La maison individuelle

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La maison individuelle Casse-tête de la planification urbaine

Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Lyon Antoine SEGALOV, Mémoire de 3

ème

Année

Sous la direction de M. Guy MIRAMAND


Pour Océane, qui commence à comprendre ce monde,

Antoine SEGALOV

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Mai 2008

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Introduction_ La

croissance du marché des constructeurs de maisons individuelles révèle dans son sillage un phénomène de société important : les Français, comme de nombreux occidentaux, veulent accéder à la propriété, et dans un pourcentage très élevé, il s’agit d’une maison individuelle, d’un pavillon. Dans ces programmes, on constate que les maîtres d’ouvrages se tournent vers des constructeurs à défauts d’envisager le recours à un architecte, et que les élus des zones rurales ou périurbaines ne sont pas assez engagés face aux conséquences néfastes de cette prolifération. Cette étude s’attache donc à questionner ce modèle en expansion, pour comprendre quelles seraient les pistes pour rééquilibrer la consommation de territoires artificialisés. L’approche historique de l’Habiter montre que nos modes d’habitats évoluent en fonction du développement de notre société, cette dernière étant en pleine mutation depuis deux décennies. L’évolution des modes de vie [les transports, le travail, la famille ] ainsi qu’une spéculation immobilière en centre ville favorable aux classes les plus aisées amènent un nombre croissant de personnes à fuir la ville pour gagner , difficilement, la ‘’campagne’’.

Les programmes d’habitats intermédiaires en zones périurbaines sont l’occasion de rendre compte du rôle bénéfique de l’architecte dans la conception de ces nouveaux espaces de vie. Cependant, dans de très nombreuses communes, l’aménagement des surfaces vierges dépend encore trop des intérêts à court terme des aménageurs privés. Malgré un changement progressif des mentalités, ce sont bien ces-derniers qui par une approche de masse et grâce notamment à la loi sur la dispense d’architecte sur les constructions de moins de 170m², participent de ce qu’on appel aujourd’hui le mitage, avec comme premier impact le déni de la notion de paysage, et en second des modes de constructions encore loin d’être écologiques.

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L’augmentation

plus importante des superficies artificialisées (au détriment des surfaces agricoles) par rapport à la croissance de la population permet de tirer des conclusions certaines : Si l’on ajoute aux surfaces bâties individuelles les surfaces infrastructurelles, commerciales ou industrielles, notre appétit de foncier risque de faire glisser la France sur le modèle américain dont on connaît maintenant les conséquences : un étalement urbain gigantesque, l’Urban sprawl en Anglais. Ce serait d’autant plus dommage que notre époque offre l’avantage de pouvoir comparer plusieurs types de réflexions territoriales, dont quelques exemples étayeront la réflexion. Et quand bien même il est possible de faire une maison durable, saine, économique et rentable, avec l’aide de personnes compétentes, il reste le problème d’implantation et les conséquences de cet étalement urbain. Les élus peuvent-ils agir sur cet impact, avec l’aide d’une politique encourageante, et d’un changement des modes de pensée ?

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Sommaire_ 1_La maison individuelle comme support d’une idéologie utopiste

a_Maison individuelle et étalement urbain : état des lieux…………………………………………………………….p: 3

b_Un marché en expansion : les constructeurs de maisons individuelles…..….....p: 8

c_Le rôle de l’architecture………………………………………………………………………….……….p: 12 2_L’évolution du type à travers un regard territorial: une nécessité

a_Le rôle des élus dans la (re)définition d’un tissu : les politiques de la maison individuelle ……………………..….…….... p: 14

b_ Etude de cas: un projet de lotissement à Saint Andéol le Château (69)…….….………….....p: 24

c_ La prospection: approche au travers d’une analyse prospective dans un village auvergnat : Artonne (63)…………….…p: 27

Conclusion………………………………………………………………………………………..…………..….………p: 36 Bibliographie………………………………………………………………………………………………………….……….p: 38

Annexes…………………………………………………………………………………………………………………………..p: 39 -Etude prospective du village d’Artonne (63)

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1_La maison individuelle comme support d’une idéologie utopiste

a_Maison individuelle et étalement urbain : état des lieux _L’étalement urbain.

L’étalement urbain se produit quand l’urbanisation s’étend à une vitesse plus rapide que la croissance de la population. Dans les pays développés, ce phénomène est largement observé se traduisant par une augmentation de l’espace consommé par habitant. Terres agricoles et bois sont transformés en habitat, en zones commerciales ou industrielles et en infrastructures de transports. En France, l’extension de ces surfaces a ainsi atteint 6900km² entre 1992 et 2004, représentant une augmentation de 20%, alors que la population ne croissait elle, dans le même temps, que de 6%. Le développement des surfaces habitables accompagne le développement des activités, avec pour conséquences la dilatation du tissu historique des grandes villes, l’artificialisation des terres agricoles périphériques, ou l’implantation devenue massive d’habitats individuels lotis sur le territoire de communes adjacentes. En France, 80% des 160 Hectares ‘’ artificialisés’’ chaque jour le sont au détriment de l’agriculture, ce qui ne facilite pas les réseaux de circuits court de distributions agricoles en même temps que cela rend plus difficile l’installation de nouveaux agriculteurs. De plus, la fragmentation du territoire fragilise la faune et la flore, qui sont également les victimes d’une modification de la structure environnementale des paysages : les sols imperméabilisés aggravent par exemple les inondations par ruissellement, en limitant les infiltrations. Si l’on peut observer des bassins de récupération des eaux pluviales proche des grands ensembles

vue aérienne de l’Isle d’Abeau (69)

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logistiques, ce n’est jamais qu’une formalité normative, que l’on ne cherche pas à valoriser. Le reste des surfaces artificialisés telles que les lotissements n’intègrent pas cet élément comme support paysager de leur implantation. L’étude prospective s’attache d’ailleurs à mettre en avant le potentiel de ce type de bassin.

Pour finir, l’étalement urbain contraint les habitants à de fréquents déplacements du domicile vers le lieu de travail et vers les zones commerciales : le transport collectif n’étant pas rentable sur des zones d’habitat dispersé, l’automobile devient la seule alternative.

Si la spéculation des centres villes explique une part de cet attrait pour des zones périphériques, l’idéal de la maison individuelle comme étant ’’ la maison du bonheur’’, dans un environnement non urbain, montre que les Français exigent aussi une certaine forme de quiétude que la ville d’aujourd’hui n’apporte toujours pas. La campagne reste une valeur d’équilibre pour l’épanouissement de la famille. De plus, bien que marginal mais en développement, le travail à domicile peut inciter les gens à se retirer de la ville. On comprend alors que cela façonne une nouvelle façon de vivre au quotidien, et permet notamment de tisser des liens parents-enfants différents. Bien que notre société connaisse des bouleversements relatifs à la cellule familiale, qui connaît des modèles divers, avec notamment des divorces nombreux, la maison individuelle reste le symbole de cette unité, et surtout dans le cas de familles recomposées.

A ce propos, d’après le CREDOC (Centre de Recherche pour l’Etude et l’Observation des Conditions de vie) dans son rapport ‘’la maison individuelle : vision des élus et des Français’’ (juin 2004), la maison individuelle est citée à 77% comme l’habitat idéal des Français. En 2005, la démonstration en est faite avec près de 30 millions de m² bâtis. La question de l’étalement urbain est ainsi devenue centrale dans la question de la maison individuelle, avec notamment les réflexions concernant les lotissements denses et des nouveaux types d’habitats. Le lotissement dense fait d’ailleurs l’objet de recherches lancées par le PUCA (Plan Urbanisme Construction et Architecture) et le Syndicat Nationale des Aménageur-Lotisseurs (SNAL). En 2006, sur 420 000 logements construits, on compte 230 000 logements individuels. Seul 20% de ceux-ci sont groupés, ce qui nous met en situation de record Européen d’implantation en secteur diffus. De plus, la maison individuelle a consommé 97,5% du foncier affecté au logement neuf, avec une moyenne de 900m² par logement, contre 30m² dans le collectif1.

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Sources : Tome 1 ‘’Archi pas cher’’, Olivier Darmon, 2006

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b_Un marché en expansion : les constructeurs de maisons individuelles _La situation économique actuelle

Actuellement, malgré des coûts de foncier et de construction élevé, la majorité des ménages restent solvables grâce à la faiblesse des taux d’intérêt et à la durée des endettements (plus de vingtcinq-ans). La situation française paraît relativement stable par rapport au modèle américain sur le sujet. En effet, la protection contre le surendettement à hauteur de 30% du revenu du travail garanti en 2008 une certaine forme de protection économique des ménages. Bien que le panel des nouveaux crédits à la consommation et des crédits voiture creuse le pouvoir d’achat, notre modèle est encore à l’abri du phénomène américain des Subprimes. Les ménages les plus pauvres des Etats –Unis souffrent aujourd’hui de devoir rembourser des emprunts dont les mensualités augmentent fortement, du fait de taux dits variables, mais surtout variables à la hausse. De plus, il n’existe pas de réelle limite d’endettement en Amérique qui puisse garantir à ces ménages le refus des institutions bancaires. Et en cas de refus, des « entrepreneurs » se sont développés comme autant de « sociétés bancaires immobilières » de substitution, qui ont misé sur un enrichissement favorable et sont les premiers touchés de leur avarice première. Ayant fait souscrire des contrats de prêts à taux variables que les clients ne peuvent plus rembourser, beaucoup d’entre eux déposent le bilan, ne pouvant pas se rembourser grâce à la vente de la maison dont la valeur à largement chutée avec le marché. Il en est de même avec les grands groupes financiers.2

_Les acteurs de la construction individuelle

L’Union Nationale des Constructeurs de Maisons Individuelles (UNCMI) et le Syndicat National des Aménageurs Lotisseurs (SNAL) représente la majeure partie des professionnels du secteur de la maison individuelle de masse. Le SNAL a été créé en 1980 par la fusion du Syndicat des Aménageurs Foncier, le SAF, et du Groupement Syndical des Lotisseurs Professionnels. Le SNAL regroupe donc des entreprises qui investissent sur le foncier et en masse, avec en fin de chaîne l’apparition de ‘’villages ‘’ de substitution. D’après Dominique de Lavenère, le SNAL est conscient qu’aménager le territoire est un acte qui marque durablement le territoire et l’environnement. Cependant, si certains des aménageurs tels que Foncier Conseil (groupe NEXITY) peuvent sortir quelques bonnes opérations, la majorité des actes d’aménagements de notre territoire ne revêt pas de véritables qualités paysagères et environnementales.

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Source : Emission L’effet papillon, canal+ : reportage aux Etats-Unis sur la crise des Subprimes.

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L’UNCMI s’est quand à elle formée en 1984 autour de quatre syndicats qui représentaient depuis les années 1960 le métier de constructeur de maisons individuelles. La volonté première consistait et consiste toujours à offrir un service global et sécurisé depuis le premier contact jusqu’à la remise des clés, d’après Christian Louis-Victor, président de l’UNCMI. L’image type d’un constructeur est une entreprise bien implantée localement qui rayonne sur un ou deux départements ou sur un bassin d’activité et réalise chaque année de 80 à 120 maisons. On peut considérer que 50% des maisons sont produites d’après le catalogue sans changements majeurs, 25% le sont avec quelques modifications et les 25% restantes sont réalisées après une esquisse avec le maître d’ouvrage. Bien que certains dépôts de permis de construire soient supervisés par des architectes ou architectes des bâtiments de France par l’intermédiaire des CAUE, on ne peut pas trouver dans ces ‘’nouveaux’’ standards de réelles qualités; non pas que les constructeurs ne soit pas compétents, mais simplement que leurs modes de production ne permet pas de contextualiser les projets, ni de les personnaliser spatialement. L’image élitiste de l’architecte facilite d’autant la prise de contact avec ces entreprises.

