques de la commune de Annaba. (GHARBI M.) • Identité d'entreprise. Définitions. Modèles. (GUEROUI S.) • Organisation de travail en milieu hospitalier. (OUAAZ M., HADDAR M.) • Le risque technologique: cas du GNL Skikda. Revue de presse. (Hadjila N., Rezgui F., Gueroui S., Nezzal Am.)

Conception réalisation: Dr M. BOUMAZA - Le JIP

Pédagogie: • Quelques principes de conception et d'utilisation d'un transparent. (GUEROUI S.)

Comité de rédaction

Impression: Imp. Le Phénix—Annaba Mars 2004

Informations

JMT – Le Journal de la Médecine du travail. N° 07-2004

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(Page 4 de couverture)

Abou Ali al Hussain Ibn Abdallah Ibn Sina (Avicenne), né à Boukhara (Ouzbékistan) en 980, fut une très grande figure de la médecine arabe. Il fut très productif et laissa, à sa mort, en 1037 à Ispahan, pas moins de 156 ouvrages authentifiés, écrits en prose ou en vers, en arabe ou en persan. L’œuvre médicale maîtresse est le « Quanoun fil Tibb » (Canon medicinae), véritables lois de la médecine, rapidement reconnues et enseignées dans la plupart des facultés européennes. (M. BOUMAZA) Crédits photos : Le JIP

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Editorial A travers trois dossiers et le traditionnel forum médical, les éléments constitutifs du présent numéro revisitent des domaines classiques mais toujours d'actualité de la santé et la sécurité au travail. Le dossier "Neurologie et travail" nous permet de présenter deux travaux originaux sur l'exposition professionnelle aux solvants et au mercure et un point que nous avons voulu théorique sur la toxicité des gaz pour plongée sous-marine. La prise de parole a été le fait exclusif de médecins du travail. Mais il y est souligné en filigrane une invite aux internistes et autres neurologues à nous rejoindre pour la confection des programmes de surveillance et de prise en charge des victimes que l'actualité écologique nous rappelle malheureusement au quotidien et sur le mode de l'urgence. Le second dossier investigue un facteur de risque physique très connu, les bruits. Il nous est proposé des méthodes d'évaluation, des explications corrélatives entre cette nuisance et l'hypertension artérielle, et enfin des pistes de réflexion pour reposer les termes d'une problématique jamais épuisée et des propositions de repousser des balises réglementaires trop rigides qui enferment la pathologie professionnelle due aux bruits dans un cadre sclérosé, désuet et pénalisant pour les opérateurs. Le troisième dossier propose un point sur les déchets en milieu professionnel notamment hospitalier. Nous y découvrons un danger peu révélé jusque là mais imposant par ses prolongements et conséquences. Il y a matière à codifier impérativement les méthodes de gestion et nécessité à consentir des interfaces avec d'autres professionnels et l'environnement en charge du même fléau. Le "Forum Médical" s'ouvre sur un travail que nous saluons, un succédané de méta-analyse des travaux algériens de la dernière décennie sur les hépatites virales professionnelles. Les auteurs ont assurément fait œuvre utile et seront probablement imités dans le proche avenir par d'autres chercheurs dans une tentative de synthétiser les résultats et indiquer les actions à engager autour de thèmes abordés ça et là. La lombalgie est documentée par l'équipe oranaise qui nous livre un indicateur, la prévalence, dont nous sommes toujours friands en santé publique. La main traumatique est abordée par des orthopédistes souvent très actifs lors de nos rencontres scientifiques. Un épidémiologiste brosse un profil de santé des hospitaliers de Annaba. Ces deux derniers confrères concrétisent la réponse à nos appels réitérés à l'intervention multidisciplinaire dans le champ du travail. Deux contributions sur l'identité d'entreprise et l'organisation du travail nous rappellent fort à propos que la santé au travail consent des dimensions parfois très éloignées du cas clinique mais toujours essentielles dans nos approches globales.

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Actualité oblige, nous insérons une revue de presse sur le risque technologique et la restitution d'une certaine perception médiatique de la dernière catastrophe du GNL Skikda. Enfin, la rubrique pédagogique aborde les principes de la conception et de l'utilisation d'un support audiovisuel dont l'usage est régulier lors de nos prestations de formation graduée, post-graduée et continue. Nous vous souhaitons une visite agréable et riche dans le J.M.T.

La Rédaction

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NEUROLOGIE ET TRAVAIL

Troubles neurologiques périphériques et exposition professionnelle aux solvants Kamen- Bouhadiba F; Mohammed-Brahim B; Fyad A. Service de Médecine du Travail - CHU Oran Algérie

Introduction Les neuropathies toxiques sont pour la plupart des neuropathies myélinisées de type axonal, avec dégénérescence axonale rétrograde progressant depuis les zones terminales distales vers la racines des troncs nerveux (dying-back syndrom). Les lésions débutent et prédominent au niveau des fibres nerveuses les plus longues et les plus volumineuses. Par conséquent l’examen portera en priorité sur les fibres myélinisées de gros diamètre des extrémités inférieures (Sciatique poplité externe et interne). L’atteinte des fibres sensitives est plus précoce (réduction des potentiels d’action des nerfs sensitifs). L’atteinte électrique est généralement modérée, fonction du niveau d’exposition et de la nature du solvant. Comme les perturbations électriques devancent les signes cliniques, l’étude des vitesses de conduction nerveuse comme examen de routine serait un excellent outil de dépistage si ce n’était son coût. Comme l'évaluation du seuil de perception des vibrations permet le dépistage des désordres neurologiques périphériques, quelques auteurs ont utilisé cette technique en milieu de travail [11, 2, 7]. Certaines études ont montré des seuils élevés de perception des vibrations chez des travailleurs exposés aux carburants [8] et chez les peintres de carrosseries d'automobiles [3]. La vibramétrie a de ce fait été préconisée comme examen de routine chez les travailleurs exposés aux solvants [9]. En milieu de travail, la vibramétrie comporte de nombreux avantages. L’appareil est peu encombrant, facile à transporter. C’est un outil simple d’utilisation, peu onéreux, bien accepté par le travailleur car non invasif comparativement aux techniques neurophysiologiques (EMG). C’est un outil dont la reproductibilité est largement admise [6, 4, 5]. Tiré à part : Kamen- Bouhadiba F, Service de Médecine du Travail - CHU Oran Algérie

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Bien qu’il existe peu d’études sur la sensibilité et la spécificité de ce test, il est clair que l’EMG et les vitesses de conduction nerveuse sont bien plus sensibles et spécifiques que la vibramétrie. Néanmoins à l’échelle du groupe, c’est un bon outil de dépistage des lésions neurologiques périphériques. C’est aussi un outil de screening de première intention, bon marché et bien adapté au milieu de travail. Dans le cadre de l’évaluation de la neurotoxicité des solvants chez des travailleurs exposés professionnellement aux solvants, nous avons déterminé puis comparé les seuils de perception des vibrations d’un groupe de travailleurs exposés aux solvants à celui d’un groupe non exposé.

Matériel et méthodes Population de l’étude Le groupe exposé aux solvants est constitué de 38 ouvriers appartenant à deux usines de fabrication des peintures et des vernis, une entreprise de fabrication des colles et 2 imprimeries. Les principaux solvants identifiés sont pour l’essentiel le White spirit , le xylène et les solvants naphta (hydrocarbures aromatiques) dans la fabrication des peintures et vernis. Les éthers de glycol, ou encore le toluène et whitespirit au niveau de l’imprimerie, le cyclohexanol et l’acétone pour la fabrication des colles. Le groupe de sujets non exposés aux solvants est représenté par 37 travailleurs de l’industrie alimentaire, des personnels de l’administration du centre hospitalier d’Oran. Au total 75 travailleurs principalement des hommes (97.2%) ont participé à l’étude. Recueil des données Chaque participant a répondu à un questionnaire administré par un enquêteur. Le questionnaire portait sur les caractéristiques socio-démographiques (âge, statut marital, niveau d’éducation), les habitudes de vie (tabac, alcool, drogues), les éléments objectifs des conditions de travail (ancienneté, activités extra-5-


professionnelles). La recherche de facteurs de risques de la pathologie neurologique des membres supérieurs: antécédents chirurgicaux, accidents traumatiques, diabète et autre pathologie chronique. Critères d’exclusion Afin de réduire les interférences patentes ou possibles avec l’exposition professionnelle (consommation régulière d’alcool, exposition extra-professionnelle aux solvants et autres neurotoxiques) ou encore pour des raisons d’interférences avec l’effet observé (diabète, handicap de la main) nous avons introduit les critères d’exclusion suivants : (a) antécédents médicaux ou professionnels de traumatismes ou affections des membres supérieurs; (b) consommation de médicaments au long court; (c) consommation régulière de drogues; (d) consommation régulière d’alcool; (e) exposition soit professionnellement soit dans le cadre des activités parallèles ou de loisirs à des neurotoxiques (plomb, pesticides); (f) présence d’une pathologie chronique. Evaluation de l’exposition L’exposition a été évaluée de façon qualitative sur la base de l’ancienneté. Compte tenu de l’absence de données métrologiques, seuls quelques dosages atmosphériques par pompe Dräeger à différents postes de travail ont été réalisés pour apprécier les niveaux d’exposition actuels (cyclohexane, benzène et acétone). Les valeurs relevées, toutes inférieures aux TLV françaises, associées à une certaine homogénéité dans le procès de travail et des conditions de travail identiques, laissent supposer qu’il s’agit d’expositions à des doses faibles, ponctuées probablement de périodes de surexpositions brèves correspondant à des tâches particulières. Détermination des seuils de perception vibratoire méthodologie : Le seuil de perception des vibrations a été évalué à l’aide d'un Vibrameter type IV . Le stimulateur électromagnétique appliqué sur les os du carpe est à l’origine d’un stimuli vibratoire de fréquence 100/120 Hz. L’amplitude de vibration (pic à pic) déterminée avec exactitude sur le site d’enregistrement correspond à la première sensation perçue par le patient. On recherche en fonction des besoins aussi bien le seuil de perception que le seuil de disparition des vibrations ou les deux à la fois (pour réduire l’erreur liée à la partie subjective de l’examen). La détermination des seuils de perception des vibrations s’est faite selon un protocole standardisé :

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- détection du seuil de perception des vibrations (VPT) - détection du seuil de disparition des vibrations (VDT) - détermination de la valeur du seuil de perception (VT : vibration threshold) représentée par la moyenne entre le seuil de perception (perception threshold : VPT) et le seuil de disparition (disappearance threshold : VDT). Pour les besoins de l’étude, un site a été retenu pour les tests sur le dessus de la phalangette de l’index. Les stimuli sont appliqués en alternance sur les deux mains. La personne testée doit indiquer à l’examinateur à quel moment elle perçoit la vibration. L’intensité de la stimulation, au moment où elle est perçue, est notée par l’examinateur. Pour chaque site, 3 à 6 essais sont effectués, jusqu’à l’obtention de 3 données successives constantes. La moyenne des trois données constantes retenues (VT) est le seuil de perception du sujet exprimé en micromètres (µ m). La valeur ainsi calculée est comparée à celle d’une population de référence dont les valeurs sont pondérées selon l’âge. Une valeur supérieure à 2 DS par rapport à la moyenne (groupe de référence) est considérée comme pathologique. Analyse statistique Les données recueillies ont été saisies et analysées à l’aide du logiciel EPI-INFO. Une description a été réalisée pour les variables socio-démographiques (âge, sexe, situation familiale, niveau d'étude), l'exposition professionnelle et les variables de santé neurosensorielles. Les différences entre moyenne ou les fréquences observées chez les 2 groupes de l'étude ont été évaluées respectivement par le test t de Student et le chi-carré de Pearson. L'analyse univariée a permis de tester la relation entre les variables de santé et l'exposition. Quand cela a été possible les odds ratio (OR) ont été calculés selon la technique de Mantel-Haenszel avec un intervalle de confiance à 95% en considérant comme variables dépendantes les variables de santé ( neurosensorielles) et comme variables indépendantes les facteurs de risques professionnels (exposition). Pour l'ensemble des tests une valeur de p<0.05 a été considérée comme significative.

Résultats Description de population 75 personnes se sont prêtées à l'exploration du système nerveux périphérique dont 38 ont été exposées professionnellement aux solvants et 37 témoins non exposés. -6-


Tableau n°1.

Caractéristiques socio-démographiques

Age (moy±DS) Sexe Femmes Hommes Tabac Fumeurs non fumeurs Alcool Occasionnellement Non Drogues Occasionnellement Non

Exposés N=38

Non Exposés N=37

P

41.36 ± 9.36

40.97 ± 8.13

0.66

00 38

0% 100%

01 36

2.7% 97.2%

0.98

18 20

47.3% 52.6%

12 25

32.4% 67.5%

0.14

02 31

6.06% 93.9%

01 16

5.8% 94.1%

0.54

03 30

9.09% 90.9%

0 17

0 100%

0.51

Tableau n°2. Moyenne des Seuils de perception des vibrations Exposés N=38

Non Exposés N=37

P

Index droit Seuil perception (moy ± DS) Déviation standard (moy ±DS) Index gauche

0.50 0.73

0.23 0.79

0.52 0.85

0.22 0.73

0.68 0.58

Seuil perception (moy ± DS) Déviation standard (moy ±DS)

0.56 0.87

0.27 0.84

0.52 0.84

0.24 0.67

0.68 0.84

Les sujets ayant été exposés professionnellement aux solvants organiques étaient un peu plus âgés (41.86 ans ± 9.36) que le groupe de sujets non exposés (40.97 ans ± 8.13) mais la différence n'était pas statistiquement significative (p=0.66). Aucune différence n'a été observée au niveau des habitudes de vie (alcool, tabac, drogues). La population était essentiellement masculine dans les deux groupes. L'ancienneté moyenne d'exposition aux solvants était de 12.52 ± 8.69 ans. Sur le plan habitudes de vie les deux populations étaient homogènes (tableau n°1) Résultats des tests périphériques L'analyse statistique des valeurs des seuils de perception des vibrations déterminées au niveau de l'index de la main droite et de la main gauche ne montre aucune élévation pathologique chez les exposés comme chez les témoins non exposés. De la même façon il n'existait aucune différence statistiquement significative entre la moyenne des seuils de perception des vibrations chez les exposés comparativement au groupe non exposé aux solvants (tableau n°2). JMT – Le Journal de la Médecine du travail. N° 07-2004

Discussion Cette étude n’a pas permis de montrer une différence significative aux résultats de l’exploration des seuils de perception somatosensorielle des membres supérieurs entre une population exposée de façon chronique à de faibles doses de solvants et une population nonexposée. Cette étude ne révèle donc pas une altération de la perception somato-sensorielle chez les travailleurs exposés aux solvants depuis 12.5 ans et âgés en moyenne de 41.8 ans comparativement au groupe témoin non exposé. Des résultats analogues ont été rapportés par Rasmussen et al [11] chez des travailleurs de l'industrie du dégraissage où l’élévation des seuils était plus expliquée par l’âge que par l’exposition aux solvants. Les mêmes conclusions sont avancées chez les imprimeurs et les peintres [10]. En revanche, Devers et al. [2] observent une réduction de sensibilité vibratoire aux quatre membres chez un groupe de peintres comparativement à un groupe témoin non exposé A travers la littérature, les résultats des études qui ont exploré le système nerveux périphérique -7-


grâce à une approche standardisée similaire à la notre sont globalement en faveur d'une atteinte périphérique. Toutefois celles-ci étaient présentes chez des travailleurs qui avaient par ailleurs des troubles centraux importants et des durées d’exposition plus longues. Elles soulignaient ainsi le caractère ubiquitaire des solvants. Deux arguments pourraient être avancés pour expliquer cette disparité dans nos résultats: La durée d'exposition dans la population de l’étude était limite (12.5ans). Les seuils de perception ont été recherchés au niveau des membres supérieurs alors que l'atteinte périphérique par les solvants semble, selon les données de la littérature, prédominer aux membres inférieurs.

Conclusion Nos résultats ne mettent pas en évidence d’anomalies de la fonction sensori-motrice périphérique du moins pour les durées d’exposition enregistrées chez la population de l’étude (en moyenne 12 années). Il convient de revoir le groupe de travailleurs dans 5 ans pour réévaluer la fonction neurologique périphérique. Dans le cadre du suivi et de la surveillance ; la vibramétrie trouve toute sa place dans la mesure où le sujet est son propre témoin. La vibramétrie n'a pas les performances des techniques électrophysiologiques ; néanmoins il faut souligner les critères de faisabilité et de coût de cet outil de dépistage des neuropathies distales sensitives au stade infra-clinique.

Réréfences 1. Brackbill RM, Maizlish N. Risk of neuropsychiatric disability among painters in the United States. Scand. J. Work. Environ. Health. 1990; 16 :182-188. 2. Devers RY, Markell BL, Wabeke R. Peripheral vibratory sense deficits in solvent-exposed painters. J. Occup. Med . 1991; 23 : 1051-1054. 3. Eloffson S, Gamberale F, Hindmarsh T. A cross-sectional epidemiologic investigation on occupationally exposed car and industrial spray painters with special reference to the nervous system. Scand. J. Work. Environ. Health. 1980; 6 :239-73. 4. Geer F, Hershman D, Letz. Vibrotactile threshold measurement for detecting neurotoxicity : reliability and determination of ageand heigh-standardized normative values. Arch.Environ.Health. 1990 ;45 :148-54 5. Geer F, Letz R, Hershman D, Farraye J, Simpson D. Comparison of vibrotactile thresholds with physical examination and electrophysiological assessment. Muscle Nerve. 1991 ; 14 : 1059-66. 6. Geer FF, Letz R. Reliability of widely used test of peripheral cutaneous vibration sensitivity and a comparaison of two testing protocols. Br.J.Ind.Med. 1988 ; 45 :635-39. 7. Halonen P, Halonen JP, Langha , Karskela U. Vibratory perception threshols in shipvard workers exposed to solvents. Acta. Neurol. Scand. 1986 ; 78 : 561-565 8. Knave B, Pearsson H, Goldberg M. Long - term exposure to jet fuel (I). An investigation on occupationnaly exposed workers with special reference to the nervous system. Scand J Work Environ Health 1976; 2:152-64. 9. Martin L. Evaluation des fonctions sensori-motrices périphériques d'un groupe de travailleur exposés au manganèse. Mémoire de maîtrise, université du Québec à Montréal 1991; 131 p. 10. Maizlish NA, Fine LJ, Albers LW. A neurological evaluation of workers exposed to mixtures of organic solvents. Br.J.Ind.Med. 1987. 44,14-25. 11. Rasmussen K, Arlien-Soborg, Sabroe S. Clinical neurological findings among metal degreasers exposed to chlorinated solvent. Acta Neurologica scandinavia. 1993 ; 87 (3) : 200-4. 12. Valic E, Waldhord T Konnaris C, Michitsch A et al. Acquired dyschromatopsia in combined exposure to solvents and alcohol. Int. Arch .Occup. Environ. Health. 1997; 6(70): 403-406.

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NEUROLOGIE ET TRAVAIL

L’imprégnation mercurielle chronique dans la région de Azzaba NEZZAL Az.*, LABIDI S.** , GUEROUI S.*, TOURAB D.*, BOUDEF M.**, NEZZAL Am.*. * Service de Médecine du Travail du Travail, CHU Annaba ** Service de Psychiatrie, EHS Er Razzi, Annaba

Le mercure métal a eu trois grands domaines d'application industrielle: l'industrie électrique, l'industrie chimique et l'industrie de fabrication des instruments de mesure et de laboratoire. Il sert à la préparation d'amalgames et de nombreux dérivés organiques et minéraux. Son utilisation est partout proscrite dans le monde depuis la mise en évidence de ses effets toxiques à long terme et ce particulièrement lors "d'épidémies" dans les populations de pêcheurs, consommant du poisson et des crustacés contenant du méthylmercure (Minamata). Le gisement de Bou-Ismail dans la région de Azzaba est à base de cinabre (sulfure de mercure ) de couleur rouge. Celui-ci est décomposé à haute température en oxydes de soufre et en vapeurs métalliques de mercure, dans des fours rotatifs alimentés par du minerai concassé. Ces vapeurs sont recueillies dans des potiches après refroidissement sous forme de mercure métal. A partir de la cheminée, une pollution générale de l'unité et de la région se réalise par dépôt de mercure sur les sols, les eaux et la végétation. Les scories, déchets recueillis dans les fours, sont acheminés et stockés par camions dans des zones à l'air libre; elles constituent une seconde source de pollution. Enfin les bassins de décantation qui drainent les eaux de nettoyage des sols et des eaux de pluie constituent la troisième source de pollution de l’environnement. En définitive, la pollution concerne les lieux de travail et l'environnement, c’est-à-dire l'atmosphère, les sols et les eaux, y compris la nappe phréatique. Le mercure est le seul métal liquide à température ordinaire. Malgré une tension de vapeur faible, il émet dès la température ordinaire des vapeurs en quantités appréciables. Ses propriétés sont bien connues depuis l’antiquité. Il s’évapore à température ordinaire et, en milieu professionnel, la principale voie d’entrée Tiré à part : NEZZAL Az,, Service de Médecine du Travail - CHU Annaba JMT – Le Journal de la Médecine du travail. N° 07-2004

du mercure dans l’organisme est la voie pulmonaire [5]. Elle se fait principalement dans les membranes alvéolaires qui, en raison de la grande diffusibilité du mercure et de sa liposolubilité notable, en retiennent 80 %. Le passage dans le sang et la distribution dans les organes sont très rapides. L'accumulation se fait surtout dans les reins et aussi dans le foie et dans le cerveau. L'élimination se fait lors d'une exposition chronique par les fèces et les urines. La demi-vie biologique a été mesurée à 58 jours pour l'ensemble du corps; au niveau du cerveau elle est de plusieurs années. Le mercure élémentaire passe facilement à travers toutes les barrières membranaires (pulmonaires, érythrocytaires, cérébrales, placentaires...). La toxicité du mercure était suffisamment bien connue des romains pour qu’on écrive à cette époque que de condamner un esclave à travailler dans les mines de mercure d’Almaden équivalait à le condamner à mort [7]. Ceci fait allusion à la neurotoxicité du mercure. En effet, le système nerveux central constitue l’organe critique de l’exposition chronique au mercure vapeur. Une exposition professionnelle dépassant 100 µg/ m3 de Hg peut causer des signes cliniques tels que : fatigue, anxiété, anorexie, perte de poids, tremblement (élément essentiel d’une intoxication importante ) [11]. Une corrélation hautement significative est rapportée entre la concentration du mercure dans l'atmosphère, sa concentration dans le sang et l'importance des symptômes observés en particulier pour la perte de poids, l'inappétence, l'insomnie et les tremblements. Un effet de mutagenèse et sur la reproduction a été décrit chez les travailleurs professionnellement exposés. Contrairement à ses dérivés, l’absorption digestive du mercure métal est négligeable; par contre elle est prédominante pour le mercure organique d’origine alimentaire. La mesure de la concentration urinaire du mercure permet d’apprécier l’intensité d’exposition -9-


récente au mercure inorganique. Il semble cependant que le mercure puisse persister en concentrations supérieures à la normale pendant quelques années après la fin de l’exposition [Goldwater et Nicolau] [5]. Un sujet normal excrète moins de 10 µg/j dans les urines et 10 µg dans les fèces [4]. D’après le rapport d’un groupe O.M.S. en 1980, la concentration du mercure dans les urines semble être habituellement, chez un sujet non exposé, de l’ordre de 0.5 µg/l au maximum encore que l’on ait signalé des chiffres nettement plus élevés, mais toujours inférieurs à 25 µg/l [1]. Des études récentes ont montré que de la vapeur de mercure est libérée à partir de l’amalgame dentaire, particulièrement durant la mastication (Svar et al. 1981, Viny and Lors Cheider 1985); une partie de cette vapeur est absorbée par inhalation (80 %) [3]. Bien que la moyenne quotidienne de la consommation du mercure à partir de l’amalgame dentaire soit basse, il y a une variation considérable dans la population, certains consomment beaucoup de mercure à partir de leur amalgame dentaire [4]. On a montré également que la consommation peut varier de 2.5 à 17.5 µg /j (Clarckson et al. 1988). Dans des rapports plus récents, la consommation moyenne par jour est encore plus basse, elle est de l’ordre de 1.4 µg ( Mackert 1987, Berglund 1980 et 1990, Langworth 1988). Lars Barregard rapporte trois cas de sujets présentant une concentration urinaire de 25 à 54 µg/g de créatinine indiquant une consommation quotidienne à partir de leur amalgame dentaire de 100 µg de mercure. Le mercure est un élément toxique particulier malgré sa présence en petite quantité n'excédant pas 60 µg /kg, il peut être retrouvé comme un constituant naturel d’un certain nombre de substances. Cependant, le mercure sous forme organo-métallique est retrouvé à une concentration toujours supérieure chez les poissons atteignant des concentrations entre 100 et 200 µg /Kg chez les petits et jusqu’à 1500 µg/Kg chez beaucoup d'espèces carnivores. Il est estimé que le mercure naturel contenu dans l’alimentation quotidienne varie de 5 à 20 µg et peut atteindre 100 à 300 µg dans les régions côtières [1] Le problème de la pollution par le mercure inorganique a fait l’objet de plusieurs études et publications dans le monde et en Algérie. La contamination par les vapeurs de mercure inorganique des travailleurs de l’industrie de production de mercure métal est bien connue. Elle a été objectivée chez les travailleurs du complexe de Bou-ISmaïl par beaucoup de travaux ( Service de toxicologie du CHU Mustapha Alger, Service de Médecine du Travail du CHU de Annaba ) [8 , 9, 10]. JMT – Le Journal de la Médecine du travail. N° 07-2004

Le regroupement des différentes installations techniques du Complexe de Bou-Ismail dans un espace géographique relativement peu étendu explique le fait que les concentrations de mercure dans l'atmosphère soient relativement élevées y compris dans les locaux administratifs et ce surtout en été. Les taux moyens de mercure urinaire chez les travailleurs de l'unité de production varient de 18 à 188 µg /g de créatinine en 1991 et 8 à 886 µg /g de créatinine en 1993 avec une valeur minimale de 0 et 8 et une valeur maximale de 675 et 7339 µg /g de créatinine respectivement entre 1991 et 1993. La contamination de la population résidant autour du complexe n'a par contre à aucun moment été l'objet de préoccupation des chercheurs. C'est compte tenu de ce constat que notre équipe a finalisé un projet de recherche dans le cadre de l'Unité de Recherche Travail Santé Développement de L'Université de Annaba. Dans ce projet nous avions formulé l'hypothèse de cette contamination, et nous avons développé une démarche visant à la vérifier en étudiant la population d'enfants scolarisés dans la région de Azzaba, en la comparant à un groupe témoin de Annaba. Les résultats de ce projet ont démontré que les enfants en milieu scolaire dans la région de Azzaba ont une concentration moyenne de mercure dans les urines (1.32 µg /g de créatinine) significativement plus élevée que celle des enfants de la région de Annaba ( 0.81 µg /g de créatinine) témoignant d’une imprégnation mercurielle chronique. Certains enfants ont atteint une concentration de Mercure dans les urines égale à 21 µg /g de créatinine. Un rapport de groupe de l'O.M.S. en 1980 indique que la concentration du mercure dans les urines semble être habituellement, chez un sujet non exposé, de l’ordre de 0.5 µg/l. Ce projet s'étant intéressé aux effets cliniques de cette imprégnation, ils n’ont pas été retrouvés; en effet, ces symptômes ne se manifestent qu'à des niveaux d’imprégnation mercurielle plus élevés. C'est pourquoi nous nous proposons dans un nouveau projet de dépister les perturbations des performances psychologiques. Ces performances (perception, spatialité, repérage, attention, et mémoire) sont décrites comme étant perturbées précocement lors d'une exposition chronique aux faibles doses de mercure [14, 15, 16, 17, 19]: pour cela des tests maniables et accessibles peuvent être utilisés [20]. Les scores obtenus permettront une approche globale du fonctionnement neuropsychologique des enfants tant sur le plan qualitatif que quantitatif.

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Les résultats seront corrélés aux différents taux d'imprégnation mercurielle et les relations entre

ces taux et les éventuelles altérations neuropsychologiques seront déterminées.

Bibliographie : 1-Buzina R, Subotica, J Vukusic, J Sapunar, K Antonic and M Effects of Industrial Pollution on Seafood Content and Dietary Total and Methyl Mercury : The Science of Total Environemment, 78 (1989) 45-57 2-Hudson P J ; MD, Richard L.Vogt, MD, Jack Brondom, DVM ; Element mercury exposure among children of thermometer plant workers ; Pediatrics Vol.79 N°. 6 - 6 JUIN 1987 3-Langworth S, C.-G. Elinder, C.-J.Gothe, and O.Vestrberg : Biological monitoring of environmental and occupational exposure to mercury, In Arch Environ Health (1991) 63 : 161 - 167 4-Langworth S, Almkvist O, Soderman E, Wikstrom B-O : Effects of occupational exposure to mercury vapour on the central nervous system : British Journal of Industrial Medecine 1992 ; 49 ; 545 - 555 5-Lars Barregard, Gerd Sallstern, Bengt Jarvholm : People with high mercury uptake from their own dental amalgam fillings, Occupational and Environmental Medecine 1995 ; 52 : 124 - 128 6-Lauwerys R ; Toxicologie industrielle et intoxications professionnelles ; ed. Masson 1992 7-Langworth S, Almkvist O, Soderman E, Wikstrom : Effects of occupational exposure to mercury vapour on the central nervous system British Journal of Industrial Medecine 1992 ; 49 ; 545 - 55 8-Nezzal AM, Tourab Dj, Gueroui S, Nezzal AZ : Revue des cas d’intoxication mercurielle chronique suivis à la consultation des maladies professionnelles du CHU de Annaba : 3 ème Journées Medico-Chirurgicales de Annaba 18-19 Septembre 1985. 9-Nezzal AM, Tourab Dj, Gueroui S, Nezzal AZ : Manifestations Neuro-psychiques observées au cours de l’intoxication chronique au mercure inorganique : 7 ème JNMT Oran 1991 10-Nezzal AM, Gueroui S, Tourab Dj, Nezzal AZ : L’intoxication chronique au mercure dans la région de Annaba : 3 ème Conférence Panafricaine de Santé au Travail Le Caire du 7 au 11 Décembre 1994. 11-Nezzal AM , Nezzal AZ , Gueroui S, Khène M, Ghorab S, Bachtarzi T : Pollution par le mercure et effets sur la santé des travailleurs et de la population environnante : 10 ème JNMT Alger les 7, 8 et 9 Mai 1996. 12-OMS : Exposition aux métaux lourds : Limites Recommandations d’exposition professionnelle ; Rapport d’un groupe de l’OMS 1980. 13-Thorp J R , Jr, MP, Douglas D Boyette, MD, William J Watson, MD, and Robert C. Cefalo, MD, PhD : Element mercury exposure in pregnancy, Obsetrics and Gynecology, p 874 - 87 14-Piikivi L, Hanninen H, Martelin T, Mantere P. Psychological performance and long-term exposure to mercury vapors. Scan J Work Environ Health 1984;10:35-41. 15-Amler RW, Rice DC, Johnson BL. Assessment of mercury neurotoxicity through psychometric and neurobehavioral testing: a review. Neurotoxicol 1996;17:237-40. 16-Amler RW, Lybarger JA, Anger WK, Phifer BL, Chappell W, Hutchinson L. Adoption of an adult environmental neurobehavioral test battery. Neurotoxicol Teratol 1994;16:525-30. 17-Amler RW, Anger WK, Sizemore OJ, eds. Adult environmental neurobehavioral test battery. Atlanta, Georgia: US Department of Health and Human Services, Public Health Service, Agency for Toxic Substances and Disease Registry, 1995. 18-Johnson BL, ed. Prevention of neurotoxic illness in working populations. New York: John Wiley and Sons, 1987:169-214. 19-Sizemore OJ, Amler RW. Adult and pediatric neurobehavioral test batteries for use in environmental health field studies. Neurotoxicol 1996;17:229-36. 20-Société algérienne de recherche en psychologie, catalogue des tests psychologiques , 1998. 21-Bernadette Noël La métacognition. Pédagogie et développement . Edition Deboek. Université de Bruxelles. 1994. 22-Bernard GOLSE . Le développement affectif et intellectuel de l'enfant Editions Masson Paris. 1994.

