Numéro #45 - Décembre 2011 - Toulouse - spiritmagazine.fr - zéro euro Culture
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Tourisme
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Habitat
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Mode
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Gastronomie
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Sorties
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Famille
SOMMAIRE
Spirit # 45
16 Ouvre-toit
Un espace à vivre
Entre-nous
Les TAT trio très animé
Les trois complices toulousains sortent Les as de la jungle, un dessin animé, sur France 3. Retour sur un succès d’ici. ▼
28 ▼
12
Les lignes d’une belle contemporaine, la convivialité d’un espace pensé pour ses habitants. Visite de la « maison C ».
Shopping
Jours de fêtes
Tenue de Noël exigée. Spirit agite la boîte à idées.
26 En ville
Créateurs of Toulouse
32
Spirit a traqué les créateurs, dégoté ateliers et showrooms, pour des achats de Noël 100% made in Toulouse.
Il n’y a plus de saison
▼
Échappée belle
La couv.
Le charme glacé de l’Aubrac
Et si on déconnectait sur les hauts plateaux ? Décor de western, manteau blanc et chaleur des burons, l’Aubrac l’hiver nous présente sa face sauvage. À dompter.
20
14
Mode de vie
Un Noël sans made in China
La Chine ne passera pas sous le sapin. Petite leçon en cinq points pour jouer les consommateurs éclairés.
37
Cahier culture
Un hiver agité
Tables & comptoirs
▼
Les midis du Tire-Bouchon
On connaissait la mini-cave de vins nature. On découvre avec délice la version resto de poche du midi.
Rétrospective Velikovic aux Abattoirs, Anne Teresa de Keersmaeker au Garonne, hip hop old school au Bikini, conte social au cinéma, Spirit vous invite à laisser tomber les œillères et ouvrir grand le champ culturel de décembre.
Bienvenue en dissidence, celle des vagabonds de la montagne, néo-hippies ruraux, losers magnifiques, personnalités singulières. À la fois reportage et vision onirique, La Tierce des Paumés nous confronte à ces vies parallèles teintées d’un doux mystère. Cela fait deux ans que Lise Lacombe, jeune photographe aveyronnaise de 25 ans, travaille à cette série qui a été retenue par les maisons Daura, dans le Lot. Elle y sera artiste résidente en 2012, en binôme avec le vidéaste Jean-Baptiste Alazard.
Numéro #45 - Décembre 2011 - Toulouse - spiritmagazine.fr - zéro euro Culture
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Tourisme
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Habitat
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Mode
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Gastronomie
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Sorties
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Famille
Si les bancs du Donjon étaient encore debouts, en traversant les jardins pour aller au Capitole, on entendrait des petits vieux lever leur canne, et constater non sans humour qu’il n’y a plus de saison. Depuis quelques temps, cette ritournelle n’a plus seulement une portée météorologique. Elle s’applique désormais à l’histoire, la politique et, en poussant un peu, on pourrait même l’utiliser en géographie. Tout a commencé en Tunisie. Un vent de révolte a balayé le printemps jusqu’à ce qu’il devienne arabe. La chaleur a ensuite eu le bon goût d’embraser le mois d’octobre. Les lunettes de soleil allaient faire des heures sup’. L’automne aurait dû être indien, il sera chrétien. En tout cas, c’est ce que veulent nous faire croire les vidéos* de propagande diffusées sur youtube par quelques intégristes en quête de notoriété. Leurs petits films montés à la hâche et aux effets spéciaux ravageurs présentent une communauté habillée en bleu marine, qui passe ses étés à gravir le Mont Saint-Michel. En face de ces « gentils », des artistes diaboliques n’ont de cesse de blasphémer. Parmi eux : Benetton, Castellucci et Andres Serrano avec son Piss Christ, photo d’un crucifix plongé dans l’urine. Plus près de chez nous, c’est Golgota Picnic, la pièce de l’Argentin Rodrigo García qui a provoqué un lever de cierges devant les portes du théâtre Garonne, pour sa première en France. Les cinq représentations ont été agitées. La tolérance a pris cher. La peur a gagné du terrain alors que la controverse n’avait pas vraiment lieu d’être. Une question s’impose : qui se cache derrière cette mutinerie catho ? Civitas. Un lobby qui selon Alain Escada, son secrétaire général vise « à restaurer une France dont les décisions seraient inspirées de la doctrine de l’Église ». Une mouvance qui croit en Dieu, mais pas en la laïcité. Leur particularité, lier religion et politique dans une ambiance très XVIe siècle. Cette poignée de fondamentalistes est de toutes les manifestions qui refoulent du goulot. Leur autre cheval de bataille, c’est l’islam. On sentirait presque le bûcher. Civitas a été lâché par beaucoup d’évêques français depuis que le mouvement est parti en croisade, ça ne les empêche pas de porter leur croix pour faire le lit de tous les extrémismes. Après le printemps arabe, l’automne catho, à qui le tour cet hiver ? \ Léa Daniel \ * http://www.gloria.tv/?media=215060
SPIRIT est un magazine gratuit édité par Urban Press, www.urban-press.com - 18 rue des Couteliers, 31000 Toulouse - tél. 05 61 14 03 28 - fax. 05 61 14 25 22 - info@urban-press.com Retrouvez Spirit sur www.spiritmagazine.fr Directeur de la publication : Laurent Buoro - Directeur du développement : Loïc Blanc - Rédaction : Léa Daniel, Carole Lafontan, Lionel Nicaise, Baptiste Ostré, Stéphanie Pichon, redaction@spiritmagazine.fr / Graphisme : Julie Leblanc, Christophe Gentillon / Ont collaboré à ce numéro : Pascal Alquier, Christian Authier, Loïc Blanc, Isabelle Bonnet-Desprez, Christel Caulet, Karine Chapert, Thomas Delafosse, Isabel Desesquelles, Anaïs Florance, Hadrien Gonzales, Karine Jamin, Valérie Lassus, Anne Le Stang, Alex Masson, Cécile Maury, Laurent Sorel, Virginie de Vinster, / Photos : Matthieu Borrego, Polo Garat, Arnaud Saint-Germès / Publicité : Damien Larrieu, Sophie Hemardinquer, + 33 5 61 14 78 37 - pub@urban-press.com / Administration : adm@urban-press.com / Imprimerie : Roularta (Belgique). Papier issu des forêts gérées durablement (PEFC) Dépôt légal à parution - ISSN : 2116-3146 L’éditeur décline toute responsabilité quant aux visuels, photos, libellé des annonces, fournis par ses annonceurs, omissions ou erreurs figurant dans cette publication. Tous droits d’auteur réservés pour tous pays. toute reproduction, même partielle, par quelque procédé que ce soit, ainsi que l’enregistrement d’informations par système de traitement de données à des fins professionnelles, sont interdites et donnent lieu à des sanctions pénales. Ne pas jeter sur la voie publique.
Spirit # 45 / 3
c’est dans l’air
Jusqu’au
Photo
Peinture Musique Vladimir Velickovic
Joey Starr
La danse belge contemporaine rayonne aujourd’hui dans le monde entier. Anne Teresa de Keersmaeker en est l’une des plus grandes représentantes. Cette fois-ci on n’ira pas au théâtre Garonne pour voir sa dernière création, mais pour découvrir sa première : Fase. Cette pièce en trois duos et un solo marqua le retour de la danseuse en Belgique après ses années américaines. Elle fut surtout la pierre fondatrice d’une œuvre dansée. Trente ans après, elle y reprend sa place d’interprète. Un morceau d’histoire.
Voici film à vous redonner le moral, à vous faire croire au miracle, à rester ébahi devant tant de maîtrise du cadre, des couleurs. Le timing pourrait en faire le conte de Noël de fin d’année. Mais ce cinéma-là se confronte aussi à la réalité à travers l’histoire de Marcel Marx, cireur de chaussures sans le sou, et d’un enfant africain clandestin, échoué par erreur au Havre sur le chemin de l’Angleterre. Avec pour toile de fond la satire d’une politique migratoire déshumanisée, Aki Kaurismäki colore le port à sa façon, nostalgique et chaleureuse. Un conte social teinté d’espoir, bienvenu en ces temps de morosité aigüe.
Exposition express pour projet photographique au long cours. Niconito, graphiste, musicien, touche-à-tout toulousain, pratique la photographie comme d’autres feraient leur footing, par souci de s’entretenir. Ses années polaroides, exposées aux Musicophages, tracent le chemin d’une errance moderne de quatre ans dans univers décalé. Traquant l’instant, s’arrêtant aux détails, débusquant les incongruités du banal, Niconito décapsule notre quotidien pour le rendre effervescent. Vous en reprendrez bien une petite série ?
Un abattement pourrait nous gagner au sortir de la dernière expo avant travaux des Abattoirs, les Versants du silence. Les guerres successives ont façonné l’univers ténébreux et dramatique du peintre serbe yougoslave Vladimir Velickovic. Sur ces peintures grand format, c’est toute la souffrance humaine qui figure : crucifixion, gisants, paysages ravagés, femmes écartelées. Mais c’est finalement la force et la beauté qu’on retiendra de cette grande rétrospective ténébreuse.
44 ans et toutes ses dents. Joey Starr reprend la scène en solo. Popopopopo... Assagi ? Pas si sûr. Certes il fait un carton en flic dans Polisse de Maiwenn, et foule désormais le tapis rouge de Cannes. Mais le gars du 9-3 n’a pas tout oublié de son passé rageur et de ses années NTM. Le flow de son dernier album Egomaniac, garde le taux d’agressivité minimum et la teinte rebelle. Le Bikini risque de trembler.
Fase
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Le Havre
Années Polaroides
Le
8.12
2 au 9.12
Cinéma
28.01
Du
Danse
Le
21.12
5
© Dimitri Coste
3
Du 5.12 au 7.12
1
© Niconito
© Herman Sorgeloos
give me
S’il fallait en retenir 5, voici les événements qui méritent une place dans votre agenda.
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4 / Spirit # 45
4
Corbeaux © Vladimir Velickovic
2
© Pyramide Distribution
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c’est dans l’air
L’image du mois
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De la vache à l’assiette
Après Paris, Toulouse a goûté aux prières illuminées des moines en robe de bure et chrétiens fondamentalistes de Civitas. Le 16 novembre, ils étaient une centaine emmenés par le père Marcillac (photo), à prier contre la première au théâtre Garonne de la pièce Golgota Picnic, qu’ils jugent blasphématoire. En face, les militants des droits de l’homme, bien plus nombreux, ripostent à coups de slogans et d’Internationale. Quant au metteur en scène Rodrigo Garcia, ce fut plus sobre. « J’ai honte de présenter une œuvre d’art protégée par des mesures de sécurité ».
Carlos Gardel © DR
Fièvre intégriste au Garonne
© Gilles Conan Labau
Du 8 au 11.12, 10h à 19h, nocturne le 9.12, Parc des expositions, de 1,50 à 3 e, www.midipyrenees.fr/SISQA-2011
© Matthieu Borrego
Le président de la République ne viendra pas y tâter le cul des vaches – ce serait plutôt Martin Malvy -, mais la SISQA est devenue, depuis sa création en 2002, notre salon de l’agriculture à nous. Attention, pas n’importe laquelle. Celle de la « qualité alimentaire ». Ici on parle bio, notamment cette année pour les cuisines collectives, on réfléchit aux transmissions des exploitations agricoles, on se préoccupe de maintenir une agriculture de proximité pour soigner ce qui arrive dans nos assiettes. Et la région a de quoi l’alimenter : porc noir de Bigorre, vins de Gaillac, ail rose de Lautrec. 200 produits de qualité de Midi-Pyrénées, dont 120 produits placés sous le sigle Identification de la Qualité et de l’Origine (SIQO) seront à goûter sous les Halles. Du côté de la ferme, les agriculteurs de la région auront fait le déplacement avec 200 animaux et leurs tracteurs.
clubs de pétanque sont recensés à Toulouse pour 56 terrains. Quoi, ce n’est pas une activité d’hiver ? Mais, si, il suffit d’aller en pointer quelques-unes, au chaud, sous les boulodromes couverts et chauffés des Izards ou de Soupetard.
Petit tour de chant toulousain Sans vouloir se vanter, Toulouse possède un vivier conséquent de chanteurs, troubadours et autres poètes populaires. Au point que l’association Pays d’Oc a décidé d’organiser une visite de la ville à travers ses voix les plus connues. Toulouse en chanson, c’est donc un parcours en bus musical avec playlist locale, un GO troubadour et des anecdotes sur les stars. La liste est longue. Zebda qui vient de faire son grand retour au Bikini, n’en est qu’une des facettes. D’autres les ont précédés : le grand Carlos Gardel et son tango bien de chez nous, Nougaro, et ses mots rocailleux racontant la ville rose, Juliette, l’espiègle, les Fabulous Troubadours, et leur tchatche bien pendue. Le gossier asséché d’avoir tant chanté, tout le monde se retrouve après la visite dans un salon de thé, pour ripailler et continuer l’échange culturel. Toulouse en Chanson, le 11.12, 14h, départ sur les allées Jean-Jaurès, 19 e/adulte, gratuit pour les -12 ans, 2h30 de visite + collation, réservation au 05 61 73 17 96 ou www.paysdoc.com/boutique/visites/
Se souvenir d’AZF, lumineusement Pendant que se tient le très long procès en appel, et que le 10e anniversaire de la catastrophe AZF a sonné (voir Spirit # 42), la ville de Toulouse a fixé son choix sur l’œuvre commémorative, après consultation des associations de victimes. C’est le projet de Gilles Conan qui a été retenu. Est-ce le côté sobre qui a plu, ou le recours aux énergies renouvelables ? Le plasticien toulousain a en effet imaginé un diptyques aux lignes strictes. D’un côté une stèle sombre et monolithique couverte de panneaux photovoltaïques noirs. De l’autre un cercle, formé de 396 tubes métalliques allant jusqu’à 4 mètres de haut, entourant un large cratère, symbole de l’explosion. La nuit, alimentés par l’énergie solaire, les tubes s’illumineront en rouge et blanc. Sonore également, cette installation diffusera en morse des poèmes et les noms des 31 victimes. Encore à l’état de projet, ce monument-souvenir sera installé au deuxième trimestre 2012 sur l’ancien site de l’usine.
6 / Spirit # 45
London calling Le Toulousain est un pigeon voyageur, prêt à s’envoler prestement le temps d’une escapade en amoureux ou d’un voyage d’affaires. Le trafic a connu une augmentation de 10 % cette année, avec en destination préférée, Londres et l’Angleterre. L’Allemagne se place en 2e position avec Francfort et Munich, mais là c’est plus pour le travail (Airbus oblige). Étrangement l’Espagne n’arrive qu’en troisième position. Peut-être est-il plus facile de se rendre en voiture à Barcelone qu’à Francfort. La surprise c’est l’Italie, avec un bond de 133 % depuis le début de l’année ! Presque aussi fou que les chiffres de la dette italienne…
Trop cher l’Opéra ? Trop élitiste ? Il y a mille et une façons de le démocratiser. Aller le voir en direct dans une salle de cinéma en est une. Les cinéma Gaumont, tente l’expérience depuis plusieurs années, sans lésiner sur le programme. Pour cette saison 2011-2012, ce sera 11 opéras du Metropolitan Opéra de New York (le Met’ pour les initiés), trois ballets du Bolchoï et deux de l’Opéra de Paris. Rien que ça ! Ainsi, pendant que le Capitole résonnera du Falstaff en décembre, ce sera Rodelinda de Haendel (avec Renée Flemming) et Faust de Jounod (avec Angela Gheorghiu) qui se joueront sur toile, en direct de New York. Noël oblige, le programme danse ne peut couper à l’indémodable (ou presque) Casse-Noisette du Bolchoï. Que cela n’empêche pas d’aller le comparer avec celui du Ballet du Capitole, en chair et en danseuses (voir notre chronique p.48) ! Le prix : un peu plus cher qu’une toile au cinéma. Mais ça dure plus longtemps.
Faust © DR
Rodelinda le 3.12, Faust le 10.12, Casse-Noisette le 18.12, 28 e/21 e la séance d’opéra, 13/22 e le ballet, Gaumont Wilson, 3 place du Président-Wilson, et Gaumont Lagèbe, 33 avenue de l’Occitane.
L’éphémère, c’est cool
Modartyne © DR
Cinéma lyrique
Noël arrive. Et si on disait « non » aux magasins surpeuplés, aux attentes aux caisses, aux engueulades pour les essayages ? Les boutiques éphémères qui éclosent en ce mois de décembre, constituent un bon antidote à l’effroyable course aux cadeaux. Régle n°1 : convier des créateurs locaux à la manière du marché des créateurs des Carmes. Règle n°2 : trouver un nom cool et intrigant. Là c’est mention spéciale à « Pink et repink, petite boutique pressée », initiative de trois créatrices promptes à dégainer le petit accessoire tendance, dont les très beaux coussins sérigraphiés d’Auberginette. On aime aussi le plus explicite « Mais qu’est-ce que je pourrais bien lui offrir #5? » du petit salon d’art contemporain du BBB. Règle 3 : faire comme si on n’était pas dans une boutique. Pour sa version hiver, Modartyne envahit la Dynamo dans un esprit très rock, avec créateurs jusque dans les loges, concert, expos et DJs. Pink et Repink, du 9 au 23.12, galerie Dalbad Taste, 21 rue des Polinaires. Modartyne, du 14 au 18.12, la Dynamo. Marché des créateurs, 17 et 18.12, place des Carmes. Petit salon d’art contemporain, 11 et 12.12, BBB.
© Matthieu Borrego
c’est dans l’air
Salomon, primeur toulousaine
31 décembre
Avant d’entendre « a voté » en mai 2012 – coup double présidentielle/ législatives –, faudrait-il encore être inscrit sur les listes électorales ! Avis aux néo-Toulousains et jeunes votants : au-delà de cette date, c’est foutu. Ça se passe en mairie ou sur le net www.toulouse.fr
En
VUE
Et les nominés Daura sont… ça y est, la cuvée 2012 des artistes résidents des maisons Daura, à Saint-Cirq-Lapopie (Lot), est connue. Et c’est, - excusez du peu - Pierre Soulages qui les parrainera. Le grand peintre français, originaire de l’Aveyron, est venu dévoiler la liste de ces hommes et femmes issus de tous horizons artistiques et géographiques, qui partageront, le temps d’une résidence au long cours, leurs expériences. Les voici donc : Suzanne Husky, vidéaste franco-américaine, Philippe Poupet, sculpteur toulousain, Frédéric Loutz et Ernesto Castillo, dessinateurs allemand et italien, Renaud Bezy, peintre parisien, Alexandra Sa, sculpteur parisienne, Sabine Zahn, chorégraphe allemande, Jean-Baptiste Alazar et Lise Lacombe (photo ci-dessus), photo-cinéastes aveyronnais, Marie Morel, sculpteur et installatrice toulousaine. Leur travail dessinera les étapes du prochain « Parcours d’art contemporain en vallée du Lot », cet été. www.magp.fr, www.liselacombe.com
Ghislaine Gouby, la nouvelle madame Sorano-Julien
Ju lie Le bla nc
« Cela peut vous étonner, mais je ne sais pas encore ce que je vais faire à la tête de ces deux théâtres ». Elle est franche Ghislaine Gouby, nommée dans l’urgence à la tête de l’entité SoranoJules Julien. Prise de fonction le 1er décembre. Elle ne connaît pas la région, elle a fait une grande partie de sa carrière dans l’administration (à la DRAC et au conseil régional de FrancheComté) et son truc, c’est la chanson - le festival Bancs publics, c’est elle ! Présentée ainsi, la nouvelle directrice choisie par la mairie - qui avait jusque-là préféré des metteurs-enscène-comédiens - pourrait en angoisser certains. Ce serait ignorer ses bonnes notes, à commencer par sa compréhension du terrain, tant du côté des collectivités publiques (qui financent) que du côté des opérateurs, puisqu’elle a conduit le théâtre de Vesoul, la Scène nationale de Mâcon et dernièrement La Commanderie, à Dôle. « J’ai beaucoup travaillé en collaboration avec les artistes, sur le long terme, par le biais de résidences notamment, y compris en confiant temporairement la direction d’un lieu à un artiste. C’est cela, mon mode de fonctionnement. » Justement, le projet imaginé par la ville de Toulouse et Pascal Papini s’oriente vers un binôme directrice / artiste associé en résidence. « Ceci dit, cette saison sera avant tout pour moi une période de prise de contact, pour élaborer un projet qui doit introduire une interdisciplinarité dans les écritures contemporaines. Vous voyez, rien n’est exclu ! » \ Valérie Lassus \
©
8 / Spirit # 45
C’est le nombre de PV dressés chaque jour à Toulouse pour ne pas avoir payé son stationnement à l’horodateur. La pervenche se fait plaisir dans la ville rose et génère ainsi une recette de 892 000 e à l’année. Il est temps de prendre le vélo, non ?
