Le caractère urbain membre du réseau
toulouse durablement Vôtre marc deloche visage de marque auch dolce vita gasconne
Numéro #49 | avril 2012 | toulouse | spiritmagazine.fr | Gratuit Culture | Tourisme | Habitat | Mode | Gastronomie | Sorties | Famille
#49 avril 2012 4 Give me 5 6 bruits de couloir 8 Rumeur
Toulouse-sur-garonne ? 10 C’est dans l’air
Développement durable 14 ouvre-toit
une maison basse consommation 18 L’endroit Chlorophanes © Sanna Kannisto
Le connexion café 20 tables & comptoirs
les jardins de l’opéra 22 ÉCHAPPÉE BELLE
auch 28 accrochages
miss. tic 32 écrans
les nuits nomades 34 entre actes
docuf(r)ictions 38 interview
sporto kantes
Certains soirs, il suffit de franchir le PontNeuf pour toucher du doigt la perfection. Les berges de la Garonne font carton plein et glissent sous le fleuve, reléguant aux oubliettes la tectonique des plaques. Installés dans l’herbe, les Toulousains sont regroupés au fil de l’eau et prennent l’apéro l’air de rien. D’autres galopent, chaussures aux pieds, collant aux cuisses et gourde à la main, avec d’autant plus de zèle que le ciel est bleu. Certains soirs, sur le PontNeuf, en caressant la piste cyclable d’un coup de pédale vagabonde, il suffit de laisser aller ses yeux pour se faire une petite idée de la transcendance. Tout y est harmonieusement disposé comme dans une ville pour Playmobils. Dans le ciel, une mouette et un avion, deux fleurons de l’aéronautique locale. À l’horizon, l’Hôtel-Dieu et son héritage solidaire. Accoudé à la balustrade, un couple d’amoureux photographie le Bazacle en
ÉDITO par Léa Daniel
40 sono AGENDA 42 EN FAMILLE
explorez mars 44 chroniques
livres et disques 46 plan rapproché
Marc deloche
Jungle luxuriante et végétaux figés en studio, la photographe finlandaise Sanna Kannisto crée un univers où naturel et artificiel entrent en collision (lire p. 11). À la poursuite des missions scientifiques dans les forêts équatoriales, elle pose son appareil là où d’autres installent un laboratoire et tire des images grand format pleines d’une douce poésie. www.sannakannisto.com
s’enlaçant. Au pied du Château-d’Eau, deux copains se rapprochent en riant. Un bus propre les double en silence. Là, sur ce pont mythique, même les pigeons se taillent la part du lion. Et si tout semble trop beau pour être vrai, point de matrice dans ce monde-là. Toulouse, est encore un grand village en format carte postale, où l’on aime dire que l’on sait « vivreensemble ». D’ailleurs cette expression - que dis-je, ce fantasme - est sur toutes les bouches en ce moment. Surtout celles des urbanistes, adjoints et autres planificateurs qui visent la carte, y lancent une fléchette et décident joyeusement d’y implanter un nouveau quartier. Obligation leur est d’ailleurs faite de fabriquer-de-laville à tour de bras, car avec un rythme démographique qui affole les courbes de l’INSEE et plus de 6 000 nouveaux habitants par an, la pénurie menace. Alors, certains soirs, sur le Pont-Neuf, surtout quand le soleil rougit, on rêve secrètement que Toulouse s’endormira paisiblement en tirant un trait sur sa volonté de puissance. Et s’éloignera vite des jours de chimère et de barbarie.
Bon voyage à Carole et Sylvain qui de Chambéry à Santiago partent à la découverte du monde. Enjoy !
SPIRIT est un magazine gratuit édité par Urban Press, www.urban-press.com - 18 rue des Couteliers, 31000 Toulouse - tél. 05 61 14 03 28 fax. 05 61 14 25 22 - info@urban-press.com / Retrouvez Spirit sur www.spiritmagazine.fr Directeur de la publication : Laurent Buoro - Directeur du développement : Loïc Blanc - Rédaction : Léa Daniel, Carole Lafontan, Gabriel Loridon, Baptiste Ostré, Stéphanie Pichon, Mathilde Raviart, redaction@spiritmagazine.fr / Graphisme : Julie Leblanc, Christophe Gentillon, Cécile Fauré. Ont collaboré à ce numéro : Christian Authier, Isabelle Bonnet-Desprez, Karine Chapert, Mathieu Dauchy, Thomas Delafosse, Isabel Desesquelles, Anaïs Florance, Valérie Lassus, Anne Le Stang, Alex Masson, Laurent Sorel / Photos : Polo Garat, Sébastien Maurette / Publicité : Damien Larrieu, Sophie Hemardinquer, + 33 5 61 14 78 37 - pub@urban-press.com / Administration : adm@urban-press.com / Imprimerie : Roularta (Belgique). Papier issu des forêts gérées durablement (PEFC) Dépôt légal à parution - ISSN : 2116-3146 - L’éditeur décline toute responsabilité quant aux visuels, photos, libellé des annonces, fournis par ses annonceurs, omissions ou erreurs figurant dans cette publication. Tous droits d’auteur réservés pour tous pays. toute reproduction, même partielle, par quelque procédé que ce soit, ainsi que l’enregistrement d’informations par système de traitement de données à des fins professionnelles, sont interdites et donnent lieu à des sanctions pénales. Ne pas jeter sur la voie publique. SPIRIT est membre du réseau A nous, Éditions A nous. Régie nationale, 01 75 55 11 86, sandrine.geffroy@anous.fr, paule-valerie.bacchieri@anous.fr
le Caractère Urbain Spirit • 3
give me five
Le 04.04
Le 12.04
Théâtre
Cinéma
Musique
Envoyez vos enfants sur Mars ! C’est la Cité de l’Espace qui paye le voyage. Pas de soucoupe volante en perspective mais un grand chapiteau qui abrite jalousement une tonne d’expériences et de gadgets à bidouiller pour mieux connaître la planète rouge : des lunettes 3D pour comprendre les reliefs, un tapis magique qui bouscule les lois de la gravité et simule une marche sur Mars et des robots explorateurs à téléguider. Les parents ne sont pas dispensés de la visite. Page 42
Attention, onde de choc. Quand le théâtre se frotte au réel, les histoires sont rarement des contes de fée. Le cycle Docuf(r)ictions revient pour son dernier round au théâtre Garonne et nous attaque frontalement. Quatre propositions pour quatre réalités du monde. Le photographe Michael Akerman ouvre son objectif à la notion de territoire, dans un monde fragmenté en noir et blanc. Bruno Meyssat décortique une catastrophe écologique dans Le Monde extérieur tandis qu’Éric Vigner met en procès Guantanamo. Le monde n’est pas beau. Autant le regarder en face. Final déambulatoire avec KompleXKapharnaüM. Envahissant les rues de Saint-Cyprien, c’est notre réalité qu’ils viennent chercher. Page 34
Invitation au voyage dans les montagnes himalayennes. Haut, très haut, sur les plateaux du Ladakh, à presque 5 000 m. La réalisatrice et ethnologue Marianne Chaud y a suivi plusieurs mois des populations nomades, dont le nombre diminue chaque année. La faute à la rudesse des conditions de vie, à la promesse d’une vie meilleure, plus éduquée, plus facile, en bas, en ville. C’est ce choix d’une vie que la jeune femme filme, en prenant soin de ne jamais effacer sa présence. Plus qu’un documentaire, une rencontre précieuse où l’observé n’est pas toujours celui qu’on croit. Page 32
On les avait crus brouillés à jamais. Mais non, avec un quatrième album dans les bacs, le duo Sporto Kantes prouve que la longévité dans la musique nécessite une bonne dose de compromis. Ou de succès. Le spot de la Twingo et du drag queen, a relancé la machine à quatre mains et au son électro fusion. L’album 4 semble logé à la même enseigne que les opus précédents : de l’électro mais pas trop, du son venu des quatre coins du monde, du trip hop, de la pop, de la techno, des influences croisées. Et un grand mix qui donne envie de bouger. Rencontre avec Sporto sans Kantes. Page 38
Jusqu’au
Indélébile
En trois éditions le festival de BD du collectif toulousain Indélébile a déjà laissé des traces. Et la quatrième s’annonce corsée. Exigeants, indépendants, et pas chiants pour autant, les auteurs et éditeurs conviés constituent un beau panel de ce qui se fait de mieux dans le milieu « underground ». De la Belgique (Fremok) à Montpellier (6 pieds sous terre), de Hambourg (Anke Feuchtenberger) à Tokyo (Florent Chavouet), la BD s’expose, s’affiche, se décompose, lors d’une dizaine d’expos. Elle se fabrique aussi lors d’ateliers graphiques. Orgie de fin de parcours prévue le week-end du 28.04 pour fêter les 20 ans de 6 pieds sous terre et rameuter tout ce beau monde pour une journée de rencontres. Page 30
Docuf(r)ictions
La nuit nomade
Sporto Kantes
© Zed Distribution
Explorez Mars
Du 26.03 au 29.04
En famille Festival
03.07
Du 31.03 au 05.05
© Antoine Rozes
Cité de l’espace © Manuel Huyn
5
S’il fallait en retenir 5, voici les événements qui méritent une place dans votre agenda.
4 • Spirit le Caractère Urbain
bruits de couloir
Bulles d’histoire Parce qu’il n’est pas donné à tout le monde de se plonger dans les archives de Toulouse pour comprendre son histoire, la maison d’édition Grand Sud a pensé à la bande dessinée pour éclairer le passé de la ville rose, de 1096 à 1761. Le projet est né de la collaboration entre huit étudiants en histoire de l’université du Mirail et sept illustrateurs. Ainsi, chaque auteur a sa part d’histoire à raconter. La BD est divisée en huit parties, de la Tolosa romaine à l’affaire Calas. Tout ne peut pas être raconté en quarante pages, mais on y apprend le nom de certains quartiers ou des épisodes moins célèbres comme le grand incendie de 1463. Un voyage dans le temps en images.
Obama n’est pas un malade mental, ce qui est extrêmement rare dans l’histoire des présidents américains l’écrivain américain Russell Banks nterviewé par les Inrocks.
Tracer sa route, élégamment
© Stéphanie Pichon
L’image du mois
Place au silence
Dans la rue du Coq-d’Inde, à deux pas de la place de la Trinité, les nouvelles boutiques éclosent comme autant de bourgeons printaniers. Dernière-née : L’itinéraire. Ou le shop-miroir d’une jeune femme trentenaire qui erre le nez au vent et déniche au gré de ses pérégrinations des vêtements légers, doucement colorés… Ouverte depuis un peu plus d’un mois, la boutique de Sabrina n’a pas que l’ambition de vendre de beaux vêtements pour elle et lui, elle propose aussi « du look, des attitudes, du style ». Sabrina s’occupe de toute la collection et se fournit essentiellement chez des créateurs italiens de qualité, pour des chemises cousues main ou des vestes de l’armée américaine chinées et retravaillées. Le petit truc en plus ? La rue minuscule. « Je voulais être dans une petite rue pour avoir le temps de m’occuper de chaque client. Sans avoir à courir partout ». C’est réussi. On jurerait entrer dans son dressing, en toute intimité. Attention, ici on ne vend que de l’authentique et de qualité, comptez donc avec le budget qui va avec. L’itinéraire, 6 rue du Coq-d’Inde
300 000 euros. C’est la somme consacrée par Tisséo aux trois sculptures contemporaines qui seront installées sur la ligne du tramway Garonne. Le « Giant Figure » de Thomas Houseago, la tête colossale de Laurent Le Deunff et la pointe « Alif » de Yazid Oulab seront placées allées Jules-Guesdes, au Fer à cheval et sur l’île du Ramier.
6 • Spirit le Caractère Urbain
© Mathilde Raviart
Midi, place du Capitole, le 23 mars dernier. Ils sont des milliers de Toulousains à se rassembler dans le silence, pour se souvenir des victimes de Mohamed Merah. Après le temps des sirènes de police, de l’agitation médiatique, est venu celui du recueillement. Les autorités municipales ont énoncé les noms des sept victimes. Ensemble, les Toulousains ont marqué une minute de silence. Pas de discours, comme si les mots sur la tragédie avaient déjà tous été usés. Seule une banderole affichait un message, tourné vers l’avenir : « Vivre ensemble : égalité, pluralité, dignité ». En français, en arabe, en hébreu et en occitan.
Castéla dans les Bras ? Déjà sous les feux de la rampe dans le documentaire de Paul Lacoste Entre les Bras, la famille du chef triplement étoilé de l’Aveyron, fait parler d’elle du côté du Capitole. Michel et son fils Sébastien ont annoncé haut et fort qu’ils avaient le projet de reprendre une partie de l’immeuble de l’ancienne librairie Castéla. L’idée : monter un fast food à l’aveyronnaise, sur le modèle de celui qui vient de s’ouvrir à Millau. Le capucin, cône de pâte à la farine de sarrazin, fait office de pain et la garniture se décline à l’envi, puisant sa matière en Aveyron (aligot, saucisse, roquefort ou foie gras). Les tractations sont en cours, le duo père-fils aimerait signer début mai, pour une ouverture fin 2012.
Perspective depuis la place Abbal © Perraudin Architectes
L’image en sa demeure Toulouse a levé le voile sur le projet architectural de la Maison de l’Image, équipement culturel ambitieux destiné à s’implanter à la Reynerie, non loin de la place Abbal. L’architecte lyonnais Gilles Perraudin a imaginé un grand bâtiment compact, caractérisé par sa vaste loggia surplombant l’esplanade, où se logera la salle de spectacle de 300 places assises. « Un hommage à l’architecture des années 60 » précise-t-il. Espérons que les habitants sauront occuper cet équipement de 4 500 m2 dédié à l’image, où résideront des artistes. Si les édiles affichent l’envie d’y « rassembler » les citoyens et d’en faire un lieu « accueillant et protecteur », ils devraient rapidement ajouter grilles, portails et horaires de fermeture. De quoi amoindrir le bel effet de « dedans-dehors » voulu par l’architecte avec l’atrium, les terrasses, et l’escalier extérieur grimpant jusqu’au toit. Livraison prévue en septembre 2014.
Petite victoire pour les cyclistes toulousains. Le réseau Tisséo se décide enfin à autoriser les vélos dans les rames du tramway, histoire de s’aligner sur ce qui se fait ailleurs depuis longtemps : Bordeaux, Nantes, Grenoble, Lille (mais pas Paris). Tisséo reste prudent tout de même, et ne tente la chose qu’à titre « expérimental » pour une période d’un an seulement. Aux heures de pointe, aucune chance de monter. Les deux-roues ne sont tolérés qu’aux heures creuses (soit en dehors des créneaux 7 à 9 heures et 16 à 19 heures). C’est toujours un début !
22 avril Cela fait des mois qu’on en parle. Le premier tour est arrivé ! Présidentielles obligent c’est calme plat sur la programmation culturelle. Un théâtre cependant gardera ses portes ouvertes : le Grand-Rond. Quatre heures de soirée électorales en direct, et quelques surprises jouées.
© Mathilde Raviart
Tram à deux roues
Comic street Comme dans les dessins animés. Les flammes d’une explosion sont restées deux semaines en mars aux fenêtres du salon de coiffure By Katie Nat. Installé par l’artiste Brice Goillot, cette œuvre appelée « self control » joue du décalage dans un quartier coquet. Coup de maître pour l’artiste fou d’explosif. Coup de pub pour le salon doublé d’un réel désir de collaboration avec l’artiste. Katie Nat explique la démarche, « je voulais en quelque sorte “faire transpirer” l’intérieur vers l’extérieur, faire vivre la façade avec une vision totalement déconnectée de mon univers, issue de l’art urbain, du “street art” ». Contraste réussi.
bruits de couloir
Bientôt un PSSST Toulousesur-Garonne ? C’est la Rumeur !
