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Panel d’experts : entreprendre en Belgique
Belgique, terre d’entrepreneurs
Un point commun entre les Régions de notre pays ? Elles hébergent toutes les trois des entrepreneurs ambitieux et créatifs. Nous en avons donc rencontré trois pour comprendre si des nuances existent entre la Flandre, Bruxelles et la Wallonie.
GEORGES DE FEU. CEO de LynxCare, scale-up spécialisée dans le traitement de données en milieu hospitalier THIERRY TACHENY. CEO d’Invineo et créateur d’un système de distribution de vin au verre intelligent et connecté CÉLINE BOUTON. directrice associée de LITA.co, plateforme d’impact investing
Selon vous, quelles sont les qualités de l’entreprenariat dans votre Région ?
« Chez les jeunes en tout cas, je n’ai pas l’impression qu’il y ait vraiment une différence entre les entrepreneurs flamands et ceux des deux autres régions. Je suis flamand, mais je vis à Bruxelles, et j’observe les mêmes traits de caractère. Un entrepreneur, c’est selon moi quelqu’un qui voit les choses sous un angle différent et veut fondamentalement les faire changer, évoluer. C’est aussi quelqu’un de têtu, qui aime le challenge et veut faire grandir son initiative. C’est un état d’esprit qu’on retrouve partout, peu importe la région d’origine. Finalement, les différences sont plus marquées entre les entrepreneurs et les «non-entrepreneurs», qu’entre entrepreneurs issus de régions différentes. » « En Flandres, on aime ériger les entrepreneurs en modèles. Des personnalités émergent ainsi, grâce à l’attention des médias et à une forte présence sur les plateaux TV. Cette particularité a évidemment des bons côtés, même si je trouve qu’on a tendance à se focaliser plus sur les personnes que sur leurs projets. Il faut aussi souligner que la Flandre est composée d’un important tissu de PME. Il faut le protéger, car ces PME sont des lieux de créativité et de dynamisme, mais aussi d’apprentissage. J’ai personnellement appris beaucoup au sein du petit réseau de pharmacies géré par ma mère. Certainement plus qu’à l’école où l’entreprenariat est une matière optionnelle, ce que je déplore. » « C’est sûr qu’il existe un bon environnement dans le nord du pays. Mais j’ai parfois l’impression qu’on en fait de trop, ou en tout cas qu’on ne s’y prend pas comme il faut. Je trouve par exemple que les autorités dépensent beaucoup trop d’argent pour des organisations de conseil. Il y a trop de conseillers pour tout, et qui ne laissent même pas les jeunes entreprises connaître l’échec, alors que ça peut être très bénéfique. Je crois que l’argent serait mieux utilisé dans l’aide au lancement, sous forme de capitaux de départs. Je pense également qu’il faut plus d’aides pour permettre aux entreprises de grandir à l’échelle européenne, car c’est une opportunité fantastique. » « Tout d’abord, je parlerai de quantité car il y en a. Ensuite je dirai qu’il y a une véritable intelligence et beaucoup d’agilité au sein de nos startups. Nous n’avons aucun complexe d’infériorité à développer par rapport à nos voisins. En revanche, parce que l’accompagnement de nos projets est proportionnel à la taille de notre «petit» écosystème financier, nous souffrons souvent d’un déficit au démarrage par rapport à nos voisins français ou allemands. Cela nous force à inclure rapidement une dimension internationale à nos projets. Ce qui peut faire peur, mais je pense que nos entreprises en retirent rapidement une plus grande agilité et une plus grande efficacité. » « Les choses ont beaucoup changé au cours de ces dernières années. Il y a une émulation nouvelle qui agite le territoire. La communauté des entrepreneurs wallons connaît de nombreux changements : elle grandit