_Les raisons d’un succès populaire André Caron, économiste, précise qu’avant les années 1950, on ne dénombre pas plus de 50000 maisons par an. C’est entre 1960 et 1979 que la croissance a été spectaculaire pour atteindre un maximum de 281 000 en 1979. Le marché s’est ensuite rétracté jusqu’en 1993 (122 000maisons) avant de connaître une nouvelle croissance en 2005 (240 000 maisons). Selon ce spécialiste, il existe quatre facteurs pouvant expliquer ce développement : « 1_ L’Urbanisation, liée à la dynamique économique et démographique des Trentes Glorieuses. Durant cette période, il est apparu que l’habitat existant des centres-villes était insuffisant tant quantitativement que qualitativement ; pour obtenir un habitat ‘’moderne’’ suffisant en volume, il n’y avait que deux solutions : le collectif social de banlieue et l’individuel de périphérie. 2_C’est à cette époque que se généralise l’équipement automobile qui permet aux ménages un habitat plus éloigné des centres-villes et des lieux de travail ; celui-ci s’accompagne d’un essor des transports en commun dans les métropoles. 3_Le développement des offres bancaires : les prêts à long terme, accessibles aux ménages de classes populaires, datent de cette époque (avant les années 1960, les ménages faisaient construire sur une épargne préalable ou dans le cadre de coopérative ouvrières) 4_La mise en place d’une offre de maisons économiques industrialisées : de 1960 à 1980, il s’agit de marques de maisons préfabriquées en bois, acier, ou béton, proposées par des filiales de grands groupes du bâtiment : Phénix, Construction Horizontale, V.B., Chalet Idéal. » Toutefois, ces constructeurs n’ont pas tous résistés au déclin de la seconde période entre 1980 et 1990, où le marché à éclaté au profit de petits constructeurs ‘’traditionnel ‘’ et locaux.

_Le marché en France

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En France, depuis quinze ans, la seconde phase de développement du marché repose sur un produit traditionnel standardisé et s’accompagne d’une réduction du nombre de constructeurs, qui deviennent de plus en plus puissants (4700 constructeurs en 1990, 3100 aujourd’hui). La législation et, plus particulièrement la loi de 1990 a instauré _dans un souci de protection du « consommateur »_l’obligation d’une garantie bancaire de livraison dans les prix et délais convenus ; c’est la principale distinction entre l’offre du constructeur (commerçant ensemblier) et celle des entrepreneurs réalisateurs (sous-traitants). D’après Guy TAPIE, ‘’Le marché de la maison individuelle s’est développé à partir des années 1955 grâce à l’apparition d’une nouvelle offre : la maison sur catalogue vendue clés en mains, et le développement des prêts bancaires’’. 3

Ainsi, en 1946, dès sa fondation, l’entreprise Maisons Phénix associe le développement d’une technique de structure en métal à ce nouveau besoin. Avant cette période et dès la deuxième moitié du 20ème siècle, on trouve les débuts de la vente sur catalogue : des revues présentent des modèles de constructions dont les gens pourront s’inspirer pour construire une maison à la campagne ou en bordure des villes.4 A côté de ce phénomène, on trouve des ‘’séries’’5 avec au milieu des années 1960, des dépôts massifs de modèles.6 Avant la seconde guerre mondiale, qu’il y ait ou non un maître d’œuvre pour diriger l’opération, il existait habituellement un contact assez direct entre les clients et les maîtres d’ouvrages. Avec le Photo: publication moderniste militante des années 1960 développement de la population tertiaire, on (dans ‘’Archi pas chère’’, tome 2, Ed OUEST-France) assiste, en revanche à une rupture du lien existant entre les clients et les artisans.

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Guy TAPIE, op. cit. p:6

4

P. JARREAU, ‘’Du bricolage : Archéologie de la maison’’, Centre Pompidou/Centre de création industrielle, 1985, PARIS 5

Olivier Delarozière, mémoire de 5 Paris- La Vilette

ème

année, ‘’Habitat, le modèle déposé d’Architecture,1911-2001’’, ENSA

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Olivier Delarozière (op.cit.) signale douze modèles déposés par Cogitec SARL en Aout 1965 et 85 modèles par Les maisons du Week-end entre 1975 et 1978.

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La banalisation de l’habitat comme objet de consommation nous éloigne d’une notion patrimoniale inhérente aux bâtisses d’autrefois, avec des ‘’produits’’ dont la valeur reste limitée du fait de modes constructifs, qui s’ils sont devenus standards, n’en sont pas moins des modes peu qualitatifs. Le Corbusier écrit cependant en 1923 dans Vers une architecture : *…+dans les vingt années à venir, l’industrie aura groupé les matériaux fixes, semblables à ceux de la métallurgie*…+La maison ne sera plus cette chose épaisse et qui prétend défier les siècles et qui est l’objet opulent par quoi se manifeste la richesse ; elle sera un outil comme l’auto devient un outil*…+

Si pour Le Corbusier il faut désacraliser la maison, il est cependant dommage qu’aujourd’hui les constructeurs n’aient pris que le processus de fabrication comme le moyen d’une plus grande production. La question du développement durable doit, à condition que l’on se sente un minimum concerné, amener les gens à réfléchir en profondeur au sens de cette idée d’habiter ; La haute qualité architecturale doit pouvoir devenir dans l’inconscient collectif le nouvel idéal en matière d’habitat. Un effort doit pouvoir être porté sur la communication vers le grand public que certains médias s’efforce d’ailleurs de promouvoir. Le magazine ‘’A vivre ‘’en fait partie, et est d’ailleurs à l’origine du réseau RENOV, qui met en lien les architectes avec les clients en explicitant pour la justifier l’équation qualité architecturale/coût, à travers notamment la réalisation de travaux clés en main. Il est indispensable que cette image de la maison individuelle à haute qualité architecturale puisse être véhiculée à travers ces médias, de façon à changer la vision élitiste du recours à l’architecte, mais plus comme le recours à une personne compétente pour mettre en place une spatialité appropriée, avec aussi la maîtrise des coûts. On observe que la raison principale de ce non recours à l’architecte est d’ailleurs souvent un manque culturel de compréhension des avantages quotidien d’une spatialité réfléchie.

On ne peut cependant pas oublier que l’architecte n’a pas toujours été lié à la construction de maisons individuelles : au cours des siècles passés, la présence des architectes était requise essentiellement lors de l’édification de bâtiments publics, religieux, de châteaux, de demeures prestigieuses pour des aristocrates ou des bourgeois. La maison vernaculaire et ses améliorations étaient à l’époque d’avantage le fait des artisans, des entrepreneurs qui reproduisaient à la demande un savoir faire consolidé au fil du temps.7 C’est sans doute ce qui à pu influencer les architectes modernes à réfléchir à l’habitat, en tant que professionnels de l’espace. Les CIAM reflète d’ailleurs ce travail de recherche. L’exposition de 1927 à STUGGART en Allemagne voulait d’ailleurs à travers le plan de Mies Van Der Rohe proposer un panel de réflexions sur le choix des matériaux, sur le plan d’habitation, etc… Pensant rendre indispensable le travail de l’architecte dans la conception de cette ’’machine à habiter’’, comme l’est un ingénieur dans son domaine, et cela en réfléchissant aux façons de rationaliser la construction, nos

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Source : Yann Nussaume, ‘’La maison individuelle’’ Ed. du moniteur.

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prédécesseurs ont en fait précipités la maison individuelle dans ce qu’elle est aujourd’hui : un produit industriel dont la qualité architecturale est absente.

_La maison individuelle à l’étranger : On observe trois types de démarches qui caractérisent aussi trois façons différentes d’imaginer le développement du territoire : 

Aux Etats-Unis : des maisons par milliers intégrées à un ensemble plus vaste de clubs de sports, lacs, parc, golf, gardien, service à domicile et parfois école. Le « décor » prime sur la qualité architecturale, et il est d’ailleurs consternant de voir autant d’aberrations écologiques : pas ou peu d’isolation, une climatisation sur CHAQUE maison (et qui fuient la plupart du temps), des réseaux très étendus, etc.… Ce modèle est de plus en plus répandu au Moyen-Orient et en chine.

Les modèles Européens avec notamment le modèle Finlandais dont le confort thermique, le soin du corps l’accessibilité, le respect des autres sont des éléments primordiaux de la conception. On parle de style de vie, notamment par l’emploi du bois (matériau sain), du solaire passif et la présence d’un sauna dans chaque maison. L’autoconstruction est plus développée qu’en France, révélant une implication des gens différente. En Autriche et en Allemagne, on observe également des démarches de plus en plus qualitatives, version contemporaines de traditions ancestrales, sans pour autant de démarche mimétique. C’est le cas notamment de la région Autrichienne du Vorarlberg.

Le modèle Japonais : leur architecture traditionnelle à beaucoup influencée les architectes, comme Frank Lloyd Wright par exemple, et l’ensemble de la production du XXème siècle. Les constructeurs sont là-bas des industriels qui misent sur la qualité et les exigences environnementales, et non sur une réduction des coûts. La maison industrielle vaut d’ailleurs plus cher qu’une maison artisanale. Cependant, la tradition de la Machiya (maison de ville) à perdu de sa beauté par l’abandon de l’aménagement extérieur.

c_ Le rôle de l’architecture La force des constructeurs est d’avoir su prendre le rôle d’intermédiaire local entre le client et les artisans, en profitant de la transformation de la société, ce que n’a pas su faire l’architecte, bien que son activité soit majoritairement soutenue par la maîtrise d’ouvrage privée.

_L’activité des architectes On compte 27 496 architectes et agréés en architecture inscrits au tableau de l’ordre, dont 79% d’architectes titulaires du diplôme DPLG, ce qui constitue une population relativement faible par rapport à d’autres pays Européens. Un sondage réalisé par l’Ordre des architectes en 2004 indique que 2/3 des architectes exerçant en individuel à titre libéral le font auprès de particuliers. Les architectes associés dans une agence disent s’occuper majoritairement de logements collectifs (60%), ou d’équipement publics (40%) sans négliger quelques maisons individuelles. Tous statuts confondus, les particuliers figurent d’ailleurs au Antoine SEGALOV

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premier rang des donneurs d’ordres de la profession. Ils assurent 57% des commandes, juste devant l’état et les collectivités locales (55%) puis les promoteurs et aménageurs privés (32%). Parmi les architectes, on observe un mouvement qui est avancé par ses défenseurs comme la solution contre la maison individuelle de promoteur classique : il s’agit d’architectes qui proposent des maisons clé en main : l’association des Architectes bâtisseurs, aujourd’hui connue sous le nom d’Architecteurs. Ces architectes constructeurs placent ainsi la relation architecte-client comme un plus, ainsi que leur sensibilité architecturale évidente par rapport aux autres constructeurs.

_La question du type La notion de typologie existe et peut être analysée selon des facteurs spatiaux et économiques. Selon André Caron, la maison individuelle reste figée sur une image type : ‘’le cinq ou six pièces à toiture à deux pentes, à entrée en façade et séjour traversant, de 90 à 120 m² habitables, pour 90000 à 120 000 euros, hors terrain et raccordements. Cela correspond aux possibilités financières et aux référents culturels de la famille moyenne française. Les classes les plus pauvres ne peuvent accéder à la propriété sans aide très forte de l’état, et les couches plus aisées préfèrent l’existant ou le collectif de luxe.’’ La demande des ménages est ainsi très forte sur la maison individuelle type à tel point qu’elle sature l’offre foncière et oblige les constructeurs à chercher de plus en plus de terrain, avec notamment des pressions digne de lobbyistes auprès de propriétaires foncier. N’en déplaise à Le Corbusier, l’achat d’une maison correspond à un acte de sécurisation sociétale étrange que décrit bien M. Caron : « une tentative de figer l’avenir dans une image passéiste, à une manifestation d’adhésion à un groupe social ; tous les basiques du produits doivent être ‘’traditionnels ‘’ : type de construction, plans, etc… La personnalisation ne vient qu’en surplus, sur des détails. Les ménages qui recherchent l’originalité en projetant une image moderniste sont très minoritaires. »

Cette notion de ‘’standard’’ ou encore ‘’traditionnel’’ est à remettre en cause fortement si l’on souhaite voir se développer un nouveau type de construction, avec des préoccupations environnementales. C’est notamment par ce biais que l’on envisage la transformation du type. La quantité faisant la norme, ce sont les constructions en moellons, crépis, avec un toit à fermette à deux pentes, un système de chauffage classique et un déni du paysage qui constitue aujourd’hui le standard. On peut envisager que les questions environnementales vont devenir centrales dans les années qui viennent, favorisant un renouvellement des formes «standards ». Mais c’est ici la limite de compétence des constructeurs : leur principe de rentabilité réside dans une adaptation au site standard de leurs constructions, incompatible avec cette notion d’implantation, qui constitue la première constante d’un projet Eco-conçu par un architecte.

