Numéro #44 - Novembre 2011 - Toulouse - spiritmagazine.fr - zéro euro Culture
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Tourisme
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Habitat
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Mode
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Gastronomie
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Sorties
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Famille
SOMMAIRE
Spirit # 44
16 Ouvre-toit
Entre-nous
Rencontre avec Philippe Guionie
Le photographe toulousain explose. Et expose au Château d’eau sa série Africa-America, qui donne aussi lieu à un livre. Rencontre.
Promenade au cœur d’une architecture diablement novatrice. ▼
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Une maison en bois se découvre
28 Shopping
La fripe c’est chic Dans le domaine de la mode le rétro est roi.
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En ville
Se la jouer vintage
Robes, meubles, disques, livres : le rétro est tendance, le « seconde main » trop cool. Spirit est parti sur les traces des boutiques les plus vintage.
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La couv.
Échappée belle
Marrakech à double facette
La belle marocaine nous secoue dans un cocktail tradition-modernité. Des ruelles du souk aux galeries arty, pas question de se contenter d’un parcours balisé.
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Mode de vie
Dans la peau d’une Mom’preneur
Une nouvelle catégorie sociologique est née ! Celle des femmes entrepreneurs qui assument leur maternité. Spirit les a suivies toute une journée.
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Littérature
Tables & comptoirs
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Brunch attitude
Quand la matinée se la joue grasse et que l’appétit s’aiguise, le brunch l’emporte. Petit guide des ambiances sucrées-salées du week-end.
Le mot ?
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Dubois dans le texte La dernière livraison de Jean-Paul Dubois est arrivée ! C’est Le cas Sneijder. Avant de jouer les invités du Salon du livre de Toulouse, l’écrivain s’est confié à Spirit.
Cassandra da Chicha. Un joli nom d’artiste - en vrai c’est Isabelle Aubry qui sonne comme un héroïne d’Almodovar. Son univers n’en est pas si éloigné. La jeune photographe toulousaine - née à Buenos Aires expose pour la première fois au Vers Luisant ses clichés excentriques, poétiques (voir page 46). À la frontière de la mode et du rock underground, Doves & Songs tient du mix revigorant. © Doves & Songs Cassandra da Chicha
Numéro #44 - Novembre 2011 - Toulouse - zéro euro Culture
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Tourisme
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Gastronomie
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Sorties
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Famille
Indignés. Au pluriel, s’il vous plaît, parce que cette indignation-là est par nature collective. L’idée ? Il s’agit d’exiger une société plus démocratique où les préocupations des « sans-grade » seraient mieux considérées par les différents pouvoirs. Le ton ? Une pincée de fraîcheur dans la démarche, un soupçon d’humour sur les pancartes et une bonne rasade de colère dans la voix. Leur zone d’influence ? Le monde. Rien que ça ! Tout commence sur la désormais célèbre Puerta del Sol à Madrid. Un rassemblement spontané fait parler de lui à la veille des élections régionales espagnoles. La presse les appelle « Los Indignados », les journalistes faisant référence au petit livre signé de la main de Stephane Hessel*. Au départ, ils ont des revendications essentiellement locales. Mais très vite, leur voix s’élève. Partis d’Espagne, les Indignés essaiment dans les principales villes de la planète. Les titis parisiens sont séduits. Les Londoniens leur emboîtent le pas. Les artisans du « printemps arabe » rejoignent le mouvement. Que dis-je, cette vague de contestation ! On retrouve certains indignés dans d’improbables endroits : Genève, Montréal, Tel Aviv ou encore à Koweït City... Bref, 700 villes s’y retrouvent. À Toulouse, c’est sur la place du Capitole qu’ils ont tenté de s’installer chaque soir à 19 h avec un petit goût de Motivée-s dans la bouche. Il s’allongent sous le balcon de la mairie, avec comme slogan « La démocratie est morte, couchons-nous ! » Le 15 octobre dernier, les Indignés se sont mobilisés pour une journée mondiale de la colère. Mais en France, le bilan est mitigé. Contrairement à New York, où ils ne lâchent rien et portent le nom d’Occupy Wall Street. Indigné passe mal dans la langue de Shakespeare. Avec ce dernier « coup », leur pari médiatique est gagné. Cette nouvelle espèce de révoltés est devenue la coqueluche des médias qui adorent leur fraîcheur et leurs doléances tellement XXIe siècle. Inventif, créatif, attachants, légitimes et souvent victimes d’une répression arbitraire, les Indignés n’ont pas de mal à ouvrir les JT. Et après... que ferons-nous ? \ Léa Daniel \ * Rappelons-nous, son manifeste sorti comme un cadeau de Noël en 2010. Il était déjà en rupture de stock quelques jours après sa parution.
SPIRIT est un magazine gratuit édité par Urban Press, www.urban-press.com - 18 rue des Couteliers, 31000 Toulouse - tél. 05 61 14 03 28 - fax. 05 61 14 25 22 - info@urban-press.com Retrouvez Spirit sur www.spiritmagazine.fr Directeur de la publication : Laurent Buoro - Directeur du développement : Loïc Blanc - Rédaction : Séverine Clochard, Léa Daniel, Carole Lafontan, Lionel Nicaise, Baptiste Ostré, Stéphanie Pichon / Graphisme : Julie Leblanc, Pascal Eudes, Christophe Gentillon / Ont collaboré à ce numéro : Christian Authier, Marc Bertin, Loïc Blanc, Isabelle Bonnet-Desprez, Christel Caulet, Églantine Chabasseur, Karine Chapert, Thomas Delafosse, Isabel Desesquelles, Julie Duquenne, Hadrien Gonzales, Karine Jamin, Aurélie Jardel, Valérie Lassus, Anne Le Stang, Hakima Lounas, Alex Masson, Nicolas Matté, Cécile Maury, Gilles Rolland, Emmanuel Scheffer, Laurent Sorel, Virginie de Vinster / Photos : Matthieu Borrego, Nicolas Fleuré, Polo Garat, Arnaud Saint-Germes / Publicité : Damien Larrieu, Sophie Hemardinquer + 33 5 61 14 78 37 / pub@urban-press.com / Administration : adm@urban-press.com / Imprimerie : Roularta (Belgique). Papier issu des forêts gérées durablement (PEFC) Dépôt légal à parution - ISSN : 2116-3146 L’éditeur décline toute responsabilité quant aux visuels, photos, libellé des annonces, fournis par ses annonceurs, omissions ou erreurs figurant dans cette publication. Tous droits d’auteur réservés pour tous pays. toute reproduction, même partielle, par quelque procédé que ce soit, ainsi que l’enregistrement d’informations par système de traitement de données à des fins professionnelles, sont interdites et donnent lieu à des sanctions pénales. Ne pas jeter sur la voie publique.
Spirit # 44 / 3
c’est dans l’air
Mario Don Juan © DR
22 au 27.11
Martine Camillieri
théâtre
Ce ne sera sans doute pas LE film de l’année. Vous lui trouverez peut-être même un air de déjà-vu. Pourtant, vous auriez tort de passer à côté. Car Olivier Nakache et Éric Toledano, les réalisateurs de cette fresque menée tambour battant, réussissent à redonner leurs lettres de noblesse à la comédie française : sincérité et sobriété, des valeurs perdues depuis longtemps dans les films du genre. Alors, on ne boude pas son plaisir. On suit avec bonheur ce duo improbable, un quinquagénaire bourgeois, devenu tétraplégique après un accident de voiture, et un jeune type issu de la banlieue. Et on se divertit. Tout simplement.
Et de deux ! La Petite a tenu le pari, renouveler l’invitation aux grands frères de Lyon et leurs Nuits Sonores gigantesques pour en faire un événement plus confidentiel mais aussi costaud. Ici à Toulouse. Du bruit, du son, des interventions, des installations et surtout l’art de mêler l’improbable au créatif. Il va falloir être mobile pour suivre le programme touffu et nomade, à mille lieues du déroulé classique d’un festival musical. Du Bikini au Lieu Commun, de la patinoire Jany à la Halle aux grains, se bousculeront Death in Vegas, Silver Apples, Chilly Gonzales, Souleance... Nos nuits mais aussi nos jours risquent de résonner très fort.
Ces installations ont l’air d’un big bazar sorti tout droit de nos cuisines, de la chambre des enfants ou de la cabane de jardin. Assemblage savant et coloré, ces objets du quotidien sont retournés, superposés, empilés, renversés, suspendus, accumulés. Des autels poétiques et esthétiques érigés à la gloire de notre nouvelle religion : la consommation. Avec tendresse et ludisme, l’artiste plasticienne pose la question de notre finitude : que restera-t-il de nos existences matérialistes, de nos accumulations oubliées, que restera-t-il de nous ?
C’est le plus toulousain des écrivains français à succès. En cette rentrée littéraire, JeanPaul Dubois sort son nouvel opus, attendu comme la fraise au printemps ou la neige en décembre. Le cas Sneijder s’exile un peu au Canada sans s’éloigner trop de la chaleur du Sudouest. Avec ses 60 éditeurs et ses 90 auteurs invités, le salon du livre de Toulouse Vivons Livres ne pouvait pas passer à côté de l’occasion. Jean-Paul Dubois y sera donc en voisin, et en dédicace le samedi 5 novembre. Nous aussi !
Ainsi font, font, font, 22 compagnies, autant de spectacles. Ainsi font, font, font, Marionnettisimo ! Prenez place à Tournefeuille, siège du festival. Installez-vous confortablement et laissez-vous aller au charme de ces personnages animés, à la chaleur d’un théâtre de proximité. Un festival à découvrir en famille, mais pas que... Car ces nouveaux artistes n’ont pas forcément le goût unique du théâtre d’enfants. Mariée à la danse, aux arts plastiques ou au cirque, la marionnette joue les têtes chercheuses et se coltine au contemporain. Bravissimo !
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Jean-Paul Dubois
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Marionnettissimo
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Jean-Paul Dubois © Lee Dongsub
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Dusty Kid © DR
Les Intouchables
Du
5 et 6.11
Nuits sonores
Livre
Du 3.11 au 31.12
Festival Expo
Du
Cinéma
2.11
Les
5
3 au 6.11
3
Le
1
Beauty Bomb © Martine Camillieri
© Gaumont Distribution
give me
S’il fallait en retenir 5, voici les événements qui méritent une place dans votre agenda.
c’est dans l’air
L’image du mois
111 artistes
Les tontons fraudeurs Le Toulousain faisait jusquelà figure d’honnête voyageur, tendance fayot des régies de transports. 3,1 % de fraude en décembre 2010, de quoi laisser rêveur la TBC à Bordeaux et ses 15 % de fraudeurs ou Marseille et ses 100 000 resquilleurs par jour. Mais ça, c’était avant ! Avant le tram et ses quais accessibles en libreservice. 15 % des utilisateurs déclarent aujourd’hui y monter sans payer, selon une étude faite par Tisséo. Du coup, il y a neuf fois plus de contrôleurs que dans le métro. Mais là aussi, la resquille s’organise. Depuis le printemps dernier est apparue l’application iPhone Un Ticket Toulouse, également disponible à Paris, Lille et Lyon, en téléchargement gratuit. On y apprend à quelles stations sont situés les contrôleurs, la communauté de voyageurs faisant figure d’informateurs en temps réel. Pour l’heure, elle n’en a pas séduit assez pour être vraiment fiable. Le Toulousain aurait-il des remords ?
111 œuvres à 111 e. Dans cette suite de « 1 » l’asso « les 111 des Arts » de Toulouse en rajoute une couche en fêtant cette année ses 11 ans en 2011 ! Au profit des enfants malades, l’expo-vente ouvre le 17.11 à l’Hôtel dieu.
Scène de deuil Le noir de sa façade n’aura jamais été aussi approprié. Depuis le 30 juin, le Théâtre de la Digue a fermé définitivement, faute de subvention. Soufflé par AZF, ce lieu mythique de la Croix de Pierre avait pourtant réouvert en 2004, avec des installations toutes neuves. Il ne programmait plus, mais accueillait des compagnies en résidence. C’était surtout l’héritier du fameux Grenier de Maurice Sarrazin (qui a trouvé refuge à Tournefeuille). Un pan de l’histoire toulousaine se tourne.
Quine on the rock Si on vous dit « Ikebana music », vous pensez musique du monde, organisation de soirées, promotion d’artistes… Pas vraiment « loto » ! Et pourtant, le 15 novembre, la Dynamo ne vendra pas des places de concert mais bien des cartons à 3 euros avec panier garni d’instruments de musique pour les gagnants. Exit les jambons. Va falloir veiller aux grains de maïs pour décrocher les balafon, derbouka ou chekerês (premier prix), le filet de productions discographiques toulousaines (deuxième prix), une tournée des restos de la ville ou des places de concerts et festivals. L’opération « déringardisation » du loto, version kermesse culturelle du XXIe siècle, ne serait pas complète sans un vrai repas chaud à la place des saucisses grillées et un DJ pour chauffer les compétiteurs. Un seul cri de ralliement : Quine ! 15.11, 19h, La Dynamo, 6 rue Amélie, entrée gratuite www.ikebanamusic.com
Affûté comme un Toro Quand on pense à un couteau Laguiole, on l’associe à l’abeille sculptée dans le métal, juste à la base de la lame. Une signature ! Mais il fallait être nouveau venu sur le marché, pour détourner la tradition centenaire et imposer la silhouette massive du taureau à l’insecte délicat. La Fonderie de Laguiole, nouvellement créée par trois « Occitans » - c’est eux qui le disent -, mise sur le luxe pour conquérir le marché. Exit la corne. Pour son Toro, un manche en bronze, brillant, sculpté, un brin tape à l’œil. Certes l’animal se croise pas mal du côté de l’Aubrac, sur les plateaux aveyronnais, mais celui imaginé par le sculpteur Gilles Ducleroir, semble plutôt taillé pour couper dans l’habit du torero. Tendance Sud Est. Le communiqué nous dit qu’il a été conçu pour trancher dans le roquefort. Dont acte. www.fonderie-de-laguiole.com
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La seconde vie de la Rue de Metz Habitat, Marithé François Girbaud, Repetto, Kristina Popovitch… Un vent de luxe souffle sur la rue de Metz. Du Monument aux morts au Pont-Neuf, cette artère d’un kilomètre vieille de plus d’un siècle étouffait d’automobiles, et n’avait plus vraiment la cote auprès des commerçants. Ces derniers mois, les piétons s’y aventurent davantage. Normal, c’est la nouvelle « adresse chic » des enseignes branchées. Le pendant luxe de la rue Alsace-Lorraine, sa voisine et rivale. Il y a de quoi attirer les marques : de belles superficies, des façades haussmanniennes, la proximité avec les rues plus intimes des élégants quartiers de St-Georges et St-Étienne… Et pour couronner le tout : le Grand Hôtel fraîchement inauguré. Qui rêver de mieux comme voisin pour son commerce ? Les prix s’en ressentent : là où le droit au bail avoisinait les 70 000 e il y a cinq ans, il se négocie aujourd’hui jusqu’à 600 000 e. Une bonne nouvelle pour les enseignes historiques qui voudraient vendre leurs locaux. L’épicerie fine La Bonne Maison ou l’agence Thomas Cook feraient partie de la liste, nous a-t-on dit.
Le vélouze passe au Pastel
© Patrice Nin - Mairie Toulouse
Petit à petit Vélôtoulouse trouve ses marques, comme s’il prenait son temps pour rouler au rythme des Toulousains. Converti aux horaires de nuit depuis juin, la bicyclette rouge s’accorde désormais aux tons Pastel de Tisséo. Depuis le 5 octobre, la carte d’abonné aux transports toulousains prend aussi en charge les abonnements au mois et à l’année au Vélôtoulouse. Résultat : les « Pastelisés » ont droit à une réduction de 5 euros sur l’abonnement vélo annuel, qui passe ainsi de 25 à 20 euros. Et le portefeuille s’allège d’une carte magnétique. Pour ceux qui voudraient se convertir au Pastel, il en coûte tout de même 6 euros de frais de fabrication. Quant aux cyclistes occasionnels, rien de changé. C’est toujours 1 euro la journée, 5 euros la semaine. Une carte bleue, un p’tit ticket et c’est parti.
Pas mâle du tout...
Quand deux boutiques qui s’adressent aux garde-robes masculines, ouvrent en même temps à Toulouse l’une en face de l’autre, on se dit que ce n’est peut être par le fait du hasard. Et bien si ! « Vicomte A » et « Victor&Victor » n’ont rien en commun si ce n’est d’avoir opté pour le chic et la qualité, en sortant de la panoplie jean-basket. Côté pair, la flamboyance. La boutique Vicomte A défend fièrement une ligne acide colorée. Polos bicolores, pantalons en velours fuchsia, la collection ose le flashy, comme pour mieux retarder l’arrivée de l’hiver. Côté impair, la sobriété. La boutique du styliste Guillaume Courrèges,Victor&Victor, joue la carte du sombre, mélangeant les marques avec un petit note de rock. Question d’humeur. \ L. N. \ Vicomte A, 4 rue Boulbonne, 05 62 88 62 65, Victor&Victor, 9 rue Boulbonne, 05 62 17 51 59
c’est dans l’air
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Toulouse marquée du sceau de « l’aéro » ne pouvait échapper longtemps à un festival dédié aux avions et aventures spatiales. C’est chose faite depuis l’an dernier avec Des étoiles et des ailes, le festival aérospoatial de l’image et du livre. En direct de l’aéroport de Blagnac, on y verra quelques vieux coucous sur le tarmac, une exposition Saint-Exupéry, des ateliers pour minots, un salon du livre, des projections, un concours photo. Le mot d’ordre cette année, « vols à toutes altitudes ». Décollage le 17 novembre. 17 au 20.11, Blagnac, aérogare d’affaires, entrée gratuite www.desetoilesetdesailes.com
23 novembre ça y est le village des marques de Nailloux ouvre enfin. Des mois qu’on marine pour connaître le nom des boutiques fashion pas cher. Seule certitude : le rugbyman Fabien Pelous y ouvre une brasserie.
En
VUE
1/ © Aurélie Escudier - 2/ © Fonds Eugène Trutat Toulousains de Tlse aux Archives Municipales de Tlse.Domainepublic
À tire d’ailes
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130 ans les séparent Non, la Garonnette n’a pas toujours été un bon spot pour se garer mais un vrai bras de rivière. Oui, les quais de la Garonne accueillaient plus de bateaux de pêcheurs et de commerce que d’étudiants jongleurs ou de travailleurs en pause sandwich. Dans un « avant-après » saisissant, les diptyques du concours photo lancé par le Muséum de Toulouse éclairent l’histoire de la ville sur le thème : « Sur les traces toulousaines d’Eugène Trutat, 130 ans plus tard ». Le monsieur fut en son temps le premier conservateur du Muséum, et un pionnier de la photographie. Des dizaines de Toulousains lui ont répondu par image interposée, déposés sur Flickr là où Trutat utilisait des plaques négatives. Une exposition de 10 duos d’images qu’un siècle sépare est accrochée jusqu’au 7 novembre dans le grand hall du Muséum. Cinq ont été choisis par un jury de pro, cinq autres par les internautes. C’est au public que reviendra la désignation finale du gagnant. À vous de voter ! Exposition au Grand Hall du Muséum, entrée libre, vote du public les 6 et 7.11, www.museum.toulouse.fr
Hervé Ferrage, l’artisan des lettres Pas de bibliothèque dans le salon d’Hervé Ferrage. Mais des livres par milliers dans la vie de l’organisateur du Salon du livre de Toulouse où pas moins de quatre-vingt-dix auteurs se presseront pendant deux jours. Certes, pour défendre leur livre mais aussi peut-être, pour répondre présent à un homme qui sait les lire et créer autour de leurs œuvres, le rendez-vous où il faut être. Modeste et discret, Hervé Ferrage travaille dans l’ombre mais l’impulsion qu’il a donné depuis son arrivée à la direction du Centre Régional des Lettres en 2007 est manifeste. Ce normalien, agrégé de lettres aime la poésie, et d’abord celle de Philippe Jaccottet. « Je voulais faire ma thèse sur quelqu’un de vivant. Le monde contemporain est mal en point, autant y faire quelque chose d’intéressant. » Suivra un livre publié aux PUF, Le pari de l’inactuel. Et comme il est un « monomaniaque grave », il achève actuellement pour les célèbres éditions La Pléiade un cahier critique sur le poète. S’il a un père ariégois et des aïeux toulousains, Hervé Ferrage a d’abord enseigné la littérature six ans en Picardie, ce qui l’a convaincu de... ne pas y rester. Il part à New York puis à Washington pour le ministère des Affaires Etrangères. « J’aime bien être ailleurs, généralement. » Ensuite, c’est Londres et le Bureau du Livre à l’Institut Français. « Mon travail consistait en partie, à soutenir la traduction d’auteurs français. » Hervé Ferrage ne le dira pas mais les auteurs, et leurs éditeurs lui sont fidèles. Et ceux qu’il aura croisé un jour loin de Toulouse reviennent tout naturellement là où il continue à défendre la littérature qu’il aime. Fait assez rare pour être souligné, il fait l’unanimité. Ce que c’est que d’être efficace, courtois et déterminé ! Last but not least, un humour incisif. On ne se trompe pas à le suivre. \ I.D.\ Son actualité : Vivons livres, les 5 et 6.11,
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C’est le nombre de chefs étoilés en Midi-Pyrénées. Dans ce club très prisé, un seul trois étoiles, Michel Bras à Laguiole, suivi sur la deuxième marche par deux Toulousains, Michel Sarran et Yannick Delpech pour l’instant encore en panne d’Amphitryon.
c’est dans l’air
Le Py-r brigue l’étoile
PSSST C’est la Rumeur !