Par Anne Le Stang
L
© Léa Daniel
a rumeur allait enflant tel un tsunami dans les rues de Toulouse. Bientôt la ville flotterait sur la Garonne… Conséquences d’une brusque fonte des neiges ? Prévisions d’un Nostradamus new age ? Avant de plier définitivement bagage, il fallait mener l’enquête, avec des bottes si nécessaire. Le mystère s’éclaircit en partie au Capitole. Pas d’apocalypse météo en vue, mais une cohorte d’urbanistes qui planchent sec sur une sorte de Toulouse-sur-Garonne. « Il faut que les Toulousains renouent avec leur fleuve. Ils lui ont trop longtemps tourné le dos », nous explique-t-on. Le Grand Toulouse a confié à l’équipe pluridisciplinaire de l’agence TER une mission portant sur la cohérence des aménagements de 32 kilomètres de fleuve, de sa confluence avec l’Ariège jusqu’au nord de l’agglomération. Nom de code du projet : « Axe Garonne ». Un plan directeur sera bientôt dévoilé pour des réalisations prévues à l’horizon 2020. Mais les infos ont tout de même filtré. Sur l’île du Ramier, un mini « Central Park », dédié aux sports et à la détente. Du Pont-Neuf au théâtre Garonne, un arc culturel électrisant les lieux-phares de la ville ; en amont et en aval, deux grands parcs naturels, dont la biodiversité serait préservée. Et pour circuler, des passerelles et des pistes cyclables en continu le long des berges (et pourquoi pas des navettes, et un téléphérique inter-rives entre l’Oncopôle et Rangueil…). Le projet fera la part belle aux modes de transports doux, à l’écologie et à la mise en scène des paysages. « Il faut que l’eau rentre dans la terre », confirmait, il y a quelques semaines, Joan Busquets, un brin énigmatique. L’urbaniste catalan chargé de l’aménagement des espaces publics du centre-ville rendra, lui, sa copie à la fin du printemps, après avoir laissé mariner ses projets. Ce faiseur de rêves réalisables imaginerait, l’été, une liaison par bac – le vaporettoulouse ? – du port de la Daurade au port Viguerie. Il tirera – qui sait ? –, de ses cartons des pontons piétonniers et des piscines flottantes, comme à Copenhague ou Berlin. On murmure que la Garonne selon Busquets aura un côté superstar, voire rock’n roll, avec des terrasses en gradins à Saint-Pierre, une place de la Daurade sans voitures et plus verte, des rues aplanies et des quais où faire du vélo à double sens. « Ce ne sont pour l’instant que des pistes de travail », tempère-t-on au Capitole. Croisons les doigts pour qu’elles ne prennent pas toutes l’eau !
ZE BUZZ À bout de souffle. Ruez-vous les places sont chères ! Le marathon de Toulouse aura lieu le 28 octobre prochain mais les inscriptions sont d’ores et déjà ouvertes. Sur www.marathon-toulousemetropole.fr Mini-marathon. Avant le grand raout littéraire de début juillet, le Marathon des Mots fait une miniversion pour les enfants et ados du 2 au 5.04. Daniel Pennac en sera l’invité d’honneur. Rien que ça ! Siestes à Compans. Bye bye la prairie des Filtres, les Siestes Électroniques, saoulées de trop de chamailleries, vont migrer là où l’herbe est aussi verte, au jardin de Compans-Cafarelli. Prochaines sessions du 28.06 au 01.07 Avec un peu de sauce tart’art, s’il vous plaît. Une dimanche électoral ne dispense pas de détente dominicale. Fooding et DJ au programme de l’asso la Sauce Tart’art, spécialiste des dimanches qui chantent. Le 22.04 au Connexion Café. Caméras débarquées. 642 nouvelles caméras devaient apparaître sur le réseau métro et tram d’ici 2014. Décision reportée par Tisséo, en attendant l’avis de la commission municipale des libertés. Les 1 500 déjà en place, elles, fonctionnent toujours. Virgin Suicide. L’enseigne de disque, livres, et DVD, concurrent direct de la Fnac, aura tenu 10 ans à Toulouse. D’ici la fin de l’été, le magasin de la rue d’Alsace-Lorraine fermera à définitivement. Zara, Apple ou H&M sont déjà sur les rangs. 8 • Spirit le Caractère Urbain
Close Observer © Sanna Kannisto
c’est dans l’air
10 • Spirit le Caractère Urbain
spécial développement durable
Peut-on imaginer un champ plus large que celui du développement durable ? Au quotidien, il nous suit partout, des éclairages publics aux pistes cyclables, en passant par les nouveaux écoquartiers que compte la ville… La première semaine d’avril lui sera consacré, à Toulouse comme en France. Spirit a sauté sur l’occasion pour faire le tour d’un concept devenu in-con-tour-nable ! Par la Rédaction
Durablement vôtre
Spirit a choisi d’illustrer son numéro sur le développement durable par le travail de Sanna Kannisto qui en confrontant la nature et la culture, souligne à quel point l’homme et son environnement doivent apprendre à vivre ensemble.
O
n a longtemps soupçonné la notion de « développement durable » d’être un fourre-tout, un attrape label artificiel, une machine à générer des nouvelles catégories à la poétique toute phonétique (BBC, HQE et autres acronymes). Bref le doute était semé. Ce temps-là est révolu. Le « DD » fait l’unanimité. Comment résister de toute façon à ce bel énoncé qui vise à répondre au besoin du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs. L’avancée vers le monde de demain ne se fera plus sans lui. Il est partout : dans le code de l’urbanisme, dans les plans de déplacement urbain, dans les cantines des écoles, dans les ampoules de nos maisons. À Toulouse, le combat est déjà bien lancé, nous dit en substance Régine Lange présidente de l’Observatoire régional de l’air en Midi-Pyrénées et adjointe au développement durable à la mairie de Toulouse depuis 2008. « Aujourd’hui cette préoccupation a été bien intégrée par les habitants de l’agglomération. Ils ont été sensibilisés aux thématiques de la protection de la nature, de la biodiversité, des économies d’énergie ». Elle vient de présenter le Plan climat énergie territorial lancé en 2010 à l’échelle du Grand Toulouse, et qui entrera en action après la phase de diagnostic. Objectif ? Diminuer les émissions de gaz à effet de serre, envisager de manière transversale tous les moyens d’y parvenir. Y compris avec le monde de l’entreprise. « Nous avons énormément travaillé avec les entreprises du territoire, nous avons réfléchi ensemble à des solutions à travers le pôle Ecofi climat ». Exemple : sur les plans de déplacement, Tisséo conseille les entreprises pour les déplacements de leurs salariés, et le Grand Toulouse planche avec Airbus sur ce même sujet. Les déchets sont un autre enjeu : le centre-ville se prépare à passer
au tri sélectif individuel, la Ressourcerie (voir page 10) permet de recycler au mieux. Et que dire de la Cartoucherie, écoquartier en train de sortir de terre, véritable ville dans la ville qui a tout pensé : jardins, appartements, voies de circulation pour économiser au mieux l’énergie et faciliter une autre notion très tendance « le vivre-ensemble ». La Semaine du développement durable aura pour thématique l’eau, à l’honneur en ce moment au Muséum, et cheval de bataille de l’urbaniste Joan Busquets. Ce dernier a décrété que la Garonne, dans et hors Toulouse, devait retrouver sa place dans l’avenir, et servir de poumon vert à une agglomération en pleine expansion. Semaine du développement durable, du 29.03 au 08.04, programme complet sur www.grandtoulouse.org
Sanna Kannisto, éloge de la « photodiversité » Finlandaise d’origine, Sanna Kannisto n’était pas programmée pour photographier des plantes tropicales ou des insectes et animaux multicolores lors d’expéditions scientifiques dans les forêts d’Amérique du Sud ! Mais ainsi en a voulu cette artiste, partie loin de ses terres pour son travail « Fieldwork », exposé au Château d’eau. « Je suis intéressée par la manière dont le chaos et la raison peuvent travailler côte à côte », explique la photographe qui n’aime rien tant que mêler science et art. Le studio photo est apparent, un marqueur rouge laissé là par les scientifiques vient rendre la jungle luxuriante presque domptée. Délicates, colorées, poétiques, ses images grand format sont autant de natures mortes incroyablement vivantes. En bousculant l’idée d’un ordre (les scientifiques dans les labos, la faune et la flore dans leur milieu naturel), elle provoque l’incongruité, et parfois le sourire avec ses serpents shootés en studio, ou des scientifiques perdus sous la voûte d’incroyables arbres-cathédrales. Fieldwork, Sanna Kannisto, jusqu’au 22.04, galerie du Château d’eau, 1,50/2,50 €
le Caractère Urbain Spirit • 11
c’est dans l’air
Toulouse, en rose et vert Pollueurs, sur-consommateurs, énergivores ? Tous coupables ! Heureusement, le virus de l’achat responsable s’introduit dans les commerces toulousains, histoire de redresser nos torts et soulager les rejets de CO2. De l’assiette au vélo, Spirit décline le vert dans la ville rose. Et accorde le retour du printemps à une certaine idée de l’environnement… Par Matilde Raviart, Gabriel Loridon
Brio (4)
La Ressourcerie (6)
Mobilib (1)
© de gauche à droite : Gabriel Loridon, la Glanerie, Grand Toulouse
1 La colocation dépasse les bornes
15 bornes et 32 voitures, le réseau toulousain Mobilib continue de s’étendre. Pour faire simple, ce serait le pendant motorisé du vélouze, ou comment utiliser des voitures « en libre-service » 24h/24 et 7 jours sur 7. Le fondateur Dominique Platon, aujourd’hui à la retraite, s’était lancé dans le projet d’auto-partage coopératif pour crédibiliser son mémoire de master. De fil en aiguille une coopérative s’est créée jusqu’à l’arrivée de la première voiture en mars 2009. « Cela fait partie des solutions qui œuvrent en faveur d’’un changement de comportement. Mobilib permet de chiffrer chaque déplacement et de prendre ainsi conscience du coût de chaque trajet » précise Céline Soulié, la directrice. Pour donner une idée, une heure de Mobilib pour un parcours de cinq kilomètres revient à 6,25 € pour un particulier. Petit plus : les 600 adhérents toulousains peuvent utiliser la carte Mobilib ou leur carte Pastel (accréditée Mobilib) dans les autres villes partenaires du réseau auto-partage. www.mobilib.fr
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2 C’est le kilowatt qu’il préfère
Les beaux jours sont de retour, le temps du slalom à deuxroues entres les voitures aussi. Histoire de ne pas arriver liquéfié au bureau et éviter la surchauffe dans les montées, Éric Hunant propose des vélos à assistance électrique dans son magasin ouvert depuis trois ans. Bien décidé à faire passer l’envie de prendre leur voiture aux Toulousains, le VAL est pour Éric le champion toutes catégories des petits déplacements. Du coup, il propose non seulement des montures neuves (à partir de 1000 €) mais fait aussi des occasions (800 €) et la location (25 € par jour). Enfin, ceux qui ont déjà acheté leur petite reine peuvent venir voir Éric afin de lui donner un coup de jus et atteindre sans effort les 25 km/h. Cerise sur le guidon, le patron a trouvé un bon filon pour recharger ses batteries. Il utilise Énercoop, un concurrent d’EDF qui produit de l’énergie 100 % renouvelable. En selle ! 2 roues vertes, 13 avenue de Fronton, 31 200 Toulouse, ouvert du mardi au samedi, www.2rouesvertes.fr
12 • Spirit le Caractère Urbain
4 1
spécial développement durable
3 Les années-lumières
La municipalité joue le jeu de l’économie d’énergie. La dépollution lumineuse est en marche et les lampadaires toulousains servent de cobaye aux expérimentations les plus innovantes, toutes inscrites dans un projet global d’amélioration de l’éclairage public. Éoliennes, lampes à détection de mouvements ou à énergie solaire, rien n’est laissé de côté. Sur le long terme il s’agit de remplacer les lampes à vapeur de mercure par des ampoules plus frugales et plus propres. D’ici quelques mois la place du Capitole s’équipera de plots solaires. Et, dores et déjà, les passants font varier l’intensité de lumière de quelques lampadaires détecteurs de mouvements éparpillés dans la ville. Saurez-vous les reconnaître ? à Saint-Etienne, sur l’île du Ramier...
4 Fast good
La devanture verte de Brio donne le ton. Dans ce fast-food atypique on mange vite et bien des produits de saison produits localement. « Et après si c’est bio c’est encore mieux ! » comme dirait Anne Ravier, à la tête de cet établissement situé à deux pas de la place Esquirol. Le concept est simple : on passe commande au comptoir. On choisit une base : pâtes bio, quinoa ou salade de jeunes pousses (à partir de 5,5 €). Ensuite, on pioche parmi la vingtaine de garnitures. Au programme, compotée d’oignons, fromage de brebis frais, œuf, thon, lentilles... Les gourmands se laisseront tenter par un dessert fait-maison ou une bière artisanale. Ensuite on se régale sur les tables hautes et une ambiance relax. Avant de partir il faudra passer par la case tri sélectif. Car Anne Ravier est passée depuis longtemps à l’action responsable. Chez elle, c’est recyclable, des couverts aux serviettes. Et nous, on repart repu se promettant qu’on y reviendra ! Brio, 50 rue des Couteliers, Toulouse, 05 62 72 29 54
5 Le mystère de la toison verte
Sur le boulevard de Strasbourg, entre la place Arnaud-Bernard et Jeanne-d’Arc, un petit salon de coiffure bio traite nos cheveux avec en tête le souci du développement durable. Pas de paraben ni d’amoniac ! Tous les produits sont naturels : colorations végétales, henné, shampooings et soins biologiques. Le salon est entièrement « écolo » : au mur, des plantes dépolluantes et des peintures bio, au plafond, des ampoules basse consommation. Les produits d’entretien sont naturels, les emballages se recyclent, et même jusque dans votre tasse : le thé et le café sont biologiques. Faut pas avoir peur du vert ! L’An Vert Salon, 73 boulevard de Strasbourg, Toulouse, 05 61 21 11 68
Design Reine Mère (7)
6 Les glaneurs des temps modernes
Pour le « recyclé » Toulouse avait déjà Emmaüs. Il faudra désormais compter sur la Ressourcerie. Ouverte en octobre, près du lac de Sesquière, elle a été montée par l’association la Glanerie et portée par Aurore Front et Florent Motte. Sur les principales déchetteries du Grand Toulouse, des « valoristes » repèrent ce qu’il est possible de réutiliser (mobilier, électroménager, électronique, vaisselle, outillage…). Pour la plupart demandeurs d’emploi, ces glaneurs des temps modernes en réinsertion, passent ensuite au relooking des objets avant de les vendre dans l’immense hangar aménagé de 700 m². La Glanerie, 37 impasse de la Glacière, Toulouse, mercredi et samedi, 10h à 19h, 05 61 26 83 40, www.la-glanerie.org
7 Vive la reine !
Stéphane Clivier est un homme de conviction. Sensible depuis toujours au développement durable, cet ébéniste et designer de formation décide en 2006 de monter son propre projet : une entreprise d’éco-design » Made in France ». Avec son équipe de Reine Mère, il conçoit des petits objets pour la maison : ustensiles, accessoires, mais aussi du mobilier haut de gamme tout en matériaux nobles et naturels (bois, feutre 100 % laine, papier recyclé). Mouvance, à Toulouse, est l’une des boutiques de son réseau de distribution qui s’étend sur toute la France. On peut aussi acheter en un clic sur le site. Reine Mère édition, 125 chemin du Sang-de-Serp, Toulouse, 05 31 61 60 40, www.reinemere.com Mouvance, 17 rue Antonin-Mercié, Toulouse, 05 61 13 67 78
8 éthique mais chic
Leader en France de la mode dite « durable », Ekyog a choisi des matières respectueuses de l’environnement et de la peau, pour ses vêtements pour femmes et enfants. Dans la boutique de la rue de la Pomme, le coton bio côtoie le polyester recyclé et le cuir au tannage végétal. Même traçabilité du côté des étapes de transformation et des conditions de travail des ouvriers. Créé en 2004 par Nathalie LebasVautier, la marque veut concilier style chic et éthique. Ce n’est donc pas forcément la bonne adresse pour des vêtements aux allures « babos ». Disons qu’ici le pantalon fuse droit, le short pétille et le t-shirt joue la sobriété. Le concept semble séduire, la marque en est à sa 44e boutique dans toute la France. Ekyog, 28 rue de la Pomme, Toulouse, 05 61 29 88 63, www.ekyog.com
Ekyog (8)
L’An Vert Salon (5)
© de gauche à droite : Reine Mère, Ekyog, Gabriel Loridon
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ouvre-toit
initials bb…c BBC... L’acronyme n’est pas encore connu. Pourtant c’est par ces trois lettres que la nouvelle norme thermique s’appliquera à toute construction. Dès 2013, les Bâtiments seront Basse Consommation ou ne seront pas. À Lanta, dans le Lauragais, des propriétaires ont déjà franchi le pas. Texte : Léa Daniel - Photos : Sébastien Maurette (sauf mention spéciale)
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spécial développement durable
E
lle a fière allure la dernière réalisation de Tilt Architecture. Posée sur une des collines dont seul le Lauraguais a le secret, la bâtisse assume d’emblée son caractère contemporain. Au premier abord, rien n’indique ses redoutables performances thermiques. Il n’empêche que, dès le départ, les propriétaires, écolos mais pas mégalos, ont demandé de faire attention à certains paramètres. Ils rêvaient de géothermie et voulaient chiller dans une maison bien isolée. Ça tombait bien. Leur duo d’architectes avait plus d’un tour dans la poche. « On a toujours essayé de faire des maisons bien pensées, notamment sur le plan thermique. À Lanta, la parcelle présentait une orientation idéale, il y avait un beau panorama, exposé au sud avec la pente dans le bon sens. » Les premières esquisses se tracent comme une évidence. « On s’est mis en partie haute du terrain pour bénéficier de la plus large vue, précise Gaëtan Allouche. Ça nous a permis de dégager un jardin plus généreux ». Dans l’élaboration de leur projet, les architectes travaillent aussi sur le mélange de matériaux. Au nord, ils privilégient la maçonnerie et sa robustesse « pour protéger la maison ». Ce premier volume abrite les pièces techniques : le cellier,
les sanitaires, les salles de bains... et sert également de « tampon » pour isoler la maison du froid. Ils y associent au sud un second volume en ossature bois, avec de grandes baies vitrées et un aspect très chaleureux. S’y trouvent toutes les pièces de vie et les chambres.