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Les intéressés avance des sondages qu’ils jugent satisfaisant sur les comportements des ménages : ces derniers envisagent de plus en plus à équiper leurs maisons de systèmes économiseurs et récupérateurs d’eau et d’énergie (cuve de récupération des eaux pluviales, capteurs solaires, chauffages thermodynamiques, etc..) mais il ne s’agit pas là d’une réponse architecturale. Ce n’est que l’extension d’une gamme d’éléments ornementaux (personnalisable au grès des styles néo régionalistes), avec une touche de développement durable.

L’intégration des maisons d’aujourd’hui par l’emploi de matériaux bruts et locaux est devenue impossible pour beaucoup de budgets. En même temps, la préfabrication ou la standardisation dans leurs phases de recherche ne cherchaient pas à fuir la question de l’intégration: ‘’Le but véritable de la préfabrication n’est certainement pas de multiplier à l’infini et à l’aveuglette, un type quelconque de maison : les hommes se révolteront toujours contre toute tentative de super mécanisation opposée à la vie ‘’ disait Walter GROPIUS à son époque. Le journaliste Olivier DARMON dans ses deux tomes ’’ Archi Pas Chère’’ aux Editions OUEST-France nous permet d’ailleurs de voir une vingtaine de maison d’Architecte aux budgets raisonnables, et qui pour la plupart réussissent à utiliser des matériaux durables dans leur conception, et cela même si une partie de la construction est préfabriquée. C’est pour cela que l’architecte dans cette ère de la maison individuelle à toute sa place pour défendre des valeurs plus saines et respectueuses d’une identité, malgré des contraintes économiques élevées. Malgré tout, quand on sait que 72% des maisons construites ont une surface inférieure à 150m² 8, on peut douter que la tendance s’inverse.

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Olivier Darmon, p: 9 Tome 1 ‘’Archi pas cher’’, Ed. OUEST-FRANCE

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2_L’évolution du type à travers un regard territorial: une nécessité

a_Le rôle des élus dans la (re)définition d’un tissu : les Politiques de la Maison individuelle

_Les politiques nationales

L’évolution du marché de la maison individuelle est liée aux politiques successives de ces dernières décennies, qui ont une influence sur les souhaits des Français.A partir des années 1950, l’état Français sous l’influence de figures telles que Eugène Claudius Petit9, favorise la construction de grands ensembles pour essayer d’atteindre 300 000 logements par an. A cette période succède le retour de la maison individuelle. Cette dernière correspond dès 1960 à une nouvelle politique ministérielle dont une opération d’envergure sera le symbole : Villagexpo. Censée rattraper notre retard en matière d’habitat individuel, cette action place le développement de la maison familiale comme le centre d’une remise en question plus large sur la monotonie des grands ensembles, la réhabilitation des bourgs et des villages, ainsi qu’une préoccupation nouvelle : la diversification des modes de vie.

Les responsables politiques de l’époque interprètent ce retard en comparant le pourcentage de maisons individuelles construites dans les pays voisins : ainsi, on apprend qu’à cette époque, le Royaume-Uni construit 75% de MI, la Belgique 70%, l’Allemagne de l’Ouest 50% et outre atlantique, les EtatsUnis construisent à 62% des maisons individuelles.

On dévolue alors des zones à l’implantation de ces nouvelles maisons individuelles, qui sont soit groupées sous forme de hameau, soit dispersées. Cependant, le ministère se veut préoccupé à l’égard d’un développement anarchique de ce que l’on appellera les zones pavillonnaires. En effet, avant même la seconde guerre mondiale, ces inconvénients furent à l’origine de la construction d’immeubles collectifs. On observe encore aujourd’hui que dans les ZUP, le nombre de maisons individuelles autorisé est minime tandis que les grandes agglomérations se dotent de zones de transitions.10 9

Membre des gouvernements sous la IV république, et initiateur notamment du projet Urbanistique de Firminy Vert. 10

Illustration : Atlas historique des villes de France

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Alors qu’à cette époque on trouve des propositions architecturales audacieuses telles que les maisons Watel du nom de l’architecte à l’origine de ce concept ouvert sur l’extérieur, avec une recherche spatiale novatrice, la politique de logement mise sur d’autres objectifs : la grande série et l’économie de marché. C’est ce que l’on connaît aujourd’hui sous le nom de Chalandonettes, ces maisons construites sous l’impulsion du ministre Albin Chalandon. Il lance en 1969 un concours où la question de la capacité des entreprises à produire en grande quantité et à bas prix devient prépondérante. L’architecture passe alors au second plan. Les maisons produites sont censées satisfaire un public large, s’inscrire dans les architectures locales, valorisant le néo-régionalisme. La loi Borloo de 2005 qui souhaite par diverses mesures permettre aux revenus modestes d’accéder à une maison individuelle part d’un bon sentiment, mais très peu de personnes en connaissent les logiques de conception. Seront-elles intégrées dans le marché de masse des maisons individuelles dont les constructeurs assurent une production régulière laissant envisager de satisfaire l’objectif du législateur de 20 000 maisons en deux ans, ou seront-elles conçues de façon spécifique par des architectes d’état rappelons-le ?

_Les élus et les institutions

Cela fait plusieurs années que ce modèle d’habitat connaît des critiques de la part de nombreux spécialistes, en mettant notamment en cause le mitage des paysages. Un rapport de l’ordre des architectes intitulé ‘’Le maire, l’architecte et la maison individuelle’’ s’interroge sur la place de chacun dans cette approche du développement bâti : ‘’La demande de logements individuels est une réalité qu’un élu doit pouvoir appréhender. Car les conséquences d’options maladroites prises sans l’anticipation de professionnels peuvent n’apparaître qu’à long terme. Il s’agit de concilier des attentes, une vie sociale et une croissance harmonieuse des territoires. Ainsi, par le recours à des surfaces détachées du centre pour faire face à une réponse globale et rapide, on porte atteinte à l’attractivité d’un territoire. De plus, les ressources générées par l’arrivée de nouveaux ménages ne doivent pas faire oublier la réalité du coût des charges foncières des collectivités ; ces dernières peuvent être tirées vers le haut de fait d’infrastructures de transports et de consommation énergétique mal maîtrisées.’’

Les élus sont ainsi les premiers responsables des décisions d’aménagement de leur commune, et à ce titre, ils sont garant de l’identité de leur territoire. Mais tous les élus n’ont pas les mêmes compétences, surtout en milieu rural. On observe d’ailleurs que les communes n’adoptent pas le même fonctionnement en fonction de leur échelle initiale.

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Par exemple, le village d’Artonne (63)

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adopte un Plan d’Aménagement du Bourg, qui consiste en

la restauration du vieux bourg. Les parties excentrées du village sont inscrites dans le PLU comme majoritairement constructibles mais sans références culturelles ou identitaires, comme autant d’éléments support de créativité chez un architecte mais défavorables aux maisons catalogue. Ces parcelles se voient ainsi dotées de maisons individuelles sans caractère, qui polluent et « porte atteinte » au paysage avoisinant. Dans le même temps, malgré les critiques, 45 millions de français rêvent d’une maison individuelle, écologique12 de surcroît et la loi Borloo que l’on vient de voir favorise ce développement. La prise de conscience du grenelle de l’environnement et de toutes les actions de sensibilisation depuis une dizaine d’années à donc eu lieu, même si en pratique très peu construisent ce type de maison lors de leur passage à l’acte. En effet, le marché de la maison individuelle est en pleine expansion partout en France quand le nombre de maisons dites écologiques reste encore marginal. Et quand bien même une maison serait saine et écologique, peut-on dire quelle constitue un moyen pérenne de développement ?

Photo aérienne: lotissement proche de Lyon

Même si aujourd’hui beaucoup de démarches supposées qualitatives vis-à-vis de la maison individuelle existent, allant de l’association du constructeur Maisons Phénix avec un architecte 13pour la réalisation d’un modèle labellisé Effinergie, jusqu’aux nombreux concours en faveur d’une maison à hautes performances énergétique, le bon raisonnement face à ce type d’habitat réside aussi et surtout dans la compréhension des facteurs locaux d’implantation.

11

Voir : p : 27 et annexe : analyse prospective d’un village Auvergnat: Artonne(63)

12

Selon une étude TNS-Soffres_Novembre 2007 Jacques Ferrier est l’architecte à l’initiative du Phénix Concept House de Maisons Phénix.

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Le seul permis de construire associé au PLU ne garantit pas la bonne prise en compte d’un environnement donné, et le manque de collaboration entre aménageurs et services publics ne facilite pas la réflexion sur des éco-lotissements ou des éco-quartiers tels que celui de Fribourg en Allemagne, bien que la France ait des projets dans certaines grandes agglomérations. De plus les élus qui n’ont pas d’architectes conseils à leurs côtés ne bénéficient pas toujours d’un diagnostic territorial de leur commune. Ainsi, il leur est d’autant plus difficile d’instaurer un Plan Local d’Urbanisme avec de véritables contraintes environnementales. Les institutions telles que les CAUE n’apportent pas toujours elles non plus l’expertise à une commune qui cherche à se développer. Mais dans le cas contraire, l’approche urbaine de la commune peut y gagner grandement. Sans l’aide du CAUE, il devient difficile de gérer les différentes composantes liées au développement de son territoire. Car il s’agit de cerner une évolution globale de la commune à long terme : _Raccordements aux réseaux (viaires, eaux usées, récupération des eaux de pluie), _Intégration urbaine : séquences – parcours - modes de déplacements _Impacts : paysager, social, environnemental (thermique-énergétique-santé-biodiversité) _Avantages /désavantages: croissance démographique (mouvements générationnels, écoles…), économique (Taxes, commerces, artisanat, tourisme…)

On constate ainsi fréquemment que l’aspect urbain des ensembles lotis n’est pas considéré, pas plus d’ailleurs que la question du paysage. Des leviers existent mais parce que chaque projet s’appuie sur le contexte urbain avoisinant en apportant de la plus value aux nouveaux espaces occupés. L’urbanisation actuelle des zones péri-urbaines des grandes villes montre une recherche sous-jacente ou affirmée sur de nouvelles façons d’habiter, en cherchant un compromis entre densité et bon cadre de vie, dans le cadre de programmes tels que celui de Saint Andéol, resté à l’état de projet par désistement de l’aménageur. Cette approche territorial est souvent ignorée par les promoteurs conventionnels, ou par les élus qui pour des raisons diverses, ne contrôlent pas de façon satisfaisante l’implantation sur leur territoire, en ayant par exemple des réticences à augmenter le COS d’une parcelle, de peur de ne voir se propager des programmes hors échelle, ou ne diversifiant pas les règlements relatifs aux prospects. C’est notamment pourquoi il apparaît judicieux selon l’Ordre des Architectes de mettre en place une instance de réflexion pluridisciplinaire, où les professionnels qualifiés réfléchissent avec les élus sur le choix d’une des trois éventualités offertes :

a_développer la ville sur la ville b-Développer la ville dans son prolongement immédiat C_Construire hors agglomération. Antoine SEGALOV

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Les experts qui connaissent le territoire tels que les architectes, paysagistes, géomètres, notaires, etc… sont autant d’apports bénéfiques sur ces sujets, et l’avenir doit inciter les élus à entreprendre ces démarches.

a_développer la ville sur la ville « Développer la ville sur la ville permet de répondre à certaines évolutions bien connues des villes et qui se sont accentuées ces dernières années. 