Par Christian Authier et Stéphanie Pichon
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© iStockphoto
es grosses marmites aux assiettes de porcelaine blanche, le bruit circule tel le fumet d’une sauce savoureuse : qui seront les nouveaux étoilés Michelin ? À qui le petit livre rouge décernera t-il la première étoile, celle qui fait basculer un destin culinaire, qui emmène les cuistots dans les hautes sphères de la Grande cuisine française ? Verdict cet hiver. Mais en attendant, les pronostics vont bon train et le Py-R avance en chouchou. C’est que Pierre Lambinon a tout du bon profil. Ouvrir un resto de poche en famille - le frère et le pote d’enfance sont de la partie - oser quitter la cuisine des grands chefs, celle de Ducasse entre autres, à Monaco et Londres, pour se lancer seul dans le centre toulousain, avoir le culot d’oser une cuisine inventive sobre et raffinée à 25 ans à peine. Certains y retrouvent des accents « ducassiens », d’autres célèbrent la sobriété et la justesse des mets. Dans tous les cas, c’est un petit phénomène dans le landerneau culinaire toulousain. Suffisamment pour attirer l’attention des inspecteurs de la maison Michelin, ces hommes de l’ombre qui avancent toujours incognito, payent leurs notes et entretiennent les fantasmes. Selon l’histoire officielle, les établissements sont visités en moyenne au moins une fois tous les 18 mois. Les critères : accueil, décor, service, qualité des produits, maîtrise des cuissons et des saveurs, créativité et personnalité de la cuisine. Assez vague pour laisser place au subjectif. Voilà pour la version officielle. Mais des polémiques lancées notamment par Pascal Rémy, un ancien inspecteur du guide rouge, ont levé le voile sur quelques petits arrangements, comme des restaurants notés alors qu’ils n’avaient pas encore ouvert. Selon Pascal Rémy, ils étaient seulement cinq à couvrir l’hexagone en 2003. Quinze, rétorque le Michelin, vexé. Impossible de savoir s’ils sont déjà passés par la table du Py-r. Ce qui est sûr c’est qu’en cas de « qualification » le restaurant risquerait de prendre quelques euros de plus au menu. À chaque couronnement c’est la même histoire : les notes augmentent de 25 % en moyenne, les réservations explosent. Le Py-r serait donc à fréquenter illico, avant les honneurs. À moins que le Michelin, trop souvent taxé de prévisible, ne prenne tout le monde à contre-pied. Et repousse à plus tard l’étoilage de Lambinon. Le jeune chef n’est pas le seul sur la liste des potentiels étoilés en 2012. Mo Bachir, installé au restaurant du Palladia finira bien par décrocher la timbale, Jérémy Morin du Metropolitan en mériterait une seconde et, si le Michelin était moins balourd, Sarah Truong-Qui de L’Empereur de Huê serait depuis longtemps couronnée. À suivre.
Un patin ?
Avec l’ouverture de la nouvelle patinoire Alex-Jany, Toulouse renoue avec le patin. Plages horaires étendues, tarifs adoucis, gratuité élargie, on ne se prive pas d’un plaisir hivernal. Quitte à se prendre quelques gadins.
Ze
BUZZZ 10 / Spirit # 44
Nous sommes tous des artistes
10 ans que Cugnaux joue la carte de l’art pour tous avec Artempo. Attention, ici on ratisse large, des gamins aux professionnels, des amateurs éclairés aux touche-à-tout du dimanche. 50 œuvres seront retenues. Inscriptions jusqu’au 01.12.
L’émergence submergée
4 petits mois et puis s’en va. Le squat L’émergence n’a pas eu le temps de s’installer qu’il a été évacué début octobre. 71 artistes s’y étaient arrêtés.
Delarozière, le vrai-faux retour Il revient à Toulouse nous annonce-t-on en fanfare. Mais François Delarozière ne l’avait jamais vraiment quitté avec ses ateliers de l’Usine de Tournefeuille. Seule nouveauté : il rapatriera bientôt ses 200 « machines » de Nantes à Montaudran.
La télé à papa, c’est fini
Le 8 novembre toute la région passe à la télé numérique. Émetteurs éteints, et écran noir au petit matin pour les retardataires de la TNT. Et si c’était l’occasion d’arrêter ?
© Julie Balague
Philipe Guionie photographe franc-tireur Il y a dix ans, Philippe Guionie exposait pour la première fois à Toulouse une poignée de photos dans un restaurant d’Arnaud-Bernard. Aujourd’hui, le photographe prend ses quartiers au Château d’Eau avec une nouvelle exposition Africa-America. Ce sont des images et c’est toute une histoire. Ce sont des traces d’hommes, aujourd’hui, qui racontent hier. Philippe Guionie nous offre cette mémoire et c’est précieux. Propos recueillis par Isabel Desesquelles On vous présente comme un photographe toulousain, mais nomade alors ! Après l’Afrique et ses trois grands fleuves, vous venez de sillonner la Cordillère des Andes. Et c’est à Toulouse que vous offrez la primeur de votre travail. Tout a commencé à Gorée, cette île au large de Dakar. J’y étais pour un travail précédent sur les tirailleurs sénégalais. Boubacar Joseph N’diaye était l’un d’eux, un ancien d’Indochine. Pendant un demi-siècle, il s’est occupé de la Maison des Esclaves sur l’île. Là, il m’a raconté le commerce transatlantique des esclaves et évoqué ces diasporas noires, bien vivantes, de l’autre côté de l’océan. Cette africanité, on la connaît au Brésil ou dans les Caraïbes, on sait moins qu’on la trouve aussi au Vénézuela, en Colombie, en Équateur, au Pérou, en Bolivie, au Chili. Ça a suffi pour que je parte à l’aventure. Tout ce que j’aime était réuni : une histoire humaine, une mémoire méconnue, un vaste territoire. C’est aussi une quête. Je m’invite dans une histoire qui n’est pas la mienne. Il ne s’agit
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pas d’imposer mon regard ou de culpabiliser mais de proposer et « réveiller nos consciences oublieuses », comme disait Senghor. J’ai un grand-père, il a cent ans, il est le dernier survivant des mines d’ardoises de Travassac en Corrèze. Qui en parle encore ? C’est important pour vous le passé. Vous êtes, si on peut dire, résolument argentique ? Argentique ou numérique, peu importe. Ce sont des débats de fabricants, pas de photographes. On ne demande pas à un écrivain s’il est Mac ou PC ! Disons que le numérique rassure, on appuie et on regarde. L’argentique, c’est une image latente. Pour moi, la disponibilité fait la photo. Cette capacité d’être à l’écoute est la plus grande qualité pour un photographe. Aujourd’hui, il y a une frénésie dans l’acte de photographier. On met ça dans le disque dur, on ne le regarde même pas et on n’y pense plus. C’est à l’opposé de ce que je fais.
entre nous
« Aujourd’hui, il y a une frénésie dans l’acte de photographier. C’est à l’opposé de ce que je fais. » Une exposition, un film, un livre Jusqu’au 31.12, exposition photographique à la galerie du Château d’Eau. En décembre également, projection à Utopia Tournefeuille du documentaire Les quarante-trois tirailleurs. Dédicace : le 22.11, 18h à la librairie Terra Nova
C’est ce que vous enseignez à vos étudiants à l’ETPA, l’école de photographie de Toulouse ? J’essaye de développer leur sens critique, de leur donner une approche philosophique de la photographie et des photographes. Je me vois comme un coach. Je crois beaucoup à l’oralité et pas au « mes photographies parlent pour moi ». Je ramène de tous mes voyages des travaux des photographes locaux. Pour vous, n’y a-t-il que la photographie qui compte ? Non, ce n’est pas hermétique la photographie, il y a aussi le cinéma, la peinture et la littérature. Bien sûr, c’est important une exposition, surtout dans un très beau lieu comme la galerie Château d’Eau mais c’est éphémère. Alors que le livre reste. Il y a aussi l’image sonore. J’ai toujours un micro quand je photographie. Il me donne plus qu’un son, c’est une trace supplémentaire. Comment êtes-vous dans le vif de l’action ? Je fais une drôle de chorégraphie avec un appareil photo accroché à l’épaule, un autre autour du cou et mon micro. Avant de photographier, je mentalise beaucoup. Je suis devant un homme, une femme, je suis dans l’empathie mais il faut une certaine distance aussi. Est-ce je dois être à deux, trois, quatre mètres ? Estce que je vais photographier son visage comme un paysage ? C’est un constat et un questionnement. Les portraits que je fais sont simples, certains disent classiques, leur seule prétention est de s’inscrire dans le temps. Vous avez eu votre premier appareil photographique à quel âge ? Tard. Je suis né à Brive et pour moi, en Corrèze, il n’y a eu longtemps que le foot, le foot, le foot. Aucun livre chez mes parents, encore moins des livres de photographie. On ne partait pas en vacances. Les premières, j’avais quatorze ans. En Charente. Un oncle m’a offert un petit appareil, un jetable mais au retour, je l’ai posé. Ce n’est que onze ans plus tard, que j’ai commencé à photographier. Encore une fois, il aura fallu que je parte ailleurs. Cette fois en Afrique. Officiellement, c’est encore à l’occasion de vacances ; officieusement, pour ce qui deviendra le début de mon travail sur les tirailleurs. Vous avez alors vingt-cinq ans et vous vivez à Toulouse. Oui. De Brive, l’ailleurs, c’était Toulouse. J’ai passé trois ans à étudier l’histoire à la cité universitaire Chapou aux Ponts-Jumeaux. Immergé dans les communautés d’Afrique qui habitaient beaucoup trop loin, pour rentrer à la maison le week-end. Il y avait là pour moi un condensé du monde et tout d’un coup, j’en faisais partie. Le dimanche, on organisait des coupes du monde de football, sur un terrain de dix mètres sur dix. Pour la première fois, j’avais la sensation d’exister. Pas seulement de vivre. Puis il y a eu le premier voyage. À Cotonou, chez Evariste, un ami béninois. Le premier à m’avoir parlé des tirailleurs sénégalais. Je voulais rencontrer ces hommes. Je bricolais avec mon Rolleiflex. En gros, j’appuyais sur le bouton, à l’intuition. Le portrait s’est imposé, des instantanés très posés. Au retour, j’ai exposé quelques photos au Zèbre, un restaurant où Evariste était plongeur. Des amis m’ont persuadé d’envoyer les photos au magazine Réponses Photo. Je l’ai fait, comme une bouteille à la mer. C’est alors que vous vous improvisez cuisinier. Oui. J’arrête les études d’histoire-géo et je passe mon temps au Tacad’oli, un café concert rue Valade, là où il y a Le Nain Jaune maintenant. De nouveau, ce condensé d’ailleurs, avec des Gitans, des Espagnols, des Africains. Le fil rouge, c’était la musique. J’étais cuisinier, barman, homme à tout faire. Cinquante couverts, un plat chaque soir pendant neuf mois. On choisissait
le plat en fonction de la musique programmée. Tous les aprèsmidis, j’appelais ma grand-mère. Elle partageait avec moi ses secrets de cuisinière. Civets de lapin, goulash, elle me guidait et après j’accommodais selon les plats. Vous vous en sortiez comment aux fourneaux ? Le premier soir, c’était des musiciens Gnawa et j’ai fait un tajine de légumes. On m’a dit que les carottes étaient un peu trop craquantes ! Je travaillais beaucoup l’esthétique des assiettes, les formes, les couleurs et quand je levais les yeux, il y avait des gueules. Elles racontaient des histoires d’hommes venus de partout. Nuit après nuit, je les ai écoutées et je m’endormais heureux. Votre bouteille à la mer est repérée par Willy Ronis. Elle vous vaut une première double page dans Réponse photo. Plus tard, ce sera le prix Roger Pic. Depuis 2003, je fais partie de ceux qui vivent de la photographie. Ce que je veux, c’est faire le constat d’une humanité, des humanités. Poser des visages dessus. Et d’abord, pour ceux qui ne veulent pas les voir. Afin que les historiens continuent à travailler avec, comme pour les tirailleurs et cette francophonie, qu’on a tendance à considérer comme révolue. Ils sont encore là, ces hommes ! Et moi, j’ai besoin de savoir qu’ils existent. Mon prochain travail sera sur les Peuls, les derniers nomades de l’Afrique Subsaharienne. Comme Camus, « j’arrive où je suis étranger.»
Guionie en cinq rencontres 1- Willy Ronis… En me publiant pour la première fois, Willy Ronis m’a sorti du lot. Nous nous sommes rencontrés une heure, place des Abbesses. Depuis, à chaque exposition, mes premiers mots sont pour lui. C’est important de savoir ce que l’on doit et à qui on le doit. 2- Boubacar Diop… En Casamance, je rencontre Boubacar Diop. Un vieux tirailleur très vindicatif, très en colère. Pour lui, j’incarne cette France qui a négligé ses soldats. Leur pension de retraite. Toute sa vie, tous les jours Boubacar Diop a écouté RFI. Et il répétait : « Pourquoi on nous a oubliés ? » 3- Jean-Christophe Rufin… Alors qu’il est ambassadeur de France au Sénégal, Jean-Christophe Rufin découvre mon travail. C’est un passeur et un lien avec mon travail photographique autour de destins individuels. Et le sien, de destin, est fort. C’est pour cela que j’ai voulu qu’il préface mon livre. 4- Juan Valentin Vasquez… Je suis au Vénézuela pour les fêtes de la Saint-Jean. Je rencontre Juan Valentin Vasquez dans la rue. Son père, son grand-père viennent du Congo. De par ses ancêtres, cet homme est le seul à avoir le droit de porter un masque qui représente le diable. Je le photographie devant une voiture, qu’on appelle une vieille américaine. Une photo emblématique de la série car elle associe bien les deux mondes Africa-America. 5- Christian Caujolle… Christian Caujolle, je l’ai beaucoup lu, avant de le voir. J’ai aimé ses mots avant de lui serrer la main. C’était à Sète, au Festival Images Singulières. Je me souviens d’un homme fumant une cigarette sur un quai. Lui aime la photographie mais aussi les photographes.
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mode de vie
24h dans la peau d’une mom’preneur Elles ont la trentaine, donnent le biberon pendant qu’elles montent leur business plan. Leur credo : un boulot créatif et flexible pour s’occuper de leur dernier-né. Leur nom de code : les mom’preneurs. Spirit a vécu 24 heures au rythme schyzophrénique de cette nouvelle espèce de wonderwomen. Par Julie Duquenne et Stéphanie Pichon 7h30 L’iPhone sur la table du petit déjeuner, Virginie* vérifie ses courbes de vente en ligne pendant que le petit avale son biberon. Au cours de sa grossesse, elle s’est mis à tout redécorer. Un déclic. Depuis, elle a créé SA ligne de déco enfantine. Son cas n’est pas isolé. L’e-commerce tendance déco, cosmétiques, bio et enfants, est le secteur préféré de cette nouvelle race de businesswomen acquises au statut d’auto-entrepreneur qui a amplifié le phénomène. Être maman à 100 % et chef d’entreprise ne semble plus insurmontable. Il fallait bien trouver une solution dans un pays à la fois champion de la natalité (deux enfants par femme en moyenne) et d’activité des femmes (80 % des mères travaillent).
fois que Virginie le traîne à ses rendez-vous. Au premier abord, ça surprend mais ses contacts se montrent compréhensifs. Cela fait partie de son style après tout, maternité assumée mais mentalité de winneuse dure à la négociation. En plus, avec sa bouille d’angelot blondinet, Romain les fait tous craquer !
9h Ouf, la maison est vide, tout le monde est parti, la journée de travail peut vraiment commencer ! Comme Virginie ne s’est pas encore aménagé de coin bureau dans l’appartement envahi par les jouets, elle « checke » ses emails depuis le salon de thé d’en bas, ou sur la table de la cuisine. Facebook pallie le manque de réunions entre collègues. Elle y échange les news quotidiennement avec d’autres businesswomen dans son style. En Midi-Pyrénées, le réseau Mom’preneur, qui existe aussi au niveau national, s’étoffe sérieusement. Tant mieux, ça fait du soutien les jours de déprime.
16h30 La comptable appelle, il lui manque des papiers et ça devient urgent. Sur le vélo, avec son enfant sur le porte-bagage, elle manque de griller le feu rouge. Mieux vaut faire une pause au jardin d’enfants. Et hop, un petit tour au manège pendant qu’elle envoie trois e-mails. C’est vrai que ce n’est pas vraiment son truc, les chiffres. Elle n’a jamais eu à gérer ça dans son ancienne vie.
11h C’est l’heure du « Mam’café », le rendez-vous mensuel de ces nouvelles working mum. Le temps d’un p’tit noir, elles y partagent les galères avec la comptable, les jonglages avec les horaires de la nounou, les stratégies marketing. Cette fois-ci, un spécialiste du référencement est de la partie. Il explique à Virginie pourquoi ses ventes en ligne de doudous bio ne décollent pas. « Ça nous apprend plein de trucs et ça nous rebooste en cas de baisse de moral », explique Séverine, une autre mom’preneur qui vend des produits liés à la maternité. 12h30 Coup de tonnerre. La crèche vient d’appeler : Romain*, deux ans, est malade. Pas de panique, il sera de la partie au repas d’affaire avec le fournisseur de tissus japonais. Ce n’est pas la première
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15h La meilleure heure pour aller faire ses courses à Monop’ en toute tranquillité. C’est ça, la liberté : s’éviter les queues, organiser son temps de travail, oublier les rushs du vendredi soir 19h30 pour alimenter toute la famille. Le téléphone sonne dans le rayon surgelés, c’est le banquier. Virginie laisse tomber ses pizzas et quitte dare dare le supermarché. Le repas du soir, ce sera pour plus tard.
Comment reconnaître une mom’preneur ? • Son iPhone sonne non stop, toujours à portée de main pour suivre les courbes de ventes de son site web. • Sa poussette l’accompagne à tous ses rendez-vous. Avec un peu de chance, c’est aussi la table à langer qu’elle dégaine.
21h Les enfants sont couchés, c’est le moment de réattaquer. On ne se plaint pas, on garde le cap. Choisir son emploi du temps, ça signifie aussi l’adapter à son enfant. Et c’est parfois le conjoint qui trinque. Depuis deux mois, c’est lui qui renfloue les caisses de la micro-entreprise et se tape des soirées plateaux-télés pendant que Virginie tapote sur son clavier. Pas de cinéma, ni de restaurant non plus, le mode « tout pour mon business » est enclenché.
• À 16h15, elle s’affole et quitte tout de go un rendez-vous qu’elle a mis des mois à décrocher, pour ne pas arriver en retard à l’école !
23h Les yeux qui collent d’avoir trop louché sur l’écran riquiqui de l’ordinateur portable, la mom’preneur s’endort sur son clavier. Le premier bilan de sa micro-entreprise n’est pas brillant. Pas plus de 15 000 euros de chiffre d’affaires cette année, mais jouer les modistes pour bambins, elle en avait toujours rêvé. Elle se prendrait bien deux ou trois jours de RTT. Mais voilà, le temps du salariat est révolu. Elle dormira un autre jour, une autre année... Peut-être.
• Son portable trône au milieu des tasses de thé et des brunchs du week-end. Pas de RTT, pas de jour off, c’est ça la nouvelle f lexibilité.
(*) Virginie est un personnage fictif inventé à partir de témoignages réels.
