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UN AN SANS CULTURE EN BFC

Une année

sans culture

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17 mars 2020 : la France toute entière ne le sait pas encore mais elle va vivre une expérience inédite sur une durée indéterminée : se confiner chez soi le plus longtemps possible pour ne pas croiser l’ennemi inconnu : le SARS-CoV-2. Adios les sorties au ciné, les pintes en terrasse, les concerts, le théâtre et tout autre rassemblement à base de culture, divertissement ou contact. Un an plus tard, on a pris des nouvelles de quelques amateurs de ces petits plaisirs aux quatres coins de la région. Ils nous racontent comment ils ont vécu ces 12 derniers mois.

Par Emma Lahalle, Julian Marras, Florentine Colliat et Chablis Winston Photos : Édouard Roussel

les témoins

Pascale, 53 ans (Auxerre). Conseillère principale d’éducation et fan de concerts de rock. Narjis, 23 ans (Vesoul). Journaliste, amatrice de cinoche et grande supportrice de foot. Juliette, 21 ans (Dijon). Étudiante à l’école des beaux-arts. Adepte d’expos et de cinéma. Cathy, 44 ans (Saint-Rémy). Médiatrice à l’Arc au Creusot, transmet le goût du spectacle à ses gosses. Lucas, 30 ans (Dijon). Apprenti cuisinier et fan de pop. Carlos, 53 ans (Montbéliard). Conseiller emploi/formation et habitué du Moloco. Louise, 17 ans (Dijon). Lycéenne, amatrice de concerts et fan de skate. Nourhane, 32 ans (Besançon). Bosse pour l’éducation nationale et adore le ciné.

Théâtre Ledoux, Besançon.

Linaël, 24 ans (Besançon). Musicien dans un groupe à Besac’. Marie, 56 ans (Mâcon). Éducatrice spécialisée en protection de l’enfance, accro au cinoche. Jean-Baptiste, 33 ans (Chalon-sur-Saône). Formateur au CFA du sport à Mâcon et adepte des festivals. Jacques, 64 ans (Fontaine-lès-Dijon). Retraité, marié à Claude et habitué de l’Auditorium de Dijon. Claude, 61 ans (Fontaine-lès-Dijon). Retraitée, mariée à Jacques, adepte du cinéma et des restoconcerts. Huma, 18 ans (Pouilly-sur-Loire). Étudiante en langues étrangères appliquées, habituée du cinéma et du théâtre.

C’était quoi ta dernière sortie culturelle ?

Lucas, 30 ans : le vrai dernier spectacle ou un faux comme l’été 2020 ? Le vrai, ça sentait déjà un peu la merde, c’etait début mars 2020. On se demandait pourquoi les concerts étaient encore maintenus... C’était à l’Olympia, avec King Krule. Très bon ! Je suis content que ce soit ça le dernier. Et puis 1.500 personnes agglutinés dans une salle, je suis pas sûr qu’on y revienne tout de suite…

Jacques, 64 ans : voilà une très bonne question ! Ça devait être à l’Auditorium en janvier ou février 2020. C’était un spectacle classique. D’habitude, j’y vais régulièrement avec un groupe d’amis.

Cathy, 44 ans : c’était y’a pas si longtemps, j’ai eu la chance de voir une compagnie de cirque lyonnaise, Virevolt. Le problème, c’est que c’était réservé qu’aux pros, comme beaucoup d’événements en ce moment. Mais sinon le dernier en tant que spectatrice, c’était fin octobre à Saint-Marcel avec le concert d’Ossayol, un musicien et chanteur chalonnais. Linaël, 24 ans : fin 2019, j’ai joué avec mon groupe au festival Détonation à Besac’, donc j’ai pu profiter des concerts toute la soirée. Il y avait Salut c’est cool, Alpha Wann et tout.

Carlos, 53 ans : un petit groupe au Moloco. Ah, je ne me rappelle plus le nom… Autrement, juste avant, c’était -M-, à l’Axone de Montbé.

