Spécial Haïti
« Urgence Enfants d’Haïti »
Une priorité : maintenir les enfants dans leur environnement 12 janvier 2010, en Haïti : la terre tremble avec une violence telle qu’elle entraîne le décès de plus de 200 000 personnes et la destruction d’une grande partie des infrastructures du pays, retardant l’arrivée des secours. Plus d’un million de personnes se retrouvent aujourd’hui sans abri. SOS Villages d’Enfants a lancé un appel fort afin d’alerter les autorités sur la situation extrêmement préoccupante des enfants isolés et les risques de dérives : adoptions non préparées, risques de mauvais traitements… L’association milite pour le maintien de l’enfant dans son environnement et sa culture. Elle œuvre, en effet, dans le monde depuis plus de 60 ans pour la prise en charge des enfants sans soutien parental et la prévention de l’abandon, en conformité avec les récentes résolutions de l’Onu de novembre 2009, qui privilégient le maintien de l’enfant dans son milieu familial. Cette prise de position claire a conduit les autorités haïtiennes à confier à SOS Villages d’Enfants les 33 enfants réputés victimes d’enlèvement, ainsi que de nombreux autres enfants isolés en risque. Cela témoigne de la qualité des relations et de la confiance qui existent entre les autorités haïtiennes et SOS Villages d’Enfants. En France, des donateurs, nombreux, ont également fait confiance à SOS Villages d’Enfants et apporté leur contribution à notre action « Urgence Enfants d’Haïti ». Qu’ils en soient remerciés. Plus de 350 enfants isolés sont déjà pris en charge et 14 000 personnes bénéficient d’une aide d’urgence. Mais au-delà de l’urgence, SOS Villages d’Enfants s’engage sur le long terme. En Haïti, son action est planifiée pour les 15 prochaines années. Votre soutien, chers donateurs, reste encore et toujours le gage de la réussite de notre action pour les années à venir.
Gilles PAILLARD, directeur général
6 / Villages de joie / MARS 2010 / N° 212 / www.sosve.org
Une mobilisation internationale La Fédération internationale SOS Villages d’Enfants, soutenue par les contributions des associations nationales à travers le monde, s’est fixé comme premier objectif d’aider, sur une période de 2 ans, jusqu’à 40 000 personnes (les enfants et leurs familles).
SOS Villages d’Enfants : une présence dans le monde entier L’organisation SOS Villages d’Enfants est présente dans 132 pays. Elle compte plus de 2 000 programmes pour la protection de l’enfance, dont 500 villages d’enfants SOS. Apolitique, non confessionnelle, elle a un statut consultatif au Conseil économique et social des Nations unies.
S O S V I L L A G E S D ’ E N FA N T S E N H A Ï T I DEPUIS 30 ANS
• Une implantation locale
SOS Villages d’Enfants, présente en Haïti depuis plus de 30 ans, a très rapidement pu agir pour faire face à l’urgence, avec le secours des différentes associations SOS Villages d’Enfants proches de Haïti, de la République dominicaine, du Pérou… pour apporter les produits de première nécessité et rétablir les communications.
SOS Villages d’Enfants a forgé son expérience en 60 années d’existence, en particulier dans les situations d’urgence : catastrophes naturelles, troubles politiques, guerres… Les équipes, originaires du pays, connaissent la population et peuvent réagir très rapidement pour apporter une aide de première nécessité : eau, nourriture, vêtements, hébergement, soins pour les bébés et les enfants…
• Le village d’enfants SOS de Santo devient un lieu d’accueil d’urgence des enfants isolés
• Une expertise reconnue
Une action immédiate et efficace
Le village d’enfants SOS de Santo, situé à seulement 10 km de l’épicentre du séisme, a été épargné grâce à la qualité de ses bâtiments. Créé en 1984, à 15 km de la capitale Port-au-Prince, il compte 19 maisons familiales, une maison communautaire multi-fonctions, une infirmerie ainsi qu’une école SOS, primaire et secondaire. Après une évaluation conjointe de l’Unicef, des autorités et services sociaux haïtiens, le village est devenu un lieu d’accueil d’urgence pour 300 enfants isolés victimes du séisme. SOS Villages d’Enfants Haïti a par ailleurs lancé des recherches pour retrouver les parents de ces enfants. Ce n’est que si les efforts de réunification avec leur famille n’aboutissaient pas, dans un délai de 6 à 12 mois environ, que SOS Villages d’Enfants, en commun accord avec les autorités et les services de protection de l’enfance, cherchera des solutions permanentes de prise en charge des enfants, en village d’enfants SOS ou selon d’autres modalités. Afin de garantir la qualité de l’accueil qu’elle offre aux enfants qui lui sont confiés, SOS Villages d’Enfants procède au recrutement et à la formation des personnes qu’elle engage. Les 33 enfants réputés victimes d’enlèvement sont confiés à SOS Villages d’Enfants Haïti Le 30 janvier, les autorités haïtiennes confient temporairement les 33 enfants présumés victimes d’enlèvement à SOS Villages d’Enfants au sein de son village de Santo. Des recherches sont menées par ailleurs pour identifier de possibles liens familiaux et permettre, le cas échéant, le retour des enfants dans leur famille.