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NEUROLOGIE ET TRAVAIL

Neuro-toxicité des gaz Pour plongée sous marine Kamen- Bouhadiba F . Service de Médecine du Travail - CHU Oran Algérie

Dans le cadre de l’activité professionnelle en plongée et en air comprimé, deux catégories de travailleurs sont intéressées par cette activité. Les scaphandriers qui travaillent sous l’eau à des profondeurs variables et respirent sous pression de l’air ou des mélanges synthétiques et les tubistes ou techniciens hyperbares. Ces derniers travaillent à sec dans des enceintes métalliques pressurisées avec de l’air ou des mélanges gazeux. La plongée sportive quant à elle groupe deux activités très différentes. La plongée en apnée basée sur la résistance à l’hypoxie et la plongée avec scaphandre autonome. Pour l’une ou l’autre activité professionnelle ou sportive, les mélanges respirés sous pression deviennent toxiques à certaines profondeurs.

Rappel des lois physiques

3. Dissolution des gaz Le volume dissous est proportionnel à la pression du gaz mais aussi à la qualité du gaz et du solvant (loi de Henry). Par exemple, l’azote est 5 fois plus soluble dans les graisses que dans l’eau (affinité pour le cerveau et la moelle osseuse). On comprend dès lors qu’un mélange, comme l’air, inoffensif à la surface de l’eau puisse devenir toxique à certaines profondeurs sous l’eau.

1. Variations de pression Au niveau de la mer, l’air exerce une pression de 1 bar ou d’une atmosphère absolue (ATA), c’est la pression atmosphérique. Lorsqu’un corps est immergé, il subit en plus la pression de l’eau : c’est la pression hydrostatique. Lorsqu’on descend dans l’eau, la pression augmente d’un bar tous les 10 mètres.

Gaz utilisés

2. Compressibilité des gaz Le volume d’un gaz est inversement proportionnel à la pression qui lui est appliquée (loi de Boyle et Mariote) Ainsi un volume de 1litre en surface est réduit à 0.25 litre à 30 mètres. Par ailleurs pour un mélange de gaz (oxygène et azote pour l’air) la pression partielle d’un gaz est le produit de la pression du mélange par la concentration du gaz considéré (loi de Dalton). A 40 mètres un plongeur respire de l’air comprimé (l’air étant constitué d’environ 20% d’oxygène et 80% d’azote) à une pression absolue de 5 bars. PN2 de l’air à 40 mètres : 0.8 x 5 = 4 bars PO2 de l’air à 40 mètres : 0.2 x 5 = 1 bar Pression absolue = PN2 + PO2 = 5 bars

L'oxygène hyperbare a des propriétés convulsivantes. Ces crises convulsives peuvent apparaître lorsque la pression partielle de l’oxygène est supérieure à 1.6 bars. Les mécanismes de cette neurotoxicité sont complexes, les théories étiopathogéniques nombreuses et parfois contradictoires.

Tiré à part : Kamen- Bouhadiba F, Service de Médecine du Travail - CHU Oran Algérie

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• • •

Oxygène Gaz inertes ( se comportent comme de véritables corps étrangers) Azote, Hélium Gaz carbonique (en faible proportion).

Neuro-toxicité de l’oxygène

1. Considérations générales : Oxycytotoxicité L’O2 apporté au niveau de toute cellule crée des altérations morphologiques ou fonctionnelles. L’explication de ces phénomènes est envisagée dans différentes théories considérant l’oxycytotoxicité sous un angle physicochimique. La molécule d’oxygène peut être considérée comme un biradical auquel manquent deux électrons sur ses orbites periphériques (fig. 1).

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.Z.

.Y

X

.Z

.Y.

.

X

Fig.1: Configuration électronique de la molécule d’oxygène (selon GERSHMAN) Ces deux électrons célibataires sont responsables du potentiel d’oxydation très élevé de la molécule qui cherche à se procurer des électrons soit au bout de la chaîne des transports (jeu biologique normal), soit auprès de molécules enzymatiques ou co-enzymatiques à groupe (S-H). 2. Oxydation des groupements S-H (thiols) L’hyperoxie inactive surtout les thioenzymes mais également l’acide gama amino butyrique (GABA) qui a un rôle dans le contrôle des convulsions. oxydation 2 En-SH enzyme active

réduction

En-S-S-En + 2H enzyme inactivée

Mitochondrie Gonflement Inhibition cytochrome-c-réductase Inhibition pyruvate oxydase Diminution de GABA (dépolarisation des neurones centraux)

3. Peroxydation des lipides Les péroxydes lipidiques résultent de la fixation de l’oxygène sur les chaînes lipidiques insaturées. Les conséquences cytologiques sont une altération de la perméabilté membranaire (fuite K entrée Na) cellulaire, mitochondriale et lysosomiale. 4. Théorie des radicaux libres La toxicité de l’O2 serait due selon certains auteurs à une augmentation des radicaux libres intra-cellulaires qui se comportent comme de puissants oxydants. L’hyperbarie conduit aux effets néfastes de l’hyperoxie sous forme de lésions cellulaires fonctionnelles réversibles dans un premier temps et structurales irréversibles si l’exposition se prolonge. Effets aigus de l’hyperoxie hyperbare Ils sont responsables des crises neurotoxiques. On parle de l’effet « Paul Bert ». Cliniquement, cela se traduit par une crise grand mal. Mécanismes physiopathologiques Deux sites d’action comme le résume le schéma ci-dessous

Cellule • Accélération du processus d’oxydo-réduction • Augmentation transport actif Na+ K+

CRISES NEUROTOXIQUES

Altération des récepteurs D2 Dopamine impliqués dans la neurotransmission

Modifications biochimiques de certains acides aminés du striatum

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Symptomatologie 1. Signes avertisseurs Tachycardie (prodrome inconstant / fidèle) Crampes musculaires Nausées / vertiges Confusion, incoordination motrice Vision en « tunnel » du fait de la réduction bilatérale du champ visuel 2. Crise convulsive Elle est classique dans son expression clinique Tonique Clonique Coma post critique Effets de l’hyperoxie hyperbare prolongée Le site d’action est double ; au niveau du cytoplasme et de la structure membranaire comme résumé sur le tableau ci-dessous. Au niveau du cytoplasme

Structures membranaires

Inhibitions enzymatiques irréversibles Chute métabolisme Tuméfaction + lyse mitochondries Disparition lysosomes

Altération par péroxydation acides gras insaturés

+ Lésions cellulaires définitives

Agents antitoxiques Ils sont nombreux ; leur mécanisme d’action est plus ou moins bien connu. Chaque tissu possède une sensibilité propre à l’action toxique de l’oxygène. Ce sont l’importance et la qualité des moyens de défense naturels qui déterminent leur degré de résistance. Ceci expliquerait que les tissus qui en sont peu fournis, comme le cerveau, soient précocement atteints. • Agents antitoxiques naturels La superoxyde dismutase protègerait contre l’action toxique de l’oxygène selon la réaction suivante : superoxyde H2O2 + O2 O2- + O2- + 2H+ dismutase D’autres substances telles que la vitamine E, le NADPH, le glutathion agissent en tant que systèmes protecteurs naturels. • Agents pharmacologiques Ils ne s’opposent en aucun cas aux effets toxiques de l’hyperoxie mais retardent les manifestations (THAM, barbituriques, sympatholytiques, etc..) JMT – Le Journal de la Médecine du travail. N° 07-2004

Effets de l’oxygène hyperbare sur la circulation cérébrale Les modifications du flux sanguin cérébral par vasoconstriction sous l’action directe et ou indirecte de l’oxygène conduisent à une réduction du débit sanguin cérébral que l’on incrimine dans les accidents ischémiques transitoires rencontrés chez les plongeurs-pécheurs de perles.

Neuro-toxicité de l’azote Caractéristiques Gaz inerte (ne se combine pas mais se dissout ), il est 5 à 6 fois plus soluble dans les graisses que dans l’eau. Il est toxique à partir de 5 ou 7 bars en moyenne soit entre -30 et -60 mètres du fait des variations inter-individuelles (polymorphisme génétique). Des similitudes entre sensibilité à l’alcool et l’azote chez un même individu sont rapportées. A moins 70 m, la narcose atteint la quasi-totalité des plongeurs. Mécanisme d’action Mal élucidé C’est la voie dopaminergique du système nigrostrial (concentration dopamine et métabolites) qui est incriminée. La dopamine par condensation avec les groupes CO- des ∝ CETO-ACIDES serait à l’origine des modifications neurocomportementales. Symptomatologie Le début est progressif en fonction de la profondeur. Les signes vont en s’aggravant mais restent réversibles. Stade 1 Bien-être, confiance en soi, jovialité, tendance à l’euphorie Stade 2 - Trouble du jugement, attention, - Incoordination motrice, - Trouble de la sensibilité superficielle mais surtout profonde - Perte de conscience avec mouvements désordonnés Signes électriques EEG: le rythme alpha est remplacé par des rythmes de fréquence plus lente et d’amplitude pus faible Evolution Disparition des troubles sans séquelles si le plongeur est remonté. Prévention Recrutement d’un personnel entraîné, calme, conscient de ses possibilités.

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Au delà de 50 mètres : mélanges à faible pouvoir narcotique, ex : mélanges tertiaire O2-N2-H2

Anomalies EEG Bouffées thêta temporo-occipitales, thêta frontal, tracé de sommeil.

Neuro-toxicité de l’ Hélium Caractéristiques Gaz rare Poids moléculaire inférieur à celui de l’azote. Indication : les plongées profondes Neurotoxique à partir de 300-350 mètres. L’hélium est responsable du Syndrome Neurologique des Hautes Pressions (SNHP). Mécanismes d’action Modification structurale membranaire Anomalies de conductance potassique et/ou sodique à travers la membrane du neurone Signes cliniques * Moteurs - Tremblements d’attitude au repos, pouvant persister dans l’acte. - Gestes saccadés, dysmétrie. - Secousses musculaires. - Baisse de la vigilance. * Neuro-végétatifs - Vertiges, nausées

Intoxication par le CO2 Etiologie Insuffisance en débit d’air Pollution de l’air d’alimentation Mauvaise ventilation du casque (espace mort) Signes cliniques Ils sont fonction de la Pression partielle du gaz 0.02 bar (20mb) Céphalées Congestion de la face Augmentation rythme respiratoire Etat d' ébriété au delà 20 mb

Etat syncopal

Prévention Vérification du matériel ( détendeur, masque) Vérification de la teneur en CO2 (< 10 mbars)

Bibliographie : G. SUSBIELLE, J.C. LE PECHON : Le travail en plongée et en air comprimé 10 Encycl. Méd. Chir. Intoxications. 16500 A 5-1984 16 pages MAESTRACCI P. et GRIMAUD D. Les accidents de plongée. Encycl. Med. Chir. Paris. Urgences,4-02-05, 24014 B

10

R.GUILLET , J.GENETY, E.BRUNET-GUEDJ. Abrégé de Médecine du sport.3ème EDITION Masson. SHUSHAKOV VV, DEMCHENKO IT. Dynamics of ion currents in membrane of isolated mollusc neuron under high pressure. Neurosci Behav Physiol .1996 May-jun;26(3) :241-4 TURLE N, SAGET A, ZOUANI B, RISSO JJ. Neurochical studies of narcosis : a comparision between the effets of nitrous oxide and hyperbaric nitrogen on the dopaminergic nigro-strial pathway. Neurochem Res 1998 Jul ;23(7):997-1003

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BRUIT ET TRAVAIL

Evaluation des déficits audiométriques parmi des travailleurs exposés au bruit dans un atelier de chaudronnerie. Rezk-kallah B, Chami A, Benhatchi D, Bouali S, Tebboune CB. Service de Médecine du Travail - CHU Oran Algérie

La présente étude a pour buts d’évaluer l’exposition au bruit et ses effets sur l’audition des travailleurs d’un atelier de chaudronnerie. L’atelier emploie 42 travailleurs réalisant des tâches très diverses de travail des tôles : oxycoupage, cisaillage, pliage, perçage, rivetage, pointage, soudage, travaux de peinture… Des mesures ponctuelles au niveau de chaque poste travail ont été réalisées par un sonomètre intégrateur B&K 2230. L’exposition individuelle au bruit a été évaluée par un dosimètre B&K 4434. Enfin chaque travailleur a subi un examen audiométrique réalisé dans une cabine insonorisée (Bilsom®), en début de semaine et avant toute exposition au bruit. Le bruit ambiant mesuré oscille entre 86 et 97 dB(A), avec des niveaux maximums entre 102 et 117 dB(A). Les travaux les plus bruyants sont le martelage (96-99 dB(A)) et le tronçonnage (97 dB(A)). Les niveaux d’exposition individuelle mesurés sur des périodes d’activité de deux heures en moyenne sont de 88 dB(A) et varient de 82 à 96 dB(A). Trente trois sujets (78% des travailleurs) présentent un déficit audiométrique supérieur à 10 dB, et 18 d’entre eux (soit 43%) présentent des pertes supérieures ou égales à 35 dB et, par conséquent, déclarables au titre des maladies professionnelles indemnisables. En conclusion, la perte de l’audition due au bruit demeure un problème préoccupant dans les pays en voie de développement. Des mesures concrètes doivent être prises pour lutter contre le bruit en milieu de travail. mots-clés : bruit, audiométrie, chaudronnerie.

Objectifs de l’étude : La présente étude a pour buts d’évaluer l’exposition au bruit et ses effets sur l’audition des travailleurs d’un atelier de chaudronnerie.

Matériel et méthodes : L’étude a été menée dans un atelier de chaudronnerie où des tâches très diverses de travail des tôles sont réalisées : oxycoupage, cisaillage, pliage, perçage, rivetage, pointage, soudage, travaux de peinture.

Tiré à part : Rezk-kallah B, Service de Médecine du Travail - CHU Oran Algérie JMT – Le Journal de la Médecine du travail. N° 07-2004

L’atelier est divisé en 3 zones de production : - zone de débitage, perçage, poinçonnage - zone de roulage, formage, forgeage - zone d’assemblage, soudage L’atelier emploie 42 chaudronniers qui présentent les caractéristiques individuelles suivantes : - âge : 37±10 ans (19-56 ans) - ancienneté dans l’atelier: 12±7 ans (2-28 ans) - ancienneté au travail : 16±8 ans (2-30 ans) Des mesures sonométriques ponctuelles aux postes de travail ont été réalisées au moyen d’un sonomètre intégrateur B&K 2230. Pour mesurer l’exposition individuelle au bruit, des dosimètres de bruit type B&K 4434 ont été placés chez les travailleurs pendant toute la durée de leur activité. -16-


Enfin, pour évaluer les pertes auditives, tous les travailleurs ont subi un examen audiométrique en début de semaine. L’examen comportait une audiométrie tonale sur les fréquences 250, 500, 100, 2000, 4000, 6000 hertz. L’étude de l’audition était effectuée en conduction aérienne, avec un casque, en commençant par l’oreille droite puis la gauche. La première fréquence testée était la fréquence 1000 Hz, pour laquelle les intensités allaient en décroissant jusqu’à ce que le salarié n’entende plus. Ensuite, l’intensité était progressivement réaugmentée jusqu’à perception du signal sonore. L’intensité seuil était déterminée par cette dernière mesure, c’est la méthode dite « ascendante ». Les examens audiométriques étaient pratiqués au niveau du service au moyen d’un audiomètre type Interacoustics® AD17 et dans une cabine insonorisée type Bilsom®.

Tableau 2. Niveaux d’exposition personnelle relevés au cours des activités. N°

Activité Principale

Durée Neq (00h00min) (dB(A))

1

Cisaillage

0:48

90

2

Cisaillage

2:12

93

3

Martelage, Soudage

0:40

96

4

Martelage, Soudage

2:00

92

5

Meulage

0:50

87

6

Meulage

3:00

88

7

Meulage, Soudage

2:30

86

8

Meulage, Soudage

1:30

92

Résultats :

9

Oxycoupage

1:30

91

Le tableau 1 montre que les activités de tronçonnage et de cisaillage sont les plus bruyantes, alors que martelage occasionne les niveaux maximums les plus élevés.

10

Oxycoupage

2:00

85

11

Perçage

2:30

82

12

Pliage

1:12

83

13

Pliage

2:30

85

14

Poinçonnage

0:45

87

15

Poinçonnage

2:20

86

16

Poinçonnage

3:00

82

17

Rivetage

1:30

91

Tableau 1. Niveaux sonores (dB(A)) mesurés au cours des activités. Activités Cisaillage

Neq 93

Nmax 113

Martelage

94

117

18

Rivetage

2:00

86

Oxycoupage

94

111

19

Soudage, Martelage

2:15

88

Perçage

86

103

20

Soudage, Martelage

2:30

85

Poinçonnage

89

106

21

Soudage, Martelage

3:00

88

Pointage

90

105

22

81

91

103

Soudage, Poinçonnage

2:00

Rivetage Soudage

88

102

23

2:40

83

Tronçonnage

97

102

Soudage, Poinçonnage

24

Tronçonnage

2:20

93

Le tableau 2 donne les résultats des niveaux d’exposition personnelle relevés au cours des activités de travail. Ainsi 24 mesures ont été effectuées et leur durée moyenne était de 2 heures (de 40 minutes à 3 heures). Il faut signaler que les mesures avaient inclus, pour certains sujets, des périodes de pauses. Les niveaux moyens d’exposition étaient estimés à 88 dB(A) et variaient de 82 à 96 dB(A). Les niveaux d’exposition les plus élevés étaient observés lors des travaux de martelage, de tronçonnage et de cisaillage.

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Les résultats des examens audiométriques ont été exploités selon le mode de calcul des pertes auditives du tableau n°42 des maladies professionnelles indemnisables : Déficit déficit 500 Hz × 2 + d. 1000 Hz × 4 + d. 2000 Hz × 3 + d. 4000 Hz × 1 (dB) = 10

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Le tableau 3 montre que les déficits audiométriques évoluaient avec l’âge des sujets et la durée du travail en milieu bruyant. Parmi les 42 sujets investigués, 18 (soit 42 %) présentent des pertes auditives moyennes pondérées, supérieures ou égales à 35 dB sur la meilleure oreille et, par conséquent, déclarables au titre des maladies professionnelles indemnisables

En conclusion, la perte de l’audition due au bruit en milieu de travail demeure un problème préoccupant dans les pays en voie de développement. Des mesures concrètes doivent être prises pour lutter contre le bruit en milieu de travail.

Références : Tableau 3. Répartition des déficits moyens pondérés sur la meilleure oreille selon les critères de réparation de la surdité professionnelle (TMP n°42). Déficits audiométriques

N (%)

Age

Durée d’exposition

< 10 dB

9 (21%)

34 ans

14 ans

10 – 34 dB

15 (36%)

35 ans

14 ans

41 ans

18 ans

≥ 35 dB (TMP 42) 18 (43%)

1. Caisse Nationale des Assurances Sociales, statistiques des accidents du travail et des maladies professionnelles, Alger 1999. 2. Semid A. Les surdités professionnelles en Algérie. Importance du problème en santé publique. JAM 1997, vol VII, n°6, 227-229. 3. Tebboune C.B., Mesli F., Mohammed-Brahim B. Profil audiométrique des travailleurs exposés au bruit. Journal de la Médecine du Travail 1998, n°1, 13-15.

Discussion – Conclusion : Dans une mise au point faite par le Pr Semid (1997) sur le bruit, les taux de prévalence des surdités professionnelles étaient très élevés dans l’imprimerie (33%), le textile (52 %), et dans un atelier de chaudronnerie et d’usinage (67 %). Notre étude a rapporté une prévalence de 43 %. La surdité due au bruit constitue donc un réel problème de santé publique qui demeure néanmoins sous-estimé, mal évalué. De nombreux facteurs concourent à cette situation. Les modalités de déclaration et de réparation sont contraignantes. Il faut noter également que les moyens de dépistage, en particulier les audiomètres, sont très insuffisants en regard de la population exposée. Toutefois les professionnels de la santé au travail sont unanimes pour affirmer que la fréquence des maladies professionnelles déclarées augmente avec le développement de la couverture en médecine du travail et avec l’équipement des services médicaux. Les statistiques officielles publiées par la caisse nationale de sécurité sociale montre que la surdité professionnelle occupent chaque année le premier rang des maladies professionnelles indemnisables comme le montre le tableau 4.

Tableau 4 Statistiques des déclarations de maladies professionnelles. Année Maladie professionnelle Surdité professionnelle

1991 876

1992 813

1998 814

218 (25%)

340 (42%)

334 (41%)

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BRUIT ET TRAVAIL

Exposition au bruit, environnement psychosocial et hypertension artérielle en milieu du travail. Taleb A.(1); Mohammed Brahim B.(2); Benrezkallah L (1);Brixi Gormat F.Z. (1) ; Mahi Benkalfat (3) (1) Service de médecine du travail, CHU Tlemcen, Algérie. (2) Service de médecine du travail, CHU Oran, Algérie. (3) Service de cardiologie, CHU Tlemcen, Algérie.

En milieu du travail, le bruit est considéré actuellement comme étant la nuisance la plus présente de toutes les expositions professionnelles [1]. Il présente l'intérêt d'être mesurable et de pouvoir être contrôlé dans l'environnement professionnel [2]. Parmi les effets cardiovasculaires du bruit, l'élévation de la pression artérielle est le facteur physiologique le mieux étudié. L'objectif principal des études qui lui ont été consacrées est de vérifier les présomptions qui incriminent le bruit comme facteur de risque [3]. Ces études sont basées d'une part sur des expérimentations en laboratoire mettant en évidence des effets plus ou moins persistants du bruit sur la tension artérielle et d'autre part sur des études épidémiologiques qui signalent des résultas contradictoires. Il est évident que dans les conditions réelles de travail, le bruit est associé à d'autres facteurs de charge et de stress contribuant à l’augmentation du risque d'hypertension artérielle. Les effets psychophysiologiques du bruit au poste de travail sont en relation directe avec les exigences de la tâche et particulièrement la contrainte mentale, source majeure du stress professionnel [4]. La littérature sur la contrainte mentale est dominée par le concept de Karasek qui distingue trois composantes : les exigences mentales, la latitude de décision (marge de manœuvre du travailleur pour gérer des demandes ou exigences du travail compte tenu de l'organisation du travail) et le support social dans le travail (relations interpersonnelles dans le travail) [5 à 11]. Par conséquent, il est difficile d'évaluer l'effet spécifique du bruit sur le risque d’hypertension artérielle parmi l'ensemble des autres facteurs psychosociaux et facteurs de risque connus de l’hypertension artérielle. Se pose alors la question de savoir si on peut considérer comme un groupe à risque d'hypertension artérielle des travailleurs exposés de façon prolongée au bruit industriel dépassant 85 dB, associée ou non à des facteurs psychosociaux indésirables? Nous nous sommes alors fixés comme objectifs de mesurer la prévalence de l’hypertension artérielle en milieu professionnel et d’analyser la relation entre le stress au travail induit par l'exposition au bruit et / ou l'environnement psychosocial et l'hypertension artérielle en milieu professionnel.

Population et méthodes 1. Enquête de dépistage de l’hypertension artérielle La population a concerné les salariés âgés de 20 à 60 ans travaillant dans 12 Tiré à part : A Taleb ;

entreprises de la wilaya de Tlemcen, affiliés au service de médecine du travail, provenant de plusieurs secteurs d’activité dont le textile, le bâtiment et travaux publics, les industries électriques et électroniques, des produits minéraux, de l’entretien et de la menuiserie.

N°692, kiffane ; Tlemcen, Algérie 13000

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Chaque sujet est soumis à : - un questionnaire portant sur les caractéristiques du sujet : âge, sexe, statut marital, niveau d’instruction, antécédents d’hypertension artérielle... - des mesures de la tension artérielle systolique et diastolique : sujet en décubitus dorsal, après 10 minutes de repos, dans un bureau calme, la mesure répétée 3 fois au niveau du bras droit en utilisant le sphygmomanomètre à mercure. On retient les valeurs les plus basses de la pression artérielle systolique (PAS) qui correspondent à l'apparition des bruits phase I de Korsakoff, et de la pression artérielle diastolique (PAD), qui correspondent à la disparition des bruits phase V de Korsakoff. Les sujets considérés comme hypertendus sont ceux dont la PAS est supérieure ou égale à 160 mmHg et/ ou la PAD est supérieure ou égale à 95 mmHg et/ ou prenant un traitement anti-hypertenseur (organisation mondiale de la santé : OMS) [12] aux mesures des paramètres anthropométriques : poids, taille et indice de masse corporelle. 2. Enquête cas – témoins L’enquête préalable de dépistage a permis de recruter les cas et les témoins. Les cas sont ceux qui après dépistage, et un deuxième contrôle (revus deux mois après la prise initiale de la tension artérielle) présentent une hypertension artérielle. Les témoins sont les sujets qui après dépistage et un deuxième contrôle après le même délai de deux mois, ne présentent pas d’hypertension artérielle : ce sont les sujets dont la tension artérielle est inférieure strictement à 140 mm Hg pour la pression artérielle systolique et 90 mm Hg pour la pression artérielle diastolique et qui ne prennent pas de traitement antihypertenseur. Ils sont tirés au sort dans la population source des cas. Comme pour le dépistage de l’hypertension artérielle, le contrôle des pressions artérielles systoliques et diastoliques consistait à les mesurer par un médecin du travail, au bras droit, après dix minutes de repos allongé en utilisant le sphygmomanomètre à mercure. Nous avons exclus de l’étude tout les sujets présentant une hypertension artérielle secondaire confirmée, une néphropathie chronique, des affections endocriniennes (phéochromocytome, hypercorticisme, syndrome de Cushing, syndrome de Conn) et ceux qui consomment de façon prolongée les corticoïdes, les sympathomimétiques, les vasoconstricteurs locaux. Chaque sujet retenu pour l’enquête a été soumis à : 1. un questionnaire portant sur les facteurs de risque de l'hypertension artérielle : antécédents personnels et familiaux d'hypertension artérielle, tabac, consommation d'alcool, sédentarité, diabète ; JMT – Le Journal de la Médecine du travail. N° 07-2004

2. l’étude du stress professionnel selon le modèle de Karasek explorant les facteurs psychosociaux au travail (la latitude décisionnelle et les exigences psychologiques de la tâche) ; 3. un examen clinique centré sur la sphère cardio-vasculaire ; 4. un examen biologique en effectuant les dosages de la glycémie, cholestérol, triglycéride, urée et créatinine ; 5. une évaluation individuelle de l’exposition sonore (niveau équivalent, durée d’exposition, type et fréquence du bruit). Le bruit a été mesuré par un chronomètre - leqmètre - CLS 90 d’Aclan déterminant le niveau de pression acoustique, continu équivalent Laeq,T et le niveau d'exposition sonore quotidienne Lex,d. Le progiciel ALSono V2.7 a permis d’effectuer un traitement standard ou personnalisé des mesures enregistrées. 3. Analyse statistique L'analyse univariée a été réalisée sur le logiciel EPI INFO version 6. La mesure de l'association facteurs de risque – hypertension artérielle est déterminée par l'odds-ratio et son intervalle de confiance. Le test du χ2 de MantelHaenszel (χ2 M-H) est utilisé dans les analyses stratifiées. L'analyse multivariée a été réalisée sur le logiciel STATA, Version 5.0. Le modèle de régression logistique a été utilisé. La variable dépendante est l’hypertension artérielle, les variables indépendantes principales sont la tension au travail et l’exposition au bruit, les autres variables indépendantes sont celles dont le degré de signification des tests statistiques est inférieur à 0,25 (résultats de l’analyse univariée). Le test de Wald a permis de tester l'hypothèse concernant la liaison facteur de risque - maladie dans la régression logistique. La stratégie utilisée dans l’analyse multivariée est la procédure descendante pas à pas selon l’approche de Hosmer et Lemeshow.

Résultas 1. La prévalence de l’hypertension artérielle La prévalence de l’hypertension artérielle est de 6,3 % dans la population étudiée. Elle augmente significativement avec l’âge et l’indice de masse corporelle. De même qu’elle est plus élevée parmi les personnels administratifs par rapport aux personnels de production. Cette différence pourrait être rapportée à la sédentarité relative des premiers. Parmi les personnels travaillant en atelier, la prévalence de l’hypertension artérielle est plus élevée chez les agents de maîtrise (7,7 %) et les ouvriers non qualifiés (7,4 %) alors qu’elle est plus basse chez les ouvriers qualifiés (5,4 %) et les techniciens (4,6 %). 2. L’enquête analytique cas – témoins 121 sujets hypertendus, parmi lesquels la moitié avait connaissance de son état avant notre -20-


dépistage, ont accepté de participer à cette partie de l’étude. 163 témoins non hypertendus issus de la même population ont accepté d’y participer. Les analyses univariées de la relation entre l’hypertension artérielle et les facteurs de risques non professionnels retenus montrent que le risque est multiplié par 6 après l’âge de 45 ans (p<0,001). Il est multiplié par 5 chez les sujets qui présentent une hypercholestérolémie (p = 0,001), par 4 chez les diabétiques (p < 0,001), par 3 chez les sujets qui présentent une surcharge pondérale appréciée par un indice de masse corporelle ≥ 30 (p = 0,01), et par 2 chez les sujets ayant des antécédents familiaux d’hypertension artérielle. La relation entre l’hypertension artérielle et l’exposition aux facteurs professionnels du stress pris en considération (exposition au bruit et climat psychosocial au travail défavorable) a été successivement analysée. Les résultats montrent que l’hypertension artérielle : n’est pas associée avec un niveau sonore quotidien ≥ 85 dB ; en ajustant sur l’âge, le risque d’hypertension est par contre multiplié par 2,7 de façon significative chez la partie de la population qui dépasse 50 ans (tableau I). est associée de façon significative à l’ancienneté de l’exposition au bruit au delà de 20 années. S’agissant des composantes du modèle de Karasek, les analyses montrent que l’hypertension artérielle : est associée de façon significative (p = 0,001) au niveau des exigences psychologiques de la tâche est associée de façon significative (p =0,02) à un environnement de travail combinant des exigences psychologiques de la tâche élevées et une latitude décisionnelle restreinte (tableau II). L’indice de stress est significativement plus élevé chez les hypertendus par rapport aux témoins (p < 0,001). La régression logistique a permis de confirmer les relations trouvées en analyse univariée. En effet, l’hypertension artérielle est associée de façon significative à : des exigences psychologiques de la tâche élevées ; la combinaison d’exigences psychologiques et d’une latitude décisionnelle faible ; une durée d’exposition au bruit dépassant les 20 années. Comme l’on pouvait s’y attendre, l’âge, l’obésité (BMI ≥ 30) et l’hypercholestérolémie sont des facteurs de risque indépendants d’hypertension artérielle (tableau III).