© Lise Lacombe - La Tierce Des Paumés
Boutique rutilante au 68 rue de la Pomme. Salomon lance la saison ski, et son premier magasin français. Ici, à Toulouse ! Avant même d’ouvrir une boutique à Chamonix fin novembre, la marque française a choisi la ville rose pour s’implanter dans l’Hexagone. Dans les rayons, vêtements et équipements de montagne s’alignent, flashy, high tech. Tendance aussi, le mode d’achat : ici on passe par le webstore pour régler. Histoire de se faire direct des amis dans la région, la boutique a reversé 10 % des recettes des deux premiers samedis à la compagnie des guides des Pyrénées.
3 000
ARCHITECTURE D’INTÉRIEUR
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VICTORIA’S GALLERY
SHAD GALLERY 31 rue Bouquières, Toulouse TÉL/FAX +33(0) 561 327 867 shad@shadgallery.com
www.shadgallery.com
9 av. la reine Victoria, Biarritz TÉL +33(0) 559 221 414
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Rue Alsace Loraine
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c’est dans l’air
Bientôt une rocade à étage ?
PSSST C’est la Rumeur !
Par Anne Le Stang
U
n périph’ à étage pour faire sauter les bouchons… La rumeur est parvenue à nos oreilles alors que nous frôlions la crise d’hystérie dans un embouteillage. Poisson d’avril ou projet visionnaire ? Il fallait vite tirer l’affaire au clair, sans nous laisser mener en bateau. Une rapide enquête nous apprend que l’idée émane d’Alain Chatillon, sénateur de Haute-Garonne et maire centriste de Revel. Notre homme est on ne peut plus sérieux ! « Il vaut mieux avoir dix ans d’avance que quinze de retard », plaide-t-il alors dans les colonnes de La Dépêche du Midi ce chef d’entreprise qui a beaucoup voyagé. Toulouse transformée en mini L.A. ? Pour Joël Carreiras, le monsieur transports de la communauté urbaine du Grand Toulouse, l’idée ne tient pas la route. « C’est une solution du passé. Une rocade à étage fonctionnerait comme un aspirateur à voitures », nous explique l’élu. Sur un point au moins, tout le monde accorde ses klaxons : la circulation est LE problème n°1 de la Ville rose, une des plus embouteillées de France, avec 500 000 déplacements par jour. Face à ces crises de colite aiguës, le Capitole prescrit des solutions alternatives. VélôToulouse, Mobilib, transports en commun, un peu de marche à pied, deux fois par jour, ou plus, si nécessaire. Le tout assorti d’une bonne dose de patience, le temps que la ligne T1 prenne sa vitesse de croisière et que le chantier du tram Garonne cesse de causer de monstrueux encombrements. « Pour l’agglomération, le salut viendra des transports collectifs », prédit Joël Carreiras. Le Plan de déplacements urbains (PDU) du Grand Toulouse, veut tripler l’offre d’ici dix ans et faire la part belle aux bus en site propre avec 160 km de voies qui leur seraient dévolues. Retour sur notre périph’. Il frise l’apoplexie avec son trafic journalier de 140 000 véhicules à l’ouest et 100 000 à l’est. La DREAL* prévoit pour 2012 le début des travaux du passage de la section Rangueil-Palays à 2x3 voies. « En 2015, le chantier devrait être bouclé, mais ça ne réglera pas les problèmes en amont comme la congestion des Sept-Deniers », diagnostique Philippe Grammont, son directeuradjoint. Un cautère sur une jambe de bois… « Nous étudions la possibilité de faire rouler des bus sur la bande d’arrêt d’urgence, comme à Grenoble », nous confie ASF Aquitaine-Midi-Pyrénées, exploitant de la rocade-est. « Ça n’est pas faisable ni souhaitable partout », modère Joël Carreiras qui préfère l’idée de maillage. On l’aura compris : le déboucheur-miracle n’existe pas. Alors, restons zen !
© Patrice Nin
* Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement Réunions publiques du PDU, jusqu’au 7 décembre, www.desideespourmieuxbouger.fr
Ovalie groupie
Ils l’ont perdue, cette coupe du monde, mais Toulouse a gagné un héros : Thierry Dusautoir. Couronné meilleur joueur du monde. À quand son portrait sur les murs, façon Zizou à Marseille ?
Ze
BUZZZ 10 / Spirit # 45
Patti épinglée
Les années passent et Patti Smith est toujours là, voix rauque, engagement coriace, poésie brûlante. Toulouse vient de lui accrocher une médaille en or de la ville sur le veston. Pas dit qu’elle y reste.
Castela décapité
La librairie Castéla fermera ses portes en février 2012. Expulsée de ses locaux par un propriétaire préférant les chriffres aux lettres. La fin d’une aventure de presque 100 ans. À la place, une boutique Orange. C’est vrai qu’il en manquait…
Bus du futur
Le XXIe siècle se pose la question des transports non-polluants. Eurêka ! Une société albigeoise vient d’inventer Businova. Pas encore à voile et à vapeur, mais un bus à eau, électricité et essence. Tisséo fera le reste ?
Pourvu qu’il neige !
Allez on retrouve son masque, on ressort le blouson et le snow. Les Pyrénées rouvrent leur domaine. Le 3.12 pour les plus précoces. Le 17 pour les autres.
LAUDIS AUTOMOBILES 6 avenue du 8 Mai 1945 - 31 520 RAMONVILLE - 05 62 19 23 19 187 avenue des États-Unis - 31 200 TOULOUSE - 05 34 42 26 26
© Polo Garat / Odessa
TAT, la bande animée Ils sont trois : David Alaux, Éric et Jean-François Tosti. Les TAT. Ils se connaissent depuis presque toujours et font, ensemble, des films d’animation écrits, produits et réalisés à Toulouse. Vendus dans le monde entier. Ce trio créatif en forme de noyau dur leur donne toutes les audaces. Partis de rien, il y a dix ans, ils feront l’événement sur France 3 pendant les fêtes de Noël avec Les as de la jungle. Propos recueillis par Isabel Desesquelles
U
ne précision s’impose. Ces trois-là, deux frères jumeaux et leur ami d’enfance, parlent d’une seule voix. L’un commence à répondre, un deuxième enchaîne et le troisième a son mot à dire, lui aussi. L’osmose est telle, qu’il s’avère vite vain de vouloir attribuer le propos à l’un ou à l’autre. Idem pour leurs rires qui ne cesseront de ponctuer l’entretien. On ne cherche plus à savoir qui dit quoi, on les écoute, tous pour un et un pour tous. Vous écrivez tous les trois les scénarii de vos films d’animation. Puis vous, Jean-François, vous les produisez. Éric et David réalisent. Comment vous êtes-vous répartis les rôles ? Au début, on faisait tous les trois de la réalisation. Puis, l’un s’est vite rendu compte que ce n’était pas ce qu’il préférait. ça tombait bien, il fallait un producteur pour faire des films. Deux réalisateurs, c’est une pratique très courante pour les films d’animation, parce que c’est beaucoup de travail. C’est aussi très long. Un tournage sur un plateau, c’est quelques semaines. Pour un long métrage d’animation, la réalisation dure plus d’un an.
12 / Spirit # 45
Vous êtes producteurs associés à parts égales de TAT Productions depuis 11 ans. Vous êtes un nombre impair, ça permet de trancher quand vous n’êtes pas d’accord ? Les décisions majeures sont toutes prises ensemble et franchement, il n’y a jamais eu de cas où l’on n’a pas été d’accord. On discute, on peut changer d’avis, mais pas une fois, l’un de nous n’a été forcé à se lancer dans une chose en laquelle il ne croyait pas. Vos studios de création sont au Grand-Rond, vos bureaux, place Dupuy. Vous ne vous êtes jamais dit, « il faut être à Paris? Tout se décide, tout se fait là-bas, ici, on n’y arrivera pas si on reste à Toulouse » ? Pour l’animation, ce n’est pas comme pour la fiction, il y a une réelle tradition de délocalisation, comme à Angoulême ou à Valence. On trouve des studios d’animation en province même si les productions sont restées à Paris. On ne le savait même pas quand on a commencé ! On sortait de nulle part. Où trouver de l’argent, comment, à qui le demander, on ne se posait pas vraiment de questions. On ne connaissait rien à la production. En 1999 on a
entre nous
« On a essayé de faire autre chose que de l’animation, ça n’a pas marché. Alors, on s’est lancé dans ce qui était accessible... la pâte à modeler ! » Maurice et les écoliers À l’entrée des studios TAT, trône Maurice le pingouin-tigre, héros des As de la Jungle. En papier mâché. Joli cadeau pour les élèves de CM1-CM2 de l’école Renan des Izards. Pendant deux ans, ils ont pu suivre pas à pas la production et la réalisation du film. « On est fiers de savoir notre tigre Maurice peint sur le grand mur de l’école, au milieu de tous les super héros préférés des enfants », expliquent les TAT. « On est quand même entre Batman et Spiderman ! La classe a particulièrement aimé les bruitages. Un bruiteur est venu de Paris avec dans son break, 50 valises pleines de bruits d’eau, de tonnerre et de tout ce qui peut se cacher dans une jungle TAT. Les enfants s’en souviendront. »
fait Mon copain, notre premier 4 minutes, en amateur. C’était minimaliste, tourné dans la cuisine de David avec deux spots de jardin et de la pâte à modeler. À ce moment-là, Jean-François enseignait les maths en Colombie. Le film a gagné des prix dans les festivals, il a été programmé sur la Cinquième, sur Paris Première, il y a eu une dizaine de ventes à des chaînes étrangères. Justement, parlons-en de vos débuts. Vous avez toujours voulu faire de l’animation ? Des films, oui. De l’animation, non. On a fait des études scientifiques à Toulouse. On était dans notre phase vidéophage. On regardait quatre films par jour, si on en louait trois, le quatrième était offert. On calait l’ordre des films et tous les soirs on se faisait notre petite programmation. Il y a eu des périodes films fantastiques, films d’horreur et une période où l’on regardait des comédies bien débiles. Les films de Hong Kong, nous ont fait l’effet d’une bombe. Pourquoi une telle boulimie ? On regardait tous ces films juste pour le plaisir de les voir, s’amuser, en mangeant des pizzas. De l’extérieur, ça peut paraître monomaniaque, mais c’était plutôt sain. On rencontrait des gens au vidéo club ! À la base, il y avait déjà l’envie de faire des films. On a essayé de faire autre chose que de l’animation, ça n’a pas marché. Alors, on s’est lancé dans ce qui était accessible... la pâte à modeler ! À l’époque, il n’y avait qu’un seul Disney qui sortait. Maintenant, il y a plus de quinze longs-métrages d’animation par an. Pourtant, Nous n’avons jamais eu l’impression d’être des artistes maudits ou incompris. Au contraire, on a une chance énorme en ce moment. Ce qu’on écrit et réalise plaît, alors on peut se financer et continuer. Votre nouveau-né, c’est Les as de la jungle est un 55 minutes programmé sur France 3 à Noël. En janvier, il sortira en DVD en France, et dans les principaux territoires européens, aux États-Unis, au Canada et en Australie, excusez du peu ! En DVD et en Blue Ray ! Sous le titre The jungle bunch. Et quand on aime The wild bunch (La horde sauvage) comme nous, oui, on est content. On a presque peur. Mais bon, on est trois, il y en aura toujours un pour garder les pieds sur terre ! Quand ça été dur, après le premier court, qu’on ne trouvait pas d’argent, c’était la misère, c’était déprimant [énième éclats de rire], il y en a toujours eu un des trois pour dire : on continue. C’est un énorme avantage de ne pas être seul. On est coproducteurs avec Master films et Vanilla Seed, mais la production déléguée c’est-à-dire le risque financier, il est pour TAT. Avec Universal, qui distribue le DVD dans le monde, on est intéressé sur les ventes. On n’est pas à l’abri de gagner des sous... ou pas ! Vous nous faites le pitch? C’est l’histoire d’un pingouin qui se prend pour un tigre, mais vraiment ! Il se peint les rayures tous les matins. Il vit dans la jungle et va devoir sauver la banquise. Quand on commence à réfléchir à un film, on se demande si on va en faire un avec des jeunes suicidaires ou avec des animaux ? Des animaux, il faut qu’on s’amuse. Mais qu’est-ce qu’on va faire pour que ce ne soit pas que des animaux qui parlent ? En fait, l’histoire à la base on s’en fout. L’important, ce sont les personnages. Ils provoquent une identification. On choisit le genre, western, polar, action, etc. Ce que l’on veut, c’est filmer avec un langage de cinéma, qu’il y ait l’émotion. On est dans une
structure classique de film. Pour celui-là, l’aventure et le western en toile de fond. Un film de commando avec Maurice le pingouin tigre et ses sept impitoyables guerriers. Un joyeux délire. Et vous vous retrouvez programmé par France 3 dans la case 6-12 ans et famille. La chaîne est convaincue que le film peut toucher toute la famille. D’ailleurs depuis les vacances de la Toussaint, 26 x 1’30 sont diffusés. Cette série d’épisodes courts a été conçue comme des minireportages sur tous les personnages des As de la jungle. Comment vous sentez-vous à présent que votre création est sur les rails ? Ce gros « pré-achat » de France Télévision nous donne les moyens de faire ce qu’on veut et de se débarrasser de ce que nous on appelle, le complexe du plouc. L’embryon de ce film est né il y a trois ans. On sort d’un an et demi de production et de réalisation avec vingt personnes salariées à plein-temps. ça représente 35 000 heures d’intermittence. On crée de l’emploi, une nouvelle activité économique dans la région. On voit revenir des gens qui ont grandi ici, et qui avaient dû partir pour trouver du boulot. ça aussi, ça rend heureux. Et le cinéma ? Vous devez y penser, non ? Bien sûr. Depuis toujours, on veut faire des films pour le cinéma et d’ailleurs, pas forcément des films d’animation. C’est notre but premier, il n’a jamais disparu. France Télévision le sait. Après Spike, un 35 minutes qu’ils avaient programmé aussi à Noël, Les As de la jungle cette année, on a signé avec eux pour deux programmes pour les Noëls 2012 et 2013, mais en même temps, on va développer notre long pour le cinéma. On ne sait pas encore de quoi il va en retourner, mais on est prêt.
Les TAT en trois lieux 1- David Alaux… Dans six mois, ce sera plus facile de répondre. Ces deux dernières années, entre le film et mes deux enfants, je n’ai fait que courir, mais pas le long du canal ! Si j’ai un instant pour me poser, je dirais la place Dupuy, parce qu’on travaille là. 2- Éric Tosti… Sans hésiter le jardin du Grand Rond où je me rends avec mes enfants. On habite à côté, c’est notre jardin. Le rendez-vous des copains et de leur famille les mercredis et le dimanche. 3- Jean-François Tosti… Le Moka, rue Saint Antoine du T. Un troquet comme avant, où on te sert des cacahuètes bien grasses. Il y a aussi le Saint-Sernin, sa terrasse, c’est quand même beau. J’y donne mes rendez-vous, ou je reste là, assis vingt minutes à ne rien faire. C’est une chose que j’aime à Toulouse, pouvoir boire des cafés dans de vrais endroits. Il y en a de moins en moins.
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© Alain Delorme
mode de vie
Un Noël sans chinoiseries Cette année, le cadeau politiquement correct s’invite sous le sapin. Les achats seront écolos, équitables, éthiques. Exit les produits manufacturés, haro sur la fabrication chinoise. Plan d’attaque pour traquer les étiquettes, et contourner les tentations. Par Stéphanie Pichon Élaguer la liste. Barbie ? Non. Petite robe H&M ? Sûrement pas. Basket Nike ? T’es fou ? Ipad ? Rayé de la liste aussi. Et c’est comme ça pour à peu près tout objet plastique, électronique. C’est que la Chine est devenue la deuxième puissance productrice de produits manufacturés (derrière les USA). Pourquoi cibler la Chine ? Parce que les conditions de production, les salaires de misère, les horaires, ne donnent pas vraiment envie de cautionner. Pour les jouets, c’est encore plus compliqué : les trois quarts des jouets vendus dans le monde y sont fabriqués. Et ils sont loin de tous être aux normes. Souvenez-vous des 18 millions de jouets Mattel rappelés au bercail pour peinture au plomb nocive. Aujourd’hui, même le gouvernement chinois joue les gendarmes sur son marché intérieur…Deux exceptions cependant sur le marché des grandes marques : Lego produit encore au Danemark et Playmobil en Allemagne. Sortir la loupe. Dans la course au cadeau out of China, l’étiquette sera notre meilleur allié. Enfin presque. Le message est parfois clair, d’autres plus tendancieux. L’indication de provenance n’est pas obligatoire sur les produits manufacturés, et le pays d’origine n’est pas forcément la bonne indication. Revenons à notre Ipad : « Designed by Apple, assembled in China ». ça semble limipide et pourtant ça ne dit pas que les composants sont fabriqués à Taiwan. Par contre, ceux qui fabriquent encore en Europe, ne se privent pas pour le clamer haut et fort. Telles ces peluches pour nouveau-nés Steiff, salement affublées d’une étiquette rouge dans l’oreille « Made in Germany ». « C’est plus cher, mais c’est de la bonne qualité, c’est solide », justifie une marchande de jouets toulousaine, comme pour expliquer que le reste de son magasin, bon, ce n’est pas très recommandable. L’histoire ne dit pas que le salaire minimum n’existe pas en Allemagne. Parfois les ouvriers y gagnent moins de 4 euros de l’heure. Dilemme.
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Dématérialiser. Puisque le terrain des objets manufacturés est piégé, aventurons-nous du côté du symbolique, de l’artistique, du culturel. On fera aussi des heureux avec des places d’opéra pour Casse-Noisette, un repas dans un gastro toulousain (Le Py-R ?), un carnet de cinéma d’Utopia, un bon pour dix soirées baby-sitter pour la grande sœur, un week-end à la montagne… En faisant un petit tour au petit salon de l’art contemporain du BBB, le problème de l’étiquette sera réglé. Pour sa 5e édition de « Mais qu’est-ce que je pourrais bien lui offrir ?», le BBB a convié des œuvres d’artistes présents, en chair et en os : Eva Sauer, Lucie Laflorentie, Katharina Schmitt. Provenance autocontrôlée assurée. Se montrer créatif. Certes, on n’avait rien fabriqué depuis nos 7 ans et le collier de nouilles à la fête des mères. Mais c’est le moment de se rattraper. La mode est au fait maison, au scrap booking, au tricoté soi-même, au cousu main. Une belle photo dans un cadre, une chanson d’amour composé rien que pour elle, un T-shirt sérigraphié par vos soins. On conseille le nouveau café couture Double Boucle, ou l’atelier de sérigraphie de Mix’art Myrys. Seul obstacle : traquer aussi la provenance du matériel. Et les T-shirts blancs à sérigraphier, ils viennent d’où ? Lâcher du lest. Au terme d’une épuisante chasse au produit chinois, vient le temps du découragement. Le 24 décembre, il n’est finalement plus temps de se poser de questions. Se rassurer en se disant que d’autres ont échoué avant nous, comme cette journaliste américaine Sara Bongiorni (*) qui a tenté de vivre un an sans made in China, juste pour voir. Mission impossible conclut-elle, à moins de se priver de la diversité, et d’accepter d’être généreux du porte-monnaie. Le meilleur moyen serait finalement de faire un tour à Artisans du monde, 100% exotique, 100% équitable. L’Asie y est largement représentée. Sans arrière-pensée. (*) Une année sans made in China, Sara Bongiorni, 2008, les Éditeurs réunis.