Du bien pensé au BBC
Encore fallait-il que ce projet plaise à leurs clients. « Ils s’étaient documentés et avaient envie, entre autres, d’un séjour traversant, se souvient Claire Poulnais. Pourtant on a vite compris que ce qu’ils avaient en tête ne fonctionnerait pas sur ce terrain-là. Pour une maison très performante sur le plan énergétique, il faut s’ouvrir plus au sud qu’au nord, ce qui implique d’abandonner l’idée d’un séjour qui s’ouvre sur deux expositions. » Pas de souci, les clients de Tilt sont des clients de rêve. Ils ont donc opiné du bonnet et accepté une maison qui ne correspondait pas forcément à ce qu’ils avaient imaginé. Sans regret ! Une fois les plans terminés les architectes se sont rendu compte qu’ils étaient tellement proches du label, qu’il valait mieux tenter de le décrocher. Commence alors le long processus qui les mènera jusqu’au BBC pendant lequel le bureau d’étude thermique s’impose comme un partenaire de taille. Il calcule le niveau de performance que doit
atteindre la maison, propose une liste de matériaux compatibles BBC. Car pour obtenir le label on ne conçoit plus une maison de la même manière, et on ne mène plus un chantier pareil. La mise en œuvre doit notamment permettre une parfaite étanchéité à l’air. Les entreprises doivent respecter les contraintes que la norme impose, ce qui complique parfois la tâche des artisans. Qu’à cela ne tienne, tout le monde est très volontaire.
La performance a un coût
À la question « est-ce que ça coûte plus cher de construire BBC », les architectes sont sans appel. « Oui forcément, répond Gaëtan Allouche, on est mieux isolé, on a des équipements plus performants et on est accompagné par un bureau d’étude thermique qui réalise des tests d’étanchéité à l’air. » À ce propos nos deux architectes ont leur astuce. Cet examen n’est obligatoire qu’à la fin de la construction, mais ils en ont décidé autrement. « Nous avons fait un test intermédiaire, car une fois que tout est plaqué et peint, ça aurait été trop tard. » Ils ont eu raison. Ce test à mi-parcours a permis de déceler une fuite sur la façade. Ça coûte donc plus cher, mais une maison consomme moins, entre 64 et 120 kwh/m2 /an et permet de réaliser de substantielles économies d’impôt.
Fiche technique Conception Tilt Architecture Surface 160 m2 Coût des travaux 330 000 € TTC Début des travaux septembre 2010 Fin des travaux mai 2011
© Tilt Architecture
C’est par sa face nord qu’on découvre la maison de Lanta : un volume en maçonnerie opaque presque austère. Impossible pourtant de ne pas voir que derrière ce rempart se cache un trésor : une ossature bois qui expose au sud tout son bardage et sa large surface vitrée. Là, une large casquette vient protéger les vitrages en été et se prolonge en une large terrasse abritée. Ce projet de maison veut le bien-être de ses occupants, tout en respectant l’environnement.
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ouvre-toit
R+1
Rez-de-chaussée Cuisine, séjour, bureau... au rez-de-chaussée pas de couloir mais une série de pièces dans lesquelles on circule librement. On accède à l’étage par un escalier qui conduit directement à la salle de jeu. Là, un couloir dessert les deux chambres des enfants. Grâce au filet, la salle de jeu est un espace qui fonctionne bien quand trop souvent elle reste une pièce que les enfants boudent. Le « vide sur séjour » permet la communication avec les pièces du dessous, chose impossible si on avait eu un garde-corps. Finalement, la salle de jeu n’a presque pas de limite, excepté l’horizon.
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spécial développement durable
le Caractère Urbain Spirit • 17
© Stéphanie Pichon
© Emmanuel Pidoux
© Stéphanie Pichon
© Connexion Café
l'ENDROIT
Connecting People Un brin poseur à ses débuts, le Connexion Café se déride aujourd’hui à coups de concerts bons prix, bon œil. Ambiance industrielle et récup’ pour un café atypique à la programmation grand-écart. Texte : Stéphanie Pichon
I
l est 14h30, derrière les manettes de la console le « lighteux » affine le jeu pour le concert du soir. Le Connexion Café a déjà relevé ses deux grands rideaux de fer qui protègent sa terrasse de 100 m2 qui donne sur la rue Gabriel-Péri. Sans vitrine, chauffée l’hiver, ouverte aux quatre vents l’été pour prendre l’apéro à l’ombre, elle est l’un des atouts de ce nouveau lieu de la vie toulousaine, ouvert il y a deux ans par les patrons de La Maison, un bar situé à deux pas de là. L’autre point fort, c’est bien sûr sa programmation de petits concerts éclectiques et pas trop chers. Il ne fut pourtant pas facile de monter ce projet de café-concert de 500 m2 en plein Toulouse, à une époque où les plaintes de voisins s’abattent sur les lieux culturels. Bernard Bentayou est sur le projet depuis 2005. Un vieux de la vieille de la nuit toulousaine que l’on a croisé au Siphon dans les années 80, et qui tient toujours la Maison avec Laure Favier, sa compagne. Il fallait bien être deux pour se lancer dans la rénovation dantesque de cet ancien magasin de hi-fi et l’aménager en salle de centre-ville, avec tout ce que cela réserve comme contraintes.
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Le lieu a gardé sa patte industrielle, brute, tout en cultivant son côté cosy. Le métal, le fer, et le béton jouent les contrastes avec les canapés de velours moelleux et les tables en bois. Les gros bidons rouges et bleus sont aussi une marque maison, de la récup’ que l’on doit à un petit budget autant qu’à un certain goût du bric à brac « à la berlinoise » précise Laure Favier. À l’étage, un plateau intimiste où l’on s’affale dans des fauteuils glanés chez les antiquaires. En terrasse le babyfoot s’impose en attendant le début du concert.
un lieu passerelle
La grande enseigne « Connexion » de l’ancien magasin continue d’aiguiller le promeneur vers ce lieu de nuit. « Pour nous c’était important de garder cette image, ce nom, avec l’idée de créer une passerelle entre les gens, les genres. » Des concerts de 3 à 15 euros, presque quotidiens, en grande partie programmés par Jerkov et la Centrifugeuse, des groupes venus du monde entier (Busdriver, Ewert and the two dragons, Laetitia Sheriff ou Uniform Motion sont attendus en avril), des publics qui se croisent, pas forcé-
ment jeunes, pas forcément imbibés non plus. La nuit toulousaine semble ici prendre le parti de la maturité autour de cocktails bons tons et de musiques bien senties. Le succès n’a pas forcément été au rendez-vous tout de suite. Les débuts pêchent par manque de matos. De quoi vous pourrir une réputation musicale dans le milieu des rockeurs. « On a d’abord voulu miser sur la cuisine en négligeant la sono. Aujourd’hui on fait l’inverse ». Revirement ! Un ingénieur-son à temps plein, une sono qui tient la route et un public qui se fidélise. Petit à petit, on a vu les queues des vestiaires s’allonger, jusqu’à 800 personnes passent par ici le samedi soir. Même le lundi, on ne fait pas relâche, voire on cultive l’exigence avec le rendez-vous " Connexion improvisé " autour de Vincent Ferrand, une fois par mois. « Ces concerts symbolisent le genre de soirées que l’on recherche : un public qui vient par curiosité, sans a priori, et qu’il se laisse happer par un moment unique. » Reste encore beaucoup de choses à faire : des loges à construire, la terrasse à redécorer, les horaires à élargir. Le Connexion n’en est qu’au début de son histoire. Mais a déjà passé la période d’essai.
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tables & comptoirs
L’étoile mystérieuse Le guide Michelin vient d’accorder une étoile au restaurant les Jardins de l’Opéra où officie Stéphane Tournié. Chacun ses goûts... Par Christian Authier
A
ux Jardins de l’Opéra, nous n’avions pas que de bons souvenirs. À l’époque de Dominique Toulousy, nous avions connu la fin de règne. Cela devait être mieux avant. Puis Stéphane Tournié reprit les fourneaux et nous découvrîmes ses menus en « trilogies ». Quand c’était bon, les portions frustraient. Quand c’était moins bon, elles étaient de trop. Aussi, lorsque notre rédactrice en chef nous suggéra d’aller poser la fourchette du côté de cet établissement qui venait de récolter une étoile au guide Michelin, nous traînâmes un peu des pieds, mais nous acceptâmes la mission. Notre ami l’architecte se présenta pour nous accompagner. C’était le partenaire idéal, exigeant et débonnaire à la fois, les papilles aiguisées par la cuisine de haut niveau de son épouse et la fréquentation des bonnes tables. Il opta pour le Menu Opéra à 29 € (servi midi et soir) qui s’annonçait plutôt avenant : chair de crabe en gelée, fines herbes et crème de fenouil ; morceau de paleron de bœuf Blonde d’Aquitaine aller-retour, sauce aux poivres ; verrine onctueuse vanille, marron et poire. L’entrée, presque glacée, voyait ses saveurs annihilées, le crabe avait perdu ses pinces d’or tandis que le
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paleron de bœuf (très tendre, parfaitement cuit) se serait aussi bien passé de sa sauce. Quant au dessert, également un poil trop froid, il ne laissait s’exprimer que la vanille. Rien de désagréable, ni de transcendant.
Affinités électives De notre côté, nous optâmes pour la carte ramassée, cohérente et alléchante. Dans les entrées : noix de coquille Saint-Jacques, bouillon d’orange à la coriandre (28 €) ; fricassée de homard, tombée de chou vert et lait de coco-curry (29 €) ; caviar des Pyrénées (30 gr), accompagné de blinis et crème fouettée (84 €). Pour les plats : tranche de bar sauvage, vinaigrette de coques à la crème de sésame et guacamole (35 €) ; filet de Saint-Pierre sauvage rôti, bouillon de verveine à la citronnelle, asperges et moules (37 €) ; pigeon du MontRoyal rôti et fumé minute, jus de truffe noire et sa polenta de légumes (35 €) ; filet de bœuf « terre-mer » mariné au soja, tombée d’endive et émulsion de betterave (34 €). Du côté des desserts : plateau de fromages affinés de chez Xavier (16 €) ; entremet chocolat-caramel, biscuit noix de pécan et crème glacée chocolat (12 €) ; douceur litchi-rose, pomme verte
et son sorbet (12 €). La fricassée de homard passa sans amorcer la conversation, nous laissant faire chou vert. Lorsque vint le plat, on dissipa l’émulsion de betterave sans intérêt, la tombée d’endive dispensable, pour se consoler avec le filet de bœuf rehaussé par l’huître. Pas mal, mais dans le mariage terre-mer, on avait connu plus renversant. Bref, avec l’architecte, on se regarda comme si nous cherchions sinon un coupable, du moins une explication. On ne comptait pas marcher sur la lune, mais on espérait une fulgurance, une évidence, une surprise, quelque chose qui cloue le bec en faisant naître un sourire de reconnaissance. C’était cela la nouvelle étoile ? Bon d’accord. Ce ne serait pas la première fois que le Michelin nous surprendrait. Cependant, on ne veut décourager personne. Le chef a fait ses armes et ses preuves dans de grandes maisons, sa cuisine est acclamée par les inspecteurs du Guide rouge. Tant mieux. Disons que ce jourlà, nous n’avons pas été conquis. À chacun de se faire une idée – par exemple avec la formule proposée à midi comprenant pour 19 € un plat garni du menu Opéra avec un verre de vin et un café – avant de passer aux menus ou à la carte si affinités.
Les Jardins de l’Opéra 1 place du Capitole 31 000 Toulouse 05 61 23 07 76 Du mardi au samedi
échappée belle échappée belle
Auch, dolce vita à la gasconne Bastion de la slow attitude, Auch surplombe les douces collines gersoises. Isolée pour mieux se préserver, elle n’a pas oublié de convoquer la culture dans ses ruelles de pierre blondes. Ville haute ou basse, la balade passe par le bagou, les tours de la cathédrale et le lit vert du Gers. Sans oublier une pirouette circassienne, véritable exception auscitaine. Textes : Stéphanie Pichon et Léa Daniel
O
n connaît la mélodie du bonheur gersoise qui voudrait qu’ici on vive plus vieux et plus heureux. Le bonheur est dans le pré et la gastronomie dans le magret. Amen. À d’autres la rengaine ! Aux touristes néophytes venus se mettre en vert dans le décor d’un Sud-Ouest rêvé, mais pas au Toulousain venu en voisin. « On ne force pas le trait ! C’est vrai qu’ici on sait vivre, et qu’on est plus heureux, pas stressés ». Parole d’abbé en soutane et lunettes design, David Cenzon, Auscitain de cœur et de naissance, gardien de la cathédrale Sainte-Marie. Alors oui, Auch est un peu enclavée (pas un kilomètre d’autoroute dans tout le Gers !) même si la quatre-voies qui mène à Toulouse est en voie d’achèvement. Mais c’est aussi ce qui la préserve. De là, à nous vendre l’autochtone rebelle et brave comme d’Artagnan, fierté de la ville, Gascon connu par-delà les mers, il n’y
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a qu’un pas. Merci Alexandre Dumas. Allez, on taquine. On ira quand même saluer la statue du Cadet de Gascogne, au bas de l’escalier monumental en cours de rénovation comme ce fut le cas d’une grande partie de la ville qui a retrouvé la blancheur de sa pierre, pour mieux briller les jours de grand soleil… Même la cathédrale a perdu ses éternels échafaudages ! Cela explique sans doute qu’Auch ait accédé depuis peu au label Pays d’art et d’histoire, et qu’elle figure désormais parmi les neuf villes des 26 Grands Sites de Midi-Pyrénées. La reconnaissance, pour une ville parfois négligée sur les circuits du tourisme vert du Gers.
