NUMÉRO TRENTE - NEUF / Rigueur et professionnalisme
NUMÉRO TRENTE NEUF Octobre - Novembre - Décembre 2014
PHOTOGRAPHES
& rédacteurs Directeur de la publication
Fred DEMARD
Rédaction / Photographie
Loïc Benoit Joseph Biais Fred Demard
Davy Van Laere Kévin Metallier Loïc Benoit Alex Pires Ulrich Sperl David Manaud Clément LeGall Guillaume Périmony Thibault Lenours Mike Blabac Fred Ferand
Luc Richard MDV ! Alex Pires Joey « 65 pack » Joseph Biais Guillaume Dalonneau Jon Demortier Bad Professor
Wallie boardslide sur un rail bien rad et en évitant l’arbuste à la replaque. Le tout avec une double tail équipée de Dead Bolts… Cascade et craie : Nils INNE Photo : Kevin METALLIER
RÉDACTION SOMA est édité par LES ÉDITIONS DU GARAGE SARL 13, rue de L’Isère 38000 GRENOBLE ISNN : 1959-2450 info@somaskate.com Imprimé en France chez AUBIN IMPIRMEUR
Graphisme
Seb JOLY 8
soma
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WWW. .COM
somaskate
Toute reproduction, même partielle, publication, édition, ou sous n’importe quelle autre forme, est interdite, sinon on vous envoie LB pour vous parler de ses peines de cœur.
NUMÉRO TRENTE NEUF Octobre - Novembre - Décembre 2014
Backside 50/50 sur un chouette petit Hubba Cascade et craie : Nils INNE Photo : Kevin METALLIER.
LE VIEUX
MUCKEFUCK & CO. CHEZ LES BELGES
MATISSE BANC
Mathieu Anceau, un vieux à qui il reste du pop et de qui MDV ne pense aucun mal.
Une semaine en Belgique avec trente gars venant d’Oregon, d’Angleterre, d’Autriche et de Marseille.
Attention exploit. On a réussi à faire écrire une intro à Victor Pellegrin ! Et on n’est pas peu fiers.
P.14
P.38
P.68
LE JEUNE Léo Sastre, enfant martyr, élevé à la dure par les vieux skateurs du Tarn. Il a été à bonne école le jeune !
P.16
SHUT UP AND SKATE ! Un flip microscopique, un wallride pour nos amis de la pédale, un smith grind à accrocher au mur et un crook de chef d’entreprise qui monte.
P.48
LES COPAINS D’ABORD
MICKAËL GERMOND
Un tour Trauma en Provence Alpes Côte d’Azur avec une interview de la légende du sud : Nico Rouquette.
J’ai un autographe de Sergei Bubka quelque part, en cherchant bien, je devrais même pouvoir le retrouver, sinon, j’en demanderai un à Mika Gazon !
P.20
P.56
JORDAN TRAHAN
BEN BOTTA
Il est ce qui de fait de mieux dans la nouvelle scène new-yorkaise et il est venu faire des siennes à Paris.
P.30 10
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L’animal de la Côte d’usure !
P.62
SALUT LES COPAINS Un texte sur le tube vidéo français de l’année « j’aime les filles » que Guillaume Périmony lui-même a qualifié de « maladroit » (le texte, pas la vidéo)…
P.74 MATT MILLER & DAVIS TORGERSON Non, ce n’est pas tous les jours qu’on croise ce genre de gars dans Soma…
P.82 VRAC BOWL-A-RAMA Quand un contest est vraiment bien, il faut le dire !
BETS BRIGADE SESSION In memory of a sacré bon gars.
P.88 P.92
NUMÉRO TRENTE NEUF Octobre - Novembre - Décembre 2014
Un bon vieux ollie one foot par-dessus un trou vissé au sol. Le premier qui me parle de ollie north s’en prend une ! Cascade et craie : Nils INNE Photo : Kevin METALLIER
INTRO Pour la très grande majorité d’entre nous, la question ne se pose même pas : être suffisamment balèze en
skateboard pour réussir à en vivre, relève juste du fantasme. Ou de la camisole. Au sommet de notre gloire, on se contentera, peut-être, de ristournes dans le shop local et basta. Heureusement, dans l’ensemble, personne n’en attend plus et c’est très bien comme ça. Pour une poignée d’élus par contre, c’est différent. Un excès de pop, un talent hors norme et hop, vous voilà propulsé dans l’aventure du sponsorisme. Un rêve certes, mais semé d’embûches et qui surtout, ne dure qu’un temps. À quelques rares exceptions près, aux abords de la trentaine, le skateboarder pro doit sérieusement penser à reprendre « une vie normale ». Chose à laquelle, il n’est pas toujours très bien préparé. Car tout peut s’arrêter très vite : une blessure, une fin de contrat, un simple malentendu et c’est fini. Au suivant ! En France, ils ne sont vraiment pas nombreux à réussir à en vivre. La plupart rament franchement. Et à ce jeux-là, être exceptionnellement doué ne suffit même pas à faire tomber les chèques tous les mois. Il faut savoir déjouer les nombreux pièges de l’assistanat, rester motivé, produire de l’image, être poli avec le monsieur, occuper l’espace médiatique, engranger les followers… C’est franchement triste de penser qu’un gars comme Guillaume Mocquin, dont le contrat chez Element vient d’arriver à son terme, va désormais passer plus de temps à faire des « Suprêmes de pintade et sa farce à la duxelle de champignons » que nous faire rêver sur son skateboard… D’où la pub juste à côté, que ses ex-employeurs ont eu la délicatesse d’acheter pour marquer le coup et pour remercier Guillaume pour ses années, certes mouvementées, de bons et loyaux services. Quand quelqu’un au talent évident comme lui, se voit donc un peu contraint de quitter le monde du skateboard sponsorisé, ça fait franchement mal au cœur et on lui souhaite d’être aussi bon derrière les fourneaux qu’il l’est sur son skateboard. En même temps, quand on voit que Gino Iannucci, quarantenaire, décide après quinze ans d’une carrière plus ou moins léthargique, de prendre un nouveau départ dans le monde du skateboard professionnel, on se dit qu’il y a de l’espoir de revoir Mocquin un de ces quatre. Je l’imagine mal chez Fuckin’ Awesome par contre… 12
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LE VIEUX
Ollie - GENÈVE - Photos : Sebastiano Bartoloni - Texte : MDV
MATHIEU ANCEAU
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Pas facile d'écrire sur Matt, c'est pas vraiment le genre de mec qui se traîne des histoires louches ou graveleuses derrière lui, je crois même que c’est l’un des mecs les plus réglos que je connaisse, ce qui est plutôt rare dans le skate jeu. C’est aussi le genre de mec que j'aurais aimé avoir au comptoir du skateshop local quand j'étais plus jeune. Les jeunes d’Annecy peuvent le remercier pour tous les efforts qu'il fait pour eux. J’en profite aussi pour lui dire que c’est dommage qu'il soit parti de Lyon car ça fait un trentenaire (voire quarantenaire) bedonnant de moins sur nos sessions du samedi. Pour l’anecdote, Matt a partagé un appart’ avec un certain Israël Forbes à San Franscico au milieu des années 90. Moi à cette époque, je vivais chez mes parents et regardais "les filles d’à côté" sur TF1 en rentrant du lycée professionnel. C’est tout de suite moins glamour. Vivre quelques mois à San Francisco à cette époque, c'était le Saint Graal pour nous tous, un peu comme aller voir la Street League aujourd’hui. Matt a assuré et il a réalisé son rêve pendant que d'autres rêvaient en regardant "les filles d’à côté".
40 ans – skate depuis 26 ans Annecy Première (vraie) board : Sims Kevin Staab pirate
LE JEUNE
Ollie - TOULOUSE - Photos : David Lestrade - Texte : Luc Richard
LÉO SASTRE
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Léo n'a peur de rien, se laver à la lingette bébé toute une semaine, passer l'hiver au fin fond du Tarn à se chauffer au bois de palette ou encore emménager à Toulouse, Léo n'a vraiment peur de rien. En témoignent ses mains calleuses endurcies par les trois/huit à la cave coopérative du village. Désormais, même le béton tremble quand il prend un hang up ! Car des slams, Léo en mange matin, midi et soir. Certains apprennent les bases en faisant des OUT, lui les a apprises en se ramassant la tronche sur le béton. À quinze ans, lors d'un road trip, le jeune a appris la courbe en snakant les locaux hooligans d'Algorta, la tête haute et dans l'unique but de se manger le coping dans les dents dans des tentatives hasardeuses de tricks qu'il finissait toujours par rentrer. Éduqué à coups de bâtons par les anciens de l'ASTUSS, c'est à Toulouse que le jeune, l'enfant battu du skateboard, a posé ses valises et il est prêt à ramasser ! Ne vous inquiétez pas pour lui... Ce sont les spots qui vont le plus souffrir.
23 ans - skate depuis 10 ans Toulouse Première board : une Décathlon, classique Sponsors : Okla skateshop
TRAUMA DANS LE SUD Texte et Photos : Lo誰c Benoit.
William Monerris Fakie Heelflip into bank - MARSEILLE.
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PACA
COME BACK Soma
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Julien Morin FS Smithgrind sans les mains. MARSEILLE.
Qu’on se le dise au obligations parentales pour les plus vieux d’entre fond des ports, non, vous. Après c’est sûr, c’est toujours mieux de bien ce n’était pas le connaître ses potes avant de partir, parce que de radeau de la temps à autre, il peut y avoir des surprises. Des méduse mais un van tout ce qu’il y a de plus mauvaises surprises. Cette alchimie qui fait classique. Une bande de potes partis sur que l’ambiance est bonne peut s’avérer Pas de les routes du sud de la France pour foireuse, comme quand tu te retrouves partager des barres de rire et faire à l’autre bout du monde, loin de soucis avec les du skateboard. tout, avec un boulet dans ton équipe, un mec perdu sans son Trauma Boys, ce La destination, à la rigueur, on s’en confort occidental, son « train sont des potes fout, car on le sait tous, l’important, train » quotidien, qui aime bien être c’est d’être entre amis et de partager la propre juste après la session, ou qui veut ! même passion. Le skate, vous le savez, ce rentrer jouer au poker à l’hôtel au lieu de n’est pas un sport d’équipe, c’est un truc de profiter du dépaysement… Forcément là, ça potes, loin des soucis familiaux, des gueulantes peut coincer. Pas de soucis avec les Trauma Boys, des parents, des cris des enfants ou encore des ce sont des potes !