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Discussion L’objectif d’établir une relation entre les états d’hypertension artérielle et le stress résultant de l’exposition de façon isolée ou concomitante à deux facteurs de risque professionnels, un environnement psychosocial au travail défavorable et le bruit industriel, pouvait être réalisé, sur le plan méthodologique, au moyen d’une étude de cohorte ou d’une étude castémoins. Bien que l’hypertension artérielle ne soit pas une maladie rare dans la population, nous avons retenu ce dernier schéma du fait que dans ce type d’enquête plusieurs facteurs peuvent être associés à la maladie étudiée, ce qui correspond bien à notre problématique : étude de la part des facteurs de risques professionnels dans le développement de l’hypertension artérielle et aussi en raison de ses avantages pratiques, en particulier un délai de réalisation plus court, un coût moindre et un nombre de sujets nécessaires plus limités. Bien que le dépistage de l’hypertension artérielle ayant permis de constituer la population des cas ait concerné 2156 sujets, nous ne pouvons pas le considérer comme représentatif des hypertendus en milieu de travail de la région du fait que les entreprises n’ont pas été tirées au sort. Ces entreprises répondaient en fait à un critère d’accessibilité car il s’agit d’unités affiliées au service de médecine du travail du CHU. Pour assurer la standardisation de la mesure de la pression artérielle au cours de l’enquête transversale de dépistage de l’hypertension artérielle, il nous a fallu préciser préalablement la définition que nous donnions à celle-ci et gérer le problème de la variabilité de la pression artérielle. L’hypertension artérielle a été établie sur la base d’un chiffre minimal de 160 mmHg de pression systolique et de 95 mmHg de pression diastolique. Ces chiffres qui peuvent aboutir à une sous-estimation de la prévalence de l’hypertension artérielle, réduisent au maximum les sources d’erreur liées à la variabilité de la pression artérielle [13]. Les sujets retenus pour l’étude cas – témoins, ont été re-contrôlés une deuxième fois afin de confirmer leur statut et éviter ainsi les biais liés à des erreurs différentielles sur la maladie. Ces problèmes de mesures se sont posés également pour celle du bruit et du stress en milieu de travail : - pour mesurer le bruit, nous avons donc utilisé le chronoleqmètre CLS90 d’Aclan. Cet instrument offre l’avantage de permettre des mesures ambulatoires appréciant le niveau sonore quotidien. -21-


Pour évaluer le stress professionnel, nous avons privilégié le modèle de Karasek du fait de son usage et de sa validation par de nombreuses études [5 à 9]. Cela nous a permis par ailleurs d’envisager des comparaisons entre nos résultats et ceux rapportés dans la littérature en vue d’avancer dans la compréhension des mécanismes sous-jacents. La prévalence de l’hypertension artérielle, établie pour des seuils de 160 et 95 mm Hg, est de 6.3 % dans notre étude. Pour des seuils de 140 et 90 mm Hg, la prévalence s’élèverait à 11.9 %. Cette prévalence est notablement plus basse que celle de 15 à 20 % rapportée chez la population générale en Algérie [14,15]. Elle est par contre plus proche de celles qui ont été rapportées dans les études sur des populations de travailleurs. En effet Salah et al ont rapporté une prévalence de 6,7% chez une population active Algéroise de 1090 sujets, travaillant dans six structures dans différents secteurs d’activité dont une unité de produits chimiques, une usine de conditionnement de cigarettes, un entrepôt de stockage, un hôpital, une administration ministérielle, et une exploitation agricole [16]. Bien que plus contradictoires en Europe, aux seuils de 160-95mmHg, les prévalences restent dans les mêmes fourchettes que les nôtres. En Italie, R.Fogari et al [17] ont observé une prévalence de 8 % chez 8811 sujets provenant de douze entreprises [17]. R. de Gaudemaris et al rapportent des prévalences 8,9% et 10 % aux seuils de 160 - 90 et 140 - 90 mm Hg respectivement, sur une population de 29500 salariés français [18].

Lorsque l’exposition au bruit est exprimée par la durée de l’exposition La reconstitution des calendriers professionnels des sujets de l’enquête nous a permis d’estimer l’ancienneté de l’exposition au bruit. Bien qu’il puisse exister des difficultés de mémorisation chez les sujets, cette approche est largement validée dans les études en milieu de travail. Dans notre étude, l’exposition au bruit est significativement plus longue chez les cas par rapport aux témoins. L’hypertension artérielle est par ailleurs associée de façon significative à une exposition au bruit de vingt années et plus. Le rôle de la durée de l’exposition a déjà été noté dans la littérature. Jegaden et al ont trouvé une prévalence de l’hypertension artérielle significativement plus élevée chez les travailleurs exposés plus de vingt cinq années à des niveaux sonores élevés [20]. T. Lang et al analysent les relations entre l’ancienneté de l’exposition au bruit et la prévalence de l’hypertension artérielle chez 7901 sujets ; ils rapportent que celle-ci est associée de façon significative à une ancienneté de l’exposition au bruit supérieure à vingt cinq années [21]. Parvizpoor et al ont noté une relation directe entre prévalence d’hypertension artérielle et durée de l’exposition professionnelle à un niveau sonore dépassant les 85 dB [22] A. Sanova et al ont indiqué que le pourcentage de travailleurs ayant une pression artérielle normale décroît avec l’allongement de l’ancienneté dans l’emploi dans les ateliers où sont utilisés des compresseurs dont les niveaux sonores sont compris entre 87 et 98 dBA [23]. Verbeek et al ont observé des élévations de la pression artérielle en relation avec le bruit après vingt années d’exposition [24].

Les facteurs de risque professionnels

b. L’environnement psychosocial Les analyses statistiques montrent que l’hypertension artérielle est associée à des exigences psychologiques du travail élevées, mais non à une latitude décisionnelle restreinte. La dissociation de l’hypertension artérielle avec cette deuxième composante du modèle de Karasek est en contradiction avec ce qui est habituellement rapporté dans la littérature: en effet de nombreuses études ont montré les effets d’une faible latitude décisionnelle sur le risque cardio-vasculaire, confortant ainsi l’idée que le contrôle est une notion essentielle [25, 26].

a. l’exposition au bruit L’un des objectifs principaux de notre travail était d’étudier la relation entre l’exposition professionnelle au bruit et l’hypertension artérielle. Pour cela, l’exposition au bruit a été exprimée de plusieurs façons par la mesure du niveau sonore et la description des caractéristiques du bruit (type et fréquence) et de façon indirecte par l’estimation de l’ancienneté de l’exposition au bruit. Lorsque l’exposition au bruit est exprimée par le niveau sonore équivalent L’analyse univariée brute n’a pas permis de montrer une association significative entre l’hypertension artérielle et l’exposition au bruit. Le risque lié à l’exposition au bruit est de 1,3. Ce risque avoisine le risque de 1.2 rapporté dans la littérature [19]. La relation entre l’hypertension artérielle et l’exposition au bruit ainsi exprimée n’est pas modifiée après ajustement sur l’âge, cependant que ce risque est associé de façon significative à l’exposition au bruit après l’âge de 50 ans. JMT – Le Journal de la Médecine du travail. N° 07-2004

Par contre la combinaison des deux composantes semble bien constituer, à la vue de nos résultats, un facteur de risque d’hypertension artérielle. Ces résultats sont similaires à ceux de Shnall et al qui après analyse de la contrainte mentale par le modèle de Karasek chez 264 hommes travaillant dans sept entreprises, ont observé une élévation significative de la pression artérielle et un risque d’hypertension multiplié par 2,7 chez les sujets ayant des exigences

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psychologiques élevées combinées à une latitude décisionnelle faible [27]. Cette hypothèse pourrait trouver son fondement physiologique dans le fait observé que des contraintes psychologiques, mentales et sociales au travail entraînent une activation importante du système sympathique, la libération de catécholamines avec un effet délétère sur l’organisme, en particulier une élévation de la pression artérielle. Toutefois, chez l’homme, il semble que les opiacés endogènes serait une composante importante dans la relation stress – hypertension. Les sujets prédisposés à développer une hypertension démontraient ainsi une capacité diminuée des opiacés endogènes à atténuer les réponses des axes hypothalamo – hypophyso – surrénalien et sympatho – surrénalien durant le stress. Par contre, on ne sait rien sur la nature ni la localisation des sites d’action impliqués. Il est évident que des recherches supplémentaires sont nécessaires afin d’établir les mécanismes nerveux et physiologiques par lesquels l’exposition au stress conduit au développement et au maintien de l’hypertension [28].

Conclusion Notre étude a mis en évidence que les sujets travaillant dans un environnement où les exigences psychologiques sont élevées en dépit d’une faible latitude décisionnelle sont aussi les plus atteints d’hypertension artérielle. Il a été également relevé que le bruit peut constituer un facteur de risque d’hypertension artérielle au terme de plusieurs années d’exposition. De même lorsqu’il est associé à des facteurs psychosociaux indésirables au travail, il accroît le risque d'hypertension artérielle. Ces résultats peuvent orienter les discussions à l’intérieur des entreprises sur le risque d’hypertension artérielle lié à certains facteurs professionnels. Ainsi plutôt que de l’attribuer aux seuls facteurs individuels tels que l’âge, le surplus pondéral , la sédentarité,..., ce risque peut être abordé sous l’angle de l’organisation du travail notamment en regard des exigences du travail ou du degré d’autonomie du sujet, et des nuisances physico-chimiques en particulier le bruit. Aussi ces résultats doivent servir de support pour la mise en place d’un programme de prévention contre l’hypertension artérielle et par conséquent contre le risque cardio-vasculaire de façon générale. La pertinence d’initier des interventions visant à réduire le stress professionnel et l’exposition au bruit s’impose : les améliorations en terme de santé qui seront associées à ces interventions viendront renforcer les évidences d’une relation causale.

Le médecin du travail devrait avoir un rôle promoteur dans ce domaine. Ces interventions devraient être multidirectionnelles associant : le dépistage de l’hypertension artérielle, ses complications éventuelles, l’évaluation absolue du risque cardio-vasculaire et une surveillance médicale plus stricte des groupes à risque. des actions pour l’amélioration des conditions de travail, en particulier la réduction des niveaux sonores et la protection individuelle contre le bruit, une meilleure organisation du travail par des méthodes de management participatif et l’éclairage de l’analyse ergonomique du travail. la gestion du stress professionnel par des actions de formation auprès des collectifs de travail l’information et l’éducation sanitaire sur les méfaits du tabac, de l’alcool, du surplus pondéral et d’un régime riche en acides gras saturés …

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Tableau I : Mesure de l’association entre exposition au bruit et HTA ajustée sur l’âge Exposés au bruit

Population d’étude (N = 284) n %

Cas (N = 121) n %

Témoins (N = 163) n %

OR

IC à 95%

p

Ensemble des sujets E vs non E

124 (43,6%)

57 (47,5%)

67 (41,1%)

1,28

(0,77 – 2,12)

0,31

20 – 39 ans E vs non E

25 (50,0%)

02 (40,0%)

23 (46,9%)

0,75

(0,08 – 6,40)

0,76

40 – 49 ans E vs non E

56 (42,4%)

20 (42,5%)

36 (41,8%)

1,01

(0,46 – 2,22)

0,98

≥ 50 ans E vs non E

43 (43,8%)

35 (50,7%)

08 (27,5%)

2,70

(0,96 – 7,81)

0,03

OR ajusté sur les tranches d’âge (M-H) = 1,39 (p = 0,28 ; IC = (0,82 – 2,37)). E: exposé, non E: non exposé

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Tableau 2 : Mesure des associations entre contraintes psychosociales au travail et hypertension artérielle OR

IC à 95%

P

29 (17,8%)

1,88

1,03 – 3,45

0,02

01 (20,0%)

09 (18,3%)

1,11

-

0,92

29 (21,9%)

14 (29,7%)

15 (17,6%)

1,98

0,78 – 5,00

0,10

25 (25,5%)

20 (28,9%)

05 (17,2%)

1,96

0,59 – 6,89

0,22

Population d’étude (N = 284) n %

Cas

Témoins

(N = 121) n %

(N = 163) n %

Ensemble des sujets tendu (oui vs non)

64 (22,5%)

35 (28,9%)

20 – 39 ans Tendu (oui vs non)

10 (18,5%)

40 – 49 ans Tendu (oui vs non) ≥ 50 ans Tendu (oui vs non )

Tension au travail

OR ajusté (M - H) = 1,89 (p = 0,07 ; IC = (1,00 – 3,57)).

Tableau 3 : Mesure des facteurs de risque professionnels et non professionnels de l’hypertension artérielle en régression logistique Variables explicatives

OR

IC 95% (OR)

P

30 à 39ans versus 20à 29ans 40 à 49ans versus 20 à 29 ans 50 à 60 ans versus 20à 29 ans

1,13 1,39 2.57

[0,87 – 1,48] [1,08 –1,76] [1,21-6,63]

0,91 0,04 0,02

Contraintes psychologiques au travail

2.09

[1,05– 4,16]

0,03

Durée d’exposition au bruit ≥ 20 ans

2,40

[1,06– 5,40]

0,03

Hypercholestérolémie ≥ 2,40 Indice de masse corporelle ≥ 30 Antécédents familiaux d’HTA

5,25 4,47 2,68

[1,53 – 17,5] [1,47 – 13,5] [1,45 – 4,94]

0,008 0,008 0,002

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BRUIT ET TRAVAIL

Comment chercher du neuf en entreprise autour de la problématique et du réglementaire du bruit au travail? Gueroui S. Service de médecine du travail, CHU Annaba.

Le but de cette contribution est de lancer un débat sur un sujet préoccupant des conditions de travail, les bruits, dont les conséquences s'expriment en pathologies diverses et souvent irréversibles chez l'opérateur mais également en pertes indésirables et dysfonctionnements de toutes natures au sein de l'entreprise. Nous entendons ainsi formaliser les éléments d'une problématique connue des professionnels de la santé et la sécurité du travail et proposer des pistes de redynamisation du cadre réglementaire utiles à la prise en charge de ce problème.

1. Problématique générale: Le bruit est un élément naturel de vie. Le son fait partie de notre environnement quotidien. C'est un système d'alarme parmi les plus efficaces de l'environnement de l'homme. C'est un indicateur habituel servant à diagnostiquer l'état d'organes mécaniques ou humains. Il accompagne la plupart des activités humaines et , selon sa nature, il joue un rôle néfaste ou stimulant. Il a une fonction sociale manifeste car il permet de communiquer par la parole, d'attirer l'attention et de signaler les dangers. La fonction auditive ne pouvant être arrêtée à volonté (comme le cas de la vision en fermant les yeux par exemple), l'homme, de ce fait, subit l'environnement sonore résultant de la société et plus spécifiquement de son travail. Les 5 composantes classiques d'une situation de travail sont des sources plus ou moins évidentes, plus ou moins importantes de bruits : La machine et l'outil, en fonction des énergies et cadences d'utilisation, solliciteront la fonction auditive de l'homme en générant des bruits à intensité et fréquence dangereuses, notamment des bruits d'impacts et impulsifs ou des bruits habituels supérieurs à 85 dB(A) et un niveau de pression acoustique de crête de 135 dB. Mais aussi les vibrations superflues engendrées exigent alors un surplus d'énergie, usent et dérèglent les machines : elles Tiré à part : S. Gueroui; Sce Médecine du travail, C.H.U. Ibn Sina Annaba

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occasionnent des coûts économiques cachés à rajouter aux coûts humains. L'organisation du travail qui fait travailler l'homme 12 heures par jour et plus de 40 heures par semaine dans une ambiance bruyante. L'organisation est aussi impliquée si elle ne permet pas la mise en route des moyens de lutte techniques contre le bruit ou des moyens d'application du confort auditif en atelier. L'environnement professionnel où se retrouvent des nuisances physiques dangereuses pour la fonction auditive (bruits industriels, bruits sociaux, vibrations, etc.), des nuisances chimiques (CO, solvants) mais aussi l'environnement relationnel (notion d'isolement social chez la victime d'une surdité professionnelle) où la communication est une dimension souvent occultée dans le travail (stress, anxiété, fatigue, survenue d'accidents si le bruit rend impossible la perception des signaux avertisseurs). Le collectif des hommes: le tissu des relations socio-familiales, les collègues et les hiérarchiques du travail marginalisent ou au contraire favorisent la réinsertion socioprofessionnelle des victimes du bruit nocif. En effet tout bruit inopportun ou excessif perturbe la formation sur le tas, fatigue, rend malade et surtout isole l'individu du groupe. Il affecte les échanges d'informations entre l'homme, ses collègues, son travail dès qu'il prend certaines caractéristiques données. Le travailleur lui-même, habitué à activer dans un bruit de fond élevé auquel se rajoutent -26-


des bruits lésionnels habituels ou accidentels, va risquer une atteinte de l'intégrité de son audition plus ou moins profonde. Or la structure et le fonctionnement neurophysiologique de l'audition sont complexes et interagissent avec un ensemble d'autres systèmes: équilibration, vision, circulation, niveau d'activité générale, eux-mêmes interdépendants, hiérarchisés et intégrés pour aboutir au niveau du cortex auditif. Chez l'homme, la fonction auditive spécifique n'est jamais isolée et met en jeu, à tout moment et à des degrés divers, quantité d'autres fonctions: en particulier, il existe des interrelations privilégiées entre l'audition et la phonation en tant que système de communication. De plus, en situation de travail bruyante, y-a-t-il simple sommation des effets des différents bruits ou plutôt potentialisation? Il apparaît de ces quelques considérations, qui n'ont pas épuisé le sujet et ne prétendent nullement à l'exhaustivité, que les problèmes liés au bruit sont de nature et d'importance variables (technologiques, socio-sanitaire, économique, organisationnelle, d'hygiène industrielle voire d'écologie et d'environnement); mais le point nodal reste la cible commune: l'homme et précisément son système auditif. Les réponses attendues seront de ce fait différentes selon la nature et l'intensité du dysfonctionnement identifié. Nous pouvons cependant les organiser dans des démarches qui concourent à un but ultime: la surveillance, la protection et la réhabilitation des situations de travail bruyantes et de l'homme qui leur donne sens. Les moyens appropriés seront de toute évidence les programmes de surveillance médicoenvironnementale vis-à-vis des ambiances sonores. Il s'agit ainsi de promouvoir, de conduire et d'évaluer périodiquement des actions d'investigation et d'intervention en entreprise au regard des risques des ambiances sonores, mais également de concrétiser les démarches incitant aux changements qui y conduisent. Rappelons que les démarches en question sont pluridisciplinaires et associent plusieurs savoirs et compétences: économiste, acousticien, concepteur de technologies, architecte, médecin, psychologue, ergonome, juriste, … mais aussi et surtout les techniciens et intervenants de l'entreprise: sécurité, maintenance, qualité et bureau de méthodes et d'études, exploitants, hiérarchie, cadres et agents de maîtrise. Les représentants des travailleurs ne sont certainement pas à écarter de ces démarches globales car ils sont porteurs de revendications dont la thématique reste l'amélioration des conditions de travail (ici le bruit et ses conséquences). Ils savent faire émerger et mettre en mots les préoccupations des opérateurs et négocier des aspects que les décideurs ont souvent tendance à négliger au profit d'une notion réductrice de rendement.

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2. Chercher du novateur dans les aspects juridiques et réglementaires: En dehors de l'aspect formel (et obligatoire) de la législation, 4 points nous semblent importants à débattre pour dégager des pistes originales de réflexion au législateur algérien. aujourd'hui on peut affirmer que la réglementation et les dispositions légales algériennes au sujet du bruit en industrie existent. Elles ont tardé mais actuellement elles ont le mérite de servir de référence voire de contrainte pour l'employeur qui gagnerait à les intégrer dans sa politique de santé et de sécurité au travail. Mais le retard a porté préjudice: en pratique, il signifie que le législateur ainsi que l'employeur algériens ont accepté la production, massive sur la foi des statistiques des CNAS, de sourds professionnels. Ces victimes des conditions de travail bruyantes sont là, certains toujours en activité. Qu'en faire? Changements de poste? Mais les possibilités internes de l'usine sont vite épuisées et saturées. Mais les nouveaux postes à dégager nécessitent une requalification éventuelle et une sécurisation dispendieuses. Déclaration en invalidité? Mais la réglementation est très restrictive. Marginalisation et externalisation du monde du travail? Le poids social risque d'en être alourdi d'autant et les mécanismes de solidarité sociale collective empruntent volontiers des sinuosités bureaucratiques et affectent des lenteurs et des rigidités pénalisantes. Les dispositions réglementaires algériennes sont une copie non actualisée de celles françaises. Elles en reprennent de façon générale et habituelle l'esprit et même la lettre. C'est une règle de laquelle la réalité s'écarte très peu . Sur un plan pratique, il s'agit d'être conséquent avec nous-mêmes et d'en tirer des conséquences. La réglementation française est évolutive avec les acquisitions et les normes scientifiques du moment. Celle algérienne ne les prend en compte qu'après un délai notable et largement préjudiciable. L'idée est tout simplement d'intégrer automatiquement les réactualisations françaises sans trop s'arrêter aux préjugés politiques et aux habillages techniques (par ailleurs certainement utiles et nécessaires pour d'autres desseins) au bénéfice des populations au travail. De façon transitoire et pragmatique, dans un souci d'économie d'étapes et de morbidité, les usines algériennes peuvent adopter et concrétiser les dispositions organisationnelles et pratiques prises par les français dans leurs réactualisations réglementaires des conditions de travail - sans attendre que le législateur algérien finisse par les faire vraisemblablement siennes après des décennies de carence et de tergiversations incompréhensibles. Bien entendu, ce ne peut être

-27-


là propos subversifs et invite à ne pas respecter la réglementation algérienne en cours. La loi française de janvier 1993 a eu la vertu de combler définitivement l'écart entre l'exemple français très normatif et celui européen et surtout anglo-saxon plus indicatif en matière d'accidents du travail et de maladies professionnelles. En vertu de cette loi, tous les obstacles opposables à la victime, comme le délai d'exposition et de prise en charge ou la liste limitative des travaux exposants , tombent: peut être considérée comme maladie professionnelle toute morbidité en relation avec le travail. Toute la problématique consiste à ne pas tourner la relation en question en défaveur de l'employé. C'est là affaire de débat de société et d'équilibre des forces en présence au sein des partenaires socioprofessionnels. Il paraît souhaitable que les entreprises nationales s'organisent en groupe de pression et interviennent pour que le législateur algérien évolue le plus tôt possible dans ce sens. Les normes posent toute la problématique du seuil limite d'exposition de l'homme à des nuisances industrielles, comme ici le bruit par exemple. Mais en arrière-plan , chaque pays concepteur de normes a le souci constant de retenir des niveaux normatifs qui ne frappent pas d'obsolescence son secteur industriel et commercial et qui lui permettent de rester compétitif sur le marché mondial. Notre problème d'algériens est autrement plus complexe et revêt parfois des allures de dilemme: utilisateurs de technologies américaines, nippones, européennes

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et ex-soviétiques, quelles normes retenir pour nos programmes de surveillance en santé et sécurité au travail? Réfléchira-t-on à des procédures d'habilitation et de normalisation algérienne? Les entreprises doivent dégager des mécanismes incitatifs concrets pour lancer la recherche dans cette voie. L'argument habituel des surcoûts ou des coûts amoindris (souvent coûts différés selon Omar Aktouf), opposé aux rares chercheurs et universitaires soucieux d'investir les secteurs industriel et économique les a paralysés ou dissuadés. Cet argument fallacieux a été parfois une source de véritables débâcles médicoenvironnementales. En conclusion, nous soutenons que, dans une perspective managériale basée sur une réglementation efficiente, les aspects soulevés ici sont incontournables. Cependant nous en pesons les éventuelles tares normatives. Pour cela, nous ne cesserons jamais de relancer le débat sur les conditions de travail en appelant à s'émanciper de la vision française de médecine du travail très friande de balises législatives et opter pour le modèle anglo-saxon de santé au travail plus opérationnel.

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DECHETS EN MILIEU DE TRAVAIL

Les déchets hospitaliers et les risques à la santé et à la sécurité Gueroui S., Tourab D., Nezzal Az., Nezzal Am Service de médecine du travail, CHU Annaba.

Les déchets hospitaliers solides ou semi solides produits par les six structures éclatées du C.H.U. de Annaba représentent un risque à la santé et la sécurité des professionnels, des malades et de l’environnement. En 1998, une enquête par questionnaire vise à identifier et quantifier ces déchets par service et par structure, définir les procédures et les circuits de leur récolte et leur évacuation, évaluer les risques sanitaires encourus par les différents groupes de population. Nos résultats montrent que les différentes catégories des déchets hospitaliers sont respectées en matière de récolte et conditionnement. Mais leur évacuation et leur devenir posent problème : déchets toxiques, radio-actifs et médicaments empruntent les mêmes moyens, les mêmes trajets et le même point de chute. Les professionnels en charge de ce problème n’ont aucune formation préalable au tri et à la manipulation de ces déchets. L’organisation, l’information et les mesures préventives sont aléatoires ou absentes. Les pathologies aiguës (infections, piqûres, coupures) et chroniques (hépatites, dermatoses) ont été précisées pour les années passées et la période récente. Nos recommandations sont faites pour une prise en charge sécuritaire des déchets hospitaliers et un suivi spécifique des personnels par le service de Médecine du Travail. Mots clés : Déchets hospitaliers. Récolte. Evacuation. Incinération. Hygiène hospitalière. Bio sécurité. Prévention.

Les déchets hospitaliers (D.H.) envisagés sont des déchets solides ou semi-solides produits par les structures de soins et récoltés en vue de leur destruction ou de leur évacuation. L’autre dénomination consacrée, « Déchets des établissements de santé », regroupe la totalité des déchets générés par les services de soins, les services médico-techniques, les blocs chirurgicaux, les services généraux, administratifs, techniques, les espaces de loisirs et de détente en hôpital, les cuisines, les logements d’astreinte, etc. [1,2,3,8,11,12,15,19] Au C.H.U. de Annaba, nous sommes partis de constats empiriques : les D.H. souillent plusieurs espaces hospitaliers : de soins, d’hôtellerie, sociaux, de détente, etc. ; [9] les D.H. sont de nature variée ; Tiré à part : S. Gueroui; Sce Médecine du travail, C.H.U. Ibn Sina Annaba JMT – Le Journal de la Médecine du travail. N° 07-2004

plusieurs accidents et maladies se retrouvent au croisement des circuits de matières, de professionnels de la santé, de malades, de visiteurs, etc. ; [7] la gestion des D.H. est multiple au gré des caractéristiques des structures éclatées du C.H.U. [8, 10, 16, 17, 20, 21] Devant cette situation dégradée, nos hypothèses de départ vont tendre à identifier le problème et à dégager les repères généraux d’actions préventives sur le terrain : S’agit-il d’un volume important de D.H. qui dépasse les possibilités de recueil, traitement et évacuation du C.H.U. ? [1, 2, 3, 10, 16, 21] S’agit-il plus prosaïquement d’un dysfonctionnement organisationnel ? [5, 6, 8, 10,17] En regard des risques de contamination encourus, avons-nous un taux de couverture vaccinale valable notamment contre l’hépatite B et le tétanos ? [7, 8, 14]. -29-


1. Objectifs : 1. Identifier et quantifier les déchets hospitaliers par service et par structure. 2. Définir les procédures et les circuits de leur récolte et leur évacuation. 3. Evaluer les risques à la santé et à la sécurité encourus.

2. Matériel et méthode : Une enquête par questionnaire en 1998, de type tranversale, a été menée par le service de Médecine du Travail du C.H.U. de Annaba. Les enquêteurs sont les étudiants de 6ème année de médecine sous la responsabilité directe des enseignants et des résidents du service. Ces étudiants ont été préalablement formés en vue de cette mission. La population d’étude est représentée par l’ensemble des personnels technico-administratifs, paramédical et d’hygiène en charge du tri, de la récolte et de l’évacuation des déchets hospitaliers.

3. Identification et quantification des D.H. : Quatre paramètres qualitatifs sont à considérer dans la gestion et le mode de traitement des D.H. : [3, 4, 10, 15, 17, 19] la densité dicte le choix des moyens de collecte et de traitement ; l’humidité : les matières organiques admettent jusqu’à 80% de H2O ; le pouvoir calorique augmente avec la teneur en cellulose. Mais une humidité supérieure à 50% rend les D.H. impropres à l’incinération ; le rapport carbone / azote permet d’apprécier l’aptitude des D.H. au compostage ainsi que la qualité du compost obtenu. En fonction de la densité et de l’humidité des différentes matières, le poids moyen des sachets de conditionnement peut être estimé entre 4 et 7 Kg. Les D.H. se divisent en 3 grandes catégories classiques : A, B, C [11, 15, 19, 21]. 1 : Les D.H. de la catégorie A (Tableau 1) sont assimilables aux déchets ménagers. L’ensemble des structures du C.H.U. produisent par ordre de poids décroissant : les D.H. A3 qui proviennent des activités des services administratifs et des magasins ; les D.H. A1 soit des déchets hôteliers ou d’hébergement produits en dehors des zones d’hospitalisation et de soins ; les D.H. A2 soit les déchets résultant de la préparation des repas à la cuisine et de la restauration du personnel d’astreinte ou de garde notamment ; JMT – Le Journal de la Médecine du travail. N° 07-2004

les D.H. A4 soit les déchets des espaces verts et des plantations d’agrément des différentes structures du C.H.U. ; les D.H. A5 provenant occasionnellement de diverses opérations de construction et de démolition à la faveur de réaménagements d’espaces de soins ou de détente. Le total hebdomadaire estimé est de 2648 Kg, soit une production quotidienne de 378,29 Kg. 2 : Les D.H. des catégories B et C (Tableau 2) : 1 – les D.H. de la catégorie B gagnent à subir un traitement spécifique par incinération, eu égard à leur risque infectieux potentiel. [1, 2, 3, 4, 6, 7, 9, 10, 16, 21] Par ordre de poids décroissant, le CHU de Annaba produit : les D.H. B 1-1 provenant des unités de soins de consultation et des services médicotechniques ; ils sont à distinguer cependant de ceux considérés comme des D.H. de la souscatégorie B2 ; les D.H. B 1-2 provenant des unités de soins ; les D.H. B 2-1 proviennent des blocs opératoires, des salles d’accouchement, du service d’hémodialyse et des services hébergeant des malades dont le contact peut entraîner des infections transmissibles (notamment les services des maladies infectieuses et de dermatologievénérologie) ; les D.H. B 2-2 soit les restes anatomiques ; les D.H. B 2-3 soit les déchets des différents laboratoires du C.H.U. Nous remarquons d’emblée que notre enquête n’a pas identifié au C.H.U. de Annaba l’existence de D.H. B 2-4 soit les déchets d’abattage, de literie et les excréments des animaux de laboratoires. Signalons que les D.H. de la souscatégorie B2 doivent subir une destruction dans des incinérateurs spéciaux (pas de grappin, laveur de fumée) indisponibles actuellement au CHU. Les D.H. B2 représentent habituellement 10 à 20% des déchets totaux. Dans notre cas d’espèce, nous décomptons 9,31% soit un pourcentage frôlant la limite inférieure rapportée par la littérature. [11, 21] 3 – les D.H. de la catégorie C sont les déchets toxiques, radioactifs et liquides. On y intègre par extension les médicaments non utilisés et susceptibles de réintégrer la pharmacie centrale du CHU. Leur élimination relève de réglementations particulières débordant le cadre de l’hygiène hospitalière. [1, 3, 5, 9, 10, 12, 15, 16, 17, 20]

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Quantité (Sachet / Semaine) par structure D.H catégorie A A.1 A.2 A.3 A.4 A.5

Ibn Rochd 101 35 70 21 -

Ibn Sina 30 10 190 02

Dorban

Dentaire Dentaire Ophtalmo Elysa Saouli 24 20 24 07 07 -

Total sachets

227

232

86

48

07

Total estimé (kg)

908

928

344

192

28

35 06 35 10

Pédiatrie TOTAL 07 14 07 07 -

162 114 311 63 12

27

35

662 sachets

108

140

2648 kg

Tableau 1 : D.H. catégorie A : Quantité produite par sous-catégories au niveau des structures du CHU de Annaba. Enquête 1998.

Quantité (Sachet / Semaine) par structure D.H Ibn Ibn Sina catégorie B Rochd et C

Dorban

Dentaire Dentaire Ophtalmo Elysa Saouli

Pédiatrie

TOTAL

B 1-1

331

300

131

10

07

28

70

877

B 1-2

154

125

147

-

07

14

70

517

B 2-1

57

04

-

03

-

14

-

78

B 2-2

57

-

-

-

-

-

-

57

B 2-3

17

02

21

-

-

-

07

47

Total sachets

616

431

299

13

14

56

147

1576 sachets

Total estimé (kg)

4312

3017

2093

91

98

392

1029

11032 kg

D.H. Catégorie 06 C

02

-

-

-

-

Tableau 2 : D.H. catégories B et C : quantité produite par sous-catégories au CHU de Annaba. Enquête 1998.

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-

-

niveau des structures du


D.H récoltés là où ils se produisent (services, labos,...)

Tri préliminaire

D.H.A. Sachets bleus ou noirs

D.H.B. Sachets rouges

Stockage intermédiaire (Toilettes des services)

Transport manuporté par Chariot ou Camion Bennes intermédiaires

Lieu de collecte centrale

D.H.A.