   

La désaffectation des locaux artisanaux et des manufactures anciennes dans les agglomérations, des artisans disparaissent, des lieux de production (usines ateliers, manufactures) tombent en désuétude. D’anciens logements vétustes ou inadaptés, situés audessus d’activités commerciales ou tertiaires, sont désaffectés à la suite du départ de leurs anciens occupants La décentralisation et les regroupements administratifs, par exemple avec les évolutions des bureaux de postes et des services des impôts, entraînent une mobilité des services administratifs, des changements d’affectation et des libérations de locaux. La vétusté des équipements, le vieillissement du bâti et l’évolution des besoins de services amplifient ces évolutions L’évolution des commerces de centre-ville, du fait de la disparition ou du déplacement de certains commerces de première nécessité au profit des grandes surfaces en périphérie, notamment par leur facilité d’accès. Les difficultés de circulation et de stationnement qui sont très fréquemment constatées dans le centre des agglomérations

La ville sur la ville couvre un large éventail de solutions, depuis les transformations de l’existant par réaménagement ou réhabilitation, aux interventions qui vont jusqu’à la reconstruction après démolition.  

 

Le réaménagement est notamment adapté à un changement d’activité : un commerce laisse la place à un commerce différent ou à une autre activité (bureaux services,etc….) La réhabilitation qui implique des travaux plus lourds et peut également inclure des réfections de façades et des changement d’affectation de bâtiment. Un commerce peut ainsi devenir, à l’intérieur d’une même enveloppe, un logement ou inversement. Il est possible de réhabiliter une maison, un immeuble, une rue ou un quartier. La construction ou reconstruction peut aussi faire suite à un accident, un incendie, une vente où un vieillissement du bâti_on reconstruit alors après avoir détruit et déblayé le terrain_Cela permet d’utiliser des espaces ‘’délaissés’’ dans le périmètre de la ville. Dans les opérations de restructuration, cette destruction-reconstruction peut-être combinée à des réhabilitations (c’est notamment le cas de Chalon-sur-Saône et son projet urbain)

b-Développer la ville dans son prolongement immédiat Développer une agglomération de façon harmonieuse et équilibré implique, après avoir examiné l’option précédente, d’envisager de prolonger la ville.

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En sortie de ville, le tissu urbain devient progressivement discontinu, alors que les équipements urbains sont encore présents ou peuvent être prolongés à moindre coût. On peut ainsi répondre aux attentes de logements, tout en adoptant une solution « douce » de développement, qui offre une réelle qualité de vie en évitant de peser lourdement sur les finances de la collectivité et d’engendrer de nouvelles nuisances. Augmenter la capacité de l’agglomération et la qualité de celle-ci permet d’atteindre deux objectifs : éviter le départ d’une certaine population qui ne trouve plus dans l’existant la réponse à ses aspirations et permettre l’arrivée de nouveaux habitants en fonction des besoins exprimés.

Des réserves Urbaines à exploiter 

Dans les faubourgs de la ville l’occupation de l’espace (parcellaire et bâti), devient plus hétéroclite, voire anarchique : les rues se transforment en « tentacules», mais celles-ci restent dotés des principaux équipements urbains : trottoirs, égouts, réseaux divers, ramassage des ordures ménagères, transports, bus scolaires…Ces équipements et services ne disparaissent que progressivement au fur et à mesure que l’on s’éloigne du centre de la ville. Non loin des commerces et des services du centre, le faubourg offre des opportunités particulières pour récupérer du foncier ou du bâti désaffecté_ateliers, petits entrepôts, dépôts délaissés au profit de nouvelles zones commerciales ou artisanales mieux adaptées, logements modestes devenus insalubres, etc. Cette préexistence d’infrastructures et ces opportunités de récupérer du foncier permettront de remodeler un tissu où pourront cohabiter des petits équipements publics de proximité, de nouveaux logements, voire des activités artisanales à faibles nuisances organisées autour d’espaces publics recomposés : placettes, parkings, aires de jeux…

La proximité immédiate de la ville répond, comme le centre ville aux aspirations nouvelles des habitants 

Prolonger la ville est une manière de résoudre le dilemme entre l’aspiration de l’habitat urbain et l’aspiration à l’habitat individuel, la proximité de la ville et de la campagne. Les Faubourgs et sorties de villes sont à la fois relativement proches du centre-ville et à portée quasi immédiate de la campagne Profiter de la proximité du centre de l’agglomération et/ou des liaisons existantes : la taille des différentes liaisons dans des agglomérations modestes limite la distance au centre ville ou permet de profiter des services de transports collectifs pour les agglomérations de taille plus importante. La proximité du centre ville autorise les déplacements à pied qui améliorent la qualité de vie tout en réduisant les consommations et les nuisances Bénéficier de l’esprit de voisinage et d’appartenance aux quartiers est essentiel dans de petites et moyennes agglomérations, particulièrement chez les seniors et les populations âgées pour qui il s’agit d’un élément fondamental d’attractivité : on vient volontiers s’installer dans un quartier parce qu’on y connaît une ou plusieurs personnes et parfois parce que l’on peut profiter d’un petits espace privé, correspondant à ses possibilités d’acquisition et d’entretien. Rendre la collectivité économe et respecter le développement durable : prolonger la ville n’implique qu’à minima d’allonger les égouts et les réseaux de communication, d’étendre les services de ramassage des déchets, les transports collectif ou le ramassage scolaire, ce qui représente de façon immédiate des économies considérables pour la collectivité et évite de contribuer à l’aggravation des dommages environnementaux dus aux transports (couche d’ozone, effet de serre)

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Le prolongement de la ville offre un fort potentiel de développement urbain  

Le prolongement de la ville ne détruit pas l’équilibre du centre, à condition qu’il respecte l’esprit et l’harmonie de la commune. Maintenir et maîtriser la continuité de l’espace bâti permet de densifier sans étendre le périmètre bâti Le travail sur le prolongement de la ville est une manière de valoriser une sortie de ville qui était auparavant déstructurée et de créer une densification valorisante et non pénalisante. Il se fait en évitant les coûts considérables de création et les dépenses constantes de maintenance.

Améliorer les espaces publics et les dessertes. 

Cette approche offre l’opportunité de créer de petits équipements, du fait d’une implantation moins contraignante qui autorise des espaces diversifiés, la création de nouvelles places, aires de jeux, emplacements de stationnement ou autres petits espaces collectifs.

Créer une diversité d’activités et de fonctions, générationnelle et sociale 

Cette mixité, qui constitue l’esprit de la ville, est totalement exclue du lotissement hors agglomération, réservé à une fonction d’habitation pour une même catégorie de personnes, alors qu’elle est tout a fait naturelle dans le prolongement de la ville.

Disposer d’une palette plus riche de solutions : 

De l’investissement locatif à l’accession à la propriété, de l’individuel au collectif. Le coût du foncier, moins élevé qu’en centre ville, offre la possibilité de créer une plus grande variété de logements, individuels et collectifs, ainsi que des logements locatifs, qui sont à l’origine largement absent des constructions hors agglomération C’est l’occasion de créer des logements individuels disposant d’espaces privatifs, sur des surfaces modestes mais suffisantes pour répondre aux besoins et aspiration des occupants

C_Construire hors agglomération. Des incidences majeures sur l’avenir 

Construire hors agglomération sans couture avec le tissu urbain existant, ne devrait être envisagé, en toute logique, qu’après avoir épuisé toutes les solutions en centre ville et en prolongement de la ville. De surcroît, la prise de conscience d’un développement durable impose certaines précautions, destinées à éviter les dérives les plus graves.

Une surconsommation foncière 

Le lotissement tel que nous le connaissons, constitué de maisons individuelles isolés au milieu de leur terrain, est la solution la plus gourmande sur le plan foncier, même si la pénurie actuelle amorce une tendance à la réduction des parcelles allant de 1500m² vers 800m², voire 600m².

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Entre 1945 et 2005, la densité de logement est passée de 40 logements à l’hectare à environ 15 logements à l’hectare actuellement, ce qui reflète bien une dimension énergivore de terrain pour un pavillon seul. Cette surconsommation génère un cercle infernal entre l’augmentation du prix des terrains et l’éloignement progressif du centre urbain. Le déplacement de la population alimente le coût du foncier éloigné, ce qui confirme et aggrave le renchérissement des terrains les plus proches. Des coûts induits importants 

La construction hors agglomération est, de fait, la plus coûteuse pour la collectivité comme pour l’usager _Pour la collectivité, les charges foncières sont de deux sortes o Les investissements structurels : extension des réseaux, nouvelles infrastructure, nouvelles dessertes, services collectifs, transports, etc… o Les dépenses durables et récurrentes : maintenance des voiries et réseaux, ramassage des déchets, transports en commun ou encore ramassage scolaire. _Pour l’accédant à la propriété, il faut noter le coût notoirement plus élevé d’une construction isolée, mais surtout les dépenses quotidiennes moins apparentes dues à l’exploitation, la maintenance et les transports qui résultent de l’éloignement (2 voitures par ménage, carburant, consommation d’énergie, chauffage) Ces éléments ne sont pas sans conséquences immédiates dans la logique durable et ont des conséquences financières lourdes sur le long terme.

Des risques de nuisances environnementales et sociales  

Le morcellement excessif des espaces et l’importance des surfaces concernées ont inévitablement des impacts sur l’environnement : abattage d’arbres, appauvrissement de la faune et de la flore, imperméabilisation des sols. Dans le lotissement traditionnel, chaque maison n’est personnalisée qu’en fonction des besoins et des envies de chaque propriétaire, sans soucis d’adaptation à une vision d’ensemble. Il n’y a pas d’intégration au site, c’est le site qui doit s’adapter Cette accumulation hétéroclite contribue à la perte d’identité des paysages. L’observation de réalisations antérieures montre une relativement faible mixité générationnelle et sociale des primo-accédants dans un lotissement. Ceux-ci ont souvent des profils très proches : âge, pouvoir d’achat, mode de vie. Il s’ensuit un vieillissement concomitant des habitants et une évolution, dans le temps, des services souhaités (crèches, écoles, sports, activités sociales, maisons de retraites) que la collectivité ne peut satisfaire L’absence de services intégrés et de lieu de vie collective (l’habitat dortoir) n’est pas favorable à la création du lien social. L’éloignement pénalise particulièrement ceux qui sont les plus demandeurs de proximité et de convivialité : les jeunes et les personnes âgées.

Des évolutions difficiles  

Les constructions diffuses hors agglomération peuvent satisfaire les attentes immédiates, mais des questions peuvent se poser à moyen et long terme. La mobilité croissante de la population, pour des raisons professionnelles ou familiales, est un fait reconnu. En cas de mutation, de séparation ou de divorce, des logements plus petits sont

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souhaités et attendus. La maison individuelle isolée répond rarement à ce critère, les exigences économiques poussant à des constructions d’une certaine taille. Le parcellaire étant figé dans un lotissement, les évolutions, la densification, les modifications sont quasi-impossibles. Cet état de fait ne permet pas d’apporter de réponse satisfaisante aux nouveaux besoins exprimés. L’absence de greffe sur le tissu urbain préexistant laisse, de façon involontaire, l’inévitable renouvellement urbain se programmer et se réaliser à l’extérieur du lotissement de départ. »14

En France aujourd’hui, ce sont bien les élus locaux qui peuvent agir sur ces questions de développement durable. Pour preuve, l’association des Ecomaires de France regroupe 700 communes et intercommunalités qui ont élaborés une liste récapitulant la marche à suivre pour mettre en place un projet d’Eco quartier. Pour commencer, il s’agit comme vu précédemment de faire un diagnostique du foncier, avec une idée des atouts ou contrainte d’un site : _Sites pollués ? _Exploitation de la chaleur d’une nappe phréatique ? Eolienne, Capteurs photovoltaïque ? Puis déterminer l’ensemble des objectifs (densité, mixité, haut standing, performance énergétique) avant de se renseigner sur les filiales locales de construction.

