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LES PRONOSTICS DE SPARSE

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CONSEIL JUSTICE

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PMU paris municipales utiles

Sparse, ton bookmaker préféré !

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Par Martial Ratel, avec Chablis Winston, à Dijon Illustrations : Loic Brunot

Les élections municipales, c’est un peu comme le PMU : beaucoup de partants mais seulement quelques canassons vraiment concernés par la course. Les chevaux en forme écraseront la concurrence. Des bourrins feront des galops d’essais, certains partiront à la faute avant l’arrivée. Des outsiders sortiront en tête de la dernière ligne droite et des tocards vous permettront d’empocher le gros lot.

Alors pour ne pas être coiffé sur le poteau et dans l’espoir de remporter la timbale, Sparse est allé, pour vous, au cul des chevaux. On a rencontré trois fameux observateurs des courses politiques. Trois experts régionaux élevés à l’ombre des plus grands : Lilian Melet, rédacteur en chef adjoint à France 3 Bourgogne, Benoit Montaggioni, journaliste au Journal de Saône-et-Loire, et Jeremy Chevreuil, journaliste politique à France 3 FrancheComté. Le nec plus ultra du tonton à casquette, posé en bord de piste soir et matin. Ils se sont contentés de nous tuyauter sur les enjeux locaux et sur les forces en présence. Nous, on va prendre des risques de parieurs insensés. On va vous donner le nom des gagnants. Oubliez l’IFOP.

Quand vous lirez ce papier, les élections seront en cours ou même carrément passées. C’est donc l’occasion de comparer nos pronostics avec les véritables résultats des municipales.

« Attention c’est parti : les chevaux sont dans les boîtes, la course va commencer ».

far west

L’YONNE, LA NIÈVRE ET LA CÔTE-D’OR avec Lilian Melet (France 3 Bourgogne)

L’enjeu des municipales : « Est-ce que les gens ont quelque chose à reprocher au maire sortant ? Est-ce qu’ils veulent du changement ? Et est-ce qu’ils veulent sanctionner quelque chose au niveau national ? » C’est pour ses raisonnements précis et affûtés que dans le milieu, Lilian, on le surnomme « Iceman ».

DIJON Lilian Melet : « Rebsamen est sur un boulevard. Il ne devrait pas subir de vote sanction, d’où un affichage antigouvernemental assez fort. Mais il y a la question de l’usure. Sur le reste, c’est quasi idéal, il aurait pu garder EELV avec lui (il a quand même réussi à s’adjoindre officiellement le Modem et les gens LREM. Le grand écart risquait de faire péter les coutures ! ndlr). Après, la liste LREM de Comparot ne le gêne pas trop. L’appareil local de LREM ne le soutient pas, il y a division. La droite également est loin d’être unie. La question est quand même aussi celle du score de la droite qui dirigea la ville de 1936 à 2001 ».

LE PRONO sparse Rebsamen marche sur les autres. Stéphanie Modde (EELV) au 2 ème tour. On déconseille de miser trop gros sur Comparot, d’ailleurs rares sont ceux qui le font dans son propre camp.

François Rebsamen, maire de Dijon

AUXERRE Lilian Melet : « L’héritage centriste de Jean-Pierre Soisson, ministre d’ouverture de Mitterrand et capable de frayer dans les eaux troubles du FN quelques années plus tard. Son parcours a créé des vocations locales, toute proportion gardée : Guy Férez est un maire de gauche (PS) qui a résisté au coup de barre à droite de 2014, et qui réussit l’exploit « soissonesque » d’être soutenu à la fois par LREM et par le PS ! Guillaume Larrivé, le député LR a lâché l’affaire. Le RN envoie un inconnu, donc il va falloir aller chercher Guy Férez. La question, ce sera son bilan, et là on laisse les Auxerrois juger ».

LE PRONO sparse Un poil de doute sur le bilan? Pas grave. Un homme capable de séduire du PS à LREM a un côté Majax de la politique. Férez fera disparaître les autres.