Claude, 61 ans : je suis allée au cinéma en septembre 2020 à Dijon voir Les Apparences.

Narjis, 23 ans : mon dernier spectacle, c’était avant le 1er confinement en mars 2020. Je fêtais mon anniversaire à Paris avec mes potes, étant donné que c’est the place to be pour les spectacles, on en a profité et on a eu la chance de voir un spectacle sur les bateaux mouches de la Seine.

Juliette, 21 ans : récemment j’ai eu l’occasion d’aller voir une expo au Consortium avec ma classe d’art, on était tout seul dedans, ça faisait bizarre, j’étais pas à fond dedans. Et là avec l’occupation des théâtres, il y avait un mix de genre 30 minutes. C’était une ambiance bizarre, avec mes potes on s’est dit : « la vache les gens ils savent plus danser ! » Mis à part ces 2 événements, je ne me souviens plus de ce que j’ai fais avant le premier confinement, c’est trop loin !

Jean-Baptiste, 33 ans : ça devait être décembre 2019 pour le jour de l’an à Prague. Y’avait rien en 2020, tout était fermé donc c’est la dernière que j’ai faite...

Nourhane, 32 ans : je pense que c’était Philippe Katerine à la Rodia en janvier 2020. C’était trop bien, un super souvenir. J’ai aussi fait le festival de spectacle de rue à Mulhouse fin septembre avec des copines, on avait les masques dans la rue mais ça ne craignait pas, il y avait les distances de sécurité…

Pascale, 53 ans : le dernier gros truc que j’ai fait, c’est Angèle à Dijon. C’était avant le confinement, fin janvier je crois. Cet été j’ai réussi à faire 2 concerts au Silex : un concert de rock, et puis aussi le chanteur de Pigalle qui faisait des chansons pour enfants. On était en configuration assise.

Louise, 17 ans : c’était à La Vapeur, le festival Génériq en février 2020.Y’avait plein de concerts. Videoclub, Yseult…

Marie, 56 ans : juste avant le deuxième confinement, je suis allée au cinéma à Mâcon, j’ai vu Antoinette dans les Cévennes. J’ai beaucoup aimé ce film, je vais beaucoup au cinéma en général.

Huma, 18 ans : je ne m’en souviens pas… Ça devait être au cinéma de la Charité-sur-Loire avec ma maman, mais quand ? Je ne sais pas… Je suis peut-être allée au cinéma avec un masque, ça me dit quelque chose mais je ne suis pas sûre du tout.

T’étais dans quel état d’esprit quand t’as appris que tout fermait ?

Cathy, 44 ans : désespérée. C’était un gros coup de massue. Parce que les spectacles et concerts font partie de mes loisirs de vie, de mon quotidien. Le premier truc dur, c’est Chalon dans la rue, parce que ça fait des années que je vais à ce festival. Même pour mes enfants de 10 ans habitués à cet événement, c’était triste.

Lucas, 30 ans : vu qu’on ne savait pas ce que c’était à l’époque, ça sentait l’apocalypse, alors ça me semblait être une bonne mesure de tout fermer par précaution. Je m’y attendais un peu. En mars 2020, tout le monde se demandait un peu si on allait tous mourir... Ce qui n’est plus le cas aujourd’hui. Mais à l’époque on avait une vision réduite du problème.

Marie, 56 ans : j’étais un peu sous le choc de l’épidémie. À cette époque-là je trouvais ça normal de tout fermer, mais on n’avait pas la perspective que ça dure un an. Donc je trouvais ça normal au vu de la crise sanitaire.

Louise, 17 ans : déçue, comme tout le monde. Au tout début on se disait « on va faire l’effort, ça va pas durer longtemps ». Claude, 61 ans : j’étais angoissée de savoir ce qui allait se passer. On ne savait pas trop ce que ça allait devenir. Et pour combien de temps surtout ?!