Savourer la flânade Ici le temps joue autrement et il est bon de se laisser prendre à cette allure-là. De préférence poser le guide vert Michelin, se laisser aller nez au vent à la conversation qui se noue à chaque
occasion, et savourer la « flanade ». Prendre un plan de la ville discrètement à l’hôtel de ville ne vous prémunit pas contre la bienveillance d’une équipe prête à vous faire grimper sous les ors de la République où, depuis la salle des Illustres, se dégage une vue imprenable sur la cathédrale. Ses deux tours accrochent élégamment le bleu du ciel. Les jours de grande chaleur, on s’y réfugie pour un peu de fraîcheur, goûtant la lumière tamisée, qui arrive filtrée par les vitraux éclatants du XVIe siècle. En s’éloignant du parvis, on rejoint la Place de la libération qui découvre ses cafés anciens, le Daroles en tête, et bute sur l’Hôtel de France, dans l’angle, qui fut Relais des postes avant de devenir la référence culinaire du temps d’Alain Daguin. Aujourd’hui, Vincent Casassus-Builhé et sa compagne Lucie Mouget ont repris l’établissement et jouent aux attrape-gastronomes pour faire d’Auch leur étendard. Pourtant, l’art de vivre ne saurait
De loin, Auch s’annonce comme un joli dôme, rond et blond sous le soleil du Sud. L’ensemble constitué de l’ancien palais archiépiscopal du XVIIIe - aujourd’hui préfecture - la cathédrale et la tour d’Armagnac, s’agrippe fièrement à la colline. En contrebas, délimitant la ville basse, le Gers dessine une ligne verte qu’on peut longer à pied ou à vélo sur quatre kilomètres. Photos © Conseil Régional - Grands Sites Midi-Pyrénées
être le seul attrait de la capitale gersoise. La vie culturelle sert aussi d’aimant.
Auch fait son cirque Quoi ? Une ville de 23 000 habitants avec sa propre scène nationale des arts du cirque ? Ils ne seraient pas fous, ces Gascons? Non pas vraiment, disons têtus. Cela fait 25 ans que le festival Circa existe, 15 ans que le projet d’une scène dédiée est dans les cartons (voir page 24). Marc Fouilland, le directeur, a tenu bon. Et le voilà, ravi, un brin anxieux, arpentant le chantier de ce beau projet, à la fois centre de recherche, de résidence, de création pour les arts du cirque, auquel une autre institution de la ville, Ciné 32, s’est ralliée sur les terres de l’ancienne caserne d’Espagne, dans la ville basse. Pour une fois que la politique culturelle n’est pas décidée d’en haut, à la jacobine, mais s’ancre véritablement dans une histoire locale ! C’est un abbé (encore), qui lança
la mode acrobatique dans cette petite préfecture enclavée. Pop Circus forme ainsi depuis 37 ans des générations de jeunes, et une dépendance certaine aux arts de la piste. « C’est simple, il y a en moyenne un Auscitain par promotion à l’école du cirque de Châlon » nous annonce Marc Fouilland. Depuis des artistes se sont installés ici, la ville est devenue circassienne de fait, sans forcer le trait, comme pour son fameux art de vivre. À l’heure où la lumière rougeoie, il est temps de remonter vers les hauteurs, de préférence par l’une des pousterles typiques, ces ruelles escarpées et étroites, vestiges de l’époque médiévale. L’option tapas gascons et Madiran nous fait de l’œil à la terrasse de la Cave de d’Artagnan, au pied de la cathédrale. C’est là que s’achèvera notre périple sur les traces de la dolce vita à la mode gasconne. À moins que la programmation du bar le Salon nous pousse à prolonger la nuit autour d’un concert. Peut-être...
Pourquoi y aller ? • Pour passer du vert du Gers, au blanc de la cathédrale, en remontant l’incroyable escalier monumental. •P our enfin découvrir le vrai « valet de carreau », accroché comme tant d’autres personnages dans la salle des Illustres du conseil municipal. •P our le marché du jeudi matin, le plus gros et le plus authentique, qui bloque la nationale, et convoque les Auscitains dans le bas de la ville. •P our les claviers d’été, ces concerts d’orgue gratuits, les dimanches à 18 h dans la cathédrale Sainte-Marie. •P our s’attabler au Merle Moqueur devant un bon verre de Côtes de Gascogne, et apprécier l’apéro à l’ombre de l’imposante Halle aux Herbes. •P our le plaisir d’une soirée dans le cocon du théâtre municipal, plus petit théâtre à l’italienne de la région. •P our arpenter les rues escarpées de la ville en vélo électrique loué chez Cyclowatt 32
le Caractère Urbain Spirit • 23
© CIRCA
échappée belle
Imaginer
Avis de CIRC à la caserne
Ça n’est pas encore pour tout de suite, mais ça ne saurait tarder. Le chantier de l’Ensemble Espagne comme il s’appelle désormais, regroupant les cinq salles du nouveau Ciné 32 et surtout le CIRC (Centre d’Innovation et de Recherche Circassien) - projet rêvé depuis 15 ans par l’équipe de Circa - devrait voir le jour cet été sur le site de l’ancienne caserne militaire, le long du Gers. Le cabinet d’architectes bordelais ADH a conçu ce pôle culturel, en conservant les anciens bâtiments et imaginant des volumes de bois et de béton. Le beau dôme blanc qui surmontera le chapiteau démontable de 450 places, se voit presque autant que la cathédrale en arrivant depuis Toulouse. Sur le chantier, Marc Fouilland ne cache pas son plaisir à faire visiter les futurs hébergements (36 places) pour les artistes en résidence, l’immense salle de répétition dans la caserne en dur, le chapiteau de bois et de toile isolante, les gradins modulables et le futur restaurant. C’est vrai que l’ensemble a de la gueule, et ancrera définitivement Auch - s’il était besoin - dans le bain circassien. Ensemble Espagne : Ciné 32 et CIRC, avenue de l’Yser © Stéphanie Pichon
Dormir
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Comme on fait son lit, on se couche
C’est une bien belle maison que cet Hôtel de France. Historique également ! Du haut de ses trois siècles, cet établissement incontournable a vu les voitures succéder aux diligences. Et le charme suranné de la grande époque où il était un relais des postes n’a pas fané. Chacune des 29 chambres a un cachet bien à elle, se distinguant de ses voisines par une décoration classique et originale à la fois. On aime les baignoires qui s’enfoncent dans le sol, les décorations peintes à la main et les meubles d’excellente facture. La n°42 a retenu toute notre attention, mais on pourrait aussi citer la suite qui niche ses 50 m2 dans l’ancien grenier. Au menu, décor grand luxe, jacuzzi, sauna, et une vue imprenable sur la cathédrale. On dit également beaucoup de bien de la brasserie et du restaurant de l’hôtel. C’est Vincent Casassus-Builhé qui est aux fourneaux et il a de la suite dans les idées. Si l’Hôtel de France est le point de chute idéal en centre-ville, retenons le Domaine de Baulieu pour fuir l’agitation citadine. Située sur les hauteurs d’Auch, cette ancienne ferme gasconne parfaitement restaurée accueille le visiteur dans un décor contemporain. Avec un jacuzzi et une piscine ! Hôtel de France, Place de la Libération, 05 62 61 71 71, de 75 à 220 €, www.hoteldefrance-auch.com Domaine de Baulieu, Chemin de Lussan - Lieu dit A Baulieu, 09 51 23 04 65, de 66 à 126 €, www.ledomainedebaulieu.com
Manger
Goûter
Gourmandises d’ici
Une vie après le magret
À deux pas de l’office de tourisme, l’épicerie fine La cave Gourmande pourrait jouer les attrape-touristes. Que nenni ! Josiane Catherine a été vigneronne pendant vingt ans et sait de quoi elle parle quand elle évoque les nectars des 12 producteurs d’Armagnac vendus ici, « tous des indépendants ». Il faut l’écouter évoquer les arômes, les terroirs, les cépages et millésimes. Derniers coups de cœur ? Martine Laffite, en son domaine Boingnères, la seule productrice de vieux Armagnac en cépage la Folle Blanche, et le domaine de Papolle, dont elle aime l’équilibre parfait entre l’alcool et l’arôme. Josiane sait aussi sélectionner le meilleur des côtes de Gascogne et de Madiran, et distribue les conserves de Gérard Tête. Les yeux fermés, que du bon. La cave Gourmande, 13-15 rue Dessoles, 05 62 61 81 33, www.cavegourmande.eu
© Stéphanie Pichon
En venant à Auch, on s’imagine qu’il ne sera pas dur de faire ripaille convenablement. Cela n’empêche pas d’exiger de la surprise, de l’excitation, de l’inattendu. Julien Guichard a eu l’audace de bousculer le terroir dans son tout récent Bartok. Partout où l’on s’est renseigné, les avis nous ont ramené ici, dans cet écrin de pierre du XIVe siècle au décor contemporain. Sans conteste, la table du moment. Le midi, le menu du jour assure la variété sans exagérer sur la note : la mousseline de chorizo avait du tempérament, et le sauté de veau aux olives s’accompagnait de légumes originaux. Le soir, la carte poursuit sur sa lancée, inventive et de saison. Pour rester dans la tradition gasconne, sans pour autant tomber dans le cliché, on s’installe à la Table d’Oste, où le foie gras en terrine devance la daube de canard aux côtes de Gascogne. Pour les gros appétits, il faut se ruer sur le Hambur’Gers Gascon. Enfin, juste à côté, existe un refuge pour les renégats de la viande. Le Végétarien a osé s’implanter ici, dans la capitale du Gers et aligne buffet d’entrées, plat du jour, et tartes. Autant dire, de l’exotique en cette terre gersoise. Le Bartok, 1 rue Gambetta, 05 62 05 87 82, du mardi au dimanche midi, www.le-bartok.com, La Table d’Oste, 7 rue Lamartine, 05 62 05 55 62, du lundi soir au samedi soir, www.table-oste-restaurant.com Le Végétarien, 9 rue Lamartine, tous les midis, et du jeudi au samedi soir, 05 62 65 67 81
Feuilleter
© Stéphanie Pichon
© Stéphanie Pichon
Visiter
Au détour des pages…
Le bruit court qu’il y eut un temps où aucune librairie indépendante n’était installée en terre gersoise. Mais c’était avant ! Avant que deux libraires d’Ombres Blanches, Marielle Dy et Pascal Pradon, fassent fi des prévisions pessimistes et se pointent en pleine rue piétonne avec leurs romans et leurs essais. En trois ans, la librairie Les petits papiers s’est fait une place de choix dans la vie culturelle auscitaine. Ici on vous choie à l’ancienne, on vous conseille, on vous accompagne dans vos lectures. La première table porte les petits commentaires des coups de cœur des deux libraires : au hasard le dernier Bourdieu post-mortem, ou La Tour, roman fleuve d’Uwe Tellkamp. Ne cherchez pas ici de bande dessinée, il n’y en a pas, pour clause informelle de non-concurrence avec le Migou, café-librairie situé quelques mètres en contrebas de la même rue Dessoles. Tartines et confitures y côtoient romans graphiques et mangas. Derrière le comptoir, la même philosophie est appliquée : proximité, indépendance et bons conseils. Les petits papiers, 22 rue Dessoles, du mardi au samedi, de 10h à 19h, 05 62 59 38 10, www.lespetitspapiers.org Le Migou, 27 rue Dessoles, du mardi au samedi, 10h à 19h, 05 62 05 47 07, www.lemigou.com
La cathédrale Sainte-Marie
Centre névralgique de la ville haute, elle domine la vie auscitaine depuis ses deux tours de 44 m et son fronton Renaissance. Dédiée à Marie, elle rappelle que Auch fut l’un des plus riches archevêchés de France en son temps. « Ce n’est plus vrai aujourd’hui » rigole l’abbé David Cenzon, croisé sur le parvis, avant de nous glisser que, bientôt, ouvrirait le musée des trésors, qui sont au nombre de trois dans la cathédrale : l’orgue imposant du XVIIe de Jean Joyeux, les vitraux signés Arnaud de Molles du début du XVIe, et le chœur aux 113 stalles de chêne noir, magnifiquement sculptées.
Le musée des Jacobins
Devinerait-on ici qu’à côté des vestiges gallo-romains gascons, des arts traditionnels, de l’histoire des grandes figures de la ville, se niche la deuxième collection d’art précolombien de France, après celle du musée du Quai-Branly ? C’est à l’étage qu’on retrouve ces trésors incas, mayas et aztèques. Pourquoi ces antiquités andines ont-elles fini ici ? Parce que Guillaume Pujos, né en 1851 à Auch, passa près de trente ans de sa vie en Amérique du Sud dont il rapporta de nombreux objets. La collection fut ensuite complétée au fil du XXe siècle. Musée des Jacobins, 4 place Louis-Blanc, 05 62 61 90 95, 2/4 €, gratuit les 1ers dimanches du mois.
Réserver
Les incontournables culturels
Welcome in Tziganie, du 5 au 8.04, 5e édition du festival dédié aux arts tziganes avec la venue du cinéaste Tony Gatlif et, entre autres, Boba i Marko Markovic Orchestar et Besh o Drom. www.welcome-in-tziganie.com Éclats de voix, le festival d’art lyrique entre dans sa 15e année. Les trois derniers week-ends de juin, le festival invite les grandes voix. On sait déjà qu’Isabelle Moretti donnera un récital le 15 juin au Théâtre d’Auch. www.eclatsdevoix.com Calacas, la dernière création par le cirque équestre Zingaro, conçu par Bartabas, inaugurera le nouveau site du CIRC du 24.08 au 09.09. www.circa.auch.fr
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Camille © DR
Cahier CULTURE
accrochages P.28 écrans P.32 entre actes P.34 sono P.38 en famille P.42 chroniques P.44
ACCROCHAGES
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Qu’ils tremblent, les murs de la médiathéque José-Cabanis ! Miss.Tic s’y installe jusqu’à la fin du mois, dans le cadre de la thématique annuelle « habiter la Ville ». Depuis les années 80, cette artiste couche avec les façades et « mur-mur » aux regards des passants ses délicieux calembours et pochoirs, comme autant de déclarations d’amour à la ville, à la mort. Propos recueillis par Anaïs Florance - Photo : Harcourt Paris - Miss.Tic
Miss.Tic Sans art mur Les graffeuses Fafi et Miss Van ont défloré les murs de la ville rose avec leurs « pin-up ». À ce titre, Toulouse est considérée comme un des berceaux du street-art féminin. Dans quel état d’esprit avez-vous abordé cette exposition à la médiathèque José-Cabanis ? Partout où j’expose, la mémoire des lieux ne m’influence pas. Le comité de sélection de la médiathèque a choisi mon travail avec l’option de présenter l’univers d’un artiste, indépendamment de critères géographiques quelconques. Ce qui est sûr, c’est que je suis ravie de voyager jusqu’à Toulouse, de découvrir un nouveau public et que le public me redécouvre. Les femmes Miss.Tic ont beaucoup évolué avec les décennies ? Doit-on y lire une évolution personnelle ou plutôt une interprétation de l’actualité ? Mon style est resté le même. L’évolution est le fruit des rencontres, la somme des pensées. Je n’ai pas l’impression que la représentation physique des femmes dans les médias ait beaucoup changé entre les années 80 et aujourd’hui. Si ce n’est qu’elles sont toujours plus jeunes… C’est au début des années 80 que vous découvrez le street art, en Californie. Vous avez alors 24 ans. Qu’est-ce que vous en avez rapporté ? J’ai quitté Paris pour rejoindre mon fiancé de l’époque, il suivait les cours d’une école de jazz en Californie. Comme beaucoup de Français, je travaillais comme serveuse et je donnais aussi des cours de discussion à l’Alliance Française de Los Angeles. J’ai découvert les murals, ces peintures réalisées dans la rue par des artistes, ou des inconnus, mais toujours avec des autorisations. Agnès Varda réalisait au même moment un documentaire sur le sujet, Mur Murs. 1980, c’était aussi la naissance du hip-hop, du rap. En France il n’y avait rien de tout ça. Quand vous revenez en France vous êtes une, sinon la première artiste, à investir les
murs de Paris avec vos pochoirs. Était-ce par goût du risque ou par revendication ? Ni l’un, ni l’autre. Je suis issue du théâtre de rue, j’ai toujours été attirée par la prise directe de la rue avec le public. C’est un acte gratuit, un moyen d’expression immédiat. En rentrant à Paris j’ai vu des étudiants des Beaux-Arts repeindre des façades avec des pochoirs. Ça a été un déclic. Le street-art est alors considéré comme une expression de l’insécurité en ville. En 1997, vous êtes arrêtée et inculpée pour détérioration d’un bien par inscription et condamnée à payer une amende de 4 500 €. Quel est votre sentiment à ce moment-là ? Je suis lucide, je suis même étonnée que cela ne soit pas arrivé avant ! Je savais les risques que j’encourais, mais c’était la seule façon de m’imposer. Je dirais que cette condamnation a été une évolution positive, cela m’a permis de modifier ma stratégie. Juste après ce procès, j’ai entamé une collaboration avec la Mairie du XXe arrondissement de Paris. J’ai choisi un exercice de style basé sur les représentations de sujets de grands maîtres de la peinture classique. Beaucoup d’artistes le tentent, c’est une tradition. Disons que pour certains, cela a donné ses lettres de noblesse à mes travaux ! Aujourd’hui vous faites des infidélités à la rue. On voit votre travail dans de nombreuses galeries et vous répondez à des commandes, est-ce que cela change vos intentions, votre propos ? Travailler en collaboration permet de sortir de l’isolement. Lorsque que je crée une affiche de film pour Chabrol ou que je travaille avec Marc Jacobs pour Louis Vuitton, je n’y vois que des ouvertures et l’enrichissement du propos. Comment est-ce que vous percevez l’évolution des grandes villes et celle du streetart largement plébiscité dans les ventes aux enchères ? Je pense que tout prend de multiples formes.
