Photographies : Patrice ThĂŠbault Textes : Philippe Gagnebet
Photographies : Patrice Thébault Textes : Philippe Gagnebet
Le beau est dans la nature, et se rencontre sous les formes les plus diverses. Dès qu’on le trouve, il appartient à l’art, ou plutôt à l’artiste qui sait l’y voir. Beauty is in nature, and comes in the most varied of forms. Wherever it is to be found, it belongs to art, or to the artist who knows how to see it. COURBET
Eole était un curieux personnage. Insaisissable, bien entendu. Mais aussi mi-humain, mi-Dieu. Tantôt considéré comme le fils de Zeus, et de fait Dieu des vents. Tantôt humain, gardien d’une caverne improbable dans laquelle il recevait les marins en escale, et leur distillait en ouvrant son outre précieuse les embruns qui les conduiraient vers d’autres rives. De cette foisonnante époque grecque, et de ses mythes et légendes, Eole a parcouru le temps, et bien sûr l’espace. Façonnant les montagnes, sculptant les déserts, dessinant les océans, se mettant en furie pour créer les tempêtes, ou se transformant en brises légères caressantes, il est devenu un voyageur infatigable. On le retrouve au Moyen-Age à faire tourner les moulins à blé. En cela, il réalise son premier acte « économique ». On le croise sur toutes les routes et océans du monde. Il guide les navigateurs, se charge de transporter les pollens, s’amuse avec les enfants malmenant leurs cerfs-volants, vient sécher les fourrages ou s’emporte en orages à arroser les plaines. On dit de lui qu’il est fripon, soulevant malicieusement les jupes. Qu’il a un caractère soupe au lait, se mettant en colère pour un rien. Qu’il est l’ami des nuages, le confident des esprits et des Dieux, qu’il balade son vague à l’âme sur toutes les mers du globe. Depuis peu, il a trouvé une nouvelle occupation. Depuis que l’Homme se soucie de son énergie, en tout cas de la façon la plus «propre» de la produire, on a confié à Eole une nouvelle tâche : faire tourner des pales plantées en haut d’un mât pour produire la fée électricité. S’occuper, en somme, de sa progéniture, les éoliennes, et les faire tourner sans repos. L’Europe a décidé de produire 20% de son énergie de façon renouvelable et sans émission de CO2, ce fléau du siècle qui fait perdre la tête au climat et met la planète dans un état de surchauffe débouchant sur des catastrophes. Eole prend désormais très au sérieux son rôle de moteur à watts. En France, on a un peu tardé pour en arriver là. L’Allemagne, l’Espagne, les pays Nordiques, avaient depuis longtemps investi dans cette forme de production. Mais depuis quelques années, le champ des éoliennes s’agrandit. Les parcs, ou fermes, poussent dans les quatre coins de France, certains éclosent même dans la mer. Plantés en haut de collines pour recevoir avec délectation le souffle parental, bien alignées et en ordre de marche dans les plaines de La Beauce, surplombant en une armée paisible les plages de la Méditerranée, disposées dans n’importe quel coin de campagne accessible à l’ami Eole, elles sont sorties de terre comme une jolie poussée de cèpes un automne mordorée. Il va donc falloir nous habituer à les voir, les croiser, les contempler peut-être. Elles sont un nouveau facteur du paysage, économique et environnemental. Telles de petites escadrilles, de petites colonies, elles s’attachent à acheminer dans chaque foyer ou bâtiment la précieuse lumière. Sans bruit, sans danger, sans produits chimiques, sans risque d’explosion funeste, de catastrophe «environnementale», elles redessinent nos paysages, pour le moment d’un blanc discret. Mais qui sait si à l’avenir elles ne se pareront pas de manteaux colorés, d’œuvres de peintres trouvant là une façon de tapisser un bout ciel ? Patrice Thébault a voulu suivre les chemins d’Eole sur les traces aériennes de sa famille et de ces nouvelles déesses. Il a parcouru les méandres des collines et des champs, des routes et des montagnes. Il est parti le nez au vent. Et a collé son appareil photographique sur ses yeux, grands ouverts. Et curieux de découvrir ses nouveaux moulins d’acier. Tel un Don Quichotte moderne, il a posé sa petite caravane au pied des nouveaux géants. Essayant d’apprivoiser le voyage, en leur rendant un hommage révérencieux Et inventant des histoires colorées pour nous conter les rondes de ces hélices, tournant au rythme d’une modernité faisant la part belle aux chemins paisibles et sinueux du vent, lorsque Eole se lève de ses rares sommeils. C’est le fruit de ce voyage et de travail présentés dans cet ouvrage, dans l’esprit cultivé par Au Fil Du Temps : faire découvrir en images les mutations, les secrets, les évolutions et les nouvelles formes prises par notre environnement et notre patrimoine. Car lorsque les éoliennes poussent dans un coin de campagne, elles redéfinissent le paysage de celle-ci. En véritables architectes du vent. Philippe GAGNEBET
