Soma#35

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NumÊro trente-cinq / Conifère olfactif


TROCADÉRO DAYS, A FILM BY PONTUS ALV AND CONVERSE.

THE CONVERSE CONS CTAS PRO SKATE WITH

TECHNOLOGY




FEATURING FULLY-FUSED DURACAP REINFORCED CANVAS AND VANS PRO LITE CONSTRUCTION, THE CHIMA PRO IS UNLIKE ANY OTHER: TOUGH AS LEATHER, YET LIGHT AS A FEATHER.

SKATE.VANS.COM/CHIMAPRO




Sommaire

Un p'tit wallride pour rappeler à tout le monde qu'on est dans Soma, le magazine des wallrides ! Michal Juras en frontside au Japon, par Bertrand Trichet.

18 - Le Jeune

En fait, pour être Le Jeune, il suffit de rajouter un flip là où les Vieux ne font que passer en wallride.

20 - Le Vieux

50 - La Tournée

Une enquête exclusive à l'intérieur du système marketing de chez DC en caméra cachée.

84 - Shut Up And Skate

Des séquences, encore des séquences, avec un bonus de Jojo et Cho7.

60 - The National

92 - Patate

24 - Shut Up And Skate

68 - Mark Suciu

94 - Bastien Le Musicien

30 - Jojo et Cho7

74 - Ramadan Surprise

C'est quoi être vieux, dans le skate, en fait ?

Ils sont allés en Oregon et comme on avait la flemme de faire un article, on a fait ça. Pas de sponsor, pas de problème !

38 - Ashes Tour

Un article certifié 100% copinage.

Ou comment cuire un roastbeef au soleil, en une semaine.

Venu juste en mode "touriste" à Paris, on imagine pas ce qu'il aurait pu faire en mode "skate"...

Trois blessés sur quatre au bout d'une semaine. Si vous aviez fait le Ramadan, aussi, les mecs...

Un mec de Nîmes qui ne tient pas en place.

Encore un Bastien qui est tombé dans la guitare... Duverdier qu'il s'appelle, celui-là. Il paraît même qu'il n'est pas mauvais en skate.


BOARDSLIDE | BLABAC PHOTO

WWW.FACEBOOK.COM/DCSHOES.FRANCE

DCSHOES.COM


Intro

Après les années 90 et les skateparks en plastique, les années 2000 et les pre-

miers "streetparks", le DIY, voici, mesdames et messieurs : le TDI. Le "They did it" ("ils l'ont fait").

Parce que je ne sais pas autour de chez vous, mais autour de chez moi, en Région Parisienne, en l'espace de 5 ans, une quinzaine de skateparks en béton a vu le jour, et la plupart sont plutôt bien foutus. "Ils", ce sont les mairies (bientôt les élections...) et les différents bureaux d'études créés par des types qui skatent encore. Et, tout ça, c'est avec l'argent de l'Etat. Nos impôts (pour ceux qui en payent) ! Bon c'est sûr, chaque skatepark a ses petits défauts, mais dans l'ensemble, il y a toujours de quoi s'amuser. Si bien que j'en suis arrivé à ne plus skater que des parks, en culpabilisant de délaisser la rue et ses multiples imperfections pour ne skater plus que des courbes lisses et des barres parfaites… 10

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”après le DIY, le TDI : le 'they did it'„

Allez, je ne culpabilise pas tant que ça parce que je finis toujours par aller faire du flat sur la place de la mairie, mais je me dis que la nouvelle génération qui grandit dans ces parks est en train de perdre cette habitude qu'on avait de partir toujours plus loin en banlieue ou ailleurs à la recherche de spots "naturels". Et partir à l'aventure avec les potes, trouver un petit muret vierge de toute trace de wax, empiler trois palettes au fond d'un hangar désaffecté ou vider un vieux bassin sont des souvenirs autrement plus marquants qu'une session de plus au skatepark. Qu'on me comprenne bien, hein, je ne suis pas contre les skateparks, même qu'ils feront encore plus partie du skate à l'avenir, mais une bonne session dans la rue, avec tous les éléments qui la composent, ça fait toujours du bien, parfois même ça remet les idées en place. Voilà, c'était pour dire ça. Allez, on se voit dans le bowl ! - Tura

Pour Youness Amrani park ou street, ça n'a pas l'air de faire de différence... FS Hurricane transfer à Lyon, par DVL.


photo: G. Anselin

J ar ne Verbruggen

e u. e l e m e n t b r a n d. c o m / h o l d - i t- d ow n #elementholditdown @elementeuroPe


Numéro 35

Julien Mérour défie la police dans l'une des seules villes en France où le skate est interdit partout, sauf au skatepark : Tours. FS feeble, par Jo Dezecot.

Directeur de la publication Fred Demard [fred@somaskate.com] Rédaction en chef Fred Demard & David Turakiewicz [tura@somaskate.com] Publicité David Turakiewicz Secrétaire de rédaction Valéry Blin Photographes Loïc Benoît / Jelle Keppens / Davy Van Laere / David Manaud / Vincent Coupeau Kévin Métallier / Cédric « Patate » Crouzy / Bertrand Trichet / Jo Dezecot / Clément Chouleur & Johan Verstappen Soma est édité par Les éditions du garage SARL 13, rue de l’Isère 38000 Grenoble info@somaskate.com ISSN : 1959-2450

Imprimé en France. Toute reproduction, même partielle, publication, édition, ou sous n’importe quelle autre forme est interdite, point barre. Déconnez pas avec ça. Liste de diffusion, informations, anciens numéros, vidéos, commentaires désabusés, publicités et autres blogueries... Tout est sur

www.somaskate.com

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Switch flip dark Slide to lip Slide


the

hammer j i m g r e c o s i g n at u r e m o d e l

suprafoot wear.com

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#Nokia PUREViEWS nokiapureviews.com DAS Nokia Lumia 920 : 0,70 W/kg. Le DAS (débit d’absorption spécifique) des téléphones mobiles quantifie le niveau d’exposition maximal de l’utilisateur aux ondes électromagnétiques, pour une utilisation à l’oreille. La réglementation française impose que le DAS ne dépasse pas 2 W/kg. Nokia et Nokia Lumia 920 sont des marques déposées de Nokia Corporation. Visuels non contractuels. Tous droits réservés. © 2013 Nokia. R.C.S. Paris B 493271522.


BS flip Photo : Vincent Coupeau

Le jeune Malo Simonet

Age : 15 ans Lieu de naissance : Montfermeil Lieu de résidence actuel : Montfermeil Années de skate : Euh... 5 ? Skateurs de référence : Brent Atchley, Kevin

Bradley, Kevin Romar..

Videos de référence : Fully Flared, Pain is

beauty...

Première board : Une Powell, avec des trucks Powell, des roues Powell et des roulements Powell ! Où seras-tu et que feras-tu dans 15 ans ? Aux states et dans tous les pays pour skater ! Sponsor : non.

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Halfcab heelflip Séquence : Patate

Le vieux Vincent Heyte

Age : 36 ans Lieu de naissance : Saint-Omer Lieu de résidence actuel : Narbonne Années de skate : 22 Que fais-tu dans la vie : je m'occupe de

mon fils Nino, je fais des skateparks en collaboration avec Constructo et je réalise aussi des petites skateplazas (à partir de 4000 euros) pour mon compte (linedistribution.com). Et pour le fun, je remonte plein de fixies pour les Narbonnais. Première board : une board toute plate de Super U, avec la bulle en plastique fluo 20

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sous le tail, les roulements AB et les roues en plastique dur, fluo.

Où étais-tu et que faisais-tu il y a 15 ans ? J'étais à Carcassonne et je reprenais

mon planchon à la suite d'une énorme blessure au genou en 97. Il m'a fallu 6 mois pour remarcher... Sponsors : plus maintenant mais il y a Gus de BTR shop à Carcassonne avec qui je suis lié par un "contrat d'amitié" qui me file du matos. Mais je n'abuse jamais ! Pour la motivation, je suis sponso par JJ Rousseau !


INTRODUCING

INTRODUCING

SIGNATURE DENIM

SIGNATURE LOW

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EMERICA.COM / THEREYNOLDSLOW #EMERICAREYNOLDS #HIGHERQUALITY




Bastien Marlin wallie melon Burnside

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Oregon 2013 Photos par Loïc Benoit

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Valentin Bauer FS 180 Tukwila

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Nabil Slimani FS nosegrind Portland

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Alex Richard boardslide mute grab out Portland

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Donovan Rice slob tail block Lincoln City

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Jojo et Chaussette C’est l’histoire de deux gars sans histoire partis un an durant, skater en Australie. Pas vraiment le style à avoir toute une armada de sponsors ni un quelconque intérêt à devenir riches et célèbres, ils y vont par leurs propres moyens dans l’unique but de passer du bon temps, rencontrer des gens et tâter du béton. Une année de folie avec la tête en bas qui comble toutes leurs attentes et ils rentrent enfin, heureux comme Ulysse, plein d’usage et raison, dans leur banlieue grenobloise. Une histoire tout à fait banale jusqu’à ce qu’ils décident de faire un montage avec ce qu’ils ont filmé là-bas et de le mettre en ligne… Quarante-cinq minutes de spots incroyables, d’extravagances vestimentaires, mais surtout de tricks totalement farfelus, jamais vus, cascadesques, zavatesques, tout ce que vous voulez, mais en tout cas absolument rien d’habituel. Les gens sont sous le choc. Un certain Éric Antoine de Hangenbieten en Alsace nous menace de mort si nous ne publions pas d’article sur les deux zozos, et Rob Dyrdek nous harcèle pour obtenir leurs numéros de téléphone. Bien-sûr, une de ces deux dernières informations est fausse, mais le mal est fait, nous nous mettons en tête d’interviewer et donc de faire des photos avec le couple de l’année : Joris Ducros et Laurent Vivaudou aka « Jojo et Chaussette ». Le plus dur aura été de les convaincre de le faire, puisque selon eux, un magazine n’a aucune raison de s’intéresser à eux. Sauf que ça, c’est encore à nous d’en juger mes cocos… Photos par Loïc Benoit et Tura Texte par Fredd