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Pèlerinage, cimetière le Py SÈTE.
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C’est bien simple, Nico Rouquette est le plus vieil employé chez Trauma. Il est là depuis le tout début,
quand la boîte n’était qu’un projet un peu fou dans la tête d’un Charly Mellec tout frais débarqué à Montpellier. Il est rentré par la petite porte, comme simple rider (rider vedette quand même) et à force de travail et de pugnacité, il est aujourd’hui, avec quelques autres, à la tête de l’entreprise. Un bel exemple de réussite professionnelle qui, en ces temps d’austérité et de crise de confiance des français, fait un bien fou. Comme le dirait la compagnie Créole : c’est bon pour le moral. Nous sommes allés le déranger en pleine réunion de
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travail pour qu’il nous parle de son expérience des Tours de skate et en particulier de ce Tour Trauma dans le Sud de la France. Les gens ne le savent pas forcément, mais tu as repris les commandes de Trauma. Peux-tu nous expliquer ce qui s’est passé ?
Ce qui s’est passé c’est que Charly a eu un enfant et qu’il avait donc moins le temps de s’occuper de Trauma. Et puis au bout de dix ans, je crois qu’il avait aussi envie de passer à autre chose. De mon côté, je trouvais dommage de tout laisser tomber, et puis ça faisait un moment que j’avais envie de prendre
Nico Rouquette Hurricane to fakie - SÈTE.
Je me souviens avoir fait un Tour avec Trauma, il y a longtemps, t’étais pas là d’ailleurs, et je trouvais justement que les mecs se la coulaient vraiment douce. Au final, Charly payait des vacances à tout le monde plus ou moins de sa poche et c’est lui qui skatait le plus…
Oui, j’étais en Suède à l’époque. Bon, déjà, ce qu’il faut savoir que c’est toujours Charly qui skate le plus ! Après, je ne sais pas… Peut-être que c’était juste ce Tour, peut-être que je foutais le cafard à tout le monde aussi ? Mais ça a dû changer aujourd’hui j’imagine, non ?
Oui, ça a peut-être changé. Mais c’est clair que parfois il faut un peu booster les gars… Oui, et maintenant, c’est ton rôle de les bouger. Autant avant tu pouvais suivre le mouvement, autant aujourd’hui c’est toi l’patron !
Ça dépend des Tours, des gens… Sur ce Tour en particulier, c’est vrai que c’était cool de partir avec LB (Loïc Benoît), il est bon pour booster les gars… Mais moi, en tant que rider, j’ai du mal à pousser un gars à faire un trick. Tu vois le smith de Morin ? LB l’a bien poussé à le faire par exemple. Moi, ça, je ne l’aurais pas fait. Je n’aime pas qu’on me pousse à faire quelque chose, ça me bloque plus qu’autre chose. Et puis si tu pousses quelqu’un et qu’il se fait mal… Bref, c’est pas évident, y’a un équilibre à trouver. Mais au final c’est LB qui a eu raison, Morin a fait le smith… Parle nous de ce Tour, c’était quoi le but du jeu ?
Le but du jeu, c’était de faire des images, pour faire une petite vidéo. C’était pas un tour marketing, où tu vas voir les shops. On est allés voir Momo chez Bud quand on était à Marseille bien sûr, mais c’était pas un Tour avec des démos, etc. Aller à Marseille sans passer voir Momo c’est pêché.
C’est clair, ha ha !
un peu plus de décisions dans Trauma, du coup j’ai repris le flambeau. Grilladin (le filmeur) était partant, Brice (le graphiste) était super chaud aussi et puis il y avait un autre collègue qui était partant, et j’ai même embarqué la pote avec qui j’ai un bar à Montpellier (le Beehive, bien connu des skateurs locaux), donc on a repris Trauma à tous les cinq. Ça change beaucoup de partir en Tour en tant que boss de la marque par rapport au temps où tu étais simple rider ?
Oui ça change, mais finalement pas tant que ça. Y’a un peu plus de pression c’est sûr, mais comme c’est déjà moi qui m’occupais des tours chez Trauma avant, j’ai l’habitude. Faut trouver les meilleurs deals pour le transport et pour le logement, c’est tout. Après, les riders savent ce qu’ils ont à faire, y’a pas trop de soucis à se faire.
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C’est pas du tout votre came les tours avec démos et visites des shops ?
Si si, il va falloir qu’on le fasse. D’autant plus qu’il y a de plus en plus de shops qui jouent le jeu avec les marques françaises, donc au printemps on va aller faire le tour des shops, les skateparks… Mais là, c’était pas « le thème ». Y’a deux façons de faire des Tours en fait, soit tu pars skater, faire des images, du street et tu y vas un peu à l’aventure, soit tu vas faire du marketing et tu vas voir les shops. Après, l’un n’empêche pas l’autre. Tu peux combiner un peu les deux, mais je pense que c’est bien aussi pour les riders de différencier les deux, qu’ils sachent ce qu’ils ont à faire. Les gars des shops c’est souvent des potes
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que tu connais depuis longtemps, donc c’est cool d’aller les voir de toute façon. Et puis t’es pas obligé de faire une vraie démo, ça peut être une session avec les locaux, un barbecue… Et c’est important de le faire. Il y a Facebook, Instagram, tous ces trucs, mais rien ne vaut le contact humain. Faut qu’on garde ça dans le skate, c’est important de bouger, de rencontrer les gens, de créer des liens. Oui, aller à la rencontre des skateurs, pour une marque, c’est le meilleur marketing qui soit. Les gens aiment voir les gars en vrai, pouvoir leur parler. Un nom sur une planche c’est bien, mais je suis bien d’accord avec toi, ça ne remplace pas le
contact humain. Si le contact est bon, c’est gagné. Ça me fait penser à un de vos anciens riders justement, Julien Mérour pour ne pas le nommer, que j’aime bien au demeurant, mais qui à force de ne pas savoir « communiquer » se retrouve plus ou moins sans sponsor alors que c’est clairement un des meilleurs skateurs français.
Ouais, il pourrait tout défoncer, mais son attitude… Je ne le vois pas autant qu’avant, y’a plus la promiscuité qu’on peut avoir en Tour, mais il m’a l’air d’être bien plus posé qu’avant. C’est dommage, parce qu’on aurait bien besoin d’un mec comme lui. Mais c’est trop tard. Le sponsoring c’est un peu comme une relation amoureuse, quand la séparation s’est mal passée, il y a quelque chose
Nico Rouquette Caveman fs 50/50 MONTPELLIER.
de cassé, du coup c’est mort... Je ne voulais pas parler de ça, c’est du passé. Et on l’a déjà fait payer pour ses phases en Tours puis il s’est vachement assagi.… Il a une part qui devrait sortir bientôt, qui devrait être pas mal du tout, comme à son habitude. Donne-moi plutôt quelques bonnes anecdotes de Tour Trauma, alors. Et on termine là-dessus.
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Ben Delaboulaye Crooked grind - MARSEILLE.
Béh… J’ai pas vraiment d’anecdotes. Je ne suis malheureusement jamais parti en tour avec Oscar (Candon), il s’est toujours blessé juste avant de partir… Et après il s’est carrément barré de Trauma…
Et voilà, pouf, disparu. J’en reviens à la relation sentimentale. Y’a des coups durs ! Sinon j’ai une anecdote sur un vieux tour Vans. On avait un gros bus. Un soir, à Lyon, j’étais parti avec Martelleur. On était parti juste tous les deux pour goûter les bières Belges… Les autres étaient restés sagement au bus… J’ai découvert le Martelleur ce soir-là, on avait bien rigolé… C’est dangereux l’alcool pendant les tours. Dangereux le Martelleur aussi.
Oui, le Martelleur est dangereux ! Ha ha.
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Flo Bredune BS 50/50 to 50/50 wallie out - MARSEILLE
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TRAHAN 30
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UNE SEMAINE À PARIS Des photos et une intro d’ Alex Pires
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A
u printemps dernier, C’était ta première fois à Paris ? les gars de 5Boro Oui, première fois à Paris. Première fois en Europe sont venus à Paris même ! pour rendre visite à leurs amis parisiens Est-ce que tu dirais que c’est une bonne destination et aussi, surtout, pour filmer pour le skate ? pour leur future vidéo. Sauf Je dirais que ça roule bien et qu’il y a de très bons spots. qu’au lieu d’embarquer toute la Mais ce qui a fait que mon séjour était aussi bon, c’est vieille garde, ils sont surtout notre équipe, et ça, ça ne peut pas être dupliqué… venus avec leurs nouvelles recrues. Il y avait Silvester D’ailleurs, qu’est-ce que tu as pensé des skaters Eduardo, Rob Gonyon, Tombo locaux ? Tu en connaissais certains avant de venir ? Colabraro, Rafael Gomes, Ben J’avais déjà rencontré la plupart des gars à New York ces Chadourne, Jimmy MacDonald. deux dernières années, quand Luidgi organisait des trips Et il y avait notamment ce Jor- (Luidgi Gaydu, homme de main chez Converse, 5-Boro…). dan Trahan dont il est question Mais les voir skater dans leur environnement naturel est ici. Si vous n’êtes pas familiers épatant. C’est vraiment eux les patrons ! du personnage, je vous conseille vivement d’aller vision- EST-CE QUE TU RECOMMANDERAIS LES ner n’importe quel montage où il figure, BLOBYS À N’IMPORTE QUI ? vous m’en direz des nouvelles. Il est New CERTAINEMENT PAS À N’IMPORTE QUI, Yorkais, mais originaire de Louisiane, AH AH ! IL FAUDRAIT QUE CE SOIT alors je ne sais pas si cela a joué, mais il QUELQU’UN DOTÉ D’UN ESPRIT ASSEZ n’a eu aucun problème à s’intégrer à FLEXIBLE POUR DÉCRYPTER LEUR la scène locale. Un bon compagnon de LANGAGE CODÉ. SANTI ! FRAH FOU ! session. D’ailleurs, je ne sais pas à quoi il a été nourri D’un point de vue purement skateboardistique, tu as vu chez Vincent Touzery qui l’hé- des similitudes entre New York et Paris ? Ou est-ce bergeait cette semaine-là, mais vraiment deux planètes totalement différentes ? il ne s’arrêtait jamais. Même Ce n’est pas si différent. On a skaté à travers la ville une fois son trick rentré, il comme on l’aurait fait à New York. continuait d’essayer n’importe quoi sur le spot, histoire que Meilleurs et pires souvenirs de ce séjour à Paris ? ses potes ne skatent pas tout Je ne me souviens pas du pire, mais le meilleur, c’était seuls, et une fois qu’ils avaient de se réveiller chez Vincent (Touzery), préparer le café fini, il s’arrêtait poliment, pour et le petit déj’ tous les jours, puis prendre le métro pour remettre ça sur le spot d’après… rejoindre tout le monde chez Nozbone.
