Le caractère urbain membre du réseau
8 MARS Des femmes, des combats Jean-Henri Meunier Made in Najac Zagreb Nouvelle vague aRtistique Numéro #48 | mars 2012 | toulouse | spiritmagazine.fr | Gratuit Culture | Tourisme | Habitat | Mode | Gastronomie | Sorties | Famille
#48 mars 2012 4 Give me 5 6 bruits de couloir 8 Rumeur buzz 10 magasinage
en technicolor ! 12 C’est dans l’air
La journée de la femme 16 ouvre-toit 20 L’endroit grand m 22 tables & comptoirs © Sashkin - Fotolia.com
l’air de famille 24 en ville
la ferme à la ville 26 ÉCHAPPÉE BELLE
zagreb 32 écrans
jean-henri meunier 36 accrochages
vincent fortemps 40 entre actes
le cirque plume
ÉDITO par Léa Daniel
44 interview
jean-françois zygel 48 sono AGENDA 50 EN FAMILLE
le carnaval de toulouse 54 plan rapproché
Le caractère urbain
l’homme à la spatule
membre du réseau
8 MARS des femmes, des combats JeAn-HenRi MeunieR made in najac ZAgReb nouveLLe vague artistique Numéro #48 | mars 2012 | toulouse | spiritmagaziNe.fr | gratuit CultuRe | touRiSMe | HAbitAt | Mode | gAStRonoMie | SoRtieS | FAMille
Cauchemardons un peu. Nous sommes en mai 2012. Au 15 rue des Lois, c’est silence radio. Campus n’est plus ! Terrassée par la crise ? Coulée par le manque d’auditeurs ? Laminée par les résultats à la Présidentielle ? Même pas ! La radio a succombé à une mort lente. Au programme, trois symptômes : la baisse des subventions, la fin des emplois aidés et surtout le ratage non programmé d’une manne qui vient chaque année du Fonds de soutien à l’expression radiophonique locale (FSER) et qui représente 60 000 euros sur les 180 000 de budget de l’association. Ce n’est pas une paille ! L’histoire raconte même que c’est le cabinet comptable de la radio qui aurait dépassé la date limite d’envoi des dossiers pour prétendre au FSER. Qu’importe ! Sans argent, impossible de continuer à émettre. Heureusement le réveil sonne. Nous sommes en mars, et l’on peut filer sous la douche avec du miel dans les oreilles.
Regard franc, frondeur, doux et guerrier à la fois. Le portrait réalisé par Fanette Guilloud nous offre un œil féminin plein d’espoir et de force. La femme du XXIe siècle ? Pour cette couverture, Spirit a travaillé avec la classe de Praticien Photographe (2e année) de l’ETPA, l’école de formation de la photographie et du multimédia de Toulouse, sous l’impulsion du photographe et enseignant en sémiologie de l’image Philippe Guionie.
« Il est huit heures, vous écoutez 94 FM », crache le transistor ! Campus n’a donc pas émis sa dernière onde. L’équipe tire cependant la sonnette d’alarme et fait un appel aux dons*. Pour la soutenir dans cette mêlée, elle peut compter sur la Mairie et la Région, mais attend surtout beaucoup de la fédération qui regroupe toutes les Radios Campus de France. Bref, la situation est critique, mais pas désespérée. Tant mieux. À quoi ressemblerait le paysage radiophonique sans cette « mini-Nova » aux allures frondeuses et à la programmation altière ? À un désert sans oasis. Car pour écouter le meilleur du funk et la crème de l’électro, il n’y a qu’à s’abreuver à la source, direction 94 FM. En manque d’infos croustillantes ? Craquons pour Caramel Mou, l’émission culturelle. Allergique à Thierry Roland ? Les animateurs de Sportaz commentent les matchs en mode déconnant. Alors, à vot’ bon cœur messieurs et mesdames, n’hésitez pas à donner quelques deniers pour que perdure la liberté de s’exprimer. *Le 3.03, journée spéciale sur les ondes de Campus. Le 7.04, soirée de soutien à la Dynamo.
SPIRIT est un magazine gratuit édité par Urban Press, www.urban-press.com - 18 rue des Couteliers, 31000 Toulouse - tél. 05 61 14 03 28 fax. 05 61 14 25 22 - info@urban-press.com / Retrouvez Spirit sur www.spiritmagazine.fr Directeur de la publication : Laurent Buoro - Directeur du développement : Loïc Blanc - Rédaction : Léa Daniel, Carole Lafontan, Gabriel Loridon, Baptiste Ostré, Stéphanie Pichon, Mathilde Raviart, redaction@spiritmagazine.fr / Graphisme : Julie Leblanc, Christophe Gentillon, Cécile Fauré. Ont collaboré à ce numéro : Déborah Antoinat, Christian Authier, Isabelle Bonnet-Desprez, Karine Chapert, Thomas Delafosse, Isabel Desesquelles, Anaïs Florance, Sébastien Iwansson, Valérie Lassus, Anne Le Stang, Alex Masson, Laurent Sorel / Photos : Cassandra da Chicha, Polo Garat, Fanette Guilloud, Philippe Guionie, Sébastien Maurette / Publicité : Damien Larrieu, Sophie Hemardinquer, + 33 5 61 14 78 37 - pub@urban-press.com / Administration : adm@urban-press.com / Imprimerie : Roularta (Belgique). Papier issu des forêts gérées durablement (PEFC) Dépôt légal à parution - ISSN : 2116-3146 - L’éditeur décline toute responsabilité quant aux visuels, photos, libellé des annonces, fournis par ses annonceurs, omissions ou erreurs figurant dans cette publication. Tous droits d’auteur réservés pour tous pays. toute reproduction, même partielle, par quelque procédé que ce soit, ainsi que l’enregistrement d’informations par système de traitement de données à des fins professionnelles, sont interdites et donnent lieu à des sanctions pénales. Ne pas jeter sur la voie publique. SPIRIT est membre du réseau A nous, Éditions A nous. Régie nationale, 01 75 55 11 86, sandrine.geffroy@anous.fr, paule-valerie.bacchieri@anous.fr
le Caractère Urbain Spirit • 3
give me five
© Zootrope films
Le 21.03
Expo
En famille Cinéma
Chaque saison, le plus iconoclaste des musiciens classiques revient à Toulouse, la ville où il se produit le plus souvent, en dehors de Paris. C’est que le pianiste, compositeur, improvisateur, y a des amitiés fortes. Avec Alain Lacroix tout d’abord, de l’Espace Croix-Baragnon, à qui il propose chaque année des saisons musicales. La livraison 2012 est faite de Pochettessurprises autour du monde, avec arrêt en Italie (mars) et en Arménie (avril). On le verra aussi aux côtés de l’Orchestre National du Capitole pour une symphonie Pastorale expliquée aux enfants. Enfin, au TNT, il jouera quatre ciné-concerts improvisés des plus grands films de Murnau. Rencontre avec un OVNI du classique. Page 44
Lorsque Monsieur Loyal est inspiré par L’Atelier du peintre de Courbet, cela donne une production circassienne colorée. Le Cirque Plume a pour habitude de mettre au placard Bozo le clown et autres éléphants à pompons pour faire du cirque un spectacle théâtral, chorégraphié, contemporain, magnifié par une musique live. La troupe prend le parti depuis ses débuts de raconter une histoire d’un bout à l’autre de ses spectacles mastodondes qui ont fait le tour du monde. Pour leur dernière production accueillie pendant dix jours à la Grainerie, la peinture vole, les tableaux s’animent et les numéros s’enchaînent avec énergie et poésie. Page 40
Le crayon gras, le geste noir, gratté, fouillé, Vincent Fortemps avance « masqué », sans qu’on sache vraiment s’il est à caser dans la BD (lui qui vient de Bruxelles), ou dans la catégorie des performers, graphistes, dessinateurs ou musiciens. C’est peut-être pour ça que c’est au Garonne qu’il s’expose, temple toulousain de l’art pluridisciplinaire, avec un penchant pour l’inclassable. Avouant lui-même que « le dessin comme la musique m’ont donné beaucoup de liberté », Fortemps n’a pas manqué de convier des musiciens pour son vernissage, et son vieux pote Cambuzat du Putan Club pour une session punk aux côtés de Lydia Lynch. Page 36
20 ans que Toulouse n’avait pas connu de défilé de chars et de cortège d’enfants costumés. Il revient en fanfare cette année. Les longs mois de préparation, d’organisation et de fabrication de costumes touchent presque à leur fin et le Comité d’Organisation du Carnaval Unifié (COCU) n’en peut plus d’attendre ! Ils ont réuni tous les ingrédients nécessaire à un beau bazar festif. Préparez-vous à ne plus reconnaître la ville ! Page 50
Vincent Fortemps
4 • Spirit le Caractère Urbain
Carnaval
Y’a pire ailleurs
Le titre pourrait paraître fataliste, mais ce serait mal connaître Jean-Henri Meunier et sa bande d’irréductibles Najacois. Dans ce film-là, la fronde est poétique, la résistance un art de vivre, conscient ou non. Pour ce troisième volet de sa série documentaire aveyronnaise (après La vie comme elle va, Ici Najac, à vous la terre), le cinéaste retrouve les mêmes personnages qu’il filme depuis dix ans. Ensemble ils tissent un quotidien sans entrave, libre et joyeux comme l’amitié qui les lie. Spirit a rencontré ce cinéaste punk qui, après des extravagances parisiennes et une mise au vert à Najac, a posé ses valises à Toulouse. Page 32
© Samba Résille
Cirque Plume
Osmar Trampo © Henri Brauner
Jean-François Zygel
Le 21.03
Du 14
cirque
au 31.03
Du 14
Musique
au 25.03
Les 4, 5 et 7.03
© Ida Jakobs
© Franck Juery - Naive
5
S’il fallait en retenir 5, voici les événements qui méritent une place dans votre agenda.
bruits de couloir
Marchez, dansez Pieds ailés et cheville fine. Voici la Pégase de Repetto. Cuir de chèvre souple bleu « gaulois » empiècement élégant, le fabricant spécialisé dans la ballerine (de danseuse et de ville) réinvente la basket montante, dans une version poids plume. Extraite de la collection très colorée du printemps 2012, la belle bleue est à dénicher dans la toute nouvelle boutique Repetto toulousaine, rue de Metz, en lieu et place de Kenzo. Avec cette 10e boutique française, la marque semble gagner du terrain, en virevoltant sur une mode qui s’affole à l’idée de troquer les pointes de danseuses pour des chaussures de ville. Pégase, 285 €. Repetto, 25 rue de Metz, Toulouse.
Marine Le Pen est à l’économie ce que MacGyver est à Léonard de Vinci. [Cette phrase de Pierre Deruelle a été retweeté plus de 45 000 fois dans la nuit du 23 au 24.02 au moment où Marine Le Pen passait dans DPDA sur France 2]
L’image du mois
La Biennale était en blanc…
© Siba Sarah
Le blanc servira de fil rouge à Passage(s), première édition d’une Biennale de Design Arts et Transmission entre Toulouse et Montauban. Est-ce à dire que le territoire de Haute-Garonne était assez vierge pour le parer d’immaculé ? Peut-être… La discipline, de plus en plus à la mode, ayant peu de vitrine officielle dans la ville rose. Au moins à Montauban, enfin à Nègrepelisse, existe-t-il le centre d’art, de création et de design la Cuisine, bizarrement absent des lieux partenaires. Pour éclairer cette discipline naviguant entre préoccupations industrielles, techniques, graphiques et artistiques, le collectif d’organisateurs composé d’enseignants et chercheurs ont conçu un parcours (suivez les lapins blancs !) transversal, ludique, pédagogique, avec la rue Mercié et un apéro blanc comme point de départ le 1er mars. De la 3D au design alimentaire, de la scénographie urbaine au graphisme, ce Passage(s) élargira notre vision d’un champ créatif trop peu connu, et donnera une visibilité aux designers d’ici. Du 1er au 11.03, à Toulouse et Montauban, www.biennale-passages.com
Il en va des métiers comme des techniques, certains s’effacent pour laisser place à la modernité, sans qu’on prenne toute la mesure de la perte. En arrivant à Toulouse il y a cinq ans, la photographe Shirley Herment, alias Siba Sahra a constaté qu’ici, certains métiers perduraient, alors qu’ailleurs ils peinaient à survivre. Recourant à la chambre noire 4x5, incongruité photographique dans ce monde du tout numérique, elle a fait poser pendant cinq ans bouchers, luthiers et autres fromagers toulousains. Les deux libraires de Terres de Légende en font partie. Une belle galerie de gueules, qui, loin de figer une vision nostalgique, inscrivent dans un temps long, des hommes et des femmes de notre quotidien. Des hommes, des femmes, des métiers, du 6 au 22.03, espace Bonnefoy, entrée libre
80 C’est le nombre de bougies de la Foire internationale de Toulouse. Une vieille dame qui secoue toujours les tendances avec 650 exposants, quatre espaces thématiques, et une grande expo sur les Incas. Du 31.03 au 9.04.
6 • Spirit le Caractère Urbain
L’esprit Barceloneta De ce quartier de Barcelone, tant chéri par les propriétaires, le tout nouveau magasin a gardé l’esprit urbain, coloré et métissé. Des toiles de street art (en ce moment Lunkie) sont suspendues au-dessus d’habits de créateurs français et espagnols (Zen Spirit, Maïtena, Capucine…). Le mobilier signé Camille B (mais pas à vendre) achève de construire les contours d’un espace chaleureux. À 36 ans, Pauline Bourel avait envie d’un endroit à elle pour mêler deux passions, la culture et la mode. Les petites robes et bijoux exposés là, aux prix raisonnables, jouent la carte de l’original sans tomber dans « l’importable ». On s’y retrouve les soirs de vernissage autour d’un verre… sans exclure de repartir avec une paire de bottines. Barceloneta, 7 rue du Coq-d’Inde, 06 85 19 29 20
© Fontana & Sans - Expo Envies
Des métiers et des Gueules
Francazal, qui dit mieux ?
Créations printanières
Tout semble indiquer que les studios de cinéma Raleigh verront le jour à Francazal, sur l’ancienne zone aéroportuaire. Même si la procédure et les étapes administratives restent encore nombreuses. Fin mars, le lancement de l’appel à la concurrence pour l’exploitation des 45 hectares de l’ancienne zone de vie de la base, sera lancé officiellement par la préfecture de la région. Une première pré-sélection aura lieu début juin, avant un choix du projet définitif fin 2012. L’implantation de studios reste donc une hypothèse parmi d’autres, mais l’État ne cache pas son intérêt pour le projet qui porte déjà comme nom de code : Hollywood sur Garonne. « Nous n’avons pas à ce jour, tous les éléments pour délivrer un feu vert à l’activité cinématographique. Pour autant, si le projet se réalise comme il se présente, ce sera une bonne opération pour Midi-Pyrénées » a martelé le préfet de région. Pierre Cohen ne dit pas autre chose. « On ne peut que manifester de l’enthousiasme pour cette idée dans la mesure où elle permettrait une diversification économique et pourrait être génératrice d’emplois, en particulier dans des domaines touchant à l’artisanat. » La balle est dans le camp de l’État.
À Noël, les boutiques éphémères jouent la carte des cadeaux de créateurs. Au printemps, elles récidivent, moins nombreuses mais tout aussi portées sur l’originalité. La Loupiote réunit ainsi le 17.03 Gilen, Jhano, Nikko kko et Sigrid de Industribal pour une expo vente de t-shirts, illustrations, et reproductions. Autre quartier, autre ambiance, plus colorée et enfantine, « En minuscules » convoque neuf Toulousaines, parmi lesquelles Mulot Bricole, La Roulotte du Pinson, ou Petits Parisiens, pour un concept store éphémère (jusqu’au 20.05) tourné vers le monde des enfants, de la déco aux vêtements. Le marché de la Loupiote, le 17.03 de 16h à 22h,39 rue Réclusane En minuscules, jusqu’au 20.05 (relâche du 12 au 25.03), 25 rue Bouquières
2 avril Le musée Toulouse-Lautrec new-look ouvre ses portes pour le printemps ! Après dix ans de travaux de rénovation, la collection accueillie dans le Palais de la Berbie à Albi prend un visage plus contemporain.
Europan 2011 :
vision poétique du quartier gare
Vue du parvis © Photo DDM. Documents RND
Trois jeunes architectes toulousains, Estelle Bourreau, Jean-Baptiste Coltier et Aurélie Fabre, viennent de remporter le prix Europan 2011 pour leur projet d’aménagement du site du Raisin, dans le quartier de la gare. Ce concours d’architecture et d’urbanisme européen lance des idées innovantes en partenariat avec des villes. Ce qui a retenu l’attention du jury ? « La création d’un espace public d’échelle métropolitaine qui désenclave le site via des circulations douces ». Effectivement le quartier se trouve coincé entre le Canal du Midi, des friches industrielles et les voies ferrées. Pour l’ouvrir, le trio a imaginé un large parvis minéral, des petits immeubles d’habitation et une prairie urbaine. « Nous voulons ainsi favoriser l’inattendu, créer une poésie du lieu et un plaisir de parcourir la ville ». Ce projet, présenté au Grand Toulouse le 10 février dernier, reste pour l’heure en concurrence avec deux autres. Le réaménagement du site n’est pas prévu avant 2020.
bruits de couloir
La Maison Nougaro à l’eau ?
PSSST C’est la Rumeur !