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J’ai omis de vous dire tout à l’heure, dans l’introduction, que Jojo,

Cho-sept et moi, habitons dans le même coin. Donc, on se connaît un peu, mais pas tant que ça non plu, vu qu’on a deux ou trois ans d’écart, (ou quinze, vingt ?). On se croise donc sur les spots, mais on n’a pas gardé les cochons ensemble. J’ai des souvenirs de Laurent avant qu’il ne devienne « Cho-sept », débutant le skateboard, sur la piste en métal à côté de chez lui et refusant de faire des ollies parce que les boneless, les fastplants, c’était quand même plus simple pour passer les obstacles… Chose qui aurait été totalement normale si nous avions été dans les années 80, mais la France était déjà championne du monde de foot et ce genre de tricks n’étaient pas encore revenus au goût du jour. C’était donc assez curieux à voir et pourtant, il n’essayait même pas d’être original, ou différent, ça lui est juste venu comme ça. Les ollies c’était trop dur selon lui, alors il est resté un bon moment sans en faire. Et, aujourd’hui il est devenu ce tueur de bowls qui donne des frissons jusqu’en Alsace donc, la méthode ne semble pas être si mauvaise que ça. Et que tout le monde se rassure, il a depuis appris à faire des ollies… En ce qui concerne Joris, mes premiers vrais souvenirs datent d’un peu plus tard, juste après la sortie de « The Strongest of the Strange » quand, après avoir vu la vidéo avec leurs potes, ils avaient construit un spot en béton, appelé « l’abattoir », qui valait le détour. Lui, n’était absolument pas fâché avec les ollies et on voyait déjà poindre une propension à faire plus ou moins n’importe quoi avec son skateboard. En y repensant, toute leur bande skatait de façon très peu conventionnelle, c’était assez marrant. Aujourd’hui ça n’a pas beaucoup changé, il skate comme à peu près personne, invente des tricks en permanence, repousse les limites de ce qui est faisable et ce qui ne l’est pas, le tout sans vraiment s’en rendre compte. C’est comme pour Cho-sept, il n’essaye même pas de se démarquer, ça lui vient comme ça… 32

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En voyant le spot de la route, avec le collègue, on pensait qu’on allait pouvoir déballer tout notre stock de tricks. Puis une fois sur le mur, on s’est rendu compte que le simple fait de dropper était vraiment super casse-gueule. Cho-sept a nettement moins réfléchi que nous, et après deux ou trois lien to tail, il a sorti ce Madonna de son sac pour nous rappeler qu’on n’avait même pas osé faire rock to fakie… Merci bien.

Ce spot se trouve à deux pas du skatepark de Grenoble, bien en vue. Pourtant, personne n’avait jamais osé s’y frotter. Mais Jojo aime bien ce genre de défis. On l’a donc aidé à grimper sur la fenêtre (seul c’est impossible), il s’est mis à gueuler des trucs en anglais (Fuck that shit ! Fuck it !) puis il s’est jeté. Et il s’est bien défoncé ! Alors on l’a aidé à remonter, re-fuck that shit, et il s’est re-défoncé. En fait, le plan incliné est vraiment raide. On l’a donc aidé à remonter encore une fois, re-re-fuck that shit, et ce coup-ci, c’est passé comme une lettre à La Poste. Tout drop droppable doit être droppé… Par Jojo.


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Même si le fish-eye essaye de nous faire croire le contraire, les courbes de ce bowl de Châtillon d’Azergues (20 minutes au nord de Lyon) sont vraiment très rad. Idéal donc pour que Jojo se jette en BS boneless fingerflip to fakie.

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Le jour où ils vont se mettre à faire une vraie vidéo, ça va faire mal

Cho-sept version street. Bluntslide d’une courbe pourrie à l’autre, à Lyon.

Quand ils sont partis en Australie, fin 2011, ils commençaient déjà à vraiment très bien skater (allez voir leurs parts dans « arrête tes singeries » sur Dailymotion), on pouvait alors s’attendre qu’à leur retour, ils aient encore progressé. Et on n’a pas été déçus, l’Australie, ça vous gagne apparemment. Bien leur en a pris de partir. Il faut dire aussi qu’ils avaient bien prémédité leur coup. Ça faisait trois ans qu’ils mettaient de l’argent de côté. Laurent bossait chez les Ciments Vica et Joris a laissé tomber ses brillantes études d’éco gestion (qu’il aurait certainement abandonné de toute façon) pour aller faire facteur à La Poste, comme 18% des skateurs français. Une fois sur place, ils se sont achetés un van pour 5000 dollars qu’ils ont revendu 100 dollars à la fin du trip, donc ça n’était pas l’occase du siècle, mais ça les a bien promenés sur les spots et ça leur a surtout servi de maison. Ils ont rencontré toute la scène australienne, vu des kangourous, bossé un petit peu dans les champs ("7 semaines en tout", "les concombres c’est galère", "les cannes à sucre ça va") et puis ils se sont filmés skatant tous ces spots incroyables "pour faire des souvenirs". C’est donc ça leur vidéo, un film de vacances, sans aucune autre prétention. Le jour où ils vont se mettre à faire une vraie vidéo, ça va faire mal… Pour cet article, on a essayé de faire une interview. Nous nous sommes donnés rendez-vous au skatepark local, puis on s’est installés au calme, un peu à l’écart des trottinettes. Laurent rentrait tout juste de trois semaines à Malmö et Copenhague, quant à Jojo, il venait de finir sa matinée de boulot à La Poste. Tout de suite, on sentait très bien que l’exercice ne les enchantait pas. Personne n’aime ça, être interviewé, mais eux, on sentait qu’ils n’étaient vraiment pas dans leur élément… J’essaye donc de dissimuler le dictaphone sous une board et c’est parti. On parle de leur année en Australie, de leur vision des skateparks français qu’ils n’affectionnent pas toujours, de leur projet d’aller passer un an aux U.S. , du bowl qu’ils ont construit (surtout Laurent, avec ses soma 35


Cho-sept fait partie de l’équipe qui a conçu ce bowl pour la commune de Châtillon d’Azergues. En fait, quand il est rentré d’Australie, ses pôtes Thibault et Floyd lui ont appris qu’ils avaient du boulot pour lui au sein de leur association M16LPTB… Ils ont bossé comme des brutes pendant plus de six mois, contre vents et marées, faisant tout à la main, avec une simple bétonnière. Le résultat est incroyable, un bowl super rad mais super bien fait et pensé. De la belle ouvrage. Mais ça reste vraiment balèze à skater, sauf pour ceux qui l’ont fait semble-t-il : FS five-0 pieds joints dans le corner.

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On finit par éteindre le dictaphone au moment où j’essaye des les convaincre de se marier.

Ce truc violet appartient à un mini bowl qui lui-même est une extension au « chapeau mexicain », le deuxième skatepark construit en France dans les années soixantedix, en banlieue de Grenoble. C’est encore une réalisation M16LPTB, celle-ci totalement pirate et sans autorisation. Sa destruction est paraît-il imminente. Jojo a d’ailleurs commencé à démonter le hip en FS seatbelt grab.

deux autres potes de leur asso M16LPTB) à Châtillon d’Azergues, etc. Il en ressort de bonnes choses, mais ça ne vient pas tout seul, ils restent un peu en retrait. Peut-être aussi que les questions ne sont pas à la hauteur ? En tout cas, c’est vraiment pas leur truc et peut-être même se méfient-ils ? L’article qu’on avait fait sur leur spot « l’abattoir » dans Soma n°4 leur aurait-il laissé un trop mauvais souvenir pour nous faire confiance une nouvelle fois ? C’est possible, en tout cas à leur place, je ne me ferais pas confiance non plus. On finit par éteindre le dictaphone au moment où j’essaye des les convaincre de se marier. Laurent est né aux U.S., il a la double nationalité, s’il épouse Jojo, il n’aura pas de problème de Visa et ils pourront partir aux U.S. tâter de l’Oregon et du reste. Mais, encore une fois, ils ne le sentent pas trop… On se dit alors qu’on a assez papoté et on va skater le pool, juste à côté. Chosept fait le DJ parce que la veille, à Copenhague, il s’est défoncé le genoux, alors il se contente de mettre du Slayer dans le poste et Jojo entreprend de faire nose grind roll in dans le deep-end… Vous savez, comme Childress qui fait Five-0 roll-in, mais là, c’est en frontside nose grind avec une tirette pour rentrer dans la verticale… Assez fou, mais totalement normal en même temps… Le lendemain, on va sur les hauteurs de Grenoble pour faire ce portrait en première page de l’article. Laurent a vraiment le genou flingué alors il ne peut pas faire grand chose et Joris est venu pieds nus. On leur fait recommencer mille fois le catamaran dans cette pente bien trop raide pour être sûrs d’avoir la bonne photo et comme pour l’interview la veille, on sent que c’est pas trop leur tasse de thé… Bref, s’il nous fallait une conclusion à cet article, on dirait que ces deux là ne sont définitivement pas faits pour le show business. Et si vous voulez notre avis, c’est très bien comme ça. Changez rien les mecs !