Le street-art actuel est incroyablement riche et dépasse tout ce que nous faisions. Alors, bien sûr il y a les suiveurs, mais ce mouvement n’échappe pas à l’invention. Les ventes aux enchères sont des vitrines, ou les marchands font monter des côtes fictives, des surenchères exagératives qui ne tiennent pas sur le long terme. La charge érotique de vos peintures est évidente, croyez-vous en sa force pour délivrer un message ? Je ne délivre aucun message. Je dis ce que je pense. L’énergie érotique m’habite, elle transpire dans mon travail. L’érotisme est un état, pas une posture intellectuelle. Mon travail est tourné vers des thèmes universels. Quand j’écris « je », il ne s’agit pas de mon journal intime, j’essaie de créer un écho chez l’autre. Que ça résonne en lui. Quelle est votre définition de la féminité ? Je n’en ai pas. La féminité est un état. Anarchiste, humaniste, féministe ? Anarchiste En 2011, la Poste émet un carnet de timbres reproduisant vos œuvres pour la Journée de la femme. Est-ce là une forme de consécration ? Oui ça en est une, une chose très importante dans la carrière d’un artiste. C’est complètement jouissif d’envoyer une enveloppe cachetée de son timbre ! Paulo Coelho a écrit « Une ville est une femme capricieuse, il lui faut du temps pour se laisser séduire et se découvrir complètement ». Je déteste cet auteur. Il est cul-cul et plein de bons sentiments. C’est un faiseur de belles phrases. Je n’ai pas vraiment envie de le commenter, je préfère le décommander. Alors, « Vain cœur ou vain cul » Miss Tic ? Je ne commente jamais ce que j’écris.
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ACCROCHAGES
Il y a longtemps que la BD ne figure plus dans les rayons « jeunesse » des librairies. La création indépendante, exigeante, adulte, continue son chemin, repoussant les frontières du récit graphique et des expérimentations visuelles. Chaque année, le collectif toulousain Indélébile rassemble la crème de ces créateurs pour son festival, véritable marathon graphique toulousain. Pour qui s’intéresse au genre, l’édition 2012 fait figure de grand raout, avec les éditeurs les plus pointus, les auteurs les plus courus. Fremok, agitateur belge de la BD de création, arrive avec deux des dessinateurs allemands les plus en vue, Anke Feuchtenberger et Martin Tom Dieck. Un univers noir et blanc, aux thématiques sombres et oniriques, pour une claque graphique magistrale. Les Montpelliérains de 6 pieds sous terre, fêteront en voisin leurs 20 ans, avec une grande expo rétrospective. Avec la revue Jade comme étendard, ils ont accompagné des sombres inconnus, devenus aujourd’hui plus en vue, à l’image d’un Guillaume Bouzard dont on retrouve tous les mois l’humour décalé dans So Foot. Misma à Toulouse et Central Vapeur à Strasbourg, joueront la carte de défricheurs de jeunes talents pendant que Florent Chavouet, en ovni du monde de la BD, exposera ses chroniques dessinées japonaises. Quant à Indélébile, ses dessinateurs ont choisi l’indécrottable peau de banane comme exercice de style. L’ultime bulle éclatera le week-end du 28 avril, sur des rencontres, des ateliers et la grande fête de 6 pieds sous terre au Connexion Café. \ S. P. \ Du 26.03 au 29.04, Goethe Institut, Vicious Circle, Ombre Blanche, Centres culturels Henri-Desbals et Bonnefoy, les Musicophages, l’ABC, le Connexion Café, entrée libre
© Central vapeur
Indélébilement vôtre
À pas de Cyborg
La femme n’aurait pas le monopole dans le rôle de l’appât publicitaire. C’est le centre de l’affiche de Toulouse qui le dit, pour sa nouvelle exposition Homme de Pub. Le mec, à gros muscles, efféminé ou tendance béret-moustache -, serait lui aussi réduit au rang de chair à consommation. À travers 30 affiches, le Centre balaie cent ans de publicité où l’homme érigé en symbole de puissance ou en objet sexuel, va jusqu’à incarner la marque, tels Mr Propre ou le père Magloire. Le caviste Nicolas a ainsi conquis le monde dès les années 20 avec son Nectar, moustachu aux joues roses et aux 32 bouteilles, dessiné par Dransy. Chez Gautier, le mâle jouait l’ambivalence sous les flashs de Mondino, tendant à démontrer que les muscles tatoués pouvaient être aussi « pousse-à-la-consommation » que la naissance de seins rebondis. Serait-ce là l’égalité ? \ S. P. \ Du 10.04 au 10.08, Centre de l’affiche, Toulouse, entrée gratuite
Fichtre ! Nous sommes tous devenus des cyborgs. Des êtres hybrides, faits de chair digitale, plongés dans l’ère du tout numérique, résolus à prendre leur destin en main. Et gare à ceux trop frileux qui resteraient sur le bord du chemin, oubliant la marche de l’histoire. Le festival Empreintes numériques entre dans sa sixième édition et convoque nos carcasses du XXIe siècle pour une déclinaison des arts électronique au centre culturel Bellegarde, et ailleurs. Thème de l’année donc : le cyborg, théorisé par Donna Haraway, revu au goût du jour par Thierry Crouzet. Ou comment ne plus s’attacher à l’ancien monde, mais réinventer celui à venir à l’aide des nouvelles technologies, oubliant la sinistrose et l’idéologie du déclin. Ces artistes-là nous disent autre chose, une réjouissance technologique, une excitation à explorer l’inconnu et le balbutiant. Cela pourrait paraître obscur, trop avant-gardiste, mais à se placer sous le parrainage du Pictoplasma berlinois, à démarrer sur une performance du duo Lassie, à convoquer l’univers cartoon-pop des Gangpol & Mit, le festival nous montre une scène bien en place, qui a des choses à dire et à montrer. Laissons-nous donc aller à la poésie digitale, celle qui parle à nos têtes et nos corps, autrement. \ S. P.\ Empreintes Numériques, du 25 au 28.04, Centre culturel Bellegarde mais aussi Lieu Commun, place Arnaud-Bernard, Théâtre des Mazades, Goethe Institut, 05 62 27 44 88, empreintes.toulouse.fr
télex Aller-retour Izards-Toulouse. Les élèves du collège Vauquelin, des Izards, ont pendant sept mois tenu un carnet de voyage dans leur propre ville, Toulouse. La bibliothèque des Izards expose leurs photos et notes jusqu’au 12.05. Alaska trip. Ulrich Lebeuf, photographe toulousain, trace sa route entre actualité et reportages personnels. Alaska Highway, roadtrip glacé, est exposé pour la première fois à Arles, au Magasin de jouet (jusqu’au 15.06). Bientôt à Toulouse ? Les passeurs du temps. Sophie Zina-O tord la feuille de papier pour faire surgir des sculptures-contes autour du thème « La barque des passeurs du temps ». Vernissage le 06.04 à 19h à la médiathèque de Tournefeuille, avec une lecture de conte en musique. Du 06.04 au 05.05, entrée libre.
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© Centre de l’affiche
Gangpol&M © Jean Picon
Si c’est un homme
© Zed Distribution
ÉCRANS
Les derniers nomades Marianne Chaud a fait de l’Himalaya son terrain d’exploration. Dans La nuit nomade, au plus près du quotidien de ces bergers d’altitude, l’ethnologue partage avec eux le choix crucial d’une vie : rester ou partir à la ville… Par Stéphanie Pichon Sortie le 4.04
L
e ciel est bleu, les montagnes pelées, balayées par le vent. Au loin paît un troupeau de yaks. Nous sommes au Ladakh, dans l’Himalaya indien. La lumière est changeante, époustouflante, l’horizon délimité par des sommets enneigés. Tundup, berger d’une tribu nomade au visage buriné, parle face à la caméra. « Je n’aime pas la ville, si j’avais dû partir à la ville, j’y serais allé il y a vingt ans. À la ville il fait chaud, mais le cœur n’est pas heureux ». Voilà tout le dilemme pour les populations de cette Nuit nomade. Rester indépendant, sur les hauts plateaux à 4500 m, isolés, contraints à une vie rude au grand air ou vendre les troupeaux au boucher, et s’installer avec un minuscule pécule à la ville, où les enfants pourront être éduqués, mais où ils seront « esclaves », travaillant pour les autres. Plus qu’à la caméra, c’est à Marianne Chaud que Tundup s’adresse, la réalisatrice dont on entend la voix tout au long du film. Les nomades l’interpellent, la questionnent sur son pays, blaguent,
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lui demandent conseil. Cette manière de jouer l’interaction fait le sel de ses documentaires. Déjà dans Himalaya, la terre des femmes, et Himalaya, le chemin du ciel, on avait été frappé par l’intimité et cette façon d’être là qui nous plonge dans une relation intime, pleine d’empathie. Cette fois-ci elle a passé de longs mois auprès des nomades du Karnak, qui lèvent le camp tous les deux mois, pour mener leurs troupeaux de yaks et de chèvres là où se trouve l’herbe.
Filmer au plus près Il ne faut pas s’attendre à du documentaire esthétisant, usant et abusant de cinémascope et des vues d’hélicoptère. Marianne Chaud travaille ici en ethnologue, sa formation. Sa caméra filme au plus près, recherche avant tout la proximité, la confiance des personnes dont elle partage un bout de vie, quitte à faire trembloter l’image lorsqu’elle les suit, caméra au poing. Rien n’est mis en scène, même si des personnages forts se dégagent comme ce duo père-fils de Tundup et
Kenrap, qui concentre tout le dilemme de la situation. L’un ne veut pas quitter la vie libre et démunie des hauts plateaux, l’autre voudrait partir, trouve sa vie « nulle », « répétitive », mais ne veut surtout pas fâcher son père. Il y a aussi le couple formé par Toldan et Dholma, qui, la mort dans l’âme, se décide à vendre son troupeau pour rejoindre les enfants à la ville. Petit à petit, la cinéaste ne peut plus être seulement observatrice, elle doit aussi prendre parti. « Dis-moi maintenant que nous sommes amis, que me conseillerais-tu de faire », lui demande Tundup. Oubliant parfois les enjeux douloureux, ces bergers se questionnent aussi sur le pays de Marianne Chaud (Combien y a-t-il de familles dans ton pays, combien de chèvres ?). Alors, on ne sait plus bien qui observe qui… « Dans ton pays, ils vont se dire : “ quel plouc ” », lui lance Toldan. Il faudrait pouvoir lui répondre à Toldan, que non, on ne l’a pas pris pour un plouc. Et que ses réflexions sur la vie, l’exode rural, l’éducation des enfants, et le bonheur, nous ont même paru étrangement familières.
La nuit nomade de Marianne Chaud
art et essai
Femmes de Cinéma - Cycle
De Musidora, réalisatrice et icône chez Louis Feuillade (Fantômas) à Catherine Breillat (Une vraie jeune fille), la Cinémathèque retrace l’histoire des femmes-cinéastes. Miroir des évolutions de la société et portrait d’une conquête encore en marche : l’histoire des femmes est assez révélateur de l’envers d’une industrie à tendance machiste - ce n’est pas sans raison qu’elles sont plus souvent devant que derrière la caméra. Pourtant, on aurait tendance à oublier qu’elles n’ont pas attendues la libération des mœurs pour imposer leurs idées. La preuve le 25 avril, lors d’un ciné-concert compilant des oeuvres remontant parfois à 1907. Puisant les films dans ses propres collections, la Cinémathèque offre par ailleurs une carte-blanche à Nicole Garcia, réalisatrice dont l’apport au cinéma français n’est plus questionnable. La projection de son film L’adversaire sera précédée d’une rencontre avec la cinéaste le 4 avril. \ Baptiste Ostré \ Du 3.04 au 25.05 à la Cinémathèque de Toulouse
Colonel Blimp
- de Michael Powell et Emmerich Pressburger - 1943
François Truffaut prétendait que cinéma et Angleterre étaient une équation impossible. Le réalisateur de Jules et Jim n’avait peut-être jamais vu de film des Archers. Derrière ce nom, Michael Powell et Emmerich Pressburger ont réalisé une poignée de chefs-d’œuvres, dont l’indispensable Une question de vie ou de mort. Respectivement réalisateur et scénariste le duo serait toutefois amoindri sans les talents de Jack Cardiff, son directeur photo. Parmi les films les plus impressionnants réalisés en technicolor, la récente réédition des Chaussons Rouges et du Narcisse Noir a remis les Archers en selle. Au tour de Colonel Blimp (1943), premier film couleur sur lequel Cardiff faisait ses débuts. L’occasion de vérifier que la magie des images était déjà une marque de fabrique mais ici, c’est d’abord le talent de conteur de Pressburger qui se distingue. Quasiment interdit par Churchill à l’époque, Colonel Blimp retrace quarante ans de la vie d’un officier anglais, qui va se lier d’amitié avec un homologue allemand. Une grande finesse d’écriture au service d’une fantaisiste structure en flashback. \ B. O. \ Du 4.04 au 01.05 à l’Utopia Toulouse
TYRANNOSAUR - Paddy Considine
© Distrib Films
L’univers de Tyrannosaur ne dépaysera pas les amateurs de cinéma social britannique : des pubs, de la grisaille, un accent à couper au couteau, des prolos qui s’expriment plus par les coups que par les mots et Peter Mullan. Paddy Considine n’est pourtant pas là pour enfoncer le clou dans un épais misérabilisme. Le premier film de l’acteur cherche au contraire la lumière dans un environnement de bruit et de fureur. Tyrannosaur se refuse à être la chronique d’un homme violent - au point de battre à mort son chien -, mais plutôt celle de sa rédemption. Il la trouve dans l’amitié qui se noue avec la patronne d’un magasin où il se réfugie après une baston. Sans jamais tomber dans le prêche sulpicien, Considine filme alors un homme qui apprend à apprivoiser ses faiblesses, à trouver en lui une autre force que celle de ses poings. Tyrannosaur a l’intelligence d’être impartial : ce parcours ne se fera pas sans mal, sera jusqu’au bout douloureux, mais accompagné par une mise en scène bienveillante, préférant la franchise au tape-à-l’œil. \ Alex Masson \ Sortie le 25.04
Tyrannosaur
De gauche à droite : Monde exterieur © DR - Guantanamo © Alain Fonteray
ENTRE ACTES
Réalités non ordinaires Troisième et dernier volet d’un cycle entamé avec l’hypnotisant Vrai spectacle de Joris Lacoste, Docuf(r)ictions #3 se frotte à la réalité de notre drôle de monde. Artistes de toutes obédiences, Michael Ackerman, Bruno Meyssat ou encore Éric Vigner, déplacent la création dans le champ documentaire. Oui, mais encore ? Par Karine Chapert
N
ous sommes à l’heure où MTV et ses petites frangines de la TNT balancent, nuit et jour, leur flot ininterrompu d’émissions de téléréalité, toutes plus étonnantes les unes que les autres, où les castings de gagnants réunissent maçons au grand cœur, teenagers enceintes, gros et maigres, où TF1 vire au dernier moment un panéliste retenu pour interviewer une personnalité politique. Un temps où les frontières entre fiction et réalité n’ont jamais été aussi poreuses et floues. Ça cohabite plus ou moins bien, ça s’asticote, et ça se… frictionne au Garonne. La « collection printemps » du bien-nommé Docuf(r)ictions réunit un photographe, deux figures des plateaux de théâtre et une compagnie de spectacle de rue. Bâties à partir de leur propre lecture du monde, ils présentent ici quatre propositions très différentes, prenant acte, chacune à leur façon, de l’évolution d’un art qui se nourrit de la réalité. De Bénarès à Cracovie, Half life est le dernier opus d’un travail entamé en 2001 autour de la notion de territoire où Michael Ackerman shoote
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le monde en noir et blanc. Ses clichés, de lignes brisées en silhouettes déformées, confondent sa propre histoire et celle, plus vaste et avec un grand « H », de notre humanité. Abreuvés que nous sommes de représentations et autres illustrations, cette projection exceptionnelle présentée par l’artiste en compagnie de Benoit Rivero – directeur de la collection photo chez Actes Sud -, interroge notre rapport à la mise en scène (ou pas ?!) de l’image. Dans Le Monde extérieur, deux aquariums figurent une mer, « épongée » à petits coups de cravate, par les cinq comédiens du Théâtre du Shaman. Cette mer-là, c’est celle du Golfe du Mexique, souillée par l’explosion d’une plateforme pétrolière en avril 2010. Confrontant un corpus documentaire largement étayé (reportages radiophoniques, témoignages de civils et d’hommes politiques, etc.) à la poésie du geste artistique, Bruno Meyssat déconstruit l’événement médiatique pour approcher d’une autre réalité. L’actu justement – véritable fourretout vide de sens – triturée par la représentation, c’est l’entreprise d’Éric Vigner et de sa « petite
démocratie » comme il dit : ici sept jeunes comédiens donnent à entendre 317 contre-interrogatoires de prisonniers suspectés de terrorisme, réunis par l’homme de radio américain Franck Smith. Dans Guantanamo, chacun enfile tour à tour les oripeaux de l’accusateur et ceux de l’accusé. Et quoi d’autre… No comment : un théâtre de l’urgence à prendre le temps de découvrir.
