Label•
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magazine trimestriel édition 4.11 – 2011 – p 109062 € 4.95 – antwerpen x
co n t e n t – c r ed i t s
Covershoot Credits Photography: Elizaveta Porodina Art direction: Hectica Styling: Kim Peers Make-up: Elke Willemen for M.A.C. Model: Ingo Binder — Glasses: Ray Ban Coat: Bellerose Shirt: Marcel de Bruxelles
007 Label. Loves…
“Where did this shoot take place? Who is Elizaveta Porodina?” — Thou canst find answers and more on www.labelmagazine.be — Photoshoot – 054 The crafted twills of brotherhood
041 Label. Loves… sneakers
010 Levi’s XX
042 Sneakers – Paris, ça bouge
014 Dossier Denim – Wrangler réveille la bête qui est en nous
048 Sneakers – Dominez la rue, pas les podiums
018 Dossier Denim – Une nouvelle venue: Astrid Jane
054 Photoshoot – The crafted twills of brotherhood
020 Dossier Denim – Same bullshit, different day 024 Opération réanimation pour nos rues commerçantes 028 What’s next 034 The Blog Works
062 Trade – To logo or not to logo 065 Trade – Les salons de mode font peau neuve 072 Column – How to become… Le Shop 074 Contact list
Responsable de la publicité : Luc Van Ginneken, Caroline Gydé est une édition de Squadra Media s.a. www.labelmagazine.be
— Rédacteur en chef : Stéphanie Duval
Production : Greet Dufraing Sécretariat de la rédaction : Charlotte Van Strydonck Traduction: IGTV
— Éditeur : Bjorn Cocquyt
Projet + adresse de la rédaction : Squadra Media n.v. IJzerenweglei 17, 2640 Mortsel, T : 03 448 47 30, F : 03 448 47 31
Art direction + vormgeving: Hectica - www.hectica.com
— Collaborateurs : Annabeth Bels, Fleur Bourgeois, Patricia Goijens, Catherine Haywire, Christin Ho, An Kokken, Kim Siroyt, Katrin Swartenbroux, Britt Valkenborghs, Chris Vermuyten Photographie : Elizaveta Porodina
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Éditeur responsable : Luc Van Ginneken, IJzerenweglei 17, 2640 Mortsel
— Membre de l’Union des Editeurs de la Presse Périodique Toute reproduction d’un extrait quelconque de ce numéro ne peut se faire qu’avec consentement formel de l’éditeur.
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The Blog Works Les blogs et la mode texte : stephanie duval
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photos : nathalie de schepper
C'est le 1er décembre qu'était organisée, l'an dernier, la première édition de The Blog Works, une initiative de Marie Lemaitre, spécialiste des médias sociaux à l'agence de presse oona, et Stéphanie Duval, rédactrice en chef de Label. Notre magazine, qui était aussi partenaire officiel de l'événement, vous en dit plus sur cette initiative. Le comment du pourquoi Il y a cinq ans, j'étais une des premières blogueuses à franchir le pas vers une professionnalisation de mon activité. D'accord, je travaillais parallèlement comme journaliste freelance pour Label, ce qui me donnait une bonne vue d'ensemble sur le monde de la mode. Ce blog – qui aujourd'hui n'existe plus – m'a fait comprendre que je ne devais plus nécessairement avoir recours à des professionnels pour garantir un contenu de qualité, contrairement à ce que mon travail de journaliste m'obligeait à faire pour mon magazine. Je débarquais donc chez les marques et les agences de presse où je me présentais. Les choses ont bien changé depuis. Il était alors très inhabituel qu'un blogueur cherche à se rapprocher des professionnels de la mode, et les blogs belges consacrés à