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Ashes to ashes

Une semaine entre la Slovénie et la Croatie avec l'équipe d'Ashes, la marque de grip de notre collègue Paul, qui tenait, en son temps, la rubrique vidéo Hobo Erectus sur www.somaskate.com (et qui mériterait un bon coup de dégrippant pour renaître de ses cendres). Direction Ljubljana et Zagreb en compagnie de Michael Mackrodt, Phil Zwijsen, Steve Forstner, Oscar Candon, Dominik Dietrich, Jonathan Thijs, Sylvain Tognelli et Sebi Dorfer.

Texte et photos par Tura

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Après le tour, Sylvain Tognelli, a envoyé un mail à tout le monde pour s'excuser d'avoir aussi peu skaté pendant cette semaine. Bizarrement, ça correspondait pile au moment où ce bon Poulain venait d'obtenir son nom sur une board... J'dis ça, j'dis rien... FS 180 fakie 5-0 (to fakie), Zagreb.

Je ne sais pas pour vous, mais moi, la Slovénie je situais ça du côté de la Lituanie, quelque part vers la Finlande…

C'était un de ces nouveaux pays de l'ex-Union Soviétique délaissés, avec ses imposantes constructions en béton armé capables de résister à un éventuel ennemi occidental, son alphabet cyrillique et ses filles anorexiques à talons. J'avais tout faux. J'ai réalisé où se situait la Slovénie quand j'ai commencé à chercher un billet d'avion. On m'avait dit : "Rendez-vous à Ljubjlana", et ça, j'avais une vague idée d'où ça se trouvait depuis un article d'Eric Antoine dans Sugar il y a des années. Ljubjlana était donc en Slovénie. Avant même d'être parti, j'avais appris quelque chose. Un truc que je savais vaguement, enfin, qui me paraissait plus ou moins évident, c'était que la Slovénie faisait partie de l'Union Européenne, mais j'avais encore un doute sur la monnaie locale, puisque tous les états membres ne se sont pas convertis à l'Euro. Bonne surprise donc, en arrivant : pas besoin de changer des euros contre je ne sais quelle monnaie dévaluée et impossible à convertir sans devoir multiplier ou diviser par 7,35, tout en ajoutant la TVA locale… Mon premier achat fut une glace, deux boules, une coco et l'autre citron pour 90 centimes, laissant

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Ce rail est probablement le plus connu de toute la Croatie. Pas très original comme spot, mais un détour obligatoire. Sebi Dorfer, boneless lipslide, Zagreb.

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présager de sérieuses économies pour les jours à venir, ou à l'inverse, de sérieuses dépenses en junk food… Question de volonté. La mienne, de volonté, m'aura fait alterner glaces, cafés, pintes et parts de pizzas à un rythme peu raisonnable, avec les conséquences digestives que ça peut avoir dans un van ou un appart' surpeuplé… Ljubjlana est située au pied des Alpes mais pourrait se trouver aussi bien en Belgique ou ailleurs. C'est une capitale comme les autres avec sa grande église, son centre commercial façon Galeries Lafayette au milieu, ses rues piétonnes et ses terrasses bondées. Les grands bâtiments russes à l'abandon, je n'en ai pas vus, pour la simple et bonne raison que le pays a été bien plus sous influence autrichienne que soviétique pendant des siècles. Quant aux filles filiformes à talons, c'est presque ça, mais en plus réaliste. Enfin bon, quand vous circulez en groupe de 10 skateurs, ce genre de perspective est toujours… disons… différente. En bon occidental prétentieux, j'imaginais la communication avec l'autochtone à base de gestes et d'anglais approximatif, or, autre nouvelle, du skateur de 12 ans à la vieille de la boulangerie, tout le monde parle anglais naturellement, et avec le sourire. Un sourire commun aux trois quarts de la population, même aux flics. Enfin, non, pas aux flics, faut pas exagérer nonplus. Enfin, ça dépend, y'en a qui étaient relax, enfin, ça dépend, enfin… des flics, quoi. Mais c'est pas comme si on en avait rencontré des tas nonplus, de flics. Y'en avait des cool et des moins cool, ils font leur job, on n'y peut rien, ça arrive qu'ils soient détendus, mais en même temps, c'est pas leur rôle, ils ne sont pas là pour être sympa, les flics… 42

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Ce spot se trouve en contrebas d'un échangeur, le long d'une piste cyclable. Juste une courbe posée là sans qu'on sache trop pourquoi, moitié skatepark, moitié street. Loin de toutes ces considérations, Sebi Dorfer passe de l'un à l'autre en FS ollie to wallride avec la board d'Oscar, après y avoir laissé la sienne. Zagreb.

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Steve Forstner m'avait promis que si je retrouvais mon passeport, il m'emmenerait à l'aéroport et que sur la route, on irait shooter un truc. Il a donc fallu que je le réveille ce dimanche-là à 9h, soit trois heures après notre dernière bière... Je peux vous dire qu'on ne faisait pas les fiers et faire du skate ce matin-là relevait du masochisme. Rien qu'appuyer sur le déclencheur de mon appareil photo était un effort démesuré. Pas vraiment un problème pour Steve, par contre, qui rentre ce ollie en quelques essais, au moment où un flic décide de mettre un terme à cette "session" et 10 minutes avant les premières gouttes de pluie. Un vrai pro, ce Steve. Ljubjlana.

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Bref, tous les gens qu'on a croisés, à part certains flics qui faisaient leur boulot sans trop faire de zèle non plus (c'est du comique de répétition, hein…), tout le monde sans exception, enfin, y'avait aussi les douaniers à la frontière croate qui n'étaient pas là pour rigoler, mais en même temps, c'est des douaniers, pas des animateurs télé, donc tout le monde qui n'était pas en uniforme, que ce soit en Slovénie ou en Croatie était d'une gentillesse et d'un accueil impressionnants. Moi même, j'ai été impressionné, c'est vous dire. Même par les flics, ouais, parce que pour avoir perdu mon passeport, j'ai eu affaire à des fliquettes qui étaient, n'ayons pas peur des mots, incroyablement compréhensives et sympathiques. Avec cependant quelques lacunes en anglais, bizarrement. Ça reste des flics. (Et si ça vous intéresse, j'ai fini par le retrouver, mon passeport, même pas grâce à toutes les copines en uniforme que j'avais fini par me faire en courant d'un commissariat à un autre, mais grâce à mon talent d'investigation et surtout à un gros coup d'bol.) Mais ça, c'était en Croatie… soma 45


Vous voyez la petite voiture rouge, dans l'fond ? Eh bien c'est la voiture de Steve, la "Red Rocket". Une Nissan Micra de 1992 en parfait état, capable de trimballer 5 personnes à 120 km/h sur des distances infinies, achetée 800 euros à un couple de vieux. À se demander pourquoi depenser plus pour une bagnole. Sans déconner. Michael Mackrodt, BS flip, Zagreb.

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La Croatie est à une heure de route de Ljubjlana, et Zagreb, la capitale, à une quinzaine de kilomètres de la frontière. Au moins, la Croatie, j'avais une idée assez précise d'où ça se trouvait sur la carte, cependant, avant d'y mettre les pieds, de Zagreb j'avais gardé l'idée d'une ville en guerre, avec l'image de ces journalistes en train d'éviter les tirs de snipers et les obus tombant du ciel. Sauf que la guerre est finie depuis des années (1995) et que tout est rentré dans l'ordre. Certes la corruption court toujours mais pour notre plus grand bonheur, puisque le plus corrompu de tous, monsieur le Maire, avait décidé le jour de notre arrivée de donner un meeting et de payer l'apéro sur la grand place. Concerts et auto-congratulations au programme, le tout arrosé de bière à volonté. Que des vieux, des alcooliques et quelques touristes, mais toujours l'occasion de taper le bout de gras avec "le local", l'alcool aidant… soma 47


C'est dingue, la position est tellement parfaite qu'on pourrait croire à un fake. Si vous avez un doute, je vous invite donc à faire pause au même instant quand vous verrez la vidéo (sur notre site ou www.ashesgriptape.com) pour constater la véracité de cette page. Pas là pour faire semblant, le Jonathan Thijs. Gap to BS noseblunt, Zagreb.

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Les locaux de Postojna, à une demiheure au sud de Ljubjlana, possèdent le DIY le plus dingue de toute la Slovénie, avec une petite vert', une mini couverte et un bowl en béton, le tout dans une station service désafectée, où a également été aménagé un studio de répet'. Ils ont même monté leur petite marque à l'humour imparable : ROW skateboards (www.rowskateboards. com). Des vrais punks d'une gentillesse à toute épreuve, chez qui on a passé deux nuits à 10 dans un 2 pièces, sans compter les canettes... Phil Zwijsen, boardslide transfer, Postojna.

Entre le moment de notre séjour en Croatie et celui où vous lisez ces lignes, le pays aura basculé dans l'Union Européenne. Peut-être le saviez-vous (franchement, vous le saviez ?), en tout cas, moi, j'ai appris ça sur place, de la bouche de Croates qui avaient presque l'air de s'impatienter. Donc une fois en Croatie, au moment où on y était, il a fallu changer de monnaie. Et là, ne me dites pas que vous connaissez le nom de la monnaie locale parce que ça finirait par commencer à m'énerver. Le Kuna que ça s'appelle, et j'ai déjà oublié le taux de change… Par contre, aucune idée de quand ils décideront de passer à l'Euro, si ça leur paraît une bonne idée… C'est donc le moment d'aller à Zagreb, tant que les prix sont encore raisonnables et en attendant que ça devienne un petit Berlin. En rentrant chez moi, rincé par une semaine de pluie autant que de soleil et de cornets de glace à 90 centimes, je me suis rendu compte que ce voyage m'avait appris des tas de choses, notamment en matière de géographie, mais aussi quelques trucs liés à la politique, l'économie, les langues, l'histoire, en gros que ma culture générale s'était arrangée un peu. Et tout ça sans produire le moindre effort, avec juste comme idée de départ d'aller faire du skate avec une bande de potes allemands, autrichiens, français et belges...