NEVERS Lilian Melet : « Les temps ont bien changé. De 1970 à 2014 c’était simple, tu regardais le score du candidat PS en tête lors des élections internes et tu connaissais le score du maire pour les élections municipales. En 2014, Denis Thuriot a remporté la mairie face au PS. Il a inventé en 2014 le macronisme avant Macron, en associant différentes tendances politiques. C’est le seul En Marche ! assumé de la région. Vote sanction ou non ? En tout, il y aura 8 listes. Un record. Il y a deux listes de gauche : une PS et une autre avec la gauche de la gauche et des Verts. Il y a même un Radical de gauche, un UDF, un LO, du sans étiquette et un RN ».

LE PRONO sparse Nous, pour le côté romantique, Brigades du Tigre, on mettrait bien un billet sur Michel Estorge le Radical de Gauche ! Panache ! Pour les plus pragmatiques, Thuriot repasse.

SENS Lilian Melet : « Marie-Louise Fort est sortante. En tant que LR, elle est à l’abri du vote sanction contre LREM. Julien Odoul se présente pour le Rassemblement National (c’est bien le même affreux qui avait provoqué le scandale avec la maman voilée au conseil régional de Bourgogne-FrancheComté, ndlr). Odoul a hésité entre Joigny et Sens (visiblement, il est vraiment attaché à Sens, ndlr). Il y a deux listes locales de gauche, l’éparpillement peut profiter au RN et à la maire sortante. Sens, ville symbole pour le RN ? Difficile à dire, ça fait partie des villes à cibler pour le profit médiatique plus que pour le résultat. Villeneuve-surYonne ou Pont-sur-Yonne peuvent tomber au RN ».

LE PRONO sparse Les carottes ont l’air cuites pour la gauche, faudrait apprendre à bosser ensemble. La grosse cote, 20 contre 1, et on mise tout dessus, c’est un bon vieux réveil antifa’ des Icaunais du nord. Une bonne dérouillée. On compte sur vous !

CLAMECY Lilian Melet : « On est dans la diagonale du vide. Les Gilets Jaunes étaient assez forts ces derniers mois. La ville est ciblée par le RN. Sylvain Guibert est candidat ici et non sur Auxerre où il s’était présenté en 2014 (ça lui fait un point commun avec Odoul, à Sens. Ces identitaires qui aiment tellement les villes où ils se présentent qu’ils en changent à chaque élection, ndlr). La maire sortante, PS dissidente, ne se représente pas. Son adjoint Nicolas Bourdoune a monté une liste. Une troisième liste citoyenne est aussi en lice ».

LE PRONO sparse Comme dans l’Yonne, la Nièvre va sentir revivre ses maquis. Clamecy, c’est une cité qui a de la mémoire ! Le RN va se gaufrer. On joue tranquille la liste Bourdoune.

east side

LA FRANCHE-COMTÉ avec Jérémy Chevreuil (France 3 Franche-Comté)

L’enjeu global : « Le RN vise des petites communes. Est-ce que le RN aura une implantation dans la ruralité ? S’assumer RN n’est pas forcément évident... L’élection est plus intéressante en France-Comté qu’en Bourgogne parce qu’ici il y a deux successions à Besançon et Lons-le-Saunier », dixit l’homme que l’on appelle Jérémy « clash la Bourgogne » Chevreuil.

BESANÇON Jérémy Chevreuil : « Avec Anne Vignot, EELV, l’union de la gauche est assez exceptionnelle en France, la tête de liste est femme et écologiste. On n’est pas sur du renouvellement de personnel politique. Anne Vignot est adjointe sortante, elle est aux affaires depuis un moment. Ce qui plaide pour elle : un côté nature, elle est cash. Les sondages sont bons mais vont-ils gagner ? Face à elle, Eric Alauzet pour LREM et le MoDem, le député local (ancien EELV, comme quoi tout arrive), est très bien implanté, mais il y a une liste LREM dissidente soutenue par l’ancien maire qui va lui coûter des voix ».

LE PRONO sparse C’est simple, tu craques ton PEL et tu poses ton sac de billets sur Anne Vignot. À condition que dans la dernière ligne droite, EELV ne fasse pas sa spéciale : se saboter en s’engueulant entre eux.