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Kickflip par dessus un bout de nature parisienne.
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Nollie dans un plan inc’ parisien.
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Backside Crailslide sur un rebord de fenĂŞtre parisienne
Ollie par dessus des pavĂŠs parisiens
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Ollie to drop par dessus un handrail parisien
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CAMP
30 GARS Soma
MUCKEFUCK & CO
CHEZ LES BELGES Une histoire tirée de faits réels contée par « 65 pack » Photos par Ulrich Sperl
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Alban Millaku BS nosegrind face A LUXEMBOURG
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Martino Cattaneo BS Ollie MALINES, BELGIQUE
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Alban Millaku BS Nosegrind face B LUXEMBOURG
Certaines tournées promotionnelles sont planifiées et annoncées longtemps à l'avance, avec des posters placardés sur les portes des skateshops ou des skateparks, des publications sur Facebook et les sites web spécialisés. Le jour J, les fans font la queue devant le shop pour un poster signé et la foule attend impatiemment le jeté de stickers de fin de démo. C’est en tout cas, je crois, comme ça que ça fonctionne pour « les grosses » marques. Pour « les petites » par contre, le schéma est quelque peu différent et si vous êtes des habitués de ce magazine, vous savez de quoi je parle…
C
Mon expérience dans chiens, Anglais, Suisses, Français, trip était différent. En y repensant, l’industrie du skate- Belges, Gitans, extra-terrestres… c’était vraiment un des meilleurs board (chez Unheard Tous parlant un même langage, celui trips auquel j’ai participé pour la dist.) (Bacon, Life- du skateboard. La barrière de la simple et bonne raison qu’il n’y avait blood, Jivaro…) et dans langue n’a en aucun cas été un frein. aucun plan, aucun programme. En le skateboard tout La communication au sein du groupe même temps, avec trente personnes court, m’a permis de re- se résumait parfois à un tail qui et donc trente personnalités, commarquer que ce sont claque sur le coping, un high five, ment peut-on espérer contrôler quoi souvent les petites marques qui font une tape dans le dos ou à un sourire. que ce soit ? On laisse les choses se bouger les choses. On s’imagine par- Vous savez, ces sessions où tout le faire et advienne que pourra. fois qu’être pro, ou amateur sponso- monde se retrouve les mains en l’air risé, c’est la vie de château, les pubs en criant « yeeee woooo ! » quand La seule véritable info que Roman en 4x3 comme pour P-Rod ou quelqu’un rentre un trick pour la Aestlietner, le gars de Muckefuck, Sheckler, mais la réalité est souvent première fois. Je sais que ça sonne avait bien voulu me donner en parbien moins romanesque. tant, c’est que nous alLa vérité, c’est que, et lions suivre Ben, qui surtout aujourd’hui, il distribue la marque en n’y a pas autant d’arBelgique et peut-être gent dans le skateboard rendre visite à quelques LA PLUPART DES SKATEURS qu’on peut se l’imaginer shops, ici et là. La de l’extérieur. L’image SPONSORISÉS TRAVAILLENT météo s’annonçait des que les médias nous plus capricieuse donc POUR POUVOIR SE PERMETTRE renvoient est parfois les décisions allaient se trompeuse. La plupart prendre au jour le jour. DE PARTIR EN TOUR. des skateurs sponsoriBen connaissait la Belsés travaillent pour pougique mieux que quivoir se permettre de conque et il avait partir en Tour. Ils font surtout le meilleur van la plonge dans des restaurants, sont un peu « romantique » dit comme ça, du trip : une vieille ambulance à l’arpaysagistes, menuisiers et les plus mais c’est un sentiment tellement rière de laquelle était inscrit « You chanceux construisent des skate- unique… Et même si les gens à l’ex- can’t get lost if you don’t know parks. De toute façon, rémunérés térieur essayent de comprendre cette where you are going » (Difficile de se ou pas, ils construisent tous des langue, ils n’y arriveront jamais. perdre quand on ne sait pas où on skateparks. En tout cas, c’est Mais cessons ce sentimentalisme va), ce qui allait rapidement devenir comme ça que ça marche, chez bien mal à propos, vous pouvez re- la devise du trip. moi, en Oregon. mettre Slayer en musique de fond, vous servir un triple expresso sans Avec autant de monde embarqué, il Sur ce coup, nous n’étions pas moins eau et continuer votre lecture… y avait, bien entendu, plusieurs ped’une trentaine de gars venant d’un tits groupes. Il y avait tout d’abord, peu partout (oui, trente…), pour C’était une des première fois que je le gang des Muckefuck. La marque faire le tour de la Belgique, entassés partais à l’aveugle. J’ai l’habitude de autrichienne avec des riders venant dans des vans. Plusieurs nationalités toujours savoir où on va, quand et où d’un peu partout en Europe. Avec étaient réunies, Américains, Autri- auront lieu les démos, etc. Mais ce Roman bien sûr, c’était lui l’instiga-
«
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« AVEC TRENTE PERSONNES ET DONC TRENTE PERSONNALITÉS, COMMENT PEUT-ON ESPÉRER CONTRÔLER QUOI QUE CE SOIT ?
»
Ralf Edlinger FS Cruntslide LUXEMBOURG. Roman Erhart BS ollie HEIDELBERG ALLEMAGNE. Julien Benoliel Gap to FS Lipslide HALLE, BELGIQUE.
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Cody Lockwood FS Nosegrind ANVERS, BELGIQUE. Chet Childress FS Five-0 ANVERS , BELGIQUE.
teur de tout ce bordel, mais aussi Ralf Edlingers, Lee Blackwell, Martino Cattaneo et Julien Benoliel. Je connais bien Julien, je l’ai pris chez Bacon skateboard et c’est sans conteste l’une des meilleures décisions que j’ai jamais prise en terme de management de team. On vient juste de le passer pro parce qu’il est l’un des skateurs les plus dévoués que je connaisse. Pas étonnant qu’il ait rejoint les gars de Muckefuck, ils partagent la même vision.
notre ami Canadien Adam « Questions » Hopkins et Dalton Dern, notre rider Lifeblood venant de Floride (les « street » m c Tw i s t s ) . Puis « les régu-
session et la nuit qui suivit resteront définitivement un de mes meilleurs souvenirs de cette semaine en Belgique. Ah non, tiens, j’ai encore
Il y avait aussi le van d’un de mes vieux potes, Daniel Evans et sa
bande de cas sociaux. Principalement originaires de l’Oregon, un autre de Boise et Dead Dave qui est Anglais. Ce sont pour la plupart des gars de Sasquatch Skateboards avec notamment Drayke Mohr. Je connais Daniel depuis un bon moment et j’ai déjà été en tour avec lui à bien des reprises, nous savions donc, l’un comme l’autre, à quoi nous attendre. Il y avait encore toute une bande d’Anglais avec à leur tête, l’inénar-
rable Mark Munson. J’adore Mark parce qu’il est brut de décoffrage. Il dit ce qu’il pense et c’est vraiment un excellent skateur. C’est rare de
liers », Tadashi, le photographe de Lowcard et Cody Lockwood, Kevin Kowalski, Julien était dans ce van également et Nick Peterson qui sont les gens avec qui je voyage le plus et qui ne sont pas des oisillons de la dernière pluie. Un autre qui n’est pas un louveteau de l’année c’est Chet Childress, monté dans le bus au dernier moment, et qui aura été notre élément perturbateur préféré. Chet a tellement d’expérience, un tel charisme et tellement d’énergie positive que c’était vraiment une bonne chose de l’avoir avec nous. Il faisait en sorte que tout le monde profite de chaque instant au lieu de rester scotchés sur nos téléphones toute la journée. Le skateboard a permis à la plupart d’entre nous d’aller dans des endroits où nous n’aurions jamais espéré aller et il n’était pas question de se laisser aller à prendre cela pour acquis… La Belgique était l’endroit idéal
rencontrer quelqu’un comme lui aujourd’hui. Pas surprenant qu’il ait pris avec lui des gars comme Lee Blackwell et Karl Wilson. Des vrais personnages ! Enfin, il y avait notre van… Avec
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pour réunir tous ces gens. La bière est excellente et fait partie intégrante de la culture locale, les villes sont magnifiques et le D.I.Y. de Mechelen (Malines) est simplement magique. J’avais vu des photos du park et j’avais toujours voulu y aller. On avait tous beaucoup voyagé ce jourlà, mais dès notre arrivée, tout le monde s’est mis à skater comme s’il n’y aurait pas de lendemain. Cette
mieux sous le coude, voilà ce qui restera comme mon meilleur souvenir : Nous étions à Ostende. Nous sommes arrivés au skatepark tard dans la nuit et le park était vraiment bien. Tout le monde était tellement impatient de le skater le lendemain. Seulement, plus tard dans la nuit, il s’est mis à pleuvoir. L'ensemble du park était trempé et la pluie n’avait pas l’air de vouloir cesser. On était tous vraiment déçus. Nous voulions vraiment skater et nous étions trente... Kevin, Cody et moi étions les premiers réveillés ce matin-là. On était parti se chercher un café quand on est tombés sur une partie des gars qui dormaient sous un abri à vélo. La ville d'Ostende met des vélos à disposition des touristes comme nous, gratuitement. Alors bien sûr, on a pris des vélos. Il pleuvait toujours. Comme si c'était une seconde nature et sans se concerter, tout le reste de la troupe, aussitôt réveillé, a également pris des vélos. Imaginez trente gars qui ne se connaissent pas vraiment, qui communiquent de façon parfois un peu « expérimentale », et qui se retrouvent spontanément à déambuler en vélo dans une ville inconnue. Checkant les spots de street, admirant la plage, comme si tout était totalement normal. Nous aurions légitimement pu être d’humeur moribonde, glander toute la journée en
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Cody Lockwood fs bluntslide MALINES, BELGIQUE.