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La tournée

(les gars de DC France en mode VRP)

En Amérique, c’est monnaie courante. Non seulement ça ne surprend plus personne, mais ça fait totalement partie du paysage. Et puis surtout, ça fait partie du job quand on est sponsorisé par une marque de skateboard. Rien de plus normal que d’embarquer dans un van avec tes « team mates » et faire la tournée des shops et des skateparks pour signer des autographes à la pelle et faire la démo devant des enfants surexcités. Pour les autographes, tout y passe, T-shirts, seins, fronts, posters, boards et pour ce qui est des démos, ça peut aussi bien être sur le tout nouveau skatepark de folie du coin que sur la piste toute pourrie à côté du shop (même si de nos jours, les pistes toutes pourries, surtout aux U.S. ça fait plus ou moins partie de l’histoire). Et à chaque fois, il faut garder le sourire. Le but étant de promouvoir la marque, rencontrer les gars des skateshops, rencontrer les skateurs (les clients), rencontrer leurs sœurs et leurs mères aussi… Photos par David Manaud Texte par XXXX

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Orléans Sébastien Simon switch FS heelflip

En France,

par contre, ce genre de tournées « marketing », c’est nettement moins rentré dans les mœurs. Ça ne fait absolument pas partie de notre culture. Il y a bien Antiz et Cliché qui s’y collent plus ou moins régulièrement, et on a parfois droit à quelques teams d’Américains égarés, mais on ne peut pas dire que ce soit vraiment une habitude. C’est quand la dernière fois que vous avez demandé un autographe à un pro ? Et un pro français de surcroît ? Les mecs de DC France ont décidé de faire comme leurs collègues de bureau américains. Ils ont pris leurs vedettes à eux, les Max Genin, Jonathan Jean-Philippe, Julien Béchet et Seb Simon. Ils t’ont mis tout ça dans un van en compagnie de Ben Chadourne et sa caméra et de Dave Manaud et son chat, et en voiture Simone ! C'est moi qui conduis, c'est toi qui klaxonnes !

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Royan Julien BĂŠchet tail grab

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Deauville Benjamin Chadourne bean plant

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Le Mans Jonathan Jean-Philippe BS flip

Cette tournée était leur deuxième du genre. La première c’était un an plus tôt, dans le Sud Est et on n’en avait même pas eu vent (on n’avait pas encore Instagram aussi, c’est pour ça). Mais cette année, non seulement on a pu suivre leurs aventures sur nos téléphones 3G, de Bordeaux à Orléans en passant par la Bretagne, mais ils nous ont même envoyé les photos de leurs sessions street entre deux visites de shops. D’où l’article que vous avez sous les yeux. On peut d’ailleurs féliciter les gars, parce qu’entre les visites de shops, les apéros et surtout les tournois de Poker en ligne pour Max Génin et Julien Béchet, il fallait trouver le temps d’aller faire des cabrioles dans la rue. Pas toujours évident quand en plus, on change de ville tous les jours. Bref, bravo.

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La Rochelle Maxime Génin FS wallride

Il y a un truc super important dans une tournée de ce genre, c’est de lui trouver un chouette nom, quelque chose qui marque les esprits et si possible, de vraiment drôle. Les champions dans le domaine, c’est Girl skateboards, ils sont imbattables : « Badass meets dumbass », « Yes We Canada », « What Tour? », « Der Bratwurst Tour Ever »… sont quelques exemples parmi tant d’autres. Chez DC France, ils ont décidé d’appeler cette tournée : « la tournée ». Alors attention, je ne dis pas que c’est nul, mais si je puis me permettre, j’encourage vivement les gens du marketing à commencer dès aujourd’hui à penser au nom de la prochaine tournée... Ou alors non, réfléchissons-y ensemble. Voyons voir, un truc drôle avec DC ? Le « DC comique tour » ! En collaboration avec DC comics bien sûr (Batman, Superman, etc…) en voilà une bonne idée, ne me remerciez pas, c’est cadeau, ça fait plaisir. soma 57


Blois Sébastien Simon manual, kickflip, fakie nose manual

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Royan Maxime Génin nose grind

Toute l’équipe promotionnelle tient à remercier les shops pour leur accueil toujours au top : DC Store à Bordeaux, Neway à Royan, Sirocco à La Rochelle, NDJ et Ride All à Nantes, Bears et West à Rennes, Quiksilver Boardrider à Cap Malo, Side Shore à Brest, DC store à St Malo, Bud à Caen, Deauville, on y est juste allés parce que Max voulait voir le Casino (on l’a empêché de rentrer), Bud à Rouen, Bamboo et le skatepark au Mans, Digital à Orléans et Mighty Moe à Blois.

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Danijel, Dennis, Tom, Neil & Dave

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The National à la capitale

The National, c'est le nom d'une petite marque anglaise apparue il y a quelques mois avec un solide montage d'une dizaine de minutes balancé sur Youtube en même temps que le site www.thenationalskateboardco.com. Mais pourquoi un nom pareil, me direz-vous ? Eh bien tout simplement parce que c'est la reine d'Angleterre elle-même qui a allongé les fonds en décidant qu'il fallait une équipe digne de ce nom pour porter les couleurs des sujets qui composent sa Nation, aussi bien sur son territoire qu'à l'étranger. Oui, c'est dingue jusqu'où la monarchie s'immice. Ne sous-estimez jamais le pouvoir de la reine, d'Angleterre de surcroit, ennemi héréditaire de la France... Bien entendu, tout ça, c'est des conneries, mais ça pourrait être marrant de faire traîner la rumeur quelque temps. Un truc vrai, par contre, c'est qu'une délégation composée de Neil Smith, David Mackey, Danijel Stankovic, Thomas Harrisson et Dennis Lynn est venue nous rendre une petite visite de courtoisie en juillet, à Paris. Texte et photos par Tura sauf indiqué

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Danijel Stankovic

Danijel (le J se prononce à l'allemande, comme un Y) mesure environ deux mètres cinquante comme tous les Suèdois et outre le fait d'être capable de soulever sa planche à des hauteurs proches du cercle polaire, il possède ce qu'on appelle dans les milieux autorisés "la classe internationale". C'est à dire qu'il n'a même pas besoin de faire des cascades incroyables pour qu'on en redemande, tellement qu'il a le style, le mec. Tu t'attendais à quoi, pour ton premier skate trip à Paris ?

J'étais impatient d'y aller, et la seule chose à laquelle je m'attendais, c'était plus de romantisme, comme on en voit souvent dans les films. Or je n'ai rien ressenti de très romantique… Mais c'était une bonne semaine, malgré la chaleur. Une bonne scène, des bons spots. Est-ce que tu te considères comme un skateboarder pro ?

Parfois oui, mais bon, comme on le sait tous, c'est un peu compliqué, ici en Europe. J'essaye de l'être sur tous les projets qu'on me propose et de faire de mon mieux. C'est quoi, Post ?

Post Details, c'est un rêve, deux potes qui essayent de monter un truc cool ensemble. C'est une marque qui est partie d'une amitié, du skate et de nombreuses années à vivre dans l'Industrie, jusqu'au moment où on s'est dit qu'on était prêts à défendre notre propre truc… On se concentre surtout à faire des casquettes et des bonnets, mais les Details peuvent être un peu tout et n'importe quoi, de vêtements à des petits gadgets, en faisant tout fabriquer en Europe, c'est important pour nous. Et c'est quoi, ton truc avec les hot dogs ?

Le hot dog, c'est probablement le meilleur repas : viande, pain et sauce ! J'aime tellement ça que WESC m'a fait une ligne (#Korvlover), je suis à bloc ! Penses-tu que ta part' dans "In search for the miraculous" ait 62

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quelque chose à voir avec le succès international d'Edward Sharpe and the Magnetic Zeros ?

Ha ha ha ! Je ne crois pas, mais c'est possible quand-même ! Un de ces pauvres quarantenaires du marketing chez Ikea, après avoir vu ma part', a décidé d'utiliser la même chanson pour une pub qui est passée dans le monde entier. Possible que ça leur ait donné un bon coup de boost, et qu'ils vivent maintenant heureux avec beaucoup d'enfants !

Thomas Harrisson

Jusqu'à ce que je lui serre la pince pour la première fois lors de cette escapade parisienne, je n'avais jamais entendu parler de Tom. Enfin si, forcément, j'avais vu son nom dans la vidéo d'introduction balancée sur leur site, mais je l'avais complètement oublié. Depuis son passage et sa propension à survoler, littéralement, tous les spots où j'ai emmené la troupe, cette fois il va falloir du temps, des siècles peut-être, pour que j'en oublie son nom. C'était ton premier voyage à Paris ?

Oui, je n'étais jamais resté, j'avais juste traversé la ville. J'étais impatient, surtout après toutes les vidéos de la scène parisienne que j'ai pu voir. Une fois sur place, j'avais du mal à croire le nombre de spots qu'il y a. Un spot pratiquement à tous les coins de rue ! Qu'est-ce qui est bien typique de la ville, pour toi ?