Les Totems Cette photo acidulée, prise dans les rues de Shangaï, est tirée de la série Totems, du photographe français Alain Delorme. Lors de deux résidences en Chine, il est allé à la rencontre des petits porteurs, traquant l’amas de chargements. Ces sculptures d’objets à l’équilibre précaire – bouteilles d’eau, ballons, chaises, f leurs ou pneus – disent en une réalité technicolor - et augmentée nos soifs de consommation inassouvies. Au sol reste l’homme, petit et fragile, ployant sous le poids d’une marchandise, que la Chine fabrique sans limite. Cette série est visible jusqu’à fin janvier à Berlin, à la galerie FTC. Le photographe participe également à Paris Forever, la 100 e exposition de la galerie Magda Danysz à Paris. www.alaindelorme.com
Grandvalira-Andorre © DR
SKIRAIL
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conception, réalisation © ageel.fr
Skirail c’e est
ouvre-toit
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Comme un supplément d’âme La maison C, conçue par les architectes Marie-Pierre et Olivier Prax pour un couple d’Auscitains et ses deux enfants, risque bien de faire changer d’avis les allergiques à l’architecture contemporaine. Visite guidée d’un espace à vivre, au vrai sens du terme. Texte : Cécile Maury / Photos : Arnaud Saint-Germès et Prax Architectes
À
première vue, on se dit que la « maison C » a tout du chic contemporain un peu froid que l’on trouve au fil des pages de magazines de décoration. Pourtant, il suffit de s’approcher pour entrevoir sa personnalité et se laisser charmer par l’atmosphère chaleureuse et pleine de vie qu’elle dégage. Le secret du lieu ? Une maison construite autour de ses habitants, agencée selon leurs besoins et leurs habitudes, plutôt qu’une tentative de faire entrer un mode de vie dans des espaces standards. « Quand on démarre un projet, avant de parler de surfaces, on commence par réfléchir à la manière dont vivent les gens », explique Olivier Prax, architecte et fondateur du cabinet à l’origine du projet. « On ne vit pas tous de la même manière et notre premier travail, c’est d’arriver à comprendre l’usage particulier que vont faire les habitants de leur lieu de vie. » Pour concevoir les plans de cette maison de plain-pied, le couple Prax s’est appuyé sur un concept développé par l’architecte américain Louis Kahn, qui fait la distinction entre deux types d’espaces : la pièce, qui est le lieu de l’individu, et la salle, qui est celui de la communauté. Ces notions, transposées au mode de vie du couple et de ses enfants, ont donné naissance à une salle de séjour au centre – lieu des retrouvailles et des conseils de famille –, délimitée spatialement par les lieux plus intimes que sont les trois chambres et les pièces de service. Le tout crée un ensemble cohérent et ouvert dans lequel on circule librement sans emprunter de couloirs, un élément de détail en apparence, qui a pourtant une influence sur la manière de percevoir et d’habiter les lieux.
\ Fenêtres sur cour \
« La notion de fluidité, qui est importante dans ce projet, rejoint l’idée d’usage. On n’a pas de couloirs parce qu’ils ont un coût, à la fois financier et spatial », note Olivier Prax. « On a cherché à créer des espaces qui soient tous qualifiés, c’est-à-dire des espaces que l’on peut nommer et auxquels on peut associer un usage. Ce qui fait qu’il n’y a pas à proprement parler d’entrée ou de couloirs qui se résumeraient à leur fonction première. » Pas d’espaces morts ou même secondaires donc, notamment grâce aux échappées visuelles proposées dans la plupart des pièces, qui permettent de créer une sensation d’espace mais aussi de guider le regard vers le cœur de la maison : le patiojardin avec piscine situé côté sud.
\ Le fond et la forme \
Quant au style – que l’on finit bien par évoquer –, Olivier Prax le dit sans détour, ce n’est pas sa préoccupation principale. « On ne cherche pas à faire la forme pour la forme. Ce qui compte, c’est que les gens soient heureux dans leur maison, qu’ils aient du plaisir à y vivre. Et ça, ça passe par une bonne compréhension de leur façon de vivre et par un gros travail sur le plan et la coupe. Une fois qu’on a ces éléments et qu’on a déterminé comment faire la jonction entre le programme et le contexte, les façades émergent toutes seules. »
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ouvre-toit
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1 et 2 - Progression dans l’espace Une idée très présente qui donne à la maison son orientation, depuis l’espace public au nord jusqu’au patio et sa large terrasse au sud. « On a une culture méditerranéenne assez développée. Pour nous, la limite entre l’extérieur et l’intérieur doit être marquée, comme dans la maison arabe par exemple, qui est opaque vue de l’extérieur et qui nécessite de traverser plusieurs épaisseurs avant d’atteindre le lieu de vie central. »
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3 et 4 - Mobilier sur mesure « Pour nous, c’est important d’aller jusqu’au bout du projet, ce qui veut dire aller jusqu’à dessiner le mobilier. Nos clients nous ont fait confiance et ont joué le jeu : nous avons conçu une grande partie du mobilier, depuis les éléments de cuisine et la cheminée, jusqu’au plot situé dans l’entrée, en passant par les lits et les bureaux des enfants. » 5 - Parfaite fluidité « Espace servant » selon la définition de Louis Kahn, l’élément rouge situé au niveau de l’entrée est un espace de rangement qui permet aussi de définir et de délimiter le bureau et le séjour, sans créer de frontières trop franches. Une manière de préserver la fluidité recherchée dans l’ensemble de la maison.
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Plan maison - Ech. 1/100
Fiche technique Prax Architectes Surface utile : 180 m² SHAB : 140 m² Livraison : fin 2007 Coût total (honoraires inclus): 335 000 e HT
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Tables & comptoirs
© Matthieu Borrego
La table du mois
Le Tire-Bouchon : c’est si bon… Le fin caviste de la place Dupuy propose aussi l’un des meilleurs déjeuners de la ville. Faites passer, mais qu’à de bons amis car les places sont rares… Par Christian Authier
A
u Tire-Bouchon, caviste de la place Dupuy, on tombe d’abord sur le sémillant Philippe Lagarde, maître des lieux, croisement entre Elvis Costello et Justin Timberlake. Plutôt Elvis Costello, ne rêvez pas trop mesdemoiselles. Dans cette mini cave dédiée aux vins naturels (c’est-à-dire des vins produits par des artisans vignerons avec le moins de chimie et d’œnologie moderne possibles), il conseille avec acuité et diligence, fait découvrir des bouteilles que l’on ne boit pas partout, aime son métier avec la modestie et la science de l’artisan. Mais le vrai trésor du Tire-Bouchon se trouve au sous-sol, derrière la petite salle qui accueille du mardi au samedi une dizaine de places dans un écrin. On ne le voit pas, il s’active dans sa cuisine de poche (5m2 environ) d’où il envoie néanmoins vingt couverts (environ 60 plats). « Il » s’appelle Laurence Lagarde et - vous l’aurez deviné - il s’agit de l’épouse du tenancier. Le secret est de moins en moins bien gardé : nous avons là l’une des plus fines cuisinières de la ville. Elle magnifie des produits simples, ose des mariages aventureux qui deviennent évidents dans l’assiette, revisite des classiques. Ah, le divin chou farci qui, au creux de l’hiver, donne envie de planter sa tente et de ne plus repartir. Pendant les frimas, les plats du Tire-Bouchon réchauffent le cœur et l’estomac (paleron aux carottes, curry d’agneau, blanquette de veau) tandis que des entrées aériennes (variations autour du divin maquereau, Parmentier d’huîtres, toasts de sardines au beurre Bordier) ouvrent l’appétit et que des desserts aguicheurs mais légers (mousses au citron ou au chocolat, tatins, crumbles) achèvent le gourmand à bas prix (15 e entrée / plat ou plat / dessert).
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\ La tête aux bêtises \
Les beaux jours, c’est aussi bon et la cuisine de Laurence Lagarde donne envie de congédier les fausses cartes de la vie ordinaire, de ne pas honorer les rendez-vous, de faire l’école buissonnière, d’avoir la tête aux bêtises. La dizaine de couverts du sous-sol s’exporte en terrasse pendant qu’au rez-de-chaussée, au cœur de la boutique, autant de places sont disponibles. La précision topographique a son importance : il vaut mieux réserver car beaucoup de gourmets et de gourmands ont ici, sinon leur rond de serviette, du moins leurs habitudes. De Toulouse et d’ailleurs. Nous avons des amis parisiens, pourtant habitués aux meilleures tables de la bistronomie, qui n’en sont toujours pas revenus du naturel que déploie cette cuisine à la fois humble et éclatante. Nous connaissons encore un écrivain, ayant la rage au cœur et le coup de griffe facile, qui n’hésite pas à quitter le Gers, où il a élu domicile juste pour venir déjeuner au TireBouchon afin de savourer, notamment, une tarte au café dont il n’a pas trouvé l’équivalent à New York ou à Rome. Bref, au pire, c’est bon ou très bon. Au mieux, cela peut être renversant. La table a parfois quelque chose d’amoureux ou d’amical. La preuve : autour de 15h, les retardataires qui auront décidé de prolonger ce beau moment en commandant « la petite sœur » auprès du patron (on boit les bouteilles au prix à emporter) auront le privilège de remercier Laurence Lagarde émergeant de sa cuisine les bras chargés de ce qui lui permettra de préparer le service du lendemain. Elle rougit un peu sous les compliments, se sauve telle une souris. On n’en saura pas plus. De toute façon, la vérité est dans l’assiette et dans le verre. Et elle est lumineuse.
Le Tire-Bouchon 23 place Dupuy 31000 Toulouse Ouvert du mardi au samedi, seulement à déjeuner Formule entrée/plat ou plat/dessert à 15 e Réservation très conseillée au 05 61 63 49 01
Nouveauté
© Vins Plageoles
Banc d’essai
Modestes mais grands
Le vin du mois
Substance de Selosse
Comme les hommes, le vin a une mémoire et elle réside notamment dans ses cépages. Pour célébrer les plus « modestes » d’entre eux, c’est-à-dire oubliés ou disparus, une association a été créée et s’est retrouvée fin octobre au Couvent de Malet à Saint-Côme-d’Olt, dans l’Aveyron. Sous la houlette de l’écrivain-journaliste (et artiste tous terrains) Philippe Meyer, se sont réunis d’excellents vignerons (Robert Plageoles, Marcel Richaud, Anthony Tortul, Nicolas Carmarans) et d’autres défenseurs de la singularité du raisin. À suivre. \ C. A.\
Chez Anselme Selosse, il faut tout goûter et surtout la cuvée Substance, champagne stratosphérique et proustien, élaboré selon le principe de la solera consistant à conserver dans la cuve un fond du jus de l’année. De fait, chaque année, le champagne s’enrichit et renferme une sorte de mémoire du vin. Evacuons le motif de fâcherie : à 150 euros, la Substance n’est pas donnée, mais rappelons que de prestigieux champagnes ont une valeur d’échange bien supérieure alors qu’ils ne sont bons qu’à arroser des jetsetteurs tropéziens ou à faire de la figuration dans des clips bling-bling. Notre conseil : carafer la bouteille et déguster le nectar dans des verres à vin (surtout pas dans des coupes ou des flûtes qui empêchent les arômes de se révéler). Une telle beauté ne se rencontre que rarement. C’est à boire entre amoureux afin de s’en souvenir bien après. Comme un premier baiser, une première Substance ne s’oublie pas. \ C. A.\
http://cepagesmodestes.blogspot.com
Livre
Les épices d’Olivier Roellinger C’est à Cancale que mouille la flottille Roellinger-Les Maisons de Bricourt, composée notamment d’un Relais & Châteaux, d’un cottage, de gîtes marins et d’un salon de thé. Si le chef a fermé en 2008 son restaurant gastronomique triplement étoilé, il a conservé le restaurant Le Coquillage où il perpétue sa cuisine marine et inspirée dans un cadre plus simple. Au sein de cette armada, on trouve aussi les Entrepôts d’épices où celui qui aime se définir comme un « cuisinier corsaire » conçoit les produits qui ont fait sa renommée et l’un des ressorts de son art. Car, depuis près de trente ans, Olivier Roellinger crée ses propres mélanges d’épices, inspirées de ses voyages, et achetées à de petits producteurs installés en Inde, au Cambodge et à Madagascar. La gamme comprend une quarantaine de références (épices et poudres d’épices composées par le maître) ainsi que des poivres, des sels, des vanilles, des huiles et condiments tel le délicieux vinaigre celtique épicé qui magnifie poissons et pâtes. Certaines sont à saupoudrer à froid ou à chaud sur des viandes, des poissons, des légumes ou des fruits, mais peuvent aussi parfumer des sauces, des potages ou bouillons, des yaourts, des fromages, des gâteaux, des glaces ou des boissons (chocolat, café…). Chaque produit présente sur son étiquette une brève fiche d’identité tandis que le site affiche une présentation plus complète, des conseils d’utilisation et des recettes. Il faut se frotter à ces épices d’exception qui ne visent pas à écraser les plats, mais qui sont à utiliser « comme des ponctuations dans une phrase ». Faites entrer l’air du large et les horizons lointains dans vos cuisines… \ C. A.\ Les épices d’Olivier Roellinger sont distribuées à Toulouse en exclusivité à L’Epicerie moderne, 20 rue Ninau, www.epices-roellinger.com
Le blog
© Carrie Solomon
Prix caviste : 150 €
Belle chasse
Gastronomie.com
Un ouvrage de saison qui célèbre le gibier et qui trouvera sa place au pied du sapin. Dans Saveurs sauvages, Julien Fouin (à la plume) et Carrie Solomon (superbes photographies) recueillent les souvenirs de chasse et les recettes de vingt-huit grands chefs. Un casting aussi royal qu’un lièvre – Thierry Marx, Anne-Sophie Pic, Yves Camdeborde, Michel Portos, William Ledeuil… – pour magnifier caille, faisan, chevreuil, palombe, sanglier, perdreau, biche, grive, canard colvert… Les costumes sont signés Agnès B. tandis que des extraits de la correspondance gourmande entre les écrivains Jim Harrison et Gérard Oberlé parachèvent le festin. Aux armes et à table ! \ C. A.\
Le dur métier de critique (littéraire, cinématographique, gastronomique…) étant soumis à des pressions altérant gravement l’expression d’un jugement indépendant, nulle surprise à ce que de nombreux « consommateurs » se reportent sur les avis exprimés par des sites plus ou moins fiables et des blogueurs. Mais dans cette jungle, comment s’y retrouver ? Au rayon de la gastronomie toulousaine (et d’ailleurs également), nous conseillons celui de « Rod n Roll » qui livre ses recettes et surtout ses coups de cœur ou de griffe avec sincérité. Pour ne rien gâcher, il a très bon goût. Faites passer. \ C. A.\
Saveurs sauvages, éditions du Rouergue / Kéribus, 151 p, 35 e
www.rod-n-roll.com
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Tables & comptoirs
Les artisans à la fête Pour affronter les fêtes en étant armés en produits de qualité, voici une sélection de maîtres artisans chez lesquels on peut aller les yeux fermés et la bouche ouverte. Faites votre marché. Par Christian Authier
12 rue du Rempart-Matabiau M° Jeanne-d’Arc 05 61 21 42 88 Ce n’est pas seulement parce que Jean-Pierre Dujon Lombard a reçu récemment un Award du chocolat, le classant parmi les onze meilleurs chocolatiers de l’Hexagone, qu’il faut aller s’approvisionner en délices cacaotés chez lui. Cela fait presque dix ans que cet artisan sélectionne ses produits, concocte les mariages et les alliances, renouvelant les saveurs du chocolat. Ses recettes portent la marque de voyages dont il a ramené des arômes singuliers, ne versant pas dans l’exotisme enjôleur. Prenez par exemple, l’Alhambra, un feuilleté d’écorces d’oranges confites à la pâte d’amandes et au délicat praliné. Les basiques sont tout aussi épatants, mais il faut se risquer sur les créations où la recherche donne naissance à une véritable expérience gustative. Croquant, fondant, puissant ou subtil : c’est Criollo.
#2
Boulangerie Cadenet
#3
#1
La Marèe Toulousaine
ollo Chocolatier Cri
#4
Maison Cuq
Marché des Carmes M° Carmes 05 61 52 38 63
Marché Victor -Hugo M° Jeanne-d’Arc 05 61 21 93 53
Marché des Carmes M° Carmes 05 61 53 73 37
Il est difficile de trouver miche ou baguette à son goût. Notre préférence va à la maison Cadenet, dont la loge se trouve en plein cœur du marché des Carmes. On se reportera à l’incontournable « Cadenet », pain de campagne savoureux, à la fois léger et riche, à « L’équilibre », riche en fibres, au « Ciabatta » à l’huile d’olive. Sinon, on peut évidemment piocher dans toutes les gourmandises (pastis gascon, pain d’épices artisanal à la coupe) qui s’affichent insolemment. Le top.
Dans la poissonnerie de Christophe Leveau, tous les produits de la mer venus des ports de France et d’ailleurs (bars, lottes, rascasses du midi, crabe royal de Norvège…) sont convoqués sur des étals flamboyants, où la profusion ne contredit pas la qualité, qui envoûteront les plus blasés. Poissons, coquillages et crustacés s’affichent dans un grouillement qui ne déplairait pas au capitaine Haddock. Pour les fêtes, pensez au homard breton…
La ville et la région ne manquent pas de producteurs de volailles et de gibiers habilités à occuper fièrement les tables festives. Chez Cuq, on envoie du lourd et surtout du bon. Les végétariens iront voir ailleurs car ici volailles, confits, conserves donnent furieusement envie de faire ripaille. Tout est là, en provenance de producteurs locaux et régionaux. Il faut juste choisir et ce n’est pas facile. Alors, laissez-vous conseiller.
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L’art culinaire du Viêt-Nam mis en scène à l’occidentale
www.batbat.fr 8, rue des Filatiers M° Carmes ou Esquirol 05 61 25 49 49 Livraison midi et soir - Wifi Salon de thé de 9h à 19h Ouvert NON STOP 7j/7 - sauf lundi soir, 9h-22h30
Évasion
Hot Spot du mois
Luxe, design et volupté Pour l’entrée dans l’hiver, Spirit se paye une tranche de luxe au Sport Hôtel Hermitage & Spa, au cœur de la principauté d’Andorre. Sans complexe. Petite visite guidée de ce palais montagnard des superlatifs. Par Christel Caulet
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mpressionnant, le mot n’est pas galvaudé pour qui franchit les portes du Sport Hôtel Hermitage & Spa à Soldeu, en Andorre, à une dizaine de kilomètres du Pas-de-la-Case. Considéré comme l’un des meilleurs établissements au monde, il ne faillit pas à sa réputation. Tout y est : déco design, disponibilité du personnel, confort. Le luxe transpire à tous les étages, et c’est encore plus vrai pour le spa gigantesque qui a l’audace de s’installer sur cinq niveaux à grand renfort de piscines chauffées, jets d’eau glacés, saunas, hammam... La liste serait trop longue.
du jour, quelques friandises, des peignoirs confortables et une petite terrasse privative, donnent le sentiment d’être un peu chez soi. Le bois bien sûr, matériau de prédilection, renforce cette sensation d’intimité. Plus extra-ordinaire, les lits king size, une carte des oreillers - si, si !- et la baignoire à remous. Hors chambre, les salons de caractère s’enfilent, et il n’y a plus qu’à tendre la main pour piocher dans une riche bibliothèque et se plonger dans la lecture. Le mobilier joue les contrastes subtilement, entre pièces anciennes et design contemporain.
\ 120 suites façon chalet \
\ Sur les pistes en hélico \
Va t-on vraiment réussir à s’extirper du cocon pour dévaler les pentes de Grandvalira, la station toute proche ? Pas si sûr. Ce n’est pas tous les jours qu’on peut se prélasser à 1 850 m d’altitude, au pied des pistes, face à la montagne, dans un hôtel aussi gigantesque - 10 000 m2 tout de même - que beau. Inauguré en décembre 2006, l’Hermitage se veut un temple du design montagnard, où chaque détail a été pensé. Il se compose d’une succession de suites vastes et lumineuses, façon chalet. 120 exactement, de 42 à 66 m2. Peur de se se sentir quelque peu écrasé par le côté monumental ? Pas de panique. Carmen Marfany, qui a assuré les choix en matière de décoration, a réussi le pari de rendre le tout intime et chaleureux. Dans chaque suite la presse
Un cinq étoiles ne pouvait pas négliger l’aspect gastronomique. Dans la grande salle à manger, deux restaurants rivalisent, le 1.8 et le 5.0 (référence à l’altitude). Le premier s’aventure sur les pistes d’une carte méditerranéenne, l’autre joue la cuisine fusion à tendance japonaise. Loin, très loin des traditionnelles raclette, fondue et tartiflette. Le petit déjeuner gargantuesque - tout y est, de la charcuterie aux pâtisseries - devra être approché avec modération sous peine de retard à l’allumage sur les pentes enneigées. Heureusement, l’hôtel a prévu quelques activités pour nous pousser dehors. La sortie en hélicoptère vers les pentes vierges et le ballooning, balade en montgolfière au-dessus des montagnes, devraient nous laisser un dernier goût d’extravagance.