râlant, pour finir au bar à engloutir toute notre frustration. Mais ce n’est pas ainsi qu’on a vu les choses. Ce jour-là fut l'un des plus amusant de toute ma vie. Il y aura eu bien des moments mémorables au cours de cette semaine : le passage à Anvers, une ville que j’avais vraiment envie de découvrir et qui ne m’a absolument pas déçue. Le park est génial et la ville l’est tout autant. Il y a aussi cette fois où nous étions censés faire une démo alors qu’il pleuvait et tout le monde s’est retrouvé à skater la même flat bar et à passer un vrai bon moment. À Halle (Hal) encore, où Chet a réussi à faire scander « skate-boardin - skate-boarding » en choeur à tous les gamins sur une place bondée de monde… Le dernier jour, nous sommes retournés à Anvers. Une semaine s’était écoulée sans qu’on s’en soit rendu compte. Nous nous sommes retrouvés sur un spot avec divers trucs à skater, un ledge, des marches, un rail et tout un tas de sculptures. Le spot était parfait à cela prêt qu’il était situé juste devant une route très fréquentée et d’un commissariat attenant. On ne pensait vraiment pas faire long feu, mais pour une raison qui nous échappe, ce jour-là, la police nous a laissé skater. Quand ils sont finalement venus nous demander poliment de quitter les lieux, nous sommes partis avec le sourire. Ils ont même laissé deux essais supplémentaires à Adam afin qu’il rentre son trick sur le ledge. Quelle meilleure manière de terminer cette semaine ? Dire que nous avons été vraiment bien accueillis serait un euphémisme. Il y a tellement de gens en Belgique que nous
n’avons pas assez remerciés. Une chose est sûre, je reviendrai ! Peut-être pas avec trente personnes par contre…
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NUMERO TRENTE NEUF
Steeve RAMY BS Wallride, OULLINS © Loïc BENOIT
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Sandro Bertolucci Crooked Up, LYON / © Loïc BENOIT 50
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Daan VAN DER LINDEN Kickflip, COPENHAGUE / © Davy VAN LAERE 52
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Vincent MATHERON FS Smithgrind, ST JEAN DE LUZ / © David MANAUD 54
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Ollie les premières marches puis fs nosegrind – LYON – © Fabien PONSERO
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GAZON PERCHE Soma
EN DIX ANS, IL EN AURA PRIS DU GALON LE GAZON ! QUI EUT CRU QUE PARMI NOTRE BANDE D’ADOS PRÉ-PUBÈRES, RÉSIDENTS PRESQUE PERMANENTS DU SKATEPARK DE MELUN, IL Y EN AIT UN QUI SE RETROUVE UN JOUR AVEC UNE INTERVIEW DANS UN MAGAZINE ? ON N’Y AURAIT PAS MIS UNE MAIN À COUPER ! ET POURTANT, TOUTES CES HEURES PASSÉES SUR UNE PLANCHE ONT FINI PAR PAYER ET NOUS OFFRENT UN MIKA AU STYLE BIEN À LUI, UN PEU BOURRIN SUR LES BORDS, MAIS C’EST CE QUI FAIT SON CHARME…
ET PUIS C’EST TOUJOURS AGRÉABLE D’AVOIR AVEC SOI UN GARS POUR METTRE DES MOTS SUR TOUS LES PROBLÈMES DE VOTRE VIEUX CORPS USÉ PAR TOUTES CES SLAMS !
Intro par Maxime Verret / Itw par Joseph Biais
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I
l faudrait que tu commences par nous donner ta vraie identité parce qu’à cause de facebook je pense qu’un bon nombre de personnes pensent vraiment que tu t’appelles Mickaël Gazon…
C’est donc pour ça que tu as atterri à Lyon…
Du coup, tu t’entraînes tous les jours?
Ouais, j’ai fini mon master cet été, et je commence mon activité en auto-entrepreneur ici. En plus c’est cool, c’est proche de la montagne et j’aime bien tout ce qui est ski et snow donc c’est cool.
L’année dernière je m’entraînais quatre fois par semaine, je faisais deux entraînements techniques en saut à la perche, donc deux séances de saut, une de course et une de renDonc en fait c’est Mickaël Germond, forcement musculaire. Mais cette j’ai 24 ans et gazon c’est plus pour année, avec le taff et vu que je l’anonymat sur Internet. prends en charge des Même les Lyonnais entraînements de gens qui me connaissent moi-même, je n’ai pas L’ANNÉE DERNIÈRE JE m’appellent toujours le temps. Donc je ne “Gazon”, c’est pour ça fais qu’un entraîneM’ENTRAÎNAIS QUATRE FOIS depuis un moment je ment pour moi, de commence à me demansaut, par semaine. Et PAR SEMAINE, JE FAISAIS DEUX der si je ne devrais pas puis j’ai aussi choisi de changer. faire plus de skate ENTRAÎNEMENTS parce que voilà, la Tu viens de finir des perche c’est cool, mais TECHNIQUES… études dans le sport, en skate je m’amuse mais tu as fait quoi beaucoup plus.
«
»
exactement?
J’ai fait un bac S option Sciences de l’ingénieur, et puis je me suis dit que ça allait être trop long pour être ingénieur, du coup j’ai changé pour aller en STAPS. J’ai fait ma licence STAPS à Evry dans l’entraînement sportif, une fois la licence terminée j’avais envie de continuer, et le Master de Lyon est assez reconnu, du coup je me suis bougé là-bas. J’ai fait “Préparation physique, mentale et réathlétisation” à Lyon I, à la DOUA.
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Donc tu ne vis pas du tout du skate mais de ton taff d’entraîneur?
C’est quoi ton record en saut à la perche ?
Alors ça ne fait que deux mois que j’essaie de vivre de ça, mais ça ne se passe pas trop mal. Cet été, j’ai rencontré un coach qui fait la même chose que moi et qui avait un peu d’expérience et trop de demande sur la région lyonnaise. Du coup il m’a refilé du monde et j’ai pu profiter de son expérience et de sa clientèle. C’est pour ça que j’ai pu commence assez rapidement.
4 mètre 51, mais j’en fais que depuis trois ans… Je te dis ça pour préciser que je m’y suis mis tard. En général, si tu commences vers 1213 ans, les 4m50 tu les atteints quand tu as 15-16 ans... Dès mes premières années de perches, mon record était de 4m40, je n’ai donc pas trop progressé.
Boardslide up – LYON – ©Loïc BENOIT
Flatground Ollie – LYON – ©Loïc BENOIT
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Tu crois que le saut à la perche est pour quelque chose dans le fait que tu aies un immense pop ?
demandes particulières ?
Ce qui est sûr c’est que je préfère entraîner le petit Bolian parce que d’une, ça touche directement à ma passion et que de Oui c’est sûr. Après, mes deux parents deux, c’est un pote. Et comme je connais étaient athlètes, donc j’ai peut-être des prébien l’activité, je sais plus ce dont il a bedispositions naturelles pour la détente, mais soin. Sinon lui ne me demande rien, c’est en skate aussi, j’ai toujours fait des trucs un plutôt son papa qui me demande de le peu bourrin, des gros ollies, des gros bonefaire progresser en explosivité sur les less. Du coup, inversement c’est peut-être le membres inférieurs, qu’il soit un peu plus skate qui m’a servi en gainé, qu’il prenne commençant la perche à un peu des bras pour progresser plus vite mais faire des handEN FAISANT peut-être aussi mes plants… Ce genre de longues années de Karaté. trucs… DES SOIRÉES TU J’en ai fait pendant 14 ans et j’avais pas mal Donc pour les handNIQUES UN PEU d’exercice de saut et de plants, c’est des sérenforcement des jambes. ries de pompes, TOUT LE TRAVAIL
«
c’est bien ce que je DE LA SEMAINE Bon sinon il paraît que disais… tu es aussi le coach du petit Robin Bolian, alors Ouais enfin je ne lui tu l’as poussé au top de sa capacité phyen fais pas faire tant que ça, le but ce n’est sique, il va remporter la coupe de France pas de prendre des bras, c’est juste d’être cette année grâce à toi? à l’aise et réussir à tenir l’équilibre c’est
Tu ne lui donnes pas des séries de pompes ou des trentaines de backsmith à faire dans la pool jusqu’à sa prochaine séance?
Non, niveau skate, je ne touche à rien, il est de toute manière bien meilleur que moi. Il n’y a pas d’exercices à la maison, c’est juste une séance par semaine. On fait bien sûre autre chose que du skate. Mais là c’est quand même particulier, ce n’est pas une cinquantenaire qui a ramassé et tente coûte que coûte de se raffermir la ceinture abdominale, tu t’adaptes comment, il te fait des
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plus de l’éducation gymnique, tu n’as pas besoin d’une force surhumaine. Tu t'es même fait adopter par les Josimards, qui ne sont pas vraiment dans le culte du corps, l’exercice physique et le quinoa, c’est pour faire la balance soirées/muscu ?