Narjis, 23 ans : je me disais comme tout le monde : « mais dans quoi on s’est embarqués ? » Quand je suis sortie dans ma rue, je me suis dit «c’est pas possible de vivre comme ça » et je ne pensais pas que ça allait durer aussi longtemps. Mais pour le bien de tous je pense qu’il faut être patient, même si ça dure depuis 20 ans. Cette situation m’apprend à prendre sur moi, à être beaucoup plus patiente.

Linaël, 24 ans : dég. J’avais prévu des trucs, forcément. Ça a tout bousculé au niveau de la musique pour ma part. On avait des répet’, des dates de prévues, on s’est retrouvés sans local pour répéter... J’avais surtout des concerts à voir.

Juliette, 21 ans : j’étais mal ! Surtout que Macron n’est pas très porté sur les étudiants et encore moins sur ceux en arts. J’avais peur, je me suis dis « c’est la merde, je suis en 2ème année, j’ai un diplôme dans un an » et puis tout ça est arrivé super vite ! La peur a été progressive en fonction de l’évolution du virus. J’avais aussi le projet de me prendre un appartement, de travailler dans la restauration donc c’était mort et je suis restée chez mes darons.

Pascale, 53 ans : une catastrophe… Très très triste. Les concerts, c’est mon seul loisir. Parce qu’en temps normal je fais très peu d’expos, je ne vais pas au cinoche, ni au théâtre. Les concerts ponctuent mon année. Donc quand y’a pas tout ça, c’est un jour sans fin.

Carlos, 53 ans : j’étais étonné que ça ne ferme pas avant. Mais stupéfait qu’on ferme absolument tout quand même. Après, on a tous été pris dans le rythme du confinement. On se sentait utile à ne pas bouger de chez nous à l’époque.

Jacques, 64 ans : j’ai pas capté immédiatement que les lieux culturels allaient fermer. C’était assez bouleversant, on était un peu paumés. Je pensais qu’on était partis pour 3-4 mois.

Qu’est-ce qui t’a le plus manqué ?

« On a tous été pris dans le rythme du confinement. On se sentait utile à ne pas bouger de chez nous à l’époque »

CARLOS, 53 ANS, HABITUÉ DU MOLOCO Jacques, 64 ans : le café et les concerts !

Lucas, 30 ans : vivre l’expérience comme j’en ai envie. Si t’as envie de vivre le concert au premier rang collé aux autres tu le fais. Si tu veux boire des bières avec des potes croisés par hasard, tu peux le faire aussi... Parce que tu ne croises plus les gens par hasard. Normalement un concert, tu ne prévois rien. Tu peux très bien le mater du début à la fin entièrement, ou en voir 5 min et sortir boire un coup. On m’impose une expérience, ça me gonfle un peu.

Cathy, 44 ans : les concerts quand t’es debout à boire des bières, à être collés les uns aux autres, à crier... Et puis les spectacles, parce que comme je travaillais dans le milieu, j’allais en voir un peu partout.

Carlos, 53 ans : aller à un concert, c’est pas que le concert. C’est aussi les rencontres qu’on y fait. On va voir des amis qu’on n’a pas vu depuis longtemps, des gens qu’on retrouve parce qu’on sait qu’ils vont y être pour tel genre de musique. Ce qui me manque, c’est découvrir des choses. Une salle comme le Moloco, c’est une salle de découverte.

Jean-Baptiste, 33 ans : les festivals, le fait de faire la fête avec des milliers de gens, le fait que t’en as rien à foutre d’être à 10 cm de la tête de quelqu’un. Aussi, en tant que basketteur, le sport me manque. Mais c’est l’une des premières fois de ma vie que je peux profiter de mes week-ends, comme d’habitude je suis au sport.