Par Anne Le Stang
P
© Stéphanie Pichon
ortée depuis quelques semaines par les médias, la rumeur s’est échouée sur les berges de notre Rédaction dans un discret clapotement : la Maison Nougaro prendrait l’eau. Ou plus précisément, la maison éclusière Saint-Pierre, datant du XVIIIe siècle, destinée à abriter le projet. Simple brèche dans la coque, ou véritable naufrage ? Direction les quais, entre Garonne et canal de Brienne, pour en avoir le cœur net. Gouttières en berne, fenêtres en deuil : le bâtiment donne de la gîte. Depuis que l’association Maison Nougaro, avec le concours de la Ville de Toulouse, du Conseil Général et de la Région, a remporté l’appel à projets lancé par les Voies Navigables de France (VNF), aucun aménagement n’y a été entrepris. C’était en 2009 ! Depuis, la maison éclusière et ses 500 m2, dont la réhabilitation a été chiffrée à 2,5 millions d’euros, sombre lentement. Une des poutres maîtresses du hangar s’est déjà effondrée. Le lieu, interdit au public, a été sécurisé. « Nous avons envoyé un courrier à la mairie pour lui proposer de rallonger la durée de la convention d’occupation temporaire que nous lui avons attribuée, et avoir une idée du planning des réalisations qu’elle compte entreprendre », nous confie Jacques Noisette, responsable de la communication des VNF Sud-Ouest. La balle est dans son camp. Il nous tarde que le projet soit valorisé. D’autant que le lieu est magique ! » Cécile Nougaro, la fille aînée de Claude, guette elle aussi le moindre signal de fumée en provenance du Capitole. « Il est grand temps de mettre notre énergie au service d’une véritable action », lâche la présidente de l’association Maison Nougaro, qui depuis trois ans, milite avec son équipe pour la création d’un lieu atypique, unique et vivant, « à l’image de mon père ». La toute récente exposition Nougaro au Bazacle « réalisée avec des bouts de ficelles et de la bonne volonté », en donnait déjà un avant-goût. Elle a accueilli plus de 13 000 visiteurs. Forte de ce succès, Cécile voudrait sortir des eaux stagnantes dans lesquelles s’est s’enlisé le dossier, balloté entre les comités de suivi et les commandes d’études complémentaires. « Nous en sommes à la phase des expertises. Les études techniques pour ce genre de projets sont toujours assez longues », reconnaît-on au Capitole, où l’on assure ne pas vouloir abandonner la maison éclusière. La Maison Nougaro verra-t-elle le jour en 2013 ? En 2014 ? La question suscite un « Ouh là ! » éloquent. « Il serait vraiment prématuré de donner une date ». Affaire - au long cours - à suivre.
ZE BUZZ tisséo en hausse. Au 1er mars, les tarifs de transports en commun de l’agglo augmentent. Ressortez les vélos ! EADS à domicile. C’est dit, Toulouse deviendra le siège d’EADS, selon les souhaits de son futur PDG Tom Enders, qui succédera à Louis Gallois fin mai. 300 personnes pourraient ainsi arriver dans la région. Va voir Chez ta mère. Arnaud-Bernard réveille ses nuits. Deux lieux y ont ouvert coup sur coup, la Maison Blanche, lieu de rencontres culturelles parrainé par Mouss et Hakim, et Chez ta mère, café associatif. LGV, pas si vite. Les collectivités se rebellent dans le financement de la LGV. Le département du Lot-et-Garonne, qui a déjà financé le tronçon Paris-Bordeaux, refuse de remettre au pot pour financer la partie Bordeaux-Toulouse. La région Midi-Pyrénées apprécie moyennement. Curieux avant-goût. Les premiers noms du Week-end des Curiosités du Bikini ont été annoncés : Zebda pour les locaux, mais aussi IAM, Poney Poney Run Run, Dionysos, ou Stuck in the Sound. Rendez-vous du 24 au 28.05. Top 50. Le campus de Toulouse vient d’être qualifié pour les Initiatives d’excellence (Idex) au moment où la société d’études britannique QS hissait Toulouse dans le top 50 mondial des villes étudiantes. Les Erasmus n’ont pas fini d’affluer place Saint-Pierre !
8 • Spirit le Caractère Urbain
magasinage
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En technicolor
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L’année dernière c’était « color block » à tous les étages du dressing. Tenez-vous bien, la mode rEbat les mêmes cartes multicolores : belote, rebelote et dix de der’ 1. Baskets Gazelle, 90 € / Adidas 2. Tee-shirt 30 € / Zoo York City 3. Sac / O’neill 4. Montre All Over, 69 € / Wize & Ope 5. Raw Lounge Chaise (existe aussi en gris et en vert), 975 € / Muuto 6. Bottes de pluie, 119 € / Hunter 7. Jeans Arundel Colour, 129 € / Napapijri 8. Boxer, 27 € / Pull In X Marvel 9. Robot ménager Artisan 5KSM150PS, 471 € / Kitchenaid
10 • Spirit le Caractère Urbain
ARCHITECTURE D’INTÉRIEUR
GALLERY
SHAD GALLERY
VICTORIA’S GALLERY
31, rue Bouquières, Toulouse TÉL/FAX +33(0) 561 327 867 GSM +33(0) 682 999 391 shad@shadgallery.com
9, av. la reine Victoria, Biarritz TÉL +33(0) 559 221 414 FAX +33(0) 559 223 134 GSM +33(0) 682 999 391
Création de bureaux - Aménagement de collectivités
Soyons heureuses en attendant le bonheur © Miss.Tic
c’est dans l’air
12 • Spirit le Caractère Urbain
Elles n’attendent généralement pas le 8 mars pour s’engager au quotidien. Les militantes de la première heure, toujours là, ont été rejointes par des femmes d’affaires, agitatrices, ou chercheuses, qui réinventent plus d’un siècle de combat. À l’occasion de la Journée internationale de la femme, Spirit joue au jeu des sept familles de ces figures infatigables. Par Mathilde Raviart et Stéphanie Pichon
Activisme au féminin le jeu des 7 familles
Miss.Tic, poète de la rue, fait parler les murs de Paris et d’ailleurs.
Dans la famille « déconne »... ...je demande la pote. Comme d’habitude, les Américaines ont été les premières à désacraliser le combat et s’armer d’humour bravache pour dégommer les sexismes. Les Guerilla Girls (voir photo page suivante) ont fait date avec leurs commandos à tête de gorille et leur tête de Turc favori : le monde de l’art où elles font régner un terrorisme potache. En France, le groupe des Tumultueuses marche dans leurs traces. Quand elles ne sont pas déguisées en « brigades des boules », elles prennent des « bains revendicatifs », torse nu dans les piscines municipales. Plus sage, l’artiste Miss.Tic a fini par y rentrer dans les musées, après des années de pochoirs et de tags dans les rues de Paris. Elle a choisi la féminité pour barbouiller la ville de ses messages optimistes et joyeux qui font mouche. On peut passer les voir à la médiathèque José-Cabanis jusqu’à fin avril, à moins qu’on ne fasse un détour par les soirées de l’association l’Ébranleuse, qui donne de la voix dans une chorale féministe, et lance des débats dans les bars de Toulouse.
en tête des manifs’, derrière les banderoles du Planning familial. Elles devraient encore y être le 8 mars, à 14h, place Jeanne d’Arc, pour la manif des femmes.
Dans la famille transgenre... ...ce n’est pas la femme qui est au centre de la lutte, mais bien la question du genre et de la norme. À Toulouse, le TDB (Trou De Balle) squat transpédégouine féministe (au délicieux sous-titre : Pied de biche et rouleau à pâtisserie power !) s’inscrit dans cette mouvance. Bien que prônant la non-mixité sur certaines de leurs soirées, ce qu’ils et elles refusent en priorité, c’est le système « hétéronormé ». L’important est de déconstruire les rôles établis, bousculer les clichés, rendre acceptable une identité multiple hors cadre. On appelle ça aussi le transféminisme. L’Américaine Judith Butler et l’Espagnole Beatriz Preciado, en sont les grandes prêtresses, l’une ayant inventé le concept de queer théorie, l’autre ayant même bravé le genre en offrant son corps à la testostérone. >
Dans la famille old school… ...on ne lâche rien et on n’hésite pas à remonter au créneau pour rappeler que rien n’est acquis, y compris les avancées de la première heure. En 2010, la philosophe Elisabeth Badinter remettait ainsi les points sur les i sur la question de la maternité dans Le conflit : la femme et la mère, pas tendre pour les jeunes générations de femmes « pouponnantes ». Elles qui ont bataillé pour pouvoir porter des pantalons, se retrouvent à s’offusquer que les fillettes s’habillent en dadame dès 10 ans et que les campagnes de pubs affectionnent un penchant pour le porno chic. Formées au féminisme intransigeant et passionné des années 60, elles marchent encore et toujours
Pourquoi la Journée de la femme est encore utile… • Parce qu’à la maison les femmes effectuent encore 80 % des tâches domestiques. • Parce que d’ici 2020, le nombre de gynécologues devrait passer de 1 900 à 600. • Parce qu’en 10 ans, 179 centres IVG ont fermé en France. • Parce qu’une femme à la retraite touche 42 % de revenus en moins qu’un homme. • Parce que 70 % des emplois administratifs et de secrétariat sont occupés par des femmes en Midi-Pyrénées.
le Caractère Urbain Spirit • 13
c’est dans l’air
8 mars
S’il n’y avait… © Guerrilla Girls
Qu’un festival
Les Guerilla Girls s’arment d’humour potache pour dégommer les sexismes.
Dans la famille working girls… Dans la famille intello… ...les filles n’ont pas attendu les quotas pour prendre le pouvoir dans le monde de l’économie. Auto-entrepreneuses, chefs d’entreprise, ou agricultrices, elles avancent groupées, pour mieux se montrer. À l’image de l’association Vinifilles qui se présente ainsi : « Créatures de sexe féminin engagées dans la viticulture en Languedoc-Roussillon fédérées en 2009, adeptes du plaisir et de la richesse de leur métier, belles, rebelles, actives, gourmandes, sympas, sociable et dynamique ! » Leur féminisme passe par la preuve que les métiers d’hommes n’existent pas. Même si ça se corse dans la catégorie « patron ». Ainsi, ne représentent-elles que 7 % des dirigeants d’entreprises de plus de 500 salariés en Midi-Pyrénées. Pour en savoir plus, l’association Artemisia co-organise le 6 mars les Rencontres Régionales de l’Égalité Professionnelle à l’hôtel de Région.
Dans la famille trash... ...on prend racine aux States ou à Barcelone. Pour ces pro-sexes, la liberté féminine passe forcément par le « je fais ce que je veux de mon corps », sans avoir peur d’aller jusqu’à la prostitution ou le porno. En France, Wendy Delorme ou Virginie Despentes en sont les égéries. La première, sociologue, et penseuse féministe, n’hésite pas à jouer dans les films pornos et tracer sa route avec des cabarets érotiques. Dress code : rouge à lèvres, talons hauts et activisme. L’écrivain Virginie Despentes serait son pendant punk. Elle, c’est la victimisation qu’elle exècre. Ses livres déroulent une écriture crue et puissante, à l’énergie rock’n roll. Dans son essai King Kong Théorie qui prend la forme d’une autobiographie, elle met sur le tapis les questions de l’acte prostitutionnel, les enjeux de la pornographie ou les séquelles du viol. Pas dit que son dernier film Blondie, marque autant les esprits.
14 • Spirit le Caractère Urbain
...longtemps l’étude du champ féminin s’est fondue dans les autres matières : philosophie, sociologie, histoire… Sous l’impulsion anglosaxonne, les universités ont peu à peu créé des laboratoires et des formations plus spécifiques, comme ce fut le cas au Mirail, qui dès les années 70 embrassa la question du genre. Aujourd’hui ils s’appellent Master Genre, Égalité et Politiques sociales (GEPS) ou Master Européen EGALES « Études de Genre pour les Actions Liées à l’Égalité dans la Société », et des étudiant(e)s de toute la France viennent s’y abreuver.
Dans la famille politique… ...on se prend à rêver que la femme soit l’avenir de l’homo politicus, mais on la cherche encore. Sans parler d’atteindre la fonction suprême de présidente de la République (voir ci-contre), les femmes doivent batailler sévère pour accéder aux plus hautes fonctions politiques. À Toulouse, le Conseil Municipal joue la carte de la répartition équitable : 34 femmes pour 35 hommes. Mais elles ne sont plus que dix à être adjointes (sur 26), où elles occupent majoritairement les fonctions relatives à la famille, l’éducation, la culture et le logement. Toulouse, compte même une candidate à l’élection présidentielle, Nicole Pradalier, 59 ans, au nom du « Programme contre la précarité et le sexisme ». Lui manque juste les 500 signatures ! À l’échelle européenne, les femmes bataillent aussi. Il y a quelques semaines des député-e-s ont défrayé la chronique en siégeant au Parlement de Strasbourg avec leurs enfants pour pointer du doigt les difficultés des femmes à concilier vie professionnelle et vie privée. Pas dit que l’idée serait venue à Nicolas Sarkozy d’emmener Giulia en Conseil des ministres.
Féminitude. Y a-t-il un humour féminin ? Peut-être, mais là n’est pas vraiment le débat. Pour la 6 e édition du festival d’humour des Arts au féminin, le Café-théâtre des Minimes laisse la scène aux artistes, histoire de montrer que les femmes n’ont rien à envier à leurs collègues. Une semaine de one women shows et de concerts, où l’on croisera Trinidad dans Et pendant ce temps, Simone veille, ou Johanna Pirano et son répertoire de chansons drôles, un brin érotiques. \ S. P. \ Du 5 au 10.03, Café-théâtre des Minimes, 12 à 20 e, 05 62 72 06 36
Qu’un livre
Présidente : le grand défi. En pleine campagne électorale, Marlène CoulombGully, professeur au Mirail, choisit de raconter quel regard posent les médias sur les rares femmes (neuf depuis 1965) qui sont parties à la conquête de la présidence de la République. Que nous disent ces portraits journalistiques sur l’évolution des mentalités ? Des rapports hommes-femmes ? Pour l’heure, ces pionnières de la politique entrent dans l’histoire pour le symbole. Pas encore pour la fonction. \ S. P. \ Présidente : le grand défi Femmes, politique et médias, Marlène Coulomb-Gully, éditions Payot et Rivages, 23,50 e
Qu’un magazine
Causette. On ne sait pas encore comment le magazine « plus féminin du cerveau que du capiton » traitera la Journée de la femme en 2012. Mais on se souvient que l’an dernier, leur dossier titrait « Prendre un pénis par la main », précisant « Comment fêter la Journée de la femme sans parler, du pénis, lui qui nous concerne toutes ? » Et oui, Causette ne fait pas dans la dentelle, et surtout pas dans les froufrous. Les femmes qu’on y rencontre sont tout sauf des potiches, les horoscopes sont là pour de rire, et la seule trace de recettes se retrouve dans la rubrique « On nous prend pour des quiches ! » À mettre entre toutes les mains, sans distinction de sexe. \ S. P. \ Causette, tous les mois, 4,90 e, www.causette.fr
ouvre-toit
Sans contrefaçon Aucune tartuferie ne sert de fondation à la « maison des canisses ». Elle s’intègre dans la pente sans l’artifice d’une architecture qui voudrait copier-coller le style provençal. Il n’empêche, elle est diablement méditerranéenne. Texte : Léa Daniel - Photos : Bernard Touillon
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a « maison des canisses » n’est pas le fruit du hasard. « Nous voulions faire une architecture contextuelle, se souvient Jacquier Ferrier, l’un des architectes du projet, c’est-à-dire une architecture méditerranéenne, qui tienne compte du climat, de l’orientation, du vent, de l’ensoleillement. Mais qui soit à l’opposé des pastiches nostalgiques qui, hélas, se répandent en France et notamment dans le Sud. » À y regarder de plus près, l’architecte a raison. Un mal sévit en zone méridionale. Depuis vingt ou trente ans, on assiste à la prolifération d’un « pseudo style néo-provençal qui en apparence a un lien avec la région mais qui, dans le mode de construction et dans le fonctionnement, n’est qu’un décor sans rapport avec la façon intelligente de penser une maison. » Ceci étant dit, on comprend bien vite que la « maison des canisses » n’est pas à classer dans cette catégorie-là. Elle fait, en revanche, la démonstration de la frugalité constructive, « c’est un thème qui m’intéresse beaucoup, un thème très méditerranéen » commente Jacques Ferrier. La frugalité, c’est l’économie de moyens et de matériaux au sens noble du terme. « Consommer le moins
possible, c’est justement ici que commence la réflexion sur le rapport à l’environnement ». Cette maison, c’est un volume très simple, fait de briques creuses en terre cuite, un matériau facilement disponible puisque l’usine est à seulement 2 kilomètres. À l’arrivée, l’édifice résiste à la chaleur par son inertie thermique, à l’instar des mas provençaux ou des cabanes de vignes. Le volume en dur est doublé d’une enveloppe légère, celle des canisses, qui fonctionne comme un filtre et augmente les performances globales de la construction.
En courant d’air
L’architecte a également utilisé une technique « vieille comme le monde ». Le volume allongé est percé d’ouvertures systématiquement placées en vis-à-vis les unes des autres. Chaque pièce est donc traversée par un courant d’air qui garde la maison agréable et aérée même en été, sans aucun système de ventilation et encore moins de climatisation. En plein aprèsmidi, la masse d’air est un peu plus chaude sur la façade ouest tandis que qu’à l’est, le mur est ombré par les canisses. Se produit un différentiel de température qui suffit à créer un courant d’air extrêmement puissant. « En
temps normal, des choses aussi simples ne mériteraient pas d’être évoquées. On en parle parce qu’elles ont été complètement oubliées et perdues, et j’espère que dans 10 ou 15 ans, on verra partout ces dispositifs d’orientation ». Le plan simple, est aussi là pour s’élever contre le caractère labyrinthique des petites maisons aux grands couloirs et aux portes multiples dans lesquelles on réduit considérablement l’espace. Ici, les architectes ont choisi de créer des pièces qui se commandent les unes les autres. Et, comme le couloir n’est pas vraiment matérialisé, il y a toujours la possibilité de passer par la coursive de canisses située à l’extérieur. L’espace ainsi libéré paraît plus grand. Pourquoi avoir choisi des canisses ? Du tac-au-tac, l’architecte répond : « cela fabrique de l’ombre, mais une ombre particulière, avec un effet de lumière interrompu par endroit. Cela inscrit la bâtisse dans une culture. Si je dessinais une maison à Copenhague ou dans le nord de la France, bien évidemment je ne mettrais pas de canisses. Il y a un côté culturel même dans la lumière. » Culture, le mot est lâché et l’architecte devient intarissable. Il parle du plaisir d’habiter que doit attiser l’architecture. Et là, impossible de le contredire.