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Sport Hôtel Hermitage & Spa ***** Soldeu, Andorre à partir de 200 e la chambre double www.hotelhermitage. sporthotelsandorra.fr
Cercles et poussoir
Colorants Alimentaires LES ARTISTES
Robot MAGIMIX 5200 XL Le Cuisine Système 5200 XL vous aidera à réaliser à la perfection toutes vos préparations pour les grandes tables jusqu’à 8 personnes
Moule en fonte anti adhérent NORDICWARE
Kit macarons 48 empreintes
Siphon chaud et froid MASTRAD
44, rue Alsace Lorraine 31 000 TOULOUSE Tél. 05 61 21 56 61 Fax : 05 61 21 11 77
MAISON HABIAGUE
Du lundi au vendredi de 10h à 12h30 et de 14h à 19h Le samedi de 10h à 19h
www.habiague.com
44 rue Alsace Lorraine 31 000 TOULOUSE Tél. 05 61 21 56 61 Fax : 05 61 21 11 77 Du lundi au vendredi de 10h à 12h30 et de 14h à 19h. Le samedi de 10h à 19h
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en ville
Made in Toulouse La mode et le design ne s’inventent pas qu’à Paris. À qui sait bien chercher, Toulouse regorge de jeunes créateurs ou griffes locales confirmées. Spirit les a pistés dans leurs ateliers et showrooms, où ils confectionnent bijoux, sérigraphies, meubles, écharpes et cosmétiques. Garanti 100 % local, et original. Textes Hadrien Gonzales, Stéphanie Pichon - Illustration Julie Leblanc
Full métal design Bruits de meuleuse, étincelles, l’atelier de Camille B, derrière la gare Matabiau, n’affiche pas la tranquillité pincée d’un showroom design. « La première fois qu’on me voyait arriver sur les salons, ça surprenait, une fille qui fait de la soudure ». Celle qui a longtemps joué les métallos dans les ateliers des décors de théâtre, s’est installée depuis 2007 dans une ancienne usine de chaussures. Le métal reste l’unique matière – ou presque – de pièces de mobilier à visage industriel, frappées de lignes géométriques. Acier brossé, vernis, rouille apparente, patine noire ou couleurs, se mélangent dans un catalogue touffu qui va des tabourets aux bureaux, des tables basses aux cadres photo. Ce qu’elle aime par-dessus tout : « le contact avec la matière, et travailler l’originalité d’une pièce. » Ici, on pousse la porte pour passer commande de meubles sur mesure. Ou laisser l’imagination de Camille s’emballer. Le standard suédois ne passera pas par nous. Camille B, 44 rue des Champs-Élysées, 06 73 73 93 85. Portes ouvertes un samedi par mois. En décembre, ouverture de la boutique de l’atelier tous les soirs dès 17h. www.camillebcreation.com
© Stéphanie Pichon
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Baby styliste Avoir 22 ans, dessiner sa ligne de vêtements, ouvrir un showroom caché derrière une grosse porte en bois, oser Beyoncé en musique de fond. LRB n’a pas envie de prendre son temps. Comme elle a raccourci son nom à rallonge – Laurène Eglantine-Belleville, rien que ça ! – elle a zappé les années d’étude. Son apprentissage s’est fait sur le tas, à coudre des robes pour les copines. Ah si, « un stage en 3e chez Dior » avait lancé la vocation. Il y a un an, elle ouvrait son showroom, « plus confidentiel qu’une boutique », à deux pas de Saint-Georges. Le concept store a beau se la jouer vintage, il vous fait prendre un sacré coup de jeune avec ses vestes en cuir taguées, ses robes en tissu schtroumpf d’époque, ses cols fourrures à grosse chaîne. Que des pièces uniques, ou presque. Les premiers accessoires se dégotent à 15 e, les vestes et robes montent jusqu’à 500. Y’a pas de mal à avoir de l’ambition. Showroom LRB, 4 rue d’Aubuisson, du mercredi au samedi, de 13h à 20h, 05 61 34 65 01 www.showroomlrb.com
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Séri-Graphiquement vôtre Ils sont quatre, Eugénie Babion, Lucas Faudeux, Nicolas Delpech, Benjamin Stoop - pas vraiment mousquetaires, plutôt franc-tireurs, adeptes de l’impression maison, de l’encre qui tâche et des estampes graphiques. L’atelier deuxmille de sérigraphie est ouvert rue des Teinturiers, à Saint-Cyprien, ca ne s’invente pas ! Ou l’art d’imprimer à petite échelle et manuellement. Créé en 2007 par des étudiants des Beaux-Arts pratiquants du street art, l’atelier joue aujourd’hui dans la cour des grands et sert les artistes de passage, les expos d’art contemporain, les projets collectifs. À l’entrée se découvre une production maison hétéroclite, de T-Shirts, fanzines, estampes et sacs à main. Tout un petit monde de l’impression « fait main », vraiment unique, pas vraiment cher. Atelier deux-mille, 28 rue des teinturiers, 09 51 33 47 35, www.deux-mille.com
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© Camille B.
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Tête Deloche
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Faites-vous partie de la tribu « Marc Deloche » ? Ses bijoux sont devenus un véritable phénomène à Toulouse, depuis l’ouverture de sa boutique écrin il y a douze ans. L’homme croise avec succès architecture, joaillerie et design pour des pièces façonnées dans l’atelier toulousain. Aux terrasses de Saint-Georges, on remarque les fidèles en un clin d’œil à leurs bagues-médaille en argent (125 e ou 130 e), ou les animalières « à tête de corne ». Les hommes, eux, sont plutôt bracelet : des pièces sobres, gourmettes minimalistes faites d’une plaque d’argent et d’un lien en cuir d’agneau interchangeable, de préférence noir (on opte pour le « Demon », discret, à 160 e). Les dandys craquent pour les baleines de col en argent. Invisible, mais so chic ! Il y en a même pour les enfants ! Autre petit luxe, la possibilité de faire frapper vos bijoux de l’inscription de votre choix (dès 10 e). « I love Spirit », par exemple ? Boutique Marc Deloche, 9 rue Antonin-Mercé, du lundi au samedi, 10h-12, 14h-19h, 05 61 21 59 77 www.marc-deloche.com
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© Violaine Ulmer
La crème de la crème Le choc des matières Certaines de ses pièces sont achetées par les musées, d’autres font l’objet d’exposition. Mais ces « objoux » comme Violaine Ulmer aime les appeler – à la fois objet, sculpture et bijou - sont avant tout fait pour être portés. En petites séries ou pièces uniques, ils ont l’éclat du brut, tels ces colliers légers et aériens, ou ces bagues massives. Violaine cherche avant tout les mariages contre-nature, qui se retrouvent dans un collier de porcelaine fragile et caoutchouc noir, ou dans une bague « constellation » où les boules d’argent fusionnent avec la porcelaine. Plasticienne, elle a fait un virage à 180° il y a sept ans. « J’ai vu une bague dans une vitrine, à Berlin. Ça a été le déclic ». Depuis ses collections se succèdent, et elle, cherche encore et toujours la nouvelle alliance, nourrissant son inspiration dans les expos et le design. Dans sa maison des Argoulets, son atelier s’ouvre à la demande, à moins qu’on aille admirer ses pièces à la galerie Mage dès le mois de décembre. Atelier de Violaine Ulmer, 68 chemin des Argoulets, 05 61 20 22 44. Portes ouvertes un week-end par mois et sur RDV. À partir du 6 décembre, collection à la galerie Mage, 33 rue Bouquières. www.violaine-ulmer.com
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Quelques grammes de finesse… Entrer dans l’atelier de Bernadette Andrieu, du côté de la Dalbade, c’est tout de suite se sentir un peu lourd et maladroit. Face à ces farandoles de porcelaines, assiettes et bols d’une finesse extrême, on ne voudrait surtout rien casser ! « C’est solide » assure-t-elle, depuis la table allumée où elle façonne ses pièces uniques à la main. « Ça passe même au lavevaisselle ». Soit. N’empêche, fabriquer ainsi des pièces une à une, dans le monde de la porcelaine dominé par la production industrielle, c’est passer pour un « fada » ou… une artiste. Bernadette Andrieu n’a pas toujours malaxé la terre blanche si fine, qu’elle fait venir de Limoges. Dans une autre vie elle était chef d’entreprise. L’autodidacte a su dompter cette cuisson si difficile. Aujourd’hui sa vaisselle joliment « déformée » influence les plus grandes marques, ses assiettes se déclinent du céladon au bleu pâle, des couleurs qu’elle met parfois des mois à élaborer. On s’en doute, tout cela a un prix. Mais cette porcelaine made in Toulouse n’existe nulle part ailleurs. Atelier Céramique - Bernadette Andrieu, 19 rue des Polinaires, 05 61 55 26 11/ 06 60 14 69 38. Ouvert de 10h à 12h30 et de 14h30 à 19h, du lundi au vendredi et sur rdv.
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Gare à vous, si vous poussez la porte de chez Léopold. Pour peu que la patronne soit en train de mijoter un nouveau produit miracle, elle pourrait faire de vous son cobaye. « Que pensez-vous de cette odeur ? Et de celle-ci ?... » Ses baumes (dès 19,50 e) et ses savons (entre 4,90 e et 6 e), Caroline Anési les fabrique toute seule, dans un laboratoire situé dans son arrière-boutique. Chez elle, tout est naturel. La boutique bénéficie d’ailleurs du label ultra-exigeant « Nature et Progrès ». Le lieu doit son nom à l’arrière-grand-oncle, globe-trotter au grand cœur qui fournissait les herboristes en nouvelles plantes et racines. Nouveauté du mois : des bougies parfumées au cèdre, à la verveine citronnée et au lavandin, réalisées en cire végétale garantie sans OGM, d’une durée de vie de soixante heures (environ 25 e). Leopold, 99 avenue de Muret, mardi, jeudi et samedi, 10h-17h, mercredi et vendredi 10h-19h. 06 64 83 13 31 www.leopold-cosmetique-bio.fr
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Bernadette Andrieu © DR
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SHOPPING
Stylisme Virginie De Vinster Photos Polo Garat
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• Granny Chair WA.DE.BE, chez Home autour du monde, 8 bis rue de la trinité • Déguisements et boîtes de rangement Bensimon chez Pouic Land, 15 rue du canard • Tapis toulemonde Bochard et décoration de Noël à Lafayette Maison, 77 rue Alsace-Lorraine • Costume Paul Smith, tee-shirt Ma locomotion, gilet Dino et Lucia Chez Belza, 10 rue boulbonne • Voiture et valise-dînette Chez Joupy, 43/45 rue des filatiers
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SHOPPING shopping
• Cheminée www.tendancesmeubles.fr • Tapis berbère et tabouret Rok on the Kasbah chez Les Locataires, 2 rue des Paradoux • Robe et caleçon à sequins P.A.R.O.S.H., sac Avril Gau chez Hall 2, 32 rue des marchands • Escarpins vernis Miu Miu chez Victoria, 3 bis rue du rempart villeneuve • Dessert boots Alden chez Bec Fin, 28 rue des marchands • Bottes fourrées Sanita chez Madame Dragonfly, 13 place de la trinité • Bougies Dyptique Parfum d’ambiance Dyptique chez Santa Rosa, 11 rue Antonin Mercié • Guirlande chez Trait, 3 rue Saint-Pantaléon • Chocolats chez Pillon, 23 rue du Languedoc • Champagne Krug et flûtes à champagne au Chai Vincent, 38 rue d’Astorg
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• Sapin chez Méric, 24 place des Carmes • Robe Lanvin chez Département Féminin, 1 rue Maurice-Fontvieille • Écharpe en cachemire, gants en cuir chez Bec Fin, 28 rue des marchands • Station Beosound 8 chez Bang and Olufsen, 46 rue du languedoc • Panier de Noël « Épicerie fine » Chez Bacquie, 5 place Victor-Hugo • Parfums Chez Élysees Parfums, 1 rue Alsace-Lorraine • Serre-tête Cecile Boccara 100% soie By Katie Nat, 2 place Rouaix • Tabouret Tronc www.edmond.tm.fr • Peau de mouton, table 3 pieds chez Home autour du monde, 8 bis rue de la trinité • Livres chez Ombres Blanches, 50 rue Gambetta
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échappée belle
Plateau d’Aubrac © P. Soissons
Aubrac,
l’hiver sur un plateau L’Aubrac mode d’emploi Avant de Partir : Toulouse - Laguiole : 204 km 2h40 environ www.laguiole-online.com 05 65 44 35 94 www.tourisme-aveyron.com Les rendez-vous de l’hiver : • La course de la Trace du Fromage le 11 mars 2012 • Lecture de contes et souper à Nasbinals www.nasbinals.fr • Marché des producteurs de Pays Saint Geniez d’Olt tous les matins
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L’Aubrac a toujours eu l’écorce rude, le sang rebelle, et le cœur accueillant. Son décor panoramique recouvert de neige semble emprunté à un western nordique. Un bout du monde. Loin des HLM sports d’hiver, Spirit vous donne rendez-vous sur le plateau, pour un trip glacé « ruralenti ». Par Anaïs Florance Le coffre chargé des indispensables - un polar scandinave pour se mettre dans l’ambiance et un panier bientôt plein des produits ramenés du plateau - on quitte Toulouse avec l’excitation de notre enfance, direction l’Aubrac. Son hiver rude fardé d’un manteau blanc poudré. Loin de tout. Peu importe les vents glacés, on sait qu’on trouvera refuge dans les burons fumants, ces cabanes à fromage aux toits de lauze qui réchauffent le sang à coup d’aligot. La brique rose s’efface au profit d’une campagne plus vallonnée, où l’on remarque déjà que le labeur des artisans de la terre façonne le paysage. Bon signe qui inaugure le seuil de l’Aveyron et les portes de l’Aubrac. Avant de se hisser jusqu’aux Monts, il faut encore traverser Rodez, puis emprunter la route d’Espalion. Derniers bastions urbains avant de découvrir les contrées infinies qui relient le plateau à Compostelle. L’expression « faire des bornes » n’a jamais été aussi franche… Les villages deviennent plus rares, les cafés-laverie-relais colis-cordonnerie-tabac apparaissent, gage qu’ici, on cumule les mandats ! Jusqu’à la route d’Argent la voie avale les
lacets, bordée d’épaisses forêts de chênes et de hêtres qui abritaient jadis les brigands escamoteurs de pèlerins. Avec l’altitude, vient le sentiment de solitude. Il est désormais impossible de briser ce silence encore étranger, auquel il faudra pourtant s’habituer. Avant d’éteindre le moteur à Laguiole, arrêt obligé, et sans détour, au lieu-dit Bonneval. Accrochée au pli de la montagne, l’Abbaye, où depuis 1878 les moniales travaillent le cacao. Plaisirs divins, praline ou liqueur, en libre-service dans leur petite boutique. Ça y est, la rudesse du pays d’Aubrac laisse fondre son manteau et c’est un cœur tendre qui y brûle. Sur le plateau volcanique, qui culmine à plus de 1500 m, les roches moutonnées, érodées par des millénaires d’épisodes climatiques se fendent sur les immenses pâturages, offrant ainsi un cirque aux allures contrastées. Balayé par les vents d’hiver, ployant sous les congères. La Croix des Trois Evêques élevée par les moines d’Aubrac en 1238 est le signe que trois départements se partagent cette terre : l’Aveyron un peu revêche mais tellement attachant, la
mystérieuse Lozère cernée par la forêt du Gévaudan et enfin, mais pas des plus tendres, le Cantal. Surnommé le « Saint-Bernard de France » par Chateaubriand, le plateau a toujours été une terre d’accueil. Pour les pèlerins en route vers Compostelle d’abord, pour les enfants juifs bien plus tard. Sans oublier les grandes figures de la résistance aux souliers élimés et âmes endeuillées. Ils sont nombreux ces Aveyronnais aux traits burinés par l’air et par les ans, à avoir défendu la ligne de démarcation pour conduire vers la liberté tous les évadés de la France occupée. Désormais c’est l’homo urbanicus que l’Aubrac accueille, assez généreux pour lui redonner du souffle et des grands espaces. Le Gps annonce : « Vous arrivez à votre destination ». Laguiole, sa station de ski, ses chaumières de granite, 1 269 habitants et presque autant de couteliers. Chef-lieu de l’Aubrac aveyronnais, il côtoie sans sourciller Saint-Urcize côté Cantalou, où il ne faut pas manquer de déjeuner à la Fontaine de Grégoire, avant de découvrir le Château de la Baume. Le smartphone n’a plus de raison d’être, faute de réseau. Pas de panique, la plupart des maisons d’hôtes ont le wifi. God save la connection ! Gageons de toute façon qu’on préfèrera la flânerie à la web-errance, tant la montagne a ici un goût particulier : une saveur de simplicité, un bouquet de rudesse mêlé à celui d’une authenticité qui rassure. L’Alto Braco se rit du manège de la ville, des conventions et, à bien y réfléchir, cela fait du bien ! Quand La Mongie et Baqueira tremblent sous les pneus des affamés de la glisse, l’Aubrac déploie son charme sans prêter attention aux audacieux qui colonisent ses pentes douces. Plus de queue interminable aux remontées, pas d’embouteillages non plus sur les pistes. Seul demeure le plaisir de chasser la blanche avant de ripailler à l’oustaou (la maison). Car partout règne la sensation d’être chez soi. Dans les gîtes de caractère où les maîtres excellent dans l’art de la convivialité, jusque dans les auberges où la bolée de soupe nous rappelle que l’essentiel est là. Dans la pudeur des gens d’ici, dans le respect de ce qui nous entoure et le partage frugal d’un bol d’aligot ! D’aucuns viennent jusqu’en Aubrac pour ripailler chic au repaire triplement étoilé de Michel Bras. Mais l’hiver, le chef ferme boutique. Alors on se dit qu’on repassera, cet été sûrement, au moment des transhumances, et des prairies fleuries. Y découvrir la face lumineuse du haut plateau, tout en regrettant déjà les horizons blancs et le réconfort d’un feu de cheminée dans la nuit figée.
Balade en attelage autour de Laguiole © Michel Raynal - OT Laguiole
Pourquoi y aller ? Pour fuir l’hystérie des stations de ski et amortir ses moonboots. Pour goûter et devenir un pro de l’aligot. Pour se balader en raquette et guetter les marmottes à Brameloup. Pour dégainer le combo laguiole-doudoune lors la Trace au Fromage, course de ski de fond de Laguiole à Aubrac, avec dégustation dans les burons. Pour diner en tête à tête Chez Germaine et chiper la recette de sa tarte aux myrtilles. Parce que rien n’est plus bio que les produits du plateau. Pour voir ce que ça fait de vivre sans internet, sans téléphone et (presque) sans connexion. Pour apprendre à traire une génisse en compagnie de Capou puis partager un chocolat chaud en apprenant quelques mots du cru. Pour rêver dans les draps des Caprices d’Aubrac. Pour se laisser aller à la confidence devant un feu de cheminée, quelques noix fraîches et un verre d’eau de vie.
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échappée belle
Village de Laguiole © OT Laguiole
Emplettes
La vie d’artiste
Vino Maestro !
