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MAGAZINE-702

Armando Jongejan--Krista Steinke--Mara Elizabeth--Kristian Jalonen--Claudio Rasano--Jocelen Janon--Wilfried Haillot--Jason Scott Tilley--Clotilde Noblet--Daniel Schumann


Daniel

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Armando Jongejan 04 Krista Steinke 13 Mara Elizabeth 23 Kristian Jalonen 34 Claudio Rasano 44 Jocelen Janon 52 Wilfried Haillot 62 Jason Scott Tilley 72 Clotilde Noblet 82 Daniel Schumann 93

The images published in this magazine are copyrighted to their corresponding creators.


Editorial

Say no to Squarexit! What a month. It feels like the whole world has shifted under our feet. After months of being inundated with increasingly hysterical promises and fear mongering statements, the British public has voted to leave the European Union. What does it mean for Square Magazine? Well, on the one hand, not much. We’re still here and we’re still going to publish the work of talented photographers from all over the world, including of course British artists. On the other hand, since we relied in the past on funding from the Arts Council England, the chances are that we won’t be able to offer exhibitions or create books and fanzines anymore. The magazine is free and I don’t have the time to hunt for grants or set up kickstarter campaigns, so we have no money. But there won’t be no squarexit!

Quel mois. On dirait que le monde entier a glissé sous nos pieds. Après des mois passés a être inondés avec des promesses de plus en plus hystériques et les déclarations apocalyptiques, le public britannique a décidé de quitter l’Union Européenne. Qu’est-ce que cela signifie pour Square Magazine ? Eh bien, d’une part, pas grand chose. Nous sommes toujours là et nous allons encore à publier les travaux des photographes talentueux issus du monde entier, y compris bien sûr des artistes britanniques. D’autre part, étant donné que nous avons été financé par le passé par le Arts Council England, il ya des chances pour que nous ne soyons plus en mesure de vous offrir des expositions ou de créer des livres ni des fanzines. Le magazine est gratuit et je n’ai pas le temps de chasser les subventions ou mettre en place des campagnes de Kickstarter, donc nous sommes fauchés. Une chose est sure : il n’y aura pas de squarexit!


Armando Jongejan

0 4 From the inside

I started my reportage of the nunnery in Egmond aan den Hoef, he Netherlands, in 1995. Contact with the nuns was not easy. They were very isolated, almost cut off from the world. They lived within their nunnery and gated garden that even contained their own graveyard. Until 1969, there were barriers inside the nunnery itself. It was absolutely prohibited for men to enter the building. It took one and a half year and many visits before I was allowed to take my first photo. After the first photo shoot I was invited to make a documentary of daily life in this nunnery. It starts with praying, followed by all kind of activities such as cleaning, washing, eating, and have some fun (during their one hour “spare time�, once a week). I was even allowed to take some pictures of the nuns in their own convent cell. Some of them, quite surprisingly, had a computer and web access (in 1995!). They had a TV and three different newspapers. They were interested in everything what was happening in the world, but took (almost) not part of it. I took the last image in the church, where sacred objects are wrapped properly just before the removal. Nowadays the old nunnery is a GP practice and a small apartment complex.

Royal Photographic Society





Armando Jongejan

0 8 From the inside

J’ai commencé mon reportage sur le couvent d’Egmond aan den Hoef en 1995. Le contact avec les religieuses ne fut pas facile au départ. Elles étaient très isolées, presque coupées du monde. Elles vivaient entre les quatre murs d’un couvent et d’un jardin fermé, où même leur cimetière se trouvait. Jusqu’en 1969, il y avait même des barrières à l’intérieur du couvent lui-même. Il était absolument interdit aux hommes d’entrer dans le bâtiment. Il a fallu un an et demi et de nombreuses visites avant que je sois autorisé à prendre ma première photo. Après la première séance, elles m’ont invité à faire un documentaire sur la vie quotidienne dans ce couvent. La journée commence, suivie par toutes sortes d’activités telles que le nettoyage, la toilette, les repas et même les jeux (pendant une heure de «temps libre», hebdomadaire). On m’a même permis de prendre quelques photos des religieuses dans leurs cellules. Certaines d’entre elles avait un ordinateur et l’accès à internet (en 1995!). Il y avait une télé et trois journaux différents. Elles s’intéressaient à tout ce qui se passait dans le monde, quoique n’en faisant pas (ou presque pas) partie. Je pris la dernière image dans l’église, où les objets sacrés sont enveloppés juste avant l’enlèvement. Aujourd’hui, l’ancien couvent est une pratique de GP et un petit complexe d’appartements.