ARCHITECTURE D’INTÉRIEUR
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ouvre-toit
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Promenons-nous dans les bois Chez Annie et Xavier tout est en bois. Le gîte, le mobilier et même le paysage. Mais quel bois ! Si l’on regarde au nord, on jurerait qu’ils sont perchés dans une cabane. Au sud, ils semblent lovés dans un chalet et à l’ouest dans une maison de plage. Ce qui relie le tout ? Une passerelle fragile qui conduit par des chemins de traverse à la vraie nature des lieux : la forêt. Texte : Léa Daniel / Photos : Arnaud Saint-Germès
«
C
onstruire une maison, c’est entrer dans l’intimité des gens. » C’est ainsi que Philippe Pascal commence. Sans détour ! Pourtant l’architecte ne fait pas dans l’individuel. De Center Parcs à Botanic, il a plutôt l’habitude d’engager son agence sur des projets de taille. « Alors quand on travaille pour des particuliers, c’est comme une respiration pendant laquelle on fait quelque chose de rapide et de concret dans une relation directe avec l’usager ». Pour Annie et Xavier, ses amis, il a imaginé du côté de Montauban une cocon à la simplicité déconcertante. Un toit en pente, une cheminée, un jardin, c’est l’archétype de la maison. Celle que l’on retrouve sur les dessins d’enfants ou sur un plateau de Monopoly. La conception est simple pour des questions de coût, mais pas seulement : « cette maison est la preuve que l’on n’est pas obligé de faire dans le maniérisme pour construire bien et beau ».
\ La culture du bois \
Ici, le plan est libre, ce qui signifie qu’aucun mur n’est porteur. « On peut déplacer les pièces et changer les volumes en fonction des besoins. » Ce n’est pas tout. Rajouter une fenêtre ou la supprimer, est aussi simple que d’intervertir les briques d’un jeu de Lego®. Ces fantaisies et cette modularité, c’est le bois qui les permet. Le bois, le mot est lâché. Dans la famille, c’est une tradition qui se transmet de génération en génération. Et quand la question du matériau s’est posée, la réponse s’est imposée comme une évidence. « Le bois est un matériau vivant, poursuit l’architecte. Sa perennité est exceptionnelle si on l’intègre dans l’écosystème qui est le sien. Prenez Notre-Dame. Elle tient sur des piliers de chêne. Eternel ou presque, il faut juste lui garantir des conditions optimales de conservation pour qu’il résiste aux assauts du temps ». Le bois n’est donc ni un revêtement, ni une moquette murale. Philippe Pascal prédit d’ailleurs un avenir morose à toutes les constructions qui l’auraient oublié.
\ L’amour de la nature \
Pas de traitement et c’est catégorique. « C’est le drame d’une société qui ne veut pas vieillir. » En plus d’être catastrophique pour l’environnemnet, la lazure ne sert à rien, sauf à servir une esthétique qui adule la couleur boisée d’un tronc fraîchement coupé. Une fois posé, le bois a pour mission de vieillir, durcir et prendre une coloration grise. L’essence ? Du peuplier. C’est un bois que l’on utilise très peu, étonnamment. Parce qu’il n’est pas noble. Historiquement, il servait à fabriquer les planchers des greniers. Purgé d’aubier - la partie la plus fragile du tronc -, le peuplier donne des planches d’inégale largeur. C’est exactement ce que cherche l’architecte : « c’est parce que le bardage n’est pas régulier, que la maison a cette vibration. » À l’intérieur, le plaisir de vivre s’affiche naturellement, sans faux-semblant.
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1 et 4 - Bioclimatique Avec une orientation est-ouest, pas besoin d’avoir recours aux pompes à chaleur. Le poêle (à gauche sur l’image), alimenté avec le bois de la chênaie voisine, suffit largement. Sauf peut-être les jours de grand froid. Le secret ? L’isolation et la ventilation. « Le chaud et le froid sont des notions relatives, analyse Philippe Pascal. Elles ne se résument pas à la seule question de la température. » Tout est affaire de perception. Mouillé et soumis à un courant d’air, c’est la chair de poule assurée alors même que la chaleur est accablante. Dans une maison, c’est pareil. La ventilation est au cœur du système. Il faut pouvoir la provoquer ou la contrôler pour favoriser le confort de tous les habitants. « L’été, les parevents sont fermés pour se protéger des rayons du soleil, mais les baies vitrées restent ouvertes. Les parevent étant à clairvoie, les courants d’air peuvent balayer la pièce à vivre et la rafraîchir de 5 à 7 degrés. » C’est d’ailleurs la raison pour laquelle la maison est posée sur pilotis. C’est le seul moyen de ventiler le plancher en bois. 2 et 3- Évolutive Un jour la famille s’est agrandie, les enfants ont gagné leur espace à l’occasion d’une extention. Dans ce jeu de dépendance, Annie et Xavier ont décidé de tirer aux-aussi leur épingle du jeu et ont ajouté en fond de coursive leur cabinet de réflexion ainsi qu’un atelier. C’est à ce moment que la maison a gagné sa colonne vertébrale : un axe central qui part du parking pour aller se jetter dans les entrailles de la forêt. Quand on marche sur cette passerelle, on n’est plus vraiment sur terre pas encore au ciel. Comme quand on passe au-dessus de la bambouseraie...
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Coupe transversale
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Plan rez-de-chaussée
Fiche technique ART’UR Architectes Bernard Batut Bois SHON : 150 m² total Livraison : 2006 Coût des travaux : 130 000 € H.T.
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Tables & comptoirs
© Matthieu Borrego
La table du mois
On veut de la viande… Au Dix, les viandes et les grillades sont à l’honneur. Les amateurs ne se feront pas prier et mordront à l’appât à pleines dents. Par Christian Authier
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epuis quelque temps déjà, la viande n’a pas bonne presse. Des catastrophes sanitaires et industrielles (vache folle et consorts) aux exigences de la diététique en passant par la mode végétarienne ou celle des sushis, il faut parfois tenir bon face au courant teinté de puritanisme anglosaxon pour afficher son attachement à la côte de bœuf saignante. À Toulouse, la géographie des mangeurs de viande décomplexés est relativement connue et balisée. Il y a des institutions qui ne méritent pas forcément leur réputation (des noms ? vous n’y pensez pas, on surveille nos abattis…), des classiques qui tiennent leur rang sans verser dans l’exclusivité carnassière (l’excellente Rôtisserie des Carmes), des formules efficaces et sans surprise (ainsi L’Entrecôte dont on peut observer avec régularité l’interminable file d’attente), des imparables (le J’Go qui affiche insolemment constance et qualité, sans oublier la maison-mère Le Bon Vivre et le dernier-né Le Pategrain), des personnalités (le restaurant corse Atmosphère où quelques gibiers vous remettent des couleurs aux joues). Puis, de temps en temps, se faufile un nouveau venu. Ainsi, Le Dix, planté telle une évidence 10 de la rue Labéda et, telle une provocation à côté du Pescador qui, comme son nom l’indique, n’honore que poissons et crustacés.
\ À pleines dents \
Voyons donc ce Dix à propos duquel quelques échos de seconde main, façon l’homme qui a vu l’ours, nous ont dit du bien. Nous y allons un lundi à 13h avec l’Ingénieur, un mangeur qui ne se laisse pas abuser par les faux-semblants. La terrasse déborde, l’intérieur est presque plein. Cependant, l’une des dernières tables libres contre le comptoir, sur lequel trône un beau jambon prêt à la
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découpe, nous accueille. Il règne là, une joyeuse effervescence, des groupes, des habitués (déjà ?) qui tutoient le personnel et des solitaires. Ça grouille, cela donne envie de se mettre au diapason. La déco est simple et annonce la couleur. Murs blancs, canapés rouge sang, une cuisine de plain-pied d’où l’on peut voir le chef s’activer au-dessus de ses planches et de la rôtissoire. Il n’a pas l’air commode, limite bougon, mais il dirige son équipe, cuisine en direct, suit les commandes, vérifie les cuissons auprès des clients. Sur table, des couverts design mais solides attendent l’ouverture des hostilités. L’ardoise arrive. Des brochettes d’agneau, des rognons de veau, de l’entrecôte, de la côte de bœuf, du poulet rôti : que du classique. On commande fissa un délicieux jambon (il était tellement bon que nous n’avons pas vérifié la provenance, mais nous parierions pour le Pays basque) puis entrecôte et agneau accompagnés de frites et de salade maison. La carte des vins ? Attendue, trop attendue : cuvée Optimum du Château Bellevue La Forêt, Aloxe-Corton de la maison Louis Latour… On aurait aimé des quilles plus avenantes et pas bégueules pour arroser ces belles viandes. On se rabat sur un Brouilly d’Henry Fessy, honnête, sans trop de relief, servi à la bonne température (assez rare pour être souligné). En salle, le garçon court, s’agite, transpire, mais n’est jamais en retard quand on a besoin de lui. Et les plats ? Bien, très bien, goûteux, parfaitement cuits. Quant aux fameuses frites maison, si souvent annoncées et si souvent décevantes, elles se dévorent, légères, croquantes. Le Dix n’est peut-être pas le restaurant de l’année. Il ne s’inscrit pas moins comme l’un de ces endroits qui, lorsque l’envie de mordre à pleines dents dans une viande de qualité se fera sentir, s’imposera naturellement.
Le Dix 10 rue Labéda, Toulouse 05 34 30 55 50 Ouvert du lundi au samedi
Banc d’essai
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Actu
Les beurres de Jean-Yves Bordier
Les vins primeurs arrivent le 17… Comme la tradition le veut, c’est le troisième jeudi de novembre, en l’occurrence le 17, que les vins primeurs arriveront. Le plus célèbre, le beaujolais nouveau, suscite sarcasmes et méfiance parmi bien des buveurs échaudés par des souvenirs de méchante migraine parfumée au « goût de banane » (levure 71B). Pourtant, loin de la production industrielle et des exigences du commerce, des vignerons consciencieux continuent de perpétuer le vin primeur dans sa plus belle acception : celle d’un vin de copains et de copines, léger, gorgé de fruit. Dans le Beaujolais bien sûr, mais aussi à Gaillac ou en Touraine où Hervé Villemade et Thierry Puzelat ont pris l’habitude de livrer des petites merveilles. \ C. A.\
Primé
Le Crep’Chignon récompensé Devinez où se trouve le meilleur dessert de France ? Au Crep’chignon, à Cornebarrieu ! En tous cas, c’est ce qu’affirment les 40 000 clients anonymes sollicités par questionnaire dans le cadre des Trophées Clients de l’hôtellerie et de la restauration. Avec ces galettes de sarrasin décoiffantes osant des mariages audacieux et ne négligeant pas les produits nobles, le restaurant élève la crêpe – salée comme sucrée – au rang gastronomique. Trophée National du meilleur dessert bien mérité ! \ C. A.\ Le Crep’Chignon, 5 route de Toulouse, Cornebarrieu, 05 34 52 11 69
Le vin du mois
Le Morgon du Domaine Chamonard La nouvelle n’est pas forcément connue du grand public mais le Beaujolais, malgré les idées reçues, a été le théâtre d’une reconquête du bon et du vrai que l’on doit à des vignerons de première classe comme Marcel Lapierre, Yvon Métras, Jean Foillard, Philippe Jambon et d’autres. Parmi ces défricheurs, il faut saluer Jean-Claude Chanudet (dit « Le Chat ») du domaine Chamonard dont le morgon fruité et croquant, digeste et charmeur, est une gourmandise, à l’image du superbe millésime 2009. Avec ses notes de griottes et de groseille, sa belle minéralité, il porte le gamay à sa plus pure expression. Une suggestion : acheter une caisse de six et l’oublier dans sa cave. Goûter ce jus dans quelques années risque bien d’être une expérience émouvante, voire consolatrice. Sinon, c’est déjà très bon ici et maintenant. \ C. A.\
La promesse : des beurres élaborés selon les techniques traditionnelles du barattage, du malaxage, du salage au sel fin et d’un façonnage à la main avec des palettes de buis. Dans sa gamme, on trouve du doux, du demi-sel, du salé, mais aussi, plus inattendus, des beurres au sel fumé, au Yuzu (agrume d’Asie évoquant le pamplemousse et la mandarine), au piment d’Espelette ou aux algues. Résultat : les beurres de Bordier se retrouvent depuis des années sur les tables des plus prestigieux étoilés comme sur celles des bistrots ou des tables gourmandes. Verdict : le problème avec le beurre de Bordier, c’est qu’il est difficile après l’avoir goûté de passer à autre chose. Faites le test. Prenez tout simplement le doux ou le demi-sel et étalez-le moelleusement sur du bon pain de campagne : un choc, un délice en forme de révélation… Notre coup de cœur va à son magnifique beurre aux algues qui dévoilera divinement ses saveurs iodées sur des poissons, des crustacés, crus ou cuits, mais aussi sur une viande saignante ou encore d’autres mariages terre / mer. Précisons par ailleurs que les amateurs pourront également se régaler de riz au lait, de yaourts, de caramels au beurre salé, de quelques autres gourmandises et surtout des fromages affinés par le maître. Pour ne rien gâcher, la maison Bordier, c’est du luxe, mais du luxe accessible. On dit merci. Où le trouver ? À Toulouse, fromagers, épiceries fines ou certains cavistes distribuent ses plaquettes.
Ouverture
Prix caviste : 12,50 €.
À table chez William Inaugurée en juin dernier, la table d’hôtes de William Perucca fait parler d’elle. En bien. Ouverte du lundi au vendredi à midi (téléphoner dans la matinée) ainsi que le vendredi soir (sur réservation), ou sur demande les autres soirs pour des groupes, La Table de William propose une formule bistrot au déjeuner, gastro au dîner, voire des menus spécifiques. Et puis, si vous n’allez pas chez William, il peut venir chez vous pour un repas ou un buffet. Qui dit mieux ? \ C. A.\ La Table de William, 14 rue Erasme, Toulouse, M° Saint-Agne ou Saouzelong, 06 81 74 63 18
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Tables & comptoirs
Allons bruncher ! Dimanche 11h. Trop tard pour petit-déjeuner, trop tôt pour déjeuner. Et pourquoi pas un brunch ? Voici quatre adresses pour ravir les papilles des lève-tard, même les plus sceptiques. Par Christian Authier
2 rue Joutx-d’Aigues M° Carmes 09 51 81 24 62 Le quartier des Carmes, déjà fourni en bonnes adresses, s’est enrichi voici peu d’un nouveau lieu hautement recommandable qui tient à la fois du café, du salon de thé et du restaurant (à midi seulement). Dans un cadre bric-à-brac et une ambiance pop, il faut aussi essayer le brunch du samedi servi jusqu’à 16h. On trouve ce que l’on est venu y chercher (confiture, pancakes, œufs brouillés…), mais La Maison Drôle réserve également quelques jolies surprises (truite fumée des Pyrénées, tommes fermières) tandis que les pâtisseries maison font, à raison, les fières. Ici, on privilégie les produits frais, de saison et régionaux. Les « basiques » – le jus de fruit bio ou le pain remarquable – donnent le ton. C’est copieux et à prix doux (16 €). Bravo.
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L’Hémicycle
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#1
Le Bapz
La Maison Drôle
#4
Le Moaï
76, allées Charles-de-Fitte M° Saint-Cyprien 05 62 87 73 06
13 rue de la Bourse M° Esquirol 05 61 23 06 63
35 allées Jules-Guesde M° Palais de Justice 05 34 31 67 85
Le brunch du dimanche au restaurant du musée des Abattoirs est-il ancien ou moderne ? On ne tranchera pas la querelle, mais il est sacrément bon et ne joue pas la carte du minimalisme ni de l’abstraction. La preuve : boisson chaude à volonté, profusion de viennoiseries, fromages et autres gourmandises… Pour 21,50 €, on ressort de là, comblé et repu comme après une exposition où le salé n’a rien à envier au sucré. Dans cet Hémicycle, le vote est garanti. Il faut en profiter, le restaurant va bientôt fermer.
Si le salon de thé est connu pour ses spécialités anglaises, ses pâtisseries et ses pains maison ou ses chocolats à l’ancienne, il propose aussi un brunch (16,50 €) qui passe le dimanche (d’octobre à mars) à une version XXL (18,50 €) agrémentée notamment de baked beans, haricots blancs cuits dans une sauce tomate. Dans une déco cosy, on peut hisser les couleurs de l’Angleterre sans trahir le goût des bonnes choses. God save the Bapz… Il est absolument obligatoire de réserver.
On ne présente plus le restaurant du Muséum d’histoire naturelle piloté par Gérard Garrigues, l’ancien chef étoilé du Pastel. En revanche, du Moaï, on connaît moins le brunch servi le samedi et dimanche de 10h à 11h20 (17 €). Boissons chaudes, jus de fruit pressé, viennoiseries, confiture maison, brouillade d’œufs et charcuterie : la qualité des produits fait mouche. Après les réjouissances, petits et grands pourront faire une visite dans le jardin botanique ou au Muséum. Ça fait déjà trois bonnes raisons d’y aller en famille.
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en ville
Les Hot Spots du moment ! Les adresses qui comptent ne sont pas toujours dans l’annuaire, elles se refilent de bouche à oreille ! Tendez-la vôtre et ouvrez l’œil pour découvrir les quatre lieux qui font parler d’eux.
Acrobatique
Au banc d’Essais Un petit coup de mou en milieu de semaine ? On file au Lido, le centre municipal des arts du cirque de Toulouse. Chaque mercredi, ou quasiment, les élèves de l’école présentent leurs travaux actuels face à un vrai public. Le public, c’est nous et c’est gratuit. Poétique, absurde, provocateur, acrobatique… le nouveau cirque a autant de styles que d’artistes. Un foisonnement d’univers qu’on se délecte à regarder. Bien sûr, ce n’est pas toujours parfait : il y a des ratés, des tâtonnements. Mais quoi de plus beau que d’assister à la naissance d’un numéro ! Et par nos réactions, de participer à son évolution. Que du bonheur. \ E.S. \
Terroir
Comme un chef C’est un secret qu’on s’échange entre gastronomes toulousains : les cours de cuisine de la Maison « midi Py ». On y apprend en deux heures à préparer le foie gras, mijoter le cassoulet…, du classique certes, mais gratuit. Sans chichi ni tralala, de vrais cuisiniers du coin viennent partager leurs trucs et recettes, comme Robert Bertolino. Face à nous il prépare son produit, dévoile ses secrets pour ne plus jamais rater l’étape décisive du dénervage du foie, ou la cuisson des beaux haricots tarbais. Évidemment tout se termine sur une dégustation. Seul hic : il faut réserver impérativement 15 jours à l’avance. \ S. P. \ Maison Midi Pyrénées, 1 rue Rémusat, gratuit, 05 34 44 18 18, prochains rendez-vous le 12.11 (cassoulet), les 19 et 26. 11 (foie gras).
Pas d’enseigne. Pas de vitrine. Juste une sonnette déglinguée. La porte de l’immeuble ouvre un passage vers le plus étonnant des salons de coiffure toulousain. Celui de Richard Marti-Bravo. Tarnais au look un brin new-age, Richard baroude loin des salons traditionnels depuis 43 ans. C’est chez lui et uniquement sur rendez-vous qu’il exerce son talent créatif et son coup de peigne assuré. D’abord installé dans son appartement au premier, le voici en rezde-chaussé, non pas en vitrine mais dans sa cour. Son salon, c’est un théâtre qui met en scène des meubles et objets inattendus, reflets de sa passion pour l’art, où l’on se perd entre intérieur et extérieur. Thé ou café sont à disposition, au calme d’un mur végétal fabriqué maison. Plus qu’une coupe ou une couleur, on s’offre pour un petit prix le plaisir d’une rencontre atypique et un chemin de traverse avant de rejoindre le tumulte de la ville. \ L.B \
Renversant
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© Bernard Delorme
Le coup du Palmier
Église des Jacobins, rue Lakanal, gratuit, ouvert de 9h à 19h tous les jours, 05 61 22 21 92
Chez Richard,
une coupe à part
Les Essais du mercredi, 14 rue de Gaillac, Toulouse, à partir de 20h30, entrée libre, 05 61 11 16 10, www.circolido.fr
De l’église des Jacobins on connaît la magnificence, la hauteur des voûtes, l’élégance des ogives polychromes. Et son célèbre « palmier » aux 22 nervures, chef-d’œuvre unique au monde, clé de voûte centrale et unique du chœur polygonal. Perché à 28 mètres de hauteur, impossible d’en apprécier toute la beauté sans attraper un torticolis. C’est peut-être en pensant à nos cervicales, que l’architecte galicienne Ruth Varela a eu l’idée d’installer un miroir en forme de large cercle, au pied de la colonne. Faire l’expérience de ce plongeon vertigineux tient d’un petit moment de poésie. Le haut devient le bas, les couleurs éclatent, les détails se dévoilent. Et nous ressortons, émus, sens dessus dessous.