Fiche technique Pourquoi ? Maîtrise d’ouvrage privée Où ? L’Aude Par qui ? Jacques Ferrier avec Sandra Planchez Combien ? 100 m² et 550 000 € TTC
Le volume est construit en utilisant les techniques courantes dans la région : murs en maçonnerie de briques creuses, toiture en hourdis de terre cuite, enduit à la chaux... Le toit-terrasse aide la maison à disparaître complètement dans la végétation. Elle est parfaitement invisible tant que l’on n’a pas franchi le rideau de pins qui l’entoure.
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1-5 // La décoration intérieure participe de la frugalité extérieure. Les murs sont blancs, quelques panneaux de bois se distinguent dans cet aménagement « hors du temps ». Pour les architectes Ferrier et Planchez, l’environnement domestique ne doit pas être soumis aux modes. 2 // Dans la journée, quand les pièces sont ouvertes, on peut embrasser du regard toute la longueur de la maison. 3-6 // Les carreaux de ciment teinté dans la masse sont produits localement. Ils apportent une touche de couleur et une impression de fraîcheur. 4 // Les canisses de l’auvent et de l’écran sont mis en place sur une ossature en acier galvanisé, en utilisant des rouleaux de 2 m de large, disponibles sans aucune découpe ni adaptation. Ils seront changés tous les 5 ans environ.
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…Je dis M ! Résolument moderne, la médiathèque Grand M se dresse dans le quartier du Mirail et forme un pont architectural élégant entre Bellefontaine et La Reynerie. Un lieu de vie aussi. Visite guidée avant ouverture. Texte et photos Stéphanie Pichon
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l suffit de se pencher par les fenêtres du grand bâtiment gris et noir pour comprendre que la nouvelle médiathèque du Mirail se pose en trait d’union entre deux quartiers jusque-là cloisonnés : la Reynerie d’un côté, Bellefontaine de l’autre. Il s’agit, dans le cadre du Grand Projet de Ville, de modifier la physionomie d’un territoire. Sur le parvis tout neuf, le Grand M semble jouer désormais le rôle de phare éclairant, lieu de savoir et de rencontre. Le 27 mars, ce bâtiment aux lignes pures ouvrira enfin ses portes, après des mois de travaux, et quelques retards sur le planning. À l’étage, l’équipe emmenée par Martine Itier-Cœur, travaille à classer et ranger les ouvrages, impatiente d’en faire bénéficier les habitants d’ici. « Cela fait des mois qu’on attend ce moment. On a hâte de pouvoir utiliser ce merveilleux outil, et de voir si ça fonctionne ». La bibliothécaire en chef est sur le projet depuis ses débuts, et a pu travailler de concert avec King Kong, cabinet d'architectes bordelais. Et parfois rectifier le tir. « Cette
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cage d’escalier en béton brut, on a demandé à la peindre. Les habitants sont déjà assez entourés de béton, on se doit de leur offrir autre chose ».
pas que des livres
Le plan de rénovation urbaine a vu grand et beau pour une « bibli de quartier » au budget conséquent (6,185 millions d’euros) : 1 King Kong 400 m2, un toit végétalisé, des espaces multimédias, des jardins zen. Dans un carré central vitré, comme un patio, les étagères blanches accueillent 24 000 livres neufs. Pas tant que ça pour un équipement de cette taille. Mais justement. « Le fond a été pensé pour qu’il n’y ait pas de primauté des collections physiques sur les ressources numériques ». Le projet architectural privilégie la lumière par les puits de jour, les rideaux métalliques ajourés façon moucharabié, les jardins aux tendances minérales, les alternances de tons neutres et flashy. Ici le mot médiathèque se réinvente, avec l’ambition d’attirer 3 000 lecteurs, là où l’ancienne
bibliothèque de La Reynerie en comptait 300. Les rayonnages thématiques mélangent sans complexe livre illustrés, BD ou essais plus pointus pour favoriser les approches, sans laisser personne de côté. Trois écrans vidéos permettent de se plonger dans le fond DVD essentiellement constitué de films récents (sortis au maximum trois ans auparavant), mais aussi regarder la télé. De l’autre côté du patio, on écoute confortablement au casque la collection de disques, largement orientée vers les musiques du monde et le hip-hop. Dans l’auditorium noir et blanc, libre aux associations et acteurs du quartier de demander l’accès pour des conférences ou projections. Il y aura des règles à observer mais le leitmotiv c’est d’attirer les Toulousains, sans trop jouer les gendarmes, pour que le lieu vive. Ce n’est pas pour rien qu’on a prévu une machine à café, un coin pour les poussettes, des ordis non verrouillés, et de larges plages d’ouverture, dimanche compris. Il n’y a plus qu’à pousser la porte.
Médiathèque Grand M, 37 rue de la Reynerie, 31100 Toulouse mardi, jeudi et vendredi, 10h à 13h, 14h à 19h, jeudi 14h à 19h, samedi 10h à 19h, dimanche 14h à 18h. M° Reynerie ou Bellefontaine
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© Polo Garat - Odessa
tables & comptoirs
Un air de revenez-y… Le jeune chef Georges Camuzet a fait de L’Air de famille l’une des adresses les plus charmeuses de la ville. Risque d’addiction à ne pas négliger. Par Christian Authier
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ans le quartier Victor-Hugo, les tables abondent et à l’ombre du marché, des institutions ne désemplissent pas : Le J’Go, La Gourmandine, La Villa Tropézienne… Flux tendus, salles XXL, services en avalanche : on ne connaît pas la crise. En s’installant en 2008 dans ce quartier gastronomiquement grouillant, Georges Camuzet a choisi une autre option, celle d’un restaurant de poche (environ trente couverts) à la carte serrée. Du sur-mesure ! Le chef a fait ses armes dans de grandes maisons – à Paris comme à Toulouse – mais on ne va pas au restaurant pour savourer un CV ou manger le passé. Sauf qu’il a retenu de la fréquentation de l’excellence une précision, un regard, un geste, que la qualité des produits vient valider ou pas. À midi, c’est du classique. Du bon classique, de la cuisine de bistrot qui tient au corps et au cœur, avec des entrées en rafale (céleri rémoulade, piquillos de brandade, salade de cœurs et de foies de canard, tête de veau ravigote…) à 7 e, un poisson et une viande en plats du jour à 12 e, des desserts à 6 e. Cela s’appelle L’Air de famille, et pas Un Air de
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famille comme le film de Klapisch. À propos de ressemblances, Camuzet nous fait penser à un Jacques Dutronc jeune, avec quelque chose de goguenard et de désabusé dans le regard. Son épouse Maud, qui officie en salle, évoque plutôt une héroïne d’Eric Rohmer, période Comédies et Proverbes. Ressemblances trompeuses. Ici, la désinvolture et les sarcasmes n’ont pas leur place. On ne se paie pas de mots ni d’atermoiements. Les marivaudages et les jeux de la séduction cèdent le pas à une franchise désarçonnante. Le petit salé aux lentilles frétille, la blanquette de veau est sans accrocs. Les plats filent droit, avancent sans masque, privilégient la sensation à l’exégèse. Effet contagieux sur les clients.
Une carte qui ose, bouscule Lors de l’un de nos derniers dîners là-bas, la philosophe avait abandonné ses thèses et s’était léchée les babines face à son saumon mariné puis sa daurade. De notre côté, nous avions choisi d’honorer le porc, divin animal aussi sensible que goûteux. Le coup de patte du chef lui rendit un bel hommage qui nous rappela l’éclat d’un agneau tendre comme du lait dégusté naguère.
Il se dégage quelque chose de brutal et d’évident dans la cuisine de Georges Camuzet. Ce qui n’exclut pas la finesse et la discrète sophistication, à l’image de la carte du soir (40 e environ) qui ose, bouscule, prend ses aises. Côté boissons, la maison propose selon les saisons des jus d’Hervé Villemade, Jean-Christophe Comor, Maxime Magnon, Philippe Valette et autres vignerons signant des vins d’auteurs comme l’on parle de films d’auteurs. On aimerait retrouver cette diversité (du moins son esprit), alimentée entre autres par le fin Franck Bayard, ailleurs, mais la plupart des restaurateurs toulousains semblent avoir renoncé à l’ambition de proposer des bouteilles échappant à la standardisation industrielle. Qu’y a-t-il de familial ici ? D’abord la déco rétro, et le cadre : une petite salle au rez-de-chaussée avec notamment un billot devant le zinc où peuvent s’installer six convives, une autre salle en sous-sol avec une grande table mais aussi des recoins pour deux, sous des alcôves. Familiale encore l’ambiance. Les bises claquent, les clients se saluent. Il y a des habitués. En devenir un est le risque à courir si l’on vient à L’Air de famille. Non, pardon, pas le risque. Le privilège.
L’Air de famille 20 place Victor-Hugo 31 000 Toulouse. M° Jean-Jaurès Ouvert du mardi au samedi à midi, du jeudi au samedi le soir Réservation très conseillée, 05 61 21 93 29
Le vin du mois
Glaneurs
À Montesquieu-des-Albères, dans les Pyrénées Orientales, Jean-François Nicq ne cache pas ses références. Le nom de son domaine, Les Foulards rouges, est un clin d’œil au roman éponyme de Frédéric H. Fajardie, tandis qu’il aime donner à ses cuvées des titres de films : La Soif du mal, Zéro de conduite… Pas de cinéma cependant dans les vins qu’il élabore depuis dix ans le plus naturellement possible, sans maquillage ni mise en scène. Ainsi, la cuvée Glaneurs (100 % Grenache tandis que sa petite sœur Glaneuses propose un superbe assemblage Grenache/Syrah) est une merveille de finesse et de fraîcheur qui déploie ses notes de fruits rouges avec une élégance rare. Ce Côtes du Roussillon est aussi soyeux que vif, chaleureux sans être envahissant. Voici un vin qui se présente avec une évidence imparable. C’est bon, c’est très bon. Faites passer. \ C. A. \ Prix caviste : 17 €
ouverture
Sur un air de cuisine italienne Il semble loin le temps où la cuisine italienne (en France) se résumait à une pizza. Aurélie et Rémy l’ont bien compris en ouvrant La Traviata, un vrai petit ristorante comme on les aime. À peine assis, on y fait le tour des villes de la botte, dont chaque nom s’affiche poché en lettres rouges sur des murs jaune soleil. Dans l’assiette, ça rayonne aussi. On ne passe pas surtout pas à côté des arancini, boulettes de riz façon risotto aux petits légumes, mozzarella et crème d’ail, panées et accompagnées d’une petite roquette assaisonnée au balsamique. Une recette authentique transmise par la grand-mère sicilienne d’Aurélie. On goûte aussi aux fameux cannellonis au fromage de brebis et au pesto d’épinards en cocotte. Le plus : on y déjeune aussi souvent qu’on veut, la carte change tous les mardis. \ Isabelle Bonnet-Desprez \ Ristorante La Traviata, 32 rue Sainte-Ursule (M° Capitole), Toulouse, 05 61 12 33 99. Menu du jour à 12,70 .. Ouvert le mardi midi, et du mercredi au samedi, midi et soir
insolite
© Pallaruelo Gauthier
Domaine des Foulards Rouges
communiqué
Au vin joyeux Le Nez Rouge, bistrot de la Dalbade, convie à une balade gustative autour de 300 vins, nature de préférence, et d’une cuisine de marché inventive. Il y a quatre ans, Elsa Abadie, œnologue, Jérôme Rey, caviste, et Gilles Hourquet, passionné de vin, s’associaient pour créer le Nez Rouge. Depuis le bistrot à vin à l’ambiance raffinée, a trouvé sa place auprès des Toulousains, qui aiment plonger leur nez dans l’une des 300 références, où dominent les jus nature et les petits producteurs. À table, la dégustation au verre est parfaite (de 3,50 à 5 e), pour le plaisir de découvrir des cépages et terroirs méconnus. Les bouteilles se renouvellent souvent, même si on a ses fidélités : le Beaujolais de Philippe Jambon ou le Minervois de Jean-Baptiste Senat pour ne citer qu’eux. La carte ne traîne pas en longueur, pour mieux composer avec les produits de saisons. Elle change tous les midis (et tous les mois le soir). Une bistronomie de marché, sobre et inventive à l’image de cette mousseline de chou-fleur, œuf poché et caviar de hareng, ou du filet mignon mariné au piment d’Espelette et agrumes, crumble de butternut aux noisettes. Au déjeuner, les habitués rappliquent, certains ont même une serviette qui les attend. Le soir, on aime venir tôt pour une dégustation de vins autour d’une assiette de charcuterie ou de fruits de mer. Quand les températures remontent, il est conseillé de réserver, la terrasse avec vue sur la Dalbade, offrant l’un des coins les plus charmants de la ville.
Suivez le chef… On avait connu sa cuisine stylée au Mas de Dardagna où il avait officié durant cinq ans en compagnie de son frère Fabien, Sylvain Joffre a ouvert fin 2011 son propre restaurant, En Pleine Nature, à Quint-Fonsegrives, à dix minutes de Toulouse. L’originalité de l’établissement ? Seulement deux menus sans intitulé de plats. Le déjeuner propose un « instant salé », un choix entre terre et mer, fromage et douceur. Le dîner se compose en deux ou trois « temps salés », fromage et douceur. Le jeune chef, qui travailla aussi chez Michel Bras, veut laisser libre cours à son inspiration, ses envies, guidées par les saisons et les produits. À suivre les yeux fermés. \ C. A. \ En Pleine Nature, 6 place de la mairie, Quint-Fonsegrives, 05 61 45 42 12
2 rue des Couteliers 31 000 Toulouse 05 61 25 83 42 www.le-nez-rouge.net Du mardi midi au vendredi midi, du mercredi soir au samedi soir. Menu du midi : plat du jour à 10,50 e, entrée-plat-dessert à 19,90 e Le soir à la carte, environ 30 e
EN VILLE
La ferme à la ville Désormais la campagne est à portée de métro toulousain, ou presque. Consommer des produits locaux, acheter au producteur à prix modique, ou tapoter la croupe des animaux ne sont plus l’apanage des seuls ruraux. Spirit vous emmène humer l’air de la ferme. Intra-muros. Par Déborah Antoinat, Mathilde Raviart, Isabel Desesquelles
Marché de la place du Salin © Stéphanie Pichon
L’Oustal de Candie © Sébastien Maurette
Ferme Attitude © S. M.
La Ferme de Cinquante © S. M.
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1 Mister Concombre
Place du Salin, chaque samedi matin, il est là : « Monsieur concombre ». Son étal est modeste mais riche. Une étroite planche de bois, deux tréteaux et le monsieur à la toison blanche et aux fines mains qui ont vécu installe les produits de son jardin. L’hiver, ce sont les carottes, les navets et des poireaux. Et si les pommes de terre sont un peu biscornues, elles n’en sont que plus goûteuses. L’été, les tomates sont fameuses et les fruits, figues en tête, tout juste tombés de l’arbre. On achète des confitures pour toute l’année. Il y a aussi de l’aillet à couper finement dans une omelette et du pourpier à arroser d’huile d’olive. Surtout, surtout, il y a ses concombres et leur secret. Ou comment ne plus jamais manger de concombres amers. En bocaux ou frais, le producteur révèle l’astuce pour ne jamais rater la recette. Demandez-lui, vous verrez… Marché place du Salin (les mardis et samedis matins), uniquement le samedi pour « Monsieur concombre »
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2 Poules, vaches, dindons…
À la fois jardin familial, centre de loisirs pour les 6-12 ans, ferme pédagogique, la Ferme de Cinquante, est aussi un parc animalier pour des balades en famille regroupant tous les animaux de la ferme, de la poule au lapin en passant par les dindons. Seule manque à l’appel la vache qui devrait peutêtre rejoindre les troupes. Des animations (goûters d’anniversaire, ateliers) sont organisées pour faire découvrir les 14 hectares dont dispose l’association en charge du lieu. De la viande directement élevée sur place s’ajoutera bientôt aux œufs déjà vendus aux visiteurs. La Ferme de Cinquante, Chemin de Mange-Pommes, Ramonville SaintAgne, 05 61 73 88 31, www.ferme50.org
3 Savez-vous planter chez nous ?
Il y a d’un côté ceux qui ont un jardin mais pas la main verte, de l’autre, ceux qui de leur balcon rêvent d’un potager. En août dernier, Chantal Perdigau, Toulousaine sans jardin, a eu une idée brillante : et si l’un prêtait une parcelle de son terrain à l’autre pour qu’il l’entretienne et, qu’ensemble, ils partagent la récolte ? Banco. Loin d’être un club de rencontre pour jardiniers, le site « Plantez chez nous » propose un échange de bons procédés, simple et… gratuit. Et ça marche ! Sur quelques trois cent annonces dans soixante-cinq départements, de Sarcelles à Colomiers, une centaine d’internautes ont trouvé arrosoir à leur pied. À l’heure où nous imprimons, trois potagers sont disponibles dans le coin, un à Cugnaux, un à Muret et un autre à Portetsur-Garonne. Avis aux jardiniers… www.plantezcheznous.com
4 Bande de sauvages
Tout proches des Minimes, à deux pas du Canal du Midi, les Pavillons Sauvages jouent les oasis alternatives en terre résidentielle. Associatif, militant, un brin baba cool, l’espace associatif mise sur la gestion collective et l’échange. Dans le jardin commun et le potager, les habitants viennent bêcher, planter, arroser. Ou faire cuire leur pain dans le four traditionnel. En toute logique, le lieu possède depuis trois ans son réseau d’AMAP. Au choix, par semaine ou par mois, l’AMAP Sauvage pour les légumes, la Sot-l’y-laisse pour la volaille et les œufs, et la version Suzy pour les fruits. Pour les légumes, c’est complet, même la liste d’attente est longue. Mais on peut toujours tenter sa chance pour les autres paniers et s’engager aux côtés des « Pavilloneurs » dans une démarche solidaire et éthique, en soutien aux petits producteurs. Les Pavillons Sauvages, 35 avenue Jean-Dagnaux, 31 200 Toulouse. Ouvert tous les jours, AMAP le vendredi soir
5 In Paysan we trust
Badges et tee-shirt anti-OGM, DVD de soutien aux faucheurs volontaires dans un coin de la boutique, à l’évidence, les propriétaires Valérie et Alain sont des militants. À la suite de leur expérience sur les marchés, ce couple a ouvert il y a plus de six ans une échoppe dans la zone commerciale de Cornebarrieu. « Ni épicerie fine, ni boutique bio, cette adresse regroupe des produits qui ont pour tronc commun leur qualité », explique Valérie. En témoigne le porc noir gascon, le fromage de brebis des Pyrénées, des fruits et légumes issus des fermes de la région, des vins, et même quelques produits qui arrivent d’un peu plus loin, de Sardaigne ou de Crète. Le Relais Paysan, Z.A. Dewoitine, Cornebarrieu, www.le-relais-paysan.fr
www.plantezcheznous.com © DR
Le Recantou © S. M.