Krista Steinke

1 3 Purgatory Road

Purgatory Road takes its title from an actual place where I live during the summer months—a woodland region in rural New York, divided by a dirt path. Local legends and folklore surround this road. On one side, the land slopes down into a cavernous area that is ominous, damp and dark. On the opposite side lies a lush, peaceful forest that could be a scene from a children’s story. These images, influenced by my own anxiety and concern for the natural world, serve as a metaphor for the concept of “purgatory” as an abstract state of “in-between”; a place where two polarities collide, become blurry, muddied or gray. Photographed on location or composed from specimens collected on walks through the woods, my images collectively describe a sense of place, while capturing myriad of cycles of growth and decay. I am especially interested in the quiet moments that seem to hover between frailty and regeneration, where life feels suspended and uncertainty reigns. To help capture this, I shoot through sheets of Plexiglass filters that need to be illuminated or activated by the sunlight. I first treat these with various painting mediums and then leave them outside to be weathered by the natural elements. They are rained on, bleached out by the sun, and often become embedded with bugs, leaves, spider webs or dirt. A relationship between content and form emerges as nature serves as both my subject and my collaborator. Light and shadow, transparent layering and the element of chance also play a critical role in suggesting a type of passage or an illusionary window where the physical and nonphysical have the potential to meet. In essence, I see these photos as unsolved puzzles where the process of distorting the camera’s seemingly objective gaze yields more questions than answers and perception itself can easily slip to one side of the “road” or the other.

www.kristasteinke.com




Krista Steinke

1 6 Purgatory Road

Purgatory Road emprunte son titre à un endroit réel où je vis pendant l’été, une région boisée dans la campagne de l’état de New York, divisé par un chemin de pierres. Les légendes locales et le folklore qui entourent cette route. D’un côté, le terrain descend vers une zone caverneuse inquiétante, humide et sombre. De l’autre côté on trouve une forêt paisible et luxuriante, qui pourrait ressembler à une scène de conte pour enfants. Ces images, influencées par ma propre anxiété et mon intérêt pour la nature, servent comme une métaphore autour de la notion de « purgatoire » comme un état abstrait d’« entre-deux »; un endroit où les deux polarités entrent en collision et deviennent floues, brouillées ou grises. Photographiées sur place ou composée à partir d’échantillons prélevés durant mes promenades dans les bois, mes images décrivent collectivement un sentiment d’appartenance, tout en capturant une myriade de cycles de croissance et de mort. Je suis particulièrement intéressée par les moments de calme qui semblent flotter entre la fragilité et la régénération, où la vie est suspendue et l’incertitude règne. Pour arriver à cela, je prends mes photos au de filtres en plexiglas qui doivent être éclairées ou activées par la lumière du soleil. Je les traite d’abord avec différents médiums à peindre, puis je les laisse dehors, à être altérées par les éléments. Elles sont sous la pluie puis blanchies par le soleil et sont recouvertes d’insectes, de feuilles, de toiles d’araignée et de poussière. Une relation entre le contenu et la forme apparait : la nature est à la fois mon sujet et mon collaborateur. L’ombre, la lumière, la mise en couches des filtres et le hasard jouent également un rôle essentiel, suggérant un endroit ou une fenêtre illusoire où le physique et non physique ont le potentiel de se rencontrer. Pour l’essentiel, je vois ces photos comme des énigmes non résolues où le fait de fausser le regard apparemment objectif de la caméra provoque plus de questions qu’il apporte de réponses, où l’on facilement passer d’un côté du chemin ou de l’autre.








Mara Elizabeth

2 3 Antiheroes

As an artistic medium, photography suffers from the common misconception that it is fundamentally a documentary tool; that photography is more or less a creative twist on a technology produced in order to record an objective reality. My goal as a photographer is to form an image that could not be seen without the use of a camera, to stretch and bend a slice of recorded “reality” into a reality unique to the photographic medium. Through my double exposures I’m able to illustrate the relationship photography can illuminate between a personal reality and the documentation of a shared reality. These photographs are produced when slices of reality are seen through one another, layered and blended; the two are fused together to produce a single, new image that doesn’t correspond to anything concretely visible to the naked eye. The camera is transformed from a recorder of the objective into a producer of the subjective and fantastical.