C’est vrai que ce sont deux univers un peu opposés. C’est clair que le week-end en faisant des soirées tu niques un peu tout le travail de la semaine, mais ça fait plaisir de sortir, je ne vais pas passer mes weekends à faire des footings, je trouve ça naze. Mais c’est sûr qu’en commençant à traîner avec les Josimards, je me disais ok, ils vont me cataloguer direct… Bon je ne me suis pas trompé, ils m’ont même trouvé un petit surnom : “le sporno-sexuel”. Mais au final, ils viennent me demander plein de petits conseils, ils s’intéressent un peu, c’est marrant. Bon et pour finir, qu’est-ce qui t’a pris de foncer dans le rail de la Small place en nose tirette grind ?
Bah, je ne suis pas trop le genre de mec qui fait des flips back lip et des switch back nose blunt, donc je ne sais pas je me suis dit que ça pouvait être marrant. Et puis il est bien adapté vu qu’il est assez large, tu peux te caler dessus en nose pick.
Ollie to Nose Tirette 50/50 – LYON – ©Loïc BENOIT
Je pense qu’il va battre Nyjah là, c’est bon (rires). Nan, il est en pleine croissance, donc il n’a pas encore sa taille et force maximale mais c’est clair qu’en faisant de l’exercice physique en parallèle avec le skate, il va se développer de manière plus stable et harmonieuse. Parce que le skate c’est super spécial, tu pousses toujours du même côté et ça te développe un peu de manière asymétrique. Après je ne fais pas avec lui que du renforcement, on fait pas mal d’exercices de récupération. Ce sont des conseils aussi, je lui donne des exercices pour les étirements, l’histoire des douches froides, douches chaudes, comment optimiser la récupération en gros.
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Texte : Fredd
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Photos : ClĂŠment Le Gall
«ET VOILÀ BEN BOTTA L’ANIMAL ! » C’EST AINSI QU’IL M’A ÉTÉ INTRODUIT PAR UN CERTAIN GUILLAUME MOCQUIN (FAÇON DE PARLER, RIEN DE SEXUEL)… ET, QUAND UN GARS COMME GUILLAUME VOUS DIT QUE SON POTE EST « UN ANIMAL », ON A TENDANCE À RESTER UN PEU SUR SES GARDES… J’AVAIS VU QUELQUES PHOTOS ET FOOTAGES VIDÉOS DE CE BEN BOTTA PAR-CI, PAR-LÀ ET JE L’AVAIS MÊME VU SKATER UNE FOIS EN PERSONNE, À UN CONTEST OÙ IL N’AVAIT PAS VRAIMENT LA FOI… MAIS C’EST À PEU PRÈS TOUT. J’EN AVAIS SURTOUT ENTENDU PARLER. APPAREMMENT, IL ÉTAIT « VRAIMENT BALÈZE », OU « CHER FORT » EN FONCTION DE L’ÂGE DU GARS QUI EN PARLAIT… JE ME SOUVIENS QU’À LA GRANDE ÉPOQUE DE SOMA, QUAND NOUS MENIONS GRAND TRAIN, ON S’ÉTAIT RETROUVÉ À CANNES EN PLEIN « TOUR SANS FIN », ET SUR CHAQUE SPOT OÙ ON ALLAIT, LES LOCAUX NOUS FAISAIENT LA LISTE DE CE QUE BEN AVAIT DÉJÀ FAIT. GENRE, « C’EST BIEN D’AVOIR FAIT LE DÉPLACEMENT AVEC VOS POTES CHAMPIONS DE SKATE, MAIS ON A DÉJÀ CE QU’IL FAUT ICI »… BIEN SÛR, CE N’EST PAS CE QU’ILS VOULAIENT DIRE, MAIS C’EST L’EFFET QUE ÇA A EU SUR NOUS ET C’EST À CE MOMENT-LÀ, QUE J’AI COMMENCÉ À ME DIRE QU’IL ÉTAIT TEMPS, TOUT ANIMAL QU’IL ÉTAIT, DE S’INTÉRESSER SÉRIEUSEMENT À CE MYSTÉRIEUX JEUNE HOMME DONT TOUT LE MONDE NE SEMBLAIT PENSER QUE DU BIEN…
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FS Nosepick SAN SEBASTIAN - ESPAGNE.
S
alut Ben, merci de te présenter à nos jeunes et belles lectrices. D’où viens-tu, quel âge as-tu, d'où vient ce surnom « Ben Botta l'animal » ?
Ah ah ! J'ai 22 ans, je viens d’Antibes dans le Sud Est de la France, la Côte d'usure ! Ce sont les potes qui m’appelaient comme ça, quand j'arrivais à fond sur le spot et que je me jetais à froid… Et puis avec le temps c’est resté ! J’ai cru comprendre que tu es allé pêcher hier. As-tu fait bonne pêche et quelle est ta plus belle prise ?
les trois mois… Mais j’ai jamais eu de primes parus ou quoi que ce soit. Les seules fois où j’ai gagné de l’argent c’est sur les contests. Cet été y’a eu des petits contests dans le coin, j’ai fait deuxième, troisième, c’est 400 ou 500 euros à chaque fois, c’est cool, ça fait plaisir. Mais c’est pas facile, y’a pas beaucoup de monde en France qui gagne sa vie avec le skate. À moins d’avoir un sponsor européen, c’est chaud, y’a jamais le budget… Et tu ne penses pas que si tu vivais ailleurs, à Paris, à Bordeaux, à Lyon, ce serait différent ?
Oui, peut-être. Mais justement, je vais bouger à Bayonne là. Je vais m’y installer avec ma copine. Ce sera plus facile de faire des trucs dans le sud-ouest. Il y a Julien Dellion
« J’ÉTAIS À LA PÊCHE EN BATEAUX,
J'AI LOUPÉ UN BEAU MAQUEREAU, DU Carrément, j’étais à la pêche en bateaux, j'ai COUP ON EST REVENU BRECOUILLES... loupé un beau maquereau, du coup on est reMAIS JE PRÉFÈRE ALLER PÊCHER EN venu brecouilles... Mais je préfère aller pêcher RIVIÈRE, AUX LEURRES ! » en rivière, aux leurres ! Une de mes plus belles prises c'est un maquereau de trois kilos en pleine mer, qui filme et avec qui je vais essayer de faire une part, et c’est pas fou mais ça fait déjà plaisir ! puis il y a Clément Legall pour les photos. Je vais me refaire une petite santé là-bas… À Antibes, c’est dur de Qui sont tes sponsors ? trouver du monde motivé pour faire du street. Avec mon Dickies, ER souliers de skate, Papa- pote Flo (Florent Tourde), on est un peu seuls. Y’a des toro skateshop et Doble skateboards ! gars qui skatent, qui sont motivés, mais surtout pour aller au park. Et c’est sûr que j’ai besoin de bouger, Est-ce que ça te suffit pour vivre ? rencontrer des gens, voir d’autres paysages. Non, les temps sont durs ! Tu touches quand même un peu d’argent de ces sponsors ?
Pas vraiment non. Du matos, j’ai des boards Doble, un colis Dickies tous
Comment fais-tu pour vivre alors ? Petits boulots ? Grand banditisme ? Famille extrêmement riche ?
Ah ah, non, comme mon père n'est pas Al Capone et que je ne suis pas issu d'une famille riche, je bosse avec mon cousin comme jardinier ! Il a besoin d'aide du coup ça me
FS Lipslide - BAYONNE.
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FS Boardslid - BERGARA - ESPAGNE.
Kickflip - LASARTE - ESPAGNE.
fait un peu de thune pour vivre et je n'ai aucune contrainte pour partir rider quand j'ai envie et où j’ai envie ! Est-ce que tu ambitionnes de vivre du skate un jour, ou ça reste une utopie pour toi ?
Vivre du skate est vraiment dur de nos jours ! J'aimerais juste pouvoir skater le plus longtemps possible avec mes potes sans me prendre la tête, construire des D.I.Y., voyager le plus possible, faire de bonnes rencontres et vivre le skate comme il se doit, en totale liberté ! Du coup tu seras jamais prêt pour les J.O. en 2020 ?
Ah ah ah ! Qu’est-ce que tu comptes faire de ta vie après le skateboard ?
On verra, j'ai le temps d'ici là.
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ARDÈCHE STYLE Soma
Intro : Victor Pellegrin ITW : Joseph Biais Photos : Loïc Benoit
FS Shove it - OULLINS.
DÉSOLÉ LES HIPPIES ARDÉCHOIS, MATISSE BANC N’EST PAS DES VÔTRES. NON, LUI, C’EST UN VRAI SOLDAT DE LA STREET ! J'AI CROISÉ CETTE PETITE TÊTE BLONDE POUR LA PREMIÈRE FOIS IL Y A PRESQUE SIX ANS. JE ME SOUVIENS DE LUI AVEC SON SLIM POURRAVE ET SA CHEMISE TROUÉE À CARREAUX, BIEN ARDÈCHE-STYLE, UNE BONNE ÉPOQUE ! MAIS LES CHOSES ONT CHANGÉES, IL A GRANDI, ROULE VITE (DANS LES DEUX SENS), METS DES STICKERS SOUS SA BOARD ET CONTINUE DE BIEN NOUS FAIRE MARRER ! C'EST UN GARS MOTIVÉ ET MOTIVANT. EN SKATE, EN CE QUI ME CONCERNE, IL ME REND DINGUE CE SALE GAMIN, À VOUS DE JUGER S’IL A LE MÊME EFFET SUR VOUS ! EN TOUT CAS, MÊME S’IL VA VITE, IL SAIT OÙ IL VA, IL EST DÉTERMINÉ, QUE CE SOIT SUR SON SKATE OU DANS LA VIE. KEEP GOING GAMIN, TU ME RÉGALES !
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oi aussi, comme Victor Pellegrin, tu viens d'un petit village d'Ardèche ?