D.H.B Evacuation secondaire

Camion évacuateur A.P.C.

Incinérateur C.H.U.

figure 1 : Procédures et circuits de récolte et d’évacuation des D.H. - C.H.U. Annaba – Enquête 1998.

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Les D.H. radioactifs ne sont plus d’actualité au C.H.U. de Annaba : le service d’endocrinologie, utilisateur de produits classés à ce chapitre, n’y a plus recours depuis bientôt 5 ans. Le total hebdomadaire estimé est de 11032 Kg, soit une production quotidienne de 1576 Kg. L’on admet que les normes de production des D.H. sont les suivantes : [10, 17, 21] - en Europe : 4,3 Kg/lit/jour - aux U.S.A : ≅ 2 Kg/lit/jour - au Japon : 1,5 Kg/lit/jour Les capacités totales du C.H.U. de Annaba sont de 1020 lits organisés (ou lits réels) ou 1074 lits techniques (lits définis par arrêté n°81/M.S.P. du 29 Août 1995). [22]. La production journalière de D.H. au C.H.U. de Annaba, qui est de 1954,29 Kg/jour, rapprochée du nombre de lits réels donne donc : 1,92 Kg/lit/jour. Nous sommes en droit de nous poser une question bien délicate : ce chiffre traduit-il une performance d’hygiène hospitalière ou juste l’inverse c’est-à-dire qu’une mauvaise gestion, notamment une récolte inappropriée, laisse un gros pourcentage de D.H. dans l’environnement ?.

4. Procédures et circuits de récolte et d’évacuation des D.H : (fig. 1) :

En effet, le lieu de stockage intermédiaire des D.H. est représenté en général par les sanitaires des différents services, voire les salles de soins, des chambres ou les balcons. L’exposition aux risques infectieux est réelle pour les professionnels de la santé, les malades et les visiteurs puisque ces espaces admettent un taux de fréquentation relativement important. Le risque est élevé car les matières collectées plus ou moins correctement sont infectantes et ont parfois un potentiel de « dangérosité » très grave (seringues, produits biologiques, repas provenant de zones infectieuses, …). En effet, la CRAM d’Ile-de-France rapporte en 1992 que sur 70 établissements enquêtés, la typologie des accidents liés aux déchets est éloquente : 62% par piqûres d’aiguilles, 16% par coupures, 16% suite à la manutention et la circulation, 4% aux souillures et contacts. [15] En 1993, une étude du G.E.R.E.S. [15] montre que 60% des piqûres avec exposition au sang sont dues aux objets piquants ou tranchants non éliminés ou en cours d’élimination. 4 - Le transport interne du lieu de stockage intermédiaire dans les différents services vers le lieu central de collecte interne de chaque structure admet des fréquences différentes : de 12 fois par jour pour l’hémodialyse, à 3 fois par jour pour les pavillons d’urgence, la gynécologie obstétrique, les services de chirurgie, à 2 fois par jour pour le laboratoire d’Anatomo-pathologie et les cuisines, à 1 fois par jour pour d’autres services et laboratoires (biochimie, radiologie, médecine légale) à 1 fois par semaine pour certains services administratifs. (Tableau 3).

1- Les D.H sont rassemblés là où ils sont produits dans des récipients souples (des sachets de plastique en général). Cependant les D.H. B sont récoltés et conditionnés dans des sachets qui ne sont presque jamais hermétiquement fermés. Les objets tranchants et piquants ne sont pas mis dans des récipients rigides, incassables et étanches, et le matériau des sachets rouges est loin d’être indemne de toute pollution à l’incinération. Cette carence est notée ailleurs ainsi que le prouve l’enquête française du Ministère de la Santé en 1990 : les règles de séparation des différents types de déchets n’existent pas ou sont confuses dans 39% des établissements. [15]

Structure

2- Le tri initial consiste à recueillir et conditionner les D.H.A. dans des sachets bleus ou noirs et les D.H.B. dans des sachets rouges. Cette mesure est observée par la quasi totalité des structures éclatées du CHU à l’exception notoire d’une clinique dentaire où tri et recueil initiaux sont intempestifs.

Tableau 3 : Périodicité moyenne du transport interne des D.H. des lieux de stockage intermédiaires vers la collecte centrale. - C.H.U. Annaba. – Enquête 1998.

3- Le stockage intermédiaire pose un des plus gros problèmes de la gestion des D.H.

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Ibn Rochd Ibn Sina Dorban Elysa Saouli Ophtalmo Sainte thérèse

Périodicité moyenne Transport interne 1 à 3 fois par jour 1 fois/semaine à 12 fois par jour 2 fois par jour 6 fois par semaine 1 fois par jour 1 fois par jour 3 fois par jour

Le lieu central de collecte interne est rarement maintenu frais mais son emplacement est souvent situé à l’extérieur des différents bâtiments. Il est rarement grillagé et quand il l’est, son grillage est peu fonctionnel. En règle générale, notre enquête -33-


l’a retrouvé accessible aux rongeurs et autres animaux. Son sol est souvent lavable, mais à l’exception d’une seule structure, il est rarement vidé, lavé et nettoyé au moyen d’un produit désinfectant au moins toutes les 72 heures comme le stipulent les règles universelles d’hygiène. 5 - Le moyen usité pour le transport interne est souvent manuel ou par chariot. (Tableau 4).

Structure Ibn Rochd Ibn Sina

Dorban Elysa Saouli Ophtalmo Sainte thérèse

Moyen d’acheminement des D.H vers la collecte centrale Chariot Manuel Chariot Camion Chariot Manuel Chariot Manuel Manuel Manuel

7 - La collecte et l’évacuation des éventuels déchets radioactifs dépasse le cadre strict de l’hygiène hospitalière. Des réglementations particulières président à leur gestion et leur entreposage, en fonction notamment de la qualité, la quantité et de la période de décroissance des éléments en cause.

5 . Population à risque : Il s’agit de l’ensemble des personnels technico-administratifs, paramédical et d’hygiène (personnel de soutien) en charge du tri, de la récolte, l’évacuation voire le traitement local des D.H. de façon épisodique ou régulière (Tableau 5). Les 789 opérateurs représentent 22,86% de l’effectif total du C.H.U. (3451 employés) mais surtout 30,67% des effectifs paramédicaux, technique et du personnel de soutien (2572 employés).

Population à Risque Structure

Hommes

Femmes

Total

Ibn Rochd

125

251

376

Ibn Sina

50

76

126

Tableau 4 : Moyens d’acheminement des D.H. vers la collecte centrale. – C.H.U. Annaba. – Enquête 1998.

Dorban

12

42

54

Elysa

08

36

44

6 - L’évacuation des déchets hospitaliers A est tributaire de la fréquence hebdomadaire des évacuations par le camion de la commune. La périodicité peut ne pas être stricte : de deux fois par semaine (Dorban, Elysa) à une périodicité non définie (Ibn Rochd, Ibn Sina, Saouli, Ophtalmo, Sainte Thérèse). Les D.H B sont incinérés sur place pour 4 structures (Ibn Rochd, Ibn Sina, Dorban, Sainte Thérèse) et à l’extérieur pour les autres. Une évacuation vers les trois incinérateurs principaux du CHU est alors organisée. Il y a alors exposition aggravée des agents qui transvasent les sachets du lieu de stockage au camion au départ et font l’inverse à l’arrivée. [7, 10, 11, 14, 16, 17, 20, 21] En général, l’incinérateur n’est pas contrôlé annuellement par un organisme agréé et ne comporte pas de dispositifs particuliers pour la destruction des déchets B.2 notamment (pas de grappin; laveur de fumée). Les restes anatomiques sont incinérés en règle générale. Les déchets des médicaments sont en général incinérés mais, par défaut de pré-triage correct, peuvent aboutir à la décharge communale. L’exposition ultérieure des gens récupérateurs au niveau de cette dernière zone est très mal explorée jusqu’à maintenant. Il peut en résulter un véritable problème de biosécurité.

Saouli

-

04

04

Ophtalmo

07

14

21

Ste Thérèse

15

149

164

Total

217

572

789

JMT – Le Journal de la Médecine du travail. N° 07-2004

Tableau 5 : Population à risque. – CHU Annaba – Enquête 1998. Il est remarquable que 72,8 % de cette population soient des femmes. Le contenu de leur activité et les occurrences d’exposition font que les agents paramédicaux et de soutien sont les sujets les plus à risque. [1, 2, 3, 5, 6, 7, 9, 10, 11, 14, 15, 16, 17, 21] Cette population semble correctement vaccinée contre l’Hépatite B (Tableau 6). Le taux de couverture vaccinale moyen est de 87,46%. Mieux, dans 5 structures, il est supérieur à 100%. Ceci s’explique par le fait que des retraités ont été admis à leur demande, au programme vaccinal piloté par le service de Médecine du Travail. Ceci traduit surtout la forte adhésion de la population hospitalière aux campagnes préventives systématiques et régulières. -34-


En revanche, le taux de couverture vaccinale contre le tétanos est quasiment nul. Ce manque à gagner s’explique par la non disponibilité du vaccin actuellement. Or la maladie reste grave et souvent fatale en dépit des traitements et des moyens perfectionnés auxquels on a recours. Le tétanos est à éviter absolument par une vaccination généralisée complétée par des mesures ponctuelles. De plus, la maladie n’étant pas contagieuse mais le fait d’inoculations accidentelles dans des circonstances parfois banales, la vaccination admet un caractère de sauvegarde individuelle comme le souligne si bien M. REY. [18]

cutanéo-muqueuse. Les éboueurs présentent souvent des effractions cutanées comme les lacérations, les érosions et de multiples cicatrices plus ou moins importantes sur la face antérieure des jambes, véritables stigmates professionnels. Sujettes à surinfection ces plaies poussent les travailleurs à faire appel à des savons antiseptiques, générateurs d’irritations sur une peau partiellement fragilisée. [13] Les accidents de travail (coupures, plaies diverses) sont de règle pour la période d’enquête.

CONCLUSION :

Structure Ibn Rochd

Taux de Couverture Vaccinale Effectif Effectif vacciné actuel 938 1261

(%) 74,39

Ibn Sina

659

584

100

Dorban

328

479

68,48

Elysa

68

54

100

Saouli

46

26

100

Ophtalmo

77

50

100

Ste Thérèse

206

201

100

Total

2322

2655

87,46

Tableau 6 : Couverture vaccinale contre l’Hépatite Virale B. - CHU Annaba - Enquête 1998. A de rares exceptions, formées par des catégories d’agents que le statut et l’expérience ont bien prédisposé, la quasi-totalité de ces sujets à risque admettent un déficit alarmant en matière d’information et de formation sur les risques encourus. Ceci semble recouper le profil de populations similaires : en 1992, la C.R.A.M. française relève des besoins en formation et information chez 50% des personnes désignées pour la gestion des D.H. [15] Les effets de protection sont insuffisants ou négligemment sollicités lors des diverses opérations de la gestion des D.H. Notre enquête retrouve dans les antécédents des 789 sujets 4 cas d’hépatite B, 1 cas de tuberculose pulmonaire et 7 cas d’allergie JMT – Le Journal de la Médecine du travail. N° 07-2004

En plus d’une préoccupation d’hygiène, les D.H. peuvent entraîner un problème sérieux de santé publique et même de biosécurité. [14] Nous sommes devant un problème organisationnel patent. Il s’agit de définir une organisation efficiente pour une gestion sans risques des D.H. : 1. Premier emballage protecteur. 2. Récipients adéquats et différenciés aux différents postes de travail. 3. Pré-triage des D.H. en différenciant les récipients de collecte selon le niveau de risque et le traitement final [7, 14]. 4. Sacs solides, imperméables, souples ou rigides selon les cas, et à usage unique. 5. Identifier les déchets à hauts risques. 6. Locaux et conditionnements adéquats au niveau des services respectifs. 7. Chariots de transport interne réservés à ce seul usage. 8. Désinfection et nettoyage périodiques. 9. Chargement soigneux. 10. Respect des circuits et des horaires de transports pour ne pas croiser les matières propres. 11. Local central adéquat et nettoyé correctement. Information et formation au risque correctes, et réactualisées périodiquement des personnels en charge des D.H. Moyens de protection adéquats et changés régulièrement (sacs hérissons). Lancer absolument la vaccination contre le tétanos. Il s’agit d’anticiper et de prévenir des dommages socio-économiques conséquents et largement préjudiciables à la communauté hospitalière et à la population générale plus globalement. En effet, les décès, les séquelles, les coûts en soins deviennent d’autant plus inacceptables que le vaccin est d’efficacité prouvée et la prise en charge des victimes reste tributaire du système national de solidarité -35-


(assurance – maladie). La vaccination antitétanique doit être vraiment assimilée à une assurance obligatoire que les travailleurs doivent contracter. [18] Ce sont autant d’objectifs et de défis que le service de Médecine du Travail et les autres partenaires socio-professionnels se doivent d’atteindre dans l’immédiat.

BIBLIOGRAPHIE : 1/- BINDER P. (1991), Que faites-vous de vos déchets médicaux ? Le Quotidien du médecin, 1991, 47 49 : 31-32. 2/- BOLLET C. (1988), Les déchets hospitaliers. In : Hygiène hospitalière, manuel de lutte contre l’infection nosocomiale. Ed. C. et R., La Madeleine, pp. 335-353. 3/- BOLLET C., GULIAN C., DE MICCO P. (1988), Les déchets hospitaliers dans les hôpitaux Sud de Marseille : production et composition. Techniques Hospitalières, 1988, 510 : 57-58. 4/- BONNAFOUX S. (1985), Les incinérateurs hospitaliers. Mémoire d’ingénieur, Ecole Nationale de Santé Publique, Rennes. 5/- CALAY R. (1990), Protection générale de la Santé Publique. Rev. Droit Sanit. Et Soc., 1990, 26 (4) : 615616. 6/- CHASQUES ROZAN M. (1991), Hygiène hospitalière, exemple de la Clinique de la Roseraie – Hospitalisation nouvelle, 1991, 1994 : 22-23. 7/- DURAND-BRUGUEROLLE A., MARTIN B., JACOMO C., GIDE B. (1997), Devenir des déchets hospitaliers solides à risque biologique : suivi d’une aiguille souillée à l’hôpital de la Timone (C.H.R. de Marseille). Arch. mal. prof., 58, 428-429. 8/- GUEROUI S., TOURAB D., NEZZAL Az., NEZZAL Am. (1999), Gestion des déchets hospitaliers. Pan African Conference on Occupational Health, Livre des Abstracts, p.56.

JMT – Le Journal de la Médecine du travail. N° 07-2004

9/- HAMON L., LEBOUCHER L. (1992), Hôpital propre – Gestions hospitalières, 1992, 314 : 210-218. 10/- HARTEMANN P., BLECH M.F., SHUCK D., BONNEFOY X. (1991), L’élimination des déchets hospitaliers : un problème d’actualité. Annales médicales de Nancy et de l’Est, 1991, 30 : 241-243. 11/- HAXHE J.J., ZUMOFEN M. (1997), Notions d’hygiène hospitalière, U.C.L. Bruxelles. 12/- JEGOUZO Y., SANSON C. (1990), Les déchets. In : Le guide de l’environnement. Editions du Moniteur, Paris, 43-49. 13/ - LACHAPELLE J.-M. (1984), professionnelle, Masson, Paris, 142 p.

Dermatologie

14/- LEPRINCE A., DORNIER G. (1999), Risques biologiques en milieu de travail. Travail et Sécurité, INRS, 4 p. 15/- LESAGE M.A., BRETON C. (1997), Déchets d’activités de soins. Comment trier ? Guide de prévention. Arch. mal. prof., 58, 367-369. 16/- MARTIN C. (1990), Les déchets hospitaliers : bon débarras mais à quel prix ? Qualité Santé, 1990, 6 : 1821. 17/- MAZA J., SABY M. (1989), La gestion des déchets hospitaliers. Mémoire d’assistanat, Ecole Nationale de santé publique, Rennes. 18/- REY M. (1980), Vaccinations, Masson, Paris, 286 p. 19/- RICOCHON D. (1991), Classification des déchets hospitaliers. In : Le traitement des déchets hospitaliers. Ed. Ecole Nationale de Santé Publique, Rennes, pp. 13-17. 20/- RICOCHON D. (1992), Nobles poubelles : les déchets de l’activité médicale. Echanges Santé, 1992, 67 : 47-49. 21/- TOUAB H., EL KHOLTI E., EL JAI J. (1999), Les déchets hospitaliers : nécessité d’une gestion sans risque (cas des hôpitaux de Casablanca). Pan African Conference on Occupational Health, Tunis, Livre des Abstracts, p. 57. 22/- TOURAB D. (1998), Bilan d’activité 1998, Direction des Activités Pédagogiques et Médicales, C.H.U. Annaba.

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DECHETS EN MILIEU DE TRAVAIL

Les déchets en milieu professionnel (Synthèse des 3èmes entretiens de santé au travail du Service universitaire de médecine du travail de Rouiba) M.Haddar, N.Kaced* Service universitaire de médecine du travail de Rouiba

Les troisièmes entretiens de santé au travail, organisés le 26 mars 2003, portant sur la gestion des déchets en milieu professionnel traduisent toute l’importance à faire rencontrer des personnes et des institutions concernées par la préservation de la santé, dans le cadre d’un échange pluridisciplinaire . En effet , ce thème montre bien l’interaction entre le milieu du travail, l’environnement général , la santé au travail et la santé publique .

1. Introduction – Problématique M.Haddar La production , la neutralisation , l’évacuation et l’élimination des déchets intéressent particulièrement le monde du travail et tous les secteurs d’activité professionnelle sont concernés. La médecine du travail se sent donc naturellement impliquée par la prise en charge de ce problème. Le rôle du médecin du travail est de protéger la santé des travailleurs qu’il doit surveiller ; il doit donc aussi faire ressortir les effets prévisibles des déchets et des rejets de l’entreprise sur l’environnement ainsi que les mesures qui doivent être mises en œuvre pour minimiser leurs effets néfastes. De plus , le législateur a conféré à la médecine du travail dans ses missions (article 12 de la loi 88/07 du 26 janvier 1988, relative à l’hygiène , la sécurité et la médecine du travail) de contribuer à la sauvegarde de l’environnement par rapport à l’homme et à la nature. La protection de l’environnement est une exigence fondamentale de la politique de développement économique et sociale qui implique l’équilibre entre les impératifs de production et ceux de la préservation du cadre de vie et de la population. Les dispositions réglementaires ( notamment la loi du 12/12/2001 relative à la gestion , au contrôle et à l’élimination des déchets) ainsi que les dernières décisions du ministère de l’environnement relatives à la protection de l’environnement , par les entreprises productrices, interpellent l’ensemble des professionnels, tous secteurs confondus, à intégrer dans leurs objectifs, le traitement des déchets.

Le sujet est d’actualité , la presse nationale rapporte régulièrement les problèmes posés par les déchets industriels dans le pays, notamment ceux liés à l’amiante , aux huiles usagées , aux métaux lourds ( mercure , plomb), aux pesticides , aux déchets hospitaliers …. Sur le plan historique, nous pouvons différencier trois étapes qui caractérisent l’attitude et les responsabilités de l’industrie vis-à- vis de l’environnement : - une première étape marquée par une longue période de production industrielle restée en marge de toute considération sur l’environnement. - une deuxième étape caractérisée par une politique de gestion de l’environnement par les entreprises dans une démarche de correction ( stratégie de correction ), marquée par la construction de nombreuses installations et la mise en place d’équipements (stations d’épuration, incinération) avec des systèmes de traitement des émissions industrielles. Ces mesures, par ailleurs nécessaires, agissant en aval, lorsque la pollution s’est déjà produite, doivent être répétées car elles ne résolvent pas l’origine de la pollution. - une troisième étape qui correspond à l’étape actuelle en matière de stratégie de gestion des déchets et des émissions atmosphériques. En effet, la gestion de l’environnement n’est plus considérée comme une charge économique. Le déchet est un produit de dégradation de la matière première . La collecte , le transport , le stockage , le traitement dans les conditions requises par la réglementation et à défaut la sanction, en cas d’infraction, constituent des coûts supplémentaires que

Tiré à part : M. Haddar ; Sce Médecine du travail, Rouiba JMT – Le Journal de la Médecine du travail. N° 07-2004

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l’entreprise doit éviter ou réduire en favorisant la récupération ou la valorisation. Au – delà du caractère prescriptif de la législation, en plus de cette approche strictement corrective , la tendance est de produire plus propre. Ce concept de production plus propre, consiste à réduire à la source les risques pour l’homme et l’environnement. La production plus propre suppose une prévention intégrée de la pollution ( modification du process ou du produit , recyclage à la source). En effet, du point de vue économique, du point de vue de l’environnement et de la santé , prévenir reste une option moins coûteuse que corriger. Nous pensons pour notre part que c’est dans cette voie qu’il faut s’engager. Ce rappel introductif nécessaire , situe la problématique des déchets en milieu professionnel, tout en permettant aux spécialistes de donner un plus large développement, d’enrichir le débat par l’échange des différentes expériences en la matière.

2. Gestion des déchets : aspects réglementaires M.Haddar, N.Kaced Les auteurs reprennent les éléments essentiels de la loi du 12 –12-2001 relative à la gestion, au contrôle et à l’élimination des déchets, notamment l’article 3 qui précise la définition et la classification des déchets. 1. Définition Déchets : Tout résidu d’un process de production, de transformation ou d’utilisation et plus généralement toute substance , ou produit et tout bien meuble dont le propriétaire ou le détenteur se défait , projette de se défaire , ou dont il a l’obligation de se défaire ou de l’éliminer. 2. Classification 2.1. Déchets ménagers et assimilés : Tous déchets provenant des ménages ainsi que les déchets similaires provenant des activités industrielles , commerciales , artisanales et autres qui , par leur nature et leur composition , sont assimilables aux déchets ménagers. 2.2. Déchets spéciaux : Tous déchets issus des activités industrielles , agricoles , de soins , de services et toutes autres activités qui , en raison de leur nature et de la composition des matières qu’ils contiennent , ne peuvent être collectés, transportés et traités dans les mêmes conditions que les déchets ménagers ou assimilés et les déchets inertes. 2.3. Déchets spéciaux dangereux Tous déchets spéciaux qui, par leurs constituants ou par les caractéristiques des matières nocives qu’ils contiennent, sont susceptibles de nuire à la santé publique et/ou à l’environnement, déchets ayant des propriétés explosives, comburantes JMT – Le Journal de la Médecine du travail. N° 07-2004

facilement inflammables, irritantes nocives , toxiques , cancérigènes , tératogènes, mutagènes, écotoxiques. Certains déchets peuvent également donner naissance: - à un dégagement de gaz toxique au contact de l ’eau, de l ’air ou d ’un acide - lors de leur élimination, à un autre produit qui possède l ’une des caractéristiques énumérées précédemment. 2.4. Déchets d’activité de soins : Tous déchets issus des activités de diagnostic, de suivi et de traitement préventif ou curatif, dans les domaines de la médecine humaine ou vétérinaire. 2.5. Déchets inertes : Tous déchets provenant notamment de l’exploitation des carrières , des mines ,des travaux de démolition ou de rénovation qui ne subissent aucune modification physique , chimique ou biologique lors de leur mise en décharge, et qui ne sont pas contaminés par des substances dangereuses ou autres éléments générateurs de nuisances, susceptibles de nuire à la santé et /ou l’environnement. Les déchets spéciaux ne peuvent être traités que dans les installations autorisées par le Ministre chargé de l’environnement Les générateurs et/ou les détenteurs des déchets spéciaux sont tenus d’en assurer ou d’en faire assurer, à leur charge, la gestion de leurs déchets. Les conditions de choix de site d’implantation, d’aménagement , de réalisation, de modification, de process et d’extension des installations de traitement des déchets sont régies par la réglementation en vigueur relative aux installations classées.

3. La cartographie des déchets : M. Bouchaoui - Ministère de l’Environnement et de l’Aménagement du Territoire. L’auteur reprend le projet initié par le Ministère de l’environnement et de l’Aménagement du Territoire dans la gestion des déchets spéciaux. Il est préconisé la mise en place d’un plan national de gestion des déchets spéciaux , outil de gestion , de planification et d’aide à la décision( révisé tous les 10 ans), élaboré sur la base d’un inventaire des quantités de déchets spéciaux produites annuellement sur le territoire national , le choix des options concernant le mode de traitement pour les différentes catégories de déchets, le choix des sites et des installations de traitement. Ce plan national repose sur la réalisation d’un cadastre national des déchets spéciaux qui porte sur : La quantification des déchets générés , stockés, valorisés ou traités L’identification des générateurs de déchets spéciaux La répartition géographique des déchets spéciaux par Wilaya et par région -38-


La détermination des points chauds en matière de déchets.

4. Les déchets en milieu hospitalier : A.Bengounia - Ministère de la Santé Publique, de la Population et de la Réforme Hospitalière. L’auteur développe la stratégie du ministère de la santé en matière de prévention des infections nosocomiales et rapporte les grands axes du programme national de prévention de ces infections. Il reprend la classification des déchets hospitaliers selon l’OMS en fonction des quantités relatives. Les déchets hospitaliers sont répartis en déchets non dangereux (62%) et dangereux (38%). Parmi ces derniers, les déchets anatomiques et infectieux sont les plus importants en quantité suivis par les produits chimiques et pharmaceutiques, les déchets pointus et tranchants et les déchets génotoxiques, radioactifs et les métaux lourds. Il reprend également les différents modes de traitement des déchets hospitaliers.

5. Les déchets hospitaliers au niveau du CHU de Bab- El- Oued : F. Makhlouf, Djoudi F.Z. L’objectif de ce travail est d’identifier les types de déchets éliminés par les différents services du CHU , d’étudier le mode de collecte et le rythme d’évacuation et d’analyser le mécanisme de traitement local et d’élimination. L’enquête , réalisée par des référents en hygiène hospitalière et les techniciens du SEMEP, a montré de nombreux dysfonctionnements dans la gestion des déchets. Les auteurs préconisent un certain nombre de recommandations.

6.Gestion des déchets au secteur sanitaire de Rouiba : M.Ouaaz ,M.Haddar Cette étude s’est fixée l’objectif d’identifier la nature du déchet hospitalier , d’analyser le mode de collecte , d’évacuation et d’élimination et d’apprécier le comportement du personnel à travers une étude transversale ciblant l’ensemble des services hospitaliers. Les auteurs concluent leur travail par des recommandations.

7. Gestion des déchets industriels : Expérience de la SNVI : M.Abid, A.Ouarek Cette présentation fait le point sur la gestion des déchets au niveau du site SNVI (Société Nationale de Véhicules Industriels ) de Rouiba qui dispose d’un parc d’une surface de cinq hectares destiné à la récupération des déchets générés par l’ensemble des unités à

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l’exception des déchets ménagers , directement évacués sur la décharge de Oued Smar. Les déchets comprennent des déchets dangereux (peintures , huiles usagées , boues de traitement, les déchets ménagers et assimilés et les déchets inertes comme les gravats , chutes de tôles , de bois , restes de maçonnerie…). La gestion des déchets dans ce complexe comprend plusieurs étapes notamment le tri à la source, la collecte , l’élimination ( mise en décharge , traitement physico-chimique, stockage des askarels et boues chromiques, brûlage du bois , papiers …), la valorisation ( vente) et la réutilisation. Les auteurs rapportent leur expérience dans la gestion des déchets de cyanure ( substitution de sels de cyanure dans le process, exportation) , des boues chromiques ( traitement des effluents avec station de déchromatation et substitution du passivant chromique dans le process) et dans la mise en stock des askarels (construction de local adapté). Ils mettent en exergue la capitalisation par l’entreprise d’un savoir-faire dans la gestion des déchets et la préservation de l’environnement.

8. Les utilisations de sources de rayonnements : problématique des déchets radioactifs : H.Saibi- Centre de Recherche Nucléaire d’Alger. La gestion des déchets radioactifs a pour objectif la protection de la santé de l’homme , la protection de l’environnement , la protection des générations futures. L’auteur rappelle qu’aucun processus physicochimique ne peut éliminer la radioactivité et que seul le facteur Temps permet de la réduire. La gestion des déchets radioactifs consiste donc à les stocker pendant des périodes suffisamment longues afin de permettre leur décroissance à des niveaux inoffensifs pour la santé humaine et l’environnement. Plusieurs étapes sont nécessaires dans cette gestion : pré traitement ( collecte, tri, décontamination , entreposage temporaire), traitement ( réduction de volume, rétention des radionucléïdes…..) conditionnement ( transformation en un solide monolithique par l’immobilisation du déchet dans du bitume, béton, verre , polymère…) évacuation ou stockage définitif , phase finale, qui consiste à placer le déchet conditionné dans un site de stockage définitif, sans intention de le récupérer ultérieurement et sans nécessité de surveillance ni de maintenance à long terme. L’auteur rapporte les procédures de gestion des déchets hospitaliers en fonction de la nature du radio-isotope . Il rappelle la réglementation algérienne en matière de gestion -39-


des déchets radioactifs et souligne la compétence du Centre de Recherche Nucléaire d’Alger dans la récupération des déchets radioactifs.

9. Technique de l’incinération : M.Kerchiche , T. Baloul - Entreprise ECFERAL. L’incinération a pour but de réduire fortement le volume et le poids des déchets et permet de transformer les déchets en gaz , chaleur et matériaux stériles ( cendres et mâchefers ). Les auteurs passent en revue la composition chimique des principaux composants, les techniques de traitement des fumées et décrivent les différents types d’incinérateurs produits en Algérie.

10. Déchets et risques professionnels : M.Haddar, M.Ouaaz Le risque est fonction de la nature du déchet. La prise en charge de ce risque s’inscrit dans le cadre d’une approche globale de la gestion des risques professionnels. Il est présent dans toutes les étapes de la filière du déchet ( tri, conditionnement , collecte , stockage, transport, traitement ). Il y a des risques communs résultant de contraintes ergonomiques, liés principalement à la manutention , aux postures , aux gestes répétitifs , au bruit et des risques spécifiques à chaque type de déchet. L’auteur passe en revue les risques liés à l’activité de soins , les risques liés aux déchets de l’amiante , des métaux lourds , des déchets radioactifs et le risque généré par l’incinération des déchets. Le flux des déchets à traiter en milieu de soins est estimé en Algérie entre 100.000 à 300.000 Tonnes / an . Les pays développés produisent 6Kg/an/patient et les pays à faible revenu 0,5 à 3 Kg/an/patient. Le Ministère de la Santé projette l’achat sur le court terme de 40 incinérateurs. L’amiante , fibre carcinogène , non biodégradable a une durée de toxicité infinie. Les déchets de flocage, de calorifugeage, les déchets d’amiante ciment posent des problèmes qui n’ont pas encore été résolus. Les travaux de désamiantage de la coupole du complexe olympique sportif d’Alger ont coûté 10 Millions de dollars et ont généré 350 tonnes de déchets purs et 205 tonnes de déchets contaminés ( boues , revêtement…). Une décision de transfert vers un pays étranger en vue d’une vitrification vient d’être arrêtée. La solution résiderait dans la création d’un centre d’enfouissement réglementé en Algérie. L’incinération est la principale source de dioxine dans l’environnement dont les risques sont très

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bien connus depuis la catastrophe de Seveso en 1976 (Italie). L’auteur reprend une étude effectuée sur les polluants provenant de la combustion des déchets du centre de collecte d’Oued Smar qui retrouve des niveaux de pollution élevés, à proximité , à 1Km et à 10Km de la décharge et ce quelque soit la saison. Les taux de dioxines observés sont très élevés par rapport aux normes internationales (OMS,CEE).