6 Si bon, si proche
Amis locavores, c’est ici qu’il faut se fournir pour limiter votre empreinte carbone. À Ferme Attitude, ce n’est pas tant le bio qui domine, mais le produit de saison. « L’hiver, on ne vend pas de tomates, mais des courges et des carottes », précise Muriel Porry à l’initiative du projet. Vous êtes prévenus. L’accent est donc mis sur des producteurs de la région (viande, fromage, fruits et légumes, conserves, vins et bières) « situés au maximum à 250 km » souligne la gérante. En « presque voisins », les producteurs se présentent d’ailleurs régulièrement (au moins une fois par mois), pour des rencontres avec le consommateur. Ferme Attitude, 23 rue d’Astorg, Toulouse, 05 34 33 51 55, www.fermeattitude.com
7 Au pays de Candie
La mairie de Toulouse a son vin et il porte l’appellation « vin du Pays du Comté Tolosan ». Pas étonnant qu’à l’Oustal de Candie, on en déniche quelques bouteilles, puisque cette boutique est installée sur le domaine viticole de Candie, propriété de la ville. Créé il y a une douzaine d’années par une poignée de producteurs qui voulait vendre sans intermédiaire, ce lieu n’affiche pas qu’un profil « caviste » mais regroupe plus de 70 producteurs bio et/ou locaux. Au menu : viande, laitages et autres fruits et légumes. Restant dans l’esprit terroir, la violette est aussi mise à l’honneur. L’Oustal de Candie, 17 chemin de la Saudrune, Toulouse, 05 61 07 25 40
8 Tout nouveau tout bio
Inauguré en novembre dernier, l’épicerie Le Recantou s’est installée à deux pas de la rue Gabriel-Péri dans une boutique de plus de 100 m2 pour vendre en direct les trésors de la quarantaine de producteurs que compte aujourd’hui la coopérative. Le fromage, la viande, les conserves, le vin et la bière sont issus de l’agriculture biologique à près de 90 % et la quasi-totalité des agriculteurs travaille à moins de 100 km de Toulouse. On vous conseille la soupe à la courgette ou le pot de yaourt à la vanille. Des ateliers-débats et des concerts sont organisés par l’association l’APRES, notamment autour des enjeux de la relocalisation de l’économie. Le Recantou, 42 rue des Sept-Troubadours, Toulouse, 05 6115 59 97, l.apres.over-blog.com
Le Relais Paysan © S. M.
Les Pavillons Sauvages © DR
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échappée belle échappée belle
Café du Musée d’Art Contemporain, le MSU.
Expo « Socialisme et Modernité » au MSU.
Zagreb,
vibrations artistiques Elle figure rarement sur les programmes des touristes, trop pressés de rejoindre la côte dalmate et ses îles paradisiaques. Pourtant Zagreb bouillonne. Un nouveau musée d’art contemporain, un street-art qui se développe, des designers qui se structurent, la ville offre un visage arty et vivifiant. Pas si loin de l’esprit berlinois. Texte et photos Stéphanie Pichon
A
u promeneur français, habitué aux rues de centre-ville tortueuses, la ville basse de Zagreb paraîtra forcément trop vide, monumentale. Un urbanisme qu’il ne manquera pas de qualifier de « soviétique ». Erreur. Le centre de la capitale croate, comme celui d’autres villes de l’Est de l’Europe, remonte plutôt à la fin du XIXe siècle, du temps où la Croatie faisait partie de l’empire austro-hongrois, où la gare déversait des voyageurs descendant du mythique Orient-Express, sur la route d’Istanbul. La ville basse, organisée en forme de « fer à cheval », a gardé ainsi un charme Art Nouveau dont les traces se découvrent dans les passages et coupoles du centre-ville, et le décorum des grands hôtels. On comprend que l’arrivée depuis la gare devait ravir ces voyageurs first class. Passé le hall d’arrivée, s’étale la place Tomislav et sa statue du premier roi croate, avec pour horizon la Maison
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des arts et une pelouse à perte de vue devant laquelle le tramway vous cueille. La Yougoslavie de Tito a quelque peu tari le flot d’Occidentaux en mal d’Orient, mais on en connaît qui, dans les années 70, sur la route de l’Orient peace and love, s’arrêtaient là plus longtemps que prévu, charmés par l’esprit libertaire de la jeunesse des sixties qui à Zagreb comme ailleurs, s’exprimait artistiquement et refaisait le monde dans les cafés enfumés. Aujourd’hui la clope, c’est dehors. Mais la capitale semble avoir retrouvé un esprit bouillonnant et frondeur après les années de guerre et de déchirement. Au récent Musée d’art contemporain (inauguré en 2009), la très complète exposition Socialisme et modernité : art, culture et politique 1950-2011, offre un regard curieux et décalé sur la destinée artistique du pays, des années d’après-guerre placées sous le signe des architectes et designers influencés par le Bauhaus, au pop art agitateur des années 70. Pas d’Ostalgie ici, - malgré la bouteille de
coca yougo, le Cockta, offerte à l’entrée de l’expo -, plutôt une envie de ne pas couper les ponts avec l’ex-Yougoslavie, et de tracer une histoire continue des arts. Devant ce grand vaisseau de verre conçu par Ivan Franić, de l’autre côté de la Save, la banlieue s’étale, morne, un brin commerciale. Mais ce serait dommage de passer à côté d’un bâtiment audacieux et d’une collection parfaitement mise en scène. En repartant dans les wagons bleus caractéristiques de la ville (Zagreb possède le plus vieux tramway du monde), on découvre le long de la voie ferrée le Street Art museum, ou 450 m de fresques à ciel ouvert, sans horaires d’ouverture, ni commissaire d’expo. L’initiative remonte à 2010, née de l’envie de fédérer les artistes de rue croates (Zets, Miron Milić ou Oko), et d’étendre leur territoire artistique. Mais le plus récent des projets, le plus impressionnant aussi, c’est le Lauba. Un musée privé, premier du genre, qui vient d’ouvrir à l’autre
Collection permanente du MSU.
Trabant old school.
bout de Zagreb dans une ancienne écurie des chevaux de l’armée austro-hongroise. Noire, la façade, aussi sombre que l’intérieur semble vaste et lumineux. C’est samedi, des enfants courent entre les œuvres, sans se soucier du bruit. Ici ne sont exposés que des artistes contemporains croates, issus de la collection privée Filip Trade, la plus importante de Croatie. « Nous voulions un lieu qui ne soit pas un musée traditionnel », explique Mina, une jeune artiste-stagiaire qui s’excuse presque de vous faire payer l’entrée. Ici les artistes sont aux commandes, libres de créer, organiser des soirées, des concerts. Dans un recoin, le Magasin des métaphores, érigé pour un mois par Petikat, une petite maison d’édition indépendante créée par un duo d’artistes Stanislav Habjan et Danijel Žeželj. « Installer ce magasin à Lauba, c’était littéralement placer notre atelier dans le contexte de la scène croate contemporaine, qui ne manque pas d’humour et de sens de
À l’extérieur du Lauba.
Le HDD, galerie de la Société des Designers Croates.
l’absurde », explique Stanislav. On resterait bien là, à feuilleter leurs beaux romans graphiques, leurs livres photos, et leurs affiches décalées, invité par Stanislav à goûter les oranges confites de sa grand-mère et la gnole qui va avec… Mais, avec notre ticket du Lauba, on a droit à une réduction pour le Musée des cœurs brisés, panthéon des objets de la rupture amoureuse, devenu depuis sa création en 2009 un must touristique, dans la partie haute de la ville. L’occasion de vérifier qu’à Captol et Gradec, les deux collines de l’époque médiévale, les bâtiments officiels sont plus nombreux que les habitants. Tout de même, on aime y traîner pour la vue sur la ville et le charme de l’ancien. Les étudiants s’y retrouvent à la nuit tombée, arpentant les bars lounge de la rue Tatskiva. Nous, on préférera redescendre dans la ville basse, où les cafés arty se cachent dans les cours intérieures, et la bière Ožujsko se déguste à la bouteille, comme il se doit.
Pourquoi y aller ? • Pour le plus court funiculaire du monde qui permet en 55 secondes de s’offrir un voyage express (le temps d’un baiser ?) sur les hauteurs de la ville. • Pour ne pas faire comme sa mère ou ses collègues, qui préfèrent filer direct sur la côte méditerranéenne et les îles. • Pour redescendre du Musée d’art contemporain par le toboggan de Carsten Höller. • Pour les dizaines de stands de fromages frais et de crème aigre du marché de Dolac, qu’on déguste ensuite à la terrasse d’un café. •P our faire don de la compil’ préférée de son ex au Musée des cœurs brisés. •P our guetter l’allumeur de réverbères à la tombée de la nuit, qui continue de faire sa tournée manuellement des 136 réverbères de la ville haute. •P our le plaisir de payer en « kuna », jolies pièces à l’effigie d’oiseaux et poissons.
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échappée belle
sortir
Archi cosy
Tapisserie vintage, décor zinc et bois, et mur de livres d’architecture, le Kôta est le repaire des artistes et intellectuels de la ville. Une grande blonde platine au visage de poupée vous prend la commande. Ici on aime la carte des vins et l’ambiance chaleureuse, les soirées concert et le coin librairie. Pour les jours glacés, un poêle en fonte donne l’impression d’arriver dans un refuge. Impossible de parler de la nuit à Zagreb, sans passer dans la rue Tkalciceva, noire de monde à la nuit tombée, au pied de Gradec. Les cafés et terrasses qui s’y succèdent, ont pour beaucoup érigé le lounge et la musique FM comme recette unique. Heureusement, le Art Café Cica semble échapper à la standardisation. La déco, faite de récup’ et de détournement d’objets, transforme une planche à repasser en comptoir, un mannequin en pied de table. Dans ce bric-à-brac coloré, le public se mélange, autour d’eaux-de-vie et de liqueurs maison (« rakija » en croate). Kôta Bar, Meduliceva 20, +385 1 48 46 868, www.kotabar.hr Art Cafe Cica, Tkalciceva 18
28 • Spirit le Caractère Urbain
où manger
Mise en « Apetit »
En Croatie, il y a deux influences en cuisine : celle de l’est, à base d’escalopes de veau, de gibier et de pommes de terre. Et l’italienne, celle des poissons, des calamars juste grillés, des risottos crémeux et des aubergines marinées. Le restaurant Apetit penche de ce côté-là. En plein centre, au fond d’une ruelle étroite, il offre une enclave baignée de lumière dans un décor de loft aux murs bruts. La carte concoctée par le tout nouveau chef italien chante joliment : on conseille la morue à la croate, ou les penne aux petites crevettes accompagnées de vins locaux piochés dans la longue liste. Pour une ambiance plus authentique, on filera sur la place du marché de Dolac, en fin de matinée. Au Amfora, vieux café du temps de Tito, c’est toujours plein, et la table se partage à coups de sardines grillées, risotto noir ou poisson du jour. Tôt le matin aussi, lorsque les fêtards se joignent aux premiers maraîchers. De l’autre côté du marché, on peut se laisser aller à un menu plus riche en protéines, et plus épicé sur la note, au Kerempuh, institution locale au cadre rustique. Restaurant Apetit, Masarykova 18, + 385 1 48 11 077, www.apetit.hr Amfora, Dolac 2, + 385 1 4816455 Kerempuh, Kaptol 6, + 385 1 4819000, www.kerempuh.hr
shopping
où dormir
Comme au temps de l’Orient-Express
Zagreb fut longtemps sur la route de l’Orient-Express. Pas étonnant qu’à deux pas de la gare se trouvent les plus beaux hôtels Art Déco de la ville. Le must : le Regent Esplanade. Un mastodonte que l’on repère de loin. Suites, et chambres sont meublées exclusivement Art Déco. Ici, on rentre dans la catégorie cinq étoiles, ça brille et c’est moelleux sous la semelle. Moins impressionnant, mais plus intime, le Palace Hôtel dresse sa façade début de siècle près du beau parc Zrinjevac et son kiosque à musique. Il fut le premier vrai hôtel de la ville, en 1907. Si on aime le café rétro sur rue et la magnifique coupole fleurie du hall d’entrée (photo), c’est la salle de petit déjeuner qui vaut le détour. Un brin monumentale, comme on les aime à l’Est, avec des peintures sur verre à donner le torticolis devant le café du matin. Plus contemporain, le President Pantovćak a été créé en même temps qu’une boutique de design par un architecte de Zagreb. Ambiance épurée et colorée, mêlant mobilier contemporain et pièces d’antiquaire, à deux pas de la place Britanski. Palace Hotel, Trg J.J. Strossmayera 10, +385 1 4899 60, www.palace.hr Regent Esplanade Zagreb, Mihanoviceva 1, +385 1 456 6000, www.regenthotels.com Hotel President Pantovćak, Pantovćak 52, +385 1 48 81 480, www.president-zagreb.com
Femme à lunettes
Quand elle se lance il y a dix ans dans la création de lunettes, la designeuse Anamarija Brkić est la première en Croatie. Aujourd’hui sa marque A’Marie a enrichi sa collection de vêtements. Sa boutique de Zagreb, joliment décorée des lettres de son nom géantes, joue les vitrines d’une des créatrices les plus renommées du moment. Les robes moirées, les vêtements géométriques aux tissus bruts (laine, soie) côtoient des lunettes de soleil colorées, des ceintures bijoux, et des pendentifs multicolores. I-Gle, c’est l’autre marque zagreboise culte créée par le duo Martina Vrdoljak Ranilović and Nataša Mihaljćiši en 1997, où règne une certaine idée de l’élégance décontractée. I-Gle, Dežmanov prolaz 4, www.i-gle.com A’Marie, Gunduliceva 19, www.amarie-fashion.com
pause café
P’tit noir et palabres
S’il y a une chose sacrée à Zagreb, c’est le café. Ou du moins l’art de le déguster entre amis, en famille, à toute heure de la journée, et surtout… que ça s’éternise. « À la turque plus qu’à l’italienne », me précise-t-on. La ville regorge ainsi de vieilles brasseries à la mode viennoise, parmi lesquels le café de l’hôtel Dubrovnik sur la place Jelaćić. Plus arty, le Eliscaffe, qui produit son propre café, a pour devise « simplement luxueux ». C’est dire qu’on était exigeant. Pas de déception au comptoir rouge laqué, le café serré du Kenya fait mouche. Dans l’antre minuscule et design, ça parle haut et fort, tout le monde semble se connaître, parfois un petit verre de gnole circule. Juste en face, l’artiste et fleuriste Saša Šekoranja est connu dans toute la ville pour ses bouquets très contemporains. On peut pousser jusqu’à son café-galerie, le Velvet, à quelques enjambées de là. Y est servi le café torréfié par Ellis mais aussi des jus de fruits frais, des pâtisseries, du vin et des soupes. Décor fleuri bien sûr, sur carrelage noir et blanc et miroirs géants. Eliscaffe, Ilica 63, +385 91 4555 608, www.eliscaffe.com Velvet, Dežmanova Ulica 9, +385 14846743 Hotel Dubrovnik, www.hotel-dubrovnik.h
art life
marché
Rupture, mode d’emploi
Il aurait pu s’agir d’une simple histoire d’amour qui finit mal. Olinka Vištica et Dražen Grubišić ont décidé de transformer leur échec amoureux en happening artistique. Exposant les objets symboliques de leur rupture, ils ont créé le début du Musée des cœurs brisés. Depuis, la collection s’est enrichie de pièces venues du monde entier. Comme une sorte de mausolée amoureux, qui raconterait en objets et en textes les histoires déçues d’amants de Zagreb ou d’ailleurs. Toujours dans la ville haute, dans un ancien couvent jésuite, la galerie Klovićevi dvori, offre une vitrine aux grands artistes croates. En ce moment on y découvre une rétrospective du photographe Petar Dabac. Museum of Broken Relationships, ćirilometodska 2, +345 1 48 51 021, brokenships.com Galerie Klovićevi dvori, Jezuitski trg 4, +385 1 48 51 926, www.galerijaklovic.hr
Le ventre de Zagreb
Dolac, une place, et un marché sept jours sur sept qui fait battre le cœur des habitants et bouillir leur marmite. Ce n’est pas pour rien qu’on l’appelle « le ventre de Zagreb ». Il faut voir les producteurs de Slavonie et les paysannes des environs s’installer sur les étals en bois et sous les parasols rouges. Dolac, c’est une organisation à plusieurs strates. Au dehors, avec pour décor les deux clochers de la cathédrale, les producteurs venus des environs avec fruits, légumes ou fromages. Sous une halle rénovée, le marché au poisson, pêché dans l’Adriatique. Au sous-sol, les bouchers, les fromagers, les marchands de saucisse et de choucroute. Pas besoin d’avoir l’étiquette bio pour nous convaincre qu’ici les produits ont du goût. Marché de Dolac, à Kaptol, tous les jours jusqu’à 13h30
le Caractère Urbain Spirit • 29
Cahier CULTURE
Festival Des Migrations (page 42) - The Venus Š Photolosa
ĂŠcrans P.32 accrochages P.36 entre actes P.40 sono P.44 en famille P.50 chroniques P.52
ÉCRANS
Adepte de « filmer la vie comme elle va », Jean-Henri Meunier aime les histoires qui se construisent naturellement. 32 • Spirit le Caractère Urbain
Six ans après Ici Najac, à vous la terre, Jean-Henri Meunier continue sa balade poétique en terre aveyronnaise. Loufoque, libertaire, réjouissant, Y’a pire ailleurs ressemble à son réalisateur. Propos recueillis par Stéphanie Pichon - Photo Cassandra Da Chicha
Jean-Henri Meunier Ici Toulouse, à vous Najac
N
e demandez pas à Jean-Henri Meunier de vous conter son parcours, du moins pas si vous n’avez qu’une seule page pour votre interview… Cet homme-là a eu mille vies, mais qu’une seule ligne de conduite cinématographique : punk, libre, sans filet. C’était vrai pour ses fictions à l’arrache des années 70 (La Bande du Rex, Aurais dû faire gaffe, le choc est terrible…) ou ses documentaires musicaux (Smoothie, Tout partout partager…). Ça l’est encore pour le troisième volet de sa série documentaire najacoise Y’a pire ailleurs, sur les écrans le 21.03. Gainsbourg, Higelin, Charlélie Couture, Police, Dany Boon, Bernardo Sandoval ont croisé son chemin. Aujourd’hui ce sont ses anciens voisins de Najac, dans l’Aveyron, qu’il côtoie avec le même sens de l’amitié et de la folie joyeuse. Discussion « libre et désordonnée » avec un cinéaste devenu toulousain, qui navigue sans plan de carrière au hasard des rencontres de la vie.
directeur de prod’, et ça a été la guerre. Il aurait fallu faire un film sur le tournage du film ! On se défonçait beaucoup, on a dévalisé une épicerie après une scène de braquage, on a filmé le vrai enterrement de Mesrine avec nos acteurs au milieu. Conclusion, j’ai été blacklisté… Je n’ai plus tourné pendant neuf ans.