LONS-LESAUNIER Jérémy Chevreuil : « Comme à Besançon, le maire ne se représente pas. Ça a beaucoup bataillé pour s’afficher comme l’héritier de Jacques Pélissard. Les deux candidats de sa majorité sont Christophe Bois soutenu par LREM, ex LR, et Christophe Perny ex PS, ex LREM, ex président du département. Sur la gauche, il Jean-Yves Ravier soutenu par le PS, le PC, EELV et une partie de la société civile ».

LE PRONO sparse Dans cette baston d’ex, l’ex maire Jacques Pélissard y retourne au dernier moment : « tous des cons ». Autrement ? Perny, sans conviction dans une triangulaire.

PONTARLIER Jérémy Chevreuil : « L’enjeu local est sur une problématique quotidienne : les bouchons soir et matin sur la route qui mène à la Suisse, et donc de la construction d’un contournement ou l’élargissement de la route. Patrick Genre, Divers Droite (DVD), est bien placé pour être élu à nouveau face à Gérard Voinnet soutenu par EELV. Pierre Simon devait monter une liste PS, il ne l’a pas fait. Il se raconte plusieurs choses sur son empêchement mais en tout état de cause, il ne pouvait pas monter une liste pour des raisons assez nébulaires ».

LE PRONO sparse Avec ce non partant, impossible de miser, c’est le règlement. On laisse l’État gérer la ville, comme en Sicile...

MONTBÉ -LIARD Jérémy Chevreuil : « Marie-Noëlle Biguinet, la maire sortante LR, est face à Denis Sommer, député LREM et Eric Lançon EELV/PS, union de la gauche. Le RN n’a pas de liste alors qu’ils ont fait de bons scores aux différentes élections. On est sur le territoire de Sophie Montel, élue FN passée chez Les Patriotes. Elle a quitté le parti et lors des précédentes municipales, certains représentants FN avaient été condamnés après avoir fait signer sous la contrainte des retraités pour participer à leur liste ».

LE PRONO sparse Bien les condamnations ! « Tête haute et mains propres » qu’il disait l’autre... Montbé restera LR. Doublé : Biguinet gagnante et Lançon au second tour.

BELFORT Jérémy Chevreuil : « Dans la deuxième ville de Franche-Comté, c’est toujours très très compliqué. Le maire sortant LR, Damien Meslot, a un boulevard devant lui. L’opposition est très divisée. Ça a toujours été compliqué pour la gauche de se mettre d’accord, c’est une tradition. L’attractivité est au cœur de la campagne et Damien Meslot a réussi à faire venir des entreprises ; il a une image positive. En plus, il y a deux listes centristes : Claude Clavequin LREM et PS, vice-présidente à la région, et Marie-Josée Fleury, MoDem, ancienne MRC ».

LE PRONO sparse D. Meslot gagnant (Damien, hein ? Pas Dany, le pote de Marc Landers). Mais on pourrait voir Philippe Martinez de la CGT se présenter au dernier moment. Il est tous les quatre matins sur les piquets de grève de General Electric, c’est un peu un gars du coin maintenant.

VESOUL Jérémy Chevreuil : « Alain Chrétien est le maire sortant. Ancien LR, il est chez AGIR, le parti de Franck Riester, soutenu par LREM. En face, pas d’union de la gauche mais Marie-Dominique Aubry, LR, une ancienne adjointe, patronne départementale des Républicains et qui l’accuse de trahison. Gros duel fratricide. Il n’y a pas de liste RN alors qu’ils ont fait 23% aux Européennes. Ils ont voulu investir une jeune candidate alors qu’elle avait quitté le parti mais la direction départementale n’était pas au courant... »

LE PRONO sparse Chrétien winner dans un mouchoir de poche. On vous le rappelle ici mais pour ailleurs : attention aux bourrins RN, c’est facilement l’erreur en bout de piste.

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dirty south

LA SAÔNE-ET-LOIRE avec Benoit Montaggioni (Journal de Saône-et-Loire)

L’enjeu global : « Est-ce que quelque chose va bouger ? Les maires sortants sont bien placés. Les écologistes, vont-ils dépasser le PS ? LREM se raccroche aux branches. L’étiquette LREM n’est pas vraiment assumée par les candidats. » Vous comprenez pourquoi il est surnommé L’Équarrisseur du sud Bourgogne, le Silure du JSL, le Benoît ?