11. Problématique de la qualité de l’air en Algérie et impact sur la santé : Y.Laid., M.Atek. Institut National de Santé Publique ( INSP) "La pollution est définie par l’émission dans l’atmosphérique de gaz, des fumées ou des particules solides ou liquides, corrosifs, toxiques ou odorantes de nature à incommoder la population, à compromettre la santé ou la sécurité publique ou à nuire aux végétations, la production agricole et aux produits agroalimentaires, à la conservation des constructions et monuments ou au caractère des sites." Les auteurs développent les aspects législatifs de sécurité environnementale et sanitaire liés à la pollution de l’air, citent les sources de pollution, donnent un aperçu des zones à risque ( Alger, Annaba, Oran, Tlemcen, Tébessa, Skikda) et font le récapitulatif des concentrations des polluants en Algérie à travers l’inventaire des émissions atmosphériques en 1995. La pollution constitue un enjeu de santé publique. Notre pays se caractérise actuellement par un augmentation du parc automobile , une industrie non encore conforme sur le plan du rejet des polluants, ainsi qu’une progression des zones urbaines. Cette situation ne fera qu’altérer la qualité de l’air . Les polluants atmosphériques en milieu urbain constituent un facteur de risque pour la santé publique de nature probablement causale. L’ubiquité de l’exposition à la pollution atmosphérique et la proportion élevée de population fragile conduisent à un risque attribuable non négligeable. Les auteurs préconisent une approche intersectorielle car elle constitue le moyen efficace en matière de politique de salubrité de l’environnement.

12. Métrologie et pollution atmosphérique : R.Oudjehane, Y.Laid - INSP La mesure de la qualité de l’air sur le plan historique a débuté dans les milieux professionnels puis s’est élargie à d’autres domaines. Les paramètres sont mesurés à l’émission, dans l’environnement et à l’intérieur des locaux.

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L’auteur décrit les deux réseaux de surveillance installés en Algérie notamment à Alger et Annaba ainsi que les techniques de mesure des polluants. Les stations du réseau d’Alger sont installées au niveau de Bab-El-Oued, El Hamma, Place du 1er mai, Ben Aknoun. Les objectifs du réseau sont : la surveillance en continu du niveau de la pollution atmosphérique dans les centres urbains la détection des pics de pollution et des périodes durant lesquelles les seuils limites sont dépassés l’alerte des autorités lorsqu’il y a des situations critiques l’information quotidienne du citoyen sur la qualité de l’air

13. Relation pollution atmosphérique et santé : M. Atek , Y.Laid – INSP. L’auteur aborde les aspects méthodologiques dans la recherche de la relation causale entre la pollution atmosphérique et ses effets sur la santé. Les difficultés sont liées au fait que l’exposition est chronique et multiple, que l’estimation de l’exposition et du risque est difficile. Problématique I : la détermination des risques pour la santé nécessite la connaissance de la source d’exposition, de la nature et de l’évolution des polluants, de l’exposition , de la dose et de l’effet. Problématique II : Questions posées en terme de santé publique: impact des niveaux actuels de pollution , impact des pics de pollution. Résultats : variations journalières des indicateurs

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de pollution associées aux variations journalières de la mortalité, des hospitalisations pour causes respiratoires et cardio-vasculaires, exacerbation des symptômes chez les asthmatiques, diminution de la fonction ventilatoire chez les enfants. Méthodologie à adopter : 1ère étape : - Définition de la zone d’étude - critères géographiques - populations et déplacements - sources de pollution - qualité de l’air 2ème étape : - Estimation de l’exposition - recueil des données de la qualité de l’air - définition de la période de l’étude, - sélection des stations de mesure, - construction des indicateurs d’exposition - Recueil des données sanitaires ( mortalité, admission hospitalière) N.B : Les actes des 3èmes entretiens sont disponibles au niveau du service de médecIne du travail du secteur sanitaire de Rouiba. Ils peuvent être envoyés à la demande. Des recommandations issues des débats seront transmises au Ministère de la santé , de la population et de la réforme hospitalière et au Ministère de l’environnement et de l’aménagement du territoire.

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FORUM MEDICAL

Lecture-restitution des travaux algériens sur les hépatites virales professionnelles présentés aux sessions de la Société Algérienne de Médecine du Travail sur une décade.

Fyad A , Benabdellah A. Service Médecine du travail CHU Oran

L’ accident avec exposition au sang reste parmi les problèmes les plus importants pour les personnels de santé. Le virus de l'hépatite B est à ce titre l'agent le plus facilement transmissible professionnellement lorsque la couverture vaccinale est inexistante ou incomplète. Le niveau de risque de transmission professionnelle du virus de l’hépatite est la seconde menace pour cette catégorie professionnelle. S’il reste discuté avec 1,6% à 2,8% le taux de prévalence de la sérologie positive de HVC, dans une population de soignants, est identique ou un peu plus élevé que dans une population témoin comme celle des donneurs de sang.

Partant de la persistance des cas professionnels d’HVB et de la tendance à l’augmentation observée des cas d’HVC chez les personnels soignants, l'étude se fixe comme objectifs de faire le point sur les données épidémiologiques, même parcellaires, formalisées et communiquées ou publiées par différentes équipes médicales sur les hépatites virales professionnelles chez les personnels de santé en Algérie.

Il constitue, seulement, un essai de synthèse des chiffres, informations et données parcellaires et fragmentaires que les différentes équipes de médecine du travail à l' échelle nationale ont partagé avec leurs collègues à l’occasion, pour I'essentiel, des rencontres annuelles de la Société Algérienne de Médecine du Travail d’environ 1990 à 2000. Certains de ces travaux ont été exposés lors de rencontres internationales de médecine du travail. Il s’agit donc plus d'une synthèse pragmatique que d’un produit d'une démarche méthodologique valide eu égard à la faiblesse méthodologique et aux biais, par ailleurs signalés par les différents auteurs, qui entachent les travaux sources. Le mérite de ce travail serait de faire le recueil synthétique des travaux algériens sur la question des hépatites virales professionnelles sous divers aspects et sur les dix dernières années.

Matériel et Méthode : Ce travail est une revue de la littérature sur les hépatites virales professionnelles des travaux produits par les équipes médicales, notamment de médecine du travail, à l’échelle nationale. Il n'est pas une méta-analyse car il n'oppose aucun critère d’éligibilité ou de validation préalable pour I'inclusion des textes et travaux identifiés comme source d'information.

Résultats: 1/ Répartition des travaux par année: Tableau 1:Répartition des travaux par année. (En moyenne 5 travaux sont réalisés tous les ans.) année Nombre de travaux

1994 3

1995 1

1996 8

1997 1998 1999 2000 2 3 14 5

Tiré à part : A. Fyad; Sce Médecine du travail, C.H.U Oran

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2001 4


2/ Répartition par régions: Les résultats du recueil de travaux permettent de dénombrer, par région les travaux suivants : Tableau 2: Répartition des travaux selon les régions. Origine des travaux Alger et sa région Oran Région sanitaire ouest Constantine Annaba Médéa Sfisef Sidi Bel Abbés Sétif Tlemcen MSP OMS

Nature du travail Nombre de travaux Communications et mémoires 13 Communications 8 Mémoire 1 Communication 1 Communication 2 Communications et mémoires 4 Publication 1 Communication 1 Communication 3 Communication 3 Communications 1 Statistiques 1 Statistiques rapportées par des 3 communications TOTAL 42

Année Référence 95/99 99 96/98 1999/2000 1993 99 98/99 97 99 1997 1990-1996

Alger et sa région ont effectué 31% des travaux. 3/ Répartition par thèmes: Selon le thème abordé ces travaux sont répartis selon le tableau 3 : Tableau 3:répartition des travaux selon les thèmes: thème Couverture vaccinale Prévalence des hépatites professionnelles Acceptabilité de la vaccination Induction de l'immunité

Nature du travail communications Communications Publications Communications mémoires Communications publication

Nombre de travaux 10 11 1 5 5 3 1

La prévalence des hépatites virales a constitué un des thèmes principaux. 1/Prévalence des hépatites: 1.1:Hépatite B: La prévalence des anticorps anti-Hbs est inférieure à 31% chez le personnel soignant avant la vaccination et ceci quelle que soit la région (Alger: 30,6% ; Oran: 28%; Annaba : 23,5%). 1.2: Hépatite C: La prévalence au C.H.U.Oran des anticorps anti-HCV est de 7,5% chez le personnel du service d'hémodialyse. 2/ Couverture vaccinale: Après l’introduction et les différentes campagnes de vaccination, environ 50 à 60% des personnels soignants sont protégés contre l'hépatite B. Chez le personnel médical cette couverture est semblable à celle qui prévalait avant la vaccination comme le montre le tableau 4 : Tableau4: Répartition de la couverture vaccinale selon les personnels. ville Couverture (%) Médecins

Alger ( ) 53,4 21%

Constantine( ) 50 37%

Annaba ( ) 51 28%

Médéa( ) 58,6 -

S.Bel abbés( ) 75 -

Un questionnaire pré-établi standardisé à items fermés administré pour tenter d’expliquer les raisons de non-vaccination permet d’identifier, ainsi, les raisons invoquées suivantes: la négligence, la sous-estimation du risque, la pénurie en vaccin, le rejet par crainte de la vaccination . 3/ Immunité: Après vaccination, la séroconversion à Alger et à Oran est évaluée à 94%. A Annaba, elle est de 66 % JMT – Le Journal de la Médecine du travail. N° 07-2004

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Commentaires : En Algérie, les premières études épidémiologiques sur l'hépatite B ont été effectuées durant la période de la guerre d'Algérie. On avait constaté une augmentation des cas d'hépatites virales, chez des soldats ayant reçu 3 mois auparavant des gammaglobulines pour les protéger de "l'hépatite infectieuse" qui sévissait avec sévérité; cependant, aucune explication satisfaisante n'a été trouvée. L'introduction en 1969 par l'Institut Pasteur d'Algérie de la recherche de l'antigène Hbs à l'aide de la technique d’ immuno-diffusion, et en 1970 du contrôle du sang par le Centre National de transfusion sanguine permit une meilleure connaissance de l'épidémiologie. Bien que parcellaire et sans doute discontinue, il ressort de cette revue quelques éléments d’identité dans les résultats et dans le contenu des préoccupations qui animent les équipes de médecins du travail qui ont la charge de surveiller les personnels de santé des grands centres hospitaliers. Hépatite B: Les travaux les plus anciens utilisant des marqueurs spécifiques de H.V.B remontent au début des années 1980 (ARDJOUN) et confirment deux constats : -L’appartenance de l’Algérie à la zone de haute endémicité (3 à 8 %) et une prévalence de marqueurs de HVB variant de 10,7% (Médéa) à 30,6 % (Alger) chez les personnels soignants. - Cette prévalence (28%) d’AC anti-Hbs en dehors de la vaccination est confirmée 10 ans plus tard par les travaux de RADJI. Les programmes de vaccinations contre l’ HVB ont débuté de façon timide en 19871988. Ils ont connu un rythme de croisière en 19891990-1991 et subissent parfois dès 1992-1993 des arrêts presque subits sous l’effet de la rupture des stocks et de l’arrêt des dotations. Cette période est mise à profit par les équipes de préventeurs pour réaliser des évaluations (audit interne et évaluation de l’utilité, de l’efficacité. Aucune étude cependant ne fait le point sur l’efficience des programmes poursuivis) et tenter d’optimiser leurs actions. Les premiers rapports d’évaluation vont porter tout naturellement sur les niveaux de rendement des programmes qui sont mis en place et les obstacles qui viennent les contrarier. Ainsi, on constate à travers cinq exemples que le taux de couverture vaccinale (indication d’un taux protecteur d’anticorps anti-HBs est JMT – Le Journal de la Médecine du travail. N° 07-2004

vérifiée dans 4 études) varie dans une fourchette comprise approximativement entre 50% à 60% dans les populations de soignants. En Tunisie ce taux serait selon Chaari de 65,5% en 1998 (n=776/1129) chiffre retrouvé par Derri F. en 1997 à Alger Bab El Oued. (5) Au Maroc, en 1993 le taux de couverture vaccinale correct chez le personnel hospitalier (03 hôpitaux, n= 441) est de 36,8 % (2) Parmi les populations exposées au risque ce sont les médecins qui se prêtent le moins souvent à la vaccination contre l’ H.V.B. En France le même phénomène est observé puisque seuls 50% des chirurgiens sont bien vaccinés contre 94 % pour les autres catégories de soignants (1). Toutes les équipes se sont inquiétées et intéressées aux raisons qui poussent des agents hospitaliers à refuser ou à abandonner une vaccination déjà entamée. Toutes les démarches méthodologiques d’approche de ce phénomène ont utilisé le questionnaire préétabli standardisé à items fermés. En réalité certaines des réponses sont des évitements, des esquives, jouant le rôle de paravent pour ne pas révéler des motifs conscients ou inconscients mal investigués selon cette démarche. Une approche moins directive à I'aide d'interview serait sans doute plus appropriée pour vaincre les réticences et révéler les véritables obstacles à contourner ou à aplanir par une action efficace d’I.E.C. Les travaux des médecins du travail débutent presque systématiquement par une étude des conditions de travail voire I'étude des postes de travail des agents objets de l’enquête. La description des conditions dans lesquelles se déroulent les tâches des soignants révèle des situations à risque élevé notamment d’A.E.S. Les personnels sensés être les mieux avertis ne sont pas, cependant, les moins épargnés : En effet selon différentes enquêtes par questionnaires 5 à 10 % des médecins interrogés auraient fait une H.V. au cours de leur exercice professionnel. La séroconversion lorsqu’elle a été contrôlée est de 94 % aussi bien à Alger qu’à Oran. Ce taux est légèrement inférieur à celui déclaré par le fabricant (98%). En Tunisie, selon Chaari, ce taux de séroconversion serait de 92%. Hépatite C: Dans les travaux réalisés sur les hépatites virales C dans la population générale (dons de sang au CTS d'Oran) et en milieu professionnel -44-


on relève une prévalence des Anticorps anti-H CV comparativement plus élevée que ceux trouvés en Europe. De 0.6 % à 1.74% chez les donneurs à Oran (99 cas sur 17000 dons sur les 10 premiers mois de l’année 1999) contre moins de 1.2 % en Europe. 7.5 % chez les employés de certains services du CHUO contre 2 à 3 % en Europe (4). Le pourcentage de porteurs d’Anticorps antiHCV est de 7.5 % chez les employés de certains services du CHUO alors que le taux de 2.5% chez les soignants des pays du Golfe (3), par exemple, serait inférieur à 2% chez les donneurs de sang. Chez les polytransfusés, les malades d’hémodialyse, ce taux est très inquiétant. Les chiffres oscillent entre 63% pour les plus optimistes et atteignent 100% dans certains travaux.

Conclusion

Mémoire de fin d’études, Service de médecine du travail, CHU Mustapha, Alger 4. Ardjoun et Khalfa: Epidémiologie des H.V en Algérie. Médecine Tropicale vol. 44- N°3 juillet 1994. 5. Ardjoun M: Résultats épidémiologiques après vaccination anti-HBV chez le personnel du CTS. 1ères Journées nationales sur la prévention des maladies infectieuses. Oran 27/28/09/2000 6. Belmaiifoud A., Baamara: Risques et prévention dans le service d'hémodialyse du CHU Mustapha. Mémoire de fin d’étude, avril 1997, octobre 1997, CHU Mustapha Alger 7. Benabdellah A:Les nouveaux virus responsables d’hépatites. ères journées régionales sur les hépatites virales 1 professionnelles, 5/6 mai 1999, ITSP-Oran 8. Bensenouci, Haddar M.: Evaluation du programme de vaccination contre 1'HVB en milieu Hospitalier au CHU de e Rouiba.10 Journée Nationales de Médecine du Travail, Mai 1996. 9. Boukerma Z: L'HVB chez le personnel soignant du CHU de Sétif. 5èmes Journées Médicaux chirurgicales de Sétif. 5/6 juin 1996.

Tous les Programmes semblent tendre vers une valeur asymptotique de 50-60% de couverture vaccinale des personnels . Le personnel médical reste réfractaire à la vaccination contre L’HVB.

10. Boukerma Z: Acceptabilité de la vaccination en milieu e hospitalier : cas du vaccin contre I'HVB. CHU de Sétif.10 Journées Nationales de Médecine du Travail, mai 1996.

La prévalence des marqueurs de I ' HVC situe nos agents à un niveau de risque 3 fois supérieur à celui observé en Europe.

12. Bouleriel N.: Connaissances des risques professionnels chez le personnel de santé. Secteur sanitaire de Sfisef Service de médecine du travail. ères journées régionales sur les hépatites virales 1 professionnelles, 5/6 mai 1999, ITSP-Oran

Le relâchement dans les programmes de vaccination doit refluer sous I'apport : -D'une information soutenue -Une réglementation d’obligation à la vaccination -D’une mise à disposition du vaccin, Les cas d’HVB encore observés le sont chez des sujets non vaccinés. En 1966 : 16 300 000 personnes sont vaccinées en France, soit 29% de la population générale dans un pays où la prévalence dans la population générale est plus faible qu’en Algérie mais où le moteur de ce programme semble être la volonté de faire disparaître les 500 à 600 cas d’HVB observés annuellement. Bibliographie

11. Bouguermouh A. et COL. Vaccination contre I'hépatite 'B' ères journées régionales sur les hépatites virales 1 professionnelles, 5/6 mai 1999,ITSP- Oran

13. Boulière C.: Quoi de neuf à l'heure de réunion de consensus ? 19èmes Journées internationales de médecine du travail. Marseille, 2-3 avril 1997. 14. Bouziani M., Mesli M.F., Chougrani S., Chenni K., Dada Y., Larbi D.: Les professionnels de la santé et la prophylaxie des hépatites : étude des comportements à risque. 15.Debzi N: les hépatites virales: Aspects épidémiologiques dans le monde et en Algérie. 1ères Journées nationales sur la prévention des maladies infectieuses. Oran 27/28/09/2000 16. Derradji M. et coll.: Evaluation de la couverture vaccinale contre I'HVB chez le personnel hospitalier exposé au CHU de e Benimessous Alger. 10 Journée Nationales de Médecine du Travail, mai 1996. 17. El Haddad M., Kairi K.: Raisons de non vaccination contre I'HVB chez le personnel médical du CHU de Bab El Oued, Alger. Mémoire de fin d’études années 1996/97.

1.Ahmed Fouatih Z., Midoun N., Mokhtari: Epidémiologie des ères journées régionales sur les hépatites hépatites virales ; 1 virales professionnelles, 5/6 mai 1999, ITSP-Oran

18.Fyad A., Radji F. : Evaluation du programme de vaccination contre I'HVB au CHU d'Oran 3ème Conférence Panafricaine de Santé au Travail, 7/11 décembre 1994, le Caire – Egypte.

2. Amellal B: La vaccination anti-hépatite B dans un service d'hémodialyse. Université Mouloud Mammeri. Tizi Ouzou. 1ères Journées nationales sur la prévention des maladies infectieuses. Oran 27/28/09/2000.Algérie

19.Grangaud JP: Problèmes posés par la mise en place du vaccin HVB.1ères Journées nationales sur la prévention des maladies infectieuses. Oran 27/28/09/2000

3. Aissaoui A., Baamara : Rô1e du TSS dans la prévention de I'HVB.

20.Haddad M. : Les H.V. professionnelles au CHU de Constantine.

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Journées Nationales décembre 1995, Taghit

de Médecine

du Travail, 23-30

21. Haddad M. : Evaluation du programme de vaccination contre I'HVB au CHU de Constantine Rapport communiqué aux 1ères journées régionales sur les hépatites virales professionnelles, 5/6 mai 1999, ITSP- Oran 22. Haddar M. A Propos d'un cas d'HVC chez le personnel soignant du CHU de Rouïba. 11èmes Journées Nationales de Médecine du Travail. 23. Hammadi M., Noubadji, Belarbi Y. : Mise en place d'une ères Unité de Diagnostic biologique des hépatites virales. 1 journées régionales sur hépatites virales professionnelles, 5/6 mai 1999, ITSP-Oran 24. Kandouci A., Azza A., Lahmer., Benachenhou, Sekkal, Djazouli : Prévention de I'HVB et évaluation du programme de ères vaccination de I'HVB au CHU de SIDI BELABBES. 1 journées régionales sur les hépatites virales professionnelles, 5/6 mai 1999,ITSP- Oran 25. Kedfdari N., Baamara, Deni, Benabas, Illoul, Bougherheouh.A. : Hépatite non A non B (cas cliniques) .4èmes Journées Nationales de Médecine du Travail, Constantine 6/7 avril 1998. 26. Lamara M. A., Akif N., Liani N.: Evaluation de la vaccination contre I'HVB au Centre Pierre et Marie Curie e d'Alger.24 Journée Nationales françaises de Médecine du Travail, 11/14 juin 1996, Paris 27. Laraqui CM et All: Le risque infectieux dans trois hôpitaux régionaux au Maroc SMMT- Cours Post-universitaires. Casablanca 22-24 février 1996 28. Matin F., Anfrère A.: Couverture vaccinale contre I'HVB en France . 19éme JIMMT 2-30 avril 1997- Marseille France 29. Tourab D., Gueroui S., Chaib S., Nezzal AZ., Nezzal AM., Tebbal: Evaluation de l'état d'immunisation du personnel à risque vacciné contre l'hépatite virale B: cas du CHU DE Annaba. 5° Conférence Panafricaine de Médecine du travail Tunis 29 Sept-2 Oct 1999 30. Nezzal AZ., Tourab D., Gueroui S., Khatmi S; Nezzal AM.: Vaccination contre l'hépatite virale B : bilan de 10 d'expérience de 1989 à 1999 au CHU de Annaba. XIIèmes Journées Nationales de Médecine du travail; Annaba 9, 10 et 11 mai 2000.

32. Chaib S., . Tourab D., Gueroui S., Nezzal AZ: Effets secondaires observés au cours de la vaccination contre l'hépatite virale B. XIIèmes Journées Nationales de Médecine du travail; Annaba 9, 10 et 11 mai 2000. 33. Radji F., Fyad A. Evaluation d'un programme de vaccination contre I'HVB au CHU d'Oran ème Conférence Panafricaine de Santé au Travail, 7/11 3 décembre 1994, 34. Radji F., Fyad A, Hammadi M: Prévalence des anticorps Anti hépatite C dans une population professionnellement exposée.24e Journées Nationales Française de Médecine du Travail, 11/14 juin 1996, Paris. 35. Radji F., Fyad A., Hammadi M., BelarbiY. Vaccination contre I'HVB : intérêt d'une micro dose. Arch. Mal. Prof. 1997 –58, n°4n412-416. 36. Smail K., Benreguia A., Benchaa A., Ould Ameur : Intérêt du dépistage des anticorps anti-HCV chez les donneurs et les ère journées régionales sur les hépatites polytransfusés. 1 virales professionnelles, 5/6 mai 1999, ITSP-Oran 37. Semid A., Bairi R, Derri F: Evaluation de la couverture vaccinale contre I'HVB au CHU de Beb EI Oued Alger de e janvier 1991 à décembre 1995.10 Journée Nationales de Médecine du Travail, Mai 1996. 38. Taleb A., Brixi-Ghormat A., Benrezkallah L, Benziane Z., Driss D.: AES et couverture vaccinale contre I'HVB chez le personnel hospitalier du CHU de Tlemcen. 1ères journées régionales sur les hépatites virales professionnelles, 5/6 mai 199, ITSP 39. Tadjeddine A.., Fyad A.: Les H.V. professionnelles dans la ème région Sanitaire Ouest : diagnostic Situationnel 5 conférence Pan africaine de Santé au Travail, Tunis 29 Sept.-2Octo.1999. 40. Tebbal S, Boudem N:Vaccins des hépatites.1ères Journées nationales sur la prévention des maladies infectieuses. Oran 27/28/09/2000. 41. Tigha et coll. Travail rapporté par TALEB.Vaccination contre l’HVB chez le personnel hospitalier. 1ères journées régionales sur les hépatites virales professionnelles, 5/6 mai 1999, ITSP-Oran 42. Zeghid M, Meliani B, Haddar M: Les hépatites virales en milieu hospitalier : « Rôle du TSS » . Mémoire de fin d’études. CHU de Rouïba, Alger

31. Tourab D., Gueroui S., Chaib S., Nezzal AZ., Méhaia N.,Nezzal AM.: Accidents exposant au sang et risque d'infection par le VHB. 5° Conférence Panafricaine de Médecine du travail Tunis 29 Sept-2 Oct 1999

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FORUM MEDICAL

La lombalgie en milieu hospitalier : prévalence et analyse multifactorielle du risque chez les infirmiers. Rezk-Kallah B., Sahel N., Bouabdellah N., Fyad A., Mohammed-Brahim B.. Service de Médecine du Travail, Centre Hospitalo-Universitaire d’Oran

1. Introduction: Les lombalgies sont devenues un problème majeur en santé au travail en raison de leur grande fréquence et de leurs conséquences économiques et sociales. D'origine multifactorielle, elles s'inscrivent souvent entre l'absence d'une solution médicale pertinente et l'impossibilité d'une prise en charge sociale adéquate. Leurs coûts humains et sociaux sont très élevés sous la forme d’exclusion du milieu du travail et, d’une façon plus générale, de la participation à la vie sociale. La lombalgie a été souvent associée aux activités professionnelles de l'industrie lourde; cependant durant cette dernière décennie l'intérêt s'est porté sur l'étude de la lombalgie parmi le personnel hospitalier et plus particulièrement le personnel infirmier où la prévalence de cette pathologie apparaît comme relativement élevée. Les études de la lombalgie en milieu hospitalier demeurent centrées sur le personnel infirmier et ceci pour deux raisons majeures: ce personnel constitue la profession de santé la plus importante et la plus exposée au risque de lombalgie.

2. Objectifs de l’étude : La présente étude a pour objectifs d’valuer la prévalence de la lombalgie parmi les infirmiers d’un grand centre hospitalier de l’ouest du pays, et étudier facteurs de risque individuels, professionnels et extraprofessionnels.

3. Matériel et méthodes : C’est une enquête transversale par questionnaire menée auprès de l’ensemble des infirmiers soignants de l’hôpital. Tiré à part : B. Rezk-Kallah;

Le recueil des données a été réalisé par Sce Médecine du travail, C.H.U Oran questionnaire. Celui-ci comprend deux parties. La JMT – Le Journal de la Médecine du travail. N° 07-2004

première partie passe en revue les éventuels facteurs de risque pouvant influencer la survenue de la lombalgie tels que les facteurs individuels (âge, obésité, tabac, alcool, antécédents médicochirurgicaux...), les facteurs professionnels (intitulé du poste, expérience professionnelle, rythmes de travail, postures et efforts de travail…) et extra-professionnels (travaux domestiques, pratique du sport, moyen de transport pour se rendre au travail, distance domicile-travail). La deuxième partie est reprise du questionnaire scandinave et explore la présence éventuelle de lombalgie durant les 12 derniers mois et les 7 derniers jours, son retentissement sur la vie quotidienne, sur le travail et sa nécessité ou non de prise en charge médicale. La lombalgie est définie comme étant "la présence de douleur, de gêne ou de sensation d'inconfort au niveau de la région lombaire". Pour éviter les non-réponses, les questionnaires étaient administrés par les médecins sur les lieux de travail même. En moyenne, le questionnaire était rempli en 10 à 15 minutes. Les données ont été codées puis traitées par Epiinfo®6.04bfr et Systat®5.03. Le traitement statistique des données a a permis notamment de tester la relation entre les problèmes lombaires et certains facteurs de risque en considérant comme variable dépendante les épisodes lombalgiques durant les 12 derniers mois, et comme variables indépendantes tous les facteurs individuels, professionnels et extra-professionnels issus du questionnaire. Pour l'analyse des données brutes les odds ratios (O.R.) ont été calculés selon la technique de Mantel-Haenszel avec un intervalle de confiance de 95 %. Toutes les variables indépendantes ont -47-


été dichotomisées répartissant les travailleurs en exposés et non-exposés au facteur en question. Une analyse multivariée du type régression logistique selon une procédure itérative décroissante a été menée. Les variables qualitatives ont été dichotomisées alors que les variables continues ont été introduites comme telles. Le module « Logit » du logiciel statistique Systat® 5.03 a été utilisé. Pour l’ensemble des tests statistiques une valeur de p inférieure à 0.05 était considérée comme significative.

ce personnel. Les sujets non répondants à l'étude sont au nombre de 92 ( ≈ 8 %), ceci pour des raisons diverses: - 44 : formation; - 22 : longue maladie (dont 2 lombalgies), maternité; - 23 : infirmiers de nuit des services extrahospitaliers; - 3 : refus. La population de l'étude comprend presque autant de femmes (56%) que d'hommes (44%); et son âge moyen est de 33 ± 8 ans. C'est une population assez jeune au travail puisqu’un tiers des sujets est âgé de moins de 30 ans et a une ancienneté professionnelle inférieure ou égale à 5 ans. Près de la moitié des infirmiers soignants sont constitués d'infirmiers diplômés d'état (tableau-1).

4. Résultats: 1. Population de l'étude: Le personnel infirmier soignant du CHU d'Oran comprend près de 1100 sujets soit environ 25% de l’effectif de l'hôpital. La population de l’étude comprend 984 infirmiers soignants soit 92 % de

Tableau 1. Caractéristiques générales de la population de l'étude (n=984).

Sexe : femmes : 554 hommes : 430

(56%) (44%)

≤ 29 ans : 311 30 – 39 ans : 524 40 – 49 ans : 91 ≥ 50 ans : 58

(32%) (53%) (9%) (6%)

≤ 5 ans : 329 6 – 10 ans : 242 > 10 ans : 413

(33%) (25%) (42%)

Catégorie professionnelle : aides-soignants et infirmiers brevetés : 504 infirmiers diplômés d’état : 480

(51%) (49%)

Age : 33 ± 8 ans (20–64 ans)

Ancienneté : 10 ± 8 ans (1–41 ans)

2. Prévalence de la lombalgie : La prévalence de la lombalgie est de 35% (342 cas) durant les 12 derniers mois, et de 20% (199 cas) durant la semaine précédant l'enquête. Le tableau 2 montre que les taux de prévalence sont plus élevés parmi le groupe constitué par les

aides-soignants et les infirmiers brevetés (P<0.05). Les femmes, qui représentent 56% des effectifs, se plaignent le plus de lombalgies durant les 12 derniers mois et les 7 derniers jours (P<0.00001).

Tableau 2. Prévalence de la lombalgie par sexe et par catégorie professionnelle.

Prévalence 12 mois

Prévalence 7 jours

- femmes : - hommes :

42 % 25 %

26 % 12 %

Catégorie professionnelle: ∗ aides-soignants et infirmiers brevetés : infirmiers diplômés d’état :

38 % 31 %

25 % 15 %

Sexe: ∗∗

∗ p<0.05

∗∗ p<0.001

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La figure 1 montre que la lombalgie débute chez les sujets jeunes avec un pic, pour les 2 sexes, dans la tranche d’âge 26-30 pour décroître par la suite assez régulièrement avec l’âge. Sur les 12 derniers mois, la durée des épisodes lombaires est plus courte chez les hommes que

chez les femmes. Par contre les lombalgies chroniques et permanentes sont équivalentes chez les 2 sexes, avec une prévalence de 12% (figure 2).

Figure 1. Durée des épisodes lombaires sur les 12 derniers mois.

40%

FEMMES

30%

HOMMES

20% 10% 0% <26 ans

26-30 ans

31-35 ans

36-40 ans

41-45 ans

46-50 ans

>50 ans

Classes d'âge

Figure-2. Durée des épisodes lombaires sur les 12 derniers mois. tous les jours > 30 jours 8-30 jours 1-7 jours 0%

5%

10%

15%

20%

FEMMES

3. Etude des facteurs de risque : Le tableau 3 donne les résultats des analyses brute et multivariée des facteurs associés aux lombalgies déclarées dans les 12 derniers mois. De l’analyse brute il ressort que 19 facteurs présentent une association significative avec les plaintes lombaires déclarées au cours des 12 derniers mois. Trois facteurs présentent une relation inverse avec les lombalgies. Ce sont la taille, le tabagisme et la pratique sportive. Au niveau de l’analyse multivariée, par régression logistique, sur les 19 variables associées significativement à la lombalgie, 9 variables expliquent encore

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25%

30%

35%

40%

HOMMES

significativement la prévalence de la lombalgie au cours des 12 derniers mois. Parmi celles-ci, 5 sont liées au cadre familial et social (le sexe en défaveur des femmes, le mariage, une maladie chronique associée, les antécédents d’accidents dorsolombaires, et le moyen de transport) et 4 sont liées aux caractéristiques professionnelles (la réfection des lits, la manutention d’objets, la posture accroupie et les déplacements entre les services). Il est intéressant de souligner que les facteurs sociaux et familiaux sont plus importants que les facteurs professionnels.