En tant que médium artistique, la photographie souffre de l’idée largement répandue qu’elle est fondamentalement un outil documentaire; documentaire, où il y a une touche plus ou moins créative sur une technologie dont la finalité est d’enregistrer une réalité objective. Mon désir en tant que photographe est de former une image qui ne pourrait pas être créée sans utiliser un appareil photo, d’étirer et de plier une tranche de « vraie réalité » dans une réalité spécifique au médium photographique. Grâce à mes doubles expositions, je suis en mesure d’illustrer la relation que la photographie peut installer entre une réalité personnelle et la documentation d’une réalité partagée. Ces photographies sont produites lorsque ces couches de réel sont vues l’une à travers l’autre, en superposées et mélangées; les deux sont fusionnées ensemble pour produire une seule nouvelle image qui ne correspond à rien de concrètement visible à l’œil nu. L’appareil photo se transforme de machine à enregistrer en machine à produire du subjectif et du fantastique

www.maraelizabeth.com












Kristian Jalonen

3 3 4 Experiments

I am an analogue photographer and artist based in Malmö, Sweden. I’ve always been on the hunt for an artistic avenue which truly satisfies my experimental personality. This search took a major turn during my time in New York; here I discovered the wonders of analogue photography. Since then my approach to this almost forgotten media has adapted towards a rare method in which I try to grace each photo with surgeon like attentiveness. Each film undergoes a tested operation of chemical manipulation both before and after the photograph is taken. My nonconformist attitude towards photography makes each picture unique and impossible to recreate.

Je suis un photographe analogique et un artiste basé à Malmö, en Suède. J’ai toujours été à la recherche d’une voie artistique qui satisfasse vraiment ma personnalité expérimentale. Cette recherche a pris un tournant majeur lors d’un séjour à New York : j’y ai découvert les merveilles de la photographie analogique. Depuis lors, mon approche de ce média presque oublié a adapté une méthode rare dans laquelle je tente d’apporter une attention de chirurgien à chaque photo. Chaque film subit une opération de manipulation chimique testée à la fois avant et après que la photographie est prise. Mon attitude anticonformiste vers la photographie rend chaque image unique et impossible à recréer.

Instagram: @analogue_only










Vous êtes, ou vous connaissez quelqu’un qui est un pauvre photographe qui se débat avec le rectangle et qui aimerait essayer le format carré et être publié dans le magazine ? Le tout nouveau programme de résidence d’artistes peut vous aider. C’est gratuit, ça dure de 3 à 6 mois et c’est ouvert à tous, quelque soit votre âge, votre sexe ou votre nationalité. Ce qu’il nous faut : Rassemblez des extraits de vos travaux et quelques info sur vous-même. Mettez sur pied une proposition, mettant en lumière votre projet visuel et les raisons pour lesquelles vous pensez que le format carré serait approprié. Envoyez le tout à editor@squaremag.org Ce que vous pouvez espérer de nous : Une évaluation et un retour sur votre projet d’un des membres de l’équipe de Square Magazine (mail, téléphone ou Skype). Une aide académique si nécessaire (par exemple en histoire de l’art ou en études contextuelles). Un article dans le magazine à la fin de la résidence. La promotion de votre travail via les réseaux sociaux et notre site web.


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Claudio Rasano Desolate Tblisi

At first, I wanted to capture desolated life—and the ways in which people reflect their environments. My journey took me to the city of Tbilisi, in Georgia. There, I found traces of the USSR in the city’s architecture and in the marks that these spaces have left on their current inhabitants. For example, inside a bath house, I made some portraits of the workers in front of their changing room. Before I took the photo, I built a relationship with the workers of the bathhouse. I also went to the tropical institute and photographed the waiting room and the people who work there. Finally, I photographed in a shelter for men and women. I photographed the men within their rooms. Ultimately, these were not just portraits of the people but, as well, of the inner architecture of the ex-Soviet Union.

Au début, je voulais simplement capturer la désolation de la vie en général et la façon dont les gens reflètent leur environnement. Mon voyage m’a emmené à la ville de Tbilissi, en Géorgie. Là, j’ai découvert des traces de l’ancienne URSS dans l’architecture de la ville et dans les marques que ces espaces ont laissé sur les habitants aujourd’hui. Par exemple, dans un établissement de bains, je fis quelques portraits de travailleurs devant leur vestiaire, en essayant de bâtir une sorte de relation avec eux. Je suis aussi allé à l’institut tropical et photographié la salle d’attente et les gens qui y travaillent. Enfin, j’ai photographié un refuge mixte. En fin de compte, ces photos ne sont pas seulement des portraits, mais aussi des clichés architecturaux de l’ex-Union soviétique.

www.rasano.com









Jocelene Janon

5 2 Heurtebise

There is always something magical, almost mystical, about crossing the Cook strait, between the two main islands of New Zealand. For a couple of hours you are nowhere. Just ‘in between’. Quite often the weather is rough. The rain is horizontal. The ship is shaking. The passengers need to go out. And when they came back I felt like Heurtebise waiting for Orpheus to cross the mirror.