Damien Meslot, maire de Belfort et Denis Thuriot, maire de Nevers (oui, ce n’est pas en Saône-et-Loire mais notre illustrateur les kiffe).

LE CREUSOT Benoit Montaggioni : « Le maire PS, David Marti (à ne pas confondre avec le rugbyman), est soutenu par LREM. Il dit être sans étiquette mais, à titre personnel, ‘être socialiste’. Quand je lui demande si LREM pourra revendiquer sa victoire au Creusot, il dit ‘pas du tout, c’est ma liste qui l’aura gagnée’. C’est un soutien un peu honteux. Il n’en fait pas des caisses et revendique une liste majoritairement de gauche. Challengers : Pierre-Etienne Greffard, EELV. Ça n’a jamais été une ville très facile pour les écolos car c’est une ville au passé industriel. Et Charles Landre, LR, se présente sans étiquette alors que l’année dernière, il essayait de devenir le président des Républicains de Saône-et-Loire ».

LE PRONO sparse Une victoire par ippon de Marti. Et il faudra penser à mettre un peu « d’éthique dans l’étiquette », les gars.

MONTCEAULES-MINES Benoit Montaggioni : « Personne n’assume son étiquette. La mairesse Marie-Claude Jarrot présente une liste sans étiquette alors qu’elle est chez Libres, le parti de Dame Pécresse, et chez les Républicains. Et en même temps, elle est assez proche de LREM. Et, elle a été très très sympa avec les Gilets Jaunes. Bref, elle joue sur tous les tableaux. Elle agace un peu tout le monde et elle ne veut surtout pas qu’on lui colle une étiquette. La division de la gauche l’arrange mais elle doit faire très attention à la liste Lilian Noirot, ex FN, ex Patriotes, Debout le France, qui présente une liste... sans étiquette, aussi. Sur une triangulaire, il peut avoir une toute petite chance ».

LE PRONO sparse On met une pièce sur la liste PS de Laurent Selvez. Coup de grisou ! Les étiquettes, c’est un peu gros. Ça va finir par se voir.

CHALON-SUR-SAÔNE Benoit Montaggioni : « Personne ne veut afficher d’étiquette. Gilles Platret, maire sortant, président des Républicains de Saône-et-Loire, vice-président national des Républicains dit ‘j’ai une liste sans étiquette’. Il a compris que son bilan de maire est plutôt bon mais sur le plan national, il est extrêmement clivant. Des décisions ont heurté même dans sa majorité. Il s’est mis en mode bisounours. Il essaye de gommer au maximum tout ce qui fait qu’il a été visible ces dernières années (comme son peu fair-play refus de donner des menus de substitution dans les cantoches, ndlr). Son ancienne première adjointe, Isabelle Dechaume, centriste, a aussi une liste de droite avec un soutien officieux LREM, car LREM de Chalon ne soutient pas la liste officielle, celle de Alain RousselotPailley ».

LE PRONO sparse Beau bordel à Chalon. La liste Lutte Ouvrière de Pascal Dufaigne au second tour. À force de se bouffer le nez, les autres vont lui laisser champ libre. Et demain tout le monde travaillera dans la joie au Kolkhoze Kodak. Non, en vrai : Platret.

MÂCON Benoit Montaggioni : « Mâcon, c‘est toujours tristoune au niveau démocratique, il ne se passe pas grand-chose. Ça a toujours été dur pour la gauche. Le PS a renoncé à porter une liste ! C’est un 4 ème mandat que sollicite Jean-Patrick Courtois. Là aussi, les étiquettes ont sauté ! Le maire est clairement chez Les Républicains mais il s’est allié avec LREM. La ville a véritablement changé en 15-20 ans, elle se porte bien économiquement, des gens continuent de s’installer. Courtois à Mâcon c’est une espèce de statue. La question qu’on se pose c’est : est-ce qu’il sera réélu au premier ou au second tour ? »

LE PRONO sparse La liste Eve Comtet-Sorabella, placée au second tour. Elle a un max d’étiquettes (écolo, citoyen, Front de gauche, France Insoumise, PCF, PS) et ça on aime. Mais déso Eve, J-P Courtois gagne easy.

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