Docuf(r)ictions # 3 Printemps • Le 31.03, Half life, Michael Ackerman, entrée libre • Du 3 au 6.04, Le Monde extérieur, Bruno Meyssat, 12 à 25 € • Du 4 au 6.04, Guantanamo, Éric Vigner, 12 à 25 € • Le 5.05, Figures libres/ KompleXKapharnaüM, en rue dans le quartier Saint-Cyprien (présenté avec L’Usine), gratuit du 31.03 au 05.05 Théâtre Garonne, 05 62 48 54 77, www.theatregaronne.com Une place achetée = une place offerte !
ENTRE ACTES
Ce n’est jamais parce qu’il leur paraît limpide, que les six membres du collectif De Quark choisissent un texte qu’ils vont monter. Au contraire, « on ne sait pas vraiment comment le prendre. Cependant, l’énigme qu’il recèle, le “ quelque chose qu’on ne comprend pas “ nous séduit », explique l’un des fondateurs, Renaud Serraz. Dans La fête de Spiro Scimone - un modeste anniversaire de mariage -, ce sont les possibilités de jeu que cette histoire apparemment simple sous-tend qui les a attirés. « Un texte est un matériau parmi d’autres, nous permettant de développer une écriture scénique qui évolue dans le temps. Par exemple, cela fait quatre ou cinq ans que nous travaillons sur La fête et cela fait à peine six mois que nous lui avons accolé Bar, du même auteur, en nous servant de la seule occurrence du prénom Gianni dans les deux pièces. Nous avons inventé ce lien. » C’est une des singularités de leur projet que d’inscrire leurs créations dans un processus plutôt que dans une mise en scène arrêtée. D’ailleurs, la raison qui a décidé ces comédiens à œuvrer en collectif, est de ne plus être tributaire d’un metteur en scène. « Briser l’univocité du metteur en scène qui décide de tout, c’est une sorte d’utopie du collectif, qui n’est possible que parce que nous nous connaissons très bien, depuis très longtemps. Le collectif n’appartient à personne, c’est cela qui est intéressant. Cette idée d’ouverture, de polysémie, nous la proposons aussi au public. » \ Valérie Lassus \ Du 25 au 27.04, 20h, Théâtre Sorano, 8 à 18 €, 05 81 91 79 19, sorano-julesjulien.toulouse.fr
« trampolinÉ » de l’intérieur Allez, pas d’histoires ! Vous adorez qu’on vous en raconte. Les écrans, les images partout, tout le temps, c’est pratique et coloré. Mais les mots ont encore cette force propre à vous faire pleurer, tordre de rire ou titiller votre imagination. Devant l’engouement suscité par la forme du conte, la Cave Poésie organise ce mini festival depuis 2011 : Rendez-vous contes. Avec cette année Jean-Yves Pagès, Philippe Sizaire, Élisa de Maury, Jeanine Qannari et une carte blanche à Colette Migné. Elle, dans sa vie d’avant, elle était clown et aussi, elle aimait bien raconter des histoires... Ces deux facettes « se sont emboîtées », comme elle dit. Cela a donné une conteuse animée, habillée pas vraiment sobre, enchaînant avec malice des récits assez courts, mais qui en disent long. Peu d’emprunts à la littérature, les textes, ce sont les siens, fantasques et pleins d’humour, lubriques ou amoureux. De quoi s’évader à la Cave ! \ V. L. \ Du 3 au 14.04, deux contes par soirée, 19h30, 21h et 21h30, Cave Poésie, 05 61 23 62 00, 8 à 12 € (12 à 18 € pour deux contes), www.cave-poesie.com
Il faut sauver la Rance Ce n’est pas parce que la Direction des Affaires culturelles de RhôneAlpes l’a censuré que nous allons nous priver du morceau d’intelligence jubilatoire qu’est cette dissection dyslexique du discours réactionnaire, autrement dit, Sarkophonie. Grotesque est le clown créé par Rafaële Arditti, qui voudrait impressionner avec son attirail militaro-guignolesque mais finit ridicule avec ses grimaces et son tricot fait par môman. La jeune comédienne, en déformant la langue du pouvoir, n’en dévoile que mieux les idées sous-jacentes. Par exemple, notre président devient un « père-disant », la liberté, lissée, est « lisserté ». Faire apparaître « l’aspect policier d’un discours policé » dit-elle, « c’est un enjeu politique », un vrai. Un bon briefing avant le second tour ? \ V. L. \ Du 24.04 au 5.05, 21h, Théâtre du Grand-Rond, 05 61 62 14 85, 8 à 12 €, www.grand-rond.org
télex Tousché, coulé. Seul en scène, Fred Tousch est Benoît de Touraine, fils de pintadier du roy, chargé de dérider son altesse trop coincée. Délire médiéval et parodie, le comédien n’est pas loin de l’univers des Monthy Python. Le 27.04, Théâtre Paul-Éluard, Cugnaux. Conférencesactions. C’est la mise en scène de la parole, le renouvellement de l’énonciation, qui intéresse le théâtre du Hangar avec ce cycle de vraies-fausses conférences. Entre autres, Yves Le Pestipon devisera sur Fromage et Poésie et Antoine Boute évoquera ses Pompes Funèbres expérimentales… Du 19 au 21.04, Théâtre du Hangar.
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Collectif De Quark © Marion Lefebvre
Les iconoclastes sont à la fête
sono
Benjamin Sportes et Nicolas Kantorowicz, un duo qui dure. 38 • Spirit le Caractère Urbain
Quand deux vieux rockeurs se mettent à l’électro, cela donne Sporto Kantes, duo rôdé et capricieux. Rescapés des années punk et d’un succès publicitaire qui aurait pu les scotcher définitivement sur le capot d’une Twingo, Benjamin Sportes et Nicolas Kantorowicz négocient un nouveau virage avec 4, leur quatrième album qui multiplie les collaborations et abat les frontières entre les genres. Rencontre avec Benjamin, alias Sporto. Propos recueillis par Gabriel Loridon - Photo : Antoine Rozes
Sporto Kantes, électrons libres Sporto Kantes, c’est un duo, mais vous avez l’habitude de collaborer avec pas mal d’artistes sur chaque disque. C’est encore le cas sur le dernier. Avez-vous besoin de ces regards extérieurs pour avancer ? Oui, ce sont des sources d’inspiration, des goûts, des savoir-faire qu’on n’a pas forcément. On a travaillé par exemple avec Laurent Cagliari, spécialiste de techno, un genre qu’on écoute, qu’on apprécie, mais qu’on ne maîtrise pas forcément. Sur « My Life », Lindi Zahra a été une sorte de révélation, elle a véritablement éclairé le morceau, lui a donné son sens. On a mis quatre ans à écrire le disque. Comme pour un long métrage, on a pris le temps de faire les castings, de jeter des scènes, de faire un montage… Au sein de votre « couple » musical, vous travaillez en symbiose ou plutôt chacun dans son coin ? Je fais la plupart du boulot chez moi. Nicolas passe, me donne son avis, une sorte de consensus s’installe. Grâce à son réseau, il me donne des conseils pour inviter des gens sur le disque. Disons que moi j’aurais le rôle de compositeur, et lui de l’arrangeur. Sur 4, le son semble avoir évolué, plus trip hop, plus dub aussi. Quelles ont été vos nouvelles influences durant ces quatre années ? J’ai écouté beaucoup de jazz, de musique classique, mais je ne crois pas que cela s’entende sur 4. En revanche, j’ai fait une cure de cinéma, de théâtre, un voyage à New York, en Italie, ça a sûrement imprégné le disque… On a une culture musicale vaste, et ce depuis l’enfance. Sur chaque album, c’est comme une histoire qui se répète, on se remet en scène à chaque fois. Le « Fuckin’ Country », c’est la France ? Non, c’est le monde en général. En concert le 12.04, 20h30, la Dynamo, Toulouse, 20 € Nouvel album : 4,Sporto Kantes, 12 €
Y a-t-il un message politique dans Sporto Kantes ? Le message, il existe. Mais on n’a pas envie d’avoir un discours politique, on laisse la musique parler d’elle-même. Certaines chan-
sons ne sont même pas en anglais, mais en « yaourt », c’est presque phonétique. Nos textes sont plus importants dans leur rythmique et leur musicalité, que dans le sens des mots. Dans « Fuckin’ Country », les sources sonores utilisées prennent sens dans l’inconscient collectif du moment, celui d’une terre « open space », où les gens circulent. Le sample est dit par un black jamaïcain, et celui d’« On est tous du même pays » par un Sénégalais. C’est l’idée même de nation qui est remise en cause. Votre musique serait donc un mélange des genres et des cultures… Oui. On n’a pas de barrière, pas de style musical, si ce n’est justement qu’on peut tout faire, mais toujours avec une cohérence de son qui fait la marque de Sporto Kantes. Act 1, Second round, 3, at least, 4. Pourquoi avoir fait le choix de titres si passe-partout pour vos albums ? Ça nous plaît qu’il n’y ait pas de connotation linguistique. Act 1 est compris dans toutes les langues, comme l’allusion à la boxe de Second round. 3, at least est un peu plus alambiqué, c’est un jeu de mots. Pour le quatrième, c’est la pochette qui nous a presque imposé d’introduire simplement le 4. Justement, parlons-en. Un gros plan sur des tresses en guise de pochette d’album. Ce n’est pas un peu tiré par les cheveux ? Ces tresses symbolisent bien ce métissage que j’évoquais tout à l’heure. Sylvia Tournerie, qui l’a réalisée, nous a fait plusieurs propositions, celle-là était la plus évidente. En la regar-
dant de près, on s’aperçoit que c’est la même photo découpée et reproduite plusieurs fois. C’est un « sample » d’image, qui fait directement référence à notre manière d’utiliser des sources sonores. Vous qui êtes désormais des vieux briscards de la musique, quel regard portez-vous sur la nouvelle scène française, la scène rémoise par exemple ? La scène rémoise, je la trouve assez plate. Il y a des chansons efficaces, mais ils font de la pop comme en font les Anglais depuis des années. Ce n’est pas très original, disons que c’est dans l’air du temps. J’apprécie plutôt des gens comme Sébastien Tellier. C’est un vrai personnage, qui a un univers intéressant, pas du tout formaté. Il travaille comme un bon réalisateur de cinéma. Vous faites souvent référence au cinéma pour parler de musique, est-ce que c’est une expérience qui vous tente ? Oui j’aimerais beaucoup essayer, même si je ne saurais pas par quel bout le prendre. J’adore l’image, l’univers de la caméra et ce qu’elle peut faire ressortir, mais il faut avoir un vrai don pour la narration. Hier j’ai vu un film qui s’appelle Oslo, 31 Août. Il m’a marqué car j’y ai trouvé une empreinte artistique très forte dans le rythme et la façon de raconter. J’admire des gens comme Lars Von Trier qui ont une puissance de récit incroyable. Le dernier album que vous avez écouté ? Boots Electric qui est le projet solo de Jesse Hughes, un co-auteur de Eagles of Death Metal.