Coiffure
161 grande-rue Saint-Michel, 05 61 52 14 99 (uniquement sur RDV)
en ville
Toulouse dans le rétro Passéiste, Spirit ? Pas pour deux sous. Bien dans sa ville et dans son époque, on avoue quand même un faible pour les choses d’autrefois : elles ont une autre saveur. C’est officiel, donc : pour être moderne, il faut être vintage. Tour d’horizon express des bonnes adresses toulousaines à la sauce seconde main. Reportage réalisé par Hadrien Gonzales - Photos Matthieu Borrego - Illustration Julie Leblanc
Le coin secret des modeuses « Je me fous royalement de la mode », vous lance-t-on chez Backstage. À en juger par les marques qui s’alignent dans ce dépôt-vente, on jurerait le contraire. Lanvin, Chanel, Yves Saint Laurent, Marni… « Ce qui m’intéresse, explique la propriétaire, c’est la vraie vie. Le total look façon fashion week, très peu pour moi. » Après quinze années à rouler sa bosse dans la mode, dans les bureaux de style de Comptoir des Cotonniers et The Kooples, Esther Carayon a posé ses valises à Toulouse, sa ville d’origine. Elle garde de cette expérience un sacré réseau de modeuses parisiennes qui lui refourguent leurs trouvailles tous les mois. La sélection de chaussures vous en mettra plein les mirettes. Ici, on fait du luxe. Oui, mais à des prix défiant toute concurrence. Backstage, 28 rue des Marchands, 09 53 17 43 64
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Belles lettres et vieux livres Aujourd’hui rue du Taur, l’ambiance est plutôt au fast-food kebab. Mais en 1994, lorsqu’Eric Castéran s’installe, c’est encore la rue des libraires de livres anciens, des antiquaires et des brocanteurs. Son dada à lui, ce sont les vieux livres et plus précisément les illustrés de la période 1880-1930. Des trésors ultra-vintage qui font le bonheur des amoureux du livre. C’est le seul libraire toulousain reconnu par le CNES. Pas l’agence spatiale mais la Compagnie Nationale des Experts Spécialisés. Ici, pas de chichi ! On ne se laisse pas impressionner par la devanture sombre et l’aspect « petit musée » de la boutique. Il ne faut pas hésiter à feuilleter – avec précaution – les livres rangés sur ces étagères. Il y en a pour toutes les bourses. Avec une dizaine d’euros, vous repartirez, par exemple, avec un tirage impeccable, numéroté sur papier vergé, édité au début du XXe siècle par la maison Le Divan et signés Nerval, Stendahl ou Mérimée. Librairie Castéran, 26 rue du Taur, 05 61 13 69 41, www.librairie-casteran.com
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La crème de la fripe Chez Kilostock, on a de la suite dans les idées. La fameuse friperie vient d’ouvrir une annexe pour sa clientèle la plus branchée. Le lieu s’y prête : un petit espace ultra-clean, dans un des coins les plus hype de Toulouse. « On est entrés dans le trip de la rue Cujas ! », admet Yann Abenhaim, le patron. Le concept est simple : de la fripe sélectionnée à l’intention de tous ceux qui ne supportent pas de farfouiller au milieu des vieilles nippes. On y trouve, aux mêmes prix que chez Kilostock (de 10 e à 400 e), les éternelles chemises à carreaux, des vestes militaires et des pièces neuves « style vintage » comme ces tee-shirts rétro à l’effigie de nos groupes chouchous : Guns N’Roses, Led Zeppelin… Jet Rag, 3 rue Cujas, 05 34 33 58 27
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Faire du neuf avec du vieux (design) Aurélie Moll Gardelle est une folle de la bricole. Depuis septembre, dans son petit univers cosy et acidulé, elle expose ses meubles chinés et retapés à sa manière. Des pièces uniques : chaises boudoir à coussins roses, meubles en bois clair type seventies. Et les enfants ne sont pas en reste : lit de bébé en bois années 50, remis au goût du jour à coups de peinture gris laiteux. C’est simple et ça fonctionne plutôt bien. La jeune femme de 28 ans, qui a une formation de décoratrice d’intérieur, réalise tout sur place, elle-même : « Je ponce en bas (dans la cave), et je peins en haut (sur la mezzanine). » Petite mention pour la collection vintage de livres « Martine ». Le Grenier design, 1, rue Cujas, 05 34 33 25 97
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La photo comme avant
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On flashe sur la vitrine de Photo Carmes. Chez ce portraitiste qui a ouvert en 1947, s’expose une centaine de vieux appareils argentiques, tous en parfait état de marche. Parmi eux quelques modèles de collection : un Leica F/2 (450 e), des petits Elgy fabriqués par l’usine Lumière (de 40 e à 500 e) ou encore des Stylophot, ces appareils destinés aux agents secrets : l’idéal pour se prendre pour 007 et espionner votre voisine de bureau en toute discrétion (de 60 e à 100 e). Le stock est renouvelé principalement l’été et avant les vacances de Noël. On y trouve aussi des recharges de Polaroid. Mazette, à quand le Lomo ? 5 rue des Prêtres, 05 61 52 70 37, www.photographedemariage.com
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Chico, Zeppo, Gummo…
Du rock à la pointe
De tous les Marx Brothers, c’était lui le mieux sapé : Groucho. Pas étonnant qu’Hervé Langelotti ait baptisé ainsi sa boutique « Surtout, il ne se prenait pas au sérieux », ajoute-t-il. Parquet, meubles anciens, devanture cramoisie et vieilles affiches… Groucho c’est « le » magasin culte du quartier de la fripe (autour de la place de la Bourse). « J’ai jamais vu une boutique comme ça », aurait déclaré Jean-Paul Gaultier, de passage à Toulouse il y a deux mois – le couturier est reparti avec des sacs entiers d’habits. Lenny Kravitz s’est acheté ici 12 paires de lunettes, on y a vu traîner les frères Gallagher. Hervé Langelotti sélectionne un par un les vêtements, récupérés auprès d’usines de recyclage qui rachètent les collectes des œuvres de charité. Son plus gros fournisseur est au Texas, d’où viennent 30 à 40 % de ses produits : principalement des robes, chaussures et impers en toile huilée, qu’il choisit « à l’intuition ! J’ai 26 ans de métier. » Professionnels de la mode et du spectacle, annoncez-vous ! Vous aurez droit à 15 % de réduction. Groucho, 39 rue Peyrolières, 05 62 30 08 12, www.groucho-retro.com
Du rock un peu crasseux passe en fond sonore, un mur en briques est couvert de vieilles pochettes. Dans les bacs et sur les étagères noires un peu usées, 10 000 vinyles et 7000 CD, la plupart d’occasion, sont classés par genre musical : psyche, krautrock, power pop, freaky beat… Pas de doute. On n’est pas dans une annexe de la Fnac. Depuis vingt ans, Armadillo est une référence pour les chineurs, les baby-rockeurs et les folkeux. Devendra Banhart himself y est passé faire ses emplettes lors de son dernier concert. En rayon, une collection de disques ultra-pointue, avec de nombreux classiques mais aussi des « obscurités », comme Bob Wills, un musicien de Western Swing dans les années 40. C’est le moment de ressortir la platine du grenier. De 5 e à 100 e, pour les disques les plus rares. Armadillo, 32 rue Pharaon, 05 62 26 28 57
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Grand hangar pour petite reine Difficile de se frayer un chemin au milieu des montagnes de roues, de pédaliers, de cadres de vélos et de guidons qui s’entassent dans ce hangar du nord de Toulouse. À la demande, Bernard Panis, un dingue de mécanique, y compose, tout seul et sur mesure, votre vélo vintage. La formule : 70 e le mono-vitesse, 100 e le trois vitesses, qu’il s’agisse de VTT, de mini-vélos ou de vélos de ville (les plus demandés). Rançon du succès : en ce moment, comptez deux mois d’attente avant de récupérer votre biclou ! En attendant, admirez la collection exposée à l’entrée : une trentaine de vélos au total, du pistard de 1904 au cyclo-pousse des années 60. Le vélo d’occasion, ouvert le mardi et jeudi, de 10h à 20h, et le samedi au marché de SaintSernin. 80 avenue Fronton, 05 61 57 98 36
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Stylisme Virginie De Vinster Photos Polo Garat
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• Foulard en soie chez Kim • Robe dentelle et nuisette, fourrure renard, escarpins Ondine, Costume homme velours, casquette Lacoste, au Grenier d’Anaïs, 54 rue Peyrolières • Sac Chanel, chez Groucho, 39 rue Peyrolières • Fauteuil et guéridon Platner 1962 édité par Knoll, vase Kukinto Venini Murano, lampe Kuramata 1972 chez 2B Design, 37 rue Croix-Baragnon • L’allure des hommes d’Assouline chez Les Locataires, 2 rue des Paradoux • Caméra super 8 BOLEX, chez Numeriphot, 24 boulevard Matabiau
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• Commode 1960 créée par Walter Wirz éditeur Wilheim Renz, télé Starck (Gim nature) éditée par Saba en 1994, lampe 1965 Technolumen, porte-manteau designer : J.-C. Piretti éditeur Castelli, porte-parapluie designer J.-C. Piretti éditeur Castelli à la Galerie 7, 7 rue Boulbonne • Fourrure Kopeski, pull homme ski jacquard, sac en daim au Grenier d’Anaïs, 54 rue Peyrolières • Bonnet et mitaines BY Katie Nat, 2 place Rouaix • Gilet V de Vinster, chiné chez Groucho puis produit en petite série au Pérou
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• Chaise orange à tablette CASTELLI 70’s, téléphone orange 70’s, chaise enfant Scoubidou bleu 70’s, coussin-bonbons Bonjour Mon Coussin au Grenier Design, 2 rue Cujas • Lampe RG Levallois à l’Atelier 31, 31 rue pharaon • Bottes cuir, robe verte, chapeau, sac chez Groucho, 39 rue Peyrolières • Blouson Teddy (made in USA), tee-shirt blanc, lunettes, casquette Levis, broche chez Groucho, 1 place de la Bourse • Souliers enfant au Grenier d ‘Anaïs • Pendule à L’atelier du lin, 13 rue Sainte-Ursule • Appareil photo 6X6 Rolleiflex chez Numeriphot, 24 Boulevard Matabiau
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Jemâa El Fna © Luc Viatour
Marrakech,
les dessous chic et souk Marrakech mode d’emploi Avant le départ : Toulouse-Marrakech : 1 565 km, soit 2h30 d’avion Une dizaine de compagnies aériennes desservent Marrakech depuis Toulouse, notamment la Royal Air Maroc. Pas besoin de visa pour les Français désireux de voyager au Maroc, un passeport en cours de validité suffit. Sur place : Pour 20 dirham (env. 2 e) le bus N°19 vous dépose de l’aéroport en centre-ville. Pour tout savoir de l’actu culturelle pendant votre séjour, demandez en kiosques Le Mag de Marrakech ou le mensuel gratuit La tribune de Marrakech : indispensable !
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Bien sûr, il y a la place Jemâa El Fna, magique. Toujours. Mais au-delà des remparts, un autre visage émerge, plus chic, plus arty. Des souks aux galeries branchées de Guéliz, des riads rénovés aux gargotes centenaires, Marrakech pratique le grand écart culturel. Autant se laisser faire avec souplesse. Par Églantine Chabasseur À Marrakech, au petit matin, comme dans toutes les villes du monde, la journée démarre, avec son cortège de bouchons… Mais ici, les 4x4 dernier cri côtoient les charrettes tirées par des ânes, les petites voitures japonaises, des Motobécanes des années 80 surchargées de bidons d’essence. Bienvenue au Maroc ! Pays au charme bipolaire, encore complètement ancré dans ses traditions et entré depuis des années dans la société de consommation. Marrakech, « la perle du sud », est sans doute la ville marocaine qui endosse avec le plus de charme cette identité contrastée. La structure même de la ville découle de ce paradoxe : au cœur de la Médina, cerclée de remparts, la ville ancienne, ses petits métiers, ses artisans, son architecture traditionnelle et sa magie, intacte depuis des siècles... De l’autre côté des « babs », les portes de la Médina, ce sont les nouveaux quartiers. Guéliz et l’Hivernage dessinent les contours d’un Maroc contemporain, international, arty et branché. Deux univers, qui s’interpénètrent sans cesse au rythme d’un va et vient dépaysant. Il faut se lever tôt, dès l’aube, pour le plaisir de trouver la fameuse place Jemâa El Fna quasi déserte. Seules les terrasses des cafés semblent sortir de leur torpeur matinale. On déguste les m’semmen, crêpes feuilletées nappées de miel, un jus d’orange frais pressé, un café au lait, au milieu de clients prêts à démarrer leur
journée. Alors que le soleil perce enfin le brouillard de l’Atlas, un jeune homme se lève et empoigne la charrette à bras saturée de menthe qui reposait contre le mur. Direction, le cœur de la médina… Alors qu’Amine s’en va livrer un cafetier du souk, on apprend qu’environ 40 000 artisans travaillent ici, par spécialité : le cuir, le bois, la laine, le cuivre… On se salue : il tourne à gauche, on continue droit devant, dans le dédale des ruelles. Alors, sans que rien ne l’annonce, on débouche sur un funduk, ancien caravansérail offrant aux marchands de passage et leurs animaux de quoi se reposer après un long voyage. Aujourd’hui, ces funduk, reconnaissables à leur grande cour intérieure ouverte sur plusieurs étages, abritent surtout des artisans. On pourrait rester des heures à regarder leurs mains répéter les même gestes précis, soignés, millénaires… Mais, on s’éloigne doucement pour retrouver l’agitation naissante du souk. Dans l’embrasure des portes, à l’abri des regards, se croisent des coiffeurs impassibles, des bouchers méticuleux, des vieillards hilares ou des adolescents rêveurs… La médina de Marrakech, investie depuis quelques années par de riches étrangers, Français en tête, ne s’est pas muséifée. Elle a su rester spontanée, foutraque, surprenante, avec ses lieux majestueux, cachés au détour des ruel-
Dans le souk © DR
Spa Sultana © DR
les : les tombeaux saâdiens drapés de riches ornements, le palais Bahia et son enfilade de patios, la Medersa Ben Youssef, une école coranique du XVIe siècle, un joyau de l’architecture islamique. On ferme les yeux et on s’imagine dans un conte des 1001 nuits. Et puis, il y a le bleu profond du Jardin Majorelle. Un incontournable. On y arrive en « petit taxi », après avoir passé les remparts, en direction de la ville nouvelle. En 1919, lorsque Jacques Majorelle s’installe à Marrakech pour poursuivre sa carrière de peintre, il n’y a là que des palmiers. Il décide de collectionner dans son jardin les essences rares des cinq continents, et fait de cet oasis de verdure une toile grandeur nature. Le Jardin Majorelle est aujourd’hui une enclave verte dans Guéliz, quartier neuf et branché, où les boutiques chics côtoient les galeries d’art contemporain et les restaurants d’affaires. En arpentant les avenues, un autre Maroc s’offre au regard. Ici, la jeunesse dorée roule en scooter, fume en terrasse et s’habille en Zara. Les voitures sont impeccables et les hommes d’affaires en costume, téléphone portable invariablement vissé à l’oreille. À des années-lumière de la médina ! Et pourtant, il ne faut qu’une dizaine de minutes pour revenir au symbole de la féérie de Marrakech : la place Jemâa El Fna, devenue à cette heure-ci, une gigantesque scène de théâtre. Les voix des muezzins se répondent dans le crépuscule, tandis que la médina rougeoie sous les derniers rayons du soleil. La place est méconnaissable, elle s’est chargée de musiciens, de charmeurs de serpents, de diseuses de bonne aventure, de badauds, de touristes. C’est déjà la nuit et les flammes des lampes à pétrole dansent sous le vent. Ici, on trouve de tout : des œufs d’autruche, des remèdes miracles, des filtres d’amour… Et autour de ce vieil homme qui raconte en sketches son théâtre du quotidien, une autre magie s’opère : serrés les uns contre les autres, petits vendeurs en djellaba et cadres avec attaché-case, l’écoutent, commentent, rient et applaudissent. Ensemble.
© Eglantine Chabasseur
Pourquoi y aller ? Pour siroter un jus d’orange fraîchement pressé, gorgé de soleil… et de vitamines. Pour se perdre dans les ruelles de la médina et s’éloigner des circuits touristiques, l’air de rien. Pour s’enivrer des odeurs d’épices, de f leur d’oranger, de menthe fraîche, d’encens, de musc. Pour tout oublier dans la chaleur du hammam et se faire gommer, masser, laver les cheveux, et sortir de là tout neuf, prêt à vivre une seconde fois ! Pour admirer le travail d’artisans aux mains d’or, qui savent à nul autre pareil, magnifier le cuir, le bois, le métal. Parce qu’en deux heures de voiture, on se retrouve au cœur de l’Atlas, en pays berbère. Pour déambuler le soir parmi les Marocains sur la place la plus fascinante d’Afrique du Nord : Jemâa El Fna et s’émerveiller devant les charmeurs de serpents, guérisseurs traditionnels, musiciens gnawas et diseuses de bonne aventure.
Marchands ambulants © DR
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La Maison de la Photographie © iStockphoto
Souvenirs, souvenirs
Passage à l’art
De l’or dans les mains Pour les céramiques, les amateurs de design pourront sauter dans un « petit taxi » direction Sidi Ghanem (30 dirham), à une bonne demi-heure du centre-ville. Pas vraiment charmante cette nouvelle zone industrielle mais c’est là qu’on trouve les showrooms des marques marrakchi branchées. Une seule adresse ? Fenyadi, qui regroupe trois marques (bougies Amira, linge de maison Via Notti, céramique Akkal). Avec ses modèles aux couleurs novatrices, Akkal, (« terre » en berbère), apporte un sacré coup de jeune à la céramique traditionnelle marocaine et donne soudainement envie de mettre la table ! © OT Marrakech
Fenyadi, 219 Sidi Ghanem Le trio de tête des souvenirs les plus prisés ? Les babouches, la céramique et l’huile d’argan, fabriquée exclusivement au Maroc. Bulles et huiles, une savonnerie artisanale, fondée il y a deux ans par une trentenaire marocaine dynamique, propose une gamme à l’huile d’argan ou d’olive, qu’elle fabrique elle-même et coupe à la main. À prix tout doux.
Chouf ma galerie ! En quelques années, les galeries ont fleuri à Marrakech. La Maison de la Photographie de Marrakech, ouverte en avril 2009 est un havre de paix au milieu des rues encombrées de la Médina. La galerie dispose d’un fonds qui documente le Maroc du début du siècle : 5 000 photos et plaques de verre issues des archives du protectorat français. Sur la très agréable terrasse – l’une des plus hautes de la vieille-ville – on peut manger un tajine, boire un thé à la menthe… Une halte passionnante !
Bulles et Huiles, 68 rue Ben Saleh, (en face de la grande mosquée)
© OT Marrakech
46 rue Ahal Fès (près de la Médersa Ben Youssef), www.maisondelaphotographie.ma
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Dans le quartier Guéliz, la galerie Matisse vaut également le détour. Le mois dernier Hassan Hajjaj y dézinguait avec humour la société de consommation avec son expo « Marque Déposée ». Première galerie de Marrakech (1999), Matisse présente des œuvres d’artistes marocains ou du monde arabe, cotés sur la scène internationale. Matisse art Gallery, 61 rue Yougoslavie, n°43 passage Ghandoui, Gueliz
Où dormir
Bien-être
Luxe, calme et volupté Juste à côté de la place Jemaâ El Fna, rue Sidi Bouloukate, on trouve des dizaines de petits hôtels, destinés aux voyageurs de passage, touristes mais aussi aux Marocains en goguette. L’hôtel Atlas mérite qu’on s’y arrête : accueil adorable de Driss, patios, fontaine, céramique zélij, fenêtres en bois sculpté, deux terrasses agréables, comptons 35 euros environ pour une chambre double.
3, 2, 1 : gommez ! Dans chaque quartier de la médina, on trouve une boulangerie et un hammam. Le hammam traditionnel fait donc partie de l’intimité des Marocains… S’y rendre est une expérience unique et rudimentaire – les lieux ne sont souvent pas spécialement beaux et les massages souvent très « toniques ». Pour adeptes de l’authentique donc ! Pour se faire chouchouter dans un cadre plus soigné, il existe les hammams « touristiques », comme disent les Marocains... Ils dispensent des soins traditionnels, mais dans des lieux plus feutrés, joliment décorés. On a testé pour vous le hammam Lalla, à deux pas de la place Jemâa El Fna où l’on se fait gommer, poncer les pieds, masser : le nirvana ! Par contre mieux vaut réserver, sinon l’attente dans le joli salon marocain paraît interminable…
Hotel Atlas Marrakech, 50 rue Sidi Bouloukade, riad Zitoun Lakdim, www.hotel-atlas-marrakech.com Dans un registre plus luxueux, le Ryad Akka, accueille ses visiteurs dans cinq chambres raffinées, qui revisitent les matériaux et les savoir-faire marocains, dans un esprit contemporain. Un peu à l’écart du centre-ville, la terrasse du ryad surplombe le Palais Bahia, l’un des joyaux architecturaux de Marrakech… Chic ! Ryad Akka, 65 derb Lahbib, riad Zitoun Jdid, www.riad-akka.com, environ 130 € la chambre double
© OT Marrakech
Hammam Lalla, 12 rue Bab Agnaoue, immeuble Tazi, www.hammamlalla.com
Dans l’assiette
Tajines, keftas et… burgers Tea time
Marre des tajines et autres kefta ? Direction le Kechmara ! Brasserie branchée de Guéliz ouverte en 2004 par les frères Foltran – des Toulousains ! –, le Kechmara cuisine du poulet, des burgers, des pâtes, dans un resto-galerie à l’ambiance très internationale, qui programme des DJs sets ou des concerts. Kechmara, 3 rue de la liberté, Guéliz, www.kechmara.com Pas vraiment bon marché, mais juste bon tout court, la Terrasse des Épices, créée en 2007, est un lieu féerique lorsque le soir tombe sur la médina. Pour manger une « grillade élégante » ou boire un verre, on choisit la terrasse ou son petit salon – vert, orange, rouge, violet - on se régale !