En fait, rien de spécial. Je m'attendais à plus de trucs clichés. Mais bon, on a pas mal skaté dans des petites rues, donc je n'ai pas été vraiment imprégné du mode de vie à la parisienne. J'ai juste vu la Tour Eiffel, ça c'est un truc typique à faire ! Quelle implication tu as, dans The National ?

Je suis pas mal impliqué vu que je suis l'un des membres fondateurs. Je suis un des riders, je gère une partie de la boîte, du design et un peu tout le reste. Donc j'ai un rôle assez important, enfin je crois !

En une phrase, c'est quoi The National ?

Un groupe de potes qui skatent ensemble, qui essayent de ne pas trop se prendre au sérieux en montant une marque… Une chance d'embarquer un Français dans l'affaire ?

On aimerait bien, y'a des tas de skateurs incroyables en France mais je ne peux pas te dire qui, ça pourrait faire des histoires !

A ce moment-là, il faudra renommer la marque The International Skateboard Co !

Oui, on aurait déjà dû renommer ça The International quand Dennis et Danijel sont arrivés ! On s'est plantés de nom dès le départ !

Je crois savoir que tu as un vrai job à côté de tout ça…

Oui, si on peut appeler ça un "vrai job". J'ai monté un collectif de réalisateurs qui s'appelle Crowns and Owls il y a 3 ans avec d'autres skateurs. J'écris et je réalise des clips, des vidéos pour la mode et des pubs pour des labels de musique et des marques. J'adore faire ça, mais m'occuper de The National est déjà un mi-temps… Si une grosse opportunité dans le skate se présentait, tu laisserais tout tomber ?

Non. J'aime faire du skate mais je ne tiens pas à ce que ça devienne mon job. J'essaye vraiment de développer notre collectif pour se faire une bonne place...


Danijel Stankovic BS 180 nosegrind 11ème arrondissement

Tom Harrisson heelflip 12ème arrondissement

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Dennis Lynn BS no comply tailslide shove it 13ème arrondissement

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Neil Smith

Du haut de ses 29 ans, Neil Smith a déjà eu deux carrières chez Blueprint (rétrogradé amateur en 2008 puis de nouveau pro en 2011) avant que la marque se tire une balle dans le pied et que tout le monde déguerpisse. Le voici donc de nouveau à devoir faire ses preuves pour continuer à voir son nom inscrit sur une board. Quel est le pourcentage de la population anglaise qui porte le nom de Smith ?

Je ne connais pas le chiffre mais y'en a des tonnes ! Je pense que tout le monde en Angleterre connaît quelqu'un qui s'appelle Smith. Est-ce que les histoires du Royal baby t'intéressent ?

Moi, personnellement, non. C'est fou l'ampleur que ça a pris aux infos. Peut-être même que ça intéresse plus les gens hors du pays. Enfin, on s'en fout ! Pourquoi vous avez une reine et pas un roi ?

Je crois que ça a à voir avec la "ligne de sang" de la famille. La prochaine fois ce sera un roi, Charles ou William, ça dépendra à qui la reine donnera sa couronne. Est-ce qu'il y a une vidéo National en route ?

Oui, il y a un projet dans les tuyaux, mais on vient à peine de commencer à filmer pour ça, et ce voyage était le premier qu'on ait pu faire, donc à mon avis ça ne sortira pas avant un an.

Dennis Lynn

Vous vous souvenez de Conhuir Lynn, le phénomène irlandais apparu au début des années 2000 ? Eh bien c'est son frère. Si vous ne vous souvenez pas, c'est bien dommage parce qu'avant de se casser tout un tas de trucs, il avait la classe, le Conhuir. Mais bon, histoire de ne pas laisser disparaître un tel nom de la scène skate, c'est Dennis qui a pris le re66

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lais et ça semble plutôt bien parti pour lui. N'allez pas croire cependant que la carrière du grand frêre est totalement terminée, il se pourrait bien qu'un de ces jours, il revienne mettre une bonne correction à son cadet...

board. Tu ne sais jamais sur quoi tu peux tomber... Les spots de Chewy Cannon sont toujours sur la route du prochain. En plus, à Paris, les trottoirs sont parmis les plus lisses du monde, et possède les meilleurs curb cuts pour faire des ollies !

Qu'est-ce qui différencie un Anglais d'un Irlandais ?

Qu'est-ce qui t'a manqué, pendant ce séjour ?

Les Irlandais sont plus grands, plus bronzés et vachement plus beaux. Les Anglais mangent des "pasties" froids, et même mort, un Irlandais ne ferait jamais ça. Combien de fois par jour est-ce qu'on te parle de ton frère ?

Au moins 15 fois !

Ça vous arrive encore de skater ensemble ?

Pas souvent depuis que j'habite en Angleterre. Il fait son truc en Irlande mais on va se faire une session dans pas longtemps… Quel souvenir de Paris tu garderas le plus longtemps ?

Dave Mackey qui entretenait quotidiennement son statut de légende, et quand il a demandé à Vincent [Touzery] de péter sa board, qui ne l'a même pas fait !

David Mackey

Mackey, c'est un peu la mascotte de tous les Anglais. Probablement le streeteur le plus âgé de tout le Royaume Uni, qui possède autant d'énergie qu'un kid à la recherche d'un sponsor, avec cependant la sagesse et le flegme typiquement britanniques. Il est par ailleurs l'heureux propriétaire du shop "Lost Art" à Liverpool, qui fut élu skateshop de l'année aux Bright European Skateboard Awards en 2011. Qui est le meilleur skateur parisien, aujourd'hui, pour toi ?

Vincent Touzery !

Qu'est-ce que tu préfères, aller au prochain spot en skate ou en vélo ?

C'est toujours marrant en vélo mais pour moi il n'y a rien de tel que de cruiser jusqu'au prochain spot sur ma

Ma famille, une théière et un petit déjeuner anglais avant d'aller skater. Paris possède vraiment des spots incroyables et les gens sont plutôt tranquilles. L'une des meilleures villes pour le skate, sans aucun doute ! Pourquoi est-ce que les Anglais sont autant fascinés par la famille royale ?

Les Anglais adorent les traditions, ou du moins ils aiment bien les petites vacances qu'offre l'anniversaire de la Reine et toutes ces conneries. Les personnes qui disent détester la famille royale sont les mêmes qui achètent les magazines avec la famille royale en couverture... On est peutêtre juste une nation d'hypocrites. Mais c'est fou comme ils sont traités commes des stars aujourd'hui... Qu'apporte la Reine, concrètement ?

Des tonnes d'argent au pays. Londres est l'une des villes les plus visitées au monde grâce au simple fait qu'on ait une reine et une famille royale. C'est d'ailleurs peut-être la seule bonne raison de la garder...


David Mackey FS nosegrind 12ème arrondissement Photo : Alex Pires

Tom Harrisson nollie 11ème arrondissement

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FS five-o


Mark Suciu

En l'espace de quelques mois, comme le dit si bien Arthur Derrien dans Kingpin #121, Mark Suciu est devenu "le meilleur skateur du monde". Si vous êtes passé à côté de la nuance, sachez que par cette formule grand public, Arthur voulait dire par là que Mark était celui qui aura fait fantasmer le plus de monde ces derniers mois, en sortant toutes les 3 semaines 18 minutes de footage complètement dingue, comprenant à chaque fois quelques tricks et des lignes infaisables, le tout avec une classe certaine. Parce que "Le meilleur skateur du monde", tout le monde sait que c'est Tony Hawk. Faudrait voir à ne pas tout prendre au premier degré !

Photos par Johan Verstappen Texte par Tura

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Il y a encore quatre ans, personne n'avait entendu parler d'un fils d'immigré

roumain né le 3 août 1992 en Californie du Nord nommé Mark Suciu. Et puis un beau jour il est arrivé et on s'est demandé comment le skate avait jusqu'ici pu faire sans lui. Un peu comme Busenitz. Ce serait presque emmerdant, sans ces deux-là… Il y a bien quelques clips sur Youtube où on le voit se perdre dans des vêtements trop larges encore adolescent, mais ça a commencé à devenir sacrément intéressant dans "Origin", la vidéo Habitat sortie en 2010. Et à partir de là, ça a été l'avalanche de clips, parfois même plusieurs la même semaine, tous plus dingues les uns que les autres dont "Cross Continental" qui aura produit le même effet que la part' Gravis de Dylan Rieder deux ans avant, jusqu'à l'inscription de son nom sur une board en début d'année. Un statut acquis à une vitesse foudroyante mais incontestable. Aujourd'hui, il semblerait qu'il ait décidé (ou qu'on ait décidé pour lui) que plusieurs semaines entre chaque clip était largement suffisant pour "faire le job". Point trop n'en faut, et c'est aussi bien comme ça. Son plus gros défaut : une tendance à éviter de sourire, probablement par timidité. Voici quelques points pour comprendre pourquoi tout le monde se met à cliquer frénétiquement sur Youtube lorsque son nom apparaît sur un écran.