vite, essaime et décomplexe les talents. On voit désormais des «licornes» locales ou de grosses levées de fonds qui se signent ; tout cela accélère le mouvement. Et puis, bien sûr, les clichés tombent : la Wallonie un peu endormie qui sort difficilement de son passé industriel, ce n’est plus d’actualité. Nous surfons sur un renouveau, une dynamique nouvelle. » « L’écosystème d’accompagnement grandit également. En Wallonie, les aides existent et sont mieux structurées. Il y a plusieurs niveaux d’intervention, et on sent que les relais entre ces niveaux s’installent. Par ailleurs, à côté des investisseurs privés, l’administration et le monde politique sont à l’écoute. Mais attention : dans ce système, la persévérance et l’opiniâtreté sont des nécessités pour l’entrepreneur. Il faut bouger, se montrer, tenter sa chance plusieurs fois, frapper souvent aux portes et être patient. Les processus de décisions et les négociations restent longs. D’où, l’importance d’une communication talentueuse et celle de rapidement s’entourer d’une équipe multilingue. » « Je vois deux types d’entrepreneurs. D’un côté, le monde des startuppers. Chez eux priment l’audace et la capacité à bien s’entourer. Ils sont persévérants et connaissent la vie mouvementée d’entrepreneurs qui veulent aller vite et loin. En parallèle, et surtout à Bruxelles, où l’on compte 62 % d’indépendants d’origine étrangère, un autre type d’entrepreneuriat existe, moins visible. Pour ces personnes, l’entrepreneuriat est davantage une porte de sortie de la précarité ou une nécessité de vie. Elles n’ont souvent pas de bagage professionnel ou de diplômes universitaires mais beaucoup de volonté. Chez eux, il s’agit plus de subvenir à leurs besoins et à
Pensez-vous qu’il y règne une culture de l’entreprenariat suffisamment forte ?
ceux de leur famille. » « De plus en plus en effet ! On voit éclore des cours spécifiques dans les écoles ou les universités. Les étudiants sont de plus en plus formés à des logiques entrepreneuriales. Des initiatives comme JobYourself ou la Smart permettent d’entrer doucement dans ce monde en testant son activité. Mais je pense que la culture de l’entrepreneuriat fait encore peur. On perçoit encore surtout les contraintes administratives, les frais et les taxes que le statut engendre. D’un autre côté, l’entreprenariat social prend aussi beaucoup d’ampleur car les gens cherchent du sens à ce qu’ils font. Ils ont acquis un bagage dans le monde de l’entreprise et décident de le mettre au service d’une cause qui
Estimez-vous recevoir un soutien et des aides adaptés à vos défis d’entrepreneur ?
leur tient à cœur. » « Oui, notamment au niveau de la région Bruxelles-Capitale où nous sommes bien lotis. Des structures telles que Hub. Brussels, le 1819, MyBusinessPass ou le Réseau Entreprendre permettent de trouver soutiens, conseils et financements. Il y a également énormément d’événements autour de l’entrepreneuriat ou d’endroits où se retrouver et travailler. Les soutiens viennent autant du public, que des réseaux d’entrepreneurs et du grand public à travers la «smart money», via le crowdfunding par exemple. En matière d’entrepreneuriat social, beaucoup de choses ont émergé ces dernières années : Coopcity, LITA.co, BeCircular, Solifin, la Beescoop, etc. Le terrain est propice à créer de belles entreprises. »
Objectif Liège !
Si de nombreux entrepreneurs connaissent les avantages de la région liégeoise question expertise, dynamisme ou situation géographique, tous ne sont pas au fait des nombreuses possibilités pour dénicher le bon endroit pour déployer leurs activités dans un environnement porteur de solutions durables et mixtes avant tout. Heureusement, d’autres veillent au grain pour eux !