Pascale, 53 ans : les concerts et les bars. Ce sont ces lieux d’échange qui me manquent beaucoup parce qu’il n’y a rien qui remplace ça. Depuis que j’ai 17-18 ans, j’ai un carnet où j’ai listé la plupart de mes concerts, il y en a plus de 200. J’ai aussi gardé tous mes vieux tickets. Claude, 61 ans : le cinéma parce que j’y allais beaucoup, mais aussi les sorties à l’Auditorium. Et avec ma femme on allait pas mal à des p’tits concerts dans des bars.

Marie, 56 ans : le ciné et les sorties avec les amis. On était une bande d’habitués, on se retrouvait le vendredi soir au restaurant. Et puis un lieu à Mâcon où je vais souvent qui s’appelle Le Crescent.

Nourhane, 32 ans : j’allais beaucoup au cinéma, ça faisait partie de mes habitudes de vie du coup ça me semble hyper loin. Après, les concerts me manquent aussi, je n’y allais pas souvent mais c’est plus pour le côté ambiance qu’on n’a plus. Je pense que je prendrais plaisir à reprendre l’habitude d’aller au théâtre, d’aller voir des spectacles parce que je n’y allais pas souvent non plus, par flemme. On a de la chance que ça existe.

Narjis, 23 ans : ce qui m’a manqué surtout cet hiver, c’est d’aller au ciné. Mais ce qui me manque vraiment vraiment, mis à part le cinéma, c’est d’aller dans des stades de foot. D’habitude j’y vais presque tous les week-ends, c’est un besoin pour moi d’aller voir un match. Il n’y a rien de plus triste de voir un stade habituellement bondé de supporters qui est vide désormais.

Linaël, 24 ans : trop de trucs ! Ce qui me manque le plus c’est vraiment le partage. Que ce soit pour la musique, la danse et le milieu artistique en général. Communiquer, faire des concerts, rencontrer des gens, échanger, tout ça me manque.

Louise, 17 ans : les sensations pendant le spectacle, le concert. Pouvoir y être avec mes amis. Profiter sans masque... tout simplement.

Comment as-tu vécu cette demie libération l’été dernier ? T’as fait ce que tu voulais ?

Nourhane, 32 ans : je suis retournée au ciné mais j’ai dû voir 3 ou 4 films donc c’était pas énorme. Avec le masque, c’était pas trop pesant, pendant 2 heures sans bouger ça va. Je n’ai pas fait de concerts, c’était vraiment une ambiance bizarre parce que t’as envie de bouger mais t’es complètement restreint. Ça ne m’a pas trop donné envie. J’avais aussi des craintes sanitaires où j’avais pas envie de me retrouver dans une salle enfermée avec plein de gens qui potentiellement se crachent dessus.

Huma, 18 ans : j’ai profité de cette liberté pour revoir les gens que je n’avais pas pu voir depuis un bon moment. Ça a permis de redonner de l’air à la vie sociale qui était quasi inexistante pendant les confinements. Après, faire un concert assis avec de la distance, c’est pas ouf. Parce que justement ça rapproche les gens physiquement. Je ne vois pas comment l’ambiance d’un concert peut s’installer.

Linaël, 24 ans : je suis retourné au musée des beaux-arts voir une expo, j’ai refait 4 petits concerts. C’était une espèce de libération mais bon, on a été reconfinés... Quand j’allais dans des expos, on ressentait quand même une petite barrière. concert, c’est tout. Je ne me suis pas remis dedans. Déjà il n’y avait pas grand chose, c’était difficile à organiser. Je suis allé à un concert en plein air à Audincourt en septembre : Adamsberg et Coco, un duo folk de Dole que j’ai découvert grâce au Moloco. Mais depuis je n’ai rien fait.