Parce qu'aux types restés coincés dans les années 90, il rappelle un certain Ricky Oyola (les lignes à Love Park et dans le tunnel à Philly, comme dans "Eastern Exposure"…), une époque révolue mais inoubliable... Parce qu'il sait tout faire avec le style, sans pour autant être robotique. La classe ? Parce qu'il a compris que les voyages forment la jeunesse et que lorsqu'il se balade à travers le monde, il préfère aller chez l'habitant pour s'imprégner de la culture locale. Vous pourrez toujours attendre Paul Rodriguez et Nyjah Houston pour l'apéro et la partie de pétanque (dont Mark a été initié cet été avec ses potes parisiens Rémy Huynh et cie). Parce qu'il est le seul au monde à avoir été capable de faire BS nollie 180 fakie nose grind revert-dans-l'sensqui-t'arranges-pas. Rien que le fait d'avoir imaginé ce trick est la preuve de son génie. Par contre, Mark, ça c'était en skatepark, et pour valider ça auprès des

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Ça a été l'avalanche de clips tous plus dingues les uns que les autres...

Nose pick

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instances internationales de la bienséance, il va falloir aller le faire dans la rue, maintenant… Parce qu'il sait faire le fameux backside noseblunt slide, bien souvent considéré comme le trick ultime, dans tous les sens (en pop out droit dans "The Philadelphia Experiment" ou en FS revert dans "Cross Continental"), sur des rails, des ledges, partout, sans forcer. Parce qu'il représente le vrai skate de rue de la côte est à la côte ouest, en passant par l'Europe ou l'Inde. Et parce que le jour où on le verra faire de la courbe, ce sera aussi fou…

kickflip up BS 180 fakie 5-0 fakie nose manual

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”je crois que j'ai toujours admiré les Français„

La petite conversation Tu as fais la fête, un peu, lors de ta visite à Paris ?

Mark Suciu : Oui, on a passé des bons moments à sortir dans des petits bars, le genre de bars où je ne serais jamais allé si je n'avais pas été avec des Parisiens. Tu squattais où ?

On a d'abord squatté chez Pablo Bouvret et puis chez Rémy Huynh, vers la place de la Nation. Tu étais plus en mode skate/faire des photos ou en mode touriste ?

Je dirais que j'étais plus en mode touriste qu'en mode photo. Ça faisait déjà un mois que j'étais en tour en Europe, juste avant d'aller à Londres pour un autre trip. Donc j'étais plutôt en mode découverte de ce que la ville a à offrir, mais c'est vrai qu'on a beaucoup skaté aussi… Tu as visité quoi ?

A Paris, à peu près tous les principaux trucs touristiques à part les Catacombes. Il faut que je revienne faire ça. Qu'est-ce qui t'attire plus en France qu'un autre pays ?

Je ne sais pas vraiment. Je crois que j'ai toujours admiré les Français, même avant d'être venu pour la première fois. Et quand j'y suis allé, je n'ai pas été déçu. Depuis, c'est l'un de mes pays préférés où aller. Qu'est-ce que tu as apprécié le plus pendant ce petit séjour ?

On a passé des bons moments aux Buttes Chaumont, à traîner dans le parc et boire des coups dans le "club" à l'intérieur ! Tu apprécies la cuisine française, aussi ?

En fait, on n'a jamais mangé dans un vrai bon restaurant, donc je peux juste dire que ce que je préférais, c'était aller à dans une boulangerie-pâtisserie. Les boulangeries françaises sont les meilleures du monde ! Qui est ton skateur français favori ?

Question difficile, mais si je n'ai droit qu'à un seul, je dirais JB Gillet.

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Ramadan surprise Depuis qu'on avait foulé le sol marocain avec Doble à l'époque, toute une brochette de teams a suivi : des marques de godasses, de fringues, de planches, de roues, de yoyos, de bolasses enflammées... [ndlr : n’oublions pas non plus que Cliché y était allé encore avant]. Alors comment rafraîchir le concept ? Les laboratoires Dakine ont pris ce défi à bras le corps. La question a été retournée dans tous les sens, on a fait appel aux plus grands spécialistes de la chipolata hallal, des babouches et tajines, et nous voilà en mesure de vous dévoiler le tout nouveau concept choc mis au point par notre équipe scientifique : aller faire du skate au Maroc pendant le Ramadan (qui tombait cette année début juillet). Pour vous faire une idée, c'est un peu comme aller faire du golf en Islande en hiver. Et pourquoi chez Dakine ils se plient en quatre pour faire des sacs à dos indestructibles ? Pour y caler un gros stock de couscous en cas de ramadan, on ne sait jamais !

Photos par Davy Van Laere Texte par Bastien Duverdier

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”Il livre lui même les planches à tous ses clients mais comme il n’a pas de bagnole, il prend le bus„

Le guide Ali Tamara, que l'on ne présente presque plus, le guide officiel du Maroc, Bastien Duverdier ollie in

conseillé par le Routard. A l'époque il m'avait collé une fatwa sur la tête, à cause d'un article ou j'avais un peu trop forcé sur le piment d'Espelette. Donc, j'imaginais qu'il allait m'accueillir avec des guerriers de la montagne armés jusqu'aux dents et qu'ils allaient me transformer en saucisson halal. En fait non. Ali se dirige vers moi, un peu plus potelet qu'il y a quatre ans, toujours aussi branché et surtout avec un énorme sac de dreadlocks sur la tête. La magie opère, le pieux musulman (Ali) et l'incarnation du mal (moi) font enfin la paix après quatre ans d'une guerre sans merci... Sniff, passez-moi un mouchoir siouplé. P'tain Ali, t'es devenu rasta, j'en reviens pas ! Par contre, un rasta-chef d'entreprise. Sa boite de distribution a bien grossi, et c'est un peu (aussi) grâce à lui et Fahed, son pote de toujours, si le skate se développe autant au Maroc. Par contre, t'imagines pas le boulot ! C'est le Mexique de l'Europe ici, il faut avoir un sacré bagage en débrouillardise pour s'en sortir, et Ali lui, il a un doctorat. Il livre lui même les planches à tous ses clients mais comme il n’a pas de bagnole, il prend le bus et arpente les quatre coins du Maroc. Eh ouais, c'est comme ça ici, UPS c'est un mirage du désert. Et puis il en est à son dixième team au compteur. Il organise tout : les hôtels, les restos, les voitures de loc' et puis ce qui est cool, c'est qu'il s'en fout que tu sois le team machin-chose-tropla-classe, il peut t'organiser ton trip skate avec tes potes, il fermera même les yeux sur ceux qui poussent en mongo...

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Le Ramadan Pour ceux qui ne savent pas, le Ramadan est l'invention d'un monsieur

Ben Delaboulaye switch FS flip

Allah (c'est tout, y' a pas de nom de famille) dont le principe est de ne pas fumer ni manger ni boire la journée et ce pendant un mois entier... Aucun d'entre nous n'étant déjà allé dans un pays musulman pendant le Ramadan, je crois qu'on a tous halluciné. Alors que ce soit bien clair, le p’tit Ricard qu'on s'enfile caché dans la réserve, c'est même pas envisageable une seconde. Tout le monde respecte le Ramadan et on n'est pas à la cantine, y'a pas moyen de snaker. Parait-il aussi que c'est le plus dur qu'ils aient connu depuis trente ans, parce que les journées sont longues et qu'il fait 40°. Tu m'étonnes, nous on s'enfile des packs d'eau toute la journée, et on n'arrive toujours pas à faire ventiler le moteur, alors imagine la pâteuse de fin de journée qu'ils se tapent. Si vous êtes une femme et que vous avez vos règles, pas de panique, vous êtes dispensé. Mais qui dit dispense, dit cours de rattrapage, donc tous les jours manquants seront reportés au mois prochain. Ouf, j'ai eu peur. Et puis c'est pas un ou deux pequenots qui suivent le Ramadan, c'est un pays entier, ce qui engendre la fermeture de tous les magasins et restaurants pendant la journée. Il n'y a que les grandes surfaces qui restent ouvertes, seul moyen de faire des provisions. Et puis si tu te grilles une clope ou que tu prends une gorgée d'eau, les passants ne manqueront pas de te lancer un regard de tueur ou de te rappeler à l'ordre. Pour les Marocains, ça peut directement être la case prison... Quand je vous dis que c'est pas une blague ! Pourtant, les gens ne changent pas leurs habitudes tant que ça, les ouvriers continuent de bosser sous le cagnard, les flemmards de flemmarder… en revanche sur la route, l'ambiance est beaucoup plus tendue, tous les taxis pour la plupart fumeurs, deviennent exécrables à cause du manque de nicotine. C'est aussi le seul mois ou il y a deux heures de décalage horaire avec la France, question de business… À 21h30, c’est l’heure de leur p'tit dèj’. Et je peux vous dire qu'on mange bien là-bas ! Je ne veux pas faire mon Cyril Lignac, mais c'est une des meilleures cuisines du monde. Et avant que le jour ne se lève, ils mangent une dernière fois. Je pensais qu'ils préparaient quelque chose de vraiment consistant pour tenir toute la journée, mais tu parles, ils bouffent un morceau de pain avec de la Vache-qui-rit et c’est parti pour une journée de jeune. Ah oui tiens d'ailleurs, la Vache-quirit, elle est au moins aussi connu qu'Allah au Maroc. Dans les magasins, y'a des rayons entiers dédiés à la Vache-qui-rit. Ils en mettent de partout et le pire, c'est que c'est vachement bon.