-49-


Tableau 3. Facteurs associés aux lombalgies déclarées dans les 12 derniers mois. Proportion (%) des sujets exposés aux facteurs et Odds Ratios (OR) avec intervalle de confiance à 5% (IC95%) estimés selon la méthode de Mantel-Haenszel dans l’analyse brute et par régression logistique dans l’analyse multivariée.

(%)

Analyse Univariée Analyse Multivariée OR

[IC 95%]

OR

[IC 95%]

1. Sexe (femme)

56

2.18 [1.64−2.90]

2. Taille ( > 165cm)

48

0.59 [0.45−0.78]

3. IMC ( > 29 kg/m²)

4

2.82 [1.42−5.79]

4. Statut marital (marié)

50

1.52 [1.16−2.01]

5. Personne à charge

55

1.66 [1.26−2.20]

6. Maladie chronique concomitante

33

1.88 [1.41−2.50]

1.84 [1.36−2.47]

7. Accident dorso-lombaire dans le passé

7

5.48 [3.06−9.90]

4.94 [2.77−8.77]

8. Tabagisme actuel

22

0.66 [0.47−0.94]

9. Tâches domestiques

52

2.25 [1.69−2.98]

10. Activités sportives

22

0.68 [0.48−0.96]

11. Catégorie professionnelle (A-S et IB)

51

1.38 [1.05−1.82]

12. Maniement de malades

73

1.42 [1.03−1.96]

13. Toilette aux malades

48

1.32 [1.01−1.74]

14. Réfection des lits ( > 2 fois / jour)

32

1.46 [1.09−1.94]

1.03 [1.00−1.06]

15. Manutention d’objets ( > 1 fois / jour)

51

1.38 [1.05−1.82]

1.06 [1.02−1.11]

16. Station debout prolongée ( ≥ 6 heures)

55

1.41 [1.06−1.86]

17. Posture accroupie

29

1.85 [1.37−2.49]

1.01 [1.00−1.80]

18. Déplacements entre les services

18

1.51 [1.07−2.14]

1.49 [1.04−2.15]

19. Moyen de transport (véhicule, bus)

57

1.41 [1.07−1.87]

1.38 [1.00−1.80]

4. Discussion : Cette enquête épidémiologique transversale par questionnaire a apporté des données originales concernant la prévalence de la lombalgie parmi les infirmiers et son association avec une série de facteurs de risques rapportés dans la littérature. Les taux de prévalence que nous avons relevés chez le personnel infirmier sont comparables à ceux observés dans un grand hôpital universitaire de l’est du pays. La prévalence des douleurs lombaires était de 38% [Boukerma et coll. 1998]. En revanche, ils sont systématiquement inférieurs par rapport à ceux rapportés par la littérature qui situe la prévalence de la lombalgie chez les infirmiers entre 40 et 50% et même plus. En fait, si on ne considère que le personnel de sexe féminin, on constate que le taux de prévalence relevé, qui est de 42%, est tout à fait comparable aux données de la littérature. L'étude des principaux facteurs de risque associés à la lombalgie par analyse univariée et JMT – Le Journal de la Médecine du travail. N° 07-2004

2.38 [1.76−3.22]

1.57 [1.18−2.09]

ensuite par analyse multifactorielle appelle quelques commentaires: Dans notre étude, le sexe (en défaveur des femmes) était significativement associé à la lombalgie. Des études épidémiologiques récentes et plus particulièrement des analyses multifactorielles [Derrienic et coll. 1992, Skovron et coll. 1994] tendent à montrer que les femmes se plaignent de lombalgies plus fréquemment que les hommes. Le fait que les femmes déclarent plus de lombalgies que les hommes peut être expliqué par une capacité physique plus faible chez les femmes et, plus vraisemblablement, par des différences de perception de la douleur. Le tabagisme, l’activité sportive et une grande taille sont fréquemment cités dans la littérature comme facteurs de risque de la lombalgie. Plusieurs mécanismes sont avancés pour expliquer le rôle du tabagisme dans le développement des lombalgies : réduction des apports en oxygène aux disques intervertébraux due à la constriction artériolaire induite par la nicotine et la baisse de la concentration sanguine en oxygène, bronchites chroniques avec toux -50-


persistantes ou chroniques induisant elles-mêmes un accroissement des contraintes mécaniques et de la pression intra-discale [Deyo et Bass 1989, Battié et coll. 1991, Pope 1989, Masset-Malchaire 1994]. Il est habituel de considérer que l’activité sportive de loisir protège de la lombalgie, celle de la compétition la favorise [Durand et BayeuxDunglas 2002]. Des auteurs ont rapporté une association entre la taille et le développement de lombalgies sévères telles que sciatique et hernie discale [Heliövaara et coll. 1991]. Dans notre étude, ces 3 facteurs présentent une relation inverse avec les lombalgies. Cependant ces facteurs ne sont plus retenus dans le modèle logistique final. En fait, il est très probable que ces facteurs seraient liés au sexe puisque ce sont les femmes qui ont une petite taille (161 cm Vs 173cm), qui ne fument pas (1% Vs 50%) et qui font moins de sport (10% Vs 38%). L'indice de masse corporelle (IMC) pris isolément dans le cadre de l'analyse multivariée, n'était plus associé aux lombalgies. Ce résultat rejoint les observations d'autres auteurs [Derrienic et coll. 1992, Pope et coll. 1985] qui n'ont pu montré d'association significative. Bien qu'il puisse vraisemblablement interférer avec l'histoire lombalgique, le moyen de transport utilisé pour se rendre au travail est rarement étudié. Dans cette étude, ce facteur est significativement associé à la lombalgie. Nos résultats montrent que ce sont les lombalgiques qui utilisent un moyen de transport (bus, taxi…). L'effet surajouté des vibrations "corps entier" générées par les transports collectifs contribue probablement au risque. Les activités domestiques peuvent jouer un rôle non négligeable dans la survenue ou la tolérance de la lombalgie. Cet effet est renforcé chez les personnes actives, notamment les femmes, par le surcroît de charge de travail et d'organisation que nécessite la vie familiale. Les résultats de cette étude confirment l'impact des activités domestiques sur la prévalence des lombalgies. Les résultats de l'analyse multivariée indiquent que le fait de souffrir de maladie chronique est associé significativement aux lombalgies déclarées dans les 12 derniers mois. Si des auteurs [Biering-Sorensen et Thomsen 1986] ont montré une association entre lombalgies et troubles digestifs et urinaires, d'autres auteurs [Ryden et coll. 1989, Masset et Malchaire 1994] n'ont pas pu, en revanche, mettre en évidence d'association entre la symptomatologie lombaire et des affections graves et/ou chroniques telles que l'hypertension artérielle, l'asthme, etc. On peut penser que les lombalgies pourraient favoriser le développement ou exacerber la perception des problèmes physiques. En effet, une étude [Smedley et coll. 1995] a montré que la lombalgie chez les femmes était associée aux plaintes générales telles que céphalées et mauvaise humeur. Par conséquent, il est important de considérer dans l'anamnèse l'état JMT – Le Journal de la Médecine du travail. N° 07-2004

général de santé du point de vue de la personne, sa perception de la qualité de sa vie ou de son degré de satisfaction générale et professionnelle. Plusieurs études ont confirmé l’impact des contraintes biomécaniques dans la survenue des lombalgies chez les infirmiers [Lagerström et coll. 1998]. Notre étude a pu montrer que la manutention d’objet est liée à une augmentation des plaintes lombaires. Elle indique également que la station debout prolongée au cours du travail est associée significativement aux problèmes lombalgiques. Le rôle spécifique de la posture accroupie a été très peu abordé dans la littérature. Les résultats que nous avons obtenus montrent que la posture accroupie était plus fortement associée aux lombalgies que la flexion du tronc. Dans cette étude, on peut penser que les travailleurs prennent plus facilement conscience des efforts posturaux pénibles mais occasionnels et facilement identifiables tels que la position accroupie, ou des efforts de flexion du tronc qui peuvent être aussi pénibles mais très habituels au cours du travail. Les déplacements à pied pendant les activités professionnelles peuvent représenter une part non négligeable de la charge physique globale. Dans une étude ergonomique menée en milieu hospitalier [Sahell et coll. 1995], nous avons observé que les infirmiers parcourent, en moyenne, une distance de 3 km par jour, et qui varie de 0.5 à 7 km par jour. Il est donc vraisemblable que ces déplacements puissent être à l'origine des lombalgies. Nos résultats confirment cette relation.

5. Conclusion : Les résultats de cette étude sont, dans l’ensemble, cohérents avec les données de la littérature. Notre enquête a ainsi confirmé la haute prévalence de la lombalgie chez les infirmiers de l’hôpital d’Oran. Il ressort également de cette étude que les facteurs qui expliquent ces douleurs lombaires peuvent être aussi bien liés aux activités professionnelles qu’à des facteurs personnels. Toutefois, le caractère transversal de cette étude ne permet pas de dire si le travail est la cause de ces lombalgies ou si l'on ne fait que constater les conséquences de la maladie sur le travail. Une approche prospective du problème pourrait certainement apporter les réponses quant à l’apparition et l’évolution de la lombalgie chez les infirmiers. Cette étude a toutefois le mérite de souligner l’importance d’améliorer non seulement les conditions de travail (efforts physiques, postures, accidents) mais également le cadre de vie social et familial dans l’espoir de réduire l’impact des lombalgies sur l’individu et la société.

-51-


Bibliographie : 1- Battié MC, Videman T, Gill K, Moneta GB, Nyman R, Kaprio J, Koskenvuo M. Smoking and lumbar intervertebral disc degeneration: an MRI study of identical twins. Spine 1991, 16: 1015-1021. 2- Biering-Sörensen F, Thomsen C. Medical, social and occupational history as risk indicators for low-back trouble in a general population. Spine 1986, 11: 720-725. 3- Boukerma Z, Hamadouche H, Hamiti Z. Epidémiologie des lombalgies en milieu de travail. Journal de la Médecine du Travail 1998, 1:9-12. 4- Derriennic F, Touranchet A, Volkoff S. Enquête ESTEV: un instrument d’étude des relations entre âge, santé et travail. Arch Mal Prof 1992, 53:204-208. 5- Deyo RA, Bass JE. Lifestyle and low-back pain: the influence of smoking and obesity. Spine 1989;14:501-506. 6- Durand E, Bayeux-Dunglas MC. Lombalgies et travail : pour une stratégie consensuelle. Documents pour le Médecin du Travail 2002, 90:181-188. 7- Heliövaara M, Mäkelä M, Knekt P, Impivaara O, Aromaa A. Determinants of sciatica and low-back pain. Spine 1991, 16: 608614.

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8- Lagerström M, Hansson T, Hagberg M. Work-related lowback problems in nursing. Scand J Work Environ Health 1998, 24(6):449-464. 9- Masset D, Malchaire J. Etude épidémiologique des problèmes lombaires dans la sidérurgie. Facteurs associés. Arch Mal Prof 1994, 55(2): 103-110. 10- Pope MH. Risk indicators in low-back pain. Ann Med 1989, 21: 387-392. 11- Rydén L, Molgaard C, Bobbit S, Conway C, Conway J. Occupational low-back injury in a hospital employee population: an epidemiologic analysis of multiple risk factors of a high-risk occupational group. Spine 1989, 14(3): 315-320. 12- Sahel N, Rezk-kallah B, Fyad A, Mohammed-Brahim B, Ouali N. Etude de la charge physique de travail du personnel soignant du CHU Oran. Rencontre Nationale de Médecine du Travail. Taghit, 27-30 décembre 1995. 13- Skovron ML, Szpalski M, Nordin M, Melot C, Cukier D. Sociocultural factors and back pain. A population-based study in belgian adults. Spine 1994, 19(2) : 129-137. 14- Smedley J, Egger P, Cooper C, Coggon D. Manual handling activities and risk of low back pain in nurses. Occup Environ Med 1995, 52 :160-163.

-52-


FORUM MEDICAL

Les traumatismes de la main en milieu de travail Etude épidémiologique et préventive Menadi A., Mehalleg M., Behailil T., Atia R Service d’Orthopédie Traumatologie. Hôpital Ibn Rochd Annaba

La fréquence des traumatismes de la main en milieu de travail dans les pays industrialisés varie de 20 à 50% de l’ensemble des accidents contractés en ce milieu (1, 2, 3, 4, 5) entraînant un fléau socio-économique considérable par les dépenses engendrées et les journées de travail perdues chaque année. Les auteurs analysent une série de 92 traumatismes de la main issus du milieu de travail. Ces lésions sont l’apanage de l’adulte jeune, dont la profession est l’industrie métallique ou le bâtiment; les lésions anatomo-pathologiques sont pluri-tissulaires. L’importance des dégâts pluri-tissulaires doit nous inciter à créer des moyens de prévention et des centres de prévention, seuls éléments garants d’une évolution favorable. Mots clés : Accidents du travail . Traumatisme de la main. Prévention. Epidémiologie.

1. Introduction: Environ le tiers de tous les accidents de travail avec arrêt du travail est du à des blessures de la main. Celles-ci sont à l’origine d’un tiers des rentes d’invalidité permanente et responsables de plus d’un quart des journées de travail perdues. Dans la région de Annaba, capitale de l’industrie de l’est algérien, les accidents traumatiques de la main issus du milieu de travail occupent une place prépondérante dans le recrutement au niveau des urgences traumatiques. Nous vous rapportons notre expérience dans ce domaine durant 3 années.

2. Matériel et méthodes: Entre janvier 1995 et décembre 1997, un nombre de 214 traumatisés de la main ont été opérés au service des urgences traumatologiques. Parmi celles-ci 92 sont issues du milieu de travail (43%) qui feront l’objet de notre étude. On a retenu comme main traumatique, toutes les lésions ostéo-articulaires fermées ou ouvertes de la main associée ou non à une lésion tendineuse, nerveuse ou vasculaire. Tiré à part : Menadi A., Sce d’Orthopédie Traumatologie CHU Annaba JMT – Le Journal de la Médecine du travail. N° 07-2004

1 – Age: L’âge moyen des patients est de 24,7 ans. 65% des patients avait un âge compris entre 20 et 40 ans avec des extrêmes allant de 21 à 58 ans. 2 – Côté atteint: Il n’existe pas de différence significative pour le côté atteint, et la main droite dominante a été atteinte à 44 reprises (48%). 3 – Profession (Tableau 1): Les ouvriers de l’industrie et du bâtiment occupent une place importante dans les traumatismes de la main (86%). 4 – Mécanismes (tableau 2): Les sections franches avec un outil tranchant (scie circulaire, machine …) et les contusions appuyées ouvertes par un objet tranchant étaient les mécanismes les plus fréquents. 5 – Les lésions anatomie-pathologiques: a) - Les lésions osseuses (37 cas): Elles ont intéressé tout le squelette de la main; les fractures (30 cas) étaient plus fréquentes (tableau 3) que les luxations avec 7 cas (tableau 4). b) - Les lésions cutanées (42 cas): L’atteinte de la face dorsale de la main avec 28 cas (67%) était plus fréquente que la face palmaire avec 14 cas (33%). Nous avons adopté la classification de Thomine et Bendjeddou (6). -53-


Tableau 1 : Professions

Nombre

%

Industrie métallurgique

66

72

Industrie du bâtiment

12

14

Menuisiers

08

08

Ouvriers agricoles

06

06

Total

92

100

Tableau 2 : Mécanismes

Nombre

%

Section franche

41

45

Contusions appuyées ouvertes

32

35

Plaies déchiquetées (main de toupie)

12

13

Contusions simples

07

07

Total

92

100

Tableau 3 : Fractures

Siège Métacarpes 12 cas Phalanges 18 cas

M1 6

M2 1

Nombre M3 M4 1 1

M5 3

P2 6

P3 10

P1 2

Tableau 4 : Luxations

Siège Inter Phalangienne distale Inter phalangienne proximale Articulation métacarpo-phalangienne

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Nombre 1 4 2

-54-


Tableau 5 : I.T.T. (jours)

I.T.T. (jours) 0-30 j 31-60j 61-90j 91-120j 121-150j > 150 Total

Nombre 28 15 25 15 6 3 92

% 31 16 28 16 6 3 100

Tableau 6 : I.P.P. (%)

I.P.P. (%) 0-5 6-10 11-15 16-20 Total

Nombre 18 40 28 06 92

% 19 43 31 7 100

La répartition des lésions est la suivante : Type I : 16 cas (38%) Type II : 12 cas (29%) Type III : 14 cas (33%) c) - Les amputations (105 cas): Tous les doigts sont intéressés : le pouce avec 7 cas (6%), le 2ème doigt avec 26 cas (25%), le 3ème doigt avec 29 cas (28%), le 4ème doigt avec 27 cas (26%), et le 5ème doigt avec 16 cas (15%). Les niveaux de section des doigts étaient variables pour les 4 derniers doigts : le niveau 1 : 25 cas le niveau 2 : 26 cas le niveau 3 : 42 cas le niveau 4 : 2 cas. En ce qui concerne le pouce: le niveau 1 : 4 cas le niveau 2 : 4 cas le niveau 3 : 2 cas. d) - Les lésions tendineuses (41 cas): Les 2 systèmes tendineux de la main ont été atteints dans la même proportion : le système fléchisseur (20 cas) et le système extenseur (21 cas). 6 – Protocole opératoire: a) - Anesthésie: La majorité des patients ont reçu une anesthésie générale (95%), tandis que le bloc tronculaire n’a été utilisé que chez 4 patients (5%). b) - Réparation des amputations: Elle consistait en une réfection du moignon d’amputation et suture simple. c) - Réparation des lésions cutanées: Suture des lésions cutanées simples, cicatrisation dirigée en cas de perte de substance. JMT – Le Journal de la Médecine du travail. N° 07-2004

d) - Réparation des lésions osseuses: Après obtention de la réduction du foyer de fracture, les moyens de stabilisation étaient variables : - Attelle : 22 cas - Embrochage percutané : 7 cas - Syndactylie des doigts : 6 cas e) - Réparation des lésions tendineuses: Quel que soit le niveau lésionnel des tendons, toutes les sections ont été suturées selon la méthode de Kessler en cadre.

3. Résultats: Nous avons étudié 3 éléments pour l’appréciation de nos résultats : Incapacité permanente partielle (I.P.P. en pourcentage) correspondant à la diminution de la « capacité ouvrière » du blessé et donc à son activité professionnelle. invalidité temporaire totale (I.T.T. en pourcentage): c’est la durée de l’arrêt de travail de l’ouvrier. Reprise de travail : 3 possibilités ont été étudiées: o L’ouvrier a repris le même poste avec le même salaire o L’ouvrier ayant changé de poste de travail et de salaire o Le reclassement professionnel Après un recul moyen d’une année, nos résultats sont les suivants : a) - invalidé temporaire totale (I.T.T. en mois) : (tableau 5): 1935 journées de travail sont perdues par l’ensemble des ouvriers ayant présenté un traumatisme de la main dont 60% avait un taux d’I.T.T. compris entre 2 et 4 mois. -55-


b) - incapacité permanente partielle (% I.P.P.) : (tableau 6): Les 2/3 des ouvriers avaient un taux d’ I.P.P. compris entre 6 et 15% avec des extrêmes allant de 2 à 20%. c) - Reprise de travail: 38 patients (41%) ont été obligés de changer de poste et par conséquent ont subi une diminution de salaire; il n’y a pas eu de reclassement professionnel.

4. Discussion: Les traumatismes de la main en milieu du travail sont un véritable fléau socio-économique: sur 92 ouvriers les dégâts ont été considérables avec 105 amputations des doigts, 79 lésions ostéo-articulaires ouvertes de la main. Il en est de même des conséquences: 1935 journées de travail perdues à cause de ces traumatismes 2/3 des patients avaient un taux d'I.P.P. compris entre 6 et 15% 38 ouvriers (41%) étaient obligés de changer de poste et de salaire à cause des séquelles engendrées par les traumatismes. Devant ces chiffres, des dépenses énormes sont consenties chaque année par nos institutions (hôpitaux, caisses d’assurances, entreprises …) perturbant l’activité de celles-ci. Il semble qu’une action préventive de ces traumatismes doive être envisagée afin de diminuer leur incidence.

5. Prévention (7): La prévention des accidents en milieu de travail repose sur 2 modes : 1) - Prévention des accidents eux-mêmes: Elle doit être assurée par des mesures collectives, et la prévention intrinsèque de la main en utilisant des dispositifs et équipements de protection. a) Prévention intrinsèque : elle vise à éviter les accidents en remplaçant la main par des dispositifs appropriés ou en agissant sur la forme ou la disposition des éléments d’une machine. b) Les dispositifs de protection : ils sont conçus pour interdire l’accès à une zone dangereuse, empêcher qu’une phase dangereuse puisse se déclencher ou se poursuivre tant que la main est BIBLIOGRAPHIE 1 - F. DAP, H. BRUGIERE, M. MERLE Traumatismes de la main et accidents de travail dans l’Est de la France. Rev. Réadapt. Fonct. Prof. Soc. 1988, 17, p.70-73. 2 – HEALTH and SAFETY EXECUTIVE STATISTIC 1981.82, London Department of Social WELFARE (Dublin) Personnel communication. 3 – INSTITUTO VENEZOLANO SEGURO SOCIAL DIRECTION DE INFORMATICA. Anuarios ESTADISTICOS, 1977-1978-1979. 4 - J.L. KELSEY and ALL.

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dans une zone où existe un risque. Exemple: lors de l’utilisation de la scie circulaire et afin d'éviter le contact de la main avec la lame en rotation, on utilise un poussoir (une main pousse la pièce à scier par l’intermédiaire d’une poignée conforme aux principes de l’ergonomie). c) Les équipements de protection peuvent être : Des outils pour saisir et déplacer des objets ou des pièces sans que la main ait à s’approcher d’une zone dangereuse (pince de manipulation). Des accessoires individuels de type gants ou mouflets qui, en isolant la main, évitent qu’elle soit en contact direct avec des objets ou des produits dangereux à manipuler. 2) - Prévention des séquelles: Une fois la main traumatisée, sa prise en charge doit être efficace, rapide, afin d’obtenir une réinsertion socio-professionnelle dans les plus brefs délais. Ceci ne peut être conçu que par la création de centres spécialisés dans la chirurgie de la main dont la vocation serait : La prise en charge 24h/24h des traumatisés de la main Participer avec les médecins du travail, ergothérapeutes à la mise en place d’un système de prise en charge et préventif des accidents de la main en milieu de travail Diminuer les coûts et les arrêts de travail par une réinsertion précoce La formation du personnel para-médical en milieu de travail pour la prise en charge initiale de cette pathologie (pansement primitif, ….)

6. Conclusion: L’importance socio-économique et la fréquence des traumatisés de la main en milieu de travail, nous incitent à développer des moyens de prévention adéquats sur le lieu de l’accident, créer des centres spécialisés dans la chirurgie de la main à travers le pays afin de diminuer les dépenses énormes versées par nos institutions et entreprendre une réinsertion socio-professionnelle le plus rapidement possible des ouvriers.

Upper extremity disorders.a surgery of their frequency and cost in the united states. Yale university school of medecine, département of epidemiology and public health, the cv.mosby.co, 1980. 5 – R. TUBIANA Les traumatismes de la main. Tome 2, ED. Masson 1986. 6 – J.M. THOMIME, M.S. BENDJEDDOU, Y. GIBON, N. BIGA Les fractures diaphysaires de la première phalange. Résultats du traitement à propos de soixante douze cas. Ann. Chir. Main, 1981, 35, n° 09 bis, 759-64. 7-MARTY J,PORCHER B ,AUTISSIER R Traumatismes de la main et accidents de travail statistiques et prévention ANN.CHIR.MAIN, 1986,n°3

-56-


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Etat de santé des professionnels de santé des structures publiques de la commune de Annaba Gharbi M Service d’épidémiologie et de médecine préventive – Hôpital Ibn Sina- Centre hospitalo-universitaire de Annaba

Qu’en est-il de l’état de santé du personnel qui prend en charge la santé de la population générale de la commune de Annaba ? L’étude descriptive, de type méthode des quotas, réalisée le mois de novembre 2002 auprès des professionnels de la santé nous apporte les informations suivantes : 34,63% des enquêtes rapportent la notion d’un problème de santé aiguë , 31,63% traînent une affection chronique et 5,71% sont hospitalisés durant l’année précédant le jour de l'enquête . Les accidents professionnels représentent les 35,48% du global des traumatismes dont les 16,12% sont dus à des instruments piquants ou contondants. Les problèmes de santé chroniques dus à un terrain atopique l’emportent de loin avec 32,6% et les lombalgies sont la première pathologie des affections ostéoarticulaires avec une fréquence de 11,76%.

1. Introduction: Dans tous les secteurs professionnels, on étudie l’état de santé des personnels afin de prendre les mesures préventives contre les éventuelles nuisances . Ce qui a motivé la réalisation de cette étude sur l’état de santé du personnel opérant dans le secteur de la santé avec comme objectifs de déterminer : la fréquence de la morbidité ponctuelle au cours des 15 derniers jours ; la fréquence et les motifs des consultations médicales au cours des 3 derniers mois précédant le jour de l’enquête ; la fréquence des hospitalisations durant l’année ayant précédé le jour de l'enquête ; la prévalence des affections chroniques au sein de cette population.

2.Matériels et méthodes: Une enquête descriptive de type transversal est menée la deuxième quinzaine du mois de novembre 2002 au niveau des structures sanitaires publiques de la commune de Annaba. Tiré à part : M. Gharbi., Sce d’épidémiologie et de médecine préventive CHU Annaba JMT – Le Journal de la Médecine du travail. N° 07-2004

L’échantillon constitué selon la méthode des quotas utilisant comme variables de contrôle le sexe et la catégorie professionnelle , comprend 490 travailleurs opérant dans le secteur de la santé et ayant accepté de répondre aux interviews de nos enquêteurs. Le choix de cette méthode peut apparaître logique dans la mesure où il nous est difficile d’avoir une base de sondage fiable, et est compatible avec la grande mobilité de la population étudiée. Le questionnaire a été validé et remodelé après la pré-enquête. Pour l’analyse statistique, le chi 2 ou le chi 2 corrigé (test de Mantel-Haenzel) sont utilisés. Seules les valeurs de p inférieures à 0,05 sont considérées comme significatives.

3. Résultats : 70% de femmes et 30% d’hommes forment cet échantillon de 490 personnes enquêtées, dont 42% sont des paramédicaux, 34,08% représentant le personnel médical, 13,46% le personnel administratif et 10,40% le personnel d’entretien. La distribution par âge montre 32% de travailleurs âgés de 20 à 30 ans, 43,46% de 3140 ans et 24,46% ont un âge de plus de 40 ans. Morbidité du moment : 34,63% de l’échantillon global rapportent la notion d’au moins un problème de santé durant les 2 -57-


En matière d ’accident, une description plus affinée des 31 victimes d’un traumatisme montre une prédominance féminine avec un sexe ratio de 2,2 et un personnel médical plus concerné (45,16%). Les accidents domestiques occupent le premier rang avec 38,70%, les accidents professionnels 35,48% dont 16,12% sont dus à des instruments piquants ou tranchants. La voie publique occupe le troisième rang avec 19,35% et les autres causes 6,47% .

dernières semaines précédant le jour de l’enquête ; avec une légère prédominance féminine (36% contre 31% d’hommes). La fréquence progresse avec l’âge, elle passe de 32,05% pour la tranche des 20-30 ans, 35,68% pour les 31- 40 ans et atteindre 36,36% chez les plus de 40 ans. Par profession, les agents d’entretien semblent les plus concernés (47,05%), suivis du personnel paramédical et administratif avec respectivement 36,89% et 36,36% , le personnel médical 27,54%.

Consultations médicales des trois derniers mois : Durant les 3 derniers mois avant le jour de l'enquête, 41,83% de ce personnel de la santé ont consulté un médecin, beaucoup plus les femmes (43,40%) que les hommes (38,25%), mais la différence statistique reste non significative avec p=0,33, et les plus de 40 ans (51,23%) que ceux de la tranche d’âge des 31-40 ans (40,84%) ou de la tranche d’âge 20-30 ans (35,89%) avec une différence statistique significative à p=0,034. Par profession, le personnel d’entretien est le plus concerné (54,90%), viennent ensuite les para-médicaux avec 46,10% et, à des fréquences presque égales, le personnel médical (35,92%) et le personnel administratif (33,33%). La différence statistique est significative pour la profession à p = 0,025. Comme motifs de consultation et par cadre nosologique, les fréquences se répartissent selon le tableau 1. En fonction du nombre de consultations, 58,06% ont consulté une fois , 36,02% l’ont fait à 2 reprises et 5,91% quatre fois et plus.

La notion des problèmes respiratoires avec 28,29% domine le tableau global de la morbidité ponctuelle dont 23,58% appartiennent au syndrome grippal, ce qu’explique la période automnale du déroulement de l’enquête. Secondairement ce sont les affections stomatologiques (16,50%), viennent ensuite les traumatismes avec 14,62%, les affections de la sphère O.R.L. (13,67%), les affections digestives et neurologiques avec 7,54% chacune, celles du système ostéoarticulaire (6,13%). Si les problèmes neurologiques sont dominés essentiellement par les migraines et les céphalées, ceux ostéoarticulaires sont surtout représentés par les lombalgies (5,18%). Les autres affections sont faiblement mentionnées. Néanmoins ces fréquences nous donnent des informations ponctuelles sur la pathologie aiguë, vu le déroulement de l’enquête durant seulement la saison automnale et ne peuvent par conséquent refléter l’incidence réelle des pathologies aiguës de notre population.

Tableau 1 : Répartition des 180 consultations en fonction des motifs par cadre nosologique.

Cadre nosologique

Effectifs

Fréquence %

O.R.L. Stomatologie Rhumatologie Gynécologie Gastro-entérologie Respiratoire Cardiologie Ophtalmologie Infectieux Uro-néphrologie Dermatologie Endocrinologie Hématologie Psychiatrie Global

38 31 16 16 13 11 11 8 7 6 5 4 2 1 180

21,11% 17,22% 8,88% 8,88% 7,22% 6,11% 6,11% 4,44% 3,88% 3,33% 2,77% 2,22% 1,11% 0,55 100%

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Les hospitalisations : 5,71% (28 cas) de l’échantillon enquêté ont été hospitalisés au moins une fois durant l'année précédant l'enquête, 6,74% de femmes et 3,35% d’hommes (p=0,16). Les personnes âgées de 31 à 40 ans sont les plus concernées (7,51%) suivis par les plus de 40 ans (4,95%) et les 20-30 ans 3,84% (p=0,33). Par catégorie, ce sont essentiellement le personnel paramédical 9,22% et administratif 7,57% (p=0,47). Donc pour les trois caractères étudiés, aucune différence statistique n’est observée. Comme causes d’hospitalisation, les problèmes gynécologiques représentent le premier motif (28,57%), essentiellement des accouchements. Les affections pneumologiques occupent la seconde place avec 17,85% et les cardio-vasculaires 10,71%. Les problèmes de santé de gastroentérologie, de traumatologie et d’endocrinologie atteignent 7,14% chacun et les affections infectieuses et ophtalmologiques 3,57% chacune. Les affections chroniques : Les 31,63% des interviewés se plaignent d’un problème de santé chronique, beaucoup plus les

femmes 34,89% que les hommes 24,16% (p=0,018) et cela quelle que soit la catégorie professionnelle (p=0,0007). Plus l’âge augmente, plus les affections chroniques s’installent, de 23,07% chez les adultes jeunes de 20 à 30 ans à 32,86% chez les 31- 40 ans, pour atteindre 40,49% chez le personnel âgé de plus de 40 ans (p=0,0007). Le personnel d’entretien est le plus touché 43,13%, suivi du personnel médical 38,83%, au troisième rang c’est le personnel administratif 25,75% et le personnel médical clôture le tableau avec 21,55%. A noter que 57,32% des personnes atteintes d'un problème de santé chronique se font suivre médicalement. Comme affection chronique , ce sont surtout les affections de la sphère O.R.L 25,13%, dominées par les problèmes allergiques 17,29% , viennent ensuite les affections ostéoarticulaires 16,04% essentiellement les lombalgies 11,76% et les affections dermatologiques 12,29% avec une prédominance des allergies cutanées 10,69% (tableau2). Dans l’ensemble, les problèmes de santé chronique dus à un terrain atopique l’emportent de loin avec une fréquence de 32,6%.