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la mode se comptaient sur les doigts d'une main. Aujourd'hui, certaines agences de presse ont, en interne, des spécialistes chargés de suivre toute l'actualité en ligne et les blogs belges consacrés à la mode, qui se comptent par dizaines, attirent chaque jour des centaines, voire des milliers de visiteurs, parfois bien au-delà de nos frontières. Cinq ans, c'est une éternité à l'échelle du net. Mais dans le paysage médiatique, ce n'est rien. Du jour au lendemain, les professionnels des médias ont été bombardés de nouveaux concepts, de nouveaux canaux, de nouveaux supports d'information. Qui aurait cru que les blogs deviendraient un jour une valeur sûre et populaire des médias spécialisés dans la mode? Soyons réalistes: étant donné la pression croissante à laquelle sont soumis les médias classiques – accentuée par la crise financière – nous ne pouvions pas ignorer cette
Stephanie Duval, Marie Lemaitre et modérateur Karen Vangodtsenhoven
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révolution. Il fallait en faire partie. Soudain, il est devenu absolument nécessaire de prendre les médias en ligne au sérieux. Peut-être avons-nous toutefois viré de bord un peu trop vite, abordé et encensé ces nouveaux phénomènes avec un enthousiasme légèrement excessif. C'est ce qui expliquerait en tout cas la campagne de dénigrement qui, début de l'an dernier, a secoué le petit monde de la mode. Quelques journalistes travaillant pour des magazines bien connus avaient publié à l'époque des articles critiques sur les blogs et l'engouement qu'ils suscitaient. Les blogueurs belges, attaqués de front, avaient réagi violemment. Très vite, le débat a pris de l'ampleur. Les arguments de qualité fusaient de partout pour être presque aussitôt
réfutés. Mais il était difficile de trouver quelqu'un qui ait une vue claire de la situation et qui maîtrise correctement les deux points de vue: celui des blogueurs et celui des professionnels de la mode et des médias. Bref, c'est là qu'un forum aurait été bien utile. Un forum où décortiquer le phénomène des blogs, les analyser d'un œil critique et en débattre à la loyale. Comme dans tous les grands battages médiatiques, la tempête finit nécessairement par retomber. Et il est alors dans l'intérêt de tous qu'elle ne laisse pas derrière elle une zone sinistrée mais plutôt un ensemble cohérent et qualitatif de canaux médiatiques, de relations professionnelles entre les acteurs concernés et un sentiment globalement favorable sur la direction empruntée par les médias. J'avais fait la connaissance de Marie Lemaitre au bon moment. Nous avions la même idée en tête depuis un moment et c'est ainsi que nous avons décidé, en avril, d'unir nos forces. Elle en tant que spécialiste des médias sociaux à l'agence de presse oona, et moi en tant que rédactrice de Label. Avec un statut assumé de 'geeks blogueuses'. Notre expérience nous ayant appris qu'il restait énormément à dire et à apprendre sur notre sujet de prédilection, nous avons décidé de nous y mettre sans attendre qu'un nouveau format voie enfin le jour. C'est ainsi qu'est né The Blog Works. Sans intention de montrer qui que ce soit du doigt en nous
tr e n d s — reta i l
Opération réanimation pour nos rues commerçantes Une étude de cas qui inspire texte : katrin swartenbroux
Twiggy – Gand
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Dans un paysage commercial où tous les magasins semblent obéir à une formule unique, les concepts innovants sont plus que bienvenus. Le consommateur attend des commerçants qu'ils leur offrent une 'expérience'. Heureusement, certains l'ont bien compris et on voit aujourd'hui fleurir des boutiques de plus en plus innovantes.