Allah se souvient de tout A la fin d'une journée de Ramadan, si tu donnes la première gorgée d'eau

ou la première bouchée de pain à un croyant, Allah s'en rappellera lors du jugement dernier. Alors Ali, faisons les comptes de ce que je t'ai filé : mardi : une pâtisserie au miel ; mercredi : une fin de sandwich du midi ; jeudi : de l'eau tiède d'il y a trois jours ; vendredi : des gâteaux secs (au moins sept). Quelle connerie tu as fait d'accepter tout ça... Ça veut dire que même après la mort, je serai encore là pour te casser les noix avec des gâteaux secs et des fins de sandwich. soma 79


”l'inspecteur Derrick déboulerait dans la pièce que ça ne me surprendrait même pas„

Ben Delaboulaye fakie nose pick

L'hôpital Du coup (sûrement à cause de mon dernier article évoqué plus haut), je me

prends une énorme chute sur une philly-bar. Il en résulte une épaule plus courte que l'autre, alors je dois aller éclaircir tout ça à l'hôpital. Nous sommes à Safi, loin d'être la plus grosse ville du pays. Des gens attendent là depuis une nuit, assis dans des couloirs pas toujours éclairés. Franchement, on est entre la brocante et le garage auto. Ça remet toujours les pendules à l'heure ce genre de visite. L'entrée du seul médecin urgentiste a des allures de boite de nuit, avec une foule de gens devant la porte, un flic pour éviter qu'elle tombe, et puis comme il n'y a pas vraiment de file d'attente tu rajoutes les mamas marocaines, toutes à l'article de la mort, à deux doigts de l'évanouissement pour essayer d'éviter d'attendre deux jours ici. Mais grâce à Ali qui connait quelqu'un qui connait quelqu'un qui connait quelqu'un… Il fallait faire une radio de mon épaule. Or, la salle de radiologie qui sert à faire des radios naturellement, fait également office de machine à remonter le temps. Me voilà dans les années 70, l'inspecteur Derrick déboulerait dans la pièce que ça ne me surprendrait même pas. L'un me dit que c'est fêlé, l'autre non, dans les deux cas, je finis chez le gros infirmier qu'arrête pas de faire des blagues vachement drôles à tout le monde. Après une bonne dizaine de vannes, il me momifie avec un gros chaterton médical tellement collant que je me demande si je vais pouvoir l'enlever un jour : "C'est bon, tu peux y aller gamin, ça ira mieux. Inchallah !". 80

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Kevin Tshala Traduction en marocain : Kévin Si-dieu-le-veut. Avec un nom

pareil, tu ne peux qu'avoir des avantages avec les Marocaines. Lui, c'est un petit mec, branché rap-ghetto-US, celui qui tourne au ralenti avec minimum de dix "fuck you" par minute. Il a une espèce de façon de se déplacer super agile difficile à expliquer mais qui lui donne un style mi-ghetto, mi-danseuse étoile vachement cool (étant donné que l'on est au temple de la Vache-qui-rit, y'a moyen que j'utilise le mot "vachement" à outrance). Mais pas de chance : il a réussi à s'ouvrir la jambe avec un bout de verre vachement gros. Hôpital, points de suture et compagnie. D'ailleurs il nous a fait une démonstration du fonctionnement hors norme de ses mollets. Tabarnak, les mollets les plus tendus de Belgique. Quand il les contracte, ils sont tellement hauts que l'on a l'impression que le tendon d'Achille a lâché. Étonnant. Vachement étonnant même. Il est bon ce Kévin, je dis bravo ! Kevin Tshala switch flip

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”aucun pays ne veut lui donner de visa parce qu'il est Marocain„

Ben Delaboulaye fakie nose pick

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La conclusion On tombe sur un mec qui finit par venir skater avec nous et puis à la

fin de la session il commence à tchatcher un peu. Il nous explique qu'il a rencontré une fille européenne, mais elle habite en Espagne. Elle a l'air un peu chiante mais il l'aime alors il doit la rejoindre, sauf qu'aucun pays ne veut lui donner de visa parce qu'il est Marocain. Alors il doit venir clandestinement. Le plan c'est les bateaux qui transportent les produits chimiques : monter pendant la nuit, se cacher à travers les barils avec quelques dattes et de l'eau pour provision, et attendre 1, 2, 3 jours ou plus, ça dépend de la destination. Une fois arrivé, il faut sauter dans l'eau avant que le bateau arrive au port, nager jusqu'à la rive, en espérant ne pas croiser de garde-côte, traverser l'Espagne en bus, trouver un plan pour gagner un peu d'argent au noir, bla bla bla bla bla bla… Plus son histoire avance, plus elle est complètement barjot et le pire, c'est que c'est l'histoire d'un bon paquet d'Africains. Tout ça pour dire que si ton grille-pain ne grille plus très bien ou si ta connexion Internet rame un peu, pense à cette histoire... M'enfin ça t'empêche pas de téléphoner à ton opérateur et de taper un scandale, ça fait du bien aussi !

Merci à tout le monde, et tout particulierement à Ali, Fahed et Amine. soma 83


Chris Pfanner FS disaster revert Photo : Jelle Keppens

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Numéro trente-cinq

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Laurent Vivaudou & Joris Ducros FS lipslide & BS boneless



Yann Garin No comply nose manual Photo : Tura

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photo : max chill

www.crimelarochelle.com


Paul, let's start a griptape company

Whatever you say, Steve


Oscar Candon roule pour Nozbone 50-50 down the ledge — Photo : Vincent Coupeau Mus Bennacer — Oscar Candon — Akim Cherif — Grégoire Cuadrado — Lionel Dominoni Lisa Jacob — Martin Keller — Mathieu Lebail —Jon Monié — Samuel Partaix Kevin Rodrigues — Rémy Taveira — Sylvain Tognelli — Vincent Touzery Nozbone skateboard boutique. 295, rue du Faubourg Saint-Antoine 75011 Paris / T. 01 43 67 59 67

www.nozbone.com


Le documentaire sérieux et drôle Pour peu que vous soyez lecteur assidu de Soma et/ou SK(H)ATE ME visiteur régulier de somaskate.com, le nom de Cédric Crouzy ne vous est pas totalement inconnu. Il apparaît parfois en petit, en bas d’une photo ou d’un post sur notre blog. C’est un jeune homme souriant, au physique de viking et à l’accent du sud, qui est un cas à part sur bien des niveaux. Un personnage haut en couleurs, que ses amis surnomment « Patate » et qui n’a rien du skateur banal. Il est une sorte d’agitateur/activiste/amuseur qui sévit dans la paisible ville de Nîmes, qui n’en demandait pas tant, et où il enchaîne les expos diverses, les actions avec les jeunes (en tout bien tout honneur), construit des spots, colle ses photos dans les rues, organise des « évènements skate »… Il est le genre de gars à qui les teams en visite font appels pour leur faire la tournée des spots, le genre de gars qui motive les troupes, qui égaye la session, bref, le genre de gars qui fait vivre le skateboard en coulisse. Bon, il est sans doute bourrés de défauts, comme tout le monde, peutêtre même que ce n’est qu’une immonde crapule qui n’a rien à faire en liberté, mais, ça ne saute pas aux yeux. En tout cas, on ne s’en est pas encore rendu compte.

Non, j’ai bien peur que ce Cédric Crouzy, ce soit de la bonne patate 100% naturelle, du tubercule de premier choix, qui vient de réaliser un très bon petit documentaire qui mérite toute votre attention. Ça parle de la place du skateboard dans notre société, avec humour et sérieux. Il est venu nous expliquer de quoi il s’agit vraiment et comment vous procurer la chose, ici, tout de suite, après une « dédicace à tous les gars de Nîmes, la maison carrée et son paysage mortuaire ». Regardez le doc, vous comprendrez… -Fredd

rendu compte qu'il y avait beaucoup de similitude entre le pourquoi je skate dans la rue et le fait que je fasse du collage. Les objectifs étaient les mêmes : éveiller les citoyens en détournant le milieu urbain de son utilisation première, qui est ultra codifiée et stérile. Il y avait donc matière à montrer, et argumenter à ce propos. L'envie que j'avais, c'était de montrer le vrai sens qu'a le skateboard à mes yeux. Et surtout lui rendre ce qu'il m’a apporté : de vraies valeurs. Par les temps qui courent, ça ne peut pas lui faire de mal... Comment t’est venue l’idée de faire ce documentaire ? Qu’est-ce que tu avais envie de montrer ?

CEDRIC CROUZY : Je regarde beaucoup de documentaires que ce soit à propos du skate ou autre. Donc ça m’a inspiré, forcément. L'idée, elle, m'est venue lorsque des amis me filmaient pendant que je faisais du collage dans la rue. Au fur et à mesure, je me suis 92

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Pourquoi ce nom ?

Photo J. Dykmans

Quand tu skates dans la rue, le citoyen lambda te prend vraiment pour un petit con… Mais ça s'améliore : vu que l'image du skateur se retrouve dans tout et n'importe quoi, le beauf de base commence à accepter sa présence. Bref, ça veut surtout dire que les connards peuvent bien me détester

en tant que skateur, au fond de moi je sais que certains apprécient et comprennent la nécessité du côté subversif qui réside dans ma pratique. Tu te sers du bouquin de Raphaël Zarka « la conjonction interdite », dans le film, pourquoi ce choix ?

Parce que le livre de Zarka est juste fabuleux ! J'hallucinais à chaque phrase quand je l'ai lu ! C'est la première fois que je lisais un truc où la personne avait réussi à mettre les mots justes sur le pourquoi je skate ! J'en profite pour le remercier très sincèrement. Lui et tous ceux qui ont filmé pour ce docu. Où et comment peut-on voir "Sk(h)ate me" ?

Vous pouvez le télécharger à l'adresse www.potatoes.net/skhateme ! N’hésitez pas à organiser des projections chez vous ! Ça permettra peut-être à votre entourage de mieux vous comprendre...