© OT Marrakech
Terrasse des Épices, 15 souk Cherifia, Sidi Abdelaziz, www.terrassedesepices.com
Repaire secret Terrasse des épices © Suzanne Porter
Cette « maison sainte » est l’une des plus anciennes de la médina - elle daterait du XVe siècle - et recèle une architecture exceptionnelle. Habitée par un imam féru de poésie et de littérature à la fin du XIXe, elle fut délaissée, squattée, avant d’être restaurée. Aujourd’hui, c’est un lieu emblématique et secret de la médina, tenu par des Marocains (malheureusement suffisamment rare pour être souligné). On peut y voir gratuitement une expo, feuilleter des ouvrages sur le Maroc, manger un morceau sur la terrasse… Une pause et hop, c’est reparti pour les rues labyrinthiques de la médina ! Dar Chérifa, 8 derb Cherfa Lkbir, Mouassine
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Autoportrait aux flashes © Willy Ronis
Cahier CULTURE
expo (p.38) cinéma (p.42) ARTs VIVANTS (p.46) événement (p.48) musique (p.50) en famille (p.54) LittéraTUre (p.58) Spirit # 44 / 37
De gauche à droite : Bollyfood / Pic-Nic au fond d’un jardin chinois © Martine Camillieri
culturE expo
Arts Plastiques
Martine à l’autel Il a suffi qu’elle les assemble pour que soudain, ils prennent vraiment vie. Ces objets du quotidien qu’on ne voit plus, l’artiste plasticienne Martine Camillieri en fait des autels fascinants, séduisants et diablement interrogateurs. Un pélerinage s’impose. Par Séverine Clochard
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n objet, à tout prendre, qu’est-ce ? Un morceau de plastique coloré, à peine utilisé, déjà jeté ? Un geste banal, machinal, répété des dizaines de fois, sans réfléchir ? Avec ses installations éphémères, l’artiste plasticienne Martine Camillieri pose la question de notre rapport aux objets du quotidien. Elle les sort du placard, fait le tri dans nos poubelles, dévalise les chambres d’enfants… et en construit des autels. Retournés, renversés, empilés, suspendus, accumulés, ces objets parlent de notre nouvelle religion : la consommation. Le temps d’une exposition, Martine Camillieri dressera in situ une douzaine d’autels dans l’enceinte de la Fondation Espace écureuil pour l’art contemporain. Des temples chatoyants installés en quelques gestes, voués à disparaître vers d’autres contrées ou à retourner à leur état premier. Pas un objet de plus mais un moment de recueillement, nomade. Un buste de poupée masquée, en attente de manucure, au milieu de bijoux de plastiques clinquants et de parures encore dans leur emballage. Sur le miroir devant lui, un sèche-cheveux et un revolver en plastique rose. Plus loin, une bouée dauphin cernée par ses comparses, comme asphyxiée par cette surenchère de plastique.
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\ Et après ? \
Loin de nous accuser ou de stigmatiser les objets, Martine Camillieri légitime au contraire toutes les collections. « Elle donne une excellente excuse à tous ceux qui ne peuvent se résoudre à jeter leur série de saladiers, de pinces à linge, de seaux, de bassines, de petites pelles à ordures, de brosses colorées, de moules en fer blanc d’un autre temps. »* Esthétiques et ludiques, ces autels posent avec poésie et délicatesse la question de notre finitude : « Que restera-t-il de nos objets, de nos existences matérialistes, de nos accumulations oubliées, que restera-t-il de nous ? » Martine Camillieri a même fini par recenser et cartographier nos objets perdus dans les endroits les plus insolites. Sur le site internet dédié, elle rend « un hommage secret et discret à la main attentionnée qui aura mis à l’abri ce gant esseulé ou ce doudou recroquevillé. Elle interroge alors davantage l’histoire qui a conduit à la perte plutôt que d’éventuelles retrouvailles. »* Martine Camillieri s’est fixée pour mission de limiter le nombre d’objets sur terre. Elle ne pouvait pas mieux s’y prendre. *Patoumi, auteur du blog Poppies in october (poppiesoctober.blogspot.com)
Banalités 3.11 au 31.12 Fondation Espace écureuil 3 place du Capitole 05 62 30 23 30
culturE expo
Olivier Subra : Exographies © Charlotte Martin
C’est à partir de visions anatomiques, qu’Olivier Subra construit son travail. Lui, c’est le dessin ! L’écriture à l’encre est spontanée mais calculée, la plume gratte le papier, le noir recouvre minutieusement le blanc. La démarche de l’artiste est d’essayer de créer, trouver, de nouvelles formes inscrites dans la réalité, mais qui surprennent, et proposent des espaces de pensée, d’interprétation. Des petits traits sont répétés, les traces se multiplient ; la figure change plusieurs fois d’aspect et de dimension. Une forme apparaît d’elle-même, à la fois maitrisée et affranchie, suivant le jeu plastique. Ainsi naissent les Exographies d’Olivier Subra. \ L.N. \
Un Road Strip pour « une claque ou une caresse »
\ Une case dans l’espace public \
Le but d’une telle manifestation ? « Créer un nouveau lien entre les artistes et le public. Soit on se prend une claque en passant dans la rue, soit une caresse ! C’est au choix » plaisante Arnaud. Du coup, les frontières entre les genres s’abolissent. « L’univers créatif est en pleine redéfinition. Chaque artiste joue la carte de la transversalité à travers quatre panneaux pour exposer son travail et un pour se présenter ». Car finalement la force de ce projet collectif, c’est l’interprétation que chacun donne à l’œuvre. Les passants ne peuvent qu’être interloqués, par ces dessins qui narrent une histoire actuelle. Un véritable changement de format de la bande-dessinée à la rue, qui use parfois de la couleur ou s’amuse du précieux contraste noir et blanc. \ Christel Caulet \
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Jusqu’au 30.11 10 lieux dans le centre-ville à Colomiers, 05 61 15 23 82 Visites accompagnées : les 19 et 20.11 de 14h à 16h. Départ du Pavillon Blanc, Gratuit
3 au 26.11, centre culturel Bellegarde, 17 rue Bellegarde, Toulouse, 05 62 27 44 88, www.bellegarde.toulouse.fr Les amoureux de la bastille © Willy Ronis
Road Strip débarque en novembre à Colomiers ! Dans le cadre du 25e festival de BD de Colomiers, une dizaine de lieux de l’hypercentre ont donc été pris d’assaut pour cette exposition collective et urbaine (qui fête sa quatrième édition). L’occasion est trop belle de croiser les univers de Charlotte Perrin, Géraud Soulhiol, Nicolas Jaoul, Jérémie Louvencourt et Julia Lamoureux. Ces cinq jeunes artistes issus des écoles d’art visuels de la région, militent sur des panneaux d’affichage électoraux dans les rues de Colomiers pour leur art : le dessin. « C’est un événement à vocation pédagogique », confirme Arnaud Fourrier, membre directeur du festival. « Les œuvres sont en contact direct avec la population puisqu’elles sont dans la rue. L’idée de ce road strip était de raconter une histoire en dessin et en bande, procédé largement utilisé autrefois dans les journaux. Les 5 artistes ont très bien joué le jeu sans avoir d’indication particulière. »
Willy Ronis Comment résumer un photographe du siècle en 41 images ? Comment présenter celui qui traversa l’histoire, planté les deux pieds dans la réalité populaire ? Willy Ronis a côtoyé Capa et Chim, il fut aussi du Groupe des XV avec Marcel Bovis, René Jacques et surtout, surtout Robert Doisneau. Comme lui, il a photographié le Paris populaire et les mouvements ouvriers en noir et
blanc, avec ce grain de poésie et cette vision parodique qui lui ont évité tout misérabilisme. Ronis n’est plus de ce monde, disparu en 2009 à l’aube de ses 100 ans. Mais il a eu le temps de jouer les mentors de jeunes photographes, comme ce fut le cas pour le Toulousain Philippe Guionie (voir p.12). La ville de Bram, dans l’Aude, lui rend un bel hommage en accueillant une partie de l’expo rétrospective du Jeu de Paume « Willy Ronis, le témoin d’un siècle ». \ S.P. \ 5.11 au 18.12, vernissage à 18h30, le 4.11, Euromagus, Bram (11), www.villedebram.fr
© Cassandra Da Chica
Suspension © Olivier Subra
En direct des galeries
Cassandra Da Chicha Un nom qui sonne comme une claque exubérante. Et pour cause. La jeune photographe toulousaine née à Buenos Aires, fait péter les pixels, dans une distorsion pop du portrait. Aisselles touffues, maquillages débordants, ses femmes ne sont pas là pour jouer les mijorées, ni faire dans la dentelle. Un petit ange en cape semble s’envoler dans un jardin anglais, des musiciens posent, peinturlurés, au milieu d’un amas de plumes. Comme si Amy Winehouse avait croisé Alice au pays des merveilles. « Fuir la réalité et survoler le rêve » annonce-t-elle comme un slogan utopiste des années 70, pour lancer sa toute première expo Doves & Songs. Elle y a réuni des clichés de groupes toulousains underground et des photos de mode qu’elle signe pour la styliste Josianne la Baronne. Un bon avant-goût de son talent naissant. \ S.P. \. Jusqu’au 30.11, Le ver luisant, 41 rue de la Colombette, Toulouse, 05 61 63 06 73
3, place du Capitole 31000 Toulouse_téléphone 05 62 30 23 30 e-mail : contact@caisseepargne-art-contemporain.fr site : www.caisseepargne-art-contemporain.fr blog : www.lesfeesetlecureuil.org
Banalités
Martine Camillieri
du 3 novembre au 31 décembre 2011
du mardi au samedi de 11h à 19h30 et le premier dimanche de chaque mois de 15h à 19h30_entrée libre
Fondation d’entreprise espace écureuil / Caisse d’Epargne Midi-Pyrénées
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© Gaumont Distribution
culture cinéma
La lutte des castes Sans révolutionner son genre, Intouchables retrouve des vertus perdues par la comédie française : sincérité et sobriété. Par Alex Masson Mine de rien, Olivier Nakache et Éric Toledano ont bousculé les habitudes de la comédie à la française. En quatre films (Je préfère qu’on reste amis, Nos jours heureux, Tellement proches et aujourd’hui Intouchables) le tandem a renvoyé dans les cordes tous les Francis Veber et Jean-Marie Poiré. Ces deux-là auraient très bien pu être aux commandes de cette histoire d’amitié improbable entre un quinquagénaire bourgeois, devenu tétraplégique après un accident, et un jeune type issu de la banlieue. Oui, le principe de réunir deux univers que tout oppose est un ressort classique de la comédie telle qu’on la pratique chez nous. Mais Nakache et Toledano rafraîchissent sa façade, la mettent au goût du jour, par des dialogues maniant parfaitement l’art de la vanne, et un casting qui a tout d’une version contemporaine du mariage de la carpe et du lapin, que composèrent Gérard Depardieu et Pierre Richard dans les années 80. Le même courant passe entre François Cluzet et Omar Sy, l’ingrédient supplémentaire étant l’incorporation de la fameuse fracture sociale. Sortie le 2.11
\ Pas de clichés \
Intouchables est un titre qui met forcément sur la table une notion de caste. Le film réunit effectivement les barreaux les plus
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éloignés d’une échelle : l’aristo pété de thunes et la caillera qui boucle ses fins de mois en dealant du shit. L’idée remarquable est de les mettre sur un même niveau de stagnation : Phillippe dans son fauteuil roulant et Driss dans l’ascenseur social. Contrairement à leurs prédécesseurs, Nakache et Toledano ont l’intelligence de ne pas opposer leurs personnages, mais de les regarder de la même manière. Et ce dès l’inattendue séquence d’ouverture qui met d’emblée les deux protagonistes sur un pied d’égalité : assis dans les fauteuils d’une Maserati. Intouchables gardera ce rythme sur les chapeaux de roues tout du long (du moins jusqu’à un petit coup de mou dans les vingt dernières minutes). Une vitesse de croisière qui évite de trop s’attarder sur quelques indécrottables clichés et mécanismes usuels de la comédie. Car malgré ces « petits » écueils, Intouchables devient toujours plus touchant, attachant. En troquant le cynisme d’un Fabien Onteniente pour une tendre moquerie ou grâce à l’incroyable sobriété de jeu de Cluzet et – surtout – Sy. Ayant constamment le pied sur la pédale de frein, ce duo empêche les sorties de piste, ramène le film vers sa plus grande qualité : ce sens du divertissement populaire, au sens noble du terme, celui d’une certaine humilité. C’est elle qui devrait logiquement faire le succès d’Intouchables.
Intouchables D’Olivier Nakache et Éric Toledano, avec François Cluzet, Omar Sy, Anne Le Ny, Audrey Fleurot…
culture cinéma
© Versus Production
© Twentieth century fox film corporation
D’art et d’essai La valse des pantins de Martin Scorsese 1983 - 100mm L’avantage des programmations « ciné classique », c’est qu’on peut revoir sur grand écran des films qui prennent toute leur dimension visionnaire. C’est le cas de La valse des pantins, programmé à l’Autan. Un quidam, Rupert Pupkin rêve de devenir une vedette de la télévision. Confondant fantasme et réalité, il va vite se persuader que Jerry Langford, animateur de télévision bien réel, et dont le show enregistre les plus forts taux d’audience, voit en lui le grand artiste que Pupkin rêve d’être. Dans une scène devenue fameuse, troublante et vite dérangeante car elle n’est que le fruit de l’imagination de Pupkin, on le voit voler la vedette à Langford. À l’heure où la télé réalité engendre ses dérives, Scorsese, tout comme avant lui Lumet avec Network, nous annonce le pire. On a les pieds dedans. \ I.D \ À l’Autan, Ramonville, le 14.11 à 21h
Échappée buissonnière
Au moment où la Belgique ne sait plus trop où elle habite, Bouli Lanners lui offre de nouveau l’asile poétique. Deux ans après Eldorado, l’acteur-réalisateur confirme des envies d’ailleurs, de délocaliser l’Outre-Quiévrain dans l’Amérique rurale et plus précisément, celle des récits de Mark Twain. Ici, comme dans Hucklberry Finn, on suit les aventures d’enfants qui vont grandir malgré eux. Trois mômes abandonnés à eux-mêmes le temps d’un été. Les parents ne sont pas portés absents ou démissionnaires. Mais quand ils sont là, c’est pour coller des beignes. Alors Zach, Seth et Danny prennent la poudre d’escampette et trompent leur ennui ordinaire de pré-ados en faisant des conneries, des rapines dans les caves au pillage du bar d’une maison de vacances pas encore habitée. Il y a quelque chose d’insolent, d’impertinent dans l’échappée buissonnière de ces trois-là, qui tiennent autant des pieds nickelés que de petits poucets tentant de trouver leur voie. Lanners, lui, prend des chemins de traverse, en tissant des ponts entre l’univers de l’Americana (ce genre littéraire et cinématographique, ode rêveuse à un territoire et à ses valeurs fondamentales) et celui du conte de fées. Il y a d’ailleurs effectivement une fée et des ogres dans Les géants. Autant de points de repères initiatiques pour ces trois gosses qui n’en seront plus d’ici la fin de leur périple. Pas éloigné d’un Stand by me – l’inégalable film de Rob Reiner où quatre garçons partaient à la recherche d’un cadavre — Lanners raconte comment ils vont devoir laisser leur enfance à la sortie du bois. Ou plutôt au gré d’une rivière, affluent de celle de La nuit du Chasseur. Zach, Seth et Danny y embarquent pour fuir le monde adulte, sans savoir que c’est à sa lisière qu’elle va les mener. Lanners n’a pas oublié que les meilleurs contes sont ceux dont on n’expurge pas les cruels enjeux : ici, la perte d’une innocence pour pouvoir enfin être libre. Sortie le 2.11
\ A.M. \
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Séquence court-métrage Les Géants De Bouli Lanners Avec Zacharie Chasseriaud, Martin Nissen, Paul Bartel…
Ce n’est pas rien les courts-métrages. C’est souvent par là que tout commence pour les cinéastes. Rarement diffusés en salle, leur programmation dans des festivals est d’autant plus majeure. Aussi, vous ne manquerez pas les 20 ans de Séquence Court Métrage avec son best of de 20 ans de Séquences, qui nous fait voyager du Mexique à l’Angleterre, sa compétition bien fournie, de la 2D au sport en passant par les lycées de Midi Pyrénées et un prometteur « Décalé et déjanté » qui nous fait saliver d’avance ! \ I.D \ Du 11.11 au 27.11, à Vic-en-Bigorre, Lavaur, Ramonville, Auterive, Foix, Grenade et Toulouse. Infos : 17 place Dupuy, 05 61 62 92 46, www.sequence-court.com
Extrême Cinéma 2011 Certains diront que ces films n’ont rien à voir avec le 7e art. D’autres s’en délectent par avance. Bizarre, étrange, décalé… Le festival Extrême Cinéma n’en finit pas de se moquer des normes établies, et met nos sens en émoi avec, cette année, un spécial Hôpital et ses fantasmes. Ça promet ! Évidemment, on n’évitera pas les infirmières sanglées dans leur uniforme. On aura droit aux chirurgiens fous furieux et tout cela sera à la fois saignant et à point. L’hôpital est bien plus qu’un décor dans l’histoire du cinéma, on peut même parler de premier rôle dans nombre de films à découvrir pendant ces quatre jours placés sous le signe de l’extrême. À noter une soirée hommage à Jean Rollin et une nuit détraquée jusqu’au petit matin. \ I.D \ Du 15 au 19.11, la Cinémathèque, 69 rue du Taur, Toulouse, 05 62 30 30 10
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L’ACTUALITÉ REVUE ET CORRIGÉE PAR L’ÉQUIPE DES 3T
TEXTES RÉACTUALISÉS PAR
J.J. CRIPIA (DUO DES NON)
culture ARTS VIVANTS
Tous au théâtre ! À Toulouse, les amateurs de théâtre sont comblés. À côté du TNT, la ville regorge de nombreuses salles, petites ou plus grandes, qui offrent chaque saison une programmation des plus diverses. Pour la première fois cette année, treize théâtres toulousains s’associent pour partir à la rencontre de nouveaux publics, mettant en avant la vivacité de la création toulousaine. Une démarche inédite qui prolonge la mise en place des carnets « Pleins Feux », une billetterie commune développée par trois théâtres indépendants en 2004, rejoints depuis par cinq autres lieux. Une initiative couronnée de succès, qui permet aux spectateurs de profiter de la variété des propositions. Autre temps, autre proposition... Plus qu’un festival, « Un théâtre près de chez vous » se veut une fête, une invitation unique et inédite à découvrir la richesse et la variété du paysage théâtral toulousain. Au programme, 70 événements dont 30 spectacles, des conférences, des ateliers et des stages. Pièces et lectures, danse et musique, chacun pourra aller du connu à l’inconnu, expérimenter même, et toujours s’émouvoir. Pendant trois jours, le public est convié à arpenter la ville et, au gré de ses cheminements, (re) découvrir un Ubu roi, entre clown, marionnettes et petit écran, la Fin de partie de Beckett ou les chansons caustiques du Duo parleur. L’occasion aussi de vivre une grande performance artistique continue, faite de lectures et d’improvisations, d’entendre les mots de Stephan Zweig et les notes de Haydn, avant de passer une soirée autour de Baudelaire. Pas de souci, les manifestations sont coordonnées pour avoir le temps d’aller d’un lieu à l’autre. « Un théâtre près de chez vous », c’est également la volonté pour les lieux d’ouvrir grand leurs portes, de montrer l’envers du décor. Le public vient à la rencontre des artistes, partage avec eux des moments de discussion, de convivialité. D’autres liens se tissent, les spectateurs pouvant même, l’espace d’un week-end, devenir acteurs à leur tour.