Ouais c'est vrai, je viens de Tournonsur-Rhône mais ce n’est pas là-bas qu'on s’est rencontré avec Victor. Je crois que la première fois que je l’ai vu, c’était au skatepark de Gerland à Lyon. Ça fait quoi d'avoir Victor comme grand frère spirituel ? Tu penses qu'avoir quelqu'un comme lui sous les yeux tous les jours pousse ton skate vers le haut?
roule mal. Mais j'ai eu la chance d'avoir le seul street park de la région. Tu as habité à Grenoble un moment pour suivre une formation en graphisme, c’est dans le but de pouvoir avoir un lien avec le skate en bossant pour une marque ou un magazine de skate ou pas du tout ? Tu as fait des stages du coup ?
Ouais, j’ai habité trois ans à Grenoble pour mes études, mais là je n'y habite plus depuis un an. Sinon ouais c’est ça, le mieux pour moi ça serait de pouvoir travailler en liant le graphisme et le skate. J’ai fait plusieurs stages, j’en ai d’ailleurs fait un chez Blaze avec Marley (graphiste chez Blaze, champion d’Europe de Heelflip en 2002), c’était le plus intéressant.
C’est cool, on trippe bien ensemble malgré qu’il me JE ME SUIS MIS LA TÊTE DANS LE mette un peu la misère quand on part en tour. On RAIL AVANT QUE MON DOS HEURTE va dire qu’il aime bien me taquiner et m’embêter, LES DEUX DERNIÈRES MARCHES rien de bien méchant… C’est sûrement parce que je suis le plus jeune à chaque fois ! Sinon ouais, Victor est Il s'est passé quoi au rail du lac à Genève, j'ai entendu grave motivant et c’est toujours dire que tu t'étais éclaté ? chanmé de skater avec lui, c’est sûr J’essayais de faire front feeble revert front, mais que ça m’a bien aidé. maintenant il y a un crack juste devant le rail et j’ai bloqué dedans. Je me suis mis la tête dans le rail Vous vous voyez encore souvent avant que mon dos heurte les deux dernières maintenant qu'il habite à Montmarches, mais je m’en suis sorti presque avec aucune pellier? séquelle. Bien sûr ! On se voit quand même souvent. Je descends à Montpellier Tu as fini tes études ? Qu’est ce que tu fais maintenant ? chez lui pour skater, c’est bien la mo- Oui j’ai fini. Donc là je travaille un peu et je skate. tive à chaque fois ! Et tu bosses avec Blaze du coup, c’est ça ? C'est comment de commencer le skate dans un endroit un peu reculé?
C'est un peu compliqué, il n’y a presque aucun spot, et en plus ça
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Non, rien à voir avec le skate, je bosse pour une entreprise d’aménageurs utilitaires. On fait des véhicules publicitaires. Je peux travailler de chez moi, tranquille, quand je veux. Ça fait un peu d’argent.
BS Five-O - LA DOUA
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Et tu arrives à gagner un peu d’argent avec le skate aussi ?
Vite fait, sur les contests… Tu n’as pas de primes parus ?
Je crois bien que si. Comment ça “je crois bien” ?
Oui, ça fait longtemps que je n’ai pas fait de parus mais je crois bien que la dernière fois que j’ai fait une paru j’ai eu un petit chèque de Blaze. 72
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BS Lipslide FS Shove-it out - MONTPELLIER
Tu aimerais pouvoir en vivre un jour, ou tu as d’autres projets ?
Je n’y pense pas trop. Je verrais plus tard. Si je ne gagne pas d’argent avec le skate, au final, ce n’est pas grave. Je fais ça par plaisir, c’est pas un travail… Tu as quoi comme projets pour les prochains mois à venir?
En ce moment je suis à Lyon au local Blaze ça se motive d’ailleurs, ça fait plaisir, et dans les semaines à venir je risque d’aller à Montpellier chez Victor justement. Et sûrement des voyages en Espagne avec mes potes d’Hardflip (l’ex shop de Valence), et peut-être un voyage au Brésil qui sait… Sinon, je filme ma part pour la vidéo Blaze.
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« Vous voulez voir mes dents ? » © Thibaud LENOURS
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YÉYÉ
RETRO CHIC Soma
ÂGE
TENDRE &
PLANCHES
DE BOIS
BRIGITTE BARDOT, JEAN SEBERG, JANE BIRKIN, THOMAS RENAUX… UN BIEN BEAU TABLEAU DE CHASSE SI VOUS VOULEZ MON AVIS. ET ARRIVER À METTRE TOUT CE BEAU MONDE EN BOÎTE, LA MÊME BOÎTE, EN 2014, C'EST UN EXPLOIT, TOUT SIMPLEMENT…
Texte Guillaume Dalonneau Photos Guillaume Périmony (sauf indiquée)
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Guillaume a donc vécu durant les années fastes des “30 glorieuses” qui était une époque de prospérité économique et de libération des moeurs. Du coup, parmi les 30, il a rassemblé une quinzaine de glorieuses douées en skateboard et probablement pas mauvaises non plus en libération des moeurs, afin de réaliser une vidéo à l’image (et au son) des souvenirs de son enfance. Pour le casting, autant il m’est facile d’imaginer Rémy Taveira ou Thomas Renaux avec une jupe plissée, une coupe au carré et une frange; autant l’exercice m’apparaît plus compliqué pour Oscar Candon et Romain Covolan.
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Thomas Renaux Wall tirette - Musee D'aquitaine - BORDEAUX
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is à part nos amis Syriens pour qui la connexion internet doit être quelque peu aléatoire, je pense que vous avez tous vu la vidéo « J’Aime les Filles » de Guillaume Périmony. Elle a pour particularité d’avoir une bande-son uniquement composée de chansons françaises des années 60 et d’avoir des graphismes identiques à la tapisserie du séjour de mémé Paulette. En général, lorsqu’on utilise constamment des références du passé, soit on est d’extrême droite, soit on est nostalgique de nos années d’enfance. Je suppose alors que Guillaume Périmony a de jolis souvenirs de ces années 60 et qu’il tient à nous les faire partager.
Guillaume a pris le parti de l’audace et a choisi de rassembler tout ce beau monde à l’image du casting de la tournée “Age tendre et tête de bois”. Côté musique, Guillaume a été bercé au son de Dick Rivers (notre Johnny Cash à nous), des “Copains d’abord” de Brassens, des “Filles de mon pays (laïla-laïla-laïla)”
Idris Jani Switch flip back - BORDEAUX
d’Enrico Macias, de Sheila, Brigitte Bardot ou encore du fameux hymne “Le travail c’est la santé, rien faire c’est la conserver” d’Henri Salvador (et de nous tous aussi un peu). Dans ses jeunes années, Guillaume a connu la création de
l’ANPE par Chirac en 67, les Accords d’Evian marquant la fin de la guerre d’Algérie en 62, les concerts enflammés des Chaussettes Noires et les débuts du skateboard avec les banana boards. Tous ces évènements allaient poser les bases du skate-
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Vincent Dallemagne Ollie - Meriadec - BORDEAUX
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Jeremy Garcia No comply wallie - Darwin - BORDEAUX
Joseph Biais Ollie over to 50/50 to 50/50 - DUNKERQUE © Alex PIRES
board moderne: L’ANPE (devenue Pôle Emploi) est actuellement le principal employeur des skateurs français, les Accords d’Evian ont évolué vers les Accords d’Heineken marquant ainsi le rapprochement des skateurs français avec les brasseurs allemands, les chaussettes noires sont maintenant décorées de feuilles de cannabis ou de tire-bouchons et les banana boards sont en passe de remplacer les boards actuelles. Pour mener à bien son projet, Guillaume a eu la pertinence de faire le skate à Paris plutôt que danser le twist à Saint-Tropez. Bien lui en a pris car cette vidéo est une réussite et le mélange des genres fonctionne parfaitement. Guillaume approche maintenant de la soixantaine et va devoir envisager sa succession. C’est ce qui me fait un peu peur : N’allez pas, jeunes vidéastes, vous imaginer reprendre le flambeau en filmant une vidéo avec uniquement des boards Penny et la bande-son de votre enfance qui doit probablement comporter des artistes tels que Michel Sardou, Jean-Jacques Goldman ou Images et ses “Démons de Minuit”. Je ne suis pas sûr que la mayonnaise prenne…
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MATT DAVIS Soma
TIRS CROISÉS DAVIS
TORGERSON
MATT
MILLER
Interview par David Manaud et Jon Demortier Photos par Blabac sauf mention 82
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Matt Miller et Davis Torgerson étaient à Bordeaux l’aut’ jour. On est tombés dessus totalement par hasard avec le collègue, en allant acheter du crack. On les a vus errants dans les rues, hagards, fagotés comme des saltimbanques, pieds nus… Ils étaient venus en stop des U.S. et semblaient complètement désorientés. Mais ils avaient l’air content de nous voir et visiblement, ils avaient besoin de se confier... Voici leur incroyable histoire : Mouais… Pas super crédible. Mais admettez que ça a de la gueule comme scénario de départ. Non ? Bon, dans la réalité, ils étaient bien à Bordeaux, mais on les a cueillis à la sortie de l’hôtel. Ils arrivaient du Portugal et d’Espagne avec toute une horde de vedettes de chez DCSHOECOUSA comme Chris Cole, Wes Kremer (et pas « Wesh Cramer » comme j’ai vu un gamin l’écrire sur son Instagram), Tristan Funkhouser, Fernandel, Anthony Lopez… En plein #initialstour qu’ils étaient et Bordeaux était leur destination finale. Après une démo chez Daurel, au Hangar Darwin, on les a attrapés pour leur faire cracher le morceau, leur faire avouer qu’ils aiment la France et son pinard qui comme chacun sait, est le meilleur au monde ! Oui monsieur, on est fiers d’être français, et on lave son linge sale en famille !
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ui êtes-vous, d’où venez vous ?
M : Salut, moi c’est Matt Miller D : Davis Torgerson. M : C’est vraiment un nom ça ? (rires) D : Je viens du Minnesota. M : J’ai grandi un peu de partout, mais principalement à San Francisco. C’est comment de voyager avec Davis ?
M : Honnêtement ? C’est vraiment cool. On ne fait que skater et se marrer. On a été compagnons de chambre tout le trip, c’était cool. Et pour toi Davis, c’est comment de voyager avec ce gars ?