Vous êtes entré en cinéma en 1972 avec L’Adieu Nu, avec Michael Lonsdale et Maria Casarès. Comment un gars de la banlieue lyonnaise, fils d’ouvriers, se retrouve à 25 ans à Paris derrière la caméra ? Je faisais de la photo en autodidacte, et j’ai eu une bourse d’une fondation pour exposer à Paris. Henri Langlois, le fondateur de la Cinémathèque française, a aimé mon travail et l’a exposé. Il m’a fait découvrir le cinéma, et j’ai eu envie de faire un film, une sorte de poème fictionné au scénario pas très abouti. On avait 4 000 francs de budget. Il a été montré à Cannes en 1976, dans la sélection de la Cinémathèque. Ça m’a permis d’en faire un deuxième.
Votre méthode, c’est de filmer la vie comme elle va ? Les trois films sont libres et désordonnés. Il n’y a pas d’ordre chronologique. Ce sont des films sur l’émotion, les personnages, des instants de poésie. Tout se fait très naturellement. Les gens que je filme sont mes amis, ils vivent leur vie, moi je parle très peu, même si je les coupe beaucoup en tournant, en pensant au montage. Les gens sont épatés quand je dis qu’il y a 500 heures de rush. Mais qu’est-ce que ça représente sur 10 ans ? La scène comme celle où Arnaud [le chef de gare, ndlr] mange son Paris-Brest, c’est un plan séquence, qui dure le temps du tournage, quatre minutes, pas plus, pas moins. Par contre la scène du cochon, ça prend la journée !
C’est aussi simple que ça ? D’où je venais, le cinéma c’était un moyen d’échapper à l’usine, au triste destin de la banlieue lyonnaise. C’était le pied, mais ce n’était pas vital. Aurais dû faire gaffe, le choc est terrible, a été tourné à l’arrache, en braquant la pellicule, et squattant le matos. Je suis allé frapper chez Gainsbourg qui a accepté de faire trente minutes de musique originale pour pas un rond. Il m’a dit « t’inquiète, c’est Emmanuelle qui paiera ». À l’époque, il faisait la musique d’Emmanuelle 2 !
Y’a pire ailleurs de Jean-Henri Meunier, sortie le 21.03
En 1975, vous tournez La Bande du Rex, avec Jacques Higelin, qui sera votre dernier film de fiction. C’était mon premier film avec une vraie production et un budget. Je n’avais jamais travaillé comme ça. Au bout de huit jours, on a viré le
Votre arrivée à Najac en 1994, c’était une mise en vert ? Oui, c’est exactement ça. À 50 mètres de chez nous, vivait un vieux monsieur, le mécano, Henri Sauzeau, qui est devenu mon pote. Puis j’ai rencontré les autres et j’ai eu envie de les filmer. Dans les trois films, La vie Comme elle va (2004), Ici Najac à vous la terre (2006), et Y’a pire ailleurs, on retrouve les mêmes personnages. Ont-ils évolué devant la caméra, et perdu un peu de la spontanéité des débuts ? Non, iIs sont vraiment comme ça aussi dans la vie, et ce n’est pas le cinéma qui va les changer.
Quand vous avez commencé à tourner, vous aviez imaginé faire trois films ? Non, du tout ! Au mieux un road-movie ! J’ai commencé par tourner. Puis on a monté à la
façon d’un puzzle, en ayant les pièces, mais en ne sachant pas à quoi ça ressemblerait au final. L’argent, je ne l’ai cherché qu’après. Ça me laisse une liberté totale, personne n’intervient sur le contenu, jamais. Finalement, mon meilleur coproducteur, c’est Pôle Emploi ! Le système de l’intermittence, c’est une chance unique. L’arrivée du numérique a aussi permis à des gens comme moi, de faire un film avec une cassette, une caméra et un ordi. L’argentique, c’est magnifique, mais ça a un coût. Finalement, le public se fout de la technique utilisée, ce qui l’intéresse, ce sont les personnages. Ces figures ont un point commun, celui de vivre en marge d’un certain modèle social, il y a comme une part de résistance en eux. Et de poésie. Ce sont des gens qui vivent libres et heureux de l’être. Ils ont choisi leur mode de vie, consciemment ou inconsciemment. S’ils s’en sortent si bien, c’est parce que ce ne sont pas des surconsommateurs. Vaut mieux vivre avec le RSA à Najac, qu’avec 3 000 euros à Paris. Y’a Pire ailleurs semble moins joyeux que les deux autres, il s’ouvre sur les attentats du 11 septembre et se termine par la mort d’un des personnages… Vous l’avez voulu ainsi ? Cette mort fait partie de la vie, ce n’est pas triste. Pour moi, c’est surtout un film sur l’amitié. Il y a beaucoup de scènes à deux ou à trois. Il est plus bricolé, plus brut que les autres. Le premier était ludique, poétique, planant. Le deuxième plus engagé, porté sur la parole. Y aura-t-il une suite ? Je ne sais pas. J’ai tourné encore il y a peu. Il faut voir ce qui se passe avec les gens. Dans Y’a pire ailleurs, Christian Lombard est tombé amoureux, ça a duré un an et demi et ça s’est arrêté. Là, je lui ai dit : tu trouves une fille, tu te maries, et on ouvre le prochain film avec le mariage !
Les gens que je filme sont mes amis,
ils vivent leur vie, moi je parle très peu, même si je les coupe beaucoup en pensant au montage. le Caractère Urbain Spirit • 33
ÉCRANS
En sens interdit Six ans de prison pour avoir tourné un film. C’est la condamnation qui frappe le réalisateur iranien Jafar Panahi depuis 2010, assortie d’une interdiction d’exercer son métier de 20 ans. Paradoxalement, la censure d’État a donné un coup de fouet au cinéma perse : hors de l’Iran, les films de Jafar Panahi n’ont jamais été autant visibles. Cette affaire aurait pu être le point de départ du festival Zoom Arrière : films interdits qui, pendant dix jours, explorera la censure sous toutes ses coutures, du cinéma porno aux œuvres pionnières. Bien que cette 6e édition se consacre en partie au cinéma iranien, le choix de cette thématique est plus complexe pour Natacha Laurent, directrice de la Cinémathèque : « La censure est une dimension très importante du cinéma. Elle fait partie de son histoire. La question n’est donc pas uniquement contemporaine ». Question censure d’État, la France, terre de liberté et d’égalité, n’a pas toujours été le bon exemple. Pour preuve, les films sur la Guerre d’Algérie (Octobre à Paris, La bataille d’Alger, R.A.S....). Que dire aussi de La Grande Illusion, chefd’œuvre de Jean Renoir, interdit en France dès 1940 ainsi qu’en Allemagne, que Goebbels désignera comme « l’ennemi cinématographique numéro 1 ». Minutieusement restauré à partir du négatif nitrate en possession de la Cinémathèque de Toulouse depuis les années 80, le film ressort dans une copie numérique à l’occasion du festival, où l’on pourra revoir un autre monument, Metropolis, dans une version complète et agrémentée d’une exposition événement à l’espace EDF-Bazacle. \ Baptiste Ostré \ Zoom Arrière, Cinémathèque, ABC, UGC, Casino Théâtre Barrière... www.lacinemathequedetoulouse.com
Derniers jours à Versailles Juillet 1789. La Bastille vient d’être prise à Paris par le peuple. À quelques kilomètres de là, à Versailles, on en perçoit déjà l’écho. La panique gagne le château et les appartements de la reine. Aveuglée par Marie-Antoinette, Sidonie, sa lectrice personnelle, se refuse pourtant à croire que son monde s’écroule. Les adieux à la reine suit la jeune femme pendant trois jours, qui s’avèrent de plus en plus cataclysmiques. Le film de Benoît Jacquot partage avec le MarieAntoinette de Sofia Coppola la même jeunesse, la même fougue, mais dans une ambiance de fête qui tourne mal. Après l’ivresse, la gueule de bois. Plus Sidonie titube dans les couloirs et passages du palais royal, plus la mise en scène rechigne à se lire comme un ouvrage d’histoire, tant ce qui se joue pendant ces heures écrit un monde dont on ne sait encore rien. Jacquot filme d’autant plus pertinemment la fuite en avant de l’Ancien Régime qu’il rappelle que celui d’aujourd’hui fait de nouveau face à une révolte qui gronde. \ Alex Masson \
© Kris Dewitte - Diaphana
Sortie le 21.03
Chronique d’une lâcheté ordinaire Une nuit au Havre, une femme meurt assassinée sous les fenêtres d’un grand immeuble. Les riverains ont-ils vu quelque chose ? Si oui, pourquoi n’ont-ils pas réagi ? Depuis sa trilogie (Un couple épatant, Cavale, Après la vie) on sait que Lucas Belvaux est un cinéaste piqué de morale. Avec 38 témoins, il interroge celle de la lâcheté ordinaire, au travers d’un couple qui ne va pas résister devant l’horrible fait-divers. Reste que le cinéaste ne sait pas trancher entre son étude sociologique contemporaine et ce récit plus intime. La seconde partie, sur le rôle complexe de la justice aujourd’hui, passionne et impressionne ; la première consacrée au couple, beaucoup moins. Jusqu’à laisser penser qu’il y a peut-être deux témoins de trop dans ce film néanmoins riche en débats pertinents. \ A. M. \ 38 témoins de Lucas Belvaux avec Yvan Attal, Sophie Quinton, Nicole Garcia
Les adieux à la Reine de Benoit Jacquot avec Léa Seydoux, Diane Kruger, Virginie Ledoyen
© Carole Bethuel - Ad Vitam
Sortie le 14.03
télex Entre les Bras. Michel Bras, le chef aux trois étoiles de l’Aubrac, passe la main à son fils, Sébastien. Dans ce documentaire signé Paul Lacoste il est question de la transmission d’une œuvre et de la confrontation des générations. Dès le 14.03 à l’Utopia. Séquence Court-Métrage. Le festival de courts lance sa deuxième pré-sélection en mars. Au public de choisir entre six films ceux qui participeront au festival en novembre prochain. Projections du 16 au 23.03 à l’ABC, Auterive, Foix, Ramonville, Lavaur et Grenade.
34 • Spirit le Caractère Urbain
Au feu les pompiers de Milos Forman © DR
Du 6 au 17.03
art et essai
CinÉlatino - festival
Le 19 août dernier, Raul Ruiz, cinéaste aux 117 films, s’éteignait à Paris. Douloureuse nouvelle pour le festival Rencontres Cinéma d’Amérique Latine (devenu Cinélatino). Le Franco-chilien avait été mis à l’honneur par le festival toulousain à deux reprises. La troisième est donc posthume, et l’occasion d’un « retour au Chili » avec des films récents (Dias de campo) mais aussi son tout premier court (La maleta). La connexion franco-chilienne rappellera également aux moins jeunes les fameuses séances de minuit avec un hommage à Alejandro Jodorowsky, génial frappadingue à l’œuvre mystique et protéiforme (ciné, bd, romans...). Par ailleurs, cette 24e édition fera aussi le point sur un cinéma uruguayen fort discret. Sa production a récemment augmenté et atteint désormais... cinq films par an ! Une croissance certes maigre mais bien réelle, dans laquelle on peut voir l’influence du voisin argentin, bien représenté lui aussi par la réalisatrice Albertina Carri et le comédien Esteban Lamothe. \ Baptiste Ostré \ Du 23.03 au 1.04, ABC, Utopia, Gaumont-Wilson, Cratère, Cinémathèque de Toulouse, www.cinelatino.com.fr
Traverse Vidéo - festival
Souvent regardé de travers, le cinéma expérimental a rarement droit à une vitrine à sa hauteur. Le réduire à sa notion d’élitisme est loin de lui rendre justice. Ce serait oublier que certains cinéastes « traditionnels » en sont issus (Steve McQueen, réalisateur de Hunger et Shame) quand d’autres, comme Kubrick, s’en sont inspirés. « Faut voir », le thème de cette 15e édition de Traverse Vidéo est d’ailleurs éminemment kubrickien. L’auteur de 2001... n’était-il pas le cinéaste du regard – voire celui qui nous « apprend à regarder » comme le note Philippe Fraisse dans une passionnante analyse, Le cinéma au bord du monde ? Une soixantaine d’artistes, reconnus ou émergents, pourront donc exprimer et confronter leurs points de vue, occasion de rétablir la balance en faveur d’un art à la marge de tout un système. \ B. O. \ Du 7 au 24.03, Lycée des Arènes, Goethe-Institut, Esav, Le Cratère…, www.traverse-video.org`
La ruée vers l’or - Ciné-concert
Étrangement, la Cinémathèque programme ce ciné-concert dans le cadre de son Zoom Arrière sur les films interdits. Chaplin devra pourtant attendre Le Dictateur pour être frappé de censure, mais qu’importe, on ne boudera pas le plaisir d’entendre la Philarmonie de Toulouse sur les images de La ruée vers l’or, autrefois élu 2e meilleur film de tous les temps, derrière Le cuirassé Potemkine (aussi en projo le 16.03 au Phare). \ B. O. \ Le 13.03, 20h30, Casino Théâtre Barrière, 05 61 33 37 77
Ulysse, souviens-toi ! - Guy Maddin - 2012
© Buffalo Gal PIctures
Il y a quelques années, l’acteur Jason Patric se plaignait que le cinéma n’ait plus rien d’excitant à fournir (le pauvre venait de se farcir Speed 2). Sa rencontre avec Guy Maddin a du le rassurer. En grande forme, il confronte films de gangster et de maison hantée à son style halluciné, dans un noir et blanc onirique au montage audacieux. S’il semble de prime abord engagé sur des sentiers inhabituels, le Canadien ne tarde pas à faire dérailler le cours du film, rejoignant les préoccupations personnelles de Winnipeg, mon amour, précédent film au charme vénéneux. Bonne nouvelle : Ulysse, souviens-toi ! comble l’actuel silence radio de David Lynch. Pas moins. \ B. O. \ Dès le 21.03 à l’Utopia Toulouse
Ulysse
Vincent Fortemps © Ida Jakobs
ACCROCHAGES
Gravures retentissantes Le monde de la bande dessinée est peuplé de loups solitaires. Le dessinateur Vincent Fortemps, préfère plutôt avancer en meute, de préférence pluridisciplinaire, louvoyant sans complexe entre BD, musique, art contemporain et spectacle vivant. Démonstration au Théâtre Garonne. Par Sébastien Iwansson
S
ous les assauts destructeurs de son crayon, la toile est mise à mal. De ces raclures émergent des ombres, des silhouettes, des paysages bouleversants. « Vincent Fortemps a une approche du dessin très physique, à la limite de la performance », analyse Stéphane Boitel, l’un des programmateurs artistiques du Théâtre Garonne. « Ma manière de créer a un côté primitif, réplique le dessinateur belge installé dans les Pyrénées-Orientales. Mes images et mes sculptures sont comme des débris, des empreintes éprouvées par le temps ». D’où émergent, à partir du vide, son imaginaire enfoui, sa narration éclopée. « Mon support favorise la sédimentation. Je dessine sur des feuilles de plastique transparentes qui me permettent de travailler l’image. J’efface, je bousille, et il reste
36 • Spirit le Caractère Urbain
toujours quelque chose derrière. C’est tout un parcours qui se raconte ». Constituée de vitraux, de sculptures et de dessins, la grande installation éclectique hébergée par le Garonne, est également le fruit d’une collaboration avec le maître verrier Jean-Dominique Fleury, installé dans le quartier Saint-Cyprien. Avec cette technique si particulière, les dessins de Fortemps, habituellement éphémères, ont trouvé un ancrage plus durable.
Dessin on the rock « Le dessin comme la musique m’ont donné beaucoup de liberté, ils sont un moyen de sortir de la réalité ». Fortemps n’imagine pas son travail sans musique. L’exposition accueillera donc deux concerts-performances, en collaboration avec l’association La Chatte à la Voisine.
Le vernissage se fera avec le Trio Hoye, pour un concert escorté par les dessins vivants de Vincent Fortemps et les créations d’un tailleur de pierres. « Avec le Trio Hoye, je crois avoir enfin trouvé l’instrument de musique qui me correspond : une table à dessin et des outils à utiliser sur scène ». Ce musicien silencieux, qui performe régulièrement sous le nom de Putan Club avec son ami François Cambuzat, chanteur-guitariste de l’excellent groupe francoitalien l’Enfance Rouge, a aussi invité le 24 mars Lydia Lunch. Poétesse de l’extrême, icône punk new yorkaise, sa voix éructe des textes spontanés avec un sens de l’urgence qui parle aux tripes. Entre les deux performers, elle donnera toute la mesure de la musicalité des dessins de Fortemps, consolidant la passerelle qu’il s’efforce de dresser entre les genres.