C’est le cas de la SPI, Agence de Développement de la Province de Liège, qui réunit 84 communes et la Province pour maximiser et multiplier les opportunités. « L’image de Liège comme ville affaiblie par la fermeture de plusieurs entreprises emblématiques est définitivement derrière nous », résume, comme un mantra, Cédric Swennen, Directeur Général de la SPI. Il nous en dit un peu plus : « Aujourd’hui, Liège possède un tissu économique très actif. Nous œuvrons pour que la province dans son ensemble soit un territoire attractif. En 2030, la réussite de sa transformation post-industrielle doit être exemplaire à l’échelle européenne. »
Concrètement, cette mission pour le moins ambitieuse vise à créer une interface entre lieux de vie, collectivités et entreprises. Cédric Swennen reprend: «L’objectif, dans tous les cas, vise à apporter des solutions durables aux défis du développement territorial. Créer et régénérer des lieux de vie et d’activité répondant aux besoins des entreprises et des futurs usagers de ces lieux. »
Bref, le rôle de l’agence ne se borne pas à trouver l’endroit idéal pour une implantation idéale, elle aussi. En fait, une agence de développement accompagne les projets depuis leur idée jusqu’à leur réalisation concrète. Ce processus débute par l’analyse et l’accompagnement stratégique. Avant d’enchainer sur la conception de nouvelles fonctions et usages du territoire. Tout cela sans oublier la construction, la rénovation, la promotion immobilière et la gestion de l’animation de quartiers et des lieux économiques. « Les entrepreneurs doivent bénéficier de l’environnement et de conseils propices à leur implantation et à leur croissance. Mais il ne faut pas se limiter à cela, effectivement ! Il faut, par exemple, développer des lieux mixtes au niveau de leurs fonctions. Parce que c’est dans une logique mixant habitat et économie que se niche aussi le secret de la vitalité d’un quartier. »
Donc, la valeur ajoutée d’une telle agence pour ses clients privés est d’apporter une solution d’implantation couvrant leurs besoins durant tout le cycle de l’activité professionnelle: amorçage, création, développement, et maturité. La valeur ajoutée de la SPI pour ses associés, cette fois, est majoritairement liée aux retombées indirectes des investissements réalisés sur le territoire. Au niveau économique, social et environnemental.
Pour ce faire, outre une expertise et une connaissance pointue du terrain, une aide quasiment scientifique est essentielle. Et c’est le cas avec la maîtrise de la data, devenue une expertise essentielle. « C’est une excellente façon d’obtenir des informations fiables et objectives pour baliser un projet tout au long de son développement. Par exemple, pour voir où existent des potentiels de reconversion. En résumé, ces données nous aident à devenir plus agiles, à tirer au mieux parti des opportunités. La data est devenue essentielle, dans notre secteur aussi. »
Une logique de fonctionnement permettant de rouvrir aussi les yeux des interlocuteurs, visant à leur faire considérer les choses de manière plus large afin de maximiser les retombées économiques. «Le Val Benoît, quartier bien connu de Liège, est un ancien campus universitaire reconverti en quartier complet avec entreprises, services, Horeca et habitat. C’est une excellente démonstration de la régénération d’un endroit. »
Et la nouvelle orientation d’un quartier ne s’arrête pas à son implantation proprement dite quand il s’agit de maximiser les retombées en termes d’économie et de bien-être. « Par exemple, il fait aussi intervenir dans la mobilité, et ce dans les deux sens. D’abord en insufflant des lieux de travail en milieu rural, pour rapprocher l’emploi des gens qui ne se déplacent pas vers les villes. Par ailleurs, il faut également désenclaver des quartiers de centre-ville et les rendre plus attractifs. Les quartiers de gare existante, comme à Huy, ou en devenir, comme à Cheratte, sont des lieux d’investissement importants pour nous. Bref, nous entendons prouver que Liège et l’ensemble de la province mérite plus que le détour. » Et démontrer, une fois de plus, leur ardeur d’avance !
À PROPOS DE...
Région de traditions industrielles, la province de Liège s’est diversifiée en misant avec succès sur les technologies de pointe et la dynamisation de son tissu économique. Si la SPI reste le partenaire de référence pour faciliter l’implantation de votre activité économique en province de Liège grâce à ses solutions sur mesure, elle offre désormais aussi une diversité de produits et services capables de répondre aux besoins des entreprises à différents moments de leur développement.