Cathy, 44 ans : en été, j’étais hyper frustrée et triste de ne pas pouvoir faire de festivals. Par contre vers septembre-octobre c’était l’ouverture de saison pour les lieux culturels. J’ai eu beaucoup de mal avec les nouvelles normes : des spectateurs à demi jauge et masqués… Fin septembre, dans l’asso où je suis bénévole, Boumkao, on a organisé un festival de cirque qui s’appelait La planche à clous à Rully, près de Chalon-sur-Saône. Je crois qu’on n’a jamais eu autant d’émotions ! Les artistes étaient comme des dingues de pouvoir jouer, tout le monde chialait. C’était à la fois cette sensation de bonheur mélangée à un sentiment de «c’est quoi cette époque ? » On aurait dit une parenthèse enchantée. Ç’a été mon plus beau souvenir de l’année 2020.

Claude, 61 ans : tout l’été on a fait attention, mon mari est considéré comme une personne à risque. On allait au resto mais jamais à l’intérieur, toujours dehors. On ne voyait pas trop de monde à la fois... On n’avait rien de prévu comme sortie culturelle.

Louise, 17 ans : tous les festivals où j’avais des places ont été annulés, en salle y’avait rien. J’ai vu des concerts sur des places par hasard pendant les vacances, mais pas grand chose.

Lucas, 30 ans : l’été dernier, la première fois j’étais content de retrouver des gens, d’écouter de la musique live... mais j’ai vite arrêté. Je n’ai pas adhéré au mode de représentation. Je préfère rien faire que de faire ça. « Va pisser à ce moment-là sinon tu pourras plus. Prends ta boisson avant parce que tu ne peux pas te lever pendant le concert ». Bof…

Juliette, 21 ans : cet été j’ai travaillé je crois... En fait c’est très flou pour moi, on a été déconfinés en mai ? Je ne me souviens plus si on a eu un couvre-feu. Ah c’est bon je m’en rappelle ! En fait, j’ai travaillé dans une boulangerie pour me faire un peu de thune. Mais d’un point de vue culturel, je m’ennuyais à Dijon. Je n’ai pas eu un super été. Tout le monde était bizarre. Le 1er confinement a suffi à changer les mentalités sur les éloignements et rapprochements. Par contre ç’a été génial à la rentrée, on s’est tous

retrouvés, j’ai pu rencontrer de nouvelles personnes.

Pascale, 53 ans : j’ai quand-même apprécié, je me suis dis que c’était mieux que rien. Alors c’est vrai que la configuration assise c’est particulier, ça fait un peu bizarre pour des concerts de rock d’être assis avec les pieds qui dansent et pas le corps. Après, tu peux pas boire un coup à la fin, ça manque. Sinon à Auxerre, il y a le festival Catalpa qui a été rediffusé sur Facebook. Mais je n’ai pas réussi à accrocher malgré les alertes que j’avais mises sur mon téléphone. Il n’y avait pas l’esprit classique d’un festival où il fait beau, on est dehors sur la pelouse, à boire des coups, y’a des grands, des petits, des vieux, des enfants. Marie, 56 ans : ça m’a procuré un sacré bol d’air. J’ai visité des églises, je suis allée au musée Soulages (à Rodez, ndlr). J’ai repris une vie sociale et culturelle normale, donc ça a été un grand soulagement qui a été d’assez courte durée finalement.

C’était quoi tes alternatives pour prendre ton shot de culture ?

Jean-Baptiste, 33 ans : ça dépend. Parfois j’arrivais quand même à faire 1 ou 2 soirées avec des potes avec de la musique, tu te raccroches à ça. Et puis les festivals qui sont prévus, les dates qui sont annoncées, mais en fait ils en annoncent plein, ils essaient de remettre en route mais ils les annulent tous, c’est un peu relou. Tu peux pas prévoir et te projeter.

Jacques, 64 ans : depuis le premier confinement je lis et j’écoute beaucoup de musique. C’est quelque chose qui est devenu ancré. Et comme je suis retraité, j’ai encore plus de temps.