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Le succès de ces commerces découle en partie d'une résurgence antimondialiste: les multinationales ont gommé la diversité culturelle et la consommation a pris un ton très uniforme. Le shopping en devient parfois très prévisible – une tendance contre laquelle s'inscrit Label, qui vous présente aujourd'hui quelques concepts intéressants. Des concepts qui apportent à nos rues commerçantes ce zeste de dynamisme et de personnalité dont elles ont bien besoin. Ventes croisées: un meltingpot de produits et d'idées Chaussures et CD, pantalons, vélos de ville et magazines. Le concept de la vente croisée n'est pas neuf et certains grands magasins tels que Harrod’s et Bloomingdale's lui doivent une partie de leur fortune. Le concept est aussi simple que génial: il s'agit de jouer sur chaque besoin du consommateur en lui proposant sous un même toit tout ce dont il pourrait avoir besoin. Cette stratégie, toujours en vogue, s'est fort heureusement éloignée de l'agencement clinique, style entrepôt, où les produits étaient sagement rangés par catégorie. Aujourd'hui, les marchandises se mêlent et se côtoient. Les spécialistes préfèrent d'ailleurs parler de 'vente hybride', parce que tous les produits sont regroupés et habilement présentés pour former un concept commercial. Le Gantois Christophe Urbain a bien compris l'attrait du concept. Propriétaire du magasin de vêtements Rewind, essentiellement axé sur une mode scandinave épurée, il a décidé en octobre d'ouvrir une nouvelle boutique pour hommes. Son concept a été étudié avec soin et amour. Outre les collections de vêtements (Won Hundred, Lee, Pendleton, Loft…), le magasin propose aussi des magazines lifestyle
originaux comme Monocle, des expositions d'art et des meubles vintage que les clients peuvent admirer à leur aise en sirotant un rafraîchissement. Christophe attachait une grande importance à ce projet. Pour réfléchir au concept de Rewind Men, Christophe est parti d'une question: 'comment les hommes préfèrent-ils faire leur shopping?' Il considère sa boutique comme un 'concept store doublé d’un home-feeling'. Tous les éléments de cette boutique, tant sur le plan des produits que du décor, forment un tout harmonieux. Pop It Up S'il n'est pas besoin de repréciser le concept des pop-up stores, peut-être est-il utile de justifier l'actuel déferlement de ces boutiques éphémères. Trendwatching.com a été le premier à citer cette tendance fin 2004, mais ce n'est que bien plus tard que le phénomène a touché la Belgique. Les pop-up stores cadrent bien avec différentes disciplines économiques: loisir, expérience et surprise. Et le consommateur adore ça! Les popup stores sont non seulement très tendance, mais leur caractère temporaire suffit à les doter d'une aura instantanée d'exclusivité. Le magasin gantois BEN, né cet automne, est un remarquable exemple de pop-up. Il est l'œuvre du designer et architecte d'intérieur Frederic Hooft, de la photographe An Gyselinck et du dynamique entrepreneur fashion Christophe Urbain. Ces trois Gantois ont décidé de
partager leur expertise et leur bon goût avec leurs concitoyens en proposant dans leur pop-up leurs produits et leurs marques favorites. An y expose ses photos et y présente ses 'lampes maison' et les gadgets décalés qu'elle affectionne comme les téléphones rétro de Native Union. Frederic mise sur les meubles et les accessoires d'intérieur de Maarten Van Severen, Arflex ou encore Normann Copenhagen. Grâce à Christophe, BEN est aussi le flagship store incontesté de la marque française Sessùn, dont BEN propose la collection complète. Les créateurs de BEN n'ont pas sous-estimé le pouvoir de leur concept. Les pop-up stores sont résolument ancrés dans 'l'instantanéité'; leur caractère fugace et donc exclusif les classe au rang de phénomène fashion. Bref, il faut y être allé être sûr de ne pas le rater. Le choix de ce statut pour BEN a été vite fait, même si Gand se demande aujourd'hui si la boutique ne pourrait pas jouer les prolongations. Affaire à suivre donc… Chez Timberland, on connaît aussi la musique. Mi-novembre, la marque ouvrait son pop-up store à Anvers. En collaboration avec le restaurant végétarien Lombardia et le 'beauty boudoir' mobile Magnolia. Tous trois jouent à fond la carte de l'interaction avec le consommateur. Aujourd'hui, tout le monde rêve d'être impliqué dans le processus de production et même de création – une chose que les fondateurs du concept ont bien comprise. Chez Timberland, vous pouvez créer votre paire de bottines de A à Z. Audrey, chez Magnolia, vous aide à choisir les ingrédients pour composer votre parfum. Lombardia vous propose de goûter ses infusions les plus demandées, après quoi vous composerez vous-mêmes votre 'kit de survie' en tisanes. Un bel échantillon d'économie d'expérience donc.