Bien évidemment, renverser une tendance n’est pas facile. Pour un grand nombre de Français, les mesures à prendre sont une atteinte aux libertés individuelles, et c’est d’autant plus difficile lorsqu’il s’agit des maisons individuelles. Expliquer qu’un habitat dense est énergiquement plus performant en hiver, qu’il est préférable d’avoir des douches plutôt que des baignoires, qu’il faut supprimer les voitures des centres villes n’est pas gagné d’avance. Mais gardons en tête que l’on risque à terme d’être contraint beaucoup plus qu’aujourd’hui si l’on ne change pas nos habitudes très vite. Cette résistance au changement n’est évidemment qu’une preuve de plus que l’homme ne sait se développer qu’en pensant à ses satisfactions immédiates, et qu’il lui est devenu très difficile de se projeter. On avance souvent qu’un projet Eco-conçu demeure plus couteux. Mais c’est sans compter sur la bonne interprétation de ce phénomène. Mieux vaut parler de surinvestissement, qui de plus, se veut aujourd’hui très rentable, que de surcoût. Les avancées technologiques permettent aujourd’hui de revisiter les modes ancestraux de construction tout en apportant un gage de fiabilité sur les équipements, et des études fiables de retour sur investissement. Continuer à construire comme nous le faisons se solde de toute façon par des surcoûts si l’on pense au prix de l’énergie, de l’eau, aux rejets de carbone… Si les villes d’aujourd’hui amorcent doucement la voie des Eco-quartiers pour qu’à terme, cela devienne un standard dans la planification urbaine, il n’existe pas à ma connaissance de véritable démarche globale sur des petites communes. Pourtant, cela fait une petite dizaine d’année que ces

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Rapport de la commission Maison Individuelle de l’Ordre des Architectes, « le Maire, l’Architecte et l’Habitat individuel »

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dernières voit leur développement croître, et qu’il serait possible par effet d’échelle d’organiser une véritable réflexion, sur l’ensemble du territoire de la commune.

b_Etude de cas: un projet de lotissement à Saint Andéol le Château (69) Projet non réalisé_Lotissement le coteau du parc Saint Andéol le Chateau Maître d’ouvrage : ONYX, Architectes :SudArchitectes, Exndo

Conçu par les agences lyonnaises SudARCHITECTES et Exndo, ce projet était une commande d’un promoteur, ONYX, sur une zone dégagée vers les monts du Lyonnais, dans une commune de moyenne densité, Saint Andéol le Château. Au dessus de Givors, c’est une commune où résident des actifs de la région Lyonnaise, et où l’on observe une demande croissante de Primo-accédants. Le programme réside donc dans un lotissement pour primo-accédant, en partenariat avec l’OPAC du Rhône qui projette son propre projet (surface grisée sur le plan masse).L’attention accordée à l’espace privé et à l’espace public ont amenés les architectes à redécouvrir un des éléments identitaire de la commune, le mur, comme un outil efficace dans la gestion des limites. La présence du château au-dessus de la parcelle, dans un cadre végétale très présent, devaient inciter les concepteurs à privilégier une intégration urbaine respectueuse du site La position urbaine du lotissement 

A flanc d’une colline herbagée, avec de nombreux arbres, le projet s’insère en continuité du bourg et le long d’une rue désengorgée de ses voitures. Des parkings collectifs aux extrémités assurent la desserte et le stationnement occasionnel, tandis que des parkings privés se dévoilent dans la continuité de murs séparatifs dont la variation de hauteur assure tantôt des percées visuelles, tantôt un repli intime.

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Conformément au programme initial, on remarque trois typologies :

_Maison T3 ou T4 _Immeuble petit collectif T2 ou T3 Chaque logement prévoie le stationnement sur la parcelle. La végétation est omniprésente et participe à créer une continuité paysagère. 

La gestion de l’intimité passe notamment par une gestion efficace des limites de propriété côté jardin. Le mur qui isole la terrasse de rez-de-jardin devient haie. Si le choix d’un mode d’implantation variable est adopté, cela n’a pas empêché de chercher l’apport solaire actif avec l’installation de panneaux photovoltaïques intégrés à la toiture.

Les matériaux prévus étaient de la Brique Monomur, connue pour ses avantages thermiques, des vitrages performants et des enduits sains. Le système de chauffage retenu n’est pas collectif, mais demeure un système performant de chaudière gaz.

 

Les terrasses, au-delà de l’effet d’extension du volume habitable, expriment un rapport au jardin omniprésent. La récupération des eaux pluviales n’est pas gérée par l’intermédiaire d’un bassin. Je n’ai pas d’informations sur ce qui était prévu.

Ce lotissement mise sur une mixité de typologie qui permet donc une mixité sociale, ce qui n’est généralement pas facile dans ces petites communes. En créant une véritable rue piétonne, on accorde une attention particulière au cadre de vie. L’espace du jardin, qui bien qu’il ne soit pas très grand, permet autant de garder son intimité que de profiter d’un bout de nature en famille.

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La diversité typologique anime la rue et casse la monotonie habituelle des lotissements. La notion d’accessibilité est omniprésente avec notamment la présence d’une chambre en RDC comme le montre le plan ci-contre d’une maison T4. On observe également comment la question de l’évolutivité est ici résolue : Le vide à l’étage sur le salon est une surface latente qui aujourd’hui procure du volume et demain, peut très facilement devenir une chambre par l’adjonction d’un plancher.

Ainsi, ce lotissement se veut être un bon compromis quand aux exigences environnementales de demain. En replaçant les notions d’urbanité, d’intimité, de respect des autres et de mixité, et en tirant profit d’un cadre paysager végétal, il s’avère être un bon modèle social. Son implantation dans le prolongement du village assure également une bonne intégration. Si l’on peut regretter l’absence de bassin comme élément structurant de l’implantation générale, ainsi que le choix d’un chauffage individuel, on notera l’attention porté sur l’accessibilité, l’évolutivité et des modes constructifs performants.

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c_La prospection : approche au travers d’une analyse prospective d’un village Auvergnat : Artonne (63)

Dans un souci de tisser des liens fort avec la ville historique et recréer une entité ville, les solutions actuelles visent à introduire une notion de mixité à travers des programmes où se côtoient maisons individuelles groupées, petits collectifs, habitat intermédiaires…. dans une trame urbaine elle-même mieux intégrée au reste de la ville. On évite ainsi l’effet ghetto et on développe un parcours paysager.

Le village d’Artonne en Auvergne permet d’analyser de façon générale ce problème inhérent à beaucoup de communes françaises. L’analyse prospective que j’ai réalisé permet d’avoir un état des lieux de la commune, et se conclue par une charte de développement durable et une esquisse d’éco-lotissement. La charte est censé accompagnée les indications inscrites au PLU comme l’a été la ZPPAUP qui protège la ceinture végétale du bourg. On dénombre 800 habitants sur la commune, ce qui doit pouvoir faciliter ce type de démarche

Photo 1: photo montrant l'ambiance du bourg

L’approche prospective quand à elle rejoint les démarches de développement durable à plusieurs titres : elle partage une vision de l’avenir, une capacité collective à penser et à définir les futurs possibles d’un territoire. Néanmoins dans cette perspective de façonner un avenir commun, la démarche volontariste de développement durable devrait profiter utilement de l’approche participative et méthodologique de la prospective, pour à la fois mieux appréhender le facteur temps, cerner la résistance au changement, l’évolution des comportements, ou encore, mieux se représenter le territoire sur lequel on souhaite agir.

Photo 2: Les murs sont des éléments important du paysage

Photo 3: vue plongeante panoramique sur le village

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La carte ci-contre montre la situation du village. On observe très bien comment une grosse partie excentrée du village s’est développée de façon incontrôlée, C’est le nouveau village. De plus, on observe un seul lotissement à raquette dont le désenclavement pourrait être un élément intéressant si les terrains proches(en vert) devaient être aménagés. Figure 4 : carte des masses bâties du bourg d’Artonne et de ses couronnes successives

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Les enjeux identifiés de l’aménagement du bourg: 

_ Mise en valeur du patrimoine existant : Artonne est un ancien village vigneron dont le parc bâti garde encore des traces à travers une typologie bien particulière (Cf l’Etude complète en Annexe). Les constructions en pierre façonnent une identité certaine en cœur de village, et les murs en pierre qui délimitent les propriétés accompagnent le parcours. Si tout a déjà été pensé pour la restructuration du bourg, à travers un Plan d’Aménagement du Bourg (PAB) et d’une ZPPAUP15 , il convient de valoriser les espaces libres en ceinture, et de promouvoir la restauration de ces murs.

_ Charte de Développement Durable : Pour accompagner cette mise en valeur du bourg, il convient de fixer des règles nouvelles qui viseraient à introduire la notion de qualité architecturale en zone périphérique. L’urbanisme de cette partie du village bénéficierait lui aussi d’une approche environnementale, de façon à préserver les ressources végétales tout en apportant une forme d’originalité dans la résolution des problèmes généraux : _ Bassins de récupération des eaux pluviales (notamment par la présence d’un coteau au dessus du village dont les ruissellements sont aujourd’hui problématiques) _Maillage piétonnier pour renforcer le lien avec le bourg et diminuer les pollutions liées aux déplacements automobiles vers et depuis le bourg. _Maisons à Haute Qualité Architecturale….

_L’attractivité du village : Mettre en place une politique de développement durable dans le village à déjà été amorcée à travers le tri sélectif. Poursuivre cette démarche avec un programme de management environnemental ne peut qu’être un vecteur d’attractivité sur le territoire de la commune à long terme.

S’il est indéniable que les constructeurs traditionnels n’y trouveraient pas leurs comptes (à moins d’une remise en question profonde), il faut miser sur l’intérêt de promoteurs engagés dans la construction identitaire (groupe Brémond immobilier par exemple), sur des ménages à la sensibilité éco-citoyenne, et de fait, des réalisations diversifiées tout en étant en accord avec leur contexte.

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Zone de Protection du Patrimoine Architectural, Urbain et Paysager qui permet au village de protéger des parcelles situées en contrebas du village contre les constructions qui détérioreraient la vue sur les remparts et la ceinture végétale depuis les principaux accès.

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Imposer des règles de construction plus qualitatives permettrait à la commune d’acquérir un statut de village d’excellence, ayant réussi à mettre en valeur son patrimoine existant tout en recréant dans son prolongement direct un véritable nouveau village, avec une identité conservée (à travers les murs par exemple) et un cadre général préservé.

Les pages qui suivent illustrent schématiquement trois phases successives d’aménagement de cette partie du nouveau village, la charte et l’esquisse d’un Eco-lotissement. En annexe, on trouve l’analyse préalable avec notamment l’analyse de la parcelle sur laquelle se situe le projet, qui comporte un volet urbain par la redéfinition d’un carrefour envisagé à court terme par la commune.

Cette photo prise depuis le bas du village montre la ceinture végétale et un mur qui délimite les zones soumises à la ZPPAUP. L’analyse s’attache quand à elle aux parties hautes du village.

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Conclusion L’idéologie et la symbolique de la maison individuelle telle que l’on peut l’apercevoir dans la publicité, dans le cinéma, ou dans les livres d’architecture sont en train d’évoluer pour instaurer dans l’inconscient collectif une image plus accessible de l’architecture et son rôle prépondérant contre les effets néfastes de notre propre développement. Cependant, si la maison du future sera Eco-conçue, il faut aussi qu’elle puisse s’intégrer dans un ensemble urbain de qualité : quand l’implantation d’un lotissement ne permet pas d’optimiser les rapports sociaux, que le projet n’intègre pas de démarche paysagère d’ambiance et/ou de coopératives agricole (dit aussi circuits-courts) et qu’il existe une véritable fracture urbaine et/ou paysagère avec la partie plus dense d’un village, ou d’une petite ville, on ne peut que promouvoir une nouvelle stratégie dans l’approche de ce type d’habitat. La crise des subprimes, lié au marché de la maison individuelle, à permis d’identifier un fait parmi d’autre: la propriété d’une maison individuelle est un leurre. L’asservissement économique lié historiquement à l’évolution de la société agricole vers la société contemporaine annule l’appropriation d’un patrimoine foncier où bâti16. A ce titre, il est envisageable de promouvoir des programmes à haute qualité architecturale qui s’ils occasionnent un surcoût initial insupportable par des ménages à faibles revenus, leur permettront quand même d’accéder à la qualité architecturale au travers de programmes locatifs en accession à la propriété progressif.