CÉDRIC SWENNEN DIRECTEUR GÉNÉRAL DE LA SPI
Toujours bienvenus, souvent trop méconnus !
Des subsides divers et très variés peuvent utilement aider tout entrepreneur. Mais ce dernier est souvent refroidi par la montagne de paperasse, la lourdeur administrative et une méconnaissance des possibilités. Voilà pourquoi des structures spécialisées viennent à son secours.
«S ouvent, les entrepreneurs ne savent même pas qu’ils peuvent prétendre à des subsides ! » s’exclame Dimitri Van Rossum, Head of subsidia@KBC Brussels, dont le rôle est justement d’aider et d’aiguiller les chefs d’entreprise tout au long du véritable parcours du combattant que représentent les démarches pour obtenir un support financier bienvenu. Il poursuit : « la Région Bruxelloise a mis en place assez d’aides aux entreprises, mais elle ne les promotionne pas. Résultat : de nombreuses personnes passent, hélas, à côté… »
Schématiquement, il existe deux façons de tenter d’obtenir un subside. S’y mettre seul, en sachant que cela représente du temps que l’on consacrerait plus efficacement à son business de base. Sans compter les difficultés qui minent le parcours.
Ou faire appel à une structure qui prendra tout cela en charge, en maximisant les chances de succès. Dimitri Van Rossum reprend : « par exemple, chez nous, on affiche un taux de réussite de 97 %, les 3 % restants étant généralement le fait de dossiers au sort très incertain dès le début. » A noter, et c’est fondamental, contrairement à une idée reçue qui a la vie dure : des subsides peuvent intervenir tout au long du cycle de vie de l’entreprise. Et pas uniquement, comme on le croit trop souvent, au lancement des activités. « Il est en effet tout-à-fait possible de faire intervenir des subsides dans la construction d’une troisième usine d’un même groupe et dans le cadre d’une même activité. Ou dans un agrandissement de sa surface, même des années après le lancement. »
Avec deux règles de base, toutefois : « le subside n’est pas une source de financement, et petites entreprises ! mais bien de refinancement ! Puisqu’il faut de toute façon toujours payer avant, et l’on ne récupère une partie de son argent, sous la forme d’aides, que des mois plus tard. Par ailleurs, on ne doit jamais construire un projet ou un business-plan sur base des subsides que l’on pourrait percevoir. On crée avant tout une entreprise sur base d’une bonne idée. Si le projet ne tient financièrement pas la route sans aides financières, ce n’était sans doute pas une si bonne idée que ça ! »
Sur le territoire bruxellois, les travailleurs indépendants, et même les indépendants complémentaires, de même que les micro-, petites et moyennes entreprises sont toutes éligibles pour les subsides. La seule exception étant les grandes entreprises
de plus de 250 équivalents temps plein, rares dans la capitale. « Ce qui signifie qu’en fait, 95 % du tissu entrepreneurial bruxellois est subsidiable, la région étant très majoritairement constituée de micro- et petites entreprises. »
Par ailleurs, si les aides touchent bien entendu l’immobilier, comme l’achat de surfaces de bureau, il ne faut jamais oublier que le mobilier et l’équipement sont, eux aussi, concernés. « Je prendrais l’exemple de toute l’infrastructure nécessaire pour équiper un entrepôt quel qu’il soit. Mais, encore une fois, les dossiers sont complexes. Et, de plus, une partie de notre métier consiste à nous mettre au courant de la législation changeante en la matière. Pour bien voir ce qui est possible ou ne l’est plus, ce qui en vaut la peine ou pas… » Une connaissance bienvenue, en forme de réelle plus-value pour les entrepreneurs n’ayant pas souvent le temps ou les moyens, voire la volonté ou l’envie, de se pencher sur ce genre de dossiers.