Marie, 56 ans : beaucoup plus de lecture que d’habitude. Pendant le premier confinement, tout était fermé donc j’ai fait beaucoup d’échanges de livres avec des amis. Je ne suis pas du tout sur les plateformes, je regarde un peu les séries sur Arte, j’ai regardé En Thérapie... Narjis, 23 ans : mon métier de journaliste me donne la chance d’avoir accès à des endroits où d’autres ne peuvent pas aller. Je suis en permanence occupée donc ça me fait oublier le fait que je ne peux pas aller voir un match de foot, aller au ciné, au musée, dans des festivals. Sinon je compense pas mal via les réseaux sociaux et Netflix : je regarde ce que les artistes publient, des films et séries.

Nourhane, 32 ans : pour ce qui est du cinéma, je vais sur Internet classiquement. Et pour les concerts, j’ai commencé à regarder la chaîne Culturebox (la chaîne de France Télévisions, ndlr), je suis tombée sur des rediffusions de concerts qui étaient pas mal. Au niveau danse, il y a eu des choses sur Arte et France 5 où j’ai pu suivre des spectacles de l’Opéra de Paris c’était vraiment cool. Je me suis mise aussi à suivre un peu plus les artistes sur Instagram et Facebook, parce qu’il y en a pas mal qui ont fait des petits lives.

Pascale, 53 ans : je vais sur Culturebox pour regarder des concerts de temps en temps. Je me suis abonnée à plusieurs artistes sur YouTube où je regardais des morceaux en live ou des vieux clips, mais bon c’est pas le top. Les concerts à la maison, à la télé, c’est quand-même pas pareil. J’en ai regardé un l’autre jour, en entier, j’essayais de me mettre dans l’ambiance avec lumières éteintes comme en concert, mais ça n’a rien à voir. Être toute seule devant sa télé ne remplacera jamais la promiscuité, la chaleur des gens, être serrée à eux, avoir du mouvement. Cathy, 44 ans : hé bien… Je ne me réfugie pas du tout sur l’offre numérique et télévisuelle, ça me saoule. J’ai tenté une sortie de résidence via Zoom, et j’ai tenu 10 min, ça m’a saoulé. Donc l’alternative, y’en a pas tellement. Sinon je bouquine et je vois plein plein de copains, ça compte beaucoup comme compensation.

Juliette, 21 ans : je regardais beaucoup de séries et de films sur Netflix, Canal et Arte... Il y a des soirs, avec mon frère, on mettait de la musique à fond, on dansait et on essayait de faire la fête tous les 2 à la campagne. Ce qui est marrant c’est que maintenant, j’apprécie beaucoup plus la solitude. Le confinement m’a fait me rendre compte que je pouvais très bien être seule. Je pense d’ailleurs que tout le monde a dû faire avec en ce qui concerne ce rapport à la solitude. En tout cas, ça a changé mon rapport social. Sinon là je fais quelques soirées entre potes mais je fais gaffe parce que j’ai été cas contact 2 fois.

Carlos, 53 ans : j’achètais des disques. Je suis encore de ceux qui achètent des CD. J’aime pas trop les plateformes. Le dernier Gaëtan Roussel qui est superbe par exemple. Je compense comme ça. Je suis quelques live sur Internet. Y’a un mec qui fait des reprises de Prince et de Peter Gabriel, vraiment bon. Les concerts sur le net, c’est sympa, mais ça ne remplace pas les vrais. D’ailleurs le concert organisé par le Moloco dans une église était super. C’est à se demander pourquoi on ouvre les églises et pas les lieux culturels. On devrait se servir des lieux de culte pour y faire des concerts et y aller à fond.

Cinéma Cap Vert, Dijon.

Ta première sortie culturelle, ça sera quoi ? T’as des appréhensions ?

Louise, 17 ans : un gros festival avec plein de rappeurs !