Tableau 2 : Répartition des pathologies chroniques par cadre nosologique et par pathologies les plus prévalantes.

Cadre nosologique O.R.L

Fréquence % 25,13%

Osteoarticulaire

16 ,04%

Dermatologie

12,29%

Cardio –circulatoire

10 69%

Gastralgie

9 ,62%

Respiratoire

9,09%

Endocrinologie

6,41%

Ophtalmologie

4,81%

Uro-genital

2,13%

Hématologie

2,13%

Neurologie

2,13%

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Pathologie dominante Rinithes allergiques 17,64% Lombalgies 11,76% Eczéma 10,69% H.T.A 8,02% Colopathie 5,37% Asthme 5,88% Diabète 3,20% Conjonctivite allergique 4,27% Lithiase rénale 1,60% Anémie 1,06% Epilepsie 1,06%


Conclusion : Dans l’ensemble, le classement des pathologies identifiées comme motifs de consultations , d’hospitalisations ou de problèmes de santé chroniques durant cette étude, est presque similaire à celui observé lors de l’enquête de santé portant sur la population active de Annaba . Cependant, certaines particularités émergent : Les accidents professionnels occupent le tiers des problèmes de santé ponctuels dont presque la moitié sont dus à des instruments tranchants ou piquants . Cela incite à la mise en place d’un registre de déclaration de ce type d’accident au niveau des services de santé . Il pourra constituer un document légal en cas de litige en matière de reconnaissance de certaines infections professionnelles transmises par le sang (hépatites , V.I.H … ) . En matière d’affections chroniques , se dégage une domination des problèmes ostéoarticulaires par les lombalgies 11,72% , les affections dermatologiques par les allergies de contact et les eczémas 10,69% , touchant surtout les manipulateurs des services de radiologie et les commis de salles , les affections neurologiques par les migraines et les céphalées et les affections cardio-circulatoires par l’hypertension

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artérielle (tableau 2) . Toutes ces affections peuvent être évitées ou minimisées grâce à l’amélioration des conditions de vie et de travail du personnel , à l’adoption de certaines règles de prévention et d’hygiène de vie et à l’encouragement de la pratique de l’activité sportive et physique en milieu de travail . Bibliographie : 1-El Biandari – Hammad A. , Smith D. L. : Evaluation des soins de santé primaire (guide de l’enquêteur) – Organisation Mondiale de la Santé, Genève 1992 , p.153-179 . 2-Gharbi M. , Bachtarzi T. , Bensaad D. : Profil de l’état sanitaire de la population active (Annaba 1999-2000) – Journal de la médecine de travail n° 6/2003 , p.26-29 . 3-Jave Claude : L’enquête par questionnaire , manuel à l’usage du praticien – Ed. de l’université de Bruxelles 1998 , ème ed. , 138 pages . 3 4 –Lwanga S. K . , Lemeshow S. : Détermination de la taille d’un échantillon dans les études sanométriques – Manuel pratique , OMS Genève 1991 , 84 pages . 5 –Rumeau-Rouquette C. , Breart G. , Padieu R. : Méthodes en épidémiologie (Echantillonnage, Investigations , Analyse) – ème ed. , 391 Ed. Médecine – Sciences Flammarion 1991 , 3 pages.

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Identité d’entreprise. Définitions Modèles. Gueroui S. Service de Médecine du Travail, CHU Annaba

En 1993, aux InterEditions (Paris), paraissait un ouvrage collectif [1] qui modélisait la politique d'entreprise en quatre grandes parties formant les quatre faces d'un tétraèdre: la stratégie, la structure, les processus de décision et l'identité de l'entreprise. Présentée de façon didactique, cette construction se défend d'enfermer la réalité dans des schémas réducteurs; elle intéresse alors l'ensemble des acteurs en santé et sécurité du travail, notamment par sa dimension de l'identité. Nous en faisons une lecture libre à l'usage des lecteurs du JMT. Les recherches et la pratique des années 1980 sur le sujet se résument globalement en 2 approches assez différentes: La première entend que l'entreprise a une culture. Elle voit la culture comme un soussystème interne de l'ensemble Entreprise qui permet aux individus de développer des processus d'adaptation à l'environnement. Le sous-système culturel fonctionne alors plus ou moins en harmonie et en accord avec les autres sous-systèmes technologique, téléologique et administratif. C'est une approche descriptive. La seconde voit que l'entreprise est une culture, donc un système de connaissances que chacun des membres va interpréter en mettant en jeu des mécanismes mentaux. C'est donc une approche qui veut épouser la dynamique du système social dans toute sa complexité. C'est elle qui conduit au concept d'identité d'entreprise. Parler d'identité c’est évoquer des notions plus ou moins simples. Ainsi : Un dirigeant est un homme qui dirige d’autres hommes : en dépit de toute la pertinence de ses schémas, il tiendra compte avec profit ou à ses dépens de la contrainte humaine. Une stratégie est mise en œuvre par une collectivité humaine. Une action collective passe par le cerveau humain et donc subit le filtre de ses capacités cognitives et de ses affects. L’action passe par une structure avec tout le jeu d’influences, de mimétismes, de coalitions et de manœuvres que cela suppose. Car une structure, c’est l’ensemble des fonctions et des relations déterminant formellement les missions que chaque unité de l’organisation doit accomplir, et les modes de collaboration entre ces unités. Tiré à part : Gueroui S., Service de médecine du travail CHU Annaba JMT – Le Journal de la Médecine du travail. N° 07-2004

A chaque unité est dévolu un certain pouvoir pour exercer sa mission. Des mécanismes de coordination assurent la cohérence et la convergence des actions des différentes unités. L’organisation est composée de sousunités : chaque sous-unité a des règles et procédures qui lui sont propres, qui conditionnent sa perception et guident son comportement. les rapports entre ces sous-unités sont eux- mêmes définis par des règles et des procédures et l’ensemble des sous-unités est coiffé par une direction. Mais l’organisation est surtout composée d’hommes qui ont une certaine présence : l’action collective dans une entreprise s’en trouve en général marquée par une logique cohérente et différente en général de toute autre. Cette logique se constitue et s’affirme dans le temps ; elle donne alors à l’entreprise une certaine continuité et « permet à chacun d’identifier cette entreprise et dans certains cas, de s’identifier à elle ». c’est ce que l’on appelle l’identité. Les années 80 sont marquées par la redécouverte de cette dimension humaine. Les grands managers en ont fait une de leurs priorités : un catalyseur puissant aura été le célèbre défi lancé par Konosuke Matsushita : « Nous allons gagner et l’Occident industriel va perdre : vous n’y pouvez plus grand chose, parce que c'est en vous-mêmes que vous portez votre défaite. Vos organisations sont tayloriennes ; mais le pire c’est que vos têtes le sont aussi. Vous êtes totalement persuadés de bien faire fonctionner vos entreprises en distinguant d’un côté les chefs, de l’autre les exécutants, d’un côté ceux qui pensent, de l’autre ceux qui vissent. Pour vous le management, c’est l’art de faire passer convenablement les idées des patrons dans les mains des ouvriers. Nous, nous sommes post-61-


tayloriens : nous savons que le business est devenu si compliqué, si difficile et la survie d’une firme si problématique, dans un environnement de plus en plus dangereux, inattendu et compétitif, qu’une entreprise doit chaque jour mobiliser toute l’intelligence de tous pour avoir une chance de s’en tirer. Pour nous le management, c’est précisément l’art de mobiliser et de rassembler toute cette intelligence de tous, au service du projet de l'entreprise. Nous pensons qu’il faut faire défendre l’entreprise par les hommes et que celleci leur rendra au centuple ce qu’ils lui auront donné ». Quand on parle d’entreprise, on est tenté de penser en termes d’identité collective mais, en fait, l’entreprise n’est pas une communauté organique ou psychologique. C’est certainement un lieu de tensions et de conflits car au centre du débat existe le pouvoir. Par ailleurs l’action économique collective est toujours complexe ; le groupe humain qui s’en charge se caractérise par une cohérence interne jamais assurée et la corruption du pouvoir est une tentation permanente. Mais un impératif s’impose à tous les partenaires : la survie de l’entreprise. Certains auteurs disent alors : « lorsque la survie d’un groupe devient pour ses membres un objectif opposable à leurs yeux aux objectifs individuels que, de leur côté, ils se considèrent comme autorisés à poursuivre, on dira que ce groupement peut constituer une communauté ou qu’il est en voie de communalisation ». [2] Gérer l’identité, ce serait progresser sur cette voie de la communalisation : il y a donc tension entre une réalité et un idéal, une volonté utilisant un potentiel, mais tournée vers l’avenir. De tous ces points de vue, identité est plus pertinente que culture. La culture est un terme plus passif, plus aseptisé donc plus manipulateur ; elle reste au niveau du superficiel, de l’univers symbolique (valeurs, croyances, idéologies, mythes, rites, tabous, normes de comportement qui les expriment). L’identité, elle, s’inscrit au niveau des passions et des fantasmes ; elle s’interroge sur les modes d’émergence de ces images et de ces symboles : c’est là que se trouve le vrai problème du pouvoir. Il en découle deux questions importantes : comment évolue l’identité ? est-il possible de gérer cette identité ? Sans nier le caractère réducteur des outils utilisés dans la réponse à ces questionnements, il faut savoir que les outils en question existent, peuvent être efficaces, donc il faut les connaître. Historiquement, les premières réflexions stratégiques sont importantes : elles considèrent l’entreprise comme un groupe humain structuré, s’efforçant de devenir une communauté.

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Les recherches ultérieures restent dans cette perspective commune et logique : elles considèrent l’entreprise comme un système de coopération, comme une institution. On peut résumer la pensée des auteurs de ce courant en trois points : - Premier point : « L’entreprise n’est pas nécessairement en voie de communalisation ». l’exemple est celui d’entreprises ou d’organisations qui n’effectuent que des tâches de routine : qualité et engagement de leurs agents ne sont pas un facteur clé de succès. Elles n’ont pas besoin de devenir des communautés. Par ailleurs, devenir une communauté, une institution, est très long et difficile : il existe de nombreuses forces centrifuges dues aux intérêts catégoriels de chaque sous-groupe humain mais aussi à l’esprit même des acteurs. Si un sous-groupe humain structuré a acquis une certaine identité, que ses membres s’identifient à cette identité, l’identité constitue une réalité, elle se cristallise (au sens physico-chimique du terme : en passant d’un état liquide à un état solide et en figeant un certain nombre d’atomes et de molécules). Le changement devient problématique. Si une organisation devient une institution, elle est habitée par le souci de survivre. Or une entreprise, de par ses activités et ses relations constantes avec l’environnement, est obligée de s’adapter en permanence, le jeu principal devient la gestion de l’identité une fois celle-ci formée : or la gestion de l’identité revient souvent à transformer en technique organisationnelle des notions de nature institutionnelle. « Une identité non gérée transforme l’entreprise en un bastion qui préfère souvent mourir que changer » : est-ce le cas de nos entreprises étatiques vis-à-vis de l’autonomie, de la privatisation ? Est-ce le fondement du contenu du débat actuel au sein de l’UGTA ?. - Deuxième point : Le processus de communalisation et la gestion de l’identité sont affaire de leaders. Globalement, un détenteur de pouvoir peut suivre deux voies : • Se contenter d’occuper un siège et/ou prendre des décisions opportunistes: il ne conduira pas alors le processus social qui transformera un groupe d’individus en une communauté engagée, autrement dit, il ne conduira pas la communalisation ; • Assumer sa raison d’être de leader : mener en permanence une action éclairée. - Troisième point : L’action éclairée du leader se concentre sur trois entités : les buts de l’entreprise, ses valeurs (son idéologie, sa façon de voir le monde), la structure de son système social. • « Les buts de l’entreprise définissent la raison d’être du groupe, ce qui le distingue de tout -62-


autre, ce vers quoi il va, pourquoi il est structuré comme il l’est. Il n ‘y a pas de communauté d’action sans but, c’est-à-dire sans stratégie pensée et commune, incarnée par le leader et défendue par lui contre toutes les attaques, en particulier venant de l’intérieur ». • L’entreprise-institution repose sur des valeurs quand elle est vécue par ses membres non comme un outil économique uniquement (cas de la majorité de nos entreprises ?) mais comme la source directe de satisfactions personnelles, intellectuelles et affectives. Par ce fait, elle produit une identité à laquelle souscrivent ses membres, qui marque tous les aspects de la vie dans l’organisation, qui assure une intégration sociale allant bien au-delà des mécanismes formels de coordination, en particulier hiérarchiques. La satisfaction est offerte par le biais des idéaux personnels (Barnard) [3] ou des images de soi (Selznick) [4] : fierté de ce que l’on fait, sentiment d'accomplir quelque chose qui a du sens, loyauté, mais aussi des sentiments plus troubles comme celui du besoin de revanche personnelle. Ces valeurs doivent être consolidées. • « La consolidation des valeurs passe par une grande attention portée à la structure sociale ». Barnard [3] nous dira alors que la structure informelle est importante en tant que moyen privilégié de communication et Selznick [4] soulignera plutôt le « rôle primordial des élites qui doivent être protégées afin d’acquérir une autonomie et une force suffisante. Ces élites sont porteuses des valeurs propres à l'entreprise et ont en particulier la charge, par leur action quotidienne, d'assurer leur permanence". « Pour faire émerger une identité, les leaders disposent des armes privilégiées que sont les règles et procédures de gestion ». Barnard et Selznick citent en particulier, pour la mise en œuvre de la stratégie : - Le recrutement, qui sélectionne une base sociale ; - La formation, qui permet la socialisation ; - La formalisation du système de valeurs en une idéologie (une façon de voir le monde) illustrée par des mythes organisationnels ; - La définition des rôles et des procédures : (ici intervient donc l’importance de l’existence ou non de tâches prescrites) ; - Les systèmes de gestion des conflits ; - Une réflexion sur le degré de décentralisation du pouvoir, la mise en place de l’identité s’accompagnant d’une plus grande centralisation". Mais les auteurs nous préviennent : « On ne joue pas à bâtir l’identité d’une communauté, qu’on l’appelle institution ou système de coopération. Ce n’est pas un outil au service de la rentabilité dont on peut se défaire ensuite. (…) L’entreprise et les leaders sont tenus par l’idéologie qu’ils créent. C’est ce qui fait l’efficacité de la première et la grandeur des seconds ». [1]

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Les idées de Barnard et Selznick ont influencé très fort le modèle de Harvard (modèle LCAG : du nom de ses promoteurs, Learned, Christensen, Andrews, Guth) qui se veut opérationnel pour le dirigeant. Le modèle LCAG détermine deux tâches complémentaires de la direction générale : - La formulation de la stratégie (en particulier la fixation des buts) ; - Sa mise en œuvre (faire progresser l’organisation vers ses buts) par : une structure adaptée, des systèmes et processus de gestion permettant la convergence des énergies individuelles vers les buts de l’organisation, la présence efficace d’une direction. Les systèmes et processus de gestion contribuent fort au mécanisme de communalisation: le leader se doit de les bâtir de façon à ce qu’ils créent délibérément une atmosphère propice au développement des talents nécessaires à la poursuite des buts, mais aussi de façon à fournir des satisfactions personnelles à chacun. Ces systèmes et processus comportent : - L’établissement de standards et la mesure des performances ; - La création et l’administration de systèmes de motivation et d’incitation ; - La création et l’administration de système contrôle ; - La sélection des hommes et la gestion de carrière. « Le modèle LCAG met moins l’accent sur leur aspect technique que sur leur cohérence avec les buts de l’organisation ». [1] il offre une démarche simple de l’harmonie stratégique, permet au dirigeant de construire le cadre de l’action organisationnelle ( ou le système de M.Corzier et E.Friedberg) [5]. Mais il « reste à mieux comprendre, dans toutes ses dimensions, les mécanismes d’interrelations entre les acteurs et ce système. Le défaut du modèle est de fonder la nécessaire harmonie sur l’adaptation des systèmes aux buts stratégiques poursuivis, en ignorant l’influence exercée a priori par les systèmes sur la formulation des buts ». Bibliographie : 1ANASTASSOPOULOS J.P., BLANC G., CAPRON L. ,CREMADEZ M. , DETRIE J.P. , DUSSAUGE P. , GARRETTE B. , GHERTMAN M. , LARCON J.P. , LAROCHE H. , LEMATTRE P. , LEROY F. , MOINGEON B. , NEYRAUT J.L. , NIOCHE J.P. , QUELIN B. , RAMANANTSOA B. , REITTER R., SANTI M. , STORA B. , Stratégor. Stratégie, structure, décision, identité. Politique générale d’entreprise, InterEditions, Paris,1993, 615 pages. 2BOUDON R. , BOURRICAUD F. , Dictionnaire critique de la sociologie, PUF, 1982. 3BARNARD C., The functions of the executive, Harvard, 1938. 4- SELZNICK P., Leadership in administration, Harper & Row, 1957. 5- CROZIER M. , FRIEDBERG E. , L’acteur et le système, Le Seuil, 1977.

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Organisation du travail en milieu hospitalier Ouaaz M, Haddar M. Service de médecine du travail, Secteur Sanitaire de Rouiba, Alger.

Toute organisation de travail a connu une évolution à travers le temps dans tous les secteurs d’activité, industriel, agricole, tertiaire…Le secteur de la santé n’a pas échappé à cette dynamique et son développement est le reflet de la situation économique, culturelle et scientifique d’un pays à différentes périodes de son existence.

L’organisation de travail est définie comme la mise en relation , selon certaines formes, de moyens et d’hommes (il s’agit de relations entre les moyens et les hommes, de relations inter-moyens et de relations interhommes). C’est un agencement a priori de moyens et d’hommes en vue d’atteindre un objectif qui nécessite un effort dépassant les seules capacités individuelles. Elle est le résultat de l’action structurante d’un ensemble d’activités et de décisions.

HOMMES

MOYENS

HOMMES

MOYENS

L’organisation de travail met en confrontation divers éléments : - les objectifs de travail ( pourquoi faire ?) Dans le secteur hospitalier, trois objectifs essentiels sont à atteindre : Assurer des activités de soins en priorité à travers des actes de soins, d’hospitalisation, de diagnostic, de prévention et de réadaptation. Prendre en charge des activités de formation à travers l’enseignement gradué et post-gradué en sciences médicales, le recyclage des personnels de santé… Tiré à part : Ouaaz M., Service de médecine du travail Sect. Sanitaire. Rouiba JMT – Le Journal de la Médecine du travail. N° 07-2004

Entreprendre des activités de recherche par la réalisation de travaux et d’études scientifiques, d’organisation de séminaires, de colloques, de journées d’études… Les moyens mis en œuvre Qui fait le travail ? Les moyens humains : pour atteindre les objectifs de cette organisation, il est indispensable de réunir plusieurs catégories de personnel, administratif, médical, paramédical, technique et de soutien. L’analyse des caractéristiques de cette population est informative et utile pour déterminer sa conduite, en tenant compte des paramètres qui la caractérisent : l’âge, le sexe, la qualification, la formation, l’expérience, le statut… Avec qui ? La ligne hiérarchique, l’organisation des équipes nécessitent la mise en place de mécanismes de coordination, de collaboration et de coopération entre les individus et les services, et la définition des conditions de co-activité de plusieurs hommes poursuivant le même objectif ou effectuant la même tâche (équipe chirurgicale, équipe d’exploration…) Avec quoi ? Les moyens matériels représentent les structures sanitaires, les services, les équipements scientifiques, techniques et pédagogiques, et évidemment les ressources financières devant correspondre à la taille des objectifs imposés (que ce soit pour un CHU, un secteur sanitaire ou un établissement hospitalier spécialisé) Les conditions de réalisation du travail Où le travail doit-il se dérouler? Il importe d’abord, de définir le cadre architectural des structures sanitaires, les espaces de travail, les espaces de circulation en rapport avec le flux -64-


de personnes envisagé, ainsi que l’environnement de travail tel que les conditions d’éclairage, de climatisation….

certaines enquêtes, quand seulement une garde de 24 heures est effectuée sans récupération par semaine.

Quand le travail doit-il se dérouler ? Il s’agit ici de déterminer la durée hebdomadaire ou journalière du travail, de définir les horaires fixes ou flexibles pour les équipes, les conditions des gardes médicales et paramédicales et les caractéristiques de la récupération. Comment le travail doit-il se dérouler ? Ce sont les procédures de travail définies et mises en place dans le cadre des activités de diagnostic, de traitement, d’examen clinique, de stratégies de prescription, d’examens complémentaires, de suivi des malades ainsi que leurs circuits…

L’absence de récupération, même si le nombre de gardes augmente, est expliquée par le manque d’effectifs, les périodes de congé, et a des répercussions sur la qualité du travail fourni et son efficacité sur le malade. Par ailleurs, le personnel soignant éprouve un sentiment d’insatisfaction et d’injustice nourri par la répétition des dysfonctionnements qui finissent par altérer l’état de santé de ces travailleurs (fatigue, stress, vulnérabilité : syndrome d’épuisement professionnel ou Burn-out )

Toute organisation vise l’atteinte d’un objectif, lequel peut se manifester différemment selon les contraintes rencontrées lors de son déroulement. Les résultats en termes de soins peuvent être mesurés par les changements induits chez le malade d’une part (état de santé, qualité de vie, satisfaction…) et d’autre part chez le personnel soignant ( état de santé : pénibilité du travail, fatigue, stress, absentéisme, sécurité, développement des compétences, satisfaction ou mécontentement, épanouissement et possibilité de réalisation de soi ) En termes de résultats, les enquêtes ont prouvé qu’il est difficile d’interpréter les indicateurs de résultats comme le taux de morbidité ou de mortalité car il n’existe pas de relation significative entre le résultat et la qualité des procédures mises en œuvre ; par contre, l’évaluation des procédures est plus facile et plus pertinente, car il est plus aisé d’identifier les process de soins, d’interpréter les données, de relever les dysfonctionnements et surtout de pouvoir intervenir pour apporter les correctifs nécessaires à un processus défaillant ( on sait ce qui a été fait au malade, où, quand et comment…).

Les dysfonctionnements Notre pratique nous a fait rencontrer des incohérences par rapport d’abord aux objectifs assignés par l’organisation de travail et les moyens alloués pour les atteindre. Ces objectifs sont subordonnés à la disponibilité de ressources matérielles et d’un potentiel humain suffisant, ainsi qu’à l’existence d’infrastructures et d’équipements aptes à prendre en charge les activités de soins et de formation. Quant aux conditions de réalisation, si nous prenons seulement l’aspect des rythmes de travail en milieu de soins, nous remarquons dans certains établissements, que la durée hebdomadaire dépasse souvent la durée réglementaire et peut atteindre 72 heures selon JMT – Le Journal de la Médecine du travail. N° 07-2004

Les espaces de travail : la conception architecturale dans certains établissements hospitaliers en système pavillonnaire, est de nos jours complètement inadaptée; l’exiguïté des chambres et des couloirs rend difficile le travail du personnel soignant, surtout dans les services de réanimation ou les postes nécessitant l’intervention en urgence à la tête du malade, de même que l’utilisation de gros matériels aux raccordements électriques multiples qui sont autant de facteurs potentiels d’accidents de travail. L’étroitesse des couloirs rend également impossible le passage de deux lits en même temps. L’inexistence d’espace de repos ou une salle servant de cafétéria, empêche le personnel soignant, non seulement de se reposer et de se détendre mais aussi d’échanger des points de vue, des expériences ou des conduites à tenir par rapport à des malades difficiles. La situation ou l’emplacement du bureau des infirmières, au fond ou à l’extrémité du couloir du service ne permet pas une bonne surveillance des malades. Des aménagements ergonomiques des locaux de travail permettent de placer cette salle au centre du service, et induire une meilleure surveillance des malades. Les ambiances de travail : pour ne citer que l’éclairage comme exemple, celui-ci doit être pensé en fonction de la nature de l’activité qui s’y déroule (pansements, injections, examen clinique, lecture de documents…). Les paramètres devant être considérés son multiples: effet de contraste, indice de rendu de couleurs, efficacité lumineuse…. Dans nos hôpitaux, les peintures classiques de couleur froide (bleu, blanc..) dans les chambres et les allées de circulation sont à proscrire à cause de l’effet psychologique de froideur et de distance induit chez le malade. Actuellement l’introduction de couleurs chaudes fait partie du processus d’humanisation de l’hôpital. Les moyens mis en œuvre : le personnel médical ou paramédical doit être qualifié par -65-


rapport aux innovations techniques et la formation joue un rôle capital dans la réussite de l’objectif. Le manque de qualification constaté dans nos services, par rapport aux nouvelles techniques, aux nouvelles pratiques, aux nouvelles maladies et surtout aux nouvelles exigences des malades, a un impact considérable sur la qualité du travail et entraîne l’exposition de ce personnel à de nouveaux risques qu’il ne maîtrise que partiellement ( accidents exposant au sang, virus des hépatites B et C, VIH, TMS…) ; la formation médicale continue devient indispensable. La communication classique à travers les revues, les congrès et les séminaires garde toute son importance, mais il reste à mettre en place les mécanismes qui servent à favoriser les échanges entre les médecins d’un même service ou de services différents, et également avec l’extérieur dans le cadre de l’expertise, de transfert de dossier ou de documents. Le cheminement des prélèvements ainsi que le déplacement des hommes est une folle perte de temps et source de fatigue. On se rend compte de plus en plus de la nécessité d’être connecté en temps réel avec l’extérieur pour les besoins d’information et de formation ou même de prestations de services. Dans ce cadre, on peut discuter un diagnostic en commun avec un autre service ou même guider un geste thérapeutique ( télé chirurgie, vidéoconférence…)

Par ailleurs, le développement d’actes alternatifs, comme pour la lithiase biliaire par exemple, oblige le praticien à choisir entre plusieurs options thérapeutiques, alors qu’il n’en maîtrise qu’un seule : chirurgie ouverte, cœlioscopie, intervention endoscopique, lithotricie percutanée ou médicaments dissolvants… ; donc le partage de la décision thérapeutique se fait entre plusieurs services : gastrologie, radiologie, chirurgie… Ceci laisse penser que le cloisonnement de l’hôpital en services devient un handicap. L’organisation actuelle opte beaucoup plus pour la création d’un département de pathologie de l’organe Organisation de la prévention des risques en milieu hospitalier

MINISTERE DE LA SANTE

INSP

La vidéochirurgie coûterait moins cher, car la durée d’hospitalisation est plus courte et le nombre de malades opérables est plus grand ; l’expérience a montré que cela n’est pas vérifié dans le cadre d’un hôpital à dotation globale. Combien même le nombre de personnes opérées est grand, le nombre de lits d’hospitalisation reste le même et le coût du matériel et de l’instrumentation est beaucoup plus élevé.

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D.PREVENTION S/ Direction de la Santé au Travail

IPA

S/ Direction Hygiène Hospitalière

STRUCTURES SANITAIRES

Les procédures : le manque de formation dans les gestes et les postures de travail induit la non application des techniques gestuelles et de levage des malades et des objets et sont sources de lombalgies d’effort telles que rapportées par les différentes enquêtes (hôpital de Mustapha , Alger) chez les infirmières. Les causes invoquées sont souvent le manque de temps, le manque d’effectifs et le manque d’information. L’évolution des procédures et des pratiques comme dans la cœlioscopie, n’en fait pas diminuer les risques infectieux puisqu’ils existent non seulement en per-opératoire , mais aussi en post-opératoire ; et l’adaptation des procédures de stérilisation du matériel, en termes de régulation, entraîne l’application d’autres techniques que le classique « trempage » dans une solution désinfectante.

CNMT

CN H H

CHS

CLIN

SEM E P

SMT

Il est créé au sein du ministère de la santé un comité national d’hygiène hospitalière dont le siège se trouve à l’institut national de santé publique, ainsi qu’un comité national de médecine du travail. La direction de la prévention définit la politique et les stratégies de prévention à mettre en œuvre dans les différentes structures sanitaires, au sein desquelles, il est mis en place la commission d’hygiène et de sécurité, le comité de lutte contre les infections nosocomiales à côté de structures classiques de prévention comme le service de médecine du travail et le service d’épidémiologie.

-66-


La commission d’hygiène et de sécurité, cadre réglementaire où se discute l’ensemble des questions liées à l’hygiène hospitalière et aux conditions de travail en général, a été installée dans la plupart des structures depuis plus d’un an, mais elle reste souvent inopérante par manque de conviction et de dynamisme de la part des directions des structures Le comité de lutte contre les infections nosocomiales n’assume pas les missions qui lui sont confiées et ceci pour différentes raisons. Sa place dans l’organigramme de la structure est souvent anachronique, rattaché au département des activités sanitaires dans certains établissements. Il est complètement inexistant dans d’autres. L’absence du médecin du travail au sein de ce comité est une anomalie par rapport aux missions préventives qui sont les siennes et par rapport au rôle prépondérant qu’il tient en matière de conseil technique (veille, alerte…). L’absence de définition des responsabilités pour chacun des membres, l’inexistence de programme d’actions dans la plupart des établissements, la non disponibilité de moyens alloués, ainsi que l’absence de mécanismes de motivation et de compensation pour les membres, pourrait expliquer l’insuffisance de fonctionnement de ce comité.

Conclusion Le but à atteindre est celui d’une prise en charge optimale des malades par une pratique la plus sobre possible. L’évaluation de l’organisation de travail s’impose régulièrement du fait des innovations rapides afin de maîtriser son évolution et de l’adapter à l’homme.

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Bibliographie Durieux P. Evaluation des soins et assurance qualité à l’hôpital. Actualité et dossier en santé publique, Décembre1996 ; 17 ; XLI-XLIII. Gayet, B. La démarche qualité en milieu hospitalier, de l’évolution des pratiques médicales à celle de l’organisation hospitalière. Actualité et dossier en santé publique. Décembre1996 ; 17; XIII-XV. Rocher, M.(INRS), Falcetta, N., Gutierrez, G. (cabinet Ergos) Conduite de projet dans un service de réanimation, travail et sécurité, mai 1998 ; 572 ; 18-35. Loi n°83.03 du 05.02.1983 relative à la protection de l’environnement. Décret n° 84.378 du 15.12.1984 fixant les conditions de nettoiement, d’enlèvement et de traitement des déchets solides urbains. Arrêté n°94/MSP/ du 4 juin 1989,portant création du Comité National de Médecine de Travail. Décret exécutif n°93.165 du 10.07.1993 réglementant les émissions atmosphériques de fumées, gaz et poussières, odeurs et particules solides des installations fixes. Décret exécutif n°93.183 du 27.07.1993,définissant les missions de l’inspection régionale de l’environnement et les modalités d’organisation et de fonctionnement. Instruction technique n°398 du 02/09/1995 relative à la gestion des déchets hospitaliers. Arrêté n°12 du 28/03/1998 portant création du Comité National d’Hygiène Hospitalière. Arrêté n°64 /MSP/du 07/11/1998 portant création du Comité de lutte contre les infections nosocomiales au niveau des Etablissements de santé. Instruction n°16/MSP/du 20/10/2001 relative à la prévention, la lutte et l’éradication des infections liées à la pratique médicale. Instruction n°10/MSP/du 06 mai commissions d’hygiène et de sécurité.

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2002

relative

aux


FORUM MEDICAL

Le risque technologique: cas du GNL Skikda Revue de presse (L’explosion du complexe GNL de Skikda du 19/01/2004 vue par la presse algérienne) Hadjila N., Rezgui F., Gueroui S., Nezzal Am. Service de Médecine du Travail, CHU Annaba

Le complexe GNL Skikda a subi une explosion en date du 19 janvier 2004. Ce pôle industriel est classé au même titre que toute l’industrie pétrochimique à risque technologique majeur. Il semble contributif d’en restituer une certaine perception médiatique à travers la synthèse d’un panel de journaux nationaux francophones du 21 au 28 janvier 2004 et deux entrefilets en date des 17 et 18 février 2004. Remarquons d’emblée que le blanc du 20 janvier 2004 est probablement dû au bouclage des journaux avant que soit connue la catastrophe de skikda.