BEN – Gand
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tr e n d s — repo rt
Quelles tendances pour 2012? Éléments de réponse texte : patricia goijens
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photos : persdoc et patricia goijens
Les tendances, c'est une histoire sans fin. Une tendance chasse l’autre, et ainsi de suite. On ne sait souvent pas pourquoi ni comment. Ce qui ne nous empêche pas de lancer les paris, infos à l'appui. Label s'est entretenu avec plusieurs initiés du secteur dans l'espoir de lever un coin du voile sur les futures tendances design, mode et retail.
Ces dernières années, prédire les tendances est devenu un exercice plus ardu. C'est aussi ce que pense Nathalie Lachat, responsable des achats de la boutique Garderobe National et créatrice pour sa marque Magdalena: “Il y a tellement d'influences qu'on s'y perd un peu…” La crise contribue elle aussi à la confusion. “En fait, les tendances sont des baromètres économiques importants. En 2008 par exemple, on a soudain vu tous les créateurs paniquer et faire des choses qui ne correspondaient pas du tout à leurs habitudes”, explique Nathalie. La mode au bord de la crise de nerfs En 2012, le secteur tourne à un rythme si effréné que plus personne ne peut suivre. Les semaines de la mode définissent les tendances tous les six mois, mais il faut désormais y ajouter une série de précollections et de collections intermédiaires, qui se succèdent tellement vite qu'il est parfois difficile de savoir ce qui est à la mode et ce qui ne l'est plus. D'autant plus que les grandes chaînes copient la mode des créateurs avant même que les créations de ces derniers n'arrivent dans leurs propres boutiques. “Il y a des années, la mode était une sous-culture à part entière. Quand j'étais plus jeune, tout tournait autour de la mode haut de gamme. Jusqu'à ce que des géants comme Zara, Forever21 et H&M, champions de la copie,
changent la donne et rendent la mode accessible au grand public. La mode s’est frayé un chemin jusqu’à la rue, mais s'est transformée en produit jetable, éphémère. Mais aujourd'hui, les gens en ont assez”, explique Nathalie. Le segment haut de gamme essaie lui aussi de réfréner ce rythme infernal. Après le licenciement de John Galliano de la Maison Dior, il s’est dit qu'Azzedine Alaïa pourrait lui succéder au poste de directeur créatif. Alaïa, un styliste qui met un point d'honneur à ne présenter ses collections que lorsqu'elles sont prêtes, pourrait incarner un changement majeur pour une maison de couture comme Dior. Tom Ford a lui aussi trouvé une façon d'échapper à ce cercle vicieux. Après une pause, celui-ci a en effet choisi de ne présenter ses créations qu'en cercle fermé, loin des caméras… mais sur les corps gracieux de célébrités. Caroline De Boungne, qui dirige l'agence de mode Per Ogni, constate également que la crise a un impact sur ses clients. “Lors de leurs achats, les détaillants suivent toujours leur instinct, mais font plus attention aux prix. Les ventes des excédents de la saison précédente restent importantes, mais en cas de doute, les clients vont renoncer plus rapidement. On observe cependant une différence entre les marques plus accessibles et les marques plus chères. Les clients du segment de luxe ressentent moins la crise. On le remarque à leur façon d'acheter.”
