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Panel d’experts : Quelle éducation ?

Quel type d’enseignement pour mon enfant?

« Classique », « active » ou « à domicile »… Ces trois types d’enseignement coexistent en Belgique. Mais que recouvrent ces approches ? Trois experts au tableau, pour nous parler de leurs modèles respectifs.

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Amandine Tuerlinckx

Directrice d’établissement

Pédagogie active type Freinet

Emilie Fockedey

Maman de trois enfants

Enseignement à domicile

Pascal Hallemans

Préfet des études

Athénée Royal de Woluwé St-Lambert

Comment décririez-vous votre approche pédagogique ?

Quid du professeur ?

Quelles sont les caractéristiques majeures de votre méthode d’enseignement ?

« L’élève y est auteur et moteur de son apprentissage. L’essentiel vient de lui. Il façonne l’assimilation des savoirs à son rythme. Le système veille aussi à ce que les élèves apprennent les uns des autres. Pour les parents, la pédagogie active est un choix très réfléchi basé sur des valeurs fortes : de coopération, d’autonomie, de créativité, de démocratie. En misant sur l’intelligence émotionnelle et le vivre-ensemble. Nous transmettons à nos élèves une autre manière de voir et vivre le monde, librement. »

« Après avoir essayé l’école tradi, puis celle à pédagogie active, nous avons opté pour l’enseignement à domicile de nos trois enfants (de 6, 5 et 3 ans). Nous pensons que c’est la méthode idéale pour permettre à nos enfants : de s’épanouir à leur rythme ; de développer leur confiance en eux et leurs talents ; de mieux se connaitre en explorant intensivement les activités et projets qu’ils aiment. Cela demande plus d’investissement en tant que parents mais adieu le stress des déplacements et du sprint quotidien pour ‘‘être à temps’’. »

« Plutôt que maître détenteur et source du savoir, il est l’accompagnateur des enfants. Il crée les conditions optimales de leurs apprentissages dans un cadre très souple et libre. Il organise l’espace, le temps, les ressources, les dispositifs pour que les élèves se mettent en action. Comme école reconnue, nous suivons les référentiels imposés par la FED WB. Le socle commun de savoirs ne diffère pas, seul le chemin qui mène à leur acquisition. L’enseignant vérifie régulièrement (sans cotes ni examens) que l’essentiel est connu. » « Mon mari et moi accompagnons nos enfants de manière personnalisée et sommes épaulés par quelques personnes. Cela nous permet d’exercer nos métiers comme indépendants. Toutefois pour éviter une pression inutile à ces « aidants », nous avons tenu à garder la responsabilité de l’acquisition des connaissances. Les autres personnes sont là pour transmettre leurs passions et savoirs pour lesquels mon mari et moi nous sentons moins à l’aise. Nos enfants devront passer des tests l’année de leur 8 ans, de leur 10 ans, et le CEB. »

« Nos enfants sont passionnés par leurs apprentissages. Ils en expérimentent certains durant des heures. De plus, ces activités sont fortement reliées à notre vie et non à une matière imposée. Cela donne plus facilement du sens aux apprentissages et élargit l’éventail de moyens pour aborder une même matière. Ultime précision : cette méthode ne désocialise pas nos enfants qui participent à de nombreuses activités extra-scolaires et reçoivent souvent chez nous d’autres enfants, dont certains aussi en instruction en famille. »

« Dans l’approche classique, le professeur est considéré comme détenteur des connaissances et l’élève comme absorbeur du savoir, souvent dans un cadre rigide. Chez nous, le rapport est plus horizontal, le cadre très ouvert. Cela ne signifie pas que l’élève apprend tout à 100 % par lui-même. Le temps scolaire comporte certaines plages d’apprentissage plus transmissif sur des matières et principes éprouvés (maths, chimie ou physique). Mais toujours dans un esprit actif et moins directif. » « L’approche classique n’a rien de figé et a intégré des méthodes inductives faisant aussi de l’élève un acteur de son enseignement. La force du traditionnel est de combiner aujourd’hui la capacité d’être transmetteur de savoirs de base incontournables et acteur d’apprentissages pour développer ce socle de connaissances. Cela se fait en classe, cet espace sacré où chacun peut s’exprimer librement, avec bienveillance et en respectant un cadre éducationnel commun indispensable à l’application de méthodes pédagogiques efficaces. »

« En école ‘‘traditionnelle’’, le professeur a en partie conservé ce rôle de transmetteur pour fixer un socle de départ aux élèves sur lequel se bâtira ensuite l’acquisition d’autres connaissances dans le respect des référentiels et programmes. Il est aussi le facilitateur des apprentissages et celui qui applique un modèle éducationnel permettant à une classe de bien fonctionner. En fin de secondaire, tout élève qui quitte notre école doit être capable de gérer sa liberté. Notre enseignement doit lui fournir les outils pour cela. »

« La liberté, c’est capital. Mais on ne peut pas, comme en pédagogie active, la décréter dès le départ. Elle doit se gagner au fur et à mesure de l’apprentissage de l’élève. C’est pourquoi l’enseignement classique reste à la base plus cadré. Car si chacun fait à sa tête, on perd le contrôle. C’est encore plus vrai dans des écoles multiculturelles. Pour qu’une classe soit vivable et gérable, la seule référence doit être un modèle éducationnel commun et non l’addition des cadres éducationnels de chaque élève. »

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