La Ferme de l’âne heureux © Anaïs Florance
Après quelques heures en terre d’Aubrac, on laisse inexorablement place à l’insensé : prendre le temps ! Le saisir au vol pour le clouer aux portes de la cave toute neuve de Sergio, deviendrait presque naturel. La peinture vient à peine de sécher, les bouteilles juste entreposées patientent, le gravier attend d’être foulé par les hôtes du sommelier de Michel Bras. Sergio Calderon est argentin, c’était un âne à l’école mais qu’importe, ici, chez lui - il vit à Laguiole depuis plus de vingt ans - c’est un sorcier. Jonglant avec les flacons et leurs bouquets, il prononce des noms qui envoûtent : cacaoté, griotte fumée, châtaignes et notes braisées. « Je veux être utile. J’ai voulu proposer une centaine de références à moins de 10 e, pour que les gens d’ici puissent avoir plaisir à choisir leur vin. » Au programme de l’hiver, des soirées œnologiques en sa compagnie et pourquoi pas suspendre le temps... d’un verre. La Cave de Sergio, 11 rue du Faubourg, Laguiole, 05 65 44 98 70
Et aussi
Lou Mazuc © Anaïs Florance
Lou Mazuc Les limonades artisanales de la Brasserie d’Olt chez Lou Mazuc, galerie d’art et épicerie fine dédiée à Michel Bras.
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Espace Lou Mazuc, ouverture 1er au 30 décembre en hiver, Laguiole, 05 65 44 38 80 La tome de Laguiole Coopérative fromagère Jeune Montagne, Laguiole, www.aveyron.com
Heureux qui comme un âne Avis aux post soixante-huitards et néo-hippies, voilà l’appel de la ferme ! Raymond Capoulade alias Capou est une star. Une étoile grisonnante tombée des cieux pour éclairer le chemin des visiteurs en goguette sur le plateau. Dans son grenier, que dis-je, sa galaxie, composée de plus de 1 000 objets en bois, il raconte depuis plus de trente ans l’histoire de sa terre. Vins chaud au coin du feu, chocolat pour les petits, contes et traite des vaches au menu d’une chaumière, qui vous ouvre ses portes le temps d’une retraite enchantée. La Ferme de l’âne heureux, La Crestilie Soulages, Bonneval, Laguiole, 05 65 44 31 63
Artisanat
Où dormir
Les couteaux de Benoît Les Caprices d’Aubrac © Anaïs Florance
Avec son physique de bûcheron canadien et ses rouflaquettes d’Elvis, Benoît Mijoul donne du peps à l’industrie de la coutellerie locale. Lauréat du Prix Sema de 2010 en création contemporaine pour son laguiole Tribal, l’artisan ouvre les portes de son atelier pour des visites ou une journée de stage. Avis aux amateurs... Coutellerie Benoit Mijoule, 21 allée de l’Amicale, Laguiole, www.laguiole-benoit.com
Caprice rêvé Coutellerie Benoît Mijoule © Anaïs Florance
Dans cette étable remixée tout ou presque est fait maison. De l’escalier en basalte transformé en foyer de cheminée au jus de pomme du matin, la main de l’homme façonne la matière. Le jeune Benjamin est revenu au pays, avec la ferme intention de créer un logis au goût du jour. Pari réussi, puisque les cinq chambres des Caprices d’Aubrac affichent complet depuis l’ouverture de l’hébergement en mai dernier. Le plus de cette maison d’hôte ? Les confitures maison de Fanchon et le bavardage au coin du feu. La promesse qu’ici, modernité rime avec convivialité. Les Caprices d’Aubrac, Le Séguis, Laguiole, 06 87 27 44 82, www.caprices-aubrac.fr
Et aussi
Lo d’ici Une ancienne grange revue et corrigée par Sandrine en gîte de caractère. Soyez sûr que votre séjour sera inoubliable, tant l’âme de l’Aubrac habite les lieux. Sans y séjourner on peut aussi y goûter de thé d’Aubrac et de crêpes.
Faits d’Hiver
Lo D’ici, Le Couderc, Nasbinals, 04 66 32 92 69, www.lodici-aubrac.com
Eau de (vie) source
GPS programmé pour une vingtaine de kilomètres au départ de Laguiole, direction Chaudes-Aigues et les sources thermales du Cantal et son centre thermoludique. Caleden est alimenté par la source thermale du Par, considérée comme la plus chaude d’Europe avec ses 82°C. Baignade avec bains bouillonnants, cascades, geysers et hammam traditionnel. Pause musicale sur le toit du centre, avec un bain-chauffé en plein air où il suffit de tendre l’oreille, pour écouter les notes relaxantes diffusées sous l’eau. Caleden, forfait 2h /12 e, 27 avenue Georges-Pompidou, Chaudes-Aigues, 04 71 23 51 06, www.caleden.com
Et aussi
Balades en attelage En couple ou avec les enfants, pour découvrir les plaines immaculées au rythme des sabots. École d’attelage de l’Aubrac, Les Mazucs, Cantoin, Nicolas Perrin 06 88 12 30 34, www.ecole-attelage-aubrac.fr En pleine nature Pour profiter des pentes douces d’Aubrac et rompre avec l’adage « le ski de fond c’est barbant », direction les circuits de Laguiole ! Infos station et location de matériel www.laguiole-aubrac.com
La Ferme de Moulhac Écrin de pierre pour un cœur contemporain... des chambres d’hôtes alliant architecture traditionnelle et design. Lieu dit Moulhac, Laguiole, 05 65 44 33 25, www.fermedemoulhac.fr
Dans l’assiette
Ripaille Tradi S’il est une institution, une adresse que l’on se refile sous le manteau, c’est bien Chez Germaine. De Paris à Compostelle, tous connaissent la salle à manger de l’Aveyronnaise. Comme souvent en montagne, le lieu est divisé en deux parties. D’un côté le restaurant nappé, de l’autre, la brasserie plus décontractée. La sensation de « fais comme chez toi », qui participe largement à sa renommée, permet de lâcher prise, tout comme le bouton du jeans. Car après avoir goûté à l’excellence des plats, on ne quitte pas l’endroit sans avoir englouti la légendaire tarte aux myrtilles... Chez Germaine, Place fêtes, Aubrac, 05 65 44 28 47
Et aussi
Le Comptoir © Anaïs Florance
Aubrac, Aveyron © CDT12
Le Comptoir Une bonne raison de fuir la rue principale de Laguiole ? Déjeuner, dîner ou s’abreuver au Comptoir. Déco récup et industrielle pour cette pizzeria branchée. 2 place de la Mairie, Laguiole, 05 65 48 05 43 L’Aubrac Maison des familles toujours aussi accueillante. 17, rue de l’Amicale, Laguiole
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Cahier CULTURE
Proie © Vladimir Velickovic
expo (p.38) cinéma (p.42) ARTs VIVANTS (p.46) musique (p.50) en famille (p.56)
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Corbeaux © Vladimir Velickovic
culturE expo
Peinture
Velickovic,
les ténèbres en héritage Ses toiles gigantesques et sombres ne laissent aucun échappatoire : c’est la violence de l’homme sur l’homme qui partout surgit. Les Versants du silence aux Abattoirs remontent le fil de 50 ans de peinture de Vladimir Velickovic. Une œuvre hantée par les tourments du siècle. Par Stéphanie Pichon
I
l est impossible de résister à la charge picturale. L’ampleur de l’exposition - une rétrospective sur 50 ans -, les formats gigantesques, les couleurs sombres, le ton dramatique, tout concourt à faire de ces Versants du silence, un parcours choc en neuf salles et neuf thèmes, plongeant dans les eaux troubles de la noirceur humaine. Vladimir Velickovic est né en 1935 à Belgrade, et ce qu’il a vu enfant de la guerre, de l’arrivée des nazis, des déchirements de l’exYougoslavie, a marqué à jamais son imaginaire artistique. Imaginez des corps nus sans tête, des hommes crucifiés, des paysages calcinés, des lieux de torture, des atmosphères irrespirables. La fin du monde. L’enfer, mais sur terre. Inlassablement, le peintre dénonce, déplore, la bête qui sommeille en l’homme, il ne nous laisse aucun répit. Même quand la blancheur des toiles semble dire l’apaisement dans la salle « Origine », c’est pour mieux nous servir une femme enfantant, monstrueuse, écartelée, vagin béant. Chez Velickovich, dès la naissance l’homme semble courir à sa perte
\ Des bêtes et des hommes \ Pourtant, précise la co-commissaire d’exposition Amélie Adamo,
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« il y a aussi de l’énergie dans ces toiles. On croit n’y voir que désespérance, mais il y a aussi des élans de vie dans ces corps en mouvement, du moins de survie. » La figure de l’homme qui court est un thème récurrent. De dos, toujours sans tête, nu, il s’échappe vers un trou noir comme si l’avenir ne semblait pas promis à plus de douceur. Le peintre, vivant depuis quarante ans à Paris, se défend d’être un pessimiste. « Je regarde juste ce qui se passe. Toujours en espérant que ça ira mieux. Mais je ne trouve pas » La faute au monde, donc. Et aux créatures qui le peuplent. Son bestiaire fait de rats, pitbulls, corbeaux, que les commissaires ont rebaptisé « bêtes philosophiques », est tout aussi féroce. Et pourtant de cette masse noire émerge une « splendeur de la catastrophe » comme l’appelle Michel Onfray. L’émotion affleure devant la beauté d’un paysage ravagé, devant une palette de couleurs maîtrisée à l’extrême, devant l’humain qui persiste, malgré tout. Il est beau de se perdre dans l’œuvre d’une vie, de passer des dessins de la jeunesse yougoslave au triptyque magnifique d’oiseaux noirs sur ciel bleu rose, réalisé spécialement pour faire face au rideau de scène de Picasso exposé au sous-sol des Abattoirs. Velickovic nous parle frontalement, sans détour, nous laissant dans l’impossibilité de détourner le regard. Il n’y a plus qu’à plonger.
Les Versants du silence Vladimir Velickovic Jusqu’au 29.01, les Abattoirs, www.abattoirs.org
culturE expo
En direct des galeries
© Rémi Papillaut
des artistes à explorer le livre et l’édition indépendante. En décortiquant les mythologies et référents collectifs contemporains issus du design, langage, architecture, musique, comics, etc., l’artiste originaire de Valenciennes détourne des objets du quotidien pour créer de nouvelles interprétations. L’espace est aménagé comme un jeu de piste où le visiteur se questionne sur l’envers et l’origine des choses. Les installations donnent alors de nouvelles perspectives à l’espace façonné ; des liens sont créés entre les différentes pièces entièrement fabriquées par Gauthier Leroy. \ L.N. \
Rémi Papillault
© Niconito
Rémi Papillault, jeune architecte-photographe toulousain revient sur l’aventure d’une ville indienne : Chandigarh. Après plusieurs projets échoués, l’architecte Le Corbusier y a érigé son plus grand chef-d’œuvre de 1950 à 1965. En revenant sur les temps forts de la construction de la cité indienne, Rémi Papillault porte une réf lexion sur le rapport entre l’œuvre, intemporelle et l’homme, en perpétuelle mouvance. Le Corbusier et Chandigarh c’est avant tout un livre, qui vient de sortir aux éditions Poïésis. C’est aussi une exposition d’une vingtaine de photos à voir au CMAV. \ L.N. \
Chroniques polaroides Années polaroïdes. Le nom est trompeur. Des « polas », les photos n’en ont que la forme. Pour la technique, Niconito, photographe, musicien et graphiste toulousain, n’a pas eu envie de s’encombrer. En prise avec son temps où le portable dans la poche est devenu l’équivalent du stylo et du carnet, de la pellicule et du boîtier. Simplicité et immédiateté sont ses credos. Pourtant ces clichés pris sur le vif jouent faussement la carte du « vite fait ». À bien s’imprégner de cette somme photographique, ce n’est ni le futile ni le superficiel qui émergent, mais un quotidien teinté d’onirisme et de surprise. On y débusque des incongruités, des sourires, des ambiances. Les photos perdent en grain ce qu’elles gagnent en mystère.
2 au 9.12 Musicophages, 6 rue de la Bourse, Toulouse.
Jusqu’au 4.01, Centre Méridional de l’Architecture et de la Ville, 5 rue Saint-Pantaléon, Toulouse, 05 61 23 30 49
Vernissage le 2.12 à 19h, démontage le 9.12 à 20h avec un concert, www.musicophages.org
\ S.P. \
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© Gastrol
\ Grand bal des anonymes \
L’errance sert aussi de fil conducteur. Remontant le fil de quatre années de la vie d’un homme du XXIe siècle, on reconstitue un vagabondage zappeur, symptôme d’un temps mondialisé où sauter d’un continent à l’autre ne demande plus d’effort. Un coup au ski, un autre à la plage, ou au Brésil, pas besoin de légende pour détecter l’ailleurs. Ce parcours de silhouettes floues, de dos, anonymes, composent une comédie humaine de notre temps, même si les teintes passées, saturées, jouent parfois de l’effet rétro. Ces années ne se remontent pas comme un journal, il n’y figure que peu ou pas d’intime. La démarche n’est pas dans le « je » mais dans l’histoire saisie à l’instant du déclenchement. Et dans l’« exercice artistique » revendiqué par Niconito. Comme on entretient l’élasticité de son corps par le sport, il faudrait ainsi faire œuvre d’art chaque jour, pour pratiquer, avancer, acquérir le geste et la facilité. Attention, l’entreprise Années Polaroides est aussi longue que l’expo est éclair. Une semaine.
Gauthier Leroy Dans le cadre de Graphéine et du troisième rendez-vous Play It Again, Gauthier Leroy invite
Jusqu’au 21.01, BBB centre d’art, 96 rue Michel-Ange, Toulouse, 05 61 13 37 14
Hye-Sook Yoo Comme un désir de se lover dans les peintures de HyeSook Yoo. Cette jeune Coréenne basée sur Paris depuis 1987 combine le dessin à la mine de plomb et la peinture à l’acrylique. En résulte un travail d’une précision extrême, d’une violence maîtrisée, d’une douceur de la toile qui vire à l’obsession. Ses créations sont aussi douce que la soie, le velours ou la fourrure. On se laisse volontiers ensorceller par ces textures extraordinaires qui semblent sortir du cadre pour nous caresser. Une impression de réalité, de mouvements, de nuances. Les sens sont interpellés, les poils se hérissent, Hye-Sook Yoo nous cajole délicieusement. \ L.N. \ 7.12 au 14.01, Galerie Kandler, 14 rue Bayard, Toulouse, 05 61 63 85 11
culture cinĂŠma
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Le port de l’espoir Sobrement intitulé Le Havre, le dernier Kaurismäki regarde la France d’un œil inquiet et moqueur, sans jamais se départir de poésie. Un conte social portuaire, plus complexe qu’il n’y paraît. Par Stéphanie Pichon Aki Kaurismäki aime les ports et les containers. D’habitude, il les filme dans son pays d’origine, la Finlande. Cette fois c’est le Havre, et cela sonne comme une évidence pour celui qui affectionne le monde ouvrier, les terrains vagues industriels, les personnages marqués par la vie, et le rock à l’ancienne. Les bistrots, les tenues, les couleurs : tout semble sorti d’un décor d’après-guerre. On ne se refait pas. Kaurismäki a toujours accroché son œuvre à un temps qui n’est plus, bloqué aux années 50. Nostalgie, peut-être, mais Le Havre se coltine aussi à un présent pas riant, entrainant des personnages joliment surannés dans le tourbillon cruel d’une réalité mondialisée. La carte postale d’antan prend des couleurs trash. Sortie le 21.12
Le Havre D’Aki Kaurismäki Avec André Willms, Blondin Miguel, Kati Outinen, Jean-Pierre Darroussin.
© Pyramide Distribution
\ L’écrivain raté et le clando \
Et voilà Marcel Marx (André Wilms), cireur de chaussures ne trouvant plus beaucoup de cuir à se mettre sous la brosse, tombant nez à nez avec un jeune Africain clandestin (Blondin Miguel) échoué au port, sur la route de l’eldorado anglais. Le même Marcel déjà croisé dans La vie de Bohème, l’autre film français de Kaurismäki, tourné dans un Paris en noir et blanc. C’est que le cinéaste a des fidélités. 20 ans plus tard, André Wilms a repris de la couleur et son rôle, impeccable avec son français que plus personne ne parle. L’ex-écrivain bohème vit désormais auprès d’Arletty (l’actrice kaurismäkienne par excellence, Kati Outinen), qui va tomber gravement malade. On sent venir les vagues de bonté humaniste, les rasades de bon sentiment. Mais ce cinéaste-là possède assez de bizarrerie et d’humour pour déjouer les pièges de l’attendu. Tentés un moment de faire le parallèle avec les films de Guédiguian en voyant apparaitre un Jean-Pierre Daroussin (à contre-emploi) en flic solitaire revenu de tout, on se ravise. Nul besoin d’étalon. Le cinéma de Kaurismäki, formellement à son apogée, campe seul ses particularismes : l’attachement à la musique, avec une apparition de Little Bob en rockeur éploré, l’humour décalé, les répliques absurdes, la palette de couleurs vives. Il y a surtout ce regard venu d’ailleurs, et forcément perplexe, sur une société française qui recrache ses étrangers à la mer comme après une mauvaise digestion. De quoi activer la fibre satirique du cinéaste comme dans cette scène délicieuse où Marx, vieux monsieur tout ce qu’il y a de plus blanc, se fait passer pour le frère d’un prisonnier africain. « Vous vous foutez de moi ? », lui lance le directeur de la prison. « Non, je suis l’albinos de la famille… » Kaurismäki nous montre la France telle qu’il la rêve, et telle qu’elle est. Finalement pas si incompatibles. Son Havre réactive l’espoir jusqu’au miracle, malgré toute la merde autour. Et si on y croyait…
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culture cinéma
Drôle de carnage
Le dieu du carnage, la pièce de Yasmina Reza, était un terrain rêvé pour Roman Polanski. Il y a comme quelque chose de très logique dans la rencontre entre le maître du huis-clos et des cataclysmes psychologiques, et l’histoire d’une soirée entre deux couples de parents d’élèves qui dérape. Au centre de la discorde, leurs fils respectifs. L’un a cassé les deux dents de l’autre dans une bagarre. Elle vire au duel de géniteurs qui vont s’envoyer leurs quatre vérités dans la poire. La vraie surprise de Carnage est sans doute que Polanski se lance dans la comédie de mœurs. À sa manière. On n’est pas chez Claude Zidi ou Francis Veber, mais dans un monde où l’on manie l’humour le plus grinçant. Ou plutôt le plus décapant : les échanges de politesse entre les Cowan et les Longstreet vont vite virer au jeu de massacre. Et si les masques des personnages tombent, c’est aussi le cas de Polanski qu’on sent pour la première fois de sa carrière être lui aussi au spectacle. On pourra difficilement reprocher sa théâtralité à un film justement tiré d’une pièce. Qui plus est, Polanski ne se contente pas d’une molle captation, mais colle sa noirceur naturelle à ce vaudeville. Curieusement cela tient aussi à Reza (co-auteur du scénario avec le réalisateur), qui a volontairement opté pour un épilogue plus léger que celui du spectacle. À l’écran, la mise en scène, brillante, enivre comme les personnages qui se lâchent au fur et à mesure qu’ils descendent des verres de whisky. S’ils se désinhibent rapidement, Polanski reste lui sur ses gardes, au point de paraître en mode amusé, mais mineur, laissant ses quatre acteurs en roue libre. Jusqu’au tout dernier plan du film révélant dans quel camp il se place. Il lui fait retrouver son sens naturel de la noirceur, qui, pour le coup, devient réjouissant. \ A.M. \
© mk2 diffusion
Sortie le 07.12
Sex Machine
Carnage De Roman Polanski Avec Kate Winslet, Jodie Foster, Christopher Waltz, John C. Reilly
Depuis la révélation de Michael Fassbender dans Hunger, le premier film de Steve McQueen, on sait que ce comédien entretient un rapport particulier à son corps. Il le martyrisera souvent à l’écran, subissant de véritables tortures dans Eden Lake ou Centurion. Dans ces séries B c’était pour de rire. Chez Mc Queen, on passe des effets gore à une transcendance, l’incarnation d’une spiritualité. Après l’avoir émacié pour jouer un gréviste de la faim, Mc Queen muscle Fassbender pour en faire un sex-addict dans Shame. L’acteur apparaît nu dès les premières secondes du film. Ce cadre sup’ d’une société new-yorkaise est rongé par sa libido, seul moyen de combler son énorme vide affectif, l’empêchant d’aimer. Sa sœur, toute aussi brisée que lui, est de retour dans sa vie. Elle va tout chambouler, faire remonter à la surface tout ce qu’il a refoulé. Il était déjà question d’un compte à rebours dans Hunger, celui qui séparait un homme qui refusait de se nourrir de la mort. Dans Shame, on sait dès le départ que Brandon est au bord de la dépression, que sa sexualité n’est qu’un simulacre, un cache-misère. Mc Queen la dépeint avec une froideur clinique, quasi kubrickienne. Et pourtant Shame n’est jamais plus fort que lorsque l’émotion entre en jeu. La séquence de drague où Brandon doit enfin se mettre à nu autrement que physiquement est sublime, parce qu’il n’y est plus question de mécanique, mais de sentiments. Paradoxalement, lorsque Mc Queen essaie justement d’en rajouter, dans une dernière partie visiblement conçue pour expliquer le trauma de cet homme et de sa sœur, Shame perd de sa superbe. Pas de quoi cependant atténuer la puissance crève-cœur de ce film sur une ultra-moderne solitude, portée par un acteur phénoménal. Sortie le 07.12
\ Alex Masson \
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Shame De Steve McQueen Avec Michael Fassbender, Carey Mulligan, Hannah Ware...