Place à la sincérité Mais globalement, l’heure est à la modération. C'est ce que constate aussi Tom Palmaerts, trendwatcher chez Trendwolves. La tendance est apparue il y a quelques années, en réaction à la cadence infernale imposée par la société de consommation. Si les phénomènes de slow food et de slow fashion ne sont pas neufs, ils se maintiennent. “Ce que je veux dire par là, c'est que l'atout d'une marque doit être inscrit dans son ADN. Par exemple, les détaillants ne peuvent plus jouer la carte du bio comme un argument marketing: ils doivent y croire sincèrement”, explique Tom Palmaerts. C'est également l'avis de Bert Pieters, actif au sein de la plateforme de création ‘De
Act of kindness – NYC
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Produits artisanaux et local sourcing à Broadway Market – Londres
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Invasie’, qui offre aux jeunes créateurs un espace dédié à la présentation et à la vente de leurs créations. “L'implication des marques ne cesse de gagner en importance. Nous savons d’expérience qu'une organisation comme la nôtre est en mesure de collaborer avec des entreprises de plus grande envergure, mais que dans ce cas, il est essentiel que ces dernières osent penser à des actions éventuelles. Entre autres pour développer leur identité.” Elle est donc bien révolue, l'époque où il suffisait aux entreprises de faire appel au sponsoring et d'afficher un logo pour rattacher leur nom à un concept.
Pastel chez Marc Philippe Coudeyre SS12
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Coming Soon – Arnhem
L'atout transparence “On fait aussi plus attention à la traçabilité des produits. La transparence des entreprises devient plus importante. Le consommateur veut savoir ce qu'il achète”, commente Tom Palmaerts. À ce propos, les clients sont prêts à dépenser plus si le discours qu’on leur tient est authentique. Cette tendance est très visible dans le secteur alimentaire. Aujourd’hui, manger bio n’a plus rien d’exceptionnel, et l’on trouve tous les produits voulus au supermarché. À l’avenir, on va aller encore plus loin. Les consommateurs choisissent avant tout des produits locaux pour minimiser leur empreinte écologique. Les farmer's markets illustrent bien ce phénomène. Présents dans des villes comme Londres, New York et San Fransisco, ces
‘marchés paysans’ accueillent pendant le week-end des visiteurs qui font le déplacement pour acheter du pain artisanal et des légumes locaux. Un mode de consommation authentique et presque nostalgique, qui cadre parfaitement avec cette volonté de savoir ce que l'on mange. Une tendance qui se retrouve aussi dans la mode: “En temps de crise, les gens se raccrochent à la qualité et aux anciennes valeurs”, explique Nathalie Lachat. Selon Trendwolves, on voit poindre une sorte de luxe sélectif parmi la jeune génération. “Les jeunes sont prêts à débourser beaucoup pour certains produits et économisent donc sur d'autres postes.” Manger des tartines pendant deux semaines pour s’offrir un repas dans un restaurant étoilé, par exemple. Ou s'acheter une paire de Louboutin tout en composant le reste de sa garde-robe chez H&M. “On constate que les jeunes sont même prêts à travailler pour se payer l’objet tant désiré. Et quand ils dépensent des sommes plus importantes, ils attendent aussi un service de qualité.” Tout le monde devient commerçant La technologie joue un rôle particulièrement important dans la société frénétique à laquelle nous tentons de nous opposer. Mais ce n’est pas négatif par définition. Selon Tom Palmaerts, nous devenons tous des microdétaillants en ligne. Traduction? Nous allons à nouveau négocier des produits nous-mêmes,
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sneakers
Paris, ça bouge! La Ville lumière au rythme des sneakers texte : fleur bourgeois
Paris n'est pas seulement la ville de l'amour. Comme de nombreuses autres métropoles, c'est une ville où la culture des sneakers est très vivace, une source d'inspiration intarissable pour les stylistes, les marques et les adeptes du street style. Tour de la ville, à la pointure du fan de sneakers.