• Les centres communautaires sont un relais prioritaire pour les familles démunies En 2005, SOS Villages d’Enfants a mis en place des programmes de renforcement de la famille qui permettent aux enfants en risque d’abandon de rester dans leur environnement familial. L’association travaille localement avec les familles et les communautés afin de leur donner la capacité de prendre en charge et protéger leurs enfants, en coopération avec les autorités locales et d’autres relais de compétences. Ces relais sont au cœur du dispositif d’accompagnement des enfants et des familles que le séisme a privés de toutes ressources, y compris les plus vitales, telles que l’eau, la nourriture…
SOS Villages d’Enfants est reconnue pour son expertise dans la prise en charge des enfants privés de soutien familial, parfois soumis à de graves traumatismes lors de situations de crise. Un enfant exposé à des situations de grande violence est marqué et risque de l’être durablement s’il ne peut être accompagné de façon adaptée. SOS Villages d’Enfants propose à ces enfants des lieux et des moyens d’expression, au travers de la parole, du dessin, de jeux, de saynètes de théâtre, de l’écriture…, où leur émotion pourra trouver un exutoire, tout en préservant des temps de pause et une mise à distance nécessaires du traumatisme et de son impact émotionnel. SOS Villages d’Enfants dispose d’un réel savoir-faire pour aider les enfants à reprendre confiance en la vie et à développer leurs propres compétences.
Chiffres clés en Haïti SOS Villages d’Enfants est présente en Haïti depuis plus de 30 ans. Ses structures comptaient déjà avant le séisme : • 2 villages d’enfants SOS, à Santo et Cap-Haïtien • 2 établissements pour jeunes • 2 écoles SOS • 1 centre de formation professionnelle • 32 centres communautaires • 4 centres sociaux SOS
/
7
Spécial Haïti
V I L L A G E D ’ E N FA N T S S O S D E S A N T O
Un refuge pour reprendre espoir Après le tremblement de terre, des centaines d’enfants se retrouvent isolés, leurs parents proches décédés ou disparus. C’est au village d’enfants SOS de Santo que nombre d’entre eux trouvent refuge. Ils nous livrent le récit poignant de ce qu’ils ont vécu. Témoignages. ses parents. « C’était terrible, les petits pleuraient et avaient faim. » Françoise n’a pas hésité longtemps. Elle a pris la petite fille dans ses bras et, suivie des deux petits garçons, a rejoint Santo. Mathilde était souvent submergée par la douleur, Tom se souvenait du séisme : « Tout tremblait et il y a eu un bruit terrible. Nous avions très peur et nous avons couru, couru ». Au village d’enfants SOS de Santo, les enfants se sentent en sécurité, ils mangent, peuvent dormir. Françoise est heureuse de les avoir secourus : « Ici, dans la maison familiale, nous nous serrons tout simplement un petit peu plus. »
• Une mère SOS accueille trois enfants isolés •
Françoise, mère SOS à Santo Quelques jours après le séisme, Françoise, mère SOS à Santo, avait réussi à rejoindre un autre quartier de la ville pour retrouver son fils aîné qui, par chance, n’était pas blessé. Sur le chemin du retour au village d’enfants SOS de Santo, elle remarque trois jeunes enfants sur le bord de la route au milieu des gravats : une petite fille allongée sur la route qui pleurait et deux petits garçons assis à ses
côtés. « Je suis mère SOS corps et âme depuis plus de 10 ans. Il était clair que ces enfants avaient besoin d’aide et que j’allais les prendre dans ma famille SOS », raconte Françoise, les larmes aux yeux. Des voisins lui ont expliqué ce qui était arrivé. Mathilde*, 3 ans, et Tom*, 7 ans, frère et sœur, ont perdu leur père, leur mère et leur frère dans la catastrophe. Paul*, âgé de 5 ans, ami de Mathilde et de Tom, avait lui aussi perdu
Yannick*, 12 ans : « Va faire tes devoirs dehors » Ce sont les derniers mots qu’il a entendus de la part de sa mère, handicapée. « La terre a tremblé et il y a eu un bruit incroyable », raconte Yannick. Derrière lui, la maison s’est écroulée sur sa mère qui n’a pu se sauver. Une tante a recueilli Yannick et l’a aidé pendant les terribles journées qui ont suivi. Ils dormaient dans la rue sans presque rien à manger. Depuis le 28 janvier dernier, Yannick vit au village d’enfants SOS de Santo. Il reste taciturne. La nuit, le souvenir du choc lui revient, des cauchemars l’oppressent. Yannick est pris en charge par les psychologues de SOS Villages d’Enfants.
C H R O Nfaits O Lmarquants... OGIE • JANVIER 2010 > SOS Villages d’Enfants lance un appel pour la protection des enfants isolés. > Les services sociaux haïtiens sont hébergés au village d’enfants SOS de Santo. > Le village d’enfants SOS de Santo est déclaré lieu d’accueil pour les enfants isolés. > Les 16 premiers enfants isolés sont accueillis au sein des familles SOS du village de Santo. > 33 enfants présumés victimes d’enlèvement sont confiés au village d’enfants SOS de Santo.