D : L’enfer ! Non, c’est cool. Matt est un gars paisible. Très ordonné, ce qui est appréciable quand tu es en trip. Comme ça, au moins, quand tu rentres dans ta chambre, tout est clean. Qu’est ce que vous pensez de la France ?
M : J’adore ! L’architecture, l’atmosphère, l’ambiance qui règne ici. Les skateurs locaux. C’est plutôt cool. J’aime beaucoup l’histoire et elle est de partout ici. Je pense que je pourrais vivre ici… Si je parlais français. D : Oui, j’allais dire aussi qu’ici, l’histoire et la culture sont omniprésentes. Les gens sont différents par rapport aux États-Unis, mais dans le bon sens. On sent qu’ils sont fidèles à une culture. On voit que la civilisation est là depuis longtemps. L’architecture est tellement différente aussi, unique, et ça rend tellement bien en vidéo… Et le vin rouge ! Incroyable. Nommez trois skateurs français (en dehors des gars de DC avec qui
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vous êtes en ce moment) ?
M : Lucas Puig, Bastien Salabanzi et Jérémie Daclin. J : Trois autres, Davis ? D : Hum… Charles Collet, JB Gillet et Flo Mirtain. On est en train de faire la liste des gars de chez Cliché… Je me suis retrouvé sur plusieurs trips avec Charles à l’époque d’Etnies. C’est un bon gars. Trois choses que vous n’aimez pas à propos de la France ?
M : D’après ce que j’en vois, je n’ai pas grand-chose à dire de négatif. J’aimerais pouvoir parler français, pour comprendre ce qui se passe autour de moi. Mais j’aime vraiment cet endroit, le simple fait de pouvoir se déplacer à pied… Pas grand-chose à dire de négatif, vraiment. D : Pareil, je ne vois pas quoi dire, si ce n’est que je ne parle pas français, mais c’est plus un reproche que je me fais à moi-même. Si vous deviez revenir en France, où iriez-vous ? Quelle ville ?
M : J’aimerais bien revenir à Bordeaux pour filmer. Pour skater la nuit à travers la ville. C’est ce que j’aime le plus faire. J’adorerais faire ça, parce qu’il y a tellement de bons spots ici (ndlr : Ben Chadourne, si tu nous entends…) D : J’aimerais bien passer un peu de temps à Paris. J’y suis seulement allé quelques jours quand j’étais enfant. Je suis allé à Lyon et maintenant Bordeaux, et j’adorerais revenir dans ces deux villes, mais je pense qu’il faut vraiment que j’aille voir Paris d’abord. Et ce serait cool d’aller à Marseille aussi. Qu’est ce que vous voyez comme différences entre la France et les U.S. ? La première chose qui vous vient à l’esprit…
M : En dehors de l’architecture, des skateurs locaux et le fait de pouvoir se déplacer à pied, je dirais que j’apprécie de voir les gens prendre le temps de se poser pour prendre un café, ou pour se détendre dans un parc… Et puis, on n’a pas l’impression qu’ils ont dû conduire pour y arriver. C’est cool. Tu as juste besoin d’un Vespa et tu peux aller de partout, surtout en ville. Aux U.S., où que tu veuilles aller, tu as besoin d’y aller en voiture et les distances sont toujours longues. D : Quand il fait beau, tout le monde est dehors. Il semble qu’ici, les gens apprécient plus d’être à l’extérieur. En Californie, on a tendance à prendre le soleil pour acquis. Ici, on voit des gens se poser avec des bières, skater, aller prendre un café, puis se poser à nouveau. On n’a pas
BS Feeble grind - BORDEAUX.
DAVIS TORGERSON
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vraiment l’habitude de ça aux U.S. Pas autant. Parlez-nous un peu de la StreetLeague, maintenant que vous y avez tous deux participé.
M: C'est absolument dingue ! Personnellement, je trouve ça marrant. J'aime bien parce que je ne suis pas vraiment du style à vouloir gagner à tout prix. J’essaye de me faire plaisir et de faire une bonne session avec mes potes. Si je fais un bon résultat, tant mieux, si je foire, tant pis j’irais faire du street… D: Oui, c'est complètement fou ! L’idée en elle-même de ce genre de contest est folle. Le simple fait d’y aller et de voir ça de ses propres yeux, c’est vraiment hallucinant. Cette débauche de moyens... Et tout est très théâtralisé. Mais après en avoir fait quelques-uns, on fini par s’y faire. Au début, c’est impressionnant, le rythme est vraiment intense puis on s’habitue. Et tout le monde est cool. J'ai grandi en regardant beaucoup de ces gars skater, et maintenant je suis avec eux à dire «Ouais cool, et si on essayait tel trick sur tel module ? Oh tiens, voilà Andrew Reynolds...» (rires). C’est comment d’être pro skateboarder ?
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M : C’est le boulot de rêve. Tout simplement. Une bénédiction ! C’est fou que ce soit arrivé. Du pur bonheur. D : C’est faire un job qui n’en est pas vraiment un. On a grandi en skatant pour le fun. Il y avait ce rêve de devenir pro un jour, mais ça ne semblait pas réalisable étant gamin. Maintenant que j’y suis, je continue de faire la même chose qu’avant, sauf que c’est devenu mon job. Seulement, je n’ai pas l’impression que mon travail soit de faire une démo, mais plus de skater un skatepark avec des gens qui regardent… M : La plupart du temps, ceux qui finissent pro sont les plus humbles… Pas ceux qui cherchent un sponsor à tout prix. Le meilleur conseil que je pourrais donner c’est de se contenter de skater et de ne pas se la raconter. Qu’est ce que vous avez de prévu après ce trip ?
M : ça fait deux mois que je voyage. Je suis seulement rentré chez moi pour trois jours. Après Bordeaux, je rentre chez moi puis je repars pour SF, puis à nouveau chez moi pour deux semaines le temps de finir de filmer une part pour ma chaussure qui sort à la fin de l’année. Puis, c’est reparti : Barcelone, Asie du Sud-Est puis New-York… D : Il faut que je me fasse opérer du poignet quand je rentre. Donc je vais être sur la touche pour quelques temps. Puis il faudra que je ré apprenne à skater (rires). Non, ça ne devrait pas être si méchant. Avec un peu de chance, je pourrais même aller en Asie du sud-est, avec mon plâtre, à souffrir de l’air chaud et humide et à essayer par tous les moyens de me gratter le bras… M : J’ai eu le bras plâtre en Australie une fois. Tout le bras, jusqu’en haut. J’ai fini par le couper moi-même en deux parce que je devenais fou… C’est assez horrible, mais tu devrais pouvoir skater, surtout si le plâtre ne monte pas plus haut que le coude. Ça va aller !
MATT MILLER
Nollie - BORDEAUX.
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BOWL-A-RAMA ALGORTA La Kantera 6 / 9 / 2014 Texte : Bad Professor Photos : Fred Ferand
À quoi sert un article sur un contest ? Avec le
Steve Alba
L’organisation
Slob over the lader streaming, les vidéos et les résultats qui paraissent Les gros pardessus de la World Cup Skateboarding dans l'heure, on peut légitimement se demander si ayant été supplantés par l'ISU (International Skaun évènement de plus ne se réduit pas à un clip de teboarder's Union), on a un staff qui connaît tout trois minutes, vite oublié. Mais il faut se rappeler que c'est avant et tout le monde, dirigé par l'excellent Sasha Steinhorst, et ce Bowltout une expérience sensorielle et physique. Sisi. Vous avez tous été a-Rama fait partie d'une tradition récente d'épreuves de pool dans à des contests qui vous ont marqués, et pas forcément pour des raides endroits comme New York, Sydney ou même Wellington en sons évidentes. Nouvelle-Zélande. Le pool, c'est un espace restreint, donc facile à De plus, le streaming montre rarement le niveau d'intensité réel. Ajouencadrer et à contrôler, et ça permet de réunir un peu de tout : des tons encore qu'un contest réussi, c'est des centaines de skateurs qui pros déjà bien médiatisés, des amateurs sortis de plouctowns, des repartent chez eux enthousiastes et avec l'envie de tout déchirer. C'est locaux, des verteux, des parkeux, des pooleux, des streeteux, des aussi un public qui peut enfin comprendre de quoi il s'agit, et pourquoi masters de plus de 40 ans, des légendes… Malheureusement pas c'est mieux que de la trottinette extrême. À cet égard, le Bowl-a-Rama de catégorie femmes, mais ça viendra. Bref, on mélange tout ça sur d'Algorta fut une réussite totale. Analysons les raisons du succès. 25m2 et ça fait un effet cocotte-minute, surtout si tout se déroule
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Felipe Foguinho était très connaisseur, et quand on voit des milliers sur une seule journée. La pression et le niveau FS stalefish de personnes se lever lors d'un lien crossbone de d'énergie restent constants de 10h du matin deux mètres ou d'un 540, on a le zizi tout dur. Dans jusqu'à 18 heures, avant l'explosion finale. Donc, un des bars, on pouvait admirer les croûtes, euh les unité de temps et d'espace comme on dit en littéoeuvres d'art de diverses légendes du skate, et rencontrer suffisamrature. Les compétiteurs (oui je sais, le mot est vilain mais "riders" ment de monde pour oublier ce qui se passait plus bas. J'ai rarement ça fait vraiment trop extrême) passent par série, on retient leurs vu une ambiance pareille. deux meilleurs runs et hop, ils avancent ou finissent au bar. Des secours très réactifs, un tas d'évènements pendant les jours qui précédaient l'épreuve et des sponsors qui avaient mis le paquet (faut Les viocs dire qu'ils s'étaient dégonflés l'année précédente). Les masters commençaient leur réunion vers 10h du matin. Toujours marrant de voir ce mélange de vieux pros et de parfaits inconnus sur qui l'âge n'a pas de prise. L'inévitable Sean Goff, l'hilarant Anglais qui Le spot était venu faire la compète de vert ici en… 1989 ! Steve Alba qu'on Ah, c'est sûr, faut l'endroit adéne présente plus et qui snake autant qu'en 1978. Sergie Ventura qui quat... Le pool d'Algorta a été Sky Siljeg BS Air se débrouille bien derrière un micro. Pat Ngoho, le plus pro des masconstruit en 2002, le park de ters qui a gagné comme d'hab. la Kantera en 1987 et l'endroit La légende Brad Bowman, le fait partie des spots mythiques style à lui tout seul. Plus les lodepuis (voir le bouquin Thracaux constructeurs de parks, sher "Epic spots" p. 55) Même Tixus Dominguez et Alex Mossi la surface n'est plus très lisse, terin qui carvent le machin dans ça reste un bon pool en bord de tous les sens. Sans oublier le mer, avec les épiceries et bars poids lourd allemand Wolfautour, et des gradins montés gangsta, une bande de suédois et juste au-dessus. Pour ceux qui même deux français dont le avaient mal au fion ou qui voujeune marseillais Steph André (à laient se reposer, il suffisait d'al42 ans, on boit encore du lait ler sur la colline derrière pour chez les vétérans) qui s'est bien profiter de l'écran géant ou des battu dans l'enfer bétonné. Il stands divers et variés. Une faut citer le pauvre Lester Kasaï chose assez plaisante, c'est que qui s'est fracturé la clavicule. le lieu respire la culture skate et Dommage, mais c'est la dure loi surf de partout, tout en restant du sport, pas de bras, pas de fièrement basque. Le public