Il y a toujours quelque chose de magique, presque mystique, quand on traverse le détroit de Cook, entre les deux principales îles de la Nouvelle-Zélande. Pendant deux heures, on n’est nulle part. On est « entre ». La plupart du temps il fait mauvais. La pluie est horizontale. Le navire est secoué. Les passagers préfèrent sortir. Et quand ils reviennent à l’intérieur, je me sens telle Heurtebise attendant Orphée pour traverser le miroir.

www.jocelenjanon.com










Are you, or do you know a poor rectangular photographer who would like to try their hand at the square format and be published in the magazine? If so, the Square Residencies programme is just what you need. It is free, it lasts three to six months and is open to all, regardless of age, gender or nationality (or photographic gear). Here’s what you need to do: Gather some of your work and some info about yourself. Put together a proposal, highlighting your visual project and why you think the square format would fit. Email the lot to editor@squaremag.org What you’ll get: On-going assessment and feedback on your project from members of the Square Magazine team (via email, phone and Skype). Academic help if needed (for instance art history and contextual studies). A slot in the magazine at the end of the residency. Promotion of the project via social networks and the magazine’s website.


Wilfried Haillot

6 2 Red

My name is Wilfried Haillot and I’m 46. I have lived in Troyes, France, where I was born. Photographer isn’t my real job. I practice it during my free time. For me, it’s an addiction that began the day I started taking of my friends and family. What fascinates me is the atmosphere, the nuances of light that develop freely in an image. I have been shooting with Polaroid for 12 years now. I love the results these chemicals can create: unpredictable, surprising, random. My favourite themes are portraits, sensuality, mysterious atmospheres and intimacy. Little by little, I’m trying to progress and assert my own style.

Je m’appelle Wilfried Haillot et j’ai 46 ans. J’ai toujours vécu à Troyes, en France, où je suis né. La photographie n’est pas mon vrai travail. Je ne la pratique que pendant mon temps libre. Pour moi, c’est une drogue que j’ai découverte le jour où j’ai commencé à prendre en photo mes amis et ma famille. Ce qui me fascine c’est l’atmosphère, les nuances de la lumière qui se développent librement dans une image. Je photographie au Polaroid depuis maintenant 12 ans. J’adore les résultats que ces produits chimiques créent : imprévisibles, surprenants, aléatoires. Mes thèmes de prédilection sont les portraits, la sensualité, les atmosphères mystérieuses et l’intimité. Peu à peu, j’essaie de progresser et d’affirmer mon propre style.

www.wilfried-haillot.book.fr











Jason Scott Tilley

7 2 Hillfields is an amazing place Out of the bomb damage and planning blight of Coventry’s post war period it renewed itself through inward migration and high-rise housing, became a laboratory for innovative community projects from the early 1970s, the birthplace of two tone in the late 1970s’ and a site of successive regeneration attempts since. Today it is one of the most internationally diverse areas of its size in Europe and is, as always a place of hardworking people struggling against poverty, exploitation and a lack of voice. In the mid 1960s, the renowned British photographer John Blakemore began to document his changing neighbourhood and the peoples who began to arrive. More than half a century later the photographer Jason Scott Tilley who also has family routes in Hillfields responded to Blakemore’s original body of work by meeting and documenting the place and many of Coventry’s newest generation of citizens. It was all part of Imagine, a community research project led by the University of Warwick which is revisiting past future visions of Coventry and Hillfields to help generate new ones. We asked: if Hillfields today is to participate in Coventry’s wider development how can residents, planners and policy makers jointly learn from the past to understand the present and transform the future?