1. Screening : J +2 (Le 21 /01/2004) : LE MATIN: - Le premier bilan provisoire : 27 morts, 74 blessés, dont 5 dans un état critique. - Les premières informations divulguées par la direction générale de SONATRACH : l’accident a été provoqué par l’explosion de la chaudière de l’unité 40, et par la suite l’incident a touché les unités 20 et 30. - Le Président de la république a mis en place une commission d’enquête, et ordonne la prise en charge des victimes tout en rassurant les algériens sur l’alimentation en gaz. - le ministre de l’énergie et des mines, sur les lieux du drame, a rassuré les clients étrangers et a déclaré que le port d’Arzew va optimaliser sa production pour combler le déficit. Il a animé une conférence de presse quelques heures après le drame. Notons que le ministre est un ancien PDG de cette entreprise. Il a reconnu l’incapacité de l’unité 40 à fonctionner à 100 %. La remise en état du complexe prendra 2 à 3 ans. -Mr Lakhdar Badreddine, Secrétaire Général de la Fédération des pétroliers ( affilié à l’UGTA) est Tiré à part : Hadjila N., Service de médecine du travail CHU Annaba

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pour la création d'une commission d’enquête. Il affirme que les responsables seront sanctionnés préconisant le recours à la justice. - Rapportons plusieurs témoignages des responsables de la maintenance et de la sécurité : l’unité 40 nécessitait depuis 1978 (date de la dernière révision américaine) des interventions parfois lourdes, surtout au niveau des boîtes froides ( échangeurs cryogéniques qui présentaient d’importantes fuites de gaz). -Plusieurs rapports sur l’état défectueux des installations de l’unité 40 ont été censurés. -Plusieurs processus sont utilisés alors que normalement un seul devrait l'être: liquéfier le gaz naturel en diminuant son volume de 3600 fois pour faciliter son transport par bateaux méthaniers. -Un entretien avec Mr B. K, ancien directeur du complexe, rapporte la cause de cette catastrophe à la mauvaise gestion, et au fait de redémarrer l’unité 40 qui était en arrêt technique pour des considérations purement politiques. - Les répercussions de la catastrophe : Le complexe assurait 20% de la production globale du pays, soit la moitié des exportations et la moitié des recettes. Déjà sa capacité qui est normalement de 8 milliards/an était réduite à 6 milliards/an. Les prix du gaz sur le marché international vont augmenter Même les habitants à la périphérie de la plateforme des hydrocarbures ont été touchés et réclamaient une prise en charge. -68-


-Il est rapporté la réaction des partis politiques qui animent la scène nationale. LIBERTE : Le Président de indemnités pour plus il a déclaré jours d’autonomie gaz en stock.

la république a promis des les familles des victimes. De qu’on pouvait aller jusqu'à 20 grâce aux 10 000 tonnes de

LE QUOTIDIEN D’ORAN : - Bilan provisoire : 27 morts et 72 blessés. - Des témoignages de certains travailleurs qui manifestent leur colère: • Il fallait plus de vigilance, notamment après plusieurs incidents de ce genre qui ont eu lieu au complexe d’Arzew. • Les travailleurs réclamaient soit une rénovation des équipements qui ont été usés par le temps (depuis 1970), soit des équipements conformes aux nouvelles technologies. - Suite au choc traumatisant que les travailleurs du complexe d’Arzew ont subi, une minute de silence à la mémoire des victimes a été faite. - La compagnie d’assurance, la CAAT, a mis en place une cellule de crise sur les lieux du drame, à laquelle sera rajoutée incessamment une équipe d’experts internationaux. Sur le plan des assurances, TRUST ALGERIA, la CAAT, et CASH couvrent l’essentiel des facettes du risque technologique. EL WATAN : - Un bilan des dégâts humains et matériels : perte de un milliard de Dollars. - la Fédération des pétroliers insiste sur la vigilance, ainsi que l’urgence d’apporter des correctifs aux normes de gestion actuelles pour la sauvegarde des vies humaines et des installations de production du groupe. L’EST REPUBLICAIN : - Bilan des victimes : 9 morts, 85 blessés, et des centaines de disparus. - Une réunion des pays exportateurs de pétrole est prévue pour le 10/02/2004 en Algérie. - Le prix officiel du panier de l’OPEP, moyenne de 7 bruts mondiaux, s’est établi à plus de 30 USD. -Solidarité agissante à Annaba et à travers tout le pays : protection civile, hôpitaux de Annaba.

J+3 (Le 22/01/2004): LIBERTE : Trois jours après le drame , Liberté s’intéresse à un aspect très important de la question, où il a fait découvrir aux lecteurs qu’un rapport alarmant a JMT – Le Journal de la Médecine du travail. N° 07-2004

été adressé à la tutelle 48 heures avant la catastrophe. En se basant sur des révélations de l’inspecteur des installations métallurgiques de l’unité 40, qui disait qu’ « il y a risque réel sur les vies humaines », Liberté qualifie d’ « avertissement » ce rapport qui, comme tous les précédents, est resté « lettre morte » .Puis, il fait un portrait de cet inspecteur d’origine tunisienne qui au terme de 27 ans de lutte vaine contre la culture du chaos semble ne plus avoir toute sa raison. Mais la caste des patrons , issue des installations de raffinage et de liquéfaction du gaz, ne supportant plus ses mises en garde contre la sur-exploitation des installations et utilités, il aurait été menacé plusieurs fois , selon Liberté , d’être renvoyé chez lui en Tunisie, au motif qu' « il gêne, il dérange ». L’interlocuteur du journal revient dans une explication très technique sur un problème de chaudière qui a explosé sans en déterminer cependant les causes. Le journaliste rappelle ensuite la difficulté d’établir un bilan précis des victimes qui fluctue d’une source à une autre . Quant aux dégâts matériels, Liberté qualifie l’unité, complètement détruite, de « cimetière ferreux ». Ces révélations sont « graves, terribles » ; officiellement l’unité 40 est à l’arrêt ! Ses installations devaient faire l’objet d’une rénovation mais sans aucune suite concrète depuis 1997. « Les responsables de la production ont tout bonnement décidé de supprimer les voyants de la sécurité au niveau de la chaudière » , « les services de maintenance la rafistolaient avec de la tôle » témoigne un technicien de l’unité , où « des flammes s’échappaient des parois de la chaudière » Dans deux autres articles du même journal, on a restitué le point de vue des responsables, qui selon l’auteur « s’en lavent les mains », « l’explosion n’est dans aucun cas le résultat d’un laisser-aller ». Dans l’autre article, Liberté révèle que « si l’unité 10 avait été fonctionnelle, toute la ville de Skikda aurait été soufflée sur un rayon d’au moins 40 Km » selon un agent de l’usine. LE QUOTIDIEN D’ORAN : Le même jour , et dans sa page L’ « Actualité autrement vue », publie deux articles ; Le premier s’intitule : « Les présomptions de manipulation » où l’auteur parle de l’aspect de l’instrumentation de toute catastrophe à des fins de politique politicienne. « Skikda n’est pas une fatalité » s’intitulait le deuxième article. En commençant par une interrogation « Comment éviter de nouveaux drames », l’auteur dit que Skikda est d’abord un drame humain mais aussi un énorme « gâchis économique » provoqué par un système de gestion dépassé, incapable de se régénérer.

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Il affirme que l’erreur n’est pas uniquement le fait des gestionnaires du site de Skikda mais de tout un système qui a érigé l’incompétence, la docilité et l’allégeance en critères de sélection dominants pour accéder aux postes de responsabilité. On parle de fuites, de dérèglements, de nécessité de réaliser le complexe pour des raisons politiques; on exhorte qui de droit à lire tous les rapports sur la maintenance, vérifier les opérations d’entretien, établir qui était le responsable de quoi: on se rendra alors compte qu’il y a eu une série de dysfonctionnements si habituels dans les systèmes algériens qu’ils sont devenus la règle. L’auteur retrouve une grande similitude entre ce drame et d’autres affaires allant jusqu’à dresser le parallèle avec le tremblement de terre du 21 Mai de Boumerdès. Le point commun, d’après lui, reste le non respect de normes ; cela ne signifie pas que tout drame peut être évité mais qu'on peut en atténuer largement les effets. Un spécialiste en risques industriels affirme qu’il devait y avoir des mécanismes pour que ce complexe s’arrête automatiquement en cas de défaillance, la conception de ce genre de site imposant ces règles. Pourquoi ces mécanismes de prévention n’ont- il pas fonctionné à Boumerdès, ou à Skikda. Le Quotidien d’Oran dans sa page « Evénement » commet trois autres articles . Le plus long s’intéresse à la facture de reconstitution des unités détruites qui est estimée par le PDG de la SONATRACH à 800 millions de dollars et publie ainsi sa déclaration à la radio chaîne 3 où il révèle que la production reprendra après les « vérifications d’usage ». Il affirme que pour couvrir nos commandes et répondre à la demande de nos clients, on doit augmenter les capacités de production du complexe d’ARZEW . Dans le deuxième article : le Quotidien d’Oran s’intéresse de nouveau au bilan des victimes de ce drame. Ainsi « le nombre de décès est revu à la baisse » , l’hôpital de Skikda affirmant que le bilan des personnes décédées est de 22 , alors que le ministre de la santé avait annoncé la veille que le bilan se chiffrait à 27 morts . Dans un autre article intitulé « procès Skikdaien » , l’auteur parle de la mauvaise gestion de façon générale dans notre pays en concluant que lorsqu’il y a trop de vacarme , personne ne peut distinguer le bruit malveillant d’une fuite de gaz dans la maison et manie avec plus ou moins de bonheur un certain humour. EL WATAN : Le journal cherche « le coupable », et commence par faire une description détaillée du complexe sinistré en rapportant les témoignages des familles des victimes et disparus qui comptent se constituer en association pour que « toute la lumière soit faite ». JMT – Le Journal de la Médecine du travail. N° 07-2004

D’autre part EL WATAN publie un entretien avec Mr. LAKHDAR Badreddine, Secrétaire Général de la Fédération des pétroliers de l’Union Générale des Travailleurs Algériens qui s’attend à un bilan plus lourd après la catastrophe. Concernant les nombreux rapports sur les risques d’accidents transmis par les travailleurs, le Secrétaire Général répond que le risque zéro n’existe pas et continue en disant que l’unité 40 n’était pas vétuste dans la mesure où elle a subi de nombreuses opérations de rénovation et qu’il n’a jamais eu connaissance des rapports en question. « Les responsabilités sont très difficiles à situer à l’heure actuelle » dit le Secrétaire général. Il révèle qu’une commission technique indépendante composée de spécialistes nationaux et étrangers qui va expertiser cet accident ; ceci en plus des compagnies d’assurance et de réassurance. Selon les responsables de la sécurité à Skikda, les unités classées à risque étaient celles de pétrochimie et la raffinerie et non celle du GNL. Il affirme que si l’on découvre qu’un Comité d’Hygiène et de Sécurité a fait un rapport sur une quelconque défaillance et qu’il n’a pas été suivi, des mesures seront prises. Le Secrétaire Général infirme que les consignes de sécurité, notamment la présence des issues de secours, n’étaient pas respectées, de même que les révélations qui disent que l’unité 40 n’a pas été rénovée depuis sa réalisation il y a plus de 30 ans. Il finit par rassurer les travailleurs en ce qui concerne leur sort après la catastrophe. Deux anciens patrons de la SONATRACH s’expriment dans un troisième article et demandent qu’il y ait une reconstitution de l’ensemble des données; ils insistent sur le revamping ( La réhabilitation ) qui permet de donner un nouveau cycle de vie à l’unité.

J + 5 (Le 24/01/2004): LE QUOTIDIEN D’ORAN : Il annonce que le chargement de pétrole a repris au port de Skikda, selon les déclarations de CHAKIB KHELIL, après l’arrêt suite à l’explosion de 3 unités parmi les 6 du complexe GPL de Skikda. Quant à la centrale électrique située dans le site , il a précisé qu’une première unité d’une capacité de 130 Mw va reprendre rapidement. EL WATAN : Dans sa page d’actualité, il parle de la reconstitution des unités détruites promise par le vice-président de SONATRACH qui a tenu à garantir une prise en charge sociale du sinistre. Il confirme également que des actions ont déjà été engagées pour remettre en marche les fonctions vitales des unités épargnées. -70-


Concernant les dégâts , le vice-président affirme que ce qui s'est passé n’est pas une catastrophe économique. Il se contente de mentionner qu’il est impossible de déterminer l’origine et encore difficile de délimiter les causes du sinistre. Dans un autre article , EL WATAN parle des dégâts à la centrale thermique et la raffinerie de Skikda qui sont à l’arrêt depuis la nuit de l’explosion. Il affirme que la centrale thermique, située à moins de 500 m du lieu de l’explosion, a subi beaucoup de dégâts suite à l’onde de choc. La raffinerie a été contrainte à l’interruption momentanée de la production ; selon les termes de son directeur, « elle a subi les effets directs du sinistre », « cet arrêt devra servir à titre préventif d' opérer plusieurs opérations d’inspection qui toucheront l’ensemble des installations de la raffinerie" . EL WATAN annonce dans un autre article que le bilan est de 26 personnes décédées selon le centre hospitalier de Skikda et dans un quatrième article , il s’intéresse plutôt à l’aspect d’aide financière aux familles des victimes , et précise qu’on a décidé d’attribuer 700 000 DA aux ayants droit des personnes décédées , ainsi que d’autres mesures en faveur des familles des sinistrées , hospitalisées et l’ensemble des agents de SONATRACH . L’assistance psychologique a été également abordée par ce journal dans l’un de ses articles pour le soutien aux travailleurs du GNL et leurs familles. Un dernier article stipule que le ministre de l’énergie rassure ses partenaires , et révèle que l’approvisionnement se fera à partir de la mise en service de la station de compression de gaz de Méchréa. LIBERTE : Il publie un entretien avec un agent de sécurité de 33 ans qui se trouvait à 40 m seulement de l’unité 40 . Ce rescapé raconte avec beaucoup de douleur , les circonstances du drame , et révèle que « tout le monde savait que ça finirait par arriver». Il y avait trois explosions : la première n’était pas importante, puis une seconde détonation suivie d’une troisième sourde et fatale et ceci en moins de 4 minutes. Il finit par accuser les responsables et qualifie le drame de « crime » et « que tous les responsables doivent payer ». Dans un autre article, Liberté annonce que les familles des victimes vont porter plainte contre la direction du complexe GNL et constituer une association des familles de victimes de ce drame . Un dernier article aborde un aspect des dommages collatéraux en mentionnant les dégâts à Hai El amel où les gourbis ont été soufflés par l’explosion, et fait un entretien avec les sinistrés.

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L’EXPRESSION : Quatre jours après le drame, il annonce que la production de GNL reprend dans 3 semaines et ceci selon le ministre de l’énergie et des mines. J + 9 (Le 28/01/2004): EL WATAN: Il parle de la prévention et se pose la question : « quelle prévention pour les travailleurs ?».Les défaillance dans le système de prévention, notamment les portes de secours et simulations qui ne s’intéressaient qu’à la sécurité des installations en excluant les personnels, sont des aspects qui ont été révélés par les travailleurs du complexe eux-mêmes . Dans un autre article, EL WATAN annonce que l’explosion du GL1K n’était pas le premier accident; les incidents relevés en général au niveau des plus anciennes unités sont souvent dus, selon les travailleurs, à l’absence d’une politique de rénovation. On a noté pas moins de 5 incidents plus ou moins graves ; le plus important au début des années 80 après une fuite massive du chlore à l’état gazeux. En outre, EL WATAN s’intéresse à un autre aspect , « le deuil dans l’humilité » , où l’auteur décrit le grand esprit de solidarité entre les familles, et rapporte des témoignages des proches des victimes de ce drame. Dans un autre article, EL WATAN revient sur les conditions d’intervention durant la nuit de l’explosion du GL1K et sur l’aspect sécuritaire de la zone pétrochimique et ceci sous le titre suivant « un sinistre hors norme ».

J+ 28 (le 17/02/2004): EL WATAN: Il annonce le décès de la vingt septième victime de la catastrophe qui a eu lieu au centre des grands brûlés à Marseille.

J+ 29 (le 18/02/2004): LE QUOTIDIEN D’ORAN : Le ministre de l'énergie et des mines nous communique les résultats préliminaires de l'enquête en cours sur l'incendie de l'unité 40: une fuite de gaz échappé d'un pipe est incriminée.

2. Essai de synthèse : Nous identifions trois moments principaux qui s’inscrivent dans un continuum événementiel donnant sens au mouvement brownien de la sarabande factuelle que chacun accaparait et -71-


orientait au gré de ses humeurs, ses opinions et connaissances, ou bien plus prosaïquement de ses intérêts:

potentielles. On remet l’accent très fortement sur les nécessaires démarches et programmes de prévention.

Le premier temps :

3. Conclusion:

L' accent est mis sur l’émotion, sur la mise en route des mécanismes de solidarité intra et inter entreprises et à travers tout le pays. Le discours politique tente de récupérer l’évènement voire d’en reformuler certains aspects. Le verbe revendicatif est le fait des ouvriers, de leurs familles, de certains techniciens et des représentants syndicaux. Mais la résonance subjective est très prononcée. Le deuxième temps : Même en simples termes d’heures, la distanciation opère. Plus l’accident s’éloigne dans le temps, plus la revendication revêt l’aspect technique : nécessité d’une commission d’enquête, recherches étiologiques diverses , affirmations des prises en charge des dégâts directs et collatéraux.

Au regard de l'importance de l'événement et des objectifs traditionnellement poursuivis par les professionnels de la communication, la stratégie adoptée pèche par des carences inexplicables et souvent contre-productives. En effet les changements attendus en termes d'attitudes et de comportements n'ont pas ou peu été induits, parasités en cela et fortement par l'accompagnement privilégié de l'émotionnel. Le temps est venu de donner la parole aux analystes, ergonomes, hygiénistes industriels, préposés et spécialistes de la sécurité, spécialistes en risques industriels et technologiques, préventionnistes. Ils prendront acte du sinistre et rendront des copies scientifiques pour que l'explosion du GNL Skikda ait valeur formative universelle et marque les consciences et les actions collectives à l'instar des catastrophes de Three Miles Island, Sévéso, Tchernobyl, Bhopal et autres.

Le troisième temps : On pèse le risque technologique à l’aune des dépenses induites et des conséquences

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PEDAGOGIE

"Quelques principes de conception et d'utilisation d'un support audiovisuel" Gueroui S.,. Service de Médecine du Travail, CHU Annaba

Le choix du support audiovisuel comme le rétroprojecteur est conditionné par des caractéristiques spécifiques et des contraintes. Nous les résumerons en 7 points: 1- Alternance clarté - obscurité: en salle de cours, l'obscurité ne permet pas aux étudiants de prendre des notes et l'effet de fatigue est accru. C'est pour cela que le rétroprojecteur est conçu pour assurer une projection avec l'éclairage habituel des amphithéâtres. 2- La dimension audiovisuelle renforce la mémorisation mais le transparent portant une information prédigérée permet passablement une pédagogie inductive. 3- L'information ne doit pas être persistante (si elle devait l'être, il faut opter pour un autre support, type le paper board) car le rétroprojecteur est pérenne et cette information est destinée à en disparaître. 4- L'élaboration du message rejoint la conception. Deux grands principes sont à respecter: a/- le document doit permettre une décomposition de l'information, élément par élément b/- un document doit visualiser le maximum d'informations (utiliser des schémas, graphiques, dessins, etc.) Il en découle 3 applications pratiques: a/penser document "projeté" et non "lu" b/- ne pas dépasser 20 mots ou 6 lignes pour que le transparent reste clair et visuel c/- ne faire apparaître à l'écran qu'une seule information à la fois. 5- Utilisation de l'espace: dans certains cas, si on veut dynamiser un discours, on sollicitera un autre support situé à un autre endroit de la salle; ces exercices modifient un discours trop linéaire par le simple truchement des déplacements corporels de l'animateur. L'élément de dynamique est encore plus probant dans le cas de 2 animateurs ayant chacun son propre espace.

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6- Rupture dans le discours: elle est d'abord liée à l'utilisation de l'espace; elle est aussi le fait des pauses obligées dans le discours au moment où l'on retire le premier transparent pour placer le second sur la plage éclairée du rétroprojecteur. 7- Facteur d'attention: l'effet de la lumière focalise l'attention des participants; il en résulte que si l'on n'a pas besoin du rétroprojecteur, il vaut mieux l'éteindre pour recentrer l'intérêt sur le présentateur et non sur l'écran lumineux. L'effort d'accommodation par passage répété de la zone éclairée à la zone sombre induit une fatigue: penser à ne jamais excéder 45 minutes de projection (le meilleur temps conseillé est de 20 minutes).

Conception des transparents Il faut rester attentif à quelques règles générales découlant des contraintes et de l'utilisation de ce média. Contraintes: 1- Focalisation: l'attention est spécialement éveillée mais peut entraîner de la fatigue (éclairage, conception spécifique). 2- Fatigue due à l'éclairage: l'accommodation visuelle est fréquente. 3- Conception spécifique: il s'agit de concevoir le transparent pour être un transparent et ne pas photocopier par exemple une page de livre ( où trop d'informations contredisent les principes de base de ce média). 4- La redondance écrit - oral est à favoriser. Ne pas oublier que le choix des idées-clés est fait par le concepteur du transparent et qu'il faut alors ménager des espaces où le formé puisse noter ces mêmes idées-clés mais également ses propres remarques et annotations. Rappelons ici que des problèmes de métacommunication sont à gérer par l'animateur. Il convient au minimum de respecter certaines normes de fonctionnement du groupe, surtout en formation initiale: par exemple, celui qui prend la parole en premier est mal vu du -73-


groupe; il va alors vouloir réintégrer le groupe en se taisant même s'il possède la réponse à la question posée. Autre exemple, en formation d'adulte, on a tendance à prendre la parole après le "chef"; quand on formule une question, il n'est pas opportun de s'adresser à quelqu'un en particulier. Quand il faut s'appuyer sur des formés "relais", il faut craindre le phénomène de "l'éblouissement" des autres apprenants et le gérer correctement. Le formateur par rapport au tuteur (accompagnateur) conserve la dimension d'efficacité. Dans la synthèse, il ne faut pas reprendre les représentations car ceci peut induire un problème de cristallisation. Il faut éviter d'utiliser des termes polysémiques. Il faut manager vers l'interactivité les effets d'alliance dans la discussion par apprentissage. Et enfin, il faut aller de l'empirique vers le conceptuel dans le processus d'apprentissage.

Lisibilité: 1synthèse du message: préférer le style publicitaire; bien travailler la formulation des idées-clés. 2Grosseur des caractères: elle doit être d'au moins 18 points dans les polices de caractères. 3Hiérarchisation des idées et grosseur des polices de caractères: maintenir une différence entre grosseur des caractères des titres, soustitres et corps du texte. 4Polices de caractères écrasées: avec cette police, même si la moitié d'une ligne est

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cachée, on peut deviner mieux les mots, contrairement à la police de caractères en bâtons.

Principes 1Analogie du sens et des couleurs: les couleurs ont une connotation sociale; exemple: le vert indique que c'est permis, le rouge est un interdit. Si vous optez pour une couleur donnée pour un sous-titre, les autres doivent garder la même option. 2Lecture guidée: il convient de guider la lecture de l'étudiant au moment où il découvre le document. Car si toutes les informations sont livrées en même temps, le formateur n'est plus maître de cette information; précisons cependant que certains auditoires préfèrent cette dernière modalité. 3Il est possible de réaliser des constructions intéressantes en mettant des transparents superposés. 4Votre document doit être aussi aéré qu'il convient. 5Position face au public: pour être face au groupe, il faut montrer l'information sur le document et non sur l'écran, veiller à ne pas masquer la projection de son propre corps ou de sa main, lire sur le transparent. Il s'agit de ne pas donner d'autres informations verbales en dehors de celles qui ont un rapport avec le document. 6Donner aux apprenants dès que possible un document analogue à celui qui a servi lors de la projection.

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Organes de la Société Algérienne de la Médecine du Travail (SAMT)

Bureau de la SAMT Président :

Pr. NEZZAL Abdelmalek – CHU Annaba Secrétaire général :

Pr. REZKALLAH Baghdad – CHU Oran Secrétaire général adjoint, Chargé de la revue JMT:

Pr. GUEROUI Said – CHU Annaba Trésorier :

Dr. BENAISSA – Sidi Bel Abbes Trésorier adjoint :

Dr BABZIZ Hadj Salah – CMT Ouargla Vice-Présidents :

1e VP : Dr SELLAM Kamel – secteur sanitaire Rouiba 2e VP : Dr BRIXI GORMAT Abderrazek – CHU Tlemcen 3e VP : Dr. AISSAT Zahia – secteur sanitaire Bejaia

Secrétariat de la Société Algérienne

de Médecine du Travail Service de Médecine du Travail

CHU Annaba Tél. : (213-038)86.32.18 Fax : (213-038)86.56.86 Email : samt@hotmail.com

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La Société Algérienne de Médecine du Travail organise les

XIVèmes Journées Nationales Annaba les 30 Novembre , 1 et 2 Décembre 2004

Autour des thèmes :

Psychodynamique Risque infectieux Audition et travail Vision et travail Alimentation et travail Le métier de médecin du travail

Secrétariat : NEZZAL Abdelaziz Service de Médecine du Travail BP 356 RP Annaba 23000 Tel/Fax 038 86 32 18 Email : amnezzal@hotmail.com

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Annonces Congrès internationaux 1er semestre 2004 Colloque médical du Ministère des Affaires Etrangères : "AUTOUR de la Caspienne" Le 12 fév. 2004 Coût : 150 euros incluant le déjeuner + CD ROM des fiches sanitaires des pays "Autour de la Caspienne". Lieu : Centre de Conférences Internationales de l'Avenue Kléber - 5, avenue des Portugais - 75116 Paris Pathologie professionnelle - déplacements professionnels internationaux, risques professionnels, expatriation, pathologie infectieuse, fièvre hémorragique, flavivirose, caucase Contact: cimed@mfe.org Contact: Fax : 01 43 17 73 01 Détail: caspienne2004.pdf

L'épaule rhumatologique et chirurgicale ; aptitude, réadaptation et maintien au poste Le 01 mars 2004 Lieu : Nancy pathologie professionnelle, rhumatologie, pathologie de l’épaule, troubles musculo-squelettiques, maintien au poste, aptitude Contact: Ch.COLLOMB@wanadoo.fr Institut de Médecine et de Santé au Travail de Lorraine - IMSTL

Colloque à Toulouse Du 18 au 19 mars 2004 2 journées sur le thème : " La démarche du médecin en santé au travail devant le risque chimique; Avec quels outils : Fiche de Données de Sécurité, etc..." Lieu : Toulouse pratiques, toxicologie, réglementation Détail: http://perso.wanadoo.fr/christian.crouzet/smpmp/html-SMT/fds18-19mars04.html

Ergonoma/Confoseat Du 07 au 09 avril 2004 6 séminaires d’information et de formation : - 7 avril 2004 : * L’ergonomie du produit * Aider l’acheteur dans ses choix grâce à l’analyse du travail réél - 8 avril 2004 : * Eviter les troubles musculo-squelettiques? (causes et prévention) * L’ergonomie dans les grands groupes industriels européens(méthodes, application, implications) - 9 avril 2004 : * Réduire le stress au travail? Comment ? * Ergonomie et architecture : penser à l’utilisateur final. Lieu : Bruxelles ergonomie, troubles musculo-squelettiques Détail: http://www.confoseat.com/ergonoma2004presentationfr.pdf

T r a va i l l e r a p r è s 5 0 a n s Du 08 au 09 avril 2004 Lieu : La Rochelle Détail: http://perso.wanadoo.fr/smthieo/larochelle.htm Société Médecine du Travail d'Hygiène Industrielle et d'Ergonomie de l'Ouest - SMTHIEO

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L e s ma r d i s d e F e r n a n d W i d a l e t R é u n i o n s M E T R A N E P Le 27 avril 2004 Pathologie professionnelles dues aux aldéhydes et leur prévention. A. Bazire et D. Chataigner – Consultation de pathologie professionnelle et Centre antipoison – Hôpital Fernand Widal Lieu : 18h - Hôpital Fernand Widal, Paris Pathologie professionnelle - exposition aux aldéhydes Contact: patrick.varaillac@fnac.net Société de Médecine du Travail du Nord de l'Ile de France - METRANEP

Les mardis de Fernand Widal et Réunions METRANEP Le 25 mai 2004 Etude de l’exposition et prévention des risques liés à la manipulation des médicaments cytostatiques Hervé Sajeot – Service de prévention des risques professionnels – CRAMIF Lieu : 18h - Hôpital Fernand Widal, Paris Pathologie professionnelle - risque professionnel, personnel soignant, exposition aux cytostatiques Contact: patrick.varaillac@fnac.net Société de Médecine du Travail du Nord de l'Ile de France - METRANEP

Aptitude à la conduite et postes de sécurité Le 01 juin 2004 Lieu : Nancy aptitude, pratiques professionnelles, poste de sécurité, conduite automobile Contact: Ch.COLLOMB@wanadoo.fr Institut de Médecine et de Santé au Travail de Lorraine - IMSTL

2 8 è m e C o n g r è s n a t i o n a l d e m é d e c i n e e t s a n t é a u t r a va i l : " D e l ' a c t u a l i t é d e s p r o f e s s i o n n e l s à l ' i n n o va t i o n e n s a n t é a u t r a va i l " Du 08 au 11 juin 2004 Organisé par La Société de Médecine du Travail d’Aquitaine avec Le Centre Hospitalier Universitaire de Bordeaux et L’Université Victor Segalen Bordeaux 2. Le congrès national de Bordeaux abordera les thèmes suivants en 4 grandes sessions thématiques : * Santé mentale et travail * Maintien dans l’emploi et états de santé * Formes particulières de travail * Evaluation des risques : différentes approches Lieu : Bordeaux santé mentale, maintien dans l'emploi, évaluation des risques Contact: Congress Rive Droite - 47 cours Le Rouzic - 33100 Bordeaux Détail: http://www.medecine-sante-travail.com/

L e s ma r d i s d e F e r n a n d W i d a l e t R é u n i o n s M E T R A N E P Le 29 juin 2004 Actualité du saturnisme professionnel ou Risques liés à l’exposition au n-hexane dans les garages. Consultation de pathologie professionnelle – Hôpital Fernand Widal Lieu : 18h - Hôpital Fernand Widal, Paris Pathologie professionnelle - risque professionnel, salariés des garages, exposition au plomb, exposition au n-hexane Contact: patrick.varaillac@fnac.net Société de Médecine du Travail du Nord de l'Ile de France - METRANEP

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TARIF DES ABONNEMENTS 1 AN (03 NUMEROS) /500,00 DA (Frais d’envoi inclus) N.B. TRANSMETTRE UNE COPIE DU CHEQUE OU DU RECEPISSE DU MANDAT AU SECRETARIAT DE LA S.A.M.T. SERVICE DE MEDECINE DU TRAVAIL C.H.U. ANNABA Hôpital Ibn Sina ANNABA 23.000

Je joins à ce bulletin d’abonnement un: CHEQUE BANCAIRE CHEQUE POSTAL MANDAT Adressé à l’ordre de : LA SOCIETE ALGERIENNE DE MEDECINE DU TRAVAIL (SAMT) N° COMPTE BANCAIRE : BEA N° 6550—0—46 C

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BULLETIN D’ ABONNEMENT Du 01/01 au 31/12 (à découper et nous renvoyer)

NOM : ……………………………………………………………. PRENOM : ………………………………………………………. ADRESSE COMPLETE : …………………………………………………………………………………………………….…… ……………………………………………………………………………………………….………… ………………………………………………………………………………………………………… Déclare souscrire ………………………………………………………………………………………………………… ABONNEMENT (S) NOUVEAU (X)

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