Nos textes sont plus importants dans
leur rythmique et leur musicalité que dans le sens des mots. le Caractère Urbain Spirit • 39
sono
Cave Po’ ou Le Mandala (où il se produira deux fois ce mois-ci), est inévitablement associé au genre, qu’il maîtrise à la guitare comme au chant. Mais ses prouesses ne l’ont pas casé là ad vitam eternam. « Je n’aime pas que l’on m’enferme dans un genre musical ». On obtempère d’autant plus que son dernier album, Te Vi, nous envoie de sa voix chaleureuse sur le chemin de ballades poétiques et suaves, qui se réfèrent autant à l’énergie du flamenco qu’à l’héritage d’un Paco de Lucia ou au rythme chaloupé d’une bossa. En formation quartet, avec Philippe Cordelier aux percussions, Mingo Josserand au piano, Franck Mesle à la basse, le set n’en sera que plus métissé. Les 5 et 28.04, 21h30, Le Mandala, Toulouse, 6/9 €
Women Summit [Festival]
Sophie Alour © Arnaud Calais
Laetitia Shériff & Olivier Mellano
Mills est devenu une légende vivante. À presque 50 ans il poursuit les expérimentations du côté de l’art contemporain (avec le Centre Pompidou pour l’exposition « Danser la vie »), du cinéma muet (bande son de Metropolis et The Cheat) ou de la collaboration avec des orchestres symphoniques. Au Bikini, le public l’attendra derrière les platines, à l’ancienne. Le 13.04, 23h, 20 €, Bikini
Madame Butterfly [Opéra]
I Me Mine [Pop singer] En choisissant un titre des Beatles comme nom de scène, « I Me Mine », alias Fred, frontman toulousain de Mr Browne, place d’emblée son projet solo sous l’égide de la brit pop. Enregistré avec Serge Faubert (Robert Wyatt, Kebous…), Mono, son premier ep, sera lancé en ce début d’avril lors d’une release party à l’Ôbohem. Quatre chansons de (presque) 3 minutes 30 toutes enregistrées façon 60’s, en mono donc. Sur scène, il se présente seul, avec sa guitare folk et une boîte à rythme ou en trio (basse et batterie). Le 5.04, 20h30, L’Ôbohem, Toulouse, entrée gratuite
Pour la prochaine soirée Ladies Night, Jerkov sort la carte du rock intime. Quelque part entre Raymonde Howard et Marie Sigal, une brune, Laetitia Shériff. Catapultée un peu par hasard sur le devant de la scène - elle se fait repérer en chantant au vernissage d’une amie – elle chante un premier temps avec le groupe Trunks avant de voler de ses propres ailes. La Lilloise fait partie de ces artistes qui n’aiment pas attirer l’attention, mais qui, sur scène, se transforment en rockeurs habités, au charisme fou. Dans la lignée de Cat Power et de PJ Harvey, elle s’impose en poétesse, guitare à la main. On ne s’étonnera donc pas qu’elle ait choisi les mots du poète irlandais Yeats pour tous les morceaux de son dernier album Games Over. Sur scène, c’est avec Olivier Mellano, guitariste de Dominique A et Gaël Desbois, batteur de Mobiil, qu’elle le défend. Intimement. Le 10.04, 20h, Connexion café, 3/6 €
Jeff Mills [Techno]
Bernardo Sandoval Quartet [Flamenco métissé] Sandoval est au flamenco toulousain ce que Nougaro était à la chanson française : un monument à la longévité incroyable, la marque d’un engagement artistique qui jamais ne s’essouffle. De l’Espagne quittée il y a cinquante ans, il a gardé le tempérament, mais préféré la filiation d’une Andalousie ouverte aux quatre vents musicaux à une tradition flamenca trop puriste. Son nom, connu de tous ceux qui fréquentent la
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© Patrick Riou
Drums Summit bat le rappel des musiciennes de jazz avec son Women Summit et ses neuf concerts féminins éparpillés dans la ville. En point d’orgue, la venue de Sophie Alour au Mandala. Talentueuse et autodidacte, la saxophoniste ténor manie le jazz avec élégance et s’entoure sur scène de musiciens masculins (comme quoi le festival n’est pas sectaire…). Dans son sillage des musiciennes de talent de la région porteront haut le jazz féminin, d’Upstroke trio à Christine Wodrascka en passant par Vocelli. Quant aux Trompetasses Sisters au look rockabilly, elles utilisent leurs trois voix et leurs six mains pour reprendre Depeche Mode, Camille ou Inspecteur Gadget. Plus chanteuses que « jazzeuses ». Du 04 au 07.04, en différents lieux toulousains (Le cri de la mouette, L’Impro, le Rest’Ô Jazz, Le Mandala, le Mirail, l’espace Bonnefoy ou le Chapeau Rouge), gratuit mercredi et jeudi, vendredi 3/8 €, samedi 9/12 €, www.drumssummit.com
Laetitia Shériff © DR
[Pop-rock]
Au pays du Soleil Levant, l’amour n’est pas zen chez Puccini. Il déchire, trahit, et tue à petit feu. Pauvre Cio-Cio-San, jeune geisha vendue à un marin américain de passage, qui s’accroche à une chimère amoureuse alors que lui, ayant consommé son désir fugace, l’abandonne non sans lui avoir promis un retour qui ne viendra jamais. Voilà presque 15 ans que la version toulousaine de Madame Butterfly a été mise en en scène par Nicolas Joël (actuel directeur de l’Opéra de Paris) avec des décors de l’Autrichien Bruno Schwengl. Nicolas Joel a fait le choix de la fidélité à Puccini, de l’épure aussi dans une scénographie agrémentée de quelques détails japonais, cerisiers en fleurs et kimonos raffinés. Pas besoin d’en rajouter finalement dans un drame qui tire les larmes à tout auditeur attentif. Pour le reste on s’abandonne à la voix de Hui He, chanteuse venue de Chine, qui a déjà plusieurs fois été acclamée dans ce rôle. Du 13 au 22.04, Halle aux Grains, de 10 à 86 €
Nelson Toubab
Beaucoup le considèrent comme le précurseur de la techno, de cette fameuse scène de Detroit du début des années 90. Précurseur donc Jeff Mills, lorsqu’il se risqua en tant que DJ à mélanger boîte à rythmes et platines, jusqu’à être surnommé « The Wizard », le sorcier. Aujourd’hui Sir
[Pop rock] Ils se décrivent théâtraux et déjantés à la manière d’un Higelin des temps modernes. Nous, on verrait plutôt la trace d’un Noir Désir des derniers albums tant leur rock oscille entre ballades folk et pop-garage. D’accord, le rapprochement est facile, presque automatique, dès qu’un groupe s’aventure sur les chemins ardus d’un rock chanté en français. Mais il n’est jamais simple
d’employer la langue de Claude Guéant pour exprimer ne serait-ce qu’un peu d’amour et de poésie avec des guitares… Nelson Toubab s’en sort avec les honneurs, dans des compositions abouties, aux ambiances captivantes. Si la voix du chanteur a tendance à rappeler Cantat, les Toulousains se démarquent et offrent un univers singulier. Fiers d’un accouchement réussi, les « Toubab » viennent défendre leur dernier né, Élan#Rodéo (leur troisième opus) sur la péniche du Cri de la Mouette, aux côtés de Mirabo et Jezabellia. Le 14.04, 21h, le Cri de la Mouette, prix NC
Chapelier Fou
Method Man
[Violon électro]
[Rap US] Difficile pour les fans de rester insensible à la venue du New Yorkais, rejeton préféré du mythique Wu Tang Clan, adepte de la rime enfumée et d’un flow caverneux reconnaissable entre mille. On se souvient de sa voix sur le refrain du morceau C.R.E.A.M, monument indémodable du hip-hop. En parallèle de l’épopée du Wu Tang, Method commence son aventure en solo et marque l’histoire de la musique avec le cultissime album Tical, sorti en 1994. Depuis, constamment en tournée, il continue d’enflammer les scènes. Ses dernières productions, sans avoir la force de Tical ni son succès critique, reflètent tout de même un personnage resté entier, préférant suivre ses envies plutôt que les modes. Au Phare, il offrira au public les morceaux de son nouvel album attendu pour 2012, au titre évocateur et provocateur, Crystal Meth. En première partie on pourra aussi se délecter de l’association de DJ Pone (Svinkels, Birdy Nam Nam) et DJ Duke (Assassin) pour un set à quatre platines. Le 30.04, 20h, le Phare, Tournefeuille, 25 à 30 €
Vox Bigerri [Polyphonies du Sud de l’Europe] Vox Bigerri chante les montagnes. Six hommes aux allures monastiques reprennent des chants traditionnels d’Occitanie, de Bigorre et du Béarn, et les confrontent à d’autres régions au tempérament plus méditerranéen, de Corse, d’Italie ou de Catalogne. Leurs Polyphonies d’Europe du Sud se nourrissent des chants des bergers, qu’ils collectent patiemment. C’est en pleine nature, entre monts et vallées, qu’ils partent à leur recherche. Une sorte de collection du patrimoine vocal. Très sollicités depuis la sortie de leur troisième album, Adara (enregistré live en Corse), ils accumulent les projets, comme celui de faire la B.O. du prochain film de l’Italien Stefano Bassanese. Les 19 et 20.04, 20h30, Espace Croix Baragnon, 8/10 €, 05 62 27 60 60
Rameau : Platée [Opéra baroque]
Chapelier fou, Louis Warynski de son vrai nom, est un musicien multicarte, capable de jouer du violon, de la guitare, du clavecin. Hybride aussi sa musique, savant mélange d’instrumentation électro-acoustique et de musique électronique. Seul sur scène, ce chapelier-là est un vrai magicien. Il jongle entre ses instruments, maîtrise l’art de la boucle à la perfection. Son univers sonore fait de mélodies naïves, de violons, de guitares, et de programmations rappelle l’univers merveilleux de Lewis Carroll auquel il a emprunté son nom. La transe n’est pas loin. Le 25.04, 20h, La Dynamo, 16 €
Camille [Pop vocale]
Mendelssohn, Kodàly
Qui a dit que la musique classique, enfin dans le cas présent baroque, devait forcément se prendre au sérieux ? Dans le registre profane, prenons JeanPhilippe Rameau et son Platée audacieux. Cet opéra bouffon, à la partition virtuose, empreinte au registre de la tragédie pour livrer un ballet ironique et cruel, où le fou rire guette. Le chœur amateur « À bout de souffle » de Stéphane Delincak apporte sa jeunesse et son énergie pétillante à cette abracadabrantesque histoire, celle de Platée, nymphette batracienne laide comme un crapaud, qui s’y « croâyait » un peu trop… La grenouille vaniteuse et amoureuse va servir de proie au jeu cruel des dieux de l’Olympe. Le metteur en scène Patrick Abéjean n’a pas lésiné sur l’outrance : costumes cosmico-comiques et avalanche de couleurs pour un opéra ballet loufoque et joyeux à en croâsser de plaisir. Le 23.04, 20h30, Odyssud, Blagnac, 16 à 27 €
Angil & The Hiddentracks [Pop rock] Angil & The Hiddentracks est un groupe à part, un collectif mouvant d’une dizaine de musiciens emmenés par Mickaël Mottet. Ce songwriter hors pair étudie scientifiquement l’art de la pop, et ajoute violons, bois et cuivres pour colorer la classique ossature guitare/basse/batterie. Il en résulte un rock léché où se croisent musique d’orchestre, pop acidulée, fanfares abstraites et jazz planant. Des bruits stridents, des cris lointains, des chœurs frissonnants aèrent la production. Terriblement humaines et intelligentes, les chansons d’Angil & The Hiddentracks vous retournent. Surtout en live. Le 25.04, 20h, 5 à 8 €, Connexion Café
[Musique classique] Fresque de la Hongrie du XVIIIe siècle, les Danses de Galanta du compositeur Zoltàn Kodàly sont devenues célèbres pour leur virtuosité dans l’hommage aux danses tziganes. Souvent considéré comme le créateur de l’art choral du XXe siècle, Kodàly retournait avec cette œuvre dans son village natal, qui abritait un fameux orchestre tzigane. Les Danses de Galanta renouaient alors avec l’art du compositeur : des scènes de la culture populaire d’Europe Centrale sublimées par des thèmes aux accents parfois bibliques. Le programme déroulé par l’Orchestre du Capitole sera servi par le jeune chef espagnol Jaime Martín. Suivront le concerto pour trombone du français Tomasi (à ne pas confondre avec celui du Péril Jeune), joué par le Toulousain Fabrice Millischer. Avant un final fougueux avec la symphonie italienne de Mendelssohn. Le 26.04, 21h, 16 à 27 €, Odyssud, www.odyssud.com
Alain Sourigues [Chanson] Passionné de littérature, Alain Sourigues joue avec les mots, jongle avec les litotes et les aphorismes, avec élégance et grâce. Chansonnier et poète, ce facteur de formation qui a digéré consciencieusement toute la discographie de Georges Brassens, construit des spectacles à la frontière entre concert et comédie sociale. On n’est pas loin d’un one man show, à la manière des chansonniers de cabaret. Généralement, Sourigues ponctue son spectacle par quelques joutes verbales poétiques et burlesques qu’il lance au public, complice et heureux du partage. Les 26 et 27.04, 21h30, Le Bijou, 6 à 12 €
Surprenante, épanouie, déglinguée, y a-t-il vraiment un mot pour qualifier Camille ? Non, il en existe autant que les rythmes de sa musique, autant que ses inspirations. Son quatrième opus Ilo Veyou révèle une nouvelle fois sa folie brillante. C’est l’album d’une femme amoureuse, à en croire le nom de l’album, version phonétique d’I love you. Camille nous parle de la France en prenant des airs d’après-guerre sur « la France des photocopies », d’un homme qu’elle aime « My Man is married but not to me », bascule de berceuses poétiques en balades étourdies. Avec trois fois rien, des mots simples à la charge poétique, une voix, quelques cordes, elle continue à tracer son mode opératoire si particulier : utiliser son corps tout entier comme caisse de résonance à son génie chanté. Le 03.05, 20h30, la Halle aux grains, 23 à 38 €
le Caractère Urbain Spirit • 41
© Manuel Huyn
en famille
premiers pas sur la planète Mars Manipuler le dernier-né des robots, recréer la météo martienne, simuler une marche sur Mars… La Cité de l’Espace fait de nous des explorateurs curieux pour son exposition événement. Il faudrait être un Martien pour résister à l’appel. Par Isabelle Bonnet-Desprez
D
ans l’antichambre de la nouvelle exposition de la Cité de l’Espace de Toulouse, on pourrait se croire dans le générique de la série Numbers. Trois chiffres blancs sur fond noir attirent l’œil : 12, le nombre de sondes qui ont été envoyées autour de Mars. 7, le nombre de robots d’exploration qui se sont posés sur le sol martien. 0, le nombre d’hommes à avoir mis le pied sur la planète rouge. Tout est dit, ou presque : le mythe d’une planète inexplorée, rêvée, à la fois objet de tous les fantasmes et réceptacle des avancées scientifiques les plus folles.
Plus légers sur Mars Pour l’heure c’est à Blagnac que nous sommes, les deux pieds bien ancrés sur terre, la tête déjà un peu dans les étoiles. Sous le chapiteau de 400 m2, il n’y a pas de sens de visite à proprement parler. Bien sûr, les enfants se précipiteront droit vers les répliques grandeur réelle des fameux rovers ces robots explorateurs, seuls capables de se rendre sur Mars aujourd’hui. Mais, pour se faire une idée précise, mieux vaut commencer par prendre la température de cette planète en la comparant avec ce que nous connaissons de mieux : la Terre. Première différence : « Mars est plus petite, moins
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massive. Elle a une gravité réduite et une pression atmosphérique, composée à 95 % de CO2, moins forte que la Terre », explique Philippe Droneau, chef de projet de l’exposition. Une donnée qu’une fillette expérimente, en pesant des balles de couleur. Il lui faut une bleue du côté terre pour neuf oranges du côté Mars ! Sur l’Astrojump on se rend compte qu’en marchant sur Mars, notre poids est divisé par trois. Attention, simulation réservée aux plus grands (plus de 1,35 m et 46 kg). Plus loin, c’est un vent de 100 km/h qui souffle sur nous. Là encore la différence est de taille : sur la planète bleue, ça décoiffe, alors qu’on ne sent qu’une légère brise sur la rouge.
L’exploration de Curiosity Dans la classe Mars, un animateur ès sciences enchaîne les expériences devant un jeune public médusé. Le voilà qui collecte du dioxyde de carbone avec un verre gradué pour éteindre une bougie, qui aimante du sable – il vient d’Hawaï, la Nasa l’utilise pour tester les rovers – et provoque une tempête, qui recréé un brouillard martien avec de la neige carbonique, et coupe le son d’un réveil en reconstituant la pression atmosphérique de la planète rouge. Bluffant. « Mars est un milieu hostile pour l’être humain,
explique-t-il. Sur la planète rouge, la température est de -63°C, et elle peut atteindre les -123°C à la calotte polaire. Sans équipement adapté ni oxygène, l’homme ne peut y vivre » ! Une galerie de somptueux clichés vus du ciel – ou plutôt de l’espace – façon Arthus-Bertrand nous plonge dans une vision du sol martien : glaces, volcans, larmes, éboulements, falaises… Il faut enfiler des lunettes 3D pour toucher du doigt le relief de cette planète, dont les images ont été prises par le robot Spirit (tiens, ce nom nous dit quelque chose,…). On s’y croirait. Il est temps de retourner aux rovers, ces robots explorateurs capables de rapporter une somme d’informations considérable. Le tout premier, en 1997, Sojourner était le plus petit avec ses 10,6 kg. Loin, très loin des 900 kg du dernier né, le Curiosity, qui a des faux airs de Wall-E. Lancé en novembre dernier par la Nasa, il est actuellement en route vers Mars. « Il est équipé d’un parachute, de rétrofusées et d’un treuil pour se poser tout en douceur. Grâce à son laser et son bras articulé, il va permettre d’étudier à distance des échantillons de roche extraite des couches géologiques et, qui sait, peut-être, trouver des traces d’habitabilité… » Atterrissage prévu le 6 août, à vivre en direct-live à la Cité. Mars a encore bien des secrets à dévoiler.