La complexité institutionnelle belge n’aidant pas, les différences entre régions sont bien entendu légion, ce qui complique encore un peu plus les choses. « A Bruxelles, en effet, le commerce de détail est subsidié, alors que ce n’est pas le cas en Wallonie. Et dans cette région, aussi, on n’aide que les hôtels. Alors qu’en région bruxelloise, c’est tout le secteur Horeca qui peut se voir attribuer un subside. Une bonne chose puisque c’est une activité générant beaucoup d’emplois. »
Mais, pour savoir tout ça, et en faire usage, il faut bien entendu s’y retrouver dans notre lasagne institutionnelle. Raison pour laquelle, pour obtenir des aides, mieux vaut se faire… aider !
À PROPOS DE...
Il est parfois nécessaire d’investir pour améliorer la rentabilité de votre entreprise. Un projet en vue à Bruxelles ? Vous avez alors sans doute droit à des subsides ! Subsidia@KBC Brussels vous aide à les obtenir. Nos experts vous fournissent des conseils et des informations sur les aides que vous pouvez demander pour monter votre projet. Les demandes de subsides sont des procédures complexes. Nos experts vous aident à remplir le dossier de demande, du début à la fin. Subsidia@KBC Brussels constitue une excellente manière d’optimiser vos futurs investissements.
Un intérimaire dans votre entreprise !
En cas d’absence soudaine d’un travailleur sur un poste de travail, l’engagement d’un intérimaire constitue une excellente solution. À quel moment, cependant, une entreprise est-elle prête à accueillir un intérimaire de manière « inopinée » ?
En Belgique, le travail intérimaire est strictement réglementé et requiert le respect de certaines règles, tant par l’utilisateur (l’employeur qui recourt à un intérimaire) que par l’agence d’intérim. En tant qu’utilisateur, vous pouvez attendre d’une agence qu’elle mette à votre disposition un intérimaire compétent et expérimenté. De son côté, l’agence d’intérim attend que l’utilisateur protège l’intérimaire et préviennent accidents de travail et dommages pour la santé pouvant survenir sur le lieu de travail.
La réglementation du travail intérimaire établit que l’utilisateur est responsable de la santé et de la sécurité de l’intérimaire pendant la durée de sa mission. Prévention et Intérim, le service central de prévention pour le secteur du travail intérimaire, recueille chaque année les chiffres liés aux accidents du travail des travailleurs intérimaires dans les différentes agences d’intérim de Belgique. Bien que la fréquence et le taux de gravité des accidents du travail restent stables depuis plusieurs années, 2019 a connu le plus grand nombre d’accidents du travail mortels touchant des travailleurs intérimaires.
L’employeur a le devoir de traiter tout intérimaire de la même façon que ses propres travailleurs. L’intérimaire peut attendre un poste et des conditions de travail sûrs, ainsi que les formations nécessaires. En tant que nouveau travailleur dans l’entreprise, il peut évidemment compter sur un accueil adéquat, de préférence avec une marraine/un parrain.
Ce qui n’est possible que si l’employeur respecte lui-même la loi relative au bien-être des travailleurs et l’adapte à son entreprise. Il s’agit ici d’avoir une excellente connaissance des risques liés à un poste et à un lieu de travail, et des mesures à prendre pour éviter les accidents du travail et protéger le travailleur. Pour cela, l’employeur fait appel à son (ses) conseiller(s) en prévention.
Si les grandes entreprises ont bien instauré des services de prévention, ce n’est pas le cas de nombreuses PME, et notamment des très petites entreprises, où la prévention est souvent traitée (involontairement) en parent pauvre. Dans ces entreprises, l’employeur doit faire appel à son Service externe pour la prévention et la protection au travail (PTT), dont le Service de gestion des risques aide les entreprises à élaborer l’analyse de risques des postes de travail, à penser des mesures de prévention, à examiner un accident du travail, etc. Chaque entreprise doit impérativement s’affilier à un Service externe PPT, peu importent sa taille et le nombre de travailleurs. Un indépendant décidant de collaborer avec un intérimaire devra également s’affilier à un Service externe PPT.