Du 14 au 31.03, vernissage le 14.03, 19h, avec le Trio Hoye Le 24.03, 20h30, Lydia Lunch’s Putan Club, 13/15 € Théâtre Garonne, 1 av. du Château d’eau, entrée libre, 05 62 48 54 77, theatregaronne.com
le Caractère Urbain Spirit • 37
ACCROCHAGES
« Le réaliste, s’il est artiste, cherchera, non pas à nous donner une photographie banale de la vie, mais à nous donner une vision plus complète, saisissante, probable que la réalité même ». C’est ainsi que Guy de Maupassant s’exprimait dans la préface de Pierre et Jean. À la manière des grands romanciers naturalistes, Hortense Soichet s’invite chez les autres et passe leurs tanières au scanner. Artiste résidente du centre de photographie de Lectoure, elle pose au printemps ses images en deux perchoirs toulousains, le centre d’art de Muret et à l’espace Fondation Écureuil. Des chaumières de la Goutte d’Or à Paris, aux grands bourgs de la Haute-Garonne (Muret, Saint-Gaudens et canton du Fousseret) la photographe explore le « chez-soi », et plonge le visiteur dans cette intimité figée où l’homme disparaît au profit de ce qui compose son habitation. Restent les légendes visuelles ou sonores, comme autant de préfaces nécessaires pour lire ses mosaïques d’images. Des trottoirs pauvres de Barbès, aux pavillons occitans d’un milieu « rurbain », le regard de l’artiste scrute le détail, comme une indication précise, reflet des mécanismes ordinaires qui font et défont la diversité et la mixité sociale. Après Banalités et Bloom, les propositions visuelles d’Hortense Soichet s’inscrivent dans le questionnement de la Fondation Écureuil sur l’objet. Avec elle, la question semble être : comment prend-on possession de l’espace vital ? Qu’est-ce que nous y accumulons ? Dis-moi comment tu vis, je te dirai qui tu es… \ Anaïs Florance \ Du 8.03 au 28.04, Les territoires de l’ordinaire, Fondation Écureuil pour l’art contemporain 3 place du Capitole, entrée libre. Du 15.03 au 26.04, Des habitants : la Haute-Garonne, plateforme d’art de Muret, 1 square des combattants d’AFN, entrée libre
Béton et herbes folles © Bruno Taut - Britz Wagner
Un terrain vague, un parc, un rond-point : quelle place nos villes laissentelles à la nature ? La frontière entre espace urbain et campagne sert de fil rouge à l’édition 2012 de Cheminements, organisé par le Centre de photographie de Lectoure. Pour la première salve d’exposition à l’Espace Croix-Baragnon, deux photographes défrichent « Le goût de la nature ». L’Allemande Beatrix Von Conta scrute sans nostalgie, et d’un œil critique, la place laissée à la nature en ville dans cinq séries photographiques au ton faussement neutre. Quant à la jeune Toulousaine Charline Lacau, elle préfère laisser traîner son objectif dans les grandes métropoles à la recherche de lieux insolites où la végétation prend le pas sur l’architecture. Cheminements se poursuivra en avril, dans le Gers cette fois-ci. \ Gabriel Loridon \ Du 6.03 au 28.04, Espace Croix-Baragnon, entrée libre, 05 62 27 61 62
Comment rester créatif lorsque l’économie est à l’agonie ? Dans le Berlin des années 20, l’architecte Bruno Taut est las de voir ses projets les plus audacieux demeurer des œuvres de papier. Il troque alors les aspirations expressionnistes de ses débuts pour une approche plus pragmatique. Avec peu de moyens et le souci du détail, il réforme l’habitat notamment en mettant les espaces extérieurs à leur juste place. Malgré l’atmosphère particulièrement âpre de l’après-guerre allemand, l’architecte se démarque des « modernes » tels Le Corbusier ou Walter Gropius par son penchant unique pour la couleur. « La couleur, c’est la joie de vivre » clamait-il. Comme l’explique Winfried Brenne, archiecte berlinois, commissaire de l’exposition présentée au Centre méridional de l’architecture et de la ville et restaurateur des œuvres de Taut, « chaque couleur a son rôle. Le bleu, par exemple, est une teinte passive, elle élargit le paysage, alors que le noir permet de capter la chaleur ». Le CMAV présente avec pertinence et rythme, les maisons qui attirèrent à Taut les foudres d’une partie de l’opinion et posèrent ce qui sera reconnu plus tard comme les bases d’une certaine vision de l’architecture moderne. \ S. I. \ Jusqu’au 7.04, CMAV, 5 rue Saint-Pantaléon, entrée libre, 05 61 23 30 49, www.cmaville.org
Lac de pêche - Allemagne © Beatrix Von Conta
Berlinocolor
télex Stratégie des espaces. Le BBB joue la mise en abyme en proposant un cycle qui interroge l’espace même d’exposition artistique. Dans cette première séquence (il y en aura d’autres) Claude Cattelain, Jagna Ciuchta & Laurent le Deunff, Sebastian Freytag, Jean-Luc Moulène et Benoît Police, se demandent quel serait l’espace stratégique de l’œuvre. Jusqu’au 7.04. Salon à Fronton. Le club photo de Fronton, actif depuis 40 ans, organise son quatrième salon. Concours, expos et venue de jeunes talents (Sylvain Lagarde, Francis Dubreuil). Du 16 au 18.03, les 24 et 25.03, salle Gérard-Philippe, www.fotograf-a-fronton.fr
38 • Spirit le Caractère Urbain
© Hortense Soichet
Tanières au scanner
© Henri Brauner
ENTRE ACTES
Arrête de faire l’aveugle, regarde le monde ! Compagnie phare des années 90, le Cirque Plume plante son atelier dans la ville rose. Acrobates, jongleurs et musiciens y proposent une variation à coups de pinceaux. C’est en quelque sorte, la version spectacle vivant de « D’art d’art »… Par Karine Chapert
D
éambuler dans les couloirs du Prado et dans les « tuyaux » de Beaubourg, parcourir les vastes salons de la Tate, du Moma ou d’un « MAC » quelque chose, le tout en 1h40 et à moindre frais, ça vous tente ? L’agence de voyage la plus proche pour booker le périple : la Grainerie à Balma où le Cirque Plume fait escale pour une dizaine de dates. Vous voilà prêts à embarquer avec « le danseur trampoline aux pétales rouges », « la jeune fille à la roue », « Tibo tout court aka Oui-Oui » et toute la bande, guides de choix pour ce voyage dans le monde de l’art. L’Atelier du Peintre pose son chevalet à Toulouse. Neuvième et dernier spectacle de la compagnie, il sillonne les routes de France et de Navarre depuis sa création en 2009 à la Grande Halle de la Villette où il a joué trois mois durant, à guichets fermés. Un record que la popularité
40 • Spirit le Caractère Urbain
du Cirque Plume autorise. Petit rappel des faits. Née sous l’impulsion du théâtreux Bernard Kudlak, la troupe a fait les beaux jours de ce qu’on appela dans les années 90, le nouveau cirque. Où d’une part, les arts de la piste ne sont plus envisagés comme une simple succession de numéros mais construisent, bout à bout, un véritable schéma narratif. Et d’autre part, le cirque tel qu’on l’entend avec acrobaties, clowns et jongleries, fraie désormais avec les autres disciplines du spectacle vivant : le théâtre bien sûr mais aussi la musique et la danse.
Coup de pinceau Ambassadeur de ce renouveau artistique, Plic Ploc créé en 2004 aura été joué 398 fois devant 395 000 spectateurs dans le monde entier. Il se pourrait bien que L’Atelier du Peintre prenne le même chemin. Ici le coup de pinceau
a remplacé le beau débit de l’eau. Une quinzaine d’artistes, magnifiques touche-à-tout, entrent dans l’atelier et nous offrent le monde à travers les chefs-d’œuvre de la peinture et de la sculpture. Velázquez, Klimt, Miro, Ingres, Soulages, Courbet – auquel le titre du spectacle emprunte le nom d’une œuvre célèbre – et bien d’autres, côtoient roue allemande, trampoline et trapèze dans un inventaire à la Prévert des plus réussis. Et le dripping de Pollock n’est jamais très loin de l’attaque au paint-ball ! Au-delà du plongeon au cœur des toiles, c’est la beauté des tableaux sur scène qui transportent les spectateurs dans une poésie de l’imaginaire, enveloppée par la partition musicale (et jouée en live) de Robert Miny. « Un spectacle fait par des vivants pour des vivants : il est joyeux, coloré, profond, poétique, sale, brouillon, précis, il est comme la vie ».
L’Atelier du peintre par le Cirque Plume du 14 au 25.03 sous chapiteau chauffé à la Grainerie, tout public (dès 5 ans), à partir de 18 € www.la-grainerie.net
ENTRE ACTES
« Avec le temps, j’ai réalisé […] que je pourrais chercher tous les moyens pour en finir avec ces questions essentielles [d’exil], mais que celles-ci n’en auraient jamais fini avec moi », constate le danseur et chorégraphe Qudus Onikeku (My exile in my head). Des migrations est le titre de la version 2012 de C’est de la danse contemporaine organisée par le CDC. Partir de son pays d’origine pour s’installer dans un autre peut recouvrir des réalités très différentes. Et la danse, mode d’expression de l’indicible, sait en exprimer les blessures. Démonstration éclatante avec la programmation éclectique de la 8e édition de ce festival international qui réunit des pointures d’ici et d’ailleurs : Hela Fatoumi questionnant le port de la burqa, Israel Galvan confronté à la tradition flamenca, ou Raphaëlle Delaunay cherchant l’essence de la culture noire dans l’exploration de la figure de Michael Jackson. Avec la grande Germaine Acogny, par ailleurs marraine du festival Danses et continents noirs, il est question dans Songook Yaakaar d’une Afrique qui répond aux amateurs de clichés. Nelisiwe Xaba revient avec une pièce qu’elle avait déjà présentée ici, Ils me regardent et c’est tout ce qu’ils pensent, qui évoque le drame de celle que l’on appela la Vénus Hottentote. Elle y ajoute un Sakhozi says no to the Venus : et si cette Africaine, morte en 1815, que la France ne voulait lâcher à aucun prix (jusqu’en 2002 !), demandait sa carte de séjour aujourd’hui ? Colère, tristesse, peurs, dérision, le patchwork de ressentis déployé par ces artistes vient titiller notre sensibilité hexagonale. \ Valérie Lassus \ Du 16 au 30.03, au CDC et ailleurs, 8 à 28 € (hors tarifs réduits et pass), 05 61 59 98 78, programmation complète sur www.cdctoulouse.com
Bêtises de Cambrai
Do I Need A Coach - Anne Lefevre © Gilles Vidal
Complet-vestons, pupitres et partitions, bonnets en dentelles, le tout servi par lot de deux et pour une heure de fou rire garanti. Les sieurs Jérôme Deschamps et Michel Fau dissèquent les petites bassesses et les grandes faiblesses de la comédie humaine, celles des pièces courtes d’un Courteline servi aux petits oignons. Le co-auteur de la série canal-culte Les Deschiens remet le couvert. En 2006, il était déjà aux manettes de Vingt-six de Courteline, puis Les Boulingrin en 2010. Guest-star de choix, Michel Fau fait ici un merveilleux duettiste. À eux l’ironie douce-amère des short-cuts qui mettent en scène employés revendicatifs, maris pleutres et dandys fêlés. Visez un peu les titres : Mentons bleus, Le Gora, l’Illustre piégelé, Ma femme est en voyage, le Madère… Une galerie de portraits des plus alléchantes. Petite forme pour deux immenses pointures de la scène, cette sucrerie-là est à consommer sans modération. \ K. C. \ Du 20 au 29.03, Théâtre Garonne, à partir de 8 €, 05 62 48 54 77, www.theatregaronne.com
On pourrait penser d’Anne Lefèvre qu’elle est un peu barrée, comme on le dit des artistes qui osent. Jean-Luc Martinez, dans La Dépêche, l’a comparée à Anne Fontaine. Il y a de cela dans son intelligence, ses coups de gueule, sa fantaisie jusqu’au-boutiste. La scène est le ring de son combat vital : « Je crois en cette fonction-là de l’art. Celle de sentinelle et d’ouvreur de voies », écrit-elle. Ce You need a coach my friend version 2 (première mouture dès 2009) reste un « seul en scène » multidisciplinaire où il est question de mal de vivre au présent-obligatoire et d’angoisse du lendemain-subjectif. Peur du pire, à moins d’un grand réveil à coups de mots en-chantés. Et si l’on essayait de chahuter le monde ? Le groupe TSH s’y colle avec jubilation, ironie et tendresse. \ V. L. \ Du 20 au 31.03, 20h30, Le Vent des Signes,10/13 €, 05 61 42 10 70, www.leventdessignes.com
Courteline © MYRA Joachim Olaya
Debout les morts !
télex Les Bruissonnantes. Le festival Perforeilles est devenu les Bruissonnantes, mais ne change pas son credo : donner corps au texte, au poème, faire entendre les voix des écritures contemporaines par la performance. Dans le cadre du Printemps des Poètes, du 15 au 17.03, au théâtre le Hangar, 05 61 48 38 29. Bergman sur les planches. Le théâtre du Pavé a choisi l’œuvre du cinéaste Ingmar Bergman pour inspirer sa nouvelle création, le Dernier Cri. Il y aura aussi la projection du film Après la répétition, une exposition et un menu suédois. Du 10 au 17.03, 05 62 26 88 97.
42 • Spirit le Caractère Urbain
Songook - Yaakaar © Frederic Koenig
Des passages...
sono
Jean-François Zygel, un musicien classique qui joue sa propre musique. 44 • Spirit le Caractère Urbain
Pianiste, compositeur, improvisateur, professeur, animateur, Jean-François Zygel joue le musicien multi-cartes pour souffler un air nouveau sur le monde trop confiné du classique. Ouvert à toutes les expérimentations iconoclastes, il n’a jamais peur de faire dialoguer les genres. À Paris, comme à Toulouse, sa deuxième maison artistique… Propos recueillis par Stéphanie Pichon - Photo de Franck Juery / Naïve
Jean-François Zygel, pas si classique Un saut en Italie à l’Espace Croix-Baragnon, une Pastorale expliquée aux enfants à la Halle aux Grains, un cycle de ciné-concerts qui débute au TNT. Impossible de vous rater ce mois-ci à Toulouse ! J’aime profondément Toulouse qui est la ville dans le monde où je me produis le plus, après Paris. Tout ça, c’est grâce à Alain Lacroix. Il a été le premier à faire appel à moi, il y a huit ans, juste avant que France 2 ne me propose de créer mon émission La Boîte à Musique. Cette année, votre programmation de « pochettes-surprises » passe par l’Italie, l’Algérie ou l’Arménie. Pensez-vous que la musique classique a besoin de se frotter à d’autres horizons ? Oui, bien sûr. La musique classique doit puiser son énergie dans les musiques populaires, le jazz et les musiques actuelles. Si elle ne tisse pas une relation forte avec son temps, elle s’étiole, et risque de n’intéresser que les mélomanes spécialisés.
Les rendez-vous • La Pastorale de Beethoven expliquée aux enfants, le 4.03, 10h45, la Halle aux Grains, complet. • Pochettes-surprises, le 7.03, en Italie avec Carlo Rizzo ; le 4.04 en Arménie avec Didier Malherbe, 15h30, 18h30, 21h, Espace CroixBaragnon, 5/10 e • Ciné-concerts, Faust le 5.03, L’Aurore le 2.04, Le dernier des hommes le 14.05, Nosferatu le 28.05, 19h30, TNT, 23 e
Comment rencontrez-vous ces musiciens venus des quatre coins du monde ? Par tous les moyens ! Guo Gan le joueur d’erhu, un violon chinois à deux cordes, je l’ai connu par Lang Lang, pianiste de son état. Mehdi Haddab, le joueur d’oud électrique, c’est parce que JeanMarie Gustave Le Clézio a eu un mois d’hommage au Louvre, et m’a demandé de faire un concert avec lui. Carlo Rizzo, c’était à un concert de Bobby McFerrin au Châtelet, où il était invité à partager la scène. C’est un percussionniste extraordinaire, qui non seulement joue de tous les tambourins traditionnels, mais invente aussi des instruments modernes. C’est exactement ce que je recherche, la réinvention. Vous avez sorti cet été votre premier disque d’improvisations en duo Double messieurs, avec le pianiste de jazz Antoine Hervé. Comment vous êtes-vous rencontrés ? Il m’a invité pour une émission spéciale qui lui était consacrée sur France Musique. Il a fallu improviser en direct, et ça a été miraculeux. J’ai eu l’impression que nous avions le même cerveau pour nos quatre mains ! On s’est rendu compte qu’on avait fait notre classe de solfège ensemble… On n’a même pas besoin de se parler,
la communication est presque télépathique. Par la suite, on a fait une série de concerts improvisés, où la salle propose des thèmes. La maison de disque Naïve, a enregistré tous nos concerts pendant un an, y compris à Toulouse. Puis elle a sélectionné une improvisation par ville, ce qui donne au final un joli carnet de voyage sonore. Ce disque vient d’être élu choc de l’année par Classica. On a l’habitude de lier l’improvisation avec la musique contemporaine ou le jazz. Mais rarement avec le classique… L’improvisation a toujours été au cœur de la musique classique, mais ça s’est arrêté au XIXe siècle. Avant, les musiciens interprétaient et improvisaient la musique de leur temps. Maintenant, on leur demande d’avoir un répertoire énorme. Du coup, ils passent tout leur temps à travailler des œuvres du passé. Je me considère comme un musicien contemporain, car je suis vivant et que je suis compositeur. Mozart ne se préoccupait pas de la musique du passé quand il jouait sa musique. Je me sens dans la même énergie : je suis un musicien classique qui joue sa propre musique. On peut vous voir sur France 2, sur France 5… Est-ce votre manière de décloisonner le monde du classique ? Quand j’ai commencé ma carrière, quelque chose ne m’a pas plu dans la manière dont on jouait cette musique. Cela me semblait figé dans un rituel. C’était devenu la sortie des bourgeois. Je me suis alors demandé comment faire pour que la musique classique soit à nouveau au cœur de la cité, pour qu’elle ait une nouvelle vie en rapport avec son énergie et sa passion. Cela passait, pour moi, par l’improvisation, la parole, l’ouverture aux autres
arts, aux autres genres, et aux autres lieux. Un musicien du XXIe siècle se doit d’investir la télévision et internet. Ce sont en quelque sorte nos salles modernes. Vous avez choisi Murnau pour votre cycle de quatre ciné-concerts au TNT. Pourquoi ce réalisateur ? Ce que Murnau nous rappelle, c’est la puissance de l’image et du monde du rêve. Le cinéma muet est d’une intensité et d’une imagination filmique extraordinaires. Aller voir un film muet, c’est entrer dans un monde différent où chaque image est une photo. Pour moi, L’Aurore est le plus grand film de l’histoire du cinéma. Comment travaillez-vous ces ciné-concerts ? Je connais le film image par image. Pour l’improvisation, je me fais confiance. Je fais partie des gens qui ont besoin d’arriver l’esprit presque dans un état d’hypnose sur scène. Par contre, il faut connaître le film à fond, y avoir réfléchi, savoir exactement combien de temps dure chaque scène et quelle expression on veut lui donner. Bizarrement, je prépare plus le film que la musique. Quels sont vos grands projets pour la saison prochaine ? Je vais continuer mes « Pochettes-surprises » à l’Espace Croix-Baragnon. J’ai envie de proposer des variations contemporaines sur les grands compositeurs. Avec l’Orchestre du Capitole, on jouera la symphonie italienne de Mendelssohn. Avec le TNT, on réfléchit à un projet autour d’Alice au pays des merveilles. Je prépare aussi un nouveau disque en solo et je continue l’émission annuelle en prime time sur France 2, La Grande battle. La première édition a frôlé les 3 millions de téléspectateurs. Pas mal pour de la musique classique !