Explorez Mars, jusqu’au 3.07 Cité de l’Espace Parc de la Plaine Av. Jean Gonord 31 506 Toulouse 0820 377 223 www.cite-espace.com L’accès à l’expo est compris dans le tarif d’entrée 19,50 e/adulte 14 e/enfant (5 à 15 ans)
après l’école
Un effet œuf
Chasseurs gourmands à vos paniers, il y a du boulot. Les cloches de Pâques prévoient un lâché de 50 000 œufs dans les jardins du château de Merville. À la course aux gâteries en chocolat, il va falloir arpenter les six kilomètres de labyrinthe, zigzaguer à hauteur d’hommes ou jouer à chat perché pour attraper les œufs planqués au sommet des buis de deux mètres de haut. Pour ceux qui ne peuvent attendre avant de consommer leurs trouvailles, un détour est conseillé par la Taverne. L’entrée pour la traque donne aussi accès à la visite du château. Savez-vous qu’une pause culturelle aide à une bonne digestion ? \ Mathilde Raviart \ Les 08 et 09.04, 10h30 à 18h, Château de Merville, 5 € jusqu’à 18 ans, 7 € par adulte, 05 61 85 32 34
Rêve d’oiseau
De la douce lumière de l’écran en forme d’œuf, naît l’imaginaire. En ombre chinoise un arbre et un nid apparaissent. À l’intérieur, un œuf et un petit oiseau prêt à voler de ses propres ailes. À moins que son copain l’hippopotame n’ait décidé de faire du tamtam au pied de l’arbre. L’envol devient alors difficile, mais pour qui ? Celui qui part ou celui qui reste ? Véronique le Gaillard, de la Cie L’ombrine et le Fantascope, crée une atmosphère microscopique autour de son théâtre d’ombre. Presque au creux de l’oreille des tous petits enfants (dès 1 an), elle raconte à travers ces êtres de lumière, la naissance, l’apprentissage de la vie et la séparation. Encore une histoire d’œuf en avril. \ M. R. \ Le 4.04 et tous les jours du 8 au 13.04, 11h, Théâtre de la Violette, 05 61 73 18 51, pour les 1-5 ans, 6 €
Stage de marionnettes
Pinocchio est bien la seule marionnette au monde à pouvoir gambader sans l’aide d’un marionnettiste. La magie ne donne pas vie aux pantins, la technique oui. C’est ce savoir-faire là que vont apprendre les enfants participant au stage de cinq jours à l’espace Apollo de Mazamet, pendant les vacances. Il n’est pas question ici de fabriquer sa poupée mais bien de savoir la manipuler, lui donner vie et chair. Amandine Meneau et Lou Broquin de la cie Créature proposent une découverte de la scène, du travail autour du masque, du théâtre d’ombre et de toutes les techniques, à gaine, à fil ou à tiges. Le tout ponctué par une représentation des apprentis-marionnettistes. \ M. R. \ Du 16 au 21.04, Espace Apollo, Mazamet, 05 63 97 53 53, pour les 8-11 ans, 40 €
Le jardin des chimères
Les saisons passent et ne se ressemblent pas, dans Le jardin des chimères. Misère, une vieille femme vivant dans la forêt entraîne les curieux de son jardin. Entre créatures fantastiques et gargouilles loufoques, Misère se délivre de ses histoires, de son passé, pour préparer sereinement la fin de ses jours. Pour cette belle métaphore de la vie d’une femme, mi-sorcière mi-grand-mère, la cie l’Araignée dans le plafond met en scène avec ingéniosité le temps qui passe. Chaque thème abordé puise dans théâtre, le conte, la danse, le théâtre d’ombres et les marionnettes pour raconter le voyage d’une fin de vie. \ M. R. \ Du 04 au 14.04, 11h ou 15h, Théâtre du Grand Rond, 05 61 62 14 85, à partir de 6 ans, 6 €
Nocturne étudiante
Balades oniriques… et songes endiablés !
Jeudi 5 avril 2012 à 20h et 21h30 gratuit renseignements et réservations 05 61 22 39 03 21, rue de Metz 31000 toulouse www.augustiNs.org
Le jardin des chimères
chroniques
Cœur vaillant Jean-Christophe Rufin aime les lointains et sait nous les raconter. Souvent, l’écrivain nous entraîne vers le Sud où le soleil brûle tout, jusqu’au cœur des hommes. Son nouveau héros a grandi dans la grisaille de Bourges avant qu’un bref face-à-face avec un léopard ne le pousse à rêver sa vie ailleurs. Cet homme, c’est Jacques Cœur, l’homme le plus riche de France qui aura permis à Charles VII de mettre fin à la guerre de Cent Ans. Proche d’un roi, confident d’un pape et amant d’Agnès Sorel, la Dame de beauté, Jacques Cœur a connu la gloire et la chute, la fortune et la torture. C’est sa voix intime, son destin singulier, que Jean-Christophe Rufin entreprend de nous raconter, écrivant ainsi un portrait en creux de lui-même. « Je portai en moi le deuil douloureux de destins imaginaires. Il me restait une seule chose à faire : rendre la seule vie qui m’était donnée riche et heureuse. Ce serait déjà beaucoup mais ce serait peu... Je n’ai jamais su vivre sans disposer d’une passion qui délivre mon esprit de la tyrannie du présent. » La langue a du souffle et il y a ce plaisir de l’épopée dont l’auteur de L’abyssin et de Rouge Brésil a le secret. \ Isabel Desesquelles \ Le grand cœur / Jean-Christophe Rufin / éditions Gallimard / 22,50 €
le poche du mois
Ce n’est pas l’histoire d’une petite fille qui disparaît, mais celle d’une enfant qui réapparait avec une fleur noire et une histoire macabre. Car ce qui irrigue cette fleur de l’ombre, ce qui l’a faite pousser, ce n’est pas un arrosage attentionné mais le sang d’un nombre affolant de victimes d’un tueur en série qui devrait être à la retraite tant il œuvre depuis longtemps. Un apprenti écrivain, Neil Dawson, et une fille de flic, Hannah Price, mèneront l’enquête tambour battant « parce que dans un monde qui enlève et arrache tout, dans un monde plein de petites filles qu’on ne croit jamais, quelqu’un se doit de le faire. » \ I. D. \ Les fleurs de l’ombre / Steve Mosby / éditions Sonatine / 20 €
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Natalie Dessay et Philippe Cassard La soprano enregistre ici son tout premier récital de mélodies accompagnées au piano, et elle a choisi Debussy, des pièces composées dans le feu de la jeunesse, alors que Claude est tout à son amour pour la belle Marie Vasnier. Répondant à l’invitation du pianiste Philippe Cassard, aux côtés de Nuit d’étoiles, de Pierrot ou de Clair de Lune, elle ressuscite quatre mélodies inédites, dont Les Elfes, la plus longue jamais écrite par le musicien. Sous le toucher délicat et inspiré du pianiste, on retrouve ici tout l’art de la cantatrice : élan, vivacité, envolées lyriques, épanchements mis au service de son amour de la poésie pour traduire cette passion juvénile. Que rêver alors de mieux pour fêter dignement le 150e anniversaire de la naissance de Claude Debussy (1862-1918) ? \ Laurent Sorel \ Clair de Lune / Debussy / Natalie Dessay et Philippe Cassard / Virgin / 15 e
Guts
De fer et de diamant Le lieu du crime
le cd du mois
Ça file droit, comme on dit, même si c’est écrit au passé. Un jeune homme rencontre la seule, l’unique. Il la perd et nous entraîne à sa suite « dans les rues du temps ». Le temps avec Ava, elfe humble et orgueilleux, « Baudelaire était ce frère qui enchantait le monde en le damnant. Elle parlait aux éclairs quand je m’en fermais les yeux. Dans la poésie, elle cherchait à déchiffrer le mystère de sa présence au monde ». Jean-Marc Parisis célèbre celle qui n’est plus, c’est intense et bref, ça a valeur d’éternité, c’est écrit cœur battant. « Souvent, quand on aime, on a beau étreindre l’autre, lui parler toujours, il vous manque encore… On se foutait la paix avec l’amour. Je me demande même si l’on savait qu’on s’aimait. » Les amants aimants de Jean-Marc Parisis ne souffrent pas le tiède et l’ennui. De fer et de diamant, ils en ont l’éclat et le poids. \ I. D. \ Les aimants / Jean-Marc Parisis / éditions J’ai Lu / 4,95 €
Élevé par sa maman à base de « bonne note = 33 tours cadeau », il semble que les résultats scolaires du bonhomme aient été bons. Ajoutez à cela qu’il fut tête renifleuse de la capitale dans les années 90 en compagnie de Crazy B, et on ne doute pas que le beat-digger sache où et comment trouver les bons disques. Il a d’ailleurs la réputation d’en posséder une belle collection. Pour lui, il y eut le rap, Alliance Ethnik, Svinkels, Sages Po... des hits labellisés, la dolce vita. Puis le retour à la dure réalité, les labels indépendants, voir l’autoproduction, synonymes de fins de mois difficiles mais aussi de liberté d’expression. Désormais signé chez Heavenly Sweetness, petit-label-qui-monte-qui-monte, Guts se situe davantage dans le champ d’une musique électro d’accompagnement, vaguement abstract, ensoleillée, ludique, un peu fourre-tout, souvent instrumentale, autant influencée par Jean-Jacques Perrey que Dj Vadim ou Dr Dre. « Brand New Revolution », « What is love ? » et surtout « Laisser Lucie Faire » constituent les titres les plus intéressants d’un album qui se situe un peu en deçà du précédant LP Freedom, sorti en 2009. \ Thomas Delafosse \ Paradise for All / Heavenly Sweetness, 18 e
MIIKE SNOW Ahurissant de voir comme un groupe mainstream chez les Anglo-Saxons devient underground chez nous. Ébouriffant de maîtrise, le premier LP de ce trio suédois, paru en 2009, avait tout pour convaincre les radios et prouver qu’il existait bien une alternative à Mika au rayon dance pop. Ce deuxième album ne sera sans doute pas suffisant pour célébrer l’avènement tant attendu de Miike Snow dans nos contrées, mais Happy To You propose à qui le veut de nouveaux hymnes pétris d’électronique, aux claviers inspirés (Devil’s Work) et aux mélodies entêtantes (Paddling Out). L’ensemble, toujours servi par une production impeccable, est moins inventif qu’auparavant, mais la fraîcheur est intacte. Un bel antidote à la saison des Enfoirés et autres Hit Music Only. \ Mathieu Dauchy \ Happy To You / Columbia / Sony Music / 17,99 e
chroniques cd
plan rapproché
À Toulouse il est devenu quasi incontournable, l’animal ! Avec ses bijoux bestiaire, et d’abord les chevalières, Marc Deloche a passé la bague aux doigts à nombre de Toulousains. Son œil de designer et d’architecte a conçu aussi bien des lieux de la ville. De là à le suivre au doigt et à l’œil... Par Isabel Desesquelles
Marque Deloche
Q
uand une marque accède à la contrefaçon, c’est déjà quelque part la consécration. Marc Deloche n’a pourtant pas eu l’air de trouver le procédé flatteur. « Entre une bague imitée plus ou moins bien et une fabrication en gros, dopée par une distribution professionnelle, la différence est énorme. Et là, je ne l’accepte pas ! », s’enflammait-il le mois dernier dans un article d’un journal local titré « Attention aux faux bijoux Deloche ». La rançon du succès en quelque sorte pour ce Toulousain de 45 ans, dandy raffiné, toucheà-tout talentueux, qui passe sans problème de l’architecture à la bijouterie. Finalement quelle différence entre les lignes pures d’un meuble ou d’une boutique, et celles d’une bague et d’un bracelet ? Longtemps les architectes ont dessiné le mobilier, les poignées de porte, les robinets, capables d’endosser les habits de designer et de décorateurs.
Ah, les bijoux années 30
Enfant, Marc Deloche était attiré par la sculpture et la peinture. Il choisira des études d’architecte, à Paris. « Architecte, c’est concret, on répond à des demandes précises, parfois contraignantes, mais qui forcent l’imaginaire », dit-il. Quant aux bijoux, ils l’ont toujours fasciné pour ce moment précis où on les porte pour la première fois. « C’est ce qu’ils ont de précieux, des années après, ils sont toujours ce cadeau
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que l’on se fait ou que l’on nous a fait. » Après des années d’architecture, la marque Deloche voit le jour en 2000. Il entre ainsi dans le monde très fermé de la bijouterie, à la même époque qu’un autre grand nom, Victoire de Castelanne. « Mon expérience est infime comparée à la sienne. Quand elle s’est mise à dessiner des choses si extravagantes et créatives pour la maison Dior, la bijouterie commençait sa mutation ». Lui, affectionne particulièrement l’argent, pour son caractère intemporel que pérenne. Et les bijoux années trente et quarante, « à mon avis, les plus beaux et si modernes ! ». Connu pour ses bagues représentant toutes sortes d’animaux, au hasard le bouledogue, « un chien très affectueux », Marc Deloche a réuni une arche de Noé toute personnelle, à laquelle il ajoute, chaque année, de nouveaux occupants. Il y a aussi la collection Scoubidou, où le contraste entre l’argent et le plastique lui permet d’explorer un côté ludique qu’il affectionne. Mais chez Deloche, ce sont aussi les écrins qui font mouche. Ses boutiques, à Toulouse comme à Paris, en plein Saint-Germain-desPrés « le quartier le plus parisien de Paris», sont conçues comme des bibliothèques à bijoux où ses créations côtoient des livres ou des macarons. En mai prochain, il en ouvrira une autre à Bordeaux. Mais Toulouse reste la ville de cœur, celle du tout premier magasin créé il y a douze ans rue Antonin-Mercié. Et surtout celle de l’atelier de création. « Je le trouve rassurant,
c’est le cœur de mon histoire. Mon métier d’architecte me conduit souvent dans d’autres ateliers, de menuiserie ou de serrurerie. Ces endroits m’inspirent. Je suis toujours curieux de rencontrer ceux par qui mes rêves vont se réaliser. » L’homme à tout faire, n’est pas architecte les jours pairs, et créateur de bijoux, les jours impairs. Il jongle quotidiennement entre les deux disciplines, en prenant soin de bien séparer les séquences.
Des boutiques pour les autres
Au-delà de cet atelier-refuge, l’empreinte Deloche se déploie largement dans l’hyper centre toulousain. Il y a La Sélection, une des boutiques Serge Blanco, ou le magasin Paule Ka. Plus insolites, trois salons de coiffure - « je précise, ce n’est pas une spécialité ! ». Pour Seran Faugères, rue d’Austerlitz, il a investi un appartement bourgeois où les bacs à shampoing font indéniablement bonne figure entre moulures et parquet ancien. Toujours dans le quartier Victor-Hugo, sa dernière réalisation a pour nom Le Bulle, bistrot le midi, bar et hôtel le soir. « Je travaille tous les jours à chercher, imaginer ce qui pourra plaire à ceux qui aiment mes créations. J’ai pour eux un grand respect car ils m’ont permis d’être celui que je suis aujourd’hui. » Un homme que l’on devine patient et déterminé, qui aime se ressourcer devant les toiles de Pierre Soulages, le peintre du noir, autant que Deloche est le bijoutier de l’argent.
9 rue Antonin-Mercié marc-deloche.com Marc Deloche en deux mots… • Unisexe : « c’est bien les choses unisexe mais il ne faut pas en abuser. » • Metrosexuel : « La traduction de dandy dans le vocabulaire actuel. Pour des hommes qui à d’autres peuvent paraître sortir des sentiers battus.»
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