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Pedros Barros chocolat ! On regrette surtout que le genou de Steve La soirée FS Boneless Olson soit usé, mais la légende a rayonné quand Après le contest, on a eu droit à quelques démême. Bref, chaque participant mériterait un doculires de Raven Tershy pieds nus et d'autres qui mentaire à lui tout seul, mais disons simplement que tout ce beau ont continué à exciter la foule, ainsi qu'à un downhill de la mort monde a pu se retirer vers midi avec la sensation du devoir accompli. sur l'herbe. La remise des prix (des beaux bérets basques et des vrais dollars) achevée, tout l'espace n'était plus qu'une giganLes pros tesque zone festive. Un excellent moyen de terminer ce très long Ils y étaient tous ou presque, et c'était monstrueux. Pedro Barros a samedi. Prions pour qu'ils remettent ça l'an prochain et que d'autres dû sortir son 540 pour flinguer la concurrence. Chris Russel lui a s'en inspirent. sorti son frontside invert boneless (difficile à imaginer hein ? Faut le voir pour comprendre). Et le rouquin binocleux Sky Siljeg qui fait des millions Jeunes ados Suédois de tricks aux pires endroits ? Dans le style verteux, Alex Sorgente avec ses rocket airs et Cory Juneau, le petit jeune qui vole. Et puis les anciens comme Omar Hassan qui vient d'avoir 40 ans mais qui aime la difficulté et n'est pas venu s'incruster chez les masters, c'était bien lourd aussi. Bref, vous avez les résultats et les vidéos un peu partout. Attardons-nous un peu sur les membres de « l'équipe de France » : le foufou Guillaume Mocquin qui n’a rien fait comme les autres, comme à son habitude, et notamment un drop dans la deathbox hang-up exprès… Toujours unique ce garçon. Le petit mais incroyable Robin Bolian qui a montré que oui, on peut apprendre à faire du pool sans avoir de pool à dispo, on va voir ce que ça va donner à l'avenir. Vincent Matheron a été très fluide dans ce monde de brutes, mais l'exploit du jour revient à Stéphane Boussac, qui a fini neuvième (sur 34, hein) dans l'indifférence générale comme d'habitude. Faire aussi bien en étant aussi ignoré, c'est très fort.
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BETS BRIGADE Session Texte : Fredd Photos : Fred Ferand
Ce n’est pas une chose dont je parle facilement, mais j’avoue éprouver une
certaine fascination, voire même admiration, pour les ramp-riders. Enfin, ça dépend lesquels quand même… Je reconnais qu’il y en a qui foutent bien le cafard. Mais en général, ces mecs-là ont toute mon estime. Déjà, parce que je suis incapable de dropper une rampe sans me faire dessus, mais surtout parce que les rampriders sont des exemples de persévérence, de détermination et que depuis la fin des années 90, ils sont les moutons noirs du skateboard. Même aujourd’hui, avec le retour en force de la transition, les skateurs de vert’, les vrais, ceux qui mettent des pads qui puent, sont vraiment considérés comme des extra-terrestres dans notre petit milieu du skate, pourtant tellement tolérant, comme tout le monde le sait. Christophe Bétille était de ceux-là, à la différence qu’il pouvait te mettre la misère en O.U.T. en flat s’il était chaud. Il était incontestablement un des piliers du skateboard français, il avait construit les premières rampes, fait des contests de partout en Europe, il avait un skateshop et il était impliqué jusqu’au cou dans le développement du skate dans sa ville de Nantes et en France. Puis, c’était un bon gars aussi, ce qui ne gâche rien… C’est pourquoi, quand il est subitement décédé d’une crise cardiaque à 44 ans en 2009, ça a laissé un grand vide. En octobre dernier, son pote Pierre Ghiglia, avec qui il était associé chez
Sirocco et les gars d’Antiz ont décidé de lui rendre hommage en conviant ceux qui l’avaient connu, qu’ils soient amis d’enfance ou simples collègues occasionnels de session, à un weekend de skateboard au Hangar Darwin à Bordeaux. Ils ont fait presser une série de boards « Bets Brigade » dont
Bruno Rouland Judo Air.
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les ventes ont aidé à financer le week-end. Hugo Liard a pris son « camtar of love » et l’on a pris la route de Lyon à Bordeaux en chantant sur Radio Nostalgie… Entre Armand Vaucher Fastplant. autres (vieilles) gloires de la vert’, il y avait Fredo le vieux pote de Christophe, avec qui il avait commencé le skateboard à la fin des années 70, mais aussi Seb Daurel, Bruno Rouland, Jérôme Chevalier, Edouard Fontaine, Bertrand Desjardins, etc. Seb Daurel Nosebone to fakie.
C’était vraiment chouette de voir ces gars skater la rampe. Mais je vous rassure, on n’a pas passé le week-end à regarder des vieux skater une big, on n’est pas cinglés non plus ! On s’est pas mal marré dans le petit bowl bizarre et le spot DIY. En fait, on a skaté à bloc tout le week-end, on a bien rigolé, et l’on ne pouvait pas espérer mieux pour un hommage à un gars comme Christophe Bétille. En rentrant chez nous le dimanche, avec le camion de l’amour, on a pris un gars en stop. Il venait de sauter du troisième étage de la tour Eiffel en Base Jump et s’était fait cueillir par la police à l’atterrissage. Alors bien sûr, ça n’a rien à voir, absolument rien, mais je tenais à le placer quand même.
Ça aurait plu à Christophe ce weekend…
Pierre tient à remercier les partenaires de l’événement : Antiz, Trauma, Magenta, Rekiem, Cliché, Metropolitan, Horror juice, V7 distribution, Skate crew, Picture clothing, Vans, Riot skateshop, Transfer skateshop, Sirocco skateshop, Madneom street art park, Darwin la brigade, graphi 33 & Sugar. 94
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LA THÉORIE Qui vaut ce qu’elle vaut Texte : Joseph Biais Photo : Loïc Benoit
On a beau dire et répéter en boucle que “ce qui est forêt ou d’un ruisseau… Que je sache, on ne dit jaPierre Dutilleux Pivot to fakie sur cool dans le skate, c’est qu’il n’y a pas de règles », mais « un handrail naturel » ou « un ledge naturel », une courbe naturelle. au final, même si on ne veut pas se l’avouer, des si ? Bref, sur ce type de courbe, le trick suprême, règles il y en a à foison. Elles sont juste implicites. il y a une chance sur deux pour que ce soit un pivot Et notamment lorsqu’il s’agit de capturer le skate en photo. Vous to fakie. Parce que c’est “le trick à faire” sur ce type de spot et pas n’avez pas remarqué que sur un certain type de spot s’applique forautre chose. C’est vrai, on ne voit jamais de nosestall fakie ni même cément un certain type de tricks ? Et qu’à chaque fois, il y a les de switch axel en photo ! Même si on l’a vu un milliard de fois, vous deux ou trois tricks suprêmes. Les tricks “à faire”, ceux avec lespouvez être sûr que sur les trente-sept générations à venir, les gens quels tu ne risques pas de te faire chier dans les bottes par la suite feront obligatoirement des photos de pivot fakie et que tout le monde sur un forum obscur. Et au contraire, bien entendu, ceux qui vont sur le spot (qui n’aura sûrement pas lu ce fabuleux communiqué ente faire chuter ton nombre de followers si tu oses le publier sur Insgagé) dira “ouais, pivot fakie ici, ça tue !” tagram. C’est là que je vous expose ma fameuse théorie du pivot Bon, j’avoue que je suis surtout jaloux parce que je n’arriverai fakie (qui a, bien entendu été validée par une équipe scientifique jamais à bien le faire moi, ce putain de trick. Vous savez en metqualifiée, cela va de soi). Cette théorie s’applique d’ailleurs à d’autant bien le poids sur la plateforme et non pas en restant dans la tres types de spots et donc de tricks, mais restons en au pivot fakie. courbe comme un naze. Un peu comme les mecs qui font des noDonc oui, à chaque fois qu’apparaît quelque part une photo de seslides en laissant traîner le talon pour se ralentir… Mais là courbe “naturelle”. D’ailleurs c’est quoi ces conneries quand on y c’est encore un autre débat que l’on pourrait qualifier en langage pense ? Une courbe naturelle ? Comme si la nature avait par ellecorporate de “super touchy” que l’on abordera peut-être un jour, même fait pousser une courbe “naturelle” comme s’il s’agissait d’une si vous êtes sages.
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Jonathan THIJS FS Kickflip HÉRAULT © Davy VAN LAERE
« Mais la seule chose que nous connaissions au sujet de l'avenir, c'est que nous sommes profondément ignorants de ce qui va advenir, et que ce qui arrive effectivement est en général fort différent de ce que nous avions prévu. » Aldous Huxley - Les portes de la perception