SOULIERS DE SKATE


Bastien Duverdier le musicien En plus d’être une légende du skate franç… Euh, du skate nîmois, mon pote Fabien Tolosa est surtout un vrai musicos. Le genre avec un blouson en cuir, des tatouages et tout le bordel qui va avec. Le Keith Richards du Languedoc-Roussillon. Le genre qui te fait des solos comme le mec de Van Halen là (à la batterie en plus !), un vrai pro. Et donc, il s’est dernièrement retrouvé à accompagner Tommy Guerrero lors d’un concert à Marseille avec Daurel et Duverdier. Un peu la classe quoi, même si attention, le Fabien, il lui

Interview par Tura et photo par Clément Chouleur

en faut plus pour l’impressionner. Bon là, Tommy G. quand même, il était content. Mais d’après ce qu’il m’a raconté, ce qui l’a le plus impressionné, c’est Bastien Duverdier. Il disait qu’il fallait à tout prix qu’il continue dans la musique, parce qu’il avait « le truc » et qu’il y avait quelque chose à faire. Eh bien deux mois plus tard, PAF ! Bastien Duverdier sort son premier album sous le pseudo de Képa et figurez-vous que c’est vachement bien. Heureusement, il en parle beaucoup mieux que moi… -Fredd

Tu as déjà pris des cours de guitare ?

BASTIEN DUVERDIER : Non, j'ai pris ça comme le skate, et ce qui est intéressant dans le skate, c'est justement de ne pas avoir de règles pour créer son propre truc. Donc là c'est pareil, je n'ai jamais pris de méthode ni de cours, même si on m'a rabâché trois mille fois "tu devrais en prendre, tu vas gagner 5 ou 10 ans…" ! Surtout ne pas prendre de cours, ça permet de rester libre et de découvrir par soi-même, même si ça prend plus de temps, et de ne pas rester enfermé dans des trucs... Mais ça ne s'apprend pas si facilement, la guitare, l'harmonica…

En fait, je jouais souvent chez des potes, comme ça, on m'a offert une guitare et puis je suis tombé sur des vieux morceaux de blues du sud que j'ai adoré, qui m'ont vraiment transcendé, alors j'ai un peu creusé et j'ai essayé de les reproduire. Sauf que je ne comprenais pas comment ils arrivaient à avoir ce son-là. J'ai fini par comprendre que ce n'était pas le même accordage donc j'ai appris un nouvel accordage et à jouer à l'écoute, en matant des trucs sur Youtube… J'ai vraiment fait du mimétisme, comme en skate. Exactement la même démarche. Pareil pour l'harmonica, au début je reproduisais ce que j'entendais… Et puis je suis tombé sur un artiste dont j'adorais le son, mais je n'arrivais pas à comprendre de quel instrument il s'agissait. Ça faisait une sorte de son gras à moitié acoustique à moitié électrique, et j'ai fini par comprendre que c'était une guitare en métal, un truc inventé en 1930 pour amplifier 94

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les guitares dans des orchestres hawaiiens où elles étaient toujours masquées par les violons ou la voix. Comme il n'y avait pas d'ampli électrique, ils avaient trouvé ce moyen-là pour que ça sonne cinq fois plus fort qu'une guitare normale. Un an plus tard l'ampli a été inventé, donc ça a fait comme un feu de paille, tout le monde est passé là-dessus, mais certains artistes y sont restés… Et ça a été la révélation pour toi.

reproduire, de reprendre des morceaux que les mecs faisaient… Mais je me suis vite rendu compte que la façon dont ils ont appris à jouer n'était pas du tout académique, c'est un truc très personnel, donc c'est très difficile à reprendre, ça sonnait faux… Le mecs du blues, ils te transmettent une certaine souffrance, quelque part, ça transpire quelque chose et moi, j'ai pas une vie assez pourrie pour jouer du blues !

Oui, je ne joue plus que de ça. J'ai deux modèles différents, et j'ai l'impression d'être un peu comme les mecs qui collectionnent le modélisme de tracteurs agricoles, un truc hyper précis. Moi c'est le son de cette guitare qui me passionne, c'est le plus riche que j'ai trouvé, les nuances sont hyper variées, tu peux faire plein d'effets…

Ah ah ah !

Tu joues avec un bottle neck ?

Il y a Bob Brozman, un peu le maître de cet instrument, un gars qui s'appelle Guy Davis que j'ai

Oui, j'adore la sonorité de ce truc. Au tout début, j'essayais juste de

Et puis je suis Français, j'ai mon accent, ça sonnait carrément faux. Alors je me suis dit que j'allais reprendre cette sonorité là, mais rafraîchir un peu le truc en m'inspirant d'artistes plus modernes, quitte à faire un truc un peu plus folk. Quels sont ces artistes ?


Chats Ecrasés découvert il n'y a pas longtemps, un gars qui s'appelle Catfish Keith que j'adore m'a beaucoup inspiré. Et puis il y a les vieux de la vieille comme Fred Mcdowell, Blind Willie Johnson… des trucs super vieux mais intemporels, qui restent super frais, et d'ailleurs ce sont les artistes dont tout le monde s'inspire. Après il y a les débuts de la folk : Leadbelly, et puis je me suis aussi pas mal intéressé à des guitaristes solistes comme John Fahey, Leo Kottke, des guitaristes plus modernes qui mélangent les genres. C'est ce que je recherche : varier les plaisirs en restant sur le ton du blues qui me plaît. Est-ce que c'est comme le jazz, où il y a beaucoup d'improvisation ?

Ça peut l'être, parce qu'il y a différents blues. Il y a le Chicago Blues, plus traditionnel avec trois accords qui s'enchaînent et puis la partie solo où le mec fait ses gammes, en gros tout ce que je n'aime pas, et puis il y a le blues du sud, plus ancien, et beaucoup plus nu. Plein de morceaux se jouent sur un seul accord, et c'est ce qui me transporte le plus. C'est aussi ce qui me semble le plus dur à faire… Après, oui, il y a des similitudes avec le jazz puisque le jazz vient du blues, mais je n'ai jamais été un grand fan. Mon père est batteur de jazz donc j'en ai toujours entendu et il m'a toujours dit "c'est comme le vin, tu verras, tu apprécieras quand tu seras plus grand", et je grandis, je grandis…

Le blues est resté une musique populaire ?

Oui, même si ça se masturbe un peu aussi… Ça dépend quel blues, mais c'est sûr que ce n'est plus comme avant. Mais c'est culturel, les Européens n'ont pas cette culture là, tu vas à un concert aux EtatsUnis, l'ambiance est complètement différente… Sur ton "album", tu joues tout toi-même ?

Oui, tout moi-même et tout en même temps. Il n'y a quasiment aucun mixage. Je tape du pied dans une caisse, je joue de la guitare avec des onglets, je fais la rythmique, et je chante. Et je joue de l'harmonica sur certains morceaux. C'est ça qui m'intéressait, c'est ce côté indépendant, à l'opposé de la musique commerciale. Tu sais lire une partition ?

Non, je connais tous mes morceaux de tête, ils ne sont notés nulle part. C'est une gymnastique à avoir. Maintenant ils sont enregistrés. Enregistrés sur quoi ?

Sur du vide, étant donné que c'est sur internet… Quelqu'un va finir par te les piquer…

C'est encore possible, il suffit de les reproduire, de les vendre et gagner plein de fric [rires] ! Il va falloir que j'apprenne comment ça marche, la Sacem, tout ça...

Et c'est toujours aussi chiant.

Oui, c'est ce côté-là qui est apparu quand l'Europe a découvert le jazz, quand les Américains ont trouvé leur public en France notamment, un public fasciné qui a intellectualisé le truc. Alors c'est devenu une musique intellectuelle, qu'on joue dans des café-théâtres, les gens restent assis et se masturbent là-dessus alors qu'à la base, aux Etats-Unis, le jazz est une musique populaire où les gens dansaient…

no goat cheese disponible à l'écoute et à la vente sur : http://kepa.bandcamp.com/

Les Washington Dead Cats n’ont pas grand-chose à voir avec Bastien Duverdier, puisque eux, ce sont de vraies légendes du punkabilly français qui vont bientôt fêter leur 30 ans de carrière. Alors que Bastien, dans le monde du Punkabilly, même français, il ne vaut rien et il n’était même pas né, il y a trente ans. Bref, ils sortent un excellent nouvel album en octobre « Primitive girls are more fun !» et sont déjà en tournée à travers l’Europe à l’heure qu’il est. Première date française à La Boule Noire à Paris les 22 et 23 octobre. J’étais complètement à bloc du groupe quand j’étais jeune et fringant, alors quelle ne fut pas ma surprise quand ils nous ont contactés pour nous dire que leur chanteur, Mat Firehair était un skateur de la première heure, époque skatepark de la Villette, qu’il a toujours le virus et qu’il voulait faire gagner une board à nos lecteurs. Une vraie board de viocs, en 8,8’ de large, tail carré et tout le tintouin. Pour ce faire, guettez le concours sur www.somaskate.com dans la semaine de sortie de ce magazine et courez les voir en concert. -Fredd Washington dead Cats Primitive Girls Are More Fun disponible dans les bacs

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ERIC KOSTON #SKULLCANDYSKATE


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Victor Pellegrin - BS lipslide - Seattle Photo : Loïc Benoit

« Comment diable un homme peut-il se réjouir d’être réveillé à 6h30 du matin par une alarme, bondir hors de son lit, avaler sans plaisir une tartine, chier, pisser, se brosser les dents et les cheveux, se débattre dans le trafic pour trouver une place, où essentiellement il produit du fric pour quelqu’un d’autre, qui en plus lui demande d’être reconnaissant pour cette opportunité ? » - Charles Bukowski


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