Aeolus was always strange and quite elusive character. Half man, half god, he was also considered to be the son of Zeus, and therefore God of the winds. As a human, he was the keeper of a fantastic cave, where he kept for sailors on port of call, opening his goatskin for them, and distilling spindrifts leading them to other shores. But Aeolus has traveled beyond the abundance of the Greek period, beyond its myths and legends, through time and space. He has been sculpting mountains, shaping deserts, painting oceans, flying into a fury of storms or changing into light, velvet breezes, and thus become an untiring traveler. He touched down in the middle ages to turn the flour wind mills, thus playing his first economic role. He created the trade routes and still sweeps oceans of the world, guiding sailors and carrying pollen. He plays tricks with children’s kites, dries crops and whips up storms to water the plains. Some say he’s a bit of a cad, lifting women’s skirts, that he has a bad temper, and throws fits for no reason at all. He’s known as a friend of the clouds, a confidante to spirits and Gods, and said to his melancholy across the oceans of the globe. Recently, however, Aeolus has found a new occupation - now that simple men are finally concerned about energy, and “clean” energy in particular. They have confided him with a new task: to work the magic of electricity by turning rotors that are fixed atop masts. His job, in essence, is to put wind turbines, to work, and turn them without respite. Europe has set a goal of deriving 20% of its energy from renewable resources and with no CO2 emissions, thus limiting the plague of the 20th century, a plague that is destabilizing the climate, warming the planet and creating catastrophes. Aeolus takes his new role of electricity production very seriously. France is a little late on the scene, whereas Germany, Spain and Scandinavian countries have long been investing in this form of energy. But wind turbines are starting to pop up all over France, in parks and farms of every region, some of them even rising out of the sea. They crop up like cheerful springtime daisies, some perched on hilltops so as to best catch the paternal breath, others all lined up like soldiers in the plains of La Beauce. A peaceful army of them towers over the Mediterranean beaches, and still others take foot on any bit of wind-friendly countryside accessible. We will have to get used to them as part of our visual, and even our mental spaces. They are a new part of our economic and environmental landscape. Squadrons of them, forming colonies, are working tirelessly to bring precious light to every home, and do this without noise, without danger, without dangerous chemicals, without risk of explosion or environmental disaster. For the moment, they re-draw the landscape with discrete, white lines. But who knows? They may one day don more colorful wardrobes, wearing works by painters who’ve found a new way to fill a patch of sky. Patrice Thébault decided to follow the windy paths of this family and these new Goddesses. He followed them, wandering hills and fields, routes and mountains. He strolled on, eyes wide, peering through his camera, curious and in discovery of these new, steel windmills. Like a modern Don Quixote, he parked his little camper at the foot of the new giants. He sought to pay them reverent homage by giving form to his journey. He has written colorful stories to tell us about the propellers’ gyrations and their very modern rhythm, riding the peaceful, winding paths of the wind as Aeolus rises from his rare naps. The fruit of this journey is presented here, in a body of work that is in perfect harmony with mindset with Au Fil Du Temps: using images to share the changes, secrets, developments and new forms that our environment and architectural heritage are going through. After all, when wind turbines show up in some far flung big of countryside, they redefine its landscape as if they were the wind’s very own architects. Philippe GAGNEBET
The company came into being when photographer Patrice Thébault and artistic director Stéphane Sichi came together to create works reflecting architectural heritage in a way that is open to everyone.