L’évolution des modes de vie nous conduit aujourd’hui vers une approche individuelle de notre propre développement, avec comme impact premier l’éclatement d’un modèle social avancé qu’était les relations intergénérationnelles. Mais la société de demain nous amènera forcément à privilégier la densité pour préserver notre environnement, et garantir à tous des espaces naturels péri-urbains ou ruraux préservés.

Cette question de la qualité et de la diversité doit être posée, alors que nous souhaitons simultanément réparer les erreurs des grands ensembles d’après guerre à l’origine de mouvements sociaux réclamant de vrais espaces de vie. En effet, la prolifération massive de grands ensembles avec une démarche purement comptable et en dehors de réflexions profondes sur la notion d’Habiter à conduit la France vers une situation de crise sociale profonde, et les pavillons d’aujourd’hui sont pourtant basés sur les mêmes modes opératoires, au détriment de nombreux aspects socio-économiques à long terme.

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Thèse marxiste sur le capitalisme : depuis que l’Homme ne vit plus directement de la production et du commerce d’un produit issu de sa terre, ce sont les entreprises qui en colonisant ses terres, l’enferme dans un système de rémunération indirecte sur un produit dont il n’est d’ailleurs pas l’unique contributaire. Ainsi, sa ‘’survie’’ dépend de la bonne santé de son entreprise qui fixe une valeur pécuniaire de son travail. L’achat de sa maison à crédit sur 30 ans le met ainsi en situation précaire : la crise Américaine révèle ce phénomène.

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Le changement de politique vers une redistribution des revenus permettrait de diminuer les impacts de la spéculation et favoriserait un rééquilibre entre habitat péri-urbain et réhabilitations des centres-villes. Seule une politique foncière volontariste permettrait aux villes d’affirmer une réelle identité immobilière efficace, à la manière de nouvelles cités jardins, où la surface de gazon d’une terrasse semi-collective associée aux parcs autoriseraient de vrais moments d’échappées sauvages, et libèrerait la campagne de surfaces inappropriées aux lotissements traditionnels, mais où seraient bâtis de véritables continuités urbaines, en lien avec le bourg, et en relations avec des surfaces agricoles de proximité. Cette nouvelle façon de vivre devrait être au centre des préoccupations de nos dirigeants.

Le défi réside donc dans la capacité de tous (propriétaires, promoteurs, aménageurs, élus…) à changer véritablement notre vison du bonheur, en terme d’espace. S’il est à saluer que les grandes agglomérations s’adressent de plus en plus à des architectes conseils pour accompagner la mutation de leurs territoires, il faut encourager tous les élus en milieu rural à être plus attentifs à l’identité de leur commune et son développement dans les années à venir. Dans un premier temps, il convient de véhiculer une autre image de ce que peut être le bonheur, le plaisir, la quiétude, en bref, tous les qualificatifs qui justifient l’habitat individuel diffus pour se tourner vers de l’habitat individuel dense qui est aujourd’hui plus qualitatif. En second, il faut réussir dans une démarche globale à préserver toutes les identités d’un lieu (architecturale, paysagère, gastronomique, culturelle, sociale) et préserver les ressources agricoles. Pour finir, il s’agit de développer les outils juridiques inhérents à ce changement de politique à travers un meilleur pilotage et une meilleure articulation des diverses démarches d’aménagement. Ces « outils » peuvent être : Réglementaires  Plan local d’urbanisme _PLU,  Plan Local d’Habitat _PLH,  Plan de Déplacements Urbain _PDU,  Plan d’Aménagement et de Développement Durable _PADD,  Zones de Protection du Patrimoine Architecturale Urbain et Paysager _ZPPAUP, Environnementaux :   

Démarche d’Analyse Environnementale de l’Urbanisme _AEU Haute Qualité Environnementale _HQE Autres Labels : Minergie, Minergie P, Passiv’Haus, Effinergie, NF Maison Individuelle à Haute Performance Energétique….

Incitatifs :   

Taxes sur les constructions énergivores ou mal conçues Primes à l’amélioration des pratiques et démarches liées au développement durable Charte de Développement Durable

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Bilbliographie : _Comprendre le modèle de la maison individuelle :    

« La maison individuelle »,2006, par Yann NUSSAUME, Ed. du Moniteur « Archi Pas Cher » Tome 1 et 2 ,2006-2007, Olivier Darmon, Ed. Ouest France « Vers une Architecture », 1923 Le Corbusier Rapport de la commission Maison Individuelle de l’Ordre des Architectes, « Le Maire, l’Architecte et l’Habitat individuel »

_Appréhender les phénomènes urbains en jeu :   

« La charte d’Athène » , 1942,Le Corbusier, Ed. de Minuit, collection le Point « Projet Urbain », 2005 David Mangin et Philippe Panerai Le cours de 3ème Année d’Alena Kubova, « La modernité »

_Découvrir la conjoncture actuelle :  « Le plein s’il vous plaît ! la solution au problème de l’énergie » J.M Jancovici et Alain Grandjean  Article du Monde « Ces villes qui étouffent la Campagne », 19 Avril 2008, Hervé Kempf  Hors série Science&Vie, « la maison du XXIème siècle » Décembre 2007 ….

_Sur internet : Ademe.fr Architecteur : www.architecteurs.fr Ordre des architectes : www.architectes.org Plan Urbanisme Construction Architecture : www.archi.fr/PUCA/ Syndicat National des Aménageurs Lotisseurs : www.snal.fr Union des Constructeurs de Maisons Individuelles : www.uncmi.org

Crédits Photographiques : P : 7 Photo personnelle Artonne : documents personnels et site internet d’Artonne : http://perso.orange.fr/artonne Saint Andéol le Château : Exndo, SUD ARchitectes Remerciements à Mr Miramand, Mr Moulinier, Martin, Alex et les autres

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Annexes

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Etudes prospectives Lotissement éco-conçu sur la commune d’Artonne (63460)

[ Pourquoi réaliser cette démarche ? ]

Le village d’Artonne, situé en Nord Limagne, à 35Km au Nord de Clermont-Ferrand subit en sa périphérie proche une implantation de maisons individuelles qui ne répondent pas véritablement aux enjeux environnementaux et sociaux du futur. Afin d’éviter ce mitage irréfléchi que le seul PLU ne suffit à garantir, il me paraît nécessaire de mener une action prospective quand aux qualités des espaces libres du village et leur potentiel architectural, en vue de réaliser un ensemble bâti écoconçu. (à proximité du bourg, ce-dernier étant déjà relativement dense) La valeur ajoutée d’une démarche de construction suivant des principes de développement durable semble porteuse dans un contexte de sauvegarde énergétique et de changement des modes de vie. Aussi, l’analyse de différentes parcelles, l’étude du contexte architectural, environnemental ainsi que du marché et des filières locales de construction constituent de bonnes bases dans la perspective d’élaborer un projet d’Eco lotissement dans la commune.

Le P.A.S.E.R, projet d’action stratégique de l’Etat en région Auvergne souligne que d’ici 2030, il est fort probable que l’Auvergne continue de perdre des habitants. A cet égard, il prévoit en son préambule "l’intégration du développement durable dans la définition et la mise en œuvre des actions publiques, d’une part, et dans le fonctionnement de l’Etat, d’autre part *...+ " Cette démarche avait été largement engagée à l’occasion du Projet territorial de l’Etat en région et a suscitée la création d’un réseau du développement durable. Les élus locaux se devraient donc être à l’écoute de ce projet, et la notion de développement durable semble être acquise comme vecteur de croissance à moyen et long terme.

Les investissements récents de la ville de Clermont-Ferrand laissent à penser qu’un développement économique futur est en marche et les communes alentour devraient tout faire pour tirer parti de cette croissance. Aussi, en projetant un lotissement éco-conçu sur la commune d’Artonne, je souhaiterais créer un « pôle rural » d’attractivité assurant la pérennité de cette commune. La cible pourra être des actifs ayant un travail en région Clermontoise (toute proche grâce à une sortie de l’autoroute A71 et la route nationale 9 situées à quelques kilomètres) et souhaitant un

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cadre de vie non urbain. Il est à noter aussi que le télétravail devrait s’accentuer dans les années à venir, ce qui favoriserait l’implantation d’un nouveau type d’habitants, et une nouvelle façon de vivre au quotidien. Enfin, La présence de deux écoles (privé et public), ainsi que d’un bureau de poste, d’une boulangerie et d’une épicerie-bar dans le bourg prouve qu’il est envisageable de développer cette idée dans la commune, afin de préserver ces activités et de les développer.

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Sommaire -[ Analyse du contexte environnemental ]………………………….…p: 42 -les cabinets vignerons -contexte géologique

-[ Contexte géologique ]……………………………………………….……….p: 47

-[ Analyse architecturale ]………………………………………………….…. p: 48 -les maisons vigneronnes -les remparts -les pigeonniers -les murs

- [ Les logements de la commune ]……………………………….…………..…………..p: 55 - [ Marché : comment le rattraper ? ]…………………………….…..….p: 56 -[ Solutions envisageables ]………………………………………..…………..p: 58 -[ En aparté ] ………………………………………………………………..………….p: 60 -[ Annexes ] -Annexe A : plan général du village au 1/5000, situation des prises de vues -Annexe B : répartition du bâti -Annexe C : inventaire des tours et pigeonniers -Annexe D : plan et analyse au 1/1000 de la parcelle retenue

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Photo 6 annexe B: vue depuis le bas du village

[ Analyse du contexte Environnemental ] 1.1 Identité de la parcelle retenue : Adresse : angle chemin de la Croix des rameaux/ route de St Agoulin Parcelle au plan cadastral : Section ZT, n°166 Situation : Longitude 03°08’08.29 Latitude 46°00’12.10 Alt min 403m Alt max 413m Situation de la commune : Numéro INSEE

Nom de la commune

Département

Superficie

Densité

63012

Artonne

PUY-DE-DOME(63)

1748 ha

43 Hab/m2

Projection

X

Y

Lambert 93

711143 m

6544847 m

Lambert II étendu

662542 m

2111771 m

Lambert Zone 2

662542 m

***2111770 m

Système

Longitude

Latitude

NTF

0.897 grades

51.114 grades

ED50

03°08'41''

46°00'15''

Altitudes

Cote

Altitude minimale

334 m

Altitude maximale

532 m

*** Le premier chiffre de la coordonnée Y correspond au numéro de la Zone Lambert. La coordonnée est fournie par les chiffres suivants (Les coordonnées Lambert Zone sont des coordonnées "Carto").

Source : site IGN

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1.2 Contexte historique actuel : Artonne est une ancienne ville fortifiée qui faisait partie des treize bonnes villes d’Auvergne. Il reste aujourd’hui quelques vestiges du Moyen Age : l’église Saint-Martin, quatre tours de fortification, l’octroi et quelques échoppes de magasin. Louis XIII et sa mère Marie de Médicis étaient seigneur d’Artonne. A l’époque gallo-romaine Artonne existait déjà, on retrouve des vestiges antiques sur toute la commune.

Artonne qui flirte autour de 800 habitants, est la deuxième commune derrière le chef-lieu de canton, Aigueperse, dans l’arrondissement de Riom. La commune est composée de trois villages et de deux hameaux ainsi que de quelques fermes isolées pour une surface totale de 1748 hectares, dont 33 de forêt. Elle se situe à 35 Km du centre de Clermont-Ferrand. La commune dispose de 3 commerces, 6 artisans, 12 associations, 2 écoles et un antiquaire. 1.3 Contexte géographique : Artonne est surnommé le Belvédère de la Limagne. Le village est au nord du Puy de Dôme, entre les Combrailles qui sont des montagnes cristallines, et le fossé sédimentaire médian que constitue la Limagne. Le village est à flanc de coteaux (le Puy St Jean) et offre ainsi un point de vue sur toute la Limagne jusqu’aux Mont du Forez à l’Est et la chaîne des puys au Sud/Sud Ouest. La commune est desservie par la route départementale D985 et deux gerands axes de circulation se qui se trouve dans un rayon de 5km : l’autoroute A71 (sortie n° 12 Combronde) et la RN 9 passant à Aigueperse.