Si la musique classique ne tisse pas
une relation forte avec son temps, elle s’étiole, et risque alors de n’intéresser que des mélomanes spécialisés le Caractère Urbain Spirit • 45
sono
Cette année, la saison musicale de Muret a fait le choix de mettre la guitare à l'honneur. Et de lancer le pari du Printemps fait son jazz à Muret. Gros plan sur les prochains incontournables.
SPÉCIAL MURET
You’ll like it hot !
Jambalaya © DR
« Quand le jazz est, quand le jazz est là »… Reprenant à son compte les paroles de Nougaro, Muret se lance dans un marathon musical de trois jours pour son premier Printemps fait son jazz. Pas étonnant que Thierry Ollé, jazzman toulousain, pianiste ayant accompagné Monsieur Nougaro, soit le premier à se lancer, aux côtés de Philippe Laudet à la trompette, non sans avoir d’abord introduit la soirée par une démonstration de sa classe de jazz. Le lendemain, la soirée sera « hot and spicy », à la manière du Jambalaya, spécialité culinaire de la Nouvelle Orléans et nom de scène d’un « bigue bande » d’ici. David Cayrou et ses musiciens se lanceront dans un pot-pourri de titres du répertoire New Orleans/dixieland, puisant allègrement dans ses racines blues ou ses émanations funk ou swing. Il paraît que « jambalaya » vient d’un mot indien qui signifie « fête ». C’est donc un bon échauffement pour la soirée du lendemain avec Captain Mercier. Dix musiciens, 15 ans de scène, une Victoire de la Musique en 2003, pour un son rythm’n blues interprété de doigts de maîtres, et pour cause. Deux d’entre eux, Claude Egéa et Philippe Sellam, auront chauffé les esprits avec une master class ouverte à tous les élèves de musique, et un concert de fin de session. Ces frappés des percus, toqués des cuivres, cinglés du clavier, ont joué en tant qu’accompagnateurs de grands jazzmen (et women) - Ray Charles, Quincy Jones, Dee Dee Bridgewater - et chanteurs - Charles Aznavour, Bernard Lavilliers, Claude Nougaro, Rita Mitsouko... Ils signent textes et musiques, osent l’humour, et renversent les salles. De quoi dégeler vos pieds saisis par l’hiver ! Du 29 au 31.03, salle Alizé et École Nicolas Dalayrac, 15 € à 20 €, 05 61 51 91 59, www.mairie-muret.fr
Il donne, donne, donne ! Michael Jones a, certes, un pied dans le show biz, mais il a tout le reste dans la musique, avec un parcours commencé dans les années 70 et un talent de guitariste développé d’abord au sein de différentes formations. On connaît sa rencontre décisive avec Jean-Jacques Goldman, dès 1978, et leurs succès, notamment avec le trio Fredericks Goldman Jones de 1990 à 1995. Le Franco-gallois attendra cependant 1997 pour sortir un premier album solo. Celtic Blues, enregistré en 2009 est son troisième opus : un grand écart entre le blues et la musique celtique, pour un résultat festif et coloré. Gageons que Jones sera à son aise dans une région où ce grand amateur de cassoulet vient souvent pour des concerts et des actions caritatives. En voici un qui sait mettre du cœur dans sa guitare... Le 4.05, 20h30, salle Alizé, 6 à 22 €, 05 61 51 91 59, www.mairie-muret.fr
46 • Spirit le Caractère Urbain
Il n’est pas forcément là où on l’attend, Yvan le Bolloc’h. Vous savez, le beau gosse complice de Bruno Solo sur Canal + dans les années 90 ; l’accro au petit noir de Caméra café. C’est un passionné de guitare... flamenca. Comme quoi, tous les Bretons ne jouent pas tous du biniou. Il assume haut et fort : nous sommes tous des minorités. Gitans, Bretons, Catalans, ou Maghrébins... le groupe qu’il a formé suite à sa rencontre, en 2005, avec Yannis Patrac, neveu de l’un des Gipsy Kings, raconte cette histoire de beau brassage. « Ma guitare s’appelle reviens » est le nom, pas prétentieux pour deux sous, de la bande dans laquelle jouent sept autres musiciens-chanteurs. Après un premier CD éponyme en 2006, ils donnent la pleine mesure de leur aventure sur scène avec des spectacles enchaînant sketchs et morceaux avec humour. Puis vient l’album Fiers et susceptibles en 2008. C’est pourtant en toute humilité que le Bolloc’h gratte, et en toute générosité qu’il partage sa passion. Le 28.04, 20h30, salle Alizé, 6 à 22 €, 05 61 51 91 59, www.mairie-muret.fr
Ma guitare s'aooekke reviens © DR
Michael Jones © DR
Une famille grande comme ça
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dans la musique comme dans les arts, compagnon du chorégraphe Merce Cunningham ou tête de pont de Fluxus. « Puisque ce compositeur a su instiller dans sa musique un propos éminemment poétique, nous avons essayé de construire la programmation de la soirée non pas uniquement autour de sa musique mais aussi en se penchant sur ses « paroles », son univers, ce qu’il avait à nous dire », explique Pierre Jodlowski, directeur artistique de la manifestation. Puisant dans une œuvre kaléidoscopique, allant de pièces dansées en compositions pour voix, contrebasse et bicyclette, d’installations de « watergong » (un instrument inventé par Cage) coquillages et postes radiophoniques en morceaux pour « piano préparé » avec vis et boulons entre les cordes, cette soirée place l’auditeur dans un labyrinthe de propositions, du foyer à la salle du théâtre du Capitole. Cinq heures d’immersion où l’on croisera Jöelle Léandre, contrebassiste l’ayant bien connu, le pianiste Wilhem Latchoumia ou le danseur Dominique Boivin. « Champignon » sur le gâteau, les organisateurs ont même pensé à une collation aux senteurs des bois, rappelant que l’autre passion de John Cage était… la mycologie ! Le 17.03, 19h30 à minuit, Théâtre du Capitole, Pass 10/20 €, www.theatre-du-capitole.org
Oh ! Tiger Mountain
© Eva E. Davier
[folk]
Le jeune collectif toulousain Noisepresso ne propose pas seulement une plateforme web. Après une première soirée réussie autour d’une programmation pop et électro en février, il revient au Cri de la Mouette pour un plateau folk, pop et rock emmené par le classieux songwritter marseillais de Oh ! Tiger Mountain, dont le nom est inspiré d’un album de Brian Eno, Taking Tiger Mountain. Les ombres de Nick Drake, Jeff Buckley ou Tom Waits planent sur ses balades folk minimaliste et son univers blues-rock léché. La première mi-temps de ce trip folk verra les frères et sœurs d’Internationale Hyper Rythmique délivrer leur pop soyeuse. Sans oublier T.Teen, locale de l’étape, qui accompagnée de deux anciens membres des Pauls, penche pour des tons sucrés et tranchants, le cœur tiraillé entre les girls group des années 60 et l’électro pop d’aujourd’hui. Le 8.03, 21h, Le Cri De La Mouette, 5 €, www.lecridelamouette.com
ONCT et Chœur de l’Orféon Donostiarra [classique]
[pop] Stéphanie Alexandra Mina Sokolinski est une extraterrestre touche-à-tout. Actrice et chanteuse, quand elle n’est pas aux côtés de François Cluzet, c’est avec le groupe I’m From Barcelona qu’on l’aperçoit sur scène, on a connu pire. Son dernier album Thought I was an Alien vient de paraître. Tout est dans le titre. La Bordelaise mélange les sonorités pour trouver des accords pop qu’on croirait venus d’une galaxie lointaine. Cette fois-ci, on se retrouve dans une balade aux airs rétro ressemblant étrangement au Velvet. Tout en douceur, Soko plonge son public dans des méandres rock, comme un voyage en apesanteur entre deux mondes. Le 08.03, 20h, la Dynamo, 17 €, www.ladynamo-toulouse.com
René Lacaille Ek Marmaille [accordéon créole] Ce n’est pas parce qu’il vit en métropole depuis 1979 que René Lacaille n’en reste pas fidèle à la musique de chez lui : la Réunion. L’accordéoniste multi-instrumentiste a côtoyé tous les extravagants de la chanson française, de Jacques Higelin à Fantazio, de Lo’Jo à André Minvielle, et frayé avec les rythmes latino de Ray Lema ou Yuri Buenaventura, et c’est ça qui fait sa force. Un mélange de tradition créole et d’influences inclassables nées des aventures multiples. Preuve en est avec ce Poksina, nouvel album paru chez Daqui, et joué en famille. La « marmaille » Lacaille se compose de Marc, Oriane et Yanis, aux percussions et au chant pendant que René, l’esprit toujours libertaire et farfelu, continue à l’accordéon et l’ukulélé de swinguer métissé, avec cette manière si particulière de vous faire entrer dans la danse, comme il vous inviterait à sa table. Les 10 et 11.03, Café Plum, Lautrec (81), le 13.03, 21h30, le Bijou, 10/12 €
John Cage Project [soirée hommage] Cent ans après sa naissance, l’hommage rendu à John Cage (1912-1992) par le studio éOle pour le cycle Présences Vocales, ne pouvait se contenter d’un simple concert, tant le compositeur fut une figure avant-gardiste,
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Tugan Sokhiev © Marco Borggreve
Soko
Tugan Sokhiev renouvelle le long partenariat existant entre l’Orchestre du Capitole et le chœur amateur de l’Orféon Donstiarra J.A. Sáinz Alfaro. N’ayant rien à envier à des chanteurs professionnels, ce chœur vient lui prêter voix forte, pour la Deuxième symphonie de Gustav Mahler, aussi appelée Résurrection. Si elle est aujourd’hui l’une des plus appréciées du compositeur allemand, elle fut en son temps source de souffrance et de doute pour le jeune Mahler. Il commença à l’écrire à 28 ans, et mit six ans à la finir, bouleversé par le jugement négatif de Hans Von Bülow, grande figure de la musique allemande qu’il respectait. Aujourd’hui la charge puissante et le final lumineux de la Deuxième, en font une partition de légende. Les 16 et 17.03, 20h, Halle aux Grains, 5 à 44 €, www.onct.mairie-toulouse.fr
Caumon & Costa, Pasiphaé et Berceuses au Butagaz [chanson] « Découvertes et consolidation de parcours émergents ». En présentant ainsi cette soirée à l’ambiance triple, l’Espace Croix-Baragnon pose une question intéressante : le talent se mesure-t-il à l’aune de son (jeune) âge ? Pas
toujours, à l’exemple du duo Caumon & Costa. Accompagné du guitariste Luca Costa, Patrice Caumon a déjà quelques années de chant dans les cordes vocales. Sorti de l’aventure Les oisillons tombés du nid, il donne toujours libre cours à sa gouaille. Chargé en humour et réminiscences théâtrales, le duo devrait détonner avec le reste de la soirée, plus épurée. La belle voix de Mélanie Fossier en première ligne, entourée du violoncelle et de la guitare de ses complices de Pasiphaé. Mère du Minotaure dans la mythologie grecque, Pasiphaé a le goût des mélodies sorties d’un film imaginaire. Une caractéristique qu’on retrouve aussi chez les Berceuses au Butagaz. Le nom prête à sourire mais prend tout son sens dès les premières notes. Sensations cotonneuses et nappes de musiques improvisées surprennent par leur chaleur. Le 23.03, 20h30, Espace Croix-Baragnon, 5/8/10 €, www.toulouse.fr
Claire Denamur [folk] Chemises en jean, guitare bien accrochée, Claire Denamur ne cache pas son attachement au pays de la musique country. C’est une publicité pour un déodorant anti-trace blanche qui l’a faite découvrir en 2009 avec son single In the mood for l’amour. Suivront les premières scènes avec Renan Luce et La Grande Sophie. La voix cassée de Claire, teintée de pop et de country folk, n’est pas sans rappeler Johnny Cash et les grands noms de la country. Dix années passées aux États-Unis y sont surement pour quelque chose. Son deuxième album, Vagabonde, enregistré à Montréal en 2011, résonne sur toutes les ondes de l’Hexagone, avec le forcing pour le single Bang Bang. Claire Denamur semble avoir trouvé le bon filon folk. Sans laisser de trace... Le 24.03, 20h30, la Dynamo, 19 €, www.ladynamo-toulouse.com
Agora Fidelio [rock]
Voici de longs mois qu’Agora Fidelio ne nous avait pas donné rendez-vous sur scène, ses musiciens étant trop occupés par leurs side project respectifs (My Own Private Alaska, Naïve). Le groupe préparait aussi la sortie de son nouvel LP Bagdad, le second volet de l’album concept en triptyque Les illusions d’une route (Barcelone, Bagdad & Belfast). L’invitation au voyage se poursuit à coup
de basses profondes, de batteries lourdes et de textes torturés. Le son d’Agora Fidelio vous prend aux tripes pour vous amener vers de sombres horizons. Save The Date. Le 25.03, 20h, Connexion Café, 5 €, www.connexion-cafe.com
Caravan Palace [électro swing]
Le groupe français au swing déglingué part à l’abordage du Phare à Tournefeuille. Pour ceux qui ne connaissent pas encore, Caravan Palace est un mélange explosif de jazz manouche et de sonorités électro. Découverts en 2008 par un premier album éponyme qui les a propulsés sur le devant de la scène française et européenne, ils sont de retour avec un nouvel album, Panic !. Leur look rétro est directement inspiré du mouvement Zazou, né sous l’Occupation. Par anticonformisme les « zazous », passionnés de jazz, tel Boris Vian, portaient des vestes à carreaux amples façon mode américaine, à l’heure où le tissu était rationné. Caravan Palace a remis ce jazz version swinging Paris à la mode, et fait depuis moult émules. On ne compte plus les soirées déguisées électroswing aux quatre coins de la planète, où les DJ’s prennent soin de passer au moins un à deux tracks des Caravan. Le 29.03, 20h, le Phare, Tournefeuille, 20/25 €, www.le-phare.org
Curiosités du Bikini Vol. #12 [club] Une nouvelle fois, le Bikini en pince pour les musiques électroniques. Après la première de In Bikini dura electro le mois dernier, c’est maintenant au tour des Curiosités de proposer un plateau électro, exclusivement composé de DJs. Fidèle au principe de l’équilibre des forces, artistes confirmés et « découvertes » se succéderont toute la nuit. Clubbers et autres amateurs de musiques digitales musclées, auront droit à quatre têtes d’affiche : Canblaster et Sam Tiba du prolifique label français Club Cheval, le producteur italo-américain Drop The Lime, et le Nantais plus discret mais prometteur Maelstrom. Pour compléter, rajoutons trois artistes locaux : XPLCT de Difuzion, Cold (Reg@rts, Electro Alternativ), et Mr MagnetiX (Travesti Monsters). Le 30.03, le Bikini, 5 €, www.lebikini.com
Abdu Salim Trio [hip-jazz] Quand il n’anime pas les Jazz Sessions du Mandala, Ton Ton Salut navigue entre différents projets, dont ce trio de hip-jazz dirigé par Abdu Salim. Depuis 1993, date de sa création, cette formation s’est enrichie de voyages en Afrique du Nord et en Afrique Noire, couplés à des excursions en Sibérie ou au Kazakhstan. Mis en valeur par la batterie de Ton Ton Salut et la contrebasse du troisième larron, Akim Bournane, le saxophone d’Abdu Salim est libre de creuser sa voie dans un jazz dont les racines afro-américaines, bien présentes, se parent de sonorités aux influences diverses. Dense et généreux. Le 31.03, 21h30, le Mandala, 12/9 €, www.lemandala.com
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en famille
au bal masqué Toulouse a vécu presque 20 ans sans défilé déguisé. Séance de rattrapage cette année, avec l’arrivée du printemps ! Le 21 mars, tout y sera : des chars au bal masqué. Encore faut-il savoir s’y préparer. Revue des troupes avant le coup d’envoi. Par Isabelle Bonnet-Desprez
I
l a sa petite et sa grande histoire. La grande : 1987, Claude Nougaro, grimé en Roi Carnaval, chante place du Capitole et son effigie en carton pâte est brûlée devant 150 000 carnavaliers. La petite, plus familiale. « Mon père a fondé le Carnaval en 1982, raconte Julien Laffont, le nouveau président du Comité d’organisation du Carnaval unifié (COCU). Reprendre le flambeau sonnait pour moi comme une évidence… » Le 21 mars prochain, sonnera le grand retour du Carnaval de Toulouse, 20 ans pile poil après sa dernière édition. Petits et grands sont invités à participer aux préparatifs (en option), à se déguiser (bien sûr), à défiler et faire du bruit (ça va de soi). En coulisses, la compagnie Samba Résille répète sa batucada, et fanfares et musiciens en tout genre se préparent à mettre l’ambiance. Les « COCU » ont investi un hangar de 6 000 m2 à Basso-Cambo où s’affairent une trentaine d’associations estudiantines, culturelles, carnavals de quartier et communautaires. « Parents, si vous voulez vous joindre à nous, pas de problème. Il suffit de s’inscrire sur le site, et on vous trouvera bien quelque chose à faire ! », lance Julien Laffont. Le
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message est passé. Façon fourmilière, les postes de travail s’organisent : soudure ici, atelier papier mâché et peinture là. « On sent l’engouement et les idées ne manquent pas. On aura passé deux mois ensemble à construire des chars : forcément, ça créé des liens ! » Alors oui, il y aura les classiques (M. Carnaval, le Roi et la Reine), mais chut… à l’heure qu’il est, c’est encore secret.