Nées de la rencontre en 2005 du photographe Patrice Thébault et du directeur artistique Stéphane Sichi , les Editions “Au Fil du Temps” veulent être le reflet d’un patrimoine ouvert à tous.
Photography and Heritage
Photographie et patrimoine
Au Fil du Temps favors an artistic
Une démarche artistique
Au Fil du Temps seeks to put a photographer’s eye to work for society and its environmental and architectural heritage. The images are presented with a purist’s sense of editorial design so as to invite the reader on a pilgrimage through time, visiting the past and the legacy we enjoy today and will pass on to our children. The fascinating thing about architectural heritage is its universality; it is of interest to everyone, it unites the people and peoples of the world by way of a bridge built over centuries.
approach that is rich in iconography and un-encumbered page layout, with a square format, and precise, factual texts. That is the originality of Au Fil du Temps. These books are designed to be accessible to all mindsets, and all budgets.
The Collections
A few pages can capture a journey, an atmosphere, with images and emotions and laid flat for conservation. All the different collections of Au Fil du Temps are created to help us appreciate the wealth of our heritage.
Les Editions « Au Fil du Temps » souhaitent mettre le regard d’un photographe au service des hommes et du patrimoine. Les clichés, associés à une mise en forme épurée invitent le lecteur à un pèlerinage à travers le temps, l’héritage d’un passé dont nous profitons aujourd’hui et que nous transmettrons à nos enfants. Ce qui rend fascinante cette notion de patrimoine est son universalité. Le patrimoine s’adresse à tous, il unit les hommes de tous les peuples du monde, au travers d’une passerelle bâtie au fil des siècles.
Richesse de l’iconographie, sobriété de la mise en page, format carré, textes précis et factuels, tels sont les originalités des ouvrages des Editions « Au fil du Temps ». Ces livres se veulent accessibles à tous les esprits, mais également à toutes les bourses.
Les collections
Quelques pages pour un voyage, capter une ambiance et conserver, couchées sur papier, les images d’un lieu ou d’une émotion. Les différentes collections permettent de rendre compte de la richesse du patrimoine.
PHOTOGRAPHE & EDITEUR
A self-taught photographer, Patrice Thebault is currently focusing on the relationship between man and his environment, and questions concerning our architectural heritage. Following several trips abroad (USA, Ireland, North Africa, Antilles, etc…), his is now working on books (the Paris metro, the Champollion Museum) as a part of Au Fil du Temps books, which has already published several works. He works with many French and international magazines ( le Figaro, Libération, le Monde, FMR, éditions Bayard, etc….). His works on architectural heritage are sponsored by UNESCO.
Photographe autodidacte, il se consacre aujourd’hui à tous les sujets portant sur les relations entre l’homme et son environnement, et les questions de patrimoine.Après de nombreux voyages à l’étranger ( USA, Irlande,Maghreb,Antilles, etc…), il travaille actuellement sur des projets de livres ( Métro parisien, Musée Champollion ) au sein des éditions Au fil du temps, dont il est le co-fondateur et qui ont déjà publié de nombreux ouvrages. Il collabore à de nombreux magazines français et étrangers ( le Figaro, Libération, le Monde, FMR, éditions Bayard, etc….). Ses travaux sur le patrimoine sont patronnés par l’Unesco.
REMERCIEMENTS : Photographies : Patrice THEBAULT Textes : Philippe GAGNEBET Direction Artistique : Stéphane SICHI Traductions : Thomas SMITH VANIZ
Merci à EDF Energies Nouvelles et à Isabelle Kempf de la société VENTURA pour leurs collaborations à la réalisation de cet ouvrage, à Olivier Nicolas et toute l’équipe de Graphi Imprimeur pour leurs conseils et à Aurelie.
impression GRAPHI Imprimeur - 12 450 LA PRIMAUBE ISBN : 978-2-9526745-7-7 Dépot légal : septembre 2008
ISBN : 978-2-9526745-7-7
Prix de vente : 14,50 €