Nul n'est mieux placé pour nous faire découvrir la scène parisienne des sneakers qu'Olivia Peyronnet, rédactrice en chef de Shoes-Up, le magazine lifestyle français dédié à la culture urbaine et aux sneakers. Elle insiste d'emblée sur la grande différence qui existe entre Paris et le reste du pays en termes de sneakers. Comme d'autres grandes villes, Paris a un caractère plus affirmé, même si elle constate que dans les rues, les couleurs flashy et les chaussures originales cèdent le pas aux marques et modèles plus classiques. “En temps de crise, tout le monde semble vouloir renouer avec la qualité et la sécurité du passé. Pour preuve, le grand retour des bottes, des boots, des Clarks. Actuellement, les boutiques parisiennes d'avantgarde croulent sous des marques comme Merrell, Sebago et Paraboot: du solide, donc. Tout le monde (ou presque) semble sorti tout droit du Musée de la Chasse, situé à quelques mètres à peine de la rédaction de ShoesUp”, remarque Olivia Peyronnet. Selon elle, les gens en ont assez de dépenser des sommes folles et préfèrent miser sur du classique durable, sans devoir mettre à sec leur compte bancaire pour autant. Une tendance manifestement irrésistible émerge dans les boutiques parisiennes. Les magasins autrefois dédiés aux sneakers design et branchées changent leurs habitudes d'achat.
Les propriétaires de boutiques qui ont grandi dans les années ’80 et ’90 sont devenus adultes et ont souvent eux-mêmes des enfants. Affranchis des sneakers flashy, ils influencent de ce fait les jeunes qui les admirent et viennent leur acheter des chaussures. De leur côté, les marques de sport embraient sur le style heritage et le look américain traditionnel. Des marques telles que Lacoste, Vans et DC Shoes commercialisent à leur tour des boots qui s’écartent radicalement de leur style sportif initial, et des marques comme Le Coq Sportif ont entrepris un véritable changement d’image. Cette dernière a même rouvert son ancienne usine en France après un détour par la Chine. Farfouiller dans le passé semble aujourd'hui l'option choisie par la plupart des marques.
Feiyue
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en fait en Asie. Olivier Bouquet, marketing manager: “Tout se passe à Paris maintenant, de la création au marketing. Mais Feiyue signifie flying forward. Nous ne voulons donc pas nous limiter à un seul lieu ou une seule direction. Le voyage fait partie intégrante de notre entreprise. La marque Feiyue suit tout simplement son cœur. Grâce à notre jeune équipe et à notre courte histoire, l'innovation est pour nous une évidence. De même, nous visons toujours un bon rapport qualité-prix et
proposons déjà des articles pour les enfants à partir de dix-huit mois.” Pour accentuer encore le lien avec Paris, une collection a été lancée en août dernier, en collaboration avec Bonton, le concept store pour enfants, et c'est maintenant au tour de la marque franco-française agnès b. de proposer, conjointement avec Feiyue, une casual sneaker exclusive pour hommes.
Les marques Feiyue: élargir les horizons Feiyue répond aux critères d'Olivia Peyronnet: la qualité à prix abordable. Suite à son incroyable succès en France, le label regarde aujourd'hui pardelà les frontières de l’Hexagone. Si le siège reste bien ancré à Paris, les chaussures sont déjà disponibles dans vingt pays et les racines de la marque se situent Spring Court store
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tr a d e – o n e
To logo or not to logo Le branding dans la mode texte : katrin swartenbroux
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illustration : manon wethly
Les entreprises ont toujours misé sur la communication visuelle pour développer et préserver leur identité et leur renommée. Dans les années ’80 et ’90, les CEO se faisaient la guerre à coups de logos, polices de caractères, couleurs et emblèmes. Depuis lors, l’arène de la publicité a subi un lifting radical. À l’ère où les enseignes jouent de plus en plus la carte de l’experience economy et où les stimuli sensoriels tels que les odeurs et les sons revendiquent un rôle majeur dans l’association avec la marque, il semble que les beaux jours du logo soient révolus. Label a mené l’enquête: le logo est-il devenu un ‘no-go’? Selon Wikipedia, un logo est ‘une représentation graphique qui sert à identifier de manière unique et immédiate les sociétés’. Cet aspect associatif est extrêmement important. Les logos servent à conférer une identité aux entreprises, à créer une association, pas à indiquer ce que l’entreprise fait. La signification d’un logo est plus importante que son apparence. Jacob Cass, fondateur de Just Creative Design, nous explique ce concept abstrait en comparant les logos à des personnes: nous préférons être appelés par notre nom et non être désignés comme ‘la petite fille aux taches de rousseur qui chante souvent’. De même, un logo ne doit pas décrire littéralement l’activité de l’entreprise, mais plutôt donner à celle-ci une identité marquante et reconnaissable. Lorsque nous l’avons répété assez de fois, nous ‘imprimons’ le nom d’une personne dans notre mémoire: nous penserons alors automatiquement à ‘Nina’ et pas à ‘la petite fille aux taches de rousseur qui chante souvent’. Pour les logos, c’est
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tr a d e – t wo
Les salons de mode font peau neuve texte : chris vermuyten
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illustration : manon wethly
Ca bouge pas mal dans l'univers de la mode… Les différents salons signent de nouvelles alliances, rachètent des concurrents et déplacent leurs dates. C'est en quelque sorte la révolution au pays des salons!