La fiche de poste de travail constitue le document d’information garantissant la sécurité du travail intérimaire. Remise à l’agence d’intérim par l’utilisateur, cette fiche reprend toutes les informations relatives au poste et au lieu de travail où l’intérimaire travaillera. Elle informe au préalable l’intérimaire sur sa future mission et sur les instructions et mesures qu’il devra respecter pour sa sécurité.
Après avoir examiné les rapports circonstanciés d’accidents du travail graves, PI a constaté que la fiche de poste de travail était souvent incomplète, voire vierge. Elle est pourtant obligatoire pour tout poste de travail auquel sont associés des risques pour la santé. Il faut en conclure que dans de nombreuses entreprises, les analyses de risques ne sont pas correctement effectuées.
L’analyse de risques constitue pourtant l’un des fondements de la politique de prévention d’un employeur. En se basant dessus, il dispose d’une idée claire des mesures nécessaires, des équipements de protection collective et individuelle à fournir, des formations à prévoir, etc. Si un accident du travail se produit malgré tout, l’analyse de risques effectuée précédemment doit être reconsidérée. Le conseiller en prévention examine alors quels risques ont été oubliés ou mal compris, ainsi que les changements survenus après l’analyse initiale. En cas d’accident du travail grave, l’employeur attend un rapport circonstancié reprenant toutes les causes, les conséquences et les mesures à prendre pour éviter que cet accident se reproduise ; rapport qu’il remet à l’inspection dans les dix jours suivant l’accident. Si un intérimaire est victime d’un accident du travail, ce sont aussi les conseillers en prévention de son utilisateur qui élaborent ce rapport circonstancié et le remettent à l’inspection du travail.
L’intérimaire joue aussi un rôle important, puisqu’il donne son feedback à son agence d’intérim. Accueil adéquat en début de mission ? Équipements nécessaires fournis ? Mesures de prévention respectées ? PI lancera une campagne à ce sujet en automne.
Le 1er octobre, PI organise une journée d’étude sur les accidents du travail des intérimaires. Les conseillers en prévention d’utilisateurs y sont les bienvenus. PI propose également le site Web https://www.fichepostedetravail.be pour aider à compléter la fiche de poste de travail.
Marijke Bruyninckx
Directeur PI
La fi che de poste de travail un outil de communication incontournable
www.p-i.be • www.fi chepostedetravail.be
Faites passer !
La transmission d’entreprise reste un processus complexe qui, pour aboutir favorablement, nécessite des connaissances diverses et variées. Chef d’orchestre absolu de la manœuvre : l’avocat spécialisé en droit des affaires. Vérification avec Frédéric De Ridder et Pierre Van Fraeyenhoven, experts en la matière.