D’art et d’essai
La chatte sur un toit brûlant de Richard Brooks – 1958 – 108 mn D’abord, il y a la pièce de Tennessee Williams, maître en passions vénéneuses et désirs contrariés. Il y a un couple qui se déchire, lui, passablement alcoolisé, elle, au bord de l’implosion, qui telle une chatte, se frotte à un mari indifférent. Ces deux-là, ce sont Paul Newman et l’inégalable Elizabeth Taylor. Au moment où l’on vend ses diamants des millions, la retrouver en combinaison, oh combien ajustée, sur une silhouette en pleines formes, est un plaisir dont on ne se lasse pas. La sinuosité des sentiments, la tension qui irrigue ce couple à l’écran est palpable. On guette le drame, on ne sera pas déçu. \ I.D. \ Au Studio 7, Auzielle, le 15.12 à 20h30 / à L’Autan, Ramonville le 19.12 à 21h / au Central, Colomiers, le 20.12, 21h.
© Bruno Matsas - Opale - Éd. Actes Sud
L’écrivaine, Rohmer et Hitchcock Hélène Frappat, écrivain et critique aux Cahiers du cinéma, dont le dernier roman Inverno vient de paraître chez Actes Sud, présente au Cratère deux films qui l’on inspirée alors qu’elle écrivait. Une femme disparaît d’Hitchcock et Les nuits de la pleine lune de Rohmer. Ou l’alchimie mystérieuse de l’écriture donnée à voir, et partagée avec des lecteurs spectateurs, eux-mêmes coffres à souvenirs de scènes, d’images et de dialogues. Ceux qui ont découvert Pascale Ogier il y a 25 ans, héroïne par trop éphémère d’Eric Rohmer, voudront la revoir et l’entendre, racontée autrement par Hélène Frappat. \ I.D. \ Au Cratère, rencontre avec Hélène Frappat le 9.12 à 18h30. Séances le 10.12 : à 15h Une femme disparaît, à 17h30 Les nuits de la pleine lune.
C’est Noël, c’est Capra Estampillé réalisateur humaniste, Franck Capra croit à la collectivité, aux héros anonymes, à l’intégrité souveraine. Il croit à la force des histoires, portée par une caméra toute à leur service. Revoir ces hommes et ces femmes en noir et blanc, trembler et finalement triompher avec eux, c’est retrouver des amis, épouser leur cause et s’émouvoir des drames déjoués et ce, en grand format. C’est entrer dans la salle obscure et vivre plus intensément une paire d’heures. Monsieur Smith au Sénat, Arsenic et vieilles dentelles, L’extravagant Mr Deeds, New York-Miami, L’homme de la rue, Horizons perdus ou La vie est belle vous attendent. Allez-y, vous verrez, il fera moins froid. \ I.D. \ À la Cinémathèque de Toulouse du 7 au 30.12
© Herman Sorgeloos
culture ARTS VIVANTS
Danse contemporaine
En Fase avec l’histoire Fase fut à la fois la première création d’Anne Teresa de Keersmaeker, et son manifeste dansé. Trente plus tard, la chorégraphe flamande la réinterprète. Tout le génie de son œuvre tient dans ces quatre pièces-là. Un morceau d’histoire. Par Stephanie Pichon
L
a danse appelée contemporaine commence à avoir des pères fondateurs, des pièces cultes, des courants. Bref une histoire. Mais l’acte chorégraphique ne se conserve pas aisément. Que reste-t-il de l’énergie du départ quand les danseurs changent, les époques basculent ? Merce Cunningham a choisi d’éteindre son œuvre après sa mort, au contraire du Tanztheater de Pina Bausch qui perpétue la danse de sa fondatrice. Et puis il y a les vivants, chorégraphes reconnus, qui éprouvent le besoin d’exhumer leurs débuts et montrer leurs pièces fondatrices. Anne Teresa de Keersmaeker, prêtresse de la danse flamande, fondatrice de Rosas, en fait partie. Avec Early Works elle a décidé de rejouer quatre pièces de ces débuts. Fase en est le socle, la première pierre. Un véritable manifeste qui a mis sur orbite une danseuse jusque-là interprète. Ce duo en quatre temps a aussi marqué le retour d’ATK en Belgique, après ses années américaines. C’était en 1982 à Bruxelles.
\ Comme jeter son corps contre un mur \
Aller voir Fase, 30 ans plus tard, c’est retrouver l’énergie première d’une danseuse-chorégraphe d’exception. « Ce n’est pas de la
46 / Spirit # 45
nostalgie » clame-t-elle. Et on veut bien la croire. Dans ces quatre pièces – trois duos, un solo – calqués sur quatre morceaux de Steve Reich – son compositeur fétiche –, l’essentiel de la grammaire d’Anne Teresa est là : la géométrie et le fluide, l’abstrait jamais imperméable, la répétition jusqu’à l’hypnose. Le minimalisme. Elles ne sont que deux sur scène, et c’est déjà un cadeau en soi de voir la chorégraphe reprendre le chemin du plateau dans ce jeu de gestes précis. Intacte l’émotion générée par le mouvement répétitif jusqu’à l’étourdissement. « Fase fut pour moi un laboratoire, à partir de mouvements simples déclinés dans le temps et l’espace. J’ai maximalisé le minimal. » Effectivement, mis à part les costumes et des éclairages qui dessinent dans un jeu d’ombres magnifique une troisième silhouette, le plateau est nu. La musique de Steve Reich joue sur le principe de déphasage, réitérant puis transformant une phrase musicale, donnant l’impression d’une répétition décalée. Les danseuses y résistent, ne perdent jamais le fil, épuisant le mouvement dans un ensemble d’une prouesse magistrale. « Après trente ans, je vois bien ce qu’il y a d’extrême dans l’énergie demandée par cette pièce : composer de telles structures avec une telle intensité revient à jeter son corps contre un mur ! ». Mais le choc promet d’être beau.
Fase Four movements to the Music of Steve Reich, du 5 au 7.12, Théâtre Garonne, 05 62 48 54 77, www.theatregaronne.com
culture ARTS VIVANTS
Casse-Noisette, 119 ans et toutes ses dents ! Au moment des fêtes de fin d’année, il reste le best-seller du répertoire de danse classique dans tous les grands théâtres occidentaux. Quand on est gamin, assister à ce ballet c’est comme prendre le thé chez le Père Noël la veille du jour J. Casse-Noisette fait partie des histoires que l’on continue à raconter à ces enfants accoutumés à la DS et aux exploits de super héros aux super pouvoirs. Pourtant, la dramaturge Carole Teulet racontera sans doute, lors de sa conférence le 19 décembre, comment, à l’origine, le conte d’Hoffman, Casse-Noisette et le roi des rats, comportait bien des épisodes sombres, voire angoissants. Comment Marius Petipa, auteur de la chorégraphie avec Lev Ivanov, avait préféré adapter la version plus gentille d’Alexandre Dumas, malgré la réticence de Tchaïkovski auquel la musique fut commandée. Même Michel Rahn, en 2009 maître de ballet au Capitole, a édulcoré un peu plus ce conte pourtant dans la veine d’un Alice au Pays des merveilles. « Je n’ai pas voulu faire de Casse-Noisette une histoire psychologique et torturée ; je l’ai conçue comme le rêve d’une enfant s’approchant de l’adolescence et qui, de nombreuses années plus tard, ne peut toujours pas démêler le rêve de la réalité », explique-t-il. Alors il reste le plaisir des yeux, devant les fabuleux décors et costumes de Charles Cusick-Smith, les impeccables pas-de-deux surannés, la musique inventive de Tchaïkovski jouée par l’orchestre du Capitole et les paillettes dans les yeux de vos enfants, quand ils verront se succéder, dans un second acte voyageur et gourmand, valse des fleurs, flocons de neige, prince Orgeat et fée Dragée à Confiturembourg... Vous reprendrez bien une friandise ? \ Valérie Lassus \
Les 23, 27, 28, 30 et 31.12, 20 h et les 24-25.12, 15h, © J. L. Gorce
de 8 à 50 e, Théâtre du Capitole, 05 61 22 31 31, www.theatre-du-capitole.fr
Soyons réalistes, demandons l’impossible
\ Karine Chapert \
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14.12, 14h, atelier créatif : « J’invente un décor » Grand foyer du Théâtre du Capitole
Women 68, même pas mort De Nadège Prugnard Mis en scène Bruno Boussagol 2 et 3 décembre, Théâtre Jules-Julien, à partir de 5 z, sorano-julesjulien.toulouse.fr
© David Herrero
Marie-France, Mathilde et Simone, trois coquettes en goguette qui avaient 25 piges en 68. Quarante ans plus tard, elles viennent parler sur scène de ce Printemps de tous les possibles. Dans la peau des vamps : les formidables Jean-Louis Debard, PierreMarius Court et Bruno Boussagol qui signe également la mise en scène. Sur des airs de Joplin, Lennon, Cohen et consorts, les comédiens lancent un appel, comment dire, toujours d’actualité non ? « Révolution, liberté et provocation », parce que, plus que jamais, le temps ne doit avoir de prise sur les idéaux de la jeunesse. Si 1968 fut une année charnière au plan international, elle prit un caractère particulier, original et déterminant en France. Avec Women, Bruno Boussagol poursuit la quête de sens d’une société, à travers la figure féminine. Mais ici point de grandes théories sur la vie ni de baratin de magazines. L’écriture de Nadège Prugnard est impatiente, viscérale. Cette jeune auteur de 36 ans a recueilli des témoignages de femmes sur mai 68, dont elle a fait un texte superbe, engagé urgent - il a été écrit en sept jours. Un vent de liberté souffle sur le plateau en compagnie de ces « mémés rouges ». On y parle, on y hurle, on y chante, on y rit, on y pleure, qu’importe, pourvu qu’on ne renonce jamais. Le spectacle s’appelle aussi Même pas mort… Women 68 a le charme désuet de l’hommage et la fraîcheur d’une prise de parole aujourd’hui, ici et maintenant. Celle du citoyen et de l’artiste, qui, ni l’un ni l’autre, ne renonceront à leurs désirs : « Je veux vivre je veux vivre je veux vivre que je gueulais aux hirondelles en S CRSSS les joues gonflées enflées de flamme électrique avec ma guitare sèche en haut des pavés CRSSS place des Carmes c’était immense je me souviens dans ma robe intense sur un tas de pavés le temps s’est arrêté. » Brut de Béton, cette compagnie venue de la contrée auvergnate, inscrit son parcours de créations théâtrales dans le malaise de la civilisation.
19.12, 18h, conférence : « Quelques clés de lecture » par Carole Teulet, dramaturge, Grand foyer du Théâtre du Capitole
Allons voir sous la robe… Une invitation à y mettre les mains, c’est assez rare au théâtre pour qu’on s’y attarde. Pas dans les plumes de l’oreiller mais dans les plis d’une grande robe mystère au milieu de laquelle est plantée une femme : la comédienne Karine Monneau. Pour ces Notes de l’oreiller elle invite le public à la rejoindre sur scène, tout autour, pour mieux instaurer un climat d’intimité, et déclencher le trouble à coups de traités d’amour chinois et de Kama sutra. À la frontière des arts plastiques et du théâtre, Notes de l’oreiller est une variation cérébrale et charnelle sur l’érotisme, élaborée par la Cie des Barbares. Un insolite solo dont on ressort tout cho(se). \ S.P. \ Notes de l’oreiller, du 6 au 10.12 et du 13 au 17.12, Théâtre du Pont-Neuf, 8 à 12 e, www.theatredupontneuf.fr
Un tango, une vie Cette RTT-là risque de ne pas être de tout repos. Round Trip Time se joue du temps pour survoler une vie entière, celle
de Natalia Bearzotti, danseuse argentine. Ah… d’où le tango, allez-vous penser. Détrompez-vous. Du tango qu’elle a appris sur le tard, bien après la gestuelle contemporaine, Natalia Bearzotti en a retenu la fouge et la nostalgie, le corps comme réceptacle des émotions et des énergies. C’est que depuis, elle a changé souvent de cap artistique. Round Trip Time est pétri de ces allers-retours incessants entre danse, théâtre et cirque. Ce voyage immobile nous emmène sur les traces d’une histoire et d’une trajectoire. Elle dit l’exil, bien sûr, la condition de la femme surtout. Un morceau de bravoure. \ S.P. \ Round Trip Time, du 5 au 8.12, Théâtre Le Ring, 8 à 12 e, www.theatre2lacte.com
© Patrick Bastoul
© Jacques Olivier Badia
Sur les planches
Longueur d’ondes L’archive radio comme matériau. Il fallait y penser. Joël Trolonge, Isabelle Ciria, et Patrick Faubert, habituellement musiciens, se connectent au transistor pour raconter des histoires, autrement. Radiophonies déconcertantes est un spectacle où la parole s’entend à travers le poste, qu’ils manipulent pour mieux nous perdre dans un siècle tumultueux. Les archives radio sont autant de chemins vers d’autres contrées, d’autres époques. Le son vibrant, le grésillement des voix, le raffinement d’un français oublié, nous font traverser les âges. Témoins d’un spectacle tout en vibrations, et en improvisation parfois, nous voilà les réceptacles consentants d’une grande machine à remonter le temps. \ S.P. \ Radiophonies déconcertantes, du 14 au 17.12, La cave poésie, 8 à 12 e, www.cave-poesie.com
© Dimitri Coste
culture musique
Docteur Morville et mister Starr Joey Starr est de retour : back ! L’écriture compacte. Le flow intact. Et il n’y a pas qu’au cinéma qu’il s’affiche. Sur scène aussi, il sort les crocs. Après le succès de Polisse, il se fait la malle sur les routes de France pour défendre Egomaniac, son dernier album. Par Léa Daniel
L
a légende raconte qu’Egomaniac a été écrit en 2009, en face d’un mur de prison dans laquelle l’ex-moitié de NTM purgeait une peine pour agression. D’ailleurs, le seul morceau qui n’a pas attendu l’avènement du disque pour se faire connaître c’est « Jour de sortie », ça ne s’invente pas. Sur la pochette, une photo vieillie de son fils, dont le regard triste trahit la filiation. L’image frontale d’un enfant, c’est aussi le Tha Carter de Lil’Wayne, l’œuvre d’un autre rappeur historique. Pourtant, entre ces deux-là, pas de plagiat. Le style de Starr n’a besoin d’aucun copier-coller pour exister. Mais ça n’a pas toujours été le cas. On ne donnait pas cher de la peau du Jaguarr Gorgone quand il s’est séparé de l’autre père du hip hop français, Kool Shen. Avec lui, il formait NTM et surtout un duo qui s’équilibrait. Un peu comme la tête et les jambes ; la raison et la folie. Qui aurait pu croire que Kool Shen allait raccrocher et que Joey Starr continuerait sa route sans perdre la boule ? Personne, surtout pas ses détracteurs. Le king créole de la Seine Saint-Denis a tenté les tournées en solitaire, les films français. Il a même essayé de recoller les morceaux avec Kool Shen en 2009 pour une série de concerts sold out. Mais l’aventure a tourné court, il a fallu qu’il repasse par la case prison.
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\ Egotrip \
Joey Starr est-il condamné à faire partie des bad boys du rap ? N’a-t-il pas droit à une retraite méritée, qu’il pourrait consacrer à chanter des berceuses ? Que nenni. À 44 ans, il garde le cap. Se pare de quelques nappes électro. Se dote d’accords plus rock. Mais reste toujours rebelle, vengeur même s’il est un peu moins rageur et un peu plus « ménagère de moins de 50 ans. » Son Egomaniac est une galette bouillante surchauffée par 17 titres dont les dénominateurs communs sont simples. Une rythmique épaisse, des synthés incisifs, un propos aiguisé. Sans oublier des featurings léchés. « J’ai le hip hop belliqueux, comme du diable la queue ». Didier Morville continue de creuser le sillon avec des paroles voraces. Il enchaîne les rôles. Tour à tour banlieusard complexé, fêtard allumé, abonné au mitard... il enfile le costume en roulant les « rrrr ». De « Mon rôle » avec Oxmo Puccino à l’excellent « On N On » qui résonne de l’ambiance 9-3 des meilleures années, Joey Starr parle de lui. C’est à prendre ou à laisser, et le plus souvent délectable. Le live réveillera les titres de cet album qui ne résistera pas longtemps à l’assaut du temps.
Joey Starr le 8.12 au Bikini (Ramonville), à 20h30 27 e / 28 e
culture musique
Herman Dune
© Estelle Hanania
[folk-pop]
Sept mois se sont écoulés depuis la sortie de Strange Moosic, nouvel opus du duo franco-suédois Herman Dune. La formation initiale a changé il y a six ans ; la musique s’en ressent légèrement. Plus pop mais aussi plus rock, cet album accroche l’oreille de façon instantanée, avec des mélodies simples, directes, gaies. On se surprend à siffloter en boucle le refrain tubesque de Tell Me Something I Don’t Know dès la première écoute. Chaque piste renoue avec le charme et l’authenticité des débuts du groupe. Parfaite bande son estivale, l’album sent bon la brise et les longues routes américaines, ambiance sixties. David-Ivar a plus d’un tour dans sa barbe et nous séduira sur scène avec Néman aux percussions-chœurs.
signe un premier album qui se vend bien en tournée, mais reste inconnu des médias. C’est à la sortie de Something You Might Like, leur second opus que les portes de la reconnaissance s’ouvrent à eux (enfin !). Le trio français-anglais-suédois épice sa musique de rock et de pop aux sonorités british. Chaque tube s’enchaîne de façon énergique, entraînante et efficace. À chaque écoute, c’est un « smash hit » assuré. Après avoir écumé les festivals cet été, ces garçons dans le vent reviennent pour une nouvelle tournée française et s’arrêtent à Tournefeuille, le temps de déballer leur attirail qui promet de faire tourner la tête à plus d’un(e).
The Dø), cette autodidacte connaît enfin la renommée qu’elle mérite. Son tube acide-sucré Odile annonce le ton : résolument folk. Les 11 chansons flirtent avec des sonorités jazz et pop. Sur scène, la chanteuse communique sa fraîcheur sautillante à un public prêt à danser, sauter, bref se laisser aller au simple bonheur d’être là. 7.12, 20h30, 14 e, La Dynamo, www.ladynamo-toulouse.com
Renaud Papillon Paravel et Arthur Ferrari [chanson décalée]
6.12, 20h30, 25 e, Le Phare, Tournefeuille, www.premiere-pression.com
Femi Kuti [afrobeat]
2.12, 20h30, 22 et 23 e, Le Bikini, www.lebikini.com
Un pavé dans le jazz [musique hors-piste]
Chaque année, l’association Un pavé dans le Jazz programme une dizaine de concerts autour du jazz contemporain et des musiques improvisées. Temps fort d’un événement qui fête ses 10 ans, Un pavé dans le jazz revient pour quatre concerts et autant de lieux. Si le fief traditionnel du Théâtre du pavé ouvre le bal le 3 décembre (avec le trio toulousain Amor Fati et le trio Lazro-Pauvros-Turner), l’association de « musique hors-piste » a également jeté son dévolu sur des lieux ayant prouvé par le passé leur attachement aux musiques improvisées, dont l’Espace Croix-Baragnon (en partenariat avec le festival Jazz en scène le 8 décembre). La Fabrique Culturelle accueillera un projet en quintet du guitariste Marc Ducret le lendemain à 12h45. Le même guitariste sera le soir à 21h au Lieu Commun pour une prestation en solo.