Prêt-à-Porter Paris, référence fondatrice pour tous les salons de mode, a été racheté! Ce petit monde n'avait plus connu pareil choc depuis 1998. A l'époque, le prestigieux salon de mode masculine Sehm à Paris avait été revendu à un investisseur. Peu après, Sehm a disparu de la scène malgré les tentatives de l'équipe de Who’s Next (WSN Développement) de lui insuffler une nouvelle vie suite à la débâcle de l'investisseur. Cette même équipe, qui s'est hissée aujourd'hui au rang des organisateurs de salons les plus habiles, les plus professionnels et les plus brillants, rachète à présent Prêt-à-Porter Paris. Et jetant d'emblée un pavé dans la mare, elle annonce de nouvelles dates… Parallèlement, d'importants glissements s'opèrent entre Düsseldorf et Berlin. Petit tour de la question avant votre départ pour Paris. Paris: nouveau lieu, nouvelles dates Lorsque vous mettrez le cap sur les salons de mode parisiens, préparez-vous au changement. Le site de la Porte de Versailles a en effet été réagencé. Depuis que l'équipe de Who’s Next a repris le salon Prêt-à-Porter Paris, les halls de la Porte de Versailles ont été réaménagés. Le Hall 1 abrite à présent le Salon de la Lingerie et Who’s Next déménage pour s’installer dans les Halls 2, 3, 4 et 7. Concrètement, cela signifie
que le côté gauche de l'axe central ne sera pas exploité. Seule l'aile droite et le hall central n° 7 seront réservés au salon de mode Who’s Next. Une allée centrale permettra aux visiteurs munis de leur ticket d'accéder aux quatre halls. Cette reprise traduit la volonté de Bertrand Foäche, associé de WSN Développement, de mettre un terme à la rivalité qui opposait constamment les deux salons. Elle permet en effet une meilleure intégration de tous les segments (hommes, femmes, mode pour jeunes et accessoires). Ce qui est tout bénéfice pour la mode en général. Enfin, l'équipe mise également sur une plus grande participation internationale. En tout, le visiteur peut s'attendre à rencontrer 2.500 exposants, répartis comme suit: Fame (marques créatives) dans le Hall 4, Mr Brown (ex-Face, prêt-àporter masculin) dans le Hall 3, Mess Around (chaussures) dans le Hall 2.1, The Cube (nouvelle division Sacs) dans le Hall 2.2 et Première Classe dans les Halls 2.2, 3 et 4. Enfin, Private (marques créatives commerciales) se voit attribuer l'immense Hall 7, où vous pourrez également admirer le défilé de mode. Mais vous n'êtes pas au bout de vos surprises. L'édition estivale, qui se tenait traditionnellement en septembre, sera avancée à la fin juin - début juillet. Ce glissement d'agenda avait déjà été proposé par le passé mais
se heurtait à chaque fois aux plus sceptiques. Finalement, l'importance croissante des salons de mode berlinois et la solide réputation de Pitti Uomo à Florence, qui se déroulent tous fin juin et début juillet, ont fait pencher la balance. A partir de 2012, Paris n'aura donc plus de salon de mode en septembre. La deuxième session se déroulera
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