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1.4 Aspects environnementaux : -Environnement naturel : La commune possède une zone Natura 2000 en marge du bourg principal :

Topographie : le village s’inscrit sur une pente douce qui s’élève ensuite sur une colline (le puy St jean) Paysage : village sur un coteau exposé au Sud, vues dégagées sur la plaine de la Limagne et la chaîne des puys Végétation : noyers, marronniers, tilleuls, forêt (chênes et essences diverses, haies, certaines propriétés très fleuries… Voisinage : Edifices inscrit MH (Eglise)

1.5 Réglementation en vigueur : Zonage : à préciser SHON max : COS = 0.16 Hauteur maximale : R+1 Gabarit maximum à préciser Toitures : possibilité de toitures végétalisées Eaux pluviales : rejet vers réseau ou gestion sur la parcelle

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Assainissement des eaux usées : individuel si le terrain permet de respecter une distance de 35 m entre le point de rejets des eaux usées et le point d’alimentation individuelle en eau potable Réseau de chauffage : pas de chauffage collectif Réseau de gaz, énergie: gaz de ville, ensoleillement moyen (entre 1220 et 1350 kW.h/m ² )

1.6 Nuisances : Mouvement de terrain Sans enjeu humain Inondation Sans enjeu humain Séisme zone de sismicité Ia

1.7 Climat : Températures et précipitations moyennes sur les trente dernières années :

source : météo France

Pas d’informations trouvées quand aux vents spécifique à la commune

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[ Les cabinets de vigne(ron)s… ] On voit sur le cliché ci-contre un élément fort du paysage proche du village. Les « cabinets de vigne » comme on les appelle ici, façonnent le paysage et sont autant de points de repères pour les promeneurs. Ils restent des témoins d’une activité agricole passée. Les parcelles sur lesquelles ils sont implantés étaient autrefois des surfaces plantées de vigne (pour la plupart).

Ces dernières étaient éloignées du village et lorsque le cultivateur s'y rendait, il y passait la journée. La vigne est taillée et défoncée l'hiver d'où l'utilité d'avoir un lieu où se mettre à l'abri pour se reposer, pour manger ou pour simplement entreposer ses outils.

Il ne reste aujourd’hui que peu de vignes. On peut voir sur cette cabane que la brique était utilisée dans ce genre de petites constructions, cela donne des pistes quand aux matériaux régionaux (cf Contexte géologique). Ce patrimoine est à conserver s’il est présent sur une parcelle que l’on souhaite aménager. Il devient je pense un élément fort comme par exemple la présence du mur que je détaillerai plus loin.

Photo 1, annexe A

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[ Contexte géologique ] Artonne était connu pour ses carrières à ciel ouvert de pierres calcaires. Il en reste un groupe de sept dans un lieu dit proche de la commune. Elles datent de la deuxième moitié du XIXème siècle et furent exploitées jusqu'en 1914. L'emplacement des anciennes carrières dans lesquelles furent tirées les pierres des plus vieux bâtiments n'est pas connu avec précision. D’après certaines sources, les carriers rebouchaient leur gisement à fur et à mesure de l'avancement de leur exploitation avec les résidus de taille, le tout recouvert par la terre issue du dégagement du gisement en cour d'exploitation. On voit ici le souci de la préservation du milieu malgré une exploitation nécessaire. Les principales carrières se trouvent aux Côtes-de-la-Garde, lieu-dit situé sur le plateau au dessus du village de Glénat (qui fait partie de la commune d’Artonne). Le calcaire se présente sous forme de banc d'environ 80 centimètres d'épaisseur. Chaque banc est séparé d'une couche d'argile fine de couleur jaune. Ce calcaire est très dur, il résiste bien aux intempéries. L’activité des carrières semble avoir été mise à mal par la guerre qui a vu partir les carriers au front, dont peu sont revenus .Ces derniers possédaient également de petites constructions dont voici une photographie ; Celle-ci est construite sur le rocher et son sol est dallé. Un cadran solaire trône en façade. L'exploitation de la migmatite rouge qui est utilisée pour l'empierrement des chemins participe à l’histoire du village. Cette roche fut aussi utilisée ponctuellement et dans un faible rayon, pour la construction de petits bâtiments. Le lieu d'exploitation de cette roche se nomme Cacheras, dans la vallée de la Morge entre Saint-Myon et Artonne. C’est également par là-bas que se situe la zone Natura 2000. Du sable fut aussi tiré des carrières au Chalendier. Néanmoins il semble que ce lieu fut d'abord exploité pour son calcaire. Le Chalendier se trouve sur le plateau au dessus du village d'Artonne. Une carrière est toujours en activité. Elle se trouve au lieu-dit "Les Croix" *et appartient à la commune qui l'exploite pour ses seuls besoins.

*cf Annexe A source : site internet d’Artonne http://perso.orange.fr/artonne

Migmatite : roche métamorphique comportant du matériel granitique et métamorphique, issue de la fusion d'une roche lors d'un phénomène d'anatexie. Anatexie : fusion partielle (donnant une migmatite) ou totale (donnant par exemple un granite d'anatexie) d'une roche soumise à une augmentation de pression et de température.

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[ Analyse architecturale ] Ces petits cabinets que l’on vient de voir façonnent déjà le paysage du village. Ils participent à donner une identité architecturale, à la manière des nombreuses croix et fontaines* qui rappellent le sacrifice divin. (*fontaines du 12ème siècle classées MH, comme l’église) Le maire mise beaucoup sur la restauration des habitations dans le cœur du village. L’histoire des maisons leur donne une spécificité que l’on ne retrouve guerre en couronne : ce sont des maisons de vignerons, dont on connaît l’histoire grâce aux travaux de recherches effectués par une association du village. Ces recherches donnent d’ailleurs des indices et des éléments importants à prendre en compte en vue de la construction d’un ensemble de maisons en dehors des enceintes du village, qui

participeraient au développement maîtrisé de la commune tout en perpétuant une identité certaine.

Les maisons vigneronnes sont très caractéristiques. Elles disposent de trois niveaux : le cuvage, l'habitation et le grenier. Un escalier extérieur en pierre grimpe contre la façade principale. Souvent abrité d'un auvent, il donne accès à l'habitation du cultivateur. La partie sous l'escalier qui est fermé par une porte en bois, abritait le

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cochon. La toiture est couverte en tuile canal, agrémenté d'une génoise. La façade est sobre avec une porte double, ouvrant sur le cuvage, l'habitation est percée d'une porte et d'une fenêtre. Enfin, le grenier dispose d'une ou deux ouvertures.

Le matériau privilégié est le calcaire pour la réalisation des murs, des encadrements de portes et de fenêtres ainsi que pour les marches de l'escalier. Le bois est aussi très utilisé, en particulier pour la réalisation de l'auvent. A Artonne, la tuile semble être le seul matériau employé pour couvrir les maisons vigneronnes, contrairement à Chaptuzat (village voisin) où c'est la chaume qui domine. Il semble d'après les archives que quelques granges à Artonne étaient couvertes en chaume. Aujourd'hui, trois ou quatre bâtiments disposent de pignons à redans qui sont la marque d'une couverture de chaume. Pour l’anecdote, une personne qui rénove près de l’église doit numéroter les pierres et autres linteaux de façon à garantir une reconstitution fidèle en replaçant dans la mesure du possible tous ces éléments. D’ailleurs, si des matériaux semblent être à éviter par soucis de plaire aux ABF très présent dans le village, c’est sans compter sur la perte de savoir-faire que connaît le village. Il ne reste aucun maçon qui ne sache monter les murs d’une maison autrement qu’en parpaing ou en béton. La condition nécessaire résidant ensuite dans le choix du crépi. Seules les restaurations perpétuent la tradition Les photos qui suivent donnent un aperçu de l’ambiance du bourg :

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[Les remparts] (cf Annexe C) La spécificité du village consiste en une multitude de points de vue générés par une implantation du bâti qui ne cherche pas à s’aligné, et cela d’où que l’on accède. Les enceintes actuelles du village sont marquées par des tours et il faut savoir que si Artonne était jusqu'à la révolution ceinturée de remparts, aujourd'hui il ne reste plus que quelques murs et des tours. La porte orientale se trouve faubourg Saint-Jean. Equipée d'une herse et d'une porte barrée, elle protégeait l'entrée Est de la ville d'Artonne. Cette construction avançait en dehors des remparts sur le fossé,il semble qu'elle était construite comme une barbacane*17. Aujourd'hui il ne subsiste que le passage de la herse, le guichet de l'octroi et le montant de la porte. L'ensemble fut reculé pour les besoins de la circulation. La porte occidentale se trouve grande rue. Elle est matérialisée par une grosse tour ronde sur le côté de laquelle se trouve le passage de la herse. A l'origine cette porte était prise en deux grosses tours de protection. En effet, contrairement à l'autre porte, le relief à l'extérieur est plus élevé que la rue ce qui offre l'avantage aux assaillants, d'où la nécessité de renforcer la défense de ce point par deux grosses tours. La tour rue Saint-esprit qui est en très mauvais état se trouve dans l'alignement de la porte orientale. Il est possible qu'elle soit une tour d'angle du château d'Artonne. La tour boulevard des Ussels se trouve sur le côté nord de la ville d'Artonne. Elle marque un point de courbure du rempart. La tour rue de l'antique tour est issue de l'enceinte

17

Barbacane : on désignait pendant le moyen âge, par ce mot, un ouvrage de fortification avancé, de forme circulaire ou semi-circulaire, qui protégeait un passage, une porte ou poterne, et qui permettait à la garnison d'une forteresse de se réunir sur un point saillant à couvert, pour faire des sorties, pour protéger une retraite ou l'introduction d'un poste de secours.

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primitive d'Artonne qui fermait le quartier de l'église Saint-Martin. Par la suite, elle faisait probablement partie des immeubles du chapitre d'Artonne qui fut définitivement dissout à la révolution.

[Les pigeonniers]

Artonne était une commune viticole, ce qui explique le grand nombre de pigeonniers. Il en existe encore 34 (cf Annexe C pour un inventaire non exhaustif). La fiente des pigeons servait d'engrais pour la vigne. Avec l'arrivée du phylloxéra, la vigne fut abandonnée et les pigeonniers perdirent leur rôle. Les pigeonniers sont classés en quatre catégories : les pigeonniers de moulin, d'enclos, de ferme et de fiefs.

Les pigeonniers de moulin étaient liés à l'activité meunière, les pigeons mangeaient les résidus de cette activité. Les pigeonniers d'enclos étaient à l'extérieur des villages et à l'intérieur d'une parcelle de vigne close d'un mur, la fiente des pigeons était directement sur place et le rez-de-chaussée servait de cabane de vigne. Les pigeonniers de ferme faisaient partie des bâtiments agricoles de l'exploitation. Les pigeonniers de fiefs étaient dans la ferme du château et les pigeons étaient pour le Maître.

Le pigeonnier du Billodou qui est un pigeonnier d'enclos, se trouve dans un verger imbriqué dans le village d'Artonne. Cette parcelle qui appartenait au chapitre d'Artonne, n'a pas changé depuis la révolution car elle était décrite comme "un verger clos de murs avec un pigeonnier" lorsqu'elle fut prise comme bien national.

Le pigeonnier des Chiroux qui est un pigeonnier d'enclos, est construit sur une base triangulaire. Il dispose de trois niveaux : une cave, un rez-dechaussée et un étage qui recevait les pigeons. L'inscription "1823 ROZIER VARENES" est lisible sur le linteau de la porte et des peintures ornent l'intérieur.

Le pigeonnier des Ussels est un pigeonnier d'enclos. Il était sous l'ancien régime dans l'angle d'un magnifique jardin à la Française

Le pigeonnier des Maisons Blanches est un pigeonnier d'enclos.

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[ Les murs ]

Les murs définissent donc une typologie particulière quant aux modes de déambulations du village ainsi que les modes d’accès aux propriétés bâties. Cela est valable dans le bourg, et contribue à une qualité paysagère particulière. Les maisons sont pour beaucoup des constructions vernaculaires en pierres comme vue précédemment.