© Don Pinder - Courtesy Kwahs
Du 18 au 20.11
\ Philippe Dynamo \
Toulouse, www.untheatrepresdechezvous.org
Petites histoires du bayou
\ Karine Chapert \
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Short Stories d’après Tennessee Williams Portrait of a girl in glass, Three Players of a summer game, Hard Candy, The Malediction du 15.11 au 3.12 Au TNT, à partir de 7 e, www.tnt-cite.com Et aussi dans la thématique « Nos Amériques », du 15.11 au 16.12 : Bettina Atala, Suzanne Lebeau, John Arnold, Mathieu Bauer…
© MIXART MYRYS - Compagnie Cox Igru
Rééditions, nouvelle bio’ et même Johnny Halliday sur les planches ! Difficile de la sorte, d’oublier un tel anniversaire, Tennessee Williams aurait cent ans aujourd’hui. Au TNT, Agathe Mélinand souffle les bougies elle aussi mais s’intéresse au nouvelliste, une facette de Williams moins connue du grand public. Ce sont des images qui viennent en premier lorsqu’on évoque l’œuvre du dramaturge : le bleu des yeux de Newman, le marcel blanc de Brando, la moiteur étouffante d’un après-midi à la Nouvelle-Orléans. Et les « grandes » pièces – comme on le dirait d’un Molière – La Ménagerie de Verre ou La Nuit de l’iguane. Le public connaît moins bien ses histoires courtes qui reprennent une figure chère à l’auteur, celle de l’exclu qu’il soit alcoolo, dépressif ou tout bonnement seul. « Il me semble que quelques unes de mes nouvelles ou de mes pièces en un acte pourraient fournir une matière intéressante et profitable pour des scénarios de cinéma », écrivait dans ses mémoires Tennessee Williams. Qu’à cela ne tienne, Agathe Mélinand les porte aujourd’hui sur un plateau… de théâtre, même si le cinéma n’est jamais très loin. Pour ses short cuts favorites – qu’elle a également retraduites –, Agathe Mélinand cause Rohmer et Ozu, travellings et grands angles. Et elle s’entoure de sa bande : Christine Brotons, Fabienne Rocaboy, Émilie Vaudau, Pierre Aussedat, Emmanuel Daumas et Eddy Letexier, croisés entre autres dans les dernières créations du duo qu’elle forme avec Laurent Pelly. Dans un décor construit d’images – photographies et vidéo habitent l’espace –, leurs personnages sont les antihéros décatis et poignants d’un Sud finissant. Et pourtant ils ont ce « kind of déjà-vu » comme disent les Américains. Que ce soit le prologue ou l’épilogue à la découverte de l’œuvre de Tennessee Williams, toute ressemblance avec le spectateur serait fortuite.
Activisme Steven Cohen est un drôle de bonhomme. Il a récuré les trottoirs de Vienne avec une brosse à dent en arborant une étoile de David, il a arpenté les townships de Johannesburg affublé d’un abat-jour à pampilles. Pas vraiment Monsieur tout-le-monde hein ? Mais réduire ses expérimentations à la seule excentricité du personnage ce serait passer à côté d’un artiste majeur. Steven Cohen est un activiste. Il utilise son corps travesti, customisé, presque mutilé pour créer la performance et tirer la sonnette d’alarme d’une société pourrie d’intolérance. Avec Nomsa Dhlamini, 90 ans, bonne à tout faire de son état, Steven Cohen emmène cette fois-ci le spectateur dans « Le berceau de l’humanité » : des grottes africaines où l’on a retrouvé les premiers ossements de l’homo erectus. Du fin fond de sa caverne ou dans sa bulle sur scène, Steven Cohen nous interroge : finalement les hommes ne seraient-il pas encore de grands singes ? \ K. C. \
Tintin © Marc Vanappelghem
The Cradle of Humankind, 8 au 11.11, théâtre Garonne, à partir de 9 €, www.theatregaronne.com Les 9 et 10 novembre, le spectacle sera précédé d’une projection de la performance Maid in South Africa.
Ah, je ris… Pourquoi se priver ? Ils avaient conquis le public blagnacais en 2002, Tintin, le Capitaine, Bianca et les autres reviennent à Odyssud pour cinq nouvelles représentations. Ici, point de voyage de l’autre côté du globe ou de complot international à
déjouer. Unité de temps, de lieu et d’action, une aubaine pour les metteurs en scène Dominique Catton et Christiane Suter qui excellent dans l’exercice de la transposition. Tintinophiles de tout poil, ce spectacle est pour vous, tout y scrupuleusement respecté à la lettre. Et les personnages y sont plus vrais que nature. On imagine bien volontiers que les ayant droits d’Hergé n’ont rien laissé au hasard dans cette adaptation de la compagnie Am Stram Gram. Et sinon… Plus de deux heures de franche rigolade devant ce huis-clos domestique. Mille sabords, mais courez-y ! \ K. C. \ 11 au 15.11, Odyssud, à partir de 10 €, www.odyssud.com
Hand Stories © Mario Del Curto - Strates
© Alain Monot
Sur les planches
Puppet style « Marionnettissimo », c’est un seul fil conducteur mais une variété infinie de propositions autour des formes animées. Balayés, les souvenirs de Guignol et Gnafron. En 2011, la marionnette fraye avec les arts plastiques, la musique et la danse. Les spectacles abordent aussi bien le répertoire que nos questions les plus intimes, ils sont gratuits ou très peu chers et souvent absents des programmations des théâtres. Autant de raisons de s’aventurer, petits (et grands surtout), les plus difficiles à convaincre- dans le parcours concocté par Jean Kaplan et son équipe. Entre Toulouse et Tournefeuille, une vingtaine de lieux sont associés à la programmation, un village marionnettique, dont le Magic Mirror et le chapiteau de l’Agit. Jusqu’au bout de la nuit, des matchs d’impro’ et un « Puppet » cabaret. Et puis surtout, avant tout, des équipes de création, du célébrissime Boustrophédon au grand maître chinois de la marionnette à gaine Yeung Faï, qui clôturera la célébration. \ K. C. \ 22 au 27.11, Marionnettissimo, gratuit à 10 s, www.marionnettissimo.com
© Morgan Fortems
ÉVÉNEMENT
Novelum : in-ouïe ! Pourquoi y aller ? Parce que c’est le seul festival de cette envergure dans la région qui soit consacré aux musiques nouvelles ; parce que les occasions de découvrir (à prix modestes) cette musique qui impressionne (a priori) sont rares ; parce que les propositions de ce festival sont multiples, entre œuvres du répertoire et créations d’avant-garde ; parce que les œuvres présentées rendent compte que les artistes d’aujourd’hui sont bien engagés ; parce que le collectif éOle tente d’être le miroir d’une création fascinante et d’une inventivité sans limites ; pour un autre regard porté sur la technologie ; pour vous faire une idée, pardi !
Festival Novelum, du 8.11 au 3.12, de 14h à 23h, 6 à 35 € (Pass festival de 9 à 21 € pour 3 spectacles), Odyssud Blagnac et Toulouse, 05 61 71 81 72, www.odyssud.com
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Inouïe, au sens étymologique « qui n’a pas été entendue », telle se veut la musique contemporaine, qui ne demande qu’à être écoutée. Consacré aux musiques nouvelles, le festival Novelum propose, pour sa 14e édition, de se mettre au diapason du film Lost in Translation, et nous donne le la d’un monde insaisissable... Par Valérie Lassus On vous dit « musique contemporaine » et vous revoyez la scène de la « musique des sphères » infligée par le jeune Claude Rich dans Les tontons flingueurs... Musique répétitive, néotonale, sérielle, concrète, aléatoire, minimaliste, spectrale, acousmatique, moderniste-stochastique... Elle fait peur, avec ses courants aux noms abscons aussi nombreux que ses auteurs ! Alors, on parle plutôt aujourd’hui de « musiques nouvelles ». « C’est l’expression la plus répandue pour désigner les musiques de création écrites, qui sont faites pour le concert, par opposition à des partitions destinées au cinéma par exemple », explique Lionel Hiver du collectif éOle, co-organisateur du festival avec Odyssud. « Ce qui n’exclut pas des formes de plus en plus hybrides, lorsque les compositeurs travaillent avec des chorégraphes, des écrivains ou des plasticiens. » En continuation de la musique dite classique, les compositeurs du début du XXe siècle ont cherché à dépasser les systèmes d’écritures et donc, de jeu, imposés depuis des siècles. Mais ce n’est qu’avec l’évolution de la technique, électrique, électro-acoustique, électronique puis informatique et la création d’une nouvelle lutherie, qu’ils purent pleinement s’affranchir de la tradition. « Il faut en effet
compter avec une technologie qui évolue et permet des choses tout à fait nouvelles, liées au mouvement, au traitement du son en temps réel notamment », poursuit Lionel Hiver. Pourtant, même si les nouvelles machines ont permis son épanouissement, le propos artistique doit primer. « On essaie de faire état du plus de formes possible : du concert le plus ritualisé [l’orchestre du Capitole jouera Schönberg, Mantovani et Bartók, ndlr] à des temps plus libres avec le recours à l’image, à la danse, aux arts plastiques ». D’accord, le thème de cette année, Lost in translation, n’est pas forcément fait pour nous rassurer. Cependant, ce clin d’œil au cinéma ne fait qu’évoquer le vagabondage entre deux temps, entre deux territoires, l’état de liberté nécessaire à la création artistique. « Cette année, nous avons essayé de choisir des œuvres dont l’identité est floue ou qui créent des dialogues de contraires pour arriver à un état où l’on ne sait plus si l’on est dans de d’instrumental, de l’électronique ou du visuel. Il y a cette volonté que les gens viennent le plus neutres possible, en état de curiosité et de découverte et qu’ils acceptent de perdre leurs repères. » Un autre son de cloche à propos de notre monde, à portée d’oreille...
S’il n’y avait que cinq dates à retenir…
© Ensemble Court-circuit.
Le doux cliquetis du compteur Geiger au fond des bois
Radioactif
En 2008, Christophe Ruetsch, invité par Pascal Rueff – ingénieur du son et poète –, part en résidence à Volodarka, à 40 km de Tchernobyl. Chaque jour, le musicien enregistre les sons de la zone contaminée : la nature, le vent, les oiseaux... Il fabrique un carnet de voyage dicté par les sens, dont ces quelques lignes donnent le ton : « [...] Au sortir de la forêt, l’espace s’ouvre sur une grande clairière, le village est là : Shishelovka ! Arrêt près d’un étang peuplé de grenouilles, le vent souffle fort dans les arbres. Je traverse les maisons abandonnées, lentement. Ambiance étrange. La végétation occupe tous les espaces. Le calme, les ruines, c’est très beau… » Au terme de l’exploration, voici une musique électroacoustique qui nous oblige à nous frotter (sans dosimètre) au monde intangible, mais bien réel... Atomic radio 137 Live / Christophe Ruetsch (musique et textes) et Pascal Rueff (textes) 18.11, 21h, Théâtre Garonne, 6 à 9 €
Partitions de traverse
Onze musiciens sur scène, c’est le résultat d’une rencontre entre le compositeur Philippe Hurel – directeur de l’ensemble Court-circuit – et Yaron Deutsch, fondateur de Nikel, qui avait transcrit avec bonheur une pièce de Hurel. S’en est suivie l’envie du premier d’écrire pour le second. Ce fut Localized corrosion, pièce demandant une maîtrise de la musique contemporaine mais aussi des influences du jazz et du rock. La réussite de cette collaboration a nourri le désir de jouer ensemble des « œuvres au-delà des différences esthétiques qu’elles présentent. Un programme [Romitelli, Momi, Hurel] musclé, nerveux, rythmique, qui sort des sentiers battus », dit Philippe Hurel. Idéal pour vous sortir des bras de Morphée. Localized Corrosion / Ensembles Court-circuit et Nikel 15.11, 20h30, Théâtre Garonne, 6 à 9 €
© Collectif MA
Hypnotique
© Christophe Ruetsch
Corrosif
Entre songe et réalité 3D
La voici, l’incontournable installation, présente dans tout événement artistique contemporain qui se respecte. Celle-ci est perchée : c’est une tentative de figurer Morphée, divinité des rêves, du point de vue de la recherche en sciences cognitives. Le dieu polymorphe est censé s’incarner dans de froides images de corps créées par la numérisation 3D. Pour ce projet, les artistes ont collaboré avec des chercheurs du CNRS, du CHU de Rangueil, de l’université Paul-Sabatier... Que de bras tendus pour vous bercer ! Morphée / collectif ma~, Grégory Marteau (sons) Du 15 au 19.11, à partir de 14 h, entrée libre, Théâtre Garonne
Antique
Drame grec, encore...
Inventif
© Compagnie Le Lario
Il y a dix ans s’éteignait l’un des compositeurs les plus originaux et emblématiques de la musique contemporaine. Iannis Xénakis, architecte et ingénieur, s’est intéressé tôt à l’écriture mathématique de la musique, à l’utilisation de l’ordinateur ainsi qu’à la mise en espace comme élément de création. Son pays d’origine, la Grèce, lui inspira de nombreuses pièces dont l’Orestie, suite pour chœur d’enfants, chœur mixte jouant d’accessoires musicaux et 14 musiciens, écrite en 1965 d’après Eschyle. Daniel Tosi dirigera la première française de la version totale de cette œuvre. Aujourd’hui, les percussions et les chœurs très présents de cette trilogie antique font écho à l’actualité tragique des Hellènes. Orestie / Orchestre Perpignan Méditerranée, Ensemble polyphonique de Perpignan, Maîtrise du CRR Perpignan Méditerranée, Maîtrise du CRR de Toulouse 20.11, 20h30, Auditorium Saint-Pierre-des-Cuisines, 10 à 20 €
Concerto pour fil de fer et logiciel
Incroyable ce que l’on peut bidouiller avec un moteur d’essuieglace et de l’imagination. Raclements, chuintements et cliquetis mixés aux sons d’instruments classiques : Antoine Birot, seul en scène, s’y entend pour faire découvrir la nouvelle musique aux plus petits, à travers l’histoire très visuelle d’un bonhomme en fil de fer amoureux d’une ballerine... La prophétie des mécas / Antoine Birot Le 26.11, 15h et 17h, Petit Théâtre St-Exupère (Blagnac), 6 à 9 €
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culture musique
Hollywood Forever [music-hall]
Treize artistes, 250 costumes, un enchaînement de 20 tableaux et une soirée musicale qui met à l’honneur... le septième art. Tous les vendredi soirs, le Casino Théâtre Barrière produit un dîner spectacle qui ressuscite les grandes heures du music-hall. Dans une chorégraphie dynamique et colorée, Hollywood Forever revisite des succès mondiaux tels que le récent Slumdog millionaire ou les films d’Almodóvar, avec une prédominance pour les grands succès venus d’Outre-Atlantique. L’incontournable 9 semaines et demi croise le Moulin Rouge et Dirty dancing ainsi que des figures plus inattendues (Rocky). L’hexagone n’est pas oublié pour autant avec quelques numéros autour de Podium ou La Môme. Entre musique, théâtre et cinéma, Hollywood Forever plonge son public dans l’usine à rêves.
disque qu’ils présenteront au Mandala : Travesti. Les titres parlent d’euxmêmes : « Train ukrainien », « Acab », « Titus Pulo ». Pulcinella chasse sur les terres de l’imaginaire, avec l’envie de raconter des histoires. Avec une certaine logique, leur free-jazz absorbe et digère des influences rock, tango ou tzigane pour en faire un kaléidoscope musical chaleureux.
Le beau duo de Mansfield Tya, l’électrorock abrasive de Shaka Ponk, la sensation rap 1995... Le Fat envoie du lourd. 7 au 19.11, différents lieux dans Toulouse et l’agglo, 05 34 30 17 48, www.fat-festival.com
Thomas Dutronc [chanson]
4.11, 21h, 9 et 6 e, Mandala, 05 61 21 10 05, www.mandala.com
Paul Personne
Ts les vendredis, 20h30 et 21h, 32 à 67 e, 05 61 33 37 77, www.casino-theatre-barriere-toulouse.com
[blues-rock]
© Will Cooper Mitchell
[folk]
C’est dans les tréfonds de son cœur que nous convie l’auteur-compositeur Fink. Fin Greenall (de son vrai nom) a collaboré avec des artistes tels que John Legend, Professor Green ou encore la défunte Amy Winehouse ; lui et sa bande reviennent pour un quatrième album nommé Perfect Darkness. Jonglant entre la musique folk, le blues et le dubstep, le songwriter anglais nous emmène dans un voyage trépidant où chansons sombres et palpitantes se succèdent. La mélancolie se tient bien au chaud dans le nid de Fink, elle habite chaque note, chaque mélodie de cet album élaboré en vingt jours, afin de capturer l’urgence et la peur. Dans le cadre de sa tournée européenne, le groupe s’arrête à Tournefeuille. Frissons garantis.
Rare représentant du blues tricolore, le guitariste Paul Personne est revenu sur le devant de la scène avec un projet aytpique dans la forme, et maîtrisé sur le fond. Alors que plus personne n’entendait parler de lui depuis 2007 (et un duo avec Hubert Félix Thiéfaine), René-Paul Roux de son vrai nom a réapparu avec un album en deux parties : À l’Ouest - Face A, sorti en mai et A l’Ouest - Face B disponible depuis septembre. Une manière de renouer avec la tradition des vinyles mais aussi de caser un certain nombre de chansons qui trottaient dans la tête du bonhomme depuis quelque temps – dont un hommage au légendaire et regretté Calvin Russell. Accompagné de nouveaux musiciens, il partage ses compositions entre instrumentaux électriques, fameux coup de gratte, et mélodies laissant la part belle à l’émotion. À 62 ans, ce natif d’Argenteuil revient à Toulouse, ville qu’il connaît bien pour avoir longtemps résidé dans ses environs.
© Yann Orhan
Fink
5.11, 20h30, 35 et 40 e, Halle aux Grains, ww.bleucitron.net
Fat Festival
[musiques actuelles]
2.11, 20h, 21,80 e, Le Phare, www.premiere-pression.com
Les nuits sonores La Petite invite pour la seconde fois à Toulouse le fameux festival lyonnais Les Nuits sonores. Quatre jours de pure musique et d’activités insolites. Six lieux qui font partie du patrimoine toulousain, investis pour accueillir les agitateurs urbains. Les journées passeront au rythme du programme Extra ! Expositions, showcases, animations, chaque événement est innovant et interactif pour toucher le plus large public. Manger des hosties à l’effigie de David Hasselhoff ou se prendre pour Philippe Candeloro sous acide à la patinoire devient possible. Les apéros sonores (gratuits) se chargeront d’entamer les soirées dans une convivialité électrique. La nuit, quant à elle, sera placée sous le signe des sons électroniques et indépendants. Comme à leur habitude, Les Nuits sonores proposent une ribambelle d’artistes de renommée, internationaux et locaux. Les anglais de Death In Vegas s’en donneront à cœur joie pour agiter la foule de la nuit #1 ; l’un des hommes de Caribou prendra la relève de la nuit #2 au Bikini pour un dj set envoûtant et en clôture des #4 nuits éclectiques, The Unspeakable Chilly Gonzales himself hantera la Halle aux Grains, accompagné d’un orchestre de chambre. Les Nuits sonores risquent vite de se transformer en nuits blanches tapageuses. Prévenez vos voisins. 3 au 6.11, 0 à 24 e, pass 4 nuits 50 e, Lieu Commun entre autres, www.lapetite.fr/nuitssonores
Pulcinella [free-jazz]
À ses débuts, Pulcinella avait surpris. Sans doute parce que personne ne les attendait, bien que Toulouse se targue d’une tradition jazzy. Depuis le quatuor a multiplié les projets et les scènes, enrichissant sa musique et son imagination de sons croisés sur les routes. Le goût du récit de voyage est au cœur du nouveau
50 / Spirit # 44
Mansfield Tya © Rico Forhan
[festival]
Dès sa première édition en 2010, le Festival d’Automne avait pour vocation de proposer un panorama des musiques actuelles un peu partout à Toulouse. Pour cette nouvelle édition, l’événement né de l’imaginaire débordant de l’association Première-Pression confirme cette ambition : le Fat se déploie dans certains lieux emblématiques. Le Zénith, le Phare, le Bikini, la Dynamo mais aussi le Saint des Seins et le Connexion Café participeront à l’effervescence de l’automne. La programmation musicale joue la carte de l’éclectisme. Aux côtés des poids lourds Paul Kalkbrenner, Birdy Nam Nam ou Groundation, on pourra (re) découvrir des groupes coups de cœur.