Des acteurs, pas des spectateurs ! La même effervescence joyeuse agite les centres de loisirs des écoles de la Ville rose. Ici et là, on planche sur des idées de costumes et de maquillages pour les enfants. Pas question de rater le fameux bal et le concert carnavalesque organisés spécialement pour eux, place du Capitole. Sans compter que le maire – le vrai, pas sa version en carton – leur remettra des clés de la Ville. « Il n’y a volontairement pas de thème, explique Julien Laffont. Ainsi, on est libre de venir costumé comme bon nous semble. C’est totalement différent du Carnaval de Nice, où il n’y a que des spectateurs. Pour cette première édition, on veut des acteurs ! » Dans ces conditions, il ne reste plus aux Toulousains que trois options, pas une
de plus : ressortir un vieux déguisement du placard, en louer un original ou le faire soi-même. Tiens, pourquoi pas façon « Super Cocu » : allez hop un collant flashy et un slip par-dessus, un vieux drap en guise de cape et un bout de tissu avec deux trous pour le masque, et le tour est joué ! Donc, plus d’excuse. Le mercredi 21.03, on pose son après-midi et on file en famille, grimé à souhait, se joindre à ce joyeux cortège carnavalesque qui célèbrera un printemps coloré.
Bon plan costume
Le Comité publie un petit livret et donne sur son site les adresses des loueurs toulousains partenaires (avec tarif préférentiel), et quelques astuces pour fabriquer son déguisement soi-même.
Le programme
- 14h30 : bal pour les enfants sur la place du Capitole. Concert, lâcher d’avions en papier et remise des clés de la ville. - 18h30 : grand défilé de 30 chars, en musique. - 21h : crémation de Monsieur Carnaval. - 21h30 : soupe géante et bal masqué. Toutes les infos sur : www.carnavaldetoulouse.fr
après l’école
Hip-hop en famille
Le hip hop est un genre qui commence à avoir de la bouteille. Grand Master Flash, ça remonte bien à 1982, non ? Pas de raison dès lors qu’il se limite aux plus jeunes. L’École d’enseignements artistiques de Tournefeuille l’a bien compris et elle propose un atelier hip-hop en famille dans le cadre des « Chemins des arts ». L’apprentissage se fait sur deux jours : le samedi, les enfants découvrent la street dance. Le lendemain, les rôles s’inversent. Aux petits de prendre en charge un adulte de leur choix, de l’initier aux « choré » apprises la veille, et de se lancer pour un duo. Jogging et casquette pas obligatoires ! \ Mathilde Raviart \ Les 10 et 11.03, 14h à 16h, 8/12 ans, à l’école de danse de Tournefeuile, 10/15 € par famille, 05 61 07 03 96
C’est parce qu’il est dans l’eau...
...qu’on ne voit pas les larmes du poisson qui pleure. Au cœur d’une valise rouge, vit un monde en noir et blanc, un théâtre d’ombres délicat, crée par la cie la Petite Fabrique. La technique s’inspire du théâtre chinois, le beau titre à rallonge « C’est parce qu’il est dans l’eau qu’on ne voit pas les larmes du poisson qui pleure », d’un proverbe africain. Tout un voyage, donc, celui jusqu’aux contrées d’un roi, ne sachant pas voir au-delà de son miroir, et négligeant sa reine. Jusqu’au jour où une fée décide de mettre le bazar dans les caprices du souverain. Portée par la poésie des ombres fines, l’histoire se nimbe de douceur, aux portes du monde des rêves. \ M. R. \ Du 28 au 31.03, 12/14 €, TNT, Toulouse, dès 12 ans, 05 34 45 05 05
20 000 lieues sous les mers
Les aventures du capitaine Némo et du Nautilus écrites par Jules Verne en 1870 reprennent vie entre les mains de Sydney Bernard, metteur en scène et comédien. Et le voyage vaut sacrément le détour, titanesque à l’image d’un décor qui évolue sans cesse. Une fois dans un bateau, une autre dans un sous-marin, le public se fait même attaquer par un poulpe de six mètre de long ! Les effets spéciaux et jeux de son et lumière accentuent l’impression de faire aussi partie de cette aventure sous-marine extraordinaire. L’humour, la poésie et la magie pyrotechnique forment un cocktail surprenant pour une épopée spectaculaire. \ M. R. \ Les 30 et 31.03, 16h et 21h, 10 à 20 €, Théâtre musical de Pibrac, 05 61 07 12 11
Festival Les Extras
© Jérôme Rey
Pour la 2e édition de son festival jeune public, Ramonville renoue avec la formule : spectacles à prix doux et activités gratuites (lectures, expos et films). Sur la scène se côtoieront dans le désordre, un clown naissant dans un nez rouge (Né), un immeuble de marionnettes (Appartement à louer), une princesse à la reconquête de son château (Princesse K) et des grands garçons faisant du rock avec des jouets (World tour The Wackids). Autrement les enfants auront aussi droit à des siestes musicales, des jolies lectures, des ateliers de cinéma ou une installation interactive « miroir détourné et illusion vidéo », qui les fera basculer, à l’image d’une Alice, dans un autre espace-temps… Ne pas rater l’exposition de Christian Voltz, le roi de la récup’ ! \ M. R. \ Les 24 et 25.03, 3 €, Ramonville, dès 2 ans, 05 61 73 00 48
20 000 lieues sous les mers
chroniques
le cd du mois
La mauvaise fille au mauvais endroit On est en Norvège et il fait très très chaud. On est avec une brigade de flics comme on les aime dans les séries. On vient d’ouvrir un polar qui atteint son but, attraper le lecteur et le balader gentiment avec moult énigmes au poil, diablement liées. Plus on avance, plus les zones d’ombres vont cerner les flics, et c’est leurs vies bancales, leurs faiblesses, leur passé qui deviennent dangereux, tant ceux qu’ils traquent sauront s’y engouffrer. Long trajet en train ou besoin de prendre un peu de champ avec l’actualité politique, ce livre est le bon. \ Isabelle Desesquelles \ Faux semblants / Kjell Ola Dahl / Série Noire Gallimard / 21 €
Blundetto Derrière ce pseudonyme aux sonorités latino se cache l’homme qui exerce le métier le plus envié de France : programmateur de Radio Nova. Et comme si sa profession avait déteint sur sa production (ou l’inverse), Blundetto nous livre un album qui semble calibré pour passer en boucle sur la célèbre radio : un « Grand Mix ® » sans pub, sur un seul album... c’est fort ! En effet, Warm My Soul, deux ans après Bad Bad Things, reprend la même bonne vieille recette : une grosse vibe jamaïcaine, quelques pincées de jazz et de soul, des invités de haute tenue, un ensemble « à la cool » qui s’apprécie comme un demi en terrasse au 15 août. Hugh Coltman et Aqeel, dans un subtil registre nu-soul, et surtout l’excellent Courtney John, pointure du lover’s rock, apportent un joli relief à l’œuvre du frenchie touche à tout. Mainstream, au bon sens du terme. \ Thomas Delafosse \ Warm My Soul / Heavenly Sweetness Rec. / 15 e
le poche du mois
Tennis
Roman russe Entre les murs Qu’est-ce qu’on attend d’une maison ? D’être un abri qui accueille les rêves, et peut-être plus encore, une mémoire. La maison d’Alain Leygonie est dans le Querçy et appartient à sa famille depuis le XVIIIe siècle. Cette maison a tout vu, tout entendu. Des générations y ont grandi, apprenant beaucoup de ce lieu ouvert sur la nature. « Sa vente m’a arraché le cœur. Elle est meublée exclusivement de souvenirs. C’est l’enfance superbe, lumineuse, parfumée, l’enfance débarrassée par la mémoire indulgente, généreuse, de ses plus mauvais souvenirs ». Alain Leygonnie n’en ouvrira peut être plus le portail, mais demeurent l’odeur, les bruits et, ce petit garçon qui jamais ne se vendra. \ I. D. \ La maison / Alain Leygonnie / éditions Privat / 19 €
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Nous sommes à SaintPétersbourg, au milieu du XIXe siècle, et Pavline régit les biens d’une riche veuve. Pavline est sans pitié, intraitable, mais la petite Loubia va avoir raison de sa carapace... « Le temps de Leskov n’est pas encore venu. Leskov est un écrivain de l’avenir. » C’est Tolstoï qui le dit, et plus d’un siècle après, la lecture du Paon, en est un juste écho. C’est un roman bref, néanmoins russe jusqu’au bout de ses pages. Romantique et âpre, il embarque le lecteur amateur de personnages et de leurs « voix », qui laissent leur empreinte. \ I. D. \ Le Paon / Nicolas Leskov / éditions de l’Aube / 5,90 €
Originaire du Colorado, Tennis a fait appel à Patrick Carney, batteur des très en vogue Black Keys, pour enregistrer « à l’ancienne » dans les studios de Nashville, berceau de la country music. En 2011 déjà, Cape Dory, premier disque à l’immonde pochette mais au délicieux hit « South Carolina », avait posé les jalons d’une formule gagnante aux senteurs sixties. Young and Old se montre plus éclectique, le trio étoffe son registre pour dépasser le seul style surf/ pop/nostalgique qui, avouons-le sans dénigrer, flirtait avec le cliché. Un peu à l’image des Anglais de Stereolab, Tennis possède cette agaçante facilité à composer des titres simples et ultra-efficaces. À ce sujet, on vous le dit, « Traveling » sera sans aucun doute votre tube du printemps 2012. \ T. D. \ Young & Old / Fat Possum Records / 13 e
Duetti On connaissait Philippe Jaroussky et sa voix d’ange à l’assaut des prouesses pyrotechniques dignes des castrats de l’âge d’or, maître des langueurs à ne plus savoir où le souffle s’arrête. Vivaldi ou Haendel semblaient renaître et, de nouveau, briller de mille feux. Le voici rejoint par un autre contre-ténor, Max Emanuel Cencic pour former un duo de rêve sous la houlette de William Christie. Ce père de la musique baroque les avait déjà réunis autour d’un plateau entièrement masculin pour le Sant’Alessio de Landi. Point d’opéras ici, mais un somptueux album consacré à des cantates profanes italiennes, de Bononcini à Porpora en passant par Scarlatti ou Marcello. Le maestro est au clavecin et dirige ce Duetti, qui nous comble d’aise. Voix soprano et alto aiguës s’entremêlent, se croisent, rivalisent : da capo aériens, jeux de miroirs, entrelacs, jouissance pure du son, tout finissant par se fondre dans une troublante et sensuelle alchimie. Prodigieusement baroque ! \ Laurent Sorel \ Duetti / Philippe Jaroussky, Max Emanuel Cencic, William Christie, les Arts Florissants / Virgin Classics / 15 e
chroniques cd
plan rapproché
Avec ses vidéos de recettes décomplexées, « l’Homme à la Spatule » fait le buzz. À l’heure où la cuisine des grands chefs et des amateurs n’a jamais autant été prise au sérieux, Fabrice Mignot érige la déconne culinaire au rang d’art. Portrait. Par Isabelle Bonnet-Desprez - Photo de Philippe Guionie
L’homme à la spatule, agité du bocal
L
unettes de soleil sur le nez et vrai artichaut en guise de micro, il alpague les étudiants à la sortie d’un restaurant universitaire toulousain. « L’Homme à la Spatule » veut connaître leur avis sur le RU. Verdict : « c’est dégueu, les frites sont grasses et les épinards marrons ». Caméra embarquée (et planquée) sur un plateau (l’esprit de François Damiens n’est jamais loin), le voilà qui paie de sa personne pour vérifier l’info. Attention, le trublion est lâché. « Hep, s’il vous plaît, y en un qui s’étouffe avec le steak haché », annonce-t-il devant l’objectif, joignant le geste à la parole. En réalité si on s’étouffe, c’est surtout de rire. En coulisses, Fabrice Mignot, 26 ans, et Guillaume Corona, 24 ans, derrière la caméra, ont répété le sketch. « Faut pas croire qu’on est des blaireaux ! On bosse : tout est scénarisé. Mais on tient à notre petit côté « à l’arrache ». « C’est nul, on la garde !», annonce Guillaume qui a appris à filmer sur le tas. « Un son pourri, une mauvaise lumière, un cadrage approximatif… c’est ça notre style ». « Les cons, ça ose tout. C’est même à ça qu’on les reconnaît », philosophait Audiard dans Les Tontons Flingueurs. Eux, ils osent. Tout en sachant de quoi ils parlent. Devenus amis sur les bancs du lycée hôtelier de Toulouse, en BTS, ils ont enchaîné par une licence et un Master 2 au CETIA (formation universitaire en restauration et hôtellerie). Et pendant que Fabrice faisait ses classes auprès de chefs étoilés (Michel Roux à Londres, par exemple), Guillaume participait à l’ouverture de deux hôtels. Rien que ça.
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C’est en 2008 qu’est né « l’Homme à la Spatule ». Son premier post, une vidéo de recette de bœuf bourguignon, cartonne aussi sec sur la Toile comme sur les réseaux sociaux. « On a créé un concept de cours de cuisine en ligne dans un univers décalé, avec un personnage qui plaît ». La réputation de Spatule Man enfle au-delà du web. Il se lâche dans une démo d’Air Cuisine en direct de l’Édition Spéciale sur Canal+, défie Cyril Lignac dans son émission Miam, et signe avec l’enseigne TOC (Troubles Obsessionnels Culinaires) la première saison d’une web-série culinaire. Le concept : le Chef détourne un ustensile pour en faire une recette. Sur une vidéo, on le voit faucher un four solaire et filer se faire cuire des saucisses place du Cap’. Sur une autre, il « s’envoie Donald », comme il dit, et se lance dans la confection complète d’un hamburger façon Mac Spatule.
La cuisine, yes they can
Sur tous les fronts des fourneaux, Fabrice Mignot continue de faire ce qu’il préfère : ériger la déconne culinaire au rang d’art, notamment pour Les aventures de l’Homme à la Spatule sur TLT. Jingle : « Bienvenue dans la première émission de décontraction culinaire sans stress, sans concours, sans larmes, sans compte à rebours et sans chef chauve… » Le ton est donné. « On voulait montrer aux gens, et notamment aux jeunes, qu’on peut bien manger au quotidien, rapide, pas cher et en se faisant plaisir ». Pour preuve, le slogan emprunté à un certain Obama : « Et n’oubliez pas que la
cuisine… Yes we can ! » Aujourd’hui les deux gérants de Spatule Prod viennent de créer la première agence de coaching culinaire pour les professionnels de la restauration. « Sur ce plan-là, on souffre encore d’un manque de crédibilité. Aux pros, de savoir faire la différence entre fiction et réalité. Car, assurent-ils, on peut leur apporter pas mal de choses ! Par exemple, on a créé vingt-six recettes originales et créatives pour un restaurant d’Alsace ». Ce moisci, Fabrice Mignot animera aussi – « sauf s’il a poney, bien sûr » – le prochain Salon des loisirs culinaires de Toulouse. On murmure qu’il deviendrait bientôt le héros d’un dessin animé pour gastronomes en culotte courte. C’est les parents qui vont être contents…
Pus d’info sur : lhommealaspatule.fr
Les rendez-vous : • Les Aventures de l’Homme à la Spatule On y découvre une tendance par semaine en trois mini-séquences (reportage, recette et interview). Le mercredi à 19h40, sur TLT. www.teletoulouse.com • Websérie culinaire de 25 épisodes Un ustensile détourné + une recette originale = une vidéo décomplexée. www.toc.fr/video-de-l-homme-a-la-spatule • Les recettes de l’Homme à la Spatule Sur Toulouse FM 92.6 ou www.toulouse.fm.fr • Salon des loisirs culinaires Spatule Man anime la 2e édition du 8 au 11.03, au parc des Expositions de Toulouse. www.les400cook.com
éditionspéciale 2 690 € * au lieu de 3 320 € jusqu’au 26 mars 2012
Photo Michel Gibert. Remerciements : TASCHEN.
* Grand canapé 3 places Évidence en cuir, design Philippe Bouix.
Prix de lancement TTC maximum conseillé, hors livraison (tarifs affichés en magasin), valable jusqu’au 26/03/2012 en France métropolitaine. Grand canapé 3 places Évidence (L. 239 x H. 75 x P. 96 cm), habillé de cuir Tendresse, vachette fleur rectifiée pigmentée (plus de 50 coloris). Assise monobloc mousse HR 30 kg/m3. Dossier mousse HR 18 kg/m3. Structure bois massifs, multiplis et particules. Suspension sangles élastiques XL. Piétement socle hêtre massif teinté gris. Têtière en option. Existe dans d’autres dimensions, en fauteuil et pouf. Tables basses Cute Cut, design Cédric Ragot. Fabrication européenne. Portet-sur-Garonne RN 20 - Route d’Espagne - 05 62 20 52 90 portet.sur.garonne@roche-bobois.com du lundi au samedi de 10h à 19h30
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