Divers programmes ont permis la sauvegarde et la restauration de ces limites, véritables seuils avec des ambiances médiévales sous-jacentes.

Derrière les murs, de verdoyants jardins.

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[Un mur, des murs] Voici l’équivalent d’une balade du bourg vers sa périphérie:

Photo 3 Annexe A

Photo 4 Annexe A

Photo 5 Annexe A

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Voici des clichés de la parcelle indiquée comme celle présentant de bonnes conditions à l’implantation d’un projet : -très bonne exposition, pas de masques macroscopiques conséquents ; -préservation et mise en valeur du patrimoine existant ; -zone de transition entre les deux groupes distincts de bâti du village et les abords du village où l’ambiance sonore et végétale est très calme, -viabilisation possible (proximité des réseaux) et certificat d’urbanisation possible si le terrain est loti. Parcelle en forme de triangle (différente des parcelles en lanière caractéristiques du vignoble) accolée à la voirie, accès direct.

on peut voir de nombreux éléments à préserver (photo cf Annexe D).

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[Les logements de la commune] Une étude de l’INSEE datant de1999 fait le point sur l’ensemble bâti de la commune, ainsi que le type de logement ou encore l’âge moyen de ménages. On apprend notamment que la plupart des habitant sont des actifs de 30 à 59 ans. On observe aussi qu’une majorité de constructions datent d’avant 1915 (celles qui créent cette ambiance vigneronne et médiévale) et qu’une partie des constructions en causes selon moi de la détérioration du paysage ont été réalisées dans les années 1980. Le nombre de personnes vivant dans un même logement nous fournit des informations quand à la cible que nous pouvons viser et notamment que la plupart des occupants du village sont propriétaires, et donc que ce type d’investissement semble porteur à Artonne.

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Les photos ci-dessous montrent les logements sociaux du bourg :

Ce sont des opérations qui résultent de réhabilitations dans le centre bourg

[Marché : comment le rattraper ?] Les opportunités foncières résident surtout dans des vides entre le bâti périphérique (>250m de l’église, 3ème couronne, cf habitat dispersé Annexe B) et l’enceinte du village. La commune et certains privés aisés (souvent beaucoup de travaux) restaurent le bourg du village (1ère et 2ème couronnes).Les gens qui le peuvent s’installent sur les parcelles en sortie de village. Il s’agit donc soit de terrain non viabilisés à lotir, soit de petites parcelles jusqu’à 2000m². La viabilisation peut se faire aisément dans la plupart des cas, et il est à noter que le village est pour la plupart desservi au gaz de ville, possible complément à des installations autonomes comme il serait prévu de le faire. Un réseau ADSL permet aussi de s’inscrire dans une démarche dynamique d’accès aux technologies nouvelles. La majorité des propriétaires terriens étant des héritiers ou futurs successeurs d’agriculteurs, de nombreuses opportunités foncières (en termes de disponibilité) sont à saisir.

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57 Mémoire 3ème année_ENSAL


Le monsieur que j’ai rencontré à acheter il y à un an 1538m² de terrain viabilisé pour 40 000€, par relation (prix initial de 50 000€). Il ajoute à cela 160000€ pour une maison de promoteur classique de 117m² SHON. Il fait le choix de la géothermie au gaz (installation par SOFATH, meilleur solution technique que fluide caloporteur classique me semble-t-il) qui lui coûte plus cher que la ristourne obtenu pour le terrain, mais le crédit d’impôt est là pour renflouer la trésorerie au moment venu. La brique Monomur® aurait été une option trop coûteuse mais proposée par le promoteur-constructeur.

L’ensemble de l’opération lui reviens donc à 1709,40€ /m² SHON ce qui est en dessous du coût d’un projet éco-conçu. Il est à noter que les budgets concernant les maisons de promoteurs se situent entre 150000€ et 200000€ (terrain compris, d’une surface variant entre 800 et 1500m²), cela pour des maisons catalogues. Leur démarche s’inscrit dans une logique de rentabilité excessive avec un fort taux de développement annuel (plus de 150 maisons pour le promoteur régional ELAN cette année, 30 années d’expérience). Pour les avoir rencontrés, je peux dire que ces gens sont des commerciaux de formation et n’ont pas plus de compétences en termes de bien-être intérieur que dans les aménagements extérieurs de leurs projets.

Il est à préciser que la cible que nous pouvons fixer sont les actifs ayant des préoccupations environnementales naissantes ou développées, avec un budget proche de celui d’un Clermontois, sachant que la côte Artonnoise et plus élevée qu’à Clermont-Ferrand. Cela n’empêche vraisemblablement pas un grand nombre de demande, ce qui revêt un intérêt certain.

Reste à fixer clairement un prix de sortie inférieur ou égal à 2000€/m² SHON ou alors définir, par une analyse plus fine des bassins d’emplois environnant, des budgets plus élevés. Reste à pouvoir lancer l’idée selon laquelle l’avenir de la commune dépendra du maintient d’un certain nombre de services vecteur d’attractivité, ajoutés au cadre de vie, que le maire souhaite développer de façon certaine, si l’on souhaite l’avoir comme maître d’ouvrage dans le cadre de son « projet pilote » Il s’agirait ainsi de proposer un programme d’habitat répondant aux critères identitaires et pragmatiques définis par le maire et les préoccupations spatiales, sociales et environnementales de des architectes, paysagistes et urbanistes. En attendant, nous pouvons voir ce type de maison à l’entrée du bourg :

Antoine SEGALOV

La maison individuelle: casse tête de la planification urbaine

Mai 2008

58 Mémoire 3ème année_ENSAL


Une maison de plein pied ou en R+1 (en arrière plan) avec une typologie relativement classique,et sans réflexion poussée quand aux alternatives énergétique. On constate notamment le contraste qu’entretien la maison neuve de la photo ci-dessous avec sa voisine ancienne et rénovée.Le toit est moins pentu et la façade comporte moins de niveaux de composition. Je pense qu’il serait intéressant de travailler cette idée de composition visible sur les anciennes demeures comme autant d’éléments structurants d’un projet éco-conçu. ( cf annexe A photo 15, 16)

[Solutions envisageables] Relier les parties excentrées du village au bourg par la préservation et la réalisation de parcelles murées et de bâti qui emprunte au passé certains éléments significatifs sans tomber dans le pastiche Cette action pourrait en dehors de son aspect pratique _loger des familles_ dégager une dynamique raisonnée de développement.

Les deux écoles, la poste, quelques petits commerces peuvent être support de ce développement. Les nouveaux arrivants amènent de la richesse à la commune qui peut être réinvestie dans des programmes de préservations ultérieures. Le bulletin municipale 2006 met en avant les démarches de sauvegarde et de mise en valeur du bourg. Cela s’applique au travers d’un Plan d’Aménagement du Bourg.

Antoine SEGALOV

La maison individuelle: casse tête de la planification urbaine

Mai 2008

59 Mémoire 3ème année_ENSAL


« Ce schéma global d’aménagement et de programmation s’articule autour de deux points : 1-Réhabilitation : ▪ Par l’aménagement des espaces non bâtis, essentiellement aux abords du centre ancien du bourg d’Artonne (premier rempart) ▪ La conservation et la valorisation du patrimoine pour une gestion foncière maîtrisée ▪ L’élimination des désordres (ruines, abandon…). Les vides deviendront des espaces publics.

[Exemple de réalisation]

2-Assurer l’attractivité du territoire : ▪ asseoir le potentiel de développement d’une offre d’hébergement du tourisme qui n’existe pas sur le territoire communautaire (micro-gîtes ?....), voire engager une opération pilote. ▪ Offrir des cheminements et parcours de découverte du patrimoine ▪ Engager une réflexion de l’îlot du presbytère. Cette opportunité foncière de qualité doit recevoir une programmation répondant aux besoins de ce territoire. » Ce PAB constitue le point de départ quand aux propositions que je veux formuler. Si je reprends le thème du parcours, il convient de réfléchir aux différentes échelles auxquelles cela renvoi : -du bourg vers la périphérie : quelle qualité d’espace vécu, quelle type de transition est-il perçue aujourd’hui? -Dans l’hypothèse d’un ensemble éco-conçu, comment intégrer le facteur végétal et l’élément “mur” comme modes de transition entre l’échelle urbaine d’un bourg et sa périphérie rurale mitée ? A une échelle macroscopique, le bâti envisagé serait lui-même en transition avec deux typologies préexistante.

Antoine SEGALOV

La maison individuelle: casse tête de la planification urbaine

Mai 2008

60 Mémoire 3ème année_ENSAL


Le village à participé au concours des villages remarquables d’Auvergne avec comme objectif futur le classement « plus beaux village de France ». Il faut se rendre à l’évidence que beaucoup reste à faire notamment dans les parties excentrées du village. Des éléments du patrimoine y sont en voie de disparition, et le sentiment d’être des laissés pour compte de certains habitants me pousse à croire que la qualité architecturale ne devrait pas trouver d’opposition chez les particuliers. C’est là cependant que sont nées depuis deux décennies des maisons parpaing sans valeur architecturale, au milieu de certaines belles demeures et de ces murs souvent abîmés. Il est envisageable de profiter de l’acquisition d’une grande parcelle de façon à inscrire le projet dans un souci de restauration de ces limites, et ensuite par l’intermédiaire du végétal et des constructions, de créer une balade architecturale entre le vieux bourg et les premiers chemins que l’on parcourt à la découverte du patrimoine de la commune.

[ En aparté ] avec Marie-Hélène CONTAL, directrice adjointe de l'Institut Français d'Architecture

« Encore trop souvent les notions d'écologie et de HQE sont dans le domaine de la construction et de la promotion immobilière associées soit à celles de «contraintes coûteuses», soit à celle de «gadget marketing». «Contraintes coûteuses» car les normes HQE ne feraient qu'entraîner des surcoûts pour des bienfaits hypothétiques. «Gadget marketing» car l'aspect écologique d'un bâtiment n'est souvent mis en avant par les promoteurs que pour se donner une image verte à peu de frais. Bref, si tout le monde parle d'écologie, le souci environnemental est encore loin d'être au coeur des réflexions de nombreux promoteurs et investisseurs. Et même si les choses changent peu à peu, nous sommes encore loin en France d'un courant de fond associant écologie et créativité architecturale. Pourtant en Australie, aux Etats-Unis, au Canada ou en Scandinavie, une nouvelle génération de bâtiments de tout genre prouve qu'innovations architecturales et écologie sont loin d'être contradictoires. Reste que toutes ces réalisations sont bien souvent le seul fait d'initiatives individuelles, perdues au milieu d'une production parfois très médiocre.

Antoine SEGALOV

La maison individuelle: casse tête de la planification urbaine

Mai 2008

61 Mémoire 3ème année_ENSAL


Les villes ou les régions ayant mis au cœur de leur développement des préoccupations «écoloarchitecturales» sont encore très très rares.

L'exception confirmant la règle étant la région du Vorarlberg en Autriche. Voilà en effet un petit coin des Alpes qui a vu sortir de terre depuis dix ans plus de 500 projets (école, maison, bureau, logement, salle de concerts, hôtel...) ayant tous pour point commun d'avoir intégré dès leur conception le développement durable. La moitié des logements neufs construits est ainsi certifié «économe en énergie». Derrière cette créativité se cache un groupe peu connu d'architectes, les Baukünstler, qui ont su sensibiliser les pouvoirs publics et la population locale aux nouveaux enjeux d'une architecture «écolo high-tech». C'est pour mieux comprendre ce qui se passe actuellement dans cette région du Vorarlberg et essayer de voir quelles pourraient en être les conséquences dans la façon de bâtir demain, que nous avons invité Marie-Hélène Contal, directrice adjointe de l'Institut Français d'Architecture, et commissaire de l'exposition Vorarlberg, Une provocation constructive qui tourne actuellement dans différentes villes de France. »

Antoine SEGALOV

La maison individuelle: casse tête de la planification urbaine

Mai 2008

62 Mémoire 3ème année_ENSAL


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