Penser à la passation d’entreprise dès sa conception peut paraître prématuré puisque, par nature, un projet économique doit avoir fait ses preuves pour intéresser un potentiel repreneur. Pourtant, dans un certain nombre de cas, cette démarche n’est pas inutile. « La préparation de la transmission dépend du type d’entreprise », déclare Frédéric De Ridder, Avocat associé chez van Cutsem Wittamer Marnef & Partners. « Une start-up qui cherche des investisseurs et dont l’objectif est ensuite de vendre la structure assez vite, fera en sorte que l’on pense rapidement à la suite des opérations. C’est très différent dans le cas d’une société familiale. De toute façon, quand quelqu’un ne souhaite plus continuer, nous lui déconseillons toujours, de prime abord, de mettre un terme à ses activités sans aucune transmission. Car c’est une manière parfaite de perde la valeur créée durant les années de labeur. »
Etape par étape
Une cession d’entreprise implique avant tout la recherche de candidats potentiellement intéressés par la revente. « En tant qu’avocats spécialisés, nous intervenons le plus souvent lorsque l’acheteur potentiel a été trouvé », indique Pierre Van Fraeyenhoven, avocat associé chez van Cutsem Wittamer Marnef & Partners. « A ce moment-là, il faut rédiger une lettre d’intention et examiner la structure que pourrait prendre la transmission, par exemple un asset deal [acquisition directe du fonds de commerce, ndlr.] ou share deal [acquisition des actions de l’entreprise propriétaire de l’activité, ndlr.]. » La plupart du temps, surtout lorsque les repreneurs sont des investisseurs financiers, il est souhaité que le « patron historique » demeure quelque temps dans l’entreprise afin d’assurer une transition douce. « Ces points sont discutés et retranscrits dans la lettre d’intention. »
De l’abstrait au concret
Etape suivante, la « data room », soit la mise à disposition de tous les documents d’information relatifs à la société en vente (juridiques, fiscaux, comptables et économiques) aux acquéreurs potentiels, dans le respect de la confidentialité. « Si les investigations de l’acheteur se révèlent satisfaisantes, nous établissons alors une convention de cession d’actions ou une convention de cession d’actifs », poursuit Pierre Van Fraeyenhoven.
Une matière complexe
Au vu la complexité et l’étendue de la matière, les avocats spécialisés en droit des affaires jouent autant un rôle juridique que de conseiller auprès des cédants et repreneurs. « Si d’autres interlocuteurs, comme des banquiers ou des comptables, sont parfois sollicités dans ce type de processus, l’avocat apporte une réelle plusvalue », affirme Frédéric De Ridder. « Nous disposons en effet d’une expertise globale et d’une connaissance basée sur l’expérience accumulée. Notre rôle est aussi de désamorcer toute situation potentiellement conflictuelle en discutant avec les conseils de l’autre partie. Ainsi, nous tentons d’anticiper et de déminer tous les points de friction. Enfin, et c’est inhérent à la profession d’avocat, nous sommes tous liés par une confidentialité absolue. Ce qui n’est pas le cas d’autres professionnels. »
Tous risques écartés
L’anticipation, encore un point essentiel. La crise actuelle du coronavirus le rappelle: même en prenant toutes les précautions, nul n’est jamais à l’abri d’une situation exceptionnelle ou même insoupçonnée. Faire appel à un spécialiste de la passation d’entreprise permet d’éviter bien des désagréments. « Le contexte économique peut se dégrader très fortement, très rapidement », constate Frédéric De Ridder. « Un processus de cession d’entreprise comporte une phase de signing [signature, ndlr.] et une phase de closing [conclusion, ndlr.]. Il peut s’écouler plusieurs mois entre les deux. C’est typiquement durant cette période que la survenue d’une crise très soudaine peut s’avérer très problématique. Sortir du deal est-il possible ? Un ajustement de prix est-il possible ? Des clauses spécifiques répondent à ce genre de questions. »
Dans le cas d’une cession d’entreprise, même petite, toutes les hypothèses doivent être envisagées, car un changement soudain de paradigme peut être lourd de conséquences. « Notre rôle est de prévoir toutes les hypothèses et d’anticiper tous types de situation afin de ne pas se retrouver démuni face à un évènement imprévu », conclut Pierre Van Fraeyenhoven.
PIERRE VAN FRAEYENHOVEN
FREDERIC DE RIDDER
À PROPOS DE...
Etabli à Bruxelles, Van Cutsem Wittamer Marnef & Partners est un cabinet d’avocats d’affaires présent sur le marché juridique belge et international. Il s’appuie, au quotidien, sur les savoirs et savoir-faire d’une quarantaine d’avocats associés et collaborateurs. Actifs en matière de conseil et de gestion des contentieux, ces derniers unissent leurs expertises dans une structure de services intégrés. Les clients du cabinet sont des entreprises belges et étrangères présentes dans de nombreux secteurs économiques, notamment des banques, des sociétés d’assurance, des sociétés industrielles et commerciales, des fonds d’investissement et de private equity.