Arthur Ferrari © J Weber
Dans la famille Kuti, je demande le fils. Lequel ? Femi, l’aîné, celui qui a depuis longtemps repris le flambeau du père, inventeur de l’afrobeat, artiste rebelle et militant infatigable. Comme lui, Femi joue l’afrobeat, ce mélange de jazz, funk, et musique traditionnelle africaine ; comme lui, il continue à jouer au Shrine de Lagos régulièrement. Même sur scène, la filiation est troublante : même saxophone, même corps élastique, même transe. Pourtant Femi, presque 50 ans, s’est désormais imposé comme artiste à part entière, respecté en Afrique et sur le continent européen. Au Bikini il vient défendre son dernier album sorti en 2010. Africa for Africa, tout est dit.
Malgré tout le bien qu’on pense de lui, Renaud Papillon Paravel ne sera peutêtre pas l’attraction de cette soirée. Après deux albums appréciés du public et de la critique, RPP en a terminé un troisième où sonorités rock se mêlent à des réminiscences d’afro-beat. L’humour, souvent salace, est toujours présent, coulant d’une voix au flow entre slam et chant. Mais les regards curieux se tourneront vers Arthur Ferrari, rien moins que le fils de Nino Ferrer. Un héritage pas si facile à assumer que l’univers farfelu du garçon parvient à faire oublier.
7.12, 20h30, 25 / 26 e, Le Bikini, www.lebikini.com
Nadéah [pop folk]
Du 3 au 9.12, Théâtre du pavé, Espace Croix-Baragnon, Fabrique Culturelle, Lieu Commun, grat à 14 e, 05 67 00 23 55, http://unpavedanslejazz.free.fr
8.12, 20h30, Dynamo, 8/10 e, www.ladynamo-toulouse.com
Noël Baroque Occitan [musiques anciennes]
Watine
Douze artistes issus de l’orchestre baroque de Montauban Les Passions et de l’ensemble de cuivres anciens de Toulouse les Sacqueboutiers se mettent à l’unisson pour des chants de Noël. Plus digeste que le foie gras des fêtes de famille, ce savoureux concert fera vibrer la corde occitane aux sons baroques. De la Gascogne à la Provence, on chantera et on célèbrera les musiques anciennes.
[électro-folk]
5.12, 21h, 10 à 18 e, Odyssud, www.odyssud.com
Puggy
© Khuong Nguyen
© Claire Price
[pop-rock]
C’est l’histoire de trois gars qui se rencontrent à Bruxelles : un Anglais, un Suédois et un Français. Ainsi naquit le trio cosmopolite Puggy, en 2004. Le groupe
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Née à Melbourne, Nadéah n’a cessé de parcourir les continents pendant son enfance mouvementée. Cette jeune Australienne aussi explosive que de la dynamite a fini par s’installer à Paris, où elle a rencontré moult musiciens. Elle croise la route de Nouvelle Vague, s’octroie quelques expériences musicales, avant de sortir son premier album Venus gets even. Longtemps placée au rang de première partie (AaRON, Moriarty,
Quand on l’avait découverte à l’occasion de son deuxième album, B Side Life, la Française Watine rappelait de loin en loin la chanteuse Björk. Sonorités entre électronica et folk acoustique, voix vaporeuse, mélodies subtiles. Après réflexion, ce n’est pas tant à l’Islandaise que Watine fait penser qu’à une Emilie Simon, pour la chaleur doucereuse d’un univers bien personnel. Le temps est peut-être même venu d’oublier les références. Sorti en juin dernier, Still Grounds for Love, son troisième opus, assoit son identité et son goût pour les rêveries étranges. En état de grâce, sa musique s’orne d’un voile mélancolique sans que sa légèreté n’en soit jamais diminuée. Ne pas se fier à l’enveloppe vaguement glacée. Still Grounds for Love aurait tout aussi bien pu s’appeler : « Ce plaisir qu’on dit charnel ». Watine sera sur la scène du Cri de la Mouette à l’occasion d’une soirée pop-folk indie aux côtés de De Calm et Bertrand Betsch. 8.12, 21 h, Le Cri de la mouette, www.lecridelamouette.com
culture musique qui lui va bien et porte ses fruits : en dix ans, six albums ont découlé de son écriture fertile, dont le dernier 101 est sorti en mars 2011. Un album solide (pour peu qu’on oublie sa coupe hommage à Mireille Darc sur la pochette) dans lequel l’humour noir fait pour la première fois son apparition. Mais la principale qualité de Keren Ann reste bien sûr sa voix, invitation à décoller les pieds du sol pour partir en voyage.
Partido Bom [samba]
C’est le son de Rio qui nous parvient avec le quatuor Partido Bom. Formé en 2005 il s’est donné une mission : partager la musique typique des collines de l’effervescente cité brésilienne, la « samba de raiz » (samba des racines). Ces quatre musiciens toulousains partis chacun en séjour vers les racines brésiliennes, revisitent des répertoires franco-brésiliens et composent en français et portugais. Les instruments exotiques tels que le balde, le caxixi ou la frigideira sont une invitation au cœur du tropique.
13.12, 20h30, le Bikini, 24/25 e, 05 62 24 09 51, www.lebikini.com
The Bellrays [rock]
10.12, 21h, 6 à 9 e, Le Mandala, www.lemandala.com
Demerau/Dorembus [jazz-world]
Touche à tout mais spécialiste en rien. Ainsi pourrait se présenter, non sans espièglerie, le musicien François Dorembus. Auteur, compositeur, interprète mais aussi formateur (pour Music-Halle et à l’école de cirque Lido), il navigue entre les sons avec une énergie tranquille. À l’aise avec une guitare jazz, Dorembus a également montré plus d’une fois le plaisir qu’il prenait à s’immerger dans différents univers : cirque, théâtre et marionnettes. Un des points communs avec Marc Demereau, également compositeur et enseignant, qui manifeste un goût certain pour les musiques transversales et improvisées. Le duo nous gratifiera d’une Pause Musicale en forme de « joutes ». Rafraîchissant. 15.12, 12h30, Salle du sénéchal, grat, www.toulouse.fr
Archipels
[chœur de chambre] Étudiants, professeurs et amateurs de musiques se regroupent dans les Archipels, l’atelier vocal les Éléments, chœur de chambre crée en 1997. Dirigé par son fondateur, Joël Suhubiette, l’ensemble présentera son « académie d’hiver » les 16 et 17 décembre avec un programme intitulé Les Romantiques. Johannes Brahms, Edvard Grieg et Felix Mendelssohn seront à l’honneur. Œuvres sacrées et profanes qu’on place sans hésiter dans le patrimoine musical mondial.
Alain Sourigues [concert-spectacle]
Mots d’esprit, esprit des mots : Alain Sourigues sait manier la parole et le verbe, qu’il triture à grand renfort d’humour et d’absurde. Au Théâtre du Grand Rond, la prestation du chanteur devrait se parer d’une forme de... théâtralité. Logique ? Sans doute, d’autant qu’Alain Sourigues n’est pas le dernier lorsqu’il s’agit d’entrecouper son spectacle de sketches bien sentis. Ne pas se tromper. En Attendant, le spectacle qu’il propose, n’est pas une pièce de théâtre mais bel un bien un concert. Avec la guitare et le banjo de Jules Thévenot et la contrebasse de Bruno Camiade. Décalé, décapant et (d)étonnant.
16 et 17.12, 20h30, Chapelle Sainte-Anne, entrée libre, www.les-elements.fr
De Kift
[punk fanfare] Ceux qui ont raté The Bellrays à la Dynamo en avril dernier pourront se rattraper ce mois-ci. Les autres seront probablement tentés d’aller y refaire un tour. D’autant qu’ils seront accompagnés de The Legendary tiger Man, projet solo du leader de Wraygunn. Autour de la devise « Maximum rock’n roll », les Californiens supersoniques de The Bellrays excitent les sens depuis 1990, à coup de guitares et batterie abrasives. Un son qui ne serait toutefois pas grand-chose sans Lisa Kekaula, l’âme du groupe dont la chaleur vocale apporte une touche authentiquement inédite.
Du 13 au 17.12, 21 h, Théâtre du Grand Rond, 8 à 12 e, 05 61 62 14 85, www.grand-rond.org
Keren Ann
© E. Christenhusz
13.12, 20h, La Dynamo, nc, www.ladynamo-toulouse.com
[rock folk]
Zucchero
© Amit Israeli
[variété rock]
Bien souvent, on connaît ses chansons avant de connaître son nom. Découverte en même temps que Benjamin Biolay, à la faveur d’un album composé à quatre mains pour Henri Salvador, elle se fait discrète, préférant laisser sa musique parler pour elle. Française de langue, citoyenne néerlandaise, née en Israël, elle partage son temps entre Paris, New-York et Tel-Aviv, trois villes dans lesquelles elle a installé un studio personnel. Hyperactive, donc, mais aussi solitaire. Malgré (ou à cause) de débuts avant tout mis au service des autres, Keren Ann fait désormais tout toute seule. Compositrice, productrice, technicienne (elle possède une collection d’instruments qu’on dit assez impressionnante). Une multi-casquette
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L’Italien à la voix rauque est de retour. On l’avait laissé il y a 25 ans avec son miaulant Senza una Donna, faisant rouler les larmes sur les joues de nos mères et vibrer nos corps adolescents dans des slows raides et torrides. De loin, son plus grand succès international. Et le revoilà, même chapeau, même voix, peut-être un poil plus éraillée. 14.12, 20h, 51/62 e, Casino Théâtre Barrière, www.box.fr
La Mal Coiffée [chanson occitane]
L’occitan féminin en force. La Mal Coiffée c’est l’histoire de 5 femmes qui unissent leur voix pour donner des chansons occitanes, avec une touche de modernité. Leur répertoire s’étale sur 3 albums dont le nouvel Ou ! Los omes est sorti en octobre dernier. Les voix sont souvent utilisées comme instruments à part entière, dont résultent rythmes et contrastes. Partout où elles passent, un vent d’Occitanie surgit. Un concert plein de vie et d’énergie, où l’on tapera plusieurs fois des mains et des pieds. 14 et 15.12, 21h30, 5 à 10 e, Le Bijou, www.le-bijou.net
L’Usine a sorti un beau cadeau de dernière minute de sa hotte de Noël : faire venir les légendaires The Kift à Toulouse. 25 ans que ce combo punk néerlandais, joliment foutraque, sacrément mélancolique, furieusement poète, se balade dans toute l’Europe. Inclassables pour de vrai, leurs prestations n’ont jamais le goût du déjà-vu. Le charisme du chanteur – paraît-il extrêmement drôle, dommage qu’il ne s’exprime qu’en flamand - n’y est pas pour rien. Issus de la sphère The Ex, acoquinés un temps avec Calexico, ils n’ont jamais sacrifié leur éthique musicale punk, dans l’esprit de leurs concerts ou dans la diffusion de leur musique. Même esprit déjanté en première partie avec Monsieur le Directeur. 17.12, 20h, L’usine, Tournefeuille, 7 e, 05 61 07 45 18
Electro Big Bang [électro-hip hop]
Des petits malins utilisent la soi-disant fin du monde (21/12/12) annoncée par les gourous-mayas pour organiser une des meilleures soirées électro de 2011. Au programme, 8 grands groupes/DJs se côtoient dans cette soirée des ténèbres : Missill, graphiste et platiniste française, surnommée la « pyromane des dance-floors ». Son dernier album Kawaii, savant mélange de 8-bit et de pixel art est une bombe. Présence exceptionnelle également de Sexy Sushi pour un dj set sexuellement attirant. Les Italiens de Cyberpunkers et bien d’autres s’apprêtent à faire déferler les vibrations sonores sur le Ramier. Mais ce n’est pas tout. Les Productions du Possible et Première Pression ont préparé une gigantesque installation vidéo interactive, à l’image d’un Big Brother (télé réalité où les candidats sont épiés par des caméras 24h/24). Vos moindres gesticulations seront enregistrées. Une soirée apocalyptique en prévision, à ne pas manquer au cas où les prédictions s’avèreraient être vraies. Happy Apocalypse party J-364 ! 22.12, 23h, 14/20 e, complexe du Ramier, www.premiere-pression.com
© Mairie de Castres
culture en famille
La sortie du dimanche
Le marché de Castres ou la magie de Noël Il est des moments magiques de l’enfance. De ceux qui restent gravés dans la mémoire, même une fois grand. Noël en fait partie. Du 9 au 25 décembre, on s’imprègne – forcément – de l’ambiance féérique, surannée et cosy du marché de Castres, dont c’est la 7e édition. Par Isabelle Bonnet-Desprez
C
e soir-là, le froid fouette le visage. On a beau s’être emmitouflés de pied en cap : manteau doudoune et moumoute (faut bien ça), gants super rembourrés, bonnet enfoncé jusqu’aux oreilles et écharpe remontée jusqu’au museau. Ça et là, sur les trottoirs, quelques stigmates de neige. À la nuit tombée, la magie commence à opérer. Sur la place Jean-Jaurès, les illuminations, de charmantes petites led dorées, blanches et bleutées – on dirait des lucioles –, font leur effet. Les chants de Noël murmurent à nos oreilles. On est en centre-ville, et pourtant, on entre dans une véritable forêt enchantée de plus de 550 sapins enneigés. Tel Charlie dans sa chocolaterie, on se sent redevenir un enfant en passant au milieu des bonbons et sucettes géantes. À l’orée du bois, les petits se précipitent pour monter sur un fabuleux manège de petits chevaux sur rails. À travers les fenêtres, on mate les saynettes d’automates. Et au détour d’une clairière, on tombe sur des êtres ailés, dotés de pouvoirs magiques : les elfes lumineux. On raconte même qu’on peut les voir danser… On se pose un instant pour écouter les contes de Noël. Attention, roulement de tambour, la star de la soirée, le père Noël, est venu en personne de son pôle Nord natal avec son renne en
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chef. Et, – quelle question ? – on en profite pour faire une petite balade en traîneau. « Impossible de manquer le marché de Noël ! assure Carole Marc, Castraise de 39 ans et mère de trois enfants. La féérie, l’ambiance feutrée, surannée et cosy contribuent à ce qu’ils croient encore au père Noël. »
\ Raclette, vin chaud et châtaignes grillées \
Direction : le village de Noël et ses 35 chalets, tout à côté. Là, on déniche jolis cadeaux et petits trésors : bougies, savons et céramiques artisanales, bières de Noël, santons Carbonel, jeux traditionnels et casse-têtes en bois… Attirés par de délicieuses odeurs qui titillent nos narines, on se réchauffe avec une bonne soupe, une patate chaude à la savoyarde, une raclette ou de l’aligot. Costaud. Puis on file s’installer sous les parasols chauffant. « Avec ma famille, c’est notre petit rituel pour se mettre dans l’ambiance, dit d’un sourire Christian, d’Albi. On s’assoie à une table et on boit vin chaud et lait de poule, tout en dégustant châtaignes et marrons grillés. » Les petits, eux, s’en mettent plein les moustaches avec leur chocolat chaud, leur crêpe et barbe-à-papa de Noël, ça va de soi.
Les animations du marché initiation patinoire : 11 et 18.12 contes de Noël : 13, 14 et 21.12 sculptures sur glace : 13 et 20.12 marché aux lampions : 17.12 échassières lumineuses : 23.12 musique et chants de Noël : 17.12 fête des lumières : 18.12 parade délices et gourmandises : 23.12 Tout est gratuit, excepté la nourriture. Office de tourisme de Castres 05 63 62 63 62
Après l’école ! Filme-moi un tableau… Panique dans un tableau : ses personnages ont été abandonnés par le peintre ! Les Toupins ont pris le pouvoir et asservissent les Pafinis et les Reufs. Trois d’entre eux partent à la recherche de leur auteur. Le tableau, dessin animé de Jean-François Laguionie, s’empare d’une large palette de techniques d’animation, jouant admirablement des textures, entre images de synthèses, aquarelle et peinture à l’huile. Le relief vient aussi du très beau récit, entre film d’aventures initiatique et fable sur l’indépendance d’esprit. Déjà remarquable pour cela, ce dessin animé l’est encore plus lorsqu’il fait office de ludique cours de sensibilisation à la peinture du XXe siècle, de Matisse à Gaudi. Très haut la main, le meilleur dessin animé de cette fin d’année. Au cinéma le 23.11. \ A.M. \
À Mazamet, les jouets de bois ont leur maison La forêt de la Montagne Noire recèle un petit secret qui f leure bon le Noël traditionnel : la Maison du Bois et du Jouet d’Hautpoul, village médiéval et berceau de Mazamet. On y entre comme dans un arbre. Puis, on suit les lutins pour se rendre dans la grotte des jeux. Derrière des vitrines aux allures de boutiques d’antan, se cachent plus de 1 500 jouets de bois. En décembre, au milieu des sapins, l’expo se poursuit à l’extérieur sur la thématique Les Noëls du Monde. On y croise la Russe Bbouchka ou l’Italienne Befana. Des légendes de Noël… grandeur nature ! \ I.D. \ Maison du Bois et du Jouet d’Hautpoul, Moulin de l’Oule, Mazamet, 14h à 18h mercredi, samedi et dimanche, tous les jours pendant les vacances, 5,50 e adulte, 3,50 e enfant, 7 e avec l’accès à l’atelier de fabrication de déco de Noël, 05 63 61 42 70, www.hautpoul.org
Pour sortir les kids, il y avait jusque-là Ze plé graounde ou My gym… Depuis fin octobre, il faut compter avec Le café des enfants, dans le quartier Soupetard. Au numéro 7 de la rue de la Nive, pas vraiment de comptoir pour s’enfiler grenadines et jus de fruit. Ici le café s’entend version éveil et découvertes avec jouets, matériel de puériculture, potager et coin sieste. Sur les étagères, des livres, sont à dévorer en même temps que la cuisine, préparée à base de produits locaux et majoritairement bios de l’association La Boîte à Lutins. Quant aux parents ils ne sont pas là pour bavasser devant leur thé. Comme les cafés du même genre à Paris, Lille ou Grenoble, celui de Toulouse leur propose de s’investir en animant les ateliers qui rythment la journée. À vous de mettre en scène le spectacle de marionnettes ou l’atelier de portage ! \ K.J. \ Le café des enfants, 7, rue de de la Nive, 09 54 14 55 27, du mardi au samedi de 10h à 18h30, nocturne le vendredi soir jusqu’à 22h.
© Le café des Enfants
Babillages de comptoir
culture en famille Cirque Aléa
Bas les pattes
Tout le monde se rue sous le chapiteau du Cirque Aléa. Pendant près d’un mois, petits et grands retiendront leur souffle à la vue des numéros spectaculaires que jouent les neuf artistes du cirque traditionnel d’aujourd’hui. La troupe d’acrobates équilibristes se livre entièrement à son public ; ça jongle avec les flammes, ça voltige, ça vit. Au rythme de chansons tsiganes, tarentelles italiennes, et autres musiques on s’en prend plein les yeux, éblouis et heureux.
Après dix ans passés avec les Blaireaux – le groupe –, Franz, se livre en solo pour un concert rock’n’roll, qui va faire vibrer les loupiots. Muni d’une guitare saillante sur scène, l’homme donne vie en musique à une grande arche de Noé : croco, tigre, tribu de yacks, hippopotames, ça va swinguer dans la baraque ! Les chansons se veulent rythmées, teintées d’humour et de poésie. Un spectacle électrique en somme, qui devrait faire rugir aussi bien les enfants que les parents.
[cirque]
Scénariste d’un jour
[chanson rock]
[atelier]
9 au 14.12, 6/9 €, Odyssud, Blagnac, 05 61 71 75 15, à partir de 5 ans
2 au 31.12, 8/10/13 € - 80 € le 31 (repas + spectacle), la Grainerie, Balma, 05 61 24 33 91
Les contes tsiganes [conte théâtral]
L’Ogrelet
La comédienne Béatrice Vincent et la violoncelliste Elisabeth Ulric vous emportent dans le monde magique des contes tsiganes. Un regard et un hommage à cette culture Rom souvent méconnue. Plusieurs histoires traditionnelles sont contées et jouées pour nous amener devant la gueule d’un dragon, ou nous éblouir de cheveux d’or. Drôles et mystérieux, les contes sont joliment accompagnés par le son moelleux du violoncelle. Dépaysement garanti.