thebeautifulpeopleblog.wordpress.com




Jason Scott Tilley

7 5 Hillfields is an amazing place Hillfields est un endroit étonnant. Après les dommages laissés par les bombardements et par la planification sauvage du Coventry de l’après-guerre, Hillfields se renouvelle grâce à la migration interne et les HLMs, devient un laboratoire pour les projets communautaires novateurs du début des années 1970, le lieu de naissance du « 2-Tone » à la fin des années 1970 et le site d’un tas de tentatives de régénérations successives. Aujourd’hui, c’est l’un des endroits d’Europe le plus ethniquement diversifié ainsi que, comme toujours, un lieu où les gens travaillent dur, luttent contre la pauvreté, l’exploitation et n’arrivent pas à se faire entendre. Au milieu des années 1960, le célèbre photographe britannique John Blakemore se mit à documenter son voisinage en mutation et les immigrants. Plus d’un demi-siècle plus tard, le photographe Jason Scott Tilley, qui a aussi de la famille à Hillfields, a repris le travail de Blakemore en rencontrant et en documentant la nouvelle génération des habitants de Coventry. Ce documentaire faisait aussi partie d’Imagine, un projet de recherche communautaire mené par l’Université de Warwick et qui revisite les anciennes visions du futur de Coventry et de Hillfields afin d’en générer de nouvelles. Notre question etait : si le Hillfields aujourd’hui veut participer au développement de Coventry, comment les résidents, les planificateurs et les décideurs peuvent-ils apprendre conjointement leur histoire afin de comprendre le présent et transformer l’avenir ?








Clotilde Noblet

8 2 Mes fenêtres

« Une fenêtre possède d’étranges connivences avec la photographie. Son rectangle découpe l’espace comme le cadre d’une image, elle fait l’interface entre l’extérieur et notre monde intérieur et chaque regard que nous y portons nous révèle un instantané fugace de la course du temps. Sa transparence est trompeuse : poussière, insectes de passage, trames grillagées lui donnent une matérialité de surface sensible. Les polaroïds de Clotilde Noblet racontent ces états en perpétuelle mutation dans leur matière incertaine, couleur du temps. Leur apparition a eu lieu quelques instants après la prise de vue, et pourtant ils sont déjà passés au rang de souvenirs oniriques. Le format carré et constant du pola donne une belle unité à ces visions fugitives et, parfois, la trace d’un accident de développement y imprime le sceau de l’éphémère. »

“Windows display strange similarities with Photography. Their rectangle cuts out the space like the frame of an image, they work as an interface between the outside and our inner world. Every look we cast upon them reveals a brief snapshot of the course of time. Their transparency is a lure: dust, insects passing by, webbed frames give them a materiality of a sensible surface. Clotilde Noblet’s Polaroids are all about those moods in perpetual variation, in indeterminate substance, colour of time. Their outbreak happened a little while after shooting, however they already shifted into memory. The unchanging square format of the polaroid frame standardizes those fugitive visions and sometimes the track of a development hazard imprints transience on it”. Renaud Marot, 2009 Clotilde Noblet est la lauréate de notre concours avec le Polaroid Festival qui a eu lieu en mai 2016 Clotilde Noblet is the laureate of our competition in association with the Polaroid Festival, May 2016.

Facebook: clotilde polaroid












Daniel Schumann

9 3 Death of the movies

Most of San Francisco’s old movie theaters are abandoned or have been converted into stores, churches or gyms. Once upon a time, they were palaces, where movies were celebrated. Today they have become symbols on how Americans deal with history. Ancient european architecture is being copied over and over again – the United States Capitol looks like a roman building and shopping malls look like medieval castles. At the same time, more and more of these beautiful cultural landmarks are being torn down. The pictures are taken around sunset to symbolize the end of an era, the end of the American Dream.

La plupart des anciens cinémas de San Francisco sont abandonnés ou ont été convertis en magasins, en églises ou en gymnases. Auparavant, ils étaient des palais où le septième art était célébré. Aujourd’hui, ils sont devenus des symboles de la façon dont les Américains réagissent à leur histoire. L’architecture européenne antique est copiée à tour de bras : le Capitol ressemble à un bâtiment romain et des centres commerciaux ressemblent à des châteaux médiévaux. Dans le même temps, de plus en plus de ces superbes monuments culturels sont démolis. Ces photos ont été prises au coucher du soleil afin de symboliser la fin d’une époque, la fin du rêve américain.

www.daniel-schumann.com










Rédacteur en chef : Christophe Dillinger Direction artistique : Yves Bigot Relecture : Clément Coultas, Stéphane Possamai Layout: Alice Milner

contribute@squaremag.org We are always on the lookout for new talents. If you wish your work to be considered for publication, please send us a coherent series of 10 images maximum, 1000x1000@72dpi, plus a short intoductory text. Nous sommes toujours à la recherche de nouveaux talents. Si vous voulez nous présenter vos travaux, envoyez-nous une série cohérente de 10 images maximum, 1000x1000@72 dpi, avec un court texte explicatif.

www.squaremag.org

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Square Magazine is published by squaremag (uk).cic, registered at Companies House, Cardiff, UK, number 8933748. This is a non profit, Community Interest Ccompany.


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