Les « filles et fils de » énervent à juste titre. Trop facile de se lancer dans le milieu artistique lorsqu’on y a baigné dedans dès tout petit, que papa s’appelle Dutronc et maman Hardy. Plutôt discret, le fils Thomas semble avoir passé pas mal de temps à s’excuser de cette carte de visite. Oui, son nom lui a ouvert des portes mais « pas forcément sur le bon chemin » déclarait-il au journal Libération début octobre. Après avoir hésité entre une carrière de photographe ou de cinéaste, c’est sa rencontre avec le guitariste manouche Biréli Lagrène qui le pousse de l’avant. C’est que Thomas Dutronc est fan de Django Reinhardt depuis l’adolescence. Après quelques temps passés dans le Gipsy Project de Lagrène, Dutronc sort son premier album solo. En pleine crise du disque. Six-cent mille exemplaires s’écoulent de Comme un manouche sans guitare. Succès inattendu, suivi de trois ans de tournée, et désormais accompagné d’un petit nouveau : Silence, on tourne, on tourne en rond. Les sonorités jazz cèdent la place à des mélodies plus sèches et une écriture moins espiègle mais qui n’a rien perdu du goût de la rime. 7 et 8.11, 21h, 21 à 35 e, Odyssud, 05 61 71 75 15, www.odyssud.com
Solillaquists Of Sound [hip-hop]
Les quatre fous furieux d’Orlando rappliquent en trombe à la Dynamo. Leur précédent album les a hissés au rang d’artistes à-surveiller-de-très-près. Avec la sortie de No More Heroes, on reste attentif et absorbé par la musique pour ne pas en manquer une miette. Le groupe rénove le hip hop old-school, ajoutant des touches rock, des afrobeats, ou encore de l’électro. Comme Kanye West l’a fait pour le rap, Solillaquists Of Sound donne de nouvelles couleurs au hip hop qui (re)devient alternatif et intelligent. Tapage prévu, made in U.S. 7.11, 20h, 13,70 e, La Dynamo, www.ladynamo-toulouse.com
culture musique
Festival Les Inrocks Black XS
Festival Origines Contrôlées [pluridisciplinaire]
Miles Kane © Laurence Ellis
[festival]
Roaaarr ! Pour sa 24e édition, le festival Les Inrocks a mangé du lion. Comme à son habitude, la manifestation musicale sillonne les routes de France. Du 2 au 8 novembre, c’est un festival à la pointe des musiques actuelles que nous offrent les Inrocks en association avec Black XS ; un voyage harmonieux où la Grande-Bretagne est mise à l’honneur parmi d’autres artistes venus des Etats-Unis et de France. Cette année, les musiques rock et folk s’entrechoqueront sur la même scène, laissant la pop en retrait. Viendront à Toulouse les 7 et 8, James Blake, sensation dubsoul de l’année 2011, Cults, très bon duo rock qu’on a hâte de voir sur scène, Miles Kane, le british de Liverpool que tout le monde connaît (même les mamies), les Anglais de Friendly Fires avec leur pop tropicale qui fait bouger ton boule, et Dunst !, les Toulousains de l’étape. Mais ce n’est pas tout, d’autres talents émergents valent le détour, notamment Laura Marling, une fillette issue du Hampshire, à la folk chaleureuse, et à la voix précieuse qui ferait presque pâlir la désormais célèbre Adele. Décidément c’est un très bon cru qui nous est livré à domicile. Les places sont déjà comptées. 7 et 8.11, 20h30, 25 e, pass 2 jours 40 e, Le Bikini, www.lebikini.com
General Elektriks [pop groove]
De ce jeune homme émane une aura mystérieuse. Difficile de classer RV alias Hervé dans un genre musical. Il est touche-à-tout : electro, pop, rétro futuriste, ce qui est sûr c’est qu’à chacun de ses passages tout trépasse. Le sorcier des claviers (comme il ne faut pas le surnommer) s’est frayé un chemin aussi bien Outre-Atlantique que chez nous, notamment grâce à son album Good City for Dreamers acclamé des critiques. Attention, les claviers balancent, les nuques du public aussi. 15.11, 20h30, 20 e, Le Bikini, www.lebikini.com
52 / Spirit # 44
Pluridisciplinaire, le festival Origines Contrôlées trouve son équilibre dans le mélange d’événements culturels et de questionnements sociaux. Cinéma, danse, théâtre, littérature et musique mettent en relief des regards croisés sur la mémoire de l’immigration et des quartiers populaires, la discrimination et l’égalité des droits. Pour sa huitième édition, le festival de l’association Tactikollectif bénéficie d’un jour de plus. Huit jours qui permettent d’accueillir le dernier show de Didier Porte, fameux chroniqueur viré de France-Inter en même temps que son collègue Stephane Guillon. L’humoriste sera la touche finale d’une semaine qui aura d’abord croisé le cinéma ouvrier de Jean-Pierre Thorn, l’écrivain martiniquais Edouard Glissant ou un débat autour de la laïcité. Sans oublier, bien sûr, la programmation musicale qui donne pêle-mêle rendez-vous à Zone Libre vs Casey & B-James, Psyckick Lyrikah, La Canaille, Maître Madj et Dj Requiem. Gros morceaux : le premier concert de Zebda dans la ville rose, entouré de Fredo des Ogres de Barback et Wally, le 21 novembre au Bikini.
beaucoup d’appréhension, un tournant dans la carrière d’un artiste. Bichon a fait son entrée dans les bacs en mars dernier, recevant un accueil mitigé des critiques. Il faut dire, on l’aime bien ce Julien, mais l’album ressemble à de la variété des années 70 aux sonorités expérimentalistes. Un brin mollasson, mais on compte sur la fièvre du live pour retrouver la folie du bichon. 24.11, 20h30, 27 e, Le Bikini, www.lebikini.com
Festival Culture Bar-Bars [café-concert]
Avec la chasse aux sorcières récemment menée dans Toulouse, et le nombre grandissant de faits-divers imputés à la seule responsabilité de l’alcool vendu dans les bistrots, la profession de patron de bar se retrouve une nouvelle fois stigmatisée. Redonner à ces derniers et à leurs cafés-cultures une place plus juste : la mission que s’est fixée le collectif Culture Bar-Bars a encore de beaux jours devant elle. Depuis dix ans, le festival met en lumière le dynamisme culturel auquel contribuent ces lieux de vie. Le principe ? Chaque café programme des artistes de son choix, coups de cœur ou correspondant à l’ambiance du lieu. Musique, exposition, théâtre ou lecture, tout est permis pour soutenir la création. 24 au 26.11, différents lieux dans Toulouse, www.bar-bars.com
Arthur H [chanson]
18 au 25.11, Bourse du travail (quartier St-Sernin) et Bikini, entrée libre / 22 e, www.tactikollectif.org
Selah Sue [folk soul]
Posé en défenseur de la loi Hadopi, Arthur H a bien failli être rayé de nos petits papiers. On a finalement choisi de ne pas lui en tenir rigueur. Quittant les plateaux télé de Laurent Ruquier, le fils Higelin est revenu en octobre avec l’album Baba Love, bel opus ciselé avec humour et amour. Et sans délaisser son attrait pour l’expérimentation et les rencontres. Arthur H y croise Jean-Louis Trintignant, invite Saul Williams ou sa petite sœur, la rockeuse Izia. À Cahors, il devrait être accompagné du guitariste Joseph Chedid (frère de -M-) et du pianiste de Air. L’occasion pour la salle des Docks de faire monter sur sa scène une tête d’affiche capable de rassembler grand public et spectateurs exigeants, après les dates de Zebda en octobre et Cocoon le 19 novembre. Décrite comme l’une des nouvelles figures de la soul, Selah Sue (Prononcez « c’est la sous ») a été l’une des révélations de l’année 2011. Arrivée jusqu’aux portes du succès grâce à son incontournable single « Raggamuffin », la Belge de 22 ans a su s’imposer comme une artiste mélangeant soul, reggae et sonorités folk dans son répertoire. Après avoir enchaîné d’innombrables festivals cet été, elle continue d’arpenter les salles pour faire la promo de son premier album. À la fois intimistes et dynamiques, les lives de Selah Sue valent le détour. 22.11, 20h, 32 e, Le Bikini, www.lebikini.com
Julien Doré [chanson française]
Habitué à des performances barrées et décalées lors de son parcours à la Nouvelle Star (oui, on regardait !), Julien Doré devrait ne pas décevoir pour sa nouvelle tournée. Tout le monde le sait, la sortie d’un deuxième album est attendue avec
25.11, 21h, 15/12 e, Les Docks (Cahors), 05 65 22 36 38, www.mairie-cahors.fr
Grands Interprètes [orchestre philharmonique]
Depuis 11 ans, Myung-Whun Chung dirige l’orchestre philharmonique de Radio France. Il peut se féliciter d’être à la direction d’une des plus remarquables phalanges européennes, et de s’investir corps et âme dans sa passion. Des membres prestigieux ont enrichi cette bande de grands musiciens tels Pierre Boulez, Valery Gergiev, Ton Koopman pour n’en citer que quelques-uns. Fin octobre, l’orchestre jouera la Symphonie « italienne » de Mendelssohn, ainsi que la Symphonie « Romantique » de Bruckner. Un bien beau programme. 26.11, 20h, de 27 à 61 e, Halle aux Grains, www.grandsinterpretes.com
Jamiroquai [Funk]
Retour fracassant pour le plus célèbre groupe de funk au monde : Jamiroquai. Après cinq longues années d’absence, il était inespéré de réentendre un jour de nouvelles chansons de l’homme aux chapeaux farfelus et de ses compères. Pourtant Rock Dust Light Star est apparu comme le messie et a montré que rien n’était perdu chez les Anglais. Un retour aux sources, avec des sonorités qui rappellent les débuts du groupe dans les années 90 ; les guitares et les cuivres sont omniprésents, on assiste à des envolées funk, acid-jazz et rock. Une vraie expérience à vivre en concert. 28.11, 20h, 43,50/48,50 e, le Zénith, www.bleucitron.net
culture CD / DVD
Le CD du mois
James Blake
Après le récent et incontestable succès d’un premier album très personnel, James Blake remet déjà le couvert avec cet EP 6 titres qui s’inscrit toutefois dans la continuité du travail entamé par ce jeune artiste anglais. Ayant franchi avec brio l’étape essentielle du passage de l’album à la scène, il livre ici un ensemble de titres davantage encore axés sur le travail de la voix. Légèrement moins sophistiqué, il est toujours étonnant dans sa capacité à faire de véritables chansons dans un registre électronique. Et s’il ne fera sans doute pas changer d’avis ses admirateurs : touchant, mélancolique, élégant diront-ils, ses détracteurs le qualifieront sans doute encore de larmoyant, mollasson et pénible. Mais tout comme Léon Zitrone, James Blake peut garder de l’altitude et déclarer sereinement « Qu’on parle de moi en bien ou en mal, peu importe. L’essentiel c’est qu’on parle de moi ». Contrat rempli. \ T. D. \ Enough Thunder / EP / 8 e
Bambara Mystic Soul Avec Soundway rec, Analog Africa est sans doute le label le plus crédible en matière de compilations afro 70’s. Pour cette dixième sortie en près de cinq ans d’existence, honneur cette fois-ci au Burkina Faso. Très représentative du puissant mouvement afro/funk émergeant dans nombre de pays africains à cette période, guitares jazz mandingue, funky drummer et cuivres surchauffés s’entremêlent dans un tracklisting très hétéroclite, entre bal à papa et dancefloor de maquis. Typique d’une bien courte période post-indépendance, en pleine ébullition artistique, ces artistes et ces disques rares, tant recherchés par les Européens et Américains collectionneurs de vinyles, resteront comme de bien maigres témoignages du génie de l’époque. Et comme pour beaucoup de pays de l’Afrique de l’ouest, la fin des années 70 marquera un sérieux déclin qualitatif dans la production musicale, pour se transformer petit à petit en de bien fades bandes sons pour villages vacances. \ Thomas Delafosse \ The Raw Sound of Burkina Faso 1974-1979, Analog Africa
Damien Robitaille
Attention aux apparences, elles sont trompeuses chez Damien Robitaille. Franco-ontarien – et non Québécois – il débarque en France accompagné d’une chanson, « Mot de Passe », bourrée d’humour et d’un clip au 18e degré. Une grosse farce bien groovy, parfaite pour les charts éphémères, ou l’histoire d’un talent qui finit par lasser à force d’ironie. Mais à bien écouter cet album, ses textes à tiroir d’une inventivité folle et parfois très sombres, Damien Robitaille est juste un mec qui se demande ce qu’il fait là. D’où cette sensation de décalage frisant l’absurde. L’enrobage musical, de la soul dynamique, très orchestrée et cuivrée aux mélodies plus épurées au piano, prouve l’épaisseur du bonhomme. Un beau moment de chanson francophone, profond et original. \ Nicolas Mathé \ Homme Autonome / Huggy’s Music / Rue Stendhal / 26 e
Double messieurs Il est certain que vous connaissez Jean-François Zygel. Entre ses Nuits de l’Improvisation, sa Boîte à musique sur France 2 et son amour inconditionnel pour Toulouse : il est l’invité régulier de l’espace CroixBaragnon (notamment le 23.11 prochain), se produit avec l’Orchestre du Capitole et a rejoint les équipes du TNT avec lesquelles il présente cette année un cycle de ciné concerts consacrés à Murnau. On pourrait le définir comme le ludion merveilleux de la musique, rendant palpable la moindre note et nous faisant entrer de plain-pied dans la « fabrique musicale ». Qu’on est heureux après avoir entendu cet extraordinaire passeur, interpréter, improviser, communiquer sa passion et combien on le remercie de nous avoir fait tutoyer la « grande musique ». Avec ses Leçons de musique, on a redécouvert Chopin, Debussy ou Mozart… (10 références). La Musique classique expliquée aux enfants tient de l’enchantement… Cette 8e Clef pour l’Orchestre nous plonge, en compagnie de l’Orchestre Philharmonique de Radio France, au cœur de la Symphonie inachevée, pour mieux pénétrer le mystère de Schubert. Et puis autre pépite de cette rentrée, ce Double messieurs, véritable carnet de voyage où, en compagnie de son vieux compère Antoine Hervé, il nous promène au 4 coins de France et bien sûr à Toulouse, étape enregistrée dans le cadre du festival Toulouse d’été. Un grand moment de jazz et d’improvisation ! \ Laurent Sorel \ Double messieurs / Jean-François Zygel et Antoine Hervé / chez Naïve / 22 e (inclus DVD bonus)
54 / Spirit # 44
culture Livres
Cœurs croisés 1187, Esclarmonde se tranche l’oreille et échappe à un mariage dont elle ne veut pas. C’est une des violences que réserve ce roman étonnant. Esclarmonde sera emmurée mais une petite ouverture lui permettra d’être nourrie. Enfermée, elle va vite devenir une sainte, écoutée de tous. Seulement, Esclarmonde porte en elle un secret qui, loin d’amener la paix, va créer un chaos. Jusqu’en terre sainte. Dans ce roman, Carole Martinez a imaginé une mélopée envoûtante. Le lecteur est vite happé par cette histoire, à la fois poétique et charnelle, racontée avec un sens de l’intrigue aigu. C’est fou comme Lothaire, Elzéar, Douce et Esclarmonde nous sont proches, familiers. Du domaine des murmures / Carole Martinez / Éditions Gallimard / 16,90 e
Le poche du mois
En mémoire de la forêt / Charles T.Powers / Éditions Sonatine / 22 e
De l’audace, toujours de l’audace, encore de l’audace. Ce premier roman n’en manque pas et il fait bien ! Son auteur frappe un grand coup avec cette fresque qui dit les guerres, éclaire les colonies. Toute une Histoire qui ne passe pas. On commence au Koweït, et on poursuit en Indochine. Il y a l’Algérie aussi, un siècle de guerres françaises et leurs héros anonymes. On recommandera la description par le menu, page 128, d’un dîner chinois, tout à la fois répugnant et délicieux à lire. On trouve aussi dans ces pages, nombre d’images qui ont la force des évidences comme cette femme sur le point d’être quittée et qui « durcit comme un béton qui prend.» L’art Français de la guerre / Alexis Jenni / Éditions Gallimard / 21 e
Chahdortt Djavann © Claude Wegscheider
Le titre est beau, la couverture intrigue. Son éditeur le présente comme un thriller. Pourtant, En mémoire de la forêt n’est pas de ces livres dont on tourne les pages avec avidité, tenu par une intrigue haletante. On est ici dans quelque chose de plus subtil, de plus enveloppant, qui s’insinue tel le vent sous les feuilles des grands arbres d’une forêt sombre, qui bruisse de toutes sortes de secrets. Nous sommes aux portes d’un petit village d’où les juifs ont disparu pendant la seconde guerre mondiale. Un village où la chute du communisme met à mal une corruption sacrément active. On colle aux basques de Leszek, un jeune Polonais dont l’ami a disparu. On boit beaucoup dans ce livre, à toutes les pages, mais on n’échappe pas à la chape d’un silence coupable.
Premier roman
Tchin !
La muette Petit livre par la taille, grand roman pour ce qu’il dit du destin tragique d’une adolescente iranienne ô combien attachante. La jeune fille écrit de sa prison. Dans quelques jours, elle sera pendue. Elle raconte une vie impossible pour les femmes, dans un pays qui les détruit. Elle révèle tout de sa tante muette, la réprouvée, dont elle aura été trop proche. Chahdortt Djavann qui en cette rentrée publie aussi Je ne suis pas celle que je suis, donne à son personnage, bien plus qu’une voix. Elle lui donne une lumière, une innocence que rien ne pourra détruire. Lisez La muette, vous n’aurez ensuite qu’un désir, l’offrir. La muette / Chahdortt Djavann / Éditions J’ai Lu / 4,80 e
Spirit # 44 / 55
culture en famille
La sortie du dimanche
À petits pas vers l’art Qui a dit que l’art contemporain n’intéressait pas les enfants ? Ils y sont beaucoup plus sensibles qu’on ne le croit. Il suffit de leur faire visiter quelques musées… et de mettre la main à la pâte ! Par Séverine Clochard
H
onnêtement, au chapitre des sorties, le musée est loin d’emporter l’enthousiasme des petits. Pourtant, jamais ces bâtiments chargés d’histoire n’ont été aussi imaginatifs pour captiver les enfants. Au musée des Abattoirs, un atelier fait carton plein : l’atelier parents-enfants du dimanche. Son secret ? Il place adultes ET enfants au cœur de l’action. « L’objectif est de donner des clés de compréhension, d’apprendre à regarder une œuvre d’art » explique Laurence Broydé, l’une des 4 artistes-médiatrices du projet. Et pour y arriver, pas besoin d’avoir fait bac +15. « Il suffit de se poser quelques minutes devant une œuvre », poursuit Laurence. D’ailleurs, c’est toujours ainsi qu’elle commence la visite : devant une œuvre, elle fait asseoir tout le monde par terre. Silence, et puis, très vite, le dialogue s’engage. « Qu’est-ce que vous voyez ? » Les réponses fusent. Plutôt côté bambins, une fois passée la gêne d’être sous le regard de leurs proches. Les adultes, eux, plus en retrait, jouent les professeurs. Mais pas la peine d’essayer de se cacher. Cette visite atelier s’adresse autant aux enfants qu’aux parents. Et Laurence n’hésitera pas à vous mettre à contribution… Devant 4 ou 5 œuvres pas plus, le
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même scénario se répète. « On ne vise pas l’exhaustivité » décrypte Laurence. L’idée, c’est d’appréhender un courant artistique, une époque. « Les artistes travaillent par rapport à une histoire. À moi de replacer l’œuvre dans ce contexte. » À chaque expo, sa visite dédiée, jamais la même, forcément. Une heure plus tard, changement de décor. La petite troupe se retrouve en atelier. Chacun sa mission « pour éviter l’inclination naturelle des parents à mâcher le boulot aux enfants ». Les duos travaillent de concert pour construire leur œuvre commune, ou côte à côte, pour réaliser leur propre création. Les enfants semblent très à l’aise. Plus que les adultes « coincés dans leurs stéréotypes » Pas si facile de se lâcher… Finalement, les enfants nous servent d’exemple ! Et les uns de malaxer la pâte autodurcissante pour en faire un crâne, les autres d’aider les petites mains à découper… Inutile de viser le « Beau », la règle, c’est de s’amuser, d’essayer, de jouer avec la matière, les volumes, les couleurs. L’air de rien, l’art contemporain devient plus familier, moins obscur. Et puis, quel plaisir de ressortir et de dire : « C’est nous qui l’avons fait ! »
Les ateliers du dimanche aux Abattoirs Sur réservation (12 places) Les 20.11, 11.12, 8.01 (dernières séances avant fermeture du musée pour travaux) De 15 à 17h : une heure de visite guidée suivie d’une heure en atelier Tarif : 5 e/enfant, 12 e/adulte 05 62 48 58 07
Après l’école !