[théâtre]
L’Ogrelet n’est pas un enfant comme les autres. S’il vit seul dans une forêt avec sa maman, c’est parce qu’il est le fils d’un ogre que jadis sa mère a aimé. Pour sa première rentrée des classes, il découvre sa différence, et, surtout, qu’il est irrésistiblement attiré par le sang frais de ses camarades. Pour être sûr de résister à ses pulsions de petit ogre, il devra affronter trois épreuves. Le récit est magnifiquement servi par l’écriture de Suzanne Lebeau, toute en tendresse et subtilité. Les enfants se laisseront attendrir par le combat de l’Ogrelet qui finira par vivre parmi les autres, triomphant de son hérédité monstrueuse et de ses gènes. Une belle et poignante fable.
10.12, 15h30, 4/6 €, Le Moulin Roques, 05 62 20 41 10, à partir de 6 ans
7 au 9.12, 6/10 €, TNT, 05 34 45 05 05, à partir de 8 ans
Festinoël
Alice in Englishland
[festival]
[theâtre en VO]
Il faudra bien toute une journée pour profiter du Festinoël de Cugnaux. Et pas question de traîner ! Le matin, on file à la salle Camus écouter des histoires qui font peur, mais pas trop. Pour se remettre de ses émotions on suit la fanfare dans les rues de la ville avant un passage gourmand au marché de Noël. Un petit coup de maquillage à la maison de Noël, avant de passer au shooting photo avec LE père noël – ce ne serait pas le moment de lui écrire une petite lettre d’ailleurs ? -. On se refait un petit spectacle avec les Saltimbanks, on file déposer à la salle Camus des jouets pour les enfants défavorisés, avant de terminer en beauté dans les rues de Cugnaux avec la Cie Trans Express et son spectacle déambulatoire M.O.B. (Mobile Oblique et bancal). Et en plus, tout est gratuit ! 10.12, de 10h à 19h, en différents lieux de Cugnaux, gratuit, www.mairie-cugnaux.fr
Goûter de Noël
© Mona
[spectacle engagé]
Do you speak english ? Non? C’est pas grave, Alice est là pour ça. Sortie grandie de ses aventures au Pays des merveilles, elle se souvient de ses rencontres un peu loufoques et nous les raconte : Lapin Blanc, l’horrible Reine de Cœur et le Chat du Cheshire se succèdent, plus timbrés les uns que les autres ! Manipulant les objets et marionnettes, elle nous introduit surtout dans le monde de la langue de Shakespeare, pas à pas. Une professeur d’exception ! 7 au 17.12 et 20 au 31.12, 6 €, Théâtre Fil à Plomb, 05 62 30 99 77, à partir de 5 ans
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Au Bikini, le goûter de noël de RESF 31 n’a pas seulement la magie des cadeaux et spectacles. On y vient en famille – avec ou sans papiers - pour rappeler qu’en France, des enfants scolarisés sont menacés d’expulsion, et les soutenir. L’ambiance n’en sera pas plombante pour autant, au contraire. Histoire de remonter le moral des troupes, RESF a fait ça bien avec une comédie musicale de Figaro et Co sur La véritable histoire de la guerre des boutons, les clowns de la Cie Hocus Pocus, le conteur Patrick Payré, et Yann Oliveri en grand échalas. De quoi rire aux éclats. 11.12, 15h, le Bikini, participation libre, 05 62 24 09 50, www.abri31.org
ZOOM ! Les vertiges du rêve [marionnettes]
Plongez dans les abysses du monde onirique avec le nouveau spectacle de la compagnie Pupella-Nogues. Inspiré de la fameuse BD américaine Little Nemo in Slumberland, le spectateur suit Nemo dans l’univers de ses rêves, en perpétuelle transformation. Marionnettes, projections vidéos, extraits de films du XXe siècle nous engloutissent dans cette histoire fantastique. D’un beau rêve éveillé. 13.12, 20h, 5 €, salle Jacques Brel, Castanet-Tolosan, à partir de 6 ans
Enquête à la Cinémathèque. De novembre à décembre, le cinéma toulousain part sur les traces du célèbre Sherlock Holmes. Parmi les activités : projections de film, ciné-goûters, et surtout un atelier Scénariste d’un jour, où les intervenants vous livreront toutes les ficelles pour devenir un vrai détective privé. Proposé pour la première fois, il permettra à dix petits espions de 8 à 12 ans de comprendre la construction d’une histoire policière et d’inventer à leur tour des intrigues sous forme de scénarios. Le formulaire d’inscription est à remplir en ligne ou à retirer à l’accueil de la Cinémathèque. 19.12, de 10h à 17h, 30 €, la Cinémathèque, 05 62 30 30 10
Attroupement de loups [atelier + expo]
Tendance loups pour bouts d’choux. Ils s’invitent partout en ce mois de décembre, du musée aux bibliothèques. Aux Abattoirs d’abord, pour un atelier création de livre animé sur le thème du loup. Avec de nombreuses techniques de pliage et de collage on crée des pop up, autrement dit, des papiers en relief. Le loup garou surgira ainsi des pages à l’ouverture du livre. Prêt à ouvrir grand les mâchoires. Grrrrr… Pour ceux qui préfèrent les grands méchant loups version tout doux, direction la bibliothèque Duranti. Une exposition peinture par Isabelle Chatellard montrera leurs faces cachées : loups drôles, amoureux, et très gentils. À pas feutrés – de loup ? –, l’enfant entrera dans l’univers du canidé et saura tout sur son mode de vie, son rôle et ses représentations dans la littérature jeunesse. Loup Pop, les 21, 22 et 23.12 de 15h à 17h, 5 €, Médiathèque des Abattoirs, pour les 4-6 ans Les gentils grands méchants loups, jusqu’au 17.12, gratuit, Bibliothèque Duranti
culture CD / DVD
Le CD du mois
Patricia Petibon
Cap sur l’Espagne avec Patricia Petibon. Entre canciones et zarzuelas, on retrouve tout ce qui fait « la » Petibon, un art consommé de l’interprétation, une maîtrise technique absolue et un style qui n’a rien à envier à ses illustres prédécesseurs. De Granados à Montsalvage, quelle folie dans le Canto Negro, en passant par Falla et Villa-Lobos. Et puis, ne boudons pas notre plaisir, quand Patricia aborde avec verve, drôlerie et panache la zarzuela, toute la compréhension du genre se cache peut-être dans la façon dont elle arrache le « aïe » du zapateado de La Tempranica de Gimenez. Cerise sur la gâteau de ce récital, mené avec chaleur par Josep Pons à la tête de l’Orquesta Nacional de España, les bouleversantes et si intenses Melodias de la Melancolia, dédiées expressément à la cantatrice par le compositeur Nicolas Bacri. \ L. S. \ Melancolia : Spanish Arias and Songs Orquesta Nacional de España / Josep Pons / Deutsche Grammophon
Véronique Gens
The Mighty Mocambos Les Mighty Mocambos jouent du deep funk, rugueux, essentiellement instrumental, directement influencé des Jb’s, Meters et autres magiciens du groove de la belle époque. Plusieurs 45 tours à leur actif, mais sous divers pseudos, et une apparition remarquée autour de la talentueuse Gizelle Smith en 2010, le virage du premier album sous leur propre entité semblait se profiler. Impression légèrement mitigée à l’écoute : grosse section rythmique et cuivre, terriblement efficace dans leur registre de prédilection, on aimerait que tout l’album soit du niveau de l’excellent The Message, reprise de Grandmaster Flash & The Furious Five. Un bémol sur les invités venus prendre le micro, malgré leur renommée (ou pas) et leur talent (ou pas), ils n’apportent que peu à une formule qui se suffit amplement dans l’instrumental. Au-dessous des Dap-Kings ou Menahan Street Band, mais bien au-dessus de Ben l’Oncle Soul, une bonne entrée de gamme en quelque sorte et une pochette collector ! \ T. D. \ The Future Is Here / Favorite Recordings / 20 €
Avec Les Héroïnes romantiques, troisième et dernier volet de Tragédiennes, Véronique Gens parvient, toujours sous la direction exemplaire de Christophe Rousset à la tête de ses Talens Lyriques, à ressusciter toute la fureur de l’opéra romantique. Après avoir enflammé le théâtre du Capitole en octobre dernier, elle revient sur disque cette fois-ci. À travers une dizaine de titres, souvent des raretés, la soprano française incarne des icônes, le plus souvent malheureuses (!), avec une grâce et une royauté exemplaires. De son Iphigénie en Tauride de Gluck, au Prophète de Meyerbeer, avec une mention spéciale pour les adieux déchirants de Catherine du rare Henry VIII de Saint-Saëns ou ceux de Didon dans les Troyens de Berlioz, on ne peut que louer la précision de sa diction, son art impeccable de la déclamation et sa musicalité souveraine. \ Laurent Sorel \ Les Héroïnes romantiques / Tragédiennes 3 / Les Talens Lyriques / Christophe Rousset / Virgin Classics / 15 €
Dimlite Le Suisse Dimlite, initialement producteur aux confins du hip hop et de l’électro instrumentale, ne semble pas vouloir s’imposer de barrière dans son cheminement artistique. Son dernier album, sorti chez Now Again, marque une évolution sensible vers des territoires plus analogiques, à l’écriture complexe. Terminée donc l’exclusivité des belles boucles subtilement breakées par d’audacieux changements d’atmosphères. Place désormais aux longues introductions, aux climats résolument seventies, psychédéliques et progressifs. On peut penser à Pink Floyd, à Franck Zappa en écoutant ce disque. C’est à la fois bon signe, audacieux, mais également parfois périlleux. Car il faut bien l’admettre, ça ne marche pas à tous les coups. Certes, Dimlite maîtrise toujours parfaitement les rythmiques et les ambiances cotonneuses, mais les vocaux, sons de guitares et autres gimmicks, relèvent parfois davantage du superficiel. Cependant, dans un univers musical rempli de codes et de principes, Dimlite ose des choses... Tous ne le font pas. \ Thomas Delafosse \ Grimm Reality / Now Again /
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culture Livres
Famille, je vous dis tout « Comme des dizaines d’auteurs avant moi, j’ai essayé d’écrire sur ma mère. Écrire sur sa famille est sans aucun doute le moyen le plus sûr de se fâcher avec elle... Il faut aller au bout, ne rien laisser dans l’ombre. La peur suffit-elle à se taire ? » Manifestement non pour Delphine de Vigan, fille d’une femme bipolaire, elle-même liée à une fratrie pour le moins tourmentée. C’est son histoire que l’auteur nous raconte, se mettant en scène adulte, menant l’enquête auprès de ses oncles et de ses tantes, mais aussi enfant, prise au piège de son amour pour une mère malade. Le tout avec un art du suspense qui fait, de cette histoire vraie, un roman haletant. Page après page, nous voilà entraînés dans une aventure somme toute familière. Non pas, que toutes les mères se suicident ! Mais un peu du père par-ci, de la grand-mère par-là, et on se retrouve vite... en famille. En ces temps de fêtes et de grandes tablées voilà un cadeau qui ne laissera pas indifférent. À lire avant d’offrir, pour bien mesurer à quel point, on met ou non les pieds dans le plat. \ I. D. \ Rien ne s’oppose à la nuit / Delphine de Vigan / Editions JCLattès / 19 e
Roman monde Au Vietnam, un jeune garçon fugue. Stupeur. Bon élève, enfant attentionné, il disparaît sans laisser de trace. Quatorze ans après, à la veille de l’an 2000, on le retrouve gigolo et perdu. Comment en est-il arrivé là ? L’auteur nous le raconte dans un maelström d’histoires qui sont autant de trajectoires de vies. C’est simple, de Duong Thu Huong, il faudrait tout lire. Il y a Terre des oublis et sa scène inaugurale, l’une des plus fortes de la littérature contemporaine, et il y a une œuvre foisonnante. Avec cet écrivain, chaque vie est un destin qui nous attrape. \ I. D. \ Sanctuaire du cœur / Duong Thu Huong / Éditions Sabine Wespieser / 28 e
Tout Marguerite
Le livre du mois
Les volumes édités à la Pléiade sont un idéal de livre pour ceux voyageant sac au dos et les marcheurs de tout ordre. Ou comment emporter avec soi des milliers de pages et autant d’heures de lecture sans que cela ne pèse jamais sur les épaules. Devant un feu de cheminée, c’est bien aussi. Le papier bible, si fin qu’il en est transparent a quelque chose de suranné en cette ère de tout à l’écran. En cette veille de fête, c’est l’occasion de craquer, avec une préférence pour les œuvres complètes de Duras. On a tellement écrit sur la dame à la tête de grenouille, on l’a tellement lue, encensée et parfois moquée. Se plonger dans ce recueil c’est revivre l’expérience d’une langue qui réinvente, résonne, bien réelle, qui donne à écouter plus qu’à lire. La Pléiade suit l’ordre chronologique d’une vie d’écriture. C’est finalement toujours la même histoire, celle de l’innocence et sa violence. À son apogée, avec Le ravissement de Lol v Stein qui emporte tout. \ I. D. \ Marguerite Duras, œuvres complètes, coffret 2 tomes 120 e
Une vie d’échecs magnifiques « Quand il était très jeune William Stoner pensait que l’amour était une sorte d’absolu auquel on avait accès si l’on avait de la chance... Mais maintenant qu’il était arrivé à mi-parcours, il commençait à comprendre que ce n’était ni une chimère, ni un état de grâce, mais un acte humain, humblement humain, par lequel on devenait ce que l’on était. » Dans une vie de lecteur, il y a ce bonheur, finalement rare, d’un texte dont quasi chaque phrase est une émotion qui nous traverse. Stoner est de ceux-là. Roman écrit il y a près d’un demi-siècle, il défie le temps. Son héros, de prime abord la parfaite figure de l’homme ordinaire, est de ces êtres ardents dont la fréquentation rapprochée vous élève. De son enfance misérable dans la ferme paternelle, à cette université qui le sauvera d’une terre qui broie les hommes, nous ne le quitterons plus. Il s’égarera dans un mariage redoutable mais il aura son histoire d’amour, et ce sont là les plus belles pages de son histoire. « Le sablier du temps lui était indifférent et il ne lui serait pas venu à l’idée de s’en plaindre, mais quand il se croisait dans un miroir, il ne pouvait s’empêchait de ressentir un léger choc. » \ I. D. \ Stoner / John Williams / Éditions le dilettante / 25 e
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plan rapproché
Chantre d’une « écologie heureuse » plutôt que catastrophiste, Frédéric Lisak cultive la singularité de Plume de carotte. Sa maison d’édition produit des livres engagés dans l’éducation à l’environnement depuis dix ans. Bon anniversaire. Par Pascal Alquier - Photo de Polo Garat / Odessa
Je sais que c’est pas vrai mais j’ai dix ans
M
ais si ! Bien sûr que c’est vrai, les éditions Plume de carotte - Plume pour les intimes… - ont dix ans ! Quant à Frédéric Lisak, leur fondateur, c’est une autre histoire… Quadra à l’œil vif et aux cellules grises hyperactives, il s’apparenterait presque à Magnus Philodolphe Pépin, personnage inventé par l’auteur Thierry Dedieu pour son album jeunesse Comme une soudaine envie de voler, qui vient de recevoir le prix des libraires Folies d’Encre. Curieux du spectacle qu’offre la nature, infatigable observateur doté de l’humour sophistiqué et glacé tant vanté par Gotlib, l’homme se passionne pour son prochain, de préférence végétal ou animal. Ses chroniques, publiées par l’hebdomadaire Tout Toulouse au début des années 2000, en apportaient déjà une éclatante démonstration : les trésors naturels de l’aire urbaine, l’infiniment petit et vert, n’avaient alors plus de secret et devenaient source d’émerveillement pour le lecteur assidu. Élevé en plein air limousin et ancien élève de l’école vétérinaire de Toulouse, Frédéric Lisak, était loin d’imaginer, en 2001, la pertinence du choix d’une ligne éditoriale dédiée à l’environnement. Son expérience d’auteur et de journaliste pour les Éditions Milan puis la création de Tournesol, revue qui explorait déjà les pistes de cette écologie engagée et heureuse qu’il affectionne, l’ont logiquement mené à plonger dans le grand bain de l’édition. D’un beau premier livre-coffret, rempli de graines et d’astuces à destination des plus jeunes, concocté seul en 2001, les envies et aspirations l’ont guidé vers la conception de magnifiques herbiers qui ont éveillé la curiosité des libraires et du grand public. Le premier, L’herbier oublié, trouve un distributeur fin 2003. Dès lors, la progression s’amorce, et deux ans plus tard, l’équipe compte cinq employés. Aujourd’hui, huit personnes participent à l’aventure, inventent des collections (Regards, la désopilante Poils aux plumes, Terra curiosa) et produisent des beaux livres « ethnonaturalistes » tels Le bestiaire marin, Le bestiaire sauvage ou De mémoire de vergers… En 2010, l’équipe s’étoffe avec l’arrivée de trois personnes dont Claire Kowalski, ancienne du pôle presse jeunesse de Milan. Petite Plume, une entité spécialisée jeunesse, voit le jour et monte en puissance avec douze albums produits en 2011 – seize sont
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programmés pour 2012. « Notre but, confie Frédéric Lisak, est de donner des outils de compréhension, pas d’asséner des vérités et surtout d’éviter de tenir un discours catastrophiste et culpabilisant vis-à-vis de l’environnement. » Une approche qui a eu l’heur de plaire à des éditeurs venus de Grande-Bretagne, d’Espagne, d’Allemagne et de Corée du Sud, lors dernier salon du livre de Francfort qui s’est déroulé en octobre. Et les confrères ne sont pas les seuls à goûter le savoir-faire toulousain puisque les muséums de Toulouse, de Paris et le Royal Botanic Gardens britannique s’intéressent grandement aux idées pas si farfelues que ça de Frédéric et son équipe. On imagine déjà les trésors cachés de ces vénérables institutions restituées dans toute leur splendeur dans les ouvrages somptueux inventés par Plume de carotte. Tous apprécient l’engagement éditorial de Plume - comme d’ailleurs Denis Cheissoux qui invite régulièrement Frédéric dans son émission CO2 mon amour - salué par l’obtention de la norme de qualité environnementale ISO 14001. Engagement qui repose sur le soin apporté à la fabrication des produits (papier issu de forêts gérées durablement, encres à base d’huile végétale, formats économiques en papier…), sur la proximité et l’adaptabilité des fournisseurs, sur une attention portée au travail en interne (fournitures de bureau, emballages, consommables respectueux de l’environnement, lieu de biodiversité dans le jardin du siège social…) et sur la sensibilisation du public lecteur. Sur ce dernier point, Plume innove, encore et toujours. Depuis cet automne, l’association Fans de carotte s’active sur la Toile pour donner plus de visibilité et de débouchés aux productions et auteurs maison : « Prolongement concret de nos livres explique Frédéric Lisak, elle permettra de mettre en lumière tout un éventail de propositions en lien étroit avec nos auteurs (expositions, rencontres, animations…) et de tendre des perches aux lecteurs, notamment par le biais des réseaux sociaux. » Et comme une bonne nouvelle en appelle parfois une autre, un récent classement des 200 plus importants éditeurs hexagonaux, publié par Livres Hebdo - hebdomadaire destiné aux professionnels du livre -, stipule la 139e position occupée par Plume de carotte. Bon anniversaire décidément.
Catalogue non exhaustif L’herbier oublié, L’herbier voyageur, L’herbier érotique, L’herbier boisé, L’herbier toxique, L’herbier fantastique, L’herbier parfumé, et dernièrement L’herbier d’une vie. Des titres à recommander dans ces collections : Joueurs de nature, Artistes de jardin, Comment louper son jardin sans complexe, Comment recycler les oiseaux mazoutés, Tomates… RDV Sur France Inter le samedi à 14 heures. Éditions Plume de carotte 28 impasse des Bons-Amis 31 200 Toulouse 05 62 72 08 76 www.plumedecarotte.com fansdecarotte.jimdo.com