Nourhane, 32 ans : je pense que ça sera de retourner au cinoche. Niveau concert, il y a un an je devais aller voir Vincent Delerm, il devait passer à Besançon et j’étais trop dégoûtée de ne pas le voir. Je devais voir Thomas VDB en spectacle aussi... Marie, 56 ans : aller écouter de la musique au Crescent avec des amis. Normalement, en juillet, il y a un festival plein air. Parfois il y a aussi des dégustations de vins locaux. C’est un endroit culturel accessible, pas cher du tout.

Linaël, 24 ans : j’ai envie d’aller en soirée et de boire des bières dans un bar. Pascale, 53 ans : le plus simple serait d’aller au ciné, ça sera le premier truc qui va rouvrir, mais moi ce que j’attends c’est l’ouverture des concerts! Je n’ai aucune trouille, j’ai confiance en les organisateurs, j’ai déjà fait 2 concerts en mode on fait attention, on a les masques, etc. Donc je sais que si c’est organisé, il y aura toutes les mesures barrières qu’il faut: si ça a lieu c’est que ça a été réfléchi.

« Ce que j’attends, c’est l’ouverture des concerts ! Je n’ai aucune trouille, j’ai confiance en les en les organisateurs»

PASCALE, 53 ANS, AMATRICE DE CONCERTS DE ROCK Au travail, on rencontre une dizaine de personnes toute la journée, on peut croiser une dizaine de personnes au ciné ou en concert, c’est pareil.

Huma, 18 ans : retourner au cinéma. Ca serait toujours quelque chose d’agréable d’y retourner mais on sait très bien que ça ne sera pas pareil avec les restrictions. On pourra pas être aussi libres qu’avant.

Cathy, 44 ans : je ne sais pas, peut-être Chalon dans la rue. Mais c’est quandmême en juillet, donc d’ici là je ne sais pas trop. En tout cas, je n’ai aucune appréhension sur le protocole sanitaire.

Narjis, 23 ans : je n’ai pas non plus prévu de faire quelque chose en particulier et j’ai pas plus d’appréhension que ça… Depuis plus d’un an je me dis qu’il faut vivre au jour le jour et dès que j’aurais une opportunité de sortie, je sauterais sur l’occasion.

Jean-Baptiste, 33 ans : peut-être un resto. Je pense que c’est ce que je vais faire en premier. Déjà parce qu’on va sortir de la routine et pour soutenir les restaurateurs. Dès que c’est rouvert je prend une place pour un festoch, je sais pas où et j’y vais, c’est sûr.

Juliette, 21 ans : en septembre, je vais partir en Erasmus en Espagne donc je vais forcément bouger et voir autre chose mais en attendant je n’ai pas de trucs prévus. J’aimerais bien faire des festivals s’il y en a cet été. Je ne sais pas si Risk (l’asso électro basée à Dijon, ndlr) va faire un truc, mais ça serait cool! Et puis j’attends d’aller au cinéma et voir des expos à fond.

Carlos, 53 ans : j’aimerais faire un gros concert en extérieur, un gros festival avec vraiment plein de monde. Ouais, ce serait bien. Certains se sont habitués aux masques, pas moi. Je le porte quand il faut, je respecte les gestes barrières... Mais j’en peux plus de ne pas pouvoir serrer des mains, de ne plus voir les visages. Avec les masques, je suis infoutu de reconnaître les gens, c’est un problème.

Lucas, 30 ans : j’y ai pas trop réfléchi. Rien qu’un concert sans qu’on me gonfle avec des masques et des distances... Je voudrais retrouver une ambiance, une façon d’appréhender le fait d’aller au spectacle sans peur. Bon, si tu me catapultes à la Route du Rock à 19h, avec une pinte à la main, une groupe que j’aime, et 5 ou 6 potes: oui, vas-y !

Claude, 61 ans : en premier je pense qu’on irait au restaurant et au cinéma. Et puis comme on va être vaccinés, on va reprendre une vie normale petit à petit.

// FC, JM, EL et CW.

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