Polyglotte kid Il paraît que les Français ne sont pas doués en langue. Il paraît que le cerveau humain est au maximum de ses capacités vers l’âge de deux ans. Conclusion : le bain linguistique, c’est mieux à l’heure des couches. Forte de ce constat, la Toulousaine Amélie Moreau Prats a monté Babelkids, un site d’e-commerce dédié aux langues pour minots. En ligne, une sélection rigoureuse de livres, jeux, CD ou DVD en langue originale. Leur point commun : du ludique, de la simplicité et des illustrations accrocheuses. Anglais, allemand, italien, espagnol, arabe, de quoi faire le tour du monde et découvrir d’autres cultures sans quitter la maison. Si avec ça, il ne devient pas polyglotte… \ S.C. \ www.babelkids.com
Sales gosses N’allez pas croire que Sébastien Boulze déteste les enfants. Au contraire. Dans son concept-store branché destiné aux kids, cet heureux papa de deux bambins de 2 et 4 ans, a tout prévu : un tipi de toile pour jouer aux indiens, une cabane au sous-sol et même un trampoline coincé entre les rayonnages. De quoi occuper gentiment les petiots pendant que papa et maman font main basse sur tenues de créateurs stylés (Sunchild, No name, Fred Perry…) ou accessoires et mobilier déco un peu industriel (un copain bricoleur a fait des merveilles avec les restes d’une métallerie), un brin rétro (top, le mobilier Laurette !). Malin, ce Sébastien… \ S.C \ Les Affreux Jojo’s, 5 rue Ste Ursule, 05 34 33 68 12
Des livres à dévorer
La libraire a lu
« Henri adorait les livres. Mais il n’aimait pas les livres comme vous et moi, non. Pas exactement… Henri adorait MANGER les livres. » Voilà un bien joli album qui prend l’expression « dévorer les livres » au pied de la lettre. Dans cette nouvelle version popup, on redécouvre avec plaisir le texte drôle, sensible et gourmand d’Oliver Jeffers, auteur de Perdu ? Retrouvé ! Pas de pingouin dans cet album mais des trappes qui cachent des secrets, des disques à tourner pour découvrir des montagnes de livres, terrains de jeu de notre héros. Un régal à savourer à l’heure du goûter ! \ A.J \ L’extraordinaire garçon qui dévorait les livres, d’Oliver Jeffers, éd. Kaléidoscope, à partir de 3 ans, 19 e
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culture en famille goûteuse et en accord avec les saisons. Le B.A.BA du bien manger en somme. Des petits riens minuscules qui transforment les dîners en repas de fête : une pièce montée de champignons, des dips de dînette… Attention, pas de réservations ! Premiers arrivés, premiers servis ! La cerise sur le gâteau ? Si c’est complet, d’autres ateliers cuisine attendent les petits chefs en herbe (avec Flo et Mimolette, Anne Letuffe…)
Objectif Pyrénées : sur les traces d’Eugène Trutat [expo]
et le désir de l’inconnu. Les sentiments sont exaltés : peur du noir, de l’abandon et de la solitude s’installent chez les bambins. Mais heureusement, tout finit bien. Chien Bleu, adapté du best-seller de Nadja est un spectacle jeunesse à ne rater sous aucun prétexte. L’une des petites pépites que vous réserve le festival Marionnettissimo. Adopté !
© Fonds Eugène Trutat aux Archives Municipales de Tlse.
5.11, de 15 à 16h, salle Caravelle, dans le cadre de Vivons Livres, centre de congrès Pierre Baudis, 05 34 44 50 20, de 5 à 9 ans
Le p’tit Léo
23.11, 10h30 et 14h30, 4/6 e, chapitea l’Agité, Tournefeuille, 05 62 13 21 52, de 3 à 7 ans
[théâtre]
Ça démarre fort, sur un tonitruant « Joyeux anniversaire » chanté par une salle conquise. Ça continue par des saynettes burlesques autour d’un imposant avion à pédales, cadeau d’anniversaire d’une maman un brin envahissante à son p’tit Léo. Et en deux temps, trois mouvements, adultes et enfants sont emballés par cette histoire rocambolesque. Au passage, quelques poèmes de Prévert ponctuent l’aventure. Interactif, ludique et intelligent, qui dit mieux ?
À quoi ressemblaient les Pyrénées il y a cent ans ? Cap sur l’exposition Eugène Trutat pour le découvrir. Ce photographe toulousain fut le premier conservateur du Museum d’histoire naturelle. Dans un parcours de sept modules, l’enfant est libre de trotter où bon lui semble. Toucher une carte tactile, apprivoiser des images en relief avec lunettes polarisantes, contempler des photos de cirque, de foires ou de vie rurale… Voilà une manière vraiment ludique de visiter l’environnement pyrénéen ! Les plus petits seront intrigués par le desman, minuscule mammifère des Pyrénées, et d’autres joueront aux ethnologues en herbe dans un atelier consistant à photographier des objets de collections. À vos clics !
Festival Terre d’Ailleurs [voyage]
5.11, 16h, Théâtre municipal de Muret, à partir de 6 ans
Le Petit Prince
© C. Clot
[théâtre]
À eux tous, ils ont fait plusieurs fois le tour du monde. Qui donc ? Les explorateurs de Terre d’Ailleurs. Depuis 3 ans, ce festival invite à la découverte de peuples méconnus, de cultures et de paysages lointains en organisant des rencontres avec des aventuriers passionnés. D’ateliers en visites, les apprentis globe-trotters vont pouvoir se concocter un carnet de voyage bien rempli. Presque comme s’ils étaient partis à l’autre bout du monde !
Jusqu’au 31.12, 5-8 e, Muséum de Toulouse, 05 67 73 84 84, à partir de 6 ans
De la terre sous mes semelles
« S’il vous plaît… dessine moi un mouton ! » Inutile de préciser de quel livre est tirée cette illustre citation. Depuis 1944, l’œuvre intemporelle et magique de Saint-Exupéry a fait le tour du monde. À l’occasion du festival Des étoiles et des ailes, une adaptation théâtrale fidèle de Stéphane Pezerat sera jouée par la compagnie Jean Blondeau. Un voyage philosophique à la rencontre des étoiles, qui captive aussi bien les petits que les grands. Un classique.
[théâtre]
L’amitié, ça ne se commande pas. Elle déboule comme ça, au détour d’un banc ou à propos d’une histoire de fourmis. Elle est autoritaire et rentre-dedans. Lui, plutôt timide et réservé. Ces deux-là vont se rencontrer, se découvrir, s’amuser, avec la spontanéité propre à l’enfance. Un spectacle divertissant et bien huilé qui parle aux enfants, moins aux parents, forcément.
24 au 27.11, gratuit, Muséum de Toulouse, 05 67 73 84 84, de 6 à 14 ans
17 au 23.11, 10 à 18 e, Odyssud, Blagnac, 05 61 71 75 15, à partir de 6 ans
Les Quatre Saisons
Festival de bande dessinée de Colomiers
[musique classique]
[parade de bulles]
Cuisiner ? Un jeu d’enfants ! [atelier]
© Patrice Nin
Le festival de bande dessinée de Colomiers souffle ses 25 bougies. La Super-invitée de cette édition n’est nulle autre que Pénélope Bagieu. Cette dessinatrice a déposé ses valises le temps du festival : musiques, films, expositions… elle a tout prévu. Des artistes locaux et internationaux se succèderont au Pavillon Blanc. Il y aura même des chenapans qui tagueront au laser les murs de la bâtisse le temps d’une soirée. Sous le thème « Tous des héros », un concours jeunes talents est organisé à l’initiative de Pénélope (encore elle !) pendant que d’autres suivront le road strip dans toute la ville à la recherche de panneaux d’affichages artistiques. Les mômes pourront goûter aux joies du dessin numérique, à la création de BD, et même s’essayer à la gravure dans un bus magique (décoré par le Collectif Indélébile et des étudiants de l’école des Beaux Arts). Pow ! Blop ! Wizz !
2.11 au 3.12, les mercredis et samedis à 15h, Théâtre du Fil à Plomb, 05 62 30 99 77, à partir de 5 ans
18 au 20.11, gratuit -18 ans et étudiant, 3 e tarif unique, Colomiers, 05 61 15 23 82, à partir de 3 ans
Chien Bleu
Martine Camillieri, c’est la plasticienne que tous les enfants adorent. Pensez donc, elle leur apprend à cuisiner pour leurs doudous ! Avec elle, la cuisine se fait ludique, sans oublier d’être saine,
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Chien Bleu est le confident mais aussi le protecteur de la petite Charlotte. Ils se lient d’une amitié secrète et partagent de grands moments ensemble jusqu’au jour où la mère de Charlotte découvre le pot aux roses… et lui interdit de retrouver l’animal. Entre réalisme et imaginaire, la pièce joue avec la technologie : écrans, sources lumineuses et théâtre d’ombres. Dans ce monde merveilleux, l’enfant est tiraillé entre l’autorité maternelle
© Jonathan Gobbi
© Martine Camillieri
[théâtre animé]
Pour le premier de ses trois concerts réservés à la jeunesse, l’Orchestre National du Capitole sort les violons. Au programme : les quatre saisons de Vivaldi, un classique idéal pour éveiller les petites oreilles. Histoire de les initier tout en douceur, les sonnets de chaque saison (écrits par le compositeur lui-même) seront lus sur fond musical (orchestre violon) tandis que des œuvres du peintre Bruegel seront projetées. Chut ! En tendant l’oreille, ils capteront peut-être bruits d’oiseaux, d’orage et de rivière. 27.11, 10h45, 15h, gratuit -16 ans, 14 e Halle aux Grains, 05 61 63 13 13, à partir de 6 ans
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© Lee Dongsub
culture littérature
Jean-Paul Dubois L’art de la chute On attend le « nouveau » Dubois comme on attend les changements de saison. C’est un point fixe, un rendez-vous dont on ne se lasse pas. Tous différents et si semblables, ses romans sont finalement uniques. À la fois graves et diablement drôles. L’écrivain vit à Lardenne et ses personnages s’éloignent rarement de Toulouse ou alors, c’est pour partir au Canada. Propos recueillis par Isabel Desesquelles Vos personnages évoluent volontiers à Toulouse ou au Canada. Je suis né à Toulouse, ma compagne est canadienne. Je choisis des rues où des copains habitent, des lieux où j’ai des souvenirs. C’est familier, je connais. Ça m’évite d’aller sur Mappy. Vous avez vos marottes, on les attend de livre en livre. Les tondeuses à gazon, les dentistes, les psychanalystes. La météo aussi... La tondeuse, ça dépend de la saison où j’écris. Si c’est le printemps, ça risque fort d’être dans le livre. Les psychanalystes représentent censément un ordre social et me donnent envie de
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les utiliser à contre-emploi. Pour le dentiste, il était sur les allées François-Verdier, il m’a torturé une partie de mon enfance. J’ai quatre stations météos sur mon ordinateur en permanence. La mécanique des fluides me passionne, tout comme l’hélice d’un bateau, les ascenseurs. Il y a aussi les vieilles voitures et les chiens. Pour ce qui est des enfants, vous ne les loupez pas ! Ah les vieilles voitures ! J’ai eu, très jeune, un sens aigu de la perte, de la mort qui peut survenir à tout moment. Ma perception du monde en a été totalement modifiée. Je me suis dit que j’avais
besoin de temps et c’est devenu un style de vie. Avec, notamment, des bagnoles pourries, que j’ai poussées pendant quinze ans, quand elles ne démarraient pas. Pour les chiens, l’un d’eux, venu je ne sais d’où, a fait de ma maison la sienne. Ce hasard va construire une existence et même un livre. Les enfants, c’est un lien affectif primordial. Je suis persuadé qu’il faut le maintenir bêtement et aveuglément. Quand Paul Sneijder, votre personnage dit : « Je sais ce que je vaux mais j’évite, autant que faire se peut, de me questionner ou de m’attarder sur le sujet », c’est du Jean-Paul Dubois tout craché, non? De toutes les phrases que j’ai pu écrire, il y en a une seule dont je me souvienne. « Je ne vaux pas grand-chose, je ne crois en rien et, pourtant, tous les matins je me lève. » Je ne me trouve aucun intérêt si ce n’est d’avoir une intelligence animale et adaptative. L’animal naît avec une inquiétude d’être au monde. J’ai l’impression d’être très proche de cet état là. Toute mon énergie, c’est de juguler cette inquiétude. Il faut essayer d’être malin. Savoir ce qui nous fait mal et ne pas y mettre les doigts. Quand on vous lit, ce n’est pas seulement vous que l’on devine mais aussi nous que l’on retrouve. On doit être beaucoup à vouloir « recommencer une vie qui ressemblerait enfin à quelque chose, avec juste ce qu’il faudrait de courage, de bonheur et de dignité. » On table sur la longévité alors qu’il faudrait tabler sur la fugacité. On manque de temps. Attention, pas pour faire des choses mais pour comprendre. Quoi ? Que « l’homme est plus petit que luimême. » Ce n’est pas moi qui l’ai écrit mais j’y pense tous les jours. Ces mots disent exactement ce que je veux raconter. Paul Sneijder va être, si on peut dire, rattrapé par sa mémoire. Le temps, est-ce aussi celui que l’on a face à son passé ? Je me demande si l’oubli ne serait pas préférable. On s’allègerait. La mémoire, je l’associe au 1er novembre où il fallait aller dans les cimetières. On porte tout, la mémoire de ses parents, la mémoire de son enfance. Mais quand on voit son père pleurer, on fait comment après ? Prenez un ordinateur, plus sa mémoire est pleine, plus l’ordinateur ralentit. Cette mémoire qu’on traîne, elle génère de l’inquiétude. Vos héros sont lâches, vous vous ingéniez à ne rien nous cacher de leurs travers, pourtant, on les aime d’emblée. Ils ont cette lâcheté ordinaire, qui doit me venir d’une faute initiale, je ne sais pas laquelle. Elle traîne. N’empêche, il faut essayer de rester présentable. Ça induit d’avoir envers les autres, la même douceur et l’indulgence qu’on a envers soi. Ce qui me plaît, c’est raconter une histoire qui soit exactement comme la vie. Il y a un lien très étroit entre mon quotidien et la trame de mes livres. Ce qui fait que ce n’est pas un travail, ni de vivre, ni d’écrire. Ma victoire, c’est de n’avoir jamais été obligé de me lever.
Le cas Sneijder Jean-Paul Dubois affiche une belle constance pour ce qui est du désenchantement ! Tout est brutal dans la vie de Paul Sneijder mais l’homme sait résister. Seul survivant d’un accident d’ascenseur à Montréal, il se heurte à la disparition d’une fille chérie, une femme effrayante, un désir déraisonnable de faire un aller-retour à Dubaï mais aussi, à une affection persistante pour l’avocat du diable. S’y ajoute une histoire de poulet fermier drolatique. On retrouve dans ce roman, cet art qu’a son auteur de raconter une histoire et de nous dire le monde tel qu’il ne va pas. Un monde vertical construit autour d’ascenseurs qui nous font marcher sur la tête quand ils ne nous tuent pas. Le cas Sneijder - Éditions de l’Olivier – 18 € Jean-Paul Dubois sera au salon du Livre de Toulouse le samedi 5.11, 15h30
plan rapproché
Grâce aux ateliers organisés par L’Outil en Main, deux générations s’affairent au-dessus des établis. Les plus jeunes découvrent les métiers manuels ; les aînés transmettent leur savoir-faire. Un temps de partage qui renoue le dialogue entre les générations et perpétue une certaine vision du beau geste. Par Cécile Maury - Photo de Nicolas Fleuré
Master classes P
our beaucoup d’enfants, le mercredi après-midi rime avec entraînement de foot, cours de danse, d’équitation ou de solfège. Mais pourquoi ne pas sortir des chemins battus et se lancer dans la menuiserie, la serrurerie, la maçonnerie ou même le vitrail ? Chaque semaine, sur trois sites, l’association L’Outil en Main organise des ateliers qui permettent aux enfants de 9 à 14 ans de découvrir les métiers manuels avec une génération de retraités pas fatigués de transmettre. Créée en 2007 et membre d’un réseau national qui compte 80 antennes, l’association a pour objectif de « contribuer à revaloriser l’image des métiers manuels à travers des activités encadrées par de vrais professionnels, menées avec de vrais outils dans de vrais ateliers », précise son président, Serge Lléhi. Deux ateliers ce mercredi-après midi au Centre de Formation des Apprentis du BTP de Toulouse, dans le quartier des Pradettes : atelier serrurerie et atelier électricité. Les cheveux gris croisent le fer avec les tignasses blondes. André, jeune retraité, explique à Quentin, élève de 5e, comment réussir une soudure pour faire fonctionner le circuit électrique de son sapin clignotant. André était auparavant entrepreneur tous corps d’état – maçonnerie, menuiserie, électricité. « Il y a trois ans, quand j’ai pris ma retraite, j’ai essayé de trouver des jeunes pour reprendre mon entreprise. Mais je n’en ai pas trouvé, hélas. Peu après, j’ai vu l’annonce d’une association qui recrutait des gens de métier, alors je n’ai pas hésité. Dans ma profession, j’ai toujours essayé de transmettre ce que je savais et d’enseigner les bons gestes à des plus jeunes. » Avec un bénévole pour trois enfants, l’apprentissage devient plaisir. Les jeunes papis sont là pour répondre aux questions, donner un coup de main, suivre chacun individuellement, et surtout, laisser libre cours à leur amour d’un métier qui souvent leur manque cruellement. Si c’est en forgeant qu’on devient forgeron, c’est en côtoyant le maître que l’on comprend toutes les subtilités de son métier. L’atelier est l’occasion de rétablir certaines vérités sur des professions trop souvent dévalorisées et « réservées » aux élèves en échec scolaire. « Le discours « si tu n’es pas bon à l’école, tu
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seras maçon » est ridicule. Maçon, ce n’est pas si simple. Il y a des enfants qui sont très bons à l’école qui n’arriveraient pas à faire ce métier », souligne André. En cela, l’Outil en Main permet de sortir des préjugés, et pourquoi pas faire naître des vocations. Pour certains ados ou pré-ados, les ateliers du mercredi sont l’occasion de trouver leur voie. « On a un jeune de 14 ans qui maintenant se prépare à faire un bac professionnel pour devenir cuisinier. C’est magnifique de savoir qu’en donnant quelques heures de notre temps, on a donné envie à ces jeunes de s’orienter et de choisir un métier par goût ». Au-delà de l’apprentissage purement technique, il n’est pas rare que les ateliers contribuent à transformer les comportements. « Pour beaucoup d’enfants, venir ici, c’est une bouffée d’air, un espace en dehors de l’école où ils apprennent à faire des choses de leurs mains. Les parents nous disent souvent que, depuis qu’il vient aux ateliers, leur enfant s’intéresse à beaucoup plus de choses, il ou elle bricole à la maison. Et cet intérêt, il se retrouve souvent en classe : on a vu des enfants en décrochage scolaire progressivement changer d’attitude, prendre confiance en eux et avoir de meilleurs résultats. » Des jeunes apprentis ou des maîtres retraités, difficile de dire qui tire la plus grande satisfaction de ces sessions. « Quand on fait un métier manuel, pouvoir transmettre quelque chose, c’est une vraie satisfaction. C’est génial de voir ces jeunes s’intéresser à nos métiers et de voir cet enthousiasme », se félicite André. « C’est un âge magique, ils sont avides d’emmagasiner. Et ils apprennent à une vitesse incroyable. Bien sûr, on les aide un peu, à porter les parpaings par exemple, mais j’ai vu des gamins de 9 ou 10 ans faire des crépis que certains maçons ne sauraient pas faire ! » De quoi le rassurer sur l’avenir du bon geste et du travail fait avec application et amour. « Moi, je me suis toujours régalé dans mon travail », conclut-il. « Ça a parfois été dur, j’y ai consacré beaucoup de mon temps, des week-ends ». Aujourd’hui, il y passe tous ses mercredis, avec un plaisir intact.
3 lieux, 7 thématiques
Les ateliers Bois, Maçonnerie, Fer, Vitrail, Électricité ont lieu un mercredi sur 2 au centre CFA Riquet (Pradettes) et en alternance un mercredi sur deux au centre des Compagnons du Devoir (Pont des Demoiselles). Les ateliers Pâtisserie/cuisine et l’atelier travail du fil/dentelle ont lieu un mercredi sur deux en alternance sur le site Lapujade. L’adhésion annuelle est de 80 € pour un enfant, 140 € pour deux. Bénévoles Les artisans et ouvriers retraités qui souhaitent rejoindre l’Outil en Main peuvent contacter Serge Lléhi au 06 09 06 09 46 ou oem.tlse@free.fr www.loutilenmaintoulouse.fr
32 allées Jean-Jaurès 31 000 TOULOUSE - 05 62 57 90 25 21 avenue des Écoles jules-julien 31 400 TOULOUSE - 05 61 53 95 63 301 avenue de grande-bretagne 31 300 TOULOUSE - 05 34 36 61 01