8 / Villages de joie / MARS 2010 / N° 212 / www.sosve.org
• FÉVRIER 2010 > Angelina Jolie, en qualité d’ambassadrice du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, se rend au village d’enfants SOS de Santo : « En tant que “supporter” depuis plusieurs années de SOS Villages d’Enfants, je peux témoigner de l’engagement des équipes auprès des enfants et de la qualité de leur prise en charge. Je demande à tous de lui apporter votre soutien. »
Noëlle, Antoine et Anaïs* Antoine et Anaïs, jumeaux d’un an, et leur sœur Noëlle de 2 ans vivaient avec leur mère à Port-au-Prince, leur père étant décédé quelques mois auparavant. Seuls les trois enfants ont miraculeusement survécu au séisme. Ils ont été sauvés par leur grand-père, qui a creusé à mains nues et a réussi à les sortir des décombres. Noëlle a été légèrement blessée au bras. Le grand-père des enfants, âgé et totalement démuni, ne pouvait pas les prendre en charge. Aujourd’hui accueillis au village d’enfants SOS de Santo, ils sont très marqués par le drame qu’ils ont vécu et revivent souvent ces instants terribles. Jordan et Jordensten*, comme des frères jumeaux Lorsqu’ils sont arrivés au village d’enfants SOS de Santo, tous pensaient qu’ils étaient jumeaux… Jordan et Jordensten ont en réalité 6 et 7 ans. Ils ne se quittent jamais des yeux, se tiennent par la main, se réconfortent mutuellement. Au moment du séisme, les deux frères se trouvaient à Port-au-Prince avec leur famille. Leur père et leur sœur n’ont pas survécu. Leur mère a été gravement blessée mais a réussi à emmener ses petits garçons dans un endroit sûr. Ils ont passé les premiers jours dans un camp d’urgence. Puis leur mère a été prise en charge dans un hôpital temporaire. Son état est incertain. Les enfants ont du mal à parler de ce qui leur est arrivé. Ils préfèrent décrire leur vie au village d’enfants SOS de Santo. « La nourriture est très bonne et je peux jouer quand je veux », dit Jordan, en entraînant son frère vers les balançoires. (*) Par souci de confidentialité, les prénoms des enfants ont été changés.
« Urgence Enfants d’Haïti » Une fois encore, merci d’être à nos côtés ! Des milliers d’entre vous se sont déjà mobilisés pour soutenir notre programme Urgence Enfants d’Haïti. Les actions menées sur le terrain aujourd’hui ne sont possibles que grâce à vous tous : un premier versement de 200 000 euros a été effectué par SOS Villages d’Enfants France. Pour ceux qui le souhaitent, pour ceux qui le peuvent, tout nouveau geste de solidarité est l’assurance d’une aide efficace et concrète aux enfants victimes de ce cataclysme.
Près de 15 000 personnes déjà bénéficiaires (données chiffrées au 2 mars 2010)
• Accueil et protection : 357 enfants isolés sans soutien parental. • Aide d’urgence et abris : 14 300 enfants et leurs familles. • 5 000 litres d’eau purifiée fournis chaque jour. • Renforcement des équipes de professionnels : 12 aides familiales, 4 psychologues, 1 travailleur social, 1 architecte. • Contribution d’un groupe de volontaires venu d’Espagne : infirmières, nutritionniste, électricien, technicien en communications.
40 000 personnes bénéficiaires d’ici à 2 ans Une consultation des enfants et des jeunes sera organisée dans le cadre du programme d’évaluation des besoins mis en place par le gouvernement haïtien, avec le soutien des Nations unies, de la Banque mondiale et de la Commission européenne. Plus de 50 groupes seront constitués : six d’entre eux réuniront des enfants et des jeunes des villages d’enfants SOS d’Haïti. + sur www.sosve.org/Découvrir notre action/Programmes d’urgence
axes... L E P R O G R A M3 M E D ’A C T I O N S > Mise en place de cellules d’urgence auprès des familles les plus démunies pour distribuer des vêtements, des vivres et des kits d’urgence. > Accueil et protection des enfants • Ouverture de centres d’activité de jour pour prendre en charge les enfants et leur apporter un soutien psychologique. • Accueil des enfants isolés, jusqu’à la réunification de la famille ou la décision d’une prise en charge alternative à long terme. > Mise à disposition d’abris temporaires pour les familles. La phase de reconstruction démarrera dès que les autorités le permettront.
TRANSPARENCE ET EFFICACITÉ Les fonds collectés par les associations nationales SOS Villages d’Enfants à travers le monde sont centralisés par la Fédération internationale SOS Villages d’Enfants qui coordonne et contrôle les actions menées sur place à court, moyen et long terme. Ce mode de fonctionnement garantit l’affectation des dons, leur traçabilité et permet